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RÉSUMÉ. La Méthode des Efforts Généralisés Certains ou MEGC, déjà présentée dans
d’autres articles, permet de prendre en compte les incertitudes dans les analyses par
éléments finis. Elle s’appuie sur l’hypothèse d’indépendance des efforts généralisés vis-à-vis
des variables incertaines. C’est une méthode économique puisqu’elle nécessite seulement
deux analyses éléments finis, associées à des développements analytiques. Les résultats déjà
publiés concernaient des problèmes isostatiques, pour lesquels la méthode MEGC fournit des
résultats statistiques exacts. Sont publiés ici les résultats obtenus pour trois problèmes de
treillis de barres hyperstatiques. La quantité incertaine est le module d’Young et on étudie la
variabilité des déplacements. Des résultats très précis sont obtenus pour la moyenne, l’écart-
type et la densité de probabilité des déplacements. La méthode MEGC s’avère très
performante pour ces problèmes.
ABSTRACT. The Certain Generalized Stresses Method or CGSM, already published in previous
papers, takes into account the uncertainties in the finite element analyses. The method
assumes that the generalized stresses do not depend on the uncertain variables. This method
is economical because it only needs two finite element analyses and analytical developments.
It was first applied to isostatic problems and leads to exact statistical results for this class of
problems. Here are presented the results obtained for three hyperstatic bar trusses problems.
The Young modulus is considered as uncertain and the variablity of the displacements is
studied. Very precise results are obtained for the mean value, the standard deviation and the
displacements probability density function. The CGSM method is very efficient for these
problems.
MOTS-CLÉS : éléments finis, incertitudes, treillis de barres, probabiliste, possibiliste.
KEYWORDS: finite elements, uncertainties, bar trusses, probabilistic, possibilistic.
1. Introduction
La prise en compte des incertitudes dans les modèles éléments finis consiste à
considérer que des variables d’entrée (loi de comportement, géométrie, chargement,
conditions aux limites…) sont incertaines. Les quantités mécaniques ou variables de
sortie, qui caractérisent le comportement de la structure (déplacements, contraintes,
fréquences propres, fonctions de réponse en fréquence…), présentent alors une
variabilité. Cet axe de recherche, actuellement en plein développement, constitue
une des voies permettant l’amélioration de la qualité et de la prédictivité des
modèles numériques.
Les méthodes existantes sont généralement coûteuses en temps de calcul.
Certaines nécessitent des développements internes au logiciel éléments finis et sont
incompatibles avec l’utilisation de logiciels standards (ex : MSC/Nastran,
Abaqus…). Certaines sont limitées à un petit nombre de variables aléatoires ou ne
sont valides que quand les niveaux d’incertitude sont faibles. Ces limitations font
que pour l’instant, peu d’exemples industriels sont traités.
La méthode MEGC (Lardeur et al., 2003a ; Lardeur et al., 2003b) a été proposée
pour tenter de résoudre ces problèmes. Cependant, dans ces références, la méthode
n’a été appliquée qu’à des problèmes isostatiques de barres 1D et de treillis de
barres 2D. Dans le présent article, des résultats sont donnés pour des problèmes
hyperstatiques de treillis de barres 2D.
Les méthodes développées initialement (ex : Monte Carlo) étant très coûteuses,
de nombreux travaux ont pour objectif de réduire le nombre d’analyses ou le temps
de calcul associé à une analyse. Les choix et hypothèses sont généralement de
nature statistique, mathématique ou numérique. En revanche, la méthode MEGC
utilise une hypothèse mécanique. On exploite l’hypothèse d’indépendance des
efforts généralisés vis-à-vis des variables incertaines. Cette hypothèse est vérifiée
exactement pour les structures isostatiques et mène donc dans ce cas à une méthode
exacte.
1 n Ni 2li
πint =
2 ∑ Ei Ai
i =1
[1]
On considère ici que seul le module d’Young E est incertain. Après application
du théorème de Castigliano, on montre que le déplacement en un point P et dans une
direction donnée, s’écrit :
n
Ni''li(Ni' + FNi'') n a i
U= ∑
i =1
Ei Ai
=∑i =1
Ei
[2]
n
- variance du déplacement : σ U 2 = σ 1 2 ∑
E i =1
ai2 [4]
3. Exemples
E1 E2
F U
70
MEGC
60
Erreur sur mU (%)
F F U
1200
Monte Carlo (10000 tirages)
Densité de probabilité
1000
MEGC+Monte Carlo (1000000 tirages)
800
600
400
200
0
40 50 60 70 80 90
Déplacement U (x10-4m)
c.o.v.(E) 5% 10 % 15 %
Erreur sur mU 0% 0.2 % 0.5 %
Erreur sur σU 0.2 % 0.8 % 2.1 %
Les caractéristiques de cet exemple, décrit sur la figure 5, sont analogues à celles
de l’exemple précédent. L’intérêt est ici le grand nombre de variables aléatoires :
126. On s’intéresse à la variabilité du déplacement vertical sous une charge
concentrée. La méthode MEGC fournit à nouveau de très bons résultats. Pour
c.o.v.(E) = 10 %, on obtient 0.2 % et 0.8 % d’erreur sur la moyenne et l’écart-type
du déplacement respectivement.
4. Conclusion
La méthode MEGC, exacte pour les structures isostatiques, a été appliquée ici à
des problèmes de treillis 2D hyperstatiques. Pour le treillis à 2 barres, des résultats
exacts ont été obtenus pour la moyenne et l’écart-type du déplacement. Pour les
treillis à 10 et 126 barres, la méthode MEGC a fourni des résultats très précis.
5. Bibliographie
Lardeur P., Oudjene M., Arnoult E., « Une méthode rapide pour la prise en compte des
incertitudes dans les structures minces : application aux treillis », Actes du 6e colloque
national en calcul des structures, Giens, mai 2003, p. 431-438.
Lardeur P., Oudjene M., Arnoult E., « La méthode MEGC pour le calcul de dispersion du
comportement statique des treillis », Actes du 16ème congrès français de mécanique, Nice,
septembre 2003, 6 pages.
Elishakoff I., Ren Y., Finite element methods for structures with large stochastic variations,
Oxford university press, 2003.