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\ F A ’ Précis d’analyse réelle - Topologie | Calcul différentiel \— Battie CET reece id co | eeee, hoy, ' Vilmos Komornik MATHEMATIQUES POUR’LE 2£ CYCLE Collection dirigée par Charles-Michel MARLE et Philippe PILIBOSSIAN PRECIS D'ANALYSE REELLE Topologie Calcul différentiel Méthodes d'approximation (volume 1) Vilmos KOMORNIK Professeur a l'Université Louis Pasteur (Strasbourg) eS Dans Ia méme collection Mathématiques pour le 2° cycle Depuis 1997, cette collection se propose de mettre 4 la disposition des étudiants de licence et de maitrise de mathématiques des ouvrages couvrant l’essentiel des programmes actuels des universités frangaises. Certains de ces ouvrages pourront étre utiles aussi aux étu- diants qui préparent le CAPES ou l'agrégation, ainsi qu'aux éleves des grandes écoles. Nous avons voulu rendre ces livres accessibles a tous: les sujets traités sont présentés de maniére simple et progressive, tout en respectant scrupuleusement la rigueur mathéma- tique. Chaque volume comporte un exposé du cours avec des démonstrations détaillées de tous les résultats essentiels, et de nombreux exercices corrigés. > Algdbre linéaire, Francette Bories-Longuet, 160 pages. > Analyse complexe et distributions, Alain Yger, 400 pages. > Calcul différentiel, Gilles Christol, Anne Cot, Charles-Michel Marle, 224 pages. > Cours de calcul formel - Algorithmes fondamentaux, Philippe Saux Picart, 192 pages. > Distributions - Espaces de Sobolev, Applications, Marie-Thérése Lacroix-Sonrier, 160 pages. Eléments d’analyse convexe et variationnelle, Dominique Azé, 240 pages. Eléments d'intégration et d'analyse fonctionnelle, Aziz El Kacimi Alaoui, 256 pages. Géométrie différentielle avec 80 figures, Catherine Doss-Bachelet, Jean-Pierre Francoise et Claude Piquet, 208 pages. Les groupes finis et leurs représentations, Gérard Rauch, 192 pages. Intégration et théorie de la mesure - Une approche géométrique, Paul Krée, 240 pages. > Logique, ensemble, catégories. Le point de vue constructif, Pierte Ageron, 128 pages. > Quelques aspects des mathématiques actuelles, ouvrage collectif, 256 pages. > Théorie de Galois, Ivan Gozard, 224 pages. a > vvy vy Topologie, Gilles Christol, Anne Cot, Charles-Michel Marle, 192 pages. Précis d'analyse réelle. Topologie - Calcul différentiel - Méthodes d'approximations (volume 1), Vilmos Komornik, 208 pages. ISBN 2-7298-0678-4 © Ellipses Edition Marketing S.A., 2001 32, rue Bargue 75740 Paris cedex 15 ‘Le Code dela propritéintellectuelen'autrisan, aux termes e article L.122-52 et), une art, que les «copies ou reproduction strictementréervées AI usage privé du copiste et non des: ation collective et d'tare pant, que les analyses eles courte cations dans un but e'exemple et d'illusation,« out representation ou reproduction intgrale ou partle faite de ses ayants droit ou ayants cause et ilicite » (Ar. 1.1224), ar quelque poctde que ce soit constituerit une contregon suivants du Code de Te propriété inellectuel Avant-propos Ce livre, issu de nombreux cours donnés par I’auteur en France et en Hongrie, se veut une introduction a la Topologie, au Calcul différentiel dans des espaces normés et 4 certaines parties de /'Analyse numérique. Un deuxiéme volume sera consacré 4 l’Analyse fonctionnelle, a l’Intégrale de Lebesgue et & certains Espaces fonctionnels importants. Nous supposons le lecteur familier avec I’analyse classique des fonctions d’une vari- able réelle. Notre objectif était de fournir les bases essentielles de chaque discipline mentionnée dans un volume restreint et donc aisément abordable (50-60 pages par matigre), sans oublier toutefois les aspects historiques, indispensables 4 une bonne compréhension. Nous avons fait beaucoup d’ efforts concernant la sélection des sujets étudiés, le choix d’énoncés esthétiques et généraux, la recherche de preuves courtes et élégantes, et les illustrations par des exemples simples et pertinents. Une particularité du livre est que nous indiquons les sources originales de la plupart des notions et résultats traités. Les trois parties correspondent & trois cours semestriels de Licence de mathématiques. Nous commengons toujours par un petit apercu historique, suivi d’une courte liste de livres conscillés pour des compléments historiques ou théoriques, ainsi que de livres dPexercices, nécessaires pour la bonne assimilation des résultats exposés. La partie Topolo- gie est constamment utilisé par la suite, tandis que les deux parties suivantes sont large- ment indépendantes. Certains résultats, démonstrations et paragraphes, marqués par un astérisque *, pour- ront étre omis en premiére lecture. La plupart des définitions et notations sont standard. Les rares exceptions sont signalées explicitement dans le texte. Si le lecteur, mécontent de ne pas trouver certains résultats dans notre livre, cherche & compléter ses connaissances en consultant les nombreux articles et livres cités a la fin de chaque partie, nous aurons atteint notre but, qui est de susciter son intérét pour aller plus loin. En effet, nous pensons que la consultation de plusieurs exposés différents du méme sujet conduit & une compréhension plus profonde de la théorie. Une liste de livres mathématiques particulitrement recommandés est donnée sur la page vi; elle permettra au lecteur de consolider sa culture générale en mathérnatiques. Le contenu et le style reflétent la forte influence des cours excellents de A. Csdszér et L. Czéch a l'Université Lorand E6tvés & Budapest que I’auteur a suivis dans les années 1970, et plus généralement la tradition hongroise établie par L. Fejér, F. Riesz, P. Turén, P. Erdés et d'autres. Je remercie de nombreux collégues, en particulier C. Disdier, O. Gebuhrer, V. Khar- lamoy, P. Loreti, C.-M. Marle, P. Martinez, P. P. Palfy, P. Pilibossian, J. Saint Jean Paulin, A. Saidi, Mme B. Széndssy, J. Vancostenoble, ainsi que C. Baud des éditions Ellipses et B. Beeton (AMS Technical Support) pour leur aide précieuse, et C.-M. Marle et P. Pilibossian pour avoir accueilli cet ouvrage dans la collection qu’ils dirigent. Je dédie ce livre 4 la mémoire de Paul Erd6s, le plus grand mathématicien que j'ai connu, et dont ’humanité exemplaire reste gravée dans ma mémoire. Strasbourg, le 26 mars 2001. Table des matiéres Bibliographic... eee tee eee vi Partie 1. Topologie ......... oe 1 Chapitre 1. Espaces métriques 3 1.1. Définitions et exemples . . oe 3 1.2. Convergence, limite et continuité 6 1.3, Espaces complets. Un théoréme de point fixe . ul 1.4, Compacité..... 0... cee eee eee 18 Chapt 2 Espaces topologiques 25 Définitions et exemples . 25 oa Voisinages. Fonctions continues . 28 2.3. Connexité 31 2.4. *Compacité . . 34 2.5. * Convergence de filets 39 Chapitre 3. Espaces normés . 43 3.1. Définitions et exemples . B Propriétés métriques et topologiques 49 Espaces normés de dimension finie . 52 .4. Applications linéaires continues . . . 55 3.5. Formes linéaires continues 58 Bibliographic ani ee iia 61 Partie 2. Calcul différentiel . . oe » 67 Chapitre 4. Dérivée co) 4.1. Définitions et propriétés élémentaires 69 4.2. Théoréme des accroissements finis 15 4.3, Les fonctions R™ > R"...... 8 Chapitre 5. Dérivées d’ordre supérieur. © eee 81 5.1. Applications multilinéaires continues . 81 5.2. Dérivées d’ordre supérieur . 83 5.3. Développements limités. Formule de Taylor 87 5.4. Extrémalocaux 2.2.22... . 90 5.5. Fonetions convexes 92 5.6. Les fonctions R™ + R” 96 Chapitre 6. Equations différentielles ........ 99 6.1. Intégrale de fonctions & valeurs vectorielles . a) 6.2. Définitions et exemples . 101 6.3. Théor&me fondamental see -. 104 6.4. Prolongement des solutions. Equations linéaires ... . - . 108 6.5. Solutions explicites rn . 110 Chapitre 7. Fonctions implicites et applications . 113 7.1. Fonetions implicites . . . . 13 7.2. Multiplicateurs de Lagrange 17 7.3. Théoréme spectral... . . . 18 7.4. *Théoréme d’inversion locale... . . - 120 7.5. *Théoréme de fonctions implicites............ 123 76. *Mulliplicateurs de Lagrange. Cas général... ss. . 125 7.7. * Equations différentielles. Dépendance des données . . . . 126 Bibliographic... epee eee ee 129 Partie 3, Méthodes d’approximation ............ seen ee eee 133 Chapitre 8. Interpolation 2.0... eee ee 135 8.1. Interpolation de Lagrange ..............00. . 135 Minimisation d’erreur. Polyndmes de Tchebychev . . . . . 137 Formule de Newton, Différences divisées . . . . 138 Interpolation d’Hermite .. . . . . 141 ‘Théormes de Weierstrass et Fejér . 144 8.6. Fonctions splines........... . 147 Chapitre 9. Polyn6mes orthogonaux ......... . 151 9.1. Orthogonalisation de Gram-Schmidt . 151 9.2, Polynémes orthogonaux... 6.0.0.2... . 152 9.3. Racines de polynémes orthogonaux . 154 Chapitre 10. Intégration numérique . 10.1. Quadrature de Lagrange... . . 10.2. Formules de Newton-Cotes . . . 10.3, Quadrature de Gauss . . . 10.4. Théoréme de Stieltjes et @ Erdos Turén hae 10.5. Formule d’Euler-Maclaurin ......... ooo 10.6. Polynémes et nombres de Bernoulli .......... 157 .. 157 . 159 . . 160 +» 162 »» 164 » » 166 . 169 10.7. Justification de la formule d’Euler—Maclaurin . 10.8. Formule des trapézes. Méthode de Romberg . 171 Chapitre 11. Recherche de racines . . . . .. 175 11.1. * Suites de Sturm . . = 115 11.2, * Racines de polyndmes quelconques . . . .. 177 11.3, * Régle des signes de Descartes .. 179 11.4. * Méthode de Householder et Bauer . : .. 181 11.5. * Méthode de Givens : recherche des valeurs propres . . 182 11,6. MéthodedeNewton ..........-......- » 184 Chapitre 12. Equations différentielles . . 187 12.1, Approximation des solutions . . . . . 187 12.2. Méthodes de Runge-Kutta... . . 189 Bibliographie . . Index terminologique et notations... eee 195 index'(desnonis sei ee 199 Liste des mathématiciens cités 2... eee eee 201 Bibliographie C'est done celui-la? Mais bien sir que je m'en souviens, il était mon élave dans le temps. Aprds, il est devenu poete : évidemment, il n’avait pas assez de fantasie pour s‘occuper des mathématiques. D. Hilbert [1] M. Aigner et G. M. Ziegler, Proofs from THE BOOK, Springer, New York, 1999. [2] P. S. Alexandroff, Elementary Concepts of Topology, Frederick Ungar Publishing Company, New York, 1965. (3) E.. Bell, Les grands mathématiciens, Payot, Paris, 1961. [4] D. Bressoud, A Radical Approach to Real Analysis, The Mathematical Association of America, Wash- ington, 1994, {5] 8. Callandreau, Célébres problémes mathématiques, Editions Albin Michel, Paris, 1949. [6] R. Courant et H. Robbins, What is Mathematics ? An Elementary Approach to Ideas and Methods, Oxford University Press, New York, 1979. [7] H.S.M. Coxeter et S. L. Greitzer, Redécouvrons la géométrie, Dunod, Paris, 1971. [8] W. Dunham, Journey Through Genius. The Great Theorems of Mathematics, John Wiley & Sons, New York, 1990. [9] P. Erdés et J. Surdnyi, Valogatott fejezetek a szdmelméletb6l [Chapitres choisis de la théorie de nom- bres}, Polygon, Szeged, 1996. (ISSN 1218-4071) [10] E. Hairer et G. Wanner, L’analyse au fil de Uhistoire, Springer, Berlin, 2001. [11] G.H. Hardy, L’Apologie d’un mathématicien, Belin, Paris, 1985. (12) P. Hoffman, Erd6s. L’homme qui n'aimait que les nombres, Bélin, Paris, 2000. [13] M. Kac et S. M. Ulam, Mathématiques et logique. Rétrospective et perspectives, Dunod, Paris, 1973. [14] K. Knopp, Theory of Functions I-Il, Dover, New York, 1996. {15} A. ¥. Khintchine, Three Pearls of Number Theory, Graylock, Rochester, 1952. [16] T. W. Kémer, Fourier Analysis, Cambridge Univ. Press, Cambridge, 1988, [17] J. Kiirschak, Hungarian problem book I-H (r6visé et édité par G. Haj6s, G. Neukomm et J. Surényi), Random House, New York, 1963. [18] M. Laczkovich, Conjecture and Proof, Typotex, Budapest, 1998, {19} J. Muir, Of Men and Numbers. The Story of Great Mathematicians, Dover, New York, 1996. [20] J. Newman (editor), The World of Mathematics I-IV, Dover, New York, 2000. [21] F. Riesz et B. Sz.-Nagy, Lecons d’analyse fonctionnelle, Akadémiai Kiad6, Budapest, 1952. [22] H. Steinhaus, Mathématiques en instantanés, Flammarion, Paris, 1960. [23] I. Stewart, The Problems of Mathematics, Oxford University Press, New York, 1992, [24] D. J. Struik, Concise History of Mathematics, Dover, New York, 1987. Partie 1 Topologie La topologie est I’étude de la continuité. Aprés des résultats sporadiques de Descartes (1639)! et d’Euler (1752/53) sur la formule de polyadres, d’Euler (1736) sur les ponts de Kénigsberg, puis les travaux de Bolzano (1817) et Cauchy (1821), le développement de la discipline a été surtout influencé par Riemann (1854, 1857). Weierstrass (1841, 1861, 1874) et Heine (1870, 1872) ont précisé, clarifié et complété les résultats antérieurs. Dans une série de travaux entre 1872 et 1884, Cantor a intro- duit la plupart des notions de base (points d’accumulation, intérieurs, fronti@res, densité, ensembles fermés, voisinages, etc.). Grassmann (1862) a proposé de considérer les suites finies (z,..., 2.) de nombres en tant qu’objets indépendants, en introduisant ainsi l'espace R". Sous l’influence de Jordan (1882) et Peano (1888, 1890), ce point de vue a été lentement adopté. Pour comprendre les nombreuses difficultés théoriques soulevées par des problémes du calcul des variations, des séries de Fourier et des équations différentielles, des ma- thématiciens de plus en plus nombreux ont commencé & étudier systématiquement les espaces de dimension infinie (Arzela, Ascoli, Volterra, Fredholm, Hilbert, Schmidt, ...) Fréchet (1906) a introduit dans sa thése les espaces métriques et de nouvelles notions de base (espaces complets, compacts, séparables, etc.). La premiére définition d’ espace topologique, équivalente & celle d’aujourd’hui, a été donnée par Riesz (1906). Par la suite, la théorie des espaces topologiques et métriques a été systématiquement développée, co- difiée et complétée dans sa monographie par Hausdorff (1914). Elle contient presque tous les résultats des chapitres 1 et 2. Les espaces normés ont été introduits par Riesz (1917). La plupart des résultats pro- fonds, concernant le cas de dimension infinie, appartiennent déj& au sujet fascinant de Tanalyse fonctionnelle, étudié au volume II. Nous citerons souvent des articles historiques oii des idées ou notions importantes sont apparves pour la premiare fois. Au lieu de nous prononcer sur des questions de priorité, nous incitons le lecteur de les consulter directement. Ils contiennent souvent des versions différentes, illustrant aussi l’évolution des idées. Pour des analyses et commentaires his- toriques plus profonds et détaillés, voir par exemple [3], [12], [17], [18], [40], [41] [42], [56}, [57], [70], (87), (115), [125]. La plupart de nos remarques et exemples peuvent aussi servir d’exercices. Les livres (41, [33], [36], £40}, [68], [71], [74], [117] contiennent aussi beaucoup d’exercices et de résultats supplémentaires. Il y a quelques différences par rapport aux traités usuels. Nous donnons une preuve trés courte de la complétion d’une métrique : proposition 1.14 (p. 16). Nous présentons également une preuve trés simple de I’inégalité de Cauchy-Schwarz : proposition 3.1 (p. 45). Un corollaire important du théoréme de Hahn-Banach (proposition 3.18, p. 58) permettra de simplifier de nombreuses preuves en Calcul différentiel. Nous donnons une preuve simple et directe de ce corollaire dans le cas hilbertien. Les définitions et notations sont standard; les rares exceptions sont signalées dans le texte. On écrit parfois f : X Y aulieude f : D + Y, DC X, s'il n'est pas nécessaire de préciser le domaine D d'une fonction f. ions renvoient& la bibliographie & la fin de la partie I, p. 61. Chapitre 1 Espaces métriques La seule chose qui manque actuellement & la théorie des ensembles pour occuper sa place dans Vanalyse, c'est la conception générale de passage a la limite. J. Hadamard 1900 Les idées naturelles sont celles qui viennent en dernier J. Hadamard Les espaces métriques sont des espaces trés bien adaptés a I’étude de la continuité et de la continuité uniforme des fonctions. Dans ce chapitre on va généraliser de nombreux résultats concernant la convergence des suites de réels et la continuité des fonctions d’une variable réelle aux espaces métriques quelconques. Le lecteur observera cependant I’absence de la notion de suites monotones : le cadre des espaces métriques ne permet pas de les définir. En outre, la notion d’ensemble borné se généralise facilement aux espaces métriques, mais elle est moins utile que dans R. La notion d’ensemble complétement borné ou précompact se révélera une meilleure généralisation. 1.1. Définitions et exemples Définitions. © Une métrique' (ou distance) sur un ensemble X est une fonction d : XxX + R, vérifiant pour tous x,y, z € X les quatre propriétés suivantes : © d(z,y) 20, e dz,y)=0e>r=y, © d(z,y) =d(y,2), © (x,y) < d(x, z) +d(z,y). La demnire propriété s’ appelle linégalité triangulaire (voir la figure 1.1). © Un espace métrique (X, d) est un ensemble X muni d’une métrique d sur X. On va le noter simplement par X’ si la métrique est évidente. Exemples. o X=R d(z,y) = |x — yl. Crest la métrique habituelle de R. Dans Ja suite, R sera toujours muni de cette métrique. . ‘Fréchet 1906. 4 Espaces métriques Figure 1.1. Inégalité triangulaire ¢ Soit X un ensemble non vide et posons _ fo siv=y, aon={t sie #y. Crest la métrique discréte sur X. Par définition, un espace métrique discret est un ensemble muni de la métrique discréte. @ Soit K un ensemble non vide et désignons par B(K) l’ensemble des fonctions bornées f : K + R. La formule deo(f.9) = sup l(t) — 9(0)] définit une métrique sur B(K’). Dans la suite, B(K’) sera toujours muni de cette métrique. © Pour généraliser l’exemple précédent, introduisons les ensembles bornés dans un espace métrique (X, d) : une partie A C X est bornée si son diamétre, défini par la formule diam A :=sup{d(z,y) : x,y € A}, est fini. Désignons par B(K, X) l'ensemble des fonctions bornées f : K > X (c’est-a-dire dont l'image R(f) est un ensemble borné dans X). La formule doo(f, 9) = sup{d(f(t), g(t) : t€ K} définit une métrique sur B(K, X). Par la suite, B(K,, X) sera toujours muni de Ja métrique doo. Définition. Soit y un point dans un espace métrique (X,d) et r > 0 un réel. On définit la boule ouverte B,(y) de centre y et de rayon r par B,(y) = {« €X : d(x,y) 1. Définition. Une partie U d’un espace métrique est ouverte” si, pour tout y € U, il existe r > 0 tel que B,(y) C U. 2Cantor 1879, Lebesgue 1902. 1.1 Définitions et exemples 5 Figure 1.2. Séparation des points Voici les propriétés fondamentales des ouverts : Proposition 1.1. La famille des ouverts d’un espace métrique (X, d) possede les cing propriétés suivantes : (a) 0 et X sont ouverts; (b) Vintersection d’un nombre fini d’ouverts est un ouvert; (c) la réunion d’une famille arbitraire d’ouverts est un ouvert (famille finie ou infinie); (d) les boules ouvertes sont effectivement des ensembles ouverts au sens de la définition ci-dessus; (e) pour deux points distincts quelconques x,y € X, il existe deux ouverts U et V tels quez EU, yeVaunVv=0. Preuve, (a) Hest évident que X est ouvert : pour z € X donné quelconque, on a par exemple w € By(x) C X. In’y arien a vérifier pour 0, car il n’a aucun élément. (b) Soit U;,...,Un des ouverts et posons U = Uy N+: MUy. Pour y € U fixé quelconque, on a y € U; pour chaque i. Les ensembles U; étant ouverts, il existe des nombres r; > 0 tels que B,,(y) C Uj. Posons r = min{r1,..., tn}, alors B,(y) CU. (c) Soit {U;} une famille d’ensembles ouverts. Si y appartient leur réunion U, alors il existe ¢ tel que y € Uj. Comme Uj est ouvert, il existe r > 0 tel que B,(y) C Uj. Alors B,(y) CU. (d) Soit y € B,(z). On cherche s > 0 tel que B,(y) C B,(z). Montrons que le choix 8 =r —d(z,y) convient, En effet, il est clair que s > 0. Ensuite, si z € B,(y), alors d(z,z) < d(a,y) + d(y,z) 0. En effet, si 2 €U, alors d(y, z) > d(,y) — d(a, z) > r d’apres l'inégalité triangulaire (voir la figure 1.2) et done z ¢ V. a Exemple. Les intervalles ouverts de R sont effectivement des ensembles ouverts. En effet, les intervalles ouverts bornés sont en fait des boules ouvertes : Ja, b[= B,(x) avec & = (a+b)/2etr = (b— a)/2. Ensuite, tout intervalle ouvert non-borné est la réunion 6 Espaces métriques d’une famille (dénombrable) d’intervalles ouverts bornés : Ja, cof= Ua,a+nf, ]-co,al= Yja-nal, R= UJ-x,nf oa wt wat Donnons deux constructions générales de nouveaux espaces métriques a partir d’espa- ces métriques donnés. Définition. Un sous-espace (métrique) (X',d’) d’un espace métrique (X,d) est une partie X' de X munie de la restriction d' de la métrique d a X' x X". (Il est clair que d’ est effectivement une métrique sur X'.) Définition. Le produit d'un nombre fini d’espaces métriques (X1, di),-.-» (Xm; dm) est l'ensemble X = X, x --- x X;,3 muni de la métrique (x,y) = dy(21,%1) +++++ dm (tm tm), ty © X. (On vérifie sans peine que d est effectivement une métrique sur X.) En appliquant ces constructions a R, on obtient que R™ (m > 1) est un espace mé- trique pour la métrique définie par la formule* d(z,y) 2= [ay — mi] +--+ + lem — Yl, et que, plus généralement, toute partie de R peut étre considérée comme un espace mé- trique. Pour terminer ce paragraphe, introduisons les ensembles fermés : Définition. Une partie d’un espace métrique est fermée* si son complémentaire est ouvert, Exemples. © Un intervalle fermé (a, b] de R est effectivement un ensemble fermé, parce que son complémentaire est la réunion de deux intervalles ouverts : R\fa, b] = © Les intervalles de la forme {a,6{ et Ja, b] (00 < a z ou lima, = Exemples. ¢ Pour X = R, on retrouve la convergence habituelle des suites de réels. 3Grassmann 1862. ‘Jordan 1882. SCantor 1884, Bolzano 1817, Cauchy 1821, Fréchet 1906. 1.2 Convergence, limite et continuité 7 © Siz, = 2A partir d’un certain n, alors x, —> x. Dans un espace métrique discret il n’y a pas d’autres suites convergentes. Dans B(K), ona f, — f si et seulement si la suite des fonctions f,, converge uniformément’ vers f sur K : pour tout € > 0, il existe N tel que Wn>N, WEEK, |falt)— fl 0, ilexiste N tel que Wn >N, vee K, d(falt), f()) a dans (X,d) siet seulement Sip: —> a; dans (X1,d1), By2 > a2 dans (Xp, dz), ...€t Zam —> Om dans (Xm; dm), 08 y= (m1y+-+yPnm) et a= (4... 0m)- En particulier, une suite de vecteurs dans R” converge (pour la métrique du produit) si et seulement si les m suites de composantes convergent dans R. Les propriétés habituelles de la convergence des suites numériques (A l'exception de celles liées A la monotonie) restent valables dans les espaces métriques : Proposition 1.2. (a) Six_ > a, alors tp, — x pour toute sous-suite (2p,) de la suite (aq). (b) Si ty 7+ a, alors il existe une sous-suite (tq,) telle que tn,, f+ & pour toute sous- suite (n,,) de (zn). (c) Sita > 2 et Yn — y, alors d(m, Yn) + d(z, y). (d) La limite d’une suite convergente est unique. Preuve. (a) La suite numérique (d(@q,,2)) étant une sous-suite de (d(aq,2)), on déduit de d(xp, 2) —+ 0 que d(rp,,2) > 0. (b) Siz, / 2, alors il existe € > 0 et une sous-suite (z»,) tels que d(2,,,2) > € pour tout k. Alors d(tn,,,) 7.0 pour toute sous-suite (tp,,) de (tn, ). (c) On déduit de l’inégalité triangulaire que (2, Yn) S A(n, 2) + d(x, y) + d(y, Yn) (x,y) < d(x, an) + (tay Ym) + U(Yns 9) d’od {d(@n5 Un) — a(2, 9)| S d(tn,2) + dyn, ¥)- ‘On conclut en notant que le second membre tend vers zéro si n —+ 00. (@) Siz, + ret 2, > y, alors d(x, y) < d(x, rn) + d(tn,y) +0 a aprés I’inégalité triangulaire. On conclut que d(x, y) < 0 d’oi x = y. On peut caractériser les ensembles fermés d’un espace métrique en utilisant les suites (voir la figure 1.3): Weierstrass 1841. 8 Espaces métriques Figure 1.3. Suites dans des fermés Proposition 1.3. Une partie F d’un espace métrique (X, d) est fermée si et seulement si pour toute suite convergente (a) telle que tn € F pour tout n, ona lima, € F.* Preuve. Soit F fermé, (tp) C F etx € X\F. Montrons que x, / 2. Comme X\F est ouvert par définition, il existe r > 0 tel que B,(xz) C X\F. Alors d(,,x) > r pour toutn d’od tp A x. D’autre part, si F n’est pas fermé, alors X\F n’est pas ouvert, donc il existe un point x € X\F tel que Bs(z) 0 F 0 pour tout 6 > 0. Choisissons pour chaque entier n > 1 un point am € Bijn(z) NF. Alors (ap) C F, ata - parce que d(ap,x) < 1/n > 0, mais « ¢ F. a Etudions maintenant la limite des fonctions : Définition. Soit (X,d), (X',d’) deux espaces métriques et a € X, a! € X’. Une fonction f : X — X' posséde une limite ° a! en a si pour ¢ > 0 donné quelconque, il existe 6 > 0 avec la propriété suivante : si eX et 0 Otel que Bs(a) = {a}. Sia est un point isolé de X, alors lim, f = a’ pour tout a’ € X', Habituellement les limites ne sont définies qu’en des points d’accumulation. Notre définition plus SCantor 1884, %a"Alembert 1765, Cauchy 1821. Notre définition differe légerement de celle adoptée habituellement, par exemple dans les autres volumes de cette collection. Notons toutefois, que dans les situations les plus fréquentes elles sont équivalentes : notre définition est équivalente & la relation lims-q.9(ct) = a au sens usuel oli g désigne la restriction de f sur X\{a}. "Cantor 1872. "Cantor 1872. 1.2 Convergence, limite et continuité 9 générale est plus simple car elle évite la notion de point d’accumulation, et elle permettra de simplifier I’énoncé de la proposition 1.4 ci-apres. Etudions maintenant la continuité. Définition. Soit (X, d) et (X’, d’) deux espaces métriques. Une fonction f : X + X' est continue" en a € X si pour tout € > 0 il existe > 0 avec la propriété suivante : si cEX et d(z,a)<4, alors d(f(2), f(a)) adans X, alors f(tn) -> f(a) dans X'. Preuve. (a) = (0). Pour ¢ > 0 fixé queleonque, on choisit 5 > 0 d’aprés la définition de la limite lim, f = f(a). Il faut montrer que si d(x, a) < 6, alors d'(f(2), f(a)) < €. Cette relation est évidente pour z = a, tandis qu'elle résulte de la définition de la limite pour afta (0) = (c). On fixe e > 0 quelconque. On cherche un entier N tel que af (en), F(a) <€ pour tout n > N. On choisit § > 0 d’aprés la continuité de f en a. Comme rq + a, il existe N tel que d(zp,a) < 6 pour tout n > N. Onen déduit que d'(f(2n), f(a)) < € pour toutn > N. (c) + (a). Si la propriété (a) n’est pas vérifiée, alors il existe € > 0 tel que pour tout 5 > 0 on peut trouver un point z € X avec O En appliquant cette propriété avec 6 = 1/n, n = 1,2, on obtient une suite (zn) vérifiant d(z,,a) < 1/net d'(f(tn), f(a)) > € pour tout n. Alors d(tp,a) — 0 mais d'(f (2m), f(a) 7% 0, donc la propriété (c) n’est pas vérifiée. a Proposition 1.5. On considere trois espaces métriques X, X', X" et deux fonctions g:X + X', f : X'- X". Sig est continue ena € X et f est continue en g(a) € X', alors f og: X -> X" est continue en a. Preuve. On applique trois fois I’équivalence (b) + (c) de la proposition précédente. Il faut montrer que (f © g)(tp) + (f 0 g)(a) dans X" si a, —+ a dans X. Comme g est continue en a, on a g(Z,) —> g(a) dans X’. Ensuite, comme f est continue en g(a), ona f(9(2n)) + f(g(a)) dans X". o Considérons maintenant la continuité globale des fonctions. Il y a trois notions utiles et non équivalentes : Définitions. Soit (X,d), (X',d’) deux espaces métriques et f : X > X'. © f est continue si elle est continue en touta € X. "Bolzano 1816, 1817, Cauchy 1821, Weierstrass 1874. 10 Espaces métriques ME Oe Oe OT] TE a Te Te Figure 1.4. Versions de continuité © f est uniformément continue'® si pour ¢ > 0 donné quelconque, il existe 5 > 0 avec la propriété suivante : si z,yeX et d(x,y) <4, alors d'(f(2), f(y)) 0 telle que a'(f (2), f(u)).< Ld(z,y) pour tous x,y € X. Remarque. Toute fonction lipschitzienne est uniformément continue (on peut choisir 6 =/L) et toute fonction uniformément continue est continue (le méme 5 convient pour tout a € X). Les exemples suivants montrent que la réciproque est fausse en général. Exemples. (Voir la figure 1.4.) La fonction f : R > R, f(z) continue. © La fonction f : RR, f(z lipschitzienne. ¢ La fonction f : R +R, f(x) =x est lipschitzienne. © Soit (X,d) un espace métrique. Alors d : X x X — R est lipschitzienne. En effet, en utilisant I’inégalité triangulaire comme dans la démonstration de la partie (c) de la proposition 1.2 (p. 7), on a {d(w1, a2) — d(yr, y2)| < d(e1, m1) + d(x2, ye) pour tous les couples (1, 22), (yi, 42) € X x X. D'aprés la définition de la métrique de X x X, on conclut que d est lipschitzienne avec L = 1. x? est continue, mais non uniformément = |x|”? est uniformément continue, mais non Proposition 1.6. Considérons trois espaces métriques X, X', X" et deux fonctions g :X 9X", f XxX" (a) Si f et g sont continues, alors la fonction composée f 0 g est continue. (b) Si f et g sont uniformément continues, alors f 0 g est uniformément continue. (c) Si f et g sont lipschitziennes, alors f 0 g est lipschitzienne. "Heine 1870. '4L ipschitz 1868-69. 1.3 Espaces complets. Un théoréme de point fixe uu Preuve. (a) Appliquer la proposition précédente en chaque point a € X. (b) Désignons les trois métriques par d, d' et d”. On fixe ¢ > 0 quelconque et on cherche 5 > 0 tel que si x,y € X et d(x, y) < 6, alors a"(f(9(2)), f(9(y))) <&. D'aprés la continuité uniforme de f, il existe o > 0 tel que sie’,y' €Y etd'(a',y') 0 tel que siz,y € X et d(x,y) < 6, alors d'(g(x), 9(y)) <0. En appliquant la définition de avec x’ = g(z) et y! = g(y) on obtient le résultat cherché, (c) Si f et g sont lipschitziennes avec des constantes L, et Lz, alors la fonction com- posée f o g est lipschitzienne, parce que 4"(F(9(2)), F(9(y))) < Lid'(9(2), 9(y)) < LiLad(a, ») pour tous «, y € X. 1.3. Espaces complets. Un théoréme de point fixe Rappelons que le critére de Cauchy permet souvent de démontrer la convergence d'une suite numérique sans devoir déterminer sa limite. Ce paragraphe est consacré & Pétude des espaces métriques od I’analogue du critére de Cauchy a lieu. Définition. Une suite (x,,) dans un espace métrique (X, d) est une suite de Cauchy'® si d(tm,2,) — 0 lorsque m,n —+ oo. Plus précisément, pour tout ¢ > 0 il existe un entier N tels que d(am, 2p) < € pour tous m,n > N. Toute suite convergente est une suite de Cauchy. En effet, siz —+ «, alors 0 < d(tm, tn) < d(tm,t) + d(x, 2,) 3 0 lorsque m,n — oo. Définition. Un espace métrique est complet'® si toute suite de Cauchy dans cet espace est convergente. Exemples. Rest complet d’aprés un théoréme classique de Cauchy .!7 © Tout espace métrique discret est complet, car toute suite de Cauchy est constante a partir d’un certain rang. ‘© Les espaces B(K’) sont complets. Plus généralement, on a la Proposition 1.7. Si (X,d) est un espace métrique complet, alors les espaces mé- triques B(K, X) sont aussi complets. 'SBolzano 1817, Cauchy 1821 "Fréchet 1906. "Cauchy 1821. 2 Espaces métriques Preuve. Soit (fn) une suite de Cauchy dans B(K, X) : pour € > 0 fixé quelconque, il existe N tel que (dD) d(fa(t)s fm(t)) <€ pour tout t € K et pour tous m,n > N. Il faut trouver une fonction bornée f : K > X telle que fn, converge vers f uniformément sur K. Tout d’abord, on déduit de I'hypothése que pour t € K fixé quelconque la suite (fn(t)) est une suite de Cauchy dans X. Comme X est complet, elle admet donc une limite f(t) dans X. On obtient ainsi une fonction f : K +> X telle que Salt) > f(t) pour chaque t € K. En faisant tendre m vers oo dans (1.1), on obtient que (1.2) d(fa(t), f(t) Se pour tout € K et pour tout n > N. On en déduit d'abord que f est bornée et donc f € B(K, X). En effet, pour n > N fixé quelconque, il existe une constante M telle que Vs,tEK, d(fa(s), falt)) 0. En posant a = (a;,...,@m),on déduit de l’égalité (aq, @) = dy(@p1, 01) + +++ + dn( mms Om) que d(2q, a) + 0, et done 2, -+ a dans (X, d). (b) Soit (zn) une suite de Cauchy dans Y;, alors elle est aussi une suite de Cauchy dans X. Comme X est complet, elle converge vers un certain point 2 € X. Comme Y est fermé, ona € Y. Done zy — @ dans Y. o Exemple. R” (avec la métrique du produit), et plus généralement tout fermé de R™ est un espace métrique complet. 1.3 Espaces complets. Un théoréme de point fixe 13 Le théoréme de point fixe suivant est trés souvent utilisé pour résoudre des équations. ‘Théor’me 1.9. (Point fixe de contraction'*) Soit f : X + X une fonction dans un espace métrique complet non vide (X,d). Supposons qu'il existe une constante L, vérifiant 0 < L <1, telle que d(f(z), f(y) < Ld(a, y) pour tous x,y € X. Alors il existe un point x € X et un seul tel que f(x) = x. Remarques. Une fonction vérifiant I"hypothése du théoréme est appelée contractante. Une telle fonction est lipschitzienne et donc uniformément continue. L'exemple de la fonction f(x) := 2 +1 sur R montre que I’hypothése L <1 est essentielle. ¢ L'exemple de la fonction f(z) complétude est essentielle. ¢ Pour un autre théoréme de point fixe trés important, da A Brouwer, voir [89], [99], [114] ou [78]. Preuve. On fixe zp € X quelconque et on pose t, = f(zp—1) pour n = 1,2,.... Montrons que (2,,) est une suite de Cauchy. En effet, pour m > n > 0 donnés quelcon- ques ona 2/2 sur R\{0} montre que I’hypothése de Amn) S Amy Bm—1) + +++ + U(Zn415 En) < (EP) $+ 1)d(a1, 20) < IX(1- L)d(a1, 20) + 0 sin — oo. Comme X est complet, il existe x € X tel que z, + 2x. En passant a la limite dans l’équation zp = f (q-1) et en utilisant la continuité de f en x on obtient que f(a) =2. Si y € X est aussi un point fixe de f, alors (x,y) = d(f(x), f(y)) < La(z,y). Comme L < 1, on en déduit que d(x,y) < 0 et donc y = a. Ceci montre l’unicité du point fixe. a Remarque. En faisant tendre zm, vers x dans linégalité au début de la preuve, on obtient l’estimation suivant sur la vitesse de convergence vers le point fixe: d(x, 2) < L"(1—L)~*d(x1,2) +0, n=0,1,... Elle est utile dans les applications. Exemple. La formule 1.2 f(a) = 5(2+=), z>1 définit une fonction f : [1, co[- [1, oo]. En outre, elle est une contraction parce que ~vl= Flea pour tous x,y > 1. Etant donné que (1, cof est un sous-espace fermé de R, c’est un espace métrique complet. On conclut que f admet un point fixe unique. (II est égal 4 V2). La 18Banach 1922, Cacciopoli 1930. 14 Espaces métriques Cad Figure 1.5. Intersection de fermés démonstration du théoréme montre aussi que, en partant d’un réel tq > 1 queleonque, la suite (7) définie par 1 Tmt (= +2), n=0,1,... converge vers ce point fixe. Nous dirons qu’une partie d’un espace métrique est complate si elle est complate en tant que sous-espace métrique. De maniére équivalente : Définition, Une partie F d'un espace métrique X est complete si pour toute suite de Cauchy (z,) C F, il existe un point x € F tel que xz, + 2. *Proposition 1.10, Une partie complate d'un espace métrique est fermée. Preuve. Soit F une partie compléte d’un espace métrique X et (x,) une suite dans F, convergeant vers un point « dans X. Il faut montrer que « € F. La suite (2q) étant convergente, elle est aussi une suite de Cauchy. Comme F est complet, il existe un point y € F tel que z, —> y. D’aprés l’unicité de la limite, on conclut que y = z. Done z € F. a *Proposition 1.11. (Théoréme de Cantor'®) Soit (Fj) une suite décroissante d'en- sembles fermés non vides dans un espace métrique complet. Si diam F, — 0, alors Vintersection des ensembles F,, n'est pas vide. (Voir la figure 1.5.) Remarques. ¢ Lintersection MF, étant de diamétre nul, elle est formée en fait d’un seul point. ¢ Lhypothése diam F;, — 0 est essentielle: considérer F, = [n, oo[ dans R. L’hypothase “F,, fermé” est essentielle: considérer F), =]0, 1/n] dans R. Preuve. Choisissons un point , € Fy pour chaque n. Alors (iq) est une suite de Cauchy. En effet, pour m > n, on atm € Fm C Fy et tp € F, d’od d(2m,2n) < diam Fy +0 lorsque n — co. Comme X est complet, (2_) converge vers un certain point € X. Il suffit de montrer que z € Fm, pour tout m. Pour m fixé quelconque, la sous-suite am, Zmii,--. de (t,) converge vers x. En outre, elle appartient 4 Fi,. Comme Fra est fermé, on conclut que z € Fry. a "Cantor 1884, 1.3 Espaces complets. Un théoréme de point fixe 15 Le résultat suivant est souvent utilisé en analyse fonctionnelle. *Proposition 1.12. (Lemme de Baire”°) Soit X un espace métrique complet non vide. (a) L’intersection d’une suite (dénombrable) d’ouverts denses Gy, de X est elle-méme dense. (b) Si X est la réunion d'une suite (dénombrable) de fermés Fy, alors au moins l'un des ‘fermés Fi, est d’intérieur non vide. Remarque. La complétude de X est nécessaire : considérer dans X = Q (muni de la métrique usuelle) les ouverts Q\{r} ou les fermés {r}, o0 r parcourt l’ensemble des nombres rationnels. Preuve. (a) On utilisera les boules fermées définies par B,(2) = {y€X : d(x,y) 0,cEX. On fixe une boule B,,(z9) quelconque dans X. Il faut montrer que NG, rencontre Bro(0)- Comme G; est dense, il existe un point 2; € G1 M B,,.(zo). Comme GM B,o(zo) est ouvert, il existe ensuite 0 < r; < 1 tel que By, (#1) C G1 Bro (0). Comme G; est dense, il existe un point 2 € G2 B,,(21). Comme GN B,, (21) est ouvert, i] existe ensuite 0 < rz < 1/2 tel que Br,(2) C G2 Bp, (21). En continuant par récurrence, on obtient une suite décroissante de boules fermées de diametre tendant vers zéro et telle que By, (te) C Ge pour k = 1,2,... D’aprés la proposition précédente, ces boules ont un point commun z. Alors 2 € NG. (b) Raisonnons par l’absurde en supposant que l’intérieur de chaque fermé F,, est vide. Alors leurs complémentaires Gp, := X\Fa vérifient I’hypothése de la partie (a), done il existe un point z € NG,. Alors « ¢ UF, contredisant I’hypothése de recouvrement. O Soit (X,d), (X', d") deux espaces métriques et f : D -+ X’ une fonction continue, définie sur une partie D de X. (D est considéré comme un sous-espace métrique de X.) On cherche a prolonger f en une fonction continue F : X —> X', définie sur X tout entier, On ne peut pas avoir un tel résultat sans certaines conditions supplémentaires. En effet, considérons I’exemple X = X’ = R, D = R\{0} et f(z) = 1/z. Alors f ne peut pas se prolonger en une fonction continue F_ : R —> R, parce que la continuité de F en 0 entrainerait I’égalité F(0) = lim f(1/n) = 00, or oo ¢ R. Le cas des fonctions uniformément continues est plus simple. * Nous avons besoin de la notion de densité : Définition. Une partie D d’un espace métrique (X, d) est dense” si pour tout a € X il existe une suite (x,) C D telle que 2, > a. 200sgood 1897, Baire 1899, Kuratowski 1930, Banach 1930. 21 cas des fonctions continues a été étudié par Lebesgue 1907, Tietze 1910, Hausdorff 1919 et Urysohn 1925. Voir par exemple [42]. 22Cantor 1879. 16 Espaces métriques Proposition 1.13. Soit (X,d), (X',d’) deux espaces métriques, D une partie dense de X, et f : D+ X' une fonction uniformément continue. Si (X',d’) est complet, alors f se prolonge, de maniere unique, en une fonction uni- formément continue F : X -+ X'. Si f est lipschitzienne, alors F est lipschitzienne (avec la méme constante de Lip- schitz). Preuve. Pour a € X donné quelconque, on choisit une suite (z,) C D telle que 2q > a, et on définit F(a) := lim f(z,). C’est la seule valeur possible de F(a) si F est un prolongement continu de f. Il faut montrer que cette définition est correcte. Comme X' est complet, pour prouver lexistence de la limite lim f (zp), il suffit de montrer que (f(z;)) est une suite de Cauchy. Pour € > 0 fixé quelconque, on cherche N tel que (1.3) a(f (2m), f(t) <€ pourtous n,k > N. Choisissons 5 > 0 pour cet ¢ d’aprés la continuité uniforme de f. Ensuite, en utilisant la convergence de la suite («n), choisissons N tel que d(z,, 24) < 6 pour tous n,k > N. Alors (1.3) est vérifiée. Il faut encore montrer que Ja limite est indépendante du choix particulier de la suite (2p): Soit (yn) C D est une deuxiéme suite telle que y, —+ a, alors 11, y1, £2; Y2,-+. COn- verge aussi vers a. D’aprés le résultat précédent, la suite f(21), f(y); f(22), f (ya), -- converge vers une certaine limite dans X’. Par conséquent, les sous-suites (f(zp)) et (£(¥n)) convergent vers cette méme limite. Montrons la continuité uniforme de F. Pour € > 0 fixé quelconque, on choisit 6 > 0 d’aprés la continuité uniforme de f. II suffit de montrer que si a,bEX et dab) <6, alors d'(F(a), F(b)) b. Alors il existe N tel que d(tn, Yn) < 6 pour tout n > N, d’od a'(f(an), f(Yn)) <€ pourtout n> N. En faisant tendre n. vers 00, on conclut que d’(F(a), F(b)) < e. Supposons maintenant que f est lipschitzienne avec une constante L et soit a,b € X deux points quelconques. Choisissons de nouveau deux suites (tp) et (yn) dans D telles que 2, — a et Yn —> b. Alors a(F(n) (Yn) S Ldn Yn) pour tout n d’aprés I’hypothése. En faisant tendre n vers oo, on conclut que d'(F(a), F(b)) < Ld(a, 6). Oo Notons le résultat suivant, obtenu essentiellement au début de la preuve précédente : *Proposition 1.14. Soit (X,d), (X',d’) deux espaces métriques, D une partie dense de X, et F,G : D — X' deux fonctions continues. Si F = G sur D, alors en fait F = G sur X entier. Preuve. Pour z € X donné quelconque, d’aprés la densité de D, il existe une suite (zn) dans D, convergeant vers ¢. Alors F (aq) > F(«) et G(tn) > G(z) d’aprds la continuité de F et Gen x. Comme F(¢,,) = G(2q) pour tout n par hypothese, on conclut que F(z) = G(2). a ‘Vu Vutilité des résultats de ce paragraphe, il est important de savoir que tout espace métrique peut étre complété. Plus précisément, on ala 1.3 Espaces complets. Un théoréme de point fixe 7 Proposition 1.15. Soit (X,d) un espace métrique. Il existe un espace métrique com- plet (X',d!) et une fonction h : X > X" tels que (4) Va,yeX, di(h(e), h(y)) = d(x, y).” Remarque. Grace a (1.4), on peut identifier (X,d) avec le sous-espace h(X) de (x',d'). Preuve, Posons (X’,d') = B(X,R) et fixons a € X quelconque. Pour « € X soit h(x) = hz : X + Rla fonction définie par he(y) = d(z,y)—d(a,y), ye X. Alors hz € B(X,R) parce que \he(y) — he(z)| < \he(y)| + [he (z)| < 2d(zr, a) pour tous y, 2 € X d’aprés l’inégalité triangulaire. Comme Ihe(z) — hy(2)| = Id(e, 2) — d(y, 2)| < dw, v) pour tout z € X,ona (1.5) Va,yeX, di(he,hy) < d(a,y). Comme pour z = yona Ihe(y) — hy(y)| = az, 9), on ne peut pas avoir une inégalité stricte dans (1.5), d’oi (1.4). a Remarque. Sila métrique est bornée, alors la formule hz(y) := d(x, y) conduit a une preuve encore plus simple. En remplagant (X", d’) par son sous-espace forme des limites des suites convergentes (2, C A(X), on peut supposer dans la proposition précédente que l'image de h est dense dans (X', d’). Dans ce cas (X", d’) est essentiellement unique : *Proposition 1.16. Soit (X, d) un espace métrique et (X,, di), (Xz, dz) deux espaces métriques complets. On considere deux fonctions hy : X -+ X, et hy : X + Xo vérifiant (1.6) ve,y€X, di(ha(z), hry) = dalhe(z), ha(y)) = d(e, y)- Supposons en outre que hy(X) est dense dans (X1, dy) et ha(X) est dense dans (Xp, da). Alors il existe une bijection f de X, sur X» telle que (1.7) Vay EX, da(f(2), f(y)) = di(w,y) et foohy = hy. Preuve. En appliquant la proposition 1.13, les fonctions o(hy)7? : hi(X) > ho(X) et hy 0 (he)? : ho(X) 4 hy (X) se prolongent en des fonctions continues f : X, + Xzetg : Xz + Xi. D’aprés (1.6) f vérifie (1.7) pour tous x,y € hy(X); grace A la densité de hy(X) dans X, et Ala continuité de f on en déduit (1.7) pour tous ,y € X1. Les fonctions composées gof :Xi 4X, et fog: X.+7X. Hausdorff 1914. Il a démontré ce résultat en adaptant la méthode de Cantor (1872) et Méray (1872) our identifier les nombres réels avec les classes d’ équivalences des suites de Cauchy de nombres rationnels. La preuve courte suivante, basée sur une idée de Fréchet (1910), est due & Kuratowski (1935). 18 Espaces métriques sont continues, (go f)(c) =2 pourtout 2 €hy(X) et (fog)(t)=2 pourtout 2 €h,(X). Grace & la propriété de densité de hy(X) et ha(X), on en déduit que go f = idx, et f 0g =idx,. Ceci prouve que f est une bijection entre X, et X2. o 1.4. Compacité Commengons par rappeler un théoréme de base de I’analyse classique : Proposition 1.17. (Théoréme de Bolzano-Weierstrass *) Toute suite bornée (an) de réels admet une sous-suite convergente. Preuve. Il résulte directement des axiomes habituels des nombres réels que toute suite monotone et bornée est convergente. I] suffit donc d’établir le lemme ci-aprés. Oo Lemme 1.18. Toute suite (2q) de réels admet une sous-suite monotone. Preuve. Un élément 2, de la suite est appelé un sommet si tq > 2m pour tout m > n. On distingue deux cas. S’il existe une infinité de sommets, alors ils forment une sous-suite décroissante. Sinon, on choisit un élément z,, qui n’est suivi d’aucun sommet. Alors pour tout n > m, il existe m > n tel que t, < tm. Ceci nous permet de construire par récurrence une sous-suite croissante (zp, ). a D’aprés la proposition 1.17, dans un fermé borné de R, toute suite admet une sous- suite convergente. Sous cette forme, ce résultat ne subsiste pas dans tout espace métrique (méme complet): Exemple. Soit une partie infinie d’un espace métrique discret (et donc complet) et (en) une suite dans K, sans éléments répétés. Alors K est fermé borné, mais (z,) n’a aucune sous-suite convergente. On obtiendra néanmoins plusieurs généralisations par la suite (voir le théoréme 1.26, le corollaire 1.27 et le théoréme 3.9, pp. 22, 23, 53). Elles sont basées sur la notion fondamentale de compacité. Définitions, Soit X un espace métrique. a € X est un point d’accumulation d’une suite (zr), s°il existe une sous-suite (2n,) C (an) telle que zp, — a. © X est compact’® si toute suite (2,) C X admet au moins un point d’accumula- tion. © Une partie K de X est compacte si toute suite (t,) C K admet au moins un point d’accumulation dans K. Exemples. # D’aprs le théoréme de Bolzano-Weierstrass, les compacts de R sont exactement les parties fermées et bornées. ‘© Dans un espace métrique discret, les compacts sont exactement les parties finies. ?4Bolzano 1817, Weierstrass 1874, Voir [123]. 26Fréchet 1906. 1.4 Compacité 19 Remarques. Il s’agit d’une notion affaiblie de la limite d’une suite: si t, — a, alors x est un point d’accumulation de (2). En effet, il sufit de choisir (2) = (). En fait, siz, — a, alors est J’unique point d’accumulation de (,). Dans un espace compact, la réciproque est aussi vraie. En effet, si a est un point accumulation de (cn) mais zn 7 a, alors il existe, d’aprés la partie (b) de la proposition 1.2, une sous-suite dont a n’est pas un point d’accumulation. Grace a la compacité, cette sous-suite admet un point d’accumulation b. Alors b est aussi un point d’accumulation de (zn), différent de a. © Pour une suite de Cauchy, les deux notions coincident. En effet, soit a est un point d’accumulation d’une suite de Cauchy (zn), et (2p,) une sous-suite convergeant vers a. Pour € > 0 donné quelconque, choisissons NV tel que d(2iq,m) < €/2 pour tous n,m > N, puis choisissons n > N tel que d(2p,,a) <€/2. Alors € (en, 8) < d(@ny 2m) + (On 2) <5 + 5 =e pour tout n > N. Done 2, + a. © Observons que a est un point d’accumulation d’une suite (z,) si et seulement si pour toute boule B,(a) et pour tout indice m, il existen > m tel que z, € B,(a). Montrons un analogue de la proposition 1.8 (p. 12) : Proposition 1.19. (a) Le produit d’un nombre fini d’espaces métriques compacts est compact. (b) Un sous-espace fermé X' d'un espace métrique compact X est compact. Preuve. (a) Soit (X, d) le produit des espaces métriques compacts (X}, d1),..-, (Xm, dm), et soit (zrq) une suite dans (X, d). Ecrivons zp = (tpi, ++ +s nm): Comme (X1, dz) est compact, il existe a, € X; et une sous-suite («}) de (za) tels que d;(x},,a,) —+ 0. Ensuite, comme (X2, dz) est compact, il existe une sous-suite (x?) de (x4) telle que, pour un certain a2 € X2, do(x2,,a2) —+ 0. Notons qu’on a aussi d,(22,, a1) — 0 parce que (22,) est une sous-suite de (2!,). En continuant, aprés m étapes on obtient une sous-suite (y,) de (z,) et des points a; € X;,j =1,...,mtels que d;(Ynj,@;) +0, j=1,...,m. En posant a = (a1,...,4m) € X, on conclut des égalités (Yn, a) = dy(Yna, a1) + +++ + dn (Ynms Am) que yn + a dans (X,d). (b) Soit (ap) une suite dans X'. Comme X est compact, il existe une sous-suite convergente rp, —> « € X. Comme X’ est fermé, on a € X'. Donc la sous-suite (p,) converge dans X’, o *Proposition 1.20. Une partie compacte d'un espace métrique est fermée. Preuve. Soit K un compact dans espace métrique (X,d), et (tp) C K une suite convergeant vers € X. Il faut montrer que z € K. Comme K est compact, i] existe une sous-suite cp, > y € K. Comme zp, — 2, on ac =y d’aprés l’unicité de la limite. Done 2 = y € K. o Donnons une variante de la proposition 1.11 (p. 14). 20 Espaces métriques *Proposition 1.21. (Théoréme de Cantor’) Soit (Fy) une suite décroissante d’en- sembles fermés non vides dans un espace métrique compact X. Alors I’intersection des ensembles F,, n'est pas vide. Preuve. On choisit un point z, € F, pour chaque n. Comme X est compact, il existe une sous-suite 2, > 2 € X. Comme zp, € Fm pour tout k > m (parce que la suite (Fy) est décroissante), on en déduit que x € Fy, pour chaque m (parce que F, est fermé). CI Pour une deuxiéme application de la compacité considérons la distance des ensembles dans un espace métrique. *Proposition 1.22. Soit K et L deux parties compactes, non vides d’un espace mé- trique (X,d). Alors leur distance, définie par la formule dist (K,L) :=inf{d(z,y) : 2 € K,y € L}, est atteinte : il existe a € K etb € L tels que d(a,b) < d(x, y) pour tous x € K ety € L. Si ’un des ensembles est réduit A un seul point, par exemple si K = {a}, alors on écrit souvent dist (a, L) au lieu de dist ({a}, L). Preuye. D'aprés la définition de la borne inférieure il existe deux suites (z,) C et (Yn) C L telles que d(tq, yn) -> dist (K,L). D’aprés la compacité de K il existe une sous-suite (¢p,) de (en) et un point a € K tels que cp, — a. Ensuite, d’aprés la compacité de L il existe une sous-suite (yn,,) de (Yn,) et un point b € L tels que Ung, —> d. Alors ny, 4 et Yny, + 0, OD d(ny,5Yn,) —* d(a,d) d’aprés la continuité de la métrique d. D’autre part, d(n,,,Un,) > dist (K,L) d’aprés la définition des suites (zn) et (Ya). Done dist (K, L) = d(a,b). oO Remarque. De maniére analogue, on démontre que le diamatre d’un ensemble com- pact non vide Kf est atteint : il existe a, b € K tels que d(a,) = diam K. Etudions maintenant les fonctions continues définies sur un compact. Le résultat sui- vant, malgré sa démonstration courte, est fondamental. Théor’me 1.23. Soit X, X' deux espaces métriques et f : X -+ X' une fonction continue, Si A est une partie compacte de X, alors son image f(A) est compacte dans x, On dit que V'image continue d’un compact est compacte.”® Preuve. Soit (f(zq)) une suite donnée quelconque dans f(A). II faut trouver une sous-suite convergente f(zn,) + 6 € f(A). Comme A est compact, il existe une sous-suite (zn,) C (an) et un point a € A tels que &p, > a. Comme f est continue en a, f(n,) + f(a) d’oi le résultat cherché avec b= f(a). ao Le résultat important suivant se déduit du théoréme précédent, mais donnons-en aussi une démonstration directe : Théoréme 1.24. (Théoréme de Weierstrass”®) Soit X un espace métrique compact non vide et f : X -+ Rune fonction continue. Alors f est bornée. De plus, il existe a,b € X tels que f(a) < f(x) < f(b) pour tout « € K. (Voir la figure 1.6.) 77Cantor 1884. Hausdorff 1914, 1.4 Compacité 21 a b Figure 1.6. Théoréme de Weierstrass Preuve. On choisit une suite (2) C X telle que (en) > inf f(z) =: M. Comme X est compact, il existe une sous-suite en, + a € X. Alors f(2q,) + M (sous- suite) et f(2n,) —> f(a) (continuité de f en a), donc f(a) = M (unicité de la limite). La preuve de I’existence de b est analogue. o Dans le cadre des espaces compacts, les notions de continuité et de continuité uni- forme coincident : Théoréme 1.25. (Théoréme de Heine*) Soit X, X' deux espaces métriques. Si X est compact, alors toute fonction continue f : X — X' est uniformément continue. Preuye. Désignons par det d’ les métriques de X et X'. Raisonnons par l’absurde en supposant que f n'est pas uniformément continue. Alors il existe deux suites (zn), (Yn) dans X et un nombre ¢ > 0 tels que d(zn, Yn) —> 0 mais d'(f(zn), f(Yn)) > € pour tout n. Comme X est compact, la suite (x,) admet une sous-suite convergente an, — a € X. Comme d(2ng, 9m.) —* 0, On a aussi Yn, —> a d’aprés I’inégalité triangulaire : (A, Ung) S A(d, am,) + E(CngsYny) > 0. En utilisant la continuité de f en a, ona f(2tn,) + f(a) et f(Yn,) + f(a) d’od @'(F (ny), f (Ung) > 0d’ apres I’inégalité triangulaire dans X’. Ceci contredit le choix des suites (2n) et (Yn) a Nous allons donner maintenant deux nouvelles caractérisations importantes de la com- pacité, Définition. Une partie K d’un espace métrique est précompacte™! ou complétement bornée si, pour tout € > 0, on peut la recouvrir par un nombre fini de boules de rayon € : Ke CBee. i=1 Weierstrass 1861, Cantor 1870. Le résultat figure déja dans le livre Functionenlehre de Bolzano, écrit entre 1833 et 1841, mais publié seulement en 1930. Heine 1872. SIHausdorff 1914. 22 Espaces métriques Exemples. ¢ Ona toujours les implications finie => complétement bornée => bornée. La premiére implication est évidente. Pour montrer la deuxiéme on fixe e > 0 quelconque et on recouvre l'ensemble K’ par des boules B,(x1),..., Be(tn): Alors diam K < 2c + max{d(2i,2;) : #, @ Dans les espaces métriques discrets on a I’équivalence Len} <0. finie <=> complétement bornée. Dans RY on al’équivalence complétement bornée <=> bornée; voir le théor8me 3.9 (p. 53) pour un résultat plus général. Le théoréme suivant justifie en particulier l’appellation “précompact” : tout ensemble compact est automatiquement précompact. ‘Théoréme 1.26. Pour une partie K d’un espace métrique (X,d), les trois propriétés suivantes sont équivalentes : (a) tout recouvrement ouvert de K a un sous-recouvrement fini; (b) K est compact; (c) K est précompact et complet. De facon explicite, la propriété (a) signifie que si {Ua} est une famille d’ouverts dans X telle que K C UgUa, alors il existe une sous-collection finie {Ua,,..-, an} de {Ua} telle que K CU, U++* UU a, *Preuve. (@) = (b). Supposons qu’il existe une suite (c,) dans K, n’ayant pas de points d’accumulation dans K. D’aprés une remarque suivant la définition des points d’accu- mulation (p. 19), chaque x € K est le centre d’une boule U; dans X, ne contenant qu’un nombre fini d’éléments de la suite (2,,). Montrons que le recouvrement ouvert {U,} de K n’admet pas de sous-recouvrement fini. En effet, la réunion d’un nombre fini d’ouverts Uz ne contient qu’un nombre fini d’éléments de la suite, donc elle ne recouvre pas l’ensemble K. Par conséquent, K n’a pas la propriété (a). (b) = (©). Montrons d’abord que K est complet. Soit (zr,) une suite de Cauchy dans K. D'aprés Phypothese, elle a au moins un point d’accumulation c € K, D’aprés une remarque suivant la définition des points d’ accumulation (p. 18), on conclut que zy —+ 2. Raisonnons maintenant par I’absurde en supposant que K n’est pas précompact, et soit € > 0 tel qu’on ne peut pas recouvrir K par un nombre fini de boules de rayon ¢. On fixe 2; € K quelconque, puis on construit par récurrence une suite (z,) C K telle que on ¢ Bee) 32Heine 1872, Cousin 1895, Borel 1895, Lindeléf 1903, Lebesgue 1904. Voir [62] sur I’histoire de ce résultat. 1.4 Compacité 23 pourn = 2,3,.... Alors d(tn,am) > € pour tous m # n. Cette suite n’a aucun point d’accumulation, ce qui contredit I'hypothése. (c) > (a). Raisonnons par I’absurde en supposant que K n’a pas la propriété (a), et soit U,U, un recouvrement ouvert de K’, n’ayant aucun sous-recouvrement fini. Appelons une partie fermée F de K mauvaise si elle ne peut pas étre recouverte par un nombre fini d’ensembles Ua. Si F est un ensemble mauvais, alors pour tout ¢ > 0, F a une partie mauvaise de diamétre < €. En effet, en utilisant la précompacité de K, considérons un recouvrement fini F C F,U---U Fj, de F par des boules fermées de diamétre < ¢. Au moins I’un des F, est mauvais, parce qu’autrement F' aurait un sous-recouvrement fini par des ensembles Ug, or F est mauvais. En utilisant cette remarque et en partant de F, := K,, on peut construire par récurrence une suite décroissante de fermés mauvais F, dont le diamétre tend vers zéro. D’aprés la proposition 1.11, ils ont un point commun z. Comme x € F; = K, il appartient 4 un ouvert Uz. Comme diam F, - 0, F, C Up si n est assez grand, ce qui contredit le caractére mauvais de Fy. o Voici enfin une généralisation du théoréme de Bolzano-Weierstrass : Corollaire 1.27. Un sous-ensemble K d’un espace métrique complet X est compact si et seulement s'il est fermé et complétement borné. *Preuve. Soit K précompact et fermé. Alors il est complet d’aprés la proposition 1.8 (p. 12), et donc compact d’aprés I’implication (c) = (a) du théoréme précédent. Soit K compact. Alors K est fermé d’aprés la proposition 1.20 (p. 19) et précompact d’aprés ’implication (b) > (c) du théoréme précédent. oO Pour terminer ce paragraphe, nous allons montrer qu’un espace métrique compact n’est pas “trop grand”. Définition, Un espace métrique est séparable s*il admet une partie dense dénombra- ble. Exemple. R est séparable, parce que Q est dense dans R. Proposition 1.28. (a) Tout espace métrique compact X est séparable. (b) Tout sous-espace Y d’un espace métrique séparable X est séparable. Preuve. (a) Pour chaque entier n = 1,2,..., X admet un recouvrement fini par des boules de rayon I/n: X = Byn(am) U-++U Bijn(Qnk,)s 2 = 1,2,..+ Alors l’ensemble dénombrable A= {ay i n=1%..., f=. ka} est dense dans X, c’est-a-dire toute boule B,(a) de X rencontre A. En effet, on fixe n > 1/r, puis on choisit j tel que a € Byjn(dnj). Alors anj € By(a). (b) Soit A une partie dense dénombrable de X. Sia € Aet n = 1,2,... sont tels que By/,(a) rencontre Y, alors on choisit un point gan € Y M Bijn(a). On obtient ainsi une partie dénombrable {yan} de Y. Montrons que toute boule B,(y) de Y rencontre cet ensemble. 24 Espaces métriques En effet, on fixe n > 2/r, puis on choisit a € AN Bin(y). Alors y € YN Byn(a)s donc on a choisi ci-dessus un point yan € ¥ M By/n(a). On conclut en observant que 4(Y, Yan) S d(y, a) + dA, Yan) < 2/n 0 tellles que (2.1) Va,y EX, erdi(x,y) < da(z,y) < codh(a,y). Alors les deux métriques engendrent sur X la méme topologie. On dit que deux métriques sur un ensemble X’ sont équivalentes si elles définissent la méme topologie sur X. La condition (2.1) est done une condi- tion suffisante de I’équivalence des métriques dy et da. Sur l'ensemble X = {1,2,...} des entiers naturels, les métriques d(z,y) =|e-yl, et da(2,y) = |e *-9 | engendrent la méme topologie (Ia topologie discréte), bien qu’elles ne vérifient pas la condition (2.1). Cette condition n’est done pas nécessaire pour ’équiva- lence des métriques. Considérons les deux métriques de la remarque précédente. Montrer que (X, di) est complet, tandis que (X, dy) ne I’est pas, bien que les topologies associées sont les mémes. Ceci montre que la complétude n’est pas une propriété topologique. existe des espaces topologiques séparés non métrisables; voir par exemple les exemples 2.5 ci-aprés, p. 41, (De tels espaces apparaissent aussi naturellement en analyse fonctionnelle : voir par exemple I’étude de la topologie faible dans le volume II de cet ouvrage.) Nous renvoyons & [68] pour des caractérisations des espaces topologiques métrisables. Proposition 2.2. Soit (X,T) un espace topologique et Y un sous-ensemble de X. Alors la famille Ty :={UNY : UET} est une topologie sur Y. Preuve. Vérifions les trois propriétés d’une topologie. ()0=O0NY ET atY=XNYVET. (b) SiU; € T pouri =1,...,n, alors (UNY)N---A(O,NY) = (UiN---NU,) NY € Ty. 2.1 Définitions et exemples 2 (©) Si {Ua} est une famille arbitraire d’éléments de T, alors Ua(Ua NY) = (UVa) NY € Ty. Qa Définition. Un sous-espace d’un espace topologique X est un sous-ensemble ¥ de X muni de la topologie Ty. Soit (X1, Ti), ---. (Xms Tm) des espaces topologiques. Posons X = Xy x +++ x Xm et désignons par B la collection des ensembles de la forme U =U xx Um ot U; € Fj, 1 < i < m. Enfin, désignons par T 1a famille des réunions (finies ou infinies) des ensembles de B : T = {UaUa : {Ua} CB}. Proposition 2.3. La famille T est une topologie sur X. Preuve. Vérifions les trois propriétés d'une topologie. @O=0x---x0E TAX =X x---x XmeT. (b) Si Uj x +++ x Ui, € B pour i= Maa (Ut x +++ Un) = (MaUi) X ++ & (MU in) € B. Ensuite, si U',...,U" € T, alors chaque U‘ ala forme U' = U,,U** pour une famille (finie ou infinie) d’éléments U'* € B. On en déduit que MBL U? = Vay ++ Ua (UBM + UT) € T. (©) Si {U4} est une famille arbitraire d’éléments de T, alors chaque U? a la forme UP = Ugg pour une famille (finie ou infinie) d’éléments U"** € B. On en déduit que +n, alors UgU® = Up Ung UP*# € T. Qo Définition. Le couple (X,) est le produit des espaces topologiques (X1, Ti), «+ (Xm; Tm)- *Proposition 2.4, (a) Un sous-espace Y d’un espace topologique séparé X est séparé. (b) Le produit d’un nombre fini d’espaces topologiques séparés est séparé. Preuve. (a) Soit a,b € Y, a # b. Comme X est séparé, il existe deux ouverts U et V dans X tels quea € U,bE VetUNV =9. Alors UNY et VY sont deux ouverts disjoints de Y qui séparent at b. (b) Soit (X,7) le produit des espaces topologiques séparés (X1,7i),---+ (Xms Toa)» et a = (a1,...,4m), b = (b1,---,bm) deux points distincts dans X. Il existe un indice 1 ¥ est continue ena € X si pour tout voisinage V de f(a) (dans Y), f-1(V) est un voisinage de a (dans X).” f est continue si elle est continue en tout a € X. Cette définition est équivalente a I’ancienne dans le cas des espaces métriques : Proposition 2.7. On se donne deux espaces métriques (X,d), (X', 4’), une fonction f :X — X' etunpointa € X. Les deux propriétés suivantes sont équivalentes : (a) Pour tout € > 0, il existe 6 > 0 tel que si d(x, a) < 6, alors d'(f(z), f(a)) < €; (b) Pour tout voisinage V de f(a) (dans X"), f-*(V) est un voisinage de a (dans X). Preuve. (a) + (b). I existe un ouvert U tel que f(a) € U C V. D’apras la définition des ouverts d’un espace métrique, il existe € > 0 tel que Be(f(a)) C U. Choisissons 6 > 0 par la propriété (a), alors f(Bs(a)) C Be(f(a)) d’od a€ Bia) c f'(Be(F(a))) C FU) C FV). Lrensemble Bg(a) étant ouvert, on conclut par définition que f-#(V) est un voisinage de a. (b) = (@). Pour € > 0 fixé quelconque, l’ouvert B,(f(a)) est un voisinage de f(a) par définition. D’aprés (b), f-1(B,(f(a))) est un voisinage de a, donc il existe un ouvert U de X tel que a € U C f-*(B,(f(a))). D’aprés la définition des ouverts dans un espace métrique, il existe 6 > 0 tel que Bs(a) C U. Alors Bs(a) C f-"(B.(f(a))) d’od f(Bs(a)) C Be(f(a)), ce qui est Equivalent & la propriété (a). a Les résultats du chapitre précédent sur la composition des fonctions continues restent valables dans des espaces topologiques : Proposition 2.8. On se donne trois espaces topologiques X, Y , Z et deux fonctions g:X3Yetf:¥o. (a) Si g est continue en un point a € X et f est continue en g(a) € Y, alors f 0g est continue en a. (b) Si f et g sont continues, alors f 0 g est aussi continue. Preuve. (a) Soit V un voisinage de (f 0 g)(a) = f(g(a)). Alors f-1(V) est un voisinage de g(a) parce que f est continue en g(a), puis g~1(f-!(V)) est un voisinage de a parce que gest continue en a. On conclut en observant que (f 0 g)-#(V) = g"'(f-1(V)). (b) Appliquer la partie (a) & chaque point a € X. o On peut donner des caractérisations élégantes de la continuité globale en utilisant les ensembles ouverts ou fermés : Proposition 2.9. Soit X et ¥ deux espaces topologiques et f : X > Y. Les pro- priétés suivantes sont équivalentes : (a) f est continue; (b) pour tout ouvert U dans Y, f-!(U) est ouvert dans X; (c) pour tout fermé F dans Y, f-'(F) est fermé dans X.* "Hausdorff 1914. SHausdorff 1914. 30 Espaces topologiques Preuve. (a) = (b). Soit U un ouvert quelconque de Y. Il faut montrer que f~1(U) est ouvert dans X, c’est-a-dire que f~1(U) est un voisinage de chaque a € f-!(U), Comme U est ouvert et f(a) € f(f-1(U)) C U, U est un voisinage de f(a). En utilisant notre hypothése, on en déduit que f-1(U) est un voisinage de a. (b) = (a). Soit V un voisinage d’un point f(a) € Y. Iexiste un ouvert U dans Y tel que f(a) € U Cc V. Onen déduit que a € f-!(U) C f-*(V). Comme f~1(U) est ouvert dans X d’aprés (b), on conclut que f~1(V) est un voisinage de a dans X. (b) + (©). Si F est fermé dans Y, alors Y\F est ouvert dans Y, done f-1(Y\F) est ouvert dans X par hypothése. Comme f~1(F) est égal 4 X\f~(Y\F), on conclut que f7\(P) est fermé. (c) = (b). Si U est ouvert dans Y, alors Y\U est fermé dans Y, done f-!(Y\U) est fermé dans X par hypothése. Son complémentaire f-1(U) = X\f~!(Y\U) est done ouvert. o Corollaire 2.10. Soit X un espace topologique, f : X -+ R une fonction continue et ceR (a) SiU est un ouvert de X, alors les ensembles {ceU : f(t) ch, {oe : f(a) #c} sont ouverts dans X. (b) Si F est un fermé de X, alors les ensembles {ceF: f(z)c}, {te F: f(z) =c} sont fermés dans X. Preuve. L’ensemble {x € U : f(x) < c} est!’intersection des ouverts f~'(|—o0, c[) et U, donc lui-méme est ouvert. Dans les autres cas, la preuve est analogue. Q Exemple. Soit K un espace topologique et X un espace métrique. La proposition suivante montre que l’ensemble Cy(K, X) des fonctions f : K — X continues et bor- nées est un sous-espace fermé de l’espace métrique B(K, X). Par conséquent, si X est complet, alors Cy(, X)) est aussi un espace métrique complet. Pour X = R, on écrit souvent C,(K) au lieu de C,(K, X)2 Proposition 2.11. Soit K un espace topologique, (X,d) un espace métrique et (fn) une suite de fonctions f, : K —> X convergeant uniformément vers f : K -> X. Si chaque f,, est continue en un point a € K, alors f est aussi continue en a. Preuve. Pour € > 0 donné quelconque, on choisit n tel que deo(f, fn) < €/3, puis un voisinage U de a tel que d(fa(z); fa(a)) < €/3 pour tout 2 € U. Alors (F(z), F(a)) < d(F(@), fa(2)) + d(Fa(®), fa(a)) + 4 Fala), F(a)) €,€,€ <3tgtgae pour tout « € U. a Remarque. Soit X, Y deux espaces topologiques, D C X et f : D + Y une fonction continue, Une question naturelle est de savoir si f peut se prolonger en une fonction continue F : X —+ Y, définie sur l’espace X tout entier. Aprés Lebesgue, Tietze et Hausdorff, Urysohn a donné des conditions suffisantes générales si Y = R. '° Fréchet 1906. 1 ebesgue 1907, Tietze 1910, Hausdorff 1919, Urysohn 1925. Voir par exemple [42], et aussi la proposition 8.6 dans le volume II de cet ouvrage. 2.3 Connexité 31 Exercices. Soit A une partie d’un espace topologique X et a € X. e On aa € int A si et seulement si A est un voisinage de a. (D’aprés cette pro- priété, on dit que a est un point intérieur" de V si V est un voisinage de a.) © Onaa € ext A si et seulement si X\ A est un voisinage de a. ¢ Onaa € A siet seulement si tout voisinage V de a rencontre A, c’est-d-dire, AnV #0. © On aa € OA siet seulement si tout voisinage V de a rencontre & la fois A et X\A. 2.3. Connexité Rappelons que les intervalles sont les parties C' de R ayant la propriété suivante : si u,z € Cetx < y < z, alors y € C. (En particulier, R, @ et tout ensemble formé d’un seul point sont des intervalles.) Intuitivement, les intervalles sont les parties connexes de R. Donnons-en une caractérisation topologique : Proposition 2.12. Soit A un sous-espace topologique de R. Alors A est un intervalle si et seulement si les seules parties de A, a la fois ouvertes et fermées pour la topologie induite, sont A et 0. Preuve. Si A n’est pas un intervalle, alors il existe des points < y < z tels que x,z € Amais y ¢ A. Posons B = {a € A : a < y}. Alors B est une partie de A, différente de A et de 0. En outre, B=AN)-co,yl d’od B est ouvert dans A par définition. Mais on a aussi B=An]- cos), donc B est aussi fermé dans A par la proposition 2.6 (p. 28). Supposons maintenant que A est un intervalle et soit B une partie de A, différente de A et de 0. Alors il existe deux points z,z tels que x € B et z € A\B. Supposons par exemple que x < z (I’autre cas est analogue), et posons y = sup{a € B : a < z}. Alors as R est aussi un intervalle (voir la figure 2.1). Plus généralemant, on a le Théoréme 2.13. (Théoreme des valeurs intermédiaires') Soit X, Y deux espaces to- pologiques et f : X —+ Y une fonction continue. Si X est connexe, alors son image 4(X) CY est aussi connexe. Autrement dit, l’image continue d’un ensemble connexe est connexe. Preuve. En remplagant Y par l'image de f, on peut supposer que f est surjective : Y = f(X). Soit B une partie non vide, ouverte et fermée de Y; il faut montrer que B =Y. Grace & la continuité de f, f-(B) est une partie non vide, ouverte et fermée de X. SiB #Y, alors f-(B) # X, contredisant la connexité de X. Qo Voila quelques résultats de base : Proposition 2.14, (a) Soit {Aa}acr une famille (finie ou infinie) de parties connexes d'un espace topologi- que X. SiNAg #0, alors UAg est connexe. (b) Le produit d'un nombre fini d’espaces connexes est connexe. (c) L’adhérence d'un ensemble connexe est connexe. Preuve. (a) Soit C une partie non vide, la fois fermée et ouverte de A := UAg. Il faut montrer que C = A. Montrons d’abord que si C rencontre un ensemble connexe B C A, alors on a nécessairement B C C. En effet, d’aprés la définition d’un sous-espace topologique, CNB est une partie non vide, a la fois fermée et ouverte de B. Done CN B = B d’aprés la connexité de B. Comme C rencontre au moins l’un des ensembles Aq, on a Aq C C d’aprés notre remarque précédente. Soit maintenant Ag un ensemble quelconque de la famille. Comme Aq rencontre Ag par hypothése, C rencontre aussi Ag. En appliquant de nouveau notre premiére remarque, on conclut que Ag C C. Done A C C, d’oi en fait A = C. '3Lagrange 1769, Bolzano 1817, Hausdorff 1914. 2.3 Connexité 33 Figure 2.2. Produit d’espaces connexes (b) Montrons que le produit Z de deux espaces connexes X et Y est connexe. (La preuve est analogue pour plusieurs espaces.) On fixe a € X quelconque et on pose (voir la figure 2.2) 4%, = ({a} x Y)U(X x {b}), BEY. On vérifie sans peine que la fonction f : Y — Z définie par f(y) = (a,y) est continue. En appliquant le théor¢me 2.13 (p. 32) on en déduit que image {a} x Y de f est connexe. De maniére analogue, X x {5} est connexe. Comme leur intersection n’est pas vide (elle contient le point (a, b)), d’aprés la partie (b) les ensembles Z, sont tous connexes. Observons que |’intersection des ensembles Z, n’est pas vide : elle contient {a} x Y. En appliquant de nouveau la partie (b), on en déduit que X = Upey Z, est connexe. (©) Soit C # 0 une partie a la fois fermée et ouverte de A. Il faut montrer que C Comme C est un ouvert non vide de A, il rencontre A d’aprds la définition de A. Ainsi Cn Aest une partie non vide, a la fois fermée et ouverte de A. On déduit de la connexité de AqueCN A= A. Ainsi A Cc C Cc Ad’ot A = C parce que C est fermé dans A. Qo Remarques. On dit qu’on peut connecter deux points x et y d’un espace topologique X s’il existe une partie connexe C’ de X les contenant. En utilisant la proposition précédente, on montre que c’est une relation d’équivalence, et que les classes d’équivalence correspondantes sont connexes et fermés. Ce sont les parties con- nexes maximales de X; on les appelle les composantes connexes de X. © On montre aisément que toute partie ouverte et fermée de X est la réunion d’un ensemble de composantes connexes. ‘¢ Une composante connexe n’est pas forcément ouverte. Considérons par exemple le sous-espace X de R formé de 0 et des points 1/n, n = 1,2,... Chaque point 1/n (plus précisément chaque ensemble {1/n}) est ouvert et fermé, donc une composante connexe d’aprés la remarque précédente. Par conséquent, {0} est aussi une composante connexe, mais elle n'est pas ouverte. Donnons une condition suffisante intuitive de la connexité. 34 Espaces topologiques Définition. Soit X un espace topologique. © Soit a,b € X. On dit qu’on peut les connecter par un chemin (ou arc) s’il existe une fonction continue f : (0,1] > X (appelée chemin) telle que (0) = aet f(t) =b. Ondit que X est connexe par arcs si deux points quelconques de X peuvent étre connecter par un chemin. Proposition 2.15. Soit X un espace topologique connexe par arcs. Alors X est con- nexe. Preuve. On déduit du théoréme 2.13 que |’image d’un chemin est toujours connexe. Par conséquent, X a une seule composante connexe d’oi il est connexe. a 2.4. * Compacité La notion de compacité se généralise aux espaces topologiques. Les résultats du para- graphe 1.4 dont I’énoncé 1’ utilise ni la métrique, ni les propriétés complet ou précompact, restent valables. Par contre, il faut changer les démonstrations pour éviter l'utilisation des suites. Définition. Une partie K d’un espace topologique X est compacte'* si tout recou- vrement ouvert de K contient un sous-recouvrement fini. Si X lui-méme est compact, on dit que X est un espace compact. Remarque. D’apris le théoréme 1.26 (p. 22), cette définition est équivalente a l’an- cienne dans le cas particulier des espaces métriques. Les deux autres propriétés équivalen- tes du théoréme 1.26 ne conviennent pas ici. En effet, comme nous l’avons remarqué aprés la proposition 2.1 (p. 26), 1a complétude n’est pas une propriété topologique. Quant aux points d’accumulation, il existe une généralisation convenable de cette notion aux espaces topologiques, en utilisant une généralisation sophistiquée de la notion de suites : voir le paragraphe 2.5 ci-aprés. Nous allons généraliser maintenant 1a plupart des résultats du paragraphe 1.4 aux espaces topologiques. Proposition 2.16. (a) Un sous-espace fermé Y d’un espace topologique compact X est compact. (b) Le produit d’un nombre fini d’espaces topologiques compacts est compact. Preuve. (a) Soit X un espace compact, F C X un ensemble fermé et {Ua} un recouvrement ouvert de F. Alors (X\F') U (U.Uq) est un recouvrement ouvert de X. Comme X est compact, il admet un sous-recouvrement fini X = Ug, Us UU ay ou X = (X\F)UUg, Us UU ans Heine 1872, Cousin 1895, Borel 1895, Lindeléf 1903, Lebesgue 1904. 15En France, on utilise plutdt le nom “quasi-compact”, les espaces compacts étant supposés en outre séparés. Notre terminologie, courante en topologie générale, ne conduira pas & des confusions, parce que la plupart des espaces rencontrés dans ce livre sont séparés, 2.4 * Compacité 38 dot F CUg,U-++UUa,. Done {Ua} admet un sous-recouvrement fini de F. (b) Considérons pour simplifier le produit Z de deux espaces compacts X et Y; le cas général est analogue (ou s’en déduit par récurrence). Soit {W,,} un recouvrement ouvert quelconque de Z = X x Y; on cherche un sous-recouvrement fini. D’aprés la définition de la topologie produit, chaque z = (x,y) € Z aun voisinage ouvert de la forme W; = U, x V, vérifiant W] C W, pour un certain a = a(z). est clair que {W! : z € Z} est un recouvrement ouvert de Z. II suffit de trouver un recouvrement fini Z=W,,U--UW,; en effet, alors on aura aussi 2 = Wain) U>-*U Waten)- Pour a € X fixé quelconque, considérons les ensembles W! = U, x V, pour lesquels a € U,. Leur réunion contient {a} x Y, done les ouverts correspondants V, recouvrent Y. Comme Y est compact, on peut le recouvrir par un nombre fini d’ensembles V,. La réunion des ensembles correspondants W!, = U,, x Vz, (i = 1,...,) contient {a} x Y. De plus, elle contient U, x Y ot U, = Comme X est compact, le recouvrement ouvert X = Ugex Uj}, admet un sous-recou- vrement fini X = Ug, U-++U Usq. En prenant les ensembles W!, choisis pour tous les points ay,.. , on obtient un recouvrement fini Z = Wz, U--- UW}... Oo Proposition 2.17. Une partie compacte K d’un espace topologique X séparé est fermée. Preuve. On fixe a € X\K quelconque. II faut trouver un ouvert U tel que a € U et UnK =6. Eneffet, alors X\K est ouvert et donc K est fermé. Comme X est séparé, pour chaque b € K il existe deux ouverts U; et V, tels que a € Ub € Yet UNV; = 0. D’ apres la compacité de K le recouvrement ouvert Usex Vb de K contient un sous-recouvrement fini : KCV,U--UM,. by 1++- OU, est un voisinage ouvert de a tel que UN K = 0. oO Alors U : Proposition 2.18. (Théoréme de Cantor'®) Soit (Fp) une suite décroissante de fermés non vides dans un espace topologique compact X. Alors l’intersection des ensembles F, n'est pas vide. Preuve. Si NF, = 0, alors X = U(X\F,). Les ensembles X\F, étant ouverts, on déduit de la compacité de X que X= (X\A)U--U(X\ Fn) pour un entier m assez grand. Grice A la décroissance de la suite (F,) on conclut que X = X\Fr d’0u Fp = 0, ce qui contredit I’hypothése de la proposition. a Théoréme 2.19. Soit X et Y deux espaces topologiques et A est une partie compacte de X. Si f : X -Y est une fonction continue, alors f(A) est une partie compacte de vag Autrement dit, l'image continue d’un compact est compacte. *6Cantor 1884. "WHausdorff 1914. 36 Espaces topologiques Preuve. Soit {U,} un recouvrement ouvert de f(A) dans Y. Alors {f-"(Uq)} est un recouvrement ouvert de A dans X. Grace a la compacité de A il existe un sous- recouvrement fini : AC $*(Uay) UU Fan): On en déduit que F(A) C Vay V+ UUans c’est-a-dire {U,,} contient un sous-recouvrement fini de f(A). a Théoréme 2.20. (Théoréme de Weierstrass'*) Soit X un espace topologique compact non vide et f : X —+ R une fonction continue. Il existe a,b € X tels que f(a) < f(z) < FO) pour tout x € X. En particulier, f est bornée, (Voir la figure 1.6, p. 21.) La proposition se déduit du théor8me précédent : f(X) est un ensemble compact dans R, donc il est fermé et borné. I] a un donc un élément minimal et un élément maximal. ‘Vu l’importance de ce résultat, donnons aussi une preuve directe : Preuve. Raisonnons par l’absurde en supposant que par exemple la borne inférieure Ide f n’est pas atteinte. Alors la famille Un = {ee X : f(a) >T4+n}, n=1,2,... d’ouverts recouvre X. Comme X est compact, il existe un sous-recouvrement fini : XCU,U++-UUN pour un certain N. On en conclut que f(x) > I + N-1 pour tout x € X, contredisant la définition de J. a Remarque. Considérons les espaces C(K, X) (voir la page 30) avec K compact. Alors toute fonction continue f : K —+ X est automatiquement bornée; par conséquent, on écrit souvent C(K, X) ou C(K) au lieu de C,(K, X) ou C,() dans ce cas. Notons aussi que doo(f,9) = max doo( F(t), 9(t)) au lieu de sup, pour tous f,9 € C(K, X). Pour donner une nouvelle application de la compacité, introduisons la Définition. Deux espaces topologiques X et Y sont homéomorphes'? s'il existe une bijection f : X + Y telle que f : X + Yet f-! : ¥Y + X sont continues. L’application f est appelée un homéomorphisme. Deux espaces topologiques X et Y homéomorphes ont les mémes propriétés topo- logiques. Par exemple, si X est compact (ou séparé), alors Y est aussi compact (resp. séparé). Pour montrer que deux espaces sont homéomorphes, on peut souvent utiliser la Proposition 2.21. Soit X un espace topologique compact, Y un espace topologique séparé et f : X -+ Y une bijection continue. Alors f est un homéomorphisme.° ‘Weierstrass 1861, Cantor 1870. Poincaré 1895. Hausdorff 1914, 2.4 * Compacité 37 Preuve. Il faut vérifier que f-? : Y -+ X est continue. De manigre équivalente, il faut vérifier que si A est un ensemble fermé dans X, alors f(A) est un ensemble fermé dans Y. Soit donc A un ensemble fermé dans X. Alors A est compact (parce que X est compact), On en déduit que f(A) est compact (parce que f est continue). Enfin, on conclut que f(A) est fermé (parce que Y est séparé). o Exemple. Une courbe plane simple est par définition image d’une fonction con- tinue et injective f : (0,1] + R?. Montrons que les courbes planes simples sont toutes homéomorphes. En effet, le sous-espace (0, 1] de R est un espace topologique compact, tandis qu’une courbe plane simple, en tant que sous-espace de R?, est un espace topolo- gique séparé. En appliquant la proposition précédente on conclut que toute courbe plane simple est homéomorphe a 0, 1}. Remarque. Vu l’importance de la compacité, notons que tout espace topologique peut étre considéré comme un sous-espace d’un espace topologique compact. Voir par exemple [68] pour des résultats de compactification. Etudions enfin la compacité d’un produit infini d’espaces topologiques. Définition. Soit (X;):er une famille quelconque d’espaces topologiques. Désignons par X l'ensemble des points « = (2;)jes ot 2; € X; pour chaque i € J. Introduisons les projections m; : X —> X; définies par m;(z) = aj, (i € I). On munit X de la topologie T suivante: un ensemble U C X appartient 4 7 si, pour tout a € U, il existe une partie finie J de I et des ouverts U; C X; (j € J) tels que ae()r Uj) cU. ied On vérifie que T est effectivement une topologie sur X. Dans le cas d’un nombre fini de facteurs Xj, on retrouve la définition habituelle. Cette définition est justifiée par le théor’me fondamental suivant : Théor’me 2.22. (Théoréme de Tikhonov") Le produit d'une famille quelconque d’espaces topologiques compacts est compact. Nous n’utiliserons pas ce théoréme dans ce volume. Pour la démonstration, suivant [64] ou [68], nous avons besoin de deux résultats préliminaires: le premier généralise la méthode de la récurrence au cas non dénombrable, tandis que le deuxigme permet de vérifier la compacité d’un espace topologique en n’étudiant que des recouvrements ouverts particuliers, Lemme 2.23. (Lemme de Zorn™) Soit A une famille non vide d’ensembles telle que toute sous-famille monotone B a un majorant A € A. Autrement dit, si tout couple By, By d’ensembles de B vérifie l'une des inclusions By C Bz ou Bz C By, alors on suppose qu’il existe A € A tel que B C A pour tout B € B. Alors il existe (au moins) un élément maximal A € A, c’est-d-dire tel que A ¢ B pour tout B € A différent de A. De maniére analogue, si toute sous-famille monotone de A a un minorant dans A, alors il existe (au moins) un élément minimal A € A. Preuve. Nous admettons ce résultat de la théorie des ensembles. En fait, il est équi- valent & Vaxiome du choix; voir, par exemple, [68]. a 2\Tikhonov 1930, 1935, Cech 1937. 270m 1935. 38 Espaces topologiques Définition, Une famille S d’ouverts d’un espace topologique X est une sous-base si, pour tout ouvert non vide V et pour tout point a € V, il existe un nombre fini d’ensembles Syy.+- Sn dans S tels que aESN NS, CV. Exemple, Les intervalles ouverts non bornés forment une sous-base pour la topologie habituelle de R. Proposition 2.24. (Théoréme d’Alexander”») Soit S une sous-base d'un espace topo- logique X. Si tout recouvrement de X par des ensembles de S admet un sous-recouvre- ment fini, alors X est compact. Preuve. Raisonnons par l’absurde en supposant que X n’est pas compact, alors il existe un recouvrement ouvert de X qui n’a pas de sous-recouvrement fini. En appli- quant le lemme de Zorn & la famille de tous les recouvrements de ce type, il existe un recouvrement ouvert maximal V sans sous-recouvrement fini. En particulier, V1 S n’a pas de sous-recouvrement fini. D’aprés I’hypothése de la proposition sur S, il ne recouvre donc pas X. On fixe un point a € X non recouvert par YNS, puis on choisit un ouvert V € V contenant a. Comme S est une sous-base, i] existe Siy--+ Sn dans S tels que a@ESN--NS, CV. Aucun S; n’appartient 4 V parce que a n’est pas recouvert par VS. Par conséquent, en utilisant la maximalité de V, {Sj} U V admet un sous-recouvrement fini. Il existe donc un nombre fini d’ensembles dans V tels que, en désignant par A; leur réunion, on a S,U Aj = X, Alors X= (Sins $,) U(ALU-+-U An) CVUAU-:-UAp, contredisant I’hypothése que V n’a pas de sous-recouvrement fini. a Preuve du théoréme 2.22. La famille S = ({a77(%) + Upest un ouvert de Xi} ier est une sous-base de X par définition. Il suffit donc de montrer que tout recouvrement U C S admet un sous-recouvrement fini. Posons U,:= {U; : U; est un ouvert de X; et (Uj) EU}, ie T. Il existe un indice k € J tel que Uy, est un recouvrement de X,. En effet, dans le cas contraire il existe x € X tel que 7;(z2) n’est recouvert par U4; pour aucun i. Alors « n’est pas recouvert par U/, contredisant le choix de U. Si Uy est un recouvrement de X;, alors il admet un sous-recouvrement fini Xp =U, U-+-UU d’aprés la compacité de X,. On en déduit que X = n(Ui)U-+- Um (On) est sous-recouvrement fini de U4. Q ?3Alexander 1939. 2.5 * Convergence de filets 39 2.5. * Convergence de filets A cause de leur caractére dénombrable, les suites convergentes, trés utiles pour I’étude des espaces métriques, ne suffisent pas pour identifier une topologie générale. Exemple. Soit X un ensemble non dénombrable (par exemple X = R d’aprés un théoréme fondamental de Cantor). L'ensemble vide et les complémentaires des ensembles dénombrables forment une topologie sur X, différente de la topologie discréte. Néan- moins, on a les mémes suites convergentes pour les deux topologies : t, —> 2 si et seulement si, = x pour tout n assez grand. Moore et Smith ont introduit une notion plus générale, bien adaptée & tous les espa- ces topologiques. Définitions. © Un file? dans un ensemble X est une fonction x : J —> X définie sur un ensemble J muni d’une relation d’ordre partie! > telle que i2>i pourtout ie J; sii > jetj>k, alorsi> k; VWi,gel, Ikel: k>dietk>j. On écrira 2; au lieu de (i) et (2;) ou (2;)ier au lieu de x. © Soit («j)ier un filet dans un espace topologique X. On dit que (2;) converge vers a € X ou que a est une limite de (24), si pour tout voisinage U de a, il existe j € I tel que x; € U pour tout i > j. Dans ce cas, on écrit 2; + a, limz; = a ou lim(2;)ier = a. © Soit (x;)ier un filet dans un espace métrique (X,d). On dit que () est un filet de Cauchy si le filet (d(ai,25)) 4, jepyq» 00 J x I est muni de la relation d’ordre partiel définie par GDZHO si i>hetrj>e, converge vers 0. Exemples. © Pour J = N, muni dela relation d’ordre usuelle, on retrouve les suites habituelles. © Soit X un espace topologique et a € X. Désignons par J I’ensemble des voisi- nages de a, muni de la relation d’ordre suivante: U>VeUcYV. Choisissons pour chaque voisinage U € I, un point zy € U. Alors (zy)yer est un filet et zy > a. © Une suite de Cauchy est aussi un filet de Cauchy. Généralisons quelques résultats connus sur les suites. Proposition 2.25. (a) Un espace topologique X est séparé si et seulement si tout filet dans X posséde au plus une limite, Uyfoore et Smith 1922. Voir aussi Picone 1923. 5Cette notion est équivalente la notion élégante du filtre, due & H. Cartan 1937: voir par exemple le livre de Topologie de cette collection. Les filets, plus proche des suites, semblent étre plus faciles & manipuler, Le “filet” s’appelle “net” en anglais. 40 Espaces topologiques (b) Une partie F d'un espace topologique X est fermée si et seulement si pour tout filet (xi) C F convergent dans X, ona lima; € F. (c) Soit X et Y deux espaces topologiques. Une fonction f : X + Y est continue en un point a € X si et seulement si pour tout filet x; > a dans X, ona f(x;) + f(a) dans (d) Unespace métrique (X, d) est complet si et seulement si tout filet de Cauchy converge. Preuve. (a) Soit a et b deux points distincts dans un espace séparé X. Montrons que si x; —> a, alors «x; 7 6. En effet, séparons a et b par deux voisinages di @; — a, il existe un indice j tel que x; € U pour tout i > j. Alors 2; ¢ V pour tout i > 7 et done 2; / 6. Si X n’est pas séparé, alors il existe deux points distincts a,b € X tels que tout voisinage de a rencontre tout voisinage de b. Considérons l’ensemble J de tous les couples (U, V) od U est un voisinage de a et V est un voisinage de b, muni de la relation d’ ordre partiel (U,V) > (Uo, Vo) => UCU et VCV. Pour chaque couple i := "G V) € J, on choisit un point 2; € UNV. On vérifie sans peine que 2; —> aet 2; —> b. (b) Soit (c,) un filet dans un fermé F. Sia € X\F, alors X\F est un voisinage de a qui ne contient aucun élément du filet (¢;). Par conséquent, «; 7+ a. Si A est une partie non fermée de X, alors choisissons un point a € A\A, puis un point zy € UN A pour chaque voisinage U de a. Alors le filet (xy) C A converge vers a. (c) Soit f : X - Y est continue en a et x; — a dans X. Il faut montrer que f(a:) > f(a). Si V est un voisinage de f(a), alors U := f~#(V) est un voisinage de a, donc il existe un indice j tel que x; € U pour tout i > j. On en déduit que f(2;) € V pour tout i > j. Donec f(2;) + f(a). Si f n’est pas continue en a, alors il existe un voisinage V de f(a) tel que f-(V) n’est pas un voisinage de a. Pour tout voisinage U de a, on peut donc choisir un point ay € U\f-(V) (car U ¢ f-4(V)). Alors zy -+ a mais f(ey) 7 f(a) parce que le voisinage V de f(a) ne contient aucun élément du filet (f(z). (@) Sia; > aest un filet convergent dans (X, d), alors pour € > 0 donné quelconque, il existe un indice & tel que d(x;,a) < €/2 pour tout i > k. En utilisant ’inégalité triangulaire, on en déduit que d(x;,x;) < € pour tous i,j > k. Done (2) est un filet de Cauchy. Si tout filet de Cauchy converge dans X, alors en particulier toute suite de Cauchy converge aussi, donc X est complet. Il reste & montrer que si (x;) est un filet de Cauchy dans X et X est complet, alors (2;) converge. Pour chaque n = 1,2,... on peut fixer un indice i(n) tel que Vi,j>i(n), d(wi,2)) <1/n. En remplagant chaque i(n) par un indice i'(n) vérifiant i'(n) > i(1),..., #(n) > i(n) si nécessaire, on peut supposer que i(1) < i(2) < .... Alors 2,1), 24(2),.--est une suite de Cauchy, donc elle admet une limite a. Montrons que z; — a. En effet, pour ¢ > 0 donné quelconque, il existe n tel que 1/n i(n), Ym >n : (xi, tim) < 1/n. 2.5 * Convergence de filets 4 Comme zi(m) — a, en utilisant la continuité de la métrique, on en déduit que Vi>i(n), d(a,a) <1/n a. a Les exemples suivants montrent que I’existence de sous-suites convergentes ne carac- térise pas les espaces topologiques compacts. Exemples. © (Voir [122], exemple 105.) L’ensemble X des fonctions f : R — [0,1], con- sidéré comme le produit X := [cp J: des intervalles compacts J, = [0, 1], est un espace topologique compact d’apris le théor8me 2,22 de Tikhonov, page 37. La convergence dans X est la convergence ponctuelle sur R. Désignons par f,(x) le n-iéme chiffre (aprés la virgule) dans le développement binaire de z € R. (Pour fixer les idées, choisissons les développements finis si possi- ble.) Alors la suite (f,) n’a pas de sous-suite convergente. En effet, pour une sous-suite (fn,) fixée quelconque, considérons un réel x dont le n-itme chiffre binaire (aprés la virgule) est égal 0 si k est pair, et & 1 si & est impair, Alors la suite (fn,) ne converge pas en x. Les fonctions f : R — [0, 1], s'annulant en dehors d’une partie dénombrable de R, forment un sous-espace topologique dense propre Y de X. Par conséquent Y n’est pas compact. Néanmoins, toute suite (f,) de Y admet une sous-suite convergente. En effet, la réunion d’une suite dénombrable d’ensembles dénombrables étant elle-méme dénombrable, il existe une partie dénombrable A de R telle que chaque f, est nulle en dehors de A. Ainsi (f,) appartient aussi au sous-espace compact Z := [jer Jt avec Jt = [0, 1] pour t € Act J; = {0} pourt ¢ A. On vérifie que la topologie de Z est engendrée par la métrique aCF,9) = S224 (te) — 9ltn)I oii (tp) est une suite contenant les éléments de A. Par conséquent, (f,,) admet une sous-suite convergente dans Z et done aussi dans X. Pour remédier cette situation, généralisons les sous-suites et les points d’accumulation. Définitions. Un sous-filet d’un filet (x;) est un filet (yj)jey de la forme yj = 24(5) pour tout 7 € Jou f : J - Jest une fonction ayant la propriété suivante: Wiel, 3jEJ telque k>j = f(k) >i. © Soit («;) un filet dans un espace topologique X. On dit que a € X est un point d’accumulation de (z;) s’il existe un sous-filet (y;) de (z;) tel que yj —+ a. Remarques. ‘© Observons que a est un point d’accumulation de (z;) si et seulement si, pour tout voisinage U de a et pour tout i, il existe j > i tel que x; € U. # On retrouve les sous-suites usuelles (e,,) d'une suite (a;) avec I = J = Net f@) =n. e En modifiant une remarque précédant la proposition 1.19 (p. 19), pour un filet de Cauchy, les notions de limite et de point d’ accumulation coincident. Proposition 2.26. Soit X un espace topologique. (a) Six; — a, alors a est unique point d’accumulation de (2). 42 Espaces topologiques (b) Une partie K de X est compacte si et seulement si tout filet (2:) C K admet un point d’accumulation dans K. (c) Si X est compact et a est l’unique point d’accumulation de (2:), alors 4 + a. Preuve. (a) Soit (yj) un sous-filet de (;) et U un voisinage de a. Il existe un indice i tel que we € U pour tout £ > i. En choisissant j comme dans la définition du sous-filet, on a Ye = 744) € U pour tout k > j. Done y; + a. D’autre part, sib # a, alors 2; / b; il existe donc un voisinage U de b tel que Viel, Sk> GET: a EU. Posons f(j) := k, alors (x4;)) est un sous-filet de (2;) parce que f(j) > j pour tout j. En outre, i] ne rencontre pas le voisinage U de a, donc aucun sous-filet de («4)) ne converge vers b. (b) Supposons d’abord que K n’est pas compact. Alors il admet un recouvrement ouvert KcUU. aca n’ayant aucun sous-recouvrement fini. Considérons la famille I des parties finies de A. D’aprés I’hypothése, pour chaque i := {a1,...,@,} € J, on peut choisir un point 2 € K\ (Ua, U+++UUan)- En considérant la relation d’ordre naturelle i > j <=> i D j dans I, (2;) est un filet dans K. Montrons que (z;) n’a aucun sous-filet convergeant vers un point de K’. En effet, pour a K fixé quelconque, il existe a € A tel que a € Uj. Alors x; ¢ Ug pour tout i > {a}. Par conséquent, aucun sous-filet de (2;) ne converge vers a. Supposons maintenant que (x;) C K n’a aucun sous-filet convergeant vers un point de K. Alors pour chaque point a € K, il existe un voisinage U, de a et un indice i, tels que x; ¢ U, pour tout i > i. Montrons que le recouvrement ouvert KcUU ack de K n’a aucun sous-recouvrement fini. En effet, si a;,..., @n est un nombre fini de points dans K,, alors il existe un indice é vérifiant i > igyy..., i> iaq- Alors a ¢ Ug, U-++UU,- Ainsi K n’est pas compact. (c) Si a est un point d’accumulation de (2;) et x; a, alors il existe un voisinage U de a et un sous-filet (ys) C X\U. D’aprés (b), (yj) admet un point d’accumulation 6. Alors 6 # a et b est aussi un point d’accumulation de (2). Donec (2;) admet au moins deux points d’accumulation distincts, (a) Chapitre 3 Espaces normés Le fait que dans ce travail on ne considere que des fonctions continues, n'est pas essentiel. E Riesz Les espaces normés sont des espaces vectoriels munis d’une métrique spéciale, com- patible avec la structure linéaire. Ils sont trés bien adaptés & I’étude de la dérivée des fonctions. Nous n’insistons pas sur les espaces normés de dimension infinie : ils feront l'objet de la partie analyse fonctionnelle dans le volume II. 3.1. Définitions et exemples Définitions. Soit X un espace vectoriel sur R (pour simplifier). © Une norme! sur X est une fonction ||-| : X —> R vérifiant pour tous 2,y, z € X et \ € R les quatre propriétés suivantes : ¢ [ie >0, e |z|=0 <>» 2x=0, © [Aall = [Al Mell, ¢ [lz +yll < lel] + [lyll- La derniére propriété s’appelle J'inégalité triangulaire. @ Un espace normé (X, |||) est un espace vectoriel X muni d’une norme |l-||. Exemples. ¢ X =R, |[e|| = [2]. On va toujours considérer cette norme sur R. © Comme dans le chapitre 1, soit Kun ensemble non vide quelconque et désignons par B(K) l’ensemble des fonctions bornées f : K —+ R; c’est un espace vecto- riel sur R. La formule Ilflloo = sup |f(t)] tek définit une norme sur B(K). © Plus généralement, soit K un ensemble non vide, (X, ||+|) un espace normé, et désignons par B(K, X) ensemble des fonctions bornées f : K -» X. (On dit "Riesz 1917. 44 Espaces normés que f : K - X est bornée s'il existe une constante M telle que || f(t)|] 0; ona K(z,y)| = tI(@, 9’) S tllell = [lel - Hy. L'inégalité triangulaire s’ obtient maintenant comme suit : lle + ull? = (@ + y,2 +9) = lel? + lly? + (2, ») 2 S lel? + yl? + 2lell- tall = (lel + lly). Par la suite, un espace euclidien sera muni automatiquement de la norme définie ci- dessus. ‘Lagrange 1773, Cauchy 1821, Buniakovsky 1859, Schwarz 1885. 46 Espaces normés p=l p=2 Figure 3.2. “Boules” unité D’aprés ce qui précéde, on peut définir les normes différentes suivantes sur R™ : lel: = laa] +--+ fom, Ukella = (03 +--+ 28)" [alles = max{ Jail, feml}? La deuxiéme provient du produit scalaire de R™ introduit ci-dessus, tandis que la troisitme est le cas particulier du deuxiéme exemple si l’on identifie les vecteurs de R™ avec les fonctions f : K + Rod K = {1,...,m}. Sur la figure 3.2 nous avons tracé les “boules” unité B,(0) correspondantes pour m = 2. Plus généralement, la proposition suivante montre en particulier que la formule [elle = (ln P+-+-+|emP)!, 2eR™ définit une norme sur R™ pour tout 1 < p < oo. Définition. 1 < p < coet 1 < g < oo sont des exposants conjugués si p-! + q7* 1 Remarque. Notons que 1 < p < oo si et seulement si 1 < q < oo, Dans ce cas chacune des trois conditions q=P/(p-1), p=a/Q-1), (@-1g-1)=1 est équivalente a p~! + q L Proposition 3.2. Soit p et q deux exposants conjugués. (a) (Inégalité de Young’) Si x et y sont deux nombres positifs et p, q sont finis, alors wy? — +e, po4@ (b) (Inégalité de Holder’) Six et y sont deux vecteurs dans R™, alors [So asal < Welle Holle ‘1 ays (c) (Inégalité de Minkowski®) Si x et y sont deux vecteurs dans R™, alors z+ ally < llellp + Ilulle- (d) |[-llp est une norme sur R™. SYordan 1882, Peano 1888, 1890. Young 1912. Rogers 1888, Hilder 1889. Minkowski 1896. 3.1 Définitions et exemples 47 Figure 3.3. Inégalité de Young Preuve. (a) Supposons par symétrie que p > 2 et considérons le graphe de la fonction y = 2? ou x = y'}, (Voir la figure 3.3.) Le domaine hachuré contient le rectangle de cOtés x et y, done son aire est supérieure ou égale & xy. Par conséquent, = v ws [ wrasse [ a are ae 0 0 po (b) Supposons d’abord que 1 < p,q < 00. Si ||zl|p = llyll = 1, alors en appliquant Vinégalité de Young on a = ne yf Vial lwls +4 i=1 i=l P q Dans le cas général écrivons x = sz! et y = ty! avec ||21'llp = Ily'lle [Xcel = 2#|S0 tail < stlle'y lle = lal lle Les cas p = 1 et p = 00 s’obtiennent en passant & la limite, parce que ||z||p — ||srIl1 si p> Let ||z\lp > ||2Ilo0 si p — 00. lp lle. Let s,t > 0. Alors (©) Supposons que 1 < p,q < oo. (Le cas général s’en déduit de nouveau par passage Ala limite.) Si || + yllp = 1, alors en utilisant l’inégalité de Hélder on obtient que the + ully = le + all = See + wa? a < Vlad lect ult + Iwl a a < Hal (S> fee + al?) + tale(S> fas +l) iat iat = telly + lalla, tut 48 Espaces normés parce que (p — 1)q = p. Dans le cas général on écrit x = tz’ et y = ty’ avec t > 0 tel que [lz + y'llp = 1. Alors ona [lz + ally = tlle’ + 9'llp S tla'llp + thly'llp = llellp + llull- (d) On vient de vérifier I’ inégalité triangulaire. Les autres axiomes sont évidents. 0 De maniére analogue, si J est un intervalle compact, alors la formule Ute == (rcp ae)” définit une norme sur C(J) pour tout 1 < p < oo. (Rappelons que nous avons déja défini la norme ||-||oo sur C(Z).) Proposition 3.3. Soit p et q deux exposants conjugués. (a) Si f,g € C(1), alors [f 19H < is: lal (b) Si f,g € O(1), alors IIf + glp < IIfllp + Illy. () ||llp est une norme sur O().2 Preuve. Les cas p = 1 et p = co se vérifient aisément. Supposons désormais que 1 R est une fonction lipschitzienne (et donc uni- formément continue). Dans le reste du chapitre les lettres X,Y, Z désigneront toujours des espaces normés. On va utiliser désormais la notation f : X > Y aulieude f :D + Y (DC X)siil nest pas nécessaire de préciser le domaine D de f. Proposition 3.4. (a) On at» > dans X si et seulement si ||tq — 2|| + 0. (b) Une fonction f : D-+ ¥ (DC X)est continue en un point a € D si et seulement si pour tout € > 0 il existe 5 > 0 tel que siz € Det||x —allx <6, alors ||f(x) — f(a)lly <«. (c) Une fonction f : D + Y (D C X) est uniformément continue si et seulement si pour tout e > Oil existe 5 > 0 tel que Si a, € Det || — 2al|x < 6, alors ||f (a1) — f(aa)lly x, alors ||zq\| > |lzll- (e) Soit (tn), (Yn) C X et (An) C R des suites vérifiant , + ©, Yn > y et An + Alors Int+¥nJo+y et AnLp_— Az. (f) Si f,g : X <+Y sont continues en a, alors f +g : X < Y est continue ena. (g) Sif :X + Retg : X +¥ sont continues ena, alors fg : X + Y est continue ena. (h) Le produit scalaire d'un espace euclidien est continu : si tty > et Yn > y, alors (2m Ym) > (24). Preuve. (a), (b) et (C) sont des reformulations des défi métriques. (d) résulte de Pinégalité ions de ces notions dans les espaces Wall ~ Hal] < len ~ ll. (e) et (h) résultent des trois inégalités I@n + un) — (2 +9) f(a) + 9(a) = (Ff + 9)(a) et (f9)(#n) = f(@n)g9(an) + F(a)g(a) = (f + 9)(a). oO Exemples. © Considérons ’espace X = R™ muni d’une norme |[+\|p,1 < p < 00. Soit (en) une suite dans X,« € X, et posons ty = (@n1,---,2nm), @ Alors tn — a si et seulement si ,; —> a; pour i = 1,...,m. La conver- gence normale est donc équivalente A la convergence des m suites numériques des composantes. En particulier, elle est indépendante du choix de p. On dit que les normes [|||p sont équivalentes sur R™. © Considérons I’espace Y = R™ muni d’une norme ||:||p, 1 < p < co. Soit f +X RY et écrivons f(c) = (fi(2),..., fm()), alors ona fj: X OR, 1 0 tel que ||x|| < M pour tout « € K. Montrons d’abord le Lemme 3.7. Dans l'espace normé (IR™, ||-||oo) tout ensemble borné est précompact. Remarque. Rappelons (voir la page 21) que la réciproque est vraie dans tout espace métrique. Preuve. Soit K un ensemble bomé et soit M > 0 tel que ||z\|0 < M pour tout x € K. Pourr > 0 donné quelconque, on fixe un entier N > 1 tel que Nr > M, puis on considére les boules B,(a) ott a parcourt les points de R™ de la forme a=(kyr,...,kmr) N}. Sie = (21,...,2%m) € K, alors l’une de ces ..,metdone « € B,(a). o avec des entiers ky... km € {—N, boules vérifie Ja; — kyr| 0 telles que G1) Wee X, eillall! < |le|| < callell’- Remarques. On dit que deux normes sur un espace vectoriel X sont équivalentes si elles engendrent la méme topologie sur X. On montre facilement que (3.1) est une condition suffisante de I’équivalence des normes ||+|| et |:||/. Le théoreme 3.8 implique donc que sur un espace vectoriel de dimension finie toutes les normes sont équivalentes. © On peut montrer que (3.1) est en fait une condition nécessaire et suffisante de P’équivalence des normes ||-|| et ||-. Comparer & une remarque aprés la propo- sition 2.1 (p. 26) concernant l’équivalence des métriques. 'Tikhonov 1935. 3.3 Espaces normés de dimension finie 53 © Soit ||-|| et |[-' deux normes équivalentes sur un espace vectoriel X. Si (X, |||) est complet, alors (X, ||-||') est aussi complet. Comparer & une autre remarque suivant la proposition 2.1. En remplacant une norme par une norme équivalente, les ensembles ouverts, fermés, bornés, compacts, précompacts, ainsi que les suites convergentes et les suites de Cauchy restent les mémes. Les fonctions continues, uniformément con- tinues ou lipschitziennes f : X + Y restent aussi les mémes si on remplace les. normes de X et Y par des normes équivalentes. D’od I’importance du théoréme 3.8. Preuve du théoréme 3.8, Comme un espace vectoriel de dimension finie m est (al- gébriquement) isomorphe 4 R”, on peut supposer que X = R". On fixe une norme ||| quelconque sur R™. I! suffit de considérer le cas |||!’ = | Ilo: Considérons la fonction f:K9R fle)= lel définie sur la sphére unité de (IR™, ||-o0) : K ={2eER™ : |lxllco = 1}- Alors f est continue (et méme lipschitzienne). En effet, en posant M = max({leil,---» lem} ot €1 = (1,0,...,0),..-,€m = (0,---,0,1), [al] = ner +++ ae S$ M(lai] + 2+ [aml) = Milos pour tout z € R™ d’ot L(@) ~ F(W)1 = {lll = lull < lke = ull < Mrz — dlloo pour tous ,y € R™. D’aprés le lemme 3.7 et le corollaire 1.27 (p. 23), K est compact. (Notons que (R™, ||-[loo) est complet : il est isomorphe & l’espace B(K’) avec K = {1,...,m}.) En appliquant le théoréme 1.24 ou 2.20 (pp. 20, 36) il existe a,b € K tels que Vee K, lal] < lel] < Ib}. Comme |lalloo = l[dlloo = 1, 0n a,b # Det donc cy := |lal] > 0, co :=|I6l| > 0. Pour x € R™ donné quelconque, on peut écrire a = ta’ avec t = |[a|xo et 2’ € K. Alors ¢1 < |la'l| < co. En multipliant par ¢ on obtient I’inégalité cherchée. Oo On déduit du théoréme 3.8 les résultats principaux de ce paragraphe : Théoréme 3.9. Soit (X, ||||) un espace normé de dimension finie. Alors (a) (X, ||-|) est complet; (b) une partie de X est précompacte si et seulement si elle est bornée; (c) une partie de X est compacte si et seulement si elle est fermée et bornée; (d) X est séparable; (e) toute suite bornée (4) C X a une sous-suite convergente."' ‘Tikhonov 1935. 54 Espaces normés Figure 3.5. Points a distance minimale Preuve. On peut supposer que X = R en tant qu’espace vectoriel. (a) Soit (xz) une suite de Cauchy dans (X,||-||). Alors elle est aussi une suite de Cauchy dans (R”, ||-||o0), parce que les deux normes sont équivalentes. (R™, ||-|]oo) étant complet, il existe x € R™ tel que ||zr, — loo + 0. En utilisant de nouveau I’équivalence des deux normes, on conclut que ||, — | —> 0. (b) Nous avons déja montré ce résultat dans (R™, ||-|loo). Le cas général en résulte parce que, pour deux normes équivalentes, les ensembles bornés sont les mémes et les ensembles précompacts aussi. (c) C’est une conséquence des deux propriétés précédentes et du corollaire 1.27 (p. 23). (d) Chaque boule fermée {x € X : ||z|| < n},n = 1,2,... est séparable en tant qu’espace métrique compact (voir la proposition 1.28, p. 23), donc elle contient une partie dense dénombrable D,,. Alors D := UD, est une partie dense dénombrable de X. (e) I existe r > 0 (assez grand) tel que (tn) C B,(0). L’adhérence K de cette boule, étant fermée et bornée, est compacte. On conclut en utilisant la définition de la compacité. Qo Remarque. On a ainsi démontré que tout espace normé de dimension finie est un espace de Banach et que tout espace euclidien de dimension finie est un espace de Hilbert. Le corollaire suivant du théoréme 3.9 joue un réle important en théorie d’approxima- tion. Proposition 3.10, Soit Y un sous-espace vectoriel de dimension finie d'un espace normé (X, ||-||). Pour tout x € X il existe a € Y tel que (3.2) weY, |lz—all < lz - yl]. Preuve. Soit (yn) C Y une suite vérifiant = Yall > inf|jz — yl] =: M. lle — gull + ingle — all Alors (yn) est bornée dans Y. Comme dim Y < 00, ilexiste une sous-suite yn, + a € Y. Alors || — yng] + M et || — Ynyl| > || — al], d’od || — al] = M. a Le point a n’est pas toujours unique : Exemples. (Voir la figure 3.5.) © Soit Y = {y eR: x+y = O} ete = (1,1) dans (R?, ||-||1). Alors t,t) € ¥ vérifie (3.2) pour tout -1 0, on déduit de (3.3) que 0> (|x — al)? — [lz — (a + tz)|)?) = 2(@ — a, 2) ~ tla. En faisant tendre t vers 0, on obtient que (« — a, z) < 0. En appliquant ce résultat 4 —z au lieu de z, on obtient que (zz — a, —z) < 0; donc (# — a, z) = 0. Pour terminer la preuve, montrons que sia € Y vérifie (3.4), alors || —y]| > || — all pour tout y € Y différent de a. (Ceci entraine aussi l’unicité de a.) En effet, avec z=a-y,ona lle - yl? = II(@—) + (a—y)IP = ||e — al? + lla — yl? + 2(¢ —a,a— y) = llr al? + lla— a)? > [le - al??. Si a est la projection orthogonale de « sur Yb est la projection orthogonale de y sur Y eta, @ € R, alors on déduit de (3.4) que ((az + By) — (aa+ 6b),z)=0 pourtout z€Y. On conclut que aa + 3b est la projection orthogonale de ax + By sur Y. Enfin, en appliquant (3.4) avec z = a et en utilisant linégalité de Cauchy-Schwarz on obtient que lla? = (@,a) < fell -[lall, dot |lall < [lzIl- o 3.4. Applications linéaires continues Soit X et Y deux espaces normés. Une application A : X — Y est linéaire si A(z+y) = Aa) + Aly) et A(Az) = A(z) pour tous x,y € X et \ € R. On écrit souvent Az au lieu de A(z). Le résultat sui- vant montre que pour une application linéaire la continuité, la continuité uniforme et la propriété lipschitzienne sont toutes équivalentes a la continuité en 0. "Legendre 1805, Gauss 1809. 56 Espaces normés Lemme 3.12. Une application linéaire A : X -+ Y est continue en 0 si et seulement s'il existe un nombre M > 0 tel que G5) ||Azl] < Mla pour tout x € X."4 Preuve. Si A est continue en 0, alors il existe 5 > 0 tel que zeEX et [lel] $6 Ael| <1. On en déduit (3.5) avec M = 1/6. Réciproquement, la propriété (3.5) implique la pro- priété lipschitzienne de A avec L = M : ||Az — Ayll = ||A(@ ~ y)I| < Mll2 ~ yll pour tous x, y. a Définition. Désignons par L(X,Y) l’ensemble des applications linéaires continues A :X -+Y. Ensuite, pour A € L(X,Y) désignons par ||Al| la borne inférieure des constantes M > 0 vérifiant (3.5) pour tout z € X. On vérifie par passage & Ia limite que (3.5) est aussi vérifiée avec M = ||All. Ainsi || Al] est la plus petite constante M > 0 vérifiant (3.5) pour tout « € X. Ona donc (3.6) Vee X, ||Aal| < ||All- [lell- De manidre équivalente, ||Az\] (3.7) |All = sy 7 A= SP Tall Proposition 3.13. Muni de la norme (3.1), L(X, Y) est un espace normé. Preuve. Il est clair que L(X, Y) est un espace vectoriel. La seule propriété non trivi- ale est |’ inégalité triangulaire. Comme (A+ B)a|| < [Az] + [|Be|| < [All - Hell + BI Hell = (Al + BI) - lel pour tout x € X, onal’inégalité triangulaire || A+B|| < || Al|+||Bl|. Les autres Propriéiia se vérifient aisément. Exemple. Toute matrice (aj) de taille n x m définit de maniére naturelle une appli- cation linéaire A : R™ + R®, Munissant R™ de la norme |j ||, et R® de la norme || los on vérifie sans peine que A est continue et (ll = maja Le résultat suivant simplifie I’étude des applications linéaires dans les espaces normés de dimension finie. Théoréme 3.14. Soit X, Y deux espaces normés et A : X -+ Y une application linéaire. Si X est de dimension finie, alors A est continue. Preuve. Grace au théoreme 3.8 (p. 52) sur I’équivalence des normes on peut sup- poser que X = (R™, ||-||1). Introduisons les vecteurs e; comme dans la démonstration du théoréme 3.8, et posons M = max{||Aer|),...,||Aem|l}- "Banach 1922. 3.4 Applications linéaires continues 37 Alors Az = llzrAer + +--+ tmAeml| B, le second membre tend vers zéro d’oi le résultat. a Définition. Deux espaces normés X et Y sont isométriquement isomorphes s'il existe une bijection linéaire f : X ++ Y telle que vee X, |IF(@)Il = llell- Test souvent utile d’ identifier deux espaces normés isométriquement isomorphes. Par exemple, toute application linéaire A : R — R est de la forme Az = az pour un réel a convenable. Cette remarque permet d’identifier A avec a. Plus généralement, on a la Proposition 3.16. Soit X un espace normé. Alors L(R, X) est isométriquement iso- morphe a X : on peut choisir f:XL(R,X), f(at=ta, teR. Preuve. Il est clair que f(a) : R -+ X est linéaire et que ||f(a)tl| déduit que f(a) € L(R, X) et |[f(a)]| = [lal La linéarité de f est évidente et on déduit ar égalité || f(a)|| = llal| que f est injec- tive. Pour la surjectivité de f, on vérifie que f(A(1)) = A pour toute application linéaire Ae L(R,X). a Terminons ce paragraphe par un résultat de prolongement : t|- j]all. On en Proposition 3.17. Soit M un sous-espace vectoriel dense d'un espace normé X, ¥ un espace normé et f : M + Y une application linéaire continue. Alors f se prolonge, de maniere unique, en une application linéaire continue F € L(X,Y). De plus, on a Fl = IF Preuve. On vérifie facilement que le prolongement continu F de f, fourni par la démonstration de la proposition 1.13 (p. 16), est linéaire et que ||F|| = ||]. Q 58 Espaces normés 3.5. Formes linéaires continues Définitions. @ Une forme linéaire est une application linéaire a valeurs réelles. © L’espace dual'® d’un espace normé X est espace normé L(X,R) des formes linéaires continues sur X. Il est souvent noté X'. Dans les espaces euclidiens, il y a “beaucoup” de formes linéaires continues : Proposition 3.18. Soit (X, (-,-)) un espace euclidien. (a) Soit c € X. Hexiste p € X" tel que ||y| = |lel| et o(c) = llell?. (b) Soit 21,22 € X. Si (x1) = (x2) pour tout y € X", alors x, = 22. Preuve. (a) La formule y(z) := (c, 2) définit une forme linéaire continue p. Ona ||p|| < |lell d’aprds ’inégalité de Cauchy-Schwarz : lo(2)| = I(e,2)I < ell - Ill- L'inégalité inverse ||yl] > |lel| résulte de Iégalité ¢p(c) = |[el|?. (b) Si x; A 2, alors en appliquant (a) Ac = x ~ x2 on obtient que y € X' et (21 — #2) £0, cest-a-dire y(x1) # (x2). o En fait, la proposition reste valable dans tout espace normé, mais la démonstration est plus difficile : elle est basée sur le *Théoréme 3.19. (Théoréme de Helly-Hahn-Banach'*) Soit M un sous-espace vecto- riel dans un espace normé X et f : M —> R une forme linéaire continue. Alors f se prolonge en une forme linéaire continue y € X' avec préservation de la norme : llell = Ill Remarque, Comparons ce théoréme & la proposition 3.17 (p. 57). La différence principale est que M n'est pas nécessairement dense ici. Par contre, on suppose que Y =R, et ’unicité du prolongement n’est pas garantie. Admettons provisoirement ce théoréme et appliquons-le pour généraliser la proposi- tion précédente : Corollaire 3.20. Soit (X, |||) un espace normé. (a) Soitc € X. Mexiste y € X" telle que |\pl| = ell et o(c) (b) Soit 1,22 € X. Si p(2) = plea) pour tout y € X', alors x = 22. *Preuve. (a) Soit M le sous-espace vectoriel de X engendré par c et posons f (tc) = tllel|?, t€R Alors f € L(M,R), |Ifl| = llell et f(c) = llell2. On conclut en appliquant le théoréme précédent. (b) On peut répéter la preuve de la partie (b) de la proposition précédente. a "Hahn 1927. '64elly 1912, Hahn 1927, Banach 1929. On associe rarement le nom de Helly & ce théor’me; pourtant, Ja premitre étape cruciale de la preuve suivante lui est due. 3.5 Formes linéaires continues 59 *Preuve du théoréme 3.19. Si f = 0, alors on pose y = 0. Sinon, quitte & multiplier f par une constante, on suppose désormais que |||] = 1. Premiére étape. Montrons d’abord que sia € X\M, alors f se prolonge en une forme linéaire continue de norme 1, définie sur le sous-espace vectoriel Y engendré par M et a. On fixe un réel a (A choisir plus tard) et on pose W(a + ta’ f(z)+ta, czeM, tEeR Alors p : Y —+ R est un prolongement linéaire de f, et donc ||| > 1. Nous allons montrer que pour un choix convenable de ay, l’inégalité inverse ||1|| < 1 est aussi vérifiée. Comme ¥(—y) = —1(y), il suffit de trouver a tel que U(x + ta) < ||x + tall pour tout z € M ett > 0. Pourt = Oc’est vrai parce que y prolonge f. Sinon, en divisant par t > 0, on obtient les conditions équivalentes (a! £4) < Iz" £al] pour tout «' € M, ou encore, en utilisant la définition de #, F(z!) = lle! = al] S @ < |I2' + al] — f(z’) pour tout 2’ € M. Pour I’existence d’un tel a, il suffit donc d’établir les inégalités Vee" EM, f(z!) - |x’ ~all < |e" + al] ~ f(z"). (e+ 2") < |! +2" (x' — a) + (2" +a)|] < |! ~al| + la" + al, Se!) + fe") d’oi la conclusion cherchée. Deuxiéme étape. Si X est de dimension finie (ou plus généralement si M est de codi- mension finie), alors le théoréme s’obtient par récurrence, en appliquant I’étape précédente un nombre fini de fois. Dans le cas général, considérons la famille de tous les prolonge- ments linéaires de f de norme 1. En identifiant ces formes linéaires avec leurs graphes, on peut appliquer le lemme 2.23 de Zorn (p. 37) pour montrer l’existence d’au moins un prolongement maximal g de norme 1 de f. D’aprés |’étape précédente, il est défini sur X tout entier. a

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