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EGYPTE PHARAONIQUE LE LAC SACRE DE TOD HAQUE enceinte de temple égyptien possédait un lac et un puits sur un des cétés. Le puits fut appelé milométre par les Grecs, @aprés les grafitti qui y enregistrérent parfois le niveau de la crue annuelle du Nil. Le lac était considéré comme lieu de procession de la barque, dans la cabine de laquelle était cachée Pimage d’une divinité solaire. La construction est en grés. Les quais sont générale- ment concaves, établis dans un rectangle dont la plus grande dimen- sion est paralléle au temple. Des escaliers de descente et de montée servaient, sans doute, au transport & dos d’homme de la barque jusqu’au niveau variable de eau. Méme principe que l’accés aux terrasses du temple, ou avaient lieu d’autres cérémonies. La fouille du lac de Téd, faite cette année ainsi que celle du lac de Médamoud, faite en 1929, établissent que ces lacs avaient double bassin, alimentés par infiltration aspirée a l’aide d’un puits central. Ces bassins sont emboités l’un dans l’autre. Méme principe que le sanctuaire de la barque des temples ptolémaiques, qui est un édifice 4 l’intérieur de Vensemble. Le bassin supérieur me semble compris pour la période d’inondation d’Age de la construction. Le bassin inférieur a da étre calculé pour la période normale des caux souterraincs. Les lacs des deux sites sont 4 deux escaliers. Un escalier de descente débutait a une petite distance d’un des angles : cté fagade du temple 4 Téd, cété fond du temple 4 Médamoud. Cet escalier suivait une des lon- gues parois intéricures du quai supéricur, jusqu’a Pangle d’extrémité, od, par un palier, il se continuait le long d’un des petits cétés, jusqu’au milicu_de cette paroi. L’autre escalier pour la montée, lui était symeétrique et partait de l’angle diagonalement opposé. Ils aboutis- saient 4 un promenoir de pourtour, entourant le bassin inférieur. Les quais de ce second bassin, compris pour Ja période hors inonda- tion, sont 4 Téd d’une concavité égale a celle des parois quai et escalier supéricurs. Le promenoir inférieur est 4 Téd 4 6™65 sous le niveau des quais de la saison des crues'. A Médamoud la diffé- rence de niveau était 4 peu prés semblable (Fouilles de |’Institut fran- gais du Caire, t. VII, Médamoud 1929, pi. II et p. 63). Le bassin inférieur est beaucoup moins profond que celui qui l’englobe. Les deux escaliers s’y continuent dans l’axe du lac. Du milieu de la paroi, aprés palier, ils descendent en ligne droite vers le centre du lac, sans doute jusqu’en bas de la construction d’un puits central. A Téd, 1. Sur la hauteur des crues du Nil au premier siécle de notre ére, voir G. DYKMANS, Histoire économique et sociale de’ Ancicnne Egypte, 11, 1936, p. 29. Toutefois les chifires y sont relatifs au sol cultivé et non aux eaux d’infiltration qui alimentent puits et lacs Ges temples situés sur un Aém. 157 Fig. 1. — Bassi INFERIEUR OU DES HOMMES SONT SUR UN DALLAGE EN PENTE. LE LAC SACRE DE TOD j'ai pu faire des relevés 4 sec, 4 moins de 8™20 sous le sommet du lac, grace 4 une pompe prétée par Henri Naus bey, directeur général des Sucreries et de la Raffinerie d’Egypte et M. Roche, directeur de la Sucrerie de Nag-Hamadi. Un sol de dalles en marches inclinées vers le centre fut reconnu a ce niveau. D’aprés les relevés faits a la sonde, ce sol descendrait d’environ un métre et formerait margelle de puits central d’oti l’eau jaillissait. Le sol de la vallée du Nil, méme encore dans son parcours en Egypte, est perméable. Les prises d’eau pour Varrosage des cultures, sdkyés et chadoufs, donnent les niveaux actuels des eaux d’infiltration aux différentes saisons. Alors qu’une sdkyé est complétement im- mergée lors de Vinondation, le niveau de l’eau y baisse suivant les pétiodes de année, plus ou moins éloignées de la fin de la crue du fleuve, quia licu en été. A ce fait constant, s’ajoute celui de l'apport annuel du limon qui suréléve le niveau de l’ensemble de la vallée et celui des eaux d’environ treize centimétres par siécle. Dans ce terrain éponge, le lit du fleuve et le sous-sol de la vallée ou limon semblent devenir de moins en moins perméables en se tassant, A ces effets naturels, s’ajoute, 4 notre époque, le résultat des barrages qui augmenteraient le volume des eaux souterraines. Approximative- ment, sur l’emplacement de l’enceinte sacrée de Téd, depuis l’aban- don du temple, fin Iv siécle de notre ére, le remblai du Adm n’a pas dépassé trois métres au-dessus du sol du temple et le niveau variable des eaux se serait élevé d’environ deux métres. L’infiltration des eaux, suite de la crue du Nil, laisse des traces de salpétre 4 1™80 au-dessus du sol du temple. Suivant la nature changeante de la vallée d’Egypte, un lac pour étre utilisé en toutes saisons devrait, en principe, avoir ses quais surélevés de plus d’un métre par millé- naire. Cette surélévation du niveau d’eau rend fort difficile, malgré Paction d’une pomps, la fouille des lacs jusqu’a Ja base de construc- tion. A Téd un puits copte, creusé et construit en briques cuites 4 Vintérieur du lac remblayé, fut pour nous un exemple de Ja variation de limite possible de base construite, suivant l’age de I’établissement. Ce puits copte avait sa base au niveau du promenoir des quais du bassin inférieur. Celui-ci avait été établi avant le ve siécle de notre ére pour la période annuelle comprise entre chaque crue d’été, L’emplacement du lac sacré de Téd n’avait laissé aucune déclivit de sol. Alors que je le supposais sur la droite de la cour du temple, je V’ai trouvé, ainsi que le puits, sur la gauche, en cherchant a délimiter de ce cété Ja Jargeur de l’enceinte. En cet emplacement, un terrain planté depuis de nombreux siécles donna des strates de débris de racines d'arbres, passant cn profondcur a état d’aspect tourbeux. Sur ce site le lac sacré fut rapidement remblayé intentionnellement, 159 EGYPTE PHARAONIQUE alors que sur d’autres sites fut conservé le dépét d’cau, considérée & nouveau comme sainte aprés l’€poque de fanatisme du début du christianisme. Armant, temple de la méme divinité solaire, Montou, en donna un exemple au début du sax’ sidcle. Je suppose que notre lac de Montou a Téd fut construit sous notre ére, d’aprés la taille du grés et le niveau de ses bassins d’inondation et de saison séche. Il semble avoir été creusé dans un radier, en briques crues ou en limon rapporté, qui unissait le pronaos Evergéte II & un massif en briques crues, garni de votites, dont le niveau supérieur subsistant était utilisé au m° siécle de notre ére. Au-dessus de ce niveau de construction en briques crues, abandonnée trés certainement 4 la méme époque que le temple, fin 1V° siécle, la fouille n’a donné aucun strate dhabitations postéricures. Le mur d’enceinte de ce cété gauche du temple n’a pas été trouvé. Il doit avoir été & peu de distance du lac dans les terres actuelles de culture. Dés le v° siécle de notre ére, alors que le pronaos Evergéte II était habité et que le naos Sésostris [et était exploité en carriére, le lac fut remblayé par ses cdtés temple et fond du temple. Les quais des cétés opposés, direction nord, furent entamés par les exploiteurs de grés. A deux Fic. 2, — PARTIE DU FOND DU LAC. 160 LE LAC SACRE DE TOD FiG. 3. — NIVEAU DES FAUX LE 23 MARS 1937, APRES ARRET DE LA POMPE. Ages différents, une installation de pressoir et plantation d’arbres furent établis sur emplacement de ce lac. La premiére, supposée du vur’ siecle, empruntait le quai cété temple comme mur extérieur ; la plantation étant sur le lac. La seconde, plus tardive, vraisemblable- ment antérieure au xIVve siécle, emprunta comme sol le départ de Vescalier du quai supérieur, situé a l’opposé du cété temple. Une meule en granit rose, trouvée a cet endroit mais non en place, devait reposer sur le quai. A cette installation de pressoir se rattachait le puits copte creusé dans I’ancien lac, dont la base construite était au niveau du bord supérieur du bassin antique, compris pour les saisons autres que celle d’inondation. Le reste de l’emplacement du lac et ses abords étaient garnis d’arbres. Quelques débris de céramique chinoise, non encore déterminés comme époque'!, trouvés dans la couche 1. Les flacons chinois trouvés dans les tombes thébaines, dont des spécimens sont au Musée Guimet, a Paris, auraient été importés en Egypte entre le x11" et le xve siécle de notre ére, d’aprés E. Prisse d’Avesnes (sic) et autres savants (voir 161 EGYPTE PHARAONIQUE supérieure du remblai, me paraissent Vindice Je plus probant pour dater le strate le plus récent du parage nord du lac. La fouille des parages du lac, génée par des enclaves d’habitations non encore achetées, n’est pas terminée. Une particularité du lac de Téd me parait étre la présence d’une colonnade sur le petit quai, cété fond du temple. Une autre remarque curieuse est la présence, aux assises supéricures, de grés décorés provenant d’un temple du Nouvel Empire mentionnant Sebek-Ra, Gebelein et une autre ville }. i Soumnou située sur la rive opposée du Nil, au nord d’Armant. Ces pierres portent les cartouches d’Aménophis II et d’autres le nom de Merenptah. La fouille de 1937 2 Téd nous révéle que le lac a deux bassins superposés, alimentés par un puits central. Le bassin supérieur est profond de 665. Le bassin inférieur a son promenoir & cette méme profondeur. Son fond est en baignoire avec un trou au milieu, dont orifice semble étre 4 moins 9 métres par rapport au sommet du lac. Deux escaliers descendent jusque dans le puits d’alimentation. A Vachévement du fonctionnement de la pompe, le 22 mars 1937, Peau est remontée et s’est maintenue 4 415 par rapport au méme niveau de base o!00 que j’adopte pour le sommet d’escalier du bassin supérieur. La construction du puits @alimentation n’a pas pu atre fouillée. II aurait fallu réparer les quais, une pompe plus puissante et son fonctionnement lors des eaux les plus basses, de préférence en juin. Malgré l’énigme non résoluc de la construction de la base des lacs, Téd m’a appris que les Egyptiens avaient aménagé leurs bassins sacrés suivant observation des différences de niveau des eaux aux diverses saisons de l’année sothiacale. F, BIssoN DE LA ROQUE. Reoue Archéologique du 15 mars 1846, Notice sur le Musée du Caire et sur les collec tions d’Antiquités Egyptiennes de MM. Abbott, Clot-bey et Harris, tirage & part, pp. 18 a 22, surtout note 4 de Ia page 19). * x * ADDENDUM Le travail Le chat dans Part égyptien, paru dans la « Chronique » n° 23, était sous presse quand les principales pices de la collection Langton ont été publiées (N. LANGTON, Notes on some small Egyptian figures of Cats, Journal of Eg. Archzol., vol. XXII, 1936, pp. 115-120 et pl. V-VII). Je dois signaler également unc intéressante série inédite de dessins sur ostraca, notamment n° 2201 un chat assis tourné vers la droite tenant une souris entre les dents (J. VANDIER D’ABBADIE, Catalogue des ostraca figurés de Deir el Medineh, Le Caire 1936, pp. 42-44 et pl. XXV). H. pz M. 162

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