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ARTICLE

TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR
Techniques L’expertise technique et scientifique de référence
de l'Ingénieur

p2645
c5221
Spectrométrie
Traitement de masse
des boues - Principe
d'épuration
et appareillage

Date de publication : 12/09/2014


10/08/2014
Par :
Jean-Marc BERLAND
Guy BOUCHOUX
Docteur en sciences et techniques de l'Environnement de l'École Nationale des Ponts et
Professeur
Chaussées,àChef
l’université Paris
de Projet XI (Orsay),
à l'Office École Polytechnique,
International DCMR,
de l'Eau - CNIDE Palaiseau
(Limoges - France)
Michel SABLIER
Chargé de recherches au CNRS, École Polytechnique, DCMR, Palaiseau

Guy BOUCHOUX
Professeur à l’université Paris XI (Orsay), École Polytechnique, DCMR, Palaiseau

Michel SABLIER
Chargé de recherches au CNRS, École Polytechnique, DCMR, Palaiseau

Cet article fait partie de la base documentaire :


Mesures
Génie civil- Analyses
- Gestion de l'eau
Dans le pack : GénieMesures civil- Analyses
et dans l’univers : Technolgies de l’information
Construction

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Traitement des boues d’épuration


par Jean-Marc BERLAND
Docteur en sciences et techniques de l’Environnement de l’École Nationale des Ponts et
Chaussées
Chef de Projet à l’Office International de l’Eau – CNIDE (Limoges – France)

1. Quelques rappels sur les boues et sous-produits ..................... C 5 221v2 – 2


2. Principales voies de traitement ................................................... — 3
3. Stabilisation des boues ................................................................. — 5
3.1 Stabilisation à la chaux ...................................................................... — 5
3.2 Stabilisation des boues aux nitrites (procédé SAPHYR‚) ................ — 6
3.3 Stabilisation aérobie thermophile ..................................................... — 7
4. Procédés de réduction des boues................................................ — 10
4.1 Procédé Bio Thelys (Veolia Eau) ........................................................ — 10
4.2 Procédés Biolysis (Suez Environnement) .......................................... — 10
4.3 Procédé Inos ....................................................................................... — 11
5. Déshydratation des boues............................................................. — 11
5.1 Déshydratation mécanique et naturelle ............................................ — 11
5.2 Filtres à plateaux ................................................................................ — 11
5.3 Filtres à plateaux membranes ........................................................... — 13
5.4 Lits de séchage ................................................................................... — 13
5.5 Lagunes de séchage ........................................................................... — 13
5.6 Traitement par lit de séchage planté de roseaux .............................. — 14
5.6.1 Principe .................................................................................... — 14
5.6.2 Mécanismes en jeu .................................................................. — 14
5.6.3 Procédé Rhizophyte (SAUR) .................................................... — 15
5.7 Déshydratation par séchage solaire .................................................. — 16
5.8 Déshydratation thermique ................................................................. — 19
5.8.1 Séchage thermique .................................................................. — 19
5.8.2 Sécheurs directs ...................................................................... — 20
5.8.3 Sécheurs indirects ................................................................... — 20
6. Oxydation par voie humide (OVH) ............................................... — 23
7. Compostage ..................................................................................... — 24
8. Épandage agricole .......................................................................... — 26
9. Conclusion........................................................................................ — 27
9.1 Alternatives ........................................................................................ — 27
9.2 Coûts des données anciennes et/ou parcellaires .............................. — 28
9.2.1 Coûts de la filière d’utilisation agricole des boues
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d’épuration municipales (données 1998) ................................ — 28


9.2.2 Coûts avancés par le site Internet du Conseil général
du Finistère (données 2009) .................................................... — 28
9.2.3 Recommandations ................................................................... — 28
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. C 5 221v2

L es boues d’épuration sont constituées avant tout :


– de particules solides non retenues par les pré-traitements en amont de la
station d’épuration ;
– de matières organiques non dégradées ;
– de matières minérales ;
– de micro-organismes (bactéries dégradatives pour l’essentiel).
Elles se présentent sous forme d’une « soupe épaisse » qui subit ensuite des
traitements visant, en particulier, à réduire leur teneur en eau.

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TRAITEMENT DES BOUES D’ÉPURATION –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Cet article fait état des enjeux attachés aux boues d’épuration, ainsi que des
techniques de traitement et de valorisation des sous-produits de boues…

 les gaz, gaz carbonique et azote notamment, qui retournent à


1. Quelques rappels l’atmosphère.
sur les boues et sous- Remarque
produits Du fait de leur volume et des nuisances qu’elles génèrent, les
boues constituent les principaux déchets à traiter sur une sta-
tion d’épuration.

Selon l’Ademe, la quantité de boues produite par une station  La directive 2000/60/CE du Parlement européen et du Conseil,
d’épuration peut varier de 10 à 25 kg de matière sèche/hab./an, qui a établi un cadre pour une politique communautaire dans le
avec un moyenne qui se situerait autour de 15 kg/hab./an (voir le domaine de l’eau, et les textes pris en application ont entrainé la
Pour en savoir plus). densification du traitement des eaux usées et un niveau poussé
d’épuration. Par conséquent, c’est une masse de plus en plus
& Sous-produits importante qu’il convient de traiter, suite :
 Il existe d’autres sous-produits de l’assainissement : – à l’amélioration de la collecte des eaux usées ;
– les matières de curage des réseaux d’assainissement sont des – à l’augmentation des rendements ;
graviers, des sables, des matières organiques et des détritus divers – à l’accroissement de la quantité de boues produites, notam-
qui s’accumulent dans les conduites aux endroits où la vitesse ment, du fait de la déphosphatation.
d’écoulement des eaux est ralentie. En moyenne, les boues de
curage représenteraient environ 18 kg/hab./an de matières brutes. Remarque
Cette masse globale de boues d’épuration augmente, même si
Les graisses des bacs à graisses des artisans, restaurateurs, can-
la recherche-développement propose maintenant des solutions
tines, industriels, sont aussi à prendre en compte ;
qui permettent de produire moins de boues pour un niveau de
– les sous-produits des stations d’épuration autres que les traitement équivalent.
boues :
 les refus de dégrillage. Ce sont des déchets solides de toute & À propos des boues
nature : bouts de bois, boı̂tes de conserve, flacons en plas-
tique, feuilles, etc. ; Dans l’Union européenne, les boues sont évacuées :
 les matières de dessablage récupérées au niveau des pré-trai- – en agriculture ou en sylviculture ;
tements (sable, graviers, ou particules lourdes). Leur quantité – vers une décharge ou un centre de stockage contrôlé ;
peut être importante. Par exemple, à Bordeaux, les sables – vers un incinérateur à boues ou à déchets ménagers ;
issus du nettoyage de la voirie et du système d’assainisse- – vers le milieu marin pour certains États membres, mais cette
ment représentent une masse de 30 000 t/an ; pratique est condamnée à court terme.
 les matières grasses de dégraissage-déshuilage récupérées Le tableau 1 montre la forte augmentation de l’utilisation agri-
par flottation ; cole des boues d’épuration qui a eu lieu au début des années 2000.

Tableau 1 – Destination des boues d’épuration en France


Quantité de boues
2003 2004 2005 2006 2007 2008 partiel
(en T MS/an)
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Production en STEP 946 700 989 054 1 021 472 1 027 168 1 118 795 1 166 048

Utilisation agricole 624 923 776 305 846 004


537 387 5763 889 633 812
dont compost : 210 781 263 377 322 129

Quantité incinérée 188 991 197 658 215 684 203 031 204 592 215 328

Quantité enfouie en CET 193 494 180 345 133 255 199 214 137 898 104 716

Quantité de boues
2003 2004 2005 2006 2007 2008 partiel
(en %)

Utilisation agricole 61,00 % 69,00 % 73,00 %


57,00 % 58,00 % 62,00 %
dont compost : 21,00 % 24,00 % 28,00 %

Quantité incinérée 20,00 % 20,00 % 21,00 % 20,00 % 18,00 % 18,00 %

Quantité enfouie en CET 20,00 % 18,00 % 13,00 % 19,00 % 12,00 % 9,00 %

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–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– TRAITEMENT DES BOUES D’ÉPURATION

La France, de par ses traditions et sa géographie, a opté pour une Remarque


valorisation agricole importante de ses boues. Cependant, cela ne En plus de cet objectif concernant la qualité, il convient de
concerne qu’environ 1 % de la surface agricole utile. minimiser la quantité de boues produite, même si la destina-
 Par suite de raccordements industriels, les boues sont parfois tion finale n’est pas l’épandage agricole. En effet, la mise en
contaminées par des substances nocives pour la santé ou l’envi- centre de stockage de déchets ménagers impose une siccité
ronnement, telles que : minimale de 30 %.
Une filière d’incinération est très souvent suppléée par une
– des métaux lourds (mercure, cadmium, plomb…) ; filière de secours, ou peut imposer des durées de stockage
– des micropolluants organiques (polychlorobenzènes, hydrocar- importantes. Notamment, dans le cas d’une co-incinération
bures aromatiques polycycliques…) ; sur un site extérieur.
– des germes pathogènes.
Des législations protégeant les ressources agricoles ont été Cet article se penche uniquement sur l’éventail, déjà très large,
mises en place en France, comme dans les autres États euro- des techniques actuelles destinées au traitement et à la valorisation
péens. Nous verrons le cas de la France en détail. Mais il convient des boues d’épuration. Il n’abordera pas les autres sous-produits
d’ores et déjà de retenir que le décret n 97-1133 du 8 décembre de l’assainissement/épuration.
1997, accompagné de l’Arrêté du 8 janvier 1998, fixe des niveaux
sévères sur les micropolluants, et oblige la collectivité à un suivi
rigoureux de l’épandage qui doit prouver son innocuité et son
utilité. 2. Principales voies
 En cas d’élimination thermique, la norme européenne concer-
nant l’incinération des déchets ménagers impose des seuils stricts
de traitement
sur les rejets atmosphériques de métaux lourds, de gaz acides, de
NOx et de dioxines. Enfin, la mise en centre de stockage, précisée
par l’Arrêté du 9 septembre 1997, est également soumise à des & Opérations unitaires
conditions d’admission et de suivi rigoureux (traitement des lixi- Comme le montre la figure 1, le traitement des boues d’épura-
viats et du biogaz). tion consiste, la plupart du temps, à enchaı̂ner des opérations uni-
taires de réduction de volume, de dégradation de la matière sèche
 L’objectif du producteur de boues confronté à l’épandage est ou de stabilisation.
donc d’obtenir une boue de qualité « produit », même si celle-ci
demeure, selon le droit, un déchet. La boue traitée devra donc pré-  La réduction de volume est classiquement obtenue à travers
senter une ou plusieurs des propriétés suivantes : des opérations de séparation de phases liquide/solide par décanta-
tion, filtration ou évaporation rencontrées dans les techniques
– un état stabilisé objectivement apprécié par un critère lié à son
d’épaississement, de déshydratation et de séchage thermique.
aptitude à générer des nuisances olfactives, l’appréciation subjec-
tive ne pouvant tenir lieu de critère de mesure ;  La dégradation des matières organiques de la boue par des
– un état hygiénisé mesuré par un niveau de contamination en procédés biologiques (digestion, compostage) ou thermiques (inci-
germes types (entérovirus, salmonelles, œufs d’helminthes) ; nération à 850  C, oxydation par voie humide de boues liquides
– une texture solide permettant sa tenue en tas à 30  C en vue épaissies sous 45 bar à 250  C) conduira également à un volume
d’un entreposage sur site ou en bout de champ. final moindre.

OM Ordures ménagères
Boues fraîches
CET Centre d`enfouissement technique

Épaississement

Stabilisation boues liquides


Statique ou dynamique
Oxydation
par voie
Valorisation agricole

humide Biologique ou chimique


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Déshydratation

Stabilisation boues pâteuses


Statique ou dynamique

Biologique ou chimique

Séchage

Incinération Partiel Poussé Total


de résidus ou CET

Boues seules ou avec OM


Valorisation

Figure 1 – Enchaı̂nement des opérations unitaires du traitement des boues

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TRAITEMENT DES BOUES D’ÉPURATION –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

 La stabilisation est concrètement obtenue en ralentissant,


voire en supprimant, la biodégradation putride des matières orga-
niques de la boue, à travers différentes voies, biologique, chimique
ou physique, avant (phase liquide) ou après (phase pâteuse) l’étape
de déshydratation.
& Deux voies de stabilisation
On peut distinguer deux voies de stabilisation :
– l’élimination, ou la destruction, accélérée et contrôlée d’une
partie des matières organiques, et plus précisément, des matières
à évolution bactérienne rapide ;
– l’inactivation importante des germes pathogènes présents dans
la boue et responsables de sa fermentation.

Remarque
Une opération unitaire, telle que l’incinération, par exemple,
peut réaliser plusieurs fonctions : réduction de volume, stabili-
sation et hygiénisation grâce aux hautes températures mises
en jeu.
La figure 1 précise l’enchaı̂nement de ces opérations unitaires.

Par ailleurs, la boue épaissie peut être stabilisée. Cette opération


minimise la masse de matières et réduit les nuisances olfactives et
microbiologiques. La digestion dans un ouvrage anaérobie,
moyennant un temps de séjour de l’ordre de 20 jours demeure la
technique la plus courante. Après déshydratation, le volume à éva-
cuer se trouve alors réduit d’un tiers environ.
& Déshydratation
Elle permet de poursuivre l’opération d’épaississement jusqu’à
un état pâteux, les boues titrant alors de 15 à 35 % de siccité selon
le type de boue et l’appareillage sélectionné. Elle se fait couram-
ment par des moyens mécaniques, tels que :
– la décanteuse centrifuge ;
– le filtre à bande ;
– le filtre-presse à plateaux.
Ces techniques exigent l’ajout de polymère, ou encore de chaux Figure 2 – Four pour l’incinération des boues de station (Crédit STEP
et de chlorure ferrique, dans le cas des filtres à plateaux. de Pierre Bénite, Sud de Lyon)
La déshydratation constitue souvent l’étape limitante de la filière.
Une siccité minimale peut en effet être imposée contractuellement Grâce aux hautes températures mises en jeu, le séchage, et
(généralement > 30 %) en vue de l’évacuation de la boue, ou être surtout l’incinération, hygiénisent la boue en éliminant les ger-
requise en vue d’une incinération dans des conditions d’autocom- mes et les odeurs. Si ces deux opérations ne sont pas envisa-
bustibilité. L’ajout de chaux, à hauteur de 200 à 600 kg de Ca(OH)2 gées dans la filière, une stabilisation des boues peut être effec-
par tonne de matière sèche, est alors souvent pratiqué et permet tuée sur les boues déshydratées par chaulage ou par
une stabilisation chimique de la boue déshydratée. compostage (figure 3).
Séchage Nota : grossièrement, un volume de 100 entrant sur l’épaississeur devient 20 à sa
Il conduit à une réduction de volume jusqu’à plus de 60 %, voire sortie, 4 après déshydratation, 1 après séchage à 90 % et seulement 0,3 en sortie d’in-
cinérateur.
90 % de siccité si nécessaire. Il peut être aussi utilisé en couplage
avec un four afin de dépasser la siccité requise (supérieure à 30 %)
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pour rendre la boue toujours autocombustible.


Seuls les résidus issus de l’incinération de boues contenant des
& Incinération
matières dangereuses (métaux lourds, autres produits toxiques…)
Elle réduit enfin la quantité finale de boues aux seules matières peuvent se retrouver au niveau d’un centre d’enfouissement
minérales. Elle peut être réalisée sur l’usine d’épuration (figure 2), technique.
ou en co-incinération avec les Ordures ménagères (OM) dans cer-
taines conditions (proximité du four).
& Valorisation
& Épaississement
Pour les autres, produits du traitement des boues, la valorisation
Il concerne essentiellement les boues fraı̂ches. Les boues sont doit être systématiquement recherchée :
concentrées de 3 à 10 fois de quelques g/L à quelques dizaines de
g/L selon le type de boue et le procédé utilisé. Cette opération peut – valorisation énergétique lors de l’incinération des boues ;
être effectuée par simple épaississement gravitaire dans un – valorisation du biogaz produit lors de la méthanisation ;
ouvrage cylindrique, ou bien mécaniquement : – valorisation des composés carbonés, azotés et phosphorés par
– par table ; épandage de boues ou de produits issus du compost des boues
– par tambour d’égouttage ; (plus précisément, co-compostage avec « mélange » déchets verts,
– par centrifugation ; bois et boues) sur les sols agricoles.
– par flottation, moyennant l’ajout d’un polymère organique à Nous allons maintenant détailler les différents procédés de traite-
charge cationique. ment et de valorisation.

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–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– TRAITEMENT DES BOUES D’ÉPURATION

& Deux grands types de chaux


H Suivant le type de roche utilisé, on peut obtenir 2 grands types
R de chaux :
– les chaux calciques (ou chaux aériennes ou chaux grasses) pro-
viennent de la calcination de calcaires purs (carbonate de calcium
Q K CaCO3) ;
D N I – les chaux magnésiennes (ou chaux dolomitiques) résultent de
A la calcination de calcaires magnésiens ou de dolomies (CaCO3, Mg
CO3).
B P
C & Trois formes d’usage
E
F J L Suivant les besoins, la chaux peut être utilisée sous trois formes.
G M
O
 La chaux vive contient principalement de l’oxyde de calcium
(CaO) et s’obtient après calcination dans un four d’un carbonate,
A Arrivée des boues déshydratées J Épurateur des fumées au-dessus de 900  C.
B Vis d’injection des boues K Cheminée
C Lit de sable fluidisé L Sortie des cendres
CaCO3 → CaO + CO2
D Foyer M Ventilateur de fluidisation MgCO3 → MgO + CO2
E Voûte N Canalisation d'air de fluidisation
F Boite à vent O Canalisation d'air de préchauffage  La chaux éteinte (encore appelée chaux hydratée, fleur de
G Brûleur de démarrage P Injecteur de combustible d'appoint chaux ou chaux blutée) contient majoritairement de l’hydroxyde
H Carneau d’évacuation Q Air comprimé de calcium (Ca(OH)2). Elle résulte de l’extinction de la chaux vive
I Échangeur de chaleur R Eau sous pression (hydratation contrôlée par la quantité d’eau juste nécessaire à la
réaction chimique) tout en gardant un produit pulvérulent et sec.
Figure 3 – Fonctionnement d’un four OTV Pyrofluid (à boı̂te à vent Cette réaction est fortement exothermique.
chaude)
 Le lait de chaux est une suspension de particules d’hydroxyde
de calcium en milieu aqueux obtenue, soit par dilution de chaux
3. Stabilisation des boues éteinte dans l’eau, soit par extinction/dilution directe de chaux vive.

Remarque
La stabilisation à la chaux est une opération terminale du trai-
Le tableau 2 rappelle les différentes techniques de stabilisation tement des boues. La boue chaulée est ensuite évacuée de la
des boues. station pour être utilisée en agriculture, voire être évacuée en
Centre d’enfouissement technique (CET) pour déchets banals
ou assimilés (ex. : « décharge de classe II »). Elle est rarement
3.1 Stabilisation à la chaux incinérée.

La stabilisation chimique des boues déshydratées est une opéra- & Buts de la stabilisation
tion unitaire du traitement des boues faisant suite à l’étape de dés- Les objectifs de la stabilisation chimique à la chaux sont les
hydratation. Elle s’opère donc sur des boues pâteuses. Le réactif suivants :
utilisé est essentiellement la chaux.
– stabiliser la boue. C’est-à-dire bloquer les fermentations entre
la sortie du traitement et la réalisation de l’épandage. Cela se tra-
duit concrètement par une minimisation des nuisances olfactives ;
On appelle chaux, les produits principalement constitués
– sous certaines conditions, hygiéniser la boue par destruction de
d’oxyde de calcium (CaO) ou d’hydroxyde de calcium
micro-organismes pathogènes ;
(Ca(OH)2). Les chaux sont produites par calcination de roches de
différents types. – augmenter la siccité, particulièrement en cas de mise en
décharge ;
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Tableau 2 – Différentes techniques de stabilisation


Voies Effets En phase liquide En phase pâteuse

Dégrade les matières organiques selon un Digestion anaérobie, stabilisation aérobie


Biologique Compostage
bioprocédé contrôlé thermophile

Inhibe la dégradation incontrôlée (putride) des


Chimique Stabilisation aux sels de nitrites Chaulage
matières organiques

Inhibe la dégradation incontrôlée (putride) des


Séchage
matières organiques
Physique
Détruit les matières organiques par oxydation
Oxydation par voie humide (OVH) Incinération
thermique

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TRAITEMENT DES BOUES D’ÉPURATION –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

– améliorer les caractéristiques de tenue de la boue. Notamment, 3.2 Stabilisation des boues aux nitrites
en cas d’un stockage précédant l’épandage, afin de rendre les
boues « gerbables ». Cette propriété est particulièrement intéres-
(procédé SAPHYR‚)
sante lorsque la boue, en sortie de déshydratation, présente un Parfois, la stabilisation chimique s’opère avec ajout de nitrites à
aspect pâteux marqué (boues centrifugées…) ; pH acide (pH 2, TS > 2 h). Développé par OTV, le procédé SAPHYR,
– apporter un amendement alcalin aux terres acides. La chaux procès de type « mixte », permet la stabilisation des boues liquides
utilisée sur les stations d’épuration se présente sous deux formes : épaissies à 15-25 % par des nitrites en milieu faiblement acide
 la chaux vive de formule CaO, (+ 3 % de siccité). Ce qui autorise aussi bien la valorisation agricole
 la chaux éteinte de formule Ca(OH)2 encore appelée « chaux que l’incinération.
blutée », « chaux hydratée » ou « fleur de chaux ».
& Caractéristiques du procédé
& Autres objectifs de la stabilisation
Le procédé SAPHYR permet un stockage ou un entreposage aisé
La chaux est une base forte. En quantité suffisante, elle permet limitant les mauvaises odeurs. Il peut également être envisagé
d’atteindre et de maintenir un pH égal à 12 au moins pendant comme procédé d’hygiénisation et comme technique d’améliora-
3 mois, conférant une action stabilisatrice par inactivation des ger- tion de la déshydratation de 2 à 5 points, selon le type de boue et
mes d’une part. Et, d’autre part, par réaction purement chimique le matériel utilisé.
avec de nombreuses molécules soufrées.
 Il s’agit d’une pseudo-stabilisation dans la mesure où la frac-
 Sous sa forme CaO, elle permet en outre, en réagissant avec tion biodégradable n’est pas détruite, mais seulement « bloquée ».
l’eau des boues, deux actions supplémentaires.
 C’est un procédé à rapprocher de la « stabilisation » à la chaux
 Une action déshydratante, poussée d’une part par transfor-
des boues. Mais, à la différence de cette dernière, le traitement
mation d’une partie de l’eau libre des boues en eau combinée
s’effectue en phase liquide, préférentiellement sur des boues épais-
à la chaux. D’autre part, par effet évaporatif selon la stoechio-
sies et sans augmentation de la masse sèche finale à évacuer.
métrie de la réaction suivante, exothermique :
 Par ailleurs, SAPHYR n’introduit pas de toxique dans la boue,
CaO + H2O → Ca (OH)2 et donc, n’obère pas la dévolution agricole qui demeure la destina-
tion privilégiée.
 Une action germicide supplémentaire par augmentation de la
 Pour l’épandage en agriculture, ce procédé peut être proposé
température de la masse. La réaction précédente, exother-
en alternative au chaulage (Cf. figure 4) : épaississement –
mique, dégageant 1 160 kJ/kg CaO.
SAPHYR‚ (déshydratation).
 En termes d’hygiénisation, le tableau 3 donne quelques
& Processus
valeurs d’abattement de germes.
Toutefois, le chaulage est moins efficient que d’autres techniques  Les boues épaissies sont admises dans un milieu acide main-
(par exemple, la « pasteurisation » en batch pendant 30 min à 70  C) tenu à un pH compris entre 2 et 4 (figure 5). Elles sont alors soumi-
pour abattre les bactéries sporulées ainsi que les œufs d’helminthes. ses pendant environ 1 heure à l’action des ions nitrites, puissant
Le chaulage présente l’avantage d’être une opération purement réactif potentialisé en milieu acide. Il s’ensuit une destruction des
physico-chimique parfaitement maı̂trisable. Les coûts d’investisse- composés réduits odorants (H2S, mercaptans…). Mais également
ment sont, par ailleurs, modestes. une inactivation des germes responsables de la dégradation des
matières organiques. On aboutit à une « stabilisation » de la boue
Remarque dans la mesure où celle-ci peut être stockée (à l’abri) sans dégager
Rappelons, pour finir sur ce point, qu’un ajout de chaux sur la d’odeurs fortes ou désagréables.
filière de traitement des boues entraı̂ne plusieurs effets. Il
 Dans le réacteur, une régulation du pH est donc à prévoir. Une
induit tout d’abord un relèvement du pH pouvant ralentir l’acti-
sonde redox, en outre, est requise pour vérifier les bonnes condi-
vité bactérienne. En particulier, les processus biologiques de
tions de fonctionnement (eH > + 200 mV) et ajuster le débit de
fermentation anaérobie produisant des composés volatils
malodorants. nitrites.
À pH supérieur à 9, les émissions d’hydrogène sulfuré sont for- & Observations diverses
tement réduites, par déplacement des équilibres chimiques.
L’élévation du pH favorise, en revanche, le dégagement  Dans ce procédé, on observe la formation de NOx, regroupés
d’ammoniac NH3, ce qui induit certaines mesures en matière sous le terme générique « d’oxydes d’azote » (NOx). Les NOx
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de ventilation et traitements. regroupent principalement deux molécules gazeuses, odorantes et


toxiques à faible dose. Ce sont :
Par ailleurs, l’ajout de chaux a aussi pour effet de fixer la plupart – le monoxyde d’azote (NO) ;
des métaux sous forme d’hydroxydes insolubles en milieu basique. – le dioxyde d’azote (NO2).

Tableau 3 – Exemples d’abattement des germes à la chaux – quantité suffisante pour pH = 12


(en germes/mL)

Germes Boue primaire fraı̂che Boue primaire chaulée Boue biologique fraı̂che Boue biologique chaulée

Coliformes totaux 29·106 0,12·106 8,3·106 2,2·103

Coliformes fécaux 8,3·106 59 270·103 160

Streptocoques fécaux 390·103 160 100·103 68

Œufs d’ascaris Éliminés avec Ca(OH)2/MS ø 30 % ou CaO/MS ø 20 % après 3 mois de stockage

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À pH = 3, après un stockage de 3 mois, on a observé une hygié-


nisation partielle de la boue représentée par les réductions de flore
Boue épaissie du tableau 4.
Le procédé permet un gain de siccité de 2 à 6 points.

3.3 Stabilisation aérobie thermophile


La Stabilisation aérobie thermophile (SAT) répond, soit à une
SAPHYR fonction de stabilisation proprement dite, soit à une fonction de
prédigestion et d’hygiénisation en amont d’un digesteur anaérobie
(sans oxygène). Dans tous les cas, elle se place en aval de l’étage
d’épaississement (figure 6).
Par ce procédé, la boue est désinfectée et stabilisée sans aucune
Boue stabilisée action extérieure.
épaissie & Particularités diverses
La chaleur nécessaire pour atteindre les températures thermophi-
les (égales ou supérieures à 50  C) est entièrement biogène : c’est-
à-dire produite par échauffement spontané sans apport d’énergie.

DESHYDRATATION  La condition nécessaire, pour la mise en œuvre de toutes les


techniques aérobies thermophiles, est la présence d’une teneur en
matières organiques supérieure à 2,5 % dans la boue brute. Ce qui
est généralement réalisable par épaississement statique. Les boues
mixtes, ainsi que les boues de lits bactériens et les boues excéden-
taires, conviennent également pour le traitement aérobie
Boue stabilisée thermophile.
déshydratée  Pour une durée de séjour minimale de 6 jours, la dégradation
des matières organiques s’élève, selon le type de boue, d’au moins
25 à 35 %. Afin d’éviter la formation de courts-circuits dans la circu-
lation et de garantir une désinfection fiable, les installations SAT
sont réalisées à deux étages. Le chargement doit, dans ce cas, s’ef-
fectuer de manière discontinue. L’exploitation à double étage per-
Stockage
Stockage met en même temps d’obtenir une grande stabilité de fonctionne-
pâteaux/solide
liquide ment du procédé. Le système d’aération utilisé est d’une
puis épandage
puis épandage importance absolument déterminante pour la réussite du traite-
ou incinération
ment en installations SAT.
 Comparativement à d’autres méthodes de stabilisation et de
Figure 4 – Procédé SAPHYR‚ en alternative au chaulage désinfection, les dépenses de maintenance en installations SAT
sont très faibles. C’est pourquoi elles sont également développées
On y ajoute également : en petites stations d’épuration avec un personnel moins qualifié.
Contrairement aux méthodes anaérobies, le procédé SAT est infini-
– le protoxyde d’azote (N2O) ;
ment moins sujet à perturbations par les substances toxiques. Une
– le tétra oxyde de diazote (N2O4) ; « inversion » de la biologie est pratiquement exclue.
– le trioxyde d’azote (N2O3).
Suivant la composition des boues et la capacité de stockage, il
Les composés analysés par les réseaux d’alerte et de mesure de est possible de diminuer de 30 à 70 % le volume des boues à éva-
la pollution de l’air sont NO et NO2. cuer au départ des silos à boues (installations de traitement), par
élimination des eaux troubles.
 Dans le procédé SAPHYR, l’azote injecté se retrouve principale-
ment sous la forme de monoxyde d’azote NO. En solution de base, & Épaissement – Stabilisation – Prédigestion – Hygiénisation/
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les NOx du ciel gazeux sont ventilés à l’atmosphère avec une dilu- pasteurisation
tion suffisante : par exemple, inférieure aux 200 mg/m3 relatifs aux
 Après épaississement, on peut obtenir une teneur en matières
rejets atmosphériques des incinérateurs dans le droit européen
sèches de 6 à 14 %. En fonction de certaines conditions particuliè-
(directive 2000/76/CE). Toutefois, un traitement de l’air sur charbon
res, on peut récupérer, sur la chaleur produite par voie biogène,
actif peut être installé afin de débarrasser celui-ci des NOx générés.
environ 15 à 30 kWh/m3 de boues traitées pour le chauffage et l’ali-
mentation en eau chaude des bâtiments d’exploitation. En condi-
Remarque tions favorables on peut ainsi, moyennant des coûts minimes, cou-
L’irritation des muqueuses commence dès que la teneur en vrir la totalité des besoins annuels en chaleur d’une station
NOx (en volume) dépasse 0,0013 %. Le seuil maximal admis- d’épuration.
sible fixé par l’OMS est de 400 mg/m3 de moyenne sur Afin de décharger les installations de digestion existantes, des
1 heure, et 150 mg/m3 de moyenne horaire sur 24 heures. étages préliminaires aérobies peuvent être mis en place.
 En fonction stabilisation stricto sensu, la stabilisation aérobie
Le traitement conduit à une suppression des nuisances olfactives thermophile est une alternative à la digestion anaérobie mésophile
et à l’inhibition de l’activité fermentative. Exprimée en indice (température comprise entre 30 et 40  C). En termes de performan-
d’odeur (mesure de H2S et CH3SH par chromatographie d’un échan- ces (réduction des matières volatiles, valeur agronomique…), et
tillon de ciel gazeux au-dessus de la boue), la réduction est déjà de surtout, de coûts opératoires (électricité), elle est moins intéres-
6 lg après 3 mois de stockage. L’indice d’odeur obtenu se rapproche sante que la digestion. Mais, grâce aux faibles temps de séjour,
de celui mesuré au-dessus d’un compost arrivé à maturation. les coûts d’investissement sont moindres : ce qui peut rendre

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TRAITEMENT DES BOUES D’ÉPURATION –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Réacteur
I
Vers déshydratation

Boues épaissies

20 - 100 g/L X

NaNO2
XI
M
2 < pH < 4

Eau

Cuve H2SO4 96 %

Cuve mélange et addition NaNO2

Figure 5 – Principe d’une unité de stabilisation aux nitrites

cette solution attractive pour les petites stations. Dans ce cas, la


Tableau 4 – Procédé SAPHYR : réductions de flore boue peut être directement épandue, sans déshydratation.
après traitement
 En fonction prédigestion, elle présente un intérêt lorsqu’une
hygiénisation/pasteurisation des boues est demandée. Aussi, la
Germes (pour 1 g de Concentration SAPHYR SAPHYR
prédigestion peut permettre de réduire le temps de séjour, ou
boues humides) initiale (pH 2,7 à 3) (pH 2 à 2,3)
d’améliorer la digestion proprement dite. Elle peut donc être égale-
E. coli, entérocoques 105 à 107 5 à 6 lg 5 à 6 lg ment envisagée dans certaines réhabilitations.

Salmonelles 2
10 à 10 5
5 à 6 lg 5 à 6 lg  La stabilisation aérobie thermophile est une oxydation biolo-
5 6
gique effectuée par injection d’air dans une cuve agitée (figures 6
Streptocoques 10 à 10 3 à 6 lg 3 à 6 lg et 7). Le principe n’est donc pas fondamentalement différent de
Spores de clostridies 5
10 à 10 7
1 lg 4 à 6 lg celui rencontré dans les boues activées, aux concentrations et à la
température près. Au-dessus de 40  C toutefois, la flore impliquée
n’est plus la même. Les bactéries nitrifiantes, en particulier, ne peu-
vent opérer en condition thermophile, ce qui modifie le bilan en
oxygène. On peut écrire ainsi les stoechiométries suivantes selon
les conditions de température :
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– en conditions mésophiles ou psychrophiles (< 40  C), la nitrifi-


cation, entraı̂nant une acidification, peut avoir lieu, si le temps de
séjour le permet :

C5H7O2N + 7 O2 → 5 O2 + 3 H2O + NO3 + H+ [+ ΔH ] ;


– en conditions thermophiles (entre 40-45 et 65  C), on retiendra
la stoechiométrie suivante (voir tableau 6) :

C5H7O2N + 5 O2 → 5 O2 + 2 H2O + NH3 [+ ΔH ]


Environ 1,4 à 1,5 kg d’oxygène est théoriquement requis par kilo-
gramme de matière dégradée. L’oxydation reste incomplète,
puisque l’azote demeure sous une forme réduite. Dans ces condi-
tions, l’enthalpie de la réaction DH peut être comprise entre 4 000
et 5 000 kcal/kgMV dégradé, soit environ 3 000 à 3 200 kcal/kg d’O2
Figure 6 – Procédé SAT (Stabilisation aérobie thermophile) (Crédit
transféré.
Fuchs (Allemagne) Nota : matières volatiles (MV).

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Air frais

Air vicié

Casse mousse
Pompe de
recirculation

2 Cuve aérée
T = 65 ºC Échangeur
d'appoint

Boues
épaissies Dispositif
Venturi
d'aération
d'aération
1

Échangeur
Dilacérateur
discontinu

3 6

5 Vers digestion

Pompe
remplissage/vidange

Figure 7 – Principe de fonctionnement du Stabilisateur aérobie thermophile (SAT) en prédigestion

 La fonction d’hygiénisation/pasteurisation des boues est obte- L’abattement des germes pathogènes dépend, pour chaque
nue en assurant à la masse de boue à traiter un traitement d’au groupe considéré, du temps de séjour et de la température
moins 30 minutes à 65  C (ou 20 minutes à 70  C ; mais le taux de (tableau 5).
croissance de la flore thermophile est optimal à 65  C, puis nul au-
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delà de 70  C). La cuve d’aération étant proche du type parfaite-


ment agité, une alimentation et un soutirage en continu occasion-
Tableau 5 – Exemple de réduction des germes
neraient un by-pass d’une partie de la boue fraı̂che. Aussi, procède-
t-on à une alimentation et à un soutirage discontinus de l’ouvrage pathogènes par stabilisation aérobie thermophile
via un échangeur boues/boues.
Stabilisation 6 jours à 55  C
Remarque Types de
Le réactif de Fenton, solution de chlorure ferrique et de pero- micro-organismes Entrée Sortie Réduction
xyde d’hydrogène, peut être utilisé en stabilisation aérobie (germes/mL) (germes/mL) (décimale Z)
thermophile. De nombreuses odeurs sont neutralisées ainsi
qu’une partie plus importante de la flore. L’indice d’odeur,
Entérobactéries 6,4·106 440 10-4,2
après 2 jours à 50-55  C, est ainsi réduit de 80 à 98 %, en consi-
dérant un taux de traitement de 10 kg/tMS.
Stréptocoques
0,4·106 230 10-3,4
fécaux
 En termes de nuisances olfactives, les conditions précédentes
permettent donc de produire une boue partiellement stabilisée :
c’est-à-dire à nuisance réduite, même si la dégradation des MV est Total coliformes 370·106 31·106 10-1,1
inférieure à ce qu’elle est après 5 à 6 jours.

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TRAITEMENT DES BOUES D’ÉPURATION –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Tableau 6 – Tableau comparatif d’applications de procédés aérobies thermophiles


Phase préliminaire aérobie
Désinfection aérobie Désinfection des boues
Critères SAT pour la décharge du
thermophile supplémentaires
digesteur

Principalement dans la
Stabilisation partielle Uniquement par digestion
1. Stabilisation Entièrement biologie, seulement stabi-
(h oMS = 15 - 20 %) (h oMS < 5 - 10 %)
lisation finale

a) Température du réacteur
a) Thermique
(23 h3 50  C)
Température du réacteur
b) Temps de séjour des
2. Principe de désinfection Désinfection partielle (4 h supérieure ou égale à (23 h3 50  C)
germes (2 x 24 h)
60  C), thermique
c) Activité biologique
b) Biologique(pH > 7,5)
(h oMS, pH)

3. Temps de séjour Supérieur ou égal à 6 jours Supérieur ou égal à 3 jours Supérieur ou égal à 1 jour 1,5 à 4 jours

4. Consommation
10 - 15 kWh/m3 2 - 3 kWh/m3 # 4 kWh/m3 2,5 - 6 kWh/m3
d’énergie

5. Dépenses technologi-
ques (agrégat/mainte- Minimes Très minimes Plus élevées Très minimes
nance)

Possible (mais : 20 - 40 % Possible (mais : 10 % # de


de moins par pré dégra- moins par pré dégrada-
6. Production de gaz Pas possible Pas possible
dation) + pas de chauffage tion) + pas de chauffage du
du digesteur digesteur

7. Utilisation directe de la
chaleur (bâtiment de Possible (+ 15 - 30 kWh/m3) En principe pas possible En principe pas possible Possibilité limitée
service)

Tous les digesteurs


8. Domaine d’application 4 000 - 80 000 EH > 20 000 EH < 5 000 EH
surchargés

9. Investissement coût rela-


1 < 0,5 #1 0,5
tif (nouvelles installations)

4. Procédés de réduction 4.2 Procédés Biolysis (Suez


Environnement)
des boues
Degrémont, filiale du groupe Suez, a mis au point un nouveau
procédé réduisant la production de boues d’épuration. Baptisé Bio-
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lysis, il est censé « réduire à la source la production des boues de


4.1 Procédé Bio Thelys (Veolia Eau) stations d’épuration de 30 % à 80 % », selon Degrémont.
Au lieu de s’attacher à éliminer les boues produites par le traite-
Le procédé Bio Thelys (figures 8 et 9) est un procédé de traite- ment de l’eau, ce procédé vise à limiter leur production en agissant
ment des boues d’épuration, d’origine municipale ou industrielle, directement sur les boues, au niveau du bassin biologique. Ce qui
visant à réduire la quantité de boues à évacuer. Il consiste en une consiste à stabiliser la population des bactéries. Pour cela, le pro-
hydrolyse thermique de boues déshydratées (à environ 16 % de sic- cédé Biolysys, décliné en deux versions, va exercer un « stress »
cité), suivie d’une digestion anaérobie mésophile appelée « turbodi- chimique ou enzymatique, rendant biodégradable une partie des
gestion ». L’étape d’hydrolyse thermique, réalisée en milieu liquide boues et limitant la croissance des autres.
à une température de 150-165  C et sous pression de vapeur satu-
rante (8 à 9 bar), permet de fluidiser les boues et d’améliorer leur & Biolysis O
biodégradabilité. Les boues hydrolysées sont ensuite envoyées
Biolysis O correspond à une technologie qui stresse les bactéries
vers le turbo-digesteur à faible temps de séjour (moins de
par une oxydation chimique à l’ozone. Cette solution sera d’autant
15 jours), à forte charge massique, et de ce fait, avec un dimension-
plus intéressante que de l’oxygène sera disponible sur le site. Le
nement très avantageux.
procédé Biolysis O est donc un procédé de réduction des boues
Le procédé Bio Thelys permet ainsi de réduire significativement impliquant de l’ozone, dans un réacteur alimenté par une propor-
la quantité de boues à évacuer, tout en améliorant leur qualité tion de boues activées prélevée dans le bassin biologique. La
(boues stabilisées sans chaux et hygiénisées) et en produisant de liqueur mixte ozonée est ensuite recyclée dans le bassin biologique
l’énergie verte via le biogaz du digesteur. (figure 10).

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Son cycle de fonctionnement débute par une phase de filtration


qui transforme les boues en gâteau, sous l’effet d’une compression
mécanique entre les plateaux du filtre-presse. Puis, la mise sous
vide des chambres de filtration, combinée à une recirculation
d’eau chaude (85  C) permet le séchage des gâteaux à basse tem-
pérature (figure 12).

5. Déshydratation des boues

5.1 Déshydratation mécanique


et naturelle
La déshydratation est une étape du traitement des boues, faisant
passer les boues de l’état liquide à un état physique, afin que
celles-ci soient au moins pelletables.
Les boues en entrée sont à l’état liquide : ce qui signifie qu’elles
peuvent être prises, soit en sortie de décanteurs, soit après une
première étape d’épaississement (cas le plus fréquent).
La déshydratation peut être effectuée par différents moyens,
résumés dans le tableau 7.
Les critères de choix d’une technologie sont liés :
– aux objectifs de traitement ;
– à la valorisation des boues ;
– au terrain ;
– à l’environnement ;
– aux contraintes de coûts, de main d’œuvre, etc. (tableau 8).

5.2 Filtres à plateaux


Le filtre à plateaux (figures 13 et 14), encore appelé « filtre-
Figure 8 – Procédé Bio Thelys (Crédit Veolia Eau) presse à plateaux », permet la déshydratation de tous types de
boues (urbaines, d’eau potable, industrielles) préalablement
L’effet de l’ozone est de stresser le matériel cellulaire de la bio- épaissies.
masse, détruisant ainsi une partie de la masse bactérienne et inhi-
En eaux usées, les filières de traitement d’eau actuellement
bant la reproduction biologique de la seconde partie.
mises en place le destine surtout à la déshydratation des boues
biologiques en eaux brutes (faibles charges et aération prolongée)
& Biolysis E ou aux boues digérées.
L’autre version, Biolysis E, est le fruit d’un partenariat avec le Avant de commencer à injecter la boue dans le filtre-presse, les
groupe japonais Shinko Pantec. Elle utilise des bactéries présentes plateaux sont plaqués les uns contre les autres par un sommier
dans le milieu naturel qui s’activent dans un réacteur thermophile mobile qui est poussé par un vérin. Il est important de serrer jus-
annexe, libérant ainsi des enzymes capables de dégrader les boues. qu’à une pression importante (environ 200 à 300 bars) de façon à
Dans ce cas, le procédé trouvera son intérêt si une source d’énergie rendre étanche les plans de joint des plateaux. On obtient ainsi
une grande cartouche filtrante dans laquelle la boue va être injectée
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est présente sur le site.


sous pression.
Le procédé Biolysis E consiste donc à prélever une partie de la Grâce à l’action de la pompe d’alimentation, la boue progresse à
masse biologique du bassin de boues actives, qui est alors épaissie l’intérieur du filtre-presse en passant par le trou d’alimentation des
puis envoyée dans un réacteur enzymatique thermophile (50 à plateaux et se diffuse dans les chambres. Les particules solides
60  C). Les enzymes sont relarguées par les bactéries : ce qui inhibe retenues par les toiles filtrantes s’empilent à l’intérieur des cham-
alors toute reproduction ou croissance. La boue chauffée et dégra- bres jusqu’à création des gâteaux. La perte de charge ainsi créée
dée traverse un échangeur thermique (récupération d’énergie), puis est compensée par la montée en pression de la pompe (jusqu’à
est recirculée vers le bassin biologique. Aucune source extérieure 15 bars) qui régule son débit en fonction de la pression. Le liquide
enzymatique n’est ajoutée dans la filière de traitement des boues. est collecté à la base des plateaux : c’est le filtrat, dont la sortie
peut se faire, soit par canelles et nochères, soit en bout du filtre-
presse.
4.3 Procédé Inos Le débatissage est l’action qui consiste à ouvrir le filtre-presse et
séparer les plateaux un à un afin de libérer les gâteaux qui chutent
dans une benne, ou sont évacués par des équipements de
Le procédé Inos combine en une seule étape, et dans un même
convoyage à bandes ou à vis.
équipement, la déshydratation par filtre-presse et le séchage ther-
mique à membranes. Inos permet de traiter tous types de boues Nota : pour optimiser la filtration, on procède généralement au conditionnement des
boues, avec différents adjuvants : chlorure ferrique, chaux, polymère, farine de bois…
et de choisir le degré de déshydratation finale entre 30 et 90 % de Les gâteaux sont évacués selon les filiales suivantes : décharge, agriculture, incinération,
siccité (figure 11). retraitement…

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TRAITEMENT DES BOUES D’ÉPURATION –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Cogénération
Générateur vapeur

Eau

Biogaz

Bassin
biologique Clarif.

Déshydratation

Hydrolyse Turbo
thermique digesteur

Concentration

Évacuation
Biothelys®D des boues

Figure 9 – Principe de fonctionnement du procédé Bio Thelys

Biolysis®
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Prétraitement
Traitement biologique Décanteur Eau traitée

Traitement des boues

Eau brute
(en entrée)

Figure 10 – Principe de fonctionnement du procédé Biolysis

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Le filtre-presse à plateaux est à mettre en concurrence avec les


autres techniques de déshydratation mécanique que sont : le filtre
à bandes et la décanteuse centrifuge.

5.3 Filtres à plateaux membranes


Les filtres à plateaux membranes (figure 15) sont un perfection-
nement du filtre-presse. Ils permettent une mise en pression termi-
nale (en fin de cycle), au moyen d’eau ou d’air sous pression
injecté dans une poche en membrane caoutchoutée (élastomère),
afin d’éviter l’effet négatif du débit de fuite sur les flocs en fin de
montée en pression.
Cette disposition autorise un gain de siccité de l’ordre de 4 à
6 points par rapport au filtre à plateaux conventionnel, ou un
accroissement de la productivité d’environ 40 % par raccourcisse-
ment du temps de filtration (figure 16).

Figure 11 – Le procédé Inos & Types de conditionnement :


– conditionnement minéral à base de chaux et d’un coagulant
(chlorure ou sulfate ferrique) permettant d’atteindre des siccités
très élevées et une stabilisation chimique de la boue. La dévolution
type est alors l’épandage agricole, voire la décharge de classe II ;
– conditionnement organique au polymère, après ajout éventuel
Eau d’un coagulant. Ce conditionnement est à retenir impérativement
chaude en cas d’incinération. Mais il n’interdit pas pour autant la dévolu-
Filtre-presse tion agricole, si celle-ci n’impose pas un chaulage pour des raisons
de stabilisation et de texture ;
– conditionnement thermique, utilisé sur de grosses installations
en boues digérées. Il permet de dépasser 50 % de siccité.

Débâtissage des gâteaux Pompe


Boues
de 5.4 Lits de séchage
Vide recirculation
C’est une technique applicable à des boues d’aération prolongée
ou digérées (figures 17 et 18). Sous nos latitudes, pour le calcul de
Filtrat la surface nécessaire, il faut compter en première approche les chif-
fres donnés au tableau 9 :
& Structure d’une aire de séchage :
Figure 12 – Principe du procédé Inos
– cellules de 8 x 20 m environ : bicouche sable + gravillons. Au
moins 4 cellules sont à prévoir afin de fonctionner en 2 phases de
remplissage/séchage ;
Tableau 7 – Procédés de déshydratation des boues – sable (à renouveler) : granulométrie de 0,3 à 1 mm ; 5 à 10 cm
de hauteur ;
Procédés Types Conditionnements Boues entrée – graviers : granulométrie de 5 à 25 mm ; 30 à 40 cm de hauteur ;
– drains : en plastique ou en brique, de diamètre > 80 mm et
Décanteuse Épaissie, espacés de 2,5 m ;
Mécanique Polymère
centrifuge Parfois brute – pente ≥ 1,5 % .
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Polymère, La figure 18 donne un exemple d’implantation à ajuster en fonc-


Filtre à
Mécanique Parfois chaux, voire Épaissie tion des conditions géophysiques (résistance à l’écrasement des
bandes
sciure engins de manutention…).
Générale- & Le dimensionnement doit prendre en compte (tableau 10) :
Filtre à Minéral (chaux + coa-
Mécanique ment épais-
plateaux gulant) ou polymère – le climat. Le bilan hydrique, égal à la différence entre l’évapora-
sie
tion naturelle d’un plan d’eau et les précipitations calculées sur
l’année ;
Vis
Mécanique Polymère Épaissie – la siccité des boues en entrée. Plus celle-ci est élevée, meilleu-
presseuse
res sont les performances (tableau 8).
Lit de Aucun, Épaissie,
Naturelle
séchage Parfois polymère Parfois brute
5.5 Lagunes de séchage
Lit de
Naturelle Aucun Brute Le principe n’est pas fondamentalement différent du lit de
roseaux
séchage, sauf qu’il n’y a pas d’étape de percolation. En revanche,
Déshydrata- compte tenu des temps de séjour très importants, il est intéressant
Solaire Aucun Épaissie d’évacuer par surverse la phase clarifiée. Notamment, si les boues
tion solaire
n’ont pas subi d’étape préalable d’épaississement.

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TRAITEMENT DES BOUES D’ÉPURATION –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Tableau 8 – Critères de choix


Procédés
Critères
Centrifugation Filtres à bandes Filtres à plateaux Lits de séchage Lagunes Lits de roseaux

Siccité élevée ++ + +++ + + +

Boue structurée - +++ +++ ± - ++

Odeurs +++ + + - - +

Bruit + ++ ++ +++ +++ +++

Main d’œuvre +++ + + +++ +++ +

Compacité +++ ++ + - - +

Investissements + ++ + ++ +++ +

Consommables + + ++ +++ +++ +++

Fiabilité ++ ++ ++ +++ +++ ++

Aléas climatiques +++ +++ +++ - - -

+++ : Très favorable


++ : Favorable
+: Neutre
-: Défavorable

Entrée
des résidus
liquides

Sortie
du filtrat

Plateaux
filtrants
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Gâteau de
Bauxaline* Figure 14 – Filtre-presse à plateaux
Verin hydraulique
pour serrage des plateaux 5.6 Traitement par lit de séchage planté
de roseaux
Figure 13 – Principe du filtre-presse à plateaux
5.6.1 Principe
Par ailleurs, la profondeur de la boue est 3 à 4 fois plus importante Se reporter au schéma de la figure 20.
et la boue séjourne de 1 à 3 ans dans la lagune avant curage
(figure 19). La profondeur de boues en début de cycle est de 0,7 à
5.6.2 Mécanismes en jeu
1,4 m ; la reprise des eaux claires est effectuée par goulotte perforée.
Le dimensionnement est basé sur les paramètres suivants :
Le roseau (Phragmites australis) est un végétal aquatique très
– bilan hydrique annuel précipitation/évaporation ; répandu. Il est doté d’un système racinaire très puissant, en
– qualité du sol, afin de ne pas contaminer la nappe ; expansion constante même en hiver, constitué notamment de
– qualité de la boue : préférentiellement digérée ; rhizomes (tiges souterraines) à partir des nœuds desquels se
– charges : en première approximation, 35 à 40 kgDS/m2/an. développent de nouvelles tiges entre avril et octobre.

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Filtration avec plateaux à membranes


Debit de Filtration

Filtration avec plateaux à chambres

Temps

Gonflage des
Filtration avec plateaux à membranes membranes Filtration avec plateaux à chambres
Pression

Temps

Figure 15 – Plateaux à chambres versus plateaux à membranes

Conjointement avec l’accumulation progressive de la matière de & Dimensionnement :


vidange, le développement dense des roseaux crée un important – charge appliquée : 50 kgDS/m2/an (4 PE/m2) ;
réseau de ressuyage de l’eau interstitielle le long des tiges, rhizo- – cycle de 28 jours : 7 jours d’alimentation et 21 jours de repos
mes et racines. Cette eau traverse la couche drainante de gravier avec 4 bassins ;
et constitue les percolats qui sont traités avant rejet au milieu natu- – siccité obtenue sur cycle de 4 semaines : 10 à 15 % en hiver et
rel. La couche drainante doit être mise en contact avec l’atmo- 15 à 20 % en été pour un climat ouest européen.
sphère, via des cheminées d’aération, afin que l’oxygène de l’air
diffuse dans les interstices de ce milieu granulaire, colonisé par Nota : PE : Population équivalent (par habitant).

les racines et une biomasse abondante, notamment nitrifiante


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(voir figure 20 [1]). 5.6.3 Procédé Rhizophyte (SAUR)


& Les phases de repos entre deux périodes d’apport sont essentiel- Le procédé Rhizophyte (SAUR) est un procédé de traitement des
les à la fiabilité du système. À la fois pour que : boues issues des stations d’épuration à boue activée. Il est basé sur
le principe d’une déshydratation sur lits de séchage plantés de
– la siccité de la boue augmente, par simple ressuyage en hiver, macrophytes (roseaux).
auquel s’ajoute l’évapotranspiration dès lors que la partie aérienne
des plantes se développe ; Ces derniers appartiennent à la famille des plantes à rhizomes. Ils
– l’accroissement de la hauteur du stock de boue soit aussi limité constituent un véritable réseau de drainage de l’eau, laquelle
que possible ; s’égoutte ainsi plus rapidement et plus complètement des boues.
Celles-ci se concentrent mieux une fois égouttées et se minérali-
– l’oxygène puisse aussi pénétrer depuis la surface, dans la
sent progressivement dans le temps, grâce à la double action de
masse de boue, via des espaces libres qui se créent, notamment
l’air (maintien de conditions aérobies) et des bactéries (forte den-
autour des tiges, quand le produit se rétracte ;
sité au voisinage des racines).
– la minéralisation soit exclusivement aérobie, garantissant un
stockage du produit sans dommage pour l’environnement et les L’alimentation des lits en boues fraı̂ches se fait directement par
roseaux eux-mêmes (source : Alain Liénard – mars 1999). pompage du bassin d’aération de la station d’épuration, selon une
fréquence adaptée.
& Les boues sont prélevées directement du bassin d’aération et Les rhizomes progressent dans la boue au fur et à mesure que
sont envoyées sur un ouvrage planté de roseaux (Cf. tableau 11). son niveau s’élève (figures 21, 22a et 22b).

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TRAITEMENT DES BOUES D’ÉPURATION –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

1 2 3 4 5 6

1- Position Initiale
2- Filtration
3- Gonflage des membranes
4- Soufflage du collecteur
5- Dégonflage des membranes
6- Déchargement des gâteaux

Figure 16 – Principe des plateaux à membranes

5.7 Déshydratation par séchage solaire


Sous l’effet du rayonnement solaire, et grâce à un système auto-
matisé de retournement des boues, l’eau est évaporée puis éva-
cuée de la serre par un fort courant d’air.

& Étapes de fermentation


L’étape de fermentation, favorisée par le retournement régulier
des boues, accélère le processus d’évaporation grâce à l’énergie
dégagée par la réaction d’oxydation de la matière organique pré-
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sente dans les boues (figure 23).


À leur arrivée dans la serre, les boues déshydratées sont dispo-
sées sous forme d’andains qui sont retournés périodiquement afin
de renouveler la surface d’échange et de les aérer (figure 24).
Pour une surface de serre équivalente, la forme en andains trian-
gulaires offre une surface d’échange plus importante que dans le
cas d’un lit de boues, d’où un séchage plus rapide. Elle permet, en
outre, le stockage d’une quantité de boues plus importante.
Les réactions qui se déroulent pendant la fermentation sont exo-
Figure 17 – Boues sèches sur lits de séchage thermiques. On observe une montée en température importante
(50 à 60  C) qui permet d’hygiéniser les boues tout en les séchant.
Pour le bon fonctionnement des lits, des cycles alternant des
périodes d’alimentation et de repos sont pratiqués. Le dimension- La figure 25 représente l’allure de la courbe de séchage qui
nement des ouvrages est calculé sur la charge limitante hivernale. donne la vitesse de séchage (en kilogramme d’eau évaporée par
jour) en fonction du temps.
Les roseaux, dont la partie aérienne se développe du printemps à
l’automne, restent en place l’hiver, pendant lequel les racines Les constructeurs de serres solaires ont conçu différents systè-
conservent une activité suffisante. Le procédé a été éprouvé pen- mes de retournement du lit de boues dont l’objectif est de mainte-
dant plusieurs années sur différents sites. nir la boue dans la phase d’évaporation optimale.

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–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– TRAITEMENT DES BOUES D’ÉPURATION

Alimentation en boue liquide

Plaque anti-affouillement

40 cm

30 cm Boue épandue

TN

10 cm Sable 0,3 à 1 mm

20 cm Gravier 5 à 15 mm

10 cm Gravier 15 à 25 mm

15 cm Pente > 1,5 %

Ø 100

Eau de drainage 20 cm
(vers tête step)

250 cm

Figure 18 – Coupe d’un lit de séchage (exemple)

& Avantages et inconvénients du séchage solaire


Tableau 9 – Calculs de surface nécessaire des lits
 Les avantages du séchage solaire sont nombreux (Document de séchage en Europe
technique FNDAE).
– Les boues séchées peuvent être acceptées dans diverses filières Surfaces nécessaires par
Types de boues
d’élimination : habitant
– CSDU (Centre de stockage des déchets ultimes) ;
– compostage ; Boues d’aération prolongée 5 à 10 m2/habitant
– valorisation agricole ;
– valorisation thermique en incinération ; Boues digérées primaires 10 à 15 m2/habitant
– co-incinération avec les ordures ménagères.
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Ainsi, si les boues sont temporairement non conformes, ou que Boues digérées mixtes 7 à 10 m2/habitant
le plan d’épandage est abandonné, par exemple, elles peuvent

Tableau 10 – Critères de dimensionnement des lits de séchage


Durée d’un cycle Bilan hydrique annuel Siccité initiale Siccité obtenue Charge appliquée
Climats
(en semaines) (en mm) (en %) (en %) (en kgDS/m2/an)

Océanique 8 à 10 300 à 800 3 à 4 12 à 15 25

Continental 8 à 10 800 à 1 500 3 à 4 20 à 25 50

Méditerranéen 8 à 10 1 500 à 2 000 3 à 4 30 à 40 80

Aride 8 a 10 2 000 à 2 500 3 à 4 50 à 55 160

Tropical humide 1 à 3 <0 3a4 20 à 25 60

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TRAITEMENT DES BOUES D’ÉPURATION –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

alors être incinérées. Et si la filière d’élimination alternative est éloi- – En optant pour une siccité élevée, on facilite leur manutention
gnée, le séchage aura permis de réduire considérablement les ainsi que leur stockage. En effet, elles peuvent être stockées tempo-
transports nécessaires, et donc, leurs coûts d’élimination. rairement sans risque d’évolution (fermentation ou compostage)
– L’interdiction de mettre les boues de station d’épuration en en prenant de simples précautions.
décharge est prévue d’ici 2015. Cependant, le séchage solaire per- – Le produit obtenu est souvent attrayant pour le monde agri-
met l’utilisation des autres filières d’élimination citées ci-dessus. cole, autant pour son aspect que l’épandage, facilité par la struc-
– Les serres proposées peuvent être dimensionnées pour permet- ture granulée des boues séchées (utilisation de matériels agricoles
tre le stockage d’une année de production de boues. Point intéres- classiques comme, par exemple, un épandeur d’engrais).
sant pour l’épandage agricole où leur évacuation n’est possible – Une serre est une structure imposante, mais elle s’intègre plus
qu’une à deux fois par an. facilement dans l’environnement. Elle est donc généralement bien
acceptée par le voisinage.
– En général, les serres ont été conçues pour fonctionner de
façon la plus autonome possible : alimentation en boues, gestion
de la ventilation, brassage quotidien des boues… sont souvent
automatisés.
– De plus, cette technologie utilise une source d’énergie renouve-
lable : le soleil. Elle permet de diminuer les volumes de boues à
transporter, et donc, les émissions de CO2. Elle s’inscrit donc tout-
à-fait dans la démarche de développement durable et de protection
de l’environnement, préoccupation d’actualité à l’échelle mondiale.

 Cependant, quelques limites existent à l’implantation d’un


séchage solaire (voir le résumé du tableau 12) :
– les performances de la serre dépendent du climat. Il faut donc
bien veiller à adapter le dimensionnement par rapport au lieu de
l’implantation de la serre, et notamment, de sa capacité
évaporatoire ;
– il s’agit d’un procédé consommateur de surface. Il est donc
nécessaire d’avoir une disponibilité foncière élevée, ce qui peut
s’avérer onéreux, voire impossible ;
– le choix du site doit également tenir compte de son environne-
ment, compte tenu de l’éventuelle production d’odeurs à un
Figure 19 – Lagune de séchage moment donné. D’où une prise en compte des vents dominants et

Cheminées Roseaux
d'aération

Parois
en béton

Revanche
2m

5 cm de sable grossier
0,5/5 mm par exemple
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Environ 30 cm de
gravier 3/6 mm

Géogrille

15 cm de galets 20/40 mm

Drain de 100 mm 0,5 %


avec fentes orientées
vers le bas

Retour des percolats


vers la station

Figure 20 – Coupe schématique d’un lit de séchage planté de roseaux avec construction en béton (Crédit Alain Liénard)

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Tableau 11 – Compositions possibles des matériaux d’un lit planté de roseaux


Couches d’un lit planté de
Solution « économique » Solution intermédiaire Solution techniquement optimale
roseaux

Couche supérieure Sable fin + terreau sur 10 cm Sable fin + terreau sur 10 cm Sable fin + terreau sur 10 cm

Couche intermédiaire Gravillons 3/6 ou 6/10 sur 15 à 20 cm Gravillons 6/10 sur 10 cm Gravillons 6/10 sur 10 cm

Géogrille

Gravier 20/40 épaisseur 0,15 m dans


Hourdis béton, épaisseur 12 cm Caillebotis béton à fentes de 2 cm
Couche de fond lequel sont noyés les drains de
espacés de 3 cm posés sur plots, épaisseur 15 cm
récupération de percolats

Peu favorable à l’oxygénation du Solution recommandée par MSE.


Commentaires
fond Très bonne aération

pâteux collant de la boue, compris grossièrement entre 50 et 60 %


de siccité :
– le séchage partiel destiné à remonter la siccité de la boue à une
valeur acceptable en vue de son autocombustibilité dans un inciné-
rateur à boues du type Pyrofluid, soit couramment 35 % environ
(45 % maximum) ;
– le séchage poussé à une siccité généralement supérieure à
90 %, ou au moins à 65 %. Afin de stocker, puis d’évacuer de la
boue sous un volume minimum en vue de son utilisation agricole
ou de son incinération déportée dans un four à ordures ménagères,
voire un four à ciment (la cendre issue de la boue sèche joue alors
le rôle d’un filler).

La valorisation agricole nécessite une siccité supérieure à 90 %


afin de disposer d’une boue non fermentescible et stockable en
silo hors des périodes d’épandage. Pour des raisons de manuten-
tion, cette boue sèche doit, en outre, être présentée sous forme de
granulés cylindriques ou sphériques.
Figure 21 – Procédé Rhizophyte
L’introduction d’une boue sèche dans un four à ordures ménagè-
de la présence d’habitations proches. De plus, l’implantation de la res peut se faire, soit dans la fosse, soit dans la trémie. Dans ce der-
serre devra se situer dans un secteur sec où l’ensoleillement est nier cas, une siccité de 65 %, proche de celle des ordures ménagè-
maximum ; res, est optimale.
– certains constructeurs proposent d’ailleurs l’installation d’une & Étapes du phénomène d’évaporation
désodorisation continue, biologique ou physico-chimique. Cette
technologie est coûteuse et ajoute une consommation d’énergie Le phénomène d’évaporation procède en deux étapes
supplémentaire, ce qui altère un peu l’image de « technologie successives :
propre » ; – un premier régime dit « superficiel », concernant l’eau libre uni-
– le séchage des boues fonctionne très bien en été. Alors qu’en quement, pendant lequel la boue présente une surface mouillée.
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hiver, la serre ne joue souvent qu’un rôle de stockage. De plus, la Vis-à-vis de la phase gazeuse, cette surface se comporte comme
plus grande partie des boues sèches n’est disponible en sortie de un plan d’eau et demeure donc à la température de bulbe humide
serre que durant la période la plus favorable, soit 6 à 8 mois par de l’air de séchage ;
an ; – un deuxième régime en fin de séchage, pendant lequel l’eau de
– cette dernière remarque n’est pas valable pour toutes les serres la boue doit migrer des profondeurs ou des cavités internes des
commercialisées actuellement. En particulier, les serres équipées boues, vers la surface de contact. La vitesse d’évaporation est
d’un plancher chauffant. alors limitée par la vitesse de migration. Localement, la tempéra-
ture peut s’élever et conduire à un début de combustion sèche de
la boue.

& Transmission de la chaleur


5.8 Déshydratation thermique
Concrètement, la chaleur fournie peut être transmise de deux
manières :
5.8.1 Séchage thermique – via un fluide gazeux caloporteur en contact avec la boue, soit
de l’air ou un mélange d’air et de fumées de combustion. On
& Deux types de séchage parle alors de séchage direct, ou encore de séchage à flux mélangé
(figure 26) ;
Actuellement, les deux applications suivantes peuvent être rete- – par conduction à travers une paroi chauffée en contact avec la
nues, selon la siccité visée en sortie en deçà, ou au-delà, de l’état boue. Il s’agit alors de séchage indirect, ou encore de séchage à

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TRAITEMENT DES BOUES D’ÉPURATION –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Alimentation
en boues

Cheminée
d`aération

Arrivée
des boues Boues
du bassin accumulées
d`aération
Massif filtrant

Plancher poreux

Rodier

a vue en coupe

Arrivée des boues du bassin d’aération Retour des percolats


en tête de station
Cheminées de ventilation

Lit n° 1 Lit n° 2

b vue de dessus
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Figure 22 – Schéma de principe du procédé Rhizophyte

flux séparé. La paroi est chauffée, soit électriquement, soit par un Le gaz caloporteur est généralement constitué de fumées de
fluide caloporteur, vapeur ou liquide thermique (eau pressurisée, combustion provenant d’un brûleur installé immédiatement en
huile…). Une ventilation d’air dans le sécheur est toutefois néces- amont du tambour. Une partie du gaz vicié est remélangée à ces
saire pour permettre de maintenir le gradient de pressions partiel- fumées afin d’améliorer le bilan thermique et limiter le flux de
les DP à une valeur satisfaisante (figure 27). composés malodorants à traiter. Il est également possible de pas-
ser de l’air sur un échangeur. Notamment, si on désire minimiser
la formation de NOx, moyennant une surconsommation de
5.8.2 Sécheurs directs + 10 %.
La boue à sécher est entraı̂née dans un courant de gaz chaud
(figure 26). La boue se déplace dans un tambour rotatif principale- 5.8.3 Sécheurs indirects
ment à l’état fluidisé, ou du moins finement divisé. Aussi est-il
nécessaire d’introduire la boue dans le tambour sous une forme Ces sécheurs comportent classiquement un stator constitué d’un
déjà divisée, ce qui nécessite de recycler une partie de la boue fût cylindrique, fixe et horizontal, muni de racleurs, et un rotor
séchée. Corrélativement, cette boue ne peut sortir que dans un état comportant des palettes agitatrices. Le fluide caloporteur circule
de siccité poussé (séchage poussé). Un degré moindre de séchage généralement dans l’arbre du rotor, et éventuellement, dans une
étant obtenu par remélange avec de la boue déshydratée. double enveloppe du stator.

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–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– TRAITEMENT DES BOUES D’ÉPURATION

Rechauffement
(en kg d`eau évaporée/jour)

de la boue
Vitesse de séchage
Régime superficiel

Phase de
ralentissement

Temps (en jours)

Figure 25 – Évolution des cinétiques de séchage

Figure 23 – Boues après déshydratation solaire

Énergie solaire

Capteurs extérieurs :
Capteurs intérieurs :
température, hygrométrie,
température,
vent, rayonnement solaire...
hygrométrie...

Destratificateurs

Air chaud envové vers la boue

Retourneur de boues :
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Ventelles Extracteurs :
entrée d'air frais Aération : évite la formation d'une etoúte en surface et
améliore les échanges entre l'air et la boue sortie de l'air humide

Granulation de la boue

Déplacement des boues (suivant les procédés)

Évaporation

Surface d'échange air/boues

Boue

Circulation de l'air

Échange d'eau entre les


boues et l'air

Figure 24 – Schéma du fonctionnement général d’une serre

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TRAITEMENT DES BOUES D’ÉPURATION –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Boue déshydratée

Recyclage de la boue séchée


Mélangeur

(Air frais) (Combustible)


Séparateur

(Brûleur)
Boue séchée

Gaz
caloporteur
Tambour de séchage

Gaz vicié (incondensable)

Condensats

(Vers traitement de l`air) Condenseur

Figure 26 – Principe d’un sécheur direct

Les conditions de fonctionnement d’un sécheur indirect sont, a


Tableau 12 – Risques en fonction de la siccité et de la priori, moins favorables que dans le cas précédent. En effet, la
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texture de la boue boue arrive en masse dans le sécheur et la phase gazeuse est à
faible température et peu véloce. La présence des racleurs et des
Siccité palettes permet de faire avancer la boue et de la retourner afin de
Structure des boues Risques maintenir le régime superficiel d’évaporation, et d’améliorer ainsi
(en %)
le transfert, la boue présentant en permanence une surface
humide. En outre, un ventilateur de tirage entraı̂ne les buées déga-
Boues potentiellement gées vers leur traitement. Des ouı̈es d’aération permettent l’entrée
16 - 35 Fermentation anaérobie d’une petite quantité d’air (figure 27).
pâteuses
Le fluide caloporteur peut être de la vapeur ou un liquide ther-
mique. En cas de couplage avec un four Pyrofluid, il est avantageux
Compostage si la d’utiliser de l’eau pressurisée récupérant les calories des fumées au
35 - 70 Boues granulées
température augmente niveau de l’économiseur. Ceci permet l’économie d’une chaudière.
Le coefficient global d’échange dans le sécheur étant un peu moins
bon que dans le cas de l’utilisation de vapeur, la taille du sécheur
> 70 Boues sèches – doit être un peu plus importante.
Les critères de choix d’une technologie sont étudiés à partir de
> 80 Boues sèches Poussières nombreux paramètres, dont quelques-uns sont présentés au
tableau 13.

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Boue déshydratée

Mélangeur
Recyclage de la boue séchée

Air d`entraînement

Séparateur

Buées

plus fines

Boue séchée

Condenseur

Fluide caloporteur Condensats

Incondensables
(Vers traitement de l`air)

Figure 27 – Principe d’un sécheur indirect

Tableau 13 – Critères de choix d’une technologie 6. Oxydation par voie humide


Critères Sécheurs directs Sécheurs indirects
(OVH)
Rendement  650 à 1 000 kcal/  650 à 1 000 kcal/
énergétique kg d’eau kg d’eau L’Oxydation par voie humide (OVH) est une technologie de traite-
ment des boues d’épuration, d’origine municipale ou industrielle,
Moyenne à permettant l’évacuation d’un résidu minéral inerte (moins de 5 %
Abrasion Faible
importante
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de carbone organique total) en lieu et place des boues produites


par la station d’épuration. Ce procédé consiste en une oxydation
Traitement des Volumes importants Volumes faibles à
(par injection d’oxygène) en milieu aqueux (sous 50-55 bars) et
odeurs à traiter traiter
sous température (environ 250  C) de boues épaissies (40 à 80 g
Granuleuse à MS/L) (figures 28, 29 et 30). Ce milieu hautement réactionnel favo-
Granulation Intégrée rise l’oxydation de la matière organique contenue dans les boues
rajouter
en CO2, H2O et CO gazeux et en composés aqueux facilement bio-
Risque de déflagra- dégradables (acide acétique, NH4). Aucun apport énergétique n’est
Sécurité Risque d’incendie
tion nécessaire puisque le système est autothermique. Le résidu pro-
duit, appelé « technosable », est très facilement déshydratable par
Maintenance filtre-presse (siccité supérieure à 60 %) et valorisable, notamment
préventive et main Nécessaire Nécessaire en soubassements routiers.
d’œuvre
Cette technologie s’adapte bien aux boues urbaines flottées,
Plus avantageux Plus avantageux égouttées ou filtrées, dont la charge organique est de l’ordre de 40
Coûts
pour des grandes pour des petites à 80 g/L et la teneur en matière sèche de l’ordre de 5 %. En pra-
d’investissement
capacités capacités tique, on évapore seulement 10 à 20 % de l’eau. D’où un bilan éner-
gétique beaucoup plus favorable que l’incinération ou le séchage.
Risques de courts-
Hygiénisation Très bonne De plus, le volume des gaz à traiter est beaucoup plus faible (pro-
circuits
cédé confiné).

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TRAITEMENT DES BOUES D’ÉPURATION –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Vers
atmosphére

Traitement
des gaz

Oxygène
Réacteur
d’oxydation
Réchauffeur
Boues
épaissies
Pompe
haute-
pression Milieu
réactionnel

Refroidisseur

Pompe

Liquide Déshydratation

Solide
Décanteur
Technosable

Figure 28 – Principe du procédé ATHOS

Divers procédés d’oxydation par voie humide existent. Quatre sont rédhibitoires pour le traitement des boues et il ne faut pas
d’entre eux sont définis au tableau 14. avoir recours à ce type de traitement.
 Le compostage qui nous intéresse ici est un procédé de traite-
ment biologique aérobie (en présence d’oxygène) des matières fer-
mentescibles dans des conditions contrôlées. Il produit du dioxyde
7. Compostage de carbone (CO2), de la chaleur et du compost.
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Au cours de ce processus, les micro-organismes aérobies


décomposent la matière organique et produisent : du gaz carbo-
Le compostage peut être divisé en deux catégories selon la nique (CO2), de l’ammoniac, de l’eau, de la chaleur et de l’humus,
nature du processus de décomposition. qui est le produit organique final relativement stable. Bien que le
compostage aérobie puisse produire des composés organiques
& Deux types de compostage intermédiaires, comme certains acides organiques, ceux-ci sont
ensuite décomposés par des micro-organismes aérobies. Le com-
 Lors du compostage anaérobie, la décomposition se produit post ainsi obtenu, qui a une forme relativement instable de matière
quand l’oxygène (O) est absent ou présent en quantité limitée. organique, ne comporte que très peu de risques de phytotoxicité.
Dans ce processus, les microorganismes anaérobies dominent et La chaleur générée accélère la décomposition des protéines, des
élaborent des composés intermédiaires comme du méthane, des graisses et des sucres complexes tels que la cellulose et l’hémicel-
acides organiques, du sulfure d’hydrogène et d’autres substances. lulose, et réduit la durée du processus. De plus, ce processus
En l’absence d’oxygène, ces composés s’accumulent et ne sont détruit de nombreux micro-organismes, qui sont des pathogènes
pas métabolisés. Un grand nombre de ces composés ont des pour les humains ou les plantes, ainsi que les graines d’adventices,
odeurs fortes et certains d’entre eux présentent une phytotoxicité. dans la mesure où la température atteinte est suffisamment élevée.
Comme le compostage anaérobie est un processus s’effectuant à Bien que les éléments nutritifs soient perdus en quantité plus
basse température, les graines d’adventices et les pathogènes ne importante lors du compostage aérobie, celui-ci est considéré plus
sont pas affectés. De plus, le processus nécessite souvent plus de efficace et utile que le compostage anaérobie pour la production
temps que le compostage aérobie (FAO – 2005). Ces inconvénients agricole.

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–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– TRAITEMENT DES BOUES D’ÉPURATION

Sortie EI

3 bar
110 ºC 45 ºC

Surverse

Sortie des boues du


refroidisseur
primaire
110 ºC Entrée EI

Sortie EI
LCV

Surverse
45 ºC
110 ºC
Vers
déshydratation

Entrée EI
110 ºC

Vers cuve alimentation


Athos

Figure 29 – Bilan des températures sur le procédé ATHOS

– des objectifs de production d’un amendement organique ou


d’un support de culture de qualité, répondant à la réglementation
et aux besoins des utilisateurs.
 Le compostage est un procédé relativement simple qui sup-
pose le respect de trois règles de base :
– composition équilibrée des déchets traités (rapport Carbone sur
Azote C/N de 30 - 35, porosité adaptée au mode de compostage) ;
– maintien d’une humidité proche de 60 % en phase initiale ;
– maintien d’une bonne aération.
Le non-respect de ces règles simples entraı̂ne souvent des nui-
sances et ne permet pas de produire un compost de qualité dans
des délais raisonnables.
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 En ce qui concerne plus particulièrement les boues, les règles


de l’art suivantes doivent être suivies :
– « mélange » déchets verts, bois et boues ;
Figure 30 – Évolution de la qualité de la boue traitée
– siccité des matières de vidange ≥ 15 % ;
Nota : un effet de compostage peut aussi être obtenu par dégradation enzymatique – mise en andains et retournements ;
des matières organiques qui passent à travers le système digestif des vers de terre. Ce – criblage du produit obtenu.
processus est appelé vermicompostage.

Remarque
& Deux objectifs au compostage Un compostage bien réalisé assure une biodégradation aéro-
Le compostage répond à deux objectifs : bie et une élimination des pathogènes.

– un traitement par dégradation des matières fermentescibles : & Contraintes et analyse de projet de compostage
 permettant de stabiliser les déchets et conduisant à une
réduction des quantités, en particulier des refus à traiter ther-  Les contraintes liées au compostage sont importantes. L’exis-
miquement ou à stocker, tence de débouchés suffisants pour le compost constitue une
contrainte majeure. Elle est d’autant plus forte que la taille de l’ins-
 s’accompagnant d’une maı̂trise des odeurs et des nuisances, tallation est plus importante. Il est également nécessaire de pren-
 en complémentarité avec les autres opérations de gestion des dre en compte les contraintes d’environnement de l’installation de
déchets. compostage (disponibilité foncière, proximité d’habitations, risques

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TRAITEMENT DES BOUES D’ÉPURATION –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Tableau 14 – Comparaison de divers procédés d’oxydation par voie humide


Températures Pressions Temps de rétention
Procédés Applications Catalyseurs Réacteurs
(en  C) (en bar) (en min)

ATHOS (OTV) 250 54 60 Municipale Cu2+ Colonne

Industrielle
GRANIT (Granit Technology) 250 à 320 100 35 à 40 Non Colonne
Municipale

Industrielle
ZIMPRO (US Filter) 280 à 325 200 30 à 280 Non Colonne
Municipale

WETOX 250 40 - - Non Cuve

- Industrielle -
VER TECH (Apeldoorn) 175 à 280 100 Non
Municipale

LOPROX (Bertram) 150 à 200 20 60 Industrielle Fe3+ Colonne

MINERALIS (Degrémont) 240 100 60 Municipale Oui Colonne

d’odeurs…) et d’écoulement du compost, dans la conception tech- – description des modalités techniques de réalisation de l’épan-
nique de l’opération (stockage du compost produit dont l’écoule- dage (matériels, entreposage, périodes d’épandage…) ;
ment est saisonnier…). – préconisations générales d’utilisation des boues (intégration
pratiques agronomiques, adéquation surfaces d’épandage/quanti-
 Une réflexion doit donc avoir lieu en amont du projet avec les tés de boues) ;
acteurs de la filière de valorisation pour assurer les débouchés – représentation cartographique au 1/25 000è du périmètre et des
compost produit. Ce qui implique de veiller à la qualité des boues
zones aptes à l’épandage ;
traitées et de définir des cahiers des charges « qualité » pour ce
– représentation cartographique des parcelles exclues de l’épan-
produit.
dage et motifs d’exclusion (points d’eaux, pentes, voisinage…) ;
 L’image du compost est celui d’un produit rural puisque le pro- – justification de l’accord des utilisateurs de boues pour la mise à
cédé est de type agricole, et non pas industriel. De ce fait, les nui- disposition de leurs parcelles ;
sances sont essentiellement limitées aux nuisances sonores des – liste des parcelles selon leurs références cadastrales.
machines agricoles utilisées. L’épandage agricole, peut être réalisé après un traitement préa-
lable de type compostage, fumière, etc.
 Une unité bien dimensionnée est susceptible de traiter des
boues et des coproduits de différentes origines, ce qui en fait un  Les entreprises de vidange ont l’obligation de :
procédé polyvalent et adaptable. Enfin, la consommation énergé-
– démontrer l’intérêt agronomique de l’épandage agricole en
tique est très faible.
amont du projet ;
– réaliser un traitement préalable pour stabiliser les boues ;
– stocker les boues pendant les périodes d’impossibilité ou
8. Épandage agricole d’interdiction d’épandage ;
– réaliser un plan d’épandage ;
– effectuer un suivi de la qualité des boues (avec un programme
d’analyse) ;
Le recyclage agricole consiste en un épandage des boues sur les – réaliser des bilans agronomiques ;
terres cultivées. – respecter les conditions d’épandage.
& Procédure de déclaration ou d’autorisation Ces démarches sont réalisées à la charge des entreprises de
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vidange, qui peuvent solliciter des bureaux d’études pour se faire.


Cette activité doit être soumise à une procédure de déclaration
ou d’autorisation selon les flux en jeu. Elle est soumise à :
– déclaration si la quantité de matière sèche est > à 3 tonnes/an Attention ! L’épandage ne doit en aucun cas être conçu
(soit environ 100 m3 de matière brute) ou la quantité d’azote total comme une simple technique de rejet utilisée pour se débarras-
> 0,15 tonnes/an ; ser d’un effluent au moindre coût.
– autorisation au-delà de 800 tonnes/an de matière sèche ou
40 tonnes/an d’azote total. & Périmètres de protection des sources

& Étude préalable L’épandage de telles matières devra se faire en respectant les
périmètres de protection des sources, puits, captages ou prises
L’épandage agricole doit absolument être précédé par la réalisa- d’eau.
tion d’une étude préalable, quelle que soit la quantité épandue.
Il est interdit à moins de 50 m :
 L’étude préalable doit contenir les points suivants : – des puits et forages ;
– présentation de l’origine, des quantités (produites et utilisées) – des sources ;
et des caractéristiques des boues ; – des aqueducs transitant des eaux potables en écoulement libre ;
– identification des contraintes (milieu naturel, activités humaines) ; – de toutes installations souterraines ou semi-enterrées utilisées
– caractéristiques des sols, systèmes de culture et description pour le stockage des eaux. Que ces dernières soient destinées à
des cultures envisagées ; l’alimentation en eau potable ou à l’arrosage des cultures
– analyse des sols ; maraı̂chères ;

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– des rivages ;  Le plan d’épandage comporte au minimum les éléments


– des berges des cours d’eau. suivants :
Il est interdit à moins de 200 m des cours d’eau si la pente est – l’identité et l’adresse de l’exploitant et des éventuels prêteurs
supérieure à 7 %. de terres ;
– l’identification des parcelles regroupées par ı̂lot cultural et par
Il est interdit à moins de 500 m des rivages bordant les zones exploitant ;
aquicoles et des établissements conchylicoles et des gisements – une représentation cartographique établie avec une précision
naturels de coquillages. Des conditions spécifiques visant à la pro- au moins égale à une échelle au 1/12 500 des ı̂lots culturaux concer-
tection des zones d’aquaculture peuvent être définies par l’autorité nés, des surfaces exclues de l’épandage et du motif des exclusions,
sanitaire. en tenant compte de la réglementation (notamment, distance vis-à-
& Recommandations diverses vis des cours d’eau et tiers, pentes) et des autres contraintes
d’épandage (notamment, localisation des parcelles, nature du sol) ;
Toutes dispositions doivent être prises pour que les eaux de ruis-
– les surfaces totales et épandables de chaque parcelle ;
sellement ne puissent, en raison de la pente du terrain, notamment,
– les systèmes de culture (cultures en place et principales
atteindre les endroits ou les milieux protégés, et ne soient cause
successions) ;
d’inconvénients pour la santé publique ou de nuisances pour le
– la nature, la teneur en azote avec indication du mode d’évalua-
voisinage.
tion de cette teneur (analyses ou références) et la quantité des
L’épandage des boues est notamment interdit : effluents qui seront épandus ;
– sur terrains gelés ou enneigés ; – les doses maximales admissibles par type d’effluent de sol et
– en période de fortes pluies ; de cultures en utilisant des références locales ;
– en dehors des terres régulièrement exploitées, ou destinées à – un calendrier prévisionnel d’épandage rappelant, en zone vul-
une remise en exploitation, ou faisant l’objet d’opération de nérable, les périodes d’épandage interdit et, en dehors de ces
reconstitution de sols. zones, les périodes d’épandage inapproprié ;
– le cas échéant, le solde de la balance globale en phosphore
La capacité d’absorption des sols ne doit jamais être dépassée. avant engrais minéraux de l’exploitation [exprimé, par exemple,
Ceci afin d’éviter que la stagnation prolongée sur le sol, le ruissel- en kg de phosphore par hectare de surface agricole utile (SAU)].
lement en dehors du champ d’épandage, ou une percolation rapide
Les parcelles mises à disposition par des tiers font l’objet de
vers les nappes souterraines, puissent se produire.
contrats écrits reprenant l’ensemble de ces éléments, à l’exception
La nature, les caractéristiques et les quantités des produits épan- du dernier alinéa.
dus devront rester compatibles avec une protection sanitaire et
agronomique du milieu.  En l’absence de plan d’épandage, les dispositions suivantes
sont applicables.
L’épandage est interdit à moins de 100 m des immeubles habités
ou habituellement occupés par des tiers, des zones de loisirs et éta- L’épandage est à proscrire :
blissements recevant du public. – sur les terrains affectés, ou qui seront affectés dans un délai de
1 an, à des cultures maraı̂chères ;
& Un plan d’épandage doit être réalisé
– à moins de 200 m des cours d’eau si la pente du terrain est
Un plan d’épandage d’une procédure de gestion de risque vise à supérieure à 7 % ;
ce que la capacité des milieux à s’auto-épurer ne soit pas dépassée. – sur les pâturages, ne peuvent être épandus que des lisiers
Il s’agit aussi que les valeurs limites en métaux lourds ou autres ayant subi, soit un stockage d’une durée minimale de 30 jours en
toxiques ne soient pas dépassées. Les matériaux épandus contien- saison chaude et de 60 jours en saison froide, soit un traitement
nent souvent, en quantité variable : approprié (digestion, traitement par aération d’une durée minimale
– des toxiques non-biodégradables (métaux lourds, par de 3 semaines…). La remise à l’herbe des animaux se fera au plus
exemple) ; tôt 30 jours après l’épandage ;
– toxiques lentement dégradables (résidus de pesticides, pol- – l’épandage par aspersion est interdit [2].
luants organiques persistants…) ;
– des produits (azote, phosphore) susceptibles de contribuer à
l’eutrophisation ou à une dystrophisation des sols, des eaux (dou-
ces, saumâtres, salées, superficielles ou souterraines) et des 9. Conclusion
écosystèmes.
Il est donc nécessaire de ne pas les épandre sur des sols incapa-
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bles de le supporter (déjà pollués ou déjà enrichis en azote et 9.1 Alternatives


phosphore).
Le plan d’épandage agricole est un document de synthèse détail- L’utilisation des boues en reconstitution de sols et végétalisation
lant, en fonction de leur aptitude à l’épandage, les ı̂lots culturaux à la suite de gros travaux d’aménagement, comme les talus routier
qui pourront faire l’objet d’épandage de boues. Il doit montrer que et autoroutier, la réhabilitation de friches industrielles, de friches
l’ensemble des boues peut être épandu dans des conditions envi- urbaines ou de décharges, la création de pistes de ski, permet un
ronnementales satisfaisantes, y compris sur les parcelles mises à apport de matière organique en grande quantité, nécessaire à la
disposition par des tiers. réinstallation du couvert végétal et à la cicatrisation du paysage.
L’utilisation des boues en sylviculture sur taillis à courte ou très
 Par ı̂lot cultural, on entend : un regroupement de parcelles courte rotation (TCR ou TTCR), permet d’utiliser les propriétés ferti-
culturales contiguës, entières ou partielles, portant une ou plu- lisantes des boues pour la production de biomasse ligneuse.
sieurs cultures, limité par des éléments facilement repérables et
permanents (comme un chemin, une route, un ruisseau…) et stable Des matières fertilisantes commerciales peuvent aussi être fabri-
d’une année sur l’autre. quées à partir de la matière sèche des boues d’épuration.

 Par parcelle culturale, on entend : un ensemble de parcelles Les voies évoquées ci-dessus restent cependant peu exploitées
appartenant au même ı̂lot cultural, homogènes du point de vue de en France.
la culture concernée, de l’histoire culturale (notamment, pour ce Développer les technologies nouvelles à l’épuration des eaux
qui concerne les successions et les apports organiques) et de la usées pour réduire les quantités de boues produites reste une des
nature du terrain. voies à privilégier.

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9.2 Coûts des données anciennes et/ sèche (données 2009 – http://www.cg29.fr/Le-Conseil-general-et-
vous/Eau-Environnement/Eau/Assainissement – synthèse de
ou parcellaires l’étude boue) : de 75 € H.T. (recyclage agricole sans transformation)
à 650 € H.T. (incinération en four spécifique) (hors coûts de déshy-
9.2.1 Coûts de la filière d’utilisation agricole dratation et de transport).
des boues d’épuration municipales (données
1998) Les données sont, on le voit, bien trop vagues ou anciennes pour
pouvoir en tirer un enseignement quelconque.
Dans un article publié il y a près de 12 ans, Michel Ferry et Jac-
ques Wiart avaient procédé à une approche assez complète des Nous ne pouvons que constater qu’une nouvelle étude des coûts
coûts pour 15 filières types d’utilisation agricole des boues d’épura- des différentes filières de traitement des boues d’épuration est
tion municipales [3]. aujourd’hui nécessaire.
Cette étude, réalisée à partir d’une enquête nationale menée en
1998 sur 71 situations réelles (tailles de station de 400 à 9.2.3 Recommandations
650 000 équivalents-habitants ; boues liquides, pâteuses, solides,
sèches, compostées), a permis de recueillir les coûts d’investisse- Pour finir, il nous parait nécessaire de rappeler les recommanda-
ment et d’exploitation des différentes étapes de la filière agricole : tions de l’Ademe pour une organisation réussie et durable de l’uti-
lisation agricole des boues d’épuration (consulter le Pour en savoir
– traitement ;
plus) :
– stockage ;
– reprise ;  une police des réseaux efficace pour être sûr de produire des
– transport ; boues propres ;
– épandage ;  une large information pour que les épandages soient claire-
– pratiques culturales ; ment acceptés par tous ;
– études ;
– suivis.  une organisation à l’échelle d’un territoire (échelle cantonale,
départementale, ou petite région agricole) pour une harmo-
Les résultats montrent l’importance relative du coût du traite- nieuse répartition des épandages ;
ment (en moyenne 55 % du coût total de la filière). Hors-traitement,
 un contrôle analytique bien organisé pour garantir la connais-
le coût du recyclage agricole (amortissement des investissements
sance des boues épandues et des sols récepteurs ;
inclus), comprenant le stockage des boues et les opérations d’épan-
dage contrôlé, s’élève à : 1,98 € HT/eh ; 177,7 € HT/t MS ; 40,5 € HT/t  un bon raisonnement de l’épandage pour valoriser au mieux
MB et 0,06 € HT/m3 d’eau potable distribué. Ces valeurs sont des les propriétés fertilisantes des boues (une démarche raison-
indications moyennes. Les coûts pouvant être très différents selon née à partir de données agronomiques précises) ;
les types de filières et les situations locales.  un code de bonnes pratiques d’épandage pour que chaque
intervenant fasse exactement ce qu’il doit faire ;
9.2.2 Coûts avancés par le site Internet du Conseil
 un responsable bien identifié pour organiser les chantiers et
général du Finistère (données 2009) servir d’interlocuteur [(un responsable unique désigné et
Le site Internet du Conseil général du Finistère donne la four- connu au niveau local) et au niveau départemental (à qui
chette suivante pour les coûts de traitement par tonne de matière s’adresser en cas de mécontentement ?)].
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P
O
U
Traitement des boues d’épuration R
par Jean-Marc BERLAND
Docteur en sciences et techniques de l’Environnement de l’École Nationale des Ponts et
Chaussées
Chef de Projet à l’Office International de l’Eau – CNIDE (Limoges – France)
E
N
Sources bibliographiques
[1] LIÉNARD (A.). – Déshydratation des boues
par lits de séchage plantés de roseaux. Ingé-
nieries – EAT – N 17 ; p 33 à 45 (1999).
[4] DUDKOWSKI (A.). – L’épandage agricole des
boues de stations d’épuration d’eaux usées
urbaines. Courrier de l’environnement de
[6] LE STRAT (P.). – Les procédés « écologiques »
pour le traitement des boues urbaines. Arti-
cle du périodique. L’eau, l’industrie et les nui-
S
[2] BRISON (C.), PERRET (J.M.) et CANLER (J.P.).
– Le séchage solaire des boues : État actuel
l’INRA, INRA-ME&S (2000).
[7]
sances N 286, page 83.
AMADOU (H.). – La modélisation du séchage
A
[5] GRAIE. – « Guide de la réception et de la va-
de l’art et retours d’expérience. Document
technique FNDAE n 36 (2010). lorisation des sous-produits de l’assainisse-
ment ». Document de travail – version 9 ; Té-
solaire sous serre des boues de stations
d’épuration urbaines, thèse. V
[3] FERRY (M.) et WIART (J.). – Coûts de la filière
d’utilisation agricole des boues d’épuration
municipales. Ingénieries n 30 (Juin 2002).
léchargeable à l’adresse suivante : http://
www.graie.org/graie/graiedoc/reseaux/depo-
tage/GUIDE-depot-v9-2007.pdf (Juillet 2007).
O
À lire également dans nos bases I
GUIBELIN (E.). – Caractéristiques et traite-
ments des boues d’épuration, [G 1 450]
GUIBELIN (E.). – Élimination finale des boues
d’épuration, [G 1 451] (2014).
tion des boues d’épuration et source de nui-
sances odorantes, [W 9 740] (2012).
R
(2014).
CABROL (L.), FANLO (J.L.) et RENNER (C.). – GAID (A.). – Traitement des boues, [C 5 221]
Paradoxe du compostage : solution de ges- (2008).

P
Sites Internet
Site de l’ADEME – Pages relatives aux boues d’épuration : http://www.ademe.fr/partenaires/boues/pages/chap14.htm
L
U
& Textes européens
Réglementation
& Réglementation nationale
S
Nota : La Commission européenne considère que les « boues traitées » ont un statut Les boues relèvent de la nomenclature « déchets » et sont réglementées
de déchet, y compris lorsqu’elles sont mélangées à d’autres déchets ou produits. par les textes suivants :

 Directive européenne n 91-271 du conseil du 21/05/91 relative au traite-  Loi du 15/07/75 modifiée par la loi du 13/07/92 (art. L. 541-1 à L. 541-50
ment des eaux résiduaires urbaines qui impose (art. 14) d’assurer une bonne du CE) relative à l’élimination des déchets et à la récupération des matériaux.
gestion des boues d’épuration : « Les boues d’épuration sont réutilisées
lorsque cela s’avère approprié. Les itinéraires d’évacuation doivent réduire  Décret n 2002-540 du 18/04/02 (art. R. 541-7 à R. 541-11 du CE) relatif à
au maximum les effets négatifs sur l’environnement ». Cette directive stipule la classification des déchets : au code 19 08 05 figurent les boues provenant
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qu’au plus tard le 31 décembre 1998, « le rejet des boues provenant de sta- du traitement des eaux usées urbaines.
tions d’épuration des eaux urbaines résiduaires fasse l’objet de règles géné-  Art. L. 2224-8 du CGCT : l’élimination des boues produites dans les sta-
rales ou soit soumis à enregistrement ou à autorisation ». tions d’épuration des eaux usées domestiques fait partie des missions du
 Directive n 2006/12 du 05/04/06 relative aux déchets (remplace la service public d’assainissement et relève de la responsabilité des
directive n 75-442), annexe 2 B/ R 10 : « épandage sur le sol au profit de communes.
l’agriculture ou de l’écologie ». Cette directive stipule que les déchets trans-  Art. L. 1331-10 du CSP : les communes autorisent ou non le déverse-
formés en « matière première secondaire », « issue du recyclage, de la réuti- ment des eaux industrielles dans les réseaux publics, en principe interdit.
lisation, de la récupération ou d’autres procédés de valorisation », ont le sta-
tut de produit.  Loi de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle de l’envi-
 ronnement, dite Grenelle 1, du 23/07/09. Selon son article 46, « Parallèlement,
 Directive n 2000/76 du 04/12/00 relative à l’incinération des déchets.
les quantités de déchets partant en incinération ou en stockage seront globa-
 Décision du 03/05/00 de la Commission établissant une liste de déchets, lement réduites avec pour objectif, afin de préserver les ressources et de pré-
rubrique n 19 08 05 « boues provenant du traitement des eaux usées venir les pollutions, une diminution de 15 % d’ici à 2012 ».
urbaines ».
& L’Épandage des boues
 Directive n 86/278 du 12/06/86 relative à la protection de l’environne-
ment, et notamment des sols, lors de l’utilisation des boues d’épuration en  Art. 211-25 à 211-45 du CE sous section 2 « épandage des boues ». L’arti-
agriculture. cle R. 211-41 interdit l’épandage « pendant les périodes où le sol est pris en
masse par le gel ou abondamment enneigé, exception faite des boues soli-
 Directive n 1999/31 du 26/04/99 concernant la mise en décharge des des », sans pour autant définir la notion d’état de gel. L’article 211-45 stipule
déchets. que l’usage de boues en reconstitution des sols est actuellement interdit.

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P TRAITEMENT DES BOUES D’ÉPURATION –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

O
U  Art. R. 214-1 du CE : nomenclature des opérations soumises à autorisa- 2002. Elle est rendue obligatoire par l’arrêté du 18/03/04 portant sur les
tion ou à déclaration, rubrique 2.1.3.0 : épandage de boues issues du traite- amendements organiques. Un arrêté du même jour est relatif aux vérifica-
R ment des eaux usées.
 Décret n 97-1133 du 08/12/97 (art. R. 211-25 et suivants du CE) relatif à
tions auxquelles doit procéder le responsable de la commercialisation des
composts répondant à cette norme.
l’épandage des boues issues du traitement des eaux usées.  Les installations de compostage relèvent de l’arrêté du 07/01/02 relatif
aux prescriptions générales applicables aux installations classées soumises
 Arrêté du 08/01/98 modifié le 03/06/98 fixant les prescriptions techni-
à déclaration sous la rubrique n 2170 « engrais et supports de culture (fabri-
E ques applicables aux épandages de boues sur les sols agricoles.
 Arrêté du 17 août 1998, modifiant l’arrêté du 2 février 1998 relatif aux
cation des) à partir de matières organiques » et mettant en œuvre un pro-
cédé de transformation biologique aérobie des matières organiques
prélèvements et à la consommation d’eau ainsi qu’aux émissions de toute (n 2170-1 autorisation, n 2170-2 déclaration). Le compostage de boues
N nature des installations classées pour la protection de l’environnement sou-
mises à autorisation.
d’épuration relève de la rubrique n 2780 § 2 de la nomenclature des ICPE.
Les installations de compostage ou de stabilisation biologique aérobie sou-
mises à autorisation en application du titre Ier du livre V du CE doivent satis-
 Décret n 2009-550 du 18 mai 2009 relatif à l’indemnisation des risques faire aux règles techniques stipulées dans l’arrêté du 22 avril 2008.
liés à l’épandage des boues d’épuration urbaines ou industrielles. Ce fonds
de garantie est destiné à indemniser les exploitants agricoles en cas de pro-  Décret n 2002-540, relatif au compost déclassé. Sous réserves, l’épan-
S blème suite à un épandage de boues de stations d’épuration sur leurs parcel-
les. Ce fonds ne s’applique pas à l’épandage de tout autre « produit » (com-
post de boues par exemple) qui n’ait pas le statut « déchet ».
dage de compost de boues non conforme à la norme NF U 44-095 est auto-
risé, via un plan d’épandage.

A & Boues considérées comme produits


& Élimination des boues par enfouissement

 Loi n 92-646 du 13/07/92 relative à l’élimination des déchets ainsi


 Loi n 79-595 du 13/07/79 relative à l’organisation du contrôle des
V matières fertilisantes et des supports de culture (art. L. 255-1 à 255-11 du
CR). Sont considérés comme produits composés en tout ou partie de boues
qu’aux ICPE (art. L. 541-24 du CE) : seuls les déchets ultimes sont admis en
Centre d’Enfouissement Technique (CET) de classe II depuis le 01/07/02.

O les matières :
 homologuées, selon l’arrêté du 21/12/98 relatif à l’homologation des
matières fertilisantes et des supports de culture, et l’article L. 1323-1
 Arrêté du 09/09/97 modifié le 19/01/06 relatif aux installations de stoc-
kage de déchets non dangereux : catégorie D. Selon l’annexe II, les boues
sont autorisées à l’enfouissement en CET de classe II si elles contiennent au

I du CSP chargeant l’AFSSA de l’évaluation ;


 bénéficiant d’une autorisation provisoire de vente ou d’importation ;
moins 30 % de matière sèche.

& Élimination des boues par incinération


 conforme à une norme rendue d’application obligatoire, telle que la
R norme NF U 44-095.
& Compost de boues
 Arrêté du 20/09/02 relatif aux installations d’incinération et de co-inciné-
ration de déchets non dangereux.

 La norme NF U 44-095 sur les composts contenant des matières d’inté-  Art. R. 511-9 du CE : nomenclature des installations classées
rêt agronomique issues du traitement des eaux (Miate) a été adoptée en mai rubrique 322-B-4.

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