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START-UP : LE GRAND DÉFI DU

FINANCEMENT…
Le PLF 2018 offre des avantages fiscaux pour les prises de participation dans les start-up.
Le fonds MNF investit généralement entre 1 et 5 MDH par société. Grâce au fonds Innov
Invest, 700 millions de DH seront investis dans des start-up.
Un startupper a plus ou moins envie de changer le monde, du moins bouleverser les règles d’un
marché, misant sur le caractère disruptif et révolutionnaire de son projet. Au Maroc, ils sont des
milliers de porteurs de projets innovants qui aspirent à créer leurs start-up, mais ils sont surtout
nombreux à voir leurs idées mourir dans l’œuf. Et pour cause, leur difficulté à trouver les fonds
et/ou l’accompagnement nécessaires pour mener à bien leurs projets. Selon Adnane Addioui,
directeur d’Enactus Morocco et président du Centre marocain pour l’innovation et l’entreprenariat
social (CISE), «le développement de l’innovation, notamment lors des premiers stades de vie des
start-up, se heurte à des difficultés d’accès aux sources de financement adaptées». En effet, ces
phases les plus sensibles de la vie d’une start-up innovante, qui sont caractérisées par un niveau
élevé de risque et nécessitant une mobilisation significative de ressources financières, sont les
moins servies par l’offre actuelle, en dettes ou en capital, proposée par les acteurs de
financement .
«Jusqu’à aujourd’hui, l’offre de financement publique pour les start-up était limitée. Le système
bancaire n’étant pas, de son côté, adéquat à ce type d’investissements. Devant la rareté des
ressources, certaines start-up ont même opté pour un financement étranger», martèle M.
Addioui. En effet, le financement bancaire n’est pas adapté à une structure telle que la start-up.
Les banques financent les entreprises si elles arrivent à quantifier et maîtriser le risque, ce qui
n’est pas le cas de la start-up qui tout au long de son évolution fait face à divers risques.
Mais «les pouvoirs publics sont devenus conscients du potentiel des start-up marocaines et de
l’écosystème d’innovation dans la création de valeur ajoutée et d’emplois pour l’économie
marocaine», explique Dounia Boumehdi, directrice générale de MITC capital, société de gestion
de Maroc Numeric Fund. Pour preuve, le projet de Loi de finances 2018 offre dorénavant des
avantages fiscaux pour les prises de participation dans cette catégorie d’entreprises. En effet, la
mesure proposée qui faisait état d’un crédit d’impôts pour toute participation dans le capital d’une
start-up, dans la limite de 100000 DH a été relevée à 200 000 DH pour attirer plus de business
angels.
MNF a accompagné 17 start-up depuis sa création
Quoi qu’il en soit, parmi les rares moyens de financement disponibles jusqu’ici figure Maroc
Numeric Fund, un fonds de capital risque/amorçage opérationnel sur le marché sur les quatre
dernières années, ou les prêts d’honneur octroyés par certains acteurs de l’écosystème. A noter
que deux autres fonds, Intilak et Tatwir gérés par le Centre marocain de l’innovation (CMI) ont été
suspendus il y a quelque temps déjà.
Issu d’un partenariat public privé, Maroc Numeric Fund est un fonds d’investissement lancé en
2010, destiné à financer des start-up opérant dans les technologies de l’information et de la
communication. 17 start-up ont été financées jusqu’ici, dont certaines sont devenues leaders
dans leur secteur d’activité au Maroc, avec des projets d’expansion intéressants pour certaines à
l’international. Pour soumettre son projet auprès de MNF, le postulant doit remplir un formulaire
téléchargeable sur le site du fonds. Entre autres, il lui est demandé de renseigner l’état
d’avancement de son projet, la taille de son marché, le modèle économique de son entreprise,
etc. Ces informations sont par la suite examinées par le comité de gestion du fonds qui doit
trancher sur l’éligibilité du projet conformément à la stratégie d’investissement du fonds. Si le
projet est retenu, un accord de confidentialité est envoyé à l’entreprise candidate. Une fois ce
dernier signé par les deux parties, le porteur du projet envoie son business plan avec les
prévisions financières détaillées. A préciser que le porteur du projet doit obligatoirement se baser
sur le modèle de business plan fourni par MNF (téléchargeable à partir du site également). La
sélection des projets est basée sur des critères de divers ordres mais les critères les plus
déterminants sont la qualité et l’engagement de l’équipe fondatrice, la taille et le potentiel du
marché visé, les possibilités de sorties pour le fonds, la crédibilité du business plan. Au plus tard
15 jours après l’envoi des documents, l’équipe du fonds reçoit les porteurs du projet.
En termes de levées, le fonds investit généralement entre 1 à 5 MDH par société. Mais quel que
soit le montant consenti, et à l’instar de tout fonds de capital-risque, la participation du fonds
demeure minoritaire, allant de 10 à 40% maximum. Par ailleurs, si le projet est vraiment
accrocheur, l’entrepreneur peut drainer davantage d’investissements grâce au MNF club. Un club
de business angel mis en place spécialement pour investir aux côtés du fonds. Comme pour le
MNF, ces business angels investissent moyennant une prise de participation dans le capital de la
société financée. C’est le cas, par exemple, du portail Majalatouki.com qui a réussi à lever auprès
de Maroc Numeric Fund 2,6 MDH et 1,3 MDH auprès des clubs de business angel.
Le fonds Innov Invest, tout un écosystème
Dans une logique de continuité du renforcement de l’offre de financement pour les start-up, un
nouveau fonds vient de voir le jour au plus grand bonheur de la sphère des startupper. Il s’agit du
fonds Innov Invest, un dispositif de financement de l’amorçage et de l’innovation, mis en place
par la Caisse Centrale de Garantie (CCG), ciblant les start-up et entreprises innovantes. Grâce à
ce fonds, 4 nouveaux fonds de capital-risque seront dorénavant actifs dans le secteur du capital
amorçage-risque avec une enveloppe de plus de 700 millions de DH prêts à être investis dans
des start-up innovantes, dont 2 fonds initiés dans le cadre de l’appel à manifestation d’intérêts
lancé par la CCG; à savoir Azur Innovation et Seaf Morocco Growth Fund, ainsi que 2 autres
fonds retenus dans le cadre du guichet soutien aux initiatives privées: MNF Capital et Green
Innov Invest. «Dans chacun de ces 4 fonds, il y a des investisseurs locaux et étrangers engagés
qui se sont, par eux-mêmes, mobilisés pour contribuer à la mise en place de ces véhicules. Pour
l’accompagnement des porteurs de projets et start-up, durant les phases initiales, 6 structures
d’accompagnement ont été labellisées par la CCG pour cette première édition. Il s’agit de APP
Editor, Cluster Solaire, Impact Lab, R&D Maroc, Réseau Entreprendre Maroc et StartUp Maroc»,
explique M. Addioui.
En fonction du stade de maturité de l’innovation, le Fonds Innov Invest, à travers le réseau de
partenaires de la CCG, offre deux types d’interventions. Pour les premiers stades de l’innovation
«pré-amorçage», les structures d’accompagnement labellisées devront assurer, via les
ressources du Fonds Innov Invest, le financement des porteurs de projets sous forme d’aide
financière : à travers le produit «Innov Idea» plafonné à 100 000 DH par porteur de projet et
200000 DH si le projet est portée par plusieurs entrepreneurs. Ou de prêts d’honneur (prêt sans
intérêts et sans sûretés) à travers le produit «Innov Start» plafonné à 250000 DH par porteur de
projet et allant jusqu’à 500000 DH en cas de plusieurs entrepreneurs. Ces financements couvrent
les dépenses liées aux premiers stades des projets, notamment tout ce qui concerne les frais
d’abonnement, de location, de formation ou encore de prototypage et de marketing. Notons que
le financement est conditionné par la conclusion d’une convention d’accompagnement entre la
start-up éligible et la structure labellisée par la CCG.
Pour les stades d’amorçage et de capital-risque, les 4 nouveaux fonds d’investissement seront
dédiés au financement des start-up innovantes via des prises de participations. En plus de ces
interventions, il est prévu des financements de la CCG via des dettes intelligentes sous forme
d’avances remboursables «Innov Risk» et de prêts participatifs «Innov Dev» qui seront
consenties à des conditions avantageuses. Pour cela, le Fonds Innov Invest s’est doté d’une
enveloppe de 500 MDH, dont 300 MDH seront injectés dans les 4 fonds d’investissement
précités et auxquels s’ajouteront des participations d’investisseurs locaux et étrangers de plus de
400 millions de DH.
Qui est éligible ? Tous les secteurs d’activité sont ciblés à conditions que les projets soient
innovants, à fort potentiel de croissance et que l’entreprise existe depuis moins de 5 ans. Ces
projets innovants seront qualifiés et validés par les acteurs de l’écosystème avec lesquels la
CCG a développé des partenariats et dont les contacts sont affichés sur le site web de la CCG.
Le privé se mobilise aussi
Du côté du secteur privé, on assiste à une multiplication d’initiatives accompagnant les start-up
dans leur cycle de vie, notamment des programmes d’incubation et d’accompagnement,
l’hébergement des start-up dans des structures comme les technoparks et autres working
spaces. Ces derniers sont d’ailleurs de plus en plus nombreux ces dernières années. Il faut dire
que les avantages qu’offrent ces espaces constituent une réelle aubaine pour les porteurs de
projets : rationaliser les coûts pour se concentrer sur l’essentiel, à savoir la communication et le
développement du business ; une étape cruciale, vitale même, lors du lancement de n’importe
quel projet.
Certains de ces espaces de coworking ont même la double casquette d’incubateur. En
contrepartie d’un espace à utiliser gratuitement, d’un accompagnement et d’un financement,
l’espace de coworking s’associe au projet de l’entrepreneur. Le coworking tend alors vers la co-
création. Là encore la sélection des porteurs de projets est de mise. Le projet devra donc être
créatif, adapté à l’environnement et répondre à des besoins existants ou latents. Dans ce sens,
New Work Lab, par exemple, a accompagné plus de 60 entrepreneurs jusqu’à présent ; 120
devront être atteints d’ici la fin de l’année.
Toujours dans le domaine de l’incubation, on pourrait citer l’exemple de Seed Stars. Cet
incubateur présent dans 23 pays, et fraîchement installé au Maroc, compte aussi amener sa
pierre à l’édifice. «Chez Seedstars, on recherche des entreprises qui ont un potentiel de création
de rendement exponentiel, les incuber suppose aussi investir dedans d’une part, et les aider à se
déployer dans les 23 pays dans lesquels on est présent», explique Ismael Bargach, Country
manager director.

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