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Conjecture de Mordell-Lang relative,

d'après Hrushovski

Dimitri Ara
sous la direction d'Élisabeth Bouscaren

Introduction

Dans [14], Hrushovski démontre la conjecture de Mordell-Lang relative en


toute caractéristique. Des preuves avaient déjà été données en caractéristique
nulle (voir la première section du mémoire pour des références). Cette preuve
de Hrushovski est l'une des premières applications spectaculaires des outils
avancés de la théorie des modèles à la géométrie diophantienne. On ne connaît
toujours pas de preuve en caractéristique strictement positive qui n'utilise pas
de théorie des modèles.
Dans ce mémoire, nous détaillons la preuve de Hrushovski en caractéris-
tique nulle.
Dans la première section, nous présentons les conjectures de Mordell, de
Mordell-Lang absolue et de Mordell-Lang relative. Nous expliquons les liens
entre ces conjectures et nous eorçons de donner le plus de propriétés autour
de ces conjectures an que le lecteur s'en imprègne. Nous nissons cette
section par un bref aperçu des derniers résultats obtenus par les théoriciens
des modèles sur le sujet.
Dans la seconde section, nous exposons la preuve de Hrushovski.
Nous ne rappelons pas les dénitions de bases en théories des modèles
et géométrie algébrique. Par contre, nous joignons à ce mémoire une annexe
qui contient tous les résultats utilisés dans ce mémoire. Ces résultats vont
des propriétés triviales des espaces topologiques irréductibles aux résultats
les plus avancés de Hrushovski et Zilber sur les géométrie de Zariski. Les ré-
férences des résultats contenus dans l'annexe sont facilement reconnaissables
au fait qu'elles commencent par A. L'annexe contient également des réfé-
rences à des ouvrages que le lecteur pourra consulter pour les dénitions de
bases et surtout pour plus de détails.
Précisons tout de même que nous n'incluons par l'irréductibilité dans la
dénition des variétés.

1
Nous tenons à remercier Élisabeth Bouscaren pour avoir encadré ce mé-
moire, ainsi que Marc Autord, David Madore, Mehdi Tibouchi pour leurs
aides précieuses. Un grand merci particulier à Erwan Hauvuy pour son aide
toute aussi précieuse mais surtout pour nos longues discutions passionnantes.

1 Conjectures de Mordell et Mordell-Lang

1.1 Conjecture de Mordell


1.1.1 Problème de la nitude des points rationnels
Considérons un polynôme irréductible dans Q[X; Y ]. Appelons-le P . La
problématique principale de la géométrie diophantienne est de décrire l'en-
semble des zéros rationnels de P . Par exemple, on peut se demander si l'on
peut déterminer si l'ensemble des zéros rationnels de P est ni ou inni. C'est
à cette question que répond partiellement la conjecture de Mordell.
D'un point de vue géométrique, l'équation P (x; y ) = 0 dénit une courbe
ane dans le plan complexe, disons C , et notre question se reformule ainsi :
l'ensemble C (Q) des points Q-rationnel de C , c'est-à-dire les points de la
courbe à coordonnées dans Q, est-il ni ou inni ?
Expliquons comment le théorème de Mordell répond à cette question.
Considérons la courbe projective dénie par l'équation P (x; y ) = 0 dans
le plan complexe. Les outils de géométrie algébrique nous apprennent qu'on
peut désingulariser cette courbe, c'est-à-dire obtenir une courbe S projective
lisse dénie sur Q qui lui est birationnelle sur Q. Cette birationnalité sur
Q entraîne que C a un nombre ni de points Q-rationnels si et seulement
si S a un nombre ni de points Q-rationnel. Plus précisément, les points
Q-rationnels de C sont ceux de S (transportés par birationnalité) plus les
points rationnels en lesquels S est singulière (qui sont en nombre nis).
La conjecture de Mordell répond à notre question dans le cas où le genre
de S est supérieur ou égal à 2, et arme que dans ce cas, S (Q) est ni.
Examinons tout d'abord ce qu'on peut dire si le genre est strictement inférieur
à 2.
Si le genre est 0, soit S n'a pas de points Q-rationnels, soit S est bi-
rationnelle à la droite projective complexe et a donc une innité de points
Q-rationnels.
Si le genre est 1, soit S n'a pas de points Q-rationnels, soit S est une
courbe elliptique et a donc une innité de points Q-rationnels.
Si le genre est supérieur ou égal à 2, la conjecture de Mordell arme que
S n'a qu'un nombre ni de points Q-rationnels.

2
Conjecture 1 (Mordell). Soit S une courbe projective lisse dénie sur Q
de genre supérieur ou égal à 2. Alors S (Q) est ni.
La conjecture de Mordell a été formulée par Mordell en 1922 dans [27] et
démontrée par Faltings en 1983 dans [9].

1.1.2 Décidabilité de la nitude des points rationnels


Cela répond-t-il à notre question ? Muni de ces résultats, peut-on savoir
algorithmiquement si notre polynôme P à un nombre ni ou inni de solu-
tions rationnelles ?
On peut tout d'abord calculer l'équation de la désingularisée S de C . Le
genre de S est alors
(d 1)(d 2)
;
2
où d est le degré de l'équation de S . Si le genre est supérieur ou égal à 2, par
la conjecture de Mordell, S n'a qu'un nombre ni des points Q-rationnels
et P n'a donc qu'un nombre ni de solutions. Sinon, on a besoin de savoir
si S a un point Q-rationnels. Si c'est le cas, P a une innité de solutions
rationnelles. Sinon, il n'a qu'un nombre ni de solutions rationnelles et ces
solutions sont des points singuliers de C .
Or, on peut déterminer algorithmiquement si C à des points singuliers
rationnels. En eet, en calculant le résultant de l'équation de C et des condi-
tions d'annulation du jacobien de C , on se ramène au problème facile de la
détermination des solutions rationnels d'un polynôme à une variable. Ainsi,
si S n'a pas points rationnels, on peut déterminer les solutions rationnelles
de P .
Pour répondre à notre question, il sut donc de savoir déterminer si une
courbe lisse de genre 0 ou 1 dénie sur Q a un point rationnel. On sait le
faire si le genre est 0 grâce au principe de Hasse. Le principe de Hasse arme
qu'une courbe lisse de genre nul dénie sur Q a des points Q-rationnels si
et seulement si elle a des points R-rationnels et Qp -rationnels pour tout p
premier. Les théories des Qp étant uniformément décidables, on peut décider
le fait que S a des points Q-rationnels ou non.
Par contre, si le genre est 1, on connaît des contre-exemples au principe
de Hasse. On conjecture par contre que la question est décidable. Plus préci-
sément, on connaît un algorithme dont on conjecture qu'il termine dans tous
les cas.
Ainsi, on peut écrire un programme qui prend en argument un polynôme
P de Q[X; Y ] et qui répond à la question  P a-t-il un nombre ni ou inni
de solutions rationnels et s'il en a un nombre ni, quelles sont-elles ?  si

3
l'éclatement de la courbe dénie par P est de genre diérent de 1, et sinon,
qui au choix, dans si le genre est 1, répond  je ne sais pas.  ou essaye de
répondre, le programme pouvant ne jamais répondre si la conjecture du cas
genre 1 est fausse.
Pour les aspects algorithmique de la manipulation des variétés le lecteur
pourra consulter [8]. Pour un exposé sur le principe de Hasse dans le cas du
genre 0 et 1, nous conseillons [7].

1.1.3 Un exemple concret


Regardons un exemple concret. Soit

P = Xn + Y n 1:
La courbe projective associée est dénie par l'équation

X n + Y n = Z n:
On reconnaît là une équation chère aux théoriciens des nombres. Un calcul
simple montre que cette courbe est lisse. Son genre est
(n 1)(n 2)
:
2
Ainsi, si n est supérieur ou égal à 4, son genre est supérieur à 3 et la conjecture
de Mordell s'applique. La courbe n'a donc qu'un nombre ni de points Q-
rationnels. Nous avons ainsi montré, le cas n = 3 mis à part, que l'équation
de Fermat n'a qu'un nombre ni de solutions.

1.2 Conjecture de Mordell-Lang


1.2.1 Conjecture de Mordell-Lang absolue
An de formuler la conjecture de Mordell-Lang, nous allons commen-
cer par généraliser la conjecture de Mordell en nous plaçant dans le cadre
des variétés abéliennes. Rappelons qu'une variété abélienne est un groupe
algébrique connexe complet et qu'un tel groupe est commutatif. Consulter
l'annexe pour des dénitions, théorèmes et références.
Soit S notre courbe projective lisse de genre supérieur ou égal à 2 dénie
sur Q. Par A26, il existe une variété abélienne J dénie sur Q tel que S
soit une sous-variété de J . On a alors S (Q) = S (C) \ J (Q). On peut alors
reformuler la conjecture de Mordell.

4
Conjecture 2 (Mordell, reformulation). Soit A une variété abélienne
dénie sur Q, S une sous-courbe lisse de A dénie sur Q de genre supérieur
ou égal à 2. Alors X (C) \ A(Q) est ni.
Généralisons cette reformulation. Pour cela, rappelons le théorème de
Mordell-Weil.
Théorème 1 (Mordell-Weil). Soit k un corps de type ni sur Q et A une
variété abélienne dénie sur k. Alors A(k) est un groupe de type ni.
Ainsi, dans notre cas, A(Q) est un groupe de type ni. Lang a donc
formulé la conjecture suivante.
Conjecture 3 (Mordell, généralisation). Soit A une variété abélienne
dénie sur C, S une sous-courbe de A dénie sur C de genre supérieur ou
égal à 2 et un sous-groupe de type ni de A(C ). Alors S (C) \ est ni.
Deux remarques. Tout d'abord, nous ne faisons plus référence à Q dans
cet énoncé ce qui est bien agréable du point de vue de la géométrie algébrique.
Ensuite, l'énoncé est évidemment faux si on n'impose aucune restriction au
sous-groupe puisqu'en appliquant la conjecture au sous-groupe A(C ) on
obtiendrait que S (C ) est ni.
La conjecture de Mordell-Lang généralise cette dernière conjecture aux
variétés de degré quelconque.
Conjecture 4 (Conjecture de Mordell-Lang absolue sur C). Soit A
une variété abélienne dénie sur C, X une sous-variété irréductible de A
dénie sur C et un sous-groupe de type ni A(C). Alors il existe B1 ; : : : ; Bn
des sous-variétés abéliennes de A et 1 ; : : : ; n dans tels que
[n
\ X (C) = i + (Bi (C) \ ) :
i=1
Remarquons que par A28, les variétés abéliennes Bi sont dénies sur C.
On désigne également cette conjecture sous le nom de conjecture de
Mordell-Lang absolue par opposition à la conjecture de Mordell-Lang re-
lative (encore appelée conjecture de Mordell-Lang géométrique) que nous
énoncerons plus loin. L'adjectif  absolue  souligne le fait que l'énoncé se
place sur un seul corps alors que dans la conjecture relative, deux corps sont
en jeu.
Vérions que cette conjecture implique eectivement la conjecture 3 et
donc la conjecture de Mordell.
Armation 1. La conjecture de Mordell-Lang implique la conjecture 3.

5
Démonstration. Soit A, S et comme dans l'énoncé de la conjecture 3. Par
l'absurde, supposons que S (C) \ soit inni. Nous allons montrer que le
genre de S est alors 1.
L'adhérence de S (C) \ est un fermé de dimension au moins 1. Elle est
contenu dans S (C), fermé irréductible de dimension 1. D'où

S (C) = S (C) [ :
Il vient
[n
S (C) = i + Bi (C) \ :
i=1
Par irréductibilité de X , on a pour un certain i,

S (C) = i + Bi (C) \ :
S est donc le translaté d'une variété abélienne de dimension 1 et est donc de
genre 1 (voir A23).
On déduit facilement de la conjecture de Mordell-Lang une conjecture
analogue sur n'importe quel corps algébriquement clos de caractéristique
nulle.
Conjecture 5 (Mordell-Lang). Soit k un corps algébriquement clos de
caractéristique nulle. Soit A une variété abélienne dénie sur k, X une sous-
variété irréductible de A dénie sur k et un sous-groupe de type ni A(k).
Alors B1 ; : : : ; Bn des sous-variétés abéliennes de A et 1 ; : : : ; n dans tels
que
[n
\ X (k) = i + (Bi (k) \ ) :
i=1
Démonstration. En eet, une telle variété est dénie sur un corps de type
ni sur Q et donc sur un corps C isomorphe à C. On peut donc appliquer la
conjecture sur C . En gardant les notations de la conjecture, on obtient alors
des variétés abéliennes Bi dénies sur C . Ces Bi sont en fait dénies sur k
par rigidité forte des variétés abéliennes (voir A28).
Malheureusement,
Armation 2. L'analogue de la conjecture de Mordell en caractéristique p
strictement positive (et donc également celui de Mordell-Lang) est faux.

6
Démonstration. N'en ayant pas trouvé d'élémentaire, nous allons donner un
contre-exemple qui nécessite quelques outils de géométrie algébrique.
Ainsi, dans cette preuve nous nous adressons à un lecteur plus connaisseur
en géométrie algébrique que dans le reste du mémoire.
Soit S une courbe lisse dénie sur Fp de genre supérieur à 2 et J une
variété abélienne dénie sur Fp dans laquelle X se plonge. Le frobenius F agit
sur S et J . Soit t un élément générique de S sur Fp et soit k = Fp (t). S étant
de dimension 1, t est transcendant sur Fp . Soit E = fF n (t); n  0g. Puisque
t est transcendant, E est inni. Soit G le sous-groupe de J (k) engendré par
E . Toujours puisque t est transcendant, G a une intersection trivial avec
S (Fp ) qui est la k=Fp -trace de S et par le théorème de Lang-Neron, G est
de type ni. Mais X (k ) \ G contient E et est donc inni, ce qui contredit
Mordell.
La conjecture de Mordell-Lang (sous une forme diérente) a été proposée
par Lang en 1960 dans [18] en généralisation de la conjecture de Mordell.
C'est également Faltings qui a démontré la conjecture de Mordell-Lang, en
1994 dans [10].

1.2.2 Mordell-Lang relatif


Un peu avant la preuve de la conjecture de Mordell-Lang par Faltings,
Buium dans [6] a démontré l'énoncé suivant en caractéristique nulle :
Conjecture 6 (Mordell-Lang relatif). Soit k un corps algébriquement
clos et K une extension algébriquement close non triviale de k. Soit A une
variété abélienne dénie sur K , X une sous-variété irréductible de A dénie
sur K et un sous-groupe de type ni de A(K ). Alors il existe B1 ; : : : ; Bn
des sous-variétés abéliennes de A, C1 ; : : : ; Cn de variétés abéliennes dénie
sur k, pour tout i, Yi une sous-variété irréductibles de Ci dénie sur k, hi un
morphisme surjectif de Bi vers Ci déni sur k et 1 ; : : : ; n dans tels que
[
X (K ) \ = i + hi 1 (Yi (K )) \ :
i

Avant Buium, Manin avait montré dans [20] un énoncé analogue en di-
mension une (toujours en caractéristique nulle). Samuel, dans [33], étend le
cas de la dimension une à la caractéristique p. Voloch, dans [35], puis Abra-
movich et Voloch, dans [1], on démontré un énoncé en dimension quelconque
et en caractéristique positive sous des hypothèses supplémentaires.
Observons que la conjecture de Mordell-Lang relative en caractéristique
nulle est une conséquence de Mordell-Lang absolue :

7
Armation 3. La conjecture de Mordell-Lang absolue sur un corps K algé-
briquement clos implique la conjecture de Mordell-Lang relative sur l'exten-
sion K=k pour n'importe quel sous-corps algébriquement clos k.
Démonstration. Appliquons la conjecture de Mordell-Lang absolue. En re-
prenant les notations de la conjecture 5, on obtient des Bi et des i tels
que
[n
\ X (C) = i + (Bi (C) \ ) :
i=1
Posons Ci = Yi = 0 pour tout i et soit hi l'application nulle de Bi sur 0. On
a alors hi 1 (Yi ) = Bi et donc
[
X (K ) \ = i + hi 1 (Yi (K )) \
i

ce qu'on voulait démontrer.


De manière informelle, la conjecture de Mordell-Lang relative arme que
soit la conclusion de Mordell-Lang absolue est vraie, soit on peut ramener le
problème au corps k par h.
Donnons une autre armation qui va dans le sens de notre vision infor-
melle de la conjecture de Mordell-Lang relative. Pour la formuler nous avons
besoin d'une dénition.
Dénition 1. Soit k un corps algébriquement clos et K une extension algé-
briquement close de K . Soit A une variété abélienne dénie sur K . On dit
que A est de K=k-image nulle si la seule surjection de A vers une variété
abélienne dénie sur k est la surjection de A sur la variété triviale.
On peut démontrer que si A est de K=k -image nulle, alors toute sous-
variété abélienne de A est de K=k -image nulle. Pour un exposé détaillé sur
la K=k -image, consulter le chapitre 8 de [17].
Armation 4. Soit k un corps algébriquement clos et K une extension
algébriquement close de K . Si la conjecture de Mordell-Lang relative est vraie
sur l'extension K=k, alors la conjecture de Mordell-Lang absolue est vraie sur
K dès que la variété abélienne A considérée est de K=k image nulle.
Démonstration. Avec les notations de la conjecture 6, on a
[
X (K ) \ = i + hi 1 (Yi (K )) \ :
i

8
Or, A étant de K=k image nulle, B l'est aussi et donc l'unique surjection de
B sur une variété abélienne dénie sur k est le morphisme nul. Tous les hi ,
les Ci et les Yi sont donc nuls et l'image réciproque de Yi (K ) par hi est donc
Bi (K ). D'où [
X (K ) \ = i + Bi (K )) \ ;
i
ce qu'on voulait démontrer.

1.2.3 Mordell-Lang et le théoriciens des modèles


Contrairement à Mordell-Lang absolu, Mordell-Lang relatif est vraie en
caractéristique p. Une preuve a été donnée par Hrushovski en utilisant des
outils sophistiqués de théories des modèles dans [14]. Sa preuve est quasi-
ment uniforme en la caractéristique et il fournit donc également une nouvelle
preuve en caractéristique nulle (qui ressemble beaucoup à la preuve de Buium
dans [6] dont elle est inspirée). C'est cette preuve (en caractéristique nulle
donc) que nous allons exposer dans ce mémoire en nous aidant de la rédaction
détaillée de [4].
L'intérêt technique de cette preuve ne réside pas dans le résultat obtenu.
En eet, c'est une conséquence de la conjecture de Mordell-Lang absolue qui
est plus forte et la conjecture de Mordell-Lang relative a un intérêt unique-
ment en caractéristique p. L'intérêt de cette preuve est qu'on peut, en la
modiant relativement peu, obtenir le résultat en caractéristique p (c'est en
ce sens que la preuve est uniforme en la caractéristique). Cette uniformité
est soulignée dans [4].
Dans [30], Pillay et Ziegler exposent une preuve de Mordell-Lang relatif
en caractéristique zéro permettant d'éviter les outils les plus techniques de la
preuve de Hrushovski. Puis dans [31], Pillay donnent une preuve très courte,
complètement algébrique, de Mordell-Lang relatif en caractéristique zéro.
Pour nir, Moosa et Scanlon ont établi dans [26] un analogue de Mordell-
Lang absolu en caractéristique p généralisant le cas de la caractéristique
nulle.

2 Preuve de Mordell-Lang relatif

2.1 Premières réductions


Nous allons formuler des réductions successives de cet énoncé. Commen-
çons par regarder le cas plus simple de Mordell-Lang absolu.
On peut reformuler la conjecture de Mordell-Lang absolue en se débar-
rassant des indices.

9
Conjecture 7 (Mordell-Lang, réduction). Soit k un corps algébrique-
ment clos de caractéristique nulle. Soit A une variété abélienne dénie sur
k, X une sous-variété irréductible de A dénie sur k et un sous-groupe de
type ni A(k). Supposons que X (k) \ soit dense dans X (k). Alors il existe
B une sous-variété abélienne de A et dans tels que
X = +B
Armation 5. La conjecture de Mordell-Lang absolue (conjecture 5) et la
conjecture 7 sont équivalentes.
Démonstration.
 (5) ! (7)
Appliquons (5). En gardant les notations de l'énoncé, il existe des Bi
et des i tels que
[n
\ X (k ) = i + (Bi (k) \ ) :
i=1

Il vient alors en prenant l'adhérence


[n [n
X (k) = \ X (k) = i=1
i + (Bi (k) \ ) = i + Bi (k) \ :
i=1

Par irréductibilité de X , on a

X (k) = i + Bi (k) \
pour un certain i. D'où le résultat en posant = i et B = Bi (k ) \ .
 (7) ! (5)
Soit D l'adhérence de X (k ) \ . Remarquons que puisque X (k ) est
fermé,
X (k) \ = X (k) \ \ ;
c'est-à-dire
X (k) \ = D \ :
Soit D1 ; : : : ; Dr les composantes irréductibles de D (voir A7). On a

Di = Di \ :
En eet,
D \ = X (k) \ = D:

10
D'où [ [
D=D\ = Di \ = Di \ :
i i
On a alors
[ !
Di = Di \ [ Di \ Dj \ ;
i6=j
et par irréductibilité de Di , on a soit Di = Di \ , soit
[
Di = Di \ Dj \ :
i6=j

Mais ce dernier cas impliquerait que Di est inclus dans i6=j Dj \ .


S
En appliquant une nouvelle fois, l'irréductibilité de Di , ça entraînerait
que Di serait contenu dans un Dj , ce qui contredit la dénition de Di .
Ainsi, on a bien Di = Di \ :
On peut donc appliquer (7) aux Di . On obtient des sous-variété abé-
liennes Bi de A et des i dans tels que pour chaque i,
Di = i + Bi (k):
Il vient
Di \ = ( i + Bi (k)) \ = ( i + Bi (k)) \ ( i + ) = i + (Bi (k) \ )
et [
X (k) \ = D \ = i + (Bi (k) \ );
i
ce qu'il fallait démontrer.

Motivés par le succès de notre réduction dans le cas absolu, nous allons
faire de même dans le cas relatif. Malheureusement, ça ne va pas marcher
aussi bien.
Conjecture 8 (Mordell-Lang relatif, première réduction). Soit k un
corps algébriquement clos de caractéristique nulle et K une extension algé-
briquement close non triviale de k. Soit A une variété abélienne dénie sur
K , X une sous-variété irréductible de A dénie sur K et un sous-groupe
de type ni de A(K ). Supposons que X (K ) \ est dense dans X (K ). Alors
il existe une sous-variété abélienne B de A, une variété abélienne C sur k,
Y une sous-variété irréductible de C dénie sur k, h un morphisme surjectif
de B vers C déni sur k et dans tels que
X = + h 1 (Y )

11
Cet énoncé n'est pas a priori équivalent à Mordell-Lang relatif. En eet, si
nous essayons de démontrer que la conjecture de Mordell-Lang implique cet
énoncé en nous inspirant de notre preuve dans le cas absolu, nous buttons sur
le fait que l'analogue de la variété abélienne B doit être de la forme h 1 (Y ).
Par contre, et c'est ce qui nous importe, cet énoncé implique la conjecture de
Mordell-Lang relative et la preuve de l'armation 5 s'adapte sans problème.
Armation 6. La conjecture 8 implique la conjecture 6
Démonstration. Soit D l'adhérence de X (K ) \ et D1 ; : : : ; Dr les compo-
santes irréductibles de D (voir A7). Exactement comme dans le preuve pré-
cédente, on obtient
Di = Di \ :
On peut donc appliquer (8) aux Di . On obtient des sous-variété abéliennes
Bi de A, des variétés abéliennes Ci dénies sur k, des i dans , des sous-
variétés irréductibles Yi de Ci et des morphismes surjectives hi tels que pour
chaque i,
Di = i + hi 1 (Yi ):
Il vient
Di \ = i + hi 1 (Yi ) \
et [
X (K ) \ = D \ = i + hi 1 (Yi ) \ ;
i
ce qu'il fallait démontrer.
An de formuler notre deuxième réduction, nous avons besoin d'une dé-
nition.
Dénition 2. Soit X un sous-ensemble d'un groupe G noté additivement.
On appelle stabilisateur de X dans G, l'ensemble des éléments g de G tels
que g + X = X . On le note StabG (X ).
Remarquons que si G est un groupe topologique et X est fermé, alors le
stabilisateur de X dans G est fermé. En eet,
\
StabG (X ) = X x:
x2X

Notre deuxième réduction nous permet de supposer que le stabilisateur


de X dans A est ni.

12
Conjecture 9 (Mordell-Lang relatif, deuxième réduction). Soit k un
corps algébriquement clos de caractéristique nulle et K une extension algé-
briquement close non triviale de k. Soit A une variété abélienne dénie sur
K , X une sous-variété irréductible de A dénie sur k, et un sous-groupe de
type ni de A(K ). Supposons que X (K ) \ est dense dans X (K ) et que le
stabilisateur de X dans A est ni. Alors il existe une sous-variété abélienne
B de A, une variété abélienne C sur k, Y une sous-variété irréductible de C
dénie sur k et h un morphisme surjectif de B vers C déni sur k et dans
tels que
X = + h 1 (Y )
Armation 7. Les conjectures 8 et 9 sont équivalentes.
Démonstration. Il sut de montrer que la conjecture 9 implique la conjec-
ture 8.
Le quotient A=StabA (X ) où StabA (X ) est la composante connexe de
StabA (X ) est muni d'une structure de variété abélienne (voir A24). Appelons-
la A0 . Soit  la projection canonique de A vers A0 . Posons X 0 =  (X ) et
0 =  ( ).Par A13 et A4, X 0 est une sous-variété irréductible de A0 . 0 est
un groupe de type ni.
On a
X 0 = (X )  (X (K ) \ )  (X (K ) \ )  X 0 (K ) \ 0
et donc X 0 (K ) \ est dense dans X 0 . De plus, A10,
StabA (X 0 ) = fx 2 A0 ; x + X 0 = X 0 g
0

= (fx 2 A; x + X + StabA (X ) = X + StabA (X ) g)


= (fx 2 A; x + X = X g)
= (StabA (X ))
= StabA (X )=StabA (X ) ;
et il suit que StabA (X 0 ) est ni.
0

On peut donc appliquer (9). On obtient une sous-variété abélienne B 0 de


A , une variété abélienne C 0 dénie sur k, une sous-variété irréductible Y 0 de
0
C 0 dénie sur k, un morphisme surjectif h0 de B 0 sur Y 0 déni sur k et 0
dans 0 tels que
X 0 (K ) = 0 + h0 1 (Y 0 (K ))
Posons B =  1 (B 0 ) et h = h0  jb . Par A25, B est une variété abélienne et
h un morphisme surjectif. On a
 1 (X 0 (K )) =  1 ( 0 + h0 1 (Y 0 (K )));

13
c'est-à-dire
 1 (X 0 (K )) =  1 ( 0 ) +  1 (h0 1 (Y 0 (K )));
ou encore

X (K ) + StabA (X ) = + StabA (X ) + h 1 (Y 0 (K ))) + StabA (X )


où est n'importe quel antécédent par  de 0 . Or X (K )+StabA (X ) = X (K )
et StabA (X ) + StabA (X ) = StabA (X ), d'où

X (K ) = + h 1 (Y 0 (K ))) + StabA (X );
et donc
X (K ) = + h 1 (Y 0 (K ))):
Le résultat suit.

2.2 Introduction des corps diérentiellement clos


Nous allons maintenant exposer le plan de la preuve de la conjecture de
Mordell-Lang relative. Rappelons l'énoncé que nous allons démontrer.
Conjecture 10 (Mordell-Lang relatif, version nale). Soit k un corps
algébriquement clos de caractéristique nulle et K une extension algébrique-
ment close non triviale de k. Soit A une variété abélienne dénie sur K ,
X une sous-variété irréductible de A dénie sur k, et un sous-groupe de
type ni de A(K ). Supposons que X (K ) \ est dense dans X (K ) et que le
stabilisateur de X dans A est ni. Alors il existe une sous-variété abélienne
B de A, une variété abélienne C sur k, Y une sous-variété irréductible de C
dénie sur k et h un morphisme surjectif de B vers C déni sur k et dans
tels que
X = + h 1 (Y )
Pour utiliser la théorie des modèles, nous avons besoin de manipuler uni-
quement des objets dénissables dans un certain langage. Le langage des
corps algébriquement clos semble a priori le plus adapté. Les seuls objets
non dénissables dans K de notre conjecture dans ce langage sont et k .
Occupons-nous tout d'abord de . On peut essayer de le remplacer par un
groupe dénissable qui le contient. Sa clôture dénissable en tant que groupe,
c'est-à-dire le plus petit groupe dénissable qui le contient, est son adhérence.
En eet, l'adhérence de est un groupe (par A1) dénissable et un groupe
dénissable est fermé (voir A68). Or, l'adhérence d'un groupe de type ni
n'a aucune raison d'être de type ni et peut être  grosse . Par exemple

14
l'adhérence de Z dans C (muni de la topologie de Zariski) est C. En eet, C
étant fortement minimal (voir A66), Z est coni ce qui entraîne Z = C .
Ainsi, si nous voulons remplacer par un groupe dénissable  petit ,
nous avons besoin d'enrichir notre langage pour avoir plus d'ensemble dé-
nissable. Sachant que Buium, dans [6] démontre (sans théorie des modèles) la
conjecture de Mordell-Lang relative en caractéristique nulle en utilisant des
corps diérentiels, il est naturel d'essayer le langage des corps diérentiels.
Pour cela, nous devons munir K d'une dérivation. An de rendre k dé-
nissable, nous allons choisir une dérivation @ telle que k soit le corps des
constantes de K muni de @ . Une telle dérivation existe toujours (voir A70).
La théorie des corps diérentiels a pour modèle-complétion la théorie
complète des corps diérentiellement clos qui a l'élimination des quantica-
teurs et des imaginaires et qui est ! -stable (voir l'annexe). C'est dans cette
théorie, particulièrement agréable pour le théoricien des modèles, que nous
allons travailler. Nous allons de plus supposer que notre corps K est @1 -saturé
(dans le langage des corps diérentiellement) pour être plus à l'aise.
Voir par exemple, [21] pour un exposé plus détaillé sur les corps diéren-
tiellement clos.
Nous allons ainsi nous ramener à l'énoncé suivant :
Conjecture 11. Soit L un corps diérentiel clos @1 -saturé de caractéristique
nulle et k0 son corps des constantes. Soit A une variété abélienne dénie sur
L, X une sous-variété irréductible de A dénie sur L, un sous-groupe de
type ni de A(L). Supposons que X (L) \ est dense dans X (L) et que le
stabilisateur de X dans A est ni. Alors il existe une sous-variété abélienne B
de A, une variété abélienne C dénie sur k0 , Y une sous-variété irréductible
de C dénie sur k0 , h un morphisme surjectif de B vers C déni sur k0 et
dans tels que
X = + h 1 (Y )
Armation 8. Les conjectures 10 et 11 sont équivalentes.
Démonstration.
 (10) ! (11)
Il sut de montrer que k0 et L sont algébriquement clos et distincts.
Pour le premier point, remarquons qu'un corps diérentiellement clos
est algébriquement clos (voir A73) et que le corps des constantes d'un
corps diérentiel D est relativement clos dans D (voir A74). Pour le
deuxième point, il sut de remarquer que la dérivation d'un corps
diérentiellement clos ne peut pas être triviale (voir A72).
 (11) ! (10)
Soit k , K , A, X , comme dans la conjecture 10.

15
Par A70, il existe une dérivation @ sur K telle que k soit le corps des
constantes de K muni @ . Appelons L la clôture diérentielle de K (voir
A78) et L0 une extension élémentaire @1 -saturé de L.
L'adhérence de \ X (L0 ) dans A(L0 ) est un fermé qui contient X (K ).
Or, l'adhérence de X (K ) dans A(L0 ) est X (L0 ). Ainsi, X (L0 ) \ est
dense dans X (L0 ). On peut donc appliquer (11).
Il existe donc une sous-variété abélienne B de A, dans , une variété
abélienne C 0 dénie sur le corps des constantes k0 de L0 , une sous-
variété irréductible Y 0 de C 0 dénie sur k0 et un morphisme surjectif h0
de B sur C 0 déni sur k0 tel que

X = + h0 1 (Y 0 ):
Par rigidité forte des variétés abéliennes (voir A28), B 0 est en fait dénie
sur K . Ainsi L0 satisfait la formule  il existe des paramètres dans le
corps des constantes de L0 qui dénissent un groupe algébrique C 0 , un
sous-ensemble fermé Y 0 de C 0 et un morphisme surjectif h0 de B sur
C 0 tel que X = 0 + h0 1 (Y 0 )  dont les paramètres, qui dénissent B ,
X et , sont dans L. On se convainc facilement que cette formule est
du premier ordre. Remarquons qu'on a soigneusement évité de parler
de variété abélienne ou d'irréductibilité car il n'est pas a priori évident
que ces notions soient du premier ordre.
Ainsi, cette formule est vériée sur L. On a vu dans le preuve de l'autre
implication que le corps des constantes de k est algébriquement clos et
par A79, il vient que le corps des constantes de L est k . Cette formule
exprime ainsi l'existence d'un groupe algébrique C déni sur k , d'une
sous-ensemble fermé Y déni sur k et d'un morphisme h surjectif de B
sur C déni sur k tel que

X = + h 1 (Y ):
Il vient que h 1 (Y ) est donc une variété irréductible et il en de même
pour Y = h(h 1 (Y )) par A4. Par ailleurs, C étant l'image d'une variété
abélienne par un morphisme surjectif, c'est une variété abélienne par
A13 et A4. Le résultat suit.

Nous allons maintenant remplacer le groupe par un groupe H dénis-


sable dans le langage des corps diérentiels H de rang de Morley ni (dans
ce même langage). Le théorème dicile A85 arme qu'il existe un tel H qui
contient . H n'a pas de raison d'être de type ni, le fait qu'il soit de rang
de Morley ni sura.

16
Notre preuve va se diviser en deux parties. Nous allons tout d'abord
étudier un cas très particulier : celui où H est quasi-fortement minimal,
c'est-à-dire contenu dans un ensemble fortement minimal. Nous verrons que
dans ce cas, nous pourrons utiliser la grosse machinerie modèle-théorique
des géométries de Zariski développée dans [13] par Hrushovski et Zilber.
Ensuite, nous nous réduirons au cas quasi-fortement minimal en écrivant
un sous-groupe bien choisi de H comme somme de groupes quasi-fortement
minimaux.

2.3 Cas quasi-fortement minimal


À partir de maintenant, nous travaillons dans le langage des corps dif-
férentiels et toutes les notions de théorie des modèles que nous utiliserons
seront relatives à ce langage. Quand nous utiliserons le langage des corps,
nous le préciserons explicitement.
Rappelons notre but.
Proposition 1. Soit L un corps diérentiel clos @1 -saturé de caractéristique
nulle et k0 son corps des constantes. Soit A une variété abélienne dénie
sur L, X une sous-variété irréductible de A dénie sur L, H un sous-groupe
dénissable connexe quasi-fortement minimal A(L). Supposons que X (L) \ H
est dense dans X (L) et que le stabilisateur de X dans A est ni. Alors il existe
une sous-variété abélienne B de A, une variété abélienne C dénie sur k0 , Y
une sous-variété irréductible de C dénie sur k0 et h un morphisme surjectif
de B vers C déni sur k0 tels que
X = h 1 (Y )
Nous avons volontairement enlevé de l'énoncé. Dans le cas fortement
minimal, on peut en eet choisir = 0.
Commençons par remarquer que
Armation 9. H n'est pas one-based sauf éventuellement si X est réduit à
un point.
ou plus généralement,
Lemme 1. Soit G un groupe tel que X (L) \ G est dense dans X (L). Alors
G n'est pas one-based sauf éventuellement si X est réduit à un point.
Démonstration. En eet, s'il l'était, par A59, X (L) \ G serait combinaison
booléenne de translatés de sous-groupes de G. L'adhérence de X (L) \ G,
c'est-à-dire X (L), serait alors réunion de translatés de points L-rationnels de

17
sous-variétés abéliennes de A . Par irréductibilité, X serait le translaté d'une
variété abélienne D. Si D est réduit à un point, alors c'est également le cas.
Sinon, le stabilisateur de X dans A est inni, ce qui contredit l'hypothèse.
Remarquons que la conclusion de la conjecture de Mordell-Lang relative
est triviale si X est réduit à un point et nous nous permettrons dorénavant
d'écarter ce cas de nos démonstrations.
Nous allons déduire la proposition 1 de la proposition suivante dont nous
nous resservirons quand nous traiterons le cas général.
Proposition 2. Soit L un corps diérentiel clos @1 -saturé de caractéristique
nulle et k0 son corps des constantes. Soit A une variété abélienne dénie sur L
et H un sous-groupe dénissable connexe quasi-fortement minimal de A(L).
Supposons que H n'est pas one-based. Alors il existe une variété abélienne C
dénie sur k0 et un morphisme bijectif de H dans C tel que f (H ) = C (k0 ).
La preuve de cette proposition requiert des outils de théories des mo-
dèles très avancés. Nous avons isolé dans le lemme suivant la partie la plus
technique de la démonstration.
Lemme 2. Soit L un corps diérentiellement clos et k0 son corps des con-
stantes. Soit H un groupe contenu dans L quasi-fortement minimal et non
one-based (dans le langage des corps diérentiels). Si B est un ensemble for-
tement minimal tel que H soit inclus dans acl(B ) alors B est non orthogonal
à k0 . En particulier, H est non orthogonal à k0 .
Démonstration. Soit B comme dans l'énoncé. Par A41, puisque H n'est pas
one-based, B n'est pas one-based. Ainsi, par A42, B n'est pas localement
modulaire. Quitte à enlever un nombre ni de points, B est une géométrie de
Zariski (voir A84). Par le théorème de dichotomie des géométries de Zariski
(A43), puisque B n'est pas localement modulaire, B interprète un corps
algébriquement clos. Ce corps algébriquement clos est de rang de Morley
ni puisqu'interprétable dans une structure fortement minimal. Or, par A83,
un tel corps est dénissablement isomorphe au corps des constantes. Cela
entraîne par A37 que B et k0 ne sont pas orthogonaux et donc que H et k0
ne le sont pas non plus.
Muni de ce lemme, prouvons la proposition 2.
Démonstration. Par le lemme 2, H et k0 ne sont pas orthogonaux. Par A45,
il existe un groupe dénissable G0 sur k0 contenu dans k0 m et un morphisme
dénissable de groupes h, qui surjecte H sur G0 dont le noyau est ni. Par
A48, puisque H est connexe, G0 l'est aussi.

18
Nous allons maintenant renverser h. Soit n le cardinal du noyau de h. Soit
y dans G0 . Posons g0 (y) = nx pour un x tel que y = h(x). Cette application
est bien dénie puisque si h(x) = h(x), x x0 est dans le noyau de h et
n(x x0 ) = 0. Elle est également dénissable. On vérie immédiatement que
h est un morphisme de groupes.
Montrons que g0 est surjectif. L'image de g0 est nH , il nous sut donc
de montrer que nH = H . Soit m le morphisme dénissable de groupes de
multiplication par n de H dans H . La n-torsion de H est un sous-groupe de
la n-torsion de A qui est ni par A27. Ainsi, le noyau de m est ni. Puisque H
est ! -stable, il vient par A53 que m est surjectif, ce qu'on voulait démontrer.
En passant au quotient, on obtient un isomorphisme de G = G0 = ker g0
vers H . Le groupe G0 étant un sous-ensemble dénissable k0 m sur k0 , ker g0
étant ni, G est dénissable sur k0 par élimination des imaginaires de la
théorie des corps diérentiellement clos (voir A80) et est contenu dans k0p
pour un certain p . Toujours par A48, G est connexe. Soit g l'isomorphisme
dénissable induit par g0 sur G.
Par A82, il existe un groupe algébrique C déni sur k0 tel que C (k0 ) = G,
des ensembles dénissables E1 ; : : : ; En tel que C (k0 ) = E1 [  [ En et g soit
une application rationnelle sur chaque Ei . G étant connexe, C l'est aussi.
Ainsi, par A19, C est irréductible et un des Ei est de même rang de Morley
que C (k0 ). Il vient par A69 que ce Ei contient un ouvert. Ainsi, g est en fait
une application rationnelle sur G(k0 ).
Étendons g en g de C (k0 ) = C (L) (par A8) vers H . C'est possible par
A20 car C (k0 ) et H sont des groupes algébriques connexes. L'image de C (L)
par g contient H et est fermée par A13. Il suit que g est surjectif.
Montrons maintenant que g est injectif. Pour cela, vérions que le noyau
de g est trivial. Soit M le sous-groupe fermé minimal de C tel que C=M soit
une variété abélienne donné par le théorème de Chevalley (voir A29). Par
ce même théorème, M est déni sur k0 . Puisque G= ker g est isomorphe à la
variété abélienne H , M est contenu dans le noyau de g . Or g est injectif sur
les points k0 -rationnels et M (k0 ) est donc trivial. Mais M est déni sur k0
ce qui entraîne la trivialité de M et donc que C est une variété abélienne.
Par rigidité forte de C (voir A28), le noyau de g est déni sur k0 et est donc
trivial, ce qu'on voulait démontrer.
Par A16, g est un isomorphisme. L'inverse f de g est donc un morphisme
bijectif de H dans la variété abélienne C déni sur k0 et on a bien f (H ) =
C (k0 ).
La preuve de la proposition 1 est maintenant facile :
Démonstration. Comme nous l'avons remarqué, nous pouvons supposer que
X n'est pas réduit à un point. Nous avons vu que cela entraîne que H n'est

19
pas one-based et nous pouvons donc appliquer la proposition 2. On obtient
alors, en reprenant les notations de cette dernière proposition, C et f tel que
f (H ) = C (k0 ). Posons Y = f (X ). Puisque f est bijectif, on a X = f 1 (Y )
et il nous sut de montrer que Y est dénie sur k0 .
Par A12, X étant une sous-variété d'une variété abélienne, c'est une va-
riété complète. Par A13 et A4, il suit que Y est une variété irréductible. Il
vient Y = f (X (L) \ H ). En eet, on a
Y = f (X ) = f (X (L) \ H )  f (X (L) \ H )
et
f (X \ H )  f (X ) = Y;
d'où le résultat en passant aux adhérences. Y est a priori dénie sur L. Mais
puisque f (X (L) \ H )  f (H ), f (X (L) \ H ) est constitué de points k0 -
rationnels, par A9, son adhérence est un fermé de k0 . Y est donc une variété
dénie sur k0 . Le résultat suit.

2.4 Cas général


Nous allons maintenant démontrer le cas général, à savoir
Proposition 3. Soit L un corps diérentiel clos @1 -saturé de caractéristique
nulle et k0 son corps des constantes. Soit A une variété abélienne dénie sur
L, X une sous-variété irréductible de A dénie sur L, un sous-groupe de
type ni de A(L). Supposons que X (L) \ est dense dans X (L) et que le
stabilisateur de X dans A est ni. Alors il existe une sous-variété abélienne B
de A, une variété abélienne C dénie sur k0 , Y une sous-variété irréductible
de C dénie sur k0 et h un morphisme surjectif de B vers C déni sur k0 et
dans tels que
X = + h 1 (Y )
La totalité de cette section va être dévouée à la preuve de cette proposi-
tion. Ainsi, tous les objets et toutes les notations introduites dans les énoncés
de cette section seront réutilisés dans les énoncés qui les suivront.
Commençons par remarquer que nous pouvons remplacer X par n'im-
porte quel translaté de X par un élément de H . Nous le ferons librement
dans la suite.
Comme annoncé, nous allons remplacer H par un de ses sous-groupes
qui est somme directe de groupe connexe quasi-fortement minimaux. Par
A61, il existe un sous-groupe G de H dénissable connexe qui est contenu
dans acl(F [ Y1 [    [ Yn ) pour un ensemble F ni contenu dans L et des
Yi fortement minimaux et qui est maximal par cette propriété. Toujours par

20
A61, ce groupe s'écrit G = G1 +    + Gk où chaque Gi est un groupe connexe
quasi-fortement minimal et les Gi sont deux à deux orthogonaux.
Nous pouvons supposer que F est un sous-ensemble de L qui contient les
paramètres de dénition de A, X , H , G et des Gi .
Notre but est maintenant de montrer que X (L) \ Gi est dense dans X (L)
pour pouvoir appliquer la proposition 1. Pour cela, nous allons introduire un
type q inclus dans X (L) \ H dont l'ensemble q (L) des réalisations dans L est
dense dans X . Nous montrerons ensuite qu'on peut supposer que q (L) est
contenu dans G. Nous en déduirons que G n'est pas one-based, ce qui nous
permettra de montrer que, toujours quitte à translater, q (L) est contenu
dans un des Gi . Il viendra alors que X (L) \ Gi est dense dans X (L) et nous
pourrons conclure en appliquant la proposition 1.
Commençons par introduire q .
Proposition 4. Il existe un type complet stationnaire q déni au-dessus d'un
ensemble ni contenant F tel que q(L) soit inclus dans X (L) \ H et dense
dans X (L) et tel que le stabilisateur de q(L) dans H soit ni.
An de produire des types, nous commençons par démontrer le lemme
suivant :
Lemme 3. Soit D un sous-ensemble inniment dénissable de X sur un
ensemble ni L. Supposons que D soit dense dans Z . Alors il existe un type
complet stationnaire qD sur un ensemble ni de paramètres contenant F tel
que qD (L) soit dense dans X .
Démonstration. Soit P un ensemble ni contenu dans L sur lequel D est
déni. On va construire qD comme une intersection décroissante d'ensembles
Di inniment dénissables sur acl(F [ P ) et denses dans X .
F [ P étant ni, acl(F [ P ) est au plus dénombrable. Soit donc (i )i<!
une énumération des formules sur acl(F [ P ).
Posons D 1 = D. Supposons Di déni et dénissons Di+1 . On a
(Di \ i+1 (L)) [ (Di \ :i+1 (L)) = Di :
D'où en prenant, l'adhérence
Di \ i+1 (L) [ Di \ :i+1 (L) = X (L):
Par irréductibilité de X (L), au moins un des deux ensembles Di \ i+1 (L) et
Di \:i+1 (L) est dense dans X (L). Appelons Di+1 un des ensembles denses.
Posons \
qD = Di :
i<!

21
Clairement, qD est un type complet sur acl(F [ P ). La théorie des corps
diérentiellement clos ayant l'élimination des imaginaires (voir A80), la pro-
position A33 entraîne que qD est stationnaire. De plus, par A34, il est déjà
stationnaire sur un ensemble ni qu'on peut choisir contenant F .
Il nous reste à montrer que qD (L) est dense dans X . Soit U un sous-
ensemble ouvert de X . Rappelons qu'un tel ensemble est dénissable. Par
construction des Di , chaque Di rencontre U . Le type
\
Di \ U
i<!
est donc niment satisfaisable. Il est à paramètres dénombrables et est donc
réalisé dans L par @1 -saturation. D'où qD (L) rencontre U ce qu'on voulait
démontrer.
Grâce à ce lemme, nous pouvons construire le type q dont la proposition
4 arme l'existence.
Démonstration. Soit q le type de rang minimal qu'on peut obtenir en appli-
quant notre lemme à X (L) \ H . Remarquons que puisque X (L) est inni, le
rang de Morley n de q est strictement positif.
Nous prétendons que le stabilisateur de q (L) dans H est ni. Pour cela, il
nous allons montrer qu'il est inclus dans le stabilisateur de X (L) dans A(L).
Soit U un sous-ensemble ouvert de X . Soit D un ensemble ni contenu
dans L sur lequel U est déni. Par A3, U est dense dans X . Ainsi, q (L) \ U est
dense dans X . Soit r un type de donné par notre lemme appliqué à l'ensemble
inniment dénissable q (L) \ U . Par minimalité du rang de q , le type de r
est de rang n.
Soit h dans le stabilisateur de q (L) dans H . Par stationnarité, q a un
unique extension de rang de Morley n à D [ E [ fhg. D [ E [ fhg étant ni,
cette extension est réalisée par un élément de L par ! -saturation. Soit a un
tel élément. h + a appartient à (h + q (L)) \ q (L). De plus,
RM(h + a=D [ E [ fhg) = RM(a=D [ E [ fhg):
Puisque h + a et a sont dans q (L), leurs types sur D [ E [ fhg étendent q .
Par stationnarité de q et maximalité du rang de ces types, ils sont égaux. En
particulier, h + a est contenu dans U .
Il vient que (h + q (L)) \ q (L) est dense dans X , puisque pour chaque
ouvert U , il existe a tel que h + a soit dans (h + q (L)) \ q (L) \ U . Mais
(h + q(L)) \ q(L) est inclus dans (h + X (L)) \ X (L) et donc (h + X (L)) \
X (L) = X (L), c'est-à-dire X (L) est inclus dans h + X (L) et par A10 il vient
X (L) = h + X (L). h est donc dans le stabilisateur de X (L) dans A(L) et
donc h = 0.

22
On peut supposer que q est en fait déni sur F .
Montrons maintenant que quitte à translater X par un élément de H on
peut supposer que q (L) est contenu dans G.
Proposition 5. q(L) est contenu dans un translaté de G. Plus précisément,
il existe un h dans H tel que q(L) soit inclus dans h + G.
Démonstration. Nous allons travailler dans H eq . Soit  la projection de H
sur la sorte H=G. Ainsi, si h est un élément de H ,  (h) désigne l'élément
imaginaire qui correspond au coset h + G.
Supposons que q (L) ne soit contenu dans aucun h + G pour h dans H .
Soit Z un sous-ensemble de H dénissable sur acl(F ) qui contient q (L) de
même degré et rang que q (L). Z ne peut pas être contenu dans un translaté
de G. Par A30, il vient que la relation R dénissable sur acl(F ) dénie par
xRy si et seulement si x et y n'appartiennent à Z ou x et y n'appartiennent
pas à Z et sont dans le même coset, a une innité de classes d'équivalences.
Ainsi, Z rencontre une innité de cosets. Montrons que c'est également le
cas de q (L). Supposons que q (L) soit contenu dans un nombre ni de cosets.
Puisque tous les cosets sont de même rang de Morley, le rang de Morley de
q(L) est inférieur à celui d'un coset. Mais Z est réunion disjointe inni de
tels cosets et est donc de rang de Morley strictement supérieur à celui d'un
coset et donc à celui de q (L). Contradiction.
Ainsi, si h est dans H , le type  (h) sur acl(F ) contient une innité d'élé-
ments.
Lemme 4. Soit h dans q(L). Il existe un z dans le même coset que h algé-
brique sur F [ f(h)g [ G.
Montrons comment le lemme nous permet de conclure.
Soit h dans q (L). Par le lemme, il existe z dans le même coset que h et une
formule  à paramètres dans F tel que z réalise la formule en x, (z; v;  (x))
où v est inclus dans G et la formule en x, (z; v;  (x)) n'a qu'un nombre
ni de réalisations. Quitte à modier , on peut supposer que le nombre de
réalisations en x de (z; v; x) est ni pour tout z et tout v. Soit  la formule
 il existe z tel que x =  (z ), v dans G tel que (z; v; x).  Ainsi, si r est le
type de  (h) sur acl(F ), on a r(L) inclus dans (L), lui-même inclus dans
H=G. En particulier, (L) est inni.
Par dénition, si  (k ) est dans (L), il existe un z dans le même coset
que k algébrique sur F [f (k )g[ G. Il vient que k + G = z + G est algébrique
sur F [ f (k )g [ G.
(L) étant inni, il contient un ensemble fortement minimal M . Par A55,
on peut supposer que M est indécomposable.

23
Soit t dans M . M t est un indécomposable qui contient le neutre de
H=G et par le théorème des indécomposables (voir A56), le sous-groupe K
de H=G engendré par M t est dénissable.
Clairement, si  (k ) appartient à K , k + G est inclus dans acl(F [ M [ G).
Soit C le groupe image réciproque de K par  . C contient bien sûr G.
Puisque K est inni (car M est fortement minimal), l'indice de G dans C est
inni. En particulier, la composante connexe C  de C contient G strictement.
Mais C est inclus dans acl(F [ M [ G) = acl(F [ Y1 [    [ Yn [ M ). Il en
de même de C  ce qui contredit la maximalité de G.
Il nous reste à prouver le lemme.
Démonstration. Soit U un sous-ensemble non vide de h + G dénissable sur
F [ f(h)g [ G de rang et de degré de Morley minimal. Nous allons montrer
que U est ni ce qui entraînera immédiatement le lemme.
Commençons par une conséquence de la minimalité de U . Soit V un
autre sous-ensemble non vide dénissable sur F [ f (h)g [ G qui rencontre
V . Montrons que U est inclus dans V . Par l'absurde. On a V { \ U non vide.
V \ U et V { \ U sont tous les deux dénissables sur F [ f(h)g [ G. Par
minimalité U , ils sont tous deux du même rang et degré de Morley que U .
U est donc réunion disjointe de deux sous-ensembles dénissables de même
rang que U . Contradiction.
Soit S le stabilisateur de U dans G.
Par minimalité de U , U est un coset de S . En eet, soit u et v dans U ,
alors u v appartient à G. Mais u appartient à ((u v ) + U ) \ U qui est
donc non vide et il vient que U est inclus dans (u v ) + U . De même, U est
inclus dans (v u) + U . Il suit que (u v ) + U = U et u v appartient à S .
Par ailleurs, pour tout s dans S , s + h appartient à q (L). En eet, soit
u dans U et b = h u, alors h appartient à b + U . Ainsi, h appartient à
(b + U ) \ q(L) et U \ (q(L) b) est donc vide. Nous avons remarqué que cela
implique que U est inclus dans q (L) b et donc que b + U est inclus dans
q(L). Ainsi, si s appartient à S , s + h appartient à s + b + U = b + U qui est
inclus dans q (L).
Si S était dénissable sur acl(F ), puisque q est un type complet sur acl(F ),
il suivrait que S est inclut dans le stabilisateur de q (L) ce qui permettrait
de conclure. Malheureusement, il n'y pas de raison que soit vrai. Par contre,
par le résultat suivant, la composante connexe S  de S est déni sur acl(F )
ce qui va nous permettre de conclure.
Pour cela introduisons tout d'abord une dénition.
Dénition 3. Soit G un groupe dénissable sur E . On dit que G est rigide
si tout-groupe dénissable connexe de G est dénissable sur acl(E ).

24
Lemme 5. G est un groupe rigide. En particulier, S  est déni sur acl(F ).
Admettons provisoirement ce résultat. S  est donc déni sur acl(F ).
Puisque q est un type complet, pour tout h dans q (L), pour tout s dans
S  , s + h est inclus dans q(L). Ainsi, S  appartient au stabilisateur de q. Il
suit que S  est ni et donc qu'il en de même pour S .
Ainsi U est ni ce qu'il fallait démontrer.
Prouvons maintenant le lemme.
Démonstration. Rappelons que G = G1 +    + Gn où les Gi sont connexes
quasiment-fortement minimaux. Par A62, il sut de prouver que chaque Gi
est rigide.
Puisque tout groupe one-based est rigide (voir A58), on peut supposer
que les Gi ne sont pas one-based. Dans ce cas, la proposition 2, il existe une
variété abélienne dénie sur k0 et un morphisme dénissable bijectif h de Gi
dans S tel que h(Gi ) = S (k0 ).
Montrons que S (k0 ) est rigide. Soit K un sous-groupe dénissable de
S (k0 ). Par A81, K est en fait dénissable dans le langage des corps algé-
briquement clos. Par A68, G est en fait fermé. Il suit par rigidité forte des
variétés abéliennes A28, que G est déni sur acl(S (k0 )), ce qu'on voulait
démontrer.
S (k0 ) étant dénissable isomorphe à Gi , il vient que Gi est rigide. Ce
qu'on voulait démontrer.
Nous supposons donc à partir de maintenant que q (L) est contenu dans
G. Nous allons maintenant prouver que, toujours quitte à translater par un
élément de H , q (L) est inclus dans un Gi .
Proposition 6. Il existe un unique Gi qui n'est pas one-based et q(L) est
contenu dans un coset de ce Gi . Plus précisément, il existe h dans H tel que
q(L) soit contenu dans h + Gi .
Démonstration. Montrons tout d'abord que G n'est pas one-based. D'après
notre supposition, q (L) est contenu dans X (L) \ G. En passant aux adhé-
rences, il vient que X (L) est contenu dans X (L) \ G et donc que X (L) \ G =
X (L). Ainsi, par le lemme 1, en supposant que X est inni, G n'est pas one-
based.
Une somme de groupes one-based étant one-based (voir A60), il existe au
moins un Gi qui n'est pas one-based.
Par le lemme 2, si un Gi n'est pas one-based, il contient un ensemble
fortement minimal Bi qui n'est pas orthogonal à k0 . Comme la relation de

25
non orthogonalité est une relation d'équivalence pour les ensembles forte-
ment minimaux (voir A39), si Gi et Gj ne sont pas one-based, Bi et Bj ne
sont pas orthogonaux. Ainsi, Gi et Gj ne sont pas non plus orthogonaux.
Contradiction.
Ainsi, il existe un unique Gi qui n'est pas one-based. Appelons le Gi0 .
Appelons B la somme des Gi diérents de Gi0 . On peut alors écrire G =
B + Gi0 . Par A60, B est one-based.
On a alors q (L) inclus dans B + Gi0 . Par A44, il existe des types s et t
tels que q (L) = s(L) + t(L) et s(L) et (L) soient respectivement inclus dans
Gi0 et B . Le stabilisateur de s(L) dans B est inclus dans celui de X de q(L)
dans H et est donc ni. Mais puisque B est one-based, par A52, s(L) est
contenu dans un coset de son stabilisateur dans B et est donc ni. Ainsi s(L)
est inclus dans acl(F ). Puisque s est un type complet sur acl(F ), il vient que
s(L) est réduit à un point u et on a q(L) inclus dans u + Gi0 . Remarquons
que u est bien dans H .
Nous pouvons donc supposer que q (L) est contenu dans Gi0 qui n'est pas
one-based. La conjecture de Mordell-Lang relative suit alors immédiatement.
Démonstration. q(L) est alors contenu dans X (L) \ Gi0 et en passant aux
adhérences, on obtient que X (L) est contenu dans X (L) \ Gi0 et donc X (L) \
Gi0 est dense dans X (L). Nous pouvons alors appliquer la proposition 1 qui
nous donne le résultat.

26
Annexe

1 Géométrie algébrique
Dans cette section nous ne rappelons que brièvement les dénitions dont
nous avons besoin. Le lecteur intéressé par plus de détails pourra consulter
[34], [11] ou [25] pour une introduction à le géométrie algébrique, [15] pour
une introduction aux groupes algébriques anes, [17], [28] et [24] pour une
introduction aux variétés abéliennes. Pour une présentation rapide de la géo-
métrie algébrique et de la théorie des variétés abéliennes dont nous avons
besoin dans ce mémoire, voir respectivement [29] et [12].

1.1 Topologie et variétés


Proposition A1. Soit G un groupe topologique et H un sous-groupe. L'adhé-
rence de H dans G est un groupe.
Démonstration. L'application (x; y) 7! xy 1 est continue sur G  G et envoie
H  H sur H . Il vient que si a et b appartiennent à H , ab 1 appartient à H .
D'où le résultat.
Dénition A2. Un espace topologique X est dit irréductible s'il n'est pas
réunion de deux fermés diérents de X .
Proposition A3. Soit U un ouvert d'un espace topologique irréductible X .
Alors U est dense dans X .
Démonstration. Si U n'était pas dense, son adhérence et le complémentaire
de son adhérence contredirait l'irréductibilité de X .
Proposition A4. Soit X et Y deux espaces topologiques et f un application
continue de X dans Y . Si X est irréductible, alors f (X ) est irréductible.
Démonstration. Supposons que f (X ) soit réunion de deux fermés F1 et F2 .
Il vient que X est réunion de f 1 (F1 ) et f 1 (F2 ). D'où par exemple X =
f 1 (F1 ) et X = F1 .
Dénition A5. Un espace topologique est dit noethérien s'il ne contient pas
de suite strictement décroissante de fermés.
Proposition A6. La topologie d'une variété algébrique sur un corps algé-
briquement clos est noethérienne.
Démonstration. Il sut de le démontrer dans le cas ane. C'est fait dans
l'exemple 1.4.7 [11].

27
Proposition A7. Soit X un espace topologique noethérien (et en particulier
une variété algébrique par A6). Alors tout fermé F de X est réunion de
fermés irréductibles F1 ; : : : Fn . Si on suppose qu'on a jamais Fi contenu dans
Fj pour aucun i et j , alors F1 ; : : : ; Fn sont uniquement déterminés. On les
appelle les composantes irréductibles de F .
Démonstration. Voir la proposition 1.5 de [11].
Proposition A8. Soit k un corps et K une extension de k. Soit V une
variété dénie sur k. Alors l'adhérence de V (k) dans V (K ) est V (K ).
Démonstration. Il sut de montrer le résultat dans le cas ane.
Soit P dans K [X1 ; :::; Xn ] s'annulant sur l'adhérence V (k ) dans K n . Il
s'agit de montrer que P est dans l'idéal de K [XP 1 ; :::; Xn ] engendré par les
n
équations de V (k ) dans k . On peut écrire P = i yi Pi où les Pi sont des
éléments de k [X1 ; :::Xn ] et où les yi forment une base du sous-espace vectoriel
sur k de K engendré par les coecients de P . Dire que P s'annule sur V (K )
équivaut à dire que tous les Pi s'annulent sur V (K ), ce qui montre bien que
P est dans l'idéal engendré par les polynômes de k[X1 ; :::; Xn ] s'annulant sur
V (k).
Proposition A9. Soit k un corps algébriquement clos et K une extension
algébriquement close de K . Soit A un sous-ensemble de kn . Alors la clôture
de Zariski de A dans K n est dénie sur k.
Démonstration. C'est une conséquence de A8. Voir la remarque 2.13 de [29]
pour une preuve modèle-théorique.
Proposition A10. Soit X et Y deux variétés irréductibles de même dimen-
sion sur un corps algébriquement clos. Si X est inclus dans Y , alors X = Y .
Démonstration. Il sut de le démontrer dans le cas ane. C'est alors une
conséquence immédiate de la dénition de la notion de dimension d'une va-
riété par la dimension de Krull. Voir la page 6 de [11].
Dénition A11. Une variété X est dite complète si pour toute variété Y la
projection canonique de X  Y sur Y est une application fermée, c'est-à-dire
envoie les fermés sur des fermés.
Proposition A12. Soit X une variété complète. Si Y est une sous-variété
de X , alors Y est complète.
Démonstration. Voir la proposition 5.27 de [25].

28
Proposition A13. Soit X une variété algébrique complète et  un mor-
phisme de X dans une variété Y . Alors  envoie les sous-ensembles fermés
de X sur des sous-ensemble fermés de Y complet en tant que variété.
Démonstration. Voir la proposition 5.27 de [25].
Proposition A14. Une variété projective est complète.
Démonstration. Voir le théorème 5.30 de [25].

1.2 Groupes algébriques et variétés abéliennes


Dénition A15. Un groupe algébrique est un groupe muni d'une structure
de variété telle que la multiplication et l'inversion soient des morphismes.
Proposition A16. Soit G et H deux groupes algébriques dénis sur un corps
algébriquement clos de caractéristique nulle. Soit f un morphisme bijectif de
G dans H . Alors f est un isomorphisme.
Démonstration. L'inverse de f est dénissable (au sens de la théorie des
modèles) et le résultat suit par le lemme 7.4.12 de [23].
Dénition A17. Un groupe algébrique est dit connexe s'il n'a pas de sous-
groupe fermé d'indice ni.
Proposition A18. Soit G un groupe algébrique sur un corps algébriquement
clos k. L'intersection de tous les sous-groupes dénissables d'indice ni de
G est un sous-groupe normal dénissable connexe d'indice ni de G. On le
note G et on l'appelle la composante connexe de G.
Démonstration. La théorie des corps algébriquement clos étant !-stable (voir
A65)et les notions de sous-groupes dénissables et sous-groupes fermés cor-
respondant par A68, c'est une conséquence de A47.
Proposition A19. Soit G un groupe algébrique. G est connexe si et seule-
ment si il est irréductible.
Démonstration. Voir lemme 7.4.10 de [23] pour le sens non trivial.
Proposition A20. Soient G et H deux groupes algébriques connexes dénis
sur un corps k, et soit f une application rationnelle de G dans H qui est
en un morphisme de groupes (au sens où f (x)f (y) = f (xy) partout où ces
expressions sont bien dénies). Alors f est en fait une application dénie
partout.

29
Démonstration. Soit U l'ouvert maximal de dénition de f . Si x est un point
quelconque de U , les applications f et t 7! f (tx)f (x) 1 coïncident partout où
elles sont toutes deux dénies. Ce sont donc deux représentants de la même
application rationnelle. Or la deuxième est dénie sur Ux 1. Par maximalité
de U , Ux 1 est contenu dans U . Il vient que U est un sous-groupe de G.
Montrons que U = G. Soit x est un élément quelconque de G. G étant
connexe, par A19, il est irréductible et les ouverts U et Ux sont denses par A3
et se rencontrent donc. Puisque ce sont des cosets, U = Ux et x appartient
donc à U . Le résultat suit.
Dénition A21. Une variété abélienne est un groupe algébrique connexe
complet.
Proposition A22. Une variété abélienne est commutative.
Démonstration. Voir le théorème 1 page 20 de [17].
Proposition A23. Une variété abélienne de dimension 1 est de genre 1.
Démonstration. D'après l'introduction de [24], une variété abélienne de di-
mension 1 est une courbe elliptique et donc de genre 1.
Proposition A24. Soit A une variété abélienne et B un sous-groupe algé-
brique de A. Le groupe quotient A=B est muni d'une structure de variété
abélienne qui rend le projection canonique de A vers A=B un morphisme de
variétés abéliennes.
Démonstration. Voir le chapitre 4 sur les espaces homogènes de [15] pour une
dénition de la structure de groupe algébrique A=B . A=B est irréductible par
A4 et donc connexe par A19 (on peut également démontrer la connexité de
manière élémentaire en adaptant la preuve de A48). La complétude de A=B
résulte de A13.
Proposition A25. Soit A une variété abélienne et B une sous-variété abé-
lienne. Soit  la projection canonique de A sur la variété quotient A=B (voir
A24). Soit C une sous-variété abélienne de A=C . Alors  1 (C ) est une va-
riété abélienne.
Démonstration. Posons D =  1 (C ). D est clairement un groupe algébrique.
Il est plus complet puisque c'est un sous-groupe d'une variété abélienne (voir
A12). Il sut donc prouver que D est connexe.
Soit D la composante connexe de D. Puisque D contient B qui est
connexe, il en de même de D . Ainsi,
C=(D ) = (D)=(D )
= (D=B )=(D )=B )
' D=D:
30
D'où  (D ) est un sous-groupe algébrique connexe (par A4 et A19) d'indice
ni de C . Il vient que C =  (D ). D'où D=D = 1 et D est connexe.
Proposition A26. Soit k un corps. Soit S une courbe projective lisse de
genre strictement positif dénie sur k. Alors il existe une variété abélienne
A dénie sur k dans laquelle S se plonge.
Démonstration. Voir par exemple, en se rappelant qu'une variété projective
est complète (voir A14), la section de [17] intitulée  The jacobian variety of
a curve  page 30.
Proposition A27. Soit A une variété abélienne dénie sur un corps algé-
briquement clos k. La n-torsion de A sur k est ni.
Démonstration. Voir le corollaire 1 de [17].
Proposition A28 (Rigidité forte des variétés abéliennes). Soit k un
corps de caractéristique nulle. Soit A une variété abélienne dénie sur k et B
une sous-variété abélienne de A. Alors B est dénie sur la clôture algébrique
de k.
Démonstration. Voir la page 87 de [12].
Théorème A29 (Théorème de Chevalley). Soit G un groupe algébrique
connexe déni sur un corps algébriquement clos de caractéristique nulle k. Il
existe un sous-groupe fermé minimal M de G tel que G=M soit une variété
abélienne. Ce sous-groupe est déni sur k.
Démonstration. Voir [32].

2 Théories des modèles


Encore une fois, nous ne rappelons que brièvement les dénitions dont
nous avons besoin. Nous ne rappelons par la dénition du rang de Morley et
ses propriétés élémentaires. Nous conseillons au lecteur qui ne connaît pas le
théorie de la ! -stabilité de consulter l'excellente introduction au sujet de Zie-
gler dans [37]. Pour une introduction plus générale à la théorie des modèles,
le lecteur pourra consulter [23] ou [5] pour un développement beaucoup plus
poussé sur la théorie de la stabilité.
Dans toute la section, nous supposerons que nous sommes dans un gros
modèle saturé d'une théorie complète T avec élimination des imaginaires.

31
2.1 !-stabilité
Dans toute cette section, nous supposons que T est ! -stable et en parti-
culier que tous les ensembles dénissables ont un rang de Morley.
Proposition A30. Soit p le type d'un élément a sur un ensemble algébri-
quement clos F . Alors p est axiomatisé par les formules Ei (x; a) où Ei va-
rie parmi les relations d'équivalences dénies sur F avec un nombre ni de
classes d'équivalence.
Démonstration. Voir le corollaire 1.8 de [37] en remarquant que par le lemme
1.6, une relation nie est dénissable sur F si et seulement si elle est dénis-
sable sur acl(F ).
Dénition A31. Soit E un sous-ensemble de F . Soit p un type complet sur
F et q sa restriction à E . On dit que p ne dévie pas sur E si le rang de
Morley de p est égal à celui de q.
Dénition A32. Soit p un type déni sur E . On dit que p est stationnaire
si pour tout ensemble F qui contient E , p admet une unique extension q sur
F qui ne dévie par sur E .
Proposition A33. Soit p un type sur un ensemble algébriquement clos. Alors
p est stationnaire.
Démonstration. Voir le théorème 4.10 de [37].
Proposition A34. Soit q un type stationnaire déni sur F . Il existe un
sous-ensemble ni E de F tel que la restriction de q à E soit stationnaire.
Démonstration. Voir le théorème 4.12 de [37].
Dénition A35. Deux éléments a et b sont dit indépendants au-dessus de
E si RM(a=E ) = RM(a=fbg [ E ).
Dénition A36. Deux ensembles A et B dénissables sont dit orthogonaux
si pour tout a dans A et b dans B , a et b sont orthogonaux au-dessus de tout
ensemble sur lequel A et B sont dénis.
Proposition A37. Soit A et B deux ensembles innis dénissablement iso-
morphes par f . Alors A et B sont non orthogonaux.
Démonstration. Supposons que A et B soient dénissables sur E . Puisque
nous travaillons dans un gros modèle saturé, il existe a générique dans A sur
E . En particulier, le rang de Morley de a sur E est non nul. Or le rang de
a sur E [ ff (a)g est nul. Il vient que a n'est pas orthogonal à f (a) et donc
que A et B ne sont pas orthogonaux.

32
Proposition A38. Deux ensembles dénissables A et B sont orthogonaux si
et seulement si pour tout a dans A, b dans B et tout ensemble algébriquement
clos E sur lequel A et B sont dénis, on a
t(a=E ) [ t(b=E ) ` t(a; b=E ):
Démonstration. Voir le lemme 6.2 de [37].
Proposition A39. La relation de non orthogonalité est une relation d'équi-
valence pour les ensembles fortement minimaux.
Démonstration. Voir le lemme 6.4 de [37].
Dénition A40. Un ensemble D dénissable sur E est dit one-based si pour
tout élément d dans D et tout ensemble algébriquement clos F , le type p de
d sur E [ F ne dévie pas sur E [ fdg, au sens où l'unique extension non
déviante de p à E [ F [ fdg qui existe par A33 ne dévie pas sur E [ d.
Proposition A41. Si D est un ensemble one-based alors acl(D) est one-
based.
Proposition A42. Un ensemble fortement minimal est one-based si et seule-
ment si il est localement modulaire.
Démonstration. Voir le théorème 5.14 de [37]. Le résultat est a priori prouvé
pour un modèle saturé mais la preuve s'applique sans diculté au cas d'un
ensemble fortement minimal quelconque. Le lecteur sceptique pourra consul-
ter la proposition 5.3 de [3].
Théorème A43 (Théorème de dichotomie des géométries de Za-
riski). Soit D une géométrie de Zariski. Soit D est localement modulaire,
soit D interprète un corps algébriquement clos.
Démonstration. Voir [13].
Proposition A44. Plaçons-nous dans une structure M . Soit A et B deux
sous-ensembles orthogonaux d'un groupe dénissable G. Supposons que A, B
et G sont dénis sur E . Soit p un type complet sur acl(E ). Si p(M ) est inclus
dans A + B , alors p(M ) = q(M ) + r(M ) où q et r sont des types complets
sur acl(E ) tels que q(M ) et r(M ) soient respectivement contenus dans A et
B.
Démonstration. Soit a et b respectivement dans A et B tels que a + b appar-
tiennent à p(M ). Soit pa et pb les types respectifs de a et b sur acl(E ). Si a0
et b0 appartiennent respectivement à pa (M ) et pb (M ) alors par orthogonalité
(voir A38), a + b appartient à p(M ). Ainsi, pa (M ) + pb (M ) est inclus dans
p(M ) et par complétude de p, on a p(M ) = q(M ) + r(M ).

33
Théorème A45. Soit G groupe abélien inni G quasiment-fortement mi-
nimal et D un ensemble dénissable. G n'est pas orthogonal à un ensemble
dénissable D si et seulement si il existe un sous-groupe dénissable H inclus
dans dcl(D) et un morphisme de groupes surjectif h de G sur H dénissable
avec un noyau ni.
Démonstration. Voir le théorème 6.5 de [37].

2.2 Groupes
Dénition A46. Soit G un groupe dénissable. G est connexe s'il n'a pas
de sous-groupe dénissable d'indice ni.
Proposition A47. Soit G un groupe dénissable !-stable. L'intersection
de tous les sous-groupes dénissables d'indice ni de G est un sous-groupe
normal dénissable connexe d'indice ni de G. On le note G et on l'appelle
la composante connexe de G.
Démonstration. Voir le corollaire 7.1.6 de [23].
Proposition A48. Soit G un groupe dénissable connexe. Si H est un sous-
groupe normal dénissable, G=H est un groupe dénissable connexe.
Démonstration. Soit D=H un sous-groupe dénissable de G=H . L'image ré-
ciproque de ce sous-groupe par la projection canonique est un sous-groupe
dénissable D. Or (G=H )=(D=H ) est isomorphe à G=D. D est donc un sous-
groupe dénissable d'indice ni et il vient D = G. Il suit que D=H = G=H
est le résultat suit.
Théorème A49. Soit G un groupe dénissable !-stable. G est connexe si et
seulement si G est irréductible.
Démonstration. Voir le lemme 7.2.5 de [23] en remarquant qu'un ensemble
dénissable est de degré 1 si et seulement si il admet un unique type géné-
rique.
Dénition A50. Soit G un groupe dénissable omega-stable. Soit p un type
sur G. Le stabilisateur de p est l'ensemble des g dans G tel que pour tout a
réalisant p dans une extension élémentaire, typeaG = t(ga=G).
Proposition A51. Soit G un groupe !-stable. p est un type générique sur
G si et seulement si le stabilisateur de p est la composante connexe de G.
Démonstration. Voir la proposition de [19].

34
Proposition A52. Soit M une structure et soit G un groupe dénissable
!-stable one-based. Soit p un type complet sur G. p(M ) est inclus dans un
coset du stabilisateur de p(M ) dans G.
Démonstration. Voir le théorème 6.2 de [19] en remarquant que le stabilisa-
teur de p est inclus dans le stabilisateur de p(M ).
Proposition A53. Soit G un groupe !-stable dénissable connexe et g un
morphisme dénissable de groupes de G dans G. Si g a un noyau ni alors
g est surjectif.
Démonstration. Raisonnons par récurrence sur le rang de G. Si G est de
rang nul, le résultat est clair. Supposons que le résultat soit vrai pour les
groupes de rang strictement inférieur à . Appelons H l'image de G par g .
Supposons donc que H est diérent de G. Par A48, H est connexe. Il est donc
d'indice inni dans G. G est donc réunion disjointe inni de translatés de H .
Il vient que le rang de Morley de H est strictement inférieur à celui de G.
On peut donc appliquer l'hypothèse de récurrence au morphisme de groupes
induit par g de H dans H . Ce morphisme de groupes est donc surjectif. Il
vient que g (H ) = H . Ainsi, tout translaté de H est envoyé sur H par g . Il
suit que le noyau de g est inni ce qui contredit l'hypothèse.
Dénition A54. Un sous-ensemble dénissable X de G est dit indécom-
posable si pour tout sous-groupe dénissable H de G, X rencontre soit un
unique coset de H , soit une innité de cosets de H .
Proposition A55. Un ensemble fortement minimal contient un sous-ensem-
ble fortement minimal indécomposable.
Démonstration. Voir la remarque 1 page 52 de [19].
Théorème A56 (théorème des indécomposables). Soit G un groupe de
rang de Morley ni. Soit (Xi )i2I une famille de sous-ensembles dénissables
de G indécomposables. Supposons que chacun des Xi contiennent l'élément
neutre de G. Alors le sous-groupe engendré par la réunion des Xi est dénis-
sable et connexe.
Démonstration. Voir le théorème 5.2 de [19].
Dénition A57. Soit G un groupe dénissable sur E . On dit que G est rigide
si tout sous-groupe dénissable connexe de G est dénissable sur acl(E ).
Proposition A58. Soit G un groupe dénissable de rang de Morley ni. Si
G est one-based alors G est rigide.

35
Démonstration. Voir le théorème 6.2 de [19].
Proposition A59. Soit G un groupe !-stable one-based. Tout sous-ensemble
dénissable de Gn est combinaison booléenne de cosets de sous-groupes dé-
nissables connexes de G.
Démonstration. Voir le théorème 6.2 de [19].
Proposition A60. Soit G un groupe !-stable. Si G = G1 + G2 où les Gi
sont des sous-groupes dénissables one-based alors G est one-based.
Théorème A61. Soit G un groupe commutatif dénissable sur E de rang
de Morley ni. Il existe un unique groupe B dénissable connexe, fortement
minimal, tel qu'il existe des ensembles X1 ; : : : Xn fortement minimaux et un
sous-ensemble ni F de E [ G tel que B soit inclus dans acl(F [ X1 [  [ Xn )
et qui est maximal pour cette propriété. De plus B est somme d'un nombre
ni de groupe connexe quasi-fortement minimal deux à deux orthogonaux.
Démonstration. Voir le théorème 7.2 de [19].
Proposition A62. Plaçons-nous dans une structure !-stable M . Soit G un
groupe abélien dénissable qui s'écrit comme somme de deux sous-groupes G1
et G2 dénissables orthogonaux. Si G1 et G2 sont rigides, alors G est rigide.
Démonstration. Commençons par supposer que G1 et G2 sont en somme
directe.
Soit H un sous-groupe connexe de G. Par A49, H est irréductible. Soit p
son unique type générique sur acl(G). Par A44, il existe deux types complets
sur acl(G), q et r, tels que q (M ) et r(M ) soient respectivement contenus
dans G1 et G2 et qu'on ait p = p + r. Puisque G1 et G2 sont en sommes
directes, StabG (p) est canoniquement isomorphe à StabG1 (r)  StabG2 (q ).
Par A51, G = StabG (p) est donc somme de deux groupes connexes H et K .
Par rigidité de G1 et G2 , H et K sont dénissables sur acl(G) et il en est
donc de même de G.
Pour conclure dans le cas où G1 et G2 ne sont pas en somme directe, il
sut de remarquer que le quotient d'un groupe rigide est rigide.

2.3 Corps algébriquement clos


Dans cette section, toutes les notions modèles-théoriques seront relatives
au langage des corps.
Proposition A63. La théorie des corps algébriquement clos admet l'élimi-
nation des quanticateurs.

36
Démonstration. Voir le théorème 3.2.2 de [23].
Proposition A64. La théorie des corps algébriquement clos de caractéris-
tique xée est complète.
Démonstration. Voir le corollaire 3.2.3 de [23].
Proposition A65. La théorie des corps algébriquement clos est !-stable.
Démonstration. Voir l'exemple 4.1.14 de [23].
Proposition A66. La théorie des corps algébriquement clos est fortement
minimal. En particulier, tout ensemble dénissable dans un corps algébrique-
ment clos est de rang de Morley ni et cette théorie est !-stable.
Démonstration. Voir le corollaire 3.2.8 [23] pour la forte minimalité. Par le
corollaire 5.5 de [37], toute théorie fortement minimale est de rang de Morley
ni et donc ! -stable.
Proposition A67. La théorie des corps algébriquement clos admet l'élimi-
nation des imaginaires.
Démonstration. Voir le théorème 3.7 de [21] pour une preuve qui marche
également dans le cas des corps diérentiellement clos.
Proposition A68. Soit k un corps algébriquement clos. Soit G un groupe
algébrique. Si H est un sous-groupe dénissable de G dans le langage des
corps algébriquement clos alors H est fermé dans G.
Démonstration. Voir le lemme 4.2 de [29].
Proposition A69. Soit V une variété irréductible et X un sous-ensemble
dénissable de même rang de Morley que V . Alors X contient un ouvert.
Démonstration. Voir le lemme 6.2.26 de [23].

2.4 Corps diérentiels


Dans cette section, toutes les notions modèles-théoriques seront relatives
au langage des corps diérentiels.
Proposition A70. Soit k un corps algébriquement clos de caractéristique
nulle et K une extension de K . Il existe une dérivation sur K telle que k
soit le corps des constantes de K muni de cette dérivation.
Démonstration. Voir le théorème 6.6 de [2].

37
Dénition A71. Soit k un corps muni d'une dérivation @ . Notons kfyg
l'anneau k[(@ i y)i0 ]. On prolonge naturellement @ à kfyg. On appelle ordre
d'un élément f de kfyg le plus grand i tel que l'indéterminée @ i y apparaisse
dans f avec un coecient non nul. Si f appartient à k, on dénit l'ordre de
a comme étant 1.
Le corps k est dit diérentiellement clos si pour tout f et g dans K fyg
tels que l'ordre de f soit strictement supérieur à l'ordre de g, il existe a dans
k qui annule f mais pas g.
Proposition A72. La dérivation d'un corps diérentiellement clos ne peut
pas être triviale.
Démonstration. C'est une conséquence immédiate de la dénition.
Proposition A73. Un corps diérentiellement clos est algébriquement clos.
Démonstration. C'est une conséquence immédiate de la dénition.
Proposition A74. Soit k un corps diérentiellement et Ck son corps des
constantes. Ck est relativement algébriquement clos dans k au sens où si a
dans K est algébrique sur Ck alors a appartient à Ck . En particulier, si k est
algébriquement clos, Ck est algébriquement clos.
Démonstration. Voir le lemme 2.1 de [21].
Proposition A75. La théorie des corps diérentiellement clos à l'élimina-
tion des quanticateurs.
Démonstration. Voir le théorème 2.4 de [21].
Proposition A76. La théorie des corps diérentiellement clos est complète.
Démonstration. Voir le corollaire 2.5 de [21].
Proposition A77. La théorie des corps diérentiellement clos est !-stable.
Démonstration. Voir le lemme 2.8 de [21].
Proposition A78. Tout corps diérentiel k se plonge dans un corps dié-
rentiellement clos K tel que pour tout corps diérentiellement clos K 0 qui
contient k, K se plonge dans K 0 . On appelle K , qui est unique à isomor-
phisme près, la clôture diérentielle de k.
Démonstration. Voir le corollaire 2.10 de [21].

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Proposition A79. Soit k un corps diérentiel et K sa clôture diérentielle.
Alors le corps des constantes de K est algébrique sur le corps des constantes
de k.
Démonstration. Voir le lemme 2.11 de [21].
Proposition A80. La théorie des corps diérentiellement clos à l'élimina-
tion des imaginaires.
Démonstration. Voir le théorème 3.7 de [21].
Proposition A81. Le corps des constantes Ck d'un corps diérentiellement
clos k est un corps pur au sens où si D est un sous-ensemble de Ck n dé-
nissable dans le langage des corps diérentiels sur k alors D est en fait
dénissable dans le corps pur (Ck ; +; )_ .
Démonstration. Voir le lemme 5.6 de [21].
Proposition A82. Soit k un corps diérentiellement clos et Ck son corps
des constantes. Soit H un groupe dénissable contenu dans Ck n et g une
application dénissable de H dans K m . Alors il existe un groupe algébrique
G déni sur Ck tel que H = G(Ck ). De plus, si D est un ensemble dénissable
sur lequel g est déni, il existe D1 ; : : : ; Dr dénissables sur Ck dont la réunion
est D tels que la restriction de D à gi soit rationnelle.
Démonstration. Voir le corollaire 1.11 de [36].
Théorème A83. Soit k un corps diérentiellement clos. Un corps inni de
rang de Morley ni dénissable dans k est dénissablement isomorphe au
corps des constantes de k.
Démonstration. Voir le théorème 3.5 de [36].
Théorème A84. Soit k un corps diérentiellement clos. Soit D un sous-
ensemble fortement minimal de kn . Quitte à enlever un nombre ni de points,
D est une géométrie de Zariski.
Démonstration. Voir le théorème 6.1 de [22].
Théorème A85. Soit k un corps diérentiellement clos. Soit A une variété
abélienne sur k et sous-groupe de type ni de A(k). Alors il existe un
sous-groupe H de A qui contient , dénissable et de rang de Morley ni.
Démonstration. Voir le théorème 4.1 de [36].

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Références

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