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Réflexions et contributions des musulmans à la révision des textes

fondamentaux de l’Etat au Conseil Consultatif National

Dans ce document:

- Un musulman appelle par A.D (article paru dans le Journal Assalam de mai
2010)

- Lettre ouverte aux membres du Conseil Consultatif National par un colonel de


douane depuis Zinder

- Islam et développement par Cheikh Boureima Abdou Daouda


(l’incompatibilité de la laïcité au peuple du Niger à 99,08% musulman)

- Propositions d’amendements par la Coordination des Associations Féminines

Voir tous ces documents (sans les propositions d’amendement) et bien d’autres,
sur Internet à l’adresse ci-après: http://reflexions-sur-le-niger.blogspot.com

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[Contribution] ELABORATION DES TEXTES FONDAMENTAUX DE
LA REPUBLIQUE: UN MUSULMAN APPELLE...
Écrit par A.D Lundi, 24 Mai 2010 00:23
Après le coup d’Etat militaire du 18 février qui a mis fin à la 6eme République,
le Niger a ouvert pour la sixième fois de son histoire, un intermède de réflexion
sur son futur politique et institutionnel, et les valeurs sur lesquelles doit se
fonder l’action de l’Etat.
Depuis l’installation du Conseil consultatif national et du Comité des textes
fondamentaux, les organisations politiques et associatives s’affairent pour
définir et proposer leur idée du Niger de demain. Dans ce débat où chacun
cherche à faire prévaloir sa vision du monde, la voie des musulmans ne doit pas
rester cette fois encore inaudible, dans un pays à 99% musulman. Ceci est un
appel à tous les musulmans du Niger, pour qu’on ne réédite pas ce que nous
avions connu lors des précédents débats politiques nationaux, où l’apport
demandé aux représentants de l’islam se limitait à prononcer la Fatiha à
l’ouverture et à la clôture des sessions.
Aujourd’hui, nous avons une chance à saisir, qui peut-être ne se représentera pas
de sitôt. Et nous disposons pour cela d’atouts que nous n’avions pas avant. En
effet, à la différence des décennies passées où le monopole de l’expression de
l’opinion islamique autorisée n’était à tort ou à raison reconnu qu’aux ulémas
traditionnels (c’est-à dire qui ne savent pas lire et écrire en français), nous avons
aujourd’hui la chance d’avoir des intellectuels qui, tout en étant formés à l’école
occidentale, ont une connaissance pointue des questions et de la jurisprudence
islamiques, leur permettant de se prononcer valablement sur les sujets en débat.
Ces musulmans peuvent aujourd’hui par la grâce de Dieu porter la voix de
l’islam dans n’importe quel forum, sans courir le risque de se faire marginaliser
ni instrumentaliser.
Certes, il existe des Nigériens, musulmans de surcroît mais ultra francophiles
d’esprit, partisans d’une laïcité aux allures martiales, qui sont convaincus que
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les musulmans n’ont rien à dire sur la chose politique, voire n’ont pas le droit de
le dire. Ceux-ci oublient que nous vivons en ce moment une période de
transition politique où toutes les sensibilités sans aucune exception sont invitées
à s’exprimer sur la marche du pays. La seule composition du Conseil consultatif
national suffit comme image de la diversité sans rivages des points de vue à
consulter, et comme argument pour dissuader ceux qui seraient tentés de dénier
aux autres leur droit à l’expression.
Notre appel s’adresse d’abord aux musulmans membres du Comité des textes
fondamentaux et du Conseil consultatif national. A ces derniers, nous voulons
dire qu’ils doivent éviter de reproduire les comportements de faire valoir que
nous avions connu naguère. Cette invitation ne s’adresse pas uniquement aux
ulémas désignés es qualité au sein de ces instances. Elle vise tous ceux qui,
ulémas, universitaires, chefs traditionnels, administrateurs, militaires,
syndicalistes, politiciens etc… se sentent aujourd’hui liés par le serment « la
ilaha illa Allah ».
Cet appel s’adresse ensuite aux leaders musulmans au sens large: hommes
politiques, militants associatifs, intellectuels et ulémas jouissant d’une
reconnaissance sociale aussi minime soit-elle, pour qu’ils s’investissent dans ce
débat public, et fassent connaître le point de vue de l’islam sur les questions
essentielles de la marche de notre pays, et cela, dans la plus pure tradition de la
confrontation démocratique des idées. Il s’adresse enfin aux musulmans de
base, des villes et des villages, qui se sont jusque-là contentés de pratiquer leur
foi et de la développer en eux-mêmes et pour eux-mêmes, sans se préoccuper de
tout ce qu’une reconnaissance de notre identité musulmane peut nous apporter
comme garantie de protection et comme chance de progrès.
Pourquoi les musulmans doivent se prononcer?
Nous devons contribuer au débat qui s’ouvre dans le pays parce qu’à la
différence de beaucoup de participants à ce forum, nous avons de vraies
solutions à proposer aux problèmes du pays. Cette intervention est utile
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également pour casser les idées reçues que certains Nigériens continuent de
nourrir vis-à-vis de l’islam dans ses rapports avec la politique.
Pour ce faire, et avant de parler des idées nouvelles que nous proposerons de
prendre en compte dans notre prochain texte fondamental, un examen rapide du
contenu des deux dernières constitutions du Niger (celles de 1999 et de 2009)
s’impose, afin de faire ressortir quelques contradictions qu’il faudra corriger
dans la future constitution.

1. La non affirmation de la foi en Dieu comme fondement de notre


personnalité et de la religion comme ciment de notre unité et de notre identité
nationales. Dans le préambule des deux constitutions visées ci-dessus, toute une
série de principes ont été cités comme étant des valeurs fondamentales
auxquelles le peuple nigérien est attaché. Il en est ainsi des droits de l’homme,
l’Etat de droit, la démocratie pluraliste, l’unité africaine, l’intégration régionale
etc… Et le constituant de citer certains textes internationaux comme la
déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 et la charte africaine des
droits de l’homme et des peuples de 1981.
En parlant de valeurs, il est clair qu’aucun de ces principes ne peut égaler la foi
en Dieu dans le cœur et la conscience du peuple nigérien. Or, ce trait essentiel
de notre personnalité n’est pris en compte dans nos constitutions qu’à travers de
vagues références aux « valeurs qui fondent notre personnalité » et « notre
identité culturelle ». Le souci de précision qui a animé le constituant dans ses
références aux instruments juridiques internationaux laisse la place à des
formules vagues quand il s’agit de caractériser le socle culturel commun dont les
Nigériens dans leur ensemble tirent leur personnalité. Valeur pour valeur, il y a
pourtant mille fois plus de nigériens qui croient en Dieu qu’en la République ou
l’Etat de droit par exemple ou même la Démocratie, qui leur sont pourtant
présentés comme des valeurs sacrées.

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Affirmer solennellement notre foi en Dieu, n’est pas forcément remettre en
cause « le sacro-saint » principe de séparation de l’Etat et de la religion, mais
simplement prendre en compte l’état d’esprit et la personnalité profonde du
peuple au nom duquel et pour lequel on élabore cette loi. Ce n’est pas tout.
Proclamer solennellement notre foi en Dieu dans le préambule de la Constitution
serait le moyen de donner une cohérence logique et une légitimité au serment
confessionnel que le Président de la République est appelé à prononcer avant
son entrée en fonction. En effet, pourquoi demander au Président de la
République de jurer « au nom de Dieu » et « sur le livre saint de sa confession »,
si au préalable on ne postule pas que la croyance en Dieu constitue une valeur
cardinale pour le peuple ? En vérité, le Président agit ainsi parce que le
constituant sait que le peuple croit en Dieu et considère que jurer sur le Coran
est un acte d’une très haute portée symbolique.
2. « Aucune religion, aucune croyance ne doit s’immiscer dans les affaires de
l’Etat ». A travers cette disposition contenue dans les deux constitutions (de
1999 et de 2009), le constituant nigérien s’est illustré par un excès de zèle laïc
qu’on ne retrouve dans aucune autre constitution des pays qui ont la même
histoire politique que le Niger, ni même dans la constitution laïque qui nous a
jusque-là servi de référence, à savoir celle de la 5è République française.
En effet, non satisfait d’affirmer le principe de la séparation de l’Etat et de la
religion et de déclarer les partis à caractère religieux interdits, le constituant
nigérien a voulu aller plus loin encore, en érigeant une barrière infranchissable
entre religion et politique.
Cette disposition supplémentaire fait des dernières constitutions nigériennes, des
modèles qu’on peut qualifier de « plus royalistes que le roi » en matière de
laïcité. En effet, même les Français qui ont opté avec raison pour la laïcité, dans
un contexte historique qui était le leur, après avoir subi 15 siècles durant le joug
des prêtres et des évêques catholiques, ne sont pas allés à cette extrémité dans
l’acharnement contre la politisation du fait religieux. Cela est d’autant plus
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étonnant qu’on n’a jamais signalé au Niger de menace réelle de la religion sur
l’Etat ou les institutions démocratiques. Parmi les expériences connues de
remise en cause ou de tentatives de remise en cause de la démocratie, aucune
n’a été le fait de la religion ou de ses partisans. Bien au contraire, les Nigériens
qui ont récemment organisé le «tazartché » étaient visiblement parmi ceux qui
ne faisaient pas grand cas de Dieu dans la vie quotidienne. Pourquoi est-il donc
nécessaire d’entourer le texte constitutionnel de dispositions de ce genre frisant
l’athéisme et le rejet de Dieu ?
Examinons à présent le fond de la disposition interdisant l’immixtion de la
religion dans les affaires de l’Etat. Ce qui saute tout de suite aux yeux, c’est son
caractère irréaliste. En effet, le premier qui viole cette disposition est l’Etat lui-
même qui introduit la religion dans toute une série d’affaires publiques. Les
exemples sont nombreux. Sans parler des mœurs politiques aujourd’hui
consacrées par les autorités publiques de faire la Fatiha à l’ouverture et à la
clôture des réunions officielles, on peut citer parmi les cas d’immixtion par
l’Etat de la religion dans les affaires publiques :

- Le Président de la République qui prête serment sur le livre saint de sa


religion et jure devant Dieu et devant le peuple (voir Art.42 de la constitution de
la 6è République) constitue en soi une référence religieuse au sein du dispositif
constitutionnel
- Dans le domaine de l’Education, l’Etat promeut l’enseignement de l’islam à
travers les écoles franco-arabe (medersas publiques)
- Dans le domaine de la justice, le pouvoir de régler les affaires liées à la
famille est reconnu par l’Etat aux ulémas (mariage, divorce, naissance, décès,
succession, donations) etc…
- L’organisation du hadj par l’Etat constitue une implication de celui-ci dans
une affaire qui relève de la religion

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- Dans le domaine diplomatique, l’Etat du Niger est membre de l’OCI qui est
une organisation d’Etats ayant en commun le partage de la religion islamique.
Ces exemples montrent que la religion est déjà dans les affaires de l’Etat et ce,
par le fait de l’Etat lui-même.
Quand on cherche les raisons qui nous ont conduit à ce syncrétisme laïc, on les
trouve dans le fait que l’éducation et la pratique religieuses sont si ancrées au
Niger, et les valeurs islamiques imprègnent le comportement de chaque Nigérien
au point où il est impossible que même dans l’exercice de fonctions officielles,
les Nigériens soient capables de se couper de ces pratiques. Les partisans de la
laïcité ont assurément mal compris la mentalité nigérienne en croyant que
l’énoncé de textes, même au niveau d’une loi fondamentale, pouvait suffire à
estomper des attitudes, des comportements et des pratiques multiséculaires.
A l’inverse, les musulmans auraient tort de penser qu’il suffirait de supprimer le
principe de la séparation de l’Etat et de la religion pour que, comme par
enchantement, la religion fasse l’objet d’une pleine reconnaissance et d’un
progrès prodigieux au sein de la population. Les exemples abondent de pays
d’Afrique qui reconnaissent l’islam comme « religion de l’Etat et du peuple »,
sans que cela revête une signification majeure dans les comportements des
dirigeants et dans les pratiques du peuple.
C’est pourquoi, nous devons nous méfier des thèses défendues par certains «
radicaux » nigériens qui posent la suppression et rien que la suppression du
principe de laïcité comme l’alpha et l’oméga de toute réforme constitutionnelle
digne de ce nom. Cela, non pas parce que nous serions d’accord avec la laïcité,
mais parce que le problème n’est pas celui d’un simple énoncé théorique, mais
de capacité à traduire cet énoncé dans les faits.
Dans le même ordre d’idées, nous ne pouvons pas nous empêcher de fustiger les
mises en garde tonitruantes de certains de nos compatriotes qui sonnent la
charge dès qu’on réclame une place honorable à la religion, à la mesure de son
importance sociale, sous le prétexte que les donateurs occidentaux prendraient
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peur et suspendraient leur aide au pays. Ces menaces de sanctions extérieures
ne correspondent pas à une vérité historique dans le contexte géopolitique
actuel. Nous n’en voulons pour preuve que le cas de pays comme la République
islamique de Mauritanie, le Royaume du Maroc, Djibouti et d’autres encore…
Tous ces pays ont rejeté le principe de la laïcité dans leurs constitutions et fait de
l’islam la religion officielle, sans pour autant être privés d’aide par les donateurs
occidentaux, en tout cas pas par la France qui est la patrie de la laïcité érigée en
principe de gouvernement. Il faut donc raison garder et se convaincre que la
constitutionnalisation de la laïcité dans nos précédentes constitutions était un
choix personnel de la classe politique nigérienne, motivé par des calculs de
politique intérieure et rien d’autre.
3. L’Etat et les collectivités publiques ont le devoir de protéger la santé
physique, mentale et morale de la famille, de la jeunesse, de la mère et de
l’enfant. Il n’y a pas que l’Etat et les collectivités publiques qui doivent être
tenus à ce devoir. Même les organismes privés doivent y être assujettis
notamment les radios, les télévisions, les institutions éducatives etc…, sinon, ces
derniers passeront leur temps à détruire impunément ce que l’Etat peine à
construire et à protéger. L’Etat doit prendre conscience que la plus grande
menace à notre identité culturelle et à nos valeurs de civilisation passe
aujourd’hui par les medias qui contribuent beaucoup plus que l’école à
l’aliénation de la jeune génération, à travers des modèles culturels extravertis et
des plus pervers. Des garde- fous doivent entourer la diffusion des programmes
des radios et des télévisions privées, pour préserver notre jeunesse d’une
occidentalisation culturelle néfaste à la santé mentale et à l’équilibre
psychosociale de cette frange fragile de la population.

Pour que cette entreprise soit un succès, il faut naturellement que l’Etat lui-
même donne l’exemple. Il est contradictoire que les médias publics eux-mêmes
se permettent de diffuser à longueur de journée des clips vidéo et des films qui
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incitent nos jeunes garçons et nos jeunes filles à des comportements qui jurent
avec notre morale familiale et nos mœurs sociales. Cette pratique ne doit plus
avoir cours, sinon, les dispositions constitutionnelles relatives à la protection de
la jeunesse et de la famille ne seront qu’un mensonge à soi-même. Cette position
ne peut être assimilée à une quelconque forme de censure. Elle s’inscrit dans une
morale volontaire et basique, à laquelle se soumettent tous les hommes et toutes
les sociétés normalement constitués.
Les problèmes politiques nouveaux et les solutions que préconisent les
musulmans
Une des questions politiques majeures qui préoccupent la classe politique
nigérienne aujourd’hui est de savoir comment mettre fin à l’instabilité récurrente
qui fragilise les institutions démocratiques au lieu de les renforcer. Depuis la
conférence nationale, les différentes constitutions élaborées ont rivalisé de
prodiges pour instituer des verrous contre les tentatives de remise en cause du
cadre démocratique. Aujourd’hui encore, après le coup de force constitutionnel
de Tandja contre la 5è République, les forces démocratiques tentent d’imaginer
les aménagements constitutionnels adéquats à proposer pour rendre à l’avenir
impossible ce type de forfait contre la démocratie.
En réfléchissant à ce problème, on arrive à la conclusion que sa solution ne
réside pas dans les textes, parce que la cause ne s’y trouve pas non plus. Elle se
trouve dans les comportements des acteurs politiques. Et ces comportements
sont façonnés par la culture, notamment politique dont ils sont porteurs, pas par
les textes qui ne portent les principes que sous la forme de lettres mortes. En
d’autres termes, ces politiciens seront d’autant moins enclins à respecter les
règles du jeu que lesdites règles ne rencontrent pas dans leurs consciences, une
prédisposition durable, acquise au travers d’un long processus d’apprentissage,
et de socialisation.
Certains ont pensé et pensent encore qu’il suffit que les constitutions soient bien
rédigées et massivement adoptées, les institutions mises en place et les
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dirigeants démocratiquement élus, pour que le jeu se fasse tout seul. Les coups
de force à répétition qui ont émaillé notre expérience démocratique des 20
dernières années suffisent à mettre en garde contre toute espèce de croyance au
raccourci historique. Ce ne sont pas les textes qui garantissent les libertés, les
droits et les obligations dans un pays de vieille tradition démocratique comme la
France. En Grande Bretagne, les libertés de conscience et de culte ne sont pas
moins garanties qu’en France laïque ou au Niger, alors même que l’Etat
reconnaît l’Eglise catholique d’Angleterre (anglicane) comme religion officielle.
Aux Etats Unis, alors que les textes proscrivent sans appel toute forme de
discrimination basée sur la religion, les américains qui s’affichent athées
subissent un ostracisme de fait aux élections présidentielles où ils partent
d’office perdants. Ils ont du reste créé une association pour lutter contre cette
discrimination non écrite. Pourquoi tout cela?
Parce qu’au Niger, comme ailleurs, la stabilité du cadre et des institutions
démocratiques ne peut résider dans la magie des textes, mais plutôt dans les
traditions populaires. La solution au problème est donc de persévérer dans
l’éducation politique des Nigériens pour espérer que ces derniers finiront comme
cela s’est passé en Europe et en Amérique, par acquérir définitivement les
reflexes d’un peuple politiquement responsable.
Mais il existe un moyen pour hâter ce processus d’éducation, et les musulmans
proposent aux Nigériens d’essayer cette voie. Elle consiste à arrimer fortement,
à accrocher solidement les pratiques et comportements des acteurs politiques
aux vertus et valeurs islamiques traditionnellement reconnues par le peuple.
Deux exemples pour illustrer nos propos. Ils sont relatifs au processus électoral
et aux nominations aux hautes fonctions de l’Etat.
En vue de choisir nos dirigeants, nos hommes politiques font acte de candidature
à la magistrature suprême, à la députation, aux municipales etc.... Parmi les
conditions à remplir pour être éligible, ou dans la prestation de serment lors de
l’investiture d’un élu, on pourrait par exemple faire savoir à ce dernier qu’en
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voulant présider aux destinées des musulmans, il s’engage aussi bien à accepter
la sanction du peuple qu’à répondre devant Dieu de ses actes. Ce faisant, il
accepte que la colère de Dieu lui tombe dessus dans le cas où il trahit la
confiance du peuple. Concrètement, cette proposition pourrait se traduire par un
ajout à la dernière phrase du serment confessionnel du Président de la
République. Cela donnerait la phrase suivante:
« En cas de parjure, que nous subissions les rigueurs de la loi …et de la justice
de Dieu».
Notre conviction est qu’avec un serment arrangé comme tel, on n’aura pas
besoin de chercher d’autres critères pour disqualifier des candidats à la
présidence de la République par exemple, parce que beaucoup se désisteraient
certainement d’eux-mêmes.
Une autre faiblesse constatée dans notre système électoral, est qu’il n’arrive pas
à empêcher le vote basé sur l’appartenance ethnique et régionale des candidats.
La configuration des fiefs politiques des principaux leaders de la scène politique
nigérienne confirme clairement cet état de fait.
La solution que les musulmans proposeraient à ce problème est d’éveiller chez
les électeurs nigériens la conscience qu’en effectuant un vote en faveur d’un
candidat, ils portent un témoignage. Or, pour les musulmans, témoigner c’est
attester par Dieu que le candidat qu’ils vont choisir est celui qu’ils estiment
avoir en leur âme et conscience, les qualités exigées pour exercer la fonction
pour laquelle il s’est porté candidat. En agissant autrement, ces électeurs
trahiraient la confiance des musulmans et s’exposeraient au châtiment de Dieu,
tel qu’il l’a annoncé contre ceux qui pratiquent le faux témoignage. Comme
l’associationnisme, le faux témoignage fait partie des grands péchés en islam.
En imaginant un mécanisme comme une simple inscription d’un tel engagement
sur les cartes d’électeurs, il est clair qu’on a de réelles chances de venir à bout
des votes fantaisistes et mécaniques lors des élections.

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Le même type de mécanisme peut être institué pour les nominations aux hautes
fonctions de l’Etat par le Président de la République et aux postes de
responsabilité par les ministres et les directeurs généraux des entreprises
publiques. Ce qui permettra à coup sûr d’endiguer sérieusement et par des
moyens somme toute peu coûteux, le favoritisme et les promotions partisanes
des parents, amis et connaissances dans l’administration et des entreprises
publiques.
Et pour pérenniser ce processus, et assurer la préparation d’une relève sûre, il
faudra penser à introduire dans les programmes d’enseignement scolaire, une
éducation civique basée sur la morale religieuse permettant à nos enfants
d’acquérir un comportement de respect quasi sacré pour le bien public, pour
l’intérêt public en général, et pour toute règle de conduite collectivement
élaborée et agréée par la communauté nationale.
Il découle de ce qui vient d’être dit ci-dessus, la proposition de consacrer la
formation civique et morale de la population et de la jeunesse tout
particulièrement, à travers des programmes publics de sensibilisation,
d’éducation et d’enseignement. Proclamer l’attachement du peuple à l’Eternel,
nettoyer la constitution de ses scories antireligieuses somme toute inutiles,
protéger la jeunesse d’une acculturation programmée de la part des organes de
communication de masse et assurer l’éducation morale du peuple et de ses
enfants pour le respect des valeurs sacrées, telles nous semblent être en résumé,
les priorités que les porteurs de la foi doivent essayer de faire prévaloir dans le
débat national en cours.
Puisse Allah faire que cet appel soit entendu par ceux à qui il est destiné.

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Lettre (ouverte) à Messieurs les Conseillers

au Conseil consultatif national

Au Nom d’Allah, le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux.

Toute la Louange est due à Allah, le Seigneur des mondes. La Paix et la


Bénédiction d’Allah soient sur Son noble Messager Muhammad, ainsi que sur sa
famille et ses compagnons.

Honorables Conseillers,

Au moment où vous vous préparez pour les assises en vue de l’analyse du


projet de constitution pour l’avènement de la 7e République au Niger, j’ai
l’honneur de vous adresser ce message que je vous prie de bien vouloir recevoir
et qui, en mon humble conviction, relève de mon devoir en tant que citoyen du
Niger.

Honorables Conseillers,

La Constitution –que vous avez la lourde responsabilité de proposer à l’instance


de décision– est le texte fondamental de la République. Mais avant d’être une
république, notre pays, le Niger, est une société humaine, une grande personne
morale caractérisée par de pertinentes normes et valeurs et fière de son identité
et de ses aspirations. Or, comme vous le savez, depuis l’avènement des
« grandes mutations politiques » réfléchies et imposées aux peuples de la planète
en général et du tiers-monde en particulier, notre pays s’est retrouvé dans une
terrible épreuve consacrée par ce « grand paradoxe d’option politique ».

En effet, juristes ou non, politiques ou non, acteurs dynamiques de la


géopolitique nationale ou non, tous les Nigériens savent que nous évoluons
aujourd’hui à l’intérieur d’un cadre démocratique qui tire son fondement d’un
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courant de pensée totalement exotique par rapport, bien sûr, à notre
détermination sociale et culturelle. Encore qu’aujourd’hui, tout particulièrement,
nous avons dans le « socioculturel » une cause prééminente qui ne saurait en
aucune façon et à aucun moment être négligée : la cause religieuse. Une cause
qui constitue une réalité tangible de la société nigérienne. Une cause qui rime
avec les profondes aspirations du peuple nigérien. Une cause, donc, que l’on ne
saurait ignorer dans l’élaboration d’une loi fondamentale devant régir ce peuple-
là.

Honorables Conseillers,

Si je vous adresse cette lettre à cette occasion –c’est assurément inaccoutumé–,


bien évidemment, c’est non sans raison motrice. Comme vous le savez, en effet,
notre expérience politique, depuis l’accès de notre pays à la République, s’est
toujours caractérisée par un contraste patent entre l’esprit constitutionnel et la
confession religieuse de notre Peuple. Cela, justement, à cause du caractère
essentiellement anti-religieux du modèle politique que l’on a toujours donné à
notre Peuple qui, lui, est foncièrement religieux. C’est là le fait éclatant d’une
injustice politique, donc d’une grande injustice.

J’ose croire que vous conviendrez avec moi, Honorables Conseillers, que la
politique est l’affaire des Hommes et que l’Homme est intimement lié à Dieu. Il
serait dès lors inconcevable qu’un projet politique vienne créer une rupture entre
l’homme et son Seigneur, Dieu. Et je serais heureux de savoir que tout comme
moi, vous croyez (sinon vous savez) que l’homme n’est pas un descendant
évolutionniste du singe ni d’aucun autre primate mais qu’il descend plutôt d’une
noble créature de Dieu. Ce Dieu, qui est le Créateur non seulement de l’homme
mais des cieux, de la terre et de ce qu’il y a entre eux. Ce Dieu qui a ennobli
l’être humain et lui a assigné un modèle de vie nécessaire, depuis le jour où Il l’a
désigné pour être Son représentant sur cette portion de l’Univers que nous
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appelons planète terre. Ce Dieu qui a proposé et imposé à l’Homme un modèle
d’existence –le seul qui puisse lui convenir vraiment– afin qu’il vive heureux
dans ce monde et obtienne le salut éternel dans l’Au-delà. C’est ce modèle de
vie qui est le projet politique idéal en ce qu’il met l’homme dans toutes les
conditions nécessaires, tout en reconnaissant à Dieu tout ce qui Lui appartient.

J’ose croire que vous conviendrez avec moi à ce point de vue. En tout état de
cause, ce n’est pas le rapporteur général de votre illustre institution qui me dirait
le contraire. Lui qui reconnaît que ce modèle de démocratie –qui se définit
comme pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple– est discriminatoire.
Lui qui reconnaît, d’ailleurs, que ce modèle de démocratie exotique est
impossible à réaliser (cf. Émission « Lumière » du mardi 22 juin 2010 sur Télé
Sahel).

Honorables Conseillers,

Puisque la « démocratie exotique » est impossible à réaliser (c’est votre avis, si


j’ose l’apprécier car c’est l’avis de votre rapporteur général martelé à l’attention
de l’opinion nationale), alors qu’attendons-nous pour réfléchir et mettre en
œuvre un modèle démocratique qui cadre parfaitement avec les réalités et les
aspirations du Peuple nigérien ?

Vous le savez beaucoup mieux que moi, depuis la fin du régime instauré en
1974 –qu’une vulgaire pensée née de la réflexion d’un soi-disant
constitutionnaliste a toujours appelé « régime d’exception »–, nous avons connu
une suite de constitutions dont l’irréalisme n’a d’égal que leur caractère tout à
fait étranger à notre identité et notre détermination en tant que société
respectable et respectueuse.

Honorables Conseillers,

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Je puis conjecturer (positivement) qu’en tant que mandataires de la Nation, vous
ne souhaiteriez jamais être à l’origine d’un conflit entre cette nation et sa
législation. Dans un contexte comme le nôtre où pratiquement tout le monde
connaît Dieu (la somme des musulmans et des chrétiens représente près de
100% de la population nigérienne), il serait tout simplement inadmissible qu’une
loi (de dimension constitutionnelle ou autre) se caractérise par sa
méconnaissance totale de la chose divine. Ce serait donc tout à fait naturel de
« proposer » au Peuple nigérien un modèle de constitution à la mesure de sa
détermination confessionnelle. Et ce ne sera que justice !

Par ces temps où le monde assiste à la chute du faux et de l’injustice sous toutes
leurs formes (l’arrivée d’un noir au sommet de l’État aux USA en est un
exemple patent), rien ne pourrait justifier la promotion, au Niger, d’une injustice
aussi pittoresque que l’imposition d’une constitution négationniste à un peuple
croyant. En cette ère où les puissances capitalistes du Nord, elles-mêmes, se
tournent vers l’Islam en adoptant la finance islamique (par exemple) au profit du
système financier international. Par cette période « de grande ouverture
d’esprit », il ne serait pas imaginable qu’un peuple croyant se voie doter d’une
constitution qui « refuse Dieu dans les affaires étatiques ». C’est dire que vous
avez le devoir de tenir compte des aspirations du Peuple nigérien dans la lecture
du projet de Constitution qui fera passer notre pays à la 7e République. Et tenir
compte des aspirations du Peuple passe par la prise en compte de toutes ses
valeurs sociétales, en particulier de sa détermination confessionnelle. Et c’est
parce que je suis entièrement d’accord avec Monsieur le Rapporteur Général et
autres (selon qui le « pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple » est tout
simplement discriminatoire et utopiste) que je viens vous suggérer de tout mettre
en œuvre pour libérer, une fois pour toutes, le Niger et son peuple de cette
sujétion politique qui, en vérité, ne profite qu’aux démons de l’injustice et de la
domination arbitraire. Et je vous adresse humblement ce message en souhaitant

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qu’il nous serve à tous de conseil loyal et qu’il nous fasse converger vers le bien
et le bonheur du Peuple nigérien.

Tout en vous souhaitant plein succès dans la lourde mission qui vous est
assignée, je vous prie de recevoir, Honorables Conseillers nationaux,
l’expression de ma considération distinguée.

Abou Soumayya

Zinder, le 23 juin 2010

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‫بسم ال الرحمن الرحيم‬

L’Islam, facteur de développement

Chers frères et sœurs en Islam ! As-salâmou ‘alaykoum wa rahmatoullâh !

Toutes les louanges, certes, appartiennent à Allah. Nous Lui sommes


reconnaissants, nous implorons Son aide et Son secours et nous nous réfugions
auprès de Lui contre les maux de nos âmes et les méfaits de nos actions. Celui
qu'Allah guide nul ne peut l'égarer et celui qu'Il égare, nul ne peut le guider. Je
témoigne qu'il n'y a point de divinité digne d'adoration hormis Allah l'Unique
sans associé. A Lui appartiennent le Commandement Absolu et la louange et Il a
pouvoir sur toute chose. Il fait ce qu'Il veut et n'est point interrogé sur ce qu’Il
fait. Il a créé les créatures pour qu'elles L'adorent alors même qu'Il se passe
proprement de tout l'univers. En effet, leur adoration ne Lui profite point et
n'augmente rien à Son pouvoir. De même leur désobéissance ne Lui nuit point et
ne diminue rien à Son Royaume. Quiconque obéit à Allah le fait pour son propre
profit et quiconque Lui désobéit ne lèse que sa propre personne : Allah se passe
de tout comme Il l’a dit: «O hommes, vous êtes les indigents ayant besoin
d'Allah, et c'est Allah, Lui qui se dispense de tout et Il est Le Digne de
louange. S’Il voulait, Il vous ferait disparaître, et ferait surgir une nouvelle
création. Et cela n'est point difficile pour Allah». Sourate 35 (le Créateur) :
versets 15 à 17.

Et je témoigne que Mouhammad est serviteur et Envoyé d'Allah. Il l’a envoyé à


toute l'Humanité avec la bonne direction et la religion de vérité pour la faire
prévaloir sur toute autre religion ou idéologie n'en déplaise aux polythéistes. II a
18
fourni l'argument d'Allah contre tous les hommes car il a fidèlement transmis le
message divin, accompli la mission qui lui a été confiée, conseillé sa
communauté en lui montrant tout ce qui est bon et profitable pour elle ici-bas et
dans l'au-delà. Il a lutté dans la voie d'Allah comme il se doit et il L’a adoré
jusqu'à ce que lui vint la mort. II a quitté ce bas monde en laissant sa
communauté sur une voie droite, claire la nuit comme le jour, une voie de
laquelle ne dévie que celui qui doit périr. Qu'Allah lui accorde Son salut, Ses
prières, Ses miséricordes et Ses bénédictions ainsi qu'à sa famille, à ses
compagnons et à tous ceux qui suivront sa Sounnah (pratique) jusqu'au Jour du
Jugement Dernier.

«O croyants! Craignez Allah comme Il doit être craint. Et ne mourez qu'en


pleine soumission (en musulmans totalement soumis à Allah)». Sourate 3 (la
famille d’Imrân) : verset 102.

«O croyants! Craignez Allah et parlez avec droiture afin qu’Il améliore vos
actions et vous pardonne vos péchés. Quiconque obéit à Allah et à Son
messager obtient certes une grande réussite». Sourate 33 (les coalisés) :
versets 70 et 71.

Certes, la plus véridique des paroles est celle du Livre d'Allah (le Saint Coran),
la meilleure des voies est celle de Mouhammad çallallâhou ‘alayhi wa sallam et
les pires des actions sont les innovations religieuses et toute innovation
religieuse est un égarement et tout égarement conduit au Feu de l'Enfer.

Chers frères et sœurs en Islam ! Sachez qu’Allah ne nous a prescrit en religion,


que ce qui est bien et profitable pour nous dans ce bas monde et dans la vie
future et Il ne nous a interdit en religion, que ce qui est mauvais et nuisible pour
nous et dans les deux mondes.

Quant au Prophète çallallâhou ‘alayhi wa sallam, il n'a rien apporté de sa part


pour nous l'imposer comme religion, au contraire tout ce qu'il nous a apporté lui

19
a été révélé par Son Seigneur comme Il l’a dit: «Et il (le Prophète) ne prononce
rien sous l'effet de la passion; ce n'est rien d’autre qu'une révélation
inspirée». Sourate 53 (l’étoile) : versets 3 et 4.

L’Islam est adapté à tous les contextes

Chers frères et sœurs en Islam ! Parmi les plus gros mots des détracteurs de
l'Islam figure leur affirmation suivante: «L'application de la loi Islamique ne
s’accorde pas avec le monde moderne ni avec le développement vers lequel
tendent tous les pays en général et les pays islamiques en particulier».

«Quelle monstrueuse parole que celle qui sort de leurs bouches! Ce qu'ils
disent n'est que mensonge». Sourate 18 (la caverne) : verset 5.

En légiférant la religion islamique, Allah le Très Haut ne visait pas


particulièrement un peuple donné ni une tribu donnée ni un temps ou un lieu
donné. Il l'a légiférée plutôt pour tous les hommes, les Arabes comme les non-
Arabes. Il a fait de l'Islam la dernière Révélation qui restera en vigueur jusqu'au
jour du Jugement Dernier. C'est une religion qui n'est pas limitée par les
frontières raciales, politiques, historiques, linguistiques ou géographiques.
L'Islam est la religion parfaite qui englobe tout ce dont l'Humanité a besoin pour
mener bien sa vie sur terre et pour gagner dans l'au-delà. Il s’adapte
convenablement à tous les temps, à tous les lieux et à tous les peuples jusqu'à ce
que la terre et ses habitants soient hérités par le Créateur.

Comment peut-on dire qu'elle ne convient pas pour le développement, le progrès


et la civilisation alors qu'il englobe tous les domaines de la vie humaine et fixe à
chaque domaine ses lois propres? Comment peut-on dire que l’Islam ne
s’accorde pas avec le monde moderne alors qu’il émane d’Allah le Créateur et
Administrateur Absolu de l’Univers? Qui sait mieux qu’Allah les intérêts de Ses
serviteurs et ce qui leur convient? Qui est plus compatissant et miséricordieux
20
envers les serviteurs qu’Allah? Quelle loi est plus impartiale et impersonnelle
que la loi d’Allah qui ne poursuit aucun intérêt à travers ce qu’Il légifère pour
Ses serviteurs? Comment peut-on avoir foi en Allah sans accepter ce qu’Il
légifère comme lois et adorations pour Ses serviteurs? Depuis quand, Allah est-
Il devenu l’ennemi de l’Homme, Lui qui a créé l’Homme, lui a donné la vie et
l’a doté de tous les organes et facultés? Depuis quand, l’Islam met-il les gens en
retard? Si cela était vrai, l’Arabie Saoudite serait le dernier des pays dans tous
les domaines. Si en tant que musulmans, la loi d’Allah ne nous convient pas,
quelle autre loi peut nous convenir alors; et comment resterons-nous musulmans
soumis à Allah si nous préférons à la loi immuable d’Allah, les prétendues lois
changeantes au gré des circonstances que nous fabriquons à la tête des dirigeants
en place? Comment une créature qui ignore ses propres intérêts peut-elle
légiférer pour une autre et sur quelle base? Allah soubhânahou wa ta’âla n’a-t-Il
pas dit dans le Saint Coran (si tant est que nous croyions vraiment au Coran):

«Le pouvoir n'appartient qu'à Allah. Il vous a commandé de n'adorer que


Lui. Telle est la religion droite ; mais la plupart des gens ne savent pas».
Sourate 12 (Youssouf) : versets 40.

«Et ceux qui ne jugent pas d'après ce qu'Allah a fait descendre, les voilà les
Kâfiroûn (les mécréants)». Sourate 5 (la table servie) : verset 44.

«Et ceux qui ne jugent pas d'après ce qu'Allah a fait descendre, ceux-là sont
des Zhâlimoûn (polythéistes et injustes)». Sourate 5 (la table servie) : verset 45.

«Ceux qui ne jugent pas d'après ce qu'Allah a fait descendre, ceux-là sont
les Fâsiqoûn (pervers)». Sourate 5 (la table servie) : verset 47.

«Est-ce donc le jugement du temps de l'ignorance qu'ils cherchent? Qu'y a-


t-il de meilleur qu'Allah, en matière de jugement pour des gens qui ont une
foi ferme?». Sourate 5 (la table servie) : verset 50.

21
«Et certes, voici Mon chemin dans toute sa rectitude, suivez-le donc; et ne
suivez pas les [autres] sentiers qui vous écartent de Sa voie»…». Sourate 6
(les bestiaux) : verset 153.

«Où allez-vous donc?». Sourate 81 (l’obscurcissement) : verset 26.

Profitons de l’occasion en or que nous a offert notre Seigneur

Chers frères et sœurs en Islam! L’espoir de la Communauté Musulmane du


Niger était grand avec les événements du 18 février 2010, au cours desquels la
junte militaire avait accompli son devoir de garante de la sécurité nationale en
offrant aux Nigérois l’occasion de revoir les choses afin de repartir sur des bases
saines et solides surtout en ce qui concerne les textes fondamentaux qui doivent
régir ce peuple à 99% musulman. L’occasion était donnée pour que l’erreur
fondamentale, monumentale et historique soit corrigée, à savoir celle de la
laïcité ou de la séparation de l’Etat et de la religion afin qu’Allah ait Sa place
dans nos bureaux et dans nos affaires sociales, économiques et politiques et que
l’Islam soit reconnu dans ce pays comme la religion d’Etat officielle.

Qu’est-ce que cela nous coûtera ou nous empêchera de faire? Comment


pouvons-nous séparer l’Islam de l’Etat dans ce pays où tout est fait au nom
d’Allah: les fiançailles, le mariage, la vie conjugale, le baptême, les funérailles,
les réunions publiques et privées à tous les niveaux et sur tous les plans, les
émissions des radios et des télévisions publiques et privées qui commencent
chaque jour leurs programmes par la lecture du Saint Coran et les terminent
ainsi…??? Que devient un musulman séparé de sa foi: au bureau, dans les
transactions et pourparlers sur les différents plans de la vie? Sans la religion,
comment pouvons-nous acquérir des comportements exemplaires et des vertus?
Sans la religion, la société humaine est-elle autre chose qu’une jungle dans
laquelle les plus forts asservissent les plus faibles? Que devient une
communauté croyante qui écarte Dieu de ses affaires les plus importantes et les
plus sérieuses, ces affaires qui ont justement besoin de la bénédiction divine?
22
Comprenons-le bien, la laïcité n’est pas synonyme de liberté religieuse sinon
c’est en Islam qu’il y a la liberté de culte car il n’y a pas de contrainte en matière
de religion comme le Saint Coran l’a précisé (Sourate 2 (la vache) : verset 256).
Mais la laïcité signifie grosso modo l’écartement et l’éloignement de Dieu et de
tout ce qui y est relatif, des affaires de l’Etat. Et de qui est composé cet Etat du
Niger? Vous me direz 99% de musulmans. La démocratie n’est-elle pas basée
sur le principe de la majorité? Pourquoi un groupuscule de gens veut toujours
imposer sa volonté, sa vision et sa conception de la vie au peuple entier dont les
aspirations et les orientations sont autres?

Nous espérons, avec la révision des textes fondamentaux, que justice sera
rendue à l’Islam et au peuple afin que les musulmans cessent de se comporter
en faux et vivent leur vie en conformité avec leur foi. Qu’Allah nous y
assiste !

La définition et le concept du développement selon la vision de l’Islam

Chers frères et sœurs en Islam ! Nous allons avec l'aide d'Allah soubhânahou wa
ta’âla parler du développement en Islam, afin d'éclairer les consciences
enténébrées, d’ouvrir les cœurs fermés, de guider les perplexes, d’éclairer les
esprits aveugles et d’éveiller les doués de raison. Tout cela pour réfuter le
complot de ceux qui complotent et élucider les équivoques «Afin que sur
preuve périsse celui qui doit périr, et que sur preuve vive celui qui doit
vivre. Et certes Allah entend tout et est Omniscient». Sourate 8 (le butin) :
verset 42.

Chers frères et sœurs en Islam ! Sachez que le problème du développement


figure parmi les problèmes essentiels du monde contemporain, surtout depuis la
fin de la deuxième guerre mondiale où le monde a assisté à l'indépendance et à
la naissance d'un certain nombre de pays. Malheureusement, la majorité de ces
pays se sont retrouvés au dernier rang des pays de la planète, avec un retard de

23
civilisation se manifestant sur tous les plans de la vie. Ces pays qu'on appelle
"pays en voie de développement" ont pris donc le "développement" comme
objectif principal vers lequel convergent tous leurs efforts et qu'ils essaient de
réaliser à tout prix. Les pays islamiques ne font pas exception dans ce domaine.
En effet, quiconque suit de près la situation et l'évolution de ces sociétés
islamiques, verra clairement que le "développement" sous toutes ses formes, est
devenu leur principale préoccupation et l'ultime objectif de leur avenir.
Cependant, beaucoup de ces pays islamiques ont raté la voie et les moyens qui
leur permettent de parvenir à ce "développement" tout en conservant leur
identité islamique. Certains ont donc pris le modèle de la théorie capitaliste pour
essayer de sortir du "sous-développement" et d'autres ont suivi la théorie
socialiste marxiste.

En outre, ces sociétés islamiques dans leur grande majorité ont fondé leur espoir
sur l'éducation pour la réalisation de leur "développement" en suivant
malheureusement l'une des deux théories précitées. Le résultat de ce choix fut la
négligence de leurs propres valeurs morales et de leur culture, ce qui a entraîné
la naissance d'une éducation et d'un développement défectueux, perturbés voire
dénaturés.

Il n'y a plus de doute que ce dont les sociétés islamiques ont besoin aujourd'hui
pour réaliser un développement complet et harmonieux, est l'application stricte
du système islamique. En ce sens que l'Islam -et l'Islam seul- doit gérer ce
développement et l'orienter sur toutes ses étendues et sur tous les plans matériels
et spirituels et que l'éducation islamique serve d'instrument principal à l'ombre
duquel doit se concrétiser ce développement auquel aspirent les peuples
musulmans. L'Islam demeure en effet la force, la foi et le code de vie de la
‘Oummah islamique. C'est cette éducation islamique basée sur les
enseignements du Saint Coran et de la Sounnah (tradition) du Prophète
çallallâhou ‘alayhi wa sallam, qui a permis aux premiers musulmans de passer

24
du stade de vie primitive (archaïque), rustique et nomade à celui d'une vie
civilisée, développée et unie. L'Islam a ainsi fait de l'éducation la principale
règle ou le principal facteur de développement au fil des temps, un
développement dont les heureux aboutissements ont dépassé le seul cadre des
sociétés islamiques pour englober le monde entier. Et ceci n'est pas particulier
aux premières générations de musulmans ni aux Arabes car l'Islam est non
seulement universel mais surtout s’accommode à tous les temps, à tous les lieux
et à tous les peuples... pourvu qu'il soit bien compris, bien pratiqué et bien
appliqué comme il le faut. On se rappelle encore le temps du cinquième Calife
(successeur) bien-dirigé, Oumar ibnou Abdil-Aziz, où l'abondance et la
prospérité -dues à sa justice et à sa bonne gestion des biens- atteignirent leur
paroxysme au point où on ne trouvait plus quelqu’un à qui offrir la Zakât. Tout
le monde était dans l'opulence et l’autosuffisance matérielle.

Que veut dire donc "développement" en Islam? Quels sont les principes de base
pour un développement harmonieux en Islam? Quels sont les supports d'un réel
développement?

Voila quelques questions auxquelles nous allons avec la Volonté et l'aide d'Allah
essayer de répondre.
Qu’Allah nous fasse comprendre notre religion ! Qu’Il nous aide à la pratiquer
comme Il aime et agrée ! Qu’Il nous fasse prendre conscience qu’en tant que
musulmans, nous n’avons pas d’autre force ou appui à part Lui et avant Lui
soubhânahou wa ta’âla. Et nous n’avons pas d’autre référence en matière de
gestion de notre vie que le Saint Coran qui renferme les conditions de notre salut
et de notre bonheur terrestre et céleste.

Sachez chers frères et sœurs en Islam, qu’Allah le Très Haut a créé l’Homme et
l’a doté des facultés et des capacités lui permettant d’exploiter à son profit les
richesses de la nature. L’Homme doit ainsi réfléchir, travailler et planifier pour
25
améliorer les conditions de sa vie sur terre. Tout est pour l’Homme dans les
cieux et sur terre et l’Homme tout entier doit se consacrer à l’adoration de son
Seigneur en faisant usage de tous les bienfaits et privilèges que son Seigneur a
mis à sa disposition.

Chers frères et sœurs en Islam ! Retenez que l’Islam en tant que code parfait de
la vie, n’a négligé aucun domaine de la vie humaine et à ce titre il demeure le
facteur le plus fondamental et le plus apte à assurer à l’Humanité un
développement harmonieux et cela sur tous les plans et dans tous les domaines,
vu son parfait système de gestion des biens et de leur répartition entre les
différents individus de la collectivité humaine.

Avec l’aide d’Allah soubhânahou wa ta’âla, nous allons tenter de définir le


développement selon l’Islam ainsi que les principes de base et les supports d’un
développement réel, harmonieux et équilibré à la lumière des enseignements du
Saint Coran et de l’authentique tradition prophétique.

Le mot «Développement» compte aujourd’hui parmi les expressions d'usage


courant et parmi les termes conventionnels ou techniques de l’idéologie
économique contemporaine. C'est un mot ou expression qui peut toucher tous
les domaines de la vie humaine : économique, social, politique, culturel,
religieux.

1- Définition littérale

Le verbe «Namâ» (‫ )َنَمى‬qui est la racine trilitère du mot «Tan-miya» (‫ )تنمية‬ou


«développement» veut dire littéralement : augmenter, croître, abonder… Ici, le
verbe est intransitif c'est-à-dire qu’il n'admet pas de complément d'objet. On dit
par exemple: La richesse a augmenté (‫)نمى المال‬.
Mais la forme «Nammâ» (‫ )َنّمى‬dont le substantif est «Tan-miya» (‫ )تنمية‬ou
«Développement», est transitif et veut dire : développer c'est-à-dire rendre
quelque chose plus abondant, l'augmenter, assurer sa croissance par des moyens

26
et des procédés donnés. Selon ce dernier sens, le mot «Développement»
implique l'intervention de la volonté humaine pour augmenter quelque chose
soit en quantité soit en qualité.

2- Définition conventionnelle ou technique

Il faut signaler de prime abord que les savants qui s'intéressent au problème du
«Développement», ne sont pas arrivés à lui donner une définition
conventionnelle unanime, à cause notamment de la divergence de leurs vues, de
leurs orientations et du domaine sur lequel chacun a mis l'accent.

* Certains, pour définir le mot «Développement», ont mis l'accent sur le côté
économique. Par conséquent, ils ont dit: "Le développement est un ensemble
d'activités et de procédés qui permettent à l'homme de dominer à sa guise les
ressources naturelles et d'augmenter le revenu individuel".

* D'autres ont mis l'accent sur le coté éducatif et culturel en encourageant


l'investissement dans le domaine de l'éducation et de l'enseignement en tant que
bases essentielles de développement.

* D'autres enfin, ont mis l'accent sur la globalité du mot «Développement» en ce


sens qu'il englobe tous les domaines de la vie humaine : économique, social,
politique, culturel...

En plus de ces considérations de domaines, il y a d'autres définitions techniques


du mot «Développement». Parmi ces définitions on peut retenir par exemple la
suivante: "Le développement est un ensemble d'activités ou de procédés qui vise
un changement dans lequel se conjuguent les efforts des individus et de la
société avec ses différentes institutions, pour rehausser la capacité et le pouvoir
de l'activité tant physique que morale, afin d'aboutir à la prospérité et au bonheur
auxquels aspirent l'individu et la société".

Il se dégage de ces différentes définitions que:

27
l- le développement est un ensemble d'activités bien orientées et que la volonté
humaine et la planification jouent un rôle essentiel dans sa réalisation;

2- le développement est un ensemble d'activités qui touchent tous les domaines


de la vie humaine: spirituel, économique, social, culturel et politique. Cependant
le coté économique y occupe une place plus importante;

3- l'objectif ultime du développement en Islam est la réalisation de la prospérité


et l'assouvissement des besoins essentiels de l'individu et de la société, que ces
besoins soient matériels comme la nourriture, le logement, la santé,
l'enseignement et le travail ou qu’ils soient moraux comme la concrétisation de
la personnalité du pays à travers la production, la prise des décisions, la liberté
d'expression et de pensée et le sentiment de la sécurité et de la dignité;

4- le critère d'un véritable développement réussi en Islam se révèle à travers sa


capacité à mobiliser la plus grande partie des individus de la société à concourir
à l'essor et à l'orientation de ce développement et à profiter dans le même temps
de ses résultats et de ses fruits;
5- le niveau du développement dans une société donnée n'est pas forcément un
indice de son niveau moral. En effet, les sociétés qui ont réalisé un grand pas
dans le développement matériel ne jouissent pas forcément de hautes vertus et
de grandes valeurs humaines car on a tendance à tout développer dans ces
sociétés, même la fornication, la criminalité, le vol, la spéculation, l'alcoolisme,
les drogues... Tandis qu'en Islam on ne doit développer que ce qui est utile et
profitable aux individus et à la société.

On comprend ainsi à partir de ces définitions que le développement ne peut être


atteint sans l'effort mutuel de l'homme et de la société, effort qui doit se fonder
sur des bases ou principes bien déterminés... Ceci nous amène à voir les
principes de base pour un développement harmonieux en Islam.
Les principes et les supports d’un développement réel et effectif

28
Chers frères et sœurs en Islam! Si la quasi-totalité des pays islamiques vivent
aujourd'hui dans le sous-développement ou sont en voie de développement, c'est
parce qu'ils ont raté la voie de leur développement dès le départ en écartant
l'Islam de leur politique du développement. Or il n'y a pas de système ou
d'idéologie plus juste et plus apte à permettre le développement plein et entier de
l'individu et de la collectivité que l'Islam. En effet, l'Islam a étroitement lié les
principes de base du développement à la raison et à la conscience de l'être
humain en lui montrant les voies et moyens lui permettant de se connaître lui-
même d'abord puis d'avoir une conception juste de la nature qui l'entoure et de la
vie qu'il mène sur cette terre. Ensuite, l'Islam a enseigné à l'homme la manière
de profiter de cette nature, le but et l'objectif vers lesquels il doit orienter tous
ses efforts. Les principes de base pour un développement harmonieux en Islam
se résument ainsi qu’il suit:

1- L'homme est une créature très honorée par Allah car Il l'a créé dans la plus
belle forme qui soit, l'a privilégié par rapport à beaucoup de Ses créatures et l'a
distingué par la raison, la science, la volonté et le libre arbitre. Il a fait de lui un
gérant sur terre, lui a soumis tout ce qui est dans les cieux et sur terre et l'a
comblé de Ses bienfaits apparents et cachés. En contrepartie, Il l'a chargé d'une
grande mission sur cette terre qui est Son adoration exclusive sans aucun associé
ainsi que l'application stricte de Ses enseignements. Il lui a imposé la recherche
de la connaissance religieuse et profane -après l'avoir doté de toutes les facultés
lui permettant l'accès à la science-, afin de bien connaître son Seigneur-Créateur
pour mieux L'adorer en faisant usage de sa raison pour méditer et comprendre
les secrets de la nature et les signes cosmiques d'Allah qui sont contenus dans
les cieux et sur terre. En procédant ainsi, l'homme parviendra à mieux adorer son
Créateur et à mieux L'estimer comme il faut, en faisant en sorte que ses paroles,
ses actions et ses comportements soient totalement conformes à ce qu’Allah
aime et agrée et cela, dans tous les domaines de la vie humaine: idéologique,

29
social, culturel, économique, politique... Ceci, afin que le développement vers
lequel tend l'homme soit fait à son profit et non à son détriment et pour le
compte de ses atouts et moyens et non à leurs dépens.

2- Le monde dans lequel nous vivons n'est pas stable, il est plutôt évolutif. Il est
régi par des lois et des traditions divines immuables. Ce monde en tant que tel
n'est pas un mal en soit mais il est créé pour une sage finalité et un but bien
déterminé. C'est un sujet de méditation, de raisonnement déductif et
d'exploitation de ses profits. Ce qui incombe à l'être humain c'est de le
considérer comme un domaine sur lequel il doit bâtir une civilisation parfaite et
bien équilibrée. Que l'homme sache que tout ce qui est dans l'univers lui est
soumis de la part d'Allah comme Il l’a dit:
«Et Il vous a assujetti tout ce qui est dans les cieux et sur la terre, le tout
venant de Lui. Il y a là des signes pour des gens qui réfléchissent». Sourate
45 (l’agenouillée) : verset 13.

«Ne voyez-vous pas qu'Allah vous a assujetti ce qui est dans les cieux et sur
la terre et vous a comblés de Ses bienfaits apparents et cachés?». Sourate 31
(Louqmân) : verset 20.

Ceci veut dire qu'Allah a donné à l'homme le pouvoir d'exploiter cet univers par
des activités qui lui sont profitables dans tous les domaines de la vie. Allah nous
a soumis cet univers afin de nous permettre de connaître Son Pouvoir et Sa
Science qui embrasse tout, contrairement aux théories philosophiques qui font
comprendre à l'homme qu'il est en permanente lutte contre la nature. Il doit par
conséquent faire tout pour la dominer, la soumettre et l'exploiter pour ses profits
mondains, d'où les différents problèmes écologiques et spatiaux auxquels
l'homme est confronté aujourd'hui. Or l'homme doit seulement chercher à
connaître les secrets et les lois divines qui régissent l'univers et le font

30
fonctionner. Plus il connaît cela, mieux il parviendra à dominer l'univers et à
l'exploiter sans se faire du tort ou du mal.

3- La vie de ce monde est un pont, un passage et non une demeure stable. C'est
une jouissance temporaire, éphémère, une monture pour parvenir à la vie future,
celle de l'au-delà. On ne doit donc pas la considérer comme une finalité. C'est un
monde plein de bien et de mal, de vices et de vertus, de passions et de valeurs...
Le musulman a le droit de jouir des bienfaits de ce monde, de sa parure et de ses
délices à condition toutefois que cette jouissance ne le détourne ni ne le distrait
de l'adoration d'Allah. Autrement dit, il incombe au musulman de profiter de ce
bas monde pour chercher l'au-delà comme Allah a dit: «Et recherche à travers
ce qu'Allah t'a donné, la Demeure dernière. Et n'oublie pas ta part en cette
vie. Et sois bienfaisant comme Allah a été bienfaisant envers toi. Et ne
recherche pas la corruption sur terre. Car Allah n'aime point les
corrupteurs». Sourate 28 (le récit) : verset 77.

Ainsi, toute activité que l'homme mène dans ce monde, tout comportement qu'il
observe dans la vie et toute parole qu'il prononce, doivent être transformés en
adoration. Son intention doit toujours être la recherche de l'agrément et de la
récompense de son Seigneur-Créateur.

4- L'Islam œuvre à ce que le développement de la communauté islamique soit


effectif en ce sens qu'il doit englober tous les côtés spirituels et matériels de
l'individu et de la société à l'ombre des enseignements islamiques. Ceci conduira
à la réalisation d'une prospérité plus grande et d'un bonheur plus durable pour le
genre humain ici bas et dans la vie future. Le développement d'une société
islamique doit être totalement équilibré sur toutes ses étendues et doit prendre en
considération les côtés quantitatif et qualitatif à part égale. Il doit enfin se
réaliser par des moyens et des méthodes qui ne sont pas de nature à favoriser
l'exploitation de l'homme par l'homme ou l'injustice de l'homme à l'égard de son
frère humain.
31
5- L’Islam exige aussi que tous les individus et toutes les couches sociales de la
société participent au développement et en profitent en même temps. Le
développement doit viser la protection de l'intérêt supérieur du peuple et
l'écartement de tout ce qui peut porter préjudice à la dignité et à l'honneur du
peuple. L'Islam exige aussi que le développement garantisse au peuple les
nécessités et les besoins vitaux et qu'il favorise l'intérêt général par rapport à
l'intérêt personnel.

6- Le développement en Islam est un moyen et non une fin en soi. C'est un


moyen qui permet à l'homme de concrétiser la raison de son être sur terre c'est-
à-dire l'adoration d'Allah. C'est ainsi que tous les moyens, tous les supports et
tous les objectifs du développement en Islam doivent concourir à réaliser cette
raison d'être de l'homme sur terre.

Chers frères et sœurs en Islam ! Voilà en gros les principes de base pour un
développement harmonieux en Islam. Si ces principes ne sont pas respectés, le
développement ne peut être que contre l’être humain et non à son profit.
Cependant pour parvenir à un développement réel et effectif, un certain nombre
de supports doivent être pris en considération.

Ainsi, les supports d'un réel et effectif développement en Islam se résument


comme suit:

1- Prendre l'Islam comme religion d'Etat et du peuple, de sorte que toutes les
affaires grandes et petites du pays soient basées sur la loi islamique et que toutes
les décisions et les orientations du pays s'inspirent de l'Islam.

2- Instaurer l'unité nationale et c’est un gage incontournable car sans unité


nationale toute œuvre et toute entreprise nationales seront vouées à l’échec.

3- Bannir l'injustice sous toutes ses formes car aucun peuple ne peut prospérer
dans l’injustice comme l’a précisé le Prophète çallallâhou ‘alayhi wa sallam.

4- Assurer la sécurité des personnes et des biens.


32
5- Valoriser l'éducation islamique.

6- Procéder à des études et à des planifications de développement en suivant le


modèle d'un pays islamique qui a réussi à se développer tout en conservant son
identité culturelle islamique. L’imitation d’un modèle réussi ne signifie
nullement le rejet ni la négation de sa propre identité et de sa personnalité.

7- Mettre tout le monde au travail, chacun selon ses compétences en faisant du


travail le pilier, le gage et la condition incontournable de la réussite individuelle
et collective.

Voilà chers frères et sœurs en Islam ce qu’Allah nous a permis de vous dire par
rapport à ce thème combien sensible. Qu’Allah nous conforme ainsi que nos
dirigeants à ce qu’Il aime et agrée ! Qu’Il nous fasse comprendre la valeur et
l’importance de l’Islam dans notre vie et qu’Il nous aide à le prendre comme
seule référence dans toutes les affaires! Allâhoumma amîn !

Qu’Allah fasse régner Sa loi sur terre, qu’Il nous aide à l’accepter et à
l’appliquer dans toutes nos affaires! Qu’Il nous bénisse et bénisse notre pays le
Niger et qu’Il nous aide à le faire sortir des ténèbres à la lumière et du retard au
progrès! Qu’Il nous accorde l’unité, l’entente, la paix, la prospérité et la
tranquillité physique et morale en nous-mêmes, dans nos familles et notre pays!
Qu’Allah nous fasse comprendre notre religion ! Qu’Il nous aide à la pratiquer
comme Il aime et agrée ! Qu’Il nous pardonne nos fautes et péchés apparents et
cachés ainsi qu’à nos frères et sœurs en Islam, les vivants et les morts ! Amîn !

Cheikh Boureima Abdou Daouda


boureima@gmail.com
www.boureima.net

33
Propositions d'amendement de l'avant-projet de constitution

1. dans le préambule

Nous, peuple nigérien souverain

-résolu...

-résolu...

-« soucieux de sauvegarder notre identité culturelle (ajouter) à travers


notamment l'enseignement de celle-ci à tous les niveaux, la conservation et la
valorisation de notre patrimoine historique, matériel et immatériel »

3.Art 9 (page 6)

La République du Niger est Etat de droit*

« Elle respecte et protège toutes les croyances. (Supprimer) Aucune religion,


aucune croyance ne peut s'arroger le pouvoir politique ni s'immiscer dans les
affaires de l'Etat »

Explications :

Cette affirmation est irréaliste puisque le premier qui la viole est l'Etat lui-
même qui Introduit la religion dans toute une série de choses publiques. Les
exemples sont nombreux :

-en matière de serment constitutionnel, le Président de la République prête


serment en commençant par : « devant Dieu et devant le peuple nigérien
souverain... (Art 48 de l'avant-projet de constitution).

-dans le domaine de l'Education, l'Etat promeut l'enseignement de l'Islam à


travers les écoles franco-arabe (medersa publiques)

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- dans le domaine de la justice, le pouvoir de régler les affaires liées à la famille
est reconnu par l'Etat aux ulémas (mariage, divorce, naissance, décès,
succession, donations) etc....

-l'organisation du hadj par l'Etat constitue une implication de celui-ci


dans une question fondamentalement religieuse.

-dans le domaine diplomatique, l'Etat du Niger est membre de l'OCI qui est une
organisation d'Etats ayant en commun le partage de la religion islamique.

-sans parler des mœurs politiques aujourd'hui consacrées de faire la Patina à


l'ouverture et à la clôture des réunions officielles.

La religion est déjà dans les affaires de l'Etat et ce, par le fait de l'Etat lui-même.

4.Art 23 (page 9)

« La jeunesse est protégée par l'Etat et les collectivités publiques contre (ajouter)
la prostitution, la consommation de l'alcool et de drogues, les jeux de hasard,
la publication, la circulation et la diffusion des documents écrits ou audio
visuels obscènes, l'exploitation et l'abandon »

Explications :

L'Etat doit prendre conscience que la plus grande menace à notre identité
culturelle et à nos valeurs de civilisation passe aujourd'hui par les média qui
constituent beaucoup plus que l'école à l'aliénation de la jeune génération, a
travers des modèles culturels extravertis. Des garde-fous doivent entourer la
diffusion des programmes des radios et des télévisions privées, pour préserver
notre jeunesse d'une occidentalisation culturelle néfaste à la santé mentale et à
l'équilibre psychosociale de cette frange fragile de la population.

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Pour que cette entreprise soit un succès, il faut naturellement que l'Etat lui-
même donne l'exemple. Il est contradictoire que les média publics eux-mêmes
se permettent de diffuser à longueur de journée des clips vidéo et des films qui
incitent nos jeunes garçons et nos jeunes filles à des comportements qui jurent
avec notre morale familiale et nos mœurs sociales. Cette pratique ne doit plus
avoir cours, sinon, les dispositions constitutionnelles relatives à la protection de
la jeunesse et de la famille ne seront pas rationnelles ».

5. ART 29 (page 10)

« L'Etat garantit le libre exercice du culte et l'expression des croyances, (ajouter)


et condamne toute atteinte à la religion dont les valeurs sont sacrées »

6 .Art 48 (page 14)

Modifier le contenu du serment du Président de la République ainsi qu'il suit :

« Devant Dieu et devant le peuple nigérien souverain, nous ... Président de la


République élu conformément aux lois, jurons solennellement :

-de... -de... -de... -(ajouter) de ne prendre ni cautionner aucun acte


contraire aux lois sacrées de Dieu

-de... -de... En cas de parjure, que nous subissions les rigueurs de la loi
(ajouter) et de la justice de Die

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