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côté télé

É D U C AT I O N M U S I C A L E
HARMONIQUES
COLLÈGE

Frédéric Chopin (1810-1849)


Claude Debussy, musicien du rêve
(1862-1918)
L’un est né en 1810, l’autre en 1862, Frédéric Chopin et Claude Debussy
ont voué leur vie à la composition pianistique. Ils firent entendre des sons
nouveaux, innovèrent à une époque où la musique était tenue dans un
carcan trop étroit pour eux. Mais place aux écrivains célèbres qui appré-
cièrent ces génies. Marcel Proust écrivit dans Un Amour de Swann :
« […] Les phrases au long col sinueux et démesuré de Chopin, si libres,
si flexibles, si tactiles, qui commencent par chercher et essayer leur place
en dehors et bien loin de la direction de leur départ, bien loin du point où
on avait pu espérer qu’atteindrait leur attouchement, et qui ne se jouent
dans cet écart de fantaisie que pour revenir plus délibérément – d’un
retour prémédité, avec plus de précision, comme un cristal qui réson-
nerait jusqu’à vous faire crier – vous frapper au cœur. » Quant à Colette,
contemporaine de Claude Debussy, elle pressent sa modernité en le
décrivant ainsi : « Debout, il se servait à la fois de sa voix, de ses bras, de
ses pieds, et deux mèches noires de cheveux en spirale dansaient sur
son front. Son rire de faune ne répondait pas à nos rires, mais à une sol-
licitation intérieure, et je gravais en moi l’image du grand maître de la
musique française, en train d’inventer, devant nous, le jazz-band. » Les
deux documentaires de la série Harmoniques nous présentent un portrait
de ces grands musiciens avec de longs passages où les plus grands
interprètes jouent leurs œuvres.

Auteurs et réalisateurs : Marie-Dominique Blanc-Hermeline,


Philippe Orreindy, Philippe Terrail.
Production : Audiovisioconcept, La Cinquième, Mezzo, Ina
Entreprise, RTBF / Durée : 2 x 26 minutes
DISCIPLINES, CLASSES ET PROGRAMMES
Éducation musicale, de la 6e à la 3e.
OBJECTIF DE LA SÉRIE
En une série de deux fois vingt-six minutes, Harmoniques fait le portrait
des dix plus grands compositeurs européens de la musique classique
des XVIIIe (Haendel, Bach), XIXe (Beethoven, Chopin, Wagner, Verdi, Malher)
et XXe siècles (Debussy, Schoenberg). Sont évoqués la personnalité de
l’artiste, son travail ainsi que son époque. Le travail du compositeur est
représenté par de larges extraits d’interprétations et de concerts.
Conclusion sur l’héritage et l’influence.
PRINCIPAUX THÈMES ABORDÉS
• Le contexte historique, musical et littéraire
• La chronologie de la vie du compositeur
• L’originalité des œuvres
• Le caractère et la personnalité, les origines familiales et sociales du
compositeur
• Le style musical
• L’apport musical
LES MOTS-CLÉS ÉVOQUÉS
Mélodie – polonaise – mazurka – tempo-rubato – concerto – mouvement
romantique – Étude – Prélude – harmonie.
Impressionnisme – symphonie – arpège – symbolisme – opéra.

DÉCOUPAGE
HARMONIQUES : FRÉDÉRIC CHOPIN
00 min 39 s : Citation de Chopin sur la chute de Varsovie en
septembre 1831. Sur l’Etude n° 12 dite La Révolutionnaire jouée par
Adam Harasiewicz, la voix off raconte le contexte historique de sa
création par Chopin qui ne reverra plus son pays.
02 min 04 s : Né en 1810 à Zelazowa Wola, Chopin montre des
dispositions pour la musique. L’enfant prodige devient la coqueluche de la
noblesse polonaise. Lors de ses vacances d’été, le folklore paysan de la
région Mazovie inspireront son œuvre (images de danses polonaises). Il
empruntera à ces mélodies le tempo-rubato (temps dérobé) qui marquera
ses compositions.
04 min 55 s : Interview du pianiste Alexis Weissenberg : « Certains
interprètes ont réfléchi sur le rubato comme un retard… Il ne faut jamais
donner cette impression parce que l’œuvre est immédiatement déséquilibrée
rythmiquement…»
05 min 48 s : Subjugué par le grand violoniste Paganini, Chopin est
convaincu qu’il doit se vouer uniquement au piano. Contre la tradition de
l’époque, il ne composera que deux concertos. Sa renommée de
pianiste grandit. Il est attiré par Paris et Vienne.

2 FRÉDÉRIC CHOPIN / CLAUDE DEBUSSY


07 min 52 s : Décembre 1830 : Chopin s’installe à Vienne, capitale de la
musique. Mais ses valses n’y sont pas appréciées. Il part alors à Paris
où il fréquente rapidement la haute société polonaise qui a fui l’oppres-
sion russe. Chopin devient un symbole national.
10 min 18 s : Il rencontre les compositeurs Liszt, Berlioz, le peintre
Delacroix, les écrivains Victor Hugo et Heine.
Il donne peu de concerts. Il a le trac. Mais il gagne sa vie grâce à des
cours de piano qu’il dispense à de riches familles.
12 min 16 s : Interview de Byron Janis. Chopin compose des Études, qui
au-delà de leur vertu pédagogique, deviennent des œuvres où difficultés
techniques et émotions sont liées.
13 min 57 s : À 26 ans, Chopin connaît le succès, néanmoins il est mal-
heureux en amour. Mais en 1838, il commence une liaison passionnelle
avec Aurore Dupin.
15 min 09 s : Chopin contracte, à la fin de l’année 1838, la tuberculose.
Malgré ses souffrances et ses angoisses, il travaille aux Préludes, com-
mande de Pleyel. George Sand et Chopin habitent à Paris chacun dans son
appartement dans la même cour. L’été, dans la propriété de Sand, à
Nohant, Chopin continue de composer sur les nouveaux pianos du
facteur Pleyel.
19 min 11 s : Interview d’Alexis Weissenberg : « Il a complètement
révolutionné la musique harmoniquement… » Après neuf ans de liaison
George Sand rompt en 1847 : « Chopin malade est désespérant dans
l’intimité exclusive. »
21 min 04 s : Révolution de 1848 et abdication de Louis-Philippe. Chopin
embarque pour Londres mais il revient sept mois plus tard. Le 17 octobre
1849, Frédéric Chopin meurt à l’âge de 39 ans. Lors de ses funérailles, sa
célèbre Marche funèbre résonnera dans l’église de La Madeleine.
22 min 00 s : Selon ses vœux, son cœur est emmuré à l’église Sainte-
Croix de Varsovie et il est enterré au Père-Lachaise. Interview d’Arthur
Rubinstein : « J’ai une voix abominable mais, dans mon cœur, je chante
du Chopin divinement… »
23 min 50 s : Deux siècles après sa mort, la musique de Frédéric Chopin
inspire toujours des musiciens de jazz, de rock ou de variétés qui ont
repris ou changé sa musique comme l’auteur-compositeur Serge
Gainsbourg (Prélude n° 4 opus 28 pour sa chanson Jane B.).

HARMONIQUES : CLAUDE DEBUSSY, MUSICIEN DU RÊVE


00 min 32 s : Citation de Debussy : « Non, non ! Plus fluide ! Non ! De
la nuance ! Léger ! Plus flou ! »
01 min 08 s : Rappel des critiques à la première de L’Après-midi d’un
faune : « Debussy est un accident grave, puisqu’il perturbe tout l’équi-
libre musical de son temps. » Debussy bouleverse les règles sympho-
niques et inaugure la musique du xxe siècle.

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02 min 04 s : Les premiers pas de Debussy : il prend des leçons de
piano avec la belle-mère du poète Verlaine, qui fut une élève de Chopin.
Il se passionnera pour la musique du compositeur polonais. Le jeune
Debussy se révolte contre l’enseignement du conservatoire. À sa sortie
il se retrouve lauréat du prix de Rome et séjourne à la villa Médicis. Ses
compositions sont jugées trop « impressionnistes ».
04 min 10 s : Il rentre à Paris et s’installe à Montmartre. Il vit de leçons de
piano. Ses premières œuvres sont surtout inspirées de la poésie de Verlaine.
05 min 37 s : En 1889, il découvre à l’Exposition universelle la musique
extrême-orientale dont il s’inspire pour Pagodes. À 30 ans, il s’attaque au
conformisme de musiciens contemporains comme Camille Saint-Saëns
et César Frank.
07 min 17 s : Debussy s’inspire du poème de L’Après-midi d’un faune
de Mallarmé qu’il a rencontré. Il cherche à créer une musique des sens.
09 min 16 s : Désargenté, il continue pourtant de composer. Il se marie
avec Lily, une jeune modiste. Alors qu’une peinture de Whistler l’ins-
pirerait, la matière musicale devient son thème de travail. Avec Images
pour orchestre, il restitue les sons et les couleurs de l’Espagne à partir
d’une carte postale.
11 min 06 s : Les critiques musicaux continuent de le qualifier d’im-
pressionniste. Debussy s’en défend.
11 min 47 s : Témoignage du pianiste Samson François : « Son génie a
débordé le cadre de l’impressionnisme. » Alors que les impressionnistes
peignent les reflets et la lumière, Debussy préfère les ombres et les rêves.
Et aux impressionnistes, il préfère Turner et les peintres symbolistes.
13 min 20 s : En 1902, Debussy à 40 ans. Avec son opéra Pelléas et
Melisande, il s’oppose aux imitateurs de Wagner. Il allège l’orchestre,
supprime les mélodies et les airs. Malgré le scandale provoqué par
cette innovation, un groupe d’inconditionnels debussystes, dont Marcel
Proust, soutient le musicien.
15 min 51 s : Il rencontre Emma puis naissance de sa fille Chouchou.
16 min 18 s : Composition de La Mer. Citation de Debussy : «La musique
est en retard sur les autres arts. » En 1910, Debussy fait une tournée en
Europe pour diriger ses œuvres. Il est atteint d’un cancer.
18 min 45 s : Il compose Préludes. Puis avec Voiles, il emploie de
nouvelles gammes pour explorer les nuances et aller contre les règles
académiques.
20 min 46 s : Interview de Samson François : « Je ne crois pas qu’on
soit aller aussi loin que lui dans le domaine du rêve. »
23 min 08 s : Malgré son patriotisme, Debussy est choqué par
l’horreur de la guerre. Il s’éteint en 1918.
23 min 40 s : La musique de Debussy a influencé de nombreux
compositeurs de musique de films comme Bernard Hermann et Jerry
Goldsmith.

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ANALYSE DES NOTIONS
HARMONIQUES : FRÉDÉRIC CHOPIN
La virtuosité
Chopin n’écrira ni symphonies, ni opéras, ni cantates. Il se consacrera
complètement au piano. C’est là, le premier trait de son génie : il décide
à 19 ans de se vouer entièrement à cet instrument après avoir été
subjugué par le violoniste Paganini (séquence 05 min 48 s). Au lieu de
consacrer ses années de jeunesse à prouver sa maîtrise de différents
genres musicaux comme n’importe quel musicien prodige, il composera
librement les pièces musicales qui le rendirent célèbre autant dans leur
interprétation que dans leur inspiration et écriture. L’étude, le prélude, le
nocturne, la polonaise ou la mazurka forment donc un univers. Son jeu
coulé, sa virtuosité qui tendait à l’immatériel (voir Debussy) feront partie
de sa création au même titre que les irisations, le chromatisme,
les dissonances, les fluctuations des tonalités. « Je ne fais qu’indiquer, que
suggérer, et je laisse à mes auditeurs le soin de parachever le tableau »,
expliquait-il. Cette invitation à la suggestion comme esthétique mène
en droite ligne à Debussy (séquence 19 min 11 s, interview d’Alexis
Weissenberg).
Les polonaises et les mazurkas
Deux fois plus lente que la mazurka, la polonaise est une danse lors de
laquelle la noblesse évolue en procession devant le prince. Quant à la
mazurka, elle tire ses origines des plaines de Mazovie. À 8 ans, Chopin
composait sa première Polonaise. Il continua au rythme de une par an.
À Paris la Polonaise en ut dièse majeur va être rapidement identifiée au
sentiment national polonais. Mais les deux dernières œuvres que Chopin
a composées sont deux mazurkas (Mazurkas en sol mineur et en fa
mineur). Avec elles, le musicien resta en contact avec son pays. La
mazurka se prête aux métamorphoses malgré ses trois impératifs :
rythmique, mélodique et harmonique. Au travers de cette forme musicale,
le compositeur libère toute son invention. Avec les polonaises et les
mazurkas, Chopin exprime ses liens fraternels aux souffrances et aux
humiliations de la nation polonaise. En effet, la Pologne est sous
domination des tsars de la Russie. Les liens historiques entre la Pologne
et la France qui remontent au règne de Stanislas Leczinsky, beau-père de
Louis XV (1677-1766) favorisent l’immigration polonaise à Paris (séquences
00 min 39 s et 07 min 52 s). Chopin ne fut pas le seul à s’inspirer d’une
musique folklorique pour dire l’oppression de son peuple. Liszt et Dvorak
le firent aussi. Mais surtout ces musiques ont contribué à mettre en
évidence l’étrange paradoxe d’une évolution : elles feront éclater le cadre
de la musique classique et prépareront la révolution debussyste.
Le romantisme
Après la révolution de Juillet, la France est gouvernée par Louis-Philippe
mais un mouvement social et politique se forme pour la restauration de
la République. À Paris, indépendamment de ce mouvement, le romantisme

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littéraire se manifeste avec une intensité exceptionnelle. Chopin arrive à
Paris en 1831. Hernani fut présentée en 1830 et le jeune Victor Hugo se
présente comme le brillant animateur du mouvement romantique (Alfred
de Musset, Théophile Gautier). Heinrich Heine, grand poète romantique
allemand, s’installe en France en 1831. Eugène Delacroix et Théodore
Géricault deviennent les hérauts de la peinture romantique. Seul en
musique, Hector Berlioz tente difficilement de s’imposer avec sa
Symphonie fantastique. Une forte amitié rapproche Lizst à Chopin,
autour desquels gravite un groupe d’avant-garde dont les membres
déjeunent souvent ensemble sur les grands boulevards à Paris (séquence
10 min 18 s). Chopin va privilégier les préludes et les nocturnes parce que
ces formes musicales explorent un langage intime comme la nostalgie,
la douleur, l’amertume, et lui permettent de prendre ainsi part au mou-
vement romantique de son époque. Son éveil à ce mouvement com-
mença par les cours qu’il suivit à l’université de Varsovie. Les cours de
littérature polonaise abordaient la problématique contemporaine du
romantisme en art et en littérature qui faisait alors éclater les canons de
la poésie classique. Ainsi la notion de romantisme comme synonyme
de modernité artistique fut rapidement familière à Chopin. À l’époque, il
avait alors seize ans, le romantisme s’exprimait peu en musique et l’on
ignorait quelles voies il allait emprunter. Mais avec des moyens sonores
et formels nouveaux, ce mouvement va évoquer des états émotionnels
intenses, passant de la tendresse à la joie, de la passion à la douleur,
des sentiments jamais exprimés auparavant.
Le tempo rubato
Le tempo rubato est l’un des mystères de l’œuvre chopinienne. Il s’agit
de la liberté de mouvement accordée à l’exécutant dans certains pas-
sages pour en souligner l’expression. Liszt a essayé de l’expliquer par une
équivalence visuelle : « Supposez un arbre que le vent fait ployer. Entre
ses feuilles passent les rayons du soleil et la lumière tremblotante qui en
résulte, c’est le rubato. » Le rubato existait traditionnellement dans la
musique folklorique slave qui pouvait aller de l’alanguissement exagéré
à un mouvement d’ondulation du phrasé. Il est donc une mesure souple
pour donner une certaine expression à la ligne mélodique (séquence
04 min 55 s, interview d’Alexis Weissenberg). N’appartenant qu’à Chopin,
cette sensibilité du toucher lui faisait dire à ses élèves ou exécutants de
ces pièces : « Ce n’est pas ainsi que je jouerais, mais ce que vous faites
est peut-être mieux. » L’essentiel pour lui était que ses disciples l’inter-
prètent avec « toute leur âme ».

HARMONIQUES : CLAUDE DEBUSSY, MUSICIEN DU RÊVE


Un musicien qui part à la découverte de nouveaux sons
La vie musicale de Debussy a d’abord été orientée vers une autre carrière
de pianiste. Jusqu’à ses quinze ans, ses parents ont rêvé de faire de lui
un virtuose, malgré la révélation tardive de ses dons comparée à celle de
la plupart des enfants prodiges. Il eut d’abord comme formation les
cours de Mme Mauté de Fleurville, ancienne élève de Chopin, le

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Conservatoire, puis la villa Médicis à Rome (séquence 02 min 04 s). Bach,
Couperin, Rameau ou encore Moussorgski sont ses références. Il va cher-
cher à écrire une musique simple, débarrassée de ses contraintes, proche
de la poésie. Il aimera Verlaine et fréquentera Pierre Louÿs et Stéphane
Mallarmé. Dès ses débuts de compositeur, Debussy veut libérer la mélo-
die et rendre les rythmes moins rigides. Pour cela, il renonce aux formes
fixes et cherche une harmonie sans les contraintes dues à des survi-
vances qui sont selon lui sclérosantes. Son travail sur la tonalité et le
rythme lui font alterner dans ses compositions des blocs sonores péremp-
toires avec des sonorités sensibles. Debussy recherche une musique
évanescente pour laisser la place au rêve, aux sens, et à l’imaginaire
(séquences 07 min 17 s et 18 min 45 s).
Quelle est l’esthétique de Claude Debussy ?
On a souvent qualifié sa musique d’impressionniste (séquence 11 min 06 s).
À l’époque cette critique était négative puisqu’elle signifiait que ses créa-
tions n’avaient pas de forme. Pourtant d’autres critiques, cette fois plus
bienveillants, s’accorderont à dire que certaines compositions comme
Images ont une parenté avec les toiles de Sisley, de Seurat ou encore
de Claude Monet. Mais il faut rappeler que la dernière exposition impres-
sionniste eut lieu en 1886, Debussy a donc commencé à créer quand ce
courant appartenait en quelque sorte déjà au passé… Lui-même a récusé
l’épithète, la musique n’étant pas « destinée à une reproduction plus ou
moins exacte de la nature mais aux concordances mystérieuses entre
la nature et l’imagination ». En fait, Debussy refusa les étiquettes. Il s’est
reconnu dans toutes sortes de courants artistiques : le naturalisme, l’im-
pressionnisme, le préraphaélisme, le divisionnisme, le symbolisme, le
fauvisme, l’expressionnisme. À part le cubisme dont il a vu sans enthou-
siasme la naissance, il a puisé un peu dans tous ces courants, il en a
subi parfois profondément l’influence comme le symbolisme mais il n’a
soumis à aucun sa personnalité artistique.
L’influence de son œuvre pour piano
Chez Debussy, l’harmonie n’est qu’un des éléments mis au service de
l’expression musicale, ce sont la mélodie et le rythme qui l’emportent. Le
rythme, c’est l’accentuation, l’intensité, le timbre, la distribution des
durées longues et brèves. Il voulait que la musique eût l’air de sortir de
l’ombre. Le son devait être autant de touches de couleurs pour entrete-
nir un monde d’équivalences, de sensations comme l’inspirera la poésie
de Verlaine. Il cherche à évoquer, à suggérer plutôt que de décrire. Toute
sa musique est une nouvelle analyse des sonorités du piano. Il est l’in-
venteur d’un nouvel art, d’une manière de jouer, d’appréhender le clavier
autrement. On disait de lui qu’il jouait comme Chopin. Son toucher était
doux et enveloppé, il en sortait des nuances fines sans heurts ni cas-
sures. Il se servait de la pédale et principalement de leur mélange qu’il
soumit à un contrôle rigoureux.
Prélude à l’après-midi d’un faune, la Mer: des œuvres symphoniques
Il fallait quitter l’épopée wagnérienne et la prédominance de construction
beethovienne qui ont marqué tout le XIXe siècle (séquence 13 min 20 s).

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Avec la création sonore de L’Après-midi d’un faune, on rentre dans le
xxe siècle (séquence 1 min 08 et 16 min 18 s). La fluidité, la subtilité de
son orchestration brouille les repères académiques pour échapper au
modèle compliqué de la sonate, forme ternaire, composée d’une thèse et
d’une antithèse, d’un développement et d’une réexposition construite avec
beaucoup d’éléments harmoniques. Or Debussy dans ses développements
symphoniques cherche l’illusion de la spontanéité, de l’improvisation. Son
apport particulier est d’avoir reconnu que l’on ne pouvait conserver les
anciennes formes musicales pour faire évoluer l’harmonie.

DOCUMENTATION
À lire
– MACASSAR Gilles, MÉRIGAUD Bernard, Claude Debussy, le plaisir et la pas-
sion, coll. « Découvertes-Gallimard », 1992.
– BOURNIQUEL Camille, Chopin, Le Seuil, 1994.

À voir
– Portraits de groupe, émission Galilée, série « Univers musicaux n° 4 »,
réf. 002 K1059, 120 F. Notamment la partie sur le chef d’orchestre.

À consulter
– Le site de la Cité de la musique : http : //www.cite-musique.fr :
– Trois cédéroms de découverte de la musique :
– Musique !, Gallimard Jeunesse, cédérom 1997. Pour découvrir les
instruments.
– Promenade en musique, Syrinx, cédérom 1996. Une présentation de la
musique depuis la Renaissance, les instruments et les formations.
– Essentiel de la musique: du Baroque au Romantisme, Infogrames/Mont-
parnasse Multimedia, cédérom 1997. Pour découvrir les trois derniers
siècles de la musique.

Livret rédigé par Marie Zélig © CNDP, 2000

Programmes audiovisuels libérés de droits pour une utilisation en classe


Depuis janvier 1995, la politique de soutien du ministère de l’Éducation nationale en matière
d’achat de droits a permis d’acquérir près de 400 heures de programmes. Cette action s’ins-
crit dans le cadre de la politique ministérielle qui favorise l’utilisation, dans les écoles et les
établissements scolaires, par les enseignants, de programmes audiovisuels en conformité
avec le code de la propriété littéraire et artistique. Elle en permet l’usage licite (droit d’en-
registrement au moment de la télédiffusion, droit d’utilisation de vidéocassettes dans les
établissements d’enseignement en France et à l’étranger dépendant du ministère).
Cette sélection marque l’intérêt du ministère pour des œuvres qui, de par leur thème et leur qualité,
sont susceptibles d’être exploitées en classe. C’est l’outil télévisuel en tant que tel, pouvant être uti-
lisé comme support de cours ou comme objet d’une étude critique, qui est mis à votre disposition.
Pour une information plus complète sur les actions du ministère en matière d’audiovisuel,
un forum et une rubrique « Les ressources audiovisuelles » sont ouverts sur le serveur Internet
du ministère : éducnet. éducation. fr (rubrique « Ressources multimédias »).
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