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Gregor MENDEL
- (l).
RECHERCHES
SUR DES HYBRIDES VEGÉTAUX $)
(2) Le trOs grand intérEt qui s'attache A juste titre aux travaux de G. MENDEL,
récemment t i r h de l'oubli, a engagé la rédaction du CI Billetin n ~3donner une traduc-
tion française de ses deux n i h o i r e s fundarueniaux sur l'lybridutiuu. Elle e s p h ainsi
rendre service a u public scientifique français qui entend frCquemment parler des ci lois
de MENDELn sans en trr~uvernulle part un exposé satisfaisant.
(9) Communication faite dans leu séances du 8 février et du 8 mars 1865 ; hïémoire
imprime dans Yerhandhngen des naturforschenden Vereines in Rrinn, IV, 1865, pp. 3-47,
(1) IJne espèce a sa gousse colorée d'un beau rouge brun qui passe a u violet et au
bleu vers 1'8poque de la maturite. L'expBrience touchant ce çaraçtkre n'a 616 cumrne1ic6e
que l'an dernier.
O 4O w 40 O 10 s
s 5' 23 * 5 w
O 6' D 34 O 10 s
r) D 37 b 10 8
4e expérience. F ~ r ~ ndes
- e gousses. Sur 1181 plantes, 882
avaient des gousses renflement uniforme, 299 des gousses
étranglées. D'où le rapport *.
1
Première expdrience :
A B plante femelle. u b plante mâle.
A forme ronde. a forme anguleuse.
B albumen jaune. h albumen vert.
Portegraine.. ...................... A u b.
Plante fournissant le pollen.. ..... a B h.
Cellules ovulaires probables ...... A 6 , a b .
Cellules polliniques.. .............. a B, a b .
AaBh + a B b + A a b + ab.
On trouvait donc :
des fleurs rouge viulac6 ( A a) chez 8 j plantes.
des fleurs blanches ....... (a) D 81 o
un axe long ............... ( B b ) s 87 o
un axe court .............. (6) P 79 D
Le hasard désignera donc seul celle des deux sortes de pollen qui
se lie avec chacune des cellules ovulaires. Cependant, d'aprés le
calcul des probabilités, il doit toujours arriver, en prenant la
moyenne d'un grand nombre de cas, que chacune des formes de
pollen A et a se conjugue un même nombre de fois avec chacune
des formes de cellules ovulaires A et a. Par cons6quent, une des
deux cellules polliniques A rencontrera dans la fécondation une
cellule ovulaire A , l'autre une cellule ovulaire a, et, de même,
l'une des cellules polliniques a sera rbunie A une cellule germinative
A, l'autre a u.
Cellule pollinique.. . A A u a
A
~ +A a~
a a
++ a
Dans le premier ct Io quatrième terme, les cellules ovulaires et
polliniques sorit de mèrne nalure, les produits de leur conibiriaison
doivent donc ètre constants, A savoir A et a. Par contre, dans le
(1) Chez Pisum, il y a sans auciin doute, dans la formation du nouvel embryon,
union cornplBte des Bl6rnents des deux cellules sexadles. Serait-il, sans cela, possible
d'expliquer comment les deux formes souches réapparaissent en nombre Cgal parmi les
descendants des hybrides, et avec toutes leurs particularités ? S i l'ovule n'avait sLr l a
cellule pollinique qu'une action super6cielle, si son r6lo s e rCduisait B celui d'une
nourrice, toute fécondation artificielle ne pourrait avoir d'autre résultat que de donner
un hybride ressemblant exclusivement A la plante màle, ou trBs voisin d'elle. C'est
ce que nos recherches n'ont, jusqu'ici, confirmé en aucune façon. Nous trouvons
évidemment une trbs forte preuve de l'union complète du contenu des deux cellüles,
dans rztte donnée, confirmee de tous cotés, qu'il est indifférent pour la forme d e
l'hybride que l'une des deux plantes souches serve d e planta femelle ou d e plante
mtlle.
s .
dans l a prcmiére exphience de 2 plantes, pour tous les caractéres
3 O pour 4 caractkres.
dans la deuxième expbrience de 2 »
O
O .
Y 2
1
.
0
0 3
0 2
a l
.
w
*
La transformation &ait donc complète dans la premiére expe-
rience. Quant à la deuxième, qui no fut pas poursuivie, une seconde
fbcondation aurait 6th probablement nkessaire.
Bien qu'il ne doive guère arriver souvent que les caractères
dominants appartiennent exclusivement à l'une ou l'autre des plantes-
souches, le résultat n'en différera pas moins suivant que l'une ou
l'autre possède ces caractères en plus grand nombre. Si la majorité
des caractères dominants echoit A la plante mâle, le choix des
formes en vue d'une fécondation ultérieure ofîrira une certitude
moindre que dans le cas contraire ; il en résulte un retard dans
la durke de la transformation, en supposant que l'on ne considère
l'expérience terminée que quand on a obtenu une forme qui, non
seulement ressemble à la plante mâle, mais reste Bgalement, comme
elle, constante dans sa descendance.
Le rdsultat de ses exphiences de transformation amena G ~ R T N E R
A s'opposer aux naturalistes qui combattent la stabilit6 de l'espèce
plante et admettent un dbveloppement continu des espèces vég8-
tales. Il voit, dans la complète transformation d'une espèce en une
autre, la preuve i~idubihbleque l'espèce est enfermée dans des
limites fixes qu'elle ne peut depasser au cours de ses modifications.
Même si on ne peut admettre cette idbe sans restriction, on trouve
cependant, dans les expbriences de GARTNER,une confirmation
remarquable de la supposition que nous avons faite précédemment
sur la variahilit6 des plantes cultivées.
Parmi les plantes en expbrience, il y a des végétaux cultivés
comme Aquilegia atropurpurea et canadensis, Dianthus caryo-
phyllus, chinensis et japonicus, Nzcotiana rustica et puniculutu,
qui n'avaient aucunement perdu de leur tixit6 aprés des croisements
répbths 4 ou 5 fois.
II.
Bien que j'aic dCjà fait plusieurs essais de fbcondation entre diffé-
rentes espèces du genre H e e ~ a c l u m ,je n'ai ce~ientiaritpu obtenir,
jusqu'i prksent, que 1 A 3 exemplaires des hybrides suivants :
H. Auricula + H. aurantiacum, (2)
H. Auricula + H. Pilosella,
H. Auriculu + W.prutense,
H. echioides (3) + H. awrantiacum,
H.pr.aealtum + H. fEuge1lar.e RCHB.,
H. praenltzt?il + H. auruntiucum.
La difficulth d'obtenir des hybrides en assez grande quantite vient
de ce que la petitesse des fleurs et leur constitution particuliiire
permet rarement d'erilever les anthères des fleurs à féconder, sans
que leur propre pollen n'arrive sur le stigmate ou que l e style ne soit
endommage et meure. On sait que les anthères sont soudées en un
tube qui entoure étroitement le style. Dès que la fleur s'ouvre, le
stigmate sort du tube, dbji couvert de pollen. Pour h i t e r l'auto-
fécondation, il faut donc enlever le tube forme par les anthères des
avant l'épanouissement ; on doit, pour cela, fendre le bouton avec
unc fine aiguille. Si l'on fait cette opération à un moment où le pollen
a dkja acquis son pouvoir f&condarit, ce qui a lieu 2 ou 3 jours
avant l a floraison, on réussit trSs rarement a empêcher l'autofé-
(1) Cornuiunication faite dans la séanca du û juillet 1869. Imprime dans : Periiand-
hnyen des naturforschenden Tereines in Brtinn, Tome VIII, 1869, p. 26-31.
(L) Cette manière d'écrire veut dire que l'hybride a ét6 obtenu par fécondation de
H. auricu/a par le pollen de H. aurantiacun..
(3) La plante en expbrience n'est pas exactement 1'H. echioides type, elle semble
appartenir à la série qui fait la transition avec H. pruealtum; elle est cependant plus
proche d'B. echioides, c'est pourquoi on i'a incorporée dtins le cycle des formes do ce
dernier.
une seule graine bien formke. Il ne faut pas oublier de citer encore
ce fait, que, parmi les semis de l'hybride à féconditb limitbe H.
praeltum + aurantiacum, une plante eut une féconditb parfaite.
. Les descendants provenant des hybrides par autofbcondation
n'ont, jusqu'ici, pas varié ; par leurs caractéres, ils concordent entre
eux et avec l'hybride dont ils dérivent.
Ont fleuri, jusqu'à présent, deux gbnérations de H. praealtum +
H. fiagellare et une de chacun des hybrides H. echioides II. +
aurantiacum, H.praealtum +
H. uuran2iacum, H. Auricula +
H. Pilosella, arec 14 à 112 exemplaires.
4. - Il faut noter ce fait que, chez l'hybride A féconditb parfaite
H. echioides +H. aura?~tiacum,le pollcn des pla~itessouches n'&tait
pas capable d'empêcher l'autofécondation, bien qu'il fût répandu en
grande quantite sur les stigmates quand ils sortaient du tube forme
par les anthères a u moment de l'épanouissement des fleurs. Deux
capitules ainsi traites donnérent des semis s'harmonisant complé-
tement avec l'hybride. Une cxpPrierice, tout li lait semblable,
commencée, dès le printemps de cette année, avec l'hybride A fertilit6
partielle H. praealtum +
II. aurantiacum, a conduit a ce résultat
quo les capitules, chez lesquels les stigmates avait reçu du pollen des
plantes souches ou d'autres espéccs, donnaient sensiblement plus dc
bonnes graines que ceux qui avaient Btb abandonnés a l'autofé-
condation. L'explication de ce phénomène réside probablement dans
ce seul fait que, dans le cours normal de l'autofécondation, une partie
des ovules susceptibles d'étre fécond& ne le sont pas, A cause de l a
mauvaise qualitb de leur propre pollen ; en efïet, une grande partie
des grains de pollen de l'hybride montre, sous le microscope, un
développement imparfait.
Méme chez des espèces sauvages et parfaitement fertiles, il
n'est pas rare de trouver quclqucs capitules ou la formation du pollen
échoue et de rencontrer Bgalement. beaucoup d'anthères qui ne
produisent pas un seul bon grain de pollen. Si, dans ce cas, il se
forme quand même des graines, la fkondation doit provenir d'un
pollen étranger. IlifErentes sortes d'insectes favorisent la production
d'hybrides, riotamment les laborieux HymhoptAres qui ont une
prédilection pour les fleurs d'Hieracium et contribuent certainement
à porter sur les stigmates le pollen des plantes voisines qui s'attache
facilement à leur corps velu.