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Le temps n’est pas encore venu pour nous de débattre du choix des
leaders, d’un programme, ni même des alliances.
Le temps par contre est « plus que venu » de mettre en perspective les
politiques que nous menons dans nos villes, nos départements et nos
régions, sur tous nos territoires avec les analyses des bouleversements du
travail, des exclusions, de l’économie, des migrations, de la
mondialisation…
Car la gauche du XXIe siècle doit être aussi novatrice pour son époque
que le furent les valeurs des Lumières au XVIIIe ou les fondateurs du
socialisme au XIXe.
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Congrès de Reims du Parti Socialiste / 14-15-16 novembre 2008 / Collomb Feltesse Guérini
Depuis l’effondrement de nos certitudes que nous avons subi. Déjà, après
1983, année du « tournant de la rigueur ». Plus encore, après 1989,
année de la chute du mur de Berlin.
Bâtissons avec la force des idées neuves plutôt que sur le sable du
recyclage tactique de mots anciens.
Plus grave même, nous sentons le recul constant des valeurs de solidarité,
de respect, de service (notamment public), de création…dans notre propre
société.
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Congrès de Reims du Parti Socialiste / 14-15-16 novembre 2008 / Collomb Feltesse Guérini
Nous avons besoin d’une ligne claire, ouverte, compréhensible. Une ligne
nourrie d’humanisme, de droit et de devoir qui nous engage une fois la
victoire venue. Une ligne adaptée au Monde d’aujourd’hui pour mieux le
faire bouger.
La fierté réformiste
Nous ne rêvons pas de grands soirs. Nous connaissons trop leur cortège
de désillusions et d’échecs. Nous avons à inventer la gauche de l’après -
chute du mur de Berlin. Nous avons à refonder la gauche des
expérimentations multiples, sans cesse renouvelées, la gauche du
partage, du savoir et de l’éducation. Une gauche qui réécrive un récit du
monde, un horizon qui ne se résume pas à des lois cadres.
Mais nous refusons l’idée que le monde serait celui qui nous est prédit.
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Congrès de Reims du Parti Socialiste / 14-15-16 novembre 2008 / Collomb Feltesse Guérini
Nous pensons que nous avons appris beaucoup dans nos territoires sur
l’art de lier des différences, de travailler avec les entrepreneurs et les
chercheurs, les syndicalistes et les associations, le local et les réseaux;
nous avons appris beaucoup aussi sur les rôles intrinsèquement
« subversifs » de l’éducation, la culture, la sécurité, la santé, la solidarité.
Mais les chercheurs, les penseurs, les intellectuels nous disent que nous
vivons la fin d’un monde.
Ils nous disent que la fin du monde d’hier a commencé : un monde où les
pays occidentaux ont façonné et dominé la planète, un monde où l’homme
a voulu vivre en maître et possesseur de la nature, un monde où le
partage homme/femme était inégalitaire, un monde où vivre « une vie
complète » était une exception.
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Congrès de Reims du Parti Socialiste / 14-15-16 novembre 2008 / Collomb Feltesse Guérini
Héritière des luttes pour la solidarité avec les plus faibles, et la protection
des droits de chacun à développer une vie libre et intéressante, la gauche
s’est battue pour l’éducation pour tous, la santé, la paix, la retraite, la
sécurité, l’indépendance nationale, la solidarité internationale. Elle a peu à
peu, parfois difficilement, fait siennes les luttes des femmes pour l’égalité,
puis des immigrés pour leurs droits au respect et à la protection.
Mais pour autant, l’axe de tension capital/travail n’a pas cessé d’être son
principal vecteur d’analyse et de lutte.
Mais la situation nouvelle dans laquelle nous vivons n’est pas seulement
un élargissement des tensions capital/travail aux tensions
hommes/nature.
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Congrès de Reims du Parti Socialiste / 14-15-16 novembre 2008 / Collomb Feltesse Guérini
Nous devons donc repenser notre culture des droits des nations face à ce
nouvel acteur international qu’est l’humanité réunifiée par le marché. Y
compris pour défendre le droit des identités nationales à protéger leurs
devenirs tout en nous coulant dans cette humanité réunifiée et mobile.
Sur chaque sujet, ces trois dimensions sont inséparables sans que l’on
puisse définir de priorité dans l’urgence.
Aujourd’hui, plus que jamais, il faut que cette créativité soit libérée. Les
entreprises qui survivent dans notre économie mondialisée et financiarisée
sont celles de l’innovation permanente. Il faut que les territoires puissent
démultiplier cette créativité, inventer les nouveaux modèles de solidarité,
permettre le retour de l’ascension sociale.
Cela passe par une simplification, une confiance, bref un vrai et vaste
mouvement de décentralisation. Car aujourd’hui le rôle des collectivités
locales ne se limite plus à celui de simples gestionnaires. Elles élaborent
et mettent en œuvre des politiques concrètes et « offensives » de
développement de leur territoire. Mais pour accroitre l'efficacité de leur
action, il est nécessaire de démêler ce « mille feuilles » de compétences
entre les Régions, Conseils Généraux, Communes et intercommunalités.
Cette superposition est préjudiciable pour tous et illustre une tendance à
la dépolitisation et à la déresponsabilisation de l'Etat dans ce domaine.
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Congrès de Reims du Parti Socialiste / 14-15-16 novembre 2008 / Collomb Feltesse Guérini
Aux citoyens, aux associations, aux syndicats les forges pour se constituer
des contre pouvoirs dans ce monde à la fois unifié et parcellisé.
L’enjeu du congrès
C’est aussi dans cette réflexion que doivent se forger les bases des
nouvelles alliances, nécessaires pour affronter ce monde en mutation, des
alliances dynamiques et novatrices, à l’image des évolutions de notre
société.