You are on page 1of 15
PAt4AS 60, 2002, p. 117-131 Mythes ibériques et mythes romains dans la figure de Sertorius Pierre MORET et Jean-Marie PAILLER, (Unité Toulousaine d'Archéologie et d'Histoire, UMR 5608) Dans une intervention & deux voix présentée lors de la" Journée Sertorius ” qui s'est tenue le 7 avril 2000 A [Université de Toulouse-Le Mirai, P. Moret et J.-M. Paller (UTAH) ont ronté de dégager, un & propos de “ Vaventure de la biche apprivoisée” en Hispanie, 'aucre & travers ensemble d'une cartitre, la manitre dont Sertorius et son entourage (puis les biographes du héros, essentiellement Plutarque) ont utilisé des matériaux mythiques préexistants pour mettre en scene et expliquer la fabuleuse influence exercée par Sertorius sur ses partisans, aussi bien Espagnols que Romains. La seconde partie de cette intervention ayant donné lieu entre temps & publication', il a paru bon de faire suivte T'analyse et les hypothises de P, Moret d'une relecture comparative du dossier par JM. Paille. Habis et Sertorius P. Moree Lihistoire de la biche apprivoisée, exotique instrument de pouvoir et de manipulation des foules ibériques entre les mains d'un général romain, est l'un des épisodes les plus ccurieux de la Vie de Sertrius de Plucarque. On y trouve réunis de la couleur locale, un sécit animé, une exploitation complaisante du théme de la crédulité barbare et un zeste de mervelleux. Parmi ces aspects qui mériteraient tous une analyse approfondie?, je me propose seulemenc d'écairer certains ressorts de la manipulation idéologique opérée & cette occasion par Sertorius. Par un paraléle avec le seul fragment qui nous soit parvenu 1 Peller, 2000, 2 Voir dj es pistes de recherche races dans Pailer, 2000, p. 52-55, us Pierre MORET et Jean-Marie PAILLER du corpus mythologique tartesin, je richerai de unit les indices qui portent & penser que la biche apprivoisé n'est que 'un des éléments d’une entreprise mrement élaborée appropriation des ateributs d’Habis, le fondateur légendaire de la royauré tartessienne. Je rappellerai d’abord brigvemene les principaux élémenes du récit de Plutarque? Pea de taps apes Yaniv de Seto en Lsitani, en 80, un fin nouree-of, Bune extraordinaire couleur blanche, lui est offere par “ un Espagnol, homme du peuple "4 (ch. XD. Sertorus lapprivoise et “peu & peu il se met & diviniser cette biche, affirmant qu'elle était un présent de Diane ct faisant courir le bruit qu'elle lui dévoilaic de nombreux secrets. Grice & des subterfuges, i fait crite ses soldats que la biche lui révtle & Vavance les vietoires de ses lieutenants. Quelques années plus card, en 75, la biche disparat dans la confusion de la bataille du Sucro, non loin de Valence (ch. XX). Elle est retrouvés, mais Sertorius la fait dissimuler jusqu'au lendemain, le temps A'annoncer en public quil a regu en réve la prémonition d'un grand bonheur. Il ‘arrange pour que la biche surgisse au milieu d'une réunion de son tribunal ; “elle court vers lui et pose fa tte sur ses genous "; émervellés, “les assistants l'acclament comme un homme divin, chéri des dicux” Phutarque donne une premiére elé pour comprendre eet épisode: * Sertoius connaissit Frempire de la superstition sur les barbares ". Ses grossiers subterfuges auraient suffi Pour que les Lusitaniens, et aprés eux de nombreux autres Espagnol, le prennent tout bonnement pour un dieu, C'est une explication évidemment réductrice et caricaturale dont on ne peut pas se satishire; elle reéve du liew commun sur la nalveté et la cerédulité des Barbares. A. Garcia y Belldo, suivi par A. Blanco Freijeiro, a cherché dans Ia documentation archéologique le moyen d'lucider 'arridve-fond indighne de cette mise en scéne; ses conclusions sont, en substance, ls suivantes. 1) La biche apparat comme attribut dune déesse que Sercorius appelle Diane. Sans doute sagitil de Finterprétation romaine d’un cute indigene, avec ou sans déesse, dans leque la biche incervenait comme animal saeé, notamment en Lusicanie. 2) La bicke a un pouvoir oraculaite, voiee, si 'on force un peu V'interprétation du dernier épisode, oniromantique. Par lintermédiaire de la biche, Sertorius a le pouvoir d'interpréter les signes divins. Or, plusieurs textes anciens attestent importance dela divination che les Lusitaniens’.. 3 On eouve des récits moins detaillés cher plusieurs autres auteurs (Aulu-Gelle, Appien, ‘Valire-Maxime et Frontin). Liensemble de ces testes a € réuni par Schulten, 1937, p. 210-213. Je ne connais pas Vatile de Garcia Mora, 1992, qui fit le point sur la question. 4 Lapheasegrecque commence par Spanor anérdimetdn. Spanoe, dans cere phrase, ext pafois ‘compris comme un nom propre “un certain Spanos, homme du peuple”. Le nom Spanue ‘existe er Hispanie (par ex. 4 Bailén, C/L I 3262), mais il est race. En revanche, ethnique Spanor (variance de Hispanos, se sudstivuane & [ber sous Vnfluence da latin, Hispana:) ext atestéen gr dis le I" ele de notte bre (of dit Liddell SeoeJones, 6. 5 Garcia y Bellido, 1957 et 1958 ; Blanco Frejeiro, 196, p. 333 59, 6 Notemment Suabon Ill 3,6: leeture de Faveni dans les vscties de prisonniers saceifis aux cus. MYTHES IBERIQUES ET MYTHES ROMAINS 9 3) La biche est blanche, peut-éce albinos, c'est en tour cas une couleur anormale pour cette espéce. De plus, sa nassance coincide avec l'arrivée de Sertorius en Lusitanie, Garcia y Bellido note le caracttre " magique ” de ces cizconstances, mais con peut aller plus loin: il s'agit manifestement d'un monstrum, d'une de ces hhaissances prodigieuses qui, chez les Romains comme dans d'autres peuples, ‘comptaient parmi les signes dvins les plus forts. En comme, Sertorius aurait tiré parti de plusieurs particularieés de Ia religion Iusicanienne : un culte 3 une divinieé maicesse des biches ex des cefs e un got marque pour rout ce quia trac la mantique et ax prods. Mais cette interprétation pose un probleme : elle limite & un référent lusitanien la portée symbolique etrligieuse de la mise en seene. Or, la fin du vécit montte que des Theres de régions fort Aloignées y adhrent ausi, puisque c'est dans la région de Valence, dans un camp éabli proximité dis cat (le Suer antique), qua lieu Vépisode final de Thistoize de la biche. En outte, si l'on regarde de plus prés les documents iconographiques qui rendent compte de limportance de la biche et du cerf dans les religions hispaniques de lage du Fer, la carte que on peut dresser & partir du catalogue dde Garcia y Belido, en y ajoutant les découvertes ultéricures (Fig. 1), montre que ces documents sone plus nombreux dans la vallée du Guadalquivir (région de Tarcessos Sen lato) ec dans certaines partes de la fagade orientale de Espagne que dans Vite lusitanienne, Les attestations épigraphiques du culte de Diane & lépoque impérale? sont, quant elles, absentes en Lusitanie, mais largement distribuées dans le reste de la péninsule (Hig. 2) ‘in autre repére géographique important doit étre signalé: cese le cute que Von rendait A Diane/Artémis dans le port de Dianium (aujourd'hui Denia, province Alicante). En reprenant l'ensemble de la documentation archéologique et littéraie, Maria José Pena suggére un lien ditect entre les activités militires de Sertorius sur la ‘bte valencienne en 75 et I'éablissement du culte de Diane & Denia. Des prospections ‘ffeceudes il y a quelques années ont confirmé Vexistence d'une fortification de la premiéze moitié du If sitcle av, J.C. sur le Pic de VAguila, prés du sommer de la folline du Montgé qui domine Denia?. Il est fort possible, comme I'a proposé MJ. Pena, que le nom de la colline dérive de Mogontia, nom de la place forte prés de laquelle Sertorius livra sa dernitre bataille dans la région'®. Tout porte & croire que ccest 4 Toceasion de son séjour dans cette place forte que Sertorius consaera le site 7 Gf Pena, 1981. Ces atestations ne sont petinentes pour note propos que si Yon admet un transfert diect du culte d'une déesse maftresse des animaux sauvages & celui de la Diane romaine, ce qui est Join re assuré dans tous les cas. © Peng, 1993, La principale source literate est Strabon (III 4, 6) qui parle dabord du sanctasice d’Areémis ali sur ! Hemeroskopeion (aprés Artémidore), puis de Tilisation ‘da mnéme ste par Sertorius comme camp retranché pour des opérations maritimes; le site furat alors é€ renommé Dianivm. 9 Travaux de .A. Gisber,sgnalés par Pena, 1993, p. 74 10 Appien, Bell Cin, I, 110, Comme I's signalé MJ. Pena (1993, p. 68 aq), les meilleurs smunusctts @Appien donnent Mogonsia, et aon Segonsia qui est une correction des éiteurs smodesnes 120 Pierre MORET et Jean-Marie PAILLER portusire voisin & Diane, trant probablemene parti d'un culte local une divinicé wArtémidore, en bon Ephésien, animist & Artemis Je tetiendrai donc Vidée de exploitation d'un théme religieux indigine, mais en rejctant son atuibution top étroite aux Lastaniens. La loealisation valencienne di dernier épisode de Thistice ct Vorigine sertorienne du sanctuaite de Dianium prouvent que la* Diane” aux bichesinvoguée par Srcoriustouvait une résonance dans tout le sud de la péninsule. Je vais essayer aller un peu plus loin dans Finterprétation du texte, en partant de Vhypothése que Vhistoite de la biche, comme du reste d'autres épisodes de la geste espagnole de Sertotius, pouvaient re pergus, dans les milieux hispano-romains de [répoque, sur un autre registre que celui de la religion populaire. Je m'appuierai pour ce faire sur le mythe tartessien de Gazgoris ec Habis, le seul mythe actribué & un peuple hispanique qui nous ait été transmis par les historiens grecs et romains. On a’en connait que la version de Trogue-Pompée, réduite au résumé de Justin (44, 4). Asclépiade de Myrléat! est généralement considéré comme la source premitre de ce récit; Trogue- Pompée Paurait recueilli soit directement dans la Périégise des peuples de la Turdétanie d’ Asclépiade ~ ouvrage dont il ne reste rien, hormis quelques allusions de Strabon =, soit par le biais de Posidonios!2. Norons bien que, dans un cas comme dans autre, la source supposée du texte que nous allons analyser est contemporaine de Sertorius. Le mythe de Gargoris et d’Habis est un texte complexe qui 2 regu coutes sortes interprétations, Ses commentateurs se divisent grosso modo en deux camps > ceux qui le tiennent pour authentique refler fiddle de la mentalité, de la mythologie et des, structures sociales tartessiennes préromaines 19, et ceux, moins nombreux (mais plus ‘convaincants & mon sens), qui voient en lui un produit hybride, mélange de traditions indigines et d’éléments mythiques grees retravaillés sur un canevas evhéméristel4. Quoi qu'il en soit, ce qu'il est important de retenir, cest que ce récit mythique — qu'il fae pur ou contaminé, récent ou tres ancien ~ existaiten tant que tel vers le débur du I* sidce, au ‘moment ou Sertorius prend pied sur le sol de la péninsule. C’ese dans cet état tardif et probablement remanié que le mythe était connu dans lentourage hispanique de Sertorius. Voici, en traduction, les passages q propos (le reste es résumé entre crochet). concernent le plus directement notre Historien, mythographe et exégite d'Homére, né en Bithynie, qui étudia 8 Rome & épaque de Pompée (d'apts la Souda) ; il voyagea beaucoup et" enseigna les lestres " en ‘Betque (Strabon, III 4,3) I fiméresa entre autes aux oxigines mythiques des Bithyniens des Turdétans (Maller, 1903 ; Gatela Moreno, 1979, p. 25-31). 12 Garcia Moreno, 1979, p. 3159 13 On trouvera dans Almagro-Gorbes, 1996, p. 50-55, une synthése commode des intepeétations allant dans ce sens. Garcia Moreno, 1979, p. 33-36. Ceree mythographie d'un nouveau gense constitue une des acertes des débats sur Vorigine des sciceés organisées qui se développent dans les cerces philosophiques de Vellénisme tard MYTHES IBERIQUES ET MYTHES ROMAINS 121 Le pays des Tareiens, ok Von dit que fut lioré le combat des Titans cone les diews, ais babice par les Couretes, Leur rei le pls ancien, Gargors, décowurit le premier le moyen de réoter le miel [Ila un fis de sa. propre fille; honteux de cet inceste, i tente par tous les moyens, mais sans succs, de faire pvr le bébé] Pur finir il donna Uordre dele jeter dans VOcéan. Cost alor que, par Vintervenion tvidenie dune volonté divine, il tehappa asec rourbillons furews des vagus refluantes es comme port par un navre pltie que par ls fos, il fur dépest sur le riage par une onde ‘paiste Peu aprds une bichesurvint et oft ses mamelles an bebe. Des lor, Het dans Tintimité de cette nourrice, Venfant devine d'une extraordinaire agi, Longcemps il parcourat ls mons et les bois ae milieu des bande de cer sans leur eéder en vite {Capruré par des chassurs, il et présneé & Gargoris qui reconnatt son fils et Yaccepte comme héiter, €merveillé parses exploits. 1 recur le nom d’Habis,et quand il devin roi, sa grandeur prouoa que les dieu s'anaiens pas employé en vain leur pusance en Varrachans sant de pil. Car il asjett 2 des los un peuple (encore) barbae, i fut le premier &ensigner comment soumetre les beef lacharruc eb commens fare power le ble dans les silos, e if obligea les hommes & manger de aliments cuits, au lew dime nouritare grosibe, par digo de ce que tu-mtme anit di supporter. La structure du mythe d'Habis repose sur une opposition fortement marquée entre les deux époques de la vie du héros. A la suite d'une disgrace originelle, il est plongé rmalgré lui dans l'état de nacure, obligé d’adoprer le mode de vie des animaux sauvages ; igrice 3 la protection d'une divinit, il survit miraculewsement 4 cette épreuve, tout en portant & la perfection les qualiés physiques et morales qui relévent de ce genre de vie. Rendu a humanité par une péripétie qui équivauc pour lui a une seconde naissance (puisqu’elle entraine sa reconnaissance par son pire), il va développer d'autres qualités ~ celles qui font un roi ~ au prix d’un reniement de sa premire existence. Celui qui a éeé homme des bois, "homme sauvage, devient le civilisareur par excellence, le fondateur 15 Courtes a &€ corsigé en Cynbtes ou Cundses par Schulten (in Grosse, 1959, p. 346), apes le nom d'un peuple de xtreme sud-ouest de la péninsule Ibérique, conaw par des ‘mentions cs allusives ’Héxodore (II 33 et LV 49) etd Avignus (Ora maritima, 201). Cete substitution ext inutile ee Yon peut méme dite qu'elle va contre Ia logique du text. La présence dee Courétes — acres incermédiaires entre Uhumain et le divin, démons bienfisants que ls Greet situsienteantdeen Crit, eans6t en Asie Mineure ~, aa rien de choquant dans un eécitremanié 3 U'époque heliénstique tardive. Trois coincidences tenforcene ailleurs la legon des manusctts, 1/ En Grice, Vinvention de Uapiculture, dont il est question dans ce test, €tittraditionnellement actibuée aux Courtes. 2/ Une partie de la tration ltaire place la demeure des Courts sur le mont Ida (Kowrdtes Iai, Pindae, fr, 11, 182) 0 la cme mériionale du mone Kda Sappelat Gargaron (Jliade, VII 48 et XV 152; Lucien, D. deor. 4, 2), an nom qui cappelle celui de Gargoris, 3! Deux toponymes dels Betique, Curia e Curense ls, peésentent avec le nom des Courtes une ressemblance qui a toute chance dé foreute, mais qui a pw suggérer aux interprets tanlifs dus mythe (Aclépiade de Myrés 2) Vintervntion de ces Eres légendaires, 122 Pierre MORET et Jean-Marie PAILLER de dynastie qui enseigne d'abord aux hommes agriculture et la cuisson des aliments, avane de leur donner des lois, Nous sommes donc en présence d'un récit de fondation monarchique se 1éclamant, au début du Ter sidcle av. J-C., du plus ancien passé tartessen, présentant un héros protégé par les dieux, destin€ & régner sur I'Hispanie, qui avait d@ traverser coutes sortes d¥preuves avant de devenir le législateur et le civilsateur de son peuple. ‘Mon hypothise est la suivante: en puisant plus ou moins librement dans ce mythe, entourage hispano-romain de Sertorius eut peut-ttre l'idée d’enraciner dans une tradition locale la légitimité de son imperium, en lui donnant les attributs d'une antique monarchie indigne, A un moment — dailleues difficile & situer dans le temps = ‘ot Sertorius recherchait Vadhésion des dlites hispaniques. On accentua donc, on cembellit, on inventa méme peuc-étre certains épisodes de ses aventures militares en Hispanie, afin de les faire coincide avec tele ou telle image du mythe d’Habis. Ces Episodes, que j'ai réunis dans un tableau (voir ci-dessous), ce sont précisément ceux qui onnent une coloration si particulitre ~ parfois atemporelle ou plutde a-historique ~ au portrait de Plutarque : Ia tempéte, Vévocation des fles Fortunées (si difficile & expliquer dans une optique strictement historique'®), le role de la biche, le goat de Sertorius pour la chasse. Malgcé un curieux effet de symétrie inversée (d'un cOté, la biche est une méte de substicution, de Pautre une fille adoptive, les phrases retenues dans ce tableau montrent aque le role de V'animal suexé est le méme dans les deux cas: il imstrai¢ Vhumain élu de Diane. (On constate aussi que la vie sauvage est une tentation pour Sertorius (celle d'un paradis tenrestre, entrevas dans les iles Fortunées), alors que pour Habis elle est une fatalicé subie, Mais dans un cat comme dans Vautre, le héros ne peut accomplir sa destinge qu’ condition de renoncer& ce mode de vi. lest non moins frappant d'observer que la divinicé qui intervient au début de la vie d'Habis pour le sauver des eaux présente certains traits caractéristiques d'Arcémis. Crest lune maitresse des animaux, puisque son intervention est immédiatement suivie par apparition d'une biche protectrice: sans Gtee explicite, le lien entre elle et lanimal sauvage est évident!7, D'autre part, il s'agit d’une divinité qui a le pouvoir d'apaiser la tempéte et de soustraire les hommes aux périls de la mer, comme 'Artémis protectice des marins que l'on vénérait dans de nombreux ports grecs, ou comme la Diane dont le nom avait été probablement donné par Sertorius luisméme, en Hispanie, au port de Dini’ 16 Voir ledesus es observations de JM. Pails, qui parle“ d'intermtd fabuleux " (2000, p, 48-49 ep. 53, 2). association dela biche ct d Arémis es trop connue pour qu’ soit besoin d'isister sur ce point on trouvera des sdérencessuffisanes dans Pena, 1993, p. 71 {8 On peut cite, parmi les nombreuses épiclises d!Antémis > Paralia, Akiaia (des ces), Limeneshopos ou Limenits (proecttice des ports), Eumestor (qui permet aux marins de enter sains et saul), te. Le nom gree du port de Dianium, Hemeroskopeion, peut sexplquer par une épiclése de ce type (Santiago, 1998), MYTHES IBERIQUES ET MYTHES ROMAINS 23 Bien entendu, ces paralléles ne sont que des points communs, au sens le plus strict du terme, cestidire des images ou des épisodes isolés de leur contexte, et il n'est pas besoin d'insster sur le fat que la struccure narrative et la portée idéologique des deux textes sont profondément différentes. On notera, par exemple, que Sertorius réunit simultanément des qualités qu’ Habis développe successivement & deux ages différents. La semporalité comprimée de la geste de Sertorius (quelques années au lieu d'une vie entre dans le asd Habis) ne permet pas autre solution Mais quot qu'il en soit, dans loptique que j'ai adoptée, cette restriction a'est pas un obstacle. Le but de emprunt ~ s'il a eu lew ~ n'€ait pas d'assimiler completement Sertorius & Habis, mais qassocier la figure du général romain quelques arributs dun roi mythique conn de tous en Ibése, dans des sctnesimagées sient identfables (la tempéte, animal providence, la vie sauvage) qui renvoient a des themes élémentairs: Télection divine, la force tirée de ls nature, la mission civilsatrce. Si cete hypoths est juste, force est de coastater que ni Plutarque, ni sans dout Salluste, sa source principale, n’ont eu conscience de este référence. L'éclairage biographique de Pltarque est largement favorable & Serious, mais au prix d'un cadrage ‘déologique stictement romain. Une évocation de la monarchie tartesienne n'2vait évidemment pas sa place dans un projet de défense et dillustration de la mémoire de Sertoris. Dans optique de Salluse, il fallie montcer que Sertorius n’avait jamais Ccahi sa patric t qu'il avait fit des concessions aux mocurs ct aux eroyances des Theres ‘que pour micux se servir eux eles manipuler. Des motifs légendaires dont nous avons parlg ine pouvait done rester dans la version plucarquienne que quelques images parasites, récalctrantes aux clés €'inceprétation romsines, Habis Sertorius] Jain XLV, 41 Platargue, Sot, XL; Aull, XV, 22 ‘Sauveé des eux: la tempéte en mer H dchapps sc wails fries Chast par le sempite.itballoe pendant jour, he nage ofan, acon contre Pi ee f(s). 2. Sous la protection d'une di quoddam numen | Diane + manifeo quod auntie ane (cera) sbi oblaam disinits et instneram escum maleate ot pete exept Diane sunine (Au Gel | S.est ten pour” cht dev daw pat les Thies (@Pluargu 19 Palle, 2000, p. 47. 124 Pierre MORET et Jean-Marie PAILLER 3. La biche familidre 3.1. Lame Hh fille adoprive + Une bic rine fies mamels 2 bebe

You might also like