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1 Conformément aux dispositions des articles 43 et 44 de la Convention, les arrêts de chambre ne sont pas définitifs. Dans un délai de trois
mois à compter de la date du prononcé de l’arrêt, toute partie peut demander le renvoi de l’affaire devant la Grande Chambre de la Cour.
En pareil cas, un collège de cinq juges détermine si l’affaire mérite plus ample examen. Si tel est le cas, la Grande Chambre se saisira de
l’affaire et rendra un arrêt définitif. Si la demande de renvoi est rejetée, l’arrêt de chambre deviendra définitif à la date de ce rejet.
Conformément aux dispositions de l'article 28 de la Convention, les arrêts rendus par un comité sont définitifs.
Dès qu’un arrêt devient définitif, il est transmis au Comité des Ministres du Conseil de l’Europe qui en surveille l’exécution. Des
renseignements supplémentaires sur le processus d’exécution sont consultables à l’adresse suivante :
www.coe.int/t/dghl/monitoring/execution
Le Gouvernement contestait que M. Peňaranda Soto ait été mis à l’isolement et soutenait qu’il avait
été placé dans une cellule proche du poste de surveillance pour sa propre sécurité, avant d’être
transféré dans une autre cellule quelques semaines plus tard. Il déclarait par ailleurs que divers
examens avaient été effectués et que des soins avaient été prodigués juste après l’agression, et
qu’un certain nombre de consultations de suivi à l’hôpital avaient été consignées. Le Gouvernement
ajoutait qu’après sa demande de soutien psychologique formée en 2014, M. Peňaranda Soto avait
vu un psychologue régulièrement, et ce jusqu’à sa remise en liberté.
Les requérants dans la seconde affaire formulaient eux aussi des griefs supplémentaires au sujet des
conditions régnant dans l’établissement, indiquant notamment qu’il était infesté de rats et de
cafards, ne fournissait ni nourriture ni vêtements adéquats, avait un problème d’amiante et tolérait
le tabagisme passif. Les trois requérants se plaignaient également de l’absence de soins médicaux
adéquats pour diverses affections : M. Yanez Pinon se plaignait de ne pas avoir vu de psychiatre
malgré ses demandes ; M. Owusu indiquait que malgré ses maux de tête on avait tardé à le faire
examiner par un ophtalmologiste ; M. Del Rosario se plaignait de n’avoir pas reçu de traitement pour
son arthrite ou de cachets pour sa migraine.
M. Owusu (requérant dans la seconde affaire), qui avait engagé une procédure interne pour se
plaindre de ces conditions de détention, a été débouté en juin 2016 pour défaut de preuves à l’appui
de sa thèse.
Le Gouvernement soutenait que l’établissement procédait à des désinfections régulières et que la
nourriture y était convenable. Il avait fourni des photographies de différents plats servis à la prison
et il déclarait que la présence de poussière n’était pas due à de l’amiante mais provenait du calcaire
maltais utilisé pour ériger les murs de la prison. Il indiquait que, de façon régulière, les requérants
avaient été examinés par des médecins et s’étaient vu prescrire les médicaments nécessaires.
En général, le Gouvernement soutenait que les quatre requérants étaient ou avaient été détenus
dans des cellules individuelles, déverrouillées jusqu’à dix heures par jour (même le quartier de très
haute sécurité, où le premier requérant avait été détenu, aurait été déverrouillé pendant quelques
heures chaque jour), et donc pouvaient ou avaient pu circuler librement dans les parties communes
et accéder aux cours de promenade.
Enfin, M. Peňaranda Soto alléguait sous l’angle de l’article 34 (droit de recours individuel) que les
autorités pénitentiaires n’avaient pas fait suivre ses lettres à la Cour européenne des droits de
l’homme et qu’elles avaient ainsi voulu le dissuader de maintenir sa requête.
- affaire Peňaranda Soto :
Non-violation de l’article 3 – danes les deux affaires
Violation de l’article 34 – dans le chef de M. Peňaranda Soto
Satisfaction équitable : 3 000 euros (EUR) à M. Peňaranda Soto pour préjudice moral.
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lui indiqua semble-t-il qu’il pouvait partir mais devait revenir le lendemain pour un nouvel
interrogatoire.
Il fut cependant découvert inconscient, le même soir, au poste de police. Il fut emmené à l’hôpital,
où il décéda trois mois plus tard sans avoir jamais repris connaissance. Selon le rapport d’autopsie, il
avait succombé à une asphyxie à la suite d’une strangulation.
Par la suite, les autorités conclurent que M. Kharyrullin avait fait une tentative de suicide ayant
abouti à son décès. Au début de l’enquête interne ainsi que tout au long de l’enquête pénale qui
s’ensuivit, les autorités d’enquête s’appuyèrent essentiellement sur les témoignages de
professionnels de la santé, notamment des auxiliaires médicaux, qui avaient été appelés au poste de
police pour les soins d’urgence et qui déclarèrent que le corps de M. Kharyrullin n’avait pas présenté
de blessures visibles. L’enquête, qui est toujours en cours, a été interrompue plusieurs fois depuis
2003 mais a été rouverte, les autorités de poursuite ayant donné des instructions en vue de la
résolution de certaines contradictions, notamment quant au lieu où M. Kharyrullin avait été retrouvé
– dans une cellule, dans une salle d’interrogatoire ou sur un balcon du cinquième étage. L’épisode le
plus récent, en novembre 2010, est la décision de clore l’enquête en raison de l’absence de preuves
indiquant qu’un policier aurait poussé M. Kharyrullin au suicide.
Dans une procédure civile qu’elle avait engagée en parallèle pour obtenir réparation,
Mme Kharyrullina se vit allouer 250 000 roubles russes (environ 7 066 euros) pour la souffrance
psychologique causée par le décès de son mari. Les tribunaux – en dernier lieu la Cour suprême en
2009 – refusèrent toutefois de lui accorder une réparation sur la base de son grief selon lequel la
détention de son mari avait été illégale et l’enquête ineffective.
Invoquant pour l’essentiel l’article 2 (droit à la vie), Mme Khayrullina alléguait que son mari avait été
torturé en garde à vue, notamment asphyxié avec un masque à gaz. Elle déclarait que cela avait été
confirmé par le suspect dans l’enquête pour meurtre, qui aurait été détenu au poste de police en
même temps que son mari et aurait affirmé avoir subi les mêmes sévices, et même confirmé au
début qu’il avait entendu l’époux de Mme Khayrullina crier dans la salle d’interrogatoire voisine. Elle
alléguait donc que la police soit était directement responsable de la mort de son mari, soit l’avait
poussé à faire une tentative de suicide, et que l’enquête consécutive avait été ineffective.
Sous l’angle de l’article 5 § 1 (droit à la liberté et à la sûreté) et de l’article 5 § 5 (droit à réparation),
elle se plaignait également que son mari ait été emmené illégalement au poste de police et détenu,
et que sa demande de réparation à ce sujet ait été rejetée.
Violation de l’article 2 (droit à la vie)
Violation de l’article 2 (enquête)
Violation de l’article 5 § 1
Violation de l’article 5 § 5
Satisfaction équitable : 3 000 EUR pour préjudice matériel, 43 000 EUR pour préjudice moral, ainsi
que 2 000 EUR pour frais et dépens.
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nom de « opération Sabre » (Sablja), tous les membres du clan de Zemun et des groupes liés à
celui-ci furent arrêtés, notamment M. Krsmanović.
M. Krsmanović alléguait avoir subi des sévices et des injures, tant lors de son arrestation le 1er avril
2003 que pendant les 11 jours suivants, lorsqu’il fut mis à l’isolement au poste de police. Pendant
cette période, il affirmait qu’on l’avait régulièrement fait sortir de sa cellule pour l’interroger et qu’à
plusieurs reprises les policiers l’avaient frappé, lui avaient donné des coups de pied et avaient
introduit une matraque dans son anus. Après son transfert dans une prison de Belgrade, il fut
examiné par un médecin de la prison, qui releva la présence d’ecchymoses sur les plantes de ses
pieds, les paumes de ses mains ainsi que sur son visage, ses épaules et ses fesses. En fin de compte,
il fut inculpé notamment d’infractions à la législation sur les stupéfiants et condamné à une peine de
quatre ans et dix mois d’emprisonnement. Il fut remis en liberté en juin 2004, en attendant l’issue
d’une procédure d’appel.
Les allégations de mauvais traitements formulées par M. Krsmanović donnèrent lieu à des enquêtes
de trois autorités distinctes : l’inspection générale, à la suite d’une plainte déposée par la mère du
requérant en 2004 ; le parquet, après une plainte déposée par M. Krsmanović lui-même en 2007 ;
enfin, un juge d’instruction, lorsqu’en 2008 M. Krsmanović reprit la conduite de la procédure pénale
en qualité de « procureur subsidiaire ». Ces trois enquêtes firent l’objet de décisions de classement
sans suite au motif qu’il n’y avait pas de preuves quant aux mauvais traitements ou à la culpabilité
de quiconque. Plusieurs policiers furent interrogés dans le cadre de ces enquêtes, mais aucun des
policiers visés par les allégations de sévices ni aucun témoin oculaire ne furent jamais identifiés.
M. Krsmanović forma un pourvoi en cassation auprès du parquet ainsi qu’un recours
constitutionnel ; il fut débouté dans les deux cas, en 2010 et en 2013 respectivement.
Invoquant principalement l’article 3 (interdiction des traitements inhumains ou dégradants),
M. Krsmanović se plaignait que ses allégations de mauvais traitements n’aient pas donné lieu à une
enquête effective des autorités.
Violation de l’article 3 (enquête)
Satisfaction équitable : 4 000 EUR pour préjudice moral, ainsi que 4 200 EUR pour frais et dépens.
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que s’ils étaient particulièrement en vue sur la scène publique en raison de leur foi chrétienne et si
de ce fait les autorités iraniennes étaient susceptibles de les percevoir comme une menace. Les
autorités suisses ajoutèrent que tel n’était pas le cas de M. A., qui pour elles était un membre
ordinaire d’un groupe chrétien, et que les autorités iraniennes n’étaient très probablement même
pas au courant de sa conversion.
En 2016, à l’issue d’une troisième procédure, la demande d’asile fut à nouveau rejetée,
essentiellement pour les mêmes motifs.
Le secrétariat d’État aux Migrations fixa donc à octobre 2016 le délai pour le départ volontaire de
M. A. Entretemps, il avait toutefois été sursis à l’expulsion de l’intéressé en vertu d’une mesure
provisoire adoptée par la Cour européenne des droits de l’homme sur le fondement de l’article 39
du règlement, la Cour ayant indiqué au gouvernement suisse qu’il ne devait pas expulser l’intéressé
en Iran avant l’issue de la procédure devant elle.
Invoquant l’article 2 (droit à la vie) et l’article 3 (interdiction de la torture et des traitements
inhumains ou dégradants), M. A. alléguait que sa conversion au christianisme l’exposait à un risque
réel d’être tué ou de subir des mauvais traitements s’il était expulsé vers l’Iran.
Non-violation de l’article 2 ou 3 – dans l’éventualité du renvoi de M. A vers l’Iran
Mesure provisoire (article 39 du règlement de la Cour) – ne pas expulser A– en vigueur jusqu'à ce
que l’arrêt devienne définitif ou qu’une nouvelle décision soit rendue.
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Violation de l’article 6 §§ 1 et 3 d)
Satisfaction équitable : 1 500 EUR pour préjudice moral.
Rédigé par le greffe, le présent communiqué ne lie pas la Cour. Les décisions et arrêts rendus par la
Cour, ainsi que des informations complémentaires au sujet de celle-ci, peuvent être obtenus sur
www.echr.coe.int. Pour s’abonner aux communiqués de presse de la Cour, merci de s’inscrire ici :
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La Cour européenne des droits de l’homme a été créée à Strasbourg par les États membres du
Conseil de l’Europe en 1959 pour connaître des allégations de violation de la Convention
européenne des droits de l’homme de 1950.