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Q-not *ra-'

COURS COMPLET
D'IIISTOMT DE F'R.AI\{CE
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u'usA.oE
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OES C(}URS COIiIPLÉMEIITATRES & DES CA}iDIDATS
AUX BREVETS OE CAPACITË

0uvrago torleqrrl des leçonl, des rdcih ellrdll des gmndl hirtorienr
del erercicet omur of dclilt
ur onnrÉ

or 88 onrvunE$ DT nn !l!l crnrns trtrnncrr,Écs DANS LE TExrE


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Iléstrd E[At$tEEf ' Jules PII{Af,D


pnorlsleun ronÉcri_n'Ft{g-r.l!-_
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r,rcÉn cfiaRLËMÀcNE, ru r,rcÉe cnEvlt.rBr D! L^ LÉGtott D.EorrlrE(,n
Ff:NBLott
sr L L,rssocrrrroN DB Ll, ploFBrsrun tcrioÉ Drsutorll
rRoytsEUR Du LycÉB ..Loulr-LE-oR^Nr)
'ORBoI{NE ^NCtEt{ Àu r.vcÉs conDoncrÎ

PnuptnÂfl0If au rlnayDT nlûunurilnn


Incorlt sur la liste des otryrages fournls gratuitement par la vt[c
de Earis à ses éooles communales

TRDNTD.SNP'IIi'TIT1: IiDITION

PARIS
LIBITAINIE CLASSIQUE EUGÈNE BETIN
B'i"ii"^*T*":i's
ril;
Tout exemplaire de cct ouvrsger non revêtu de notre
griffe; sero réputé contrefait.

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s.{rrî-cr.ouD. I}lPlrlurtRIE tsEr,tN IrltERtas,


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t!
AVERTISSEMENT

Lc Cours complet d'htstoire-d,e France est destiné aur élèvee


des ôours complémentaires. Il sera consultê ovec ptofit dans
tous les examens qui exigent la connaissance sérieuse de notre
histoire natiouale, et, en particulier, par les aspirants et lee
aspirantes au brevet élémentaire.
Complément de nos ouvrages d'Histoire de France et de notre
ll;stoiçe genérale, en usage dans les écoles primairea, ce livre
est conçu dans le même esprit et rédigô d'après la même
méthode.
Un plan-sunmeire, résumé de chaque chapitre, divisé mêtho-
diquement, est une leçon facile à apprendre et un gzlde pour la
rédaction.
lJn recit, qui expose la suite des événements, meî, toujours
en lumière le fait capitel d'une époque et la vie des hommes
remarquables.
Des lectures, empruntées aux plus grands historiens, com-
plètent les récits et peuvent servir de textes aux narrationt his-
toriques.
Des esercices oraua et êcrits fournissent les indications néces-
saires sur les livres à consulter, les mots à expliquer, les lieur
. géographiques à flxer, les questions orales à préparer et les tra-
vaur écrits à rédiger.
Des carles et des gra,t)ures intercalées dans le texte gravent dans
la mémoire le souvenir des principaur événements et des grands
personnages.
Enfln, d,es tableaua de récapitulation et des listes chronolo'
giques facilitent le travail de la revision générale'
- Dansnotrepensée, un Cours complet d'histoire, contenant des
développementg assez étendus sur notre histoire nationale et
des notions plus sommaires sur I'histoire générale, était un Iivre
trtile et mème néôessaire pour nos écoles. Telle a été aussi I'opi-
nion des maîtres qui n'ont cessé d'accueillir evec une faveur
croissante notre llisdoire de France, En publiant cette nouvelle
étlition, nous leur offrons tous noe remerciements.
DÉsrnÉ BLANCIIEI.

4 :,:
s.
* AvERTISSEMENT. .

Le Cours d'histoire de MM. Blanchet et Pinard, à I'usage des


énoles primaires, conforme aux progrûmmes de 1889. est ainsi
divisé ;
Dremlbres Legons il'histoire de Erance, petites leçons, petits récits;
par MM. Bla'nchet et Pinard, ouvrâgo répondant au prôgramme desclasses
ênfantines et do I'année préparaloiré, oràé de 8 cartès ét ds 114 gravuros
intercalées dans le terte. I vol. iu-1ô, oart. 60 o.
Cours élémentaire. Iistoire de France I par I\1. Blanchet, ouvrego
-
ilestin6 ù la première onnée d'enseignement, contenant dos leçons, des
exercicos oraui, de petites narrations historiques (lectures' réoitri, biogra'
phies) et orné de I cartes et de 50 gravures
- interoeléos dans le texte.
1, vol. in-l?. cart. 75 c.
Cours moyeu. f,istoire de Franog; par M. Blanahet, ouvrrge destiné
L la deuxième - année d'enseignement et, à la préparatiou au certiûcat
d'études, orné de 25 cartes et, de b0 gravurelt intcrcalées dans Ie texte, el
aontenant uue rovision des dates principales. 1 vol. in-12, cert. I fr. 10 o.
Cours anp6rieur. Petite f,istoire générale (notions sommaires)etrevi-
- France (troisième année d'enseignement);
sion do I'histoire do par M. Désiré
Blanchet. Ouvraqe cortenant des lecons. deslectures et des réoits extraits des
grands historien"s, des exercices oïaus et écrits, et orné de 48 gravures et
àie 8 cartes intercalées daus le texte. I vol. in-12, cart.
-l fn. 50 c"
tours supérieur et cours oomplémentaire. - f,istoire générale (notions
aommaires) e[ revision de I'histoire de France ; par M, Désiré Blanchet.
Ouvrage iontonant des leçons, dcs récits extraits des grands hisLoriens,
des exércices oraur €t écrits, et orné de 60 gravures et de ô cartes intep
colées dans Io terte. I vol. in-12, cart. 2 fu.25 a.
Cours oomplet rl'histotre ile Franoe (prëparation aubreilet ëlémentaîre').
Siographles des hommes illustres dos temps anoionE et modernes (grands
vovsèeurs: crands patriotesi Rrands inventours). Récits et entretiens fami-
lieis iur leb Ërincipaux personiages et les grandé faits do I'histoire nationale,
des origines'à 1789; par U. Blan-chet. Ouirage destiu6 aur jeunes enfantsi
contenÀnt des leoons, des récits, dos lectures exttaites de nos grands histo'
fiens, des ererciôes oraux et écrits, et orné de 138 gravures ef de 4 cartes
lntercôlées dans letoxte.1 vol.in-12. cart. 1 fr. ?5 o.

Le Cours cornplct d'histoire de M. Blanchet, à I'usage des


écoles normales, des écoles primares supérieures et dcs candi-
dats au brevet supérieur, est ainsi divisé :
Première année. f,istoire atroieDno et du moyon âge. ouvrage conte.
-
nant des leçong, dcs réoits, des exercices oraur et écrits, des lectures ex-
traites des grands historiens, et orné de 40 gravures et de 18 cartes interca-
lées dens le-texte. 1 vol. in-12, cart. 4 fr.
beurième antéo. Xistoire moderne, de t318 à 1789. ouvraqe conte-
naet des lecons. -deg recits. des exercices oraux et écritr. des lecluies ex-
traites des grands historiens, et orné de 75 gravures et de i3 cartes interca-
lées dans lo l,exte. 1 vol. in-12. eart. 4 fr. 50 c.
troisiàme arnéo. Eistoire contemporaine, de 1789 à nos Jours. ou-
wage contenant des - leçons, des réeits, des exercices oraur et écrits, des lec-
tureis extraites des graïds historiens, et orné de 26 gravures et de 33 cartor
lotcrcalées dans Ie texte, 1 vol. in-i?, cart. 3 fr,

.4
OOUI|^el OOICPLE:T

D'HISTOIRE DE T'RANCE

' CIIAPITRE PREMIER


LA GAutE rtoÊprnontrE.
1500 av.
- tEs tiluAsr0ils.
J.-C.
- tEs trtÉR0utl{GtElts
- 687 ap. J.-C.

.I
LA GAULT. _ LES GAULOffi
LEçON t

l. l,a Gaule. La Gaule, plus étendue que notre France, avait


pour bornes : -au nord, la mer du Nord et la Manche; à I'ouest,
I'océan Atlautique; au sud, les Pyrénées et la Méditerranée; à
I'est, les Alpes et le Rhin.
3. Les Eaulois.
- Les
trois races: lee Galle,
Gaulois comprenaient deg hommee de
Ies Kimris et les lbèreg; les Phénicieng
et les Grecs fondèrent oussi quelqueg colonieg dans Ie sud de
la Gaule.
8. La sooiété gaulolse.
- Les tribus gauloises reconnurent
d'abord I'autorité des prêtres ou druides. cui furent suoulnn-
tés pal une aristocratidmilitaire: les erandô furent eurfrèmes
dép'ouillés du pouvoir par les habit-ants des villes. oui éte-
blii'ent des gouï-ernemeitg plus ou moins populaires'; iuais tee
tribus restèrent désunies.
{. Les erpéditions des Gaulois. Les Gaulois étaient irritables,
prompts au combat. sirnDleg et -faciles à persuader. Peu attachés
âu sol, ils courureit soirvent hors de leur pays : dee bandes
nombreuses passèrent les Alpes, et I'une d'elles pril, Rome, la
cité la plus bielliqueuse de I'ltalié.
nÉur
l.
I-ra Gaule. Le nom de France aété donn6 eu peys
que nous habitons- par les Francs, tribus germaniques qui
s'établirent à l'ouest du Rhin, il y o quatorze siècles. Aupa-
r&v&nt, la France s'appelait la Gaule, ét ses habitants éteiènt
lee Gaulois
l. Lr legon doit ètre appriso et récitée par l'élèvo.
t
ri{: :
O EISTOIRE DE trNÀNCE.
La Geule éteit bornée : au nord, por I'océan Germanlque
(aujourd'hui mer du Nord) et la mer Britennique (la
Monche); à I'ouest, par I'océen Atlentique I au sud, par les
monts Pyrénées et lo mer Méditerranée; à I'est, par les'mon-
tagnes des Alpes et le fleuve du Rhin. Elle comprenait, avec
la France, le royaume de Belgique, une pertie du royaume
des Pays-Bas, le grand-duché de Luxembourg, la région de
I'empire d'Allemagne qui est à I'oucst du Rhin, et la Suisse
presque tout entière.

La nature elle-même semblait donc avoir tracé les fron-


tières de Ia Gaule, limitée par deux chaines de montagnes,
deux mers et un grand fleuve.
2. Ileureuse situation de la Gaule. - Un géo-
graphe ancien e dit : < Il semble qu'une proviilence tutélaire
ait destiné la Gaule à devenir le lieu le plus florissant du
monde. > Notre peys, en elfet, & un ciel doux, un climat
tempéré, un sol fertile, qui produit en abondance le blé, le

à,
. \ LÀ OÀULE INDÉPENDÀNÎE. 7

vin et les denrées les plus utiles à I'homme. Mais, dans les
siècles qui ont précédé l'ère chrétienne, la Gaule présentait,
au lieu de champs cultivés et de pâturages-vertloyants, des
marais inabordaËles et de profondès forêts. c'était le domaine
des animeux seuveges plutôt que celui des hommes. Les
loups, les ours, Ies 6lans, les auiochs ou Srends bæufs des
boiË, y e*raient en maitres. Dans les clairières et les maré-
cages s'ébattaient d'immenses troupeaux de porcs' presque
auisi féroces que les loups. L'air éiait âpre, le ciel gris, du
moins dans Ie nord, et if ertt désolé les yeux des habitants'
s'il n'eût été le ciel de leur patrie.
La terre de Gaule recélaii les mêmes richesses qu'aujour-
d'hui, mais les Gaulois préféraient la chasse à I'agriculture
et la gueme à I'industrie. Le millet, I'orge et .le blé furent
cultiv?s d'abord dans le midi, puis dans les vallées de I'Au-
vergne et sur le bord des grands cours d'e&u. Toutefois,
l'élËve des bestiaux fut toujôurs plus en honneur que Ie tra-
vail de la terre.
habitants de la
3. Ires Gaulois. - Les plus anciens
Gaule furent les Galls, Gaêls ou celtes. sept cents ans avant
Jésus-Christ, les Kimris vinrent de I'Allem&8ne, les lbères
vinrent de l'Éspagne, et ils occupèrent, les uns Ie.nord, Ies
autres le midi àe la êaule. Les Galls furent refoulés vers le
centre. ces peuples étaient divisés en tribus, tantôt-alliées,
tantôt en.re*ie* les unes des autres. lls vivaient dans les
forêts ou les landes couvertes de bruyères, occupés de la
chasse ou de la gueme. Les querelles étaient fréquentes-entre
des hommes éfalement vaniteux et braves, qui voulaicnt
tous dominer leurs voisins.
Les hardis navigateurs de Tyr et de Carthage, -q-ui-par-
coururent de si bonne heure tous les rivages de la Médjter-
ranée, fondèrent aussi quelques.c_olonies dans Ie midi de lo
Gaule. D'après la tradition, I'Hercule tyri_en arriva &ux
bords du Rhône, où il eut à soutenir un combat terrible. ses
nUth.. épuisées, il allait succomber lorsque .son père vint à
son aide : Jupiter fit tomber d'u ciel une pluie de pierres qui
fournit de nôuvelles &rmes su héros. tes pierres, on peut
les voir encorê''i l'immense plaine de la Crau en est toute
jànchee. Hercuie victorieux fônda, ron loin de Ià,la villede
"Nimtt,
et, au cæur de lo Gaule, celle d'Alésia'
4. Fond.ation de Marseille. - L'an 600 aventnotre
ère, un marchand grec, nommé Euxène, abordo dans un
8 EISToInE DE FRANoE.
g_olfe profond, i I'est des bouches du Rhône. Le roi du poys,
Nann, ofrait alors aux jeunes nobles un grand festin. e, t"
Iin .de ce festin, sa lille devait, suivont la ôoutume, désigner,
en lui présentant à boire, le mari qu'elle choisisiait. N"no
accueille.les étrangers et les fait assèoir à sa ttrble. Le jeune
fille parait, tenent à la main une coupe pleine; soit ha'sard,
soit
-caprice,
elle s'arrête devant nuiene. Nann accepte ce
gelrdre,. qu'il moit envoyé par les dieux, et lui accorddpour
dol' le rivage,du golfe où son vsisseau est à I'ancre. Euxène,
tout joyeux de cette alliance Èvec un puissant chef, dlnne à

Gyptir et Eurèue.

sa fcrrrme le nom grec d'Aristoxène, c'est-à-dire la bonne


hôtesse.. ses-compagnons sc fixèrent sur re rivage de iu **r,
et ainsi fut fondée la ville de nlarseille, destinîe à ,levenlr
Ia reine de la l{éditerranée. Elle paya aux Gaulois ]eur
hospitalité en leur apprenant ra coituie de ra .i a.
I'olivier. 'ignr-
5. Caractère des Gaulois. _ < Le caractère com-
mun de toute la race gauroise, dit strabon, r'..t qo'rilà est
irritable et folle d9 gug*e, prompte au combaf, du reste
simple et sans malignité. si on i*iie ces hommrrl it* *u.-
chent droit à I'ennemi, et I'attaquent de front, r*, r'intor-
mer d'aut.e chose. Aussi, par la ruse, 0n en vient facilement
à bout. Toutefois, par la pôrsuasion, iis se raissent
facilement
amencr aux choses utiles; ils sont çusceptibles de culture et
tÀ GÀULE INDÉPENDÀNTE. 9

d'instruction littéreire. Forts de leur haute taille et de leur


uombre, ils s'ossemblent aisément en grande foule, simples
qu'ils sont et spontanés, prenant volontiers en mein la cause
de celui qu'on opprime. >
6. Religlon et gouvernèment des Gaulois. -
Toutes les peuplades gauloises furent d'abord soumises à un
gouvernement théocratique. Les druid'es, ou hommes des
chênes, à la fois prôtres, philosophes, astronomes, médecins,
devins, régnaient per la puissance de le superstition. IIs
enseignaient à leurs initiés la doctrine orientale de la co-

Char de guerre des Gaulois.

existence éternelle de I'esprit et de la matière, ils croyaient


à Ia métempsycose ou transmigration des âmes et avaient
une notion confuse d'un autre monde.
C'est au milieu des bois que les druides célébraient les
fêtes de leur religion. Une des plus populaires était larécolte
du gui. Les Gaulois attribuaient à cette petite plante, qui naît
sur les branches du chêne, la vertu de guérir tous les m&ux.
Lorsqu'on avait trouvé le gui, un druide coupait ûvec une
faucille d'or Ia plante sacrée qui était regue sur un voile
blanc. 0n immolait deux jeunes taureaux sans tache, et
toute I'assemblée prenait part à un immense banquet. Les
Gaulois conservaient précieusement Ie gui; ils le regardaient
oomme Ie symbole de Ia vie.
t.
IO EISTOIRE DE FRANCE.
Les fôtes des druides étaient quelquefois sanglantes. Ils
croyaient apaiser la colère de leurs dieux par des sacrilices
publics. Ils remplissaient d'hommesvivants des mennequins
d'une grondeur immense et tissés en osier; ils y mettaient
le feu et faisaient périr leurs victirnes dans les flammes. Ils
pensaient que le supplice des criminels était plus ogréable
aux dieuxl mais, quand les miminels manquaient, ils pre-
naient des innocents.
Les druides enseignaient au peuple un polythéisme assez
grossier. Les principaux dieux, ceux qui recevaient à peu
près partout des hommages, étaient : Camul, le génie de la
guerre, Tarann, le dieu du tonnerre, Arduinno, la fée des
grands bois, Teutatès, I'artisan du monde, Ogmius, le dieu

Menhir gaulois.

ile la poésie et de l'éloquence, représenté ovec des chaines


d'or qui sortaient de so bouche pour lier ses auditeurs, enlin
Hésus le terrible, dieu mystérieux et suprême, que ses ado-
rateurs appelaient le seigneur de la forêt.
Les chefs de tribus, insurgés contre les druides, détruisi-
rent leur puissance et la remplacèrent per une aristocratie
militaire. Les prêtres ne furent plus que les devins des ar-
mées; les bardes, qui chantaient jadis les louanges de lo
divinité, devinrent les parasites des rois. Luern, roi des
Arvernes, laissait un barde courir à côté de son char d'ar-
gent, célébrant ses exploits et tendant la main.
Mais Ia domination des chefs de clans était lourde, copri-
cieuse et tyrannique. Elle parut surtout insupportable aux
habitants des villes, quand I'industrie et le commerce leur
eurent donn6 quelque aisance. Aidés par les druides, ils
dépossédèrent I'aristoeretie de son pouvoir héréditaire, et le
LÀ OÀÙLE INDÉPENDÀNTE. II
remplecèrent tontôt per un megistrat suprême ou uergobret
par une
attnuel, tantôt pat uir sénat souverain, tantôt. enfin
popolnir.. Il y eut des peuples isolés, des peuples
"r..*fiet
uni. put ott. àlli"ote étrôite ou fraternité, des peuples patrons
--2.clients d'autres PeuPles.
ou
gxpéditionà dàeGautois' - Les Gaulois, grands
les exercices violents, les expé-
et iorts, iimaient ovant tout
tlitions oventureuses, Ia chasse et la guerre'
Dans les combats ils afrontaient IÀ mort en riant'
c Que
craignez-vous, leur dit un jour Alexandre le Grand ?
- Nous
qo'une chosq répondirent-ils, c'est que Ie ciel
"î.ïigtoo*
ne tombe sur notre tête I P
Peu nttachés au sol, qu'ils oultivaient mal, les Gaulois
,t rnæui."t de résiden'ce suivant leur caprice et les. hasards
des cîmbats. Les discordes intestines et le gorit des
aven-
tures les poussèrent souvent hors de leur pays' Six centsans
avant Jésus-Christ, deux chefs des Bituriges-(Berry),figo-
vèse et Bellovèse, conduisirent vers Ie Danube et le
Pô de
ît*p.t diémigronttr premier, gui-dé per le vol
;;;;d* -L.t la grande
ËLt oi*to"*, iranchit làhaut Rhin et s'engagea^dans
iottt qoi couvrait alors toute I'Allemagne du Sud' Le second des-
ou*uàans I'Italie, le pays de Ia vigne et des moistons'
Ëendit dans les plainei du
pô et en chassa les Etrusques.
D'autres tribus iuivirent celle de Bellovèse, et détruisirent
nartout le travail des Étrusques : les villes furent démolies'
i;;;p" t*ittot en friche, et bjentôt ce riche pays-ne pré-
rÀi- pftt que i'aspect de Ia-barbarie' < Les peuplades gau-
ioiser,'ait I historiôn gree polybe, h-abitaient desbourgs
suns
,no.uillrr, manquantîe *eo"blts, d-ormant sur I'herbe ou
que viande, ne s'occupant
sur la paiile, ne se nourrissant cte
que de guerre et d'un peu de coitote : là se bornaient leur
;.i;;;t i;;; industrù, L'or et les troupeauxsont constit'uaient
des Dlens
à leurs yeux toute la richesse' pa'rce que 0e
qu'on p-eut transporter avec soi à tout événement' >
' 8. Prise de ilome par les Gaulois' - Tandis que
la_ cité Suer-
les Gaolois s'établissaiuold"nt I'Italie du nord,
grandissait dans I'Italie centrsle' Un jour' les
rière de Rome
des
Cuotoit passèrànt les Apennins et voulurent s'emparer
I'irno. Les Romains déclarèrent qu'ils
iàrp, de la vallée cle
pttt-i.tt ce territoire sous leur protection, et envoyèrent des
députés &u cemp dt Brenn, ql ;h9f gaulois, lÏt^ 1l:^iégtuit
irïiff* de Clusium. Un aes députéséntra dans la cité, prit
12 EISTOIRE DE FRANCE.
port à une sortie et tua un Gaulois. Alors le brenn irrité
mercha sur Rome. Il battit I'armée romaine sur lesbords de
I'AIlia, près du Tibre, et s'approcha de la ville. Touie la
population avait fui, sauf un millier de jeunes gens, qui
s'étaient enfermés dans la citadelle, et queiques iieilllrds.
Les Gaulois, trouvant les portes ouvertes, enirèrent avec in-
quiétude dans ces rues silencieuses, et virent avec étonne-
ment de vieux magistrats, assis et immobiles, un bàton
d'ivoire à la main. Ils les prenaient pour des dieo* ou des
statues. Un soldat toucha la barbe dè I'un d'eux, nommé
Papirius, et regut un coup de bâton. papirius fut tué et la
ville fut incendiée.
Les Gaulois essoyèrent de prendre la citadelle, à la faveur
de la nuit : les oies consaæéei crièrent à leur approche et
réveillèrent les défenseurs. Le siège fut converti ôi blocus,
et la famine força les Romains à se rendre : ils convinrent
{e qay_er mille livres pesent d'or. Réunissant tout ce que le
cnpitole en contenait, ils envoyèrent des commissairôs au
pied_de la colline,. où le brenn lcs attendait avec des poids et
urre balance. IIs s'apercurent que les poids étaient fa-ux et se
récrièrent. l\{ais le brenn, détachant sôn épée, la placa ainsi
que !e baudrier dans le plat qui contrepesait l;or.- a
Que
signilie cette action? demanda un Romain. Que peut_elle
- auxvÀ,incus t r
signifier, répliqua le Gaulois, sinon: < I\{alheur
Lcs Romains baissèrent la tête et subirent I'outrage qui
eccompagne si souvent la défaite. plus tard, ils sevengèrent
en exterminant les Gaulois d'Italie. plus tard encore, ll, les
poursuivirent dans la Gaule elle-même.

LECTUNES

PnEMIÈRE IBCTURE.
- La France à vol d,'oiseau.
Montons sur un des points élevés des vos.ges, 0u, si vous voulez, du
Jura. Tournons le dos àux Alpes. Nous distiîgrieroris (poui"o qoe o'otre
regard p{islg percer un horiz-on de trois centi lieuesi'une lisËô-onau-
leuse, q.ui s'étend_ des collines boisées du Lurembouri et des"Ardennes
1II ltlLqll-des, vosges;. de là, par,les coteaux.vineui de la nooigôgne
aux dechlrements volcaniques des cévennes, et jusqu'au mur prodigreur
de.s Pyrénées. cetle.ligne-est la séparation'des" earir; au côtE ôcclaen-
[ar' la- selner ta Lolre et la Garonne descendent à l'Océan: derrière
i é19"]gll I {,ql!u, au .nord;. ta Saône et le Rhône, au miail Àu iôû;
deur espèces d'iles continentales : la Bretagne, âpie et basse, simplË
T,A GAUTE INDÉPENDANTE. 13
-quartz et granit, grand écueil placé au coin de la France pour porter
le coup des courants de la lllandhe ; d'autre part, la verte ôt rud'e Au-
Tergne, vaste incendie éteint, avec ses quararrte'volcans.
Les bassins du Rhône et_ de- la Garonde, malgré leur importance, ne
sont que seeondaires. La vie forte est au iord.-Là s'est onèré re erând
mguvement des rrations. L'écoulement des races a eu lieu d'e I'AlleËague
à la France dans les temps anciens.
En latitude, les zones-de la France se marquent aisément Dar leurs
produits. Au nord, les g.rasses et belles plaines dô. Belgique et deïrandie;
avec lenrs champs de lin, de colza ef de houblon,-la- vigne amère dû
nord. De Reims à la lloselle eommence la vraie vigne eÈ le vin: tout
esprit en Champague, bon et chaud en Bourgogne, il"se charge, s'âlorr-
0rt e.n Langued0c, p0ur se réveiller à Bordeaux. Le mùridr. I'olivier
pararssent à Montauban; mais ces enfants délicats du midi risouent
toujours sous le ciel inégal de la France. En longitude, les ,onËs ne
sont pas moins marquées...
0n I'a dit, Paris, Rouen, le Havre sont une même ville dont la Seine
est la grand'me. Eloignez-vous au midi de cette rue magnifigue.-où les
châteaux touchent aux châteaux; Ies villages aux villagel; pàssbz de Ia
seine-lnflérieure au calvados, ét du catiados à la tta'ict[e : qrrelles
gue soient la richesse et la fertilité de la contr'ée, les viiles dirninuent
de n0ûbre., les-cultures aussil les pâl.urages augmentent. Le pavs est
sérieux : il va devenir triste et sauvàge. Aix crrâiearrx altiers dôià rr{or-
mandie vont succéder les bas manoirs ïretons. Le costume semble Juivre
l^e changement de I'architecture. Le bonuet triomphal des femmes dà
Caur, q.ui anllonce si dignenrent le-q nl]qg- des conquérants de i'nngtà:
terre, s'évase vers Caenf s'aplatit dès Villetlieu; à'Saint-lfalo, il se"di-
vise, et. fig're vent tantbt les ailes d'un mbulin, tantô[ tei vôites
-au
d'un vaisseau. D'autre part, lcs halrits de peau c0mmencent à Laval.
Le.s lbrêts qui vont s'épa-ississant,la solitudeTe la Trappe, où teimoines
menent en commun la vie sauvaEe, les noms expressil'i des villes. Fou-
g_ères ct Rennes (Rennesveut dire aussi fougèrrj), les eaur
srises'de la
Mai'enne et de Ia Vilaine, tout annonce la dure'iontrrie.
Itlrcunlnr, llisloire de France,

DEUXIEME LECTURE. -- Industrie des Gaulois.


Hardi, bruyant, impétueux, né surtout pour les entreprises du cbamo
de bataille, ce peuple possédait pourtant-un esprit infénieux et actif,
propre a tout comprendre e[ à tout faire. II n'avait pas tardé â ésaler
ses. maitres.phéniciens. et grecs dans I'art d'exploitdr les mines,"et il
s'était mis à les travaillcr à son profit, vendani aux marchands étran-
gers le.netalpurifié, tout prêt à là fabiication. Bientôt mème il s'appli-
qua à imiter les armes et'les ornements Drovelant de ses DroDres me-
taux, que les étrangers venaient lui revbndre à smnds drix. et des
fabriqnes s'élevèrent à Bources pour le fer, à Âutuuîour I'oi ct i'arsent.
La même supériorité que les' EsDagnolb ont acqr^rise nour la tràmoe
de I'acier, les Gaulois y parvinrent'polr le cuivre.'L'anfionité leur fa'it
honneur d'une multituïe d'invcntioirs utiles gui avaicnt'échappé à la
vieille civilisation de l'Orient ei de I'rtalie. 'ce furent les liiiurigei
(Bourges),qui trouvèrent les procédés d-e l'étamage; les Eduens (Autui),
ceur du placage. Les premieis appliquèrent à châurl l'étain sur Iecuivid
IL EISTOIRE DE TNANCE.
tyec une telle habileté, qu'à peine pouvait-on distinguer de I'argent les
vases qui avaient subi cette préparation; ensuite, des ouvriersii'Àlésia
(Alise, en .Bourgogne) incorporèrent I'argent lui-mème au cuivre, pour
en orner les mors et les harnais des chevaur. Des'chars entiers étdient
fabriqués ainsi en cuivre ciselé et plaqué.
La Gaule ne marqua pas molns Dar ses découvertes dans l'art de
brocher et de tisser ies étoffes; ses teintures n'étaient pas sans réputa-
tion. En- agricu-lture, elle imagina la charrue à r0ues, lê crible de'crin,
et I'emploi de la marne, comme engrais.
Les Gaulois composaient diverses sortes de boissons fermentées. telles
que la bière 4.qrge,. appelée cerroise, la bière de froment mêlée dé miel,
I'hydromel, I'infusion de cumin, etc. Quant au vin, c'était aux com-
merÇants étrangers que les Gaulois en devaient I'usage; et c'était des
Grecs massaliotes qu'ils avaient appris les procédéf sénéraur de sa
fabrication, ainsi que Ia culture de iâ vigne. La Gaule pioduisait du vin
de,.qualités fort variées. Autour de Itlarieille,- il était ïoir, épais, peu
estimé : on lui préférait de beaucoup le vin blanc récolté sui les co-
teaur de Béziers. Dans quelques caitons, en particulier dans la vallée
de la Durance, on obtenait uri vin doux et liquoreux en tordant la oueue
des glappes, et les laissant exposées sur lti cep aux premières eelées
de l'hivèi. Les anciens attribuiient à I'industriè gauloise les tonËeaur
et les vases en bois eerclés propres à transporterit à conserver le vin.
Amédée Tsrnnny.

EXERCICES ORAUX ET ÉCRITS

l. Erptioatton des uots. - Strabon, célèbre séomaphe srec. vivait


au premier siècle de notre ère. - Polybe, né 200-anÀ avànt'Jésus-
Christ.
3. 0uestionnaire. vient le nom de France?
les bornes de la Gaule? - D'où Quels - Quelles étaient
pays modernes comprenait-elle?
-
Quels -sont les alantages n_a.turels.dè notre pays? -
Qriel était I'aspect
de la Gaule? Etait-elle bien cultivée? Faites -connaitre le caracière
des Gaulois. - Quels sont les peuples -anciens gui eurent affaire aur
-
Gaulois?
- Quelles sont les tfois-races qui periplèrentQue
RacoLntez les.ér-nigrations.de Sigovèse et de iJell-ovèse.
la Gaule? -
dit Polybe
des Gaulois d'Italie? -
A quelle occasion entrèrent-ils en relations avec
les Romains? - ce qui se passa à Clusium, à I'Allia, à Rome?
- Racontez
que les druides? étaient les dieux des Gaulois?
- Qu'est+e
Comment la puissance - Quels
politique des druides fut-elle abattue?
-Quelle est la forme du gouvernement qui remplaca la domination des -
chefs militaires? Racontez Ia fondation de ltlaiseille.
-
_.3. Ilevoirs à réiliger. - Ilaconter les expéditions des Gaulois en
Italie. Raconter la fondation de Marseille.
-
U\ GÀULE ROMAINE EÎ CHRÉTIENNE. t5

il
I.A GATILE ROMAINE & CERÉTIENNE
rEÇoN

l. Ler Bonains en Oaule. - La Gaule fut envahie à son tour


par les Romains qui, appelés par les Grecs de Marseille, fondè-
ient Aix et Narboirne.
2. Couquêto de la Eaule parJules Oésar. - Plus tard, le Romain
Jules César. srand eénéral et habile politique. fit aux Gaulois
une guerre'aà nuit années (58-50 av. J.-C.).-Ed vain se soumi-
rent-ils, en 52, à la direction patriotique de Vercingétorir :
César vainquit' leur dernier elfoit sous'les murs d'Alésia.
3. La Eaule romaiue. Rourains, maîtres de la Gaule, la
- Les ils
gouvernèrent avec habileté; y introduisirent la langue et
fa civilisation de I'Italie.
La Gaule fut surtout heureuse eous le gouvernement des em-
pereurs romains. connus sous le nom d-Antonins; elle se cou-
irit de masnifiqûes monuments et de grandes villes.
Cependait elle n'oublia pas son inTépendance et se révolta
souvènt contre ses maîtres.'Les plus céièbres de ces révoltes
furent celle de Sabinus et celle de-s Bagaudes.
4. Ls ohristianismo en Eaule. Le christianisme consola la
Ga,ule de sonoppression. Saint -Pothin fut le premier apôtre de
notre pays et Ie'premier évêque de Lyon. Sàint Denis prêcha
I'Evangile à Paris et y subit le martyre.

RÉCIT

1. Lreg Romains en Gaule.


tour, franchirent les Alpes.
- Les Romains, à leur
Marseille se chergee de les introduire. Menacée per les
Ligures, ses intraitables ennemis, elle demanda les secours
du sénat. Flominius, envoyé comme arbitre, fut chassé par
les Ligures à coups de pierres et grièvement blessé. Opimius
yenge& I'insulte per une victoire, et donna à Marseille le
territoire de ses voisins. De nouvelles attaques provoquèrent
de nouvelles plaintes. Sextius bottit les Ligures Salyes et
fonda lo colonie d'Aquæ Sextiæ (Aix). Rome avait pris pied
en Gaule; elle y cbercha des alliés, et donna aux Eduens le
titre de frères. Domitius battit les Allobroges à Avignon;
Fabius écresa les Arvernes sur le Rhône, et une province
romeine fut étublie entre les Alpes,le Rhône et la mer (l2l):
Marseille était cernée. En l 18, la province s'étendit jusqù'aux
Pyrénées; la voie domitienne, qui longeait Ia côte, joignit
I'Italie à I'Espegne, et Narbonne deYint la métropole du
IO EISTOIRE DE FRANCE.
pûys et attiro une gronde partie dti commerce de Marseille.
2. Victoire de Marius à Aix. < Les Romains
-
s'établissaient paisiblement dans ces contrées, lorsqu'un
événement imprévu, comme un cataclysme du globe, faillit
tout emporter, et I'Italie elle-mêmet. > Des Kimris ou
Cimbres, restés en Germanie, se joignirent à des hordes de
Teutons, et fuyant, dit-on, un débordement de la Baltique, se
mirent àdescendre yers le midi. Ils pénétrèrent en Goule par
I'Helvétie dont ils entralnèrent les populations, dévastèrent
tout le pays, au point que les habitants, renfermés dans les
villes, furent réduits à se nourrir de chair humaine, et arri-
vèrent près du Rhône sur la frontière de la province. Cinq
fois vainqueurs, ils furent anéantis près d'Aix par Marius,
qui mérita le titre de troisième fondateur de Rome, pour
avoir arrêté I'avant-garde des barbares germeins (lOfl.
Le triomphe des légions inspira aux Geulois outant
d'admiration que de reconnaissance. Ils laissèrent les pro-
consuls étendre les limites de leur territoire et pressurer le
peys soumis : les Allobroges, menacés de conliscntion,
aimèrent mieux implorer la pitié du sénot que de prendre
les ermes; les Tectoseges, maltraités par Fontéius, leur
gouverneur, I'accusèrent devant le peuple au lieu de le
mettre à mort. C'est ainsi que la défaite des Cimbres aveit
préparé la soumission de lo Gaule, et que Marius avait ouvert
Ia voie à César.
3. Jules César (58-50). - César soumit la Gaule
un mélange d'habileté politique et de taetique
entière per
militaire. Cet homme efféminé, pâli por les plaisirs, chauve
evant l'âge, faisait cent milles en un jour dans une voiture
de louage; il allait à cheval, insensible au froid, au chaud,
à la pluie, dictant six lettres à la fois à ses seuétaires portés
dans des litières autour de lui. Il embrassait d'un coup d'æil
la Gaule qu'il vouloit conquérir et I'Italie dont il surveillait
les intrigues. Il semblait être partout en même temps, et la
prodigieuse activité de son corps était encore dépassée par le
mobilité de son esprit.
4. Premières campagnes de César.- Césartrouva
en Gaule trois peuples: &u nord les Belges, ou centre les Celtes,
au sud les Aquitoins. Chaque peuple était divisé en un grand
uombre de tribus; dans chaque région, il y ovait des luttes

l. M. Micbelcl, Eittoire d,e Froncc, t. I.', p. 3E.


È)

tA OÀULE ROMAINE ET CERÉTIENNE. {?


entre les tribus; dans chaque tribu, les druides, les nobles
et le peuple se disputaient I'empire. César sut proliter de
cette immense anarchie, pour soumettre tour à tour des
hommes que I'union eirt rendus invincibles même pour lui.
Il parut d'abord en protecteur. Les Séquanais, opprimés
par les Eduens, avaient invoqué I'appui du chef germain
Arioviste, qui battit leurs ennemis, et les dépouilla eux-
mêmes. Ils s'adressèrent à César. César commenqe par
refouler dans leurs montagnes les Heivétiens, qui allaient
chercher loin de Ia Germanie et sur les bords de ls Charente
un séjour plus tranquille, un ciel moins âpre et un sol plus
fertile I puis, triomphant des terreurs de ses soldats, il battit
Arioviste et le rejeta au delà du Rhin (58). Il donna alors
aux Rèmes le titre de frères que portaient déjà les Eduens,
et se rapprocha du nord. Les Belges, inquiets pour leurs
libertés, I'attaquèrent: il battit les Suessions sur I'Aisne,
les Nerviens sur lo Sambre, et vendit comme esclaves
le peuple entier des Aduatiques. La Belgique parut soumise,
et le proconsul partit pour Ia Cisalpine. Un soulèvement de
I'Armorique le rappela, il détruisit dans une bataille navale
lo llotte des Vénètes, tandis que le jeune Crassus, son lieu-
tenant, recevait la soumission de I'Aquitaine.
5. Expéditions de César en Germanie et en
Bretagne. - Possesseur de Ia Narbonnaise, vainqueur des
Aquitains, des Armoricains et des Belges, il était maître des
quatre angles de la Gaule. Il voulut isoler sa conquête en
repoussant les Germains et en intimidant les Bretons. Deux
grandes tribus germaniques, les Usipiens et les Teuctères,
avaient passé le Rhin au nombre de près de cinq cent mille
individus. Il cerna toute la horde, I'alfame et I'anéantit; Iui-
même franchit le fleuve, s'enfonça dans les sombres profon-
deurs de la forêt hercynienne, et elfraya si bien les barbares
que I'invosion fut arrêtée pour deux siècles. Alors il lit con-
struire une flotte à Boulogne, travers& lo Manche, batiit les
Bretons, mais futcontraint de serembarquert faute de muni-
tions. C'était une demi-victoire, et par conséquentune demi-
défaite. César ne voulut pos laisser croile que la Bretagne,
le sanctuaire du druidisme, était inaccessible : il revint
I'année suivante, prit Londres, la ville des voisseaux, et
forqa Ie chef à p&yer tribut.
6. Révolte d'Ambiorix. César crut dès lors que la
Gaule était à lui, et disperso ses- légionsdans le PeYsr après
18 EISTOTRE DE FRANCE.
eyoir tenu à Samarobriva, sur la Somme, I'assemblée géné-
rale de tous les peuples, Tout d'un coup Ambiorix massocre
une Iégion chez les Eburons, Indutiomar ossiège le lieute-
nant Labiénus, et Quintus Cicéron est cerné si étroitemenl
dans son cemp qu'il ne peut faire pesser un seul messeger.
Céssr occourt, délivre Cicéron, rejoint Labiénus et convoque
les députés gaulois. Les Sénonais, les Carnutes, les Trévircs
et les Eburons restent en &rmes; les uns sont réduits, les
autres exterminés.
. La Gaule septentrionsle seule s'était sdulevée à la voix
d'Ambiorixl le reste, a.ec l'&veuglement habituel de ce
peuple à la fois indolent et emporté, n'av&it pas bougé; meis
déjà César parlait en maître et laissait voir que sa protection
seroit achetée par la servitude.
7. Vercingétorix. Une révolte générale éolata
bientôt, sous lo direction d'un Arverne, qui prit le titre de
Vercingétorix.
Il y avait alors à Gergovie un jeune ehef d'antique et
puissante famille, nommé Vercingétorix. Son père, Celtill,
coupable de conspiration contre la liberté de sa cité, evait
expié son ambition sur le bùcher. Yercingétorix, héritier de
grands biens, exergait sur de nombreux peysens une autorité
héréditaire. Il sut faire oublier son -père et devint por ses
éminentes qualités I'idole du peuple. Epris de l'indépendance
et plein d'une haine patriotique contre l'étranger, il travailla
secrètement à susciter des ennemis aux Romains.
Le mouvement fut préparé &yec une célérité et une discré-
tion incroyables. Tous les Romains établis à Genabum furent
égorgés, et le signal de la révolte fut transmis en un jour à
Gergovia dans I'Auvergne par des feux rillumés de distance
en distance. On était au milieu de I'hiver; César franchit les
Cévennes, couvertes d'une couche épaisse de neige, et pour-
suit I'armée gouloise, qui se retirait en brrllant toutle peys.
Il prit Avaricum que Vercingétorix avait été contraint d'épar-
gner, échoua devant Gergovia, où il perdit son épée et son
bouclier, pessa rapidement la Loire, et, faisant sa jonction
avec Labiénus, il se dirigea par la Seône, vers la Narbon-
naise. L'armée gauloise le poursuivit aussitôt; il se retourna
brusquement, la battit, et Vercingétorix, s'enfermant dans la
forte place d'Alésia, enyoya ses cavaliers chercher des sccours.
8. Siège d'AléBia.
Gaulc cntière se leva
- Acent
: deux
I'appel de Vercingétorix, Ia
cinquante mille hommes
LÀ GAULE ROMÀTNE ET CEAÉTINXNS. tO
marchèrent au secours d'Alésia. Mais César svait creusé des
fossés, élevé des murailles, planté des lignes de.pieux du
côté de la ville et du côté de la campegne : tout I'efrort des
assaillants échoua contre ces retronchements. Lorsque tout
espoir fut perdu, Vercingétorix penso que se mort sufftrait
peut-être iu voinqueur et que ses compagnons pourr'rienl
être épargnés. II monta
sur son cheval de ba-
taille,revêtu lui-même
de sa plus riche ar-
mure, sortit de laville
et trrersa au galop
I'intervalle des deux
camps1 amivé au pied
du tribunal où se te-
nait César, il sauta de
cheval, et, sens pro-
noncer une parole, il
prit son épée, son ja-
velot et son casque, et
les jeta aux
pieds du
Romain. A la
vue
d'une si grande infor-
tunesinoblement sup-
portée, César resta
froid et muel. Il fit
garrotter le vaincu,
I'envoya à Rome et
le fit décapiter six ans
plus tard.
9. I-,a Gaule ro-
maine. - La nou-
vclle conquête forma
une Drovince sous le-
nom de Gaule clreuelue. César, impitoyable pendant Ia lutte,
fut clément après la victoire; il imposa seulement un tribut
de huit milliohs de francs, et forma des légions de Gaulois
qui le servirent dans Ia Suerre civile.
Après avoir conquis la Gaule, Rome songea à I'orgnniser
et à se I'attacher :-ce fut I'ceuvre d'Auguste, lils adoptif de
César. Il méa des villcs nouvelles et dépeupla celles qui
ovaient joué un grand rôle dans la guerre de I'indépendence I
IO EISÎOINB DE rRÀNCE.
il entretint la jalousie des cités en leur donnant des privt-
lèges inégaux; il fit carnper dans le poys dix légions pôurle
contenir et le protéger; il attaqua le druidisme et odmit au
contraire les dieux populeires de la Gaule parmi ceux de
I'empire romain; enfin il introduisit dans ld pays les orts,
la langue et la civilisation de I'Italie.
Malgr6 tant d'elforts et de précautions, les Gaulois ne se
résignèrent pas à lo soumission. Sous le règne d'Auguste,
il y eut dans la province narbonnaise un soulèvàment
prompteme_nt réprimé. Sous Tibère, son successeur, l'&ug,_
mentation des imp_ôts provoque une révolte. C'étaitungrond
mouvement qui devait soulever lo Gaule entière, sous la
direction de Saoovir et de Florus. Mais la légèreté et la pé-
tulance gauloises I'empêchèrent de réussir: Ies Turons etles
Andégaves prévinrent le signal, les Belges prirent les armes,
les Eduens les suivirent, et les légions n'eurent pas de peine
à battre des ennemis qui ne savaient pas s'unir. Toutefois,
l'habile Tibère mesurû, la.grandeur du péril; il ne punit
personne et.se garda bien d'entretenir des ressentiments qu'il
importait d'étoulfer.
10. Grande révolte de Sabinus et de Civilis.
-
Les excè's des gouverneurs et les persécutions dirigées contre
les druides provoquèrent un soulèvement presquè général,
r,e Batave Civilis, qui avait été soldat et portait le titre de
citoyen romain, entraîna ses compalriotes p-our satisfaireune
venges,nce personnelle, et les unit avec la tribu germanique
des Bructères, por I'entremise de leur prophétesie, Velléâa.
En même temps, Classicus et Tutor à Trèves, Sabinus à
Longres, essayèrent de rétablir I'indépendance. Mais Sabinus,
qui préten_dait descendre de César, voulait être proclamé
empereur des Gaules; les Bataves et les Belges désiiaient un
gouyernement militaire I les habitants des grondes villes du
centre souhaitaient de conserver la civilisation de Rome en
rejetant-sa domination, et n'avaient que haine et mépris
pour la barbarie des Belges et des Germains. Nulle entente
et partant nul succès. Les Eduens et les Rèmes, restésIidèles,
lirent rentrer presque toutes les cités dans Ia soumission. et
il ne reste en &rmes que les Trévires et les Bataves. Sabinus,
o.uilgu-, se réfugia dans un souterrain avec s& femme Eponine,
si célèlre per son dévouement conjugal. Il y vécut néuf ans,
puis il sortit, fut saisi, amené à Rome et Condamné à mort
por I'empereur Vespasien. En vain Eponine présenta-t-elle
\r.-

tA GÀUIE ROMAINts ET CHRÉTIENNE. 2I


à I'empereur les enfants qu'elle avait élevés dans les
ténèbrei; elle n'obl,int rien qle le droit de mourir avec soh
épour : Vespasien fut impitoyable pour un homme qui avait
pris lo pourpre et qui se disait le descendant de César.
Céréalis, son générol, pénétradans I'île des Bataves, et Civilis
cessa la résistance, quand on lui eut poyé assez cher so sou-
mission (69 ap. J.-C.).
ll. I.la Gaule sous lea empererlrs Antonins.
-
La Guule resta tranquille et heureuse sous les Antonins. Le
premier d'entre eux, Nervo, apprit dans le Séquanoise la
nouvelle de son élévation au trône (96 ap. J.-C.). Trajan
commandoit à Mayence I'armée de Germonie, lorsque Nerva

Ler arènec de Nimes.

le désigna comme son suceesseur. Adrien commenqa par la


Gaule ia longue promenade à travers le monde. Entouré de
littérateurs, de peintres et d'architectes, il laissa sur son
pessege des fondations utiles et tle grandioses monuments'
Ît natit les arènes de Nimes, le pont du Garcl, labasilique ile
-il les ossembléeJprovinciales, qu'il seplaisait
Plotine; aidé par
à consûlter, soulagea les villes obérées, secourut les
p&uvres, adbucit la côndition des esclaves; il regrtt de Ia
ieeonnnissance du poys le titre de restawateur d,es Gaules'
Ses successeurs, Antonin le Pieux et 1\{arc-Aurèle, firent
reconstruire Narbonne incendiée et décorèrent de beaux mo-
numents lo Narbonnaise et I'Aquitaine.
12. Condition de la Gaule dans les deux derniere
siècles d.e I'empire romain. Mais la Gaule devait sa
-
félicité à I'heureuie nature des empereurs, et susun d'eux
fr-

HI$TOIR6 DE TRÂNCE.

Ll llaison Carréo L Nïrnor.

de la civilisetion romaine : Poslhumus, Victorinus,Victoria,


Ia mère des camps, I'armurier Marius, Tétricus enlin, furent
des princes indépendants. Aurélien, vainqueur de Tétricus,
repoussa les Alamans qui uvaient passé Ie Rhin ; Probus
chassa les tr'rancs et emploi'â ses soldats à reJrlanter des
vignes sur les cotcaux du Lyonnais et de la Bourgogne. Trois
Gaulois, Carus, Carinus et Numérien, lui succédùrent sans
pouvoir ni rcpousser les barbures, ni contenir I'indiscipline
des armées, ni soulager la misère afreuse des populations.
La rapacité du fisc et la tyrannie des grands propriétaires se
\-=

LÀ GAUTE RoMAINE ET cgnÉrtnNNg. 23


'éunissaient pour réduire au désespoir I'homme libre, le
lolon et I'esclave.
13. Ées Bagaudes.
- Les serfs rura,ux ûnirent
per se
révolter contre un gouYernement rude aux sujets et impuis-
sant devant I'ennemi, et contre des propriétaires qui exi-
geaient des redevences &vec d'autant plus de dureté qu'ils
étaient eux-mêmes ù moitié ruinés. La rage au cæurr ils se
jetèrent dans les bois et les landes, massauèrent les riches
et les collecteurs d'impôts, et tinrent tête aux détachements
envoyés contre eux. Les premiers succès des paysons atti-
rèrent à eux tous ceux qui n'avaient plus rien à perdre;
leurs bandes dcvinrent des corps d'armée qui s'attaquèrent
aux grandes villes. En 269, ilsprirentet saccagèrentAutun.
Alors la gueme sociale éclata presque partout en mêmetemps.
Les insurgés, qui portaient Ie nom de Bagaud'es ou mtn&nts'
is'étoblirent dans des postes fortiliés, d'où ils bloquaient les
, villes. Ils choisirent deux empereurs, Alianus et Amandus,
:qui battirent monnaie et se conduisirent comme des princes
iinclépendants. Cette révolte, commencée comme les guerres
serviles de la Sicile ou comme la Jacquerie du quatorzième
siècle, eut la même marche et la même tn. L'empereur
Maximien arriva avec des troupes régulières, dissipa cette
multitude indiseiplinée, &ccorda des amnisties partiellcs, et
bloqua les plus déterminés dans leur ca.mp de Soint-Maur,
au ôonfluent de la Seine et de la Marne. Le camp fut pris
d'assaut; Alianus et Amandus périrent en combattant, et la
Bagaudie purut étoulfée. Cependant il resta une population
eru&nte, proscrite, qui prit possession des forêts. Au cin-
quième siècle, lorsque les Vandales renouYelèrent ces cala-
mités, une nouvclle et plus violente révolte éclatu, et ie
patrice Aétius la réprima par le fer et le feu, comme Maxi-
mien avait réprimé la première (435).
14. I-ra religion ch.rétienne sn Gaule. - Contre
tant de maux.lo population gauloisetrouve quelque consola-
tion dans l'Évangile. Il n'y avait pas encore cent ans que
Jésus-Christ était mort sur la uoix, Iorsque des chrétiens
de Smyrne, qui ovaient entendu les premiers apôlres,
apportèrent au Oelà des Alpes la foi nouvelle. L'un d'eux, '
Pothin, fut le premier apôtre de notre pnys et Ie premier
évêque de Lyon.
I\iais les Iiomains hoissaient le christianisme, parce qtr'il
presmivoit une morale pure et qu'ils étaient dépravés, pa,rcs
l

2' EISTOIRE DE FRANCÊ.


qu'il prêchait I'existence d'un seul Dieu et qu'ils en
adoraient des milliers, enlin, parce qu'il enseignait la frs,-
ternité des hommes et qu'ils ne voulaient pas traiter en
frères les étrangers, les vaincus et les esclaves. Aussi cette
notion, qui avait accepté toutes les religions des peuples
conqrris, persécuta la religionchrétienne. 0n appela martyrs,
c'est-à-dire témoins, les chrétiens qui attestèrent leur foi en
:nournnt pour elle.

Suppllcc dc Blanilioc.

I5.Ir'Eglise de Lyon.- Lorsque la persécution éciata


à Lyon, l'évêque Pothin, âgé de quatre-vingt-dix ans, ne
voulut point quiiter la ville. Les soldats le portèrent sur leurs
bras devant le gouvcrnerlr! tandis que ln foule le suivait en
I'insultant. Le vieillard infirme suf agir et parler avec di-
gnilé. << Qu'est-ce que IeDieu des chrétiens? demanda le juge.
- Tu le connaîtras. si tu en es digne. l Comme on condui-
sait Pothin en prison, la populace se jeta sur lui, le frappant
du pied et de la main, I'accablant de pierres. L'évêquôf qui
n'avait plus que le soufile, mourut deux jours aprèi 1tZiy.
Une jeune esclave, nommée Blandine, subit le martyre en
Têqu temps que le vieil évêque. En présence du pàuple,
elle fut attachée à un poteau dans le cirque de Lyon, aisez
près de terre pour que les bêtes féroces pussent I'atteindre
en se dressant. De là, elle vit ses compegnons déchirés à
coups de dents ou grillés sur des chaises de fer rougi. On le
détacha, ou essaye sur eilc tous les instruments de torturel
' LA GAULE ROMAINE ET CURÉTIENNE. T5
enûn on I'exposa,_ enveloppée dans un fflet, à I'atteque d'un
taureou furieux. Irrit6 parl'aiguillon, I'animal Ia frappa de
ses cornes avec tan_t- de violence, qu'il Io langoen I'airipuis
il se précipita sur elle, et ln fouls aux piedspôurl'enleuôr'rn-
core. Blandine semblait être insensiblô à cei atroce supplice.
_ 16. Triomphe du christianieme. - L'Eglis^e de
Lyon résista aux bou*eaux, et s'illustra par les ùmières
de ses docteurs. Mais elle fit peu de prosélytes dans le reste
de.la.Geule. L.e pap-e Fabien envoy:a ,ept énêqurr, tou,
enrmês d'un zère ardent pour le salut deJâmes.-Ils ie par-

Lutècc.

tagèrent l_e pays: paul resta à Narbonne, Trophime se rendit


à Arl-es, saturnin à Tourouse; r\{artial'et dntien-s;er1g"gt-
rent. dans la région occidentale et enseignèrent, L p-r8Ài*,
â, r,lûl.gês, le second à Tours enfin, Denis et Stréhonius
I
se dirigèrent vers le nord. ce dernier s'arrêta ,n
eu*.tnr,
tandis.que..Denis, pouss&nt. jusqu'aux bords de Ie Se'ine,
ella s'établir dans une- petite ità au fleuve, où qu.lq"r,
maisons formaient ra_ bourgade de Lutèce
-
suivi par les ennemirju ir".iri.- rËr*
ll réligion, il échappdpt,rrieoù-tois
à la mort; mais en{in il fut'ssisi et subit to'ropftire au
fouet, puis il eut la têre tranchée sur une montagne qui
do-
minait la ville et où l'on exécutait les criminets:ïte'r;rppr-
lait Ia montagne de r\{ars (Montmorttry. son *rp.-ài*itpi.te
dans un bateau au miliàu de h Seine poo. 'y Oirc jàto,
lorsqu'une 4ame paienne, touchée de compassiôn, I'en"leva
p&r ruse et I'ensevelit secrètement dans son domaihe (a?a).
ETST. DB FR. C. COUFL.
26 EISTOIRE DE TRÀN0E.
Souvent perséeutés per les empereurs, même les meil-
leurs, les chrétiens s'habituèrent à regarder I'empire comme
un ennemi. Constantin se déclsra chrétien, mais Julien re-
vint au paganisme. Seul Théodose fut un empereur selon le
cæur de I'Eglise I mais, à la fin du quatrièmè siècle, il était
trop tard pour. seuver I'empire en même temps que la foi :
les barbares n'avaient plus d'obstocles à redoutertn entrant
sur cette terre, où les évêques eux-mèmes les appelaient.

IECTURE.
- impo.rtaaoe d,e,paris e-pliquèe
par le gêograplrie.
En ne considêrant la situation de Paris que par ses avanlages immé-
diats., .appréciables mê.m.e pour..des homme3 à ôivilisation rudirnentairi,
Ia vieille Lutèce avait le privilège de se trouver près du confluent di
deur rivières considérables et de-posséder ainsi rl'eux grands cbemins
naturels se ramifiant en nombreuses voies secondaires îans toutes les
vallées latérales. un groupe d'iles situé en aval du confluent facilitait
le passage evant qu'on eût eneore appris à construire des ponts sur les
larges rivières, et les habitants qui venaient bâtir leurs càbanes dans
ces iles se trouvaient défendus par de larges fossés nalurels otr des ar
saillants ne pouvaient s'aventurer sans dànger. La haute butte llont-
uartre, à une petite distance au nord, étail très favorablement nlacée
pour servir de muntagne de guet; de là il était fa,'ile d'observer aï loin
la plaine.e.nvirunnante, ainsi que les longs méandres de la rivière qui
se déroulaient vers Ie nord-uuest.
Beaucotrp d'autres villes des Gaules avaient, il est vr.ai, des âvantaqes
locaux d'égale-ou mème de plus granrle importance: mais, relativeurEnt
à I'ensemble du territoire qui est devenu la Franee, Paris a d'autres
privilèges d'ordre supérieur. D'abord Ies rives de la Seinc font partie
de eette voie naturelle qui réunit-la Méditerranée à l'Océan et qui, par
la force des choses, devâit servir de grand ebemin à I'histoire même'de
la eivilisation; 0r, sur cette voie, Paris oceupe précisément Ie point où
vient aboutir la route de I'Aquitaine et de I'Ednacne par la vallée de
la Loire et le seuil du Poitou. Paris oceupe ain.qi.-le sômmet du srand
triangle des voies historiques de la Franne, et par consequent I'eritjroit
où les [orces du pays peulent ôtre le plus facileurent eentralisees.
Ce n'est pas tout: placé au milieu géométrique du ærcle durrt les
rayoos sont les vallées de I'Yonne, de la llarne, de l'0ise, de la Seine-
In[érieure, Paris est aussi la ville où les habitants du bassin de Ia Seine
et des contrées linitrophes doivent chercher spontanément leur centr,e
de vie conrmerciale et-politique. En outre, le tercle d'attraction rlrnt
Paris occupe le milieu-est en partie un cercle stratégique de défense,
et tout le faite demi-circulairede hauteurs qui s'étend du Nlorvan à
I'Ardenne a pu êlre comparé justement à une enceinte de place forte.
Trrus ces traits géogralrhiques du territoire erpliquent Ia nàissance et
I'agrandissemeut rapide de la ville, mais est-ii nécessaire de I'aiouter?
-.Le rôle de capitale qu'a pris Paris a singulièrement accéleré ia cen-
tra I i satiorr.

Qans l'énumération des causcs qui ont contribué à l'agrandissement


de I'antique Lutèce, il faut aussi tênir grand compte des hcilités de la
, T,A OÀUTE ROMÀINE rr cnnÉTIENNE, 27
vie que présenle I'Ile-de-France. r\lême lorsque la cultrrre était rudimen-
taire, ces excellentes terres à blé de la Bdauce et de la Brie, situées
des deur côiés du bassin de Paris, fournissaient les prineipales'denr.écs
nécessajres à I'alimentation de la'cité; les rivières conuergeutes, de
I'Yonne à l'0ise, arnenaienl, les bois, led matières premières,"les oÉ,;ets
manulacturés; enfin le sol lui-môme livrait les 'matériaui ae triute
espèce pour la construction des édilir..cs. Les eollines qui s'élèvent iq-
médiatement au-dessus de la ville renferment le meilleirr plâtre cunnul
les marnes et les calcaires argileux servent à la fabrication des ciments j
d'autres roches donnenl la n"atière pour les briques,- les iuiles et leé
carreaur; les calcaires grossiers qui composent toutes .lcs vrlles envirotr-
nantes sont très facileià exploiter en ôarrières: Ies maeons oeuvent
venir y prendre à même la pierre et les autres'matériaui nécôssaires
â la construction de leurs édifices; les géologues I'ont depuis longtenrps
remarqué; c'est là une des principales-causés de la maghificence arclii-
tetturale de Paris. Elisdô Rrclus.

EXERCICES ORAI'X ET ÉCRITS

l. Sxplioatlon deg mots. Ligures, habitants du littoral méditerra-


-
néen deprris Marseille jusqu'à tênes. Etluens, Bourgogne. Atlo-
broge.s, Dauphiné. Tectosages, Toulouse,- Séquanals, Franehe- -
- -
CoryJé. 7 Rè_rryes, Reims._- Sie.ssions, Soissons.
Vannes._- Armoricains, Bretagne.
Neruiens, Belgique.
-
Narbonnaisel fays
-.V€nètes,
méditerranéen dont Narbonne était la'capitaie. -
Boulogne, souj-irrc-
fecture du Pas-de-Calais. Samarol'ri'ua. Amiens. - Tuirrs.
Angr:rs. - Bructères, Hanovre. -'l'ruons.
'Tr.èves.
- Ândegaues,
Balaues, perrples des -Pays-Bas. Carnufes,
Tréuires,
-Chartres.
-bum, atiouni'hui Orléans. 2 Gergoul'e, - Clermdnt en Auvergne. - Gena-
Auarieum, aujourd'hui Bourges. lé sia, A lise-Sa n te-Reine I ans - a
Côte-d'Or. -- A des
IflarseilLe, préfecture
i I

- des Bouôhès-du-Rhône. Bouches-du-Rhône.


sous-préfecture - Ai,n,
Narbonne. sous-nréfecture
de l'Àude. Clermonl, préfecture du- Puy-de-Dômâ. Àuuergne,
- -
ancienne province
préfecture du Gard.
qur a formé le Puy-de-Dônie et le Cantal.
Oranger - Nikes,
préfecture du Rhône.
- ssus'.prÉferture du Vauclu se,
ArIès, sous-préfecture des Bouches-drr-Rhône.- Lyon,
prefecture - de la Hante-Garonne.
-de Toulouse,
la Haute-Vienne. - Limooes. oréfecture
Tours, préfecture d'lndre-et-Lilire.'
2. Ouestionuaire. - Faites cônnaitre les Dremiers Druqrès des Ro-
mains en Gaule? - sont les causes de la victoire'de César et de
- QuellesRacontez
la défaite des Gaulois? I'histoire de Vercingètorix. * QuelJe
-
fut I'æuvre d'Auguste en taule? Que firent les Gaulois sous Tibère?
Que savez-vou.s de Civilis?
-
Racontez I'histoire de Sabinus et d'Epo-
-nine. -
le soulèvement qu'ils provoquèrent ne réussit-il pas?
- Pourquoi
lïs Romains traitèrent-ils ia Cautef - Pourquoi le bon-
-heurComment
de Ia..province,ne dura-t-il pas? Quels furent les empereurs
gaulois à l'époque des trente tyrans? - Quelles furent les causes de
Ia rêvolte'des lJagaudes? Racontez-I'histoire de ce mouvement.
A quelle époque èt par qui- I'Evangile fut-il apporté en Gaule'l Pour- -
quoi I'empire romain persécuta-t-il la nouvelli religion? -
martyre de l'évêque Pothin. Celui de I'esclave Blandine.
- Qu'est-cele
Racontez

que la mission des sept évêques? - -


I'histoire de saint De:lis,
I Pourquoi I'empire'romaii ne fut-il - Racontez
pas sauvé par le christianisme?
?S EISTOINE DE FRÀNCE.
s. Itsvolrs à réiliger. Raconter la lutte de césar et ile vercingé'
torir.
-
'.ïiiomr la situation de la Gaute sous l'ailministration romaine.
nl'iË,liiôr'fnilloiie àe i'nslise des Gaules sous I'empire romain.

m
LES FnÀNCS. - CLOVTS
(181-5tr)

mçoN

l. fut envahie par diverse.s-ngtionr


- finLadeGaule
Les Ftancg,
cermasiques. à la I'année 406. Les l'rancs, qui. tu.i don-
fièrent leïr iom, contribuèrent à la défendre contre Attila, ror
A;;Ïil;. ;ti etabtireqt entre le Rhin etla Somme' sous les chefs
Clovis, I\lérovée et Childéric.
- i. clbnit. pre.squ! entière-
- Clovis, Iils dc Childéric, conquit
ment ta Gaule (4Bl-5U). Secondé par l'évêque saint Remi' qul
esoéruit- le convertir, il vainquit à soissous Ie Romatn syagrlus.,
-r.--e 'catholique,
é;;;* ut e Clotilde, chassa les Àlamâns à
Tbltriac
- et reQut le baptême.
Ï. booqocte'de la Gaits. - Cette conversion fut un grand évé-
o..*t.'Ctovis put alors, avec I'appui des évêques, sournettre la
plus srande partie de la Gaule. Il vainqui[ Ies tsurgondes a
'Oijon'iroO), e[ les Visigoths à Vouillé (507).
Ë. Uùrt ô'e ctovis. -- el,rvis tnourut en Str. Il avait souillé lec
dernières ennéeE de sa vie pBr le meurtre des chefs francs.

RÉCIT

l. Ires lnvaslous. - L& Gaule fut longtemps soumise


&ur Romtins. Mais, vers le quatrième siècle eprès Jésur
Christ, les populations germaniques franchirent le Rhin et ra,-
vûgèrent notre PÛYS.
Le, empereuis romains, qui ne trouva,ient plus dansl'em-
nire de populations énergiques et belliqueuses' furent réduits
i confie, lo garde des froniières à des tribus bnrbares qu'ils
polonisèrent; c'est ainsi que les Francs ripuaires.reçurent des
terres sur la rive gauche du Rhin et continrent longtemps
les autres Germains. Meis, à lo lin de I'année 406, une eohue
de Vandales, de Suèves, d'Alains et de Bourguignons vint
-ba*es le
passer fleuve sur la glace et écrasa les Frsncs. Ces lrar-
ravegèrenl la Gaule pendant deux ans, et franchirent
Ies Pyrénées: les Bourguignous restèrent dans la vallée de la
IES FRÀNCS. 20
Saône, tondis que la nation des Visigoths, venant de lTtalie,
s'établissait sur les rives de la Garonne.
2, I.,,'es Francs.
- Lo conquête de la Gaule était réser-
vée à une autre horde germanique, celle des Francs. Vers le
troisième siècle, les tr'rancs formaieut une confédération qui
occupait le pays compris entre lû, mer du Nord, I'Elbe, le
Mein et le bas Rhin. Pressés au sud par les Alamans, à I'est
par les Saxons, ils tournèrent les yeux du côt6 de I'empire,
dont ils furent tantôt les alliés, tantôt les dévastateurs.
3. Mæurs des Francs. Les Francs adoraient le
sanguinaire Ad,in,, qui promettait- aux br&ves, morts en com-
battant, des journées de batailles el, des nuits de festins pen-
dant l'éternité. Aussi les Francs étaient-ils redoutés pour
Ieur bravoure exaltée; on les voyait combattre encore. bien
que percés de blessures qui eussent sufli pour épuiser d'autres
hommes.
Sans cesse occupés à la chasse ou à la guerre, les Francs
vivaient sans lois émites et sans gouvernement régulier.
Cependant ils s'assemblaient à jour lixe pour discutcr les
guestions qui intéresslient la nation, telles que le-partage
du butin ou l'élection du roi. Le roi éteit Ghoisi dans une
famille privilégiée; on le portait sur un bouclier autour de
I'assemblée, tandis que les guerriers poussaient des cris et
frappaient du fer de leur hache le bord métallique de leurs
boucliers.
4. I-res Francs en Gaule. Au commencement du
-
cinquième siècle, I'empire, menacé dans ses deux capi{,ales,
llome et Constantinople, abandonna la garde du Rhin; aussi
les chefs des Francs , Cloilion, Mé,rouée et Chilcl,éric, s'&v&n-
cèrent jusqu'à la Somme, parés de titres romains et se condui-
sant en conquérants. Ils s'étublissaient dans la Belgique
lorsque le général des armées romaines d'Occident, Aétius,
les appela à défendre la Gaule contre Attila, roi des Huns.
5. Invasion des ÏIuns. - Sorl,is de I'Asie centrale,
les lIuns s'étaient avancés vers le Danube, refoulant ou en-
traînant svec eux les tribus slaves et germaniques. Ces
Asiatiques, toujours errants par les montagnes et les forêts,
rompus dès I'enfance à tous les maux, au froid, à la faim,
à 16, soif, vêtus de tuniques de lin et de caseques de peoux
de rats sû.uvûges qu'ils laissaient poumir sur leurs corps,
passont leur vio sur de petits chevaux rapides et déchar-
nés, produisirent une impression de terreur et de dégoùt qui
30 EI$TOIRE DE FRÀNcE.
paralysalt la résistance. a Vous diriez, dit un contemporain,
des bêtes à deux pieds, ou quelqu'une de ces ligures de bois
mal ch[rpentées dont on orne les parapets des ponts. n
Leur roi, Attila, avait réuni toutes les hordes hunniques
sous s& domination, et formé uue sorte d'empire errant de
la barbarie en face ile I'empire romsin. II se faisait appeler
le fléau de Dieu. Au printempsde I'année 45t, il franchitle
Rhin entre Bâle et Mayence, étendit son &rmée comme un
réseau du Jure à I'Océnn et brùla toutes les villes sur son
passrge : à Metz, il ne resta qu'une chapelle dédiée à
saint Etienne. L'efrroi se répandit jusqu'à la côte occiden-
tale. Paris, menacé, allait être abandonné per ses citoyens,
quond une jeune fille de Nantene, renommée pour sa, sainteté,
nommée Geneviève, s'enferma dans I'église &vec les femmes,
et ramena les hommes en leur aflirmant que leur ville serait
préservée. Attila évita Paris et alla mettre le siège devant
Orléans. Défendue p&r son évêque saint Aignan, elle résista
jusqu'à I'arrivée de I'armée romaine grossie par les troupes
des barbares, cantonnés dans la Gaule.
6. Bataille de GnâIons. - Attila recula jusqu'en
thampagne, et la bataille s'engagea près de Châlons, dans
Ies Champs Catalauniques. Après avoir consulté des devins
qui ne donnèrent pas de sinistres présages, Attila prit Ie
commandement. Le prinee visigoth Thorismond s'empara
d'une colline gui dominait le ohamp de bataille; Ies Huns
se préeipitèrent pour la reprendre; Théodoric, père de Tho-
rismond, courut au-devant d'eux, et une mèlée elfroyable
s'engegee. Les Huns furent vaincus et rentrèrent dans leur
cemp. Cent soixante mille morts couvraient la plaine. Toute
la nuit, le camp d'Attila retentit du bruit des trompettes et
des hurlements furieux des hommes. Les alliés, qui mai-
gnaient une surprise, se tirrrent sous les &rmes, en célébrant
les funérailles du roi Théodoric, foulé aux pieds des chevaux.
Attila ne sortit pas de son camp; les Romains et les Goths
convinrent de I'y cerner. Il ût dresser, en guise de brl.cher, un
énorme monceau de selles, tout prêt ày mettre le feu et à s';t
précipiter ensuite si I'ennemi forgait I'enceinte. < Tel qu'un
Iion, pressé par des chasseurs, parcourt à grands pas I'entrée
de sa ca,verne, sa,ns oser s'élancer dehors, et épouvante le
voisinage de ses rugissements, tel, le lier roi des Huns, du
milieu de ses chariots, frappait d'effroi ses vainqueurc. ))
Quand il apprit la retraite des Visigoths, son âme revint à
crovrs. 3l
la joie;.il partit dans un appereil encore formidable gr
ern-
portant son butin. La Gaule étoit délivrée (A5l).
7. Clovis (48f -511). - En 48l,la principale des tribus
franques établies sur le rive gauche du Rhin, celle des
Saliens, qui comptait environ einq mille guerriers, éleva sur
le bouclier le jeune Clovis, ûls tle Childéric, âgé alors de
quinze ans.
A qui allait appartenir Ia Gaule? Les Alamans, tribu ger-
manique et paienne comme celle des Francs, occupoient
I'Alsoce; des rois bretons, émigrés de lo Grande-Bretagne,
gouvernaient I'Armorique; des Saxons campaient à Bayeux,
sur les bords de la Manche; les Visigoths étendaient leur
royaume de lo Loire au détroit de Gibraltar; les Bourgui-
gnons couvraient le bassin du Rhône; les Francs étaient
élablis entre le Rhin et la Somme; et le pays entre Somme
et Loire était régi par les évôr1ues des villes, et suivant la loi
romaine qui survivait à I'cmplre d'Occident,
Le chef d'une grande famille gauloise, Syagrius, voyant
deux enfants, Clovis et Alaric II, à la tête des Francs et des
Visigoths, voulut s&uver le pays des barbares et se jeta
dans Soissons, dont il tt sa capitale.
8. Saint Remi. IJe vase de Soissons. - Clovis
comprit qu'il fallait battre promptement ce rival redoutable.
Il n'avait de soldats que les Francs de Tournei et de Cam-
brai : les Ripuaires de Cologne et de Trèves restèrent neutres,
comme les Saliens de Thérouenne. Syagrius ne disposait que
des milices locales levées et commandées por les grands pro-
priétaires. Environ huit mille hommes de chaque côté allaient
décider du destin de la Gaule septentrionale. Clovis enyoye
à son adversaire un déli qui resta sans réponse. Il marcha
alors vers Reims par la forêt des Ardennes, recommanda
aux Francs la discipline, leur défendit d'entrer dans la ville,
et regut avec empressement les plaintes de saint Remi
contre quelques soldats qui avaient volé un v&se sscré. Il
n'osa pas toutefois s'emparer du vase et le rendre, car il ne
possédait pas encore ce qui donne de I'empire sur des bar-
bares, Ia gloire des arnes. < Envoyez un prêtre jusqu'à
Soissons, répondit-il, et je lui remettrai le vase après la
victoire. > Le prêtre vint, et I'heureux Clovis, menant avec
lui un délégué du plus vénéré des évêques, perut aux Gallo-
Romains comme I'ami de saint Remi et Ie protecteur des
églises. Syagrius, abandonné du peuple, fut battu et s'enfuit
32 flISTOINE DE FRANcE.
à la cour d'Alaric II. Il comptait sûr I'antipathie des Visi-
goths contrc les Francs : mais Alaric, redoutarit la colère ds
Olovis, livra le fugitif qui fut aussitôt mis à mort (486).
Le vainqueur s'établit dons la capitaledeson rival, à Sois-
sons, et parl,agea Ie butin entre ses compagnons. Il demanda,
en sus de s& part, le vase d'or réclamé par l'évôque de
Reims ; un soldat répondit : < Tu n'&ur&s que ce qui t'ap-
partient, u et il brisa le vase d'un coup de hache. Le roi
dissimula sa colère I mais, un autre jour, il s'anêta devant le
soldat, rcprocha d'avoir des armes mal tenues, il les jeta
lui
à terre, et, comme le Franc se baissait pour les ramasser, il
lui brisa la tête en disant : a Souviens-toi du vase de Sois-
sonst r Les barbares applaudirent à la venge&nce, comme ils
avsient oppleudi à I'insulte.
9. Mariage de Clovis avec Clotilde. Redouté
des siens, protégé des évêques, Clovis rendit facile- la sou-
mission de lo Gaule per son mariege &vec une femme catho-
lique. Les Bourguignons et les Visigoths, qui dominaient la
meilleure partie du poys, étaient e,riens, e'est-à-dire qu'ils
niaient la divinité de Jésus-Christ; leurs sujets gallo-romains,
catholiques et dirigés par les évêques, avaient horreur de
I'hérésie de leurs moîtres berbsres et souhaitaient nrdemment
un roi catholique. Ils considérèrent le mariage de Clovis avec
Clotilde, nièce de Gondebaud, roi des Bourguignons, comme
le gage de la eonversion des Francs.
10. Bataille de Tolbiac.
- Peu de temps oprès, les
Alamens, jaloux du butin conquis par les Francs à Soissons,
envohirent le teritoire des Ripuaires. Clovis saisit I'occasion
de se montrer le maître de toutes les tribus de sa nation et
le défenseur de la Gaule. Il les attaqua à Tolbiac, près de
Cologne. Ses soldats fuyaient, lorsqu'il invoqua le Dieu de
Clotilde, et il lui promit sr conyersion s'il était vainqueur :
Gaulois et Francs revinrent au combst, et les Alamans furent
défaits.
lI. Baptême de Clovis. - A son retour, Clotilde lui
rappela ss promessc, et Clovis le tint. II se lit instruiro par
saint Remi. Le jour de Noël 496, l'évêque le reçut à la porte
de l'église de Reims. Des voiles peints ombrageaient le par-
vis, des draperies ornaient les murailles, les cierges étince-
laient, les prêtres se pressaient eutour de I'autel, tout était
plein de lumières, de chants et de parfums. Le barbare fut
ébloui, et, prenent à la lettre les enseignements de saint Remi ;
cl0vls. 33

( Mon père, lui dit-il, n'est-ce pas le vcstibule du ciel? n


i'ruu ai naptiime futversée sor ion front, et l'éVêque g'éc.ri,r :
a Baisse lo iête, Sicambre adouci; brùle ce que tu as adoré,
et adore ce que tu as brùlé. I

Baptême de Clovis'

12. Conséquences de cette conversion' - Trois


niille guemiers imitèrent leur roi. Ce fut un grand ér'r1ne-
ment. Sans doute Clovis resl,a barbare après son baptèmc,
et,le christianisme, maître de son esprit, trouva unc invincible
résistance dans ses passions. I\{ais il y avaif enfin un roi
germain qui partageait la foi de la population romaitte, et qui
pouvait faire avec la Gaule et son clergé une alliance intime,
duroble et féconde. L'épiscopat tressaillit de joie. L'êr'êque de
Vienne émivit : < L'Occident a trouvé sa lumière. I Le pape.
Anastase se félicitn dans une lettre à Clovis de ce que son
avènement au pontilicat s'était rencontré avec celui de n son
glorieux frls r à la foi chrétienne. L'Eglise avait dès lors une
épée à son service, et elle pouvait dire, en porlant au roi des
Francs: < Quand tu combats, c'est à moi qu'est la victoirel u
Les Francs, qtri restèrent païcns, abondonnèrent le déser-
l,cur du culte d'0din, mais la Grrule vint à lui. Son autorité
s'étendit sans obstucle jusqu'à la Loire, son armée fut grossie
des soldats romains cantonnés sur les frontières; il devint
tout d'un coup un puissant roi. Hors de ses possessions, les
évêques désiraient vivre sous su puissance et détachaient ls
peuple des rois ariens. L'arianisme faisait horeur aux catho-
2.
I

3& EISTOIRE DE FRÀNCE.


liques : le roi des Vandales, Hunéric, venait de chasser les
prêtres orthodoxes de son rcyaume (&9tr-ttg}), et ces fugitifs
racontaient en Gaule les misèrcs de I'Eglise d'Afrique et les
fureurs des hérétiques. Le roi des Visigoths prit ombrage
de ces lementations; il chassa les exilés de ses lemes, et sur-
veilla les évêques &vec inquiétude. Volusianus et Vérus
furent orrachés tour à tour de leur siège de Tours, Césaire
de celui d'Arles, Quintianus de celui de Rodez : tous étaient
accusés de conespondre B,vec Clovis et de regarder Alaric ll
comme < I'ennemi public du nom chrétion > .
13. Guerre contre les Burgondes.
- tependont
c'est contre les Burgondes que se porta le premier eifort des
Francs. Clovis avait une promesse à tenir et une vengeence
à satisfaire. Tandis que son allié, Théodoric, roi d'ltalie,
prenait Marseille et occupait la Provence, lui-même battit
Gondebaud, le poursuivit jusqu'à Avignon et I'y assiégea.
Le vaincu traita avant de perdre son dernier asile. Il céda quel-
ques [erritoires sur la haute Saône, abjura I'arianisme pour
gagner le clergé, et donna à son peuple la,loi Gombetie,la,
plus modôrée des lois barbares. Il conjura ainsi le péril
qul l-e m-enagait et qui n'atteignit que son successeur (500).
14, Guene contro les Visigoths. Clovis se
- Théodoric
tourna bientôt contre les Visigoths. En vain
essaya-t-il de prévenir une lutte inévitable. Sur ses instances,
les deux rois eurent près d'Amboise une entrevuc < où ils
burent et mangèrent ensemble et se promirent amitié >.
I\{ais, à peine de retour à Paris, Clovis convoqu& ses Francs :
n Il me déplalt, dit-il, que ces ariens possèdent la meillcure
partie des Gaules; allons sur eux avec I'aide de Dieu, et
chassons-les I soumettons leur terrc en notre pouvoir ; nous
ferons bien, car elle est très bonne (b0?). r Les Francs applau-
dirent à ces paroles qui flattaient leur ardeur de néophytes
et leurs instincts de pillards. Nul obstacle sur la route; les
villes s'ouvraient ; les habitants, conduits par les évêques, of-
fraient leur soumission, les miracles même ne menquaient pas.
Une biche guida I'armée égarée dans les montagnes duLi-
mousin et lui indiqua un gué dans la Vienne. Un globe de feu
apparut sur la cathédrale de Poitiers. Saint l\{artin de Tours
prédit lo victoire du fond de son tombeau, Et Clovis, par
reconnaissance, défendit de piller; il frappa même de son
épée un soldat qui avait volé du foin sur le territoire de
Tours. < Où est, dit-il, I'espoir de la victoire, si nous offen-
oLoYIS. 35

sons seint Martin? r Alaric s'était ovanc6 jusqu'à Poitiers;


mais, sur l'avis de Théodoric, son beau-père, il voulaït
éviter la bataille, soit pour exerc,er des troupes gui u'avaient
jamais combattu, soit pour attirer son enncmi vers le midi
ât l'émaser plus aisément. ll reculo donc, malgré les mur-
mures des Visigoths, et commengt à passer le tlain. Clovis
parut tout à coup et le surprit à Vouillé (507) : Alaric fut
vaincu et tué. Tout aurait été conquis jusqu'aux Pyrénées et
jusqu'à la mer, si Théod,orie n'erit envoyé une ormée au
secours du jeune Iils d'Alaric II. Thierry, Iils aîné tle Clovis,
fut vaincu à Arles, et le littoral de la l\[éditerranée resta aux
Goths.
Le roi des Francs revint à Tours, où il reçut de I'empe-
reur Anastase le diplôme de patrice et de consul. Il fit son
entrée dans la ville, à cheval, le diadème en tête, vètu de la
pourpre, et ietant des pièces d'or &u peuple. Il était dès lors
le maitre de la Gaule, et son pouvoir étoit d'autant plus as-
suré que ses nouve&ux sujets eux-mêmes avaient contribué
à I'établir.
15. Crimes de Clovis.
- Mais I'ami zélé desévêques,
le protecteur empressé des biens de I'Eglise, ne restait pas
moins un barbare. Le baptêmc n'avait pas adouci sa féro-
cité, et les instincts du ss.uya.ge reparurent dans les der-
nières années de sa vie. Clovis, patrice et consul, vainqueur
des Goths, des Burgondes, des Alamans et des Romains,
dominateur de la Gaule, était fort supérieur aux autres chefs
francs. Mais, tux yeux de so nation, il n'était que le roi des
Saliens de Tournai et l'égal des rois de Cambrai, de Thé-
rouenne, de Cologne et du Mans. Il æaignit qu'après ss mort
sa conquête et ses trésors ne fussent disputés par eux à ses
fils, et il résolut d'exterminer leur race.
II envoya secrètement dire à Clodéric, Iils du roi de Co-
logne, Sigebert le Boiteux : a Voici que ton père se fait
vieux, et il boite de son pied malade. S'il mourait, son
royeume t'appartiendrait avec mon amitié. > Clodéric envoye
des assossins eontre son père et le fit tuer, espérant obtenir
son royeume. Un messager vint dire de sa part à Clovis :
< Mon père est mort I fais partir quelqu'un des tiens, et je
lui remettrai la moitié de mes trésors. r - Et Clovis répon-
dit : <r Je rends grâ.ce ù ta bonne volontê, et je te prie de
montrer tes trésors à mes envoyés, après quoi tu les possé-
deras tous. >r rt C'est dans ce coffre, leur dit Clotléricr que
-
36 EISTOIRE DE FRÀNCE.
mon père emesseit ses pièces d'or. )r Ils lui dirent : c plonge
ta rnoin jusqulau fond pour trouver tout. n Il le fit et se
baissa I alors un des envoyés, levant sa hache, lui brisa Ie
crâne..- Clovis, ayant appris la mort de Sigebert et de son
Iils, vint dans la.ville- de Cclogne et convdqua le peuple:
< Je.me promenais, dit-il, dans lo forêt voisine lorsquel'ai
appri! que votre roi avait, été indignement mis à môrt par
son ûls, et que celui-ci avait payé la peine de son *ime. Je
ne suis nullement complice de ces chôses; car ie ne puis ré-
pandre-le sang de mes parents, cela est défendu. ii{ui*, puisque
tout cela est a*ivé, je vous donnerai un eonseil, nôy*, ,'it
peut vous plaire. Venez à moi, et mettez-vous sous ma pro-
tection. > Le peuple applaudit avec grand bruit de voix et
de boucliers, l'éleva sur le pavois, et le prit pour roi.
Il marcha ensuite contre Chararic, qui rOgnait à Thé_
rouenne, le fit prisonnier avec son fils, et les fif tondre tous
les deux. Comme Charario pleurait, son fils lui dit : < C'cst
sur une tige verte que c-e feuillage a été coupé, il repoussera
et reverdira bien vite. Plùt à Dieu que pérîf aussi v-ite celui
qui a fait tout cela I > Ce mot vint aux ôreilles de Clovis; il
Ieur lit à ious deux couper la tête, et il acquit leurs trésors,
leur royaume et leur peuple.
Ragnacaire, roi de Cambrai, était détesté des Francs à
cause de ses débaur:hes_- clovis, ayant fait fabriquer des bau-
driers de cuivre doré, les donna aux leudes dà Ragnacaire
comme des baudriers d'or pur, afi.n de les exciter coritre lui.
Ragnacaire fut battu et fait prisonnier avec son frère Richaire.
clovis lui dit : n Pourquoi as-tu fait honte à notre famille
en te laissant enchaîner? Mieux valait mourir. > Et levant
sa hache, il la lui planta dans Ia tête. puis, se tournant vers
Richaire, il lui dit: < Si tu avais secouru ton frère, il n'eùt
pas été enchaîné I )) Et il le tua d'un coup de hache.
Il tt mourir de même beoucoup d'autres rois et ses plus
proches parents, et étendit sôn royrume sur toutes les Gauies.
Enfin il assembla'un jour les siens, et leur parla ainsi de ses
pnleg! qu'il avait lui-même fait périr : < Malheureux que je
suis ! Je restc comme un voyegeur parmi dcs étrangc.i t Je
n'ai plus de parents pour me secourir si I'adversité v"enait I r
n Ms.is ce n'était pas qu'il s'affligeât de leur mort,
ajoute Grégoire de. Tours; if ne parlait ainsi que pa,r ruse
et pour découvrir s'il avait encore quelque pareni, a-tn de le
tuer. I
' ctovls. 37

L'Église, préocoupée de I'intérêt des peuples et du bcsoin


d'unité, applaudit à ces meurtres qui délivraient le pays des
compétitions sanglantes. Saint Grégoire ne veut voir dans
Clovis que le bienfaiteur du clergé, le vainqueur des ariens,
le fondateur de I'Eglise des Soints-Apôtres et le protecteur
du droit cl'usile : en fs,veur de I'ouvrage il amnistie I'ou-
vrier I il termine le récit d'une vie où les oimes sont aussi
nombreux que les grandes actions p&r ces paroles : < Tout
lui réussissait, pûrce qu'il morchait le cæur droit devant
Dieu ! l
16. Mort de Clovis. Clovis mourut à Paris, eu po-
lais des Thermes, en 5ll.- Ce roi ne fut que lo grossière
ébauche d'un grand hommel il n'eut que ces instincts puis-
sants de la politioue et de la guerue, que la nature com-
mence et n'achève pas chez lcs héros barbares. l\{ais son
æuvre fut plus grande que lui : en convertissant les Francs,
il leur ouvrit la camière et prépara leurs deslinées.

LECTURD.
- Les Fra^ncg,
Les guenes des Francs contre les Romain;, depuis le nilieu du troi-
sième siécle, ne furent point des guerres défensives. Dans ces enl,re-
prises militaires, la coniérlérati"n avait un double but: celui de gaguer
ilu terrain aux dépens de I'empire, et celui dc s'enrichir par le pillaee
des nrovinces limItruohes. Sa nremière con0uête fut celle tle la grantlc
tle di nnin, qu'on nômmait I'ile des Batàues. Il est évident [u'elle
nourrissait le bruiet, de s'enrparer de ia rivc gauche du fleuve et de con-
quérir le nord'de la Gaule. 'Aninrés par de Éetits succès et par les re-
làtions de leurs espions et de leurs cùureursi à la poursuite de ce Jes-
sein gigantesque, ies Francs supplôaient à ia faibfesse de leur nloyen
d'attaque Dar une activité infaligrble. Chaque année ils lançaient de
I'autre côté du llhin des bandes de ieunes fariatiques' dorrt I'inrâginrrtion
s'était enflammée au récit des explôits d'0din et'des'plaisirs qui atten'
daient les braves dans les salles du lalais des morts. Peu de ces enlants
nerrlus repassaient le flcuve. Souverit Ieurs incrrrsi0ns, qu'ellcs fussent
àvouées ou désavorrées par les chefs de leurs tribus, étaient cruplle:rtent
punies, et les léEions rdmaines venaient mettre à leu et à sarig la rive
$crmanique du Rhin; mais, dès que le fleuve él,ait gelé, les passages et
I'aeressiôn reconmcicaient. S'itârrivait que lcs postes nrilitaircs fus;cnt
dc[arnis par les mouv'ements de tLoupes qui avaicnt lietr rJ'une I'rurrtiùre
de l'errpiie à I'autre, toute la confédération, cbefs, homnres fails,,lettttes
Aens. st levaient en armes pr-rur faire unc trorrée et tlétruire lcs forte-
it'sses oui Drotùceaient la rive romaine. C'est à I'aitle de frareille. ten-
tatives,'bidn deË fois réiiérées! que s'accotlrplit cn{in, dans la dcrnière
moitié'du cinquième siecle. la'cônquête du'nord de la Gaule par une
nortion de la iisue des Francs.
' La oeinture que les écrivains du temps tracent des guerriers franks
à cettè époqueiet jusque dang le sirièine siècle, a quelque chose de
38 NISTOIBE DE FRANCE.
sinsulièrement sauvage. Ils relevaient et rattachaient snr le sommet du
froit lerrrs cheveur d'irn blond roux, qui foruaient une espèce d'aigrette
et retombaient par derrière en queue de cheval. Leur visage était entie.
rement rasê, à l'exception de derrx longues moustacltes qui leur tr,rm'
baient de chaque côté de la bouche. lls portaient des habits de toilt
serrés au corps et sur les membres avec uit large ceinturon auquel pen'
dait l'énée. Lèur arme favorite était une hache à un ou deux tranchants,
dont le'fer était épais et acéré et Ie manche très court. Ils commen-
caient le combat en lanQant de loin cel,te bache, soit au visage, soit
ôontre le bouclier de I'ennemi. Rarement ils manquaient d'atteindre
I'enrlroit nrécis otr ils voulaient frapDer.
0utre li hache. qui. de leur norù, s'appelait frankiske, ils avaient
utre arme de trait'qiri leur était particulièie, et que, dans leur langue,
ils nommaienl hanq, c'est-à-dire hameçon. C'était une piqrre de médiocre
Iongueur et capahle de servir également de près et de loin. La putnte,
IonÀue et fortc, étaii, armée de plusieurs barbes ou crocltets tranchattts
et iôcourbés comme des hameqons. Le bois était recouvert de lames de
fer dans Dresgue toute sa longireur, de manière à ne porrvoir ètre brisé
ni entamé à cbups d'épée. Lorsque le hang s'était fiché au travers d'un
bouclier. les crois dont il était gârni en rendaut I'extraction impossible,
il restaii susnendu. balavant Ia terre par son extrémité; alors le Franc
oui I'avait ieié s'étânqait, et, posant uir pied sur le javelot, appuyait de
tuut le poids de son corps I'aiiversaire à baisser le bras et à
'et et-forqait
se désainir ainsi la tète la poiirine. Quelquefois le hang, attaché au
bout à''une corde, servait, en guise de harpon, à arnener tout ce qu'il
atteignait. Pendant qu'un des Francs Ianqait Ie trait' son cornpagnon
tenaii la corde, puis tbus deux joignaient lèurs efforts, soit pour désar-
mer leur ennemi, soit pour I'attirer lui-môme par son vêtcment 0u son
armure.,.
Quant au caractère moral qui distinguait les Francs à leur entrée en
Gaule, c'était, comme je I'ai dit plus ltaut, celui de tous les uoyants à
la divinité d'Odin et aux ioies stinsuelles du Walhalla' Ils aimaient la
guerre avec Dassion, comfoe le moYen de devenir riches dans ce monde,
Ët. dans I'autre, coirvives des dieur. Les plus jeunes et les plus vio-
leirts d'entre eur éprouvaient guelquefois- tlrns le combat tles accès
d'extase frénétique.'pendant lesquels ils paraissaient insensibles à la
douleur et douéi d'uie puissancè de vie t'out à fait ertrar.rrdinaire. lls
restaie^-t debout et combattaient encore, atteints de plusieurs blessures
tlont la moindre eùt suf[i pour terrasser d'aulres hommes. Une conquète
exécutée oar de telles àens dut être sanglante et accompagnéè de
cruautés àratnites : mai"heureusement les détails manquent pour eD
marquer lës circonstances et les progrès. Aug. Turunnt.

EXERCICES ORAT]X ET ÉCRITS

!. Erplicationdes mots.
- Ripuaires, c'est-à-dire habitant les rives
du Rhin. Saliens, nom d'une fribu franque. - Sicambre, nom d'une
tribu -
franque, Thermes. Ce palais consl,ruit par I'empereur Jrrlien
est aujourd'hui- le musée de Clrrny. - Orhians, préfecture du Luiret.
Chalnns, préfecture de la [taine. Sot'sson], surrs-préfecture de
-l'Aisne. Rèims, sous-préfecture de -Ia illarne.
- - Tolbiae, ville des
Etats prussiens, provincè du Rhin, aujourd'hui appelée Zulpich. -
Cotoghe, ville rie'Prusse, dans la prbvinôe du Rhin.^ - Diion, préfec-
LES.SUCCESSEURS DE CLOYIS. 39
ture de la Côte-d'0r. Poitiers, préfecture de la Vienne. Cambrai,
sous-préfect,ure du Nord.- -
Thérôwnne, village du Pas-de-Calais.
2. 0uestioonaire. -
Quels sont les barbares qui envahirent la Gaule
-
au.début du cinquième siècle? Qu'était-ce quô les Francs?
-
étaient leur religion, leur costume, leurs armes? -
Quels
Quel était leur
-
gouvernement?- Quels sont les trois premiers chefs des Francg saliens
en .Ga.ule?
- Quelle élait I'origine des Huns? Leurs mceurs?
-
était le caractère d'Àttila?- Dites la date de leur entrée en Gaule. -
Quel
Faites connaitre la ma-rche d'Al,tila iogqu'ê 0rléans. Qu'est-ce que
-
sainte Geneviève? -
Racontez la bafaill-e des champs Catalauniques.
-
Quelles sont les dates de I'avènement et de la inort de Cloïist -
Qnelles étaient les populations établies en Gaule, vers 481 ? -
étaient-les espérances de Syagrius ? -
Quelles
Racontez I'expédition de Clovis
contre lui. fut le sort-du vaincu?- Racontei i'histoire du vase
de Soissons. -
--QuelPourquoi les Bourguignons et les Visigoths étaient-ils
-
hais des Gaulois? Quelles furent lés conséquenees-du mariaEe de
Clovis? -
Bacontez la bataille de Tolbiac et le-baptème de Clovls.
-
Quelles sont ses deux dernières victoires ? Quélle fut sa corduite -
-
envers les rois des autres l,ribus franques?- Donnez un jugement sur
Clovis el son æuvre.
3. Ilevoirs à rédiger. Raconter I'histoire des Francs avant Clovis.
-
Raeonter I'invasion d'Attila en Gaule.
Raconter le règne de Clovis.

w
T/ES SUCCESSEUNS I}E CLOVIS.- LA NEIISTRIE
ET L'AUSTRASIE
(6114yr)

tEçot{
l. Les llla de Clovis. Les quatre flls de Clovie ee naltaeè-
rent I'héritage de leur -Dère. Tliierry. I'ainé, régna à Metz: C"lo-
domir, à Orléane; Childebert, à paii's; Clotaire] à Soissolis. Ils
passèrent leur vie à faire des expéditions en Germanie, en Bour.
gogne, en Auvergne, en ltalie et en Bspagne.
- à ctotaire lor di sei tlts. Clotaire lui iurvécul À ees frères et
-
remit sous sa domination tout le royaume des Francs (558-56f ).
ll laissa aussi quatre file qrri ffrent ud nouveau partage.'Gontran
eut la Bourgog-ue; Sigctlèrt, l'Austrasie; Chilpèric, iâ Neustrie.
Le quatrième frère, Caribert, était mort sans ônfant.
3. Rivalité de Brunehaut et de Frédégonde. Le règne des trois
-
freres fut ensanglauté par la rivalil.é de deux femiles: Brune-
haut, ferume tle Sip4ebcrt, et Frédô*onde, femme de Chilpéric.
4. Clotaire II et ltagobert. Apràs ces guerres civiles,- Clo-
-
taire II (6t3-628) et Dagobert(628-G3S) réuniient tout le royaume
Ces Francs. Ce fut l'éptque I'a plus brillante de la dynasiie des
Slérovingiens.
{O HISTOIRE DE FRANCE.
6. Les rois fainéants et les maires rln palais. Après le règne ùe
Dagobert, les rois rnérovingicns furent sans-autôrité. On Ies ap-
pelle rofs fainéants. Le pouvoir fut exercé par les maires duTtalais,
6. Ebroin, maire de Neustrie. Dans lt Neustrie, le plus célèbre
maire du pulais fut Ebroïn.- Cet homne énerAiquô essava tle
l'elover I'autorité royale et de souqrettre les giadUs qui Teve-
naiclt tout-puissants. ll fut assassiné.
?. Viotoire ds I'Austrasie.
- A sa fut
pl.us de chef capabl-e_.tle la_dôfeudre,
mort, la Neustrie, n'ayant
fncilement vaincue par
I'Austrasic. p,rpin d'lléristal,_nraire du palais en Austrasic, grgnil
sur lcs NeustriÊns la grandc bataille dd Testry (6S?).
RÉCI?

I, Ires fl.Is de Clovis. Sous les lils de Clovis (5tt-


56t), les Francs ochevèrent -la coaquête de la Gaulc. ils se
prrtegèrent les villes situées au nord de la Loire, où les leudes
de leur père étaient restés campés. ?hicmy rûsida à l\[etz,
Clodomir à Orléans, Clotaire à Soissons, Childeberl, à Paris.
Chacun eut en outre des terres en Aquitaine, pays plus fcr-
tile et plus riche, dont ils vouloient tous avoir une part. Les
quatre frèrcs commencèrent aussitôt des expéditions pour
satisfaire I'humeur guerrière et pillarde des l'rancs.
2. Conquête de la Tburinge. - Thieruy conquit la
Thuringe par la guene et la perfidie. 1l persuada à Herman-
fried, un des rois thuringiens, de tuer ses deux frèrcs, et le
vainquit à son tour; puis, lui prodiguant les promesses et
les serments, il I'ottira dans son royaume, le conduisit de
ville en ville et lui jura une emitié inviolable. Un jour, enûn,
que les deux rois se promenaient seuls sur les remparl,s de
Tolbiac, Hermanfried tomba du haut du mur, < poussé on
ne sait par qui n, of se brisa la tête. Thierry occupa la
Thuringe.
3. Conguête de I'AuvergD.e. - Mais ses soldats
étaient mécontents de ces expéditions pénibles et peu fruc-
tueuses dans les forèts marécageuses de la Germanie; ils
sommèrent leur roi de les conduire en Bourgogne et le mena-
cèrent de I'abandonner. Thiemy, tout efrayé, leur répondit :
< Venez avec moi dans I'Auvergûe qui s'est révoltée contre
ma puissance ; ls terue est bonne et les habitants seront à
vous; mais surtout ne suivez pas mes frères I D La malheu-
reuse Auvergne subit à son tour les douleurs de I'invasion
qu'ellc avait évitées jusqu'olors, et les Francs emmenèrent de
longues liles de captifs liés deux à deux, qu'ils vendaient
chemin faisant.
tBs succEssEuRs DE Clovlg. ll
Le fils de Thierry, Théodebert, lui succéda, et sembla pos-
sédé de I'esprit oventureux de ses ancêtres : il entraîna
cent mille hommes en ltalie, pûsse le Tessin sur un ponù de
cadavres, trompo et battit tour à tour les Goths ct les Grecs
qui se disputaient la vallée du Pô, et mourut au retour de
I'expédition. Sous son jeune fils, Théodebald, les maires du
palais Leutharis et Bucelin entreprirent cncore, au delà des
Alpes, une expédition funeste à la fois aux envahisseurs et
eux peys envahis. Théodebald mourut (555), et le royaume
des Francs de I'est 0u âustrasie fiil partagé entre les outres
rois.

Ctirte do I'Auvergne,

4. Conquête de la Bourgogne. - Clodomir, roi


d'Orléans, voisin de le Bourgogne, vainquit le roi Sigismond
et le mit à mort &vec s& femme et ses enfants, en Ie jetant
dans un puits qui fut comblé de pierres. Mais Gonalema.rt
frère de Sigismond, le battit et le tua lui-mème à Véséronce.
Clotilde prit avec elle, à Paris, les trois enfants de son fils.
Un jour, Childebert et Clotaire se concertèren[ et firent
dire à leur mère : < Envoie-nous les enfants, que nous'les
fassionsrois. n La reine embrassa ses petits-tls et les Iit par-
tir en disant : < Je croirai n'avoir pas perdu mon fils, si je
vous vois régner à sa place. I Quand Childebert les tint en
son pouvoir, ou palais des Thermes, il envoya à sa mère
&2 HISTOINE DE FRANCE.
Arcadius, de ces Romoins qui mettaient leur esprit de
un
ruse au service des passions violentes des barbares. Celui-ci
se présenta tenant d'une main une épée et de I'autre des
ciseaux. nTrès glo-
rieuse reine, dit-il
froidement ,
>Je6
E '"r
^nt^t*t
seigneurs, tes lils,
nos

I'--.
Yoll ll _. ç.
te font demander
conseil surce qu'on
doit faire des en-
fants; veux-tu
/ft, qu'ils vivent la
,7 chevelure coupée,
o
a ou veux-tu qu'ils

soient égorgés ! >
i$' I q Clotilde, stupéfaite
,,-
)rREï,i et hors d'elle, s'é-
cria dans l'égare-
ment de la dou-
leur:<S'ilsne
sontpas rois,j'aime
mieux les v oir
morts que tondus. u
Arcadius se hilta
de se retirer, s&ns
Carte de la Bourgogne.
lui donnerle temps
de la réflexion. et
porta cette répgnse &ux deux rois. Alors Clotaire prit le
plus âgé par le bras, le jeta contre terre, et, lui plongeanl
un couteau dans I'aisselle, le tue impitoyablement.- Son
petit frère, tout tremblant, embrassa les genoux de Chil-
debert, {ui se laissa attendrir. lVlais Cloteire furieux :
a Laisse-le, cria-t-il, ou je te tue à sa place t c'est toi qui
m'as poussé à faire ceci, et voilà que tu manques à ta foi. >
Childebert lui jeta I'enfant; Clotaire le saisit et lui enfonca
son couteau dans le flanc. Alors les serviteurs et les leudès
de Clodomir firent irruption dans la chambre, enlevèrent le
jeune Clodoald que ses oncles allaient tuer, et Ie déposèrent
Eu monastère de Nogent, qui prit le nom de Saint-Clodoald
ou Saint-Cloud. a Ces choses étant faitcs, dit Grégoire de
Tours, Clotaire alla sepromener tranquillement par la ville. >
Les deux frères occupèrent ensuite la Bourgogne (584),
tEs guccEssEuRs DE crovls. 43
firent une expédition contre les Visigoths d'Espegne et furent
controints à la retraite.
5. Clotaire seul rol (558-56f). Clotaire resta
seulroi par la mort de ses frères et de- ses neveux. Les
Soxons lui refusèrent le tribut et le battirentl ses leudes le
maltraitèren{, et faillirent le tuer pour le forcer à les mener
au combat I son lils Chramne se révolta ; il le saisit, I'attacha
dans une ohaumière oyec sa, femme et ses enfants, et mit le
feu. L'année suivante, il fut pris de Ia lièvre et disait en gémis-
sunt : a S/ah t que pensez-vous que soit le roi du ciel, qui
tue ainsi de si grands rois ? > Et il rendit I'esprit.
6. Les flls de Clotaire I" (56t-613).
- Sous les lils
et les petits-fils de Clotaire I", les Francs tournèrent leurs
armes contre eux-mêmes. Sigebert fut roi d'Austrasie ou de
Metz; Chilpéric, roi de Neustrie ou de Soissons; Gontran, roi
de Bourgogne ou d'Orléans; Caribert, roi de Paris et d'Aqui-
taine. Caribert mourut bientôt (567), et I'Austrasie com-
menga contre la Neustrie une lutte acharnée, qui fut marquée
par le haine de deux femmes, Brunehaut et Frédégonde.
7. Brunehaut et Frédégonde. Sigebert eut
honte de la conduite de ses frères qui épousaïent des femmes
de serviee et changeaient d'épouse suivant leur caprice; il
Iit demander la main de Brunehaut, lille d'Athanagilde, roi
des Visigoths. Il l'obtint et célébra son meriage à Metz, au
milieu d'un nombreux concours de guerriers francs et de
nobles gaulois. Rien n'y m&nqu&, ni les longs et bruyants
festins, ni les éclats de la gaîté tudesque, ni les chants
rouques des barbares, ni même les vers latins d'un Italien
bel esprit, que tout le monde applaudissait pour avoir I'air
de le comprendre. Tant de gloire donna de la jalousie à Chil-
péric. Il renvoya sa femme Frédégonde, une servante, et lit
demander la sæur ainée de Brunehaut, Galeswinthe. C'était
une maintive et pure jeune fille : le grossier Chilpérie I'aima
d'abord par vanité, pa,rce qu'elle étoit ûlle de roi, puis pur
&varice, parce qu'elle lui avait apporté une riche dot; enûn
il s'en dégoùta, et un matin eette malheureuse reine fut
trouvée étranglée dans son lit. Frédégonde reprit sa plece.
Sigebert, excité per ss, femme, &ccusa son frère d'assassin&t,
conquit toute la Neustrie, et fut percé de coups devant Tour-
nai, par des émissaires de Frédégonde (5?5). Chilpéric eut
le même sort, et Ie pacifique Gontran se déclara le protecteur
de Frédégonde et du jeune Clotaire II, son fils. Mois, menacé
&L EISIOIRE DE TRANcE.
par le parti romain et ecclésiastique, qui soutenait un pré-
tendant nommé Gondowald, il se rapprocha des Austrasiensl
au traité d'Andelot (587), il reconnaissait pour héritier Chil-
debert II, Iils de Sigebert, et prenait, d'accord &vec son nevcu,
des précautions contre les trahisons des grands.
8. Supplice de Brunehaut. Les deux lils de Chil-
debert, Théodebert II et Thierry II,-moururent jeuncs, et la
vieille reine Brunehaut fut livrée à Clotaire II par lcs Austra-
siens, dont ses essais d'administration romaine gônaient lr
seuyege liberté. < Lorsqu'elle fut amenée en présence de
Clotaire, dit Frédégaire, il sentit se ranimer la haine furieuse
qu'il lui portait, et il lui reprocha d'avoircausé la mort de dix
rois francs. Ensuite il la livra pendant trois jours à toutes
sortes de tourments, et la lit passer, montée surun chame&u,
à travers toute son s.rmée. Après cela, elle fut attachée par
Ies cheveux, p&r un pied et pûr un bras à la queue d'un che-
val très vicieux, qui la brisa, membre par membre, à coups
de pieds, en I'entraînant dans s& course. > Ainsi les Francs
se vengeaient de la femme énergique qui avait voulu les
plier au joug de la loi et de la volonté royale (6{3).
9. Clotaire If. La Constitution de 615.
taire - Clo-
II resta I'humble sujet de I'aristocratie qui I'avait fait
vaincre. < Ce Clotaire était patient, instruit dans les lettres,
craignant Dieu, grend bienfaiteur des églises et des prêtres,
très charitable envers les pauvres, plein de bonté et de pitié
envers tous. Néanmoins il eima un peu trop la chasse des
bêtes fauves, et, vers la fin, il prêtait trop facilement I'oreille
eux suggestions des femmes. Il en fut vivcment blâ,mé par
ses leudes. > Le pauvre prince eut besoin de toute cette
patience, dont le loue Ie vieux chroniqueur, pour porter le
joug pesant que sa victoire venait de lui imposer. Il resta
entre les mains des grands, conseillé, redressé, surveillé,
réprimé. 0n lui fit asscmbler Ie fameux concile de Paris (615),
réunion de leudes et d'évêques qui prit à tâche d'émire dans
lo loi les conquêtes de I'aristomatie laïque et ecclésiastique.
Le gouvernement liscal et absolu que les Mérovingiens ar.aient
essayé d'éts,blir fut, imévocablement condamné, et la royauté
fut réduite à I'impuissance. RôtLr,blissemcnt des élections
canoniques, et, p&r conséquent, annulation de I'influence
royale dans le choix des évôques; défense au fisc de mettre
la main sur les successions dont un testament ne disposait
pas, d'augmenter les impôts et les péages, d'employer les
tEs succEssEuRs DE clovts. 15

juifs pour les peroevoir; responsabilité des juges et des autres


ôfficiers du roi; restitution des bénéfices enlevés Eux leudes I
défense au roi d'accorder à I'avenir des permissions pour
enleverles riches veuves, les religieuses et les vÏerges; peine
de mort oontre celui qui oseraif enfreindre un seul de ces
artieles : tels sont les principaux points de Ia constitrttion
papétuelle dictée au roi por le concile de 6t5. < Tous les
abus de I'autorité royale vont disparaître, et ceux du gou-
vernement des seigneurs vont commencer. )
l0.Dagobert(628-63S).- Le fils de Clotaire II, Dago-
bert, arrêta un moment la décadence des l\férovingiens.
Entouré de ministres romains, I'orfèvre ssint Eloi et le réfé-
rendaire saint Ouen, il fit fonder des couvents et écrire les
lois barbares. Il donn& son frère Caribert pour roi eux Aqui'
tains, délit les Bretons, les Saxons et les Basques, mais ne
put réduire les Slaves-Wendes, qui avaient pris-pour roi le
-F'.anc
Samon. Il bâtit I'abbaye de Saint-Denis, et laissa après
lui le souvenir d'une magniûcence dont le dénuement de ses
successeurs devait encore ougmenter le prestige.
11. Ires rois fainéants. Ires mairee du palais.
Après Dogobert commence la série des rois fainéants,
-tr L'âpre sève de lt première r&ce s'affadit promptementr et
les ûls de Clovis tombèrent vite du povois dans un fourgcn
traîné par des bæufs. > Derrière ces fontômes parurent les
puissants
- maires d'u palais,
Leur origine, comme celle des roiÉ, remontait à l'époque
qui avnit précédé I'invasion. Le chef germain, qui vivait
entouré de-ses leudes ou antrustions, leur conûait le serviee
domestique comme le service militaire. Après lo conquête, il
garda sa fruste, mais ses grossiers compegnons s'é-levèrent
ivec lui et devinrent ses grands officiers. Ils s'appelèrent le
sénéchal, le maréchal, l'échanson. L'un d'eux, le maire, avart
la surveillance générale de la maison et de la truste; il
veillait aux subsistances et jugeait les querelles des leudes.
Il devint ainsi le premier officier du ptlois, I'intendant-géné-
ral des domaineJ, le plus grand personnege après le roi'
Grâce à cette coutume ioute germanique qui rôunissait dans
les mêmes mains les charges de I'Etot et les fonctions de la
domesticité, le maire du palais se trouva à la fois le chef des
Ieudes et le ministre du roi.
En 5?5, sa puissance fit un progrès décisif. Sigebert ve-
nait de mourir, et son ûls, ChildebertII, n'avait que cinq ans'
17.
b,
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I
t
t
i {C EISTOIRE DE FRANCE.
Les grands choisirent donc un moire du palais, qui fut chorgé
r
d'élever le roi et de veiller à la paix du roytume, Jusqu'alors
le maire avait étô ls crésture du roi et son représentant au-
près des leudes; désormais il fut le surveillant du roi et le
ieprésentant des leudes auprès de lui. Brunehaut, qui voulut
amèter ses empiétemenls, fut vaincue; Cloteire II fut oblig6
'Warnaeheire
de promettre sous serment à de ne jamais lui
enlever la mairie; Dagobert échappa un moment à la tyran-
nie de ce magistrat des grands; ses descendants y retom-
bèrent à jamais.
Dans I'Austrasie, les maires trouvaient une royouté faiblet
une aristouatie puissante : ils se tournèrent contre les l\{éro-
vingiens, qu'ils cherchèrent à supplanter, et se firent les dé-
fenseurs de I'sristocratie. Dans la Neustrie, ils voyaient des
institutions romaines encore vivaces, des leudes peu nom-
breux, un peuple dès longtemps habitué au pouvoir absolu;
ils se firent les champions du pouvoir royal qu'ils exer-
gaient, et les adversaires de I'aristocratie, des Austrasiens et
dè leurs maires, membres de la grande famille d'Héristal.
12. Ebroïn et saint L,éger. - Depuis la mort de
Dagobert jusqu'àla bataille de Testry (638-ô87), la Neustrie
lutta sans désavantage contre I'Àustrasie, grâce au génie
violent d'Ebroin. A la mort du roi Clovis II, ûls de Dago-
bert, et de son maire Erkinoald, Ebroîn prit le g:ouverne-
ment de lo Neustrie et de la Burgondie, &u nom du jeune
Clotaire III, fils de Clovis II, tandis que les Austrasiens choi-
sissaient pour maire Wulfoald, et pour roi ChildéricII, frère
de Clotaire III. Il commença. pa.r supprimer I'article de la
Constitution perpétuelle qui ordonnait de choisir les comtes
parrni les grands propriétaires des comtés, brisa sans scru-
pute toutes les résistâ.nces, força la reine Bathikle, mère
de Clotaire, à se néfugier dans le monastère de Ctrelles, et
mit à mort les évêques de Paris et de Lyon. Ssint Léger,
évêque d'Autun, se lit Ie défenseur de l'édit de 6t5 et des
privilèges conquis por les grands. L'hostilité des deux adver-
'saires éclots en ô70, à la mort du roi.
Depuis longtemps Ebroïn avait négligé de oonvoquer le
mdl ou assemblée générale. 1l maignit, en réunissont les
Francs pour l'élection d'un nouve&u roi, de leur donner
I'occasion de connaître leurs forces el d'attaquer son auto-
rité. C'est pourquoi il se hâta de proclamer Thierry III, troi-
sième tls de Clovis II, et donne ordre aux Francsr qui
'-.",. i.,C.. -. i'I!l:ar.i,ir'.,-Tliî-i}]
'a '
,]
\
ÊNNOIN ET SAINT LÉGER. 47
aocouraient, de rentrer chez eux sous peine de mort. Ils se
conjurèrent eontre lui, brùlèrent, selon la coutume germe-
nique, Ies maisons de ses pertisans, etdonnèrentlacouronne
de Neustrie à Childéric II. Ebroin, surpris perce mouvement
soudoin, fut abandonné detous et se réfugiadans une église.
Ses trésors furent pillés, lui-même fut tondu et enfermé au "i\
couyent de Luxeuil : le pauvre Thierry III eut le même sortl I

il fut tondu et enfermé au mona,stère de Ssint-Denis. La


chute d'Ebroïn eut les mêmes conséquences que celle de
Brunehaut : les grands imposèrent leurs conditions au roi
qu'ils venaient de faire. Mais, en s'établissant en Neustrie,
dans lo Frnnce romoine,.Childéric se mit à suivre les exem-
ples d'Ebroin. Léger le'menaça de la vengeence divine s'il
ne gardait soû serment, le roi l'&ecusa de comploter Ia des-
truction de la royauté, et I'envoya à Luxeuil rejoindre Ebroin.
Alors il s'abandonna à tous ses caprices, et osa faire battre de
verges le leude Bodilon. Peu de temps après, il fut égorgé
dans la forêt de Bondy &vec sa femme et son enfant (673).
13. Mort de saint lréger. - Une elfroyable &n&r- 1
't
t< Les exilés, dit la Vie de saint Léger,
chie s'ensuivit.
accouraient comme des serpents qul sortent de leurs ca-
i
vernes, tout gontlés de venin, au retour du printemps. I
Ebroïn et saint Léger quittèrent ensemble Luxeuil, après i

&r'oir renouvelé entre Iei moins de I'abbé le serment d'ou-


J
blier le passé. Ils entrèrent à Autun svec leurs partisans,
et se dirigèrent vers Paris, où était. le roi Thierry, Qui
venait de quitter son monastère. En chemin, leur o,ccord se
rompit ; Ebroin s'échappa la nuit, se réfugia dans ses do-
maines de Soissons et y rassembla ses amis, tandis que
Leudès, fils d'Erkinoald, était proclamé maire du palais par
Léger et les leudes de Burgondie. Ebroin prit hardiment
I'olfensive. Il opposa à Thiemy un prétendu fils de Clo-
taire lil, Clovis lll, battit Leudès à Pont-Sainte-Maxence' sur
l'Oise, et le forgu de s'enfermer &vec son roi dans les murs
de Crécy. L'Auslrasie et la Burgondie repoussoient encore le
faux roi et le faux maire : pour abrrttre les révoltés, Ebroin
mit le siège devtnt Autun. Saint Léger, qui n'avait montré
jusqu'alors que les qualités d'un chef de parti, se souvint de
son titre d'évêque. Il ût briset sa vaisselle d'argent à coaps
de marteau et la distribua &ux pûuvres; il ordonna un
jerine de trois jours, demanda pardon à ceux qu'il pouvoit
avoir olfensés, et animo si bien les hobitants que les as-
IE EISTOIRE DE trRANCB.,
souts de I'ennemi furent repoussés. Mais des traits lncen-
diaires mirent le feu aux maisons, et l'évêque, se dévouant
pour son peuple, sortit de lo ville et se livra. On lui creva les
i. yeo", on lui coupû lo langue et les lèvres et il comparu-t,_einsi
mutilé, devant le concile de Marly. Les partisans d'Ebroin
le condamnèrent, et il fut décapité au fond d'un bois (678).
i 14. Puisearce et mort d'Ebroïn. - La prise de
Crécy livra à Ebroïn Leudès et Thierry : -l'un fut. massamé,
c'était un rival I I'autre fut épargné, ce n'était qu'un instru-
ment. Ebroîn rendit à Thierry s& couronne et se débarrassa
de Clovis IlI, qui n'étoit plus bon à rien. Alors, vainqueur
partout, en Burgondie comme en Neustrie, il- usa de son
pouvoir s&ns smupule et'sans pjtié. Il enleve les temes du
âomaine royol aux leudes qui les occupaient, les répartit
entre ses créatures, constitua une olasse nombreuse de petits
bénéficiaires, qui étaient tout à lui parce qu'ils tenaient tout
de lui, conlisqua le patrimoine des grands rebelles, et les
forga de s'exiler en Austrasie. En même .t.*p-t il sut Sagner
à ia cause ceux des évêques qui aimaient I'ordre civil et
I'administration romaine, saint Ouen de Rouen, saint Prix
d'Auvergne, Réol de Reims, saint Egilbert de Paris-. Les
évêques-d'origine franque, tels que-saint Genest de Lyont
trent seuls cause commune avec les lcudes.
EbroÏn poursuivit ses ennemis jusqu'en -Austrasie :-il ré-
cloma leur extradition; les maires Pépin d'Héristal et Martin
la refusèrent, et il envahit leur pays. Vainqueur à Latofao,
il assassina Martin par trahison, et allait pousser jusqu'au
Rhin lorsqu'il périt lui-même. Un leude, nommé- Hermsn-
fried, qu'i1 avàit insulté, I'attendit un dimanche matin,
armé diune hache. EbroÏn sortait pour aller aux matines,
lorsque son enncmi lui brisa la tête (68{).
16. Appréciation du rôle d'Ehroi.u. - Ainsi
tnit ce faiseur de rois qui, tout en combattant pour satis-
faire sa passion du pouvoir, servit la cause de la royautô
contre I'aristocratie. Les moines qui ont parlé de lui éfaient
\ les serviteurs et les protégés de le famille d'lléristal l aussi
t-t n'ont-ils pas épargnê sa mémoire. Malheur à I'homme q-ui
,L. succombe'en lùttant pour une c&use qui périt a'ec lui t Sa
I mémoire est condamnée comme ses elforts, et il n'a pour his-
toriens que ses ennemis. r Ebroîn, dit un de ses chroni-
queurs, ho*tt de naissance infime, n'aspirait-qu'à tuer, à
charser ou à dépouiller de leurs honneurs tous les Francs de
Énnottt ET SaINT LÉoER. lg
haute rece, pour leur substituer des gens de basse origine. I
Une légende, qui se répandit alors, racontait qu'un homme,
aveugl6 pûr ses ordres, s'était retir6 à l'île Barbe, près de
Lyon ; une nuit, il entendit un bateau qui remontait lecou-
rnnt du Rhône à force de romes, et il demonda au potron où
il ollait. Une voix tenible lui répondit : < C'est Ebroîn que
nous emportons à la choudière infernalel u Et la victime
du terrible maire se mit à prier pour son âme.
Cependant les écrivains de ces vieux âges ne sont pas
tous si durs. Un d'eux parle ainsi : r EbroÏn réprimait viri-
lement toutes les méchancetés et les iniquités qui se com-
metteient sur Ia surface de la terre; il châtiait les forfaits
des hommes superbes et injustes; il faisait régner partout
ln paix. C'étoit un homme de grand ccÊur, bïen qu'il frlt trop
cruel enyers les évAques. n
16. Bataille do Testry (ô87). La mort d'Ebroin
msrque la chute de la puissance royale - des Mérovingiens.
Son successeur, Bertaire, voulut continuer son æuvre, et
marcha contre Pépin d'Héristal à la tête d'une grande
multitude de petites gens. Il fut battu et tué à Testry. La
Neustrie était vaincue per I'Austrasie, lo royaut6 por I'aris-
touatie, la famille de Clovis pu celle de Pépin.

LECTURE.
- Galeewinthe.

Le mariage ile Sighebert, ses pompes, et surtout l'éclat que lui prêtait
le rang de sa nouvelle épouse, flrent une vite impression sur I'esprit
d'llilpërik, roi des Francs de Néustrie. Au milieu des femmes qu'il ai'ait
épouiées à la manière des anciens chefs germains, sans beaucoup de
cèrémonies, il lui sembla qu'il menait une vie moins noble, moins royale
oue celle dé son ierrne frère'. Il résolut de nrendre. commeliri. uneépouse
de haute naissanee; et, pour I'imitcr en fout point, il fit paitir unè am-
bassade ehargée d'aller demander à Athanagiiild, roi des Goths,la main
de GaleswintÈe. sa fille ainée. Irlais cettedemânde rencontra des obstacles
qui ne s'étaieni pas pré;entés pour les envoyés de Sighebert, lorsqu'il
dvait dcmandé lâ rrdin de Bninehaut. Le biuit des d"ébauches du ror
de Neustrie avait pénétré jusqu'en Espagne. Les Goths, plus civilisés
oue les Fraucs. disàient hdutement què l-e roi lliloérik menait la vie
d'un païen, Dé son côté, la fille afnée d'Athanaghild, naturellemenl
timidri et d'un caractère doux et triste, tremblait à-l'idée d'aller si loin
et d'appartenir à un pareil homme. Sa mère Galeswinthe, qui I'aimait
tendrement, partageait sa répugnauee, ses craiutes et ses pressentiments
de malheur. Le roi était indceis et différait de jour en jour la répottse
déflnitive. Des courriers partirent pour la Gaule et revinrent, apportant
enfin de la part du roi llilpérik rine promesse formelle d'abandonnel
toutes ses ferirmes et de vivie selon la loi de Dieu ayec son épouse.
BIST. DE T'R. C. COUPL.
TO EISTOIRE DE TRANCE.
A travers tous les incidents de cette longue négoeiation, Galeswinthe
n'avait. cessé .d'éprouver une.grâlqg répu gnance-porrr l'hbmnre auquel
on la destinait et de vagues inquiétudei puur l'avenir. Les promesses
faites au num du roi Hilpérik n'avaient prila rassurer d'une nianière ir-
-terreur
révocable; saisie d'un mouvement de qu'elle ne nuuvait sur-
moDler, elle courut vers sa mère, et, jetant ses brirs autour d'elle comme
un enfant qui cberche du secours, elle la tint embrassée plus d'une
heure en pleurant et sans dire un mot. Les ambassaderrrs francs se pré-
sentèrent pour saluer Ia fiancée rle leur roi et prerrdre ses ordres Dour
leur départ; mais, à Ia v,re de ces deux femmês sanglotant sur le'sein
I'une de l'autre, et se serrant si étroitement qu'ellei paraissaient être
liées ensemble, tout rudes qu'ils étaient, ils frirent énus et n'osèrcnt
parler de voyage. Ils laissèient. pas$er d-eur jours; et, le troisième, ils
virrrent de nouveau se présenter devant la relne. en lui annoncant cette
fois qu'ils avaient hâte-de partir. lui parlant de I'impatience dè leur roi
et de la longueur du chemin. La reine pleura, et ilemanda encore uû
jour de délai; mais le lendemain, quand bn vint lui dire que tout était
prêt pour le départ: n Un seul ,1our encore, répondit-elle,-et je ne de-
manderai plus rien. Savez-vous que là où vous'emmenez ma dlle, il n'v
aura plus de mère pour elle? > Mais tous les retards possibles étaieni
épuisés; Athanaghild interposa son autorité de roi et dè père: et. pxl.
gré les larmes de la reine, Galeswinthe fut remise entre les'rnains de
ceux qui avaient mission de la conduire auprès de son futur épour.
. Une longue file-de_cavaliers, de voitures- et de chariots de bagages,
traversa les rues de Tolède, et se dirigea vers la Dorte du nord. -Ldroi
suivit à cheval le cortège.de sa fiJle.jusqu'à un pont jeté sur le Tage,
à quelque distance de la viJle; nais là reine ne fut st résoudre à re-
tourncr si vite,.et_voulut aller au delà. Quittant-son propre char, elle
s'assit auprès de Galeswintbe, et, d'etape en étape, de'iorirnée en'iuur-
nee, elle se laissa cntrainer à plus de tent millès de distance. Ctiaque
jour, elle disait : << C'est jusque-là que ie veux aller: D et. Darrenue
à ce terme, elle pa.ssait outrè. A l'àppfoche des moritagnes,'les che-
mins devinrent dilficiles; elle ne s'eh- apercut pas, et voul.ut encore
aller pltrs loin. IIais c0mme les gens qui [a sùivaient, grussissant beau-
coup le cortège,.aug.mentaient lès embarras et les d'aàgers du voyage,
les..seigneurs gglbl résolurent _de ne pas permettre qne leur reine [it-uÉ
mille de plus. Il thllut se résigner d unô séparation inévitable. et de
nouvelles scènes de tendresser mâis plus caimes, eurent ticu dntre Ia
mère et la fille. La reine exprima, en paroles douées, sa tristesse et ses
craintes maternelles : < Soii heureuse, mais.i'ai peur pour toi; nrends
garde, ma fille, prends bien garde...'n A cés uiots riui s'accoitlaient
trop bien ayec ses propres sentiments, Galeswinthe -pleura et rénon-
dit: a Dieu le veut,-il l.aut que.ie me soumette. > Et'la triste sériirra-
tion-s'accomplit-; un partage se ût dans ee nombreux cortège: car,âliers
et chariots se divisèrent, les uns eontinuaient à marchsr en avant. les
aulres retournant vers Tolède. avant de monter sur le char qui devait la
ramener en arrière, la reine des Goths s'arrêta au bord de ia route, et,
lixant les Jeur vers le chariot de sa fille, elle ne eessa de la resaroer
debout et immobile, jusqu'à ee qu'it disparùt dans l'éloisnement e't dans
les détours du cheorin.- Galesrvinthe,
-triste
et résign"ée, continua sa
route vers le nord.
Cependant Hilpérik, fidèle_à sa prom-esse, avait répudié ses femmes.
-Frédégunde elle-même, la plus belle de toutes. ne put échanner à Ia
proscriplion générale. .EIle-s'y soumit avec uné rési'gnation àfparente
catESItrlNTH E. 5t
oui aurait tromné un homme beaucoup plus fin le roi Hilpérik.
que
Celui-ci lui permit de rester dans la maiscjn que devail, habiter sa trou'
velle éoouse.
-lés-ôreniers
mois de mariage furent sinon heureur, du moins pai
sibies,'pour Galeswinthe. Douei et patiente, elle supportait avcc. rési-
qnatiOn ce qu'il y avait de blrsqlerie sauvage dans le..caractere.de son
h-aii. n;aitt'eurs'llilpérik eut qirelque teprlis..pou.r elle.tne véritable
afl'ection : il I'aima d'abord nar vattité, ioYeur d'avotr en elle une el)ouse
àussi noble que cclle de stin frere;'il'friis, lorsqu'il fut un peu blasé sur
ce contentenient d'anour-Dtoptet I'aima par avarice,- à cause des
'qu"etlti avait apprirtées. trtais, après. s'être
srro,lôs-Jormes d'argcnt
éomnlu queloue temnÀ dans le calcul de tOutes ces richesse3' tl ces5a
àtv irouier ilu olaiiir et, dùs tors, aucun attrait ne I'attacha plus à
ôdtei*intne. Ce'qu'il y ivait en elie de beauté morale,.son peu d'or-
s;eit. sa charité dnverË les nauvres, n'étaient pas de natttre à le char-
heî.'fiOr]O.,tôntte ieprit bienLôt sa piace auprèd de Hilpérik, et,fit.éclat
de SOn nurttveau trionrfrhe. DIIe affecta mème envers l'épouse d-edalBnce
dàstaits hautains et rnénrisants. Doublemcnt blessée cbmme femme et
cJr*e reine, Galesrvinttre pleura d'a5urd en silence;.puis elle osa se
niainare et dire au roi qu'il'n'y Avait plus dans sa maison attcttn hon-
i"or oô,,* elle. mais det iniurËs et des alfronts qu'elle ne pouvait sup-
pàtterl Elle demanda comme une grâce d'être répudiée; elle offrit d'aban-
â;;;;i'toit-ii qo'ette avait aplrorté avcc elle, pourvu qu'il lui fùt
oermis de retourner dans son paYs.
'-Laïanàon volontaire d'un iiclre trésor, le désintéressement par flerté
d'âme, étaient des choses incornprélrensibles_ pour le roi. Ililgerik,. et'
n'eu àii',1 pas la moindre idee,'il ne pouvait'y croire. .rl.us.si, pplgrç
lôur sÏncerifé. les naroles de lâ lriste'Galesrvinthe ne lui inspirèrent
diautre sentimenl, qir'une dé[iance sombre et la crainte de perdre,. par
une ru0trrre 0uverte. des riCltesseS qu'il s'estimait heureux d-avolr en
Ji oos*ei.iÀn. ilIaitrist,rt ses émotioris et dissirnulant sa pensée avecvoix la
iirË-,fii-srirvage, il clangea tout à coup de maniè.res,. pr.i[ une
àô*.. ri ciresrinie, fit d'és pr0testiltionÀ de. repentir ct d'amour, qui
iromnOr*nt ta fitle â'tttranagùittl. Elle ne parlait' plus. de.séparatior, et
se flàttâit d'un retour sincère, lorsqu'une nuit, par I'ordre du .101,. u.n
ieroilcii.atndé hrt inlroduit dairs sa ciranrbre et l'élrangla pendant qu'elle
dormait. En la trouvarrt morte dans son lit, Hilpérik joua de- son mletll
la surnrise et l'afflietiol; il fit mêmc sem[]ant de verser des larmes'
quelqucs jours après, i[ épousa Frétlcgontle.
et,'Àiïsi
ioouri t ccite'feune feryïme, qu'une Iorte dc révélation intérieure
.etnfiiitïertir d'avdnce du sort ilrii tui était réservô, c0$me figure mélanco-
u,ne ap-
linue et douce qui trarersa la barbarie mérovingiennc.
nrrition d'un nuire siècle. NIalgré la rudesse des mccttrs et la deprava-
iiiriîenOriià. ii v éui dcs âmës q1i se sentircnt ètrtucs en présenee
a'iirdiof.rf"ie a'isii neu méritée,' et lerrrs sympathies prircnt,.selon
I'esnrit du temnS. unô cguleur sttperstitictrse. 0tt disrit qtt'tlne lampe
de èristal susrrôndue près du tonrlreau de Galcsrvintbe, Ie Jr)ur de ses
fùr;;;lii;-;;;,liulï àêrdit,ee iuSiterrretrt, .sans que pcrsgnne-y portât la
rriï. ôr qi,'elle était tonrtrée sur le pavê de marbr'e,latre sans se.briser et
sans s'étein<.lre. De semblables récitJ peuvent nous sounre.; mals
i" .iiiO"* siecte, quana ces légerrles passaienl de b'uche en bouche
cjni*e fternrèssiôn'vlvinte et p'oétique'des sentiments et de la foi.po-
iirïiiièr. pensif, et'l'on irleurait en les entendant raconter.
r-'-----' ôf,âevenaitA'ugustin Trrrnirr, Temps mérouinginns, t
62 EISÎOIRE DE FRANCE.

BXENCICES ONÀUX UT ÉCNIÎS


l. trplioation iles mots. - Austrasic, c'est-à-dire pays de I'est,
ancienne division de la France qui correspond aux dépariements du
nord-est. Neustrie, pals de ['ouest, aniienne divisiôn qui corres-
-
Dond âur nrovinces du'nôrd-ouesI.
- Bourqoqne. anuenne Droylnce
ftui a formé les départements de I'Ain, S-aôîe-ét-Loire, Cdte-d'Or,
Yonne. Metz, ancienne préfecture de la Moselle, aujourd'hui rille
- chef-lieu de canton de l'Oise.
allemande,
-Noyon,
de la Seine-lnférieure. - Ro[ten,
Saint-Denrs, sons-préfecture
préfecture
de la-Seine.
-
Saint-Cloud, ville de Seine-et-0ise, près i'aris, aucienne résidence -
r0yare.
8. 0uestlonnaire. les fils de Clovis.
- Nommez
Nommez les ûls de Clotaire lor. - Qu'ont-ils fait? -
0u'appelait.on Neustrie et Austra-
sie? - Qu'est-ce que Brunebaut- et Frédôgonde? Cr-rmment périt
Brunehaut? Donnez les dates de I'avèrrerirent et de- la mort de Da-
gobert. -
Quels furent ses ministres? - Qu'a-t-il fait? Qu'appelle-
-
t-on rois fainéants? -
Qu'est-ce que les maires du palais? Quels
-
rôles jouèrent-ils en Austrasie et en Neustrie? Ràcontez --
I'histoire
-
d'Bbroîn.
bataille.
- Qui fut vainqueur à Testry? - Donnez la date de cette
3. Ilevoir à rdrliger. Raconter brièvement les causes, les princi-
paur événements et lee- résultats de la rivalité de la Neustriti et de
I'Austrasis.

v
LÀ socrÉTÉ FnatrQnE
gOUg LSS UÉROVINGIENS
rEço!f
l. f,e 0aulc franque. *
Lea Gaulois, délivréa des Romains, su-
bireut lc despotisme brutal des Francs.
â. La gooiétô mérovingi€ue. On remarquait chez les Franca
quatre classes d'hommos : leg - loudes, lee hommeg libres, les
ti'ibutaires et les eerfs, et troie sortcs de propriétés : Iee alleur,
les bénéfices of les terres tributaires. Chaque homms euivait la
loi de sa nation,
3. L'8glise.- L'Bsliso. sui avait essayé de défendre la nonula-
tion conlre la flscaÏité dei empereurs, joua le même rôle'côntre
I'svidité des barbares. Saint-Maur, disciple de saint Benoît, et
eaint Colomban, fondèrent des monastères qui défrichèrent leg
terres et congervèrent le dépôt des connaisstnces de I'antiquité.
C'est ds lir que partirent les apôtres de la Germanie.

nÉar
l. Ira Boclété mérovingtenne. A lo mort de Clo-
-
vis, le Goule n'est pas encote tout entière û,ux Francs, mois
tÀ s0clÉTÉ rnaN0uE s0us tEs MÉR0vlNolENs' 63

leur puissence, appuyée sur I'assentiment des peuples et


I'alliaïce du clergô, esl, désormais solide et prépondérante.
0u'était-ce que relte singulière société qui comprenait tant de
Jonditions différentes ét dans laquelle se pressaient des
Romains et des bat'bares, des leudes et des évêques, des
ûommes libres, des colons et des serfs?
Les Gaulois ne Iirent que chonger de maîtres : &u lisc im-
périal succéda le fisc royol, 8,u comte romain le gra/barbare,
à I'oppr"rsion systémaiique la domïnstion brutale et fan-
tasque. Toutefoii les impôts se payèrent en nature plus sou-
veni qu'en monnaie, ôf devinrent pel conséqu.ent moins
é6asants. Bientôt même les rois séntirent qu'ils avaient
besoin d'une administretion dont les vaineus connaissaient
seuls le mécanisme. Ils les appelèrent à eux, les opposèrcnt
à leurs leudes indociles et farouches, et consultèrent avec
une véritable prédilection les évèques et les comtes romains.
2. Etat dès perso'rres. - Les hontmes libres étÈient
répartis en trois ôlasses. Les leud,es francs ou gallo-romains
dameuraient près du roi dans sa truste ou suite, ou bien ils
étaient chargés de gouverner un ou plusieurs cantons en
qualité de d-ucs ou de comtes. Les hommes libres étaient les
compagnons du
fropriétaires de terres franches sans être les
roi.'Leur nombre diminua rapidement, parce que leur isole-
ment les exposait aux entreprises des grands. Les colons ou
tributaùres disparurent aussi peu à peu, les uns ré_duits au
servage, les a-utres élevés au rang de bénéliciaires. Les scrfs
ou ,sàrores étaient dans une condition très misérable, moins
précaire cependant que sous la domination romaine; on p-rit
i'hubitodr àe les laiiser dans leurs chaumières, de les vendre
sans les séparer ni de leurs familles ni de la terre qu'ils cul-
tivaient.
3. Etat d.es terres. Les tenes formtient trois sortes
dc propriétés. Les alleun-étaient les lots tirés au sort, entre
les ïonquérents, qui y vivaient dans une indépendonee abso-
lue, obligés seuie*ent ou service militairc, lorsque-l'assem-
bléé génÀrale décidait la guerre. Les fi,efs, ttrjtéfices ou bienfaits
étaieit des portions dislraites par les rois ou les chefs puis-
sants de leurs propres domaines, et conférées à leurs leudes,
. coml)rgnonr oo fid'Utes, ma.is sous ccrtaines conditions. Tantôt
viagàr;, tantôt héréditaires, tantôt rôvocables tr volonté, tantôt
tedporaires, les bénéfices ôbligeuicnt toujours le délcnteur à
des iervices militaires et domestiques. Les temes tributai'res,
54 EISTOIRE DE FRÀNoE.
qui étaient les plus nombreuses, payaient un cens au trésor
du roi ou à un pnopriétaire particulier.
4. Lrégislation. Il y ovait dans la Gaule mérovin-
gienne.autnnt de lois- que de nations; meis toutes avaient
quetre principaux coractères communs. Elles étaient person-
nelles et non territoriales, c'est-à-dire que chaque Lomme
était jugé d'après Ia.loi de son peuple et non d'apiès celle du
peuple chez lequr:l il habitsit. Elles étaient purement pénales,
c'est-à-dire qu elles ne s'occupaient gu'à rôprimer lei crimcs
et ]es délits. Elles adrnettaient la côutumà dr wehrgelttr ou
composition et du freil,, pa.r laquelle un coupable pouvoit
toujours se rocheter à prix d'argent. Le wehrgeld était la
somme donnée à la victime ou à ses héritieri à titre de
dommages-intôrèts; le fred, la somme payée au roi à titre
d'amende. Enlin clles instituaient dans l-'instruction des pro-
cès les conjurateurs qui attcstaienl prr sermcnt ra véracité rle
I'une des parties. Toutes ces lois étàient des coutumes tradi-
tionne.lles, originaircs de la Germanie, qui furent rédigées
après la conquête, lo loi des Bourguignons ou loi Gombette
et_celle des Visigoths, à la fin du cinquième siècle, 10, loi
salique et celle des Ripuaires, au commencement du
septièmc.
5._ L'_EgIiBe. L'invasion pesa lourdement sur le pays
-
envahi. En vain quelques rois essayèrent-ils d'en allégôr ie
poids, tous échouèrent; et Ia population sujette serait iestôe
sans défense, exposée &ux coups de la bartarie, si I'Eglise
n'ovait opposé aux conquérants les préceptes de I'Evan[ile.
Sa.int Remi protégea Ie peuple coutre les soldtts de Clovis ;
saint Germain, évôque dc Paris, imposo aux envahisseurs lâ
respect dc son caractère; saint Grégoire, évêque de Tours,
Iit entendrc &ux l\[érovingiens de sévères avertissements;
!!cfti-ug, évèque de Trèves, reprocha ou petit-fls de Clovisj
Théodebert, ses désordres et ses violences, et lui lit baisser
Ie tête.
6. Les monastères. Mais les richesses du clergé le
-
corrompirent; les rois distribuèrent ou vendirent la di[nité
épiscopale, et introduisirent dans ce corps jusque-là si rcs-
pectable des fiqvoris vicieux, grossiers et ignorCnts. Àlors se
forma dons I'Eglise une nouvelle milice, celle des moines.
Saint Benoit de Nursia fondn le monastère du nront Cassin,
en ltalie, et son disciple, saint Maur, apporta la règle béné-
dictine eu Gaule (5&8) : \'ceux perliétuels eprès un an de
ta s0clÉTÉ lneu0us s6us lns uÉnoYlNGlENs. 85

noviciat, obéissance passive envers I'abbé une fois élu par


les rnoines, travail de dOfrichement et de culture, tels- sont
les principaux points de cette règle célèbre. En 5l?3, I'Irlan-
dais saint-Colomban vint fonderle monastère de Luxeuil qui

Un monastère.

envoya tant de missionnaires B,u delà du Rhin. Les cloîtres


de C-olornban et de Benoît se remplirent d'une prodigieuse
population. Leurs rnoines furent les gardiens de la.loi, les
ionservateurs des lettres et de I'Evangile, les ouvriers du
travail libre et pacifique, les dépositaires des lumières
transmises ptr les âges précédents, et que les tempêtes de
la barbarie eussent éteintes, si leur main ne les eùt pas
protégées.

LECTURE.
- Un roi mérovingion.
La famille mérovingienne, devenue maitresse de la Gaule,, nq sot:gea
pai â âetr"iie les insiitutions politiques qu'elle y trouvait établies.. Elle
frétendit, au contraire, g6uverner à la mantère lgmalne et cùnllnuer
I'empire.
- -Si'nous
voulons nous faire une idée exacte de ces princes, il fartt
nous ieniésentei àes hommes qui parlent le latin, qui s'habillent à la
ro*ainri-, qui sÙccopent à écrire en'latin, qui se plaiient,surtuul à sié-
eèr ior ieirr nrétuir'e à la laçon des emperôurs, ei à y dicter des arrêts'
Ëo .oorerurn't ie titre 4e roi rles Franis, ils y ajoufent volontiers les
titres tout romains de patrice et d'homme illustre.
56 HISTOIRE DE FRANoB.
Ils prennent
.le seeptre, la le.s insignes impériaur, Ia couronne d'or, le trône d'or,
chlamyde et la tunique de pourpre. Lerirs imases lei
représentent en costume d'empereurs romains e[ eu robe consul-aire.
lls ont une cour, qu'ils appellent, comme les empereurs. le Dalais
sacrél 0n leur voit une suite de dignitaires et de courtisans'qui's'ap-
pellent comtes, domestiques, chancellers, ré[érenrlaires, caméricès. Toûs
ces noms sont romains; toutes ces dignités sont passées du palais des
emp.ereurs dans le pal-ais des rois francs. Les hommes des plris grandes
familles, Francs oï Gaulois indifféremment, se pressent à cel,ti cour;
rangés autour du prince, ils attendent des rirdrei; ils lui font cortègé
dans ses fètes. Les eufauts de la plus haute naissance forment une
sorte d'école de pages où ils apprennent à servir. Cette vie de cour
est large et brillante; il ne faut pas se figurer ces rois vivant dans des
fermes de paysans grossièrement-construftes; ils ont à leur disposition
les nombreux palais qui avaient été construiLs an siècle précédént pour
I'usage des empereurs ou de leurs fonctionnarres.
Cette royautë n'était pas élective. Quelques historiens ont professé
que le droit public des Francs prescrivait que le roi fùt élu par le
peuple; mais cetle assertion ne s appuie sur àucun fait, sur aucrin do-
cument de cette époque. Les fl)s dc Clovis lui succé,]èrent sans au'il v
efrt même une apfarènce d'élection, et iten fut ainsi durant un siiicle ei
demi. Fusrer. ns CoulrNce s, Institutions d,e l'ancienne France,

EXERCICES ORAUX EÎ ÉCRITS

l. lrplioation des mots. Sou d'or, le sou d'or représentait à peu


près quinze francs.de. notre-monoaie.
dée en toute propriété. - Alleu, AII-dd, terre possé-
l. Ouestionnaire. -.Quelle fut la condition des Gallo-Romains après
la conquète?
- Qu'était+e quo le* leudes, les colons, les serfsi
Qu'était-ce que les alleux, les bénéûces, les lcrres tributaires? -y
avait-il plusieurs lois en Gaule? -
muns de ces lois? - Queis étaient les caractères com-A
Qu'appelait-on wehrgeld, fred, coniuraLeurs?
-
quelle époquq furent rédigées les diverses-lois barbares'i -
rôle de I'Eglise à l'époque mérovingienne ? - Quel fut le
Donnez les- noms de
-
quelques évêques.
- Queltes furent
sainl Maur, saint Colomban?
les fondations de saint Benolt,
services rendirent les moines?
- Quels
3. Ilevoirs à rédiger. Erposer l'état social et politique de la Gaule
-
après I'invasion des Francs. les servicei rendïs par I'Eglise
à'la société franque. --Erposer
CHAPITRE II
L'EIilPIBE CINt(lUIhHEil,
_ tA ffiAIICE FÉ(IDALE

(687-S87)

I
errÈununNT DEs caRLovrlrcrtNs
rEç0N

l. Pépin il'Eéristal. La famille carlovingienne, puissante


'daus I'Eglise -et parnri les leudes, possédait depuis Ia
t
la fois-Ae
Dagobcit la mairie d'Austrasie.- Âptat sa victbire de
-ort -f'érrin
f*t.v, tl'lIéristal retourna sur les bords de la IIeuse,.fit
lqgq".i,." .âux nations germaniques et seconda les efforls tles
mrsslonnalt'es.
!. 0harl,s Martel. Son fils, Charles l\Iartel, vajnqueur des
Neustriens, protégea- saint Boniface, apôtre de la Germanie, -et
.auua nar iif victoire de Poiticrs la chr:ctienté menacÉe par les
,trunè.'. II mourut, laissant, Ia Gaule et la Gcrrnauie réunies,
àômrue
--e. au temps de Dagoberl sous la nêrne autorité.
nepin te Brôf, roi (?587.- iarloman et Pépin réforPèrent Ie
clercéiranc par ics dècrdts dcs cour:ilcs de Lcptinus et de Sois-
sons": Carlodan se retira au monl Cnssin, ct Pépi-n' reléguant
dans'un cloîlre le dernier l\férovingion, chilrléric Ill, prtt la cou-
iJnne ioyale, avec I'assentiuenL du pape Zachalie 1?52)'
4. trroéËitiois rle Pépin le Bref contre les Lombards et les Aquitains.
Ie Bref batlit tlcux fois Àstolphe, roi des-Lombards,
--pépio
lui enleva I'exarchat de ltavennc, la Pcnlapole-et- la Roruagne et
lcs donna au pûpe. Il flt encore une guerrc de ltutl anDèes aux
Âauitaiu.. qu'il èoumit après la mort-rie leur duc WirÏfer'
t. Cnartôs'et carlornan. -- Ses deux fils, Charlcs et Carlonran,le
-
..ïu.iosô..nt I'empire des Francs, mais ia mort de Carloruan
laiôsa toût entier à-Charles (77t).

RÉCIT

1. Origine des Garlovingiens. - Pendant les san-


glentes luites de I'Austrasie et de ls Ncustrie,-l'empire dcs
Inranes s'était dissous, faute d'un roi oapable de le maintenir.
Les peuples y&incus, Frisons, Saxons, Thuringiens,- Ala-
mrn;, Bavarois, Bretons et Àquitains, avaient 1leu à peu
reconquis leur indépenrlancc, et allaient pâsser de ln gtrerre
3.
58 HISTOIRE DE TRANCE,
d'affranchissement à la guerre de représailles. Alors, se pré-
sent&, pour défendre l'æuvre de Clovis, I'héroTque lignée-des
Carlovingiens.
Cette puissante famille e un cersctère à la fois saeerdotal
et aristoæatiquc. Par ses grands domaines de la Meuse et le
nombre de ses leudes-, elle exerce sur les Austrasiens le pres-
tige de la richesse et I'autorité patriarcale des chefs de tribu.
Par ceux de ses membres qui occupent dcs charges ecclésias-
tiques, elle tient à I'Eglise et prolite de son alliance, comme
Clovis en a proûté. L'aieul paternel de Pépin d'Héristal était
Arnulf, évêque de Metzl son aïeul maternel, Pépin de Lan-
den, étnit le plus puissant leude de I'Austrasie.
2. Pépin d'Eléristal. Le vainqueur de Testry se
- en Neustrie. Il y laissa un
garda bien d'établir sa résidence
de ses {idèles pour surveiller le peuple et lc roi, et il retourna
dans ses domaines patrimoniaux, 0"u milieu des bénélices de
ses leudes, là où étaient tout ensemble Ia force et le denger.
Il rétablit I'usage des assemblées guerrières ou champ{ de
mars et commenga contre les Germains païens une lutte dans
laquelle il usa sa vie. Il fit dix cempagnes contre Radbod,
due des Frisons, et parut comme I'auxiliaire des nrissionnaires
chrétiens. Saint 'Willibrod pénétra dans la Frise en même
temps que Pépin et y fonda I'erchevêché d'Utrecht. Les
Bavarois furent convertis par Rudbert, évêque de W'orms;
les Alamans, trois fois vaincus, se soumirent à le suprématie
des Francs et à la loi chrétienne; les Saxons furent repoussés.
L'année qui précéda ls mort de Pépin fut Ia première où il
nè {it, pas de gueues. Il vieillissait, et il songeait, à assurer
son ouyra.ge &vec sa succession. Des deux lils que lui avait
donnés sa femme Plectrude, l'aîné, Drogon, était mort; le
second, Grimoald, fut assassiné à Liège, dans l'église de
Saint-Lrmbert. Il avait un autre fils, Karl ou Charles. né
d'Alpaïde, qu'il avail épousée par I'anneau et le denier, sui-
vant la.coutume germanique. Charlcs, accusé de la mort de
son frère, fut privé de tout droit à la succession paternelle et
emprisonné. Pépin monrut la mème année (714).
3. Charles Martel. La mairie appartenait à un
-
enfant de cinq &ns, Théodoald, Iils de Grimoald, et la
royauté à un enfant de quinze ans, Dagobert III. ( C'éts,it,
dit Chateaubriand, un fantôme sur un fantôme. r plectrude,
veuve de Pépin, essB.ys. en vain de contenir les peuples sou-
mis. Les Neustriens prirent pour maire Ragenfried, battirent
ÀVÈNÊMENT DES CÀRLOVINGIENS. 59
les Austresiens dans lo forêt de Compiègne et s'allièreut
avec les Aquitoins et les tribus de la Germanie. charles
*'é.huppu aÏors de la prison de Cologne, forga Pleetrude à se
retirer àans un couvent, et fut reçu s,vec joie par les leudes
de son père. A peine proclamé il,uc olt, chef de guerre, il
battit lei Neustriens à Àmblef et dispersa, I'année suivaute,
à Vin.y, leur armée nombreuse 9t mul oguerrie (?17)' Il
gut*toyoit sur les bords du Weser, lorsqu'une nouvelle
inna*iott le rappela. Le maire de Neustrie avait obteuu le
secours d'Eudes, duc d'Aquitaine, et s'avançait avec toutes
les forees de la Gaule ociidentale. Il fut vaincu à $ois-
sons (?19), et conûné dans I'Anjou. Eudes fil la paix en
livrant Chilpéric Il au vainqueur, < qui le traita miséricor-
dieusement et le fit roi sous son autorité. >
4. Charles Martel et I'EgIiBe. - Mais, après la
victoire, les soldats austrasiens réclamèrent leur récom-
pense, ôt it fottot leur donner en bênéûce Ie p^ays qu'ils
ienaient de conquérir; les biens de I'Eglise ne furent pas
ulus respectôs que leÉ autres. Aussi, le clergé poussait-il
des cris-d'indignation contre le tyran austrasùen; l9 p"p'
Grégoire ll se tù.
Comprit-il que cette spoliation élait l'æuvre
d'uie armée indocile, et se côntenta-t-il de 6émir de maux
inévitables? Distingua-t-il, avec la clairvoy&nce d'un homme
supérieur, le protecteur des missionnaires ? Dans le même
-il
teirps (?â3), partir pour la Germanie le grand
faisuit -lui
apôtre daint'bonifoce; il donnait, pour Ie prrissant duc
d?s Francs, une lettre adressée tt ou seigneur Charles, ton
glorieux lils D ; et charles accordait à Boniface son patronege.
Ivee cette sssistance, le grand missionnaire put s'ovancer
dans les pays des Hessois, des Thuringiens-, des Alamans,
des Bavarôis et des Frisons, renversant les arbres socrés, et,
des bois des idoles, construisant des chapelles. La uaiute du
duc des Francs anêtait lo vengeance des païens. < sans les
ordres de Charles, éuivait I'apôtre lui-même, ie 19 poumais
ni diriger le peuple, ni défenâre les prêtres,-les diaqes, les
moinel et leiservantes de Dieu, ni interdire les superstitions
des poiens et le culte sauilège des idoles. >
5. Invaeion des Arabes. - Ainsi, I'Eglise reconneis-
sait son ollié nnturel dans son spoliateur pessager. charles
ne tarda pas à rendre à la couse du christianisme et de la
civilisation occidentale le plus signalé de tous les services.
Mahomet (570-632) ovoit donné aux tribus ardentes et
60 EISTOINI DE FRANCE.
belliqueuses de I'Arabie-lne religion qui faisait de la
suerre
une
.loi, et, en moins d'un siècle, les^ Arabe, roorirJni on
gppire plus vaste que celui d'Alexandre. am.ou sàumit
l,!q{Otr, {ouga- rcndir musulmane la côte ,.piunt"io*fl A.
I'Afrique, Tarick conquit |Espagne sur rcs 'virigoit
Arabes, grossis des Berbères ei dlr Maures, oenoiaïrent
s i' tes
au
nord des Pyrénécs. Eudes*duc d'Aquitainr, uuinquàr,
i-roo- -ron
louse, battu à Bordearix, s'enfûit prO* au df,urbi
ancien ennemi, se reconnut tributairé et demanda
aidc et

Batailie de Poitiers.

vengeence. Pcndant ce temps, l'émir Abd-el-Rha.m&n rassem-


blait, de*ière la cha-rente, ses escadrons de piilartls, res
pcussait en &vant, brrrlait poitiers et la basiliq* ae saint-
Hilaire, et se portait, sur Tours, attiré par la ônommée du
riche sanctuaire ile Saint-Martin.
6. Bataille de Poitiere (782). Charles fit pous-
ser le cri dc gue*e d.ans tout |empire- des Francs. Âqui-
tains et Gascons fugitifs, Neustrieni menacés, Austrasiens
jusque-là triomphants, Thuringiens, Alamans, Frisons,
ûrvarois e[ saxons, tous accoururent à Ia voix du grand
chcf de la Germanie. L'Europe chrétienne et l'Asie";u-
sulmane se rencontrèrent entre Tours et poitiers. pendant
huit jours, les deux armées s'observèrent ayec étonnemcnt,.
Les Francs, serrés les uns contre les autres, semblaient
des
( lnurs de giace, contre lesquels les musulmans, urmés à la
légère, venaient se heurter sens y faire imprcssion r. Le
AVÈNEMENT DE$ CARTOVINOIIiNS 6I
metin du huitième jour, Abtt-el-Rha.m&n déploya sur sa tente
l'étendard du combat, et les Arabcs engagèrent la bataille.
Déjà ils avoierit fourni bien des charges, sans pouvoir enta-
mer le front de bataille des Francs, lorsqu'ils apergurent,
derrière eux, leur ca,mp en llammes : Eudes d'Aquitoine
avait fait un délour et incendié les tentes. Abd-el-Rhtm&n
ne put retenir ses soldsts I tous se précipitèrenI pour sauYer
leurs richesses, fruit du pillagc de la Gaule. Les Frsncs
s'ébranlèrent, poussant les fuyards et les abattant sous les
coups de leurs framées. Ils s'antôlèrent à I'entrée du camp
et y passèrent la nuit. Le lendernain, ils s'altendaient à
recommencer la lutte, mais ils trouvèrent les tentes vides
et la plaine silencieuse. Les Arabes s'étaient enfuis. Le mur
d,e glace des Francs fut la barrière de leurs conquêtes, et
Charles fut le marteau qui les émasa.
7. Mort de Ghartes Martel. - Charles partagea le
reste de sa glorieuse vie entre la guerre oontre les Germains
et la guerre contre les Arabes, ll prit Avignon, Nîmes, dont
il essaya d'incendier les arènes, Agde et Béziers, battit l'érnir
0mar sous les murs de Narbonne, el réduisit, avec I'aide de
Luitprand, roi des Lombards d'Italie, le duc Maurontius
révolté. En 741, le pape Grégoire Ill, abandonné pa.r les
empereurs de Conslantinople et menacé par les Lombards,
Iui envoye les clefs de lo tonfession de saint Pierre en
lui olfrant la sour.eraineté de Rome et le titre de consul.
L'ambassade pontificale fut regue avec les plus grands hon-
neurs, ms.is Charles l\{artel n'eut, pas le temps d'aller ûu se-
cours de Rome.Il mourut dans sa villa de Kiersy-sur-Oise(74l).
Telle fut lo vie de ce glorieux barbare : plus grand que
son père et son fils, il ne fut inférieur qu'à son petit-fiIs.
Charles Martel, c'est Charlemtigne sans la gloi*e des lcl,tres
et, sans la couronne impériale.
8. Garloman et Pépin le Bref.
- Carloman et
Pépin
le Bref, ses lils, devinrent maires du palais. Ils prévinrcnt
les mécontentements en tirant du cloître le Mérovingicn
Childéric III, fls de Thierry IV, qu'ils couronnèrcnt. lls
donnèrent satisfaction à I'Eglise par la restitution de ses
biens, et, avec I'aide de saint Boniface, ils réformèrent le
clergé franc aux conciles de Leptines et de Soissons : la guere
et lo cTrasse furent interdites aux prêtres, la polygamie ger-
manique sévèrement défendue, la hiérarchie ecclÔsiastique
reeonstituée, la règle bénédictine imposée à tous les monos-
62 EIsTOIRE DE rnÀNcg.
tères, enlin les évêques furent institués juges d,es rnæurs,
9. Pépin, roi (752).
monde, se fit moine au mon[ - Bienrôr Carloman, dôgutré du
Cassin. pépin s'empara de sa
part, battit les Saxons et les Bavurois qui souténaient les
prétentions de son plus jeuno frère, et songea enlïn à chan-
ger son titre de maire pour celui de roi. a Burehard, évêque
de-Wurtzbourg, et Fulrad, prêtre chapelain, furent-enooyôs
à Rome au pape Zocharie, alin de consulter le pontife tou-
chant les rois qui étaient en France, et qui n'en ivaient que
le nom s&ns en avoir en oucune façon lapuissance. Le pape
répondit par g.n message, qu'il valait mieux que celui qui
possédait déjà I'autoritÉ de roi le fùt en effet, et, donnant son
assentiment, il,enjoignit que Pépin fù[ roi; pépin fut donc
eppelé roi des Francs, oint pour cette dignité ïe I'onction
sacrée par la sainte main de Bonifoce, orchevêque et martyr
d'heureuse mémoire, et élevé ou trône selon la coutume dôs
Franos, dans lo ville dc Soissons. Quant à Childéric, qui se
parait du faux nom de roi, Pépin le ût raser et mettre dans
un monastère. p
Ainsi tnit cette dynostie mérovingienne, jadis si brillante;
elle s,chevo de mourir plutôt qu'elle ne périt; comme un feu
longtemps couvert de cendres, elle s'éteignit lentement sans
même attirer les regards psr un dernier éclat (zb2)
1O. Expédition contre les IJombards. pépin le
Drefn sacré déjà par I'arehevèque de I\Iayence, ne- tardà pas
à recevoir une deuxième consécration tle ln main du pape,
Etienue II, lui-même. Le pontife de Rome, abandonné par
I'empereur d'Orient et menacé par Astolphe, roi des Lom-
bards, se tourna vers le nouyeau roi des Francs. Il vint à
Saint-Denis, où il fut regu svec les plus grands honneurs,
sama Pépin et ses deux tls, Charles et Carloman, et défendit
aux Francs, sous peine d'excommunication, de prendre des
rois dans une sutre famille (75e). Aussitôt' Pépin se dirigea
vers les Alpes avec l'élite de ses guerriers, foiga le pas de
Suse et assiégea Pavie. Astolphe, incapable de résister, se
décida à traiter. A peine les Francs avaient-ils quitté I'Italie
qu'il reprit les armes et courut à Rome. Le pape implora de
nouveû.u son protecteur, et Pépin châtia Astolphe en démem-
brant son royaume. L'exarchat de Ravenne, lo Pentapole et
la Romagne, conquêtes récentes des Lombards sur les Grecs,
cessèrent de leur eppartenir. Pépin les donna au pape, dont
il constitua ainsi la-puissance ternporelle. Touteioii,'le roi
AVÈNEMENT DES CÀRLOVINGIENS. 63
des Francs, qui portait le titre de patrice, conserv& à Rome le
pouvoir militaire : il prêtait ainsi I'appui de ses_ armes ou
- jt. qui lui rendoit I'appui
ptpt, de son autorité morale;
Soumission de I'Aquitaine. - A peine débar-
rassé des Lombards, Pépin enleva la Septimanie aux Arabes
et déclara la guerre à Waifer, duc d'Aquitoine. Ce fut la prin-
cipale affaire de son règne. Elle commença ps'r des dévasta-
tiôns mutuelles : Pépin r&v&gee Ie tseny et I'Auvergne I
WaÏfer se vengea sur les poys de Châ.lons-sur-l\{arne et
d'Autun. Alors Ie roi des Francs entreprit une gueme plus
méthodique et plus terrible. Il se proposa de faire le _tour
riu grand massif de montagnes qui couvre le centre de la
France méridionole, de tout détruire dans cette vaste plaine
qui comprend le Nivernais, le Lyonnais, le Languedoc, le
Éoitou, lô Bourbsnnais et le Beny, et de cerner le duc d'Aqui-
taine dans les vallées de I'Auvergne. Ce fut l'æuvre de
sept années d'une lulte opiniâtre. Pépin poursuivit son adver-
saire vers la haute Loire, s'avanqa jusqu'à la Dordogne, prit
les villes du plat peys, y pesse I'hiver, coupe les arbres,
brrlla les moissons et atteignit, aux environs du Puy-de-
Dôme, Waifer et ses infatigables Gascons. Le due d'Aquitaine
périt assassiné, et Pépin mourut la mème année (76_8).
I2. Charles et. Carloman (768-??l). - L'empire
franc fut partagé entre ses deux fils, Charles et Carloman.
Le père de Wa'ifer, Hunald, qui était moine au monastère
de Noirmoutier depuis vingt-trois ans, reparut,.pour venger
son Iils et délivrer Jon pays. Les deux frères I'attaquèrent,
mais Carloman se retira bientôt. Charles ehassa Hunald de
I'Aquitaine et le contraignit de chercher un asile chez le nou-
veau roi des Lombards, Didier. En même temps mourut Car-
loman : les leudes francs réunis décidèrent que ses jeunes
enfants n'avaient pas la capacité nécessaire pour commander
à des hommes etlls ndjugèrent à leur oncle Iapert de Car-
loman. Les princes dépossédés se réfugièrent ovec leur mère
ouprès de Didier. Alors commenqù véritablement le règne
de Charles le Grand ou Charlemagne (77l).

le Bref.
IBCTURB.
- eoèou-ent de Pépin
L'étroite union de Pépin et de Boniface amena une grande révolution
chez lés Franes. Pepin ire voulant pas rester .sim.ple conquérant, 9t dq-
sirant changer la souveraineté réelle qui était dans sa famrlle depurs
soixante eÈ dOuze Ans eu Austrasie,-et depuis soixante-quatte ans en
6I EISTOIRE DE FRÀNCE.
Neustrie, en souveraineté légale, s'edressâ, d'après les conseils de Bo-
nifaee, au siège de Rome comme à la source du droit. ll entoya, en 749,
Burchard, évêque de \Yurtzbourg et disciple de ûoniface, et Fulrad,
abbé de Saint-Denis et archichapelain du palais, auprès du pape Zacha-
rie. nour lui demander si celui qui remrilissait lei fonctioirs^de roi ne
méiifait pas mieur d'ètre roi qrrè celui'qui n'en portait que le titre.
Zacharie iépondit que celui-là dcvait être roi qui e.rercait la puissance
r0Yale.
"Dès que
ses envoyés furent de retour, et gu'il apprit d'eux cette ré-
ponse, Pépin n'hésiLa plus. Il se fit éiever sur irh bouclier par les
itranc!, et'Boniface Iui tionna I'onctiorr royale selon te vienx usai4e juif,
dans ld cathédrale de Soissons. Ce fut, thez les Francs et en"Giule,
le premier sacre ecelésiastiqne. Le dernier roi môrovingien, Chiltléric,
fut tonsuré et mis dans un monastère.
Trois ans après, le pape Btienne lI, qui avait succédé â Zacharie, se
rendit lui-mëme auprès de Pépin. Le roi des Longobards, Astolf, ayant
envahi l'Exarchat et la Pentapole, Etienne écrivit au nouveau roi-des
Francs pour demander son assistanee au nom même de I'apôtre Pierre:
u Moi, i'ierre, apôtre de Dieu. ,r lui dit-il, ( qui vous ai pour tils rdoptif,
.je vous adjure, par votre affection, de défendre de ses ennemis cette
Eglise romaine et le peuple que Dieu m'a confié, et la demeure oùr je
repose selon la charr,.parce que vous tous, peuples francs, vous êtes
notre peuple elu Darml les natlons. ,t
EtieÏne II, s'étant abouclré x pxvie avec Astolf, sans obtenir qu'il
renonqâ[ à ses prétentiuns, partit pour la Garrle. tépin, qui avrit eiigé
du roi des Lonàubards qu'il'laissât passer Etienne,'envoya I'abbé Ful-
rad et le duc Rothard à sa rencontre.jusqu'au monaslère de Saint-\lau-
rice, dans les Alpes du Valais. ll alla lui-nrôrne au-dcvant de lui et
I'attendit dans son palais de Ponthyon. A la rue du pape, il rlescendit de
cheval e[ se prosterna devant lui. Etienne lui avant denrandé de le se-
courir contre-les Longobartls, Pépin le Iui prourït par serment, et s'en-
gagea à Iui rendre I'exarchat de Ravenne, Ics droiis et les patrimoines
àe"la répul-rlique romaine. S'étant acheminés ensemble veis Paris, le
pape Eti'enne bccupa le monastère de SrinlDcnis, où il renouvelâ Ie
èacre de Pépin, qu'il étendit à ses deux fils. Cette cérémonie eut surtout
porrr objet d'établir l'hérôdité royale dans la famille nouvelle. Anssi le
lrape en.joignit aux nolLles francs qui y assistaient de ne jamais choisir,
sous peine d'exæmmuication, que dcs rois issus de la race de Pépin.
Etienire nornma de plus patricesïe llome Pépin et scs deux tls, dispo-
sant ainsi d'une digirité ilui n'avait jamais éti conférée que par ies em-
pereurs.
' Pépin, fidèle à sa prorDesse, passa denx fois les Alpes avec une armée,
et força les Longobards à abandonner I'exarchat de llavenne, la Penta-
pole et le duché de Rome, dont il fit donation au siège apostolique. Ful-
iad, abbé de Saint-Denis, fut chargé d'opérer cetie investitrire, et il
déposa dans le conlessionnal de Saint-Pierre I'acte de donation de Pépin
avèc les clefs des villes.
C'est ainsi qu'à Ia suite des relations établies par Boniface entre les
Romains et le-s Francs s'aceomplit le grand changement qui rendit le
I)îpe prince territorial en ltalie.'et fit plrrs tard de'lui le chef srrorème
ile'la monarchie chrélienne en'Europe. Le christianisme commenca à
passer de la domination morale à la domination temporelle, et I'Eglise
à devenir la source du droit et de I'autorité.
I\ltcxnr, Noticcs ltistoriques,
CEARIEMÂONI. 0s

EXERCICES OnAUX ET ÉCNITS

l. Erplioatton deg mots. Héristal, aujourd'hui ville de Belgique,


- Vincy,
gur les burds de la Meuse. village du département du Nord.
-
villase de la Belsique.
-l'ÀisnAmblef.
e.
-l - Sozbsons, sous-préfecturg de
!,eptiné s, v !a g.q d e a B el giq ue. - .E r ar ch al.', Pen t apo.Ie,
-' i!
I'ltalie
anc.iennes divisions de centrale.
de la Oaule entre les Pyrénées et la Garonné.
- Aquitatne, ancienne division
Lombardte, ancienne
-
division de I'ltalie, ainsi appelée des Lombards qui envahirent cette
contrée. La capitale est Àlilan.
1. 0uestionriaire. - Quelle est I'origine des Carlovingiens? - Quelles
sont les causes de leur puissance? Quelle fut la conduite d'Héristal,
après la victoire de Tesfrv? A qui - frt-il la guerre? - Quelle était sa
fdmille? Quand mounrt-il? - Pourquoi Charles ltlartel fut-il ehoisi
- -
Dour duc? - Quelles sont ses trois premières vicloires? - Commenl,
lraita-t-il la Gaule? fit-il pour s'aint Boniface? - Faites connail,re
- Que
les orosrès des Arabes iusrtu'eri l3?.
- Racontez la batrille deQuels
tiers'. -I Quels sont les-derniers succès de Cbarles Àlartel?
Poi-

rapports eut-il avec la papauté ?


-
Quels sont les premiers actes de
Carloman et de lépin le Bref?
- Que lirent lcs conciles de Leptines
et de Soissons ? Quelle fut la - fln de la dynastie mérovingienne? -
Quelle est la date--de I'avènement de Pépin le Bref? - Qrrels sont les
ùractères des règnes des deur premiers Ôarlovingiens? - llacontez les
deux exnéditionsîe Pépin contie les Lombards?-- Quelle est I'origine
tempoielle des plpes?
de la pùissartce
taine.
-- - Racontez la guerre d'Aqui-
Quelle fut- la fin de Waii'er ? - Quels furent les deur suc-
cesseurs de Pépin ? mourut Carloman ?
- QuandRaconter
3. llevoirs à réiiger. la bataille de Poitiers' Racon-
ter les services rendus par- la famille de Pépin à la papauté. - Origine
des Carlovingiens : Pépin d'Héristal, Chule-s Martel, Pépin le Bref.
-

il
CEANI'.EMAGNE
(76&8r{)

rEç0N

|- Gharlemaglo. - Charlemagne fut grend pel ses guerres,


par Bon administration et par la prol,ection qu'il sccorda aur
EAvants.
S. Ouerres da Charlemagûe.
- Il
ût une gueme de treute-deur
BDs aur Sarons. Daïens et meurtriers des missionnaires' con-
traisrrit leur chéf,-Witikind, à reccvoir le baptême à Attigny, et
la soumission du pays tout entier à la tliète de Saltz (803).
rccu-I,
Îl protégea lc pape ed I[a]ie, battit Didier, roi des Lombards,
et prit la éouronne de fer (7?5).
:,

66 -
. EISTOIRE DE FRÀNCE.
Bn Espagne, il repoussa les musulmaus au delà
margré r'échec de Foncevaux, fonda le. mii.n.À d;de l,Ebre, et,F"ilùiù;
et de Barcelone.
Jaloux de sa nuissance, Tassiron,.duc de Bavière, réunit
lui_ tous.ceux ïui avaienr.teur inaef.nîîil;'il;tffiâi;;;.
coutre
à défeudre. l'aËsilon fut rivré, i.. -ô*.. fureut .uÀuu*ËË., ru.""
saxons ôcrasôs, er le peuple nrinuiqJe-aes A;;"; priiiiiiË
sors _el sa puissancc, àprôs une rutfc de sii-annaeË;iôii--""
t.e-
.3. tharlem.asne, empeie.ql..- !n 800, Chirle;as;o','âiÀt r,u*_
jusqu'à I'Elbe, rut coïionnl,
Hï f,Êlllttait
reur d'uccldent,. Ë".Ë'p;;;;;p._
{. Eouvernement de charlemagne. crrarremagne
constitu* son empire pqr dq sages- insiitutionËï eseava ru. cle

"Ëuiii
assern bl écs d'autonr nc ct- de prin tciirps, : i p u niË |u.-;"piiiirirc.
et s'efrorça tte protéger tcs- hornrnès' tlËr..,s,'îË"îaii'i',ilT. r.*
g:i: l:^ *l,{: *:* g:: f Ir ll : g. D; -.iii ;;'sd;;' it âË* ;;ÏilËi ;., -
.
ro vurccs, d cs inspect e urs "
imp ériau s survci llàien r
JËigiï:,liil
5. Renaissauce des Isttres et ires arts. pc.ples, trouvant
quelquc sécurité sous .cc gouvernemcnt - Leg
vlsii;nt,'î.ïioï"n-
cèrert à s'occuper des travàux dc l'csprit. iii;;ld uttiiJ''u rri
ûes nomlres rnstrutts, comnlc ÂlcUin, fOnda I'acatlér:rie du palais
et fit bôtir de nombreuses écoles. '
nÉcrr
l. Charlemag.ng.(zzt-814).
ses victoires, - < Charles,
dit Eginhard, son secrétaire
grend par
et son -histo.iôn,
fut_plus grand encore p&r son génie civilisateur. > La guerre,
I'administration, les lettres, voilà la vie de Charleiragne.
Heureux ceux qui naquirenù et moururent aveo lui t IIs nteo-
tendirent le bruit des armes qu'aux frontières de I'empire;
ils vécurent sous une administrotion bienveillante, qui ne ti
pas le mal, si elle ne I'ernpêcha pas toujours ils eu.ent même
;
assez de sécurité pour se livrer aux travaux de I'esprit, en-
couragés- par I'exemple de ce guerrier qui se faisait îrunilte-
ment l'élève des savants.
2. Guerre de Sare (772-S0l).
- Le plus
plus difûcile des guerres de Charlemagne
l_a
longue et
fut ceile . de
Sye. Les Saxons, ou hommes a.ux longJ couteaux, hobi-
!1ient entre I'Eyder et la mer du Nord au nord, l,Emi et le
Itlin I fouest, la Lippe et I'Unstrutt au sud, I'Elbe et l'Oder
à I'est. La nation comprenait guatre tribus, 'Westphaliens,
0stphaliens, Angariens et Nordalbingiens, subdivisées en
tantons; nobles, hommes libres et colons envoyaient des
députés.B.ux *ssemblées du canton et à I'assemhlée générale.
Leur religion étuit cellc d'oilin ; leur principale idole était
l'Irminsul, tronc d'arbre grossièrement iaillé,'planté au fonrl
at

CHARLEMÀGNE. 67

d'une forôt et représentant Arminius, le héros. de B Ger-


manie, ou lo Germanie elle-môme; les saxons lui olfroient
tous les ans des sacriliccs humains.
La guerre contre les Saxons fut à la fois une Euerre d'am-
bilion] une lutte de races et une *oisade. Charlcmagne
voulaii étendrc sa domination sur un peuple qui avait payé
tribut à ses pères ; il voulait donner satisfaction à la hoine
dcs Francs contre ces ennr*is qui les harcclsient depuis six
il voulait enfin venger les missionnaires massafiés
sièclcs ;
et imposer par la force le joug du Christ.
Âpielé par le missionnaire Libuin, gue le1 Saxons,avaient
*t*tO de mort, Charles s'emp&ra d'Ehresbourg, détruisit
I'Irminsul et en enseyelit les débris. Deux soulèvements ame-
nèrent deux autres fois le roi des l,'rancs ; il prit sicgbourg,
biltit la fortercsse de Lippspring, et décida beaucoup de
Saxons à venir recevoir id baptôme à Paderborn. Mais le
plus famcux de leurs chefs, {Vitikind, s'ôLoit.réfugié chez
ies Danois; il soulcva ses compatriotes, chassa les religieux
du monastbre de Fulda et s'ar;ança jusqrt'au delà du {hin'
Battu à Bockold, il laissa au vainqueur le temps de s'éloi-
gner, et surprit et massacra une armée franquc dans la
iallé'e de Sonthal, près du Weser. Charlemagne, poussé à
bou[, décapiter'à verden sur I'AIler quell_e mille cinq
fit
cents compagnons de witikind. cette terrible exécution
excila iusqï'à la folie la haine des Saxons ; toug se levèrent.
It{ais, repoissôs à Detmold, battus sur le bord de la llase,
truqués ôt mat.actés par des corps francs, qui parcoururent
le 'pays pendant d-eux ans, ils laissèrent tomber lcurs
u.rtnfrjet itritikind lui-même se rendit à la diète d'i\ttigny,
où il rcgut le baptôme ; lo' Saxe et la Frise I'imitèrent' La
Germanie était c'hrétienne, elle allait entrer désormais dans
la société civilisée (785).
3, Soumissioi de la Saxe. - Les Saxons ne lircnt
plus que tles révoltes partielles. Charles enleva du pays
hi" *ittu familles qu'il rempleçe per des Slaves ; il fonda des
évêchés, Brême, Gnabrucft, Paderborn, I\[ùnster, NIogde-
bourg, ilitoesheim, Ilalberstadt, Hambourg, q-ui donnèrent
naissânce aux premières villes d'Allemagne. Lorsqu'il tint
ln diète de Ssitz (803), les Saxons firent leur soumission
déIinitive. tharlemagne a été le uéateur de I'Allemegne'
4, Guerre contie les L,ombards (773'775)' - Ven-
geur des missionnaires &u delà du Rhin, Charlemagne ss
O8 EISTOIRE DE !'RANCE.
montre au delà des_Alpes le-protecteur du pepe. Il rcprochoit
à Didier, roi des Lomberds, d'avoir donné asile eu duc
Hunald et d'o.voir voulu forcer Ie pape Adrien I.. à sacrer les
ûls de Carloman. Il répudia Désidérata, ûlle de Didier. oon.
_champ de mai de Genève, et, après la
voque- Ies Iidèles au
première exp_édition de Saxe, il franchit les Alpes. Ditlier fut
bloqué dans Pavie, s_on fiig Adalgise dansVéroàe, et Charles,
laissant ses comtes dans la haute ltalie, se rendit à Rome.
I fgt reçu en libérateur, confirma la donotion faite par
Pépin, et conçut pour le pape une amitié qui ne se démen-
tit jamais. L'année suivante, Pavie se rcndit; Didier fut cn-
fermé dans un monostère ; Charles prit la courlnne ùe fer dts
rois lombards et laissa au pays ses ducs nationaux. plus tard.
eprès la révolte de Rotgaud, duc de Frioul, les ducs lom-
bards furent partout remplacés par des comtes francs (??5).
5. Guerre aontre les Sanasins (7?8). 'Trois
-
ans après, Charlenragne se tourna contre les musulmans,
ennemis de la foi chrétienne. L'émir de Saragosse, Soliman,
était venu à Paderborn lui demander son appui contre le I
khalife arabe de Cordoue, et le roi des tlancs, convoquant
son champ de mai à Chasseneuil, sur la Garonne, pasJa les
Pyrénées aux deux extrémités de la chaîne. Il prit Girone,
Borcelone, Huesca, Jacan Pampelune, échoua tlèvant Sara-
gosse, parvint jusqu'à I'Ebre, et, voyant tous les musulmans
unis et les Espagnols indifférents, il prit des otages et repassu
les montagnes. Pendant que I'armée détlait sur une longue
ligne, les Gascons surprirent I'arrière-garde dans le vailée
de Roncevaux, tuèrent les hommes, pillèrent, les bagages
et se dispersèrent. Roland, commandant des frontières de
Bretagne, périt dans cette affaire. Tel fut le combat de Ron-
cev&ux, dont le récit légendaire a fourni Ie sujet de I'im-
mortel poème intitulé : Ia Cltanson de lloluttd.
6. Soumissiou de la Bavière (7S?). Tant de
guerres heureuses avaient fait aux Francs bien - des enne-
mis. Tassilon, duc de Ba,vière, essrya de réunir cn un fais-
ceau redoutable tous ceux qui avaient leur indépendance à
revendiquer ou à défendre. Poussé per sa fcmme, {ille du
roi Didier, il fit allinnce avec Arégise,duc de Bénévent, I'em-
pereur de Constantinople, les leudes mécontents de la Thu-
ringe et de la Franconie, et s'appuys sur un peuple hun-
nique, les Avares, qui étaient campés sur Ie Danube et la
Theiss. Une armée grecque envahit I'I[aiie, les Avarcs se jetè-
CEÀR TEITAGN E. 69

rent surle Frioul, le due de Bénévent marcho sur Rome, et


Tassilon envoyùàCharlemogne son défi. Les &rmes et la for-
tune des Francs triomphèrent partout. Arégise mourut,
les Grecs furent jetés à la mer, les Avares chassés jusqu'au
Raab, les leudes rebelles surpris et traduits devant I'assenr-
blée de lcurs pairs; enlin Charlemagne, plagnnt son ctrmp
sur le Lcch, entra dans les pays des Davarois et des Ala-
m&nsr et somma Tassilon de comparaîlre devant Ies comtes
francs, ù Ingelheim, près de l\{ayence. Le duc, abandonné
de ses alli6s et vaincu sans combat, obéit. Il fut condamné à
mort comme traître, et Charlem&gne, lui faisant grâce de la
vie, le relégua dans un monostère. La Bavière fut dès lors
gouvernée par des comtes francs.
7. Guerre contre les Avares (?91-797). - Le roi
poursuivit alors chez eux les Avares. Ce peuple campait au
milieu d'un pays dévasté, dans de vastes enceintes appelécs
rings, divisées en zones concentriques per des retranche-
ments qui avaient vingt pieds de hauteur et autant de lnr-
geur. C'étaient des murailles de piemes, soutenues por des
troncs d'arbres et oppuyées sur des terrassements que sur-
montaient iles haies vives impénétrables. Au centre de la
plus petite enceinte étaient le polais du Kâan et les trésors de
la nation ; dans les autres étaient répartis les villages, tous
placés ù, portée de la voix. Chaque enceinte était percée de
passflges étroits ha,bilement dissimulés, par lesquels pou-
vait circuler la légère cavalerie hunnique. Après Ia guene
des Saxons, cclle des Avares fut la plusterrible et durahuit
ons. Pépin, fils de Charlemagne, le termina par le prise du
ring royal. < Les Huns, dit Eginhard, perdirent toute leur
noblesse. De mémoire d'homme, les Francsn'ontfaitaucune
guerre dont ils aient rapporté un butin plus ebondant et de
plus grandes richesses. Jusqu'à cette époque' on ourait pu
les regarder comme peuvres : mais alors ils trouvèrent dans
le palais du roi des Huns tant d'or et d'argent, qu'on est
forcé à croire que les Francs enlevèrent justement aux
Huns ce que ceux-ci avaient injustemcnt ravi Èux autres
nations. l
8. Dernièree g:uerres. Après la diète de Snltz,
Charlemagne ne dirigea plus- d'expéditions eD personne.
Par ses fils ou par ses lieutensnts, il fit deux guerres &ux
Danois, trois aux Slaves de I'Oder et aux Tchèques de la
Bohême, une &ux Avares. En même temps, il conquérait le
7O EISÎOIRE DE FRANCE.
Dalmatie sur les Grecs, la Corse, la Sardaigne et les Baléorcs
sur les Sarrasins, le fron[ière de l'Ebre sur ]es Arabes d'Es-
pagne. Des stotions maritimes étaient établies aux bouches
du Rhin, de laLoire et du Rhône, et des marches ou comtôs
militaires protégeaient toutes Ies frontières.
9. Charlemagne couronné empereur (g00).
Vers I'an 800, I'empine -
carlovingien avait atteint
ses dernières limiles. C'est
alors que le conquérait
reçut le titre d'empereur.
Il avait é|,é appelé à Rome
par Ie pape Léon III, suc-
cesseur d'Adrien, que les
Romains venaient d'a.cca,'
bler de mauvais traite-
ments. Pendant la nuit de
Noël de I'année 800, il
priait dans l'église de Saint-
Pieme, lorsque le pape vint
lui poscrune couronne d'or
sur la tête, en disant :( Vio
et victoire à Char.les Au-
gustg, couronné par Dieu,
grand et pacilique empe-
f\ reur des Romains ! n Léon
s'assurait de lo sorte un
protecteur contre les atta-
ques des Grees et les sédi-
tions des Romains; ii as-
surait &u roi des l'rancs
lui-même une supériorité
incontestable sur ces ducs
et ces lcudes qui venaicnt
Cbarlemagne empereur.
de se coaliser contre Iui I
il lc mettait hors de pair.
10. Gouvernemeut de Charlemagne. Chàrle-
-
megne ess&ya de constituer per de sages institutions cette
société dont son bres écartait les bnrbares. Ceux des Méro-
vingiens qui avaient voulu étsblir un pouvoir absolu avaient
échoué en attaquant, directement les institutions aristocra-
tiques : il se garda de lcs imiter. Le gouvernemcnt central
CHARTEMÂGNE. 7T

de I'empire appartint à I'empereur et oux assemblées qui sc


tenaient périodiquement au printemps et à I'automne. L'as-
semblée d'automne était une sorte de conseil d'Etat, composé
d'ér'êques, d'oflir:iers du palais et de leudes choisis. Elle déli-
bérait sur les projets de loi, donnait des conseils et décidait,
sous la prêsidence de I'empereur ou du comte du palais,
toutes les affaires urgentes. L'assemblée du printemps, ou
champ de mai, était une grande revue des hommes qui
devaient le service militaire. 0n lui présentait les orticlcs
des lois ou capitulaires prépués par Charles et par son con-
seil, et elle faisait elle-même ses propositions.
Le gouvernement se proposa un triple but : protéger les
hommes libres, réprimer les grands et diriger I'Eglise. Ses
eforts furent en grande partie couronnés de succès. Lc clergé,
instruit et moralisé, donna à la Germanie la foi et à I'empire
franc I'instruction. Les hommes libres gardèrent la frontière
de I'empereur.
de leurs alleux et restèrent les sujets direets
Les grands furent dépouillés des terres usurpées sur le do-
maine ou arrachées à lo faiblesse du jeune Louis, roi d'Aqui-
taine. Toutefois ils gardèrent aver ténacité leurs coutumes
onarchiques, et une loi de 8t3 leur reconnut même le droit
do guerrc privée.
11. Administration des provinces.
- L'empire
était borné, au nord, por lo mer Baltique, l'Oder, la mer du
Nord et la Manche; à I'ouest, par I'Atlantique; au sud, par
I'Ebre en Espagne, la mer Méditerranée, lr Pescara en ltalie,
I'Adriatique 1 à I'est, par la Narinta, la Bosna, la Save, le
Danube, le Raeb, les monts de Bohêrne, la Saale, I'Elbe et
une ligne qui rejoignait la côte de la Baltique à I'ouest de
I'Oder: au delà de la frontière orientale, habitaient les Slaves,
les Tchèques el, les Avares tributaires,
L'empire comprenait trois royaumcs, ceux d'Aquitaine,
d'Italie et de Bovière où résidaient les lils de Charlemegne,
Louis, Pépin et Chnrles, des duchés et des mergreviats des-
tinés à surveiller les frontières, et des comtés, qui étaient
les provinces de I'intérieur. Les comtés étaient subdivisés en
centaines et en dizaines. Les magistrats placés à la tôte de
ces circonscriptions étaient chargés de lever le contingent
militaire et de le commander, de présider les coursde justice
devant lesquelles comparaissaient les hommes libres, enûn de
percevoir les dons obligatoires, les denrées dues à la ntaison
royale, le produit des amendes et le revenu des biens royaux.
i2 N ISTOINE DT] FNAN CE.
Les comtes, surtout ceux qui résidaient loin d'Aix-la-
Chapelle, devaient ôtre souvent tentés d'sbuser de leur pou-
voir. Chorlemtgne institua, pour les contenir, des magistrets
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impériaux ou mr'ssi dominict.Ils faisaient quatre tournécs par


an, voyageant deux à deux, un comte du palais_.avec un
évéque ou uo abbé. Ils tenaient quatre assises d'un mois
chaCune et dans quatre endroits dilférents; ils jugeaient en
cgÀnlEuaoNE. 73
eppel toutes les affaires examiuées pu les tribunaux per-
manents, et s'enquéreient soigneusement de tout ce qui
pouvait importer à I'empereur. Malgr6 I'ectivité de I'em-
pereur, les mogistratures locales étaient le plus souvent
impuissantes ou désordonnéæ elles-mêmes. L'elfort de
Charlemagne, pour les constituer et les faire agir, était con-
tinuel, mais échouait sans cesse.
12. Reetauration dee étudês, Protégés par ce
-
législateur conquérant, les hommes recommencèrent à s'oe-
ouper des trovaux de I'esprit; la mémoire des écrivains onti-
ques se rovivo, les chroniques se multiplièrent, les discus-
sions théologiques furent agitées, la philosophie du moyen
tge naquit, et les vies des saints ne furent plus les seuls mo-
uuments de la littérature. Du cinquième &u sixième siècle,
I'ignorance n'avait cessé de g'accroître dans I'empire franc I
mais dans les poys voisins de la Gaule s'étaient conservées
quelques traditions littéraires éparses, fugitives, presque in-
connues. L'æiI perçant du grand homme distingua toutes ces
lumières, il les attira à lui, les réunit, et lew prôta un éclat
qui dès lors ne s'éteignit plus. A I'Itolie, Charles emprunto
de nombreux maîtres de calcul, de grammaire, de rhétoriquo
et de poésie, entre sutres Pierre de Pise et Paul Dieue. Les
questions de théologie soulevées par les évôques espagnols
Elipand de Tolède et Félix d'Urgel lui donnèrent I'occesion
de convoquer le concile de Francfort (794) ; ce concile recom-
mençe la .série interrompue de ces grandes réunions eccl6-
siastiques qui, durant tout le moyen ôge, exereèrent si efll-
cacement les esprits. L'Irlande, qu'on appelait l'tle il,es sai;nts,
envoyt des hommes comme Dungol, qui avait sou école au
monastère de Seint-Augustin, prèsde Povie, et Cl6ment, qui
dirigea l'école du prlais.
13. Ecole du palals.
- Là étoient élevés les tls des
nobles et les enfants pouvres qui donnaientde grandes espé-
ronces, Chorlemagne les visitoit lui-môme et il ne dédaignait
pas de feuilleter les humbles devoirs des élèves. < Après uno
loùgue absence, dit le moine tte Srint-Gall, le victorieux
Charles se ût emener les enfants remis sux soing de Clé-
ment, et voulut voir leurs lettres et leurs vers. Les élèves de
le clesse inférieure présentèrent des ouvreges où ge faisoient
sentir les plus douces s&veum do la science; les nobles, au
contraire, n'eurent à produire que de froides et misérsblæ
pauvretés. Le très sage Charles, imitant elors la jurtice du
EItT. DE IB. O[ COIIL
74 ErsroIRE DE rnÀNcn.
souverein juge, sépar& ceux qui avaient bien fnit, les mit à
sa droite et leur dit : a Je vous loue beaucôup de votrc zèle,
)) mes enfanl,s. Elforcez-vous d'attcindrc ù la perfection, alors
> jevous donnerai de riches évô;hés, de magniliques abbayes
r et je vous tiendrai toujours pour gens considérablcs. n
Tournan[ ensuite un front irrité vers les élèves demeurôs à
sa gauche : a Quont à vous, nobles enfants, délicats et tous
> gentils, vous reposantgur votre naissance et votre fortune,
)) vous ovez négligé mes ordres et le soin de votrc propre
> gloire dans vos études, et préféré vous abandonner au jeu,
r à la poresse ou à de futiles occupations. Sachez que, si
D vous ne vous hâtez de réparer pa,r une constante applica-
> tion votre négligence passée, vous n'obtiendrez jamais rien
n tle Charles. >
14. Académie palatine. Outre l'école, le palais
impérial renfermait une académie, - composée des hommes les
plus instruits et les plus élevés en dignité, qui se réunis-
saient, sous la présidence du savant anglo-saxon Alcuin,
pour discuter des questions de discipline ecclésiastique, de
jurisprudcnce eù de littérature, ou pour se réoréer par des
eonversol,ions piquantes, énigmatiques, qui charmaient ces
beaux esprits barbares. Charlemagne y portait le nom de
David.
15. Etablissement des écoles dane l,empire.
L'empereur prescrivit d'établir près dcs évêuhés ef des mo- -
nastères des écoles où les enfirnts apprissent le chant, le
calcul et la grammaire. Un capitulaire ordonna aux prêtres
d'ouvrir des écolcs dans les bourgs : < Si quelque fidèie veut
leur conlier ses enfants pour leur enseigner les lettres, ils ne
doivent pas refuser de les instruire, mais le faire avec une
grande charité, et ne rien exiger d'eux pour ce service, et ne
recevoir que ce que les parents leur olfriront volontaire-
ment. r Le concile de Chôlons (8t3) fit des règlements con-
formes aux volontés de I'empereur. Des écoles se perpé-
tuèrent, les hommes instruits so succédèrent sang interrup-
tion, et unirent p&r une tradition continue les écoles carlo-
vingiennes aux écoles de I'Université.
16. Résultats du règne de Charlemagïre.
Plaeer sous une seule main toutes les populat,ions germani-
ques et gallo-romaines, les prol,éger contre les nouveaux
barberes, ôtendre la foi chré[icnne vers I'est et lc nord, don-
ner à tant de perrples un gouvernement fort et une adrninir
CNÀRLEMÀONE. 7b

tration vigilente, arrôter les progrès de I'ignorance, telle fut


dans son ensemble I'ceuvre de Cherlemegne. Son nom devint
illustre per tout le monde; il rcgut à Air-la-Chnpelle, sa
capitale, des ambassadeurs du roi de Galice, des Sorrasins
de Fez, de I'impératrice d'Orient, Irène, et du kalife de
Bagdad, Haroun-al-Raschid, qui lui envoye une tente de
soie rouge, un éléphant, une horloge mécanique et les clefs
du Saint-Sépulcre.
Cependent le partie matérielle de son ceuYre étoit fragile.
Les nobles francs ne purent se plier aux règles de I'sdminis-
trotion, et il resta hors de I'empire des ennemis qui vinrent
I'attaquer : les Sarrasins, les Hongrois, les Bulgeres et les
Normands. L'emblème de ce règne est le palais impérial
d'Aix-la-Chapelle, construit avec des ilébris romoins, et
renversé bientôt par les pirates de I'Escaut.

IECTURBS

PnElllÈRE LECTURE.
- charlomagno ot les Normands.
Si I'on en croit le moine de Saint-Gall, qui écrirail au moment où
les invasions étaient le plus désastreusés,'les inrasions normandes
commencèrent avant mêm'e la tnort de Charlenragne. < Charles, dit-il,
arriva par hasard et inopinément dans une ville de la Gaule narbon-
naise. Èendant qu'il dinàit et u'était encore connu de personne, des
corsaires normafds vinrcnt pour exercer leurs pirateries j-usque dans le
port. Quand on apercut les iaisseaux, on les aitribua à des marchands
ïuifs. ifricains od bretr-,ns. I\lais I'habile monarque, reconnaissant à la
Ëonslruction et à I'aqilité des bâtiments qrr'ils-nortaient des ettnemis,
dit aux siens : t Ces'vlisseaux ne sont rroiirt elrireés de marclt;rrr,li ics,
mais remplis de eruels ennentis. , A ces mols, lutis lcs Irrants cuttrenl,
à lcurs ilavires, mais inrrtilcrncnt. Les Nurmands, en eil'et, ir[]Prenilnt
la nrésenee de Charlcs, craignirent qrre toute leur flotte ne l'rit pri.;e
dan': ce port, el, ils évitèrcrrt, par une firite d'une ineonr"evable rapidité,
non scuiement les glaives, uiais mênre les yetrx de ccttx qtti les pour-
suivaient. Le religieux Clrarles cependant, saisi d'une juste craittte' se
mit à la fenètre -qui rcgardait I'orient et demeura très longterrps le
visase inondô dc nleurs.-Pcrsonne n'osant I'interroger, il dit : u Savez-
vous", mes lidèles,'pourquoi je pleure si amèrementf Certcs, je-ne crains
Das que ces hommês rcirssiéseirt à me nuire par leurs miséiables pira-
i,eriei: mais ie m'aflliee cue. moi vivant. ils aicnt été prôs tlc toucher
ce rivâge, et'je suis tîurineôté d'une violente doulerri, qrrand je pré-
vois de quels maur ils écraseront mes neveur
,ii'iiil,iit'Ëi;J:
DEUXIÈME LECTURD.
- Un domaino elo CharlemagDs.
Parmi les Canituleires. il en est un gui est particulièrement remar'
quable et sans l'equel on i'aurait qu'une iTée imparfaite de Charlemagne'

".ÊJ
,16 EISÎOIRE DE trNANCE.
c'est le capituleire sur lec tenes du domaine, véritable modèle d'ail-
ministratiôn domestique e[ rurale. Chaque villa élait placée soug Ia
direction d'un fermier en chef ou meire. qïi devait parcoririr le domaine
tous les jours; ses aides étaient le doy'en, le celleiier, le forestier, le
nrénosé âur haras. le préposé aur DéCges, etc. Tous ceur gui vivaient
3ur'le bien impériâl sè dlvisaient dn t-rois classes : les bénéficiaires,
dont nous condaissons la condition, les colons possesseurs de manses
ou lerniers héréditaires grevés de redevances et de services, enfin les
serfs logés, vètus et norirris en échange tle leur travail. Tous étaient
éealement iecommandés au maire. q IL doit éviter d'ètre à charge à ses
sùbordonnés; il ne doit jamais eriger d'eur le logement pôur lui-
mème. ni même I'abri pour ses chiens. Il ne peut accepter de leur Dart
que dé menus Drésents': quelques bouteilles'de vin, des légumes,-des
fiuits... Qu'on'ait soin dri toris ceux qui nous appartiennent, et qu'ils
ne soient réduits à la pauvreté par personne. u
La villa, ainsi habiiée, comprenait des bâtiments, des jardins, des
basses-cours, des champs cultivés, des rivières et des forêts. Chaque
chose était réglée par [e capitulaire avec les plus minutieur détails.
Au centre s'élàvait le manoir, qui comprenait ùne maison d'habitation
Dour I'empereur et sa suite, des dépendances, un arsenal tou.iours bieu
lonrni d'aimes, des ateliers d'homuies et de femmes chargés de fournir,
Ies uns du fer, des tonneaur cerclés, des chariots revètus de cuir, du
savon et de la'cire, les autres des vêtements de laine et de lin et des
provisions de bouche. jardins du manoir devaient être cultivés
Suirant un plan uniforme - Les
et contenir des plantes potagères, des arbres
fruitiers et âes lleurs dont le capitulaire orésentela liste cbmnlète.
La basse-cour ou Ênl'I renfermait cenf poules et trente oies avec -
quelques oiseaur de-lure tels que Daons, faisans et tourterelles. Les
-
licrge'ries avaient un nombre file de brebis et de chèvres, et il était
ordonné aur bergers de conserver les peaux et les cornes des chèvres
et des boucs, Dans les métairies ot ménils dépendants du manoir, la
basse+our se composait de cinquante poules et de douzg oies.
champs étaient labourés eractement ôt ensemencés avec le meilleur - Les
grainl les prés étaient bien arrosés et gardés à l'époque où I'on fauche
les foins; lcs vignes el la fabrication du vin étaient I'objet de prescrip-
tions détâillées."- Le maire avait ordre d'établir des vivicrs bïen rem-
pfis, de clore de haies vives les breuits on enclos destinés aux bètes
fauves, d'ordonner des battues aur loups et de détruire les louveteaur
au mois de mai.
Chaque année le maire de la villa remettait à son supérieur, I'inten-
dant dù district, les produits et les comptes de sa gestion. L'intendant
en ordonnait I'emploi et faisait approuv'er ses acteË par I'empereur, à
NoEl et aur Ranieaur. Tels étaiérit les eoins infinii dont s'occupâit
Charlemagne; le domiuateur de l'Occident se faisait fermier, et de c-ette
même main qui courbait sous le joug les Sarons, les Lombards et les
Arares. il éciivait des instructioDs Dour la tenue de ses basses-cours et
la destiuction des loups. < Soyez àttentifs, a dit un historien homme
d'Etat, aur plus petittis choses, car c'est d'blles que dépend souvent le
succès des ebtreprises les plua importantes de ce monde. "
D'après les Capilulairet,
ÛOUIg [E PIEUX.

'
.EXENCICES ONÂUX ETÉCRIÎS

l. Brplioation iles nots. - Paaie, ville du nord de l'ltalie, sur le


Tessin, afflrrelt du Pô. col des Pyrénées. . -
- Roneeuauo,
l. 0uestiouuaire. - Quels
_

sont les tiois objets de I'activité de Char-


lemaene? 0uelle fut sa nlus lonque suerrd? Faites conuaitre les
tribui ct la- religion des Saions. 0uel-s sont les - trois caractères de la
guerre de Saxe? -
Quels furenl les prcmiers succès des Francs?
-
0uel fut le rôle de Witikind? - Dans-quelle diète reçut-ille baptème?
-
I Oue frt Charlemacne Dour obtenir'la soumission des Saxons?
Poui quelles causes "fifil la gucrre à Didicr, roi des Lombards? --
Qrrel fdt le sort dc Didier e[ de-son royaume? Quelle fut I'occasion
de la guerre d'Espagne? - Roland. Quelle
- Racontez- la mor[ de Quelfut
est la ligue formée par Tassilon, duc de Bavière?
-le sort de
Tassilon-?
-
Qu'était-ce que les Avares et leur ring? Quelle fut l'is-
-
sue de la suerre contre-les Avares? -
0uelles furenf les dernières
guerres deîharlemagn'e? -
Dans quelles ôirconstances fut-il couronné
-
émpereur?
- tlhariemagne voulut-il établir un pouvoir
Qu'était-ce que I'assemblée d'automne et Ie champ
-de
mai?
absolu? -
pelle-t-on Capilulairas ? Quel est le triple but, drt - Qu'ap-
gouvernement
ile Charlemaghe? - Quelles- étàient les born'es r.le l'empire? - Quelles
en étaicnt lei divisions administratives? - Qu'était-ce qu'un comte?
- Quel était le rôle des missi dominiciT - L'ignorance avait-elle
augmcnté ou diminué du cinquième siècle au huitième? Quels furent
Ies principaux auxiliaires de Charleû)âgne pour la restauration des
étud'es? Qu'est-ce que l'école du palais? Donnqz une prewe de
l'intérèt que I'empereur purtait aux études?- que I'Aca-
démie palâtine? -- A qui fut confiée la direction - Qu'est-ce
des écoles?
est te ôoncile qui fit les- rèqlements scolaircs?
- Qrrel
tats du règne ïe Charlemàrne?
- Quels furent les résul-
Quels furent ses rapports avec les
souvcrainiétrangers? -
Qùel est I'emblème de son règne?
3. Ilevoirs à rédiger.- Résumer les principales gtrerres de Char-
lemagne. Donner-une -idée de I'adminisfratiori de Charlemagne.
-

ffi
LOUIS LE PIEIIX. - TRAITÈ DE VERDUN
, (8r&813)

rEÇ0N

- La faiblesse des successeurs


l. Itissolution de I'emplre. do
Chnrlemasne, la répucriance des peuples à rester unis, I'indo'
ôitite Uc'i'aristocruiie, I'arrivéc .le riouveaux barbares, tellcs
furent les causes <le la dissolul.ion de I'ett;pire.
â. Louis le Pieur (8t4-810). Louis le Pit'ux do-nna des parts
tle terriloire à scd tls par-l'acte d'Aix-la-Chapelle, cassa cel
)tl

?8 AISTOIRE DE FNÂNCE.
ncte, et uso Bô vie à réprimer des révoltes, tandis que lea
llotf,rois, les Sarrasins et les Normands insultaient les fron-
tières et les côtes.
8. Traité de Verdnn. sa mort (840), la bataille de Fon-
- Aprèsconsomtnèrent
lanet et le traitô de Verdun la divisron de I'em-
pire en trois royaumes : France, Italie et Germanie (843).

RÉCtT

l. Causes de la dieeolutlor de I'empire. -


L'unité de I'empire carlovingien disparut avec son fon-
dateur.
Plusieurs muscs contribuèrent à renverser ce fragile édiliee
qui paraissait si solide. Charlemagne n'eut que de faibles
successeurs, et la famille d'Héristal nd produisit plus de
gronds hommes; les peuples, soumis malgré eux à une unité
factice, se séparèrent violemment pour former des nations
distinctes, dès qu'ils ne furent plus tenus par la forte main
du conquérantl I'aristocratie recommença contre les descen-
dants dc Charlemagne la lutte qu'elle avait soutenue contre
lcs lils de Clovisl enfin, de nouveaux barbares, Norm&nds,
Ilongrois, Sarrasins, que son infatigable activité n'avnit pu
aller chercher dans leurs retraites, parurent sur les frontières
el sur les côles.
2. Louis le Pieux (8f 1-840).
- A Ia mort de Charle-
ma'gne, Louis le Débonneire, ou plutôt Louis le Pieux, avait
trentc-sir ans. Sa taille était avantageuse, ses yeux grands et
brillants, son visage ouvert, sa poitrine vigoureuse, ses
épaules larges, ses bres robustes; pour manier I'arc et lanccr
le javelot, personne ne pouvait lui être comparé. Mais l'âme
d'un moine se cachait dans ce corps de soldat. Quand il se
rendait à l'église, il fléchissait lcs gcnoux et touchait le pavé
de son front; il priait longtemps et quelquefois avec larmes.
Ii vivait dans une crainte pcrpétuclle de commettre une faute
et un péché, et cette disposition donnait à son caractère une
faiblesse déplorable.
Sa générosité était inconsidérée, comme sa dévotion étoit
puérile. Il donnait à ses fidèles, à titre de possession perpé-
tuelle, les domaines royB,ux que Charlem&gne avait conservés
et entretenus rvec un soin si jaloux. En toute occasion,
il consultait ses conseillers, et, contrairement à son père, il
suivait leur ovis plutôt que le sien, < ce qui avait pour
IOUIS I,E PIEUI. 79

o&use, dit son biogrophe, son extrême assiduité à lire et ù


psalmotlier.
- n
3. Acte d'Aix-la-Chapelle (8t 7). - Il commengt
son règne par quelques bonnes mesures. II réta^blit ln
dôcence-dani le palaii impérial, prosuivit tout ee-qui. cho-
quuit sa piété ef restitua aux Saxons le droit d'héritage,
dont Charlemagne lcs avoit privés. En 817, à. I'exemple de
son père, iI ndmma rois ses trois f'ls por -l'acte d'Aix-la-
Cfrapïtte. Pépin eut I'Aquitaine et la surveillance de I'Es-
pugâe *utuimune; Louis obtinl, la Germanie méridionnle,
avéc le soin de défendre la frontière contre les Slaves et les
Avarcs; Lothaire, I'ainé, reçut I'Italie avec le titre impérial
en expectutivc et ls suzerainôté sur ses frères. L'emper-eur se
réserrlait la hnute main sur les affaires; il presffivait à ses
ûls de venir tous les ans à Aix-la-chapelle lui rendre compte
de leur administration; il dôfendait de diviser les royaumes,
qui devaient désormais passer aux fils aînés. cet acfe était
habile : Ies trois nations les plus éloignées de I'Austrasie rece-
vaient un gouvernement séparé, et I'unité de I'empire était
sauvegardéà pa. la suprématie reconnue à Lothoire et à ses
-<
descendants. Louis voulait, dit I'archevêque de Lyon,
eonstituer un seul royeume et non pas trois. >
4. Révolte de beraard. - Bernard' neveu de I'em-
pereur, qui régissait I'Italie en vertu des ordres de Charle-
ioognt, ie révolta ii I'instigation des ambitieux qui I'entou-
raiùt. Il passa les Alpes, fut voincu et fait prisonnier près
de Lyon, ét condumné à mort par I'assemblée des Francs'
La pôinc fut commuéc en celle de la mutilation-; le mnlhcu-
reui eut les yeux brrilés. l\'Iais I'impératrice Hermangarde,
qui le Ûaignait et le haïssait, fi[ foirc cette muelle opération
de telle minière que lc patient cn mourut. Louis, qui n'avait
pes su punir ni pàrdonner, montru bientôt I'inésolution de
ioo ca-ractère. il se rcpentit de la mort de Bernard; le
remords le prit et il résolut dc faire publiquement pénitence
aux pieds dès évêqucs. Les leudes francs virent avec éton-
nemônt et indignation I'empereut prostcrné, s'accusant de
ses fautes, sefrappant la poitrine et appelant un crime
I'exéculion du rebelic qu'ils avaient eux-mêmes jugé et
condamné. Les évêques, de leur côté, sentirent leur force,
et ne lui épargnèrent plus les rcmontrtnces et les humi-
liations : cétte confcssiôn, honorable pour un particulier,
était déplorable chez un prince; elle eut pour conséquences
80 EISTOINE DE FRANCE;
le de I'aristo*atie et la domination du clergé.
-mépris
5. I-r'irnpératrice Judith.
.(8?9). Acte de Worms
Peu ap$s, L_ouis perdit-sa femme et songea à se
- un cloître. Puis, cédant aux
retirer dans sollicitationJ de ses
leudes, il garda la couronne- et épousa Ia Bavaroise Judith,
femme insinuante, spirituelle, m-erveilleusement habile et
int-eltigente aux affaires. Tant de qualités subjuguèrent le
faible empereur I il n'eut plus de tendiesse que poï* ss, femme
e^t- pour I'enfunt qu'elle-lui donnr, Charles, plus tard appelé
chorles le chauve. cédont aux instanccs de Judith, il cassa
I'acl,e d'Aix-ln-Chapelle, et ût, à Ia diète de Worms, un
nouve&u pertage de I'empire, p&r lequel charles obtint un
roys.ume eux dépens de ses aînés.
6. Révolte dee flls de I'empereur; Ba mort (S40).
- Ils se révoltèrent contre I'empereur, I'impératrice'et ie
camérier du polais, Bernard de septimanie, etils furent sou-
tcnus par les évêques et les leudes froncs, gardiens de lo foi
jurée. Louis fut déposé; mais il obtint que h dière qui devait
,juger se conduite fùt assemblée à Nimègue, &u centre de I'Aus_
lrasie, au milieu des domaines de charlemegne. La diète réta-
.blit I'empereur (832). une nouvelle révolteiuivit aussitôt. Le
pape Grégoïre IV, qui était dans le camp de Lothaire, excom_
rnunia les évêqucs restés lidèles, et Ie Débonnaire, abandonné
per ses principaux partisans, rcnvoy& le rcste de ses ser_
viteursr aûn qu'il ne fiit pas versé de sang pour sB. cause. ll
{ot {uit prisonnier, conduit à l'église de Saint-Médard, près
cle Soissons, et contraint de lire en public une liste d'e'ses
prrétendus crimes. Toutefois il se refusa à prononcer des
\'çux monastiqucs et fut rétabli de nouveau par les Francs.
.Â'lors il en_treprit de d_épouiller son lils Louis de la Germanic,
son petit-fils Pépin- lI de I'Aquitaine, et de partager tout
f'empire entre Charles et Lothaire. l\lais Louis îe Gehaniqtrc
élait déjà pour les tribus d'outre-Rhin un chcf national; it
se révolta. Le vieil empereur marchait contre lui, lorsql'il
expira près de Mayence d'inanition et de chngrin. Le faibte
successeur de Charlemc.gne avait porté une couronne trop
lourde pour s& tête. 0n I'a compar6 à saint Louis. I\{aii
saint Louis sut accorder ses droits de roi ovec ses devoirs de
chrétien ; Louis le Picux fut un moine couronné.
7, Bataille de Fontanet (84{).
de,s ûls de Louis le Débonnaire affaiblit,- laLo grande lutte
nation franque.
0n peut dire que I'empire ne survécut pas aux ûls de Char-
TOUIS I,E PIEUX. 8T

lemegne. Personne ne voulait tle cette unité impossible, ni


peupier, ni princes, excepté Lothaire par embition et les Aus-
îruriror' pur s,mqur-propre. Lothaire, ïlléguant son- droit.d'aî-
nesse et ies dispositionJ 6u partege de 8l?, revendiqua I'em-
pire et voulutiraiter ses frères comme de simples ofliciers.
Louis et Charles, également menacés, unircnt leur cause, ré-
clamèrent des royaumes indépendants et furent soutenus par
leurs peuples. Ils livrèrent la grancte et songlante bataille de
Fontanct, près d'Auxerre, où il y eut, disent les contempo-
r&ins, o ooè grande tuerie de Francs >. Les anciens serviteurs
de cirarlemagne déplorèrent cette Suelre fratricide et cctte
funèbre bataille.
B. Serment de Strasbourg (8aZ). Lothaire' sou-
-
tenu par les Austrasiens, résist& encore un tû dans Mayencel
mais ies frères resserrèrent leur alliance pur le fameux ser-
ment de strasbourg. Les dcux armées des Gallo-Francs et des
Francs-Germains sé rangèrent dans une vaste plaine voisine
de la ville; Louis prêta son serment en langue rlrnane
devant les soldats de charles, et charlcs prôta Ie sien en
langue teutonique devant ceux de Louis. Les paroles pronon-
céeJ par les deux princes sont un des plus anciens monuments
de la langue frangaise et de la langue allemande.
g. frâité ae Verd.un (843). L'enrpereur Lothaire
-
fut forcé de consentir au traiié de Verdun. L'empire ftrt di-
visé en trois royaumes indépendants. Lothnire eut I'Italie et
le pays qui s'étônd entre lcs-Alpes,.la Rcuss et le Rhin à I'est;
te nËOnà, la Saône, la Meuse-et I'Escau[ à I'ouest' Le reste
aL I'empire appartint, I'orient à Louis le Germanique,l'occi-
dentà CharleJ ie Chauve. Dès lors, les trois nations italienne'
germanique et françaùse poursuivront leur destinée et autont
ieur hisioirc à pr*i : Chïrles le Chauve peut être consiiléré
comme le premier ro[, de France.

IECTURE.
- Le traité de Verdun'
Cent tlir commissaires furent envoyés au démembrement de.l'e-BPire.
to"ii-fa-pattie Oà-ti Caole située à I'ouest de I'Escaut, d.e.la.ltleuse'
juiqu.'à Iut
âe"Ïà"SîOtiË-ï Ao-nt'0n., ."ôc ie-nora de I'Espagne I'Ebre,
lairsé;iu roi CharteJ surnommé le Chauve. Lès pays de.langile tettto-
itiq-,io t"ient Aonnes en partage à Louis. Lother rérrnit, à i'lhtlie tuute
laiùdô oiirniate de t; d;"i;:i'*prise, au sud, entre_le lllrô.ne-et les
lftirJ.'i- iidiï,ïnire'ie nntn'et la'Iteuie, et enlre lagu llclse-et rlI'Eseaut
iirià,iriï.ôï,;.i.fi ;; ài ïe* Aeo* Ileuves.' Cette lo n e .Dldt e terri-
Ëiti;fipti"irfùrrttË pàpoiitions et q'atre langués diférentes, for'
&,
82 EISTOIRE DE TRANCE.
mait une division en[ièremenl factice et de nature à ne pouvoir se per-
pétner; tandis que les deur autres divisions, fondées sui Ia distineiion
réelle des races et des eristences nationales, devaient se Dronuncer de
plus en plus. Il est probable que c'est alorÉ que s'introdirisirent dans
)e langage lcs dénuminations de nouvelle Fiance.nour dcsisner le
loyaume dc Karle, et d'ancienne France po.ur désigner èeluide Lridewig.
Quant au ruyaurne de Lother, trop morôelé pour prendre le titre d'aù-
cune arreienne division politique, on le dési{aita simplernent par le nom
de famille de ses chefs. Ce nom resta dans la suita attaché i une nar-
tic des provinces se;rtcntrionalr:s de I'ancienne Gaule, qu'on anpelaii en
l;rnsrre tudcsrluc-trolheringhe-,-lAe, rtryaume des eniarlts de Lôther, et
en latin Lotlmrîngia, dont nous avoni fait Lorraine.
Aug. Tunnrr, Leilres sur l'histoire de France.

EXERCICES ORÀUT EÎ ÉIRITS

l. Erplication iles mots. - Fontanet, village du département de


I'Yonne, près d'Auxerre. -- Âuzerre, préfecture de I'Yoirne.
dzn, sous-préfecture de la Illeurse, sur-cette rivière. - Ver-
Lomaine, an-
-
cienne province..qui- a formé les trois ddpartements de la Meuse,
lrleurth e-et-Moselle. Vosges.
l. $uestionnaire. - Quelles sont les causes de la dissolution de I'em-
pire?
- Quel fut leExpliquez
son caractère.
successeur de Charlemagne?
- Faites
I'acte d'Air.la-Chapelle.
eonnaitre
Racontez la
-
révolte et la mort de lJernard. - la
Racontez et drrprécicz
de Louis le Débonnairg.- Quelle - fut sa seeonde-femme? nénitence
pourquoi
les lrois frls alnés de I'empereur se révoltèrent-ils? -
Comment ei à
quelle époque mourut Louis le Débonnaire? -
Quels sont les barbares
-
qui a-tlaquèrent I'empire?
- Quelles .étaient la patrie et la religion
des Normands?
- Racontez ln bataille de Fodtanet. Quelles en
furent les conséquences? Qrelle est l'importance du - sèrment de
Strashourg? [xpliquez -lcs clauses du traitè de Yerdun.
-
3. Devoirs à rédiger. Exposer les causes du démcmbrement de
I'empire de Chrllemagne.-- Rrcr)nter le règne de Louis le Débonnaire.

IV
LES DENNIERS CANI,OVINGIENS
LES NORUANDS
(8{:}-98?)

rEç0h
l. Lee lnvaslons. - La Fronce, gouvernée par les faibles suc-
cesseurs de Charlem.ague, allait- être, pendant un siècle, en
proie à de nouvelles invasions.
8. Paiblesse des Carlo_vin_gieus. _- Charles le Chauve (814-877),
Louis le Bègue (877-8?9), Louis III et, Carloman (879-884), vireri[
TES DERNIERS TARIOVINGIENS. 83
les srands seigneurs devenir de plus en plus indépendanta et
--i.Normands-ae
lee iavager impunément le-territotre'
f;tT;c" tiibuia'-Charles le ,Gros (s81-q8ï -réunit
(res I'rancs;
encore une fois sous sa domination tout- l'entptle lcs
;;Ë-çiî;iËte-empereur ne sut.pas^ défentlre- Paris contrc
ffir-u'i1.l-if iui-a?po.C--et I'empiie fut définitivement partogé
- C.lanùtrirsement
à drète de Trihur 1887).
Aes friôisianAs ei Prauoe.
t. duc Eurles, fut plqclamé - Leroivaillant défen'
de Irrance e1
=u"r-âî-pi.G,-
iOnna mù,t'eri ggg.-SÀ*occi..ouri Charles !e S_irlple..cétla la
N,irmahrliri aux Normands, par le traité de Salnt-ultlr-sur-
Lrrte (912).
"tb."diirriiUrcment
do la Eranoe eu graurls flefs. - Sous le-s rQSges
a" nià"idc Bourgogne, aJ t ouiJ1v..t-oy.t1.q-{er,,d-e Lothaire
Jf àJ iàui. V tglZY--SEil,' la rovautê s'a{Taiblil de plus en plus.
i; ".id;;iià aèr^-c,iirii,i"giônÉ uluit faire place-à la
dyuasrie
des Câpétiens.
. nÉcIT
1. Ires Normands. Pendont que I'empereur luttoit
contre ses tls, de nouveaux
- barbares, sarrasins et Hongroist
insultoient les frontières et les côtes.
Les plus redoutnbles de ces envehisseurs furent les Nor-
mands ou hommes du nord. Ils venoient des côtesdu Dane-
mark et de la Norvège; ils s'appelaient eux-mêmes lrlliings
ou enfonts des anses. l\[arins audacieux,.ils s'abandonnaient
eux flots et eux vents, qui les poussaient au rivage où ils
voulaient aborder; pillards intraitables, ils remontaient les
flcuves et les rivièrès, enlevaient les chevaux des p'ysenst
étcndaient au loin leurs ravages et reventient mettre leur
butin eu srireté dans quelque îiot perdu I enfin, sectateurs fa-
natiques d'0din, iis avaienl, pour l-es chrétiens uoe haine fu-
rieuse et se piaisaient à tôrturer les prêtres. Quand ils
avuient incendié tout un canton I < Nous leur avons ch&nté
la messe tle! lances, disaient-ils; elle e commenc6 de grand
matin et elle a durô jusqu'à la nuit. I Conduits p_tr leurs
qois de mer, Hasting', Biôrn tôte-de-Fer, Ragnord-Lodbrog
et Rollon, ils comiiencèrent par tles course$ sur les côtes,
puis ils étoblirent des stations nux bouches des fleuves, enfi'n
ils occupèrent des Provinces.
'Cbauve
- Le
2. Charles le (843-8?7). p-artage de
I'empire favorisa les invasioni des Normands, et Charles le
chauve ne sut qu'acheter Ia retraite de ces paiens. Les suc-
cessûurs des comtes instilués pur Charlemogne se chargèrent
de défendre le pays et se lirent construire des châteaux forts
par le peuple, qïi y trouvait un refuge' En voin le roi
,/

84 SIsIOIRE DE FRANcE.
voulut-il interdire ces constructions par l'édit de piete :. lù
nécessitéfut plus forte que le roi, et ta lranr"rr-uairre,d[
mnisons-fortes ou fertës, au pied desquelles fæ p*vo"ïgà]
blirent leurs chaumières. Iiientôt *ê*o rr ;-pii;Ëir. a*
Kiersy-sur-oise (87?) accorda aux barons r r,eJa'iiâ-arl"*u*
charges et de leurs gouvernements. charles te crrouue
mourut la môme année. Il ovait usurpé la Lothari;t;;
Lorraine sur s'n neveu Lothaire II, il avait conquis
.o
l,emnlre
et ceint la couronne de charrema.gne, et il était *:Àrc irpi,ir-
sant contre quelques borquos de piraîes.

Êiège de Par'is par les Normandg.

3. L'ouis le Bègue (BT7 S79) et ses flls (g79_884).


fils, Louis ll le Bègue, suivant I'exemplc de Louis
-_S9n
Ie Débonnaire,.aliéna les domaines royaux pour se faire des
partisansl il^n'en perdit pas moins I'italie èt la Bou.gogne.
Louis III et Carloman, Iils de Louis II, ne purent, molgù a*
cour&gcux efforts, réussir à chasser les Normands et à vaincre
Boson, usurpateur de la Bourgogne.
4. Charlee le Gros (SS4-BS?). Siège d.e paris par
lgr ltol*^1nd.a (886). - Au jeune frère de CarlorÀan,
Charles le Simple, âgé de cinq ans, on préféra le dernier ûls
de Louis le Germanique,_Charles le Gros, qui possédait déjà
I'Allemagne et I'Itelie. ce dernier essai.pôur le rétablisse-
ment de I'unité impériale ne fut pas lteureux. Les Nor-
mands, rendus plus hardis par leurs précédents succès, repe-
rurent plus nombreux. En 886, ils remontèrent la'Seine
IES DERNIERS TÀRIOVINGIENS. 85
Bur une flotte immense, qui portait quarante mille guer-
riers, et vinrent faire le siège de Paris. .Cette ville compre-
nait alors l'île de la Cité, et deux faubourgs à droite et à
gauche de la Seine ; le grand Pont et le petit Pont, tous
deux fortifiés, assuraient les communications de la ville avec
les deux rives. A I'approche des pirates, les habitants des
faubourgs se retirèrent dans I'ile ct se préparèrent à une vi-
goureuse résistance, sous la conduite d'Eudes, Iils de Robert
le Fort, comte de Paris, de l'évêque Gozlin et de I'abb6 de
Saint-Germain des Prés. Ils repoussèrent tous les assauts
et subirent les privetions Êvcc une constance admirable. Le
siège durait depuis un &n, lorsque I'empereur, cédant aux
instances d'Eudes, s'avança oyec une armée jusqu'à Mont-
martre. l\{ais, au lieu d'éæaser les poïens, il traita &vec eux
et leur donna à ravager Io Bourgogne, toujours rebelle.
Malgré ses ordres, les Parisiens interdirent le pessage du
fleuve aux Normands, qui durent tirer leurs barques sur le
rivage et les remettre ensuite à flot pour éviter la résistance
de I'héroique cité.
Les grands, essemblés.à Tribur, déposèrent Charles le
Gros comme < inutile et incapable. > Il mourut I'ennée
suivante, et I'empire carlovingien disparut o.ûec lui. Neuf
Etets principaux furent formés de ses débris : France, Italie,
Ger.manie, Aquitaine, Bretagne, Lorraine, Navarre, Bour-
gogne transjurane, au delà du Jura, et Bourgogne cisjurane,
en degà du Jura.
5. Origine des Capétiens. Règne d'Eudes
(887-898).
- Parmi les seigneurs qui avaient mis leur épée
su scrvice de la défense commune contre les Normonds, une
famille s'ét-oit surtout distinguée. Robert le Fort, baron de
race saxonne, aveit reçu de Charles le Chauve le soin de dé-
fendre le pays entre Seine et Loire : il fut tué devant l'église
de Brissarthe. Son tls Eudes, comte de Paris, traversa au
galop le camp des Normands pour rentrer dans se ville, et
forga I'ennemi à lever le siège. Dès lors, cette famille puis-
sante ya soutenir contre les Carlovingiens une lutte d'un
siècle (887-987). Eudes, élu roi de France par les barons qui
avaient, déposé Charles le Gros, battit les Normands à Mont-
faucon, dans I'Argonne, et leur tuo vingt mille hommes.
l\{ais Charles le Simple, troisième lils de Louis le Bègue,
I'attaqua avec I'appui de la Germanie et des grands, qui
croignaient I'activité et lapuissance du nouveau roi. Charles,
8O EISTOIRE DE FRANCE.
plusieurs fois battu_, parvint cependant à acquérir quelque
puissance entre la Meuse et la Seine. A la mort d'Euaes, il
fut reconnu per une grande partie de ceux qui avaient tra-
vaillé à I'exclure.
6. Charles le Simple (898-929). Traité de
Saint-Clair(912). - Charles régna vingt-deux B.ns sans
opposition ; mais il ne put arrêter les Normands. Le plus
célèbre des chefs de pirotes était alors Roll ou Rollon. Exilé
de la Norvège par le roi Harold, il réunit tous les hommes
audacieux et décidés, et débarqua à I'embouchure de lo
Seine. Il remonta le fleuve jusqu'à Jumièges, sans ren-
contrer d'ennemis : Charles et Eudes se disputaient alors
la couronne. Guy, archevêque de Rouen, alla hardiment
trouver les paiens dans leur c&mp, donne beaucoup, promit
davantage et-obtint du chef la promesse de respecter les
habitants et leurs biens. Les Normands entrèrent pacifique-
ment à Rouen, exnminèrent soigneusementlesremparts, les
quais, les sources vives, le site, trouvèrent tout à leur gré,
et s'établirent dans leur nouvelle conquête (8g8). Charles le
Simple, délivré de son compétiteur, rassembla une arméen
et vint cemper en face de Rollon, sur la rivière d'Eure; il
fut battu. Les Normands se répandirent alors dans toute
I'ancienne Neustrie, et commirent d'affreux dégâts dans le
plat pays, mais sans pouvoir prendrc Paris. Ils commen-
cèrent à se lasser de leurs courses aventureuses et à désirer
un établissement {ixe; ils résolurent de se partager leur con-
quête, et choisirent pour roi Rollon, le plus brave de leurs
guerriers. Il changea dès lors de politique, en attendant qu'il
changeôt de religion, remplacant les déprédations par des
tributs réguliers, écartant des côtes les nouveaux pirates, et
protégeant le peuple qui jusqu'alors I'avait maudit.
Charled le Simple, sur I'avis des barons et des évêques,
résolut de traiter avec Rollon. L'archevêque de Rouen alla
trouver le Normend, et lui oflrit la main de Gisèle, Iille
du roi, et la possession des pays situés entre I'Epte et le
Oouesnon, à condition qu'il se ferait chrétien. Le pirate ac-
cepta, et résolut de faire souchc de princes. < Les paroles du
roi sont bonnes, répliqua-t-il, mais cette terre ne suffit pas;
elle est inculte et appauvrie I mes hommes n'auraient pas de
quoi y vivre en paix. r Le roi lui ollrit la suzeraineté de la
Bretagne, qui, depuis plus de cinquante rns, s'était séporée
de la France. Le pacte fut conclu entre Charles et Rollon au
TES ITERNIERS CARLOVINOIENS. 87

village de Saint-Cloir-sur-Epte. Rollon se convertit, épouse


Gisèle, divisa le pays au cordeau entre ses compagnons, et
établit dans son duché une si exaete justice que beaucoup de
laboureurs et d'artisans vinrent s'y établir et enrichirent ses
villes et ses cûmpegnes.

Carte de la Normandie.

7. Charles le Simple et Raoul de Bourgogxle.


L'établissement des Normands à I'embouchure de la
Seine prolita plus à la France qu'à son roi. Le malheureux
Charles était entouré d'ennemis, privé de ressources, forcé
d'attendre le bon plaisir de ses indociles vass&ux pour ovoir
des soldats. En 920, les seigneurs, irrités contre Haganon,
son favori, voulurent déposer le roi et proclamer Robert, duc
de France. 0harles le battit à Soissons et le tua. Mais
Hugues le Grand, {ils de Robert, rallia ses soldats et vain-
quit le roi. Il dédaigna une couronne qui ne donnait pas de
puissance, et la transmit à son beau-frère, Raoul, duc de
Bourgogne, qui repoussa les Hongrois et régna treize ans
(923-936). Charles le Simple mourut dans la tour de Pé-
ronne, où I'avait enfermé Herbert, comte de Vermen-
dois (929).
8. Louis IV d'Outre-mer (936-954).
- A la mort de
Raoul, Ilugues le Grand s'emp&ra de la Bourgôgne et rappela
d'Angleteme un fils de Chorles le Simple, Louis d'Outre-
88 EISTOIRE IIE trRANCE.
mer, p&r qui il se fit céder le comté de poitiers. Il comptait
gouverner ou nom de ce roi, dont il se constituoit le pràtec_
teur intéressé. Mais Louis montro une décision et une éner-
gie inat[endues. Il essûye de s'aIfranchir de la tutelle des
grands v&ssaux, et de les vaincre les uns par les autres.
patt-u par le duc de Normandie, emprisonné à Rouen, il fut
livré aux comtes révoltés et emprisonné de nouveau à Laon.
Son règne se passr ainsi en elforts impuissants pour ressaisir
I'autorité.
9. Lrothaire (95&-986).
succéda sens opposition.
- Son jeune
Il commeng&
lils Lothaire lui
par conquérir la Lor-
ruine, et s'établit en vainqueur dans le palais d'Aix-la-Cha-
pelle. I\fais I'empereur d'Allemagne, 0{,hon II, à la tête de
soixante mille hommes, envahit la France, et s'avanqa
irlsqu'e-1 vue de P_aris, où se tenait enfermé Hugues Capei,
ûls de Hugues le Grand. L'empereur ne songea pas à assié-
ger une place si forte, et qui avait si souvent résisté oux
Normands. Il flt &nnonoer au duc de France qu'il allait lui
chanter le plus formidable alleluia qu'il eri.t entendu, et son
armée tout entière, campée sur les hauteurs de Montmartre,
entonna le verset du ?e Deum,Il alla ensuite toucher du fer
de sa lance le porte de Paris, en disant : < Jusqu'ici, c'est
essez. > Il reprit le chemin de I'Allemegne; mais la retraite
fut moins heureuse que I'invasion. Lothairc bail,it 0thon au
pùssege de I'Aisne, le harcela jusqu'au Rhin, et plus tard. il
put occuper de nouveau la Lorraine. Toutefois le pouvoir tiu
roi était nul en France ; il n'y possédait plus que la ville de
Laon, et n'avait ni revenus ni soldats. Il mourut, laissant
un tls adolescent que I'archevêque Gerbert appelle < Louis
qui ne fit rien. > Louis mourut lui-même sans postérité
quatorze mois après (987). Avec lui se termina la dynastie
carlovingienne.

LECTURE.
- Los Normanda.

- I,q Gaule, durant soixante et dix ans, essuya de la part des hommes
du Nord des calamités qui rappelèrent les invdsions du'cinquième sièclà.
Les trois peuples teutoniqués des contrées boréales, Dairois. suédois
et Norvégiens, que le reste de I'Europe confondait sousle nom d'bommes
d u Nord (Nor t hmen,. par corrupt i oi No.rmands)., avaient été lon gtem ps
presque sans rapport avec la chrétienté. IIs avaient longtemps c-oncen-
tré leur activité et leurs relations dans la mer du Nord"et Iâ Baltiqrre,
et essayé -leurs_ forces dans d'interminables guerres eutre eur et avec
Ies Finnois et les slaves septentrionaur. Leur florce et leur audacg
LES DERNIERS CARTOYINGIENS. 89
croissaient obseurément au fontl de ces r{gions ineonnues. La confr-
guration de leur pays les avait rendus les premiers marins de I'Ettrope;
ieur relision. qui'nd connaissait de vertu tiue le courage, de vice que la
làcheté. ît q'ui^n'ouvrait le paradis qu'aui braves morts sur le champ
de bataille, Ît d'eru les premiers guèrriers du monde.
IIs étaient arrivés au blus haut-desré de lerrr belliqueuse exaltation
eu moment oir I'empire frank commença de peqc.her iers son déclin :
la destruction du rràgarrisme en Germànie pàr Charlemagne contribua
beaucoup à attirer ieurs flottes vengeresses dans les mers de la Gau-le,
sans êtrè I'unique cause d'un moulement d'erpansion et d'agression
ginérale, aussi'inévitable que I'avait été jadis le débordement de la
éermaniô sur I'emuire româin. Divers chroiriqueurs rapportent que les
progrès de la poprilation dans le Nord ct I'iisuffisancb-des moy-ens de
àubÈistance avàient fait établir une loi suivant laquelle on obligeait,
tous les cinq ans. une Dartie de la ieunesse à aller chercher fortune sur
la terre étrângèr'e ; d'âutres assurbnt mème que cette loi s'étendait,
dans chaquc familie, à tous les puinds. L'antiquité offre plus.d'un
exemple rie coutumes analogues. 0à peut dorrter qu'une_telle loi ait été
nratitiuée réqulièrement et traisiblemônt chez les-scandinaves : ce qui
èst cêrtain.1'est sue toul'chef qui se trouvait à l'étroit sur son do-
maine, ou'qui en était expulsé pâr quelque rival, se faisait guerrier
errant' et piiate, avec les champion's déioués à sa personne f qui ne
^

nouvait ëLie roi'de terye se faisaii roi de mer, et Dlus-d'un roi de terce
êchangea volontairement sa royauté pour I'autre. ies chefs lerritoriaux
essavôrent d'a rrèter I'immense"dévelop rrement de la piraterie ; quelques-
uns lussent entrés volontiers dans I'alliance des Franks, dlns la société
chrétienne; vaines tentatives I longtemps encore Ie génie natio-nal les en-
traina ou les brisa : Ies braves étaient pour Odin et pour les rois de
I'Océan. Toutes les mers ettous les fleuve^s s'ouvraient à leurs navires;
toutes les terres leur étaient livrées en proie. lls s'él,aient partagé le
monde : aur Suédois, le levant; aux Danois et aur Norvégiens' le c0u-
chant : les guerriers errants de la Suède, conduits par Rourik, cc,mmen-
eaient à s'assu.iettir les Rttsses, et allaient fonder I'empire des Wargrs
ôu Warècucs Rirssiens. entre la Baltique et la mer Noire, dans ces mémes
régions oï lcs Goths, dont les frèrcs iubsistaient encore en Scandinavie,
avaient régné cinq siècles auparavant; les Danois et les Norvégiens pour'
suivaient Ia conqirète des iles Britanniques, et envahissaient la Germa'
nie et la Gaule.
Ces irruntions n'eutent de commun avec les anciennes invasions bar'
bares que les maur qu'elles causèrent. Ce n'êtaient plus Iâ des. peuples
quittant leurs foyers en masse pour se ruer pesamtnent sur des pays
plus favorisés dd Ia natrrre, mals bien des assbeiations peu nombreuses
àe guerriers d'élite, sans femmes, sans enfants, sans esôlaves, matelots
et sblAats tout ensemble, parcourant les mers aussi rapides que les
oiseaur de temoête, et o'néi'ant leurs descetttes avec une- soutlaineté et
une imnétuosité qui naralvsaient la défense et qui glaçaient de terreur
leurs e'nnemis vaincus arârtt d'avoir rendu te cbmblt.'Dans les nuits
orageuses des équinoxes, guand les marins des autres peuples se hâtent
de éhercher un abri et dti rentrer dans les norts, ils mettent toutes
voiles au vent, ils font bondir leurs frèles esqïifs iur le.s flots furieux;
ils entrent dans I'embouchure des Ileuves aveila marée écumante, et ne
s'arrêtenI qu'avec elle;ils se saisissent d'un ilot, d'un fort, d'un-postc
de ditficile'accès, propre à servir de cantonnement, de dépôt et de re-
traite; puis remoîtenf le fleuve et ses aflluents jusqu'au cæur du conti'
90 EIsTOIRE DE FRANcE.
nent, sur leurs longues et sveltes embarcations aux deur voiles blanches,
à la proue aiguë, à la carène aplrtie, sur lcurs u dragons de merl i
la tète menaqarrte, c0rnme ils disent. Le jorrr ils restentlmmobiles dans
les anses tes plns solitaires, 0u sous I'ombre des forêts du rivage : Ia
nuit venue, ils.abordent, ils escaladent les murs des corrvents, les" tours
des châte.aur, les remparts des cités; ils portent partout lé fer et la
flarnme.;.ils improvisent une cavalerie avec jes chevâur des vaincus, et
courenl le pay.s en tous sens jusqu'à trenle 0u quarante lieues dc lbur
rlr'ttillc. Quel irnrnense ayrnl.rge un tcl système d'attaque ne doit-il pas
av')ir sur un Etat désorga.nisé, oir les milices ne se rassemblent que
peuiblenrent, et otr les.petjts despotes. Iocaur sont bien moins dispo'sés
à se porter secours qu'à s'entre-détrrrire I
llenri Mrnun, Ifisloire de Franee,

EXERCICES ONAUX ET ÉCNITS

l. Erplioation des mots. - Pisle. villase de I'Eure. Kiernr-sur-


Oise, village de l'Aisne. -
Brissarilte, village du [Iaine-et-Loiîe.
Peronne, sous-préfecture -de la Somme. -
La-on, préfecl,ure de I'Aisne.
3. 0nestionuaire. Pourquoi Charles - le Chauve est-il considéré
-
comme le premier roi de France? que I'édit de piste?
- Qu'est-ce
le capitulaire de Kiersy?:- Que savez-vous du rèfne de Louis le Bùque? -
Quels sont ses deux fils ainés? est le Carlovins;en qui reînit
-une dernière fois tout I'empire? - Racontez Ie sièee dé prris nar les
Quel

Normands. -- Quelle fut la'{in de-Charles le Grosl I- quclle es't I'ori-


gine des Cuétiens?.- Raeontez le règne d'Eudes. que
Rollon? - Qu'est-ce
quel état de misère sé trouvait I'ancienne
- Dans
sous le règne de Char'les le Simplc? que le traité
Neustiie
de Saint-
- Qu'est-ce
Clair-sur-Epte ?
- Qnel fut le deuxiùme compirtiteur de Charles le
$iryplel - Quelle fut la lin de Charles?.- Pourquoi Louis IV ne put-
il établir sa puissanee? Qrrel fut son successéur?
- Pourquoi'
Allemands envahirent-ils -la F'rance, sous le règne de Lothaire?
les
' Quel
fut le succôs de I'invasion?
la date de sa mort.- Quel est Ie dernier des Carlovingicns?
- 3.Donncz
Ilevoirs à rédiger. Raconter I'histoire des Norman65 ius0rr'à
leur établissemen[ définitif- en France. Raconter les luttes dôs der-
Carlovingiens et des -
premiers Capétiens. Tracer Ia carle de la
ljers -
Normandie.

v
IJA SOCIÉTÉ FÉODALE
rEç0t{
t. Le régine féodal. - Lorsque le pouvoir royal eut été
rérluit à I'irnpuissance, les seigneirrs, mailres tle vastes territoircs
ou fiefs, s'y rentlirent indépeudants ct devinrent de véritables
souverains. Alors s'établit le réeime féodal.
3. Itroits du reigneur. Le ïeigneur avait trois principaur
-
ta s0clÉ1É rÉoD,rtts. 9l
droite, qui faisaient de lui un roi indépendanf; il pooouit lever
des soidâts, rendre la justice et pcrcevoir des tareô en nat,ure
ou en ,rrgcut.. Il evait incore urtc rnultitutle tl'autres droits qui
pesaient."les uns sur la personne du vassal, les autres eur son
ilouraine. Ert revanchc, ii devait protôger son vassal.
3. Les vilains et les'serfs, cËux qui n'étaient pas sei-
gneurs s'a0pelaicnt les serls Ou- Tbus
esclrues eLles uilains oumqnants.
fls eurent bcaucoup à souilrir tle la société féotlale.
4. L'EgIise et la^ohovalerie. - L'Eglise rendit tle grands ser'
vices da-ns cet[e époque barbare. Elle'' rrrrôta les guerres par la
lrêue de Dieu: elle nunit les violcnces pu;r I'etcommunicationl
enln, elle adôucit. ies mæurs féodalcs dn crôaut la cheualerie,
nÉcn

l. Origines de la féodalité.- Après l'établissement


des barbares dens le pays qui porte aujourd'hui le nom de
France, il y eut trois sortes de teues. Les alleua furent les
biens que se pertegèrent les conquérants, vivent sur leurs
domaines dans une complète indépenilance. Les fiefs ou bé'
nef,ces furent donnés par le chef ou roi à ses lidèles, aux
leudes, en échange de leurs services. Les temes tributaî,res
étaient laissées aux vaincus, moyennant une redevnnce. Jus-
qu'&u dixième siècle, le nombre des alleux diminua; les
times tributaires devinrent terres sujcltes, et il n'y eut
plus que des béné{ices, dont les possesseurs avaient obtenu
I'hérédité sous le règne de tlotaire II (615).
Charlemagne avait créé, pour udministrer les provinces,
des ducs, des marquis, des comtes, des vicomtes, révoeables
à sa volonté. Grâce à la faiblesse des rois ses successeursr et
aux incursions des Normands, ces gouYerneurs se rendirent
intlépendants, et obtinrent I'hérédité par le capitulaire de
Kiersy (S?7). L'hérédité des charges politiques se joignit
donc à I'hérédité des bénélices, et, quand I'empire disparut,
la féodalité resta. Elle fut, selon la définition très juste de
I\[. Guizot, < la corrfusion du droit de propriété et du droit
dc souveraineté. > Cependant le changement des biens de
loule nature en temss bÔnÔliciaires avait établi entre les
suzerains et les vassaux des liens qui subsistèrent. Le roi fut
le suzerain des propriétaires de 6rands liefs, suzerains eux-
mêmes d'une foule de seigneurs qui résidaient dans des
châteaux forts, et qui possédoient chez eux les droits souYe-
rains.
2. Droits féodaux. - Permi les droits féodaux, il
faut eu distinguer trois principaux : le droit d'ost ou de
92 EISTOIAE DE FNANCE.
guerre, le droit de ptraiitr ou de justice, le droit ù'aiih ou
d'impôt.
3. Droit de guerre. Le seigneur publioit son ban de
- sous sa bannière et à son ost
guerue et eppelait ses vsssrux
(armée), non seulement lorsgue le pays était envahi ou l'in-
térêt général mis en jeu, mais même en c&s de guerre privée.
Les hommes d'&rmcs servaient pendent un temps lixé, ordi-
nairement de quorantc à soixante jours, d'après I'importance
de leurs liefs; ils se pourvoyaient d'armes, de munitions et
de vivres pour tout le temps de Ieur service. S'ils étaient eux-
mêmes chevaliers ou borons, ils amenaient avec eux des sol-
dsts. Les femmes et les enfonts qui possédaient des béné{ices
se faisaient représenter per leurs sdnCcharm. A I'origine, les
ecclésiastiques étaient tenus de se présenter en personne :
plus tard, au onzièrne siècle, ils eurent la permission d'en-
voyer à leur place des auoués ou uidames (représentants ou
vice-seigneurs). Quiconque désobéissait était félon, et, comme
tel, privé de son lief.
4. Droit de justice. Le droit de plaid n'était pas
moins complet que le droit-d'ost. Le seigneur haut-justi-
cier avait une potence dressée à Ia porte de son chflteau,
et il faisait pendre de temps en temps quelque misérable
pûur morquer son droit. Quand deux v&ssaux avaient
procès, le seigneur convoqu&it les pairs ou égaux de I'accu-
sateur et de I'accusé, il appelait la cause et présidoit la
cour. La procédure éteit toute barba.re I I'accusé, pour se
disculper, I'accusateur, pour &ssurer sa parole, usaient des
mêmes moyens : l'épreuve de I'eau froide ou du feu, qu'on
appeleit ord,alie; les nobles et même les vilains avaient
sussi recours au duel judiciaire, plus conforme que I'ordalie
à la rudesse belliqueuse des mæurs du temps.
5. Droit d'aide.- Le droit d'aide ou d'impôt complétait
I'ensemble des droits régaliens exercés per le seigneur. Les
aides régulières étsient perçues deux fois pûr &n, soit en na-
ture, soit en argent, à P&ques et à la NoëI. À ces taxes, qui
étaient payées par tous les vassoux, s'ajoutait Ia taille, qui ne
pesait que sur le vilain, manant ou roturier, et qui était per-
çue dans quetre ces: lorsque le seigneur était prisonnier, lors-
qu'il partait pour la Terre Sainte, quand il armait chevalier
son tls ainé, quand il mariait sa fille aînée. I\Ia[s, dans la réa-
lité, les aides n'avaient de borne que la volonté du seigneur.
Les serls étaient taillables et corvéables à merci et à miséri-
LA soclÉTÉ rÉon.eln. 93

corde. L'auteur de la, coutume de Beauvoisis, Philippe de


Beaurnanoir, s'exprime ainsi en s'adressant au baron : < Si
tu prends sur ton vassal plus que de droit, tu I'as sur ton
â.me. r C'est-à-dire que le vilain n'a p&s de reeours sur cette
tene, et le seigneur n'& de comptes à rendre à aucune jus-
tiee humaine; la crainte de Dieu et tle la justice éternelle,
voilà le seul frein de sa puissance et la seule sauvegarde de
I'opprimé.
Au droit d'oide se rattochait le droit de monna,yage, Les
barons le considéraient comme une ressource tscale, fon-
dant et refondant leurs pièces, modifiant le titre et le poids
à leur caprice et à leur oonyena,nce, ou bien établissent des
bureaux de change dans leurs villes, pour forcer les étran-
gers à changer à perte les monnaies qu'ils avaient apportées
&vec eux. C'était Ià un des plus grenrls obstoclcs au déve-
loppement du commerce et des relations entre les hommes.
Saint Louis commenga une réforme nécessaire : il battit une
monnaie meilleure que toutes les eutres, lui donna coulf
forcé dans toute la France, et stipula que les pièces seigneu-
riales ne seraient regues que dans les baronnies où elles ou-
raient été frappées. Plus tard (1356), Jean le Bon conûsque
à son profit exclusif le droit de monnayoge.
6, Droits du seig:c,errr snr la persontre du
vassal.
- Les autres droits féodaux, très multiples, très
lourds, regarilaient, les uns, la;oersonne du vassal, les autres
sa terre.
Le premier de ceux qui attei6:noient les personnes était
lequel le vossal se déclorait I'homme
l'hommager l'acte per
du suzerain, Pour prôter I'hommege simple, le vessal se
présentait debout, les meins dans celles du seigneur, et
écoutait la formule du serment lue par le chancelier ; après
guoi, il disait : aoire (vrai). Par I'hommage lige, le vassal se
liait plms étroitement : il se mettait à genoux, sans éperons
et sens épée, prononçait lui-même la formule et baisait Ie
pied du seigneur. Par le droit de garile-noble, le suzerain
avait la tutelle de ses vasss,ux nobles, la garde des enfants
mineurs, le pouvoir d'autoriser leur mariage et même de le
commander, La loi donnée par Godefroy de Bouillon au
royaume de Jérusalem nous epprend que, une jeune ûlle,
héritière d'un fief et orpheline, refusant de se marier,
le suzerain la flt comparaïtre devant s& cour et lui dit :
a Dame, vous nous devez le sentice de vous marier. I Il
g& EISIOIRE DE trRANcB.
lui pr6senta trois seigneurs entre lesquels elle dut choisin
7. Droits du seigneurBrrr laterre duvaggal. ---
Les droits sur la terre étaient conservés ovec un soin jaloyx,
car c'était la terre qui faisait la puissance du seigneur. En
conférant un fief, il stipulnit toujours que le domaine ne
pouvait ètre dépiéci, c'est-à-dire partagé entre les enfants du
rlonataire, mais qu'il passerait tout entier à un seul héritier,
au plus capable de le défendre , à I'aîné; ainsi s'établit le
droit d'ainesse. La muinmorte était la somme perçue pa,r le
seigneur lorsqu'un lief passait aux mains d'une cÀrpoiation
religieuse. Le relief était un droit de mutation payé par des
héritiers collatéraux pour avoir la permission dc prcndre, de
relever un bien tombé en déshérence par I'extinition de la
ligne directe. Les droits de chasse, de garenne eI d,e colorn-
ôfer n'appartenaient qu'à la noblesse, qui saccageait ainsi
les terres du paysan et lui défendait, sous peine de mort, de
tuer une bëte noble : sous le règne de saint Louis, le sire de
Coucy fit pendre trois étudiants, coupables d'avoir tué des
lapins sur ses terres. Par le droit de gtte,le seigneur s'éta-
blissait dans la maison de ses sujets. Par cclui de pouruotrte,
il s'emparait de tout ce qui lui convenait, charrôttes, che-
v&ux, matelas, provisîons de bouche. Par celui de péage, il
rançonnait les voyageurs à I'entrée des ponts ou aux bar-
rages établis dans.les rivières. Le droit d'Cpaue lui donnait
la propriété de tous les objets trouvés sur sa, temel celui de
brfs, la eonûscation des vaisseaux naufragés sur ses côtes,
avec les passegers et la cargaison; celui d'aubnine, le droit
de réduire en scrvage tout étranger établi chez lui depuis un
an et un jour.
8. Un château féodal. Cette énumération des droits
-
du maitre est lon6ue, et cependant elle est prodigieusement
incomplète. Il est plus aisé d'énumérer les devoirs ; ils se
réduisaicnt à un seul : le seigneur était tenu de protéger son
vassal. La protection I voilà ce que demandait le malhcu-
reux exposé aux rapines des brigands, aux violences des
puissants, aux incursions do6 barbares. Ce furent des mains
plébéiennes qui bàtirent ces chùteaux massifs, qu'elles de-
vaient plus tard démolir. 0n choisissait le bord escarpé
d'une rivière, un rocher à pic, un monticule au milièu
d'une plaine; on creusnit des fossés, on élevait une muraille
épaisse, percée de meurtrières et garnie de crénenux et do
màchicoulis. Dans cette enceinte on bâtissait le manoir du
LA S0CIÊTÉ rÊoDÀtB. It
baron : c'était d'ordinaire une construction canée ou à ponl
coupés, divisôe cn trois ètages. Le rez-de-chnussée servnit
de cavc, dc ccllier el
d'arscnal. Le premier étage, utrgrtcl'
on arrivsit par une échclle extérieure, était la demeure du
maître et de sa famille; c'était une gron<le chambre garnie
d'une vaste cheminée, mal close et mal éclairée; des troncs
d'arbres tlambaient dtns l'â.tre sans pouvoir réchau{fer les
bebit&nts; de Ja paille hachée éttndue sur le sol tenait
lieu de tapis. Au-dessus la plate-forme, 0ù monts.ient les
homrnes d'armes en cos de siège. A I'un des angles s'éle-

Chltaau féodal.

vait nric guirrite de piurr,its, prlitrvue d'une grosse cloch.r ct


garriéc par le guetteur du chàteau. Le guetteur intcrrogcait
du regard I'horizon, et, s'il apercevait, I'ennemi, il sonnait
la cloche d'alarme et le branle-bas du combat commen-
cait. Altrs ie paysan quittait sa vignc ou son champ, il ac-
courait vers son trameau, blotti au pied du don.ion Iéodal; il
emmenait so femme et ses enfants, il poussait devant lui
son bæuf de labour, il entrait dans la cour du chirtcau,
et venait lutter derrière le pont-levis pour la défense com-
mune.
0. Serfe et vilains. Âu pied de ces fiers chôteaux
-
O6 SISIOIRE DE FRANCE.
féodaux, sur les reyers de la colline, s'abritaient de pauvres
demeures, cabanes grossières bôties en terre ou en bois et
recouvertes de chaume. C'était là que végétaient de malheu-
reux pa,ysa,ns ou serfs. Bien triste était leur situation I lls
dépendoient entièrement du seigneur, corps et biens. Rien
n'appartenait au serf : ni sa vie, ni sa liberté, ni le fruit de
son travail.
Au-dessus des serfs étdent les vilains ou manants.
Ceux-ci disposaient d'une certaine liberté. Ils payaient au
seigneur une rente onnuelle, appelée la taille, et ils de-
vaient des seryices corporels ou corvées. Le seigneur pou-
vait toujours réclamer des toilles et des corvées selon son
bon plaisir. Aussi disait-on que les vilains étaient tailiables
et corvéables à merci. Cet état d'oppression devait durerbien
des sièsles.
10. Maur causés par la féodalité. Les btrons,
incapables de supporter les ennuis du châ,teau,- tyrannisaient
leurs serfs pour se distraire, ravageant les moissons, cour&nt
le campagne Bveo leurs chiens et leurs chevaux, et se que-
rellant entre eux pour les plus futiles motifs. Entre ces
petits souverains, {ui voyaient des meurtrières de leurs
châteaux les frontières de leurs Etats, les occasions de
guerre ne m&nqueient pas. L'asile donné à un serf fugitif,
un voyegeur rançonné sur la limite de deux seigneuries, un
troupea,u enlevé, suffisaient pour animer ces âmes irritables.
Les barons, incapables de prendre les mrisons fortes, se
vengeaient sur le plat pays, et les serfs payaient de lo ruine
et de la mort les folies de leurs maîtres. Le fils du sire de
Coucy, Thomas de Marle, pour mieux yexer ses edversaires,
empalait, écorchait, mutilait leurs paysans.
La conséquence fatale des guerres privées, ce fut lafemine,
une famine tenible, pendant laquelle on ma,ngeait l'écorce
des arbres, I'herbe des champs, les cadavres des cimetières.
a Le voyageup, dit le moine Reoul Glaber, assailli sur la
route, succombait sous les coups de ses û.gresseurs; ses
membres étaient déchirés, grillés au feu et dévorés I d'au-
tres, fuyant lrur pa"ys pour fuir aussi Ia famine, recevaient
I'hospitalité sur les chemins, et leurs hôtes les égorgeaient
pendant la nuit pour les manger. Quelques-uns présentaient
à des enfents un æuf ou 'une pomme pour les ottirer à
l'écart, et ils les immolaient à leur faim. I
11. L'an 1000. L'excès de la misèreamène I'exsès
-
du désespoi,. p,"d::'i:Jff: ;iJ':'fti précé.ère", ,':;
1000, des pluies torrentielles inondèrent la terre et noyèrent
toutes les semences ; la famine redoubla, le lèpre et les
mnlodies contagïeuses décimèrent lc population, et on vit
le présent si triste qu'on détourna les yeux de I'avenir.
Tout fut intcrrompu, plaisirs, alfaires, intérêts, trovaux I
opprcsseurs et opprimés court'èrent ensemble la tôte dcvant
la colère divine, et les prêtres lurent la prophétic de I'Apo-
calypse, qui annongait la {in du monde'au bout de mille ans.
Aux approches de la nuit fatale, les populations s'entassè-
rent dans les églises, et attendirent en tremblant le son de
la trompette des sept anges. L'a.n 1000 pnssa, le monde
resto, I'elfroi se dissipa peu à peu et I'hom.me renaquit
à I'espérance et à la vie.
12. Ir'Eglise.
- L'Eglise, qui avait seule consolé le
misérable aux jours de douleur, garda tout son empire.
Enrichie par les grands, qui faisaient largesse de ce qu'ils
allaient perdre, elle garda ses domaines et acquit, avec la
fortune, I'indépendance qu'elle procure. Institutrice et direc-
trice des petits qui écoutaient et moyaicnt suns discuter,
elle entreprit de leur donner la paix et la sécurité. Pendant
ce long interrègne qui s'écoule entre la destruction de lo
puissance carlovingienne et l'élévation de la puissance capé-
tienne (888-f { 08), elle ût respecter son outorité morale par la
violence aveugle des barons. La paix de Dieu précéda lu, paix
du roi.
13. La trêve de Dieu ({04f ). d'une royaut6
- A défaut
ferme et vigilante, Ies seigncurs se faisaient partout la guerre,
pillaient et mutilnient les p&ysans, et causaient à la Frence
des moux sans mesure. Le clcrgé, qui n'avait ricn à at-
tendre du roi, provoquû partout des réunions à Ia fois
ecclésiastiques et populaires pour l'établissement de la paix
de Dieu. I{ais il ne tarda pas s'epercevoir qu'il était
à
impossible d'imposer une paix durable à une société qui
considérait lo guere comme un droit. Il résolut alors de
mettre dcs bornes à ce mal qu'il ne pouvait guérir radi-
calement. Il se contenta de placer sous la sauvegarde de
la paix perpétuelle les édifices religieux, les clercs, les en-
fants, les pèlerins, les femmes, les laboureurs, les ins-
truments de travail. Quant aux barons, elle leur permit
de se battre, en leur lixant rigoureusement le jour où
ils devaient s'abstenir; la trêve durait depuis le mermeili,
EIST. DE FR. C. COUPL
9E BISTOIRE DE FRÀNCE.
8u coucher du soleil, luiqu'au lundi atr soleil levant; elle
comprenait, en outre, tous les jours dcpuis le commence-
ment de I'Avent jusqu'à I'octavc de I'lipiphanie, depuis le
commencement des Rogations jusqu'à I'octave de la Pente-
côte. Cette trève, établie dans les diverses provinces fran-
çaises, de t03t àL1042t devint bientôt générale dans I'Eu-
rope chrétienne.
14. Llexeommunication. Pour faire exécuter ses
- terrible
décrets, le clergé se servait de I'arme de I'excommu-
nication. Quand le peuple était réuni dans l'église, après la
lecture de I'Evangile, le prêtre, debout à I'autel, prononçait la

Sacre d'nn

formule: n Qu'ils soient excofirmuriés ccur qui n'ont pas


voulu ou qui ne voudront pa.s promettrc la paix et la ius-
tice I
Maudits eux et leurs fauteurs pour le mall l\Iaudites
soient leurs ormes, maudits leurs instruments tle guerre!
IIs seront avec Cain lc fratricide, ûvec Jutlas le traîtù, nvec
llathan et Abiron qui cntrèrent vivants dans l'enfer. Que
leur joie s'éteigne ti la face des saints anges, de même que
ces cierges s'éteignent à vos yeux I n Alors les évêr1ues etles
prôtres renversaient les ciergcs qu'ils tenaient à là msin et
les jetaient à terre. De tclles cérémonies frappaient vivement
les- imaginations, et donnaient aux serfs le courage rie
refuser I'obéissance au baron excommunié, Des récits ef-
frayants passaient de l'église à la chaumiùrc et remontaient
tÀ socrÉTÉ nÉollln. 99
jusqu'eg
.donjon. On rocontait qu'un seigneur du Quercy,
ayont péri excommunié, avait été enterré per ses hommes,
sans lo permission du clergé, auprès d'une chapelle de saint
Pierre-. ï,e matinr son oorps gisait hors du cimetière consacré,
nu et lo face contre [,enre. Ses gens I'ensevelirent de nouveau,
et couvrirent le tombeau d'une mosse de tene et de piencs.
Le lendemain ils retrouvèrent encore le cadavre au-loin et
le tombeau intact. Ces prodiges, &uxquels tout le monde
ajoutait foi, faisaient trembler Ies seigneurs au fond de leurs
forteresses, et ils s'humiliaient devant des odversaires qui ne
craignaient pas les épées.
15. La cb,evalerie. Mais I'Eglise eut peur d'user
l'arme de I'excommuni- -
cation en I'employant
trop souvent. Aussi ,
&vec une odmirable ha-
bileté, elle prit posses-
sion de la féodalité elle-
même, elle en fit la che-
unlerie. Au onzième siè-
cle, la féodalité formait
une caste militaire, dont
chaque membre possô-
dait un cheval, et par-
ticipait à des exercice-<
dits jeux françrris olr
tournois. Le jeune noble
était formé au métier de
la guerue dans le ehâ-
teau de son père ou dc
son suzerûin, et recevait
solennellement son épée,
lorsqu'il parvenait àl'âge
d'hom me. L'Eglise s'em-
para de cctte coutume militaire en y joignant des cérémonies
religieuses. Le jerine, la veillée des armes, près du tonrbeau
d'un saint, de longues prières, la confession, la communion
furent la préparation obligêe à I'investiture guerrière. Au
sortir d'un bain de purification, le candidat était revêtu
d'une robe blanche, puis d'une robe couleur de s&ng, et
enfin d'une robe noire. Outre le serment d'être fidèle à son
suzeruin, il prêtait celui de garder sa foi intacte, de proté.
r00 EISTOIRE D$ fRANCE.
ger les faibles et de combattre les pervers. Puis, il recevait
Jes éperons, son casque, son épée, attendait à genoux I'uc-
colsde de son parrein, ssutait sur son destrier, brandissait
ses &rmes, et faisait parade de sa force et de son adresse.

IECTURE.
- Un château féodal.
lllontbason est un dss plus beaur châteaux de France.
Reorèsentez-vous d'abdrd une position superbe, une montagne escar-
pée, hérissée de rochers, sillonnée de ravins et de précipices ; sur le
ben'chant est le château. Les petites maisons qui I'entourent en font
iessortir la grandeur; I'Indre semble s'écarter avec respect; elle fait un
larse demi-cercle à ses pieds.
it faut voir ce ehâtea'u, lorsque, au soleil levant, ses galeries exté-
rieures reluisent des armures de ceur qui font le guet, et que ses tours
se montrent toutes brillantes de leurs grandes grilles neuves. ll faut
voir tous ces hauts bâtiments qui remplissent de eourage ceux qui les
défendent et de frayeur ceur qu1 seraient tentés de les attaquer.
La porte, Ilanquée de tourelles et couronné.e d'un haut corfs-de'garde,
se préïente toute courerte de tètes de sangliers ou de loups; entrez-
voris. trois enceintes, trois fossés, trois ponts-levis à passer; Yous votls
trouiez dans la grande cour carrée où iont les citernes, et à droite, à
Rauche les écuries, les poulaillers, les colombiers, les remises. Les
Ëaves, les souterrai'ns, les prisons sont par-dessous; !ar-dessus sont les
logements; par-dessûs le-s logements,' les magasins, Ies lardoirs ou
saÏoirs. le6 a'rsenaux. Tous lef combles sont boidés de mâchecoulis, de
parapets, de chemins de rontle, de guérites. Au milieu de la conr est
Ie ddnjon, qui renferme les archives et le trésor. ll est profondément
fossoyê dans tout son pourtour, et 0n y entre par un pont presque
touioirrs levé; bien que-les murailles aient, comme celles du château,
pluË de sir pieds.d'éfaisseur,ilestrevêtu, jusqu'à la moitié de sa hau-
-ou
ieur, d'une themise second mur en grosseJ pierres de taille.
Ci château vient d'être refait à neuf. Il a quelgue chose de léger, de
frais, de riant que n'avaient pas .les châteàux lourds et massifs des
sièclés passés. \ious vous doutèz bien qu'il est bâti dans le genre mo-
derne,'dans le dernier goùt : grandes chambres voùtées à croisécs
oeived. à vitres de verre-peint; grandes salles pavées en carreaux de
diversés couleurs; grands meubles de toute espèce; grands guéridons
avee des bas-reliêfi représentant I'enfer et Ie purgatoire; grandes ar-
-écrins; grands
moires sculptées en feirètres d'église; grands bahuts
ferrés: grands coffres rouges; Srands miroirs de verre de plus d'un
pied: srinds miroirs de m-étal dé même dimensiou; grards fauteuils à
bras. c-ouverts en tapisserie et ornés de crépines; grands bancs à dos-
siers srillés: srands bancs tle vingt pieds, âvec housses traluantes ou
banqu"iers dé d'raps brodés et armoiiéi. Je vous dirai cependant que les
Iits he me oaraisïent pas tout à fait proportiounés à l'état des maitres :
ils n'ont gutre que dii à onze pieds de large; j'en ai vu de plus grands
"moindres
dans de maisons. Mâis pour ce qui est de la décoration des
rpnartements. rien de plus somptuêux : il y-a des salles de parade, des
châmbres de baremeniqui prednent leur nom particulier des couleurs
ou des renréientationsTes-préeiettses tapisseries dont elles sont ten-
t
dues. Il y en dont les pilieis qui soutiennent leg Srosses poutres sout
LA SOCIÉTÉ TÉODÀtE. IOI
incrustés de ûlets et de fleurs en étain. Il y en a où des persoDnagel
de qrantteur naturelle. neints sur les murg. porteut ou tiennent des rou-
leaùr sur lesquels soûi écrites de belles s'eiteuces qu'on prend plaisir
à lire au srand proût de Ia morale.
Quant fta manière de vivre dans ces grands châteaur,.i'en suis assez
content, à ceta près qu'on ne dino guère que vers le milieu du jour et
qu'on tre soute gu'aDrès Ie coucher du soleil. ce qui me parait un peu
tard. La journôô eit d'ailleurs trës agréabiemeilt variéê. Le maiin,
vous voyei la cour se remplir d'écuyeis, de piqueurs, de pages qui
font faire à leurs chevaui mille diÏérentes voltes. Quelquefois les
damoiseaux, dont plusieurs sont des prodiges de force, de jeunes Sam-
son, assnillent ou dôfendent pendant plirsieuis heures, avec leurs longues
piques ferrécs, un petit carié de fuùier, une petite butte de terre, aur
apDlaudisscments de tous Ies sDectateurs.
^Àprès
diner, les barres, Ies quilles, le palet et plusieurs autresjeux.
Noub avions en outre le's papècais êt le's sinses. Nous avons aussi la
vieille folle du feu sire de lioritbason, et le petit fou du seigneur actucl,
si gentil, si e;piègle, que les jours de mauvais tenps il court toutes les
salles et devient l'âme de la maison.
L'aumônier est chargé des plaisirs de la veillée. Il a vu le monde;
il narre agréablement; nrais, cômme il n'a jamais été pèlerin et qu'il n'a
vécu ni dans les couvents ni dans les mouastères, il ne peut, sans cou-
rir risque de se répéter, faire deur ou trois contes par soirée. Ileureu-
semeni nous avons un âncien commandeur de Rhoïes, qrri a visité la
Terre Sainte et a voyasé dans les trois nrrties du monde. C'est un frère
du sire de l\Iontbasrin.-ll raconte voloritiers et bien; c'est grand dom-
mage que ses llurions le forcent d'aller se coucher de bonne heure.
Souvent il uous vient aussi des ionsleurs. des sauleurs: on entend
souvent aussi des conccrts de trdmpis, de'trompettes, d'e 0rltes, de
cbalumels, de tambours, de harpes, dê luths, de cimliales, de sonnettes,
de rebecs : auiorrrd'hui il est oassé un musicien oui iouait de la vielle
et qur n'a.iamàis pu I'accorderi on a enfin reconnu'qudles cordes étaient
nroiiié de Ïoyaur'de brebiset moitié de boyaux de^loup : il a été payé
aussi généreusement que les autres,
La vie de ces clrâteaux serait troo heureuse si. comme toute autre.
elle n'était mèlôe d'anxiêtôs et d'alaimes. Quelquôfois,
-milieu au moment où
I'un s'v attend le moins, pendanl le repas, au du sommeil, le
guet sonne la cluche, on crie; aussitôt tout ést en mouvement; Ies ponts
Iont levis, les hersés tonbcnt, les portes se ferment : tout'le donde
quilte précipitamment la table, le lit, court aur créneaux, aux màche-
cbulis,'aux ineurtrières, aux b'arbacanes. Ces jours derniers je fus té-
moin d'une de ces alertes, et, durant deux fois vingt-quatre heures, il
n'y eut que I'aumônicr ct moi à qui il fut permis de, dormir; on se tint
sans cesse sur ses sardes. mais if n'en [ut'0ue cela. C'était un vidlme
des environs qui aiait cru que le sire rle trlbntbason faisait des levées
et dcs prénaratifs contre lui. et qui. sans envoycr des lettres de dé-
llance, 's'étài[ mis en campagde avéc irois cents liommes; il y a eu des
pourpar)ers, des erplieations : tout s'est arrangé. A ce sujet, ma.dame.
la douairiùre nous disait qu'au.iourd'hui les guerres ne sont plus si
frirluentes qu'autrefois. Elle se souvient que, la semaine de ses noces,
il fut fait une si longue et si rude attaque contre ce château que per-
sonne n'alla se coucher de huit iours.
À). .Voxrnr, Ilistoiri des Françuis d'es diaers états.
t02 EISÎOIRE DE TNÀNCE.

EXERCICES ORATX ET ÉCRTTS

l. Srplioation des mots.


- llonlbazon, chef-lieu de canton d'lndre-
et- Loire.
3. Ouestionnaire.
taires? - Qu'appelait+n alleur, bénéfices, terresA quelle
Qrre devinrentces diverses sortes de domaines?
tribu-
-
époqrre Ies bénehces devinrent-ils héréditaires?
-
A quelle époqrie les
cômles obtinrent-ils I'hérédité? Donnez une -défrnition de la féoda-
lité. -
Queli sont les trois principaux droits (éodaux?
naitre- le droit de gnerre.
- Faitesqrr'un
Le droit de justice. - Qu'est-ce
con-

seigneur haut-.justicier? -Qu'est-ce qne I'orrlalie et le conrbat judi-


ciaire? -
Qu'est-ce que le droit d'impôt? - Qu'appelail-on aides régu-
Iières et- taille? que le droit de monnayage?
ce droit sorrs saint
Qu'est-ce
- Louis, sous Jean le Bon? - Que devint
Qrtels étaient les autres
-
droits du seigneur sur la terre de son vassal? t- Que devaiI le suzerain
.au vassal?
- Donnez unc description d'un château
sont les serviccs renrlus par [l féotlalité?
féodal.
- Quels
Quelle fut Ia conduite des
barons arrrès la lln des invasiuns?
-
Quels sonl les marrr carrsés par
la féodalitô? - Donnez unc itlée de- la misère avanl l'an 1000.
prolita de Ia terrcrrr universelle? - Qui
Quels sontles services rendus par
-
I'Eelise entre l'affaiblissement des Carlovingiens et l'élévation tles Ca-
péticns? qu'on appelle trèçe de Dicu.
- Exposez ceContment
I'ercommunication?
Qu'est-ce que
et pourqttoi I'liglise -prit-clie posses-
sion de la féortalité? - Qu'appclait-on chcvalier au onziùme siècle?
faiiait-on- un cltevalier?
- 3.Comment
Ilevoirs à rédiger.
- lixposer le régime féodal.
bons et les rnauvais résultrts de la féodalité.
- Apprecier
Aoprécier
les
Iés serrices
rendus par I'Eglise à l'époque de la féodalité.
-
CIIAPITRE III
I.ES CAPÉTtEIIS DTRECT$
(e87-r328)

I
LEs pREMTERS cEpÉtrnNs, - coxguÊru
DE I,'ÀNGLETERRE. _ LA CROISAI}E
LEçoN '

l. Les quatre greniers 0apétiens.- Ilugues Cnpet, duc de Frnnce,


élrr roi ('gt:) pâr les granlls barons du Nord,-battit son coupé-
titcur, lè CirÎovingiei Charlcs de Lomaine-,. mais.il.ne- P-ut. obte-
nir I'obéissance de-la féodalité. Il s'assura I'appui de I'Eglise et
ût sacrer son fils de son vivant, ce qui ôta auf scigneurs le droit
d'élection.
Son fils Robcrt tut pieux et bon, il fut la victiure de la reine
Constance ct se laissa-voler par les pauvres
Henri I.. céda la Bourgogde à son-frère Robert et fub impuie-
sant à répriurer les guerres privées.
Phitipp^e Ier eut uii lonE rôgne obscur, et resta dans ses châ-
teaux iiiré à I'indolcucel valincu par Guillaume, excommunié
nar le prpe Urbain II, viDilli par les excès. il finit par abandon-
irer Ie g,rirverncment'à son fiis Louis, qu'il fit sacrer roi.
g. niboditions féodalcs. Ilais la société féodale s'agitait
autour do -
Ia royauté impuissante; des chevaliers bourgui-
snorls r'élablissaiênl en EsÈagne et en Portugal; des chevaliers
ilormauds fondaient le roiaùme des Deux-Siciles; enfin Guil-
lnume tle Normandie s'cmpârait de I'Anglcterre ({066)'
3. La promière oroisade.^- La plus .Ùrillante'exp-édition féo-
dale, Ia ôroisade, fut entreprise pour dôlivrer la Palestine de
la dôurination des musultnais; pr;êchée par Pterre I'Ermite, au
concile de Clermonl, elle fut diiigéc pa'i Godefroy de Bouillon.
Les croisés, après s'être réunis à-Cunstantinople, débarquèrent.
en Asie, lls furent vainqucurs à Doryléc, s'emparèrent d'An-
tioche ct entrèrent dans iërusalrm, apiès un assaut hcureur, le
tb juillet t099.
d ia royaums rle Jérusalem. - Godefroy- orgagisa lÛ. con'
ouète. Soùs ses succcsseurs furcnt institués les ordree religieur
et militaires des llospitaliers, des Templiers et des Teulons, pour
la protection des pèicrins et la défcnsc du eaint sépulcro.
r03
EISlOIRE DE FRANCE,

RÉcI1

1. Avènement de Eugues Capet(g8?). Quelque


temps evan[ s& mort, le dcrnier Carlovingicn avait - convoqué
à Compiègne une assemblée de grands pour juger I'orc[e-
rêque de Reims, Adalbéron, qu'il accusail de iélonie. Adat-
béron fut déclnré innocent, et proposa aussitôt aux ducs, a,ux
comtese!auxévêques de choisir un roi. Charles de Lorroine,
frère de Lothaire, revendiquait la couronne. L'archevêque tt
réunir ure &ssemblée plus nombreuse à Senlis, et se pro-
nonqe dans les termes les plus passionnés contre Lothaire et
pour Hugues Capet. L'assemblée n'était compost(e que des
amis et des partisans du duc de France, que dirige[ient le
duc de Bourgogne, son frère, et le duc de Normondie, son
beau-frère. Lcs comtes de Poitiers, de Toulouse, de Flandre
et de Vermendois ne perurent pas à Senlis. Toute I'assistance
applaudit aux paroles d'Ads,lbéron, et, < du consentement
commun, Hugues fut élevé à la royauté. I Ainsi le chef de la
troisième race dut sa couronne, non pas à la volonté de la
nation, mais à celle des grands feudat,aircs de la Frence sep-
tentriona,le, et, s'ils lc préférèrent à Charles de Lorraine, c'eit
qu'ils craignaient plus les prétentions du descendant de Char-
lemagne que la puissance du baron qui était leur égal.
_.9. Règ:re obscur de llugues Capet (98?-996).
-
L'histoire des premicrs Capétiens est aussi obscure que'celle
des derniers Carlovingiens. Hugues Capet ou Càapef (qui
porte la chappe) dut distribuer des licfs et, des priviiègcs pour
se concilicr Ie clergé et la féodalité dc son duché. tharles de
T,orraine, son compétiteur, I'atlaqua, et fut soutenu par I'ar-
chevôque de Reims, Arnoul. Charles lit lo guerre en brigand
plutôt qu'en roi, ct ses troupcs commircnt tant de dévàsta-
tions que son allié Arnoul fut obligé de le frapper d'excom-
munication. Hugues reprit Reims, surprit Charles à Laon et
I'emprisonna dans la tour d'Orléans aveo toute sa famillc.
I\Iais il n'en fut guère plus puissant. Au nord de la Loire,
son titre était reconnu, mais par des barons qui s'appelaient
scs pairs. Au sud de ce fleuve, les noliles vivaient ( sous
le règne de Dieu en attendant un roi. r lls agissaient en
maîtres sur leurs domaines, et se faisaicnt la guene s&ns
s'inquiéter du roi de Paris. Adnlbut de Périgord ayant con-
quis sur Guillaume Ficr-à-Bras, rluc d'Aquitaine, les comtés
LES PREMIERS CAPÉTIENS. tO5

de Tours et de Poitiers, Hugues lui envoya ce messege :


a Qui t'a fait comte ? r ? I répondit le
- < Qui t's fait roi
baron, et il garda sa conquôte.
3. Robert (996-t031). - Robert, sueÆcsseur de Hugues
Capet, étoit pieux et bon. Comme Louis le Débonnaire, il
fuisait de longues et fréquentes prières; il ellait souvent à
l'église de Saint-Denis, en habits royaux, pour chanter &vec
lcs moines. Il nourrissait tous les jours trois cents p&uvrest
et dônnait eux mendiants un libre accès dans sa demeure.
Un jour, I'un d'eux, assis pendant le repas du roi, coupait
les glands d'or de son manteau ; Robert se pencha en disant :
a Ami, il faut en laisser pour les autres. > Il avait épousé
Berthe de Bourgogne, s& cousine : l'Eglise I'excommunio,
malgré so piété, et, après une résistance de deux années, il
se sépara de Berthe et épousa Constance, Iille du comte de
Toulôuse. La reine omen& ovee elle une suite d'Aquitains,
dont le costume, les manières et I'esprit déplurent fort aux
Français du Nord : a Leurs &rmes et les harnais de leurs
chevaux étaient également négligés, dit un contemporain,
Ieurs chevcux ne descendaient qu'à la moitiô de la tête; ils
se rasaient ls barbe comme des baladins; portaient des bottes
et des chsussures indécentes; enlin, il ne fallait ettendre
d'eux, dans les alliances, ni foi ni sùreté. > La reine elle-
mème tourmenta Robcrt par son caractère impérieux et
aoariâtre. Robert ovait fait strcrer Henri, son aÎné. Constance
souleva ses deux autres tls contre leur père : le roi les battit
et leur pardonna.
Lorsque le duc de Bourgogne, Henri, fils de Hugues Capet,
mourut sans postérité, le roi revendiqua le duché en vertu
de la loi des fiefs. lIais Otto-Guillaume, tls d'un premier
mari de la duchesse de Bourgogne, réclama I'héritage, et
soutint contre le roi une Sueme qui dura quatorze ans. Elle
se termina ptr un compromis : Robert eut la Bourgogne;
Otto-Guillaume, la Franche-Comté et le comté de Dijon. Les
grands feudataircs s.vaient peu de respect pour ce prince
pocilique et sans puissance. Il n'est pes étonnant que ce roi,
si peu maître duns son roy&ume, n'oit voulu accepter ni
I'Italie pour son tls ni la Lomaine pour lui-môme. Il mourut
à l\[elun, ôgé dc soixante-dix ans.
4. IIenri I" (t03 t-I060).-Henri lo'eut d'abord à lutter
contre sa mère Constance qui voulait assurer la Bourgogne
à son tls préférê Robert,. Henri, aidé par Robut le Diable'
6.
106 HISTOIRE DE T'RANCE.
duc de Normandie, bettit son frère à, Villeneuve-Saint-
Georges et lui céda la Bourgogne, pour apoiser la colère de
Constance : Robert fut la tige de lo première maison capé-
tienne de Bourgogne qui porta la couronne ducale jus-
qu'en {301, snns beaucoup d'éclat. Il vainquit ensuite son
second frère, Eudcs, le {it prisonnier et I'enferma dans le
chirteau d'Orléans. Enlin, après avoir protégé le jeune Guil-
lnume le Bùtard, de Normandie, il I'attaqua ct fut vaincu.
5. Philippe f" ({000-f f 08). Ilenri Ie' avait épousé
- de Jaroslcw; il appela
Anne de Russie, Iille du grand-duc
son fils aîné Pliilippe, en mémoire des rois de Macédoine
dgnt le reine se prétendait issue. A lo morb de son père,
Philippe, âgô de sept ans, fut plecé sous la tutelle de Bau-
douin, comte de Flandrc, son oncle. Pendont cette régence
obscure,les Normands firent deux brillontes expéditions aux-
quelles la royauté resto étrangère : la conquête des Deux-
Siciles et celle de I'Angletere.
Philippe avait les viccs d'un prince oisif, brutal et beso-
gneux. Il vendait les évêohés et les abbayes, il détroussait
lcs voyogcurs; il répudia sa femme Berthe de Hollande,
pour épouser Bertrade de h{ontfort, femme divorcée de
Poulques le Réchin, comte d'An.iou. Le pape Grégoire VII
se montro le vengcur de la morale outragée; il écrivit aux
ér'ôques de France : < Entre tous les princcs qui, par une
cupidité abominable, ont vendu I'Eglise de Dieu, nous ayons
appris que Philippe, roi des t'rançais, tienl, Ie premier reng. '

Cet homme, qu'on doit appeler tyran et non roi, est la tête
et la cause de tous les maux de la France. Il vient, comme
un brigond, d'arrêter des marchands qui se rendnient à une
foire dc France et de leur cnlever des sommes immenses. S'il
ne veut pas s'amender, je vous ordonne de mettre son
roytume en inl,erdit : si celo ne suflit pas, nous tenterons,
avec I'aide de Dieu, d'arracher son royaume de ses mains. r
llus tard, Ie pape Urbain II I'excommunio au concile de
Clermont (1095), et Philippe fut obligé de renvoyer Bertrade.
A partir de 1099, vieilli par les excès, il abandonne son gou-
vernement à son fils Louis I'Eveillé, qu'il fit sacrer roi.
Ainsi, Ies quatre premiers Capétiens. ne sont que les chefs
nominaux de la Francc. Spectateurs indolents de I'activité
d'autrui,, ils ne s'émeuvent ni des insultes, ni des usurpe-
tions, ni des aventures héroïques. L'histoire de France est
ailleurs qu'à Paris. Elle cst dans lcs châteaux féodaux où
tgs PREMIERS oÂPÉrtrns. 107

règnent les barons : elle est en Portugal, à Naples, à Londres,


où des seigncurs français vont conquérir des royaumes; elle
est sur le chemin de Jérusalem, où la France marche à la
tête de toute I'Europe pour repousser une nouvelle invasion
musulmane.
6. Ires Bourguignons en Espagne et en Por-
tugal. - Arrêtés dans leur patrie par Ia trêve ile Dicu, les
chevaliers français répandirent au dehors leur activité guer-
rière. En Espagne, lc khalifat de Cordoue s'étai[ divisé en
roy&umes rivaux (4030). Ce démembremcnt fovorisa les pro-
grès des chrétiens. Alphonse VI, roi de Csstille et dc Léon
et époux dc Constance de Bourgogne, appela en Espagne
beaucoup de nobles bourguignons, qui s'empressèrent d'aller
chercher de glorieuses aventures sous la conduite du Cid.
Raymond, fils de Guillaume, comte de Bourgogne, épousa
la fille et héritière d'Alphonse VI, et fut lo tige de lo mai-
son royale de Castille. Hcnri, nevcu d'Eudes de Bourgogne et
amière-petit-fils du roi Robert, reçut le comté de Portugal,
entre le Minho et le Mondcgo. Alphonse, son tls, battit les
Maures, conquit les rives du Tage et fut proclamé roi par ses
soldats sur le champ de bataille ({099).
7. T'es Normande à Naples et en Sicile. Mais
ce fut du duché de Normandie que sortirent les plus- intré-
pides et les plus heureux aventuriers. Vers I'an 1000, des
pèlerins normands avaient chassé les Arabes de Salerne;
d'autres avaient expulsé les Grecs de Buri. En 1026, les
Napolitains établirenl, une colonie normande à Aversa. Bien-
tôt, leslils d'un peuyrc gentilhomme de toutances, Tanmède
de Hauteville, attirés pa,r Ies récits de leurs compatriotes,
vinrent en ltalie pour conquérir de nouveeux tcrritoires :
ils s'emparèrent du comté de Pouille. Le pape Léon IX les
ol,toqua; Robert Guiscard, I'un d'eux, le tt prisonnier, et le
reconnut malgré lui suzerain de tout ce que les Normands
pourraient conquérir(t 052-{ 053).Roliert s'assura toute I'Ii,a-
lie méridionale per un mélange de ruse et d'audace, de
politique et de bravoure, qui a fait de lui un des hommes
les plus remarquables de son siècle. Non content de Naplest
il attaqua I'empire d'Orient, résista à I'empire d'Allemagne,
et mourut sans avoir été vaincu. Son plus jeune frère , Roger,
dcscendit en Sicile &yec une faible troupe, émerveilla les
habitants per ses prouesses fabuleuses contre les Sarresins,
et fi.nit par conquérir l'île entière. Son tls, Roger II, réunit
IO8 EI8ÎOIRE DE TRÀNCE.
sous le nom de royeume des Dcux-Sicilcs toutes les posses-
sions des Normands dans la basse ltalie.
8. Guillaume, duc de Normandie. - Le duc de
Normandie lui-même suivit I'exemple de ces heureux che-
valiers, et conquit comme eux un royeume. Le prince anglo-
sûxon Edouard, chassé d'Anglcteme par les Danois, avait
trouvé un asile à Rouen, et, lorsqu'il fut rappelé à Londres,
il ût partager ss, fortune à un grand nombre de Normands.
Ces étrangcrs sc rendirent bientôt odieux par leur insolence
et leur avidilé, et les Saxons se rangèrent sous la conduite
de leurs chcfs nation&ux, Godrvin et son ûls Htrold. Edouard
lui-même en vint à se repentir de sa partialité pour les tr'ran-
qais, prit Harold pour son favori, et le pressa de se déter tlu
duc Guillaumc qu'il voulait aller visiter. a Il t'arrivera mal-
heur à toi et à notre peys, dit-il, je connais ce Normand et
ses ruses. l llarold s'embarquanéanmoinspour allcr chercher
son frère et son neveu, otages de Guillaume. Lc duc de Nor-
mandie le traita avec honneur, l'&rma chevalier et I'emmena
avec lui dans une expédition contre les Bretons. Au retour,
les deux princes chevauchuient côte à côte : n Autrefois, dit
le duc, quand. nous vivions, Edouard et moi, sous le même
toit,, il me promit de me laisser sûn royaume. Il faut que tu
m'aides, Harold, à assurer I'exéeution de cette promesse : fais
fortilier pour moi le chàteau dc Douvres, alin de lc livrer à
mes gens d'armes; épouse ma fille Adèle, ct donne ta sæur
à un de mes chefs; je te ferai riche et puissant quand je serai
roi. u Le Saxon étourdi, confondu, se sentant en la puis-
sa.nce du duc, promit tout, e[ huit jours après, dans une
grande assemblée tenue à Bayeux, devant tous les barons
normands, il répéta son sermcnt, la main sur les Evangiles.
Aussitôl Guillaume lit enlever le drap d'or sur lequel reposait
le livre sacré, et drlcouvrit une grande cuve remplie de re-
Iiques : tous les soints de Normandie étaient désormais
térnoins et garnnts do Ia foi jurée.
9. Le roi Ilarold et Guillaume de Normandie.
Lorsque le roi Edouard se sentit mourir, il conseilla aux
-
chefs saxons d'élire Harold, qui reçut et acoepta la couronne.
Guillaume apprit cette nouvelle à Rouen. Sa colère et son agi-
tation furent grondes. Il s'assura de I'assentiment des barons,
commenço ses préparatifs et les poussa avec aul,ant d'activité
que de secret. En même temps, il envoya au roi des Anglo-
Saxons un messûge pour lui rappeler son serment. q Il est
CONOUÊTE DE L'ANGLETERNE. tog
vrs.i que j'ai juré, dit Ilarold; mais j'ai juré par foree, étant
au po-uvoir du duc. Jc ne pouvais disposer de mon pays qui
ne m'appartenait pas; jc ne pouvais êpouser une étrangère
contre le gré de ma nation; quant à ma s(Bur, elle est morte,
Guillaume veut-il que je lui envoie ses restes? > Guillaume
jura qu'il viendrait dans I'année punir le parjure.
10. Expédition de Guillaume en Angleterre.
-
Tandis que le roi Harold étoit occupé dans le nord à repous-
ser une attaque des Norvégiens, le duc de Normandie publiait
dans I'Europe entière ce qu'il appelait la perûdie du Saxon.
Ses plaintes allèrcnt jusqu'à Rome, où venoit d'être élu le
le pape Alexandre II par I'inlluence du cardinal llildebrand.
Hildebrand, qui fut plus tard Grégoire VII, détermina le pape
à prendre parti dans cette querelle. Une bulle reconnui les
droits de Guillaume et I'autorisa à s'emparer de I'Angleterre.
L'assemblée des Normands était moins favorable que le pape
auxprojets de conquête; elle refusait de payer les fraisd'une
entreprise qui ne devait pas lui proliter. Toutefois le duc
arracha I'adhésion des principaux bôurgeois ; il regut d'Anjou,
de Bretagne, de Flandre, d'Aquitaine, les soldatJde fortune,
les hommes entreprenants qu'attirait sa réputation, et, au
mois d'aoù! {066, il réunit uïe flotte nombrôuse à I'emb'ou-
chure de Ia Dive. Les vents contraires retinrent les vaisseaux
s_ur la côte pendanl, près d'un mois. Guillaume lit promener
dans son cemp les reliques de saint Valery : le veÀt se leva
dans ln nuit, et le lendemain quatre cents navires et un mil-
lier de barques emportèrent les conquérants vers I'Angleterre.
Ils débarquèrent sans résistance à Pevensey, près d'Hastings,
le 28 septembre. Guillaume somm& Harold de lui donnerle
royeume, de soumettre la querelle à I'arbitrage du pape, de
la vider en combat singulier, ou enlin de lui céder Ia moitié
de I'Angleterre : Harold ne répondit pas.
tl. Bataille d'Ilasting.s. . Cependant les chefs
s&xons étaients inquiets; ils oaignaient que le jugement de
Dieu ne se prononçât contre le parjure, et ils supplièrent le
roi de les laisser combattre seuls, eux qui n'avaien[ pas juré.
Harold, tout ému, refusa, et le l& octoble au matin lÀ laiaitte
s'engegea. Elle fut longue et acharnée : trois fois les Normands
attaquèrent sans succès le camp srxon. Déjù ils pliaient, ils
disaient que le duc était tué,loisqu'il s'avisa de slmuler une
fuite. Les Saxons s'élancèrent en désordre hors de leur c&mp,
les fuyards se tournèrent brusquement, surprirent les assail-
IIO EISTOIRE DE TRÀNCE.
lants fatigu6s et dispersés par lo course, et ainsi les Normands
eurent c&use gagnôe. Harold et ses deux plus jeunes frères
furent tués au pied de leur étendard.
12. Conquête de l'Angleterre. Dès lors Guil-
laume fut le maltre de I'Angleterre, et les- Saxons qui résis-
tèrent enrore se réfugièrent dans les bois pour y mener une
vie de brigandage qui donnait au moins I'indépcndance et
promettait la vengeance : on chassa ces proscrits comme des
bêl,es fauves. Por suite des révoltes et dcs con{iscations, Ie roi
s'emparû d'une notable portion des soixante mille liefs qu'il
avait distribués et donna ainsi à sr mon&rchie naissante le
solide eppui de la richesse. Les grands v&ss&ux reçurent des
territoires disséminés, et tous, jusqu'au plus humble chevo-
lier, prêtèrenI serment directement au roi.
13. Mort de Guillaume le Conquérant.-En {087,
Guillaume, toujours insatiable, réclama au roi de France,
Philippe Ie', l& petite ville de l\Iantes et une partie du Vexin
français. Il entre oyec une armée sur le territoire contesté,
prit Mantes et la pilla avec une fureur sans égale. Il chevau-
chnit au milieu de I'incendie, lorsqu'il tomba et se lit une
blcssure au ventre. On le transporta à Rouen, où il languit
six sernaines, cherchant à réparcr par ses largesses le mal
qu'il avait fait. A peine avait-il rendu le dernier soupir que
ses serviteurs s'enfuirent après avoir dépouillé la chambre et
jusqu'au cadavredu roi. Un habitant de la cs.mprgne, nommé
Ilerluin, se chargea de payer les funérailles. Le corps fut
transporté à Caen I mais, eu momcnt où il allait être descendu
dans la fosse, un certain Asselin, bourgeois de la ville,
s'av&ngo et défcndit qu'on procédtt à la cérémonie, assurant
que le temain lui appartenait et que Guillaume I'av&it pris
sans le pùyer. Il fallut le dédommager séance tenante. Enfin
le Conquérant put prendre possession de cette dernière
demcure qui lui était si contestée. La fosse se trouva trop
étroite, de sorte qu'on dut faire entrer le cadavre de force, à
la grande horreur des assistants.
14. Causes de la première croisade.
brillante expédition de ce siècle fut entreprise pour - ta plus
délivrer
lc tombeau de Jésus-Christ, et les Frangais y eurent la prin-
cipale part. Plusicurs causes poussaient les chrétiens vers
l'0rient. Déjà les Sarrasins avaienl fait une invasion dans la
Gaule, et il avait fallu le génie de Charles Martel et la persé-
vérance de Pépin Ie Bref, pour les rcjeter au delà des Pyré-
.!

ra tR0tsaDB. lll
nées. Charlemagne et ses lils les avaient repoussés derrière
I'Ebre, et depuis ce temps les chrél,iehs d'Espagne n'avaient
pas cessé de les combol,tre, Le pape résolut de conjurer I'in-
vssion musulmane p&r une invasion chrétienne.
Outre cette cause politique, la uoisade eut une c&use
sociale, lo nécessité d'occuper I'activité guemière des borons.
L'Eglise avait commandé la trêae de Dieu; mais déjà son
arme unitlue, I'excomrnunication, semblait s'user dans ses
mains. En vain metlait-elle soub lo protection des bons che-
valiers la cabnne du pauvre et la moisson du laboureur, la
passion de Ia gueme faisoit sortir les borons deleurs châteaux,
les violcnces recommençaientl les tournois et les combats
judioiaires étoient, les occupations lcs moins æuelles de la
société féodale. A la trêve de Dieu, I'Eglise Iit donc succéder
Ia gueme de Dteu,, bien stre d'èlre plus oisément obéie, Elle
montro aux chevaliers les inlidùles à pourfendre, et leur ten-
dit l'épée qu'elle leur avait arrachée. Alors les descendants
des Germains, emprisonnés dans le donjon ou la chaumière,
sentirent se réveiller en eux le goùi des aven{,ures. Leur sang
bouillonna, à la pensée de courir le monde, dc visiter les
grandes cités de l'0rient, conduits cctte fois par de redoutobles
évêques qui bénissaient ce qu'ils avaient maudit.
Ainsi la religion n'inspira pas seule les moisés; il est vrai
néanmoins que, sans elle, rien n'ourait pu jeter I'Europe sur
I'Asie. Depuis I'an {000, la ferveur s'était ianiméc, la haine
des inlidèles s'entretenait par les expéditions en Espagne, par
les pèlerineges eu tombenu du Christ, et par les souvenirs
légendaires de Charlcmagne, qui n'était &ux yeux du pcuple
que le vainqueur de l\Iohomct, et le libôratcur du Saint-
Sépulme.
15. Pierre I'Ermite. Parmi les visiteurs deg lieux
snints se trouve un ermil,e- du diocèse d'Amiens, nommé
Picrre. < C'était un homme de très pctite taille et dont I'as-
pcct n'avait rien que de misérable : mais une grande âme
habitait ce corps chétif ; il avait I'cspritprompt, l'æil perçant,
le regerd pénétrant et doux, la parole éloquente. r II obtint
du patriarche de Jérusalem, Siméon, des lettres pour Ie pape
Urbnin II, et se rendit à Rome. Urbain I'envoya prècher en
Italie, en Allemagne et en France, et, quand les esprits furent
préparés, il vint lui-même présider le concile de Cler-
monl (r095).
Sur lo grande place ful dressée une vaste estrade où
II2 BISTOIRE DE FRÀNCE.
prirent place le pape et I'ermite Pieme &vec son hâton de
pèlerin et son montceu de leine. Après uu discours de I'apôtre
qui communiqua à lo foule le vive émotion dont il étoit
onimô, Urbain se levo :
<r Guerriers qui m'écoutez, dit-il, vous qui cherchez sons
cesse de vains prétextes de guerre, réjouissez-vous, car voici
une guerre légitime i le moment est venu de montrer si vous
êtes s.nimés d'un vrai courage. Il ne s'agit plus de venger les
injures des hommes, mois celles de lu Divinité; il
ne s'ogit
plus de I'attaque d'un chôteau, mais de le conquète des
lieux saints. u

Concile do Çlerrnont.

Un immense cri de .Dieu Ie tseutJ accueillit ces paroles, et


le pape, élcvant la croix au-dessus dc sa tète : a C'est Jésus-
CÉisi lui-même qui vous présente sa moix. Portez-lo sur vos
épaules ou sur votre poitrine; qu'elle brille sur vos armes et
sor vos étendards. u Adhémor de l\Ionteil, évèque du Puy,
rlemanda le premier à entrer dans les uoies de Dieu, el
reçut la croir des mains du pape; les ûdèles décorèrent leurs
vêiemcnts d'une croix rouge, et prirent le nom de crotsis',
16. Croisad.o populaire (t095). - Tondis que les
barans faisaient leurs pr'éparatifs, Ie peuple se leva en masse
et partit sous la conduile de Pierre I'Ermite et d'un- psuvre
chdvalier nommé Gauthicr sans Avoir. Ils passèrent le Rhin,
traversùrent le Bavière et I'Autriche, furent battus par les
f,a cR0IsÀDE. ll3
Bulgares à Nissa, et amivèrent à constantinople dons le.plus
gruiA désordre. Cette première troupe fut suivie de plusieurs
iutres également indisôiplinées. L'empereur Alexis Comnène,
ellrayé i lo uoe de ces- auxiliaircs dégucnillés et alfamés,
leur iournit des vaisseeux pour arrèter leurs pillages, et tous,
au nombrc de plus de cent mille, passèrent -en Asie' Ils
furent presque aûssitôt éqasés par le sultan de Nicée,_et leurs
successeurs rctrouvèrent plus tard, dans la Bithynie, les osse-
ments blanchis de ces malheureux.
17. Croisade féod aLe, grand désastre n'auêta
pas
- Ce
la eoisade, et dès lors les expéditions régulières succé-
àèrent aux émigrations tumultueuses. Godefroy de Bouillon,
duc de Lorraine-, rassembla cent mille hommes et se dirigea
vers Constantinople en suivant les traces des prem_iers 6oisés,
mais sans imiter leurs brigandages. Hugues de vermandois,
frère de Philippe Iu', Robert Courte Heuse, lils oiné de. Guil-
laume le Conquérant, Robert, comte de Flandre, et Etienne,
comte de Bloii, se rendirent en Italie et s'embarquè'rent à
Bari; après I'hiver, Bohémontl, prince de Tarente et fils de
^Guiscard,
Robert emmene I'élite des chevaliers de Naples.
BnIin, Raymond de Saint-Gilles, comte de Toulouse, et
Adhémar de Monteil, Iégat du pape, conduisirent les croisés
de Ia France méridionale. Cette multitude ne resta pas long-
temps à. Constantinople s&ns se ploindrc dg lt perfidie des
GreËs, qui, de leur côté, se plaignaient de la brutalit'é des
Françaii. Âlexis réclama le serment féodal de tous les barons.
Dans une cérémonie où il recevait I'hommage de plusieurs
notables franqais, un certain Robert de Paris allo s'asseoir à
côté de I'empereur. Baudouin de llainaut le tira por_ le bras
et lui dit : <-Vous devez savoir que,'lorsqu'on est dans un
peys, on doit en respecter les usages.. - Vraiment, -répliqua
ito"bert, voilà un plnisont rustre qui est assis pendant que
tnnt d'illustres capitaines sont debout I n Toutefois les caresses
d'Àlexis, ses flattôries, ses promesses et ses présents, vinrent
à bout d'e la résistance des-ffoisés, et tous prêtèrent I'hom-
mage à I'exccption du scul Tanmède.
t-8. gataine de Dorylée. Prise d'Antioche' -
EnIin I'ormée pessa Ie Bosphore I le comte de Toulouse Ia
rejoignit, et tous les croisés ie trouvèrent réunis sur la terre
asiatiquc. Ils prirent Nicée et entrèrent en Phry-gie' A.Dory-
léc,ili furent- attaqués par cent cinquante mille cavaliers :
Bohémond, {ui sunit te premier &ss&ut, fut défait' mais
IIT EISTOIRE DE FRANCE.
Godefroy accourut et rétablit le combat. Alors les musulmans,
désespérant de pouvoir résister rux chrétiens, rav&gèrent lé
pa-ys jusqu'au Taurus, et les *oisés furentexpbsés àî'intolé-
rables soulfrances; la chaleur, la faim et la soif les acca-
blaient; les chevaux tombaient épuisés, lcs hommes se cou-
chaient sur eette terre sèche et brùrante pour y attendre la
mort; en un jour, cinq centspersonnes périrent de soif.
-. Après avoir trs,versé les épaisses monlagnes dc la cilicie,
I'armée passa.l'Oronte et se trouva devant Àntioche. plusieurs
attaques. prématurées furent infructueuses : la place était
ceinte d'une haute muraille et g:arnie de trois cent soixante
!oq.f . Déjà les soldats se décourageaient, lorsqu'une ruse de
Bohémond ût ce qu_e- le courage n'avait pu fairè : un renég.at
arménien, nommé Phirous, I'introduisifdans la place per un
égout. Les moisés se livrèrent au délire de la joù, et
fiaspil_
lèrentles provisions amassées dons Antioche-, po*qoî uur-
sil,ôt deux ccnt mille musulmans de Mossoui vinrent les
assiéger. La famine recommença, le désespoir la suivit. I\fais
la découverte de la sainte lance ranima I'enthousiasme :
I'armée tout exténuée et défaillante tomba sur le cûmp ennemi,
et massacra cent mille musulmans. L'uvis des plus sages
était de marchen sans délai sur Jérusalem ; il ne prôvalut pas.
0n résolut-de passer quelques mois à Anl,ioche, et pendant
cg temps-là lo ville sainte tomira au pouvoir deJ Egyp-
tiens (1098).
19. Prise de Jérusalem (f 0gg). I'armée se
Ti! uq marche, elle était, -Quand
réduite à cinquante mille soldats.
Mais des hommes qui avaient résisté à tant de marches,
survécu à tant de combats, étaient invinciblcs : ils n'avaieni
plus à craindre ni l'indisciCine ni Ia disette. Le Z juin {0gg,
ils gravirent les collines d'Emmaùs, et virent Jéruialem sous
leurs yeux. Le but du grand voyege était enfin atteint : la
montagne_ de Sion, le torrent de Cédron, la tour de David,
le Golgotira, tous ces lieux sacrés qui rappelaient tant de
souvenirs, étaient 1à. Les croisés, &u cri ae Jerusalem!
Dieu le ueut ! brandissaient leurs épées; ils avaient le cæur
tout plein de ces deux sentimcnts de I'homme du moven
âge, la passion religieuse et la passion des a.rmes.
Aussitôt un assaut général fut livré et repoussé. Il fallut
construire des machines de guerre, tandis que I'armée souf-
frait de la chaleur et de ia disctte. Le solitaire du mont des
Oliviers vint soutenir lcs courûgcs, et conduisit autour do
tÀ cR0r$ÀDE. r16
la ville une plocession que suivirent tous les uoisés. Enû.n,
Gaston de Béarn &men& les tours roulantes et les béliers'
Godefroy fit comblcr un
ravin, e\ un furieux
assaut fut livré le ven-
dredi {5 juillet 1099,
les chefs sautèrent de
leurs tours sur les rem-
parts, et les soldats se
précipitèrent dans les
rues. Le csrnage fut
horrible; dans la mos-
quée d'Omnr Ie sang
s'élevait jusqu'aux ge-
noux; soixante-d ix
mille musulmans fu-
rent masso.crés, et Ics
croisés, sB.ns &rmes,
prieds nus, Ia tête cou-
verte de cendres, allè-
rent se prosterner au
Calvaire. La croix fut
replacée dans l'église
de la Résurrection, et
Godefroy de Bouillon fut élu roi de Jérusalem. Il ne prit
que le titre de baron et défenseur du Saint-Sépulce, < ne
voulant pas porter couronne d'or Ià où Jésus-Christ avait
porté cotro.rne d'épines. I La victoire d'Ascalon sur les
Egyptiens alfermit Ie nouveau roytume; la plupart des
croisés retournèrent en Europe, et Godefroy resta ûvec
Tancrède et trois eents chevaliers.
20. Royaume de Jérusalem. - Sous les deux suc-
cesseurs de Godcfroy, Baudouin Io' et Baudouin II, le petit
temitoire chréticn s'étendit du Taurus à Ascalon. II fut orga-
nisé sur le modùle de la France. Le roi eut pour domaine la
seigneurie de Jérusalem, qui comprenait, &vec la capitale,
les villes de Ramla, Jnlfa, Césarée, Naplouse, T1'r, Beyrouth
et Saint-Jean-d'Acre I chacune de ces villes fut donnée en lief
à un seigncur. Hors de ce domaine étaient les quatre grandes
principautés vtssales d'Edesse, cl'Antioche, de Tibériade et de
Tripoli, dont les maîtres devaient I'hommage et le service
militaire. La loi fut féodale comme la division du tenitoire;
tT6 EISTOIRE DE FRANCE.
elle est contenue dans les Lettres dusaint-Sépulæe oa.i,ssæes
ile Jérusalem,
gt. Ordros religteur mllitaires. I\{ais, pour dé-
fu.ndre_cet avant-poste de la chrétienté, il-
ne suffisait pas
d'une loi et de que'lques barons; il fallait une milice paiti
culière, établie en Orient et vouôe à une guerre sans trôve ni
merci avec les inlidèles. Les ordrcs militaires des llospitaliers
et des Templiers furent crôés. Deux Francais, Gôrord de Mar-
tigues (1r00)et Ilugues de Payens (f t{B) les fondèrent. Le
premier avait pour mission d.'escorter les pèlerins et de soi-
gner les blessés : il survécut au royaume qu'il éts.it destiné
à défendre et occupe tour à tour les iles de Rhodes et de
Malte. Le second se destinait à la gueue et à la surveillance
des routes. Plus tard furent créés les ohevaliers Teutons,
remutés permi les Allemands. L'institution des ordres mili-
taires montra encore lo puissance de I'Eglise, qui prit pos-
session de lo féodalité.

LECTURE.
- Batallle d'Eastlngr.

Sur le terrain qui porta depuis et gui aujourd'hui torte encore le uom
du lieu de la .bataille, lep.lignes des Anglo--caxons ocôupaient une longue
chaine de cullines fortifiées par lln rempart de pieur ef de claies d'osier.
Dans la nuit du {3 octobrc, Guillaumlfit annoïcer aur Normands que
le lcndemain serait jour de combat. Des prêtres et des religieur. ôui
avaient suivi en grand nombre I'armée d'invasion. attirés comnrb ies
soLluts par I'espoir du butin, se réunirent pour prier et chanter des
litanies pendant que les gens de guerre préparaient leurs armes. Le
temps^qui leur resta après ce premier soin,-ils I'employèrent à faire
la confession de Ieurs pôchés et à reccvoir les sacremdnts. Dans I'autre
armée, la nuit se passa d'une manière bien différcnle: les Saxons se
divertissaient avcc,grand bruit et chantaient de vieux chants nationaux,
en.vidant, autour de leurs fcux, des cornei remplies de bière et de vin.
Au malin, dans le camp normand,l'évèque de'Baveur, fils de la mère
du duc Guillaume, célébfa la messe et bônit les irorrDes, armé d'un
baubert sous s0n rochet; puis il monta un grand coursiêr blanc. nrit un
bâtun dc commandement et lit ranger la cavaleric. L'armée sé ^divisa
en trois colonnes d'attaque : à Ia première étaient les gcns d'armes
venus des comtés de Roulogne et de Ponthieu, avec la- plupart des
aventuriers engirgés individuellement pour une solde; à la'seèonde se
trouvaient les auxiliaires bretons, manceaux et poitevins; Guillaume en
personoe commandait la troisième, formée de-la cavalerie nurmtnde.
En tête et sur les flancs de chaque corps de bataille. marchaient nlu-
sieurs rangs de fantassins arméï à la [égère, vêtus de casaques mite-
lassées, et purtant de longs arcs de bois ou des arlialètes d'acier. Le duc
montait un cheval d'0spagne, qu'un riche Normand lui avait amené d'un
pèlerinage à Saint-JacQues en Galice. Il tenait suspendues à son cou
BATAITLE D'HASIII{GS. TI?
les plus révérées d'entre les reliques sur lesquelles- Harold avait juré'
et l'ëtendard bénit par Io pape était porté à côté de lul per un Jeune
homme appelé Toustain le Blauc.
--U;r;nêË';e irouvi bientôt en Yue du camp sâx'n' au nord.-ouest
a'Uaiiini*. Les ptètres et les moines qui I'acconpagnaient se détachèrent
àt-màntt'reni s,ir une hauteur voisinô pour priei èt regarder .le combat.
U" ii;im;"d, àppôté Taitlefer, poussa^ son'cheval en àvartt du front de
Ùrtrliiô. *fôhtôhhilJ.tant fârireux, dans toute Ia.Gattle., d.e Charle-
masne bt de Roland. En chantant il jouait de son.épé_e, la lanqait en
f:rii** torcË eilf terevait dans sa fiain droite; lei Normandj répé-
ses refrains ou criaient : Dieu aidel Dieu aidel
--I-ioitOÀ
taient
ael.iit, les archers commencèrent à lancer leurs flèches' et
teiiilatbiiie.s-teuiir
-nar-Ëîirt citreuox; mais la plupart dei coups furent am,ortis
pàranet dés redoirtes saxoirnds. Les farrtassins armés de
hîcèi ôt ia lavalerie s'avancèrent jusqu'aur portes des. redouteset ten-
iOi.itii âe les forcer. Les AngloJSax'ons, tôus à. pied aulour.de leur
étendard nlanté en terre, et formant, derrière leurs pallssades' une
il;;;ù;dDiaie et solitld, requrent leï assaillants à gfands coups de
[aitre, qui, a'un tevers, biisai'ent les lances et eo'paicnt' les. arm*res
Ae maitl'es. Les Normands, ne pouvant pénétrer dans les ledoutes' u
en a.iàcné. les pieux, se réplièient, fatigués. d'une attaque inutile, vers
la division que ôommandait-Guillaume. Le duc alors fit aYancer de nou-
veaï trus sËs archcrs et leur ordonna de ne plus tirer droit devant eux,
mais de laneer leurs traits en haut, pour qu'ils tombassent par{essus
te-iorprrt du camp ennemi. Beaucouil d'Anglais furerrt blessès, Ia plu-
Trriîo'iiirs*, pai siiite de cette mairæuord; tlarold lui-mêmc eqt l-æil
ôrene à'uneièche; mais il n'en contin'a pas moins de comruander et
àï.ôrliftis.-L'ittaque des gens de pied êt de chevalreeommença de
oiUr. i"t iiis aC: Nutre-Da"mel Dieri aidel Dieu aidel llais les Nor-
'di"àiii,teiii-re-poussés, à )'une des portes dr caml)' jrrsqu'à..un.grand
ravin recounert de brousirilles et d'herbes, Otr leurs cltevaux trébuchèrent
ôT oil lislombèrent pêtc-mêle et périrent'en gra_nd nombre. ll y eut un
no*enf OàJôrreur Trns I'armée'd'outre-mer-. Le bruit corrrut.que le
duc avait été tué, et, à cette nouvelle,. la fuite commença. Gurllaume
iJlela-iui-même'auldevant des fuyaids et leur barra le" passage, les
fr''eiiirnfiitei frappant de sa lancri; puis se découvrrnt la tète : < Ille
îoiiî,"ià,it .rii:t-it, i'esardez-moi, ie vis' encore, et je vainmai avec I'aide
de Dieu. l
--leiôivaliors retournèrent aur redoutes, mais ils ne pttrent davan-
tase en forcer les portes ni faire brèche: alors le duc s'avisa d'un stra-
ûËÀril. pouifaite'quitter aux Anglais leur positio-n.et leurs.rangs : il
doîna i'ôrdre à mill'e cavaliers de s'avancer et de fuir aussrtÔt. La vue
ôé-æitâïeioule simulée fit perdre aur Sargns lepr sang-fruid; ils.cou-
rureut tous à la pOursuite, la hache.suspendue au cou. A une certalne
distance. un corps p0sté à dessein joigdit les fuyards, qui tournèrent
[iia*l ôi ies An'slais. surDris dans- Ieirr désotdrê, furent assaillis rle
loos dOtes à coup"s de'lancei et d'épées dont ils ne pouvaienI se garanlrr,
avant les deux inains OCcupéeS à manier leurs grandes haches. Qttltttt
itË-àurent oerdu leurs rangi, les clôtures des redoltes furent enfoncée.s I
ialitiéir ef fantassins v pënbtrèrent; mais le combat fut vif, pêle--mèle
il;;;;-teorus. Guillàuine eut sou'cheval tuê sous l9i;l-e rôi llarold
étendard.,,.qui fut
;i ;;;'àeor-rt'eie* tombèrent morts au pied dedelerrr
;;ù;it;tlômpiice-par ia bannière envovée Romc. Les débrisjus- de
l';;i; ingtàG[, iàni-chef et sans drapedu. prolongèrent la lutte
,'E EISÎOIRE DB trRANCE.
qu'à la fin.du jour,.tellement.qrre les combattants des deur partis nc
se reconnaissaient nlus ou'au lansage.
Les mèrcs et les^femnics de ccilx"qui étaient venus de la contrée voi-
eine combatIre et mourir avec leur roi, se riunirent p0rrr reclrereh,rr
ensemble et enserelir lcs corps de leurs Droches. celui du roi ilrrolrl
derneura qrrelque temps sur Ie champ dè bataille, sans q'e r)ers{}r)ne
osâl lc réclamer. Enfin la veuve de Godrvin, appelée Ghifha, surm{)n-
tant sa d0rrleur, envoya un message au duc Guitiaume pour r'i deman-
der la pcrmission de rèndre à son liis les derniers honneirrs. Eile offrait,
discnt les historiens normands, de donner en or le rroids du coros dé
son frls. Mais le duc refusa duremerrt et dit gue I'homme qui 'avait
menti à sa foi et à sa religion n'aurait d'autre séôulture gue le sable du
rivage. ll s'ad.oucit pourlânt, si I'on en croil une vieilltl traditiun, en
faverrr des religieux'de \\'althaur, abbaye quc, de son vivant. Ilaiold
avait fondee et enrichie. Dcux moines sàxoirs demandèrent et dbtinrent
de transporter dans Icur ôglise les restes de leur bien[aiteur. Ils ailèrent
à I'aruas des corps. dé.pouillds d'arnres et de vôtements, les eraminèrent
avec soin l'un rIrès I'arrtre, ct ne reconnrrrent point'celui qu'ils cher-
chaient, tant ses blcssures I'avaient défieuré. Trlstes et désdsocrant de
réussir seuls dans cette.recherche, ili s'adressèrent à uue' fcmme,
Edithe; on la surnommait la Belle au c0. de cygne. Elle consentil
à suivre lcs deur moines.et hrt. plus habile qu'eui à découvrir le ca-
d avre de celui qu'elle alait ainré.-
Aussitôt aprèi sa victoire, Guillaume fit væu de bâtir en cet endroit
un couvent sous l'inrocation de la sainte Trinite et de saint Martin, le
patron des.guerr.iers de la Gaule. ce væu ne tarda pas à être acconriili,
et le grand autei dr nouveau monastère fut élevê au lieu môme orr
l'étendard du roi llarold avait été plirnté et abattu. L'cnceinte des murs
ertérieurs fut tracée autour de la'colline que Ics Ânglais avaient corr-
verte. de.lerrrs corps, ct toute la lieue de tcrie circorrvoisine, oi-r s'étaienl
passces les diverses seènes ce courbat, dei'irt la proyrriôté de cette ab-
baye, grr'on appela, en langue normande, l'AbLale tle la RaLaillc.
,.,On^
dit ,qrre, dllns le temps or). furent posées leÉ premières pierres de
r edrrtc.e, te.s.arcttrtcctes decouvrll'e nt cerIainement que I'eau y manqlle_
rait : ils allèrent torrt décontenancés porter à Guilliunre cette norrielle
dcsagréable : r'[ritvaill,,z, travaillez'tOujours, rétrliqua Ie conqrrérant
d'unton jolial; car, si Dieu me prête vie,il v iura' plus de vin tlrez les
r-eligieux de la Bataille, qu'il n'y a d'rau'claire dans'le meiileur couvent
de la chrétienté. 'r
Aug. Turunnt, Histoire de la eonquéte de l'Angleterre.

EXERCICES ORÀUX EÎ ÉCRITS

l. Erplioatiou des motg. Deter-Siciles, ancien royaume tlu srrrl rie


- l'Âsie oir est né Jésus-Christ. Constan-
I'ltalie. Pale,çtine, pays de
tinople,-cap_ltale de la l'urquie, sur le Bosphore. -
Nieée, Dorylea,
lntioche, Jêrusalem, villes de I'Asie. - Malte, iles ie ta
Méditerranée. -'Rhodes,
1. 0uestiounaire. Racontez I'avènement de Hugues Canet. par
qui et pourquoi lrt-il- élu roi? -
Que der.irrt Charle"s de Loiraine, son
-
compétiteur?
- Faites connaitre la réponse d'Adalbert de périgord à
Hugues.
- Quels sont les avantages qire se douna llugues Capétr -
louls YI ET Loutg Vtt. ll9
Quel était le caractère de Robert? - Pourguoi fut-il ercommunié? -
Quelle fut sa geeonde femme? - Quel fut-le résultat de la guerre de
était-il respecté des grands vassaux?
Bourgogne?
- Robert
ront les guerres de llenri Isr?
- Quelles
Pourquoi Henri ler appela-t-il son fils
ainé Phiiippe? -
Ia conquéte de Naples. 1 qu'est-ce que
- Hacontez
Guillaume'l'e Bâtard? Quelle est'la victoire ilui lui dônna I'Angie-
terre? -
Quels furent les rapports de PbilippC et de Guillaume? -
Corlment - mourut là'conduite privée de Phi.
-'Quelle était
Guillaume?
lippe ler?
- Qnel est le pape qui I'excommunia? - D.rhnez les dates
dè'l'avènement ei de la mort'des'quatre premicrs Canéticns. quels
côtés les musulmans menaçaient-ils I'Erirope à la frn du orrzième - Desiricle?
- Pourquoi la société féoda"le entreprit-elle'avec ardeur la guerre sairrte?
Qu'eit-ce que Pierre l'Ermite?^- Que se passa-t-il
-au
-Clermont? D'où vient le nom de croisés?
- Quel fut le concile de
sort de la
-
croisade populaire? Donnez le nom des chefs de la croisade féodale.
quelques -détrils sur le sé.jour des croisés à Constantinople.
- Donnez étâit lâ force de l'armée rêunie cn Asie? les crorses
-de Quelle
Nieée à Antioche. Racontez les batailles devant - Suivez
Antioche.
-
contcz le siège et la prise de Jérusalem. - Ra-
Quel fut le premier roi de
-
Jérusalem?
- Quclle bataille
prcmiers successeurs?
gagna-1,-il?
- Quels fuient ses deux
Quelles étaicnt Ies villcs du rovaume e t les
principautés vassales?- Assises de Jérusalem ? -
- Qu'appelle-hon
Qu'est-ce que Ies Ilospitaliers, ltis Templiers, les elrevaliers Teutons?
était la mission des ordres rdligieux militaires?
-les Quelle
dates principales de la première croisa-tle. - Donnez
S. Ilevoirs à rédiger. I'bistoire des guatre premiers Ca-
pétiens. - Résumer
Raconter la conouète de I'Ansletmre oar Ies Normands. -.
-
llaconter les causes, les priricipaur événdments et les conséquences Cr
la première croisade.

II
LOUrS Vt & LOrrrF Vrr. - LES COUMUNES
FRANçAISES
(r108-1 rE0)

rEçoN
l. Louis VI le 0ros. Louis VI le Gros fit une guerre sûng
-
relâche aux barons pillards et mcurLriers qui entouiaient Parig
ct Orléans; il essay-a vainement de chass'er de la Normandie
Ilcnri Ior, roi d'Algleterre, et intimida l'ernpereur d'Àllemagne,
llenri V; qui voulàit envahir la France. Avànt de mourir, il fif
épouser à son [ils, Louis VII, I'héritière de I'Aquitaine, et lui
laissa un sage couseillor, I'abbé Suger.
3. Lou s VII et la seconde croisade. -- Louis le Jeune. pressé par
saiut ljcruurtl et voulant expicr le urassacre de Vitrv. prif la
croix. Cette seconde croisade fut désastreuse : le rrii' ne put
B'emparcr de Damas, et revint nprès avoir perdu toute son ar.
r20 EISTOIRE DE FRANCE.
mée. Après la mort de Suger, il divorca avec la reine Eléonorc
qui donna sa main et son héritaee à Heirri II Plantasenet: celui-
cl devint le maître de I'Angletérre et de toutes les c6tes de
France, depuis la Somme jus'iJu'à I'Adour.
3. L'afranchissement oommunal. Ces deux règnes virent leg
premiers progrès des communes -dans la voie dè l'a{franchisse.
ment. Tantôt c'étaient les anciennes municipalités de I'cmpire
romain qui retrouvaient leurs traditions oublièes, comme Nîùes,
Toulouse et Bourges; tantôt c'étaient des bourgs uouveaux pour-
vus par leurs seigneurs de franchises civiles, éomme Orléairs et
Paris; tantôt enfin c'étaient des cités poussées à hout par lcs
exactions de la féodalité qui demandai?lnt à I'jnsurrectiob la li-
b_erté qu'elles n'obtenaicnfpas autrement, comme Laon, Àmiens,
Vézelaï.
{.. [i. royauté fran-gaite et les oonlmunes. La royauté, bien-
vcillante pour les bourgs franes, hostile -aux conimunds, finiù
par leur ôter les droits polil.iques cn leur laissant les droitg
civils; elle constitua ainsif au liCu de pctitcs républiques indé-
pendantes, le troisième ordre de I'Eta[, le tiers etat '

RÉcIT

l. Ira France à I'avèuemerxt de lJouis le Gros


( tI
0 8) .
- Le croisa,de, en éloignant les barons frangais, avait
laissé quelque répit à le royauté et au peuple; ils en profi-
tèrent, I'une pour aflermir son pouvoir, I'B.utre pour eonqué-
rir sa liberté. C'est au douzième siècle que les Capétiens font
reconnsitre leur suzeroineté, et les commun&utés bourgeoises
leur indépendance.
Le domaine des Capétiens comprenait, en 1108, I'lle-de-
France, I'Orléanais et la vicomté de Bourges, et ce petit ter-
ritoire était enserré de tous côtés par des principautés féo-
dales, les comtés de Flandre et de Champegne, le duché de
Bourgogne, le comté de Toulouse, les duchôs d'Aquitaine
et de Normandie.
9. Louis le Gros (1f 08-t{37). Les quatre premiers
- barons de France :
Capétiens n'evaient été que les premiers
Louis VI donna à son pouvoir un cerectère tout nouye&u, et
per là il commença la fortune de se maison. Sans ettaquer
les droits des seigneurs, il se borna à se déclarer le soutien
de I'ordre et de la paix. Aux peysens maltraités, aux bour-
geois molestés, aux prêtres pillés, il s'ofrit pour protccteur,
et commanda la paix en vertu de son titre de roi, comme
I'Eglise Ia commandait au nom de Dieu. En se constituant
I'appui de I'ordre, il se donna pour euxiliaires tous ceux qui
touls LE 0R09. tzt
evaient besoln de I'ordre : los manants, poysans et bour*
89ojs, que I'Eglise organisait olors on assoeiations de la paix,
et- les évêqu-es
.ggi Ir désignèrent à I'alfection du peuple.
< La gloire de I'Eglise de Dieu, dit Suger, ùb6 de Soint-
Denis, omi et conseiller du roi, est dans trunion de lo royeuté
et du socerdoce, >

FRANCE
GLETERRE crrÉtufr-ornncrs
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3. Gueneg de lrouis le Gros dane Borr domaine,


: !e premier champ de bataille de la royauté capétienne
fut le plaine de Saint-Denis. Les seigneurs de j'Ile-de-
Fronce, excités per Bertrede de Montfort, belle-mère du roi,
se soulevèrent, et Louis dut assiéger, prendre et raser leurg
chôteaux. Aidé par ceux ds ses chevoliers qui n'osaient lui
rcfuser Ie service féodal, et por les miliees peroissieles qui
ne marchanilaient ni leur temps ni leur peiné pour seconder
il
I'ennemi de leurs oppresseuri, réduislit les-châtelains de
Coucy, de Montmorenôy, de Rochefort, du puiset; Ia priso
EtsT, DE 8n. C. qorlL.
t22 EISTOIRE DE FNÀNCE.
du château du Puiset lui corlto trois années d'eforts I aussi
le détruisit-il de fond en comble, et, par une ordonn&nce
royale, une foire fut établie sur I'emplacement même de cette
c&Yeroe de bandits.
4. Guerree de Lrouie le Gros hors de son do-
mairxe. - Hors de son domaine, Louis VI joua le mème
rôle avec la mèrne constance, sinon toujours avec le même
succès. Il protégea l'évêque de Clermont contre -le-comte
d'Auvergnel et intimide le puissant Guillaume IX, .duc
d'Aquito-ine. II s'.fo.ga de reléguer dans son île le roi d'An-
gletàrre Henri Io', en soutenrnt les prétentions de Guillaume
éliton, son neveu, sur la Normandie ; allié eux -comtes de
Flandie et d'Anjou, il envahit le duohé, mais il fut battu à
Brenneville (lltg). Le pape Calixte, pris pour arbitre, réta-
blit la paix. Les deux rois se brouillèrent de nouve&u &u
sujet de la Normandie, et Henri le! détermina I'empereur
d'Allemagne Henri V, son Sendre, à envahir la France' En
présence de ce danger qui menagait tout le territoire, Louis
prit la direction de toutes les forces féodales et parut un
luissant roi. L'abbé Suger fnit fastueusement le dénombre-
ment des vossaux qui s'étaient rendus à I'appel, et de ceux
qui regrettaient de n'avoirP-9 s'y-rendre. llenri V, elfreyé,
oe pasia pas la frontière, et llenri Iu' fi! la paix. C.e déploie-
*rnt d. forces fut trùs utile à la royauté, perce qu'il montra,
dit I'abbé de Saint-Denis, < jusqu'où va la puissance du
roy&ume de France lorsque tous ses membres sont réunis. I
A ion retour, le roi fut accueilli partout par des fêtes et des
acclamations.
5. Mort d.e lrouia Ie Gros. - A la fin de sa vie, le
roi doubla tout d'un coup l'étendue de ses domaines par le
mariage de son fils avec Eléonore de Guyenne, lo-plus riche
héritiùe de France. Etle possédait le duché d'Aquitaine avec
toutes ses dépentlances, Ii mourut tandis que Louis le Jeune
ramenoit sa jeune femme de Borrleaux à Paris.
Les résultats de ce règne actif et sensé sont importents : le
roi avait soumis le duché de France, établi dsns ce domaine
pacifié des prévôts pour rendre la justice en son nom, im-
posé aux grands fetdataires le respect de son titre,-donné
à .oo pouy;ir un coractère moral et bienfaisant, et d.ésign-é
le setgneur roi comme un protecteur à tous ceux qui souf-
fraient.
6. Lrouis Ie Jeune (f t3?-1t80). IJ'abbé Suget. -
louls vlt ET L'aBBÉ sucsn. lt]
Louis VII, le Jeune, éteit faible, indécis et peu intelligent;
sur le champ de bataille, s& bravoure était extrême. Suger,
abbé de Saint-Denis, dirigea Louis VII pendant les dix pre-
mières années de son règne, et prit la régence pendant la
seconde croisade.
7. Lt seconde croisade. En l,t,t*Zr le roi faisait la
guerre au comte de Champagne.-A la prise de Vitry, treize
cents personnes qui s'étaient réfugiées dans I'église furent
brtlées vives. Cet horrible spectacle frappa vivement le
roi, et il résolut d'aller expier en Tene Sainte le crime de
ses soldats.

Louis YII et I'abbé Suger.

Saint Bmnard, abbé de Clairvaux, I'homme le plus élo-


quent de son temps, prêcha la moisade à I'asseniblie de
Vézelay. Le roi, la reine, plusieurs millicrs de chevaliers et
une foule de peuple prirent la moix. Puis saint Bernard
pesst en Allemagne, où l'erhpereur Conrad III fut, comme
Louis VII, subjugué par sa parole. Suger voulut en vain
s'opposer à ce départ, qui pouvait être désastreux pour le
royaume. L'expédition fut mal conduite et malheureuse.
Tandis que Conrad perdait toute son armée en Asie Mineure,
Louis, après avoir suivi la côte jusqu'à Satalieh, s'embarqua
tvec ses chevaliers et abandonna le peuple qui I'avait suivi.
Il prit terre en Syrie, alla prier à Jérusalem, essey& vaine-
ment de prendre Damas, et revint mécontent de Ia conduite
d'Eléonore et décidé à divorcer. Il était parti de l\tetz à la
I2I EISÎOIRE DE IRANCB.
tête de oent cinquante mille pèlerins; il obordo à Sainh
Gilles ovee trois cents hommes (f | &9).
8. Sage politique de Suger. En son absence,
-
I'abbé de Saint-Denis avait gouvern6le royaume. Il restoura
magniliquement l'église fondée par Dagobert, et donna pour
lo première fois aux artistes frangais I'occasion d'imiter les
édilices des villes orientales. II lutte continuellement contre
une partie des évêques qui envahissaient les droits de la
oouronne, les barons qui se livraient eu brigandage et à la

Ëaint Bernard prècha la croisade.

révolte, lcs gens des communes qui refusaicnt toute obéis-


s&nce à un roi absent représenté pa.r un humble moine. Enfin
il vit le roi qu'il attendait, et rentra dans sa chère cellule
pour y terminer une vie dont la France n'avait plus besoin.
Pendant deux ans, il empêcha le fatal divorce qui devait en-
lever I'Aquitaine aux Capétiens, et qui fut consommé, quel-
ques mois après sa mort, au concile de Beaugency (l f 52).
9. Ileuri Plantagenet. La France méridionale al-
lait bientôt augmenter les vastes- domaines des princes anglo-
normands. Henri Plantagenet, tls de Geolfroy, comte d'An-
jou, et de Mathilde, petite-fille de Guillaume le Conquérant,
possédait, par s& mèren la Normandie et le Maine, p&r son
père, la Touraine et I'Anjou. Lorsque Ia femme divorcée de
Louis le Jeune retournt en Aquitaine, il alla demander sn
TOUIS VII EÎ ['ABBÉ SUGEN. I2ô
meiû ù Poitiers, et le mariage fut conclu, malgré les protes-
tetions du roi, qui défendoit à sa vassale de prendre uu mari
s&ns son oveu. Henri acquit ainsi le Poitou, la Guyenne et lt
Gascogne, aves la suzeroinet6 sur I'Aunis, la Sainto-nge,
I'Angdumois, le Quercy, la Marche, I'Auvergne- et le Péri-
gord. L'année suivante, il fut reconnu héritier du royaume
à'Angletene; plus tard enlin, il gouverna la Bretagne,
.o*àt tuteur âe son jeune fils, Geoffroy, époux de I'héri-
tière du duché. Ainsi, Henri II possédait toutes les côtes de
France, depuis Io Somme jusqu'à I'Adour; ses domaines
couvraient ôinquante-troîs de nos départements, et ceux du
roi en comprenaieut à peine six. De p!us, Henri était un &m-
bitieux sanl smupule, un politique habile, perspicace et prêt
à tout ; Louis VII, au contraire, paraissoit depuis la mort de
Suger un corps sans âme. Jamois, ce semble, lo royauté ca-
pétienne
- n'avait été plus près de so ruine.
Louis VII fut s&uvé, grâce aux emborras de son rivel et
à I'appui de Io féodalité frangaise, qui craignait pour son
indépendance. La conquête de I'Irlande et les incursions
des Ecosssis occupèrent les forces du roi d'Angleterre; sB.
lutte contre Thomas Becket, archevêque de Contorbéry
(l{62-1170), suscita contre lui la redoutable hostilité du
clergé englo-normand et du pape I I'ossassinat de Becket le
rendit odieux à la population et I'exposa oux conséquences
terribles de I'excommunication; ses querelles domestiques
ovec st femme Eléonore souler'èrent les Aquitains, qui ne
reconnaissaient (ue leur duchesse ; I'indocilité de ses lils
usa ses forces et fÏnit ptr le faire mourir de chagrin.
Louis VII soutint tous ses ennemis, I'empêcha de s'étendre
en Languedoc aux dépens du comte de Toulouse, et, malgré
une defaite à Verneuil, il I'obligea à signer la paix de
Montlouis (11,7/*). Le roi mourut, laissant un lils à peine
adolescent, Philippe-Auguste.
I0. Premiers progrèe de la population urbaine.
- Le douzième siècle, qui vit lo royauté se dégager
des
liens féodaux, vit aussi les premiers progrès du peuple dans
lo voie de la liberté. Du cinquième au sixième siècle, les
villes municipales, fondées par les Romains, avaient perdu
leur existence légale et Ia plupart de leurs habitants. Mais;
quond la féodalit6 fut établie, les villes presque ruinées et
désertes retrouvèrent quelque aisance par le commerce el
quelque population par I'immigration des habitonts. Dans
..{

r26 EISTOIRE DE TRÀNCE.


Ie môme temps, I'Eglise prêcheit la trôve de Dieu, s'adressait
aux puissants du monde et esseyait de foire descendre le
bienfeit de la paix des donjons dans les chaumières. Mais les
barons s'habituèrent à mépriser ses ordres; alors elle se lassa
d'implorer les meîtres ; elle se tourna vers les esclaves, et,
ou nom de I'Evangile, elle forma des confréries, des associa-
tions diocésaines pour le meintien de la paix.
lI. Gréation des premières communes. De là
- res-
sortirent les communes, c'est-à-dire les essocietions
treintes à I'enceinte d'une ville, au lieu d'embrrsser le ter-
ritoire d'un diocèse. C'est en efiet, dans les provinces où ré-

La cité do Carcassonne.

gnaient sûns conteste les communautés de la paix, que


s'établirent les premières communes : dans le Ponthieu,
I'Amiénois, Ie Beauvoisis, le Poitou, le Bcrry et le Limou-
sin. C'est dans les années qui suivirent les conciles de Cler-
mont (1095) et de Rouen (t096), assemblés pour faire jurer
à tous les chrétiens ie pacte dc la paix, que naquirent de
toutesparts les commun&utés urbaines: Doullens ({t03),
Saint-Riquier (t107) et les autres. Enlin les premières conl-
munes s'appelèrent également commtmes eL paiæ, les mem-
bres de la communepaiseurs ou hommes de la paix, la mai-
son de ville rnaz'son de la pain,le territoire communal €ru-
ceinte d,e Iapaiær le serment des associés serment d,e la paiæ,
les officiers municipaux maltres ile Ia patæ. Voilà une des ori-
gines du mouYement communal.
[E$ C0MMUNES lRaNçaIsES. l?J
19. Muntcipatltés. ViUes de bourgeoisl'e. Com-
murreB. Dans son æuvre d'afrranchissement, I'Eglise fut
oidée por- d'heureuses cireonstances dont elle sut proûter.
EIIe trôuvait la population urbaine répartie tlons trois sortes
de villes ; des municipalités dons le midi, des uaTles de bour'
geoisi,e dans le centre, des communes proprementdites dans le
nord, toutes menant une vie précaire et misérable sous l'épée
de la féodalité, toutes appartenant à un slre dont la volonté
les tyrannisait. C'est le seigneur qui établissait à son.prolit
des péeges aux ponts, cles octrois aux portes, des droits de
nenfe ei de ttanJport sur les marchandises, des taxes sur les
maigres produitJ de I'industrie naissante. Les prêtres prê-
ehèrent la paix dans ces villes comme dans les cempagnes
environnantes, et {irent des associations, tantôt &vec I'assen-
timent du seigneur, tantôt malgré lui et contre lui.
Partout où le clergé trouva tles restes flu régime muni-
cipal, il s'en emp&r&
aYec empressement,
et se contenta de ré-
tablir les formes lé-
gales qu'il avait tou-
jours aimées ou re-
grettées : ainsi furent
créées les nouaelles
municipalttés d,u dou-
zième siëcle, telles que
Nlarseiile, Arles, Ni-
mes, Narbonne, Tou-
louse, Périgueux,
Briurges.
Partout où le sei-
gncur suzerain, cé-
dant à ia jusiice ou
comprenent ses inté-
rê{,s, se déclara lui-
mêmc membrc de la
paix, ou accorda spon-
tanément des fran-
chises, le elergé et le
peuple se contentè-
rent^ deI'octroi des droits civils et laissèrent à leurs barons
les droits politiques : ainsi naquirent les villes de bourgeoi-
I28 HISÎOIRE DE IRAITCB.
sie ou ûlhs francà,es, telles que Peris, 0rléans, Lorls et
autres villes du domaine royal.
Partout enlin où le seigneur s'opiniâtra dans sa résistance
ou retira ses concessions, les prédications furent ecerbes et
violentes, le peuple prit les &rmes, et les associations firent
la guerre pour nmener le peix : sinsi s'ofranchirent les
corntnunes insurgées, telles que Combrai, Amiens, Loon,
Vézelay.
13. Intervention de la royauté. Ainsi le sol de
la France se couvrit de cilés régies par -des lois txes; les
unes n'&vaient qu'une demi-indépendance sous le gouver-
nement de leurs seigneurs I les autres étoient de véritables
républiques qui possédeïent leurs murailles, leur belfroi,
leur meison commune,_ leurs magistrats municipaux, leurs
soldots. C'étaient des forteresses populaires presiées et blo-
quées par les forteresses féodales. La sociét6 tout entière
leur était hostile; il n'y avait pas de place pour elles dans
ce monde de barons subordonnés les uns &ux r.utres, et
dont elles ne voulaient pss reconnaître Ia suzers,ineté.
< Commune, dit un contemporain, I'ebbé Guibert de
Nogent, est un mot nouveau et détestable, et voici ce
qu'on e_nten{ per ce mot : les serfs ne paieront plus
qu'une fois I'an à leur seigneur Ia rente qu'ils lui -rloi-
ventI s'ils commettent quelque délit, ils en sont quittes
pour une amendc légalement fixée. > Aux yeux des nobles
du douzième siècle, il n_e pouvait y avoir de droits pour
des manants et vilains. Le roi lui-même fut I'enncmf dcs
communes. Il avait favorisé les associations de la paix, il
s'en étoit servi contre les borons rebelles de I'Ile-de-France,
mais il ne soulfrit pas dans ses domaines une seule de ces
petites républiques indépendantes I Louis VI n'uccordo pas
une seule charte aux villes qui lui appartenaient; Louis VII
suivit la mème politique. Hors de ses temes, le roi interve-
nait, tantôt en protecteur, tentôt en ennemi. Louis VI sou-
teneit le commune de Laon 1 il était ordinairement pour le
parti qui achetait le plus cher son appui. A mesure que leur
puissance s'agtandit, les Capétiens rangèrent les communes
sous leur obéissance et ne leur laissèrent que leg droits
civils.
LES C0MMUNES FRANçAISES. t29

I.ECTURES

Bourger.
PREMIÈRE LECTURE.
- Une munioipalité. -
Bourses (Auaricuml était à I'épogue de I'invasion une importante
cité rofrrainè qui nosséilait des muiailles, des lrènes, un amphithéâlre'
une curie, unri police et tous les privililges municipaux....Au septième
SièCle. BOnrgeS- avait un sénat. Ce sénat âvait une Jurldlctlgn sguYe-
iài"e.'car dt"esgii. de Tours cite un arrèt rendu par les premiers de la
cité. L'évêoue-v était élu par le clergé de concert avec le peuple; -car'
iôïi }i i,iii niérovingiens'et carloviàgiens, les évêques Sulpice, Didier,
Âuilresislie. Àsiuiphel furent ainsi libiemeirt choisis par. leius ouailles'
-nïoleàiïliii-iei'moirnaies
sui portaient son nom ou celui de ses habi-
laïisi veis I'an l{00, le vicomtri de llourges, Herpin, qui partait pout
la Palestine, vendit au roi Philippe Ior la ville et sa.banliette, et le c6rps
de ville ou asSemblée des prud'ltgntmes fut ngmmê dans I'acte 0e ces-
Jion. C'est alors sue I'arihevèque établit une association de la pair
qui embiassait la iille et son diocèse. a Pour résister aux rebelles et
iiotate,irs des droits de I'Eglise, écrivait le chapitre au pape Grégoire IX'
en t228. c'est un usace introdût depuis des siècles, que les^bar0ns'
iei puissants et les nîbles, e[ mêmô le.peuple du Berry, prêteraient
corpbrellement sermcnt à I'archevôque de Bourgcs de suivre sa com.-
mine ei d'observer sa trêve. u Sotts l'archevêqtte VOlgrtn, sur sgn AYIS
et à la prière tlu clergé et du peuple, Louis le- Gros publia une charte
qui réfOimait plusieurs coutttmes mattvatses' mâlS Sans rlen_cnanger nI
Ëli comrnne hioeésaine, ni a I'institrrtion municipale. En 1145, Louis VII
cornimali charte de soî père, et appcla bons'hommes et ôarons les
iii,i.irrioiOà Ii ritle, cerri qu"on nbinmait jadis les sénateurs. ou les
ôur;itôs. Ainsi, dans' cette ville municipale-,.Ie pouvoir ecclésiastiqle
n'intervint que nour conserYer ce qui existait, étendre au dl6cèse la
iiii-q,ii'regïiait'dinr ta cité, et ameirder les tois défectueuses, d'accortl
avec le Pouvou royal.

DEUXIÈME LECTURE.- IIne ville de bourgeoisie. - Oloron.


oloron, aujourd'hui chef-lieu d'arrondissement des Basses-Pyrénées,
est une ville-ancienne dont le nOm se trouve ctté dans lA NÔtrce de
i;nÀit't romain,' mais, saecagée et détruite par les.Normands,. elle
Oerdii ses souvenirs a'fcC SeS habitanls, et resta deux SlècleS en rtllnes.
Én IOSO- un vicomte de Béarn la relèva et lui donna des franchises
einites. d t'rbri desquelles elle jouit d'une protection sans_-servitude et
à;unà-ËOiorité sans'péril. Il jirra n sur le's saints Elangiles et sur la
iainte et vraie moiide Dieu, touchés de sa main droite, de tenir et
a;ôniàrue. toujours 'r I'acte un'e-fois passé.II s'ôta lui-même le droit de
*oôqo."i" cdarte, et se soumit aui censures e,cclésiastiques, danspré- le
i,ir o[li ievienOrait sur sa prgmesse. Le pacte fut donc conclu en
sence des évèqres et placé Éous leur
--iont garantie.
aonnei une idée ae cette chaite d'gloron, qui est analo.gue à
beaucoun d'autres, nous citerons les principaux articlei en les abtégeant
et en lei rangeant dans un ordre plus méthodique.
6.
//
I3O gISTOINE DE TRANCE.
- Ârticle 17. Tous les bourgeois d'0roron sont soumis à la jurirtiction
du licomte ou à celle de s"on baiili. cerui qui-tiiera r;r ;ri;;
contre
quelqu'un dans les rues ou sur.re p.ont àorinèri-iù-rài[r,e,î"'oo
,oo,
d'amende et composera avec le blessé.
Ârticle 25. si rin le territoire de la ville, il payera
90 sous d'amende et.étranger .envahit
une nédaitte d'or.
Article 21. Le voleur pris en llagrant délit sera livré au vicomte
I'homicide donnera 66 s'ous de doËmâge;-iè-mitcniïâ-qiirà sert ;
de
faur poids, 6 sous.
Article 22. celui qui violera les
-droits d'enlrée remettra en nature,
au seigneur, la chose dont il aura fraudé tei aioùs, etïive.a eo ,oué
d'amende.
Article 23. L'accusé,gï-n'1 pas et ne peut trouver de
cautiol sera saisi, s'il n'a- pas de iuoi.de,maison
-envahit-la réponore.
Article l.si un voisin demeure d'un autre, il devra au
seigneur 66 sous, et au maitre de la maison lg sous.
Artrcle t0. Un bo^gg-r^o_r_r par le baiili de la ville ne sera jugé
que par le vicomte en personne. llcusé
.. Ar.ticle tt. si q'erqû'un.de ra..vilre a procès avec le vicomte, il doit
être j.ugé dal.s les- limites du bailliage. '
- Article g. Le vico$te ne p'urra imener dans les murs d'Olor.n un
homme qui es.t.re débiteur^d'un citoyen ou iui i-iaitïuuùJË"rrr
en
corps ou .en biens. si Ie vicomte àrrête quelfiu;un,
moyennant caution. ô;il'i; reràche
Article rg. pour une vache vendue, le vicomte a un denierl pour un
polcr une nédaille.
- Article 6. Les habitants_ d'Ororon ne payeront point de droits d'entrée
dans.toute la_ seigne..rie de Béarn; ili'poirront
franchise tout ce qu'ils voudront. ' (- vendre et acherer en
Article 5. Avec le consenteme.nt des prud'hommes du Béarn. le vi-
r,9tgonné .que, si quelqu.'u.n vieni s'érabriiàini cuïË'uii tr rrn,
,.gT_t:^
rreence 0e son serqnexr,.et y. résid.e.
!n an et un jour, et qrr'après son
seigneur le^réclam'e,.le vicomte re défendia
Article 8. Le seigneur ma,ieur fait ce aooG -;;ii;"i;"chise
comme étairt son bo'urgeois.
aux
hompes d'Oloron, qù'irs.ne l'âccompagneront pas e raireàî'ïn cne-
vauciée, sinon en tfriis circonstanceô, iavoii: Âiq"*tqi,I'bTiuri,
etnnt
entré en sa terre et y.étant resté une'nuit et un jbur,'luiï praiànte
ra
bataille; s'il lui a_enrcvé querque châteiu; si i,ii-rcme-eii"Ënr.rmo
dans un château. Et arors [e vitomte doif iorunir'aôiË'g"tesTe"*o.o*,
pour apporter leurs armes.
Entre cette charte e.t la plupart de celles qui furent données
dans Ie
cours du septième siècrc .àui uiles niuieiet àtiulrË"iiï"in* ao
domaine royàl ,:t des grandes.seigneurieilil y a une. resseoiuance"irail
pante. Mêmes réserves du seignàur, mêries.Ëonceisions
a*ïoirg.o,r;
Ies. quereltès sont résrées, ït iiùd;ù' ildlii,il;ii;";ri-rtrËinlr, ra
p^r.9].9!rgl du prince est accordée à ceux qni oni-àÀrË"ro oïii ,t
J0ur dans la par.isse; res amendes s.nt dëterm.inées,..l'eiemplion des "o
droits de verire et d'achat est octroyée, Ie servrce mrlrralre
est rendu
moins dur et moins fréquent. Tous "ces' actes ont surtou[-ie-caractère
c.mmun de ne rien ofrrii qui..ressembre à d;JFd;iià, pàritùi;d;
possesseur du. fief donne. ja liberté civile, la- rd*.ilï'àur'tilïi-et ie
aes
'aroits
personnes,
'lais it garde intacts ses privil'èges seignôuriiof îàs
de suzerain fdodal.-
tBs couuuNBs rRÂNqÀISES. t3l

moIsÈME .LECTURE. lnsurgée.


v#"ily:"mmuno
Tout eutre fut le sort des communes insurgées. Lorsque les associa-
tioni de la pair comptèrent un grand nombre de membrés, que le com-
merce et I'ihdustrie èurent crééïes richesses à défendre et des intérêts
i nrotéeer. les bourgeois comDrirent mieux combien la sécurité était
nélessaire, et ils suivirent I'eiemple du nonde féodal,- otr cbacun ré-
sistait à sôn voisin. IIs achetèrent à leur seigneur des chartes d'affran-
chissement et les défenilirent contre Ia mauvàise foi et la violence avec
une sinsulière ooiniâtreté. Ainsi s'établirent les communes de Noyon'
Cambra'i, Beauvâis, Le Mans' Laon, Amiens, Yézelay.- Flles avaient
affaire tântôt à un ôomte, tantôt à uri évêque ou à un abbé. illals, dans
ce dernier cas, I'insurleciion dirigée ,:onlre le seigneur ecclésiastiqle
n'était point fâite contre I'Eglise'elle-mème. Par malheur pour elle,
I'Eelise'était ensasée dans les liens de la féodalité, et Ies sièges épi-
scoiaur les pltii iiches tombaient aussi souvent dans les mains d'un
noôme de Eirerre que dans celles d'un pasteur d'âmes. Alors Ia lutte
-l'Evangile
àes bourgeo"is contre ce contempteur de prenait un caractère
de violenËe inouie : au sentimeht de leurs droits se-joignait une haine
féroce contre le mauvais prètre qui ne pratiquait pas ce-qu'arai.t prèclté
son Dieu. Quand les communiers de Laon. s'emparèrent -d.e I ev.eque
Gaudry, qufavait faussé sa foi, ils I assomuèrent.impitoyablement'
Ïe Ëôois de Vézelay, situé sirr la Cur-e, au sud d'Aux-erie, appartenait
à I'abbave"de sainte-Ilarie-lladeleine. Les comtes d€ Nevers, qui vou-
laient y étabtir leur autorité seigrteuriale, cngagèrent contre les abbés
une lut'te oui devint très vive àu commence-mènt du septième siècle.
Les bourgc'ois songèrent à profiter de la querelle de.leurs maitres pour
conouérir* I'rudépeirrlance. Ûn homme ava-nt été condamné par la cour
àbnâriate à avoii les yeux crevés, le comte de Nevers cita I'abbé Pons
âe-Uontloissier à comparaitre devant lui I sur son refus, il tlévasta les
ieitei Ae l'abbave ct^ bloqua Vézelay. Les habitants éclalèrentjus- en
olaintes contre liabbé dont its accusaidnt I'obstination, et allèrent
Ëu'a Uire qu'ils ne le voulaient plrrs pour seigrteur. Le comte, tout
iovàot de iene fermentation qui servaiî ses tleiseins, se.rendit à Vé-
'zàÏiv nôur conférer avec les niécontents; mais les moines I'accueillirent
anCc'tànt d'honneurs qu'il leur accorda malgré lui une trêve. L'abbé,
qui partait p0ur R0mô, Ie chargea même, én son absence, de garder
fes ifitCrats Tu nonastére, et s'éngagea â -demander..au..pape que les
honrmes du bourg fussent dorénavant soumis à la,;urtdtctton du comt'e.
II savait bien quë le pape n'accordera.it .jamais uire pareille demande.
Èn-ônet, il rapirorta de home un monitojie..apostolque. qui hri faisait
, un devoir sacib de la défense de ses droits seigneuriaux. Le_comte,
i: fiuieux, fit ravager les teges des moines par ses _v-3_ssau.x,^et Pons de
ttiontboissier sollicita la protection du roi-Louis VII (1152), tout.en
I refusant de se soumettrri à la juridiction laÏque de la cour.des pairs.
I Son adversaire continua ses menées parmi les hourgeOls qu'tl parvlnt
I e soulever par l'appât de la liberté. Ill renoncèrent à leur foi envers
I i'egiise de Sainte-^Iiarie, jurèrent de se défendre mutuellement,.élurent
l. Oes masistrats qu'ils apïelèrent consuls, fortifièrent lleurs maisons et
I niônt-itÏiinceivôc le conâte. L'abbé, refuiant de sanctionner cette réso'
I iriUôn, itiàiitr âu monastèrc de Cluny, fit prononcer I'ercommunice.
l
r32 HISTOINE DE FRÀNCE.
tion.par le pape et invoqua de no.uveau I'appui du roi. pendant ce temps,
les. insurgés. abusaient de. la liberté recdriquise : ils maltraitaient les
q.0l!e.q, rasaient les murailles de I'abbaye èt faisajent de l'éqlise le,lL
ritade)le et leur arsenal. c.'étair t19.p.^Li roi marcha sur veieiày, ie
comte de Nevers se sou.mit, la villè fut mise brirs la loi, e[ te cbmte
lui-même.fu-t chargé de détruire sous huit jours ra pauvre cité qu;il avait
pouss.ée..à.la-révo.lte.(ltq5)..Il temporisa., il agit-de mauvaise grâce;
mais I'abbé, furt de Ia décision royâle, résolut"de se farre iustiie lnij
même..Il souleva les paysans contré lel bourgeois, prit dàiiàuiiers a
sa s0lde, força.les p-lus compromis à s'enfuir dàns les'bois et brrila leurs
malsons; puis rl 0rdonna le payement du dirième de tous les biens et
la destruction des enceintes fortifiées. Les serfs ruraux se charsèreut
encore d'exécuter la sentence: un bourgeois, nommé Simon, laisia dé_
molir sa_ maison, refusant de qnitter ion fôver et protestairt Dan son
srlence. Les habitants de vézelay furent rédujtl en seivage comm'e aupa-
ravant. filais ces hommes, qui àv.aient goùté un instant"à la liberté, ne
purent en oublier les douceurs; ils réc'lamèrent sans se lasser te irien
perdrr, et, en l222,ils obtinrent par transaction ce gue la violerce n avait
pu leur assurer. D'après Augustin Turcnnr.

EXENCICES ORÀT'X ET TCRITS

t, Erpli-oattgn lee mots.


- Toulouse, préfecture de la Haute-Ga-
ronne. IIe-de-Fra1ee, ancie_noe p_rorincè qui a formé les cinq tiépar-
-
tements de la Seine, Seine-et-0ise,-Seine-et'lrlarne. 0ise et Aisne.
lr!€arya11, ancienne province qui a formé les dépaitements du Loiret,
-
Loir-et-Che.r., Eurc-e[-Loi-r. Champagne, ancienne province qui i
-
formé les départements des ArdenneS, ile la Marne, de I'l,ube. âe la
Haute-Ilarne.
- Guyenne,
ments de la Gironde,
encienne province qui a formé les d;!narte-
Dordogue, Lot.il,-Garonnd,_ Tarn-et-Garonne, Lot,
Àve.1rron. Gaseogne., an_cienne provin_ce qui a formé les départefirentÉ
-
du Ger.s, Landes, llautes-Pyré-nées. Iroifou, ancienne proiince qur a
formé les départements de la Vienue,-Deur-Sèvres, Vendéô. Bourqes,
préfecture du Cher. Atniens, préfecture de la Somme. - Véze\au'.
-
chef-lieu de canton de I'Yonne. -
uarlæ, village de I'Aube. --Yitru, village
Cantorbery,
de la Marne.
villù d'Angleleme. -
Ctai"r!
' 3. 0uestionnaire.- -
Quelles étaient læ possessions du roi en il08?
étaient les grantls fiefs? Quel rist le caractère de la rovauté
-sousQuels
Louis le Gros? Quelle fut -
la conduite du roi dans son domâine?
furent, ses- rapports avec le roi d'Ansleterre et I'emuereur?
--_ AQuels
qui maria-t-il son ftls? Faites connaitré les principales dates
et les résultats de son règne. - Qu'est-ce que Suger?-- 0rie se Dassa-
-
t-il â la prise de Yitry? Qui a prèché la sêconde-croisade? tit
Suger en I'absence du roi? Quelles furent les conséquences - due du I
!

divorce de Louis VII? -


Quellcs étaient les possessions d'e Henri Il
I

Plan_tagenet?
- sonI les causes qui I'empèchèrent de ruiner
-.Quelles
la dynastie capétienne? A quelle époôue mollnrt Louis VII?
I

Faites connaitre les premiers - progrès de -ta population urbaine. -


Quelles furent les premières communes? -
est la cause princi-
pale du mouvement communal? - Qriell'e municinalitës.
franches, coomunes propreueut dites?
- Qu'appelle-t-on villes
- Donnez des norios de ôes di-
PHILIPPE.AUGUSTE. t33
verses sortes de villes. Comment I'abbé de Nogent définit-il une
eommune?
-
Quelle fut la condnite de Louis VI et de Louis YII
l'égard des- conmunes insurgées? - Que devinrent les communes
à

lor"sque s'accrut la Duissance rbvale?


3.'Ilevoirs à rérllger. - Raconter le règne de Louis VL - Exposer
I'histoire .des communes. Exposer les ielations de la France et de
I'Angleterie sous les règnes- de Louis YI et de Louis YI[.

m
PEILIPPE.AIIGUSTE
(fi80-1223)

tEÇoN

l. Philippe-Auguste et f,lebard Cour de lion.- Philippe-Auguste,


ffle tle Louis VII, épousa Isabelle de Haineut' derEièro descen-
dante de Charlema$ne, et soutint les ûls de Henri II contre leur
père. Eu 1190, il priù part à ta troisième croisade, et revint
àvant la prise'de Saint--Jean-d'Acre, pour proûter ds I'absence
de Richafd, roi d'Angleterre, son rival.
2. La quâtrième orofsade.
Philippe-Auguste le champ libre, mais, excotuurunié par le pape,
il ne-ùut ni-envahir tes pbssessions anglaises ni p:'endre parl a
la quâtrième croisade. Côtte eroisatlc, {ui avait Jérusnlerri pour
butl s'arrèta à.Constantinople où les barons franqais fondèrent
un emptre cnreLlen.
3. P[ilippe-Auguste et Jean sang Terre. Pendant ce temps,
Philippc, réconcilié avec I'Eglise, conquit- sur Jean sans Teme,
roi dtÂulleterre, la Norruanlie, le Mainc, la Touraine, I'Anjou
et le Poitou. Les barons franqais g'unirent contre lui avec
Jean et 0lhon IV, empereur d'Allemagne : la coalition fut bat-
tue à la Roche-dux-liloines et à Bouvines (t2ta); le prince
Louis de l'rance fft même en Anglcterre uDe descente qui ne
réussit pas.
4. 0roisarte rles Albigeois.- Soue ce règne, le pnpe Innoccnt III
fit nrêcher une croisade contre les Albiireois hérétiques, ct lcs
barbns du Lansuedoc furent dépouilléJ. lllais, arrrès la rnort
de Simon de )lo"ntfort, chef de la ôroisade, eon ffls Àrnaury cét-la
au roi Louis VIII ses droits sur Toulouse.
5. touvernement de Pbilippe-Auguste. Philippe-Âuguste éta-
blit dans ses domaitlcs des prévÔts et-dcs baillis pour renrlre
la iustice et lever les impôte:'il supprirua la dicnité de sénéchal
et détermina avec soin lès droits eû ies chargcs"dcs grands offi-
ciers de la couronne. ll fit pavet deux rued dc Paris, agrnndit
I'enceiute fortifiée, courmenqà la cathédrale, construisit le Louvrq
éleva les Halles et I'llôtel-Dieu et organisa I'Universi[é.
/

\r lgt EISTOIRE DE FRANTE.

nÉfiÎ
1. Pr.emletrB rct-es de Philippe II(f r 80). phitippe,
-
suivant I'usage des Capétiens, tourne ses premières or-mes
contre les ennemis du clergé. Ebo de Charenton, Guillaume
de Châlons et Humbert de Beaujeu furent forcés de restituer
les domaines ecclésiastiques qu'ils avaient usurpés. Alors,
chéri des prêtres et soutenu per eux, il put ngir. Ses oncles
maternels, I'archevêque de Reims et les comtes de Blois, de
Champagne et de Sancerre, pensaient régler la conduite du
roi enfant. Il prit à tâche de les soumettre, et, sur.les con-
seils de Robert Clément, maréchal du palais, il chercha un
appui près de Philippe d'Alsace, comte de Flandre, son p&r-
rain. Le jeune roi épousa la nièce du comte, Isabelle de Hai-
naut, et regut Ie Vermandois pour dot. Isabelle était la der-
nière descendsnte de Chariemegne : ce mariage donna une
légitimité nouvelle à la dynastie capétienne, et, quand le roi
de quinze ans fit dans Paris son entrée solennelle evec sa
reine de treize ans, le peuple les reçut avec des transports
de joie. Dès lors, les Capétiens se dispensèrent de faire samer
leurs ûls avant de mourir.
2. Troisième croisade (f t90). A cette époque er-
riva en France la nouvelle de Ia prise- de Jérusalem par le
sultan Saladin I I'archevêque de Tyr vint implorer le selours
des chevaliers de I'Occident, et les trois plus puissants princes
de la chrétienté, Frédéric Barberousse, empereur d'Atle-
magne, Philippe-Auguste et Richard Cæur de lion, roi d'An-
gletene, se croisèrent. L'ardeur des lidèles fut extrême: plu-
sieurs conciles furent réunis et décrétèrent le levée d une
contribution universelle destinée aux frais de la guene sainte
et qu'on appela la d,tme saladine. L'honneur chevaleresque
uni à la passion religieuse précipita de nouvoau I'Europe sur
I'Orient.
L'empereur suivit la route des premiers ooisés; il périt
en se baignant dans les eaux glacées du Selef, et son fils, le
duc de Souabe, amena. à Saint-Jean-d'Acre les débris de son
armée. Philippe et Richard s'embarquèrent, I'un à Gênes,
I'autre à Marseille. Ils passèrent I'hiver en Sicile, où leur
union se rompit, et vinrent I'un après I'autre débarquer sur
le rivage de Saint-Jean-d'Ame assiégée per Guy de Lusignan.
Philippe, dont le courege était réglé par lo, politique, se hâtc
PEILIPPE.ÀUCUSTE. 136

ile quitter I'Orient; Richard prit la ville, battit les Turcs à


Césarée et à Ascalon, mais ne put reprendre Jérusalem. En
apprenant que Philippe attaquait la Normandie, il lit une
trêve evee Saladin et s'embarque. Mais, jeté dans I'Adrio-
tique par une tempête, il eut I'imprudence de débarquer
sur les terres du duc d'Autriche qu'il avait insulté : il fut
fait prisonnier, et I'empereur Henri VI le gerda quetorze
mois, jusqu'à ce que son écuyer Blondel ett epporté sa
rengon.
3. Mort de Richard. (1199). A peine débarqué en
- aliénés, et passa en
Angleterre, Richord reprit ses domaines
Normandie pour se venger de son frère Jean, qui I'evait
trahi, et de Philippe-Auguste. Jean acheto sa grâce por le
m&ss&ore de la garnison françoise qu'il avoit introduite lui-
même dans Evreux, et Ia guerre recommença. Mais la croi-
sade était trop récente et la chevalerie trop fatiguée pour
qu'on pirt frapper de granils coups. Le combat de Fréteval,
où furént saisies les archives de France, fut suivi d'une trêve
de dix ans. Mais la guerre reprit bientôt : Ricbard fut défait
à Aumole, et ses routiers mercenaires furent exterminés aux
Andelys. Enfin le pape Innocent III menaga les deux enne-
mis d'excommunication et les contraignit à conclure une
trêve de cinq ans. La même onnée, Richard assiégeait le
château de Chalus en Limousin, Iorsqu'un archer lui creva
I'æil droit d'un coup d'arbalète; il en mourut.
4. Quatrième croigade (f 202 ). Excommunié
pour avoir répudiô sa seconde femme, Ingeburge de Dane-
mark, et épousé Agnès de Méranie, Philippe ne put ni pro-
fiter de la mort de Richard, ni prendre part à Ia quatrième
moisade.
tr'oulques, curé de Neuilly, prêcha cette nouvelle uoisade,
et les barons de Fronce résolurent de s'embarquer pour évi-
ter les fatigues du voyage. Ils obtinrent des Vénitiens des
vaisseaux de trensport, moyennant la somme de 85 000 morcs
d'argent payables d'avonce. Mais, ne pouvent fournir que
51000 m&rcs, ils s'engagèrent à conquérir Zara pour avoir
un délai. Tandis qu'ils passaient I'hiver dans cette ville (1202)t
le prince grec Alexis I'Ange les implors en faveur de son
père, I'empereur Isaac, détrôné et aveuglé par son frère
Alexis. Les croisés se dirigèrent sur Constantinople, battirent
I'usurpateur et rétablirent leur protégé, qui ne voulut plus
tenir ies promesses. Constantinople fut prise et pillée, et
136 f,ISTOIRE DE trRANcE.
Baudouin, comte de Flandre, fut élu empereur. Les barons
se partagèrent les dignités et les terres de I'empire: Boniface,
marquiiae Moniferrat, devint roi de Thessalo:rique; Ville-
hordôuin, qui a racont6 en françaÏs cette æoisade, fut meré-
chal de Roumanie ; le comte de Saint-Pol, connétable; le
doge de Venise, Henri Dandolo, prince de Roumanie et sei-
gnéur d'un quart et demi de I'ernpire. Mais cet édilice féodal
fontlé en Orient ne dura pas longtemps: en 126lr les Grecs
reprirent possession de Constantinople.
5. Conquêtes de Pbilippe sur Jeau Eans Terre
(1204). que les barons fra19a!9 s'emporaient de
- Pendant
Constantinople par un coup de main, Philippc-Auguste, ré-
concilié avec le Saint-Siège, poursuivait le cours de ses cor-
quêtes. Il investit Arthur de Bretagne, Iils d'un frère aîné de
iean sans Tcrre, de toutes les possessions anglaises en
France, souf la Normandie qu'il se proposs, de prendre lui- -
même. Jeau, imité contre Arthur, son neveu, le poignarda,
dit-on, de sa main et le jeta dans ls Scine. Philippe se d6-
clara le vengeur du prince assassiné, et sommo le meurtrier
cle comparaître devant h cour des pairs. Jean Iit défaut, la
cour le condamna par contumirce à la mort et à la confisca-
tion, et chargea le suzerain d'exécuter la sentence. Philippe
cntra en Normandie, prit Rouen que le roi n'osa, pas venir
défendre, et conquit rapidement la Touraine, I'Anjou, le
Maine et le Poitou.
6. Bataille de Bouvines (t214). - Cet acuoissement
extraordinaire de la puissance royale alarma les seigneurs
féorlau.x ; ils se rapprochèrent du roi d'Angleterre qu'ils ne
craignaienl plus, et formèrent une coalition qui mit en péril
la monarchie et ses nouvelles acquisitions. Les seigneurs de
I'ouest, soutenus par Jean sans Terre, attaquèrent les Etats
de Philippe-Auguste par le Poitou et furent vaincus par
Louis, fils du roi, à La Roche-aux-Moincs. Les seigneurs du
nord, soutenus par I'ernpereur d'Allemagne, Othon IV,-attu-
Quèrent par la Flandre et rencontrèrent le roi à Bouvines, l
entre Lille et Tournai
L'armée franqaise evait en partie passé le pont de Bou- l
vines, lorsque les Allemands fondirent sur I'anière-garde.
Le roi, qui se reposoit sous un frène, Iit une courte prière ]
dans une chapelle de Saint-Pierre, sauta à cheval et se plaga i
rur le front de le bataille. Le lutte commença par des charges I
de cavalerie qui ne décidèrent rien. l\{ais bientôt arrivèrent I
I
PEITTPPE.AUOUSTE, I3?
o.ec le bonnière de Ssint-Denis les gens des communes, qui
se placèrent devant le roi lui-même. Philippe courut un
grand danger : tiré à bas de son cheval, iI ollait être perc6
de coups, lorsque les siens le sauvèrent. Othon également
faillit périr : Guillaume des Bones, I'homme le plus fort de
son temps, le tenait par la tète et Ie frappeit de son épée,
mais une troupe d'Allemands tue son cheval et le con-
traignit de se faire jour à coups de poignard. Othon s'en-
fuit, et le centre de son armée se débande. Le comte de

Batrillo dc ljtruvines.

Flandre, Ferrand, fut blessé et fait prisonnier. Renaud.,


somte de Boulogne, fut également pris et le batrille fut
gagnée.
Cette victoire était un événement national ; la Fnince en-
tière en ressentit la joie. Partout, sun le ps.ssege du roi, les
rues et les maisons étaient tendues de tapisseries, les ptysûns
quittaient leurs travoux, pour venir voir le comte de !'landrc
enchaîné : << tr'errand, disaient-ils, te voilà maintenant ferré,
tu ne regimberas plus, tu ne pourres plus ruer et lever le
tulon contre ton maître. l
7. Ire prince l"ouis de France eu Angleterre.
- Les deux princes vaincus per Philippe n'étaient plus re-
doutables pour lui. Othon IV, dépouillé de Io couronne im-
périale pa,r son compétiteur Frédéric II, mourut obscurément
ru château de llartzbourg, Jean sans Terre entro en lutte
I38 BISTOINE DE IRANCE.
Èvec son elergé et sa noblesse, fut forcé de signer la granile
charte, fondement des libertés anglaises ; puis Ia déchira, et
ravsgee en pirate le royaume qu'il ne ssveit pos gouyerner
en roi. Les seigneurs ollrirent la couronne &u prince Louis de
['rance. Mais la mort de Jean changea leurs dispositions.
Louis abandonné fut battu à Lincoln et quitta I'Angle-
tene ({2tô).
8. Guene des Albigeois (1208-1229). La fortune,
qui favorisait les ellorts de Philippe-Auguste -contre les An-
glais et les Allemands, travaillait seule dans le midi, et pré-
parait a so maison de nouveaux agrandissements. A I'époque
où le pape Innocent III établissait la domination spirituelle
et temporelle du Saint-Siège sur tout le monde catholique et
faisait Iléchir tous les rois, lo France méridionale vivait à
part du reste de I'Europe. Ltrs Albigeois se séparaient de la
communion romaine: les grondes cités de Toulouse, Nar-
bonne, Nîmes et Béziers ne rlonnaissaient presque pos le ré-
gime féodal du nord I enfin, tout le pays de langue proven-
gale tendait à devenir une nation particulière sous les rois
d'Aragon et les comtes de Tr:rlouse. Lc pape s'inquiéta ; il
envoya dcs moines de Cîteaux, aidés de I'Espagnol saint Do-
mini,que ; les missionnaires furent raillés et maltraités.
Alors il fit partir le légat Pierre de Castclnau, qui, après
avoir excommunié Raymoncl VI, comte de Toulouse, fut
assassiné (t200).
Innocent appela tous les chrétiens à la vengeance. Un ba-
ron de I'Ile-de-France, fanatique et ambitieux, Simon de
Montfort, guida les hommes du nord au pillage du midi;
Béziers et Carcassonne furent prises, le vicomr,e Raymond-
Roger dépouillé, et le comte de Toulouse contraint de faire
pénitence. Son humiliation ne le sauve pes : attaqué à son
tour, il fut vaincu à Castelnaudary, demanda les secours de
Pierre II, roi d'Aragon, et subit avec lui une nouvelle dé-
faite à Muret. Le concile de Latran ({ Z t b) donna à Simon de
l\{ontfort la plus grande partie des ûefs du Longuedoc. Ce-
pendant le pape, ému par les prières des seigneurs dé-
pouillé,s, leur permit de reconquérir leur héritage. Ray-
mond VI revint dans ses Etats, qui se soulevèrent en sa fa-
veur, et Simon fut tué au siège de Toulouse. Philippe-Au-
guste se tint constamment à I'écart de cette guerre, qui se
prolongea sous Ie règne de Louis VIII, et pendant la mino-
rité de Louis IX ({223-1229).
PEITIPP E.AUOU STE. t39
9. Admtntstratlon de Philippe-Auguste. - Pbi-
lippe-Augustemourut en 1223, oprès un règne de quoronte-
trois ans. Il fut un conquérant plutôt qu'un administrateur.
Cependant il donna dans une ordonnance appelée son testa-
ment, qu'il publia ovant de partir pour la croisade (f {90),
un plan d'administration régulière : ce plan, développé par
ses suocesseurs, fut plus tard nppliqué à la France entière.
Il établissait des prëaôts ou vicomtes, des baill,is et une cour
d,es régents. Ces magistrats étaient chorgés de rendre la jus-
tice et de lever les impôts. On pouvait appeler des prévôts
aux baillis et des baillis à la cour des régents. Les prévôts,
assistés po,r une commission de bourgeois, faisaient la répar-
tition des taxes et versaient I'argent pergu entre les mains
iles bnillis, d'où il passait dans le trésor.
10. Ires grande off,ciers de la corlronrre.
- A
son retour de ln croisade, le roi supprima la dignité de séné-
chol, qui donnsit trop de puissance au titulaire, et déter-
mina avec soin les droits et les charges des autres grands
ofliciers de la couronne, le chevalier, l'échirnson, le panetier
et le chancelier ou chambellan. Le chancelier scellait les
actes publics et présidait la cour des pairs, en I'absence du
roi ; l'échonson s,vait juridiction sur les cabaretiers et les hô-
teliers, et levait un droit sur le vin; le panetier surveillait les
boulangers, qui lui devaient une rétribution; le chambrier
gardait Ie trésor et avaif un impôt sur les tailleurs et les
cordonniers. Tous mettaient leur nom au bas des chartes
royales.
I1. Enbelliseements d.e Paris.
- Philippe-Auguste
s'oocupa spécialement de Paris, sa capitale, et il y oom-
mençs des embellissements qui nous pareissent aujourd'hui
bien modestes. Les rues n'étaient point pavées, et la boue
était si épaisse que les voitures s'y enfonqaient jusqu'au
moyeu. Dans les plus élégantes et les plus fréquentées on se-
mait du foin et de la paille, et on appelait ces rues favorisées
rue du -Foln ou rue du Fouane. Philippe commenga le pa-
vage de la ville ; il construisit le château du Louvre, dont
relevèrent tous les liefs de France, éIeva les Halles et I'Hôtel-
Dieu, et agrandit I'enceinte fortifiée, dont les points extrômes
furent les portes Saint-Denis au nord, du Louvre à I'ouest,
Saint-Jacques ru sud, et Barbette à I'est. Enfin il continua
ls, eonstruction de la cathédrale de Notre-Dame commencée
por I'évêque Maurice de Sully.
I4O EISîOIRE DE FRANCE.
12. Université. - En 1200, Philippe-Auguste orgenlse
I'Université de Paris. Les écoles
s'établirent sur ls montegne
Sainte-Geneviève qui prit le nom
de quartier latin. Le légat Ro-
bert de Courson leur donna des
statuts (12{ 5), et elles devinrent
bientôt illustres. < 0n ne voit
pes, dit Guillaume lo Breton,
chapelain de Philippe-Auguste,
qu'il y ait jamais eu un si grand.
nombre d'étudiants à Athènes
ni en Egypte. Cela tenait aux
privilèges et à le protection spé-
Notre-Dame cte Paris. ciale que le roi accordait &ux
écoliers. l
13. I-,ouis V.[I (f 223-1226). Louis VIII, successeur
de Philippe-Auguste, tt d'abord -lo guerre aux Anglais, et
leur enleva l'Àunis, I'Angou-
mois, le Quercy, la Saintonge,
le Limousin et le Périgord,
c'est-à-dire toutes les annexes
du duché d'Aquitain e (t 22e).
Puis il marcha vcrs le Lan-
guedoc pour faire valoir les
droits que lui avaii légués
Amaury de l{rtntfort, fils de
Il prit Avignon, sou-
Simon.
L'IIôtel-Dieu. mit le pays depuis le Rhône
jusqu'à I'est de Toulouse, et
y établit les sénéchaussées ou prévôtés de Beaucs,ire, de
Carcassonne et de Béziers. Il mourut à son retour, à Mont-
pensier en Auvergne. Il laissait un fils sous le, tutelle d'une
femme étrangère, mais cet enfant était saint Louis, et cette
femme, Blanche de Castille

IECTURE.
- Victoire de Bouvlnel.
0n chevaucha jusqu'à un petit pont nommé le pont de Bovines : co
pont traverse une petite rivière qui se jette dans la-Lvs. Déià était outre
-point
ce pont la plus grande partie de I'armée; le roi n'était eneore
passé, mais il s'était désarmé et se reposait un peu sous I'ombrage d'un
PBI LIP P E.ÂUC USIE. ITI
frêne, lorsque arrivèrent des messagers de I'arrière'garde criant à mer-
veilleur cris tue I'ennemi venait...
anrés une brève oraison à Notre-seigneur. se fit armer hàti-
Le roi.'saillit
vement, sur son destrier en aussi grande lfessi (joie) qu.e s'il dùt
aller à une noce ou â une fète, et lors commença-t-on de crter parmt
les champs : < Aur armes, barons, aux armes I r Trompes el bucctnes
(claironsi commencèrent à bondif, et les batailles I retourner qui
àvaient déià nassé le uont. et fut ranpelée l'oriflamme de Saint-Denis,
que l'on a"coirtume de oorier par devant toutes les autres au front de
là batailte. Mais, comme elle tardaitr on ne I'attendit pas, et le roi par-
tit à grande couTse de cheval,. et se plaça à la première ligne, séparé
des ennemis par une petite élévation de terrain.
Quand Othbn et led siens virent que le roi s'était tetourné, ce qui les
étonna fort, its se rculièrent sur la-droite et s'étendirent vers I'ouest :
ils couvraiént la paitie la plus élevée de la plaine, en telle manière
ou'ils eurent droitèment aux yeux Ia lueur dn sbleil, qui fut plus chaud
rit plus ardent en cette journé'e qu'il n'avait été aevarit. Le roi déploya
ses chevaliers au midi lle la nlaine. avec le soleil à dos, sur une ligne
de t0i0 nas de long, à peu drès éâale à celle de I'ennemi... L'évêque
Guérin dd Senlis ordonnà les bataiTles (rangea les escadrons) : u Sei-
gneurs chevaliers, criait le bon évêque, le champ est grand : élargissez
ios rangs, que.l'ehnemi ne vous enôlave I Ordodnez-vôus en telle-sorte
que vous puissiez combattre tous ensemble et tous d'un même frontl I
Ën face on aocrcevait 0thon au milieu de sa gent, avec son aigle dorée
-les 'Français
perchée sur un dragon qui tournait deverg un-e gueule
béante, t corDIDe s'il voulait tout manger 'r.
Ce furent les vassaur de I'abbé de Sâint-l\tédard de Soissons qui
eurent la gloire d'engager la grande bataille: cent cinqua_nl,e scrgents à
cheval du-Soissonnaisf tous ioturiers, chargèrent audacieusement les
chevaliers de l'landre. qui se trouvaient vii-à-vis d'eux; ces brales
gens furent repoussés ei démontés, mais les chevaliers bourguignons
èt cbampcnois, avec une pariie des Françars, s'élancèrent à la ren-
contre d'es Flamands. et e-n un instant I'aile droite des l'rançais et la
gauclre des coalisés lurent aux prises : I'ordre de bataille fut rompu;
ies rangs se nôlèrent en un êltroyabte tourbillon d'hommcs et- de
chevauxl se lteurtant, se rcnverÈant,'s'écrasant parmi des llots de pous-
sière... Enfin, après trois heures et plus, tout le faix de Ia bataille se
tourna sur Ferrahd et les siens: le comte de Flaudre fut abattu à terre,
blcssé et navré de mainte gra'nde plaie, pris et liê avec maint de ses
chevaliers...
Durant cette rude mèlée étaient accourues en toute hàte les légions
des communes. qui se trouvaient bien au delà du pont de Bovines.
Toules ces milicei, et spécialement les communes de Corbie, d'Amicns,
d'Arras, de'Beauvais e[ de Compiègne, accoururent lorsque I'action
commerirçait, avec I'enseigne de SaintlDeiris au milieu d'elles, là oir elles
vovaienf' I'enseiene rovàle d'azur semée de fleurs de lvs d'or: elles
ouireuassèrent foutes les batailles (escadrons) des'chevaliers,' et se
mirerit devant le roi, eontre Othon eù sa bataille. u Quand Otlton ait
telles oens. st n'en fut moult ioueux. Cenendant les hommes d'armes
thiois"(tetions, allemands), geis"de grande prouesse, chargèrent avec
furie le! sens des communes, les poussèreni rudement, les rompirent
sans leur"faire lâcher pied, et percilrent au travers, de telle sorte qu'ils
approchèrent de bien brès de la bataitle du roi. Guillaume des Bames
ei tous les preud'homuies qui gardaient le corps du roi, voyant qu'Othon

ê
I&2 gISTOIRE DE TRANCE.
et les Îtrr'ois tendaient à venir droit à philippe et ne quëraæaÉquera
pelsoune, s.e.mirent devant et laissèrent le iôi derrièré ieuidôi;'nars,
pendant qu'ils combattaient 0thon et seE chevaiieri; le;
sr;;-de pied
thto.zs, qui avaient poussé de I'avant, cernèrent le roi et le"trébuchèïeni
Jus a rerr€ d€ son coeyal avec des lances et des crocs de fer; et, sans
son erccllente armure,ils I'eussent là occis sur l'instant. 0uelquei che-
valiers demeurés avec Ie.roi assommèrent et oc-cireni tôos*ôeiiùgents
à p.ied,.et-remirent le.roi sur son destrier... r La ctrevàrerie-au-iôi et
celle d'0thon se mêlèrent de nouveau, avec un mervôitteùi iuatis
d'hommcs et de chevarrx.
Les Français .se. battirent si
fortement. et si ,longuement, qu'ils
repoussèrent.toute la bataille d'Oilron, et vinrent irrqïÀ t,ii.-!i nres.
qu'un chevalier français (pierre de Nlauvoisin) prit "le destriei d; ft;ml
par,le lrein, et le cuida (crut) tirer hors de la presse. La m'lti-
P9.9ol
[u0e. 0es I nluls gul se_ serraient encore alentour ayarit empêehé Mau-
vorsrn d'exécuter son dessein, un autre bomme d.arineg fraricais voulut
donner un gra.nd..coup de côuteras à Othon; maiilà-c[eoa'i'àe't]em-
jt
p::g]'I^,.gre]^a J!rg, er reçut, à travers l'æil, t jusqu.en Ia cerr.elle,
I estocade destrnee _e
à son mritre. Le destrier, forôené de douleur, eu-
porta Othon hors^de. la môlée, et tomba.mgr! tr quelque airtàn,ï; on
amena un cheval frais,à.I'emirereur : mais_othon,'rcm'unté en-selie, ne
ret0rrrna point.au. combat, eoDn)c avait fait le rôi pbitippe : il se'mit
â l'urr,, au. contraire,.du plus vitc qu'il put,, abandonnairi, son aigle et
8ctr cnar rmpernl, et _ne pouuant plus èndurer la aertu des cherc-
&ers de france. Le ehar.sur quoi seazf.l'étendard impérial fû dcpiéct,
l:.djqîgl_f-ul_brlqg,,el
I'ai*le d'or, ayant les aitesaridcnÈri Jiù,fprer,
tut deposée au picd du roi. H. Ilrnrlr.
'

EXDnCTCDS OnAtx EÎ ÉCnrTS

Erplication iles mots. chalu,s, chef-lieu de canton de ra Haute.


--.1.
vienne_. -
Litnousin, arcienne province qui a formé les dèpartemcnts
-
de la Haute-vienne et de Ia corièze. Touraine, ancienne provinco
-
qui a formé I'lndre-et-Lo[u.- Anjou, ancienne prôvince qrii iiorme
lè ùtaine-et-Loire. trIatne, ancieine piovince qï,i â roimdiirîrï.nou
et la Sarthe. -
Flandre, ancienne prôvince qui a formé lè Noid. _
-
Qu.ercy, pa.rtie de la Guyenne (Lot).'- Sainionge, ancienne ïiàuio.u
qni a. formé la charente-Inlérieure. përigord,"pârtie dô iâ ôr-veune
(Doldogne).. -
village du départ"cmerit'du Nora. _ Liilà,
préfecture du-_Bouuines,
Nord. Tournai, village àe Belgique.
- Auignon, pré_
fecturc de vaucluse . -
Beaucdire, dhef-rieu ie^ canton à,ï câia.
-
carcassonne, préfecture de I'Aude. Bëiers, sous-préfecturà dc -
I'llérault. -
villagè àu puv-ae-nôm'e.--
-'nlàntpcnsfcr,
3, 0uestionnaire. llacrlntez les premièrs actes de philippe-Ausnste.
- preplel capciien
Pour_quoi est-il-le qui u'ait pas fait s'atieisdn nrs
-de son riv.ant?-- Quelle fut la câuse de la troisième croisiàe i
en fu'cnt les chefs? dime saladine? -ï.,etsla
croisade. - Q.}'appelle-t-on
Qu'arriva-t-il à- Richard Cæur de lion â son - niconÈz
;;ù;ri _
-
Racontez ses luttds avec Philippe-Anguste.- comment mourutRichard I
Pourquoi Philippe ne prit-il point part à la quatrième croisaàét _
-llacontez cette expédition. Quel en fut Ie résultat? _ Jusqu'à quelte
( date d.ura l'empire latin ? - Qu'est-ce qn'Arthur de Bretagne ? _ 0ûelles
- par Philippe sur Jean sans Terie?
ront les pr0vrnces conquises
-
satNT ùourg. rt3
Quelles sont les rleur batailles livrées cn l2[4? Racontez la bataille
-
Pourquoi la France s'en réjouit-elle spécialement?
de Bouvines.
Qu'est-ce
-
que la graride charte? Raconiez I'expédition du prince-
Louis en Arfgleterre'. -
Quel était le pape au débul, du treizième siécle'l
-
Quel était alors l'état religieur, folitique et, social de la France du
-nidit- Quel fut le chef de Ia-croiiaTe coitre les Albigeois?
sont les péripétics de la guerre?
-Quelles
Faites connaitre le plan d'adminis^
tration tfacé ^par -
Philippe--AuEuste, en t190. Quels étaient les grands
-
ofticiers de la couronnï et leùrs aitributions?-Enumérez les eubellis-
sements de Paris sous Philippe-Auguste. A quelle époque fut orga-
nisée I'UniversitéT -
A qui-doit-elle ses statuts? Quelles sont les
- -
conquêtes de Louis VIII srir les Anslais. sur les seigneurs du midi?-
0ùr inourut-il? Donnez les dates"prinôipales des règnes de Philippe'
-
Auguste et de Lonis YIII.
3*. Itevoirs à rédiger. Exposer les relations de Philippe-Auguste
-
avec Ilichartl Cæur-de lion et'avee Jean sans Terre. la
bataille de Bouvines et apprécier cet événemeut.
--Raconter de
Administration
Philippe-Àuguste.
-

w
SAI![T LOÛIS
(uzelz?0)

rEçoN

t. Régenos de Elanobe de 0astille, Le successeur de Louie VIn,


-
Louis IX ou saint Louie, rêgna d'abord sous la tutelle de Blanche
de Castille. Cette reine éneieique soumit les Erands qui s'étaicut
révoltés: elle prépara la Ëràndeur de sa-farnille-par les ma-
riages d'e ses deui fils ave"c les héritières du Langucdoc et de
la Frovence.
l. Saint Louis et f,onri III d'Angleterre, - Saint Louis com'
menc&. en {236. un règne illustré Dar la vertu. Il fit la guerre à
son ia'ssal rebtille HuËues de la lVfarche et au roi d'Anfleterre,
Henri III; il les battit"à Taillebourg et a Saintes;puisl cédant
à sa conscieuce, il conclut avec llenri le traité d'Abbeville' par
lequel il rendait les annexes de I'Àquitaine pour s'ùssurer I'héri-
taÀc de Guillaume le Bàtard et de }Ienri Plantagenet.
5. Croisade de saint.louis en-lgypte. Pentlanf une maladie, il
nrit la croix et partit pour I'Esvpte-malsré sa mère. Battu à
ilansourah, privê de vivres et s"oïlTrant dii la peste, il se rendit
et excita l'âdrniration des musulmtns par sa fermeté inébran-
lable et son inaltérable patience. Âprèi ea délivrance, il passa
quatre ans en Palestiue- et revint ô la nouvelle de la mort de
80 mero.
l. Gouvernement de saint Louls. Saint Louis fut surtout un
roi administrateur et législateur. -Avec les évêr1ues et le papg,
il sc montra respectueui et ferme et sut accordèr t'humblè' dé-
votion du chrétien avec ses devoirg de roi. Àvec les communes
il montra la vigilance éclairée d'un protecteur, détruisant les
t++ EISÎOIRE DE trRÀNCE.
mauvûises coutumes, faisant régner partout I'ordre, dotant
Paris de l'hospice dcs Quinze-Viùgts et- de I'admirablé Sainte-
Chapelle. Aveb la féodalité, il suivit I'exemple de Louis Vl; il
attaqua le droit de suerre privée par I'institution de la ouaran-
taine-le-roy et de lrÉsseurelment; it etantit quatre grandd baitlis
et des enqttesteurs royctur chargés de la sûrveillance générale.
5. Ilernière oroisade et mort de aaint Louis. Saint Louis mou-
rut à Tunis, où I'avait enl.raîné I'ardeur de- sa foi, et laissa au
peuple Ie souvenir de ees bienfaits et àsessuccesseurs I'autorité
de ses exemples.

NÉCIT

l. Blancho de Castille (1226). - A la mort de


Louis VIII, son fils aîné, Louis, evait à peine douze ens. Le
testament du feu roi laissait le royaume à Louis, I'Artois ù
Robert, I'Anjou et le Maine à Jean, le Poitou et I'Auvergne
à Alphonse, une somme de trente mille livres à la reine,
msis il ne perlrit ni de régence, ni mème de tutelle. Blanche
de Castille, qui avait un (( cour&ge d'homme dans un c@ur
de femme r, prit son porti avec décision. Elle men& rapide-
ment son ûls à Reims et le lit sacrer. Le voyage et la céré-
monie se trent au milieu d'un grand appareil militaire : les
milices des communer escortèrent 10, cour, et, le jour du
s&ore, trois cents ehevaliers armés de toutcs pièccs et montés
sur leurs chevaux de combat, amenèrent dans leurs rangs
serrés I'abbé de Saint-Remi, qui portait la sainte ampoule.
Tous les assistants jurèrent fidélité au roi et prêtèrent hom-
ma8e à sa mère.
2. Coalition féodale. - Mais les grands barons
n'étaient pas tous venus ù Reims, Philippe Hurepel, somte
de Boulogne, fils de Philippe-Auguste et d'Agnès de Mér'anie,
revendiquait la régence; Thibaut, comte de Champagne, était
irrité contre la reine, qui avait chs.ssé de Reims ses sergents
d'armes ; Raymond YI[, comte de Toulouse, voulait repren-
dre les sénéchaussées du Languedoc; Hugues de Lusignan,
comte de la Marche, cédait aux sollicitations de sa femme,
llambitieuse Isabelle d'Angoulême, veuve de Jean sans Tenel
Pierue l\{aucler, duc de Bretagne, leplus audacieux et le plus
habile des barons, visait à I'anéantissement de la royauté.
La régente mÊnæuvra. au milieu de tont d'écueils, svec lo
souplesse et lo décision d'un vrai politique : elle menaçt
Philippe de Boulogne de rendre lo liberté à son beau-père
Renaudn le prisonnier de Bouvines; elle gagne fs,cilement
SAINT tOUIS. Itû
Thibeut, le prince troubadour, qul I'avait choisie pour dame
de ses pensées; elle réveilla contre Raymond des accusations
d'hérésie, et le contraignit à traiter. Les autres coalisés fu-
rent réduits per la force; ils signèrent lo traité ile Saint-
'Coucy,
Aubin-du-Cormier (1231), et le sire do Enguerrand,
que les barons avaient
choisi pour roi, implora sa
grâce et I'obtiut.
3. Mariages aven-
tageur. - Cette régence,
qui auroit pu être fatale à
la meison capétienne, aug-
menta, au contraire , s&
puissance et ses domaines.
Raymond de Toulouse céda
les comtés d'Albi et de
Cahors, et maria se lille
unique à Alphonse, frère
du roi. Thibaut, oppelé ù
la couronne de Navarre,
héritage de safemme, ven-
dit à la reine les comtés de
Blois, de Chortres et de
Sancerre. Louis IX épousa
I\{arguerite de Provence,
ûlle du comte Raymond
Bérenger, et son frère ,
Charles d'Anjou, fut {iancé
à la seconde lille du comte.
Béatrice, qui devait hériter
rle la Provence. Ainsi se
Saint LouiE.
réalisait le prédictiou du
chapelain de Philippe-Àuguste : a Tu planteras tes tentes
eu sommet des Pyrénées. ))
4. Majorité dé eaint Louis, oon caractère (123ô).
- Ls reine Blanche usait trop bien du pouvoir pour n'y
pes
prendre gorlt; elle conserva, même après t236r une grande
autorité iur les effaires, et Louis, le modèle des ûls et des
hommes, eut toujours pour so mère une déférence respec-
tueuse dont elle abusait parfois sons le sovoir. Toutefois,
Blanehe de Castille n'eut plus dès lors que le droit ile con'
seiller ; le règne de stint Louis est commencé.
EIET. D8 FB. O, COYTL.
IlO NISTOTRE DE ARANCE.
q Louis IX, dit Voltaire, paraissait un prince ilestiné à ré-
former I'Europe, à rendre la France triomphante et policée,
et à être en tout le modèle des hommes. Sa piété, qui était
celle d'un anochorète, ne Iui ôta oucune vertu de roi. Une
sage économie ne déroba rien à se libéralité. Il sut accorder
une politique profonde &vec une justice exacte ; et peut-être
est-il le seul souverain qui mérite cette louange. Prudent et
ferme dans le conseil, intrépide dans les combats sans être
emporté, compatissant comme s'il n'avait jamais été que
malheureux : il n'est pas donné à I'homme de porter plus
loin lo vertu. p
5. Guerre ettraité avec I'Angleterre (124t-1259).
( Saint Louis, dit Joinville, son historien et son ami, fut
-
llbomme du monde qui plus se traveilla de paix. > Cepen-
dant il ût la guerre et Ia lit bien. Hugues de lo Marche avait
refusé I'hommage féodal ou jeune comte de Poitou, Alphonse;
il faillit enlever le roi lui-même dans une embuscade, et
s'allia avec Roymond de Toulouse et Henri III, roi d'Angle-
terre, son beau-fiIs. Le parlement, ou assemblée des barons,
le déclqra rebelle; Louis marcho contre lui, I'accabla à Tail-
lebourg et à Saintes (1242), et le forqa d'abandonner une
partie de la Marche ; Henri III signe aussitôt la trêve de
Bordeaux.
Bien que victorieux, Louis pensait que les provinoes enle-
vées jadis à Jean sans Terre ne lui appartenaient pas légiti-
mement. Ses conseillers étaient d'avis de ne rien rendre de
ce qu'on pouvait garder ; les habitants du Limousin et de la
Saintonge tremblaient de revenir à la mauvaise administra-
tion de Henri III. Mais rien ne put ébranler le roi : s& con-
science avait perlé. Après de longues négociations il conclut
letraité d'Abbeville (1259), par lequel il rendait le Limou-
sin, le Périgord, le Quercy, I'Agénois et une partie de la
Saintonge. Henri, de son côté, renonga à toute prétention
sur la Normendie, le Maine, la Touraine, le Poitou, et lit
hommage comme duc d'Aquitaiue. Louis s't'ssur& ainsi, par
le droit, des provinces que la force seule avait données à son
aleul ; il ôtait tout prétexte de guerre au roi d'Angleterre, il
ougmentait la puissance morale de sa personne et de son
titre. Il acquit encore par des traités les comtés de l\{âcon,
tlu Perche, d'Arles, de Foix, et bon nombre de villes avec
leurs territoires. Son règne fut donc utile à la formation de
I'unité frengoise. 'Sain[ Louis ne se servit pas des mômes
SAINT LOUI$. 111
moyens que Philippe-Auguste, mois il continur bien son
æuvre.
6. Saint Irouie prend la croix.
cempegne de Foitou, le - Audépassait
roi, dont le courege
retour de la
les
forces, tombo gravement malode à Paris. a Il fut si mal, dit
Joinville, que I'une des dames qui le gardaient voulut lui
tirer le drap sur le visage, uoyant qu'il était mort I et une
autre dame, qui était de I'autre côté du lit, ne le soulfrit
point. II ne pouvoit parler, mais le Seigneur opéra en lui et
lui envoya la santé. Le roi demanda soudain quton lui donnôt
la croix, et cela fit-on. Lorsque la reine, sa mère, ouit dire
que la parole lui était reyenue, elle en lit grande joie : et,
quand elle sut qu'il était croisé, elle eut aussi grand deuil
que si elle I'erlt vu mort. >
7. Etat de I'Orient. la quatrième croisade,
- Depuis
deux expéditions furent dirigées sur I'Orient. André II, roi
de Hongrie, avait échoué en Egypte; I'empereur, FrédéricII,
avait ocquis Jérusalem per un traité avec Ie sultan Malek.
Mais bientôt les hordes barbares des Kharismiens, chassées
par les Mongols, étaient venues exterminer les Turcs et les
chrétiens à Gaza (12&h) et ravager la Palestine. Après
leur départ, Jérusalem était retombée au pouvoir du sultan
du Caire. C'était donc en Egypte qu'il fallait conquérir la
Terre Sainte.
8. Croisade d'Eg:ypte (t 249).
- Saint Louis &m&ssû
d_es provisions dans l'île de Chypre, creusr Ie port d'Aigues-
Mortes, afin de pouvoir embarquer sur ses terràs, résistà aux
prières de sa mère et rassembla ses barons, qui le suivirent
por respect pour s& personne plutôt que per enthousiasme
religieux. < Saint Louis, dit Ne.poléon, pareît devent Da-
miette le 5 juin. Il débarque le lendemain. L'ennemi évacue
la ville de Damiette; il y entre le même jour. Du 6 juin au
6 déceml:re, c'est-à-dire pendant six mois, il ne bou$e point
de la ville. Au commencement de décembre, il se mêt en
marche. Il amive le l? devant Mansourah, sur les bords du
canal d'Achmoun. Ce canal, qui a été un ancien bras du
Nil, est fort lorge et plein d'eou dans cette saison ; il y
cempe deux mois. Le t2 février, les eoux sont basses, il
pesse le canal, et livre une bataille huit mois après son dé-
barquement à Damiette. > Vaincu à Mansourah par I'impru-
{tngg- de son frère, Robert d'Artois, coupé de Damiette parla
Ilottille ennemie, privé de vivres, accablépar la chaleur et lo
IT8 EISTOINE DE FNANCE.
maladie, le roi fut fait prison-nier. Ce tut elory.Cue parut sa

erandeur. Il consolait ses soldots désespérés, il imposait aux


illamelucks qui venaient de m&ssacrer leur sultan, il obtenait
enlin la liberté de tous les siens ps.r une forte rangon et la
sienne par la reddition de Damiette.
g. Sàint lrouis en Palestine, son retour' - Il
sainte qu'il aurait voulu déli-
ella visiter en pèlerin ls Terre
vrer et y demeura quatre ans, distribuant des largesses, ra-
chetant'les captifs et relevant lcs murailles des villes. Il
qoittn l'Orient lorsqu'il apprit la mort de sa mère(1254)'
Élanche avait gouverné avec sagesse et fermeté : à la nou-
velle que le roi était prisonnier-, plus_ de cent mille paysans
oa paitoureaua avaient quitté leurs_ demeures pour .aller le
délivrer; mais ces noure&ux croisés s'étaient mis à piller
les châÉaux et à eommettre mille dégâts ; la reine parvint
à rétablir I'ordre.
10. Cond.uite d.o saint lrouis envers l'Eglise' -
Quelle que soit I'importance de ses Suelres, de ses traités
et
À, ,on expédition d Egypte, saint Louis fut avant tout admi-
nistrateur et législateur : il lit beaucoup pour le bon mes-
nage dt royûume' et laissa après lui au p.euple. un- sou-
urii,. de ses bienfaits, et à ses succcsseurs I'autorité de ses
exemples.
saint Louis se trouvait en prôsence de trois pouvoirs éta-
blis, I'Eglise, les communes et la féodalité. Personne nedou-
tait de in piéte,
-le et il donnait aux évèques, ^interprètes de
I'Evangile, respect absolu et la naïve conliance d'un en-
fant. lùais'cette piété était éclairée, et cette foi n'était. point
servile : le saint iayait être roi, séparer le domaine de I'Eglise
de celui de I'Etat, et résister aux prétentions du clergé quand
elles étaient téméraires. Ainsi l'évèque d'Auxerre le somma
un jour, &u nom du clergé de- f,'rance, de -contraindre les
,*ro*.Lniés à se faire Jbsoudre. Le roi répondit qu'il ne
contra,indrait personne avant d'avoir jugé lui-même sa c€use,
( car ce serait contre Dieu et contre toute ratson qu rl con-
traignlt, les gens à se faire absoudre, quand les clercs leur fe-
raiùt tort. > I\[ême droiture, mème bon sens dans sa con-
duite à l'égard du chef de I'Eglise. Témoin affligé de lo que-
relle des Iivestitures ou luttei entre I'empereur et Ie pape, il'
blâma Grégoire IX d'avoir déposé Frédéric II et refusa la cou-
rgnne d'Aliemagne olferte à sôn frère, Robert d'Artois..I.t me-
naga Frédéric II de la Suerre, s'il ne mettait pes en liberté
SAINT LOUIS. l&rJ
les évôques_frangois faits prisonniers quand ils se rendaient au
concile de Lotran. Enfin, s'il n'est pis I'uuteurdelaprogma-
tique sanctæn, fondement des libertés gallicanes, et qu'on lui
r faussemenl attribuée au quinzièmÀ siècle, du moins en
professait-il les principes. Il garantit I'Eglise de France de la
domination ûscole de la courde Rome, et le royaumc d'une
gueme des Investitu-
res : le plus pieux des
lidèles fut le plus vi-
gilant gardien des
droits de la !'rance.
ll. Conduite do
saint Lrouis en-
vers les commu-
neB. Saint Louis,
-
bienveillant pour les
communes, s'attribua
avec raison sur leurs
affaires un droit de sur-
veillance. Il se réserva
lo nomination des mai-
res, partout où. dcs
conventions antéricu-
res ne la remettaient
prs aux hrbita.nts de
la commune; il obli-
gea les magistrats
mu-
nicipaux à venir cha-
que année rendre La Sainte-Chapelle,
compte de leur gestion,
et réprima les excès de leurs dépenses; il forga lcs bour-
geois de Rouen à renoncer aux péages qu'ils ovaient établis
sur la Seine pour gêner le commerce des Parisiens. Su l-ronne
ville de Paris fut I'objet part,iculier de ses soins. Les prévôts,
qui recevaicnt des présents des riches, jugcaient toujours
contre les pauvres I le menu peuple fuyait la terue du roi et
I'abandonnait aux larrons et aux malfaiteurs. Le roi défendit
de vendre la charge de prévôt, et lit enquérir par tout le
royeume où il pourrait trouver un homme qui fît bonne et
sévèrejustice, et qui n'épargnât pas plus le riche que le
peuvre. Il choisit Etienne Boileru, qui purgea Paris des
malfaiteurs, donna &ux m&rchonds et aux ertisans leur
t50 ETSTOIRE DE TRANCE.
charte dans son Li,are il,es méti,ers de Paris, et augmenta la
population en gorantissant la sécurité des personnes et des
biens. Il fonda la Sainte-Chnpelle et I'hospice des Quinze-
Vingts,
12. Conduite de saint Louig envers la féodalité.
Mais ce fut dans les ofaires de la féodalité que I'interven-
-tion du roi s'exerça le plus fréquemmeut. Il ne chercha pos
à la détruire, puisqu'il appela ses barons à son conseil, et
consery& dans ses Etablissements Ie droit des suzerains sur
leurs vassaux. Mais il ne chercha pas non plus à la régula-
riser, puisqu'il s'efforça de détruire les deux institutions qui
en étaient la base même, les guerres privées et Ie ducl judi-
ciaire. En 1245, il établit la quarantai,ne-le-roy, dont Phi-
lippe-Auguste avait eu lu première pensée : elle suspendait
lcs guerues privées pendant quarante jours, et les changeait
en un procès qui était porté devant les magistrats royaux.
Celle des deux parties à qui le roi reconnaissait le bon droit
était placée sous la garantie ou I'assezremenl, royal. Le duel
judiciaire fut aboli, perce qu'il n'éteit pas aoie de ilroit,,
< celui qui prouvait per bataille, prouv& désormais par
témoins et par chartes >. Ainsi la justice prit la place de la
force.
Pour recevoir les appels des justices seigneuriales, Louis
ajouta aux prévôts de Louis VI et aux baillis de Philippe-
Auguste les quatre grands baillis d'Amiens, Sens, Mâcon et
Saint-Pierre-le-Moritier. Il leur conlia des pouvoirs considé-
rables et prit contre leur arbitraire des précautions minu-
tieuses. Ils furent sulveillés par les enquesteurs royaulv, ott
inspecteurs généraux analogues aux enuoyës impériaua d,e
Charlemagne; et on put appeler de leurs sentences eu pâ.r-
lement du roi et au roi lui-même, qui jugeait en personne,
soit dans son palais de la Cité, soit sous les chênes de Vin-
cennes.
13. Croisade de Tunis, mort de eaintlJouie (1270).
Depuis vingt-cinq ans, le royeume était en paix, lorsque
- roi,
le cédant aux 'sollicitations de son frère, I'ambitieux
Cherles d'Anjou, roi de Sicile, se décida à une nouvelle eroi-
sade. Charles lui persuada que le sultan de Tunis était dis-
posé à se faire chrétien, et Louis s'embarqus. pour I'Afrique.
Etabli près des murs de Carthage, sur une plage nue et brfi-
Iée par le soleil, harcelé par les inlidèles, privé de vivres
et de secours, il vit périr ses soldats et ss femille, et lui-
satNl L0UIS. l5l
même fut atteint de la peste. Leluntti motin, 25 aott 12701
il perdit la parole et n'sccueillit ses amis que per son sou-
rirà; plus tard, il se lit étendrer les bras en oroix, sur un lit

Mort Cc salnt Loull.

trois heures après midi, il expira paisibie-


de cendres, et, à
ment en murm.urant, les yeux levés vers le oiel : c Père, je
comnrets mon esprit en ta garde. n

TECTURES

PREMIÈRE LDCTURE. _ Piétô dE gAiNI LOUIS"


Dès le temps de son enfance, le roi fut compatissant pour les pauYres
et pour tous beux qui souffraient. C'était la cbutume que, partout oùr le
roi^allait, six vingts paurres fussent toujours ngutris, en sa .maison, de
nain. de'vin. deîiariae ou de poisson, chaque jorrr. En carème et pen-
tlant'l'avent.'le nombre des 0auvres croissai[; et plusieurs fots il advint
que le roi Iés servait et leui mettait le pain devant eur et le leur cou-
ôait: à leur déuart, il leur donnait des deniers de sa propre main.
Mème aux granàes vigiles des fêtes solennelles,. il servait ces pauvtes
de toutes ce-s choses susdites avant qu'il mangeât ni ne bùt. En outre,
il avait chaoue iour â diner et à soupèr près de ltri des vieillards et des
estroniés auiqu"els il faisait donner dès viandes qu'il mangeait, et, quand
ils aiaient mângé, ils emportaient certaine sommed'argent. Par-dessùe
tout cela, le roi donnait ôhaque jour grandes et larges attmÔnes. aul
Daurres de relision. aux Deuvres hôpitaux, aux pauvres malades qt aur
'pràuvres collègËs et aux pauvres gentilshômmeÈ et femmes et demoi-
I52 EISTOINE DE tr'RÀNCE.
selles, aur pauvres leques yeuves et aur pauvres ménétriers uui. oar
vrelilesse 0u pa.r matadie, ne pouvaient travailler ni faire leur inéiièr;
f .perne pourr.alt-or compler le nombre de ses charités. Et nous Douvous
Dlen 0lre qu'rl tu.t .ptus heufeur que I'empereur Titus de Rom'e. dont
tes anctennes brstolres racontenl. qu'.il
.sg plaignit et se lamentd pour
un_jour.qu'il avait passé suns fairê de bieri a ôersonne.
Le r0l lit bâlir la maison des aveugles, près Paris, et leur lit faire
une chapelle. pour ouïr le service de-Dieir; et te rôh;-oilt iïire ra
marson de uuûrtreux,.au dehors de paris, ei a;signa rentes suffisantes
q_ur y etarent et servaient Notre_Seigireur. Aussir,ôt après,
lt3,uI.T^0]!p
n[ construrre une autre marson en dchors dè paris, au chemin dti
Saint-Denis,.qui ful a-ppelée la maison aux Fillôs_Di;;, ;r nïïert*
grande.nurtrr,ude de l'enmes en I'hôtel, lesquelles s'êtâient mises
en
peché de lurure par. paulreté, et-leur'donna quatre cents livres de
rente pOur se s0uteilr. ll [t en plusieurs [eux de son royilume mai-
s0ns de Deguues.et leur donna rentes pour vivre, e[ comdanda qu'on
reç.ill cetres qur.roudraient faire væu de continence. Aucuns de ses
ïlamrlrers murmurèrent de ce qu'il faisait, si grandes aumônes. et ou;ii
y djpensait-moull (bcrircoup) ; n J'aime micur", i,p,iroiii:ii. ôieï*iôoT
D des grandes délenses_ que je fais soit fait en airmônes poûr I'anour
I d0 Dt€u qu'en luxe ni en vaine gloire de ce monde. D ^
JorNvrlru, Mëmoires.

- Adminlstration do saint Louis.


DEUXrÈr\tE LECTURE.

,. 9^.-lq! gu! itqit le plus religieur et Ie plus juste des hommes, et qui,
0uranl Ie cours 11'une longue vie,-ne manqua pas une seule fuis'à la'loi
morale du christianisme iuivie dans touÈe sà ,igiaite,-î*ôiiae'i'rr-
croisseme.nt.de sa puissance, du respect, et de ia"conninte-iïirïornet
qu'lt rnsplratt, p0ur opcrerdes réfurmes appropriées au nouvel état sucial
de la Frànce. tirattaôha.plus fortemenL iii couronne les lrois classes
des ecclésiastiqrres, des lio.urgeois et des re .raiLiiiài,-q.ià iài, teîista-
uon rnûependailùe en rsolart trop, et il prépara leur réirDion nruc"haine
dans tes etat,s gcnerarrr. Tout en conservanI aux villes la librè élection
de teurs magrstrats et leuradministration intérieure, il les soumit
à ses
olnclers en ce qui concernait Ia justice et les armes.'ll placa la nohlesse
reoûare ûaDs depcndance plus èl,roite de la courdnnë, en faisant
.une
retever ses tnbunaux dc la j.uridiction royale, et en modr{iait d'une ma-
nière srave le résime sousiequel elle viiait. voici quôl to1- teïirioge-
me_nt iê plus décisif et le plus' fécond Oc irus.
ll y avait deur choses dans la législatiou féodale : Ia iustice et la
guerre....La guerre était co.nstituée,
.dàns l'ordre politique,'pïr-ie droii
d'hostilités^privéep; dans I'ordre cii,il, par le combït.iutticiiiri. t ouis tx
vou.la.lt ra tarre drsparaitre de la législation, et réÉler uniquemcnt la
socrete. sur la Justrce, son autre base. Il erigea donc, Dar là quaran-
tatne'[e-roi, que ceux des feudataires qui, d'après le cbde fèo'dal. au-
rarent ûes contestailons entralnant des hbstilités- armées, demeuraisent
qu.arante jours sans les commencer. Le plus faible pouviit, pen,rliî cet
un as.ç_eurement devant Ia jrrstice royale, ôt la guerre
ll,elu_1]19, p,rendre
cll,ngeait en procès. II abolit. également"te combai
ie
rei rnDunaur de la couronne,. d'oir cette réforme passa Juâiciaiie'îans
blus tard dans
les tribunaux des barons. Faisant parricipei sei ôouii {à-ioiiiù-aor
progrès du droit dans les universitéi, et âe ti-ptôreli,te-oâoi"lei
tri-
SAINT LOUIS. I53
bunaur ecclésiastiques, il ordonna le recours aur enquêtes dans tous
les procès qui se jùgeaient par la voie des armes, et iubstitua ainsi à
la jurisprudence de la force lajurisprudence plus concluante des témoi-
gnages. Saint Louis, législateur d'uhe société-moins décomposée, moins
violente et plus éclairée, lui frt faire un grand pas rers le droit, qui
reçut non plus la forme de la force, comme dans la période précédente,
màis celle-de la iustice.
Il ne se borna"point à remplacer Ia Eueme. Drincipe de Ia société féo-
dale, par la justiie, qui devini le prinôipe de Ia société monarchique, il
centralisa enïore l'âdministration'de ce'lle-ci en établissant les airpils.
Louis Ie Gros avait traduit les vassaux devant sa cour dans leurs ôâuses
personnelles et féodlles, Louis lX les soumit à la juridiction royalc
dans les eauses ordinaires de leurs su.jets. Il établit,-dans ce but, les
quatre grands bailliages de Sens dani le duché de'France, d'Amiens
en Yermandois, de llâcon en Bourgogne, de Sainl,-Pierre-le-Moùtier elr
Auvergne, qu'il investit du droit de ressort sur les justices seigneuriales
du centre, du nord, de I'est et du nidi du royaume. Il étendit Ie sys-
tème des'appels adx juridictions supérieures j et, de même que les jirs-
tices seigneiriiales relevaient des grarids bailliages'dans leurs jugemeits,
les courJ des grands fiefs et des "grands bailliiges relevèrent"dir parfu-
ment da,ns les" teurs.
Le parlement judiciaire. qui devint au treizième siècle et oui est
resté.iusrru'à ces ïerniers ieuins un des prineinaur ressorts de ïa mo-
narchie, âut son origine aux appels. ll faut le ûistinguer du parlement
féodal, qu'il remplaçà peu e pôri. tt y avait eu, dep"uis Louii le Gros,
des assemblées de ce nom,. moitié militaires, moil.ie judiciaires, comp0-
sées de barons et convoquécs sans régularité. A datêr de 1254, époque
de la- révolution opérée'par saint Lôuis, aprôs ses victoires srir jes
grands vâssaur et son reiour de la croisade,'ces asscmblées se régula-
risèrent. Leurs sessions devinrent annuelles : il v en euI soixante-neuf
jusqu'en t302. Le parlement môme commença à-changer de nature en
changeant de dcstination. Les ol'ficiers de la couronne. eomme le chan-
celiei, le connétable, etc., furent adnris dans le pârlement lorsque,
cessant d'être uniquement'l'assemblée des grands vassaul, il tlevini ld
cour souvcraine du roi. L'intrtrduction de la procédure par écrit et
I'etablissemcnt d'une legislation plus compliquée bbligèrent le roi d'ad-
joindre aux barons et àrrr prélais des hdmrires sachint lire et versés
dans Ie droit. Il aD0ela donc dans le parlement des docteurs aumaitres
en droit, qui étaieni des clucs ou dei laïqucs gradués dans les univer-
sités, pour ranporter les affaires. Ces maltres n'avaient oas voir déli-
bérative, et ne faisaient qu'instruire les Drocès. qui étaieni iusés oar les
barons et les prélats. Pendant la dernièie uroitié du treizièirrri siilcle, Ie
n0uveau parlernent ne fut pas sédentaire à Paris, et ses membres, soit
jugeurs, soil rapporlezrs, nommés pour l'année, quittèrent leur charge
anrès Ieur session.
'0utre cette centralisation
de la iustice. oui fut un srand moven
d'ordre pour le pays et de puissance"pour lâ ioyauté, sain"t Louis orga-
qui d'rfféra de l"'administration féodale.
nisa unri adrninilslration loËale.'des
Cette administratitrn fut cclle sénéchaux, des baillis, des prévôts,
afficiers déjà établis par Philippe-Auguste et par Louis Ylll daus les
pays que la couronne avait aequis et qu'elle n'avait pas donrrés en âpa-
ira[e. iouis lX régla les fonctions de ôes officiers, qÏi eurent beaucorrp
de ressemblance avec les comtes et les vicaircs de; deux preoières
races. Ils affermèrent dans leurs districts les domaines de la èouronne,

7.
t5{ EISTOIRE DE TRÀNCE.
levèrent ses revenus, jugèrent ses sujets, et conduisirent en campagle
ses hommes de guerre, Zélés pour I'accroissement du pouvoir royal, et
très entreprenanfs, ils ruinèrrint la féodalité intérieure dans le terri-
toire de ldur ressort. Ce svstème d'administration, qui rendit amovibles
les fonctions gue le régime précédent avait rendues héréditaires, et
ooi nt une magistratureÏe ce qui était devenu un patrimoine, remplaça
ieu à neu le sistème féodal sui le territoire. Ainsi saint Louis créa uu
irouvel ordre dï choses, et c'est de lui que date la monarrhie moderne
sous le rapport politique, comme elle date de Philippe-Auguste sors le
rannort teiiitoriât. Sei ihstitutions et sa sagesse pôitèrent leurs frnits
nehhant sa vie mème;' cdr, dit Joinville, le ioyaume se multiplia tel'
'lement par la ôonne droiture qu'on g uoyait régner, que te do'
maine,'censiae, rente, et reaenu du ioi, èroissaiT tous-les ans de
moitië'. Mrcxrr, Némoires historiques.

EXENCICES ONAUX ET ÉCNITS

l. lrplioatlon iles mots. - Prouence, ancienne provinee qui a formê


les tlénaitements du Yar, Bouches-du-Rhône et Basses-Alpes. - Tail'
tcbouiq. villase de la Charente-Inférieure. - Saintes, sous-préfecture
ae ta idarentë-lrrférieure. - Le Caire, Damiette, Mansourah, villes
à; svnte. Tunis, capitale de la Tunisie, au nord de I'Afriqrre.
-
i.'iluestionnaire. connaitre le testament de Louis VIII. -
--Faites
IX. - Quels sont les barons qui firent une
Racontez le sacre de Louis
coalition contre la régente? - Quelles étaient leurs raisons diverses?
Quelle fut la conduite de la rei.ne? - Pa-r quel-traité.imposa-t-elle
-la pàixt Quels mariages fit-elle faire à Louis IT et à deur de ses
tièËest - [ quelle époque saint Louis gouverna-t-il lui-mème? -
-
Èiitôi connaitrri son caiacière, d'après Voltaire. - Quel a été son his-
torien et son ami? - Puurquoi fit-il la guerre à Hugues de Ia l\{arche?
Oir Uenri III, roi d'Angletcrre, fut-il battrt? - Qttelle trève signa-
-t-il?- Ex0osez'et appréciiz le traité d'-{bbeville' - N.immez les tcrti-
toires acquis par saiirt Luuis' - En quelle occasion prit-il la croix? --
ôrelicJ s'ont ies deux croisades faites-après la quatrième? - Pourq_uoi
iiut Louis se dirigea-t-il vers I'Egypté? - Suivez sa marche de Da-
riette a lllansourali. - Comment qriitta-t-il I'Egyptel -.QuP flt-il en
Palestine? Qu'est-ee que les pastoureaur? - Pourquoi saint Louts
ienint-ii en-Frùce? - Quelle firt sa condrtite envers les évèques de
Eirn.ei - enïers le'pape? - Qrre faut-il pcnser de la Pragmatique
sanction?
- Comment baint
Louis traita-t-il les communes ?
- Qne fit-il
nôur parisr - Quel hospice a-t-il fondé? - Qu'est-ce qu'Etienne Boi-
fbaiir- : 0 o'an p-elle-t -on' guar antaine -le -r oy eL asseuiement ? - 0ù
-grands
furent étaÙlis jês quatre baillis? Qu'est-ce que Ies enllues'
liirr royauæ? i Racon-tez la huitième -croisade. - Faites conttaitre
ii mort iie saint Louis. - Donnez les principales dates de soncastllle. règ.qe'
3. Itevoirs à rédiger. - Raconter.la régence de Blanche de
les deui croisades de saint Louis, - Raconter le règne de
--Riconter
saint Louis et apprécier son gouYernement.
DEITIPPE III LE HÀNDI. $t

v
PEILIPPE IV LT BEL. - I.ES DERNIERS
CAPÉTIENS I'IRECTS
(1270-18S8)

rEçolr

l. Dhilippe III le f,ardi. - Philippe III te Hardi tourna les


forces de'lâ l'rance vers I'Italie ef vers I'Espagne-.Pour-v-enger
le massecre des Vèpres siciliennes, il ottaqua Pierre lll' roi
d'Aragon. qui avait-secondé les Siciliens, et mourut au retour
d'une-cxpéd
- ition in fru ctueuse.
â. rnir'ippe IY le BeI (1285-1314).- Philippe IV-le Bel fut le
roi des léàistes et I'eunèrni de toirt ce qui pouvait enl,raver Ie
desootismi. [l conquit Dar ruse la Guvenne sur'Edouar6 1or, roi
d'Ahgleteme, et fut^obli'ge de la rendré, eauf les pays baignés par
la Dôrdosne. Il usurpà la Flandre, se I'ossura par la victoire
de Furne"s. Ia perdif par la cléfai[e de Courtrài et ne garda
oue le pavs en Tecà de-la Lvs.
' S. netêies de Puilippo lo E'el et de Boniface VIII. Ce roi eut
-
de lones démêlés aveCle rrape Boniface VllI. Il établit Clément V
à Avision et sarda la pabaïté Eous 8a main pour en faire I'in-
strurûônt dc e-es volontês.-ll fit arrêter les Templiers pour les
dépouiller. obtint du pape et du concile de Vienne I'abolition
dc'leur ortire et les fit pôrir sur le bûcher.
4. Gouvernement de fninppe le Bel' - Ses légistes portèrent
de rudes coups à Ia féotlalité : par Ia création d'une nouvelle
pairie, il réddisit à n'ê[re gu'un tiire cette haute dignité féotlalg;
^par td constitution du erand conseil, du parlement et de Ia
ôhambre des comptes, ileut dans sa main-toute I'administra-
tion du roy&ume;-par'la convocation des prcmiers états géné-
raux (t302), il aduiit le tiers état à connaître les affaires géné-
rales.
5. les derniers oapétiens direots. Les trois fils de Philipp-e
le Bel, Louis X Ie Hutin, Philippe V- le Long et Charles IV le BeJ'
réenèient iusgu'eu t328. A ceitè époque, la dynastie des Capé-
tidns direcis fli ptace ri la dynastie-deË Capétiens Valoie.

RÉCIT

1. Philippe Ie Eard.i (l270-t285).


- Le nouveau roi'
Philippe le Hardi, rcvint de Tunis, molade et presque mou-
r&ntr èt déposa dans les taYeû,ux de Sainl-Denis oilq ter-
cueiis royeux. Il hérits, de son frère Jeanr comte {e Valois'
et de son-oncle Alphonse, comte de Poitiers et de Toulouse.
Il hérita même dé In Navsrre, en marient son tls Philippe
156 EISTOIRE DE FRÀNCE.
evec le ûlle du comte de Chempegne, qui possédait 0e
royeume. Ainsi agrandie ou midi de la France, la royouté
tourna ses regards vers I'Italie et I'Espagne.
2. Charles d'AnJou à Naples. Charles d'Anjou,
comte de Provence, avait conquis Naples - et la Sicile, avec
I'appui du pape. II vainquit et ût décapiter son oompétiteur,
le jeune Conradin, héritier des empcrcurs d'Allemagne, et
contint ses sujets par la terreur. Les Siciliens, accablés
d'impôts, étaient prêts pour un soulèvement; il éclata à
Palerme le lundi de Pâques 1282. Un Français insulta
une jeune fille de lB, noblesse que son ûancé et sa famille
conduisaient à l'église; il tomba mort, et la foule fit
main basse sur les étrangers, Les Vêpres de Palerme fu-
rent imitées dans l'île entière, qui se donna au roi d'Aragon,
Pierre III.
3. Erpéd.ition d'Espagne.
- Le papePierre,
Françtis de naissance et de c@ur, excommunia
Martin IV,
le dé-
clara déchu du royaume d'Aragon, et donna ses dépouilles
à Charles de Valois, second lils de Philippe le Hardi. Le roi
de France partit pour I'Espagne &vec une grande armée, prit
Elna, échoua devant Gironc, perdit sa {lotte dispersée par
I'amiral aragonais Roger de Loria, ct repassa les Pyrénées,
porté sur un brancard, sous une pluie battante, à la tète de
chevaliers malades comme lui. Il expiro à Perpignan, lais-
sant trois lils : Philippe IV, déjà roi de Navarre par se femme;
Charles, comte de Yalois ; Louis, comte d'Evreux. Sous ce
règne, le roi s'attribua pour la première fois le droit de con-
férer des lettres de noblesse.
4. Philippe IVle Bel (1285-1314). Philippe IV
- ligure belle
avait dix-sept ans. C'éteit un jeune homme d'une
et froide, et d'un caractère taci[urne. Il ne fut ni roi fainéant
ni roi chevalier. Il s'entouru de légùstes, qui lui apprirent la
théorie du pouvoir absolu. Comme il ne voulait pas morceler
son royeume en constituant des apanages, il avait besoin
d'une armée d'agents salariés, prévôts, baillis, sénéchaux,
gens de justice. Comme il voulait poursuivre une politique
envahissante, il lui fallait, poyer les princes allemands contre
I'empereur, séduire ceux qu'il ne pouvait pas vaincre. 0r les
impôts réguliers cl permanents n'étaient pas encore établis ;
la couronne ne possédait que les toxes féodales, toujours mé-
diocres ct souvent précaires, et ses propres revenus qui se
montaient à six mille livres tournois. Aussi I'argent futil
PEITIPPE TV I,E BE[. I5?
I'objet incessant des machinations du roi et de ses légistes :
Philippe le Bel fut un spoliateur.
Son père lui ovait laissé à continuer lo guerre d'Espagne ;
il la continua mollement. Ses ormes furcnt vaincues sur
tene et sur mer, et il ne put ni conquérir I'Aragon pour son
frère, ni reprendre la Sicile pour Charles II d'Anjou, son
cousin. C'est pourquoi, malgré la papauté, il signa avec
Alphonse d'Ara6:on la paix de Tarascon ({291), qui laissait
la Sicile aux Espagnols et I'Italie méridionale aux Ange-
vins. Cette puix, conûrmée à Anagni, fut rendue déJinitive
en {302.
5. Affaires d.e Guyonne et de I'landre. - Phi-
lippe employa plus volontiers toutes ses forces à des con-
quêtes utiles, faites en deçà des frontières naturelles de la
France, et qui donnaient tout ensemble satisfaction à son
ambition et de I'argent à son trésor.
Lo Guyenne appartensit à Edou&rd I", roi d'Angleteme.
Philippe pro{ita d'une querelle obscure, qui avait éclaté à
Bayonne entte motelots anglais et français, pour demander
satisfaction. Par une convention, il occupa les placcs de
Guyenne, puis refusa de les rcndre et décltrra Edouard félon
et privé de ses liefs pour n'û,voir pes comporu en pcrsonne
devant la cour du Parlement. Le roi cl'Angleterre résolut de
se venger, et s'allio avec le comte de Flandre : la Flandro,
en effet, avait besoin des laines onglaises pour alimenter ses
métiers, et I'olliance des deux pays. fondée sur I'intérêt, ne
put être ébranlée par I'argent du roi de France. Ne pouvant
séduire le comte, Philippe le trahit ; il I'attira à Paris, le
retint prisonnier au Louvre Dvec s& famille, et marcha aus-
sitôt vers le nord. Il battit les Flamands à Furnes, prit, tout
le comté et y mit pour gouverneur Jacques de Châtillon.
Pour conquérir, il avait tout promis : privilèges municipaux,
libertés civiles et politiqucs, exemptions de tuxes. Après la
conquète, il oublia ses promesses, visita la Flandre pour
pùsser en revue les richesses de ses nouve&ux sujets, et le
gouverneur commença à les dépouiller. Bruges s'indigna, se
souleve à la voix du tisserand Picne liænig, m&ss&u&'sa
garnison franqaise, fuù imitée par les autres villcs, et la
Flandre fut perdue pour Philippe, perce qu'il avait mieux
aimé lo tyranniser que la gouverner. Une armée de quarante-
huit mille hommes, sous Ie commandement du connétable
Rooul de Nesle et du comte Robert d'Artois, partit pour la
I58 HIS?OIRE DII FRANC
reconquérir, et fut battue à Courtrai (1302). C'est lo pre-
mière grande défaite des cheveliers par les bourgeois. Phi-
lippe passn deux ans à préparer le vengeance, et le prit à,
Mons-en-Puelle (1304). Mais, le lendemein deso victoire,
quaronte mille Floms,nds vinrent lui présenter la bataille. Il
céde à cette obstination : prr un traité, il rendit la liberté
aux enfants du comte Guy, et ne garda que le pays en degà
de la Lys. Dès 1299, par la peix de Montreuil, il avait rendu
la Guyenne à Edouard Ie'. Ainsi il était vaincu en Guyenne
et en Flandre : c'est qu'il avait entrepris une lutte difficile
avec la popauté.
6. Différend de Philippe le Bel a,vec Boni-
face VI[I.
- Le clerg6, indépendant por sa richesse et par
sa juridiction, devait
exciter la convoitise
de Philippe et porter
ombrage à son des-
potisme : il fut atta-
qué. Pendan t la
guerre de I'landre,
le roi établit un im-
pôt universel qui pe-
sait à la fois sur le
licrs état, la noblesse
et le clergé. Le pape
IJonifrce VIll le me-
nega d'excommuni-
cation, et le roi em-
prisonna le légat du
Lo chùteau dcs papes à Avignon. Saint- Siùge et fit
brriler la bulle du
plrpe; puis il assemblo pour la. première fois les états géne-
ruuæ 11,,302), composés des trois ordres, pour s'a,ssurer I'ap-
pui de la nation et faire échec au concile convoqué par le
chef de I'Eglise. Il lit plus: le chevalier Nogaret et I'exilé
italien Sciarra Colonna,, à la tête d'une troupe soudoyée,
envahirent Anagni, où était le pape, dispersèrent ses gardes,
chussèrent ses cardinaux, et lui prouvèrent que, selon I'ex-
pression du légiste Pierre Flotte, si sa puissance était uer-
bale, oelle du roi était rë,elle, Le pontife fut arraché de sa
chaise, tru.iné à terre et frappé au visage; il mourut peu tle
jours eprès cette seène de violenc,e (1303).
PEILIPPE TV LE BEL. I$9
T,Ttapapauté àAvlgnon (1309).
- Benoit XI, son
successeur, ne régna que quelques jours, et les intrigues de
Philippe empêchèrent pendant tleux ans toute nouvelle élec-
tion. Enfin on choisit Bertrand de Goth, archevêque de Bor-
deeux, qui devint le serviteur du roi de France. Le nouveou
FÊpe, qui prit le nom de Clément V, ne pesse pas les Alpes,
et, après avoir emé pendant quatre ans dans leLanguedoc ct
la Guyenne, il s'établit à Avignon, domaine des papes depuis
le règne de Philippe III (1309). La papauté allait y rester
soixante-dix ans, loin de Rome, sous la main de Ia France,
dans le capti,uùtë ile Babylone,
8. Abolition de I'ordro des Templiers. - L'his-
torien Villani a raconté que Bertrand avait promis à Philippe
dans une entrevue nocturne au fond de la forêt de Saint-
Jean-d'Angely, I'absolution, la dîme des biens du clergé, la
flétrissure de Boniface, la nomination de cardinaux français
et I'abolition des Templiers. Il est prouvé que I'entrevue
n'eut pas lieu; mais Clément V n'en fut pas moins soumis
aux volontés du roi de France. Les Templiers étaient accusés
d'hérésie et de débauches; mais leurs principaux crimes, aux
yeux d'un prince spoliateur et despote, furent sans doute leurs
richesses et leur indépendance. En 1306, les Templiers evaient
donné dans le Temple un refuge au roi contre son peuple
soulevé, et lui avaient prêté de I'argent contre ses ennemis'
Nul ne pouvait ètre impunément le protecteur et le banquier
d'un tel homme : la perte de I'ordre fut décidée. l\fais que]le
habileté pour saisir ces puissants chevaliers ! Qrrelles combi-
naisons précises etquele{frayant secret I Le l2 octobre 1307,
le grand maître Jacques de Molay fut invité aux obsèques
de la belle-sæur du roi. Le lendemain t3 octobre, les
Templiers et le grand maître lui-même furent anêtés par
toute la France. Clément V accorda au roi la permission
d'instruire leur procès, et les chevaliers, jugés par tles
commissions de légistes, furent torturés. Le concile de
Vienne abolit I'ordre ({3f l), et le grand moî[re périt sur le
brl.cher en 13{ 4, en citant, dit une tradition populaire, le
pape et le roi à comparaitre dans I'année au tribunal de
Dieu.
9. Administration. Les légistes. Philippe le Bel
- des légistes,
s'inspira dans son gouyernement de la doctrine
c'est-à-dire des hommes qui avaient étudié les lois romaines.
Ces lois qui venaient d'être retrouvées établissaient Ie sou.
160 BrsTotRE DE rnANcB.
veraineté absolue du. monarque. Eiles déclaraient que
la vo-
lonté de.l'empere_ur était la lài suprême. philippe rË g.i
noo-
lut appliquer à la France ces théories faites'uot.etoi, poo,
I'empire romoin. Le féodalit6 sueit trouver dans les légistes
des rivaux persévérants et, implacobles qui ra rooÀiôf;t
pouvoir royal.
,o
_ 4idé de s-es légistes,.pig.*. Flotte, Guillaume de Nogaret,
Guilloume de Plasian, le Florentin Érancesi, les deuxT.e.r,
-tofr,
I\farigny,.tou! 9.11, dT pelple, cnevatteis i,
comme ils s'appelaient,T,*pu1
il fonda-l'ordrô administraiif, et
porta de rudes coups-.à la féodslité. philippe te uarai avait
facilité aux roturiers.l'acauisition des biens'fooaaui;ii avait
même donné la noblesse à son orfèvre Raoul, p*. i.it... pu-
tentes : greve innovation
_qui substituait la volonté .oyïle
aux privilèges du sang. le Bel allo plus 1oin.
En {297, pour détacher de fFilippr
I'alliance an8laise Ie duc de Bre-
tagner.il le *éa çtair d,e France, oinsi quàRobert, comtedl^q.r-
tois-, et charles, comte de velois. En nommant des pairs,
il
se donnait, non p&s des.égaux en puissance, mais des sujets
plus attachés. Le pairie, la pluJ haute dignit6 tooaatc au
roy&ume, devint un titre.
10. Constitution du parlement.
Parlement avait été une cour toute féodale, - quiJusqu'alors le
rrË .'u.r.*-
blait ni à jor]. Iixe, ni dans un lieu détermine, et qui ne pou_
vait plus suffire à la variété dc ses fonctions; it r"t subdivisé
en trois conseils : le grund conseil ou conseii étroit. qui nré-
parait les lois er, discutait les questions politiques, 'le pàrk-
ment, q_ui centralisait à Paris I'administiation de ia justice,
el la chambre des comçttes,..cour suprême des finanËes, qui
recevait les comptes des liaillis et dès sénéchaux, et en or-
donnait I'emploi.
Prilippe le Bel ordonna que le parlement proprement dit,
ou cour de justice, serait sédentaire et qu'i[ sereit divisé en
chambre des enquétes pour instruire les prôcès, gr:and'chambre
po1.r lel.plai-der, chambre d,e_s requétes pour iei;.rger ; ainsi
le féodalité allait pcrdre un de ses droits les plus"iriportuntr,
le droit de rendre la justice.
11. Convocation d.es premiers états généraur.
- Le tiers état aima ce[te administration, malgt ,.ruIo.r,
tyranniques, et il donno au roi son concours empressé toutes
l:s fois qu'il fut consulté. En t302, philippe, .Ë t.oo"ooi"n
danger per se lutte avec Iloniface VIII, en iplelo àses sulets
LA tol gAtIouB. {6t
et convoqua les états généraux, composés de trois ordres I le
clergé, la noblesse et le tiers état. C'était la première fois que
les Capétiens demandaient aux t'ronçais leur approbation et
Ieur appui. Le tiers c le supplia de garder le souveraine
franchise de son royeume p. En 1308, les états se proûon-
cèrcnt énergiquement contre les Templiers et firent entenilre
une requête meneçente contre le clergé. En {314, ils votèrent
les impôts extraordinaires demandés par le roi. Les nobles
se soumirent plus diflicilement à ce gouyernement fiscal,
auquel ils n'avaient point de part, et, en t3t8, ils formèrent
une confédération contre Ie roi. Philippe mourut au milieu
de cette crise. Comme tous les hommes qui établissent un
pouvoir contesté, il avait donné à la justice les apparences de
lo vengeance, compromls le droit par la violence, et feitcom-
mettre à I'autorité publique les méfaits d'un gouvernement
usurpateur
12. Lrouis X le Eutin (t3t4-{3{6). Les règnes des
troistls de Philippe le Bel sont obscurs.- Sous Louis X le
Hutin, il y eut une sorte de réaction féodale. Sous I'influence*
de Charles de Valois, oncle du roi et chef des seigneurs, les
ministres roturiers du feu roi furcnt emprisonnés, exilés ou
dépouillés; le surinl,cndant des linnnces, Bngucrrand de I\,Ia-
rigny, fut pendu au gibet de l\Iontfaucon, qu'il avait fait
construire. Toutefois, le roi fut obligé, commc son pèrc, de
recourir à la fiscalité. Dans une fort bcllc ordonnance
de 1315, il déclaro que tous les hommes de France dcvaicnt
ëfte francs de fait comme dc nom, et il força les serfs de la
glèbe à racheter leur libmté à prix d'argcnt.
13. La loi salique. Louis X mourut ne laissant
qu'une ûlle; lo reine mit -au monde quatre mois après un
fils nommé Jean, qui ne vécut que huit jours ; Philippe, comte
de Poitiers, frère de Louis, s'emp&ra de Ia couronne en ollé-
guant la loi, salique. Cel,te loi était une coutume des Francs
qui écartait les femmes du droit de posséder des temes don-
nées par un chef sous condition du service militûire. Les lé-
gistes affectèrent d'établir entre Ie royeume de France et la
tene bénéficiaire une paritô qui n'existait pas.
14. Phifippe V le Long ({ 3l ô-1322).
- Le nouveau
roi convoqua trois fois les états génér&ux, dépouilla les juifs
et persécuta les lépreux pour s'emparer des richesses que ces
malheureux tenaient de la générosité des fïdèles. Les légistes
lui inspirèrent de meilleurs a,ctes. c Le roi, dit Guilloume de
162 EISTOIRE DE TRANCE.
Nangis, ordonna qu'il n'y erlt dans toute la France qu'une
seule mesure pour le vin et le blé, ainsi que pour toutes les
denrées : il voulait aussi qu'il n'y eùt qu'une seule mon-
naie. r Cette pensée d'établir I'unité des poids et mesures
date de 1321,; elle ne fut mise à exécution que pendant la
Révolution frangaise : les réformes les plus simples sont les
plus difliciles à faire. Philippe V mourut ne laissant que des
filles, ei son frère Charles lV lui succéda en vertu de la loi
salique, récemment appliquée.
15. Charles IV le Bel (1322-t 328). - Le vrai roi,
c'était le Parlement de Pnris. Un seigneur gtscon, Jourdain
de I'lsle, Iit l'épreuve de son pouvoir. Il était de haute nais-
sance et neveu du pape Jean XXII; il avait accumulé les
menrtres et les brigondages et reçu plusieurs fois son pardon.
Un huissier du rni vint le trouver, Jourdain le tua. Il fut
cité en jugement et vint à Paris, entouré d'un brillant cor-
tège de comtes et de barons, ses amis. Messires du Parlemenl
ne le condamnèrent pas moins à mort, et, la veille de la
Trinité, il fut traîné à la queue des chevaux et <t pendu ou
commun patibulaire )) . Charles mourut, De laissant
qu'une lille, Ainsi s'éteignit cette lignée de princes, tous
dans la fleur de l'âge. La malédiction de Jacques de Molay
était sur eux.
16. Etat de la France à la fl,n des Capétiens di-
rects ({328). AvecCharlesIV disparutla famille desCapé-
-
tiens directs qui occupait le trône de France depuis 987. Cette
dynastic, qui avait compté plusieurs souverains remarqua-
bies, laissait dans le royaume tous les éléments d'une puis-
sa,nse formidoble, une royauté bien ossise, une noblesse
guemière, un peuple nombreux. Par I'acquisition de plu-
sieurs provinces, le roi avait augmenté sa puissance; par'la
méation de I'ordre administratif, il avait étendu sur tout le
tenitoire son autorité directe I par I'installation du pape à
Avignon, il s'était assuré I'appui encore solide du pouvoir
spirituei. La noblesse, malgré la réaction tentée sous Louis
lè Hutin, perdait sâns cesse de sa turbulente indocilité ; elle
craignait le roi, si elle ne lui obéissait pas toujours : elle
n'osait plus piller le peuple, tout occupée.à défendre ses
droits féodaux contre I'esprit de chicane et I'habileté perlide
des légistes. Forte encore per son nombre, sa vaillancer son
amour des combats, elle pouvait être, entre les mains d'un
roi qui soureit lui imposer le discipline, un admirable ins-
TES DBRNIERS CAPÉTIENS DIRECTS. {63
trument de conquôtes. L'Eglise était, comme la noblesse,
respeetée, et elle mettait ses revenus, comme son autorité
morale, au service du roi. Le peuple aussi prospérait : rendu
libre par les chartes d'nfrranchissement, nombreux per une
longue paix intérieure, riche par I'industrie et le commerce,
soumis per son alliance intime et séculaire tYec la royauté,
il ne demandait &u gouvernement que la sécurité du
travail.
La guerre de Cent ons allsit arrêter les progrès de Ia
société frangaise, et I'incurie des Volois devait précipiter notre
pays dans les elfroyables désastres de I'iuvasion anglaise.

IECTURE.
- Leg légister.
A la fin du treizième siècle, la rovauté avait à sa disposition' sous
les noms de sénéchaur, baillis, prévôts, etc., de véritables magistrats'
Souvent, il est vrai, ces magistiats ne jugeaient pas seuls I ils 3.ppe.-
laient qûelques homhres du lièu à rendre avec eux le jugement. C'était
là un sbuvénir, un reste de I'intervention judiciaire de la société. Ces
asseiseurs accidentels des magistrats, qu'on appelait iugeuts,..1en-
daient mème, en certains lieux, le jugement vérttable, et le batllt ne
faisait guère'que le prononcer. Pèndant quelque temps se rcunirent
ainsi. a"utour des baillis. de petits possesieurs de lieÏs, des cheva-
liers'qui venaient remplir des fonctions de jugeurs' -Les baillis eur-
mêmei furent d'abord il'assez grands possessèuis de fiefs, des barons
de second ordre. gui acceptaient les fônctions dont les grauds barons
ne se souciaient'plus. Mai's, au bout d'un certain temps, par I'incapacité
des anciens posiesseurs de fiefs, par leur ignorance. par .lcur goùt
ercessif pour- Ia guerre, la cltass-e, etc., ils laissèrent éch;tpper ce
dernier dê'bris du pôuvoir judiciaire; et à la place des juges-chevaliers,
des iuges tcotlaux. se forma une classe d'hobmes uniqrtement occupés
d'étudier soit les coutttmes, soit les lois écrites, et qui peu à peu, à
titre soit de baillis, soit de jugeurs associés aux baillis, restèrent à peu
nrès seuls en possession de iadministration de la justice. Ce fut la classe
iles lC.qisles;'et après avoir été pris quelque temps, en pa.rtie du moins,
dans Ié clergé, ils'flnirent par sôrtir, tous ou à-peu $rès tous, de la
bourgeoisie.
Un"e fois instituée de la sorte, en possession du pouvoir judiciaire
et séparée de toutes les autres, Ia classe des légistes ne pouvait man-
quer'de devenir, entre les maihs de la royauté, un instrument- admi'
iable contre les'deur seuls adversaires qu;elle eût â maindte, I'aristo-
cratie féodale et le clergé. Ainsi arriva-t--il, et c'est sous Philippe le Bel
gu'on voit s'engager a"vec éclat cette grande lutte qui a tertu tant de
rilace dans notre histoire. Les légistes y rendirent, non seulemenI au
lrône, mais au pays. d'immenses-services; ear ce fut un immense ser-
vice que d'abolii,'ou e peu près, dans le gouvernement de I'Etat, le pou-
voir féodal et le pouvoir ectlésiastique.
Gurzoi, Histoi,re de la ciuilisation,
tô{ EISTOIRE DE TRANCB.

EXERCICES ONTUX BT ÉTRIlg

, f. ErpUoation des mots. - Perpionan, préfecture des pvrénées-


Orientales.
- Courtrai, .Mons-eit-)Puel[e,' Furnes, villes Te Bet-
gique. ancienne province qui a formé jes départements
- Champagne,
des Ardennes, de I'Aube, de la [Iarne et de la Haute-Marnè. _ Na-
uar.ret province de I'Espagne. AngouVme, préfecture de la Cha-
rente. -
3. Ouestiounaire. par phirinne III
le Hardi.? - Quels sont les héritages faits ôuelles
Qu'est-ce que les Vèpres sicilien"nei ?
les tonséquence.s
- - eri'furent
? -. Racorrtez. I'eipéd ition.de t,lrilippe Ill en Espagne.
Donnez les dates de son avènerienl et de sa moi[.
-
caractère de lhilippe lY le Bcl? - Ouel étaït le
fi'y avait-il pas contrast-e eutre son
ambition et ses ressources ? -
Comnrent se teimina Ia guerre d'Es_
pagne? -
Pourquoi Philippe voulut-il s'emparer de la ôuvenne ? _
-
Sous quel prétexte? Par quels moyens? jDounez la cauie de I'al-
-
liance entre la Flandre et I'Anglel,erre.-- Comment philippe lV occupa-
t-il Ia Flandre? Comment Ia traita-t-il ? Comment'fut-elle per-
due? - -
Donnez la date et le résultat des bataiiles livrées aur lila-
mands. - Quelles furenI les clauses des traités conclus avec Edouartl ler
-
et Guy de Flandre ? Quelles étaient les causcs d'hostilité du roi
contre Je plpc ? * -
Raconte.z s_es lipports avec Bonifrcc VIII.
fut le deuxiènte successeur de Boniface? 0ù s'établit Clément - V?-
Quel

Pourquoi Philippe voulait-il I'abulition de - I'ordre dcs Temnliers ?


Comment furelt-ils arrètés ? Quel est le concile qni dbolit leur -
ortire ? -
Quel fut le sort du grand maltre ? Donnez les noms des
-
principaux ruinistres de Philippc te Bel. -
Quels sont les pairs créés
penscr rjc- cettc innovalion ?
sous ce règne ?
- Quedufaut-il
sonI les trois conseils parlement féorlal ?
0uels
Qnels ôlrient -les ienti-
ments du tiers état pour Philippe le llcl? - Qriand furent convoqués
les premiers états généraux ? - les sentimeuts des noLres
pour Ie roi ? - Quelssurétaient
Donnez un.jugement I'hilippe Ie Bcl.
dates de son -règne. Quels sont les trois {ili tlc philinne - I)r.inciorles
le Bel'?
-
Quel fut le sort d'Enguerrand de llarigny? -
Faites i'onrraitre I'or-
donnance de t315. Qu'est-ce
-
qrre la loi salique ? en fut
- - -de philinne lale
Quelle
première application?
- Indiquez les faits ân rèsne
I:on_g. -: Quel élait Ie vrai roi sous Charles M : Quel fut Îe sort
de Jourdain de I'Isle ?
3. Ilevoirs à rédiger. philippe
avec la Flandre. - Erposer
Raeonter
les relations de Ie Bel
la lutte de philinpe le Bel êt de Boni-
face VIll. - philiririe
- Brposer I'administration de le Bel. Exuoser
les principales applications de la Ioi salique souj Ies trois -fils de'i'hi-
lippô le B'el.
CHAPITRE IV
LI ÊUENNE DE CElIT AIIS
(13e8l{53)

PEILIPPE vI DT VAI,OIS & JTAI{I I.E BON


(132&r36{)

rEçoN
t. Philippe TI ite Valois. Philippe VI, chef de la branehe
des Valoià. parvint au trône- en veriù de lh loi salique. Il fut le
roi des geirt'ilshommes, et, avec une armée féodalei il alla ven-
ger à Caésel, sur les bourgôois llamands, le désostre de Courtrai.
- l. &uerre he Cent ans. Ùéfaite rte Créoi (t346). Le chef de la
- à son tour en
démocratie flamande, Jacques Àrteveld, Beveûgea
opposant à Philippe Edouard III, roi d'Angleterre, qui com-
nieïça la guerre iid Cent ans. Vainqueur à Cré-"cy, Edouârd s'em-
para'de c[tais.
- Malheurcux ûrr la suerre. par la peste. par I'excès des im-
pôts, les Franêais virËnt nriii triste-ment'cle règne commencé
àvei un faste si chevalcresque.
3. Joan lo Boo. Itéfaite de Foitiers (1356). Jean le Bon, rapace
et prodiguc, gaspilla les finances,' s'attira - I'hostilité du roi de
Naiarre,-Châri'es le Mauvais, et ne sut pas se servir des grundes
ressources gue mirent à sa disposition les états généraux
de t355: iI fuf battu et fait prisonniôr à Poitiers par le princ-e Noir.
{. Etienne [arcel et ta réïolution parisienne. -] Àlors la F-rance
tomba dans le désordre. La bourgcoisie de Paris, dirigée par
Etienne Marcel, revendiqua des réfôrmes et perdit sa ceuse par
la violence: lés navsanà ûrent dans la Jaiquerie une abomi-
nable quemô a ta irobtcsse:boJ.rrgeois et pa-ysairs furent vaincus.
5. Tiâité de Brétigny (1356).
Brétigny, et ne revint en France- iean signa le désastreux trail,é dc
que pour aliéner Ia Bourgogne

nÉctr

1. Philippe de Valoig ({328-1350). - Lorsque la


yeuve de Chorles IV eut mis au monde une fille, Philippe'
comte de Volois, régent de France, devint roi. Le jeune
Edouard III, roi d'Angleterre, petit-ûls de Philippe le Bel
r05
t66 EISÎOIRE DE FNÀNCE.
psr- se mère Isa_belle, réclama velnement la couronne. Le
Parlement et I'université déclarèrent que les femmes ne
pouvaient succéder, et qu'Isabelle, nàyant &ucun droit,
g-'a-vgit pu el transmettrè &ucun à son ûls. philippe de
Valois, petit-tls de Philippe III, le plus proche purônt ae,
derniers rois en ligne directe et masiulinô, fut prïclamé en
vertu de la loi salique. Il alla aussitôt sâ tuiù sacrer en
grande.po-mp_e à Reims, désintéressa Jeanne d'Evreux, flle
de Louis le Hutin, en lui rendant la Nava*e et se prépara à
illustrer sa royauté par quelque belle prouesse miliiaire.
2. Guerre de Flandre. BataiU-e ae Caseel. _ Le
comte Louis de Flandre venait d'être chassé par ses ter-
ribles sujets, les bourgeois des grandes communes de
Bruges, Ypres, Gand et Courtrai. Il vint demander ven-
geance à son suzerain, qui promit tout. L'avis unanime
des barons fut qu'il- follait punir cette ribaud,aùIle rebelle,
ennemie des gentilshommes, et qui possédait tant d'or,
orgent, joyaux prégi_qux et belles pièces de drap. pour la
noblesse, toute expédition dans ce gros puy, de Flandre
était une affaire d'honneur et une bonne affaiie. Les lovaux
bourgeois de I'Ile-de-France et de la champagne olfrirent
leur secours; le roi refusa ces bras roturiers ét ne voulut
des communes que leur argent. seize mille Flamands. cui-
rassés comme des chevaliers, étaient retranchés sur le mont
de cassel; ils se croyaient si srlrs de vaincre, gu'ils avaient
élevé sur.la porte de la ville un immense coq de toile peinte,
avec ce déli :

Quand ce coq chanté aura.


Le roi trouvé ci entrera t

Les F'rançais se mirent à incendier les villages sans atta-


quer.le A la vue de leurs biens qui sien allaient en
-cemp.
!umée, le sang tnudùrx Flemands; leurïhef, Colin Z*nne_
kin, bourgmestre de Bruges, <'hardi hommb et outrageux
durement, > alla reconnaître le quartier ennemi, déguiÈ6 en
marchand de poissons et mena les siens à I'attaque des
Frangais, ( qui s'esbattaient en leurs belles robes >. Le roi
fut surpris et se sauv& pour s'a.rmer, mais les comtes de
Bar et de Hainaut soutinrent I'elfort de cette bande de tau-
leegx furieux; toute la cavalerie accourut et perça à coups
de lances la pesante infanterie écrasé.e sous le- poids de ses
trmures; treize mille Flamands reÂtèrent morts en trois
PEITIPPE VI DE VALOIS. IO?
gtos monce&ux. Les filsdes vainqueurs de Courtrai
n'avaient pas demandé de quartier, et les fils des vaincus
n'en avaient point fait. La Flandre resta pour quelque temps
sous le dur gouvernemcnt du comte Louis'

ÀITOLETERRE

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GUERR[,
DE CEi{T AN
I 337-l d53
;;;-Ï
3. Gommencement de la g:uerro de Cent ans
(1337). A son retour, Phllippe regut I'hommage
d'Edouard III, comme duc de Guyenne, dans la cathédrale
d'Amiens, et se livra à des fêtes cofrteuses que payaient
d'intolérables exaetions. Robert d'Artois, exiié commc faus-
saire, allo exciter I'ambition du roi d'Angleterrel Jacques
Arteveld, le grand brasseur de Gand, le supplia de passer le
détroit et le fit reconnaître par les Flamands comms roi
légitime. L'amèstation des marchands anglais qui venaicut
vendre des laines en Flandre f.t éclater la lutte. Les lords,
168 EISÎOIRE DE I'RANCE.
dont les laines formaient toute la richesse, étaient ruinés, si
le marché de Bruges leur éteit fermé. Les artisons de
flondre, dont le tissage était le principale industrie, étaient
ruinés si les laines anglaises ne venaient plus alimenter
leurs métiers. < Toute Flandre, dit I'historien contemporain
Froissard, est fondée sur draperiel or, sans lainer on ne
peut draper. > Aussi, lorsque Philippe eut ordonné au comte
Louis de fermer ses ports aux Anglais, le mécontentement
des bourgeois flamands fut terrible, et ils s'abandonnèrent
aux conseils tl'Arteveltl, Ie compëre d'Edouard III. Alors,
I'Anglais, prenant le titre de roi de France, délio Phi'Iippe
d.e Vo,Iois, et partit pour conquérir son royoume. Vaingueur
à la bataille navale de I'Ecluse (t340), il essaye en vain de
marcher sur Paris, et fit une trêve.
4. Suecession de Bretagne ({ 34t'), - L'année sui-
vante, la mort de Jean, duc de Bretagne, lui donna de nou-
reaux alliés; comme Philippe soutenait les prétentions de
Charles de Blois, son parent, Edouard se déclara pour Jeen
de Montfort, frère du dernier duc : alors commenga cette
longue gueme de Bretagne, qui causr tant de maux, vit
tani de prouesses et fit naître tant de héros. Après l'heu-
reuse défense d'Ilennebon pûr Jeanne de Montfort, les deux
rois signèrcnt une trêve à Malestroit ({343).
5. Bataitle de Crécy (1346). - L'exécution du sire de
Clisson, capitaine breton des ports anglais, ranima la guerre.
Edouard s'emborque pour la Guyenne, que Jean de France,
tls du roi, menagait, lorsqu'il fut repoussé dans la Mancbe
per un coup de vent. Geolfroy d'Harcourt, un des compa-
gncns de Clisson qui avaient échappé à I'ét'hafaud, lui con-
seilla de descendre en Normandie. Les Anglais débarquèrent
à Saint-Vaast, prirent C&en, échouèrent devant Rouen,
remontèrent la rive gauche de la Seine jusqu'à Saint-Ger-
main, et brùlèrent tout le pays. A I'approche de Philippc'
ils traversèrent la Seine, forcèrent le passage de la Somme
eu gué de la Blanchetache, et s'anêtèrent sur les hauteurs
de Crécy en Picardie. La chevalerie française arriva en dé-
sordre, toute à I'avant-garde; elle chargea, sous une pluie
battante et au milieu de la boue, une infanterie bien repo-
sée et bien postée, pûssû brutalement sur le corps de ses
auxiliaires génois, fut atteinte par les cunons et ôomÔordes du
roi Edouard, et eulin se fit battre à force d'indiscipline et de
témérité (26 aorit {346).
JsÀN Lh) BoN. f69
6. Prlee de Calats (f 3f?). La victoire de Crécy
donna Colais à I'Angleterre I cette- ville, ossiégée pendant
un &n, défendue par le couruge de son gouyerneur, Jean
de Vienne, et I'obstination patriotique de ses habitants, fut
enlin forcée de se rendre, lorsque les bannières du roi de
France eurent disparu à I'horizon. Edouard, furieux d'une
si longue résistance, voulait passer au fil de I'épée toute lo
population. II consentit enlin à laisser aux assiégés la vie
sâ.uye, à condition que six des plus notables bourgeois vien-
draient, nu-pieds et la corde au cou, lui apporter les clefs
de la ville et seraient livrés eu bourreau. A cette nouvelle,
tout le pcuple fit entendre un lamentable $émissement, et
chacun se taisait, lorsque Eustache de Saint-Pierre vint
s'offrir pour le salut commun; cinq autres suivirent ce géné-
reux cxemple, et tous ensemble partirent pour le camp on-
glais, B,ccompagnés par les bénédictions de leurs .compa-
triotes. A leur arrivée, Edouord ordonna d'aller chercher le
< coupe-têtes >. llais les prières de la reine, Philippine de
Hainaut, obtinrent leur grû.ce. Irlle les habilla, leur donna à
chacun une pièce d'or et les renvoya. Le roi d'Angleterre
expulsn de la ville tous ceux qui lui refusèrcnt le serment, Ia
repcupla d'Anglais, et eut ainsi une porte toujours ouverte
sur le continent. Calais resta aux Anglais pcndant plus d.e
deux siècles (l 347-1 558).
7. Fin du règne de Philippe \If U,317-t 3S0).
Aux malheurs de la guerre se joignirent ceux de lo peste -
( qui bien enleva, dit Froissard, ls tierce partie du genre
humain >, La famine suivit Ia peste, et le peuple, rendu
furieux par I'excès de lo misère, massa,cra les juifs et se livrd
à la folie des flagellants : c'éiaient des fanatiques qui par-
couraient le pays, à demi nus et qui se frappaient à coups
de verges, pour apaiser la colère divine. Enfin le roi, tou-
jours à court, établit de nouveaux impôts et surtout la ga-
belle, ou impôt sur le sel, qui est resté si impopulaire. Le
domnine royal s'agrondit cependant alors du Dauphiné, cédé
par Humbert II, comte de Vienne, à condition que le titro
d,e Dau1thtn serait porté par I'héritier du trône (f 349), eù du
comtô de l\Iontpellier, cédé par Jayme, roi de Majorque.
Faiblc compensation pour de si grands désastres t Phi-
lippe VI mourut peu de jours aprês.
È 8. Jean le Bon (.1850-t964). Altération des
monuaies.
- Jean, dit le llon, c'est-à-dire le l,ibé,rnl,
8131. DR FR. C. COYPL.
I7O EISÎOIRE DB FRANTE.
perce qu'il prodigueit, aux nobles I'argent du peuple, était
chevoleresque par imagination, et violent par caractère.
Vaillnnt comme les trente Bretons, ses contemporains, qui
combattirent avee Beaumanoir sous le chône de Mi-Voie, il
avait la brutalité de Philippe le Bel. Ses premiers actes
trent voir que la défaite de Crécy ne lui avait rien appris; il
autorisa ses barons à ne point peyer leurs dettes, doubla leur
solde, que son père avait déjà portée à vingt-quatre francs
par jour, renouvela la promesse de tolérer les guerres pri-
vées, et institua I'ordre de l'Etoile. Le gaspillage des
Iinances fut au comble : un jour, Ie roi donna cinquante
mille écus à un chevalier, pour la seule raison qu'il était
pauvre. En vain les états généraux, assemblés en l35l,lui
adressèrent-ils de vives réclamations. Il promit des réformes,
et continuo à ne pos peyer ses créanciers et à faire de la
fausse monnsie. En 1350, le marc d'argent valait cinq
livres cinq sous; en t35t, onze livres; en 1352, quatre
livres cinq sousl en 1353, douze livres; en 1354, quatre
livres quatre sous; en {355, dix-huit livres; en 1356, cinq
livres cinq sous; en 1359, ccnt deux livres. < C'est la Ioien
démence, r dit un historien. Quel sommerce atrrait subsisté
&yec une pareille perturbation dans la valeur du métal? Et
quel peuple ne se serait révolté d'indignation contre ce roi
banqueroutier?
9. Charles le Mauvais. Etats de 1355. - Aussi
passionné dans ses vengeances que capricieux dans son
gouvernement, Jeon avait fait mettre à mort le connétable
d'En, et donné sa place au favori Charles d'Espagne. Le
nouve&u connétable reçut encore le somté d'Angoulême, qui
appartenait à Charles de Navame, petit-Iils de Louis le
Hutin. Le roi de Navarre tt poignarder le favori, et Jean
confisqua les apanages du meurtrier. Les capitaines naY&r-
rois, qui occupaient les villes de Normandie, appelèrent les
Anglais : Edouard. III ravagea I'Artois; son tls, le prince
Noir, entra en Languedoc, et romen& à Bordeaux sir mille
charrettes remplies des dépouilles de la provincer s&ns que
le gouverneur, comte d'Àrmagnac, osàt sortir de Toulouse
pour le combsttre ({355).
Il fallait donc reprendre la gueme, et, par conséquent,
convoquer les états pour avoir des subsides. Les députést
dirigés par Etienne Marcel, prévôt des marchands de Paris,
ee montrùrent, pleins tlc rl,ifiance. et réclamèrenù des gersn-
JEAN T.,B BON. I?I
ties contre un gouyernement dilopidateur. Ils obtlnrent lc
formation d'un conseil de neuf membres tir6s des états,
pour assister Ie roi; le répartition des impôts sur toutes les
classes de la population; le droit de percevoir eux-mêmes
les taxes et d'en surveiller I'emploi; la création d'une miliee
nationale; Ia périodicité des assemblées. Jean aecorda tout.
Mais la noblesse, excitée par Charles de Navarre, refusa de
ptyer I'impôt, et le roi, ss,isissant en trahison celui qu'on
appelait Charles le Mauvais, le jeta en prison et lit décapiter
ses conseillers.

Jean le Bon à la bataille de Poitiers.

10. Bataille de Poitiers (1356).


- Le prince Noir
recommençait dans le centre sa fructueuse c&mpegne du
midi. II étuit à Vierzon avec dix mille Anglais et Gascons,
lorsqu'il apprit I'arrir'ée des Frangais. Jean menait avec iui
ses quatre Iils, vingt-six ducs ou comtes, cent quarante sei-
gneurs baronnetsl en tout, cinquante mille soldats. Les
Anglais se tournèrent vers Bordeaux, et furent atteints et
cernés près de Poitiers, sur la colline de Maupertuis. Si les
Français se contentaient d'ottendre, la troupe ennemie était
perdue, la faim ls leur livrait. Jean aima mieux perdre
shevaleresquement la bataille que de prendre I'ennemi sans
combat.Il ordonna à sa gendarmerie de gravir ventre à terre
un sentier escarpé, embarrassé de branchages et bordé de
haies, deuière lesquelles étaient embusqués les archers
Srllois : les cavaliers furent emportés en arrière per leurs
T?I ETEÎOINE DE trRÂNCE.
cheveux efrarouchés. Le prince de Golles descendit alors de
lc colline en bon ortlre. Jean, qui venait, de faire attaquer
une heuteur p&r des cavoliers, mit tous ses hommes à pied
pour recevoir en plaine le choe de la cavalerie anglaise. Le
premier reng fut culbuté; le troisième' que commandsit le
Dauphin Charles, quitta le champ de bataillel le second, ott
étaii le roi evec son plus jeune fils, Philippe, résista. Mais
que pouys,ient les coups de hache de Jean au milieu du
déso.dre et de la fuite? Le roi fut pris, trait6 par son vain-
queur avec une orgueilleuse modestie, conduit à Bordeaux
et trensféré en toute hâte à Londres.

Étieuuc Marcol.

11. Etats de 1356. Étienne Marcel.


- Le roirest,ait
prisonnier, les nobles externrinés ou déshonorés;
était

le peuple ! Il essaya de prcndre en main lc gouvernement et


la défense de la France. Les états généraux se réunirent un
mois après la bataille de Poiiiers; Etienne l\{arcel, prévôt
des marehûnds, et Robert Le Coq, évèque de Laon, les diri-
gèrent. Ils exigèrent la réforme des finances, de Ia jnstice,
de.l'administration, et établirent unc commission de trente-
six membres pour veiller à I'exécution des ordonnances. Le
Dauphin, lieutentnt général du royaume, subissait ces con-
ditions sans les accepter; une fois les subsides obtenus, il
reprit les onciennes formes de gouvernement. Mais Marcel
souleva, Paris, entraÎna les états à des mesures révolution-

":*ii*&.
"1
I

JEÀN LE BON. t?e


noires, intimida le prince et lui {it signer lo mise 0rr &ccus&-
tion des conseillers du roi, le destitution des officiers de le
couronne, la décleration de la souvereineté de I'assemblée
en matière d'administrotion, le droit pour les états de se
réunir deux fois pa"r en s&ns convoeotion, de laisser guprès
du roi une commission consultative pendant I'intervolle des
sessions, et d'envoyer dans les provinces des commissaires
tout-puissants.
12-. Mort de Marcef (t358). En vain le Dauphin
- mieux résister à I'en-
fit-il une trève avec I'Angleterre pour
nemi intérieur. Marcel fut le plus fort, et le tribun battit le
prince. Il délivro Ie roi de Navsrre, qui sortit de prison, fft
-mossaorer
sous les yeux de Charles terriûé les maréchhux de
Champagne et de Normandie, de par Ia aolonté d,u peuytle-, et
coiffa ie lils de son roi du chaperon parisien' rouge et bleu.
l\{ais les députés des provinces haissaient ces violences; ils
quittèrent les étots en grand nombre pour se soustraire au
dictsteur révolutionnaire, et hfarcel se trouva seul, ovec lo
commune de Paris, en face du pouvoir royal. Le Dauphin
s'échappo, réunit à Compiègne les députés fugitifs, leva des
troupes- et vint cûmper au bois tle Vincennes. Le prévôt se
sentit perdu. Il songea à ssuver so vie et son ouYrage par un
changément de dynastie,
-lui et olfrit la couronne à Charles le
Mauvais. Il ellait ouvrir Ie porte Saint-Denis, lorsqu'il
fut assommé por l'échevin l\foillard et le chevalier Pierre des
Essarts.
Quel spectacle que cet{e révolution de trois années t Lr
France commence par demander des réformes urgentes;
bientôt les députés portent la main sur le pouvoir exécutif
comme sur la puissance législative I ils rencontrent chez les
représentants de la royauté la résistance naturelle des gens
qui tiennent I'autorité et répugnent à s'en dessaisir ; ils per-
dent patience au lieu de rester fermes dans le justice, ils re-
vendiquent la loi par lo violence, le droit, por I'assossinat,
les rélormes par la révolution : dès lors tout est perdu. La
France désavoue Paris qu'elle ne suit plus, la royauté recon-
quiert son pouvoir, et la nation perd tout pour avoir voulu
tout ravir.
13. La Jacquerie. - Pendont que Mercel et le Dou-
phin se disputnient la France, les ptysens faisaient la Jac-
queri,e. Rien de plus etroce que cei gue.res de I'opprim6
poussé à bout, relevant la tôte après avoir supporté les coupst
I7L trISlOIRE DE FRANCE.
et courtnt les yeux fermés à la vengeo.nce ou à ls mort.
Ruinés psr les Anglais, les brigands et les seigneurs, insultés
prr leurs tyrans, ils prirent pour chef un des leurs, Guil-
leume Callet, < et pensaient, dit Froissard, détruire tous les
nobles et gentilshommes du monde >. Ils pa,rcoururent I'Ile-
de-Fronce,la Champagne, la Picardie, brùlant châteaux, ar-
chives et chàtelains. Toute la noblesse s'unit contre eux s&ns
distinction de porti. Chorles le Mauvais invita leur chef à
une entrevue, le lia ovec ses compegnons, et se divertit à le
couronner d'un trépied de fer rouge. Il surprit ensuite Jes
Jacques à Montdidier, et les massacra. D'autres paysans s'ap-
prochèrent de Paris, Iirent alliance avec l\[arcel, s'emperèrent
de Meaux, et assiégèrent dans le quartier du morché une
foule de nobles dames qui s'y étaient réfugiées. Le comte de
Foix et le captal de Buch en tuèrent huit mille. Dès lors, les
nobles pendirent, taillèrent ou brrilèrent vifs tous ceux qui
tombèrent en leur pouvoir; ( et ils firent tant de mal au
peys, qu'il n'y avait pas besoin que les Anglais vinssent pour
la destruction d.u royaume D.
14. Traité de Brétigny (t360). La Jacquerie était
linie et le prévôt était mort lorsque le-Dauphin rentra dans
Paris. On apprit alors que Ie roi Jean avait traité à'Windsor,
et cédé la moitié de la France. Le Dauphin ne craignit pas
d'assembler les états pour leur faire rejeter ces conditions.
Edouarcl III jura de se venger, et soav&nça jusqu'à Chartres I
mais, surpris per un orege qui inonda son c&mp, il ût væu
de signer la paix, si Notre-Dame de Chartres le sauvait du
péril : il conclut le traité de Brétigny.- Jean cédait sous con-
dition d'hommage tout I'héritage d'Eléonore de Guyenne,
plus le Ponthieu et Calais, et payait deux millions d'écus
pour s8 rançon.
15. Aliénation du duché de Bourgogne ({363).
peine était-il de retour en France, que la fortune sem-
- Alui
bla ménager une megnifique compensation. Le jeune
Philippe de Rouvre, duc de Bourgogne, dernier descendant
tlu roi Robert, mourut sans postérité, et son duché lit retour
à la couronne. Le roi se hâta de I'aliéner en faveur de son
lils, Philippe le Hardi, qui fonda cette seconde maison de
Bourgogne, si redoutable à la France. En même temps, il
cédait I'Anjou à Louis, le Berry et I'Auvergne à Jean, et re-
constituait ainsi par de vastes &pantrges une féodalité prin-
cière plus dangereuse que I'ancienne. Il retourna bientôt
ÉrtntNn htARcEL. 175

mourir en Angletcrre, soit qu'il voulùt y rcmplocer son lils


Louis qui s'était enfui, soit plutôt qulil ne prlt supporter
I'ennui d'un royeume dévasté.

LECTURE.
- ttienne lfiarcel.
Iei apparait un homme dont la ffgure a, de nos jours, grandi pour
I'histoiiô. Daree qu'on a pu mieuf le comprendre,
-la Etienne Marcel'
prévôt dbs'marchânds, c'dst-à-dire chef de municipalité de Paris.
Cet échevin du- quatorzième siècle ar p-ar une anticipation. étra.nge'
voulu et tenté des- choses qui semblent n'appartenir qu'aux révolrrtions
modernes. L'unité sociale èt I'uniformité adùinistratiïe ; les droitb po-
litioues étendrrs à l'éeal des droits civils; le principe de I'autorité pu-
blidue transféré de lf conronne à la nation, IeÈ étatè généraux chanfés,
sous l'influence du troisième ordre, en représentation nationale; I'ac-
tion de Paris sur les provinces comme tête de I'opinion et centre du
mouvement sénéral; là dictature démocratique, et la terreur exercée
ilu nom du -bien cômmun ; de nouvelles côuleurs prises et portées
comme signe d'alliartce patriotique et de rénovation ; Ie transpori de la
rovauté d'une branche à I'autre en vue de la cause desréformes etpour
I'i;térêt olébéien : voilà les événemcnts et les scènes qui ont donné à
notre sièôle et au précédent leur caractère rrolitiqrre. Ehbien, il y a de
-prévôt
tout cela dans les irois années sur lesquellès doùine le nom du
Marcel. Sa courte et courageuse carrièr-e fut comme un essai prématuré
des grands desseins de la Providence, et comme le miroir des san-
slantés nérinéties à travers lesquelles, sous I'entrainement des passions
fiumaines, ôes desseins devaient mârcher à leur accomplis^sement.
Marcel vé'cut et mourut pour une idée, celle de precipiter, p-ar la force
des masses roturières, I'æuvre de nivellement graduel coinmertcé par
les rois; mais ce fut son malheur et son mime d'avoir eu des convic-
tions impitovables. A une fougue de tribun qui ne recula pas devant le
meurtre, il .ioignit I'instinct oiganisateur : il- laissa dans là grande cité
qu'il avâit foouvernée d'une façon rudement ahsolue des rnstitutions
fbrtes, de giands ouvrages et un nom que, deux siècles après lui, ser
d e sc e nd ant s po rt ai e n t *'
i Ëili il i i, i-iil rï,ïr% !,r, ifl',ifli' *
".
EXERTICES ONÂUX ET ÉCRITS

l. Brplioatiou des mots. - Cassel, l'Ecluse, villes de Belgique.


Bretaqne. ancienne province qui a formé les départements de Fi-
-nistère. [lorbihan, Côtris-du-Nord, Ille-et-Vilaine, Lbire-Inférieure.
Crëcy, chef.-lieu de canton de la Somme. - Bordeaac, préfecture -de
la Gironde.
S.Ouestionnaire. Quels étaient les prétendants à Ia couronne de
France en 1328 ?
-Pourquoi lhiliprte Vi fut-it préféré ?-- Quelle fut
-
sa première gueûe ? - Pburquoi là-noblesse s'y porta-t-elle avec ar-
deuit - Racontez la bataille de Cassel. - Qu'est-ce que Robert d'Ar-
tois et Jacques Arteveld ? - Pourquoi les Flamands se décidèrent-ils
pour Edouârd III ? Quelle est [a première victoire d'Dtlouard III ?
-prétcndants au duché de Bretagne? - Comment
- Quels étaient les
178 gISTOTRE DE rRÀNCE.
cormençe la guerre de Bretague ? Qu'est-ce que Geoffroy d'Har-
court? Suivez la marche d'Edouard - IIt tle Saint-Waast à Ciécv. --
-
Racontez la bataille de Crécy. Par qrri Calais fut-il défendri ?
-
Racontez le dévouement d'Eustache de Sairrt-lierre ? -
cabla la Franee en 1349-? Qu'est-ce que - 0rrel
les..flagellanti ?
fléau ac-
Qu'lp-
pellc-t-on gabelle ? -
Quels furent les
-agrtndissdments
du-.dduarne
royal sorrs Philippe -VI ? D'où vient le tftre de Dauphin?
- de Philippe de Valois. Quel était
Ies principales dates du règne - Donnez
le ca-
ractère de Jean le Bon ? Donnez unèldée des altérations - de Ia mon-
naie sous son règne. -Qu'était-ce que Charles de Navane ?
ment devint-il ennemi - de Jean le Bon ? Exnosez les réformes - Com- de-
maldées par les états de ,1356. -
Racontez'l'erfiédition du orince
Noir dans Ie centre de la France. - la bàtaille de poitiers.
- Racontez
furent les chefs de la bourgeoisie en lg56 ?
- Que]s
actes des états de t356.
Exposez les
Racontez les violences -et la ^mort de
Marcel. -
réflcxions peut inspirer I'histoire de la révorution
- Quelles
parisienne?- Racontez I'bisioire de-la Jacquerie. Quelles furent
- fit-Jean
les conditions du traité de Brétigny ? Quel-héritage le Bon ?
Dn faveur de qui l'aliéna-t-il ? -Donnez les prïncipales dates
-son regne. - de

3. Ilevoirs à rédiger.
-Valois Exposer les relations de philinpe VI
et de la Flandre.-
de
Erposer l'histoire du prince^ Noir.
Raconter I'histoire d'Etienne- ltlarcel et des états généraïr. -

I
CEARLTS rr & I}UGT'TSC1,IN
(r3ô{-1380)

rEçoN
l. Charlea Y et lluguesolin. Charles V, par st prudente
politique, Duguesclin, par se -bravoure, reiei'èrent li Franco
abattue. --
1. Brploits de lluguesclin. La victoire de Cocherel délivra
la Normandie des Navarrais; le traité de Guérande fernra Ià
Brctagne aux Anglais; l'expédition d'Bspagne délivra le sol iles
grantles compagnies; I'olliance du roi de Castille donna à
Charles V I'appui précieux d'une flolte; I'orgucil dcs Ang]ais et
la_fiscalité du -princc de Galles firent désirer â I'Âquitainà le ré-
tablissernent de la dominution francaise.
3. Nouvelle tactiquo oontre les Anglais.
- Alors le roi reprit
la guerre n^atio,nale : en vain lp prince Noir, Robert Knolles, le
comtc de Pembroke et le duc de Lancastre essayèrcnt-ils tour à
tour une invasion; ils ruinèrcnt leurs arrnées ôt ne trouvèrent
pas à livrer dc brrtaille.
4. Mort de Cbarles V et de lluguesclin.
- Le connétal_rle
clin rnourut cn conquéranl un dcrtier château,
Dusues-
et Charles le Sage
en supprimant un impôt vexaloire.
CEÀRLES V ET DUOUESCTIN. 177

RÉCIT

l. Charles V etDuguesclin (13ô4-1380)t 1 Après


ces ileux règnes désostreui, la Francè evait besoin de repo!
ei dà sohs Charles V fut un roi réparateur. Form6 jeune à
i

Chnrlee V.

lo patience et à la ruse dans une siluation périlleuse, il n'eut


' rien dc Ia fougtre violente ou chevaleresque dc scs devanciers'
mais un sens froiil et pratique. Il vivait dans son hirtel de
Saint-paul, entouré de sa'anti et de clercs solennels, dirigeanl
lo,rl tuttt porter les armcs. Faible de corps., pfll.e et maladif'
ii n. pooiait tenir une lance et ne moniait point à cheval'
a.
t78 BISTOIRE DE FRANCB.
Mais ll
savait distinguer les bons serviteurs et leur faire
remporter de ces succès sans éclat qui servent les causes com-
promises.
-_luguesclin fut le bras de ce roi. C'était un peuvre $en-
tilhomme breton, élevé eu milieu des rudes combats de son
pays; avis6 d'ailleurs comme son roi, retors dans so ru-
9uly, il aimait une bonne ruse de guerre tout autant qu'une
belleprouesse, et.ne mettait son armée à I'aventure que s'il
était bien srir de I'en tirer. La France ne marchanda ni son
grgell ni son sang, car elle était indignée d'être le champ de
bataille de tous les pillards et la proie de tous les aventu-
riers. Elle sentit sa déchéance et sa force et se donna au
sage roi qui la gouvernait et su brave soldat qui combattait
pour elle.
2. Bataille de Cooherel(1364). Les batailles com-
mencèrent avant même le jour du same. - Le captal de Buch,
Jean de Grailly, capitaine navarrais, avait juré qu'il iraii
troubler les fêtes de Reims, et il campait près d'Evlrux ovec
eix mille soldats gescons etanglais. Duguesclin alla lui barrer
la route_de Champagne, et le rencontra à Cocherel, près de
I'Eure. Il lit mine d'attaquer, se retira dans un désorâre ap-
p_argnt, attira l'ennemi dans une embuscade, tua Jeon JaëI,
chef des Anglais, et lit prisonnier le captal lui-même.
Charles. V apprit l'heureuse nouvelle la veille de son secre
;
ce fut I'étrenne de sa royauté. Duguesclin reçut le comté dé
Longueville et I'office de msréchal de Normandie I le roi de
Navarre fut déclaré déchu de ses ûefs. Dugoesélio n'eut
pas le temps de poursuivre cette guerre : il fut envoyé en
Bretagne.
3. Bataille d'Auray (t36a). Traité de Guérando
(1365). Il y avait vingt-trois ens que les maisons de
Montfort -et de Blois se disputaient le duché de Bretagne. Le
prince Noir venait d'envoyer à Jean de l\{ontfort deux des
meilleurs capitaines de I'Angleterre, Jean Chandos et Robert
; Charles V envoya Duguesclin à Chorles de Blois.
de Knolles
Les deux armées se trouvèrent en présence à Auray. Les
Frangais étaient en si bel arroi qae Chandos en fut surpris :
< Que Dieu m'aide, dit-il, comme il y a ici fleur de cheva-
lir:rs, grand sens et bonne ordonnance I r Mais I'armée obéis-
sait à Charles de Blois ; elle ne sut pas conserver ses rengs.
Les comtes de Joigny et d'Auxene, qui commandaient I'avant-
gardc, se ruèrent sur I'ennemi; Charles de Blois fut tué avec
CEARTES V ET DUGUESCTIN. 179

8On ûls ; Duguesclin et Beoumen'oir furent faits prisonniers.


ie roi ée hâ"ta de falre la paix ovec Montfort, pour l'9Tp9-
cher de porter son hommnge à Edouard Ill : le traité de '

Guérantldy pourvut. La veuve de Charles ile Blois obtint le


:

comté de Pônthièvre, Jean de Montfort garda le duché de


util-fl;;
grand.es compasnies. Tandis que la.Brc-
trsnÀt atiiùroit
-
ta guË*t{ ttt meurtres et Ès p-rllages

I
I
coirtinuaient dans le res[e du royaume, infesté de soldats de ;t
ious tes partis qui se faisaient brigandi. Ces bandes étaient Ï
le fléau faissé par la guene' fléau plus uuel que lo guerre tr
*CÀà. Dolà, p^endnnùn .tptioite dï roi Jean, I'une d'elles
svait battu laïoblesse du cïntre à Brignais. Chassés d'Alle-
megne et de Guyenne' ces aventuriers de toute nation re-
flua-ient en France, et nulle autorité n'était capable de les
réduire. une occasion se présenta de s'en débol'r&sser en uti-
lisant leur cournge. Pierre Ie cruel, roi de castille, nvajt as-
sassiné ses frères et sa femme, Blanche de Bourbon, belle-
sæur de Charles Y. Le pape Urbain V I'excomntunia, le roi
paya la rançon de Duguesclin et le chargea de mener lcs
gmndes compagnies poul remplacer Pierre -p.ûr son frèrc,
ilenri de Transtama.e. L'accord fut bientôt fait, et une ar-
mée de trente mille bandits descendit la rive droite de Ia
Saône et du Rhône. Elle s'atrêta devant Avignon, exigea du
pape de I'argent et des indulgenees, et franchit les Pyrénées.
Àussitôt la Castille se souleva contre son tyran, qui enterra
son trésor et se sauva à Bordeaux. Le prince Noir vint le ré-
tablir. une partie des compognons licenciés pa_r_ Duguesclin
se joignit aùx Anglais, et Duguesclin battu à Navarette fut
fail prisonnier (ta-On;. lt sut obtenir sa délivrance en piq'nnt
I'orgïeil du prince de Golles, ra.m.'ss& de nouveaux soldats
et battit Pierre le Cruel à l\{ontiel ({369). On dit que les
deux frères, en se rencontrant sous la tente cle Duguesclin,
se jetèrent I'un sur I'autre. Pierre tenait Henri p_ar terre et
chérchoit son poignard pour le tuer, lorsque -Duguesclin ;

par les p1eds. Henri se releva vivement et égorgea son


le tira -Ce
frère, fut ie dénouement de cette longue tragédie des
frères ennemis : Ie trône fut ossuré à Henri de Transta-
m0re.
5. Préparatifs contre les Anglais. Le tra.ité de -
Guérande Àvait fermé la Bretagne &ux Anglais, la bataille de
Montiel mettait à la disposition de Charles Y la marino ca,s-

'qlnÉlfrir**r :sLfti.lsr4d8d.E,Àr àâ'ts,J{aÀrsFrc**3p^.t'â'b- .t


T8O EISTOIRE DE FRANCE.
tillane, le départ des grandes compegnies rendait un peu do
sécurité eux crmpa.gnes ; le roi convoqua à Chartres une as-
semblée de notables et lui demande son appui. Les notables
lui accordèrent douze deniers pour livre sui te prix des den-
rées, la gabelle du sel, une aide sur les vins, un droit de
quatre livres par feu dans les villes fermées, et d'une
livre et demie en plat pays. Peu après le roi établit la
perm&nence de ces impôts sans demander le consentement
des é-tats, et s'en servit pour psyer une armée permanente.
L'ordonnanee de Vincennes ({AZ3) soumit les joldats à une
discipline régulière : le roi nommait les ca.pitaines, les tré.
soÏers royaux payaient les troupes, et les cor:rpagnies avaient
ilélense de séjourner dans le pays.
C'est ainsi que le roi se ménageait des ressources pour la
guene. < 'fout coi en ses chambres et réduits, dit Frolssard,
il reconquérait ce que ses prédécesseurs avaient perdu sur le
champ-de batailie, la tète armée et l'épée au poing. > Il épar-
gna,it I'argent du peuple, remplacait-à sa côur le faste'par
l'économie, envoyait sa vaisselle à la l{onnaie B.u lieu de faire
des emprunts forcés et se ménagcait ln reconnaissance et
I'affection des tr'rançais. Le prince de Galles, au contraire, se
rendsit odieux dans le midi par sa hauteur et sa liscalité.
Ceux de Poitou , Limousin , Quercy et Rouergue, dit
Froissard, sont de cette nature qu'ils ne peuvent aimer les
Anglais, et les Anglais aussi, qui sont orgueilleux et pré-
somptueux, ne les peuvent aussi aimer, mais les tiennent en
grand dép_it et viieté, > Quand le prince demanda des impôts
et des gabelles à la noblesse pa.uvre et indépendante des
Pyrénées, elle s'indigna et envoya des députés à paris pour
porter ses plaintes au suzerain.
6. Rupture avec l'Angleterre ({969).
r-eçgt - <Charles
des Gascons, et somma son neveu,
V
le prince
-l-'appel
de Galles et d'Aquitaine, de se présenter devant lui au plus
hôtivement, pour ouïr droit sur les complaintes et griefs
émus de par lui >. Le vainqueur de Poitiers et de Navarette
répondit : < Nous irons volontiers en votre ajournement,
mais ce sera le bassinet en tête et soixante millô hommes à
notre compagnie. n Vaines menrces t Le prince Noir était
hydropique et son père appesanti par l'âge et Ia débauche.
Charles V leur envo)/r son défi par un uarlet de udstne, et
les villes anglaises se soulevèrent avant rnême d'être aita-
quées. Abbeville ouvrit ses portes, le Ponthieu se soumit, le
CEÂRIES V ET DI]OUESCTIN. I8I
Rouergue et le Quercy écoutèrent les préilications françaises
de I'archevêque de Toulouse, Jean Chandos mourut, et Du-
guesclin s'&v&nça jusqu'aux portes de Bordeaux.
7. Duguesclin connétable (t gzf ). Expulsion
dee Anglais.
de Gslles emporto - Le prince
Limoges,
que son évêque avait livrée,
brrlla la ville et massacra tous
les habitants; mais les pro-
grès de sr maladie I'obligè-
rent à s'embarquer pour I'An-
gleterre. Robert Knolles, qui
le remplaça dans le.comman-
dement, partit de Calois et
s'flv&nca vers Paris, ne trou-
vant devant lui que des villes
fermées et des villages aban-
donnés. < Laissez faire ces en-
ragés, disait Clisson à Char-
les V; avec toutes ces fumières
(incendies) ils ne vous chasse-
ront pas de votre héritage. I
Duguesclin, qui venait de re-
ccvoir l'épée de connétable,
accabla I'amière - garde de
Knolles près du Mans , et le
contraignit à licencier le reste
de ses troupes Le comte de
Penrbroke essrrya de dôbarquer
à La Rochelle; il fut battu par
la flotte castillnne (f 3 72) ; et Dugrresclin.
le Poitou firt conquis. Le duc
de Lancastre vint à son tour avec une arméc formidable; elle
comptait plus de trente mille cavaliers. Il traversa la France
entière, des bords de la Somme à ceux de la Garonne;mais,
en arrivant, il n'avait pas six mille hommes, et ses cheva-
liers, hâves, exténués, mendiaient leur pain ({373). Le duc
d'Anjou attaqua les Anglais, quand ils n'étaient plus cepe-
bles de se défendre, et soumit tout le pays jusqu'aux Pyré-
nées. Edouard III fléchit son orgueil et demanda la paix.
Charles V n'accord& qu'une trêve, qui expira trois jours après
la mort du vainqueur de Crécy ({377). Sa flotte incendia les

tr*',t,
/iel*,l*'
I82 SISTOIRE DE FRANCE.
ports engleis de Rye, Yarmouth, 'Winchelsea et plymouth ;
son connétable occupa les villes de la Guyenne, sâuf Bor-
deaux, Bayonne et Bazas I enûn Charles le Mauvais, ollié
des Anglais, perdit toutes ses places de Normandie et de
Languedoc.
8. Mort de DugUsgslin et de Cha,rles V. Le
sage -
roi, ûer de tous ces succès, crut qu'il pouvait annexer
la Bretagnel mais ses meilleurs capitaines I'abandonnèrent,
la province appela Jean de Montfort qu'elle avait chassé,
Duguesclin lui-même renvoys,l'épée de connétable. Il la re-
prit, sur les instances du roi, et mourut en assiégeant Chlr-
teauneuf-de-Randon, dans les Cévennes (lAB0). Le gouver-
neur anglais, qui avait promis de se rendre à jour 1ixe, ap-
porta les clefs de la forteresse sur le lit de mort du vieux
soldat. Charles V lit transporter les restes du bon connétable
dans les c&veeux de Saint-Denis, et le peuple s'empressaou-
tour du cercueil. La postérité n'o pas été plus ingrate que
ses contemporains ; le nom de Duguesclin est resté popu-
laire. Quelques semaines après mourut Charles V. Son der-
nier ecte fut la suppression d'un impôt qu'il avait établi sans
I'assentiment des états. Il avait protégé les arts et les lettres,
rassemblé au Louvre dans la tour d,e la librairie jusqu'à neuf
ccnts manuscrits précieux, construit la Bastille et bon nombre
de châteaux et notables manoirs. Il éta.it, dit Christine de
Pisan, n saige homme, grand clerc, droit ertiste et deviseur
de beaux mûçonneges D.

IECTURE.
- Le rol Charles V.
Il me semble utile de réciter la belle manière de vivre mesurément
en toute chose de notre sage roy Charles,.comm€ eremple à tous suc-
cesseurs d'empires, rovaumes ef autres seigneurres.
L'heure de Èon levei était comme de sii à sept heures; après, lui
peigné, vê.tu.et ordonné,, allait. à la,m.esse, laquelle était célétirée 'gio-
rieusement chaque jgur à chant mélodieux et dolennel; à I'issue de sa
chapelle, toutes manières de gens, riches 0u pauvres, dames ou damoi-
selles, lemmes reryes ou autres.qui_elssent afraire, pouvaient là pré_
senle.r leurs requêtes; et lui, très débonnaire, s'ariêiait à ouïr leurs
supplications, desquelles octroyait charitablement les raisonnables et
plteuses; les plus douteuses les remettait à un maitre de ses requêtes.
, Après..ce, .aII iours réglés pour. c.ela, allait au conseil; après'lequel
s'asseyoit à table; son lnanger n'étoit pas lons et il ne sé charseait de
diverses viandes, car ildisoit que le's qualités de viandes àiverses
troublent I'estomac et empëchent la mémoire; vin clair et sain. sans
grand bouguetl le buvait bien trempé et non à îoison, ni de divers uus.
CHÂRIES Y ET DUCUESCTIN. r83
Lui levé de table. la conversation vers lui Douvaicnt allcr toutes
â
manières d'étrangers-0u autres venus pour une a'llaire; là trouva-t-on
souvent maintes manières d'ambassadeurs de pays étrangers et seigneurs,
divers princes, chevaliers de diverses contré-es, dont souvent il y avait
telle presse, que en ses chambres grandes et magniliques, à peine se
pouvait-on tourner: et sans faute. le très nrudent rov tant sâgeûlentet
âe si bortne mine reôevoit tous et donnoil, rôponse et dë si belle-manière,
et si dùment rendoit à chacun I'honneur qui lui appartient, qne tous
s'en tenoient pour trés c,-rntents et partoient joyeux de sa présence.
Là, lui étaiènt apportées nouvelies de touies manières'de pays, ou
des aventures ou fàiis de ses guerres, ou d'autres batailles, et ai-nsi de
divers choses; là, ordonnoit ce qui étoit à faire, selon Ie cas que on lui
proposoit, ou'dorinoit comnrissioit d'en déterminer au conseil,-dél'endoit
Ie cbntraire de raison, passoit grâces, signoit lettres de sa main, donnoit
dons raisonnables, ociioyait oifices vaca"nts ou licites requôtes.'Et ainsi,
"occupations
en telles ou sembiables travailloit cûmme l'espace de deux
heures, après lesquelles il s-e retirail. et son repos durait une heure.
Après son'dormir. étoit un Deu de temps avec ses familiers et cette
ré'création prenoit, afin que ld soin de trôp grandes occupations ne pût
alTaiblir sa- santé.'
Puis alloit à vèpres, après lesquelles, si c'étoit en été, aucunes fois
entroit en ses jarlins oir (si te roy étoit en son hôtel de Saint-Paul)
eucunes fois venoit Ia reinè, et on lui apportait ses enfants. En hyver,
s'occupait souvent à ouir lire de bclles hlstoires, de la Sainte-Ecriture
ou dei faicts des Romains, ou moralités de philosophes et d'autres
sciences iusou'â I'heure du souoer. auouel s-assevoit d'assez bonrre
heure etlui'était léger; et ainsi, pâr continuel ordie, Ie sage roi bien
morigéné usait le cours de sa rie. Christine np Ptsltt.

EXERCICES ORAUX NT ÉCRITS

l. Erplioatlon iles mots. - Cocherel, village de I'Eure. - Auray,


chef-lieu de canton du Morbihan. Penthièure, ancienne division de
- villes
Nauarette. Montiel.
la Bretasne.
-
lieu de c:anton du Pas-de-Calais.
d'Espasne.
- Calais, chef-
{rand port, soris-pré-
fecture de la Nlanche. -'Cherbourgi,
qrand port, soui-prélecture du Finistère.
- Blesf.
port, sous-prêfeitilre
- 3.Bayonne,
0uestionilaire.
de! Basses-Pyrénées. -
Faites connaitre le caraeière de Charles V.
Quel fut son
-
principal -
auxiliaire?
- Racontez la Racontez
Quelle fuf la récompense de Duguesclin?
bataille de Cocherel.
la bataille
-d'Aurav. - -
Quel en fut-le résultat? Quelles furent les contlitions du
traité de -Guérande? Ou'aonelait-on srandes comnasnics? Com-
-
ment Charles V s'en débàrraida-t-il? soni lës deur-batailles
livrées en Espagne? --Quelles
les notables assemhlés à Chartres?
- Que firent
que I'ordonnance de Vincennes? Comparez la conduite
-de Qu'est-ce
Charles V et celle du Prince de Galles. - Quelle'fut l'occasion de
la rupture avec I'Anglcterre? - les
reconquises? - Quelles furent premières provinces
Que fit le prince Noir à Linogcs? - Qrrels sont les
-
trois chcfs anglais qui attaquèrent la !'ranee?
leurs erpéditions? - Quel fut le résultat de
Quels sont les derniers succès de Charles V?
Racontez la - Duguesclin.
mort de :- -
Combien de manuscrits rassembla
Charles Y? Donnez les principales dates de son règne.
-
r8t EISTOIRE DE FRÀNCE.
3.. llevglro à réiliger. Raconter I'histoire de Dugu,esclin.
-
ser la politique suivis par Charles V le Sage, pour délivrer -- France
h
Erpo-
des An-glais.'

UI

CEARI.TÉI VI. - LES ÀRM.A.GNÀCS


& LES BOIIRGIIIGNONS
(r38ûr{ss)

rEçoN

l. G[arles YI en Flanilro. Charles VI. trop ieune pour sou-


-
yerner, fut placé sous la tutelle de ses ôncle-s.-qui diiapidÙrent
le trésor de-Charles Y, provoquèrent par do noirvellesiaxes la
révolte des Maillotins, et se vengèrent ale la démocratie par
la prise de Rouen, la'victoiredeloosebeke et la suppression
des-franchises tle Parls.
â. Les ilarmousets. Arrivé à I'âge d'homme, Charles rem-
plaça ses oncles par -les anciens miÉistres de sôn père, petits
genl,ilshommes que les princes traitaient de l\larmouscts. -
3. Armagnaos et Bourguignons. du roi mit fin ù
leur sage administration, et le duc- Ladedémence
BoLrrgogne, Philippe Ie
Hardi, Ieur succéda. Son fils, Jean sans Peûrl vôulut Ëériter
de son pouvoir, et s'appuya sur la bourgeoisie Ilarnautle et pa-
risicnnê. II fit assassiriei Louis d'Orléaùs, frère du roi, et^ la
I,'rartce fut ensanglantée par la guerre civile des Àrnragnacs et
des llourguignons.
{. Iléfaite " d'Azincourt (l /115). .- Aussi le roi d'Angleteme,
Ilerrri V, ne trouva à cornbaltre cJu'un parti, et battit'les Ar.
magnacs à Aziuc,rurt. L'assassinat dc Jean saus Peur par les
soriiteurs du tltuphin Charles jota son fils llhilippe le Boi dans
I'alliance anglaise.
5. Traité dô Troyes (t.420).
France, fut déclaré, au traité - Ilcnri V,, époux de Catherine de
de Troyes, héritier du tr'ône au
mépris de la loi salique. lI mourut jeune, et Charlcs VI Ie suivit
bientôt dane la tombe.

nÉcn

l. Charles \II (f 380-f 422).


- Enen1380, deux enfants,
Richard II et Charles VI, régnaient Angleterre et en
Fronce, et dons les deux peys des m&ux intérieurs suspen-
dirent la guerre. En Fronce, les oncles du roi, les ducs
d'Anjou, de Berry, de Bourgogne et de Bourbon, s'empa-
rèrent du gouvernement et demandèrent des impôts; le duc
CHÀRLES VI. T8Ù

d'Anjou, le plus r&paoe de tous, voulut réteblir les aides et


gobelles rbolies per Charles V. Le peuple courut &ux armes,
et le duc d'Anjou, surpris et privé de troupes, fut obligé d'ac-
corder la remise des impôts. I\{ais les bourgeois restèrent en
méfiance y ils tendirent des chaînes dans les rues, établirent
des postes et entretinrent une active correspondance Bvec
Rouen et Gand, qui étaient en pleine révolte. La prise et le
châtiment de Rouen enrourege& les princes; ils revinrent à
Paris et frappèrent d'une taxe d'un douzième toutes les
marchandises vendues. Aussitôt le peuple égorgea les
percepteurs, s'emp&ra des maillets de fer déposés à I'Ar-
senol et ouvrit les prisons ; ce fut la révolte des Maillotins.
Le roi traita avec les insurgés, et le duc d'Anjou partit,
chargé de dépouilles et d'exécralions, pour prendre pos-
session du royaume de Sicile comme héritier de Jeanne de
Naples.
2. Bataille de Roosebeke ({382). Le duc de
Bourgogne, Philippe le Hardi, qui avait épousé I'héritière du
comte Louis de Flandre, engageû, Charles VI dons la lutte
que soutenait son beau-père contre lo commune de Gand.
L'ormée française gagne sur les Gantois la bataille de
Roosebeke, où périt Philippe Arteveld, Iils de Jacques. Les
Parisiens, qui avaient entretenu des correspondances avec
les Gantois, furent punis par des supplices et des confisca-
tions. Deux ans après, Philippe devint comte de Flandre, et,
voulant ouvrir des débouchés à I'industrie de ses nouveaux
sujets, il prépara une expédition contre les Anglais et une
autre contre le duc de Gueldre, allié de Richard II. Il dé-
pensû beaucoup et ne ût rien. C'est pourquoi son Souverne-
ment tomba ({388).
3. Ires Marmousets (t388-{392). Les anciens mi-
nistres de Charles V, Olivier de Clisson,- Bureau de la Ri-
vière, les sires de Noviant et de l\lontaigu, entourèrent le
jeune roi; Charles, remerciant ses oncles tt des peines et tra-
vaux qu'ils avaient eus touchant sa personne et les affaires
de I'F;tat n, les renvoya. dans leurs seigneuries. Le gouverne-
ment de ces simples gentilshommes, que les princes appe-
laient avec dédain les Marmousets, fut mesuré et honnète :
Ies impôts diminués, les largesses &ux grands révoquées, les
franchises de Paris rendues excitèrent la joie du peuple. Il
donna au roi le nom de Ch,arles Ie Bi,en-aùmé, eI il espéra
un nouve&u Charles V. C'était un &utre Jean le Bon. Il se
186 STSTOIBE DE IRANCE.
jeta tout entier dans les fètes corlteuses et les plaisirs vio-
lents ; sa santé s'sltéra et sa vie fut une succeision d'em-
portements et de prostration, d'ardeur pour le bien et de
dêgorlt de toutes choses, de fièvre et de langueur. La folie
ou la mort attendnit le malheureux : ce fut la folie qui
le prit.
4. Démence du rot (t392). Le connétable de Clisson
était ennemi irréconciliable de Jean- de Montfort, duc de Bre-
tugne : une nuit il fut appelé à Paris par Pierre de Croon,
parent du duc, et laissé pour mort sur la place. ( L'slfeire
est mienne t D dit le roi, et il levo des troupes. Il troversait
la forêt du Mans, à la tête de ses chevaliers; le soleil tombait
à plomb sur sa tête couverte diune toque d.ô velours rouge
il était songeur et mélancolique. Tout à coup un homme;
sortit d'un fourré, seisit le cheval du roi, et i'écria : n Ne
chevauche pas plus avant, noble sire; tu es trahi t > On
l'écarta, mais il suivit longtemps le cortège, en répétant son
evertissement. Charles, tout frappé.par cette--reneontre, con-
tinuait sa route, Iorsqu'un prge, qui sommeillait sur s& mon-
ture, laissa tomber sa lance sur le cesque de son voisin. Au
bruit du fer, le roi sembla se réveiller; ses yeux s'égarèrent I
il tira l'épée, il courut sur ses gardes, en criant : ir A mort
les traîtres t r On I'arrêta quand il fut las, on le lia sur une
charrette, et on le r&men& au Mans.
5. Gouvernement de Philippe Ie Eardt (rg92-
lL0q. Les princes shassèrent les
- : ils ne trent que du mal àMarmousets
le pouvoir
et reprirent
la France. Trois dan-
gers meneçaient le royaume : le schisme, le Turc, I'An-
glais. Comment Philippe de Bourgogne y pourvut-il ? De-
puis 1379, il y avait deux papes, à Rome et à Avignon, qui
s'anathématisaient I'un I'autre et troublaient les consciences ;
le duc chargea la Sorbonne de mettre fin au scandale. Elle
choisit un nouve&u pepe, sa.ns pouvoir faire abdiquer les
deux autres.
Les Anglais ne renonçeient pas à leur royaume de Fr&nce.
Philippe de Bourgogne donna en mariage au jeune Richard II,
fils_ du prince Noir, une lille de Charles VI. Mais la déposition
et la mort violente de Richard I". ({Agg) rendirent Cette al-
liance inutile I le nouveau roi, Henri IV de Lancastre, vit
rlans ce mariage une ca,use nouvelle d'hostilité contre le gou-
vernement francais.
Entn. les Turcs cernaient Constantinople et inquiétoient
cEARtE$ Yl' t87
les bords de I'Adriotique et ceux du Danube; le sulton
Bajazel, jurait de feire menget I'evoine à son cheval sur
I'eutel de Saint-Pierre, à Rome; Philippe envoye au se-
'cours du roi de Hongrie son Iils Jean, comte de Nevers, le
maréchel de Boucicout, le sire de Coucy et la fleur de Ie
chevalerie. Les Frangois se conduisirent à Nicopolis eomme
à Crécy et à Poitieri; I'armée fut enéantie; Jean revint
presquè seul, n'ayant gogné que le surnom de s&ns
Peur ({ 396).
A liintérieur, le jeune frère du roi, Louis d'Orléans, com-
mengù à supporter impatiemment le Souvernement -de son
oncle de Boirgogne et se forma un porti' La mort de Phi-
lippe le Hardi ht éelater lo lutte entre les orléans et les Bour-
guignons.
- 6-. Assasei:rat du duc d.'Orléans (f 407). Le nou-
-
veau duc de Bourgogne, Jean s&ns Peur, s'emparo du jeune
dauphin pour Souverner en son nom. Les Parisiens le reçu-
renf a"eCenthousigsme ; Louis d'Orléans et la reine Isabeau
de Bavière se récoicilièrent ovec lui et revinrent près du roi.
Les deux princes mangèrent ensemble, communièrent en-
semble, et, peu de jours après, le frère du roi fut assassiné
dons ls rue Barbette. Jean sans Peur alla comme les autres
pleurer sur le cadavre et lui jeter del'eeu bénitel mois,
ôomme le prévôt de Paris se chargeoit de trouver les ass&s-
sins, si on iui permettait de fouiller les hôlels des princes,le
meurtrier pâii1, et, se penchant à I'oreille de son oncle de
Berry : < i'est moi'qui ii fait le coup, dit--il,-le- diable m'a
tenté. > Il s'enfuit en F]andre, gogna sur les Liégeois révol-
tés la bataille de Hasbain, et revint en se vantant de son
crime. Le peuple eut peur cle ce brigend si audacieux et si
fort, le cordelie* Jean-Petit fit devant la cour I's?ologie du
' meurtre, et les enfonts d'Orléans regurent I'ordre de par-
donner. Leur mère, la belle Valentine de Milan, mourut de
douleur en répétani : < Rien ne m'est plus, plus ne m'est
rien t >
' 7, Armag:racs et Bourguiguorrs. - Le jeune
Charles d'Orléans épouso lo fille d'un grond seigneur du
Midi, Bernard d'Armagnac, qui donna son nom au porti' Lo
guerre civile éclata: Armagnacs contre Bourguignons, Gas-
ions contre Flamands, gentilshommes contre bourgeois. La
lutte fut interrompue deux fois par les traités de Bicêtre et de
Bourges : I'incendie des villages, le meurtre des paysans, lo
rBB niatot*r DE rRÀNcE,
sac des villes en furent les principaux exploits. La bourgeoi-
sie de Peris et I'université se crurent capables d'impos-er la
paix. Elles ne réussirent qu'à faire entrer ds,ns ls ïille un
ami de Jean sans Peur, lc comte de Saint-pol, qui arme Ia
eorporation des bouchers contre les modérés; cè parti vio_
lent des Cabochiens prit pour chef un garcon écorcheur, Ca-
boche. En vain les hommes sensés rédigèrent-ils une gronde
ordonnance pour la réforme du gouvernement et de liadmi-
nistration, dite ({alB) ; ils furent
ord,onnance cabochtenne
à cette populace sanguinaire et
obligés de lâcher la_ bride
indomptable, jusqu'à ce que, honieùx de ses excès, ils
appelassent les Armagnacs. Jean sans peur, exclu de paris,
s'engagee por le troité d'Arras à rester dons ses Etats.
Il n'y avait en France ni une armée, ni un chef, ni une
nation, mais des passions intraitables. Alors arrivèrent les
Anglais.
8. Bataille d'Azincourt (f 4t B). Un roi sage et ha-
bile, Henri V, veneit de monter sur.le- trône d'Anlleterre.
Pour occuper l'aotivité de son peuple et esÉurer son pouvoir,
il songee à le guerre de France, où les barons d'Edouard IIi
avaient jadis tant gogné. Il demanda I'exécution du traité de
Brétigny_et la main de Catherine, fille de Charles VI, et, sur
le refus des Armagnacs, il débarqua à Harl'leur avec trente
mille hommes. Le eonnétable d'Albret courut le combattre
avec toutes les forces du parti, et la chevaleriefrançaise subit
un nouvel et plus honteux désastre à Azincourt : iruit mille
gentilshommes périrent, une foule d'autres fur'ent faits pri-
sonniers, entre autres le duc Charles d'Orléans. Henri, épùise
per sa. victoire, se hâ.te d'aller déposer en licu sùr son butin
et ses captifs.
9. Assassinat de Jean sarrs Peur (f 4{ g).
- Vaincus
à Azincourt, les Àrmagnecs furent massscrés à paris, où Ia
trehison de Perrinet Leclcrc, tls d'un échevin, introcluisit lcs
Bourguignons (t4{8). Le duc Jesn y fit une entrée solerr-
nelle et sema la main du bourreau Capeluche, un des hôros
du massacre. Toutefois il ne lit rien pôur la France et laissa
les Anglais.s'emp&rer de Rouen. Malgré son pouvoir sur ln
populace, Je&n n'avait pas confiance dans su cause, et il était
honteux de ses amis. Il essaya de se réconcilier nvec Ie Dau-
phin Charles, et accepta une entrevue au pont de l\lontereau.
Il y fut tuô à coups de hache per les serviteurs du prince,
commandés par Tenneguy-Duchâtel.
CEARTES VT. t80
10. Traité de Troyos (f &20). - Lo nouveou duc,
Philippe Ie Bon, oublia sa patrie, ses devoirs féodaux et ses
serments pour venger son père, et s'allia étroitement aveo
Henri V. Par le honteux traité de Troyes, le due de Bour-
gogne, lo reine Isabeau, le Parlement, I'Universitérecon-
nurent Henri d'Angletene, époux de Catherine de France,
pour futur roi, et dtshéritèrent le Dauphin su mépris. de la
ioi salique. Deux ans après, le victorieux Henri V était ma-
lade, quand il apprit qu'un lils lui était né au château de
Winds-or. < Ilenri de l\lônmouth, dit-il tristement, aura vécu
peu et conquis beaucoup, IIenri tle V/indsor vivra longtemps
ét perdra tdut. > Le malhcureux Charles VI, abandonné par
sa iemme, rong6 de vermine et couvert de haillons, termina
bientôt sa longue agonie. Le peuple suivit en pleurant son
ccrcueil : touchante sympalhie d'une nation misérable pour
un roi plus misérable encore I

IECTURE.
- Démenoe de Gharleg \i|I (13921.
0n était au commencement d'aoùt, dans les jours les .plus chauds de
I'année. Le soleil était ardent, surtout dans ce pal's sablonneux. !e rol
était à cheval. vêtu de I'habiliement court et étroit qu'oû nommait une
iaoue: le sien était en velours noir etl'échauffait beaueoup. ll avait
iuf ta iète un chaneron de velortrs écarlate, orné d'un cliapelet de
grosses perles que'lui avait donné la reine à son départ. Derrière lui
ètaient deur nakes à cheval : I'un portait un de ces beaux casques
d'acier. léEers'et"nolis. qu'on fabriquait à llontauban; I'autre tenait une
lance, hoit Ie fei avait'été donné'au roi par le sire de la Riviè.re, qui
I'avaii ranoorté de Toulouse. où on les fôrSeait mieux que nulle part
ailleurs. h'our ne pas incomri,oder le roi pai la poussière et la chaleut,
ôn le laissait mariher ainsi Dresque seul. Le duc de Bourgogne et le
duc de Berrv êl,aient à Eauclie. qirelques pas en avant, conversant en-
'de Bourbon,
semble. Le'duc d'Orléàns. le àuc le sire de Coucy et
0ueloues autres étaient aÉssi en avanl, formant un groupe. Par der-
rière'étaient les sires de Navarre, d'AIbret, de Bar, d'Artois et beau-
- d'autres formant une assez grande
coup troupe'
0h cheminait en cet équipage,'et I'on venàit d'entrer dans la grande
foréf Ou trlans, lorsque ttiut'àioup sortit-de derrière uû arbre.,-au bord
il ii iôute. uh stan'a homme, la t?te et les pieds nus, vêtu d'uneparmé-
chante sou{ueniÏle blanche. Ii s'élança e.t sai'sit le. cheval du roi la
bride : n Nà va pas plus loin, noble roi, cria-t-il d'une voir terrible;
ietourne, tu es tiahi l', Les hômmes d'armes accoururent sur-le-champ,
et. fraonînt du bàton de leurs lances sur les mains de cet homme, lui
Àr'ent h'ôher la bride. Comme il avait I'air d'un pauvre_fou.et de rien
Oà oio*.'on le taissa aller sans s'informer de rien, et mème il suivit Ie
roi'nenûant Drès d'une demi-heure, répétant de loin le même cri'
--Lô.oi-Ëi'foit
troublé de cette ippârition subite. Sa tête, qui était
touté tinte, en fut ébranlée ; cependiirt on continua à marcher. La forêt
it-
I
r90 EISTOIRE DE FRÂNCE.
l5li.rl,,o1.:,e^J10lJ.1 4qt^ Il9 q.rande plaine dc sabte, _o_ù tes rayons
î:
0u :girl^gl1l.r,or,!rÏ^r
eclaranrs g!,prus brùtants.encore. un der pager
r0r, raugue de ta chat€ur, s-'étant endormi, la lance qu'il nbrlait
tomba sur re casque, et fir soudainéÀe* iôteritii-r'iiieî. ii'ioT trer-
saillit, et.alors ori le- vit, se levant surseveiiieil, iir;jl;;n,ipej, pr.r-
ser son cheval des éperons et s'élancer en crianl': i. Èn ivifiiiur ces
fraitres I ils veulent ùe livrer aur ennemis. u chaôun s;ociriiïi'toutg
hâte,,.pas^assez tôt cependanj
on dit mê.me gue pluiieu.rs.furent ryu1 que quelques-uns ne fù;ilnt lresieïl
iuési enire autres un-Èoiiqnac. t e
duc d'orléans-se trouvait rà, auprbsl-tô-roia.dt ,;; i"riïaû;
-tout
le-vée, et.allait le frapper : u'Futez, frôn rieveu, s'éôriàlL aïc'aï nour-
gggne,qur etalt accouru ; m.onseigneur veut vous tuer. Ah I quel malheur t
Monseigneur est dans le détirer'nron Dieu t qo;on lâche dJiiiirrcoare r ii
I gFll sr luneux que personne n'osait s'y risquer. 0n le laissait courir
ça er ra et se tatrguer en poursuivant tantôt I'rrn ct tantôt I'autre. Enfin,
quand il fut lassé et torit trempé de sueur, son ctramtreliin, -mèrr,re
9:i]l::*:-Yrtrtr..l;r.qpl-09n1
on.r'en[0ura' 9i le prit
0n lulor,a son épée,.on
pai' oc,,icie a ïræ_iel.àrp. ;
]e descendit de cheval, il fut cou-
ch.é doucem.ent par.tmr-e, on lui'défit sa jaque : 0n rrouva sur
le che-
mln une volture â Dæ]ris-'_o_rl.v Rlaça re roi-de France en le liant,
peur que sa fureur ne le prît; ôn Ie ramena à la viiie,--ians-Ëîuve-de
ment et sans parole. Ds brnirirn.'

EXERCICES ORAT'X ET ÉCRITS

Erplioation dcs^mota._- .Le Mans, préfecture de Ia sarthe.


Ha!-1.fleur,ri I le. de la Seine-Inférieure. dïi"côii i; b*i; -
à',i'Ëii_ao-
calais.
- -
Ilonterearz, chef-lieu de canton de seine-etlrli-ei. iîoyrr,
préfecture de l'Àube.' -
3. Ouestionnaire. '-- Qu.els étaient les oncles de Charles VI? _
Quelle fut la cause de la révolte des ÀIaiilotinsi Raco;ù;t'eioaai-
tion contre les Gantois.
- -
Queile victoire le duc dô-Bï;r;;nne'rr*.
porta-t-il?,-. Pourquoi le gouiernement de philippe te tiaral"to"mËa-t-itt
Quels étarent les Illarmousets?
-nement. - Donnez uirè iaée de leur rouver-
Polrqu.oi et dans. quelle occasion charles vi t0mba:til en
-
demenceT.T 4 qul le pouyoir revint-il? _ Comment philippe le Hardi
essaya-.[-rr,de rerprn€r re grand schisne? Réussit-itr comment
voulur-lr reconcllrer la France et l'.\ngleterre? - -'
Quel fut le résultat
de ses elforts? -
Raco.ntez la croisade"de Nicoporii--ïi.'oni*, r'ri-
-
sa ssi nat de Louis d'0 rléans.
gnons? ^1 Q u .a p peile.- t-01 .limagnacï-àt-'ilîu rgui
Qu'est.-ee q-qe les cabochien's et I'ordonnancË ciloctiie-nner
-.
nacontez la balaiue d'Azincourt. -
- Quel fut le sort des Armasnacs
-q"àttô-ioi-ia-ô6nse-
vaincus? comment périt Jean sarÉ peur?
-
quexce du meurtre? -
Faites connaitre les coniitioni a,i ùaiià-de
- mourut Charles vr? _ Donnez ieiprincipatài
T:p::.^:jo-TTgnt
ûares ûe son regne.
. 3. Ilevoirs àiéAiger..--Exposer les causes, Ies principaux faits et
les col)seguences d€ la rivalité des armagnacs et des- Bourguisnons.
r{acOnter les relatrons des Anglais et des Français sous"le'règne de
_
Charles VI.
CEANTES VIT Eî JEÀNNE D'ÀNC. rer

rv
CEARLES VII & JEAIIINE D'ARC
(1{'NS-U61)

rEçoN
l. 0barlegYII. Lo règne de Charles VII vit deur grands
faits : I'expulsion -des Anglaie et la réforme du gouvernement.

It. Jeann^e d'Àro à 0rléani et à Reims. Vaincu Cravant et à
Verneuil, Charles allait perdre Orléans,- la clef -du Mid-i, lorsque
le natrio[isme et la relisîon donnèrent Jeanne d'Arc à la France.
Elli convainquit le pàuple de sa tnission divinc, délivra Or-
léans, battit ltennemi^à Patay, prit Troyes, 9t fit sa-crer le roi À
Reimâ : dès lors Charles fut l"e v-rai roi [our l,: peuple.
3. Prooès ot mort ile Jeanne d'Aro. -- Contraiiée par les poli-
tiques du Conseil. Jeanne échoua devant Paris et fub faite pri-
sohnière à Compiègne. I,€s. Ànglais firent instruire^son Prpcès
Dar une commission ccclésiastiitue. Que présidait Pierre Cau-
ôhon. évêque de Bcauvaisl elle firt ôoridarnnée à mort et brûlêe
vive.' Le duc Philippe se iéconcilia avec le roi au traité d'Arras
et Paris ouvrit scs portes.
{. Réformes de Chârles VII. Avant d'achever la délivrance du
sol national, Charles réprima- la révolte féodale de la Praguerie,
réforma I'armée par la création des contpagnies d'ordonnance et
-débarrassa
de I'infanterie des francs a,rchcrs, et le royaume
des bandcs d'écorcheurs, par deux expéditions en Lorraine et
en Suisse.
5. fin de la guerre de cent ans. Alors, maître d'une armée
permanente et disciplinée, d'irnpÔts- réguliers et perpétuels,
àtlio au ctergé de !'rànce, â qui ii avait rlonné la piagmatique
sanction, il lhassa les Anglais de la Normandie par la bataille
de Formigny et de la GuyËnne par celle de Castilion.

aÉcrT

l. Charles \|II (t'422-Lr*61).


- Lerègnede ChsrlesVll
vit deux grends foits : I'expulsion définitive des Anglais et lt
constitution de I'ordre administratif. Mais quel treveil atten-
dait le roi et ses conseillers t De quel ebime lo France n'avait-
elle pas à se relever I Le jeune roi anglais, Henri VI, oveit
tout pour lui, les étots généraux, Paris, I'Université, le
traité de Troyes, le duc de Bourgogne et toute lo France
eu nord de la Loire. Charles VII, â96 de dix-neuf ons,
emait indolemment de château en châteeu, entouré de fa-
voris et de capitaines d'aventures. Il laissait les Ecossais et
T92 DB trRÀNCE,
''*'0"'
les Gascons eombattre pour lui, et dépensait sur les bords
de la Loire ses faibles ressources en attendant qu'il fùt
contraint de passer en Dauphiné. Il perdait goiement son
roy&ume.
g.,Iru parti anglais et le parti françaia. Cepen-
dant le puissanee des Anglais, ainsi que la faiblesse- da rôt d,e
Bourges, comme ils appelaient CharleÉ VII, était plus appa-
rente que réeile. Sans doute les étrangers au service de
Charles furent battus à Cravant et à Verneuil (f 423-Lttt&)l
et il semblait que le roi Valois fùt à I'extrémité. Mais les vic-
toires n'étaient rien pour les Anglais s'ils ne gardaient I'al-
lionce de Philippe de Bourgogne. 0r ils étaient en ce moment
menacés de perdre cet allié nécessaire. Le due de Glocester,
oncle du roi c[ régcnt d'Angletene, épousa Jacqueline, com-
tesse de Hainaut et de Hollande, dont les possessions entou-
raient la Flandre et dont Philippe voulait s'approprier I'héri-
tage. Le duc de Bourgogne fut violemment in'ité, et Bedford
I'opaiso à grand'pcine en lui donnant la Picardie. Ainsi,
entre leur intérêt politique, la conquête de la France, et leur
intérêt commcrcial, I'occupation des bouchcs du Rhin, de la
Meuse et de I'Escaut, les Anglais ne surent pas choisir. Ils
voulurent tout, ils pcrdirent tout. Bn même temps, ils
vinrent mettre le siège devant Orléans I mais ils étaient
ruinés par la guerre, et si abandonnés par les chevaliers
frangais, quc, pour prendre cette ville qui commandait le
cours de la Loire et couvrait le l\{idi, ils ne purent en-
voyer que six mille hommes. L'investissement ne fut
pas complet, et, par Ia Sologne, Orléans put recevoir des
secours.
Au conl,raire, le parl,i de Charles VII devenoit le parti
français. Le l\{idi lui envoyait des secours et le comte de t'oix
lui soumetlait le Languedoc. Les Ecossais accour.aicnt pour
venger en France leurs vieilles injures. Les Bretons, pleins
du souvenir de Duguesciin, venoient lui olfrir I'appui de leur
courrge,.et le comte Arthur de Richemond, frère du duc de
Bretagne, acceptait I'épée de connétable. Enfin Charles épou-
sait la lille d'Yolande, comtesse d'Ànjou et de Provence, et
se ménageait Ie concours de cette puissanle maison féodale.
Ce qui valait mieux encore, c'était l'éveil du sentiment ns-
tionol. De toutes parts anivaient des secours aux Orléanais :
Angers, Tours et Bourges envoyaient des vins ; Poitiers et
La Rochelle, de I'argent; le Bourbonnais, I'Auvergne et lo
CHÀRLE$VII ET JEANNE D'ÀNC. I93
Languedoc, du salpôtre, du soufre et de I'aciu. Les Frsn-
çais commenqaient donc à se sentir citoyens d'une même
patrie, soutiens d'une môme c&use, ennemis d'un même ed-
versaire. Sur la tombe môme de Charles VI, en présence dcs
Anglais, le héraut de France avait crié, suivant I'usage:
a Dieu veuillc s&uver l'âme de Cho,rles, notre naturel, et sou-
aeraùn seigneur I n Et il reprit : < Dieu veuille donner longue
vie à Henri, notre souueratn seigneur I l Henri VI n'était
donc pos le naturel seigneur des Frangais, et c'étail le héraut
même qui I'annonçait.
3. Journée des harengs (ltt27). - Cependant une
nouvelle défaite vint accabler Ie parti de Chsrles VII.
Sir Falstall amenait uu convoi de vivres aux Anglais campés
devant Orléans, lorsque le comte de Clermont vint I'atta-
quer. Les Frangais avaient qual,re oonons; il leur était facile
d'accabler les ennemis retranchés derrière leurs baniques de
horengs. Mais les chevaliers ne voulurent pas que lc c&non
gagnât la bataille, ils se jetèrent à bas de leurs chevaux,
et, couverts de leurs lourdes &rmures, ils coururent folle-
ment à l'assaut. Ils se trent tuer sans prolit, et une armée
fut battue par une escorte. Les railleurs d'Orléans s'en
moquèrent, et ils appelèrent cette bataille la journëe ilet
harengs.
4. Jeanne d'Arc, son enfance. - Alors parut
Jeanne d'Arc. La lille du peuple entraina le peuple avec elle,
et elle entreprit de mettre I'Anglais hors de France. C'était
Ia ûlle d'un laboureur, Jacques d'Arc, et de sa femme Isa-
belle Romée. Elle naquit ou village de Domrémy, en Lor-
raine, sur les conlins de la Champagne. Les habitnnts de
Domrémy étaient Armagnacs, et soutenaient des luttes in-
cessantes avec leurs voisins bourguignons. Les Allemonds
prottaient du désordre pour venir piller le poys, cl Jeanne
voyait souvent ses frères et ses emis revenir couverts de sang.
Elle eut piti6 du royaume de Fronce, et peu à peu elle fut
prise du désir de le sauver.
C'était une pieuse fille, laborieuse, simple.d'esprit, grnnde
par le cceut. A treize ons, elle entendit dcs voix qui lui di-
saient de souver le royaume. Partout on moyait que la
Franee, perdue ps,r une femme, Isabeau de Bavière, senait
reconquise par une femme. Jeanne s'elfraya de ses visions ;
elle trouva I'entreprise au-dessus de ses forces, et ne parla de
rien à ses porents, jusqu'à ce que, pressée pendant cinq ans
EIST. DE trR. C. GOUPL.
I9& EISTOIRE DE TNANCE.
prr do nouvelle$ Lpperitions, elle se décidât. Elle s'ouvrit do
son projet, à son père, qui s'écria qu'il la ncierait plutôt de
ses msins. Elle alla trouver son oncle qui I'accueillit et se
laissa persuader. Le capitaine Baudricourt qui commandait
à Vaucouleurs, et qu'elle pria de I'aider, repartit brusque-
ment : r C'est une folle ; il. faut la reconduire chez ses p0,-
rents, en lq fouettant tout le long du chemin I D Il n'en fut
pas moins subjugué
par l'énergique résis-
tance de la jeune tlle;
la Pucelle., comme
on I'eppelait, avait
gagné le peuple, et,
tout animée par la
gronde voix de la
multitude, elle disait
qu'elle userait ses
iambes jusqu'aux ge-
noux plutôt que de
désobéiràscs saintes.
5. Jeanne d'Arc
à la cour de Char-
les VII.- Elle par-
titdonc pour Chinon,
où était la cour, avec
une escorte et y par-
vint en franchissrnt
tous les dangers. Là,
elle trouva des théo-
logiens 'discuteurs ,
rine soldatesque ef-
irénée, une cour scep-
Jeagqe d'Aro. Lique et, un roi intlif-
férent. Elle étonna
tout le monde par des actions qui semblaicnt surnaturelles.
Dlle reconnuù Charles qui se cachait û,u milieu des sei-
gneurs; elle lui affirma de la part de Dieu qu'il était bien
le vrai et légitime héritier du trône : elle gagna le simple
peuple à Chinon comme partout ; elle rûduisit les railleurs
au silence, les débauchés au repentir, le$ raisonneurs à la
foi, et prit lo direction des aIfaires.
t. Jeanne d'Arc à Orléans. Jeaune entreprit aus-
-
SEARtES VII EÎ JEÀNNE D'ARC. I95
sltôt de mener I'armée â Orléans. Les Orléanais se défer
daient bien et se moquaient de leurs ennemis. Ils avaient
une artillerie nombreuse et bien servie. Un jour un cenon.
nier quitte sa place pour aller prendre son repu,s; son jeune
ûls met le feu en son absence, et le boulet va frapper eu vi-
sege le comte de Salisbury, commandant du siège, ou mo-
ment où lord William Glasdale lui disait : < Sire, vous voyez
votre ville. > Les Anglais, qui n'étaient pas &ssez nonbreux
pour enfermer la place, avaient construit tout autour des
forteresses ou bastilles pour la bloquer. Bientôt ils se
concentrèrent dans les deux principales, celle des Augustins
et celle des Tournelles; Jeanne les en chassa. Elle voulait
les leisser fuir, mais les capitaines I'entruînèrent. Elle
atteignit I'ennemi à Patay, le battit, et fi.t prisonnier lord
Talbot (1429).
7. treanne d'Arc à Reims UeZq, - Que faire main-
tenant de I'armée victorieuse? Les politiques de cour vou-
laient envoyer des détachements en Normandie pour ravi-
tailler les petites garnisons qui tenaient encore pour le roi.
Jeanne décida qu'or irait à Reims. Idée supérieure dans sa
simplicité et dans sa hardiesse I C'est à Reims que le roi de-
vait être sacré, et, aux yeux du peuple, le sacre de Charles
devait prouver son droit. L'armée arriva sous les murs de
Troyes qui possédait de solides retranchements, une garni-
son anglaise et bourguignonne, une population hostile aux
Armagnaes. Les politiques du conseil triomphaient et se
moquaient de I'héroïne. Jeanne, qui n'avait pas été admise
uux délibérations, entra dans la salle et demanda trois jours,
< Nous attendrions bien six jours, si nous pouvions *oire
&u succès I Vous y entrerez demain I l Elle
- Six?
eourut nux fossés, sa bannière à la m.ein ; le peuple la
suivit ; on jeta des fascines, des branchages, des piet'res,
des tables ; on remplit le fossé, et Jeanne comm&nda I'os-
saut. Lo garnison, surprise et éperdue, parlementa et ss
rendit. Six jours après, I'armêe était à Reims, et, le di-
monche l? juillet, le gmtttr dauphin d.evenait, par le sacre,
le roi tharles VII.
8. Jèanne d'Arc à Compiègue. - Est-il vrai que
Jeanne d'Arc demando alors à se retirer, qu'elle douta de sa
mission, et n'eut plus que de sombres pressentimenfs? Elle
o déclaré elle-même qu'elle voulait chasser les Anglais de
France, les poursuivre chez eux, et délivrer le duc d'0rléans,
t96 HtsrornE DE rnaNcE.
prisonnier depuis Azinsourt. Malgré son avis, on la mena
devant Paris, où elle échoua et fut blessée. Elle revint assié-
ger les villes qui avaient quitté le roi pour le duc de Bour-
gogne, et se jeta dans Compiègne menacée. Blle fut prise, en
couvrant la retraite des siens, par le bâtard de Vendôme, qui
lB, vendit, à Jean de Luxembourg : Jean la livra aux Anglais
pour dix mille livrcs.
9. Jeanne d'Arc à Rbuen, Borr procès ({43{). -
Elle fut conduite à Rouen, et les Ang).ais sehâtèrentdecom-
mencer son procès, dans I'espoir de déshonorer &vec elle le
cause qu'elle avait si vaillamment défendue. Pierre Cau-
chon, évêque de Beauvais, fut chargé de présider la cour ec-
rlésiastique qui devait la juger. Ce Français a eu le malheur
ùe faire brtler vive I'héroïne de la France. L'accusée futtou-
chante et admirable; la fière et naTve simplicité de ses ré-
ponses confondait le tribunal. < Jeanner croyez-Yous être en
état de grâce ? je n'y suis, Dieu veuille m'y mettre t Si
- Si m'y
j'y suis, Dieu veuille tenir t ne se
- Les gens d'arfnes
faisaient-ils pes des étendards à la ressemblance du vôtre?
Ne les renouvelaient-ils pas ?
rompue.
- Oui, quand la lance en était
frJ'svs2-vous pes dit que ces étendords leur por-
- je : har-
teraient bonheur ?
- Non, disais seulement entrez
diment parmi les Anglais, et i'y entrais moi-même. - l\{ais
pourquoi cet étendard fut-il porté en l'église de Reims su
saue, plutôt que ceux des autres capitaines ? Il avait été
-
à la peine, c'était bien raison qu'il fùt à I'honneur.
- Quelle
était lo pensée des gens qui vous baisaient les pieds, les
mains et les vêtements ! gens venaient vo-
- Les pauvre$
lontiers à moi, perce que je ne leur faisais point déplaisir;
je les soutenais et défendais selon mon pouvoir. > On lui
promit de la mettre dens une prison d'Eglise, si elle quittait
les hebits d'homme et abjurait ses erreurs. Elle consentit, et
fut ramenée dans la prison laïque. Là, ses gardes lui reti-
rèrent ses habits de femme, et, quand elle voulut se lever,
elle dut repreudre ceux qui lui étaient interdits. ( Elle est
prise,l dit Cauchon au comte de ÏVarvick, et elle fut con'
demnée à mort comme hérétique relepse.
10. Supplice de Jeanne d'Arc. - 0n la lia sur un
chariot, et on la conduisiù sur la place du Vieux-Marché de
Rouen, où le brlcher était élevé. Elle demanda la croix : un
Anglai.s lui passa uue croix de bois qu'il flt d'un bâton; elle
nB l& rcgut pes moios dévotement, elle le baisa, et la mit,
OEARIE$ VII EÎ JEANNE D'ARC. T9?
elte
cette rude ffoix, sous ses vôtements et sur sa cheir. Mois
aurait voulu la uoix dc I'église' pour la tenir devant ses
Isom'
;;; j"tq;à la inort. Le bon huisiier Massieu et frère
upporta de la paroisse Sajnt-
i,art h*ent tant, qu'on lu lui
qu'Isambart
Suouuor. Comme ôlle embrassait cette moix, et
f'Ën.o*ngeoit, les Anglais commencèrent à trouver cela
ùir" fo"Sl.. Ils firent nionter deux sergents. pour la tirer cles
mains des prêtres. Au pietl tlu tribunel, elle lut s&lsle
nut tut hommes d'armes qui la l'raînèrcnt au bourreau'
ï;i ;i;";ïi o roi* ton ofdce. > Cerrc furie de soldats fit
horreur.
< Elle n'&ccusa ni son roi, ni sessaintes' Mais,
ps'rvenue B'u
hout du bùcher, voyont cetie grande ville, celte foule immo-
silencieuse,"elle ne pu"t s'empècher de dire: < Ah t
bile et :;"i
Ë;;;, grund'ptut qo* fu n'aies à souffrir de ma mort I I
Cefte qrii aùit tou.'é le peuple qt qle le peuple af3ndgnlait
que de lo
n'exprimn en mourânt (ôdm'iruble douceur d'âme l)
compasslon Pour lui.
o'Etlr fut'liée sous l'écriteau infâme, mitrée d'une mitre
où on lisait : < hérétique, relapse, apostute,-ydolastre' I
Et
slors le bourreau mit Ie feu. Blle le vit d'en haut, et poussa
un cri. Puis, comme le Frère qui I'exhortait ne faisait pas at-
tcntion à la Ilamme, elle eut peur pour lui, s'oubliant ello'
même, et le fit descendre.
- r, ,.. Cependant la flamme montait' Au moment où elle
lo ioutha, ia malheureuse frémit' Mais, se relevant aussitôt,
uilu nt tto*-o plus que Dieu, que ses ânges e! se.s sointes'
-o gui,
Elle leur rendil témàignage i mes voir étaient de
Dieu, mes voix ne m'onlt pas trompée I >"' Vingt ansaprès,
lcs dcux vénérablcs religieux, simples moincs, voués à la
pauureté et n'ayant ricn t gûgner ni à maindre cn ce monde,
àéposent ce qobn vient de lirô : o Nous I'entendions, disent-
r-ii*, â""t ti t o invoquer ses saintes' son archange ; ellc
u ropotoit le nom du sa'uveur. Enfin, laissant tomber sa tête,
r elie pousstl, un grand cri : < Jésus. >
o Di* mille Èommes pleuraient. Un secrôfaire du roi
d'Anglelerre disait tout hout cn revenant : < Nous sommes
t
o petdus, nous &Yons brùlé une sointe t >
if . tiaité d'Arras (t4Jb). Cet assassinat- juridique
-
n. rut point utile aux Anglais.'En vain le cardinsl de win-

l. Michelet, Eistoire de France' l.Y.


I98 EISTOIRE DE trRANTE.
chester fft-il sacer le jeune Henri YI. Les Anglais s'aliénèrent
le duc de Bourgogne eu moment où ils avaient le plus besoin
!e son eppui, et Chsrles VII engagea des négociatiops avec
Philipp_e le Bon. J,e congrès d'Aruas réunit, sous ls prési-
dence des légats du pape, les représentants de presque toutes
les puissances européennes; et le réconciliatiôn du roi avcc
celui qu'on eppelait le grand, d,ue il,'Occi,ilent s'accomplit mal-
gré les efforts des ambassadeurs anglais. charles se décrarait
innocent du meurtre de Jean sans Peur, promettait de fonder
une chapelle expiatoire sur le pont de l\{ontereau, éloignait
de sa personne Tenneguy Duchâtel et ses complices, cédait
les villes de lo Somme, et exemptait de I'hommage le duc
Pùilippe sa vie durant. La Fronce crut ne pas acheter trop
cher la neutralité ou I'appui de la Bourgogne, et, l,année suil
vante, Paris se rcndit eu roi national.
12. La Pragrrerie (t a&0). Mais les Anglais n'étsient
pas les seuls ennemis du roi. Les - grands seignéurs commen-
clre^nt à uainrlre pour leur indépendance; ils prirent pour
chef celui qui devait être plus tard leur impitoyable ennômi,
le dnuphin Louis. Ils trent la révolte appeléè praguerie, ù
cause des massacres c_ommis à prague, en Bohême, pendant
ls récente guerre des Hussites. Le roi partit dc poiiiérs avec
son connétableRichemont, et son maitre de I'artillerie Jeon
Bureau, saisit Saint-l\{aixent assiégé par les rebelles, ct regut
leur soumission. La bourgeoisie et les poysans lui avaient
prêté un actif concours. cependant l'étranger possédait encore
Ia Normendie et la Guyenne ; les nobles, rèndus par eette
longue guerre plus muels et plus indociles, pillaienf et mas-
sacraient sans crainte; les aventuriers, qui prenaient I'hor-
rible nom d'écarcheurs, étaient plus redoutabjes aux pa,ysa,ns
gu'&ux ennemis ; la peste et la famine sévissaient partout; it
n'y evait pour la malheureuse France ni sécurité riàns le prô-
sent, ni espérance pour I'avenir.
13. Réforme de I'armée.
- Il un
m&uxun roi sage, habile, bien serni,r,
fallait contre tant de
second Charles V :
son petit-lils sembla vouloir I'imiter. suivit-it res conseils
d'Agnès Sorel, les encouragements de sabelle-mère. yolande
d'Anjou, I'exemple de son connétrble, de Dunois, I'illustre
bâtard d'Orléans, et de I'héroîque jeune lille qui était morte
pour lui ? Quoi qu'il en soit, il secou& la torpeur dc sa jen-

l. Cest ls lurnom qubu a donné à Gharles VII.


CEÂRLES VII ET JEÀNNE D'ARC. I99
nesse, et I'Indolent devint le Victorieux. Il commenge por
réformer I'armée. Ilcréa quinze compagnies de cent lonces,
chaque lance comprenait six hommes ; ce qui formo une &t-
mée de neuf mille cavaliers (1439); il forma I'infanterie cles
francs archers (1448), en ordonnent que chaque poroisse
fournît un homme pourvu de ses &rmes et connaissant les
exercices militeires; il imposo à cette armée nouvelle de sé-
vères règlements. En même temps, pour débarr&sser le pays
des écorcheurs, il en men& une partie en Lorraine contre
Metz, et donna le reste à son Iils aîné qui les conduisit contre
les Suisses, et en ût tuer sept mille à la bataille de Saint'
Jecques (1,441).

Carte de la Guyennc.

Les nobles furent intimidés par des procès et des exécu-


tions ; le maréchal de Retz, qui égorgeait des enfants pour se
livrer à la magie, fut brrllé vif ; Ie bârtard de Bourbon fut
cousu dans un sec, et jeté à la rivière.
14. Expulsion déflnitive des Anglais (l4t*g-1453).
Charles VII, maître d'une armée permanente et discipli-
-
née, il'impôts réguliers votés par les éttts généraux d'Or-
léans (1439) et rendus perpétuels par se propre volonté, allié
au clergé de France, à qui il avait donné la pragmatique
sanction de Bourges, aimé du peuple qui ne ménagcait pas
Bo reoonn&issance à son libéretcur, bien pourvu d'ergent,
IOO EISTOIRE DE FRÀNoE.
grâce à lo libéralit6 patriotique du grand négocïant Jacques
Ceur, dont il avait fait son argentier, reprit, la guerre na-
tionale. La Normandie fut conquise $Leq; six milleAnglais,
commandés par Thomas Kyriel, essayèrent une descente, et
furent battus à Formigny per I'argent de Jacques Cæur, les
lanees de Richemont et les canons de Jean Bureou (t450).
L'année suivante, la Guyenne fut occupée par Dunois, et
Bordeeux ouvrit ses portes; mais bientôt, mécontente de la
domination frangaise, la province rappelo les Anglais : lord
Talbot périt à Castillon (f 453), et Bordeaux repris perdit ses
privilèges.
16. Mort de Charles Vf[.
- Restaient les grands à
contenir et le Dauphin à dompter. Le sire de Lesparre eut la
tète tranchée, le comte d'Armagnae fut condamné ou bannis-
sement, Ie duc d'Alençon à la prison perpétuelle. Quant au
Dauphin, < qui subtiliait jour et nuit et inventait maintes
étrangetés, u le roi le reléguo en Dauphiné. Puis, comme il
eontinuait ses intrigues contre son père, le comte de Cha-
bannes marcha contre lui et le forga de s'enfuir à Genappe,
chezle duc de Bourgogne, Philippe le Bon. Charles VII linit
tristement; on dit qu'il se laissa mourir de faim, craignant
d'être empoisonné par son tls. Il est plus probable qu'il fut
étoulfé por un abcès qui lui mev& dans la gorge (t46t).
Ingrat envers Jeanne d'Arc, qu'il laisso martyriser, et onvers
Jacques Cæur, qu'il abandonna à ses ennemis, il evait fait
avec leur aide deux grandes choses : Ia conquète du royaume
et ls réforme du gouvernement.

IECTURE.
- Jacques C@ur.

Jacques Cæur, né au commencement du quinzième siècle, fut I'un des


créateirrs du commerce franQais. Illarchand de Bourges, il étendit bien-
tôt ses relations dans le monde entier. Il avait trois cents agents dans
la Méditerranée. Les mers étaient couvertes Ce ses vaisseaur; à lui seul
il diriseait plus d'af[aires que tous les négociants rénnis de France et
d'Italié; au-ssi le proverbe ïisait-il : riehe comme Jacques Cæur.
Charles VII le nomma maltre de la monnaie de Dourges, puis son
argentier, c'est-à-dire contrôleur général des finanees. Jacquès Cæur
reidit de grands services à la royauté. tl prêta à Charles VII 200 000 écus
d'or. oui aidèrent ce prince à conguérir la Normandie, et cntretint guatre
arméei à ses frais pèndant la ddrée de cette guerre. Il fut envoyé en
ambassade auprès du pape; nais pendant son absence il fnt calomnié,
accusé de traliison et de- concussicin, et, après un procès inique, con
damné à mori (1153).
Le roi aurait' dri défendre uu serviteur aussi dévoué; il se contenta
JÀC0UES coûuR. 201

de commuer sa peine en celle de la.d.étention'


Jacqttes.Cgil-ft"l'l'ot
mais, par I'en-
orisonnier daus Ie *rftff'Ë-";d-d,;ùil-âtBeanciire;
il avait.fait.épouser sa
tremise d'un de r.. ru.tËuÀl-U,iiitigà, I çi
ii ivaitété plu[Ôt le.père
nièce, il parvint à s,écnipper.'ses com-mis,.aont somme de 60 000 écus;
que le maitre, ,, ,ot,tiiË"ni^pt* Ël;"tdii
une
ét Jacques cæur se ,-t,;;"h-R;;;;'d.ù i. r,apeinidonna
le commande-
moûrdt en l46l'
t*î't"âiuït nol[e ,ooite iei lntcs'aIl,nu,
La devisede.lacqoeÉ'Ëæîî etàii r iàtlioit rien d'impossible.

EXTiRCICES ONAUX EÎ ÉCRITS

l. Erplioation des motg. Bour-ges, préfecture du Cher'- - Cra-


,"; /, ff;;!ià;- | Y; ; : v- erii ui ti ctie i-l o e tonprovince
ie d
.ca
n
l-Ï l'.t''-
-a-q.out a
Domrémy, vltlage oËi'voti'i'";. jïîrouru, - ior-ralne'
- ancienne
ti des
formé tes oep artemcniË à J al-ri"rirr"irË;:ii-nGetle
recture
î; Ë;,."f ;;; i ;; à;i,;;u;:p ;?,i;c rillage i, c.
- Arr' as, ëastillon'
t,i'*- e i' o -CàivaOos
à ré p

du l-)as-de-Calais. - Ëornrig\'v; ou -'


chef-lieu de canton de Ia Gtronde'
2. 0uestionn"ir*. l'ôiJt îôni ret deuran"slais srancls faits du rqgn-e--q:
et drr parti françats
charles vil? - corpair"i:éii[ ïu lnrti de Chàrles YII? -
vers 1422. - QuetteJ'i;;;t;i;"p;;oiiÈit' dé"raites ville assiégcaient'alors
0u'est-ce que la :ootnOîàii-trateigst - çneile
Ia ieunesse de Jéanne d'Arc'
Iés Anstaii? - frrcoi,tËiii irîiirr",r.e et
_ Qtre thut_il penser^iË"r'r.ii',i*î -- Onr"iui répondit Baudricourl,?
delivra-t-elle orléans?
oue tir-eue , ,, .oniîË"t,î'iïiËil*i - _Cimmcnt
:- ii,iri j-iifi
uu ";
;;;;;; i-i:iiii"d"^r'
,0,Ï,it-ii ri.;ai
t**
=
Rourqiioi.Jeanne
nt z.
Ra co
1', I',1"
e I

avrit-ellé.insistô
du

Trores. - re -fure.nt sei-àerniers aetes militaires?


noui le mener à Reims?
Tïu".iii;^q;iii;i"ll, -.Qucls fairi prisonnieTgl - Racoutez son pr0ces.
réponses' llacontcz sa 'mort'
-
Faites connaitrc quclques-unes'dc ses -
ptrilippc
_ commenr crrarres\iù"r;';,i.*;iri;-t-iiiïàc Oo'e^nt le roi pour la le Bon' duc de
Bourqosne? - 0,,'estliË il";Ë"i';;;tieïiôi--
réforme de l,armée? 1ïoilï.ni ir àit,rrrrrra-t-ii
-i
tles écorc.lteurs? -
r-ce que
i';i,;ii*" ;p^.î,il"ru rent ;Ëb tiil;- r pôts. peruét el ? -
u su' Q es

la pragmatrq,,o ,r,,.iiitiC :-O;;tltt,rtlt tcd dcrtx provirtces qru res-


qrre,lles viclolrcs fttierit-clles conquises?
taient encore aux nngiais? - làr -- Q!e-!9 fut la con-
Comrnent fe roi tiaiia-t-il ics nbhtos coupalrles?
-duite rlu dauphin r,oîilt - cô**.nt morirut charles vll? - Donnez
leJ principalcs datcs de son règlte' la l'rance â l?vènement
3. Devoirs à rédisi;.":'Eii;;;qr I'étar tle a'arc.
ylt. *"a"eontcr liiiiiiliu-U.ileannô
tte ctrartes - - Raconter le
Jeanne d'ars'
ifsiËii"Ch;ttiôs vrïïepnis la mort tle

9.
CHAPITRE V
I.E TRIOITPHE DU P|IUUOIR RtlTÂI. SUR I.I FÉ(IDATITÊ
(r{6r.rr90)

I
IINTENTIONS & DÉCOUVERTES

, I.EçON

t. Inventlons et ddoouvertes.
prise. prr tes Turcs : cette date- a En 1453, Constantinople fut
été choisiJ pôùrîbiiô,ier re
début des temns mode.rnes. A. cette époque,
-' diàr;nâ;T?.ou-
verteg transfor-mèrent le monà"-.----
. ?; Lq poudre à_ oanon. L'artillerie,
-- d'un usage gei_oiai-efdéjà à Ia ba-
employée
taille de crécv. dev-i{ arors éiaigàï ru,
conditions de-ll queme.
8. Les oanaur â éoruses. Les canaux à écruses, imaginés
- diminuèrent tès-rrai's âîiiuo.-
vers la fin du. quinzième siècJe,
port, augm.entèrent la -quantité de marchandises t.âo"poitee..
rcnûrrenr l,lndusrne ptus actrve et multiplièrent les relationé
paciEques des hommes.
4. L'imprimerie. L'imprimerie. iwentée par Gutenberg,
multiplia les li'r.es -et les rccteurs; eile fit sortir t';instruiiiil ocs
eouvents et rendit accessibres à toris res æuvre J ddù;;Ë;;p"ita
ûes siècles passés.
5. La boulsore. La boussore, perfectionnée par l'Itaricn
-.
Flavio Gioja, permit aux navigatéur's de .;eioig*.'.1i. ôôiË* .t
dc traversër'rËs océans :_ ainsi I'ure't poÀ*irrr.îiiïeiài,iu.ù a.
I'Amérique par christophe coromb, c^elre dti"
par Vasio dô Gama. et ie premi;;;ôya;e aùioir. ;"rËàu*ii,ru,
aï,i;;à;;pu,
Itascllan.

nÉur
l. Prlse de Conetantinople par les Turcs. _
En t458, I'année même de la Uataittide Cestillo;;il;*_
nière de la guerre de. cent ons, constantinople, ruiiirru
au
llempire romain d'Orient, Tut prise per le ar',-rli;; îri..,
Mahomet II. c'est à cette date que ion est ,orru.nu
ae pra-
cer le commencement des temps-mod,ernes, et la
tn i;;;,Vrn
102
INVENTIONS ET IIÉCOUVERTES. 203

û,ge ou âge intermédiaire. La chute de l'empire d'Orient est,


en effet, un événement considérable. La dernière épeve dc
I'antiquité est engloutie, Ia dernière étincelle de I'ancienne
civilisation est étoulfôe, et un peuple barbare, redoutable par
son esprit militaire et son fanatisme religieux, remplace sur
les côtes de I'Archipel un empire chrétien clepuis longtemps
en décadence. A peu près à la même époque, de nombreuses
et importantes découvertes annoncent un mouvement plus
rapide des esprits et changent les conditions de la société et,
pour ainsi dire, la face. du monde.
2. Tt'attillerie. Jusqu'à I'invention de I'artillerie, la
- des
guerre, qui était la vie barons féodaux, ne fut point un
art. L'invention de la poudre, quelquefois attribuée &u
moine allemand Schrvartz, est due aux Chinois, qui la trans-
mirent aux Arabes et aux l\fongols.. Les Chinois employèrent
les conons en {232, les Arabes s'en servirent en Espagne vers
lo fin du treizième siècle, Ies Anglais à lo bataille de
Crécy ({ 346). Pendant cent ans I'artillerie tt peu de progrès.
Les Français eurent, sousle règne de LouisXI,en l463rune
artillerie légère montée sur des olfûts à roues, et acquirent
dans cette &rme une grande supériorité. L'invention de la
poudre fut tout à I'avantage des rois et du peuple. En elfet,
comment un simple baron aurait-il pu entretenir un train
d'ortilluie suflisant? Comment les châteaux féodaux &u-
raient-ils résisté à des coups répétés et frappés avec préci-
sion ? Enûn, à quoi servaient les armures ûnes, Ies cottes de
mailles et les grandes épées à ileux mains, contre les boulets
qui emportaient des ûles entières ? La science remplaço Ia
force, et un manant capable de pointer un c&non fut un meil-
leur soldat que Charlemagne.
3. I-,es canaux à écluses. Les anciens connais-
- s'ils savaient donner de
saient I'alt de la canalisation; mais,
I'écoulement aux eaux ps.r des fossés, ils ne savaient pas les
maîtriser par les bamages et les écluses. Les c&n&ux à écluses
furent inventés vers la tn du quinzième siècle (f 481) par
deux ltaliens, Denis et Piene de Viterbe. Ils imaginèrent de
placer dans des rivières deux banages ou portes, séparées
I'une de I'autre per un espace capable de contenir un bateau.
Plus tard, le grancl Léonard de Vinci fit connaître cette in-
vention en France, et les Franqois proclamèrent les premiers
tout le parti qu'on pouvait en tirer. Ils comprirent que, par
des écluses qui retiendraient les eaux, on pourrait foire fran-
20tt IISTOIRE DE FRÀNCE.
shir aux bateaux des chnînes de montagnes, et les faire pas-
ser d'un fleuve dans un autre. Dès làJ8, on parle d'unir Ia
mer l\féditerranée à l'Océan. Ce fut Ilenri IV qui étoblit le
premier grand canal, celui de Briare, entre la Loire et la
seine. Les conséquences de l'établissement des canaux furent
grandes. En effet, un cheval porte cent kilogrammes; attelé
à une voiture, il en treine mille; attelé à un bateau qui vogue
Bur une eau dormante, il peut tirer sans plus de fatigue et
Èr'ec &ut&nt de vitesse un poids de vingtmillekilogr&mmes.

Un canal à écluse,

Donc les frais de transport sont diminués, et la quantité de


marchandises transportées est augmentée, Dès lors, les usines
et les manufactures se multiplièrent, lescarrières etlesmincs
s'exploitèrent plus facilement, les denrées de toutes sortes
circulèrent avec plus d'activité, les produits nsl,urels de
chaque province aruivèrent dansles provinces voisines, et les
objets précieux venus de I'Inde ou de I'Amérique pônétrèrent
par la navigation intérieure jusqu'au centre du continent.
Ainsi s'acmut la prospérité générale; ainsi s'établiren[ entre
les hommes des relations pacifiques qui contribuèrent à la
longue à elfacer les préjugés et à diminuer les haines poli-
tiques et religieuses.
4. L'imprimerie. - lllais la plus grande invention de
cette époque si fertile, c'est I'imprimerie, qui mit à le portée
de tous les connaissûnces dc chacun, et garda pour la posté-
INVENTIONS ET DÉCOUVERTES. 205

rité le travail des siècles untérieurs. Au moyen âgc, les


moines copiaient à la main les ouvrages qu'ils voulaient con-
server ; aussi ces nlanuscrits étaient-ils rarcs et chers. Une
comtesse d'Anjou, au sixième siècle, payû pour un mtrnu-
suit deux cents brebis, un muid de froment, un autre de
seigle, un troisième de millet et un certain nombrc de peaux
de martre. Les hnbiles copistcs étaient considérés comme des
hommes divins. Un vieil historicn ro.conte qu'il y avait dans
un couvent un frère qui s'était rendu coupable de bcaucoup
de fautes. Il copia de son propre mouvcment un volume consi'
dérable dc la loi divine. Après sa
mort, son ùme fut appelée devant
le souverain juge, et les mslins
esprits mirent ou jour ses innom-
brables péchés; mais les enges
montrèrent le livre qu'il avait écrit
et comptèrent les lettres qu'ils op-
posaient à chaque péché. Il se
trouva une lettre de plus, et le
démon nb parvint à lui opposer ûu-
cun péché. C'est pourquoi Ia clé-
mencc divine épargna le frère.
Jean Gutenberg, né à Mayence
et établi à Strasbourg, inventa
dans cette ville I'art de I'impri-
merie. Il fontlit des lettrcs mobiles
en métal, de manière qu'on pùt les
assembler à volonté pour formcr
des mots, des lignes, dcs pagcs.
C'est en 143 6 qu'il forma a.Yec
André Dryzehn et plusieurs autres
une société qui établit le premier
atelicr de typographie. Plus tard,
il se transporta à N'Ioyence, où il {it en {450 une nou-
velle société avec Furst et Schell'er, qui mirent leurs noms
sur les plus anciennes éditions connues. Sur dcs pagcs de
métal, enduites d'encre, ils appliquaien[ des fcuilles de pa-
pier à I'aide d'une presie, et muliiptiaient indéliniment lcs
ôxemplaires tlu môme ouvrage. Lc premier livre imprimé
fut lâ Bibte(1a55). Dès l,!t65, Rome eut une imprimerie,
'en
Venise et lt{ilan l,tr6g, Paris cn l&7t, Le prix des
livres diminua, et 0n put lire partout les éuivoins Srecs'
206 EISTOIRE DE FRÀN0E.
latins, frangeis, que les imprimeurs publiaie'nt en grenil
nombre.

Presse ù irnprirner.

5. La boussole. - Les anciens navigateurs rasricn[


timidernent les côtcs et n'osaicnt s'aventurer hors de la vue
des tenes. Les Chinois décou-
vrirent que I'aimunt se tourne
toujours vers le nord, et ils se
servirent d'une aigtrillc ai-
mantée placéc sur un moroeau
de liirgc dans un vase plcin
d'eau. L'Italien Flavio Gio.ia
d',\malû suspentlit I'aiguilie
surlln pivot, d'acier, et il en
La boussole. rcndit ainsi lcs indications
plus précises. 0n perfectionna
lo boussole, les cortes, les compas, &u collège maritime
de Sagre, en Portugal, fondé par le prince Hcnri.
Le murin ne craignit plus de s'a,venturer sur des mers in-
connues, sfir de pouvoir trouver sa route au moyen de la
boussole et du compas. Ainsi Christophe Colomb put décou-
vrir I'Amérique ({ +92); Vasco de Gama, doubler le cap de
Bonne-Espérance et trouver la route maritime des Indes
orientales (1497); Magellan, entreprendre le voysge outour
du monde (t519).
INVENTIONS ET DÉCOUVERTES.

- Trolr grands navigateurr.


IECTURE.

Christophe Cor.on, né à Gênes, en l44l, après avoir étudié les


uathematiques et la géographie à I'universitâ dô pavie, eonçut I'idée
de I'eristence d'un continent dans l'Océan occidental. Il lâ com"uuniqua
au gouyernemenl de Gênes, à la France, au roi de portuqal: mais. son
projet p'a.yant pas été accueilli, il s'adressa à Ferdinanilet'à IsaÉelle,
gui régnaient .en Pspagne, _et gui, après beaueoup de diflicultés, lui
fournirent trois vaisseaux. ll mlt à la voile le B aôût 1492, et. trente-
trois jours ap.rès, il prit terre à Guanahani,-l'un_e des Lricay'es, qu'il
nomma San-Salvadorf puis il découvrit Saint-Domingue. Il retbuina cn
Europe, où il fut reçu àvec de grandes marques -et de ioie et de consitlé-
ration. 0n lui donna des lettres de noblesse, on le-nomma amiral des
Irrdes. Dans trois autres voyages, il découvrit la Jamaîque. la Guade-
loupe et la côte occidentale ôe-l'Amérique du Sud, à laquel'le il donna
le nom de Colombie. Il mourut en 1b06, après avoir es'suyé I'ingrati-
tude de ses concitoyens.
_-L'histoire _n'a pâs été plus juste envers ce grand homme. C'est
Christophe golo.mb .qui a découvert I'Amérique, àt c'est un Florentin,
Aménco, qur a tlonné son nom au nouveâu continent.

Vrsco nu Glur., célèbre navigateur portugais, doubla le premier le


eapde Bonne-Espérance, en 1497. Après
'il avoii couru de grands dangers
sur la côte orientale de l'Àfrique, aborda à Calicutl ville de I'ln-
doustan. Ainsi,, ce sont les Poriugais gui, Ies Dremiers,'ont découvert
la route maritime des lndes. Cetle route a été suivie' iusou'à notre
époq.ue 1. mais le p.ercement du eanal de Suez a ouvert rine ïoie plus
courte et.plus facile.par la mer trléditenanée et la mer Rouge.
Vasco de Gama a éié le fondateur du puissant empire poriusaisdans
la mer des Indcs. Les Ànglais sont inaintenant les ùaitreis de cet
empire.

[I.lcrr.lrx, navigateur portugais, servit d'abord dans I'Indoustan.


llais, irrité de I'ingrltitudele sa patiie, il se rendit aurrrès de Charles-
Quint qui I'accueillit favorablement. Il voulut atteindre les iles de
l'Océanie en cherchant un passage à I'extrémité méridionale de l'Àmé-
rique. Son expédition réussit. ll partit en {5{9, lonsea la côte de
I'Amériqrre d.u Sud, découvrit, en {S20, le détroit'qui florte son n0m,
entre I'Amérique méridionale et Ia Terre-de-1.'eu,- mi't trois mois ei
vingt jours à travcrser I'océan Pacifique, et aborda aux iles Philinnrnee
en 152t. Il futtué, peu de temps aDiès. par les naturels de cesilès.
Magellan est le premier navigateùr qui'a entrepris uu voyage autour
du uànds.

EXENCICES ONÀUX ET ÉCRITS

l. Erplication deg mots. - Ifiauenee, ville allemande. Strasboure.


capitale de l'Àlsace. - de Naplei.
Àmalfi, ville d'ltalie, ancien royâume
â. 0uestionnaire. - Quelle est la date de la prise de Constantiriople
par les Turcs? - a-t-on placé à cette-date le eommencemènt
- Pourquoi
des temps modernes? A qui attribue-t-on I'invention de la poudre à
canon? -
A quelle bataille ïe servit-on pour la première foii de I'ar-
-
208 EISTOINE DE FRANCE.
tillerie en France? Quelles furent les conséqnences. de l'invention de
-
iï'ioîOiôr - Qn'etaiËcc que les canaur chez
-les
Â. qnclle
budo,,e i.,irnt iirrerrtcs les'eanaux à écluses? -
an-ciens?
-
Qu'est-ce qui a fait
iôririaitrc les écluscs en I'rance? - Quel esII'avantage des canlux? -
O;;;ii;s furenI les colséquenees de I'invention des canîux à écluscs? -
ô.eité-eit ii irlus srandb intentiott du quirrziômc siÔcle? - Qu'était-ce
q-;; iÀr-manlicritsi Etaient'ils cherS? i\lontree le cas q'e l'on
-
t-iirii-O u'r copiste ây mgTen âge.
-
Qucl csl, I'irrrenteur de l'impri.
rôiiei- -
Qubl fut le prdmiu"lilre imprimô? Donnez la tlale de
-
lcirl,tisscmint des imprïmeries à Rgme, à ltlilan,.à. \'enise,. à I'arii'
0u'est-ee (rte la borrsiole? Comment Flavio Gioja l'a-t-il pert'cctton-
-
;d;t- -
Qirelles furcnt lcs conséqttenees.de eette invention? -
iont tes dïtes tle la tiécouverte de I'Amérique, de celle de la route ma'
Quelies

- g. -Devoii
ritime des lndes, du premicr voJage atttour du nonde?
e rétigei. - Quellôs-sont les principales tlécouvertes du
quinzième siècle ?

u
LOUIS XI & CEARLES LE TÉUÉNEIRE
(r{Bt-t{83)

rEçoN

l. Progràs
-
dn pouvoir royal'-- L-e quinzièruc. siècle vil, partout
erandir lc pouvoir royal. En t'rance, Lo.uis- xl ' collttj.tuant
F;ï;;.lc Chartcs Vll, Ëourbattit toutc'sa vie lo grantle féoda-
iiîal'ài"itô-àÈôi-te-plus puissant était Charlcs Ïe Téméraire,
duc de Bout'gogne.
- e. iouis x.lit Ctrartesle Téméraire.- La féodllitô nrcnaqa' à trois
rcpliscs di[1ér'ctrtcs, lc pouYoir royal' En 1465, elle tit la ligue
;iiti* ùutlir,laLiit te loi à nlorrilhôr'y et lui inrposa lcs trlités
dc Connins c[ t]c Saint-l\latrr. En l4GB, lc duc de l]ottrgogne,
CInrlr:s le'l'éurÛrtirc, lc tiut prisouuier à Pér'onnc et lui til si.gner
Jcs col.liti.-,ps tlisirstrcuscs,- Iiu I172, lcs prittces corup)olèl'ent
Jà-rôu,nloccr Lorris par son fr'èrc illarlcs- ct de tlôrlctnbrct' le
iotnu,r'c : Cltitt'lcs trtourttl, cL lc Téurérairc, rcpoussô t1u Bcau-
viis, acccpta la trôve tic Scnlis.
l.'p.oiÀit ct mort de Gharles le Téméraire. - Lc roi^profita tles
eurlra'rCs que lc duc se crét en Alleutagne_et cn Sutssc pour
i.iit.r avcd E.louartl IV, roi d'Angletmrel ii Pccquigny;-puis il
itOôiura la féodalité, tantlis qtrc lô duc de Bourgogne, battu à
Grausou et à tlorttt, périssait a Nitttcy.
4. Guerre rte la sirôcession de Bour"gogns. - Louis XI s'aliéna
on.' .ôr ncr.fittics t'héritièrc dc llourgognc qui donua sa ntajn à
[ii*i,i,itit, rl'AuLriche : ]a lrlance n''ôblint q-u'unc partic,de I'hé'
ritase:
-- rnais elle acquit pcu après Ics bicus tle larnaisrrn d'An.iou.
S.'Couv.rncment dô louis Xi. - L'agrattiisscntcnI t]u royaunre
rendit néccssairc la créalion dc tlois parlernents DouYeirux;
touls xI. 209
les postes furent lnstituées; I'armée fut doublée, les impôts
triolés. Cependant I'industrie et le commerce, protégés contre
la'violenqe', ûrent des progrès, et la première-imprïmerie fut
êtublie a Paris.

nÉcIT

l. Puiss&nce deg rois au quinzième siècle. -


lt royeut6 a grandi dans toute
C'est au quinzième sièele que
l'Europe. En Angleterre, la guerre civiledesDeux-Roses, qui

--'T$ïiij
.",.44,4,
;il

Louis Xl.

commence ù la fin cle la guerre de tent ans, onéantit I'aristo-


uatie et fortifi.e I'autorité royale : Ilenri VIII établit sans
peine son pouvoir sur les ruines des privilègcs purticuliers et
des libertés publiques. En Espagne, Ia réunion des trois
couronnes de Navarre, de Castille et d'Aragou donne lu roi
?IO HISTOIRE DE FRANCE.
F'erdinanil le Catholique le puissance, et I'expulsion des
I\(aures de Grenade lui assure, pour longtemps, la popularité.
En Àllemagne, Frédéric III ne parvient pas à vainme une
féodalité trop bien établie, mais il agrandit ses Etats hérédi-
taires, et laisse à ses descendants assez d'influence pour que
la couronne impériale ne sorte plus de sa maison. En France,
en{in, Louis XI continue l'æuvre de Charles VII, et achève de
mettre les rois hors de pair.
2. T-ta France en 1461. A la mort de Charles VII, la
-
royauté, victorieuse des Anglais, aimée du peuple, maitresse
d'une armée permanente et de revenus assurés, disposait
d'une puissance considérable. Cependant la féodalité, re-
constituée par le funeste usage des apanages, comptait en-
core de redoutables représentants. tes principaux étaient les
ducs d'Orléans, de Bourbon, d'Anjou, de Bretagne et de
Bourgogne, qui possédaient de vastes tenitoires et y exer.
çaient à peu près tous les droits régaliens. Le dernier sur-
tout, qu'on appelait le grand-duc d'Occident, avait fondé
entre la France et I'Allemagne une puissance qui semblait
devoir auêter tout agrandissement du côté de lo, l\{euse et du
Rhin; il possédoit la Bourgogne, la Franche-Comté, I'Artois,
la Flandre, le Hainaut, la Hollande et beaucoup d'autrcs fiefs.
Allié à plusieurs rois étrangers, maître d'un trésor considé-
rable, disposant de la chevs.lerie lrourguignonne et de l'in-
fanterie flamande, il paraissait dans le monde avec plus
d'éclat, sinon avec plus de puissance que le roi de France.
3. I-,ouis XI. Louis XI s'attoqua à cette féodalité
princière. C'était un- roi actif, réfléchi, rusé, irnpitoyable et
superstitieux. Il voulait tout voir, tout savoir, tout fairc :
< il portait avcc lui tout son conseil, lr suivant I'expression
du sire de Brézé. Son esprit, d'une mobilité incroyable,
< subliliait jour et nuit nouvelles pcnsées, n qui toutes
avaient pour but I'alfranchissement dc son pouvoir et
I'anéantissement de ses ennemis.
4. Ligue du Bien public ({465). Dès son avène-
ment, Louis mécontenta tout le monde - peuple, en B,ug-
: le
mentant les impôts I I'Université, en lui défendant de se
mêler de politique; les parlementq, en restreignont leurs
ressorts ; I'Eglise, en abolissant lo pragmatique sanction ; la
noblesse, en lui enlevant le droît de chasse ; le duc de Bre-
tagne, en soumettant à la juridiction du parlement de Paris
les arrêts de son parlement de Rennes ; le comte de Charo-
IOUIS XI ET THARTES IE TÉMÉRÀIRE. 2II
lais, Charles Ie Téméraire, en rachetant au vieux duc Phi-
lippe le Bon, sonpère, les villes de lo Somme. Saint-Quentin,
Péronne, Amiens et Abbeville, lo barrière de la France du
côt6 du nord,
avaient été cédôes
par Charles VII au
traité d'Arras , à
condition qu'elles
pourraient ôtre rs-
rt l auih\=tl
\a
/ .qFN"
--.;É*---
Y'
chetées pour qus,-
tre cent mille écus
:;.,..-ç,
t',iiiP" /!H
d'or. Louis s'em- {lnÎ ron '
pressa de proposer 'n
le rachat. Ce coup "
était bien joué;
mois, comme le Lr
roi s'était attaqué ssÀû
--ticùE-l
* I-(trmpes
à tout le monde o' o

en môme temps, BIEN P UBLIC


146t-14ô{
tout Ie monde se
tourna contre lui, et, prr sa, témérité, il mit la royauté en
grand péril. Plus de cinq cents princes et barons formèrent la
ligue du Bien public.
5. llraitée de Conflans et de Saiat-Maur ({465).
- IIs prirent pour chef le jeune duc de Berry, frère du roi,
et répandirent un
menifeste adressé 1;...,.1
' ' :-.( !r r ur o
S'Pol - o,^ RIL\S
OARILâ,:
au tiers état, dans o
lequel ils décla- -7rtlr7z,tr;, ^, l),rullcns
raient qu'ils pre- I
ttqn! -' I. I L
naient les &rmes ô ^ t'('ront)e
pour soulager la nryIE 1n5.tti.,,rararc_ \
France et le peu- \ t*'ul,' t'
ple si misérable
-. ^-'liii.{ilj*
ïëîll
LLES D€ LASOÀ
( sous le discord Cidics par Jc
R.1ITE D'ÂRII
et piteux gouYer-
nement tlu roi
Louis XI ). Tandis que Charles Ie Téméraire, François
de Bretogne et Charles de Berry marchaient vers Paris, le
roi fondit sur les conjurés du Midi, que commandait le
duc de Bourbon, et leur imposa le traité de Riom. Puis
il revint vers s& capitale livrer au Téméreire la bataille
gI? HISTOINE DE FNÀNTE.
indécise de Montlhéry, et s'enferm& dans Paris où il
fut aussitôt assiégé. Entouré de trahisons, il se résolut à
signer les traités de Conflans et de Saint-Maur, et accorda
sux révoltés toutes leurs demandes : à Charles de Beruy la,
Normandie, à Charles de Bourgogne la Picardie, à Fronçois
de Bretagne les droits régaliens dans son duché, au comte de
Saint-Pol I'épée de connétable. I\Iais, en signant les traités,
Louis songeoit déjà à les violer. Il détacha de la ligue le duc
de Bourbon en lui ilonnant le gouvernement de toute la
Fronce méridionaie; il excita la rivalité des deux ducs de
Bretagne et de Normantlic, et s'empart sans coup férir de le
grande province gu'il venait de céder à son frère.
6. Entrevue de Péronne (1468). - Le Téméraire,
devenu duc de Bourgogne par la mort de son père, Philippe
le Bon,, forma une nouvelle ligue entre les seigneurs.
Louis XI, qui préférait les conférences &ux botailles, commit
I'imprudence d'aller trouver son ennemi à Péronne, &u mo-
ment même où il envoytit des émissaires pour soulever les
Liégeois, sujets du duc. Au moment où sa ûnesse et ses
bonnes paroles commengaient à adoucir l'âme farouche de
Charles, des courriers amivèrent, annonçant que Liège était
en pleine révolte, ct que les agents frangais avaient tout fait.
Aussitôt ordre fut donné de fermer les portes de Péronne et
d'emprisonner le roi dans le château où llerbert de Verman-
dois avsit laissé mourir Charles le Simple. Au premier mo-
ment, Chsrles voulait le foire tuer; puis il songea à le tenir
en prison perpétuelle et à le remplacer p&r son jeune frère.
I\{ais, sur les instances de ses conseillers, et surtout de
Philippe de Commines, son secrétaire, il se radoucit et
consentit à écouter des propositions. Le traité de Péronne fut
un nouveau traité de ton{lans. Le roi renongrit à toute juri-
diction sur la Flandrc, à tout impôt sur la Picardie; il don-
nait lo Champagne et la Picardie à son frère, et, s'engageail, à
aider le duc de Bourgogne contre les Liégeois.
7. Nouvelle ligue contre T-,ouis )(I (l tr72).
Echappé des mains de son ennemi après la prise de Liège, -
Louis Xi punit ses traîtres conseillers, l'évèque de Verdun et
le cardinal Balue qui tôchaient d'accordcr contre lui Charles
de France et Charles de Bourgogne, fit accepter par son frère
la Guycnne à la place de la Champagne, placée trop près des
Elats du Témérairc, conyoqua les états généraux à Tours
pour cesser le traité de Péronne et envahit brusquement la
\

t0uts rt ET cHÀntEs tE rÉMÉRalnn. 213

Picardie. Une grande ligue se formo oontre lui : le roi d'An-


gleteme, Edouard IV, beou-frère de Charles le Téméraire'
les ducs de Guyenne, de Bretagnc et de Bourgogne, le roi
d'Arogon, et presque toute la grande féodolité franEaise
s'unirent pour démembrei la France. < J'aime mieux le bicn
I du royaume qu'on ne pense, disait le Téméraire, car, pour
un roi qu'il y &, j'en voutlrais six. u A Bordeaux on disait
que ( Anglais, Bourguignons, Bretons allaient coume sus au
roi, et qu'on meltrait tont de lôvriers à scs trousscs, qu'il ne
saurait de quel côt6 fuir >. Un seul événemcnt pouvait le
sauver en déconcertant les conjurés du l\{idi, c'él,ail, la mort
de son frère. Son frère tomba malade. Louis fit pricr pour
lui dans toutes les églises, et envoya des troupcs sur les
frontières dc Guyenne; le duc languit longtemps et s'étei-
gnit à Bordeaux. Son apanage fut occupé sans résis-
tance (U*72).
8. Siège de Beauvais.
- Charles le Téméruife, &ccu-
ssnt le roi d'avoir empoisonné son frère, envahit aussitôt la
France et mit le siège devant Nesle. Il la prit d'ass&ut, et,
entrant à cheval dans l'église inondée de sang, il s'éoria
< qu'il voyait moult belles choses, et qu'il avail avec lui de
moult bons bouchers )). tsientôt il se présenta devant Benu-
vais, comptant surprendre cette ville mal fortifiée et mal
garnie. Mais les habitants, qui uaignuient le sort de Nesle,
prirent les armes et se rangèrent sur les remparts; les femmes
apportaient les munitions et jetaient sur les assaillants des
pierres et de I'eau bouillante. L'une d'elles, une jeune lille
nommée Jeanne Hachetter, prit à la bataille une part hé-
roïque : eile saisit la banniàre ennemie déjà plantée sur la
muraille et I'arrachn, méritant ainsi de laisser un nom po-
pulaire après celui de Jeanne d'Arc. Bientôt des renÏorts ac-
coururent. En vain le duc Charles multiplia-t-il les assauts
pendant dix jours : ses soldats furent repoussés, son artillerie
iut prise, et il décampo à I'approche dù comte de Dammar-
tin. Il échoua encore devnnt Dieppe et Rouen, tandis que le
roi lui enlevait son plus sege conseiller, Philippe de Com-
mines. Charles avait plus d'impétuosité que de constance:
battu à I'ouest, il se tournû vers I'est, signa aveo Louis XI
la trêve de Senlis et alla a se heurter contre les Alle-
magnes, qui sont chose plus grande et plus redoutable

l. Êoa qom est, Jsrnuo Lain6.

t-.
2I+ EISTOIRE DE SRANCE.
qu'on ne pouvait uoire r. Le roi lui laissa le champ libra
9. Projets du duo de Bourgogne.
- - Dès {469,
Chorles avait occupé I'Alsace engagée parSigismond d'Au-
triche. En t,173t le vieux duc de Gueldre déshérite, &u
profit du due, son propre ûls, Adolphe le Parricide. Le, même
année, il demanda la couronne royale à I'empereur Fré-
déric III, et alla assiéger la ville de Neuss, dans le pays de
Cologne. Mais Louis XI fournit de I'orgent à Sigismond
pour dégager I'Alsace, dissuada I'Empereur d'accorder le
titre royal et Iït conclure une alliance défensive entre les
viiles alsaciennes, Ies cantons suisses et les princes alle-
mands de la Souabe, que I'ambition bourguignonne men&-
çait égalemcnl. i
10. Invasion des Ang1aia, traité de Pdcquigny
(t hit). - Tandis que Charles s'opiniâtrait au siège de
Neuss, il formait con[re la Franee une nouvelle ligue avec les
princes aponagés et les rois d'Angleterre et d'Aragon. Jean II,
roi d'Aragon, avait engagé le Roussillon à Louis XI pourune
forte somme, et il voulait reprendre le gage sans payer la
dette. Louis envoya. des troupes dans le Roussillon qu'il con-
$erva, et se porta au-devant d'Edouard IV, qui venait de
débarquer à Calais. II lui envoye un héraut qui lui démontra
que la France était en défense, le duc de Bretagne vaincu, le
duc de Bourgogne ruiné, et olfrit de I'indemniser de ses dé-
penses. Les lords reçurent des cadeaux et des pensions, les
soldats furent nourris par les soins de Louis XI et tous << trou-
vèrent ees ouvertures très bonnes >. Le traité fut signé à
PE[uigny. En même temps, le Téméraire consentait à lo
trève de Soleure : le roi livrait la Lorraine, le duc livrait le
connétable de Saint-Pol, qui trahissait tous les partis, et que
le roi tt décapiter, tandis que Charles établissait sa capitale
à Nancy. < Il venait dorénavant de Hollande jusqu'auprès de
Lyon, toujours sur s& teue. >>

ll, Mort de Charles le Téméraite (lt*77).


- Ce
fut son dernier succès. Les Suisses avaient décapité
sire le
de Hagenbach, son gouverneur de Brisgau, et vaincu à Hé-
ricourt le maréchal de Bourgogne; il résolut de punir ces
paysans. Ils lui envoyèrent des députés qui lui dirent :
< Monseigneur, vous n'&vez rien à gegner contre nous ; notre
pays est pûuvre.et stérile, les éirerons et les mors de vos che-
vaux valent plus d'argent que tous les hommes denotre ter-
ritoire n'en s&ur&ient payer pour leurs rençons. > Charlos
ÀDMINISÎRÀTION DE TOUIS TI. 2I5
n'écouta rien et pessa le Jura (t&76).Il mit le siège devant
Gr&nson, promit la vie souve à la garnison et la ût pendre.
Vingt miile Suisses arrivèrent pour venger leurs morl,s, dis-
persèrent au premier choc I'armée bourguignonne, et ie roi
s'enfuit avcc cinq cavaliers. Tout fut pris, sauf lcs hommes :
les tapisseries d'Arras furent coupées et partagées à I'aune I
le gros diamant du duc, qui orne aujourd'hui la tiore du
ptpe, fut vendu un florin. Quelques mois après, le Téméraire
revint assiéger Morat. Les Suisses le battilent après un com-
bat acharné et lui tuèrent douze mille honrmes. Le vaincu,
sombre et désespéré, s'enferma au chôleau de la Riviùre et
u'en sortit que pour venir assiéger Nancy rér'oltée. Son at-
l,aque fut repoussée et les Suisses, qui accouraient au secours
de la pla,ce, le battirent et le tuèrent. Le surlendemain de la
bataille, on trouva sur Ie bord d'un étang glacé un corps nu
et mutilé, traversé de coups de lance et dont la tête était à
moitié dévorée par les loups : c'était le grand-duc d'Occident
(3 janvier t.e77).
12. Mariage de Marie de Bourgogne. Le duc
de Bourgogne laissait entre les mains de sa fiile- l\Iarie ses
Etats de Bourgogne et de Franche-Comté, de Gueldre, de
Picardie, d'Artois, de Flandre, de Luxembourg et des Pays-
Bas. Prisonnière des Gantois, menacée ps.r eux d'un mariage
forcé avec Adolphe le Panicide, << la demoiselle de Bour-
gogne r connut les périls de la fortune avant d'en sentir les
jouissances. Louis XI se hûta de la dépouiller ; il occupa
avec raison la Bourgogne, la Picardie, I'Artois, provinces
françaises qui devaient revenir à la couronne à défaut d'un
héritier mâle. I\{ais il mit également la main sur la Franche-
Comté, le Hainaut et voulut prendre les Pays-llas, sur les-
quels il n'avait pas dc droits. Il abusait en môme temps de
sa conliance pour la trahir et livrer ses conseillers à la bru-
talité des Gantois. I\{arie se décida à se donner un protecteur
et épousa l\{aximilien d'Autriche, Iils de l'empereur Fré-
déris III. l\[oriage funeste, d'où vint I'hostilité dcs maisons
de France et d'Autriche. I\laximilien commenga aussitôt une
guerpe souvent interrompue par des négociations. Les trou-
pes frangaises, commandées par le sirc d'[squerdes, livrè-
rent la bataille indécisc de Guinegûte, et, lorsque I\Iarie
fut morte des suites d'une chute de cireval , son mari
signa le traité d'Amas ({4S2). Contrain[ par les Flamands,
llconsentait à céder I'Artois et la Franche-Comt6 comme
216 HISTOIRE DE trNÀNCE.
dot de sa lille Marguerite, qui était fiancée au Dauphin.
13. Fin d.e la maison d'Anjou. Dcns le même
-
temps, Louis XI poursuivait en France le cours de ses ven-
geances et de ses confiscations. Il livra au supplice Jacques
â'Atm"gnac, duc de Nemours ; il emprisonna le duc d'Alen-
con I il se tt déclarer héritier de la Provence par le roi de
Si.i[r, Rcné d'Anjou, et du Maine et de I'Anjou par Charles
du Maine.
14. Administration de Louis XI. - Le royaume
était maintenant trop vaste pour être régi uniquement par le
roi et son conseil. Louis institua trois parlements nouYea,utrt
à Grenoble, à Bordeaux et à Dijon, remphqant ainsi par des
oorps judiciaires soumis à sa direction le Souvernement des
princes du sang. Pour donner à sa puissance une action plus
iapide, il institua les postes (t&ô&). Il porta le-s troupes per-
manentes de 25000 hommes à 50000: il abolit lo milice
des francs orchers tombée en discrédit et la remplaga par
des corps de piquiers et d'arquebusiers soldés, au-xquels il
joignit 6OOO Suisses et des compagnies écossaises. Il.perfec-
iionno I'artillerie, qui devint la meilleure de I'Europe, institua
I'usage des camps d'instruction où les troupesétaie,nt exercées
pendint la paii à des manceuvres d'ensemble. Les impôts
furent portés de {800000 livres à 4000000.
15. Industrie et commerce. - La France, unie sous
un gouvernement arbitraire, mais vigilant, se livra avec ar''
deui aux travaux de la paix, et le roi seconda de tout sort
pouvoir les progrès de I'industrie et du commerce. Des lois
prohibitives défendirent fimportation des étoffes et des mar-
àhandises apportées de I'Inde sur les vaisscaux vénitiens I
par contre, i'èxporta[ion des produits français.-fut favorisée
ou, on traité de commerce &ve0 la ligue des villes commer-
ôiuler de I'Allemagne du Nord appeiée hanséatique. Les frCues
marchand,es de Peàquigny et de Soleure affermirent la liberté
des échanges aveC I'Angleterre et les Pays-Bas. Les foires
de Caen àt ae Lyon furent rétablies, celle de Bayonne
instituée ; un édit permit aux nobles de faire le commerce
sans déroger, et une manufacture de soieries s'établit à
Tours.
-
16. rmprimerie ds Paris ({469). - Eniin c'est à
Louis XI que le Flance doit, sa première imprimerie; le plus
despotiqué de ses rois lui donna_le.p-lus puissan-t instrument
Oe la tiÉerté. Trois Alleman4s, Ulrich Gcring, I\fartin Knantz
ADUTNISTRÀTION DE IOUIS II. ?I?
et Michel Feyburger, obtinrent do lui I'eutorisation d'éta-
blir leurs presses à lo Sorbonne. Il les exemptu du droit
d'aubaine, < ayant considération de la peine et labeur qu'ils
ont pris pour lcdit art et industrie de I'impression, et att
prolit et utilité qui en vient et en peut venir à toute la chosc
publique, tent pour I'augmentation de lo science que autre-
ment. u
17. Mort de I-rouig XI (f
-483). Le cerveau de
Louis XI, toujours en travail, méditait bien d'autres projets,
quand lo mort vint soisir le roi au milieu de ses réformes.
Frappé d'epoplexie en {481, il vécut encore deux ans dans
son' chôteau de Plessis-lez-Tours, toujours plein d'ambi'
tion et possionné pour le pouvoir. Il suspectait totrt le
monde, même son tls, qu'il faisait garder étroitement à Am-
boise. Il vivait avec Olivier le Diable, trésorier général dcs Ii-
n&nces, Tristan I'Hermite, son prévôt, chargédefaire pendre
tout homme arrêlé aux environs du châteatt, et son médecin
Jacques Coittier, dont il supportait les brutalités ct à qui il
donnait jusqu'à dix mille écus par mois. Il comblait de dons
les églises, il
s'entourait de reliques et faisait venir de
Paola, en Colabre, un ermite, appelé Frangois, qui pas-
sait pour avoir le don des miracles. Il prit cependant cou-
rege eu moment fatal et mourut tranquillement. a Qu'on
I'appellq si I'on veut, un tyran, dit I'historien Duclos, ce fut
un roi. n

LECTURE.
- Le traitô de Péronne.
Le Roy qui se vit enfermé dans ce cbasteau et force archers à la porte,
n'étoit p'oirit sans doute (inquiétude): et se voyant logé rasibusï'une
grosse tour, oir un comte de Vermandois flt mourir un sien prédécesseur
iov de France (Charles le Simnle).
Iædit duc, qirand il vit les furfes fermées, fit saillir (sortir) les gens
de sa chambre, et dit à aucuns que nous estions, que le Roy estoit venu
là pour le trahir, et qu'il avoit dissimulé ladite venu0 de toute sa puis-
sance. et qu'elle s'estoit faite conlre son vouloir : et va eonter ses nou-
velles de Liège, et comme le Roy I'avoit faite conduire par ses ambas-
sadeurs : et comme toutes ces gens avoienI esté tuet, et estoit
terriblement esmeu contre le Rov. et le menaeoit fort : et croy vérita-
blement que, si à cette heure là'ii erit trouvé ceur à qui il s'alressoit,
nrests à le conforter ou conseiller de fairo au Rov une mauvaise com-
ilasnie. il en eùt esté ainsi fait: et pour le môins eût esté mis en
èet"te giosse tour. Nous u'aigrismcs riei, nous adoucismes à nolre pou-
voir. Tost après tint aucunes de ces paroles à plusieurs, et coururent
par toute la ville jusques en la chanbie oùr estoil, le Roy, lequel fut fort
ellrayé...
EIST. DE FR. C. COIPL. l0
2I8 SISTOIRE DE FRÀN0E.
Ces porteb_ainsi fermées et gardées par ceux qui y estoient commis,
-
furent ïinsi deur ou trois.jours.: et ceirendant le?lit Tuc de Bourgogne
ne vit point .le. Rgyj n'y n'entroit_des gèns du Rgy_qu ch.asteau, que peu,
et par le guichet de la porte, Nuls des gens dudit seigneur nè furent
ostèz d'auprès de luy, màis peu, ou nuls de eeur du duc alloient parler
à luy, ny en sa chambre, au moins de ceux qui avoient aucune authorité
avecluy. Le premier jour ce fut tout effroy e[ murmure par la ville.
Le second jour ledit duc fut un peu refroidy; il tint conseil'la pluspart
du jou.r et partie de la nuict- Le Roy faisoit parler à tous ceïx {u'il
pouvoit penggr qui lui pourroient aidèr, et ne îailloit pas à prometlre,
et ordonna distribuer quinze mille escus d'or; mais celuy qul en eut la
charge en retint une pàrl,ie et s'en acquitta rhal, commd Iè Roy sceut
0eDuls.
Leste nuict. gui fut la tierce, ledit duc ne se dépouilla oncsues. seu-
lement se coùclia par deur ou irois fois sur son lii, et puis sô poirrme-
noit (car telle estoit sa façon, quand il estoit troublé). je coucfiay cette
nuict en sa chambre, et me pourmenay avec luv par plusieurs foi-s. Sur
le matin, se trouva én plus grande colère que jïmais, en usanl des me-
naees et prest à exécuter grand'chose. Toutesftiis il se réduisit gue si
le Roy juroit la pair, et vouloit aller avec lui à Liège, pour lui aider à
yenger monseigneur de Liège, qui estoit son proche paient, il se con-
tenteroit : et soudainem-ent partit pour aller en la chambre du Roy, et
Iui porter ses pa.roles,. Le,R.o.y euiquelque amy qui l'en adveriit, iias-
seuTant oe n'avorr nut mat s'lt accoroott ces deur Dolncts, mars que en
faisant le contraire, il.se nettoit en si grand péril, que riul plus^grand
ne luy nourroit advenir.
Coririre le duc arriva en sa présence, la voix luv trembloit. tant il
estoit esmri et prest de se courrôucer. Il Ît humble côntenance d'e corns.
mais son geste-et parole estuient aspres, demandant au Rov s'il voulbi[
tenir le tiaité de paix qui avoit esié eÉcript et accordé, ei si ainsi le
vouloitlurer; etle Royluy responditque ouy. A la vérité il n'v avoit
rien esté renouvellé de ce qui avoit csté fait devant Paris, touchant le
duc de Bourgogne, 0u peu du moins : et touchaut le duc dé Normandie,
lui estoit amendé beaucoup, car il estoit dit qu'il renonceroit à la duché
de Normandie, e[ auroil Charnpagne et Brie, et autres pièces voisines,
pour sott partage. Après luy demanda ledit duc s'il.ne vouloit point
venir avec luy à Liège, pour aider à.revancher la trahison que lcs-Lié-
geois luy avoient faite, h cause de lui et de sa venue; et âussi il luv
dit la prochaineté du lignage, qui estoit entre le Rov et l'évesoue dé
Liège (car il estoit de limàison-de Bourbon). A ces pâroles le Rov res-
pondit que ouy,..m.ais que la paix fust jurée (ce qri'il désiroit) : qu'il
estoit content d'aller avec lrty à Lièee, ct d'v mencr des gens. en si
petit ou si grand nornbre rtue bon luvlemblerôit. Ces naroleis éiôuircnt
fort ledit d-uc, et incontinént fut apforté ledit traité 'de paix ": et fut
tirée des coffres du Roy_ la-_vraye crbir, que sainct Charlemàgne portoit,
qui s'appelle la Croiz de Victoire, et jurèrent la paix, et ta[tost furent
sonnées les cloches par la ville : et tout le monde fut fort é.iouy. Austres
fois a plù au Roy me faire cet honneur de diLe que j'avois bien servy
à cette paciûcatioï. Couurles, Iilémotres.

EXERCICES ORAUX ET ÉCRITS

l. S4rlioatton des mots. Franche-Comté, aneienne province, qui


r formé les départemêots -du Doubs, Jura, Haute-Saône. Artois,
-
CEANI,ES VIII ET ANNE DE BEAUJEU. 2r9
ucienne province qui a fomé le Pas-de-Calais. - Saint-Quentin,
sous-préfecture de I Aisne, P€ronne, Ahbeuillc, villes de la Somme.
Conflans, Saint-Maur, -villages près de Paris.
-rrovinie qui a formé le département de la Somme. - Picordie, ancienne
Beauaais, chef-
Iieu de l'0ise. - Naney,pré-
- Gransoi,ie.Morat,
fecture de Meurthe-et-Mosel
villes-de la Suisse..-
P le s s is-le z-T our s, villa ge d'Inilrri-et-
Loire. -
8. tuestlonnaire. Indiquez pourquoi les rois de France deviennent
plus puissants au guinzièmè siècle. ' 0uel était l'état de la royauté
-
francàise en ll6t?-- Quel était l'état de la féodalité? Faites-con-
naltfe le caractère de Louis XI. Comment fit-il des -mécontents au
début de son règne? -
Qu'est-ce que la ligue du Bien public? - Quels
en furent les chefs? - Quels traités signa-t-il avec eur?
I'entrevue de Péronne. - - Racontez
Que flt Louis XI après son retour de Pé-
-
ronne?
- Quels sont les membres de la ligue formée contre lui en14721
Quel fut le sort de Charles de Guyennc? - Que se passa-t-il à la
-prise de Nesle? le siëge de Beauvais. - Que llt Jeanne
ilachette? - Racontez
Pourquoi Louis XI accorda-t-il la trêve de Senlis?
-
Faites eonnaltre les projets de Charles le Téméraire. -
Que fit le roi
pour s'v opposer? Racontez I'invasion d'Edouard IV. - traité
-
le roi signâ--t-il avec lui? - Quel
Quelles furent les conditions de la trève
de Soleure? Pourguoi le- Téméraire envahit-il la Suisse? Racontez
-
Ies batailles de Granion et de Morat. Comment mourut- Charles le
Téméraire? -
frt alors la conduite de Louis XI? - Quel fut le
- Quelle
par que la bataille
mariage conclu -le l\larie de llourgogne? - Qu'est-ee
de Guinesate et traité d'Arras?-- Comment s'éteigirit la maison
d'Anjou?'- Quels sont les parlements créés par Louis Xi? - En quelle
année institua-t-il les postes? réformes introduisit-il dans
- Quelles
I'armée? A quel chiffre porta-t-il
trie et le -commêrce?
I'impôt?
- Que fit-il pour I'indus-
Quels sont les trois imprimeurs qu'il établit à
-
Racontez sa mort. les principales dates de sou
Parrs?
règne. - Quelles s.ont les provinces - Donnezqu'il a réunies au domaine royal?
- son legne.
- 3.Apprecrez
Ïevoirs à rédiger. Erposer et apprécier la politique de
Raconter la -lutte iie Louis Xi'et de Charlès le
-Témé-
Louis XI.
raire. -
Résumer I'histoire de la maison de Bourgogne depuis t363
jusqu'en- 1477.

n
CEARILES VIII & ANNE DE BEAIIi'EII
(l{E}r190)

rEçon
l. f,dgenoe d'Anue de Beaujeu. - Charles VIII, euccesseur do
Louis Xl, gouverne d'abord sous ls tutelle de sa sæur, Anne
de Bqaujeu.
2. Etats généraur de Teure. 0uerre folle.
avoir convoqué les états eénéraur à lours - La régente, après
(f481); réprima la
révolte des sêigneura, appelie la guerre folle. '
/

220 EISTOIRE DB IRANCE.


L Annedon ile la DretagDo. - Elle prépara I'annexion de la
Bretagne à la couronne, par le marlage de Charlcs VIII avec
AuueTe Bretagne.

RÉCIT

l. Charles VIII (f 183-t198). Réaction féodale. -


Lo mort de Louis XI pouvait être en France le signal de
grands désordres. A un maître dont ls {inesse s-oupqonneuse
icrriliait jusqu'à ses conseillers, succédait un enfant de treize
ans, CharleJVIII, sans esprit ni instruction. L'aristocratie
crut un moment que son heure était enlin venue : le comte
du Pcrche sortit, de se cege de fer et recouvrs son duché
d'Alençon, le duc Jean de Bourbon regut l'épée de conné-
table, lê comte de Dunois eut le Souvernement du Dauphiné
Bvec une forte pension, le duc d'Orléans obtint la charge de
licutenant général de I'Ile-de-France, Ia Picardie et la Cham-
legner le duc de Lorraine reprit le comté de Bar, et fut gra-
iinô ae trente-six mille livres per an. En même temps, les
agents les plus compromis du dernier règne tombaient vic-
times des piinces triomphants : Coittier eut ses biens confis-
qués et fut condamné à cinquante mille écus d'amende; Jean
Dnyat, jadis payé par Louis XI pour espionner le duc de
tsourbon, son bienfaiteur, fut bettu de verges et perdit les
oreilles et la langue I enlin, 0livier le Daim ou le Diable,
I'ancien barbier, devenu comte de Meulan et trésorier géné-
rsl des financcs, fut pendu ou gibet de Montfaucon. La réac-
tion qui ovait suivi la mort de Philippe le Bel se renouvela
à I'avènement de Charles VIII, et les fourches patibulaires
recevaient le cadavre d'0livier le Diable, comme ellcs aveient
-2.celui d'Enguerrand de l\{arigny.
reçu
Anne d-e Bear{erl. - Mais Ia réaction s'arrêtt
bientôt, cat, si le roi éteit faÏble, lo royauté était forte, et
Louis XI avait laissé au jeune Charles une tutrice énergique
et habile, sa lille aïnée Anne, mariée au comte de Beaujcu,
frère du duc de Bourbon. a l\Iadame Anne, disait-il en don-
nant à son langage le ton sarcastique qui lui était habituel,
est la moïns folle femme que je connaisse; csr de femme
sage il n'y en r point. p Le duc d'Orléans, premier prince du
sang et présidenf du conseil du roi, eurait voulu lo réalité
ilu pouvbir, dont il n'avait que I'epparence. Il demanda la
convocation tles états généreux' et Anne y consentit. Mais
CEÀRTES VIII ET ÀNNE DE BEAUJEU. 22I
elle sut se les rendre favorables. Au lieu d'oppeler seulement
au vote lcs feudataires immédiats de la royauté, prélats, ba-
rons et représentants des bonnes villes, elle tt voter les élec-
teurs par bailliages et sénéchaussôes, et admit jusqu'aux
paysans aux opérations électorales.
3. Etats généraux do Tours
semblée
(14S4).
- à Aussi
qui se réunit à Tours éteif-elle décidée
I'as.
se pronon-
cer contre les prétentions de I'oligarchie princière. Il y eut
même des membres, comme Philippe de lÀ Roche, sénôchal
de Bourgogne, qui, non contents d'attaquer les fauteurs de
ligues_du Bien public, osèrent, après le règne de Louis XI,
revendiquel les droits souverûins de lo nation, et inviter les
états à prendre eux-mômes le gestion des offaires. Mais ces
hommes libéraux, qui rêvoient un gouvernement constitu-
tionnel, furent en minori&é et ne purent se faire écouter par
des auditeurs qui nc comprenaient pas leurs paroles. Des
princes égoistes, des seigneurs légers, des bourgeois roya-
listes et des paysans ignorants, n'étaient pasfaits pour prèter
I'oreille à ces échos des républiques antiques. Lei étati ap-
plaudirent à la harangue de Philippe de la Roche, préscn-
tèrent au roi leurs cahiers de doléances, votèrent I'impôt, dé-
clarèrent que le comte et la dame de Beaujeu se tiendraient
près du roi comme aupûravent, et se sôparèrent, sans même
obtenir leur convocation périodique.
4. Gueme folle (t487). Le duc Louis d'Orléans,
-
frustré dans ses espéranccs, seconcerta, rvec lesautresprinces
du sang et s'unit eu duc de Bretagnc, au roi d'Angleteme et
à llluximilien, roi. des Romains. L'héritier présomptif de le
eouronne s'alliait contre le roi avec les ennemis du royaume,
le premier prince du sang combattoit le chef de la famille :
aussi a-t-on appelé cette prise d'&rmes h guerte folle, La,
tutrice, qu'on appele régente bien que le roi ftt maje.ur dès
son avènementr, prit la première I'olfensive. Au nord, le
maréchal d'Esquerdes battit les Allemands et souleva la
Flsndrc tout entière ; 0,u midi. I'armée royale occup& les châ-
teaux du duo d'Orléans et la seigneurie d'Albret; à I'ouest,
Louis de la Trémouille attaqua la principale armée des
princes à Saint-Aubin-tlu-Cormier et lit le due d'Orléans lui-
môrne prisonnicr. Frangois de Dretagne se hâta de signer le

1. Une ordonuuco ds Charlog V avail fll6 à treizo ans r6volus lc majorit6


dor roir.
222 EIBTOINE DE TNÀNCB.
traité ale Sabl6: il s'engageoit à ne pes marier sr ûllo Anne
sans le eonsentement de son suzelsin (te88).
5. Marlage de Charloe \[III avec Anne do Bre-
tagne (l,t*gt).Bientôt la mort de ['rangois II ouvrit la
-
successiou de Bretagne, of suscita contre la France I'Empe-
reur et les rois d'Angleterre et d'Aragon. Ils vouloient donner
un mari à la jeune duchesse Anne, ranimer la guerre féodale
ù peine éteinte et reprendre les provinces gagnées per
Charles VII et Louis XI. Anne de Beaujeu profita avec déci-
sion des embauas de Maximilien qui guerroyait en Hongrie
et qui ne put venir épouser la duchessc de Bretagne. Elle lit
entier des troupes dens le duch6, assiégea I'héritière dons
Rennes, et lui ût déclarer par Charles VIII que se promesse
de mariage à Maximilien faite sans I'ossentiment de son
suzeroin et contrairement au traité de Sablé étoit nulle. Le
roi I'épouso lui-même, réservant par controt I'indépendance
administrative du duché, et obligeant la duchesse à n'épou-
ser que I'héritier du trône. Ce mariage achevait l'@uvre com-
mencée par Chorles V, tu treité de Guérande.

IECTURE.
- Étatg gén6raur de 1484. '

La mort de Louis XI narut une délivrance universelle et fut suivie de


la convocation dcs états généraux du royaume. Ce fut le 5 janvier t484
que se réunit cette assemblée, à qui était remis d'un commun accord
l'e pouvoir de juger souverainement l'æuvre du dernier règne, d'en con-
damner ou d'en absoudre les actes, de faire et de défaire après lui.
Jamais à aucune tenue des trois états les conditions d'une véritable re-
présentation nationale n'avaient été aussi complèternent remplies; toutes
les orovinces du royaume. langue d'0Tl et langue -pourd'0c, se trouvaicnt
réuriies dans une sriule eo'nvocàtion ; l'élection led trois ordres,
s'était faite au chef-lieu de chaque bailliage, et les paysans eux-mêmes
y avaient pris part; enfin, au sein des états, la délibération eut lieu,
iron par ofdresi mais par'têtes dans sir bureaur correspondants à au-
tant de'régions terril,oiiales. Jamais aussi, depuis de 1356,
-si I'assembléeposée
la auestion du pouvoir des états n'avait été nettement et si
har'rliment débaftue. Il y eut des éclairs de volonté et d'éloqïence poli-
tiques, mais tout se passa en paroles qui ne purent rien, 0u presque
ridn, contre les faits accomplis. On eut beau vouloir en quelque sorte
effacer le règne de Louis X[, et reporter les choses au point oùr
Charles VII les avait laissées eu mourant; I'impulsion vers la centralité
administrative une et absolue était trop forte, et, de ces discussions,
pleilres de vie et d'urtérêt dans le journal qui nous en reste, il ne Lé-
iulta de fait que quelque tempérament, des promesses et des espérances
bientôt démenties.
Parmi les discours prononcés ilans ce[te assemblée, il en est un
qu'0n ne peut liro aujourrl'hui saus étonnement, ce,r ii contient des
Érrrs oÉuÉnrur DE 1484. 2?3
propositions telles que celles-ci : a La royauté est un office, non un
i, h'éritage. C'est le peuple souverain tiui, dans l'origine,'créa les
-
r rois. L'Etat est Ia ehose du penple; la soureraineté n'appartient
-
D pas aux princes, qui n'eristent qrie pàr le peuple. Ceux qui tiennent
-
r Ie Douvoir Dar force ou de toute autre manière sans le consentement
u du'peuple iont usurpateurs du bien d'autrui. En cas de minorité
r ou à'inbapacité du orïnce. -
la chose oublique retourne au Deuple, qui
'siennrj.
n la reprenT comme Le peuple,-c'est I'universalité Tes h1a.
-
du rovaume : les états sênéiaux sont les dépositaires de h
'r bitanis
I volonté commilne. un fait ne îrend force de loi qire Dar la sanc'
-
u tion des états; rien n'est saint ni sblide sans leur aveu. , Cès maximes,
d'oir devaient sôrtir nos révolutions modernes, furent proclamées alors,
non par un mandataire des classes plébéiennes, mais par un gentil-
homme, le sire de la Roche, député de la noblesde de Boùrgogne; elles
n'étaient autres nour lui que ceJ traditions de caste rendues qénéreuses
Dar nne raison ^êlevée e[ oar quelque notion de I'histuire grecque et
iomaine. Mais les traditioris du'tierï état ne lui disaient rièn qui pùt
le conduire à un pareil symbole de foi politique; jl était encore trop
près de ses orisine!. trop âttaché à ses eiremeirts héréditaires. II laissa
ilasser les prinéipes qui, trois siècles après, devinrent son arme dans
Ia grande lutte rivolutionnaire, et il ne se passionna que pour le re-
dreisement de griefs matériels, et pour la question des taxes perma'
nentes et arbitrâires. C'est sur ce p'oint seuhiment que fut soutdnu par
les députés de la roture le droit des états généraux qùe d'autres posaient
c,omme librer et souverains eu toute matière.
Le mouvement politique de l35l n'était plus possible en 1484; il
avait eu oour nrin'cioe l'esorit de liberté mrinicinàle à son plus haut
desré d'éiersie. Le rève d'Elienne ùlarcel et de se's amis étart' une con-
fédération dà villes souveraines ayant Paris à leur tête, et gouvernanl
le pavs par une diète sous la suzeraineté du roi. 0r, ce vieil esprit de
la boùrgèoisie franqaise avait graduellement disparu pour faire place à
un autr"e moins désireur de drôits locaux et d'inâénendance persônnelle
qued'ordre public et de vie nationale. Aur états de 1484, ldbureau où
votaient les ïéputés de Paris fut le premier à faire des cdncessions qui
obligèrent I'ass'emblée à lever le taui de la somrne d'argent qu'elle avâit
résolu d'accorder. En tout, les représentants de la bourgeoisie, autant
qu'on Deut distineuer leur' narl dàns des résolutions votées par tÔte et
fon oai ordre. s'a"ttachèrent'aur choses purement pratiques ei d'intérèt
présènt. 0n ie les vit point, comme l'échevinaie ei I'université de
Daris en {413, présenter rin sydtème nouveau d'administration; le règnc
de Louis XI ri'âvait rien laisËé à concevoir eu ce genre d'imÉortant- ni
de nossible. II n'v avait plus qu'à qlaner après lui ou qu'à- détendre
Ies ressorts du gôuvernement ûu'il ivait fôrcés sur tous les points,
0u'à demander l'àccomplissement de ses urqiets restés eu arrièrè, et la
juérison des maux qu'il avait causés par'la ibugue et les inadvertances
de sa volonté. Les drincipaux articles'du chapitie du tiers état dans le
cahier général des ti'ois drdres furent : la dibinution des impôts et la
réduction des troupes soldées. la sunpression de la taille comme tare
arbitraire. la reprise des poriions aiiénées du domaine royal, la mise
en vigueùr des âctes garad[issant les libertés de I'Eglise gallicane, et
la rédaction par écrit dcs coul,umes, qui devait ètre uu premier pas Yers
I'unité de loi.
L'assemblée de l{81 eut soin de ne voter aucun subside qu'à titre de
don et d'octroi. Elle denanda la conyocation des états gériéraur 80us
-

T.t EISÎOIRE DE FNANCE.


deux ans, et elle ne se sôpara qu'après en avoir reQu la promesse. Mais
lcs ouatoize années du rèËne dê Cnarles YItl s'écôulèreht sans que les
étati eusseut été une secônde fois convoqués, et les tares furènt de
ttouveau levées par ortlonnance et réparties sans contrôle. A en juger
par le zèle des trois ortlres à faire une loi de leur consentement, ei par
Ie tableau que leurs cahiers traqaicnt de la misère du peuple accablé
sous le faix dcs impôts, ce fut une grande déception; toui semblait dire
que la monarchie absolue mcnait le pays à sa nrine, et pourtant il n'en
fut rien. Le pays resta sous le régime arbitraire; il eut à supporter
encore les ab'us, souvent énormes,-de ce régime; ii soutirit sans'doute,
mais. loin de décliner, ses forces vitales s'accrurent par un progrès sourd
et irricnsible. Il v a'nour le peuple des souffrancei fôconles-cornme il
v en a de stérikis: fa distinôtioi des unes et des autres échanpe aur
iénérations qui les subissent; c'es[ le sccret de la Providence, qui ne
Ie révèle ou'iu iour marqué Dour l'accomplissement de ses desïeins.
Chose singulièrel ce fut dans lô temp; mèmè oùr la voix publique venait
de proclamer ayec amertume l'épuisement prochain dd royaume, que
fut-résolue, par un coup de tète follcment héroïque de Chrrles VIII,
I'invasion du'sud de I'ltâlie, Ia plus lointaine erpéilition que la Franre
eùt encore faite. ll fallut dépasset en armements les dôpenses du règne
de Louis XI; une longue paix semblait être le seul moyen de salrrt, et
l'ère des grandes guer-res È'ouvrit pour la natiun, sans trise au detlans
et avec bonneur au dehors.
Aug. Turennr, Essai sur l'histoire du tiers ê(,at,

EXERCICDS ORAUX EÎ ÉCAITS

f- Erplioatiou des mots. Tours, préfecture de l'lndre-et-Loire.


- chef-lieu de canton de I'llle-et-Vilaine.
Saiit- Aul,in-d,u- Cormær,
- Sablé, chef-lieu de canton de la Sarthe. Rennes, préfecture de
-l'llle-et-Vilaine. -
1. 0uestiounaire. - Erposez la réaction féudale qui signala I'arène-
ment de Cbarles VIII. - Quel fut le sort des agents de Louis XI? -
Pourquoi cette réaction ne tlura-t-elle pas? - Qu'est-ce qui demanda
la curivocation des états généraux?
Racoulez I'histoire des états de Tours.
Beaujcu y con-
- I'ourquoi Anne de Pourquoi
sentit-elle?
ils pas oblenu - de réformes? Qu'cst-ee que la guerre folle? n'ont-
-
- - Quel
en fut le résultat?
- Quelle était l'imporllnec de la Bretagne? - Ra-
conlcz le mariage de Charles VIII avec I'béritièrc de ce duché.
3. Ilevoir à iédiger. - Exposer la régence d',lnne de Beaujeu.
CIIAPITRE YI
IES GUERBES O'ITILIE.
- IT BE]ITISSA]ITE
(1{9G1516)

I
. CEÂRLES VIII A NÂPLES
rEç0N

l. Préparatlls de 0harles VIil.- Er 1490, Charles YIII se débar-


rasso de la lutelle de-sa s@ur, signa les traitée onéreur d'Etaples,
de Narbonne et de Senlis et-paitit, pour Naples.
i. Conquête de.l{aples. ll tèrrifia-les Eta[s.italiens par l'op-
- -et
oareil de sa puissance. battit les Napolitaine à San-Germano
'entra triomphalement'dans la capitale.
9. BataiUe de Eornoue.
- il
Mais se lassa de sa conquête,
laissa une ligue se former derrière lui et s'ouvrit glorieustimeni,
la route de France à l'ornoue.
{. Insuooès de I'erpédition. Toutefois il abantlonna les restes
-
de son armée eu ltalie et n'osa pas recommencer son expédition.

nÉur

l. Etst de l'Italie vere lB fln du quinzième


siècle. L'historien italien Guichardin ouvre son histoire
- le tableau le plus flatteur de I'ltalie à la Iin du
er treçant
quinzième siècle. < Jamais, dit-il, cette contrée n'avait ét6
aussi llorissante que vers l'année t 492, Une poix profonde
régnait dans toutes ses provinces ; les montagnes et les fleuves
rivalisaient de fécondité. Riche, bien peuplée, ornée de nom-
breuses et magnitques villes, relevée encore pur le majesté
du siège de la religion, la péninsule pouvait lever sa tête in-
dépendante parmi les nations. l Rien de plus merveilleux en
effet que cette culture savante qui faisait de le vsllée du Pô
un vaste jardin, et que cette activité commerciale qui faisait
sortir tous les ans de lo. d,ominanle Venise trois ou quatre
mille vaisseoux. Fière de sa prospérité matérielle, I'ltalie
était éblouie par l'éclot de sa civilisetion. EIle rayonnsit olors
de toutes les splendeurs de la Renaissance. A Florence, à
Milan, à l\{antoue, ù Ferrare, à Urbin, à Bologne les princes
t0.
226 EISTOIRE DI TRANCE.
rivalisaient ile générosité pour les lettres et les arts. A Ronre
même, le culte de I'antiquité poienne semblait être I'unique
préoccupation des Nicolos V et des Pie II.
2. Décadence mor&le. Et cependant on oper-
cevait à trovers cette trompeuse-prospérité Is décadenee de
I'Italie. Aucune unité politique; tandis que les nations
voisines, sorties de I'onarchie et de la faiblesse du moyen
âge, se donnaient une forte organisotion politique et mili-
taire, I'Italie éteit encore divisée en une foule d'Etats rivaux
et elle dédaignait Ia puissance militaire. Les condottieri ou
soldots d'aventure promenaient leurs troupes indisciplinées,
toujours prêtes à passer sous le drapcau opposé pour la
moindre augmentation de solde. L'Itolie, tout entière à
l'&rt, n'ovû.it rien de ce qui fait la force des Etats, ni reli-
gion, ni petrie, ni armée.
3. Anarchie politique. - Aussi le mot d'un am-
bassadeur florentin sur les tuemes d'Italie est-il profondé-
ment vrai : < Ce fut un coup plus italien que frangais. r
L'Italie elle-même appeleit les barberes. A Milan, Ludovic
Sforze, dit Ie More, usurpateur de la couronne ducole sur
son neveu Jean Galéas et menocé por Alphonse II de Naples
dont Galéos avait épous6 la fille Isabelle, appelait à son
secours les Frangais; à Florence, le dominicain Jérôme
Savonarole avait renversé les Médicis et dans ses ardentes
prédications faisait eppel au bras de l'étranger pour châtier
I'Italie I à Rome, un parti puissant, dirigé par le cardinal
Jtrlien de la Rovère, espérait que I'interven[ion françeise
délivrerait I'Eglise des scandales du pontilicot d'Alexan-
dre VI; enlin à Noples, le parti angevin, vaincu et persé-
cuté, allait chercher en France des vengeurs contre Ferdi-
nand d'Aragon.
4. Préparatifs de Gharles VIII. - Chorles VIII,
alfrauchi de la tutelle de sa scÊur, se rendit eux væux de
I'Italie. Nouui de la lechrre des rom&ns de chevalerie, il avoit
Io tête pleine de chimères : il rêvait la conquête de Naples,
héritage de lo maison d'Anjou, et, eprès Naples, celle de
Constantinople et de Jérusalem. Il se hâta de faire la paix
&vec ses voisins, en leur cédant tous les objets en litige, alin
d'être libre de partir pour I'Italie. Avec Henri VII, roi d'An-
il signa le traité d'Etaples et s'engagea à lui pûyer
gleterre,
750000 écus d'or (1492); evec Ferdinand, roi d'Aragon,
celui de Narbonne, par lequel il cédait le Roussillon et la
caaRtas vllt' 227

Cerdogne i evec Maximilien d'Autriche, celui de Senlis, par


lequeùl r|ndait l'tutois et la Franche-Comté, ilot de la jeune
Marguerite de Flandre, qu'il venait de - renvoyer à son
pèrel t'li Anne de Beaujeu, ni les états n'avaient été con-
iultés sur ces transoctioirs désastreuses. Le roi n'ovait pris
conseil que de sa jeune noblesse, qui a frétillait d'entrer eu
Italie l.
5. Départ de Charlee \IffI pour l'Italie (1493)' -
Débagas[6 de ses ennemis par deJ troités, excit6 par le-duc
d'Orléans et la jeune nobles-se, appelé por le régent.du. Mila-
nais, Ludovic ie More, et par les seigneurs-napolitains du
porti angevin, courtisé par la république de. Venise, le pape
ilexandîe VI et Pie*ô de Médicis, dont I'autorité sur Flo-
rence était menocée par les prédicetions du dominicain Savo-
narole, il s'a.bandonia à ses- rêves de conquêtes, rossembla à
Lyon une ermée de cinquente mille hommes. En vain, le
ni.o* maréchal d'Esquerâes essaya-t-il de lui démontrer les
dangers d'une expédition faite à quatre cents lieues de
Fraice. < La gronàeur et le repos duroyaume, disait-il, dé-
pendent de liposscssion des Poys-Bas I e'est de ce côté q_u'il
îout porter touî nos eforts, bien plutôt que contre un Etat
rtont la position, ioin de nous être avantageuse, ne pourrait
que oooï affaib[ir. > Le roi préférait à ces sages et. patrio-
tiques conscils les prophéties des visionnaires qui lui pro-
môttaient I'empire-du monde &u nom de l'Eternel' Une
avant-garde de trois cents lances occupeAsti, et le_duc d'or-
téans partit pour Gênes aveo trois mille hommes. Il assaillit
à Rap'alo une petite armée napolitaine qu-e .Le prince Fré-
aéric de Tarentè venait, d'y débarquer. Les Italiens, enfoncés
au pnemier choc, furent massacrés sans merci pendant et
np.èt le combat, et les cond,ottieri tremblèrent dès lors
à I'idée de rencontrer des ennemis qui ne faisaient pas de
guartier.
' 6. Conquête de Naples (1495). Le roi lui-même
-
descendit ôn piémont à Ia têtb de sa noblesse, a gaillarde
compagnie, dit Commines, mais de peu d'obéissance >: Il
danJa I Turin avec la duchesse de Savoie, lui emprunta ses
bijoux et les mit en Sege pour douze mille ducats' ( Et
ndoutt voir quel commenoement de Euerre e'était, si Dieu
ir'eùt guidé l'@uvre. I Requ à Asti par Ludovic le More, evec
des dérnonstrations de joiè aussi vlves que peq sincèr-es, le
roi ehtra ensuite en Tosiane, qccupr les pltces fortes, ohtssa
238 HISTOIRE DE rRANCE.
devant lui les Napolitains qui occupaient les terres pontill-
cales, et parut sous les murs dc Rome, tandis que le pape
s'enfe rmait dans le château Saint-Ange. Le 3 t dÀcembrà au
soir, I'arm6e franchit la portc du peuple, tambours btttonts
et trompcttes sonnantcs, et dôIila pendant six heures, à la
lueur des torctres, uu milicu des Romains frappôs dc tcrreur

et d'admiration. A I'approche du roi, les Napolitains se sou-


levèrent, lcs soldnts de Ferdinand d'Aragon se dispcrsèrent
à San-Gcrmano, dès que porut ,'uuuo1-garde frangnise; le
roi Ferdinand abdiqua, e[ son lils, le duc de Calabre. ne prit
la couronne qu€ pour I'emportcr en e.ril. charles vill câtra
rlans Naples sous des arcs dc triomphe c[ nu milieu d'un
peuple en délire.
7. Ligue de Venise contre Charles \IIft. Tant
- puis-
de succès. effrayôrent les ennemis de la Flancc e[ les
sûnces italiennes; une gnandc liguc se forma à Venisc côntre
cHAntEs YI I l' 210
Charles VIII entre le pape, le duc de l\'Iilan, I'empercur
Maximilien, les rois d'Aragon et d'Angleteme et la répulLliquc
de Venisen tous ceux qui avaicnt traité avec le roi ct tous
ceux qui I'avaicnl, appelé. Ils se proposaient d'enfermcr le
vainqueur dans sa conquête et d'envahir sonroyoume. Com-
mincs, ambassadeur à Vcnise, nc connut ces dangereuses
menôes qu'après lo signaturc du traité, et fut joué par I'as-
tuce its,lienne. ll se hùta de les dénoncer à son maître. Déjà
Charles VIII était las des Napolitains comme ils étaient las
de lui. Sa prodigalité avait ruiné les Iinances, I'indiscipline
des Napolitains avait désorgonisé les troupes, la jactancc et,la
Iégèreté frnnçaises avaient indigné une population omlrra-
geuse et passionnée. Lcs villss maritimes, rassurées par la
présence de la flotte, relevèrent le drapcau d'Aragon, et le
roi résolut de partir ôu momcnt où sa présence él,ait le plus
nécessainr.
8. Bataille de Fornoue (1495). ll laissa onze mille
hommes sous lc commandemcnt du -duc dc i\Iontpeusier,
vice-roi de Neples, et de Stuart d'Aubigny, connétable, et
traverso rapidemcnt Rome, Florence ct Pise. Il amiva au
pied du col de Pontremoli, dans les r\pennins, ar:ec ncuf
mille combo.ttants, fatigués par la marche, Ie sok:il et la
faim. L'armée italienne, commandée par le marquis de l\{an-
toue, laissa le passage libre et campa au nord de la mon-
tagne, non loin de Fornoue; elle comptait trente-cinq mille
soldats. Avec une patience admirable, les Frangais et les
Suisscs traînèrent à bras leurs conons, portèrcnt leurs bou-
lets ct leurs paquets dc poudrc, ct, après cinqjours d'clforts,
ils parurcnt dans la plaine lombardc, vic{,orieux de la nal,ure.
[[al commandés, divisôs en Lrois corps qui pouvaienl, facile-
men[ êtreémasés tour à tour, occablés defatigue et inférieurs
en nombre, ces braves gens lirent lcur dcvoir : en moins
d'une heure, ils tnèrent près de quaire mille hommcs sttns
en perdre plus dc dcux ccnts, ct tronipèrcnt, à force de cou-
rage, toules les prévisions de I'armée italicnnc.
9. Perte du royaume de Naples (t496).
Charles VIII était maîtrc dc I'ltalic : il pour,ait détrôner Lu-
dovic, affrontcr Pisc, occuper Florence ct Rome. Il nc songea
môme pas à rcster dans ce pa5's qu'il avait jadis convoité,
et, marchanl, vcrs lcs r\ipes, il côda Novore aux lfilanais,
délivra le duc d'Orléans assiégé dans Asti, et, rentro en
I'ronce pour r&conter ses r hauts faits q ès chombres des
230 BISTOIRE DE FRANTE.
dames r. En son ebsence, lq révolte des Napolitains se pro-
pegea, des Calabres dans le reste du royeume, et futfavorisée
par le débarquement du roi Ferdinand à la tête d'une armée
espagnole. Ce fut en voin que d'Aubigny fut vainqueur à,
Seminara : Naples regut Ferdinand comme elle avoit regu
Charles VIII, eveo de bruyontes protestations d'a,mour, et
le vice-roi Gilbert de Montpensier, privé de secours et dénu6
d'orgent, capitula à Atella, et mourut de le peste sur la
plage malsaine de Pouzzoles. Il ne restait rien aux Français
en ltolie.
I0. Mort de Charles \rufl (1498).- Le jeune roi, de
retour dans ses Etats, songes a à vivre désormais selon lcs
commandements de Dieu, à mettre la justice, I'Eglise et les
finances en bon ordre, en sorte qu'il ne leva plus sur son
peuple que I U00000 francs de taille, outre son domaine r.
II avait institué une oudience publique pour écouter tout le
monde, et spéciolement les pauvres ; il avait cassé ceux
de ses officiers qui étaient convaincus de malversations.
r Etont le roi en 0e bon vouloir, > il vint chercher la reine
pour Ia mener au jeu de poume dans les fossés du château
d'Amboise. En passant dans une galerie obscure, il se
heurta contre la porte et tomba à ls renverse. 0n le coucha
sur une pauvre paillasse dans un galetas voisin, et il y mou-
rut : il n'avait pas vingt-huit B.ns, et ses trois enfants
étaientmorts avantlui. aIl était, dit Commines, peuentendu,
mais si bon, qu'il n'était point possible de voir meilleure
oréeture. r
IECTURE.
- Bataille de tornoue.
L'armés des alliés était forte de trente mille hommes; elle n'était
Das tout entière composée d'Italiens. Ludovic le ltore v avait mêlé des
Âllenauds et des Suisses; Yenise, des Stradiotes. Les cÏefs étaient tous
Italiens. Gonzague, marquis de Mantoue, commandait en chef sous la
surveillance de deur provéditeurs de Yenise, Luca Pisani et Marco
Trevisani : sous lui étaient le condottiere nilanais CaTazzo et le roma-
snol Montéfeltro. L'armée était camDée en plaine sur la rive droite du
Taro, qui descend des Apennins porir se jet'er dans le Pô, â trois milles
au{essous de Fornovo, village situé au pied de I'Apennin; elle était
couverte par uD petit bois qui bordait la rivière. Charlès Vlll avait ecrit
qu'il pass-erait ti qui que Ie veuilte voir ,. ll desccndit sans obstacle
I'Apenuin, â travers les bois, occupa Fornovo et se disposa à passer
le i'aro, dont les ennemis lui laissàient ainsi I'accès à peu près'libre.
Quelques ltaliens, Jacques Trivulzio et Camille Vitelli, é[aieni avee lui.
Charles VIII, le 6 juillet {495, par une pluie intense. ordonna au ma-
réchal de Gié de passer aveo i'âvant-gaide, malgré l'a fatigue des sol-
lours rrl. 23t
dats; un peu en arrière, le roi suivitlui-même à quelquedistan-ce avec
le cfos dô I'armée: eufrn la Trémouills tvec I'arrière-garde et 0det de
Rib-érac traversèreit un peu plus haut avec les bagages pour marcher
par la montagne.
' Anrès une âssez vive canonnade, vers trois heures, les généraur ita-
lieni se décidèrent à attaquer, eh voYant les trois corps de I'armé€
francaise assez éloisnés les uns des autres. Le marquis de l\lantoue,
oubliant ses devoir'B de général, chargea brillamment, avec les gens
d'armes vénitiens, le corps-du roi. r. II éstinpossible, dit-Commines, de
nlus hardiment dônner ôu'on donna des deui côtés. r, llais, écrivit un
brovéditeur vénitien. les Francais sont plus que des hommes. La ba-
faille n'eùt pas été pôrdue si leË Stradiotris de Gonzague' apprenant que
leurs camaiades nillaient les bagages de I'arrière-garde, qu'ils étaient
chargés d'attaquei. n'eussent acÉevé la déroute en allant les rejoindre,
nouiêtre au sâin blutôt qu'à la bataille. A cinq heures, toute I'armée
italienne avaii repâssé leTaro, laissant douze mille morts. La route de
France était libre. Zrllnn, Italie et Renaissance.

EXERCICES ORAUX ET ÉCRITS

l. Xrplioation des mots. - Naples, Tuyin, Florence, Fornoue,


villes ditalie. Sen/fu. sous-préfeôture de l'Oise. - Amboise, chef-
lieu de canton -de I'Indre-et-Loire. - San-Germano, province de Ca-
serte. au oied du mont Cassin, sur le Rapido.
3. îuesiionuaire.
- Quellds étaient lés visées de Charles VIII? -
Exnosez et annréciez les trois traités gu'il conctut avant son départ.
-
Qu'els étaienf ôes droits sur Naples? Quelle était I'opinion du maré-
-
chal d'Esquerdes sur I'expéditiôn de Naples? Que se passa-t-il à
-
Rapallo?' Que lit le rôi à Turin, à A'sti, en Toscane, à-Rome?
Coinment conquit-il Naples? Quelle ligue se forma contre lui?
- Bacontez la bataille de Fornoue. -
Pourquoi quitla-t-il Naples?
Comment lè rovaume deÏaples
-fut-il perdu? -
étaient les desseins
du roi en Frarice? Comment noirrut-il?
- Quels
Donnez les principales
dates de son règne.-
-
8. Itevoir à rédiger.
- Raconter I'erpédition de Charles YIII en ltalie.

il
LES GTIERRES D'ITALIE SOT'S LOUIS :rN
(r.{08-r515)

tEç0!r

l. Louls III. 0ouquôto rlu filanais. - Louis XII. cousin de


Charles VIII, lui succétlo sane opposition. Il -épgusg An-ne de
Bretasne et'sonsea à la conguête ôe Milan et de Naples. Il par-
tagea"le Milanais" avec les Vénitiens et se I'assura grôco à la tra'
hison tles Suisses qui livrèrent Ludovic Sforza.
23t IIISTOIRE DE TNANCE.
l. Partage et perte du royaume de Naplcs.
- Il
partasea Ie
royaurle de Naples avec Ferdinand le Cafholique, enfra eu"lutte
avèc lui et fut chassé après les défaites de Seôinâra et de Ceri-
gnola. Itlularle et tlécouragô, il signa lcs désastreux traités do
lllois, que les états généraux de Tours lui ûrent c&sser.
3. Ligue oontre Venise. Yictoiro d'Aguadel. Ail.artué Dar scs
enucDois, il punit Gêues révol[ôe, s'unit avec - scs àtlve'rsairee
contre les Vénitiens, scs alliôs nuturels, et les chassa dans leurs
laguncs par Ia victoire d'Agnatlel.
_ {. la_Sainte-_Ligue. :: -Le ;lap.c, Jules Il, formo contre lui la
Sainte-Ligue : Louis, d ab.ord vàinqueur- grâce à Gaston de Foix,
perdit lc.rll.ilanais, et vit la F'rance-envahie par les Anglais et Ieé
Suisscs. ll traita avec tout le monde.
5. Gouvernemoot do Louis XII. Ce prince. mauvais politioue.
fut un bon roi, et uréritaletitrc- de PiSre du'peuple, par la doul
ceur de son gouYernement.

NÉCIT

l. Louis XII (t498). Avec Cherles VIII s'éteignit Ia


famille dcs l/olois ùirects;- a.vec Louis XII, tls de tharles
d'Orléans, le prisonnier d'Azincourt, petit-tls de Louis d'0r-
léans,- la victime de Jeon sans Peur, elle fut rcmpla,cée ps,r
celle des Valois-ùrléans (t 498-t 5 t 5).
Personne ne songes. à disputer le couronne au duc d'Or-
léans, prcmim prince du sang, et le nouveau roi prôvint
toutes les menaces de troubles par unc conduite généreuse
et habile : ( ll ne sereit décent dt à honneur à un roi de
France, dit-il, de vcnger les querelles d'un duc d'Orléa.ns. ))
Il donna sa conliance à Louis de la Trémouille, qui I'avait
fait prisonnier à Saint-Aubin-du-Cormier, appela à la cour
Anne de Beaujeu, devcnue duchesse de Bourbon, et dé-
clara n qu'il maintiendrait, tout homme en son état >. Il
réprima les violenccs des gens de guerre, diminua la taille
de deux ccnt mille livres, refusa le don de joyeux avène-
men[, et commenço ainsi par des bienfaits le règne du pir.e
du peuple.
8. Mariage de L,ouis XII avec Anne de Bre-
tagne. Lo veuve de Charles VIII s'était réfugiée dons
- de Bretagne ; on pouvait, maindre de le voir porter,
son duché
per un second maringc, cctte précieuse province dans une
maison ennemie : Louis XII résolut d'épouser la duchesse.
ll demande eu pope Alexendre VI le droit de divorcer avec
sa femme, Jeanne de France, Iille de Louis XI, et I'obtint.
Louis épousa Anne de Bretagne, et consentit à des
louls xl[. . 233
cleuses peu fevorsbles : le duché restait un Etat à parl,
gouverné par lo reine, et devait pesser au second de ses
enfants.
3. Conquête du Milanais (t500). Le roi s'apprêta
- Outre ses droits
oussitôt à recommencer Ia guerre d'Italie.
sur Naples, qu'il tenait, comme Charles VIII, de la maison
d'Anjou, il avait des prétentions sur l\Iilan, du chef dc son
aïeule, Valentinc Visconti. Il commenga por traiter a.vec ses
voisins et avec lcs puissances italicnncs qui auraient pu I'in-
quiéter, le duc de Savoie, le portier des Alpes, le pepe
Alexandre, les républiques de Florence et de Venisc. Alorsle
maréchal Trivulce entra dans le l\{ilanais &vec vingt-deux
mille hommes, et s'en empara. sa.ns comhrt. Le duc tie \{ilan,
Ludovic Sforza ou Ie l\{orc, tlétesté pour se rapacité c[ scs
perfidies, méprisé pour son ollience avec le sultan Dajazct lI,
s'enfuit en Allemagne, tondis que les nrchers fronçois bri-
saient à coups de flèches sa statue équestre. Louis XII commit
ln faute de nommer gouverneur du duché I'exilé milanais
Trivulce. Il étuit Guelfs : il persécuta les Gibelins, qui rûppc-
lèrent Ludovic.
Les Français, chassés, reculèrent jusqu'à Alexandrie, où
le ministre Georgcs d'Amboise et Louis de ln Trémouills
amenèrent des renforts. lls se portèrent sur Novare, où le
duc de l\'lilan les attendait avec une forte armée de piquiers
suisses et de Iansquenets allemands. Les Suisses, qui
avaienù déjà les vices des mercenaircs de profession, se
laissèrent acheter, refusènent de combattre, et n'accordèrent
uux prières de leur maitre que le droit de se mêler à eux
pour traverser I'armée frangaise. Ils déIilèrent trois par trois,
déposant leurs armes, et désignèrent Ludovic aux Francais
en baissant les lances. ll fut étroitement enfermé au chàtcau
de Loches.
En se retiront, les Suisses saisirent Bellinzona, et ren-
trèrent dans leur peys evec un renom de cupidité égal à
celui de leur brsvoure. Les Vénitiens regurent le pays à I'est
de I'Adda, les Florentins eurent un corps frenqois pour les
oider à prendre Pise, César Borgia une autre troupc pour
s'emporer de la Romegne.
4. Partage du royaume de Naples (1500).
I\{aitre du Milonais grâce à des alliances, Louis XII voulut
s'emparer de Naples par le même moycn. Il signa avec Fer-
dinand le Catholique, chef de la maison d'Aragon, le traité
23' EISTOIRE DB trNANTE.
recr! de Grenade, por lequel il partageait d'evonce la dé-
pouille du_roi Frédéric III. Louis XII envoya d'Aubigny, qui
s'empara de Capoue, Gaëte et Naples ; Ferdinand ar"mi'une
flotte sous prétexte de faire la guerre au sulten, ofrit à son
cousin Frédéric le secours de ses armes, Iit introduire dons
les principales places napolitaines Gonzalve de cordoue, le
grand' capitaùne, et ût connaître alors le traité de Grenade.
Il
pouss& I'impudence jusqu'à ofrir à sa victime un asile. Fré-
déric aima mieux se confier à un ennemi décraré qu'à un pa-
rent perlide, et se réfugia en France. Louisxll lui donn& une
pension et le duché de Touraine, et le roi dépossédé chercha
dans l'étude des lettres une consolation à son mslheur. Les
{ruT-. complices prirent chacun leur part : Ferdinand, le
Pouille et lo calabre &vec le titre de duô I Louis, le reste avec
le nom de roi.
5. Perte du royaume do Naples (t504). Ils ne
- sur les
tardèrent pas à se disputer la capitanate et I'impôt
troupeaux voyegeurs. Les Frangais s'emparèreni des pro-
vinces espagnoles et bloguèrent Gonzalve de Cordoue dans
Borletta. Ferdinend, pour se
donner le temps d'envoyer
des renforts,trompoLouislll
par de feintes négociations,
désavouu le traité qu'il avait
fait conclure par son gendre
Philippe le Beau, et lit atta-
quer les généraux français
d'Aubigny et Nemours. L"'un
fut battu à Seminara, I'autre
à Cerignola, et le royaume
de Naples fut perdu, malgré
les exploits du chevalier
Bayard. La Trémouille con-
Bayard. duisit en ltalie une nouvelle
ormée; mais il commit la
faute de s'arrêter dals le ca'nprgne de Rome, espérant aidcr
l'élcction du cardinal Georges d'Àmboise à la'papauté en'in-
timidant Ie conclave ; il échoua, Iaissa Ia lièïrà ruiner son
urmée, et se lit battre au pont du Gnrigliano.
6..Traités impolitiques de BtoiJ1l504). _ Louis XII
perdit courage,_tandis que le nouveau peper Jules II, réunis-
sait contre lui les vénitiens et les suisiei. 'une malsdie qui
tours xrr. 23ô
mit jours en danger ocheva de briser son énergie, et le
ses
livra aux instances d'Anne de Bretagne, toujours prête à sa-
criûer I'intérêt de la Fronce à celui de son duché. C'est à
I'instigation de le reine qu'il signe avec Ferdinand d'fuagon
et Maximilien d'Autriche les funestes traités de Blois. Le
premier établissait entre le roi et I'Empereur une ligue contre
les Vénitiens, les meilleurs amis de Ia t'rance. Le second
donneit à Louis I'investiture illusoire du Milanais au prix de
200000 livres. Le troisième mariait Clsude de France, ûlle
de Louis XII, avec Charles de Luxembourg, fils de Philippe
le Beau, &vec une dot qui se composeit des duchés de Milan,
de Bretagne, de Bourgogne, des comtés d'Asti, de Guise et de
Blois. Le quatrième accordaità Ferdinand le Catholique lo
main de Germaine de Foix, nièce du roi, &veoles droits de la
France sur Ie royaume de Naples.
La nation n'approuvo pos les troités qui lui orrachaient
ses provinces et compromsttaient so sécurité; Louis XII
comprit bientôt lui-même I'étendue de se faute et rassembla
les états généraux à Tours pour se faire forcer lo main. Il se
rendit à leurs væux, et maria sa ûlle à t'ranqois d'Angou-
lèmé, héritier présomptif de la couronne (f 506).
7. Prise de Gênee (1507). Jules II, Maxi-
- Aussitôt
milien et les Vénitiens s'unirent pour rétablir à Milan Maxi-
milien Sforza, fils de Ludovic le More, et soulevèrent les
Génois contre Ie gouvernement français. Gênes prit pour doge
un teinturier, chassa les nobles et massacre la garnison. L'&r-
mée frençaise parut bientôt; Bayard refoula les révoltês dans
leur ville en leur criont : < Ores, morchands, défendez-vous
tvec vos aulnes, et laissez les piques et lances, lesquelles
vous n'&vez tccoutuméeg. > Le doge et une ccntaine de ci-
toyens furent penrlus, les privilèges de la ville furent bnllés
publiquement, et I'on eonstruisit à côté du port une forte-
resse que I'on appela ls. Bride de Génes.
8. L,igue de Cambrai ({ 508). < Lo même jalousie des
-
monorchies contre les républiques, des peuples p&uyres encore
contre I'opulence industrieuse, a,rmo bientôt la plupart des
princes d'Occident contre I'ancienne rivele de Gênesr.l Venise
jusqu'olors avait toujours gagné aux malheurs des autres I
mais son bonheur constant lui avait donné beaucoup d'en-
uemis. Les petits princes italiens jalouseient cette oristouatie

l. Michols|"
t36 HISlOIRE DE TRÀNCE.
de marchands; les pepes savaient que les intérêts de leur
commerce passaient toujours avant ceux de I'Eglise; Maxi-
milien sans argent convoitait ieurs trésors et se plaignait de
leurs usurpations; Louis XII était irrité de ce qu'ils-ovaient
traité sa.ns lui avec I'Ernpcreur. Tous ces envieux, tous ces
mécontents firent la ligue de Cambrai. Le roi de France at-
taqua le-premier, battit I'armée vénitienne à Agnadel et langa
ses boulets dons les laguncs. Le pape, I'Empereur, le rôi
d'Aragon prolitèrcnt, de le victoire sans avoii pris part au
combat, et se tournèrent bientôt contre le vainqueur.-
9. Sainte-r'ig'uo contre Louis XII (t Ut l-lSf 4).
Le politique Jules lI s'était donné pour but de chassér -de
I'Italie les étrangers qu'il appelait les barbares, d'agrandir
les Etats pontificaux et d'établir, au sud dcs .{lpes, une puis-
Èante confédération dont il -serait le chef. ll-forma côntre
Louis XII la Sainte-Ligue. Vcnise fournit de I'argent, la
Suisse.des soldats,_Ferdinand des auxiliaires, Ilenri VIII, roi
d'Angletene, et I'empereur Maximilien des promesses, et
Julcs ll tlcs bulles d'excommunication. Lc papè, assiégé par
Chaumont d'Amboise dans Bologne, fut dôiivré por leJVéni-
tiens, et entra dans la I\Iirandole par la brèche. Ii{ois soudain
arrive de France un jcune héros de vingt-deux u,ns, grond
général evant d'avoir été soldat. Gastorr de Foix, nevéu de
LouisXII, délivre Bologne, emporte et saccage Brescia, où
le chcvaliel B_ayard montra ss générosité, bat I'Bspagnol
Raynrond de Cordouc ù Rrvcnne, et tomLre pcrcé de coups,
ensevcli dans son triomphe.
Après lui les revers commencèrent: le maréchal de la pa-
lisse évacua I'Italie devent des forces supérieures : Maximi-
Iien Sforza battit la Trémouillc ct Trivulee à Novare, et la
France fut envahie. Au nord, I'Empereur et le roi d'Angle-
terre gagnèrent la bataille de Guinegate ou des Eperons (l n il);
à I'est, les Suisses pénétrèrent jusqu'à Dijon. LôuisXIi vieilii
et fatigué traita avec tous ses adversaires. Il satislit Ie pape
en sacriliant le concile de Pise qui menaçait JulesII de lêd-é-
poser;.les Suisses, en leur cédant quatre bailliagcs du l\lila-
nais ; fFmpereur, en consentant au rétablissement des Sforza;
le roi d'Aragon, en lui abandonnont la Navarre; le roi d'An-
glel,erre, Henri VIII, en épousant s& sæur Marie. Il mourut
quelques mois après, le lôr janvier 1515.
10. Administration de lrouis XII. I\{auvais po-
- le
litique, Louis XII ful un bon roi. Il poursuivit travail de
[0uts rll. 231

le rédaciïon des coutumes provincialcs, commencé per


Charles VIII, réforma la lultice per I'ordonnance de
Blois ({499), organisa plus fôrtement I'armée, et augmenta
la ricÈesse'natidnale en favorisant I'agriculture et le com-
merce. Le Lr* rnai l50ô, Thomas Bricot, chanoine de Notre-
Dame et député de Paris, portant lo parole à Tours au nom
des états gdnéraux, énuméra les bienfaits et les lopables ac-
tions du ioi, la réâuction des tailles, la répression -des. dé-
sordres, et lui décerna le titre d'e Përe du peuple' Louis se
nrit à pleurff en s'entendant nommer de a ce doux et saint
ito* o, et toute I'assemblée partagea son attendrissement.
Les contemporains du < bon rôi Loys n ont donné le titre' et
I'histoire Ie conserve.

LECTURE. Jeunesse de BaYard'


-
PeuiteioursavantsontrespaslepèredeBayard,considérantpar
nrioË,'iJiTi"r,ii-Jiirritloit, n'e pouvbir.pas faiie giand séjour en ce
présenee de
;-o.tul'es'trel appella quatrrj e.nfùl qu'il'avoit, en.la
sa

fe;;;, Aaré trbi dévote et toute.à Dieu, laquelle estoit sæur de ev.esque
à; Gùh;ble, Aeia naiion-deJÀtiemani. Ainsi, ses enfanls.venz devant
-d;*.d;;
To"i."i"i;ri*iô q"i estoit en I'aage de dix-huyt à vingt ans,
;îtlî;;Ëii-aôieriiiiq'"et 'e-pi'iâlt q";ii ne vouloit jâmais partir de
jours. ,. Et bien, >
lr-rrirËn,^ài{";iï-Îd "ôû[oitler'tir sur'la fin_ de ses tu deqeureras
llist i;i'èie, .l Georgei' puisque tu aymes la maisott,
;^i;f; ôo'mfiattre lés"gn.s. > Au sec6nd, qui a esté le.bou.Chevalier
il vouloit estre;
sâns Dagur et sans tepio-.t1, fut demandd,dè quel es.tat
Ë;îrf;;î î'âtâîaïiiiù; à;; * peu plus,'esveillé c0moe un esmé-
viiage tiinf respooditi commc s'il eust eu.eingiie.nte ans :
,iflôn,'a',rnS
,. Ttlonseiqneut mon iuiô, iôniliun'qt'e atoor paternel me ticngue si
deusse oublier toutes choses pourrous ser-
r ôànàefi,ent obligé queje '''ie,
; iil"rrï'i;'"{ff'àË-;*i.t- ce oéanrmoins ayanr enraciné dedans
,) m'n cueur leg froo.-piopoi {uà chascun jour vous récitez.d-es nodes
iresmement de ceup de nostre. mals'n'
; hr;tal des tetpt irasiés,-drttstat
; *;ry. itil "ouô îfalii, dont v.ous €t vos prédécesseurs
"
; àiË:id:q.i*iïu't"vu'teles armes' car c'est la cboseen ce monde
la grâce de Dieu' ne
; ;;;;i;;i'i; pi;; gi*îa' ao'it'-ei espèîe,
r'Alois-avdant
iespondif le-.bon vieill'ard
)) vous faire point oe-aOsnoonéur'
grâce I Jà ressembles-
Ën'Ëiài,irit"t""'irôi Ë"i*t,Ïiu" t'en doint la qui fust en son temps
àîiiiâse erae corsage à ton -grant-père, peine
; il-"î;;";;ùrirîJ.t.iiiiir* d"i fust
""tu en'chrériônté. si mettray
"; ;;ïÉiliei te'train pour pouivenir à ton désir'n

il;;;;;ïitô ae';tte;*Git en une tour du chasteau'^qui tendrc-


son filz estoit eu
,o#i Ëio*it;"ff ;;*biôn qo;erre fust joyeusededonr
voye de Datvenrr,utî*îl àore i'a't*oi'citoit larmoyer' Tttttllliil
tr Nladame, si vous voulez Yenlt veolr
:
ipiii.-qo5ôo lui fust veuu dire
,ir iàiin.ùe"at,-piJst dnsipartir, r la bonne gentil
"'"îrtïJht;ï
irÀhï'ioiiit'prtî aïrriere-à, tt'toïr, et uenir son filz vers=elle,
;îî*i lire-àiiiei pr*r*-, i. pie*e, mon amy, vous allez au service
238 EISÎOIRE DE FRANCB.
que mère peurr commander à son enfant,
I: Je
{11.9-r{tl-Ltllr,r:.?lgttrt
vous c0mmande trols ch0ses tant que je puis.; et si vous les faictesi
D soyez asseuré que vous vivrèz triomphàminenf en ce monde.
que devant.lorltes ehoses vous aimez, craygnez
, '1.11_ll9r^i.è19,
9l:,etlgl
_r-rlt
Dreu, gans aucunement I'oflenser, s'il vous estpodsibki; car
n c'€st ce|luy qul tous.n0us a créez, c'est luy gui nous faii vivre, cest
D celruy qul n0us saulvera, et sans luy et sa grâce ne sçaurions faire
une seuile Donne æuvre en ce monde. Tous les matinl et tous les
')
r soirs reeommandez-vous à Iuy, et il vous aydera.
r La seconde, c'est gue vous soyez douk ét co*rtois à tous sentils-
n llorft€S, en ostant de vols tout orgueil. soyez humble et seiviable
n a trous gens, ne-soyez maldlsant ni menteur; maintenez-vous sobre-
r rn€trt quant au boire et au manger; fuyez envye, car c'est ung vilain
, yrcêi ne soyez llatteur nr rapporteur, ear telles manières
de sens ne
r vrennent pas vonlentiffs à grande perfection. Soyez loval en raicts et
)) drcts;,.tenez.vostre parolle; soyez secourable à vôs povies veufves et
D orpheltrls, et Dleu vous le guerdonnera.
r .La tierce, que des.bicns que Dieu vous donnera vous soyez chari-
nécessrteux; car donner- pour.l'honnedr de lny
]
D llll.^:._1Tl_po_vres,
n'apOvrlt 0ncqnes hom.m.es;^et p0urrez-vous faire qui grandement vous
, plo^ltlilT.l a! corps et à l'âmc. Véla tout ce quri je"vous
r {e crpy bien que. vostre père et moi ne vivrons flus guères. en charge.
Dieu nous
,f g.râqe à tout, le, moins,. tant que nous deronË en vie, que tou-
!1!_9_la
n Jours pulsslons ayolr besoln de vous I l
Alors le bon Chevalier, quelque. jeune aage qu'il eust, lui respondit :
( lla.dame pa mqlg, de iostr-e bôn enseftniment, tant humûlement
') qu-'il mest p0sslble vous,re.mercie; et espère si bien I'ensuyvre que,
D m0)ennant la grâce de,celui en la garde duquel me recommàndez, en
D aurez contentement; et au demourant, après m'estre très humblenient
I recommande â vostre bonne gràce, jc voys prendre Coneé de yous. D
Lp Loyu Snnvrrnun,-biôgraphe de Eayard.

EXERCICES ONAT]X EÎ ÉCRITS

_ l. Erplioation des mots. - Nouare, entre la Mora et I'Agogna. _


Sërninara, province de Rcggio, â quatré kilomètres de la mer.".1 Ceri-
gnola, province de Foggia. Agnadet, province de Crémone. _ Ra_
-
ve,nnet sur le.llontone, à six-kilomètres dè I'Adriatique. Guineoate,
ville du Pas-de-Calais. Malines, provinee d'Anv-ers, -sur Ia Driie.
-
l. 0uestionuaire. - Quelle était'l'origine de Louid XII? _ buels
furcnt ses. premiers aetes?
- Pourquoi éÈousa-t-il Anne
Qu.els étaient ses droits sur Milan?
de Bretaine?
le Milanais fit-il
-conquis, perdu et reconquis? -'Comment
gue Ie traité de Grenade?
Comm_ent-fut partagé le royaume - Qu'est-ce
de Naples? D'où vint la suerre-
entre Louis xII et Ferdinand le catholiqùe? -Quelle fut I'issudde la
gu€rre? -
et appréciez les qriatre traités de lllois.
- Exposez.
fut en cette circonstance le rôle des êtats généraux? - Quella
prise de Gênes. - Racontù
Pourquoi Venise était-ellé universellement naiet
-
Qu'est-ce gue.lq ligt.g dq Cambrai? 1 Qu'est-ce que la bataille d'Agna- -
del?.
- Que'l fut I'instigateur de la Sainte-liàue? Racontez"ler
succès et la fin de Gaston de Foix. -
- Quel fut ie sort des Francais?
- Comment Louis XII rétablit-il la paiir - Donnez une iaei-aeïad,.
FRANç0IS lor. 239
ministration de Louis XIL - Pourquoi reçut-il le titre de Père du
peuple ?
. 3. Ilevoira à rédiger. Erposer la politique de Lonis XII en ltalie
-
iusqu'aur trailé_s de Blois. Erposer les relations de Louis XII avec
le pape Jules [I. -

m
FRArilsols lcla uaRIcNAN. LA RENAISSANCD
LEqON

l. frrnoois ler à ilarign"n. Francoie Icr. cougin et gendre


de Louig XlI, recommlnça -les sueries d'Italie. il paisa les
Alpes, par une opération-hardie-et heureuse, et battit à l\lari-
gnan les Suisses,-défenseurs du duc de Milari. Puis il signa la
pairperpétuelle avec les Suisses, le concordat avec le pape, le
traité de l!.oyon avec Charles d'Auiriche. Les guerres d'ltahè pro-
prement ditês sont terminées.
_ 3. -Coaséquenoes des guerres d'Italis. Pendant lee guerree
d'Italie, les Francais, èncore srossiers.- s'instruisirent ô"I'école
des ltaliens, et eûrerit leur Reilaissancd.
9. Praugois lor of la Renaissauoo. Ior ramena de
- Francois
l\lilan et de Florence des artistes illustrcs et fonda lo Coltèse
tle !'rance et I'Imprimerie royale. Il mérita le titre de Père d"es
lettres,..par Ia prbtection éclairée qu'il accordo oux eavants et
aux artistes.
{. Eoriyaina et artistes.
- La poésie est représentée par Clé-
ment lllarot et Pierre de Ronsard: la Drose pâr Calvin, Rabelais
et I\larg_uerite d_e.Nevarrc; la sculptu're paË lUitiUert'Delorme,
Pieme Nepveu, Picrre Lesôot, Gennain'Pilon et Jeau Goujon.

nÉcrr

l. FrançoieIt'(1515). - En l5tb, la ['rence semblait


vieillie comme son roi ; elle se releve
épuisée per ses elforts et
tout à, coup solts Frangois I0!. Le nouve&u roi, arrière-petit-
Iils de Louis d'Orléans, flls de Charles V, était le cousin et le
gendre de Louis XII ; il fut le chef de le brenche des Valois-
Àngoulëme. Il avoit Io jeunesse, I'esprit, la bravoure et I'am-
bition; il fut le roi des artistes et des gentilshommes. ( L&
noblesse, dit le biographe de Bayard, se mit fort à I'aymer et
espérer en lui; car on le voyoit jeune, prest à entreprendre
guerre, et libéral pour récompenser les siens. Jamais n'avait
été vu roi en France, de qui la noblesse s'esjouyt a,utent. D
2+0 HISTOIRE DE FNÀNCE.
Françols Isr'avait sur le Milanais les mêmes pr6tentions
que Louis XII, et voulut les faire vsloir sans retsrd.Il renou-
vele donc les troités conclus ovec le roi d'Angleterre et la ré-
publique de Venise, re-
gut I'h ommage 'du
jeune archidue Charles
de Luxembourg pour
les comtés de Flandre,
d'Artois et de Charo-
lais, et la promesse de
rcstituer la Navame à
Jean d'Albret; en
rlchange, il lui garantit
la succession de I'Ara-
gtrn. Unc contne-ligue
se forma aussitôt rrc.,ur
la dôfense rle l'ùalie
cntre l'linrpcreur , le
roi d'Espagne, les Suis-
ses et l\laximilicn
Sforza, duc dc l\iilan.
L'llrnpereur n'cnvoyR
Francoig l"t.
prs de soldaLs, I'armée
espagnole fut contenue
par les Vénitiens; rcslaicnt lcs Suisses. Ils occupèrent les
passages du mont Gcnùr're et du mont Cenis. et attendirent
les Frnnçais.
2. Pâssage tles Alpes. - Le roi réunit à Grenoble et
à Lyon soixantc rnillc soldats e[ trentc mille chevaux. Les
lanÀqucnets avaient porrr chef Charles d'Egmont, duc- de
Gueldre ; les fantassins gascons ct français étaient aux ordres
du grand ingônicur Pierc de Navarre; I'nrtilleric, composée
de -soixantc-douze'grosscs pièces et dc trois cents pctitcs,
était dirigéc par le grand maître Galiot dc Gcnouillac ; le roi
et lc duc Charles de Bourllon, connétable dc France, com-
manrlaicnt la gendarmerie. Pierre de Navane e.rplora la
chaînc des Alpei, et reconnut que les troupes pourraicnt la
franchir, au prix dcs plus grands efforts, par lcs cols dc I'Ar-
gcntière ct d'Àgnello, qui n'étaient pas gardÔs par les Suisscs;n
i-'arméc s'engagea dans la vnllée de Barcelonnette, jctant dcs
ponts sur leJprccipices, minant et faisant sauter des blocs de
rochers, hissant à bras les canons, construislnt dos galeries
tRANçott r.r. 2&l
de bois le long des murailles à pic. Plusleurs fois on fut
obligé d'attacher les pièces d'artillerie à de longues cordes, et
de les lancer d'un bord à I'autre ou-dessus des abîmes. Le
troisième jour, I'armée coucha sur la crête; le cinquième,
elle se déploya dans les plaines du marquisat de Saluces,
laissant vaincue derrière elle la nature, plus redoutable que
les ennemis.
Les Suisses apprirent avec ôtonnement que les Français
étaient en ltalie, et que leur evant-garde avoit enlev6 dans
Villafranca Prospm Colonna, leur allié. Ils se retirèrent sur
Novare pour ne pas être coupés, et engagèrent des négocia-
tions.
3. Bataitle de Marignan (13 septembre f SrU).
Le traité était signé 1 I'argent qu'on devait livrer o,ux Suisses
étnit prêt, lorsque vingt mille montagnards descendirent de
Bellinzona, et refusèrent de consentir à une paix dont ils ne
devaient pns toucher le prix. Tous se ruèrent sur le cemp
français, à Marignan. Ils suivaient une grande route et mor-
chaient vivement, tête baisséc, tenant leurs longues piques
ou leurs espadons à deux mains. IIs allaient droit à I'artil-
lerie, espérant [a saisir et la tourner contre I'ennemi. En vain
Genouillac emportait-il des {iles entières à coups de canon I
en vain le connétrble, puis le roi lui-mème chargèrent-ils
à bride abattue à la tôte de la gendarmerie. Les Suisses
serrs.ient les rangs éclaircis et marchaient. Déjà ils tou-
chaient l'artillerie, Iorsque Pierre de Nnvarre jeta sur eux
deux mille Gascons : ils fléchirent un moment. Aussitôt la
maison du roi et les lansquenets assaillircnt leurs flancs, et
la bataille devint une mêlôe confuse au milieu d'un nuage
tle poussière et de fumée. A minuit, au coucher de la lune;
on iombattait encore. L'obscurité força les deux partis à in-
terrompre leurs coups.
Chacun resta à sa place, le roi près de I'srtillerie. Un
trompette sonna toute la nuit auprès de lui; et, à ce signal,
la gendarmerie et vingt mille fantassins se réunirent autour
du canon sur lequel reposait Frangois I"'. Au point du jour,
on entendit mugir de nouveau les trompes des Suisses, et
la bataille recommenço. A dix heures du matin, la lutte
était acharnée, lorsqu'on vit accourir Barthélemy d'Alviano,
allié des Français, &vec l'avant-garde vénitienne. Les Suisses
se retirèrent vers l\Iilan, laissant douze mille morts.
Ainsi furent domptés les d,omçfieurs de pri,nces. Trivulæ,
HU'T, DB FR. C. COùTPL. tl
.. .t
t,!
j t,!
.itl
,al,l#l-'''-'--',

tr 2tL2 EIST0IRA DE FRÀNCE'


, gùi avait assisté à ilix-huit blteilles, disait que 0elle do '
tvtnrignan éteit un combst de
géanls' et que toutes les
;;;rî n,eiaient que des ;eux d'enfants. Le soir, le roi
se fit
voulut honorer sur tous messirp Pierre tle Bayord, et
, ,rmer chevalier Por lui'
4. Traitég. Les Frangais merchèrent ensuite
sur
to.ut
' I\Iilan, où Maximitien Sforza-cnpitula' 9t 9t9Y,pèrent
: Ie troité
Ie duché. P;; i; garder, on contlut trois traités
({.5t5);
de Fribourf oo pîr* perpétuelte svec les suisses
ietraité de"Bologne ou côncorilat sveo Léon X (15f 6)' par
te toi et"le pape.se partageait.lt-,lt droit de nomi-
.ieqoet Noyon avec
It nation oux dignités- ôcciésiastiques I le. traité de
Charles de Lîxcmbourg, par-lequel le roi cédait
ses droits
et dé nouvelles__Promesses au sujet
,o, n.ptes obtenait-
qui rendit Tour.
de la Navarre. Un accord. avec Henri VIII,
naimoyennantsixcentmilleécus,achevalapacifi.cation
(f 5f g)'
générale.
5. Fin dee gnerrea d'Italie les deux alliés,
Alors
et
**roi lË*p.*.or-l\[aximilien, devenu roi d'Espagne de- Fra_n-

i;is Io' et d;ri;; de Luxembour8' le Catho-


. aieul maternel, f,'erdinand
iuis la *o*i au soncouronne
fi[ur, brig,èrent la impériaie; les. guerres d'Italie
sont terminèes, La grande lutte ôntre Ia maison
d'Autriche,
qui veut u.ttt"it fEotopt,- et la maison de France' qui
prenaenmainlacgusedel'indépendancecommune'v&
commencer.
, 6. Lra Renaissance en France' - I1 étaitIes- Espa- impos-
sible que ft* u"i"queurs d'lt'elie, les, ,nlpman$s'
gnoit àt ttt f*nçaii, ne fgssgn-t pas séduits lT t" su-p-é-riorité
, Au peupte-qo;ilr'do*ioaient. Leï arehers de Louis
XII tirè-
:rentàla,ibl.',,*lastatueéquestredeltdovicleMore;
msis Franq;isI.. ,"rrrrn* de Florence et de l\[ilan
quelques-
part de
uns des pi"* itfuutres artistes-, cqmme la.meilleure
son butil. ie-titre de Përe d,i,es peut
lettres est eelui qu'on
.lemoinscontesteràFrangoislul.Lessavonts,quiconsa.
: trouvèrent en lui
;;"i;;;-i;"* uàittu* à l'érude de I'antiquité-,
à Bourges;
un appui constant' Aleiat fut nommé- p-rofesseur
-fut
le Collège â;n'*uttt* ou collège- royel et posséda
.fg"$é'
.lèslSS0tleschairesdelatin,.degrecet'd'hébreu.Dixans
;près, le *iOiunfit I'Imprimerie royale' dont les admirables
livres ont tar6é jusqu'à-nos jours leur supériorité.
Tout en
formant rËt OtoËtitJement uïtional, il encouragea les plus
,l s,

RENAISSÂNCE DES tEllRES ET DE$ ARTS. 2&3


célèbres imprimeurs de son temps, Robert Edtienne, à Ia fois
savant et éditeur, qui composa le premier dictionnaire latin- I
frangois, et son ûls, Henri Estienne, dont le beau glossaire
de la langue grecque fait encore I'adniiration des hellénistes.
7. Poésie. Les poètes trouvèront à la cour de Fran-
qois I"'un appui- d'outant plus srir qu'il faisait lui-même des
v_ers, ainsi que sa. sæur, Marguerite de Navane. tlément
ll{arot a laissé, entre beaucou.p d'ouvrages, une traduction
complète dcs Psaumcs, qui se'chante encore dans les églises
Il faisait partie de la maison de l\{arguerite-, qui
calvinistcs.
lui accorda une généreuse protection. Le plus àétèlre des
poètes du siècle, Ronsard, étoit jeune souJ F.ongois ler, et
continua à vivre à la cour iusque sous Chnrles IX. Il entre-
prit de former le francais sur le modèle des langues &n-
ciennes.

Et sa muse en français parla grec et latin.

_ De Ià beaucoup d'alfectatiou qui gâte ses vers, tout en


laissant subsistsr I'esprit et le talent.
8. Proee. I
- -æ prosateurs ne manquèrent pae plus que
les poètes. Calvin, le fondatcur du protcsiantismè en France,
traduisit en français son livre d,e l'Instf,t.utùonchréttenne, qu'ii
avait d'abord écrit en latin, et il créo, pour ainsi dire, sa
Iangue, Iangue précise, sobre, logique, un peu sèchc et dé-
charnée, edmirable instrument de-la discuision et des af-
faires. Le second prosateur célèbre du temps ne ressemble
pes &u premier. Rabelois, tour à tour moine, médecin et
prêtre, fut pris en arnitié par le cardinal de Bcllay qui le lit
curé de l\{eudon. C'est là qu'il émivil Gargantua-et pan-
tagruel, contes fantastiques dans lesquels il se moqua de
toutes choses'et de tout le monde,novèc rin bon sens et un
esprit inlini, dans un langage coloré, ,ingénieux et savent,
trop souvent déparé par la grossièreté des expressions et le
cynisme des images : Rabelais comparait lui-même ses @u-
vres &ux statuettes de Silène, qui rcnferment des parfums.
Lc troisième prosateur du tempi de François I0r est ia p.opre
sceur, l\{arguerite d'Alencon, plus tnrd reine de Navar.rè; èlle
a laissé un volume de Nouuellcs,
9. Peinture, sculpture, architecture. Aussi
favorable rux rrts qu'&ux lettres, le roi appela d'Italie les
artistes les plus disti.rrgués. Léonard de vinci demeura peu

."rf;
'ùs
:l' rr ,.i'.i#
ÙLI EISîOIRE DE FRANCE.
de temps en Franee, mais André del Sarto travailla à Fon-
tainebleau, Le Rosso et Le Primatice y décorèrent lo galerie
de Franqois I". Les artistes frangais ne tordèrent pas à égaler
et à dépasser ces maîtres. Jean Cousin fut à peu près le seul
peintre de génie; mais les sculpteurs et les architectes sont
nombreux. Philibert Delorme commenço sa réputation sous
Frangois ler; il slillustra plus tard en achevant les Tuileries
pour Catherine de Médicis. Pierre Nepveu éleve le chef-
d'æuvre de Ia Renaissance franqaise, le château de Cham-
bord. s Qui n'a pes vu Chambord, dit un historien moderne,
ne soupgonne p&s tout ce qu'il y a de fantastique poésie dans
notre art du seizième siècle: c'est quelque chose d'indescrip-
tible que I'aspect de ce palais de fées surgissant tout à coup
a,ux yeux du voyageur, du fond du triste bois de lo Sologne,
&ves s& forôt de tourelles, de flèches, de campaniles aériens,
qui détachent sur I'ardoise sombre des grands toits les belles
teintes de leurs pierres gris de perle marquetées de mosaîques
noires. Cette impression ne saurait être surpassée que par le
spectacle dont on jouit sur lo terrasse du donjon, au pied de
lo charmante coupole qui termine le grond escalier, centre et
pivot de tout cet ensemble si vaste et si varié, et qui jaillit
radieuse au-dessus des terrasses comme une fleur de cent
pieds de hnut. r
Le roi embellit le Louvre, et occupe longtemps Benvenuto
Cellini, le célèbre orfèvre-sculpteur. Mais la gloire de ce temps
rt^-
i- est due surtout à Pierre Lescot, à Germain Pilon et à Jean
i
I
Goujon. Lescot traça le plan du Louvre; Pilon exécuta les
tombeaux de Frangois Io' et du chancelier de Birague ; Goujon
orna de bas-reliefs la fontaine des Innocents, couvrit de déli-
cates sculptures la fagade méridionele du Louvre et construisit
le château d'Anet.
10. Caractère do la Renaissance française.
La Renaissance française fut donc singulièrement féconde. -
Instruits à l'école dc I'Italie, les artistes et les écrivains s'af-
franshirent de cette tutclle étrangère, et dounèrent à leur
pays des æuyres originales et puissantes. Les lettres furent
mème plus sérieuses en t'ronce qu'en ltalie. Elles n'eurent
pes pour I'entiquité cette odoration enthousiaste et presque
servile, qui ne permit aux Italiens que I'imitation ; elles étu-
dièrent les anciens sans les copier, et, si elles n'atteignirent
pes l'élégonce raffinée du langage, c'est qu'elles s'occu-
pèrent beaueoup plus des peusées que du style. Nos éui-
RENÀISSANCE DES IETTRES EÎ DES ANTS. 245
veins prirent les Grecs et les Latins pour guides et pour
compegnons d'études, et tirèrent de leurs livres por la ré-
flexion mille choses qui n'y étaient pas. Ils furent des
hommes, et, sauf de rares exceptions, les Italiens restèrent
des élèves.

IECTURE.
- Le ooncordat de Bologne.
Léon X ne compta pas en vain sur les dispositions bienveillantes du
jeune vainqueur d-e Màrignan. A quelques joirrs de là, les deur repré-
sentants de Ia Renaissance, François lsr et Léon X, se rencontraient
dans la ville de Bologne. L'enlrevue eut lieu dans la grande salle du
oalais ducal. Le maitie des cérémonies avait dressé à I'avance tout le
ôércnronial, les attitudes, les gestcs, les pas avaient été savamment cal-
crrlés et les places distribuéef d'avance. illais à peine lcs portes furent-
elles ouvertes que la turbulente suite du jeune roi s'élanqa avec impé-
tuosité et pénétra en turnulte dans la grande salle. François lcr, sans
perdre sa Èonne hrrmeur, eut peine à sé faire iour au milieu des siens
êt à arriver devant le pontife-au milieu des càrdinaur décontenancés.
Singulière rencontre que celle du vlinqueur de ilarignan et du descen-
dant des trlédicis. Cette vive et gaillarde noblesse de France, amie de
la guerre pour le plaisir, barbare mais intelligente, brutale mais forte,
était comùe fasciriée dé.ià par cette société i[alienne vieillie mais bril-
lante, amollie mais raffiirée, qui espérait encore, dans sa décadence, la
soumettre à son prestige. Ng pouvait-on pas dire que la Renaissance
italicnne faisait côurbeisous sori .1oug aimaÙle ces farôuches vainqucurs,
comme autrefois la Grèce vaincue avait soumis Rome victorieuse.
De cette célèbre entrevue sortit le concordat. Le pape céda au roi la
nomination aur arehevêchés, aux évêchés et abbayes. Le pape en retour
obtint les annates ou première année du re ver)u des béiréiices. Ainsi,
Dar une étrange anomàlie, Ie roi disor,,sait des intérêts spirituels et le
ilape des intéùts tempurels: cc conc'ordat, qui mettqit dâns les mains
âe'la rovauté le clergii de Fiancc, lui donna-un pou,lbir absolu. Dès ee
moment-nos rois puicnt dire : Tel cst notre bori pla'isir.
Le concordat dd Bulogne, la conquête du llilanais et un traité d'al-
liance avec les Suisses. tel fut le trlnle résultat de la camrragne de ltte-
rignan. En t5t6, François 1or pouvait se croire le prince'le-plus puis-
saît de I'Burope. It'apiès Zellen, Italie ei Renaissànce.'

EXERCICES ONAÛX I]T ÉCNITS

l. Sxplication des mots. Illarignan, sur le Lambro, â 15 kilo-


- sur
mètres de IIilan. Friltourg, la Sarine.
-
3. 0uestionnaire. Quellé était l'origine de Francois lcr? Quel
était son earactère? -
Avec gui traita-t-i-lt
-
Quels ètaient les défen-
seurs du Uilanais? - -
Raeonlez le passage des Âlrres. Raconfez la
bataille -
de trlarignan. -
Par qui l'rânç^oiJ Isr se fit-il armer chevalier?
-
Quels sont lés traités signès après- cette victoire? Quelle ful la
-constqrrcnce beureuse dcs fuenes'd'ltalie? - François let
Pourquoi
a-t-il été appelé le Père de-s lettres? - sonl ses priricipales
- Quelles
2&0 EISTOIRE DE FRANCE.
Pourquoi protégea-t-il les poètes?
fondations?
-
rleur principaux poètès de son temps? -'Quels sont les
Quelle réforme voulut faire
-
Ronsaid?
- Quels sont les trois piincipaur prosateurs du temps? -
Quellcs sont leurs ceuvres? - Quels sorr[ les artistes italiens appelés en
France? fut le prineipal peintre franqais? fait lihilibert
Delorme?- le clre[-d'æuvre rle Pierre -liepveu? - Quelles
Quel Qu'a
- QueldeestLeseot, Pilon et Goujon? le caractère
sont les æuvres
de la Renaissance française?
- Queldeest
En quoi diffêre-telle la Rcnaissance
italienne? -
$. Itevoirg à rédiger.
- Raconter la première erpédition de Fran-
çois lcr dans le Milanais et la bataille de ltlarignan. - Exposer et appré-
cicr la renaissanee dcs lettres et des arts en France.

CHAPITRE YII
tI BIUAIITÉ OE [I FRAIICE T DE LI ]IIAIS(III D'AUTRICHE
(r519-155e)

I
E R.trI{IçOIS Ic! & CEAn'LES-oIIINT

rEçoN

l, Causes rle la rlvalit6. - Charles-Quint, élu enrpereur d'Alle-


masne en t519. menaçait I'intlépendance de la !'rance par sir
puiËsance et sôn arnbition : aussi !'ranqois ler commenta-t-il
Is longue lutte des maisons de France et d'Àutriclte.
!.Pr-enière-périorle. Pavie. Traité de iladrid.-AplQs avoir essayé
vainemenl, dé gagner I'alliance d'llcttri Vtll, ro-i d'Angletcrre, a
I'cntrevue du éarnp du Drap d'on, François ler commença la
suerre et ne put ni reconquérir la Navarre-ni garder le Nilairais.
La France même fut en dànger après la trahison du connétable
de Bourbon et la mort de Biryartl : lcs Impériaux passèrent Ie
Var. Chassés par le roi, ils le battirent à Pavie, le fircnt prison-
nier et lui imposèrent ie désastreux traité de l\'Iadrid.
3. Itourlème-période. Prise de Rome. Traité - de Cambrai. François
Iur se refusa à tenir une parole extorquée par la violence, et
forma la lisue de Cognac; ses lcuteurs donnèrent au duc de
Bourbon Ie iemps de f-rendre llome, qui fut saccagôe. Charles-
Quint,
- dicta le traité dé Cambrai et resta maitre rle I'ltalie.
{. Troisième période. Trêve de Nioe. - Pentlant qr,re Charles-
Quint corubatl.ait lee musulmans d'Afrique, le roi se prépara à
uue nouvelle guerre par des allianccs politiques et par la réforme
de I'armée et"de I'aàministratioo. Ed t530; il occupa la Savoie
rRANç0IS Iil ET CHÂnLES.0UII{T. 2n
et le Piémont, se retira devanù des forces supérieures, ch&esa
I'Empere-ur de le Provelce, et signa la trêve de-Nice qui lui lais-
sait les deux versante des Alpes.
5. 0oatrième période. Traitésïo Crespy et d'Arrlres.
de-deux envoyés français et le rcfui-de Charles-Quint - L'aasassinût
de céder
Ie l\lilanais piovoquèrént une quatrième guerre, qui fut mar-
quéc par la victoirc tle Cérisolcs et la perte de Boulbgne, et ter-
mhée par les trailés de Crespy eû d'Àrdree.

RÉcIT

l. Election de Charles-euintt à I'Empire (tSt9).


Le 12 janvier lSlg mourut I'empereur d'Allemegne,
-
Maximilien d'Autriche, et les sept princes électeurs se Iéu-
nirent à Francfort 'pour choisir soi *itcresseur. Trois souve-
roins étrangers se mirent sur les rangs. Henri VIII, roi d'An-
gleterre, Frtnçois I", roi de France, et Charles de Luxeui-
2&8 UISÎOIRE DE TNANCE.
sait' moins redoutable à I'indépendance des princes gue le
vainqueur rle Marignan, qui erit pl réduire'les élect'eurs,
comme les barons frencais, au rôle de courtisans. Ènnn
charles était Allemand ôt possesseur de pays ,
cette dernière considération l'emporta sur toutes"iiu*uoo,
les autres.
2. Puissance de CharteÀ_guint. _ Avant t;etec_
tion, les deux concurrents étaient îonneno, de rester amis,
quel. que fiit le résultat de leurs erforts. Mais, qu*nà
le,dépit et la jalousie n'auraient pas déterminé Franoois
Àc*,
Io'
à la. gue*e,-la-puisse.nce pr.nugonte de son .iuuii;f irr*"it
contraint. charles-Quint_.était âgé de vingt ans; il avait tes
Pays-Bas, Ies royaumes-d'Espagne, de Nailer, a'. Èi.if,
ài a,
sardaigne, les Etats de la miisàn d'AutriËh, étr ,.pi., ull.-
mand. Pour lui christophe corornb avait découur*i i a*e-
rique,.cortès conquérait le l{exique, et pizarre attait
rientot
envahir lR Pénnrr n f)rrq+.a o".--,r^. 6^:^^-^ r---
rRANç0I$ lct ET CnÀnLEs'ouINÎ' 2[9
Wolsey, son ministre, I'empècht s&ns peinedeprendre eucuÂ
engagement avec le roi de France, et les deux souverains se
séparèrent en échangeant des promesses, mois point .d9 tL
gn-atures. Après I'entievue, Henri s,lls, voir I'Empereur à Gra-
ielines, et celui-ci le gagno en flattant ss vonité et en s'en
remettant à son arbitrage.
4. Débuts de la guerre. Bayard à Mézières
en t521. Lesperre entre en
(152f ).
- La guerre commençe
ùlauarre, prit Pampelune et essaya de ranimer lo révolte des
villes tle ôastille;Ï tut repoussb au uord des Pyrénée9. te
duc de Bouillon envahit le Luxembourg, mais Charles-Quint
pénétra en France et assiégea Mézières. Bayard se jeta dans
ia place, trompa les généraux ennemis et d'onna Ie temps au
roi de le déblôquer. Lautrec, g:ouverneur du Milanais, irrita
les habitants par son administration repece et so conduite
sanguinaire; ils le chassèrent. François I"' le renvoya. evec
unaarmée de Suisses I mais, pour disposer de ces merce-
Daires, il fallait les payer. Louise de Savoie, mère du roi et
ennemie du général,- força le surintendant des linances, Sem-
blançay, à rémettre en ses mains les trois cent mille écus des-
tinés'à'la solde des Suisscs. En vain Loutrec les supplia-t-il
d'attendre ; ils répondircnt : t Argent' congé ou bataille. > Il
fallut les mener ài'assaut de la Bicoque, position élevée,, bar-
ricadée et entourée de canuux, qu'oecupail Prosper Colonna.
Les Suisses montèrent à I'assaut, furent culbutés, et rega-
gnèrent leurs montsgnes sans plus se soucier de leur général
que de lcurs ennemis. i\{ilan était perdu.
5. Trahison d.u connétable de Bourbon (t 523).
roi allait partirpour I'Italie, lorsqu'ilapprit la trahisou
- Le
du connéùable de Bourbon, le meilleur général et Ie plus
puissant prince du royaume. Bourbon possédait-le-Bourbon-
nais, I'Aùvergne, les-ducÏrés de Montpensiet, de la l\{arche
et du Forez, io seigneurie de Beaujolais, les prineipautés de
Dombes, le duché de Châtellerault et le comté de Clermont
en Picardie. A l\{arignon, il rendit les serviccs d'un habile
capitaine, et cependant, en l'521 ,le roi lui retira le comman-
tlernent de I'svànt-garde, ouquel il avait droit en qualité de
connétable, et il entreprit dè te dépouiller : il réclama les ,

Bp&nages de la maison de Bourbon, comme faisant retour à .


la couioone, à I'extinction de la ligne masculine; sa rnère,
Louise de Savoie, dédaignée du connéttble, qu'elle aurait
voulu épouser, réclama i'héritage de Suzanne de Bourbon,
tl'

È "',^çeÉ*|i'"J.r..+ -.,---lcÊii 4a*-:s .ù,


ITO EISTOIRE DE FNANCE.
dont elle était parente à un degr6 plus proche gue son msrl.
Charles prépara ss vengeance. Il fit dcmander à I'Empereur
la main de sa sæur Eléonore, et convint qu'il ferait révolter
ses sujets, tandis que les Espagnols entreraient en Languedoc
et les Anglais en Picardie. Soupqonné par le roi, il prit un
déguisement et passa en Franche-Comté.
6. Mort de Bayard (r 524). Il put jouir bientôt des
-
malheurs de sa pofrie. L'amiral Bonnivet, qui commandait
I'armée d'Italie, perdit du temps, fut attaqué par des forces
supérieures et se retlra vers Ia valléc d'Aoste. Il conlia I'ar-
rière-garde à Bayard, se lit battre à Biagrasso, et perdit à
Somagnano le cheualier sans peur et sans rqroch.a. Bayard.

ÀIort de Bayard.

qui prolégear[ ll retrnitc, tomba &u rnilieu d'une troupe


d'arquebusiers et fut frappé d'un coup qui lui rompit lcs
reins. < Jésus I s'éuia-t-il, hélns I mon Dieu ! jc suis mort ! l
Assis sous un arbre, il baisait la croix de son épée et deman-
do.it merci à Dieu. Les Espagnols lircnt dresser sur sa tête un
bcnu pavillon et lui amenèrent un prêtre. Bourbon vint, le
visiter < et dit audit Bayard qu'il avait grand'pitié de lui, le
voyunt en cet état pour nvoir esté si vcrtueux chevalier. n Le
capitdine Bayard lui fit réponse : < Monsieur, il n'y a point de
pitié en moy, cer je meurs homme de bien. l\Iais j'ai pitié de
vous, de vous voir servir contre votre Prince et volre pn-
trie et volre serment. I ll resta encore en vie deux heures,
priant et cot,fessant ses- pôchés. Il expira à l'âge de quaranle-
huit ans.
rnÀNÇols Ic! EÎ cHaRtEs'ouINT. 25t
7. Bataille de Pavle (1525).
- Bourbon, Pescaire et
Lonnoy, généraux de I'Emp'ereur, possèrent aussitôt le Var,
convainôu-s que les vassaux du connétable ellaient les jotndre.
Personne ne remu& ; Morseille repouss& les Impériaux,-qui
se hàtèrent de se ràtirer sur Gênès. Le roi se langa à leur
ooursuite. s'emp&ra de Milan et s'arrêta au siège de Pavie
iu lieu d'bÛose'r I'ennemi. Lo résistanse de la ville donna le
temps aux généraux fugitifs de revenir avec des forces impo-
*unùr. Liroi livra bitaille, molgr6 la Palisse et la Tré-
mouille; déjà I'armée française faisait de grands rs'v&ges {
dans les'rangs ennemis, lorsque François, les chargeant à la ,)

tête de sa gànd.armerie, rendit ses canons inutiles. A droite


les lansquùets piièrent et la Palisse fut tué1 à gauche, les
Suisses iernè*etti pied; au centre, le roi combattait avec fu-
reur; il fut blessé, tomba et remit son-épée -à !1"loI,..vice-
roi dô Naples, qui la reçut à Senoux. Le soir, il é*ivit à se
mère une'a.*ôriongue lettte, dont on afait le mot héroique:
q Madame, tout est perdu, fors I'honneul. D
8. traité de Madrid. ({526). Charles-Quint fit
transporter ses captifs en Espagne, sIr des galères françaises
mont'ées par des rirarins espagnols. f,''rançois espérait qu'une
entrevue &vec (( son bon frèrê > aplanirait tout. Charles re-
fusa de le voir, I'enferma dans une forteresse et lui réclama
la cession de i'Artois, de la Picardie, de la Bourgogne, la
rupture dc I'allianee ûve0les suisses, la renonciation â toute
prôtention sur Naples et sur Milan,_le rétablissement du con-
nOtubt* dans ses Ëienr et dignités. Le roi déclara qu'il abdi-
querait plutôt que de consentir à un tel traité. En vain se
sæur Margueritô vint-elle à Madrid négocier_avec Charles-
Quint, ellà ne put que consoler son frère malade' Enlin, lassé
pu* o.t* longuô capii.'ité, ne pouv&nt.se décider à une abdi-
àation qui aùrait siuvé son hdnneur, il se résigna à signer le
traiÉ dà l\Iadrid. Il absndonnait la Bourgogne, la suzeraineté
de la Flandre et de I'Artois, ses droits sur Naples et Milan, et
livrait en otage ses deux tls, Ie Dauphin et le duc d'orléans.
Il ne sortit pis tout entier de cette fatale prison; ll y laissa
cette bonne?oi, cette con{iance héroÏque, qui jusque-là svaient
fait sa gloire. Ii se rendit à tognac et forma contre I'Empereur
la ligu"e de tognac avec le-roi d'Angleterre, le pope Clé-
*.niVII, le dirc ile Milan, les Vénitiens, et s'attacha les
Suisses enaug*entant leur solde. X
9. Priee de Rome par les soldets de Bour-
2ï2 SISTOTRE DE trRANCg.
Uo.n (f 5?7): I\Iais il fallait aux confédérés de la prompti-
tude et de la-résolution, et Frangois Io', livré aux-plaisirs,
resta dans une inooncevable torpcur. pendrnt ce temps,
Bourb.on s'empara de l\filanet marcha surRome, promettant
à-ses lansquenets luthérienst le pillage de Rome et le sup-
plice du
!-epe. < Prenez patience, leur dit-il en les passant en
revue à Plaisunce ; je vous ferai tous riches, ou je mourroi à
"travcrsèrent
lg peinr. > Les solâats jurèrcnt de le suiïre,
I'Apennin et vinrent baftre les portes de Ronre comme un
toment déchainé. Bourbon communde I'assaut et prante lui-
même la première échelle ; il commenqait à monte-r, lorsqu'il
regoit au côté gauche une arquebusade qui le jetle dani le
fossé, mortellement blessé. Son écuyer le couvre de
son manteau, et les soldats continuent I'assaut, en criant:
I t
sang crrnûge Bourbon I
Les excès de ces bandits furent
dignes des Vandales : du haut du châ.teau Saint-Ange,
le pape put voir les églises profanées, les cardinaux mis
à la torture, lcs lansquenets ivres et coiffés de mitres procla-
penl pape X{ar1in Luther, et les catholiques espngnoli fouil-
lant les palais des riches Romains pour leur exioiquer leurs
trésors.
Loutrec, envoyé par Francois Io', prit Gênes, délivraRome
et assiégea Naples que bloquaient les galères de I'amiral
génois André Doria. I\Iais, apprenant que les Français vio-
laient les privilèges de Gônes et voulaient transporter son !

commerce à Savone, Doria passa. aux Impériauf. Lautrec I

mourut de la peste, le comte de Saint-Pol perdit le l{ilanais (

par la défaite de Landri&no, et le pape, abandonnnnt la


Iigue, signa avec Cherles-Quint un traité de paix et d'alliance I

perpétuelie.
10. Traité de Cambrai (t529). Le roi perdit cou-
rage. Ilenvoy& à Cambrai sa mère, qui- s'aboucha uvec Mar-
guerite, tante de I'Empereur, et signa la paiæ d,es Dames. Ce
fut un triste trsité ! Charlcs-Quint renoncait à cxiger la Bour-
gogne,- il recevait deux millions d'écus d'or pour la rancon
des enfants de France, il étnit exempté de la vassalité pour la
Flandre et I'Artois. Le roi nbundonnait ses droits sur l{ilan,
Gênes et Naples, et jurait de ne point se mèler des affaires
d'Italie et d'Allernegne, livrant ainsi à la vengeance impériare

l. Luther avait oommenoéI prôoher la Réformo en t5l?, et comptait en


15?I beaucoup d'adhéronto. -
I
FRANç0IS Iil ET CIIARLES-QUtNÎ. 253 'j
les alliés qui s'étaient fiés à sa parole. Charles-Quint prit J
I'lorence défendue par Michel-Ange, régla à sa guise les af- {
.i
faires de la péninsule, et se tt couronner à Bologne empe-
rcur et roi des Lombards.
lI. Alliances du roi de France. Le dominateïr
de I'Italie voulut se montrer le protectcur -de la chrétienté;
il donne l'île de Malte aux chevaliers llospitaliers, et plaça
ainsi, presque en vue de I'Afrique musulmane, un avant-
poste intrépide. Lui-même alla attaquer à Tunis le corsaire
Barberousse et s'empara de son ersenal, de ses vaisseaux et
de son artillerie. Le roi de France, ou contraire, plus sou-
cieux de la politique que de la religion, ne craignit pas de
solliciter I'alliance de toutes les puissances redoutables
à son rival. Des princes catholiques I'imitèrent, tant les
-paraissaient
progrès de I'ambition impériale à craindre t
Allemagne protestante, Suède luthérienne, Angleterre
schismatique, Turquie musulmane , Ecosse catholique,
France et papauté, unirent leurs elforts en confondant leurs
intérêts.
12. Troisième guerre contre Charles-Quint
({536).
- Conliant
ressources,
dans ses alliances et dans ses propres
Francois I". songea à recommencer la guerre.
L'assassinat d'un agent, nommé l\,Ierveille, qu'il entretenait
à Milan, en fut I'occasion. Il occupa la Savoie et Ie Piémont
dont le duc lui refusait le passage, et s'avanga vers le Mila-
nais où Frangois Sforza venait de mourir sans postérité. Il
commit la faute de négocier â,vec I'Empereur I'investiture du
l\[ilanais pour son second lils, rcçut de bonnes paroles et
donna Ie temps à son adversaire de rassembler ses arrnées.
Charles le chassa du Piémont, et passa le Var, se croyant si
srir de la victoire qu'il partageait déjà aux siens les charges
et les gouvernements. Montmorency, chargé de le combattre,
Iit de la Provence un désert, n'épargnant que les places de
Marseille, Arles et Tuascon. L'Empereur fut repoussé de
I\{arseille, vit périr ses soldats décimés pur Ia misère, lafaim,
ou poignardés par les paysans, quil,ta la France au bout de
deux mois, et s'en alla en Espagne < enterrer son honneur
mort en Provence. l
La victoire du sultan Soliman II sur Ferdinand d'Au-
triche, son frère, à Essek, le détermina à traiter : il signe
la trêve de Nice (1538),, par laquelle il abandonnait les
Etats de Savoie à la disuétion du roi. Tous deux se vi-
)
2SI EISTOIRE DE trRÀNCE.
i-
i:t
F
rent bientôt oprès à Aigues-Mortes et pa.rurent eYoir
Ë oublié leurs ressentiments. Charles obtint de pesser par
ù'
'i la France pour aller chôtier les Gantois révoltés, promit
t le l\lilanais, et, une fois sorti du royaume, nia so promesse. / "
f:
t
l

t
i
t
I

Carte de Ia Provenu.ù

13. Quatrième guerro (i542). L'B.ssa.ssinat de deux


-
ambassacleurs français, et le désastre dc I'Empereur à Tunis,
décidèrent le roi à tenter encore le sort des armes. Les llottes
frangaise et turque bombardèrent Nice, ct le jeune comte
d'Enghien pess& Ies Alpes avec l4 000 hommes. Il gagna sur
le marquis du Guast la belle victoire de Cérisoles, et Charles-
Quint se décida à signer lo paix de Crespy (154e).
Henri VIil, roi d'Angleterre, allié de I'Empereur, prit
Boulogne, et consentit à conclure la paix d'Ardres, par
loquelle il promettait de rendre la ville dans huit
ans (1546).
14. Pouvoir abeolu. François I" cherche par des
-
réformes diverses à se donner un pouvoir plus absolu. Sous
son règne, la royauté domina Ie clerg6 par le concordat, la
noblesse par I'espril de cour. Les grands ofliciers tle lo cou-
rorne furent abaissés eu prolit des seuétaires d'Etat plus
obscurs et plus soumis. La France fut divisée en douze pro-
vinces ou gouyernements militaires: Ile-de-Frtnce, Nor-
mandie, Picardie , Champagne, Bretagne , Bourgogne,
f"".;
,1
FRÂNç0IS lcl EÎ CHARLES-oUINT. 25S 'i

Lyonnais, Dauphiné, Provence, Auvergne, Languedoc,


'
,li
Guyenne. Les gouvetneurs, nommés par le roi, étaiept ,,,CG
révocables à sa volonté. C'est lui qui le premier mit {ur*F!!-f
bas de ses ordonnÈnces Ia formule fameuse i Car tel, est notie
u151ff
bon plaisir. r
15. Adrninlstsation. Comment
- Quelles Franqois lo'usa-t-il . '

de cette puissance absolue? réformes introduisit*il


dans I'odministration de la justfce, des finances, tle I'armCe et .-
d.e la marine?
Par I'ordonûrnse de Crémieux (t536), il plaça les juges
seigneuriaux sous la surveillance des juges royoux. Par celle i

de Villers-Cotterets ({ 537), il restreignit la juridiction des ofl-


cialttés ou tribunaux ecclésiastiques, supprima le droit, d'asile
devenu nuisible dans un Etat bien constitué, substitue le
français au latin dans les actcs notariés, et uéal'état stail en
sonliant aux surés Ie soin de consigner sur un registre les
naissances, les mariages et les décès. ;
L'impôt fut fort augmenté. On éIeva la taille ou impôt l
foncier à neuf millions, on accrut la gabelle ou impôt sur le
sel ; une taxe nouvelle de { 200 000 livres fut instituée pour
I'orgenisation des légions provinciales. Les rentes sur I'Hôtel
de Ville, les emprunts forcés, le trafic des charges de judi-
cature, la loterie royale furent établis malgré les elforts du
parlement. Des règlements nouveaux simpli{ièrent I'admi- I

nistration des linances : on divisa le tenitoire en seize géné-


ralités I checune était régie par un général des lïnsnces ou
intendant cbargé de percevoir les impôts et de les transmettre
à une caisse centrole appelée l'épargne.
L'armée appela I'altention d'un roi belliqueux. Il disci-
plina les compagnies d'ordonn&nce, organisa ls csvslerie
légère des struiliots, et ût, après Charles VII, une seconde
tentative pour donner à la Frence une infonterie ns.tionaie.
En 1543, il forme les légions provtneiales : elles se compo'
saient de sept légions de six mille hommes chocune, et de
huit mille pionniers. Mais il en fut de ces légionnaires
comme des francs archers; ils tombèrent promptement en
discrédit.
Pour lutter contre llenri VlI, le roi voulut avoir une mt--
rine. Il fonda le Havre qu'il appela.Ville-Irançoise, et yréunit
une llotte de cent cinquante gros vaisseaux ronds, vingt-cinq
galères et soixante petits bâtiments. Per son ordre, le Flo-
rentin Vcrazzano entreprit un voytge de découvertes au
256 HISTOIRE DE FRANoE.
Nouveau Monde (l524). Dix ans après, Jacques Cartier lit le
tour de Terre-Neuve, remonta le Saint-Laurent et erplora le
Canada qui reçut le nom de Nouvelle-Francel Robervol,
nommé vice-roi, installa une colonie eu cûp Breton. Dès lors
les armateurs connurent la route de I'Amérique du Nord, et
tous les ans des navires partirent de Dieppe, du Havre, de
Saint-Malo et de La Rochelle pour faire ta-pêche de la morue
et le commerce des pelleteries.
16. Mort de François 16'(f 547).
- La fin du
de Frangois I,rfut ensanglantée por Ie massacredes
règne
Vaudois.
C'étaient de pauvres montagnards des Alpes qui voulaient
r&mener I'Eglise à sa simplicité primitive. Là parlement
d'Aix condamna leurs doctrines, it le président-d'Oppède
poursuivit ces malheureux &yec une muauté inouïe : il in-
cendia leurs bourgs de CÉbrières et de l\Iérindol et lit périr
les Vaudois par milliers. Quelques-uns parvinrent à se iéfu-
gier en Piémont et en Suisse.
Dans ce règnc de trente-dcux o.ns, si rempli d'événements
divers, les fautes du roi ont été nombreuses : Francois I€r
ovait une santé de fer qu'il ruins per I'abus des plaisirs, une
valeur brillante qlr'il ne sut pas maîtriser par le sang-froid,
une ôme généreuse dont les élsns aveugles le livrèrent sou-
vent à scs courtisans et-quelque{ois à ses ennemis, un esprit
Iibre et ouvert qui ne I'empêcha pas d'envoyer au supplice
les réformateurs. Cependant peu de mona.rques sont rèstés
plus populaires que lui. En combattant sans relôche Ia puis-
strnce de Charles-Quint, il a servi la cause de I'indépendance
frangaise et celle de la Iibcrté des nations européennes, il o
fait æuvre de roi de Frsnce. En attirant à sa cour les poètes
et les artistes, il e donné à son pays I'héritage de I'Itaiie, la
Renoissance.

LECTURE.
- Entrevue du Camp du Drap d'or.
cette rénnion est restée célèbre dans I'histoire, bien DIus Dar son
faste. royal gt par les incidents personnels qui s'v mêrèrenf qoe iir
résuttats politiques. 0n I'appela le camp du Drâp rl'or: et Ies'courti-
ses

sâns qui accompagnèrent les deux souveiains se ciurent obligés de riva-


llser presque de- luxe avec eux, <, tellement, dit le contenrpoiain lfartin
du.Bellay, que plusieurs y portèrent leurs moulins, leurs fôrêts et leurs
prés.sur Ies épaules. Henri VIII avait fait construir€ par onze cents
'r
plus. habiles de Flandre et de. Holhnd.e, ûn palais qua-
9l1l,_er,st, les
drangulaire en bois, long sur chaque faee de l2g piehs: sirr I'un'des
côtés.de la porte d'entrée était unsfontaine charsée^de d6rures. et sur-
montée d'une statue de Baæhus, autour de laqlelle coulaient'par der

-S{è*--.:
FRÀNçoIS lcr 81 CTTARLES-oUINÎ. 287
conduits souterrains des vins de toutes sottes, et gui portait pour
inscriotion en lettres d'or : < Faites bonne chère qui voudra. u A I'autre
côté de la porte, une colonne, soutenue par quatie lions, était surmon-
tée nar uné statue de Curridon arrné de son arc et de ses llèches. En
face'du palais s'élevait uhe grande figure de sauyage aux armes de sa
race, avèc cette inscriptiun ùhoisie paî tlenri VltI :-r, Celui qrreje sou-
tiens I'emporte. ,r A l'ertÉrieur, la faq;r,le était couverte de toilc à voiles
peinte, pour figurer les pierres de iaille; à I'intérieur étaient tendues
de riches tapisseries.
François ier, jaloux d'égaler en magnificence son royal voisin, avait
fait élever, près d'Ardresr une immense tente, soutenue au milieu par
un mât coioisal fortement tiré err terre par des poteaux et des cordages
tout autour. A I'extérieur, la tenle, en forme ile dôme, était couverte
de draps d'ori à I'intérieur, elle fisurait une spltère tendue en velours
bleu, ei peuplée d'étoiles en or, co-mme le firniament. A chaque angle
de lâ grdndd tente, il y en avaît rrne petite aussi richement'décorëe.
Les deux rois, rrorrté3 sur de beaur clrcvaux et magniliquement vètus,
s'avancèrent I'un vers I'autre. Le cheval d'Henri Vlll bronlha. svmptômé
qui rtéplut à ses scrvitcurs. Les deux rois se saluèrent dc bônie 'grâce,
s''erubfassèrent sans descendre de cheval, mirent pied à terre, et sé
rendirent, en se tenant par le bras, dans la tente où Wulscv et Bonnivet
Ies attendaient. Ils si*n'èrent un traité par lequel le Dauphin de France
devait épouser la priicesse l\larie, ûlle unique alors..d'ltenri VIll, à qui
Francois Iet s'enqaseait de naver une somne annuelle de t00000 livres
jusqLi'à la célébrîtirrn du draiiage, encore très éluignée, car Ia prin-
tesSe anglaise n'avait alors que {uâtre aus. Les deui roi's prirend leur
vin ensenrble, eelon I'usagê,' el'se présentèrent mutuellcment leurs
courtisans. Lê roi Fran(oii, dit le ôhroniquerrr favori d'llenri VIII,
Bdouard tlall, qui sc trouvait lâ, a est un airnable prince, fier de main-
tien et gai de mrnièrcs. le teint brun, les leur grarrds, le nez long, les
ièvres épaisscs. la noitrine et les érraules larges, avec de netites iambes
et de gràntls pieds.'u Le portrait âe Titicn îonne de Frànçois io' une
nlus baute et'nlus aqréabje idée.
^ rr r\lors commenr"ôicrrt les joutes, qui durèrcnt huit jours, et furcnt
merveilleusemeut bellcs, tant à pied comure à cheval. Âprès tous les
passe-temps, le roi tle France et le roi d'Angleterre se retirèrent en un
iravillon, ôtr'ils burent ensemble. Et là, le r,rÏ d'Angletcrre prit le roi de
F'rance par le collet et lui rlit : .. IIon frùre, je veux lrrtter avec vous,
'r
et il lui donna une altrape ou deux; et le roi dc France, qui est un fort
bon lutteur, lui donna un tour et le jeta prr terrc. Et voulait encore le
roi d'Anglelerre relutter; mais tout ccla fut rornpu, et fallut aller
Souper. t) Gurzor. llisloire de France.

EXERCICES ORÀT]K ET ÉCRITS

l. Brplioation iles mots. Mêzières, rive droite de la l\leuse.


La Bicoque, à 7 kilomètres -de Milan. - Biaqrasso,
-
à 24 kilomètres
de ltlilan. Pauie, sur le Tessin. Auersa, à {4 kilomètres de Naples.
-
Landriano, à 15 kilomètres de- Pavie. (Glrd).
-Cérisoles, - Ailyues-trIorfes
Piémont, à 50 kilomètres de Coni. -
Àisne, à t0 ki-
lomètres de Laou. Ardres, - Crespy,
Pas-de-Calais. Crinieæ.r, lsère.
-
Y illers-Cotterefs, Aisne.
- -
l.0uestionnaire. Quels fureut les candidats à I'empire en tSlg?
-
\

268 EISTOIRE DE trRÀNCE.


poursuoi fut-il préféré? Quelles.étaieat.ler.por
quelles -maisons descendait-il? -
charles-Quint
--
;;ù;iË ëii;;i;;-0;ilir-..0ô qlgtl
ô.iîoiiârii-ù ôimp îo blap geb* . A.a'qui Henri YIII donna't-i! son
guerre en re cha rl es-Q u n t
itii ;[r'di' - ôi, Jitî.ônt-irt' .tte -- I t

Lautrec fut-il
i

Ëi'Ëlîid.ir rËi-: ôu]'àerenaii lttrières? Poursuoi


q;ôtiittient res domaines'du corrné-table de
;;il;"à-i; nicoqueî - de sa trahison? Oir fut battu
ËâT.ùir';ii,iËrià- fureir tes ceuses
la mort de Bavard. -
Pourquoi les
fliàiîiiiooniîer? -nïô-otct -
dacontez la batâille de
Imoériaur furent-its .frî.îet at È1oveg.cg'l -
;:tffi oieoi- L Sîïere"r hai ra-t.it Fra nçois ro' ca
pti f ?. .Quell es
ilii -
i"iliî rrril;d;d;-t'iùo ïe trtao,id? Qu'qs.t-.ce {ue^la ligue de
-
'c;;;;.t Racontez li-ttt.A' F-o.te-.pal les soldats de Bourbon' -
cËilliËi,t- lei'ïianqaii-pi,iàiieni-ils- Nàqles et .rlilal?. - poui Exposez les
la cbré-
o,r,.e ht charles-Quint,
;ùiË;'ïr'i;ritii'àiJ.ËiËiâi. - s'illia.-t-il? Commcn[ François lot
tienté? - Avec quliin-CôiJ-iu' -
ËËùrlt-if e poïvôii rr,i,riùl-- Quels. étaie.nt
les .douze gouv.ern-ements
f

ililîËilji_ I-lnOiqu.r-iàs réfoùes introduites dans la.iustice, -essais -


les
_
il;;il;; I'arnee] ri-i,iiine. _ Faites connailre les de colo-
Ti.îiiàn'ro"t ,e ieËne. l-quelle fut.l'o.ccasion de la tro-isième gu-erre?
:î;;m;"trÀÀ riincïis éûiuèrent-its le Piémont? - comment lllont-
que la tr-êr'e.d e Nice ? -
*r-.iîtîâïoitïi i-ii i.' pioneà'anieigoesluortes
?
- -Q u' t-cee s
fut l'occa sicu de
ôià"ïid"iiî ôirîrràs-q ;ini ?
-'Quelle
ii";,iri;iè;. il;,i;f :'0-àiiË avec victoi.e remporta le cogte d'Enghien?
crrarles-Quint.et Henri YIII? -
-:i;;i;"ffiifti"iuidnt coiôioJ jugemcnt sur Fran-
Racontez te massacle Oes ïaoOois.-- Donnez-un
il;Ë;. : nonne, les principales dates de son rèene'charleslQglnt.
" 3. Itovoirs a rooigir.'-'c'oôpatei Franqois I.'"et -
Urioiliii"ri"riiteiô'la Fiincle et de l'hutriche depuis 151e jus'
qutu 1547.

II
EENRI II
(r5{7-1559)

rEçoN

l.Eeortll,-Henrilldonnaeaeonfiance&uxGuisesetau
,oî"Ëii'6i, âe lrfoniôùôi,cy, qti réprima
guellement la rêvolte
de Dordeaux.
""r."iloîîîiri rtvalité aveo l,autrtgFe. :. Le roi se prépara à la
alliances: il flâncà le dau-
n,i;r., io;iru'r;Àutii.Ïïbaia;utites. -Boulogne
Étrin a la ieune p,oË'à-'f"o$, Itlarie. Stuart, iacheta
Ëfi"Ë;i"ïi rtitta aux prince_q p roresrants.d'Àllemagne.
'ï'ôi,ii"i;râ?î perioÀ.-iieie --
ae_vauce[gr. Dans une première
ù-itttpi* deJrrois-evêchés' - et le rluc de Guise
a;;;:ï;;i ltôtr. Charlcs-Quin[, tou'nenté par Ia
ieooussa I'Ernpcrcur'aË
;;""h;;;,];iJ* i'Empire à son frère t'erdinand et ses royaumes
- son fils PhiliPPe lI. do Cateau-Cambrésis. Ilenri II rompit
À
ilîiîi[r.Ïi.'iôC*.-i"lr -
IENRI II. 259
la trève. I\lontmorencv fut baltu ù Saint-Quentin, mais Guise
it'i-iCoiàiJ.- ie ioi, au" lieu de poursuiwe ees succès, signa le
i.;té î; ÔaGau:caÀnrésis, pai lequel il rendait les Etats de
Savoie. Il mourut la même année (f 559).

NÉCIT

1.. Eenri II (r547-1559). Révolte popula.Fe. -


Les àerniers avis de François Io! à son fils furent de n'appeler
aux slfaires ni Ie connéta-ble de Montmorency ni les Guises'
Ilenri II, esprit lourd et caractère faible, ne suivit p&s.ces
conseils, il donna toute so conliance aux priuces lorrains,
Frangois, duc de Guise, et Cherles, cardinal de Lorraine, et
au côonétable Anne de Montmorency. a Il n'y ovait, dit
Vieilleville, que les portcs de Montmorency et de Guise-ou-
vertes pour ehtrer en crédit. > Pour suflire aux prodigalités
des favoris et sc ménager des ressources militaires, le roi
augmenta les impôts et lit lever la gabelle ûYec une extrême
rigueur. Chaque chef de famille fut tenu de prendre oux
gi=eniers royeux une quantité de sel déterminée et de. lapeyer
iln prix elevO. Les hàbitants de Ia Saintonge, de I'Aunis et
-Bordelois
du se soulevèrent : à Cognac, on jeta le procureur
général de la gabelle dans le rivière, disant par^moquerie :
i Va, méchani gabeleur, saler les poissons de la Charente t >
A Bordeaux, le lieutenant-gouverneur fut égorgé 8ve0 une
cinquantaine de personnes. Bientôt Ie connétable arrivù,
entra par la brèche, Iit condamner à mort cent-quarante
bourgeois, imposo une omende de 200 000 livres à la ville,
et contraignit les magistrats municipeux à déterrer avec leurs
ongles Ie ôorps du licutenant-gouverneur et à I'inhumer de
nouve&u dans la cathédrale.
2. Conquête des Trois-Évêchés({552). - Charles-
Quint, vainqueur des protcstants à l\{ûhlberg (154.7)' était
maître absolir au nord comme au sud des Alpcs. L'électeur
I\Iaurice de Saxe, le pape Paul III recherchèrent la protection
de Henri II. Le roi fiança son fi.ls Franqois avecla jeunereine
d'Ecosse, Marie Stuart, racheta Boulogne aux Anglais, et
signa avec les princes allemands les traités de Friedwald
et de Chambord : les princes de Saxe, de Brandebourg, de
l\Iecklembourg et de Hesse convinrent qu'ils combattraient
de vive force < les pratiques employées par Charles -d'Au-
triche pour faire tomber Il Germanie dans une besl.iale, in-
supporlable et perpôtuelle servitude, comme il a été fait en
260 EISTOIRE DE TRANCE.
Espagne et silleurs >;qu'ils n'accepteraient ni paix nl trêve,
ù moins que le roi n'yfiit compris f qu'ils aideràient le < sei-
gneur roi à s'impatroniser des villes impériales n'étant pas
de langue germanique, comme Cambrai, l\Ietz, Toul, Verd-un
et autres semblablcs t. >r Le roi, prenant les titres de vicaire
de I'Empire et de protecteu.r des libertÉs germaniques, s'em-

. Carte de la Lorraine et de I'Alsace.

pare de l\fetz, Toul et Verdun, qu'on appelait les ?rods-


Euêchés. En vain Charles-Quint vint-il assiéger Metz avec
cent mille hommes; le duc de Guise lc repoussa, tandis que
le maréchal de Brissac se maintenait en piémont, malgré
I'infériorité de ses forces.
3. Abdication de Charles-euiut(t5U6). Charles-
Quint remporta quelques succès en Picardie, où -il détruisit
Thérouanne, et en Toscane, où il prit Sienne malgré I'hé-
roique défense de Montluc ; il en prolita pour se âécider à

^ 1. A.insi' dc I'aveu des. princer allemands, Metz et les lutrcs villes étaient
frangaiseo €1,noE germanigues, et la-
_Franco le_s acquit en échange ae sÀryicei
rendus. L'Allemagpe' .qui .a. pris lvletz
r raDc6 tvarr uBurpo celte yrllo poDdaDt deu!-par la foice, ne srurait dire quo ie
ceDts aDs.
'I
l
't
HENRI II. 26t '-'t
i{
une. abdication qu'il souhaitait depuis longtemps. Abandonn6
de la fortune, qui, disait-il, n'aime pas les vieillards, tour-
menté par le goutte, il signa avec les protestants Ia paix
d'Augsbourg, &vec la France la trêve de Vaucelles, laissa
I'Empire à son frère Ferdinand, ses Etats d'Espagne, d'Italie,
rle Franche-Comté et des Pays-Bos à son lils Philippe II,
époux de la reine l\{arie d'Angleterre, et se retira &u mona,s-
tère de Yuste en Estramadure.
4. Bataille d.e Saint-Quentin (l55?). La trêve de
Vaucelles, qui devait durer six ans, ne dura -que six mois,
Henri II, stimulé par le duc de Guise, prétendant ou trône
de Naples, et par Ie pape Paul IV, violent ennemi des Espa-
gnols, reprit la guerre contre Philippe II. Guise échoua en
Italie contre Ie due d'Albel au nord, I'armée anglo-espa-
gnole, forte de quarante-cinq mille hommes, vint assiéger
Saint-Quentin, sous le commandement de Philibert-Emma-
nuel, duc de Sovoie. L'amiral de Coligny, {ui ne pouvait
défendre longtemps cette ville mal fortifiée, demanda des
secours &u connétable de Montmorency, qui essaya de
rovitailler le place. Mais, surpris et enveloppé par la cava-
Ierie espagnole, il perdit la bataille et resta prisonnier.
5. Prise de Calais (1558). Heureusement Coligny
résista encore dix-sept jours, et -Philippe II ne voulut pas
msrcher sur Paris avant d'avoir pris Saint-Quentin. Henri II
eut le temps de rassembler des troupes et Guise de revenir
d'Italie. Guise assaillit brusquement Calais et forga le gou-
verneur anglais à capituler au bout de huit jours.
6. Traité de Cateau-Cambrésis. Philippellétait
à
-
bout de ressources, et Henri II, maître d'une belle armée,
n'avait qu'à continuer la guerre pour conquérir la Flandre.
Sur les instances du connétable, il se décida à traiter à Ca-
teau-Cambrésis. Il fut convenu que Ie roi d'Espagne épouse-
rait Elisabeth de France, fille du roi, et le duc de Suvoie,
Marguerite, tlle de François len. La France gardo Colais
et les Trois-Evêchés, recouvra Saint-Quentin, Ham et le
Catelet, rendit cent dix-huit places ou châteaux et re-
nonçe aux Etats du duc de Savoie. C'étoit, disait Guise,
donner en un jour ce que n'auraient pas enlevé trente ans
de revers.
7. Mort de Eenri II. A I'occasion du double ma-
- et
riage des princesses Elisabeth Marguerite, le roi donna
des fêtes brillantes, et voulut figurer lui-même dans les
\I

262 flISTOIRE DE FRANCE.


tournois. En joutont contre le comte de l\Iontgommery, il
fut blessé à lbil d'un éclat de lance, et mourut onze jouts
après.
La maison d'Autriche gordait sa puissance menaçante
pour I'Europe : la France, au corrtraire, ollait se déch,irel
àlle-môme pendant un demi-siècle, et donner au roi d'Es-
psgnc I'occision d'intervenir en arbitrq' Pre-sque-en maître'
Liprotestantisme, en elfet, qui avait pénétré en f,'rance sous
Fraiçois Iu', avait fait beaucoup de progrès sous llenri lI'
appauvrie por le Sucrre et qui. n'avait
La pàtite noblet..,'favèurs
noint de Dart oux de cbur, embrassa les doctrincs
ioutelles'dans I'espérance de refaire sa fortune en s'empa-
rant dcs biens d'Eglise; les magistrats et les gens de le_ttres,
par haine du conéordat ou par -esprit d'examen, se lirent,
àu moins en partie, disciplés des réformateurs' A la lin
de son règne, Iienri résolut de sévir : il Iït a*ôter deux con-
seillcrs aî parlement, Dufour et Dubourg, et-les traduisit
devant une îommission : il mourut avont que le procès lfit
terminé.

IECTURE.
- Le ciège de ilots'
Gharles-Quint luttait en Allemagne contre les. protestants.. Il av,r.it
faiiiiiitË p:rir-a tnrp.rcÈ par lllaurice de Saxe. Il ie décida à traiter
âïàï ilffefràSne pdniiguinir ses e{lorts.contre la France. Ce tut lc
.efebte ltàitéîe Phssiu (2t aoùt t552), qui qecordait aux grotestants la
liberté de conscience. Libre en Allemagne' Charles-Qulnt resglul 0e re-
prendre Metz.
''i'îâ-nioiïaï ilu roi l'honneur de défendre cette ville. Il
'fu.ùGuise obtint {S52,
rtriià"'E t;'ù;rùt ne trouva que.quelques..recr.ues qt"il
ererCa lui-même auI manceuvres devant son logts.. l\lals Dlentol .les
vo-
Ë;iffi;.'"di;; ei tou.gJoir, accoururent en fôule. Les re.mparts déla-
brés fureht reeonstruits; Guise paya de sa bourse lespl0nnlers'.mangea
ôi ùa"rift. avec eux. cÉarles-Qï!irt, sûr de la vietoire,. arrivait..lente-
ment: n Je nrétends battre Ia ville de l\letz de façon à. la mettre sur
Ë"iàie-aï rtf.-àï ïuiJ., u disaifil. Le t9 octobr"e seulemenl le duc
rnille hommes
à:AiËô, sù ôâpitaine général. arrivait avec vingt-quatre
d'avani-earde à une lieue de la ptace qul,devalt, dlt-gn' êÏre ennn as-
-iegde^ pir-ce"f rnitie fantass.ins,'vingt-trois mille chevaux, cent vingt
niOîes'Ae canon et sept mille'pionniers. Le 20 novepbre, Charles-
6iil;. tiiràâË-â.
-sentit Ë siuite a tnionvitle et hors d'état
de se tenir sur
il'l;rdi. taïécessité d'assister lui-pème au.giè.ge; il parut
iËîd"t ùËii iui un cheval arabe, le visage. pàle et,dètait, les yeur en-
ijnffi';;-i; iete eî ia Uaine blan'che. 1.a riligGuise,
fut alors vigoureusement
mais uous, leur ren-
aiiiOee.. u lls nous baillent des pois, disait
;on;"Ë fè;6. ;;ttiiÀge aurâ soixante-cinq joirrs; les. soldats alle-
rîîaitifrùiËii ae àon"ir de nouveaux assduis : a J'ai été autrefois
;"i;idffil.Jcomlats,îiiait Charles-Quint, mais je vois que je n'ai
,IrF

BENRI II. 26J


plus d'hommes autour de moi; il me faut dire adieu à l'Empire et me
ôonfiner dans quelque monastèie: avant sir mois ie me ferai cbrdelier. n
Le 26 décenbr'e l5;g, il se décida à partir. ,, La fortune ressemble aur
femmes. dit-il. elle préfère un ieun'e roi à un vieur emDereur. ll r
laissait irente rirille uiorts devant'la nlace et beaucoun de^blessés que
le célèbre chirurgien Ambroise Paré ioigna avec dévoirement. Ce siége
fut célébré par làs contemporains : il co"mmença Ia fortune de Françoit
de Guise. Uire chanson disàit : '
Pour conclusion out lev6
De devant Metz I'artillerie,
Et tout leur camp ont fait mercher,
Qui lcur est grande moquerio.
Le noble seigoeer de Guise
Sur la queue leur 6t aller
Grand nombre de cavalerie,
Pour les approndre à cheminer.
D'après Guzor, Hùstoi.re de France.

EXERCICES ONAUX ET ÉCNITS

l. Erplioation d6s mots. - Chantbord,,Loir-et-Cher, à t2 kilonètrer


de Bfois, sur le Cosson.
- Renty,
à 8 kif omètres de Cambrai.
Pas-de-Calais.
Cateau-Cambrêsrs,
Vaucelles, Nord,
- Nord, rive droitg
de la Selle. -
qui Henri II donna-t-il sa confiance?
8. 0uestiounaire.
- A
Quelle fut la cause de la révolte de Bordeaux? - Comment fut-elle
-
réprimée?
- Quelles sont les alliances formées par Henri lI contre
- Quelles furent ses conventions ayec les
ùtiarles-Quint? princes alle.
mands? Quelles furent les conquètes faites eu vertu de ces conven-
tions?- -Qui défendit Metz contre I'Empereur?- Pourquoi llEmpereur
abdiqua-t-il ? furent ses successeurs? la bàtaille
- QuelsRacontez
<ie Saint-Quentin.
- Racontez
la prise de Calais. Exposez et ap-
-
préciez le traité de Cateau-Cambrés'is. -mourut Henri II?
I Exposez les progrès de la réforme sous - Comment
son règne.
principales dates. - Donnez les
3. Ilevoir à rédiger. Raconter les événements militaires qui ott
-
préparé le traité de Cataau-Cambrésis et apprécier ce traité.
CHAPITRE YIII
IA RÉF(}8XE ET tES GUEBRES RETIGITUSES

(155e-15Ë)

1
I
I
CEARLES I:( ET I,A SAINT-BÂRTETI.TMY t

(r50û157{) I

rEç0N
!. [a Réformô otr Prauos. - La Réforme, prèc!ée en Allem_agne
et en Suisse par Luther et Zwingle, pénétrà en France sous Fran-
Çois ler, prifdes forces sous Hénri-Il, et eut dans Calvin son
chef et à Genève sa capitale
3, Frangois II et los Guises. engagea contre le catholi-
- EIlesous-lCrègne
cisme uné lutte longue et terrible de F'rançois II.
Les réforulés, protèstants ou huguenots, piirent pour ôhef le
prince de Condé-, fireut la conj uratibn d'Ambbise, obtjnrent l'édit
de Romorantin et échappèrent à un grand tlanger par la mort
de^l'rançois II et Ia djsgiàce des Guises] chefs du FartÏ catholique.
3. Conmencemeut des guerres.reljgieuses.
de Charles lX, les ménagementz de la régente, - Addébut du règne
Catherine ae Ite-
dicis, pour les chefs prolestants déterrninlèrent les catholiques ô
former le triumvirat, et Ie massacre de Vassy fut le signal^de la
guerre civile.
4. Charles IX, et les trois premières guerres.
- La paix
boise termina la première guerre, pendant laquelle
d'Am-
irrancois de
Guise fut assassiné. La paiide Lonljurneau mÏt ûn à la se'conde,
qui fut qargqég par Ia mort du connélable de llontnrorency.
La paix de Suint-Germain arrêta la troisième, qui vit le meurtie
du prince de Condé.
5. Charles II et la Saint-Bartbélemy. Alors Charles IX donna
Bû sæur au chef des protestnnts, Ilenri- de Navarre, et, circon-
venu par sa mère, pressé par I'opinion des catholiques exaltés,
il ordônna Ie massâcre de-la Saiirt-Barthélemv. Led protestauts
lui résietèrent ù La Rochelle, et il mourut pleiir de rdmordg

nÉcrr

l. Ira Réforme en flrance.


- r Lo r{volution reli-
gieuseprâchée à la fois en L5{7 sur les bords de I'Elbe par
Luther, et sur les bords du lac de Zurich par Zwingle, ac-
æl
CEÀRtES IX Eî tA gÀINT.BANTHÉTEUT. 266
complie s,vent le milieu du seizième siècle dans la plus con-
sidérable partie de I'Allemagne et de la Suisse, en Dane-
mark, en Suèdc, en Angleterre, entièrement comprimée en
Its,lie et en Espagne, ne fut entreprise sérieusement en France
que vers { 560 t. > Elle y rvait pénétré dès le règne de Fran-
gois Ier, et ses commencements avoient été faibles et violem-
ment réprimés. Un cardeur de laine et un drapier, qui avaient
r-épété quelques paroles de Luther, périrent par le supplice
du feu. La même barbarie se renouvela souvent : le roi, qui
voulait se ménager I'appui de Rome contre Charles-Quint,
donnait le sang de ses sujets dissidents pour expiation de ses
allianees hérétiques. Mais la secte nouvelle fut propagée psr
les supplices.
Calvin nnquit dans une ville de FrÈnce, à Noyon, et, forcé
tle s'expatrier, il n'en fut que plus puissant sur son peys.
Etabli à Genève, il eut son territoire neutre et son asile in-
violable; car Io France avait intérèt à ne pas laisser envahir
Genève par la Savoie, et Franqois Ior protégea de ses e,rmes
le foyer de la Réforme qu'il croyait éteindre sous I'effusion
du sang dans ses propres Etats.
Le règne de Henri II ne changea rien à cette politique con-
tradictoire et barbare. Ce prince rendit de nouveaux édits de
mort contre les hérétiques, et les exécutions par la potence
et par le feu se multiplièrent surtous les pointsdu royeume.
Aussi la Réforme gagna-t-elle chaque jour davantage dans lo
bourgeoisie, la noblesse et la magistrature. Le roi périt pen-
dant qu'on instruisait le procôs des conseillers Anne Dubôurg
et Louis Dufaur. La condamnation ne fut pas moins pro-
noncée, et Dubourg mourut por la corde et le feu.
2. ErançoisI[ (r559-f 560). Le lils aîné de Henri II,
Frangois, avait seize ans ; il êtait-faible de caractère et mé-
diocre d'esprit 1 aussi laissa-t-il tout le pouvoir aux oncles de
sa femme Marie Stuart, le duc Frangois de Guise et le cardi-
nal Charles de Lorraine. Le peuple qui aimait le libêrateur
de Metz et le conquérant de Calais, les parlements qui trem-
blaient encore des violences de Henri II, se soumirent volon-
tiers à I'autorité des princes lomains. Mais les nobles imités
de leur despotisme, et les réformés qui les regardaient comme
les plus grands adyersaires de leur foi, formèrent le porti des
malcontmts, et prirent pour chef un gentilhomme périgour-
din, Lo Renaudie.
l. Mignet.
EIST. DB FR. C. COUPL. It
266 EISTOINE DE TRANCE.
3. Co4juration d'Amboise. - La Renaudie se don-
nait comme lieutensnt d'un chef inconnu, d'un capitaine
muet, qui était le prince de Condé, frère d'Antoine de Bour-
bon, roi de Navarre. Il sllait enlever le roi à Blois, lorsque,
trahi par un avocet protestant, il dut remettre son projeh
Les Guises transportèrent la cour dans le fort chôteau d'Am-
boise, et publièrcnt un édit d'amnistie pour tout le passé
( eu reg&rd de la religion >. La Renaudie ne se déconcerte
pasl mais une seconde trahison perdit tout. Guise se mit en
cempegne, surprit les protestants qui arrivaicnt par petites
t,roupes, et lcs massacr&; le chef fut tué et pendu sur le pont
de la Loire. Condé fut aruêtô; mais il paya d'audaoe, et, cn
face de la cour réunie dans la salle du roi, il défia ses &ccu-
sateurs. Le duc de Guise, pris au dépourvu, offrit de lui
servir dc second, et Condé sc hôta d'aller rejoindre son Irère
en Béarn.
+-. ntats g:énéraux d.'Orléans. Mort d'e Frau'

< le plus grand et le


plus digne chance-
lier qu'il y ait eu en
France, dit Brantô-
me; c'était un autre
censeur Caton; il en
avait de tout I'appa-
rence, avec s& grande
barbe blanche. son
i visage pâ.Ie, sa façon
grave. > On publia
l'{:dit de Rornortrn-
tin, qui excluait dc la
France I'inquisition
cspngnole, ct attri-
lJichei de I'Ilôpital. buait à la juridiction

ii
s&n ce d' u n c ri m c d'hérésie. po u r s,a ssu fJrttt-'t-ooit:tt
tion, les Guises convoquèrent les états généraùx à Orléaqs.
TJii:
Le roi de Navarre et le prince de Condé, chefs des protei-
tants, s'y rendirent ; Condé fut aussitôt arrô[é et tradùit dd-
vûut une commission du parlement. il eùt été condamné à
mort,, si le chancelier n'erit refusé de signer la sentence. Le
.
AVÈNEMI]NT DB UENRI IV. 287

rles chombres mi-parties, dans les parlements I des places de


sûreté ct le droit de s'&sscmbler par députés tous les trois
sns pour présenter au gouYernement leurs doléances. Voltsire
a appclé cet édit un monument précieux de la sagesse de
Ilenri IV : < Ce fut, en elfet, une heureuse transaction entre
la justice naturelle et la nécessité sociale. > Les guerres re-
ligieuses sont terminées.

IECTURE.
- Eenri IY.
Henri IY, c'est I'Hôpital armé; sa victoire fut, après tre.nte-quatre ans
d'hésitations nubliques, de tentatives prématurées et de violents retours
en arrière. celle des priueipes de I'immortel chancelier de Charles lX.
ll avait'une intelli'gence'universelle, un esprit souple et pénetrant,
des résolutions prompies et une fermetô inébranlâble d.anq ce gu'il avait
résolu. A la sa$esse ies hommes pratiques, à cet instinct q.ui va- droit
à I'utile et au possible, qui prenil ou iejette sals prévention et sans
Dassion, au conimanderirent tri plus absolir, il joignait la séduction des
inanièrei et une Erâce de oronôs inimitable. Sès harrtes vertus mèlées
d'étranges faiblesies ont fâit'de lui un type unique de.roi à la fois
aimablà et imposant. profond de sens et, lé-ger de gôùts, plcin de gran-
tleur d'âme ct'de calôril, de sympathies populaires et d'orgueil de race,
et tou.iours, et avant trrut, patriote admirable.
Il f'a lrois choses dans'i'æuvre du vainqueur de la Ligue: l'étlblis-
semeht définitif de la libcrté dc consciencô et de l'état Civil des dissi-
dents. la restauration et le prugrès de tout ce qrti conslitrte la richesse
nubliôue. enlln la conception d'unc politique francaise fontlée sur le
halntien'rlcs nationalitei et de l'équilibre ties prrissànces européennes.
Aucun des anciens édits de tolérance n'avaii eu le caraclèie de loi
uernétuelle : c'étaient des aeles Drovisoires, des traités de paix conclus
àans I'attente d'une réunion des àerrx cultes -se par un concilti général ou
national.0r, les deux cultes n'avaiettt pu ni fondre ensemble, ni se
détruire I'un I'autre. Il fallait que leui sdpar;rtion, et avec elle leurs
droits resneclifs. fussent proclamés et sanitionnés par un décret irré-
vucable. 'iel fut'l'ob.iet du célèbre édit signé à Nantès le t3 avril 1598
et auouel cettc ville a donné s0n n0m. Ilésrrmant tcs édits antérieurs
dans leurs dispositions essentielles et vraiment praticables, il garantit
d'une part, aux personnes, I'erttière liherté de conscience, de l'autre,
aux reiiciohs, dei privilèses limités pour ehacunc d'elles selon la me-
sure dc"ses forces'et sa s'iluation daris le pays.
 part l'édil de Nantes et une loi reurarqirable contre le duel, toute
la léùislation d'llcnri IV rcpose sur des ma[ières d'économie publique,
et là, sa passion du bien-èire général, son intclligence des c-ontlitions
de pitrsnérité pour le pays, son gônie iréatcur ct I'activité de son esprit
se inurrdrcnt d'irne facrin inérveilieuse.0n sait quel num l'histoire assôcie
au sien dans une gloire commune : celle d'avoir fait renaitre et déve-
Iourré avec une énèrsie alors sans exemnle les furces prodrtcti ves de la
Fia'nce. iltarimilien ie Béthune, urarqui's de Rosny, dirc de Sully, créé
surintendant des Iinances en {596, ful, I'homnte d'action qni, dans eetle
entreprise ori les obstacles étaieui sans nombre, mit une volonté iutré-
pide'et une persévérance à toute épreuve au service de la pensée du
288 BISÎOIRE DE TRANCE.
roi, Premier ministre en fait sinon en titre, il porta Ia réforme et le
vie dans toutes les branches de I'administration. Non seulemenl, il releva
les finances de I'abime oir les avait fait descendre l'énorme défrcit du
dernier règne, angmenté par cinq ans -d'anarchie et.pa,r les.capitulalions
d'arsent aî piix desquell'es avai[ eu lieu la soumiision des grands de
la Lieue: nôn seuleinent il remplit de nouvean le trésor vide, mais,
remoitarit jusqu'aux sources de Ia richesse publique, il les agrandit et
les multiplia. i'agriculture, enco.uragée a.veC un.zèle qui gagna la no-
blesse ellë-mème,-prit un essor lnconnu ;usque-là; tottl,es les -parties
de I'amènagement du sol, les eaur et les bois, le défrichcment des ter-
rains vaguds. le desséchement des marais, frrrent I'ulrjet de mesures
qui provïquâient, par imitation, de grandes entreprises particulières.
ia protection du hoirvernement s'étenilit à tous les genres de manufac-
turds, et I'industiie de la soie fut propagée par torrt le royaume. En
mêmé temns. des sommes considérables étaitjnt emlrloyées aur toutes,
aux Donts.^aur levées, au creusement de canaux navigables, et le des-
sein Te faire communiquer I'une avec I'autre les deux mers qui baignent
Ia I'rance s'élaborait daus les entretiens du grantl roi et du grand mi-
nistre.
S'il faut admirer à I'intérieur I'esprit d'ordre, de suite et de.progrès
qui caractérise le gouvernemenI de Henri lV, ses plans de politique ex-
ttrieure sont treut-être encore plus dignes d'admiration. Il entreprit à
la fgis de oréierver la France du danÈer contiltrel tlont la menaçait la
nrénondérânce de la maison d'Autriché, et de lui fnire à ellc-même une
Àituhtion prépondérante, en recgnstituant l'liurope d'après un n0llveau
orinciue. èetrii 0e l'indôuendance et de I'équilibre des Etats. Le s}'stème
âe baiarice politique réàtisé nn demi-siècie plus tard par J.e.traité de
Illrestphalie i'ut urie creation de sa pensée; il le conçut dès I'abord sous
des fôrmes idéales qui le passionnaient, m-ais qge son. sens pratique
lui faisait regarder cbmme secondaires, et dépendantes dc..ce qut, dans
I'erécution, ierait possible ou opportun. La mort.le srrrpr.it au. moment
otr il allarl, partir four commenèdr la guerre colossale dunt le succès
devait apladir le t'errain sur lequel il devait édillcr.
Le rèsne de tlertri lV est un-e de ces époques décisives otr flnissent
beaucoui de choses et où beaucoup de chosès conmencent. Placé sur
la limitric0mmrrle de deur grands Éiècles, il recueillit tous les fruits du
travail social et des erpériences de I'un, et jeta dans leur moule toutes
Ies institutions que devàit perfectionner i'au-tre. La royautô, dégagée de
ce ûue Ie noven âge avait laissé de confus dans son caractère, apparut
alors clairemËnt sous sa forme mgderne, celle d'une souveraineté admi-
niitrative. absolue de droit et de fait jusqu'en'l'789, et, depuis, sttbor-
donnée ou associée à la souverairrcté nàtionale. Altrrs se réglèrent d'une
manière logique les départemeuts ministériels,.eI leurs..attributions
s'étendirenf à tolt ce guè réclament les besoins d'une société vraiment
civilisée. Alurs enfin ld progrès de la nation vers I'uuité s'accéléra par
rrne nlus srande cgncenirat"ign du pouvoir, et le progrès vers I'égalité
rinite'oar iabaissement dans la vie de cour des hauteS existences nobi-
tiaires'. et oar l'élération simultanée des diflérentes classes du tiers-état.
Aug. Tnrunnr, Esscl sur I'histoire du tiers'état.

EX"ERCICES ORAUX ET ÉCRITS

l. Erotioatioudesmots.- Arqttes, bourg de la Seine-lnférieure.-


Dieppe,'sous-préfecture dc la Seirie-Inférieure. Iury, bourg de I'Eure.
-
EENRI IV ET SUITY. 289
-tureNqn!g!, préfecture de ra Loire-Inférieure.
de I'Aisire,
verutns,sous-Dréfec-
- ae-àin6i ôîdù.
Fontaine-Francaise. - cateau-cambrisii,-ihôÈtieu
chef-lieu oe cïiioi-î. ii côtl-î_ôr.:ïàï, pre- -
fe
c-t u
1e sd e siBa s
vîé s. : j
s- p ; i;;, îlii gï s nî i s-p i;ï rs.
n_é e à
3. ouestionnairo.-- Dans. quelre "";iiiùilion sdirôùviîrôiii'fvî ron
e s e u

avènemenr? Queiles parore's iui adrôiii ôi"'i? rF;i"tË cÀnaitre


la déclaration- roiale au'l iott lisô. :"ôrers-"éiaienf ïôî p"iîôTp.o,
LLTlYll !9 {eir.ri IY?---o*È io"t "i,ï;ri"ià"Ë'*âi"fii.fiir -
Uu'est-ce gue te duc de trIayenne? _ Quel roi nomma_t_itt _-ôtr se
retira Henri lv? Racontei tes combaii.l;Arquur.
porta-t-il après sa- vicroir.e? --où'tien.i iy se
naconiez-È diiaiiË d'rvii.^l'ôuettes
paroles le ioi adressa-t-il à -ses solaiii-avint et ,i.ôJii'natairier
Pourquoi ne vint-il pas tout oe suiie-aisùger niiùï _ ïàionîez -
re
siègeTe paris. noine" aes pi*;,il;-d,;i;?;mi,te q-,ii rog,iàiiîâïs ra
vrlJ.u.,- Quels -étaient les sentiôôtits oe-rienri Iv? comment tut-il
obl{é de lgvgr !e siège?.-nacontez Ji fùiie eontre-re duc de parme.
-. Quelle était la coilduite oes sôizer Mayenne réprima-
t-il le rs ercès ? ponrq -ïomment
iàiî|, ti"sénïùil ï co^.
rr
- du ioioi d'B spasn
ttlt^ i::,{lél,r-ttioor,
vofiua-t-it
u g.o_n
ô ie irouvorefreri ei iepon ssees r
?

r aDrurar,r0n du roi. ._ Qu'est-ce^q*e la satire ltïénippée?


.

- nac'rrez
-..De qui expririre-t-elte ies sentiureiltiiî Q'eiles sont les prcmières
villcs. qui _se ïonnèrent au ioi i ]nâôont.r rà;il;; iïiàiiâ'"!' Ë'r.ir.
urrers sonr tes seisneurs qui traitèrent ensuite de leur soumission-i
- Racontez
-la termina? ta fin d."ra sini guerie avec t'nipàgne..-- Ouei est ie-irrité qui
tàs .riirr;ï1;ï,r ae t'Euit à; iùailËïî
-.Queres
gnprpc-1e-z.cet édit fameur. Donndz r;d i,;,n;iparàjïaie-, ii'iiÀ,ie -
-
Herri IV jusqt'à la fin des gnerresàe rètision. ae
E. ueyolrs à rédicer. _ Erposer.les prlncipaur événements qui
préparé te traité de vervinsitffiroliàrï;ïiiré: ont
cier l'édit de Nantes. - Èiîîrii'Ëtiipiii:

CHAPITRE IX
m il0ilAn0iltE tBS0tuE
(t5e&r6ôr)

I
PE1YJ1 Iv TT SI'LLY
(t59er6r0)

rEçoN

f. Itat de la Franoe en lEgB.


- Encivilea'
l5gg. la France. épuisée nan
p1ès d'un demi-sièclo de guerres ôi etians'èiôe,- ifaii
p].us.gi.tnances,- ni agricu"lture, ni industrie, ni ËàmmercË." et
€us eta.rt menacée par le duc de Sevoie et le ioi d'Eepagne.
EIST. DB FN. g. COUPL. t3
290 BISÎOINE DE TRÀNCE.
l. f,elrtIV et leg oonrplrations. - Henri lV imposa al duc de
1à la !'rance, et
SouoiJ te fraité d.e Lyoi, qui donnait la Bresse
puniilè môit le mafecnâtTe Biron, qui avait conspiré avec Beg
-ï-Sotlv.
enûemrs.
Le duc de Sully' surin-
restaurateur des ûnauoel.
-
teiaant àôs-nnances et grand-voyer de France, arrêta le. gaspil-
Ë;à;ï;niers public!, paya les dettes publiques, racheta les
amassa une réserve de vrngt-oeux
do-maincs de la côuronne et
millions.
-1.-Àciio"lture et oommoroe. Henri IV protégea les labo-ureuna
ro"i*"Ër piilards, fit composer - par Olivier de-Serres le Tltédtre
aâ1;ïmiiu't tura. cÉef- d'æ u'vre d'économie rurale, êtablit le. libre
ôàmù".rCJas."frains, et fit en sorte que le paysan ptt mettrc la
noule au pot tôus lcs dimanches.
'ï-io6or[rlo.-Colonies.
- Il favorisa I'industrie, en suivant les
Laffémas,
olinsàe Barthélemv"ainsi fonda des manufacl.ures de toutes
Ëoites. et procura aur artisans le travail qui leur. man-
uri airl e r au lransp o.rt d.r1it-t t:1:.^
[,ii1ï'.
tl;fJ; 99
tiiels. ilii fiùonstitiie
.
d,e
9
ponts et
n_ro
cômmenql le19 canarlgl :1 i*::;
fit construire des qo-g!çt, des
oes routes, des^ponts e.t commenqa
9T{
de Briare. Il projeta
projeta-aussi I'établissenlent d'une
aussi I'établissement grande_ colonle
d'.une grande, qolonl9
dans I'Amériqîe du Nord et y envoya Samuel de Champlain' qur
fonda Québec.
-'^ti.
iùitisuâ ile f,enri IY. 8a mort.
ertérieure En Europ-e' il
la paix perpétuelle en donnant- à tous les Etats
-d'asèure.
rêvaii
;ilôiie;Jïri tiôn fôderaiif,'mais avant tout il voulait affaiblir
lJ maison d'Autriche, gui inenacait encore I'indépendance -com-
-étaient
nune. Ses prépara[ifs fàit's, lorsqu'il fut assassiné par
Ravaillac.

nÉcrr

I. Etat de'la France en 1598. - En t598, Hcnri IV


avait atteint les deux premiers objets de ses eIforts: il s'éts,it
fait absoudre à Romé et s'était fait reconnaître à Madriil.
cependant il êteit loin encore d'avoir la sécurité clans la
poi**nn.e. Il recouvrait son royaume, mais p&uvre' déchiré,
;t drns le même désordre où il aYeit été du temps de
charles YI. Les grands chemins eveient disparu sous les
roûcesr et on se frayait des routes dons les campegnes
iucultes. Les ûnances de I'Etet avoient été dissipées sous
Ilenri lII. Plus d'un chef de la Ligue, qui avait vendu Èu roi
la fidélité qu'il lui devait, préleveit ses revenus sur les de-
niers publics.
Les fermiers pilleient sur le peuple le triple, le quadruple
ce qui restsit eu roi était mal admi-
de ces droits al1énés;-reçuf
nistrô. Quand Sully I'administration des finances, il
trouva qu'en l5g6 ôn levait cent cinquante millions sur le
peuple, pour en fairc rentrer environ trente dans le trésor
EENNI IV ET SULLT. 29I
to]:"I. L'agriculture, I'industrie, re commerce étalent ruinés.
a Nous voyons, disait alors Henri IV lui-même, nos
,u;ut,
proches de tomber en une imminente ruine poor i" cesseiion
du labour, 1lresque génêrale en tout nohà royoume. Les
vexations subies par les laboureurs leur ont faitiquitter leur

\\
\\\,-lI

Heuri IV.

vacatïon ordinaire et leurs maisons : sc trouvent maintcnant


Ies fernes tous. les villages abandonnés et presque
_e! Quasi
déserts. > L'industrie n'avait pas moins soullert queie com-
merce, et lu misère des villes était en lbgS égale àcelledcs
crmpegnes. Les ouvriers s&ns ouvra.ge se faisaient mendiants
ou voleurs, et pendant ce temps les nobles et les enrichis
achetaient à grands frais en Hollande ou en lt,alie les bijoux,
la vaisselle plate, lcs draps {ins, la soie, le brocard ôt teé
trssus d'or et d'argent, que les villes franqaises ne fabriquaient
plus. Ainsi un luxe insensé appauvrissait la nation au profit
des étrongers, et une misère inouïe accablait lo populotion
292 EISîOTRE DE BRANCE.
rurboïne. Enûn, si Philippe II
avait foi! l_" paix de vervins'
son successeur, Philippe III, songeoit à la guerre, et,. en at'
teoaunt qu'il ptt la fàire lui-mème, il excitait I'inimitié du
duc de Savoie.
2. Guerre de Savoiel traité de liyon ({601)' -
Le duc de savoie, qui s'était emparé du marquisot de sa-
luces l. la faveur'dis guerres civiles, gvgit promis de le
rendre ôn signant le paix de Vervins : il s'y refusa et cher-
ctro à soulevËrle moréchal de Biron. Le roi le prévint : deux
frangaises entrèrent dans la Bresse et dans le sa-
"t*ourrnfroèrent 1es places fortes et obligèrent le duc à si-
"oià,
cnr* l. traité de Lyon; il conservait Saluces-, mais cédait
Ïu g.*t, le Bugcy,'les pays de Gex et de Valromey', qui
âànn"iuni te nËOnô pour frontière à la Fronce, payait trois
cent mille livrcs, et abandonnait son artillerie et ses mu-
''--nitions.
à. Conspiration d,e Biron - (1602)' Le maréchal de
Biron. comp-lice du duc de savoier'continua ses complots. Il
conctrit ovdc I'Espngne et la Savoie une gonvention où ilpro-
posrit I'exterminition de ls famiile royale, led.émembrement
âe la France, et I'institution d'une monarchie élective qui
serait sous la dépendance rle Philippe III. Il séd-uisit les sol-
àats congédiés, répandit parmi les huguenots les bruits les
pfor sinistres suq ig prolets de la cour, et s'engagea parécrit
àon.r, le comte de Fuêntès, Bouverneur espagnol du Milanais,
È mettre à mort le roi et le jeune Dauphin. Mais un
de ses
agents le dénonga. Henri prit des mesures pour prévenir un
soulèvement et rcpousser une invnsion, et manda Biron à
Fontainebleau. Pendant plusieurs jours, il le pressa de faire
des aveux, il n'ohtint que des reproches mêlés de menaces.
Alors, craignant pout si famille ét sgn royaume, -il quitta Iep
senvit'eur iinAetetn lui disant : < Adieu, baron de Biron.
ii tui retirait d'un mot ses dignités et I'envoyait dégradé de-
vant la justice. Arrèté à la porte du cabinet du roi, Ie maré-
chal fut traduit devant le pârlement, convaincu du 6ime de
haute trahison et condamÀé à mort. Il subit sa peine dans la
cour dc Ia Bastillen après avoir soutenu contre I'exécutetrr
une lutte éPouvantable.
4. Sulli. I\Ialgré la guerre de Snvoie, la eonspiration
-
tle Biron ei I'attentaf de Jean Châtel, Ia Franoe respirait, et

l. Dégertcment do I'Aio'
HENNI IV EÎ SULLI. 203
le roi, eidé de Sully, travoillait à panser les plaies de h
guerre. L'administration des tnances appeloit avant tout une
réforme décisive. Moximilien de Béthune, marquis de Rosny,
plus tard duc de Sully, fut eppelé au conseil des finances.
< C'était, dit d'Aubigné, un esprit fort, général et laborieux,
d'une austérité naturelle, et qui méprisait les bonnes grâ,ces
de tous. > En 1599, il reçut le titre d.e suri,ntmd,ant cvec
celui de grand-uoyer et se mit à I'ceuvre sûns peur et sans
dôlai.

SullY.

5. I-res û.nances. - Sully dressa un état exact de torrt


ce que recevaient les caisses publiques, pour s'nssurer de la
rentrée exacte des impôts; il assignq une dcstination spéciale
à chaque somme, pour donner à chaq'ue service des ressou rces
déterminées; il révoqua les exemptions dc tailles et les nou-
ve&ux titres de noblesse, pour eugmenter le chilfre des re-
294, EISTOInE DE FRAN0E.
ccttes en multiplia,nt celui des contribuables; il cassalesbaur
obtenus par les fermiers des taxes, mit les fermes Bux en-
chères et acuut ainsi de plusieurs millions le revenu public.
Mais Sully, dont I'expérience financière n'égalait pas-le bon
vouloir, se laisso entroîner à deux mesures dangereuses(f 604).
Il entreprit de reviser les titres des oéaneiers de I'Etat et de
réduire les rentes dans des proportions variables dont I'Etat
se constituait seul juge. C'était une banqueroute partielle
qui, pour un bénélice de six millions, compromit le médit
du roi.
' Sully méa l'impôt de la paulette, ou droit annuel prélevé
sur les chargcs de judicature. Cette institution bizarre, ainsi
lppelée du conseiller Paulet, régularisait un abus invétéré,
la vénalité des oflices judiciaires qu'on aurait drï détruire.
Les magistrots devinrent propriétaires de leurs sièges, à
condition de payer chaque année un soixantième du prix
qu'ils les avaient achetés. Le financier Paulet donnait
2263000 livres pour prendre à bail cet impôt pendant
neuf ans.
Les résultets de I'opiniâtre epplicotion de Sully furent
admirables. En t609, le gouvernement evait ecquittépour
{00 millions de dettes, racheté 3ti millions de domaines
et de rentes, garni d'armes et de munitions tous les arse-
n&ux, élev6 le revenu net de I'impôt de 7 millions à | 6 mil-
lions et amassé une réserve de 25 millions dans les caves de
la Bastille.
6. Progrès do I'agriculture. C'était peu pour
Henri lV et Sully de rétablir I'ordre dans les {inances : ils
ovaient une ambition plus généreuse. Ils voulaient fertiliser
les champs abandonnés et remplir l'épargne des Français
comme ils remplissaient le trésor public. Dès l5gb, une or-
donnonce royale interdit aux créanciersla saisie des mcubles
et des charrues. En I 598, une seconde garantit le laboureur
contre les violenees des soldats. Lorsqu'il entendtit parler de
pillages commis dans les fermes, Hcnri s'irritait et trouvail,
pour les réprimer le langage indigné du père de famille qui
protège se propre demeure. En 1610, il apprit que des corn-
pagnies avaient dévalisé des paysans en Champagne. Il fit
appeler les capitaines qui étaient encore à Paris : < Partez
en diligence, leur dit-il, mettez-y ordre, vous m'en répon-
drsz. Quoi ! si I'on ruine mon peuple, qui me nourrira, qui
soutiendro les charges de I'Etat, qui poyere vos pênsionsr
EENRI IV ET SULLÏ. 295
messieurs ! Vive Dieu t s'en prendre à mon peup!,e, s'ssf,s'sg
prcndreàmoill
7. Olivierde Serres. - Henri IV donna tu ptysen'
- routinier par nature, un maître excellent, Olivier de Serres,
seigneur de Pradel en Languedoc. Il I'appela à la cour
dès 1599, et lui commanda de publier le précis de ses dé-
couvertes et de ses réllexions. L'ennée suivante parut le
Thédtre ile l'agricul,twe, qrui, encore édité en {804r a tou-
jours été regardé comme un chef-d'æuvre d'économie rurale.
Le roi eut pour ce livre une véritable admiration. Pendant
trois ou quatre mois il se Ie fi.t apporter après son dîner, le
lut une demi-heure pû,r jour. Les courtisans le lurent pour
plaire eu roi, le public pour imiter Ies grands, et les sages
préceptes qu'il y trouva tronsformèrent I'agriculture fron-
oaise.
' 8. Amélioration du sort d.ee paysans.
- Le roi
et Sully préparèrent oux laboureurs le moyen de placer
avantageusement leurs produits, ils établirent le libre com-
merce des grains. Le poysan, qui vendait à un plus haut
prix, eut de I'argent pour faire des défrichements et des
améliorations, il acquitta exactement ses impôts, et se pro-
cure pour sa famille et pour lui une nourriture solide et
abondonte. Dès I'année 1600, le roi disait: < Si Dieu me
donne encore de la vie, je ferai qu'il n'y &ur& pas de la-
boureur en mon roy&ume qui n'ait moyen d'avoir une
poule dans son pot. r Ce souhait fut satisfait, et la France,
naguère en friche, se couvrit de culture. < Labourage et pâ-
turage, a écrit Sully dans ses fficonomies royales, sont les
deux mamelles nourricières de la France, ses vraies mines et
trésor du Pérou. >
9. Progrès de f industrie. Barthétemy Iraffé-
mas. - Henri IV résolut de restaurer I'industrie, comme
I'agriculture, de procurer aux artisans un travail assuré, et
de donner sinsi aux peuvres le nécessaire à I'aide du su-
per{lu des riches. Il trouva pour auxiliaire un commergant
expérimenté, Barthélemy Laffémas, qui rédigea un impor-
tant mémoire, intitulé Règlement gënéral pour dresser les ma'
nufactures en ce royùume. L'auteur proposait de prohiber
I'entrée des étoifes de soie et de fil d'or et d'argent, de déve-
lopper les industries de luxe, d'établir dans chaque ville in-
dustriclle une ch,ambre de comrnerce per corps de métier, et
dans la principale ville de chaque diocèse un granil' bureau
298 HISIOIRE DE FRANcE.
il,e manufactures, de multiplier les fabriques et de crécr
deux ateliers de charité par diocèse pour les tens sens pro-
fession.
Ce plan, adopté en partie, produisit, d'excellents résultats.
On planta des mririers, on établit des magnaneries; onfonda
des menufactures de drap d'or et d'argent et d'étolfes de soie
à Paris, à Tours, à Lyon, à Nîmes, et presque partout. Le
vene, lc cristal, les glaces, les tapisseries de haute lisse, les
tepis du Levant, lcs dentelles, Ies toiles lines, furent tra-
vaillés comme la soie. Le roi attira à Paris et logea au Louvre
les ouvricrs les plus habiles cn tous genres, et il les estimait
à l'égal des gentilshommcs. < Le dessein de ce prince était de
loger en son Louvre les plus grands seigneurs et les plus
excellents maltres du royaume, afin de faire comme une al-
liance de I'esprit et des beaux-arts evec la noblesse et
l'épée I ! > C'était reprendre l'æuvre commencée p&r Fran-
gois Iu', dont Henri IV avait les gorits, avec moins d'élégance
plus de raison.
? et iO. Progrès du commerce.
- Sila I'agriculturê
I'industrie créent la richesse, le commerce
et
transporte et la
multiplie : Henri le protégea ps.r ses règlements et le rendit
facile par ses travaux d'art. Il nomm& mal,tre iles d,igues
I'ingénieur Hunphrey Bradley, et donna la noblesse s.ux
chefs dcs.compagnies qu'il chargea de oeuser des conaux. Il
uée I'administration des travaux publics, qui comprit les
services des mines. des canaux et des ponts et chaussées.
Les routes furent réparées; beaucoup de voies nouvelles
furent tracées d'après un pian général, et elles furent bor-
dées d'ormes que les paysans appeiaient des Bosnys. Enlin
on commença le canal de Briare qui joignit la Loire à la
Seine (t 605).
ll. Colonigation. Ghamplain au Canada. Mais
le travail le plus considérable de Henri IV, en ce qui- touche
au développement du commerce, fut la fondation d'unevaste
colonie dans I'Amérique du Norrl. En 1598, il chargea le
commandeur de Chastes de constituer une compagnie de
commerce, et cle découvrir pour les coloniser les côtes du
Nouveau l\{onde situées entre le 400 et le 52€ degré de lati-
tude N., autour du golfe de Saint-Laurent. Dès t604, les
possessions francaises comprcnoient : la, côte de I'Atlantique

l. Sruvrl, Antiquitét ile Parte,


.{

EENRI IV ET SULIY. 207

deouis I'embouchure de I'Hudson jusqu'au foncl de la baie


à;'F;"Jy;i.q,caaie, la côte méridionale de Terre-Neuve, les
îlàs et teË ôôtes du golfe Saint-Laurent, et le Canada, depuis
i. g.ff.l"*qo'uo Ëc 0ntario. En 1608, Cha.mplain jetacon' les
foniements àe Québec, explora les pays environnants'
irurtu d'étroites relations avec les pèuptades voisines, dési-
gna i'île de l\lontréal pour établir une colonie et reconnut
[., g*unOr lacs jusqu'iu lac Supérieur. l\{alheureusement
le rôi mourut trop t-ôt, et Marie de l\fédicis obanilonna ses
projets.
' 1?., I-re gpand d.essein de Eenri JV' - Cette pas-
sion potriot-ique pour la prospérité et la grandeur de la
F;;;ô-iltpirait il Henri fv sï conduite politique-en Eu-
roft, .o**u elle tui tlictait ses plans sur le Nouveau
Monde.
Le souvenir des misères qui avaient accablé les hommes
pendant presque tout le seizième siècie lit songer le roi aux
La.crai n ùe
-[o'il qut pouvaient assurer une paix perpétuelle'.à attaquer
moyens
runit Oï to maison d'Autriche le détermina
ôtte maison en réunissant contre elle tous ceux qu'elle me-
por-
naqait. c'est ainsi qu'il fut conduit à concevoir les deux
tiei de son grantl,'ilessein: I'une, toute théorique, était la
ràï*titotion d, I'Eorope chrétienne en une vaste confédéra-
ii* a" qrinze Etats, dont six monarchies héréditaires, six
pra-
monarchùsélectives et trois républiquesl I'autre, toute
tiqot, faite pour être appliquei immOdiatement et par des
À'oi.nr dès*longtemps'preparés, était I'abaissement de la
*uiro' d'Autrich-e uu^p.oû.t àe I'équilibre des puissances. Le
moment était propitt t It roi d'Espagne, Ptriiippe III, venait
I;àraon".t I'expuision des'l\[orisques et -d9 Perdre eu,siège
el'Ostende soixa-nte-dix mille hommes. L'empeleur d'Alle-
*ugnr, Rodolphe II, était inoapable; il avait.à lutter contre
son"frère l\{atirias ei contre ses sujets révoltés. Ilenri
avait
pu* traités (1609) le-du-c de Bavièle, les princes ré-
ràoni des
rrr*er' d'Allemagne, )r. .oi, ile Suètte, de Danemark,. d'An-
l1lt.*.r et les Ëotlindais. Alors s'ouvrit la succession de
ôtèu., et de Juliers, réclamée par I'électeur de Brandebourg
prétendants .
et le comte de NeuËourg; I'Empereur évinça les
lei p_rinces allemands se décla- '
ài r;u*pu.u des cluchés.-Mais
rèrent contre lui et appclèrent ilenri IV. Il devait quitter
Paris le t9 mai l6{0; ii tut assassiné le 14'
13. Mort de lfenri IV. Le roi sortit pour visiter
- 13.
!

298 EISTOIRE DE FRANcE.


sully qui était malade à I'Arsensl et monta en c&rrosse &vec
le duc d'Flpernon et plusieurs seigneurs. En tournant de la
rue sainl-Honoré dans la rue de lo t'erronnerie, Ie c&rrosse
rencontra une charrette qui le contraignit d'aller moins vite.
Cq fut là qu'un fonatique, nommé Rivaillac, se jeta sur le
roi et lui donna deu-x coups de couteau dans ie côié gauche.
Henri pouss& un faible cri et expira. Aucun de ceux qulétoient
dans la voiture ne vit frapper,-et, si I'assassin eri.t' jeté son
couteau, on n'aurait su à qui s'cn prendre. Mais il rË tint là
comme pour se faire voir et pour se glorilier du plus grand.
des forfaits. ce coup de poignard siuvait Ia maiîon â'Ao-
Le. pe_uple-soupgonna, le roi d'Espegne,
ltirlç. le
jésuites,
I'Empereur, les
duc d'Epernon, et même ta réiné de France. Rs-
vaillac n_'avait pes de complices. Il suffit, pour expliquer le
crime, du fanatisme qui ne pordonnait à-Henri ni â'avoir
é_t{ n.9tg9tant, ni de protéger la liberté de conscience, ni
d'être I'allié des luthériens d'Allemegne et I'ennemi du roi
catholique

IECTURE.
- Mort de Eenri IV.
Le vendredi 14 du mois de may, iour triste et fatat pour la France,
le Roy, sur .les huit heures du nâiin, fut entendre ta fiàJie aui reuil-
tans : au retour tl se retira dans son cebinet, où Ie duc de vendôme,
TI IE 4lt_gelr !.o.il ?.r*git,for.t, vint lui.dire'qu'un nommé Lf iiiosse,
qul ralsoll p_r_0lessr0D.d'asnotogrc, lui av0it dit que la constellation sous
taquelle sa ilâJe3tê e.torl née le menaçoit d'un grand dangcr ce jour-là;
arnsl, gu-ll I'arerllt de se Dlen garder. a quoi Ie Roy répondit en riant
à M. de vendôme; c La Brosse est un vieil matois ôui-â enïie-â'ivoir
> de votre argent,_et vous_un jeune fol de le croirô. Xoi jôuri-sont
r
n comptés devant Dieu. Et srir ce, le duc de vendôme rut"âvàitir ta
ttolne qur Dna le fi0y de ne pas sortir du Louvre Ie reste du jour. A quoi
il fit Ia même réporise.
-.^1p$lg^9:ngitg lo_t t,*s!, ryit sur son ril.pour dormir; mais ne pou-
vanf recev0rr de sommerl, il s'est levé triste, inquiet et rêveur.'et a
plop-e4é dang sa chambre quelque !.e*ps, et i'esf jeté dereôhéi-dur le
lrt. Mals ne pouyant rlormir encore, il s'est levé et a demandé à I'exemnt
des.gardes que[e heure it étoit. L'exempt lui a répondu qu'it étoit
quatre,heures, et.a dit:.rr sire, jg voy'yotre Majeité tristô et toute
D penslve;
r- -il vaudrolt pleux- prendre qn peu I'air; cela la réiouiroit.
C'est bien dit. Et bien, faites apprèteimon.a.br.e; i;irai'a-i'lr_
D senal voir le duc sully gui est indisirbsé et qui se naigne ail.loiird;hui. u
Le carosse étant prê_i, il est sorti'rlu Louùe, accodpagnii au drrc de
Iilonllll9n,.,Çu,A1c ï'pôprnon, d.u maiOcnat de Lavard in, Roquclaure,
r,a f or(ie, M.lreDeau et Llancourt, prernier écrr1er. En même -tenrps
ii
ql,?tgel le,sieur de.Vitry, capitaine âe ses gardeË, d'alter auî,f ils'ï.aire
ollrgenrer les apprers qur_ s'y târsoient pour l'entrée de la Rbine. et flt
oeoeurer ses gardes au Louvre, de l'aQon que le Roy ne fut suir.i que
BENRT IV ET SULIT. 299

t'un netit nombre ile gcntilshommes à cheval et de quelques vale,ts de


iiË,i.tii" rîrîriï étoii mattreureusement 0uvert .de-chaque portière,
Siiiô oïiii;Ë,;tt Ù;;; tems' e[ que le Rov vouloit voir en passa.nt les
iiËiiùtii, ô:;; it"ôii-ati* la'ville. sùtrouva carosse entran[ de la rue
d'un côté un chariot
5ilfi;ii;ii;rJîàns-ôôiie oeii ràiroonerie,
foin; lesquels fai-
;ffiq.i'à;-t''r. éf ,fu f'àotre cOtè un autre'chargé de qrr.ç,la,r.u9,1st fort
ilil'.rùril, ii [*t cônttiint de s'a.rrèter, à éause
iitgirtp;.-tèi'lôutiqueï qui iont bâties coritre la murhille du cimctiôre
-'ninl
de Saint-Innocent.
cet embarras, une grande.partiedes valcts de pied passl dans
le cimctière nour courir plus à I'aise et devancer le cargsse du l{gy au
ii,ii-AË'iîaitË *e. néi diux seuls valel,s qui avoient suivi Ie pour catgsse'
re-
f irâ-r;i"âocà-noot ôOtoorner cet embarras et I'aut^re s'abaissa
nouei ia iaïretière. lorsqu'un scélérat sorti des enl'ers, app.ele. I'ra.nçgrs
Ravaillaci natif d'Angoulôme., qui avoit eu le temps, pen,qal!..c^et em-
barras. de remarquet lô-iîtO oT etàit Ie Roy, nonte. ùr la.roue dudit
ôarossé, et d'un ôouteau tranchant des deux.cÔtés lut porte-ull -co-up
;;ilé id seconde et troisième côte, un peu au-dessus.Ê.u c.æur, uqi3 f.ait
oue le Rov.s'est écrié : < Je suis blesséI > llais le scélêrat sans s ellr'îler
;;à;;îË. ài"r;.^itarrpé-d'un second cottp dars le ccnur,.dont.le Roy
est mort, sans avoir fd jeter qu'ttn grarttl.soupir'.Ue second a 9!9,!"]Il
d'un troisième, tant ie Èarricide étoit animé contre s'n lt'y' mals qul
;';;tié quu dun* Ia nianche du duc de Itlonfbazon'
- Ctà.Ë-riltp"r.'iititàt n"i aôi seigneurs. qui étaienI dans le catosse n'a
vu franoer l'e ttov: et si ce monitre d'eàfer eirt jeté son c0uteau-, on
tenu Ià ïomme-pour se raire
;;;,i;"Jr';; îoi'itri ïre'ioié. ltris iL s'cst
voir et'pour'se gloriÏier du plus grand des assassinats. Les sergncurs
ôoïCie SiJn ôrri6inés, les uirs poirr assister le Roy, et l.e.s.autrcs pour
se saisir du narricide. lcelui priiet mis en sùreté, ils ont tâcbê d âpârser
ir-d;lteâ;io pïiài te peuple par la crovance que le.Rov étoit
Ë il;T qu^i dit hau-
;rï:-ùriilfâ-AiO a,,cilnôme"i hni'paiun des sïigneuis,
t.*èiiï"e le Rov n'èioii qrà nlessé'et qu'onsont portâl du tin..Cepenrlant
ils ont a'battu les rrortièrej du carosse eI rctottrttcs rltcxlellt au
Louvre' arin' ont-iis
'i?$:'ii:h3;i'",ï]:J"t; at tte rrenri rv.

EXNRCICES ORAUX ET ÉCNITS

l. Erplioation dee motg' - Languedoc, ancienne provin-ce .qui a


tn.mé i*is dénartementîÏé't',q,taè.hà", Gard,'Hérault,.Airde, llaute-Ga-
qrrl
;ô;;e, lirn, Lorère, Haute-Loire. Champaone' anclenne provrnce
il'ù d îôi' a7liiiôiil;i;-d;a rd-enn s, Y.l,',1'' 1j ll.'"rd' Ll iYtill l' Ît o-
ïl"è;;;à;,-;Iil A e
Î:
Uanada, paTs;iiït
S I
srtue ;o-oôtï a. t Ltirrs-uu;:'J,ili;'Ë;iii_liiiËrt.
au norû oes u tais- unis, a rr ou hu l9.n-i
-glaiie. ville principale du Canad
1, 9o

- QùeËec,
l.t. 0uestionnairo.
luesrionn"itu. fipàii, Ietat0e
f,xposez liéiat
f;Oiat Fiance d
de la rrauuu
Fi'ance à la
â rd {in des guenes
frn-des guerr
rrtr-uçù51rçr
a.i.iîËioi.-Ï!ïîles-- "ecla'ations Il..flI1.,*.dutl1k$i*" li'ii i ÈT:
tlai1,9,-!9 ILvo-1l
d; b;ii;;î- d'.Liiilri'iôtiiàs conaitions
éran-ce que
;,fl;
ully
d^;' rïré.[ri- s ?
Ëi"i* Ïi" Ëo"rpïilii;;-
ÏËïfid;;-Ïil;;s*eiqu'it
_-Enunére, ies mes*eiqu'il prit pour - ae Biron.
pour. resraurer
restaurer les
Qu'
les- lina.nccs.
-
q"';ii;Ï;Ë résul-
Ëp*ùitrr nait'es coïnaitre par.des chiffres lcs
-
tats de I'administ,ration"inancière aè Sotty. -- Quelles m:s1r-rei,ltçllli.lJ
iÉ pour protéger les agiiculteurs?
pori'p.ot.dàries hit ulrvrcr
Qu'a frrt 0livr
;i"É;1i p;i.err.iË
;î"Ë;ui p;irert âgËicorreirs? -_Qu'a -.
1600, en faveur tlcs
Quels ib,iùiiiJlai*ailie rui, cn 1600'
d
rlp serrcs?
de Serres? ouels
-
3OO EISTOIRE DE trRANcE.
paysans?
. --cql souhaits..fu*nt-ils comblés? Faites connartre re
mémoire de Laffémas sur I'industrie. _-ô"eùes- tureïi-ter"inàiirt.i*
introduites ou déveioppécs en r.'1a.nce sooilâ-roj{n;'ô ;il,,;i"iir
Quels sont les travaui'qui fa.vorisèrônt-ie eormerce intérieur?
posez les progrès de ra ôolonisar,ion de isrtg;16rd.'--^[ii;Ëri-r. Er-
_ -
qou
l^e grand dessein de Henri I,v.3
Querte en est raïartie n*,èorià,]àr_
-
Quelle en est la partie immédiatemèni rerlilaureï':'L* .i"r"rnTrn..,
étaient-elles favoiables à ra_guèrie coùtiË-ià' maison d'A.r,riche
contez Ia mort tle ilenni IV. ? _ Ra_
- corument*r,it;;;-;,;iii'reïire au
Ravaillac? Donnez res dates principiiJs du'règ'e oe uenri-iî
puis tti98. - oe-

.3. rlevoirs à rédiger.__- Exposer l'état de la France à I'avènement


et à Ia morr de Henii r.v.
Ilenri lV et de son ministre-_d*poieiït -- -''
,È'prtôier'iô'"gî*ô**ï!i,t o,
Suity.----

II
LOUIS )rI[I & RICEEIJIET,
(r6r0_16{3)

rEç0N

,, l. trég-enoe de [arie rre [érlicis. rlarie de Médicis,


Ilenri lV, se fit donner la régence- paiie pùIem;;Ëi veuve de
conseiller le F'lorentin Coniini. iiii'pou,
- 3. [inistère de conoini, ce ministreincapable subit,
de sainte-Menehould,- le_s - eontlitionJ -aes
fronù..-if
au traité
"'.ôiloïquu
les états généraux et éruda tcs ieiàrmes qu'i'rs dàrnâoàuiJoi. u"u
s-econde rtvolte des grands-ù il;";ir;-prr une nouvelle
dér'aite
d e I a ro vauté. Iltai s t onci' i, p.et, a,rt-ni;hciie;
pi, i."ô'"ï ô-iiîôi,l
fit empriso'ner Ie grj,9e ac'côna?l ei ;lËi;Ëil"ËiËr"iiÈl " pru.
de^fe_qgrgt_Q lorsqu'i'l fur. r,ué poîô.ârô iu .o,.
3. ilinistère de Luynes. _::'Le con"Ot'li"-de Lulnes qui lui
succéda, favori sau6 intelligence et sars vigucur, eut à
contre la reiue mèrc et les p'rotestants. Apres"sJ.drt,ïo"ui*luttcr
se décida à prendre pour frinciprr mini'aa* i;,uî.iiiuiïË xru
chelieu. ni-
.4. liohelieu et les p-rotestants. - Richelieu ruina le parti cal_
viniste par la prise tle la Rocheile ;r-ôË-âu"'pùtÀËoil', pu.
l'édit d'Àtûis, lêurs privilèges potiiiqùàs en rcur conservant lËir
liberté de coirscience.
.5. f,ichelieu et la noblesse. - Il lutta avec unc --à constante sévé-
lité- contre la baute. nub lesse,- qui t;assail f it e .ôï*piËt"iuo*.
chalai s, Bo uttevlr e. I es frère s'M âiij t ic-,

jil ;; l'r"o-oî'*àîËncy,
'd;r"à"to.,.
Ie marquis de ciuq-xJars et son ami d;"iÉou
_

;;."urt
à subir-ses ricueufs.
--6. -Richelieu et ta maison d'Autriohe. -- Cependant le grand car-
d-inal poursuivait en Europc |accornprissérne"t-àe*
It enri lV, so u tcn an t en n I ie nngnt -rrË-i;; ";;oË_i*'iroîot.
"iu au_
Ai
triche, fermant aur Espn guots tei passaâàr-àô. lrpËi,, ^étiËrissant u
TOUIS XTtI ET RICHETIEU. 801
un-prince français dans fortes praces de casal et de DIantoue.
!e.s
7. f,icherieu dt t'administr"iion. '-"É-iinutiuu fonda ra
satiorr adurinistra[ive par ta-ôreotionïî centrari-
tendants' Il encourag.t ies t;ù;Ë; i; conseir tl'Etat et des in-
arts et insritua l,Acadé.
mie française.

nÉcrr

l. IJouis XIII (f 6l 0-t 648). Le nouveou roi Louis XIII


-
- aJ UOai.i*, qo.ïunri fv
n'avait pas dix ans.'Sa mère, liarie
après son div'orc, ou.o Margueritô de Valois,
::"*.9pllsée
resolut de prendre la régence et de la ddmander ou parle-

E
o

Louis XUI.

ment, pour rendre


.gn pouvoir en quelque foçon légitime.
Le duc.d'Epernon alla presser les tnagistrats de'confoËr a Ia
reine I'autoritéqu'elle avait prisè. < Llette épée, aitii,-est
encore dons le fourreau; maii, si la reine o'eit pm déciarëe
302 EISToIRE DE FRÀNcE.
régente evont que le compagnie sépare, j-e. prévois qu'il
^se
faidra I'en tiref ; ce quise pèut faire aujourd'hui sans pôril
ne se pourra demain sans trouble et sans carn&ge' > Lc parl-
lement vota sans réplique, et se laisso forcer lo moin pour
accorder ce qui n'était pas de sa compétence'
2. Marie a" Ufeaicis et Concini (16{0-t617)' - La
reine prit pour conseiller le Florentin concini, mari de
Léonora Giligai, s& sceur de lait, siqnl avec I'Espag-ne le
i*itO de Foniainebleau, Iiança Louis XIII avec Anne d'Au-
triche, fille de Philippe III, et laissa dilapider le trésor de
Henri iV t tr comte de Soissons, les ducs de Guise et de
Bouillon, le prince de Condé se partagèrent I'argcnt et les
eoou*né*ent.. SoUy abandonno un gouYernemelt qui mé-
irisrit ses avis et Àe retiro dans ses terres où il vécut
ioroo'.o Quand les largesses s'orrêtèrent, les grands
ie ptaignirent
',6t*1. du favori, que la- reine avait fait morquis
à;Airrà, premier gentilhomme.de la chambre et maréchal de
France.'Iis prireniles armes, s'emparèrent de l\lézières etob-
lirrrent à la'poix de Sainte-1\[enehould de nouveaux et plus
scandaleux avantages (l 6{ &).
3. Etats généraux de Paris ({6t4)' 27 sep-
- {-e
tembre t6l4r le roi fut déclaré lnajeur, et les états furent
assemblés à Éaris Ie 4 octobre. L'ontipathie des trois ordres
se manifesta sur presque toutes les questions. La-.noblesse
aàmanaa I'abolitidn de ta ytaulette, qui 6éait par I'hérédité
des charges de juges une noblesse de robe hostile à Ia no-
niÀr* d'épée. lï iiers état consentit à celte prop.ositiôn di-
rigee contre lui, à la condition qu'on en présentereit en même
tJmps une outre sur la suppressiol d.! pcnsions,. que..le roi
puyôit aux nobles et qui se-montaient à près de.six millions.
La reine et son favoii prolitèrent de cette mésintelligence
pour maintenir les abus. Ils pressèrent la remise des cahiers
he doléances, et, le lendemuin, quand les dôputés s-e ren-
dirent au lieu de leurs séances, ils trouvèrent la salle tlé-
meublée. Ils se retirèrent sans avoir obtenu de réformes.
Leurs eohiers en éuuméraient cependant de très urgentes,
ielles que I'abolition du servage, t'égalité de tous les. Fran-
des douanes intérieures,
çais deïant I'impôt, la suppression
i'unité des poidi et mesu.és, la simpli{ïcation^ de la procé-
dure, I'aifralnchissement de I'induslrie, I'abolition des mono-
polei. Toutes ces réformes furent éludées,et lo plupart ne
iurent mises en pr&tique que por I'Assemblée constituante.
IOUIS XIII ET RICUEIIEU. 303
ces étets généraux furent les derniers assemblés sous
I'an-
cien régime.
er4. -Meurtre de Concini (f 6tZ). Condé, qui avait
espéré beaucoup de I'assembléà aoni il-
avait auÀunae rn
réunio_n, n'avait pas mieux réussi que re aoc a'ôriÉans
&ux
étatsde I'r*84i il tt comme lui et p*it les s,rmes avec-Bouit-
I,q1, Mavelne, Longueville er Rohàn. Louis XiiI,-di
icnait
d'épouser Anne d'Autriche à la frontière d'Espagn'e, rot
obligé
d'a,mener la nouvele reine à paris au milieu i'onu armée.
concini traita à Loudur_r (r6r6), il distribua aer goouurne-
ments, des pensions et des titred. Condé, revenu i 1* ,oor,
voulut soulever le peuple contre le minisire itolien, il fut ar-
rêté; et concini forme un nouveou ministère aans requel
entra Richelieu, évêque de Lucon, aumônier de la reine.
une révolution de palais *eone*a'le favori qui-se croyait
to-ut-puissant. Albert de Luynes, < maître de ia volerie du
cabinet', complotr ovec le-roi; vitry, capitaine des gardes,
chargé d'arrêter le prem.ier ministre,"rb tua a'ur, *up"àrpir-
tolet, et devint maréchal de France.
5. Ministère deLruSrnea (16t7_t6Zt). _
Il n'y eut
rie.n d.9 g!a.1sé_ que te nom du favori. Luynâs aeuioi-,i,rc ,t
pair, il hérita de I'immense fortunede concini, Àirooâ*næ
à mort la maréchale d'Ancre à le suite a'"n piorc,
"r-rurJ,
de sorcellerie et obtint enlin l'épée de connétatre, liei quii
ne
;tt pes.( ge qye pesait une'épée >. Les grunàL,-rootu"e,
en r&veur de Ie reine mère, furent battus aux ponts-de-cé
et
ti8"è,.t.ult.la pa,ix d'Angers._ Les protestants du Midi, irrités
du rétablissement de ra rerigion'câthorique .o--È?i*, ,u
' constituèrent en Etat républiiain : le ro_i_ieur prit suo*o.,
saint-Jean-d'Angely et êchoua devant Montauïan. iÀ *oo-
nétable contracta à ce siège une melodie dont it mourut.
l,es
huguenots acceptèrent li r
paix de Montpellier qui-rélabnt
l'édit de Nantes. -

6. Richelieu, au
Tinistère(l62e. _ Les anciens
ministres de llenri IV, sillery, villerby et Jeannin, frirent la
gestion des alfaires; mais ils avaient bàsoin de diréction
et le
roi était incapable de les conduire. Arors parut l'homme qui
rendit à Ia royauté sa majesté souveraioe, e ra Frsnc; sa ré-
gitime autorité en Europe, et qui rit rentrer les rebellesdans
I'ordre, Armand Dup_lesiis'de Richerieu, cardinat, ovotue ae
f1u.A-01...8n
Europe, I prit pour objet de ses constïnts 'efforts
l &urrDllssement de Ia puissance autrichicnne et l'ôtablissc_
301 BISTOIRE DE FRÀNCE.
ment de l'équilibre des forceÈ; il donna à la nation frangaÏso
i, ,Ofr de gardienne du droit publie; il prépara les.troités de
Westphalii. En France, il ruina.le fédéralisme répu-blicain
des rôformés qui prétendaient imiter Genève el Ia Hollandet
il réduisit à l'état-de noblesse de cour une aristocratie prin-
cière égoiste et turbulente : il prépara te règne de Louisxlv.
Pour s"outenir cette grande tâche, il fut seul, sonsautres titres
quu ,on 6énie et sa volonté. Aussi, comme tous les hommes
dont la pîirsonre est contestable ou contestée,eut-il souvent
recoursà laviolence, et donna-t-il à la justice les apparences
de la vengetnce.
7, PriËe de Lra Roc4elle (r62-8): --Ce futrontre les
- huguenots que le cardinal tourna d'abord ses elforts. Ré-
voùés une première fois sous le commandement du prince
de soubise, les Rochelois durent subir lc traité de Paris qui
leur occorâait le libre examen cle leur culte en leur enle-
vant une partie de leurs privilèges municipaux.-Ils se soule'
vèrent bientôt de nouveau, confiants dans la parole tle
Charles Io', roi d'Angleterre, qui leur promettait dessecouË'
Ils prirent pour général et pour maire le corsaire Guiton.
( i'acceptô, dit:il, à condition qu'il me sere- permis de
plonger ôe poignard dans le cæur du premier qui parlcra de
i" teidte, ôt que vous en fetez de même à mon égard si je
songe à caPituler. r
lî nottd anglaise, commandée par leduc de Buckinghamt
fut repoussée de l'île de Ré et s'éloigna. L'ormée royale, com-
rnandôe par le duc d'Angoulême et les maréchaux de Bas:
sompierrô et de Schombcrg, entoura la place par des lignes
fortiiiées; Richelieu I'isola de la mer per une digue de sept
cent quarante toises et repoussa lcs a.ttatiues d'une nouvelle
flotteânglaise. Un troisièmearmement composé de cent vingt-
cino vaiiseaux anglais attaqua la diSue et langa des brùlots
po,,,,l'incendier : les brtlots échouèrent, les navires chargés
àe poudre furent engloutis à coups de canon, et les.Rochelois
repbussés rentrèrenLdans leurs murs. Ln misère était extrême
dfns h ville; sur trente mille habitants, vingt-quatre mille
étaientmorts. Quand les.Anglais se furent retirés dans la rade
de I'ile d'Aix, il ne resto plus que cent trente-six hommes en
état de tenir les &rmes: Guiton céda. Richelieu entra le 30 oc-
tobre { 628. II demanda, dit-on, au maire ce qu'il pensait des
rois de France et d'Angleterre : < Je pense que mieux vaut
avoir pour moitre le roi qui a pris La Rochelle que le roi qui n'a
TOUIS XIIT ET NITBEIIES. 30!
pss su la défendre. n L& mairie, l'échevinage, le corps de la
ville furent abolis à pcrpétuit6 : toutes les institutions élec-
tives furent supprimées, seuf le consulat du tribunal de com-
merce ; les fortilications furent resées; les habitants ne con-
servèrent que la liberté du culte.
8. Edit d'Alais (1629). Le duc de Rohan, chef des
protestants, continua - en Lnnguedoo, avec les
la
guerre
subsides de I'Espagne. Louis XIII et Richelieu s'emparèrent
de Privas et d'Alais, et Rohan, perdant tout espoir, olfrit de
capituler. L'édit de pacilication perpétuelle d'Alais comprit
tous les rebelles dons une même déclaration d'amnistie.
Les villes calvinistes perdirent leurs fortifications et gardèrent
leur liberté de conscience. L'édit d'Alais confirmait et corrio-
geait heureusement l'édit de Nantes. ( C'éta.it sur les ruines
de la faction huguenote que Richelieu faisoit jurer au ûls de
Henri IV le maintien de la liberté religieuse proclamée par
son père. Il n'y avait plus de particalviniste en Francet. l
9. Lrutte de Richelieu contre la noblesse. -
r< Vous vemez que nous serons assez fous pour prendre La
Rochelle, > disait Bassompieme I et il exprimait ainsi I'opinion
de lo noblesse, irréconciliable ennemie de Richelieu. Elle
I'assaillit de conspirations sens pouvoir ni tromper sa vigi-
lance, ni intimider son cæur, ni lasser sa sévérité. Dès 162ô,
le comte de Chalais complota de le tuer : arrêté à Nantes, il
fut condamn6 à. mort. En t627, le comte de l\Iontmorency-
Boutteville se battit en duel sur Ia place Royale, malgré les
édits; il fut exécuté en place de Grève, malgré les supplica-
tions de toute la noblesse. En 1630, i\{arie de Médicis, proli.-
tant d'une malsdie du roi, lui onacha un ordre d'exil pour
le cardinal l et ses &mis, Guise et les dcux frères Marillac, se
préparaient à prendre la succcssion du ministre disgracié.
I\{ais Richelieu ramena Louis XIII, ût exiler Marie, empri-
sonrrer Bassompierre et mettre en jugement les deux I\{a-
rillac : le chancelier fut mis à la Bastille, le maréchal accusé
de concussion fut contlamné à mort. Ainsi se termino Io
journëe desDupes, En 1632, Gaston d'Orléans, frère du roi,
qui nvait épousé sans autorisation la sæur de Charles IV, duc
de Lorraine, entraina à Ie guerre son beau-frère et le duc de
I\{ontmorency, gouverneurdu Languedoc : Charlcs IV, chassé
de son Etat, perdit au traité de Livcrdun lc duché de Bar;

l. Eenri Martlu"
306 EISTOIRE DE FNÀNCE.
Montmoreney, fait prisonnier à Castelnaudary par le maré-
chal de Schomberg, fut condamné à mort et déoapité.
En t 636, Gaston et le comte de Soissons voulurent assassiner
Richelieu: le comte se réfugia à Sedan. En 164t, il reprit
les armes, battit les troupes royales à la l\Iarfée et périt dans
I'aclion.
10. Conjuration de Cinq-Mars (t 6tt?). - Le car-
dinal n'eut pas un long répit. Le marquis de Cinq-Mars, ûls
du maréchal d'Effiat, et grand écuyer, s'ernpar& de I'csprit
rlu roi et aspira ir la fortune du duc de Luynes. Il conseilla à
Louis d'éloigner un valet hautain qui ne lui laissait &ucun
pouvoir; mais lc roi déclare que les services du cardinal lui
étaient nécessairos. Cinq-l\{ars pousse alors plus avant, et de
conspirateur se Iit criminel de lèse-majesté. Il s'occorda avec
Gaston d'Orléens et le duc de Bouillon, ovcc lesquels son
ami, Frangois de Thou, lui ménageoit des entrevues. Le roi
hésitait entre le ministre et le favori, lorsqu'on lui npporta à
Perpignan, de la part de Richelieu, un paquet envoyé on ne
sait par qui : c'était la copie d'un traité conclu par Cinq-
I\[ars avec Ie roi d'Espagne en gueme avec Ia France. Cinq-
Mars et de Thou furent arrêtés; Gaston, menacé de bannis-
sement et de conliscation, livra le texte authentique du
traité, et les conspirateurs furent perdus. Le 1.7 aoùt 1642,
Richelieu mourant s'embarqua à Tarascon pour Lyon,
trainant un de ses captifs, tle Thou, dans un bateau re-
morqué par le sien. Une commission jugea les accusés et les
froppo, de mort. Le {2 septembre, Cinq-l\{ars et de Thou
montèrent sur l'échafaud, et sub'irent &vec une noble rési-
gnation un chûtiment mérité. Le duc de Bouillon, leurcom-
plice, dut céder la principauté de Sedan, qui ne lui fut jamais
rendue.
+ ll. Guerre contre la maison d.'Autriche. - Pen-
dant que Richelieu domptait les calvinistes, abattait les grands
et souteno,it con[re les princes du sang, les favoris, les deux
reines et le roi lui-même une lutte sans cesse renaissante, il
poursuivait en Europe I'accomplisscment du grand dessein
de Henri lV, I'abaissement de la maison d'Autriche. En 1624,
I'empereur d'Allemagne, Ferdinand II, vainqueur de l'élec-
teur palatin, des Bohémiens et des Hongrois, était le maître
ou nord des Alpes. Le roi d'Espagne, son allié et son parent,
occupoit,le Palatinat pour surveiller les princes du Rhin, et
la Velteline pour faire communiquer à travers les montagnes
IOUIS ITII ET RICHEI',IEU. 30?
le Milanais avec le Tyrol. La politique de Richelieu attaqua
cette formidoble puissonce. Il occupa la moison d'Autriehe
dans I'Allemûgne en faisunt intervenir Christian IV, roi de
Danemark, en freur des protestantsl dans les Pays-Bûs, en
rlonnant des subsirles &ux Hollandais; dans l'Italie, en en-
voyant une armée française. Dix mille hommes chassèrent
les Espngnols et les pontilicaux de la Valteline. Philippc IV
accepta les fai[s accomplis par le truité de l\[ongon (t626).

a
-z/l-'

Riohelieu.

Un an après mourut Vincent de Gonzague, duc de Man-


toue et marquis de Montfcrat, dont le plus proche héritier
était un François, Charles de Gonzague, duc de Nevers. Le
roi d'Espagne lui opposa le duc de Guastalla; mais Louis XIII
débloqua Casal, franchit une seconde fois le pas de Suse,
occupa le Piémont, et imposa le traité de Cherasco : la
France gegne Pignerol, et le duc de Nevers, Mantoue et le
Montferrst (r 631).
. En t642, la maison d'Autriche était partout vaincue; elle
308 EISTOIRE DE FRANCE.
ovait déjà perdu I'Alsace, I'Artois et le Roussillon; Richelieu
mourant laissait le soin de terminer son @uvre à la vs,leur de
Condé et à I'esprit de Mnzarinr.
12. Mort de Richelieu et de lrouir XIII (1,642-
l6&3).
- Richelieu
le 2 décembre,
était épuisé depuis longtemps lorsque,
il fut pris d'une fièvre ardente. < Parlez-
moi, dit-il à un des médecins du roi, à cæur ouvcrt, non en
médecin, mais en ami.
- Monseigneur,
heures vous serez mort ou guéri.
dans vingt-quatre
C'est parler, cela I je
voug entcnds I > Il lit entrer le curé- de Soint-Eustache :
r Voilà mon juge, dit-il, en recev&nt I'hostie : il va pro-
noncer ma sentence. Je le prie de me condamner, si, dans
mon ministère, je me suis proposé autre chose que le bien
de I'Etat.
curé.
- Pardonnez-vous à vos ennemis? clcrnanda le
Je n'en ai jamais eu d'autres que ceux de I'Etat. >
- le 4 décembre. Six mois après Louis XIII le suivit
Il e.rpira
dans la tombe.
13. Admiuistration et réformes. Les réformes
de Richelieu eurent pour but, comme sa -politique, I'affer-
missement du pouvoir royal. Un édit ordonna la démolition
des châ.teaux et forteresses de I'intérieur, inutiles à la dé-
fense du royaume et propres à servir d'abri aux rebelles. A
la mort de Lesdiguières, la dignité de connétable fut abolie;
la charge d'amiral fut rachetée au duc de Montmorency : la
eouronne recouyr& ainsi Ie droit de nommer à tous les em-
plois des armées de terre et de mer, et n'eut plus à compter
avec les grands dignitaires inamovibles. Le ministre prit la
direction des affaires maritimes sous le nom dc surintendant
général de la navigation et du commerce. Il poursuivit les
projets de Henri IV sur Ie Canada, et formn une compagnie
qui s'engagea à transporter quatre mille colons et à leur dis-
tribuer des temes tout ensenencécs. Il établit des consulats
dons les Echelles du Levant, lit un traité de cômmerce a.vec
le tzar de Russie, l{ichel Fédorowitz, et tt réduire par le roi
de Danemark le péage du Sund à {. pour {00. A I'intérierrr,
on forma des sociétés pour défricher les landes, dessécher les
marais, canaliser les rivières ; enlin des administrateurs
nouvea.ux, appelés intendants, étaicnt constitués dans les
provinces pour faire la police, lever les impôts, survciller lo

1. Yoir, au cbapitro suivant, lo périodo française de la guerre ds Troute


aot.
LOUIS XIII ET RICHETIEU. 309
justice et se charger de toutes les fonctions civiles des gou-
verneurs (t 637). Deux ans oupertvant, Richelieu svaitfondé
I'Académie française (i635), destinée à maintenir la pureté
de la langue et du goùt littéraire.

IECTURB. Disgrâoe et mort de Concini.


-
Concini, préoccnpé de la crainte qu'on n'ererçât sur le jeune roi une
infiuence eontraire à Ia sienne. nrétendait réEler ses amusements, ses
Dromenades, lui interdisait de ioitir de Paris.*Louis XIII avait dans son
Èerviee Dersonnel un ieune qentilhomme, Albert de LuYnes, habile à
dresser ie pctits oiseàux de"proie, les pi'es grièches, alors à Ia mode;
le roi le fit'son fauconnier ef vivâit faùilièrement avec lui. Jonant uu
jour au billard, le maréchal d'Ancre dit au roi en mettant son cbapeau
sa tête : u i'esDère que Votre trtaiesté me oermettra de me couvrir. ,
"sur
Le roi permit: mais il iesta surpris"et choqdé. Son.ieune page, Albert
de Luvires. s'âuereut de son humeur. et. niessé. lui aussi. dl devenir
un fav"ori. il prit s'oin de la cultiver.'Uri domplot domestique s'ourdit
contre le'marichal d'Ancre. Qtrelle en étaitla portée et quel's en étaient
les complices? Ce n'est pas clair. Quoi qu'il en fût, le 24 avri) l6l?,
Itl. de Yitrv, capitaine de quartier ce jour-là dans I'armée royale qui
assiégeail Sôissôns, fit dire'à suelqnesiunr de ses officiers de sri trouver
chacùn avec un pistolet dans 3a pôche et il alla lui-mème à la porte du
Louvre par oir lè roi devait entr'cr chez la reine mère. Quartd [e maré-
chal d'Ahcre arriva à cette porte: u Voilà [I. le maréchal, dit I'un des
officiers. r Vitrv mit Ia main sur lui, eu disant : r, I\lonsieur le maré-
chal, j'ai ordre Tu roi de vous arrôter. Moi? dit le maréchul surpris,
-
essavant de résister. ,, L'officier fit feu sur lui: nlusieurs autres en
fireni autant; 0n ne sut ou on ne dit pas quel ét'ait celui dont le coup
I'avait frappé. r. Sire, vint dire au jeunè
-d'Anmeroi-le colonel d'0rnauo, à cette
heure vous-ètes roi; le maréchal est mort; u et le,ieune roi,
devant la cour réunie, répéta avec le même accent tle satisfaction :
< Le maréchal d'Ancre est inort. u Le baron de Yitrr fut nommé maré-
chal de France à la plaee du favori qu'il venait d'asiassiner. Le lende
main de I'assassinat, la foule se précipita dans l'église de Saint-Ger-
main I'Auxerrois. oir Ie cadavre ilu niaréchal alail été enterré: elle
souleva les dallei, tira le corps de terre, le tralna sur le pavé jusqu'au
Pont-Neuf, oir cllé le pendit par les pieds à une potence;' on ld déôhira
ensuite par morceaur, qu'on'vendit,'qu'on brùla et qu'riu jeta ensuite
dans la Seine. Les férociiés porrulairds êtaient satisfaites, mais les haines
et les envies de la cour ne l'éiaicnt pas; elles s'attaquèrent à la veuve
du maréchal, Léonore Galigai. Elle démeurait au Louvre, et, an premier
bruit de l'événement, elle avait fait demander asile à la rein-e mère.
Durcment refusée, elle s'était déshabillée pour couvrir de son.corps ses
nierreries, qu'elle'avait cachées dans ses inatelas. Aussitôt découverte,
èlle fut coniluite à ta Bastille et traduite devattt le parlcment. Elle
commença par re.ieter loutcs les fautes sur son mari; c'ôiait lui, dit-elle,
qui avaif einpèclié qu'elle ne se rctirât en ltalie et qui avait tout tenté
pour pousser'plus lôin sa fortune. Condamnée à nori Léonore retrouva
Èon côurage ei sa ficrté. ., Jamais, di[ un coutemporain, on ne vit per-
sonne qui-eut un visage plus constant et plus résolu. 'r < Que de peuple
pour vôir une pâurre aflligée, dit-elle'à I'aspect de la foule ilui se
'r
3r0 EISTOINE DE FRÂNCE.
pressait sgn passa-ge. Bien n'indique que la fermeté de ges derniers
s.ur.
qg.m,ents lui ait vàlu pius de sympathie q,ie ie. iaiuieisiJie iuiîiieat
aurre 0e compassron. La multitude a des heures impitovables.
Gurzor, Histoirà de" Franee,

EXERCITES ONAUX ET ÉCNITS

.la l.l\larne.
Erplioation des mots.
- sainte-Menehould,, sous-préfeeture de
- Loudun,__sous-préfectrre Oe ià Vienrie. _ I;;;i;:à;:Cà
-An
che f- lien de canton du uai ne-ôt-Loit e. grri-iietect ùà'âï il'ir,o.-
et-Loire. -
2. 0uestionnaire.
-comment âge avait Louis XIII à son avènement?
- prit-eilc la régencii
la reine mère
Quel
-
iut id ônËàilrer
de.lllarie de IItédicis? --Qret
lei faits q.i iÀlnLià* rà-pair ae
sainte- Itte eho ld ? -'Q.uels.sont
uelr es furenr les nôitiiiiè
n
blesse^et du tiers état- aur
u Q
etats fenoii"r
J mïiiruri,ir' âe'là' no-
-àË--l-orîf
r.,
états_ furent-ils dissous ?-
-.ero*er
-'bî"*ïuit
Faites" conniitie- iei tilàiàe*,
pr le,s cahiers. .- Quet_ -fur le sorr de ies-tèiôr*Ëïf r nrrr"il-, ii
l9e-9nde
revotte des grands.
--. Comment finit Concini? _ Quei fuf son
successe!r? contre.qui le. connétable eut-il à lutter? l-Comment
mourut-il? - étaient les projets ae nicnetiÀui'- naiàoîË, re
-.Quels
ta"prise de la Rochelle_.'-_Qu'eit_ce que iénit a-,Atai;î _
1!q,q 9t
uueiles en rurent tes conditions? Enumérez lei tentatives des srands
renverser Richelieu, de t626- à t64t. ii-côii,iiition
40rrr.
de urnq--uàrs: - nacôniei
sont les faits qui amenèrent le traité de ttionôoa?
-_euels
-.Rac.ontez
les derniers_ moments ae nicnetieu;
- Dôffi;ier;.hci:
pourquoi'nichilId;;;;iËi-t-il
pales. dates d.u règne. de Louis xrrr.
res ,cnarges 0e connétable et d'amiral? - fit-il pour le'ôommerce
Èxterre.urT :- uu'etart-ce que les intendants?- Que
pourquoi fut fondée
l'Âcadémie franeaise ? -
r itaiger. Exposer la régence de Marie de Médicis.
- 3. Ilevoirs
Ë.xposer -
et apprecrer le ministère de Richelieu. -

IN
r,a euERnE
"3r*HïJf"*Iir* Lrs rnÀrrÉs
(101&1648)
.
rEçoN

. l. cansss de Ia- gu_erre de Trente aDs. c'est en intervenant


d.aus Ie guerre 9-e Trente ans que Richelieu continua Ia poli. -
r-r.que ge_-g.enrr-rv. Les empereurs l{athias, Ferdinand II et}er-
dlnand lll voutaient i.mposer à I'Allemagne I'unité catholique et
le despotisme eutricaren.
2. Périodes palatino et danolse. Ferdinand II battit l'électeur
Frédéric y, lè depouilra eiûf 1a- roi ï rrnmpfi, À"Ë ii" àà ro
GUENRE DE TRENTE ANS. 3IT
nériode nalatine (1625). Le roi de Danemark, Christian IV, excité
ilar Riclielieu, remplâça le palatin et ne fut pas plus heu'
reux (t629)
3. ÈOrtoiie snéaloise. suscita alors Gustave-Adolphe'
roi de Suède, qui battit - Richelieu
les Impériaux à Leipzi6:. sul Ie.Lpch'
et à Lutzen, ét iut tué dans cetie troisième t,ata-ille. La défaite
de son lieuîenant, Ilernard de Weimar, à Nordlingen, rendit
nécessaire I'intervention de Ia France ({635).
{. Période franoaise. - Alliè des lloliandâis, dcs Suédois, des
Suisses, des priirces italiens du nord, Richelieu pril I'armée
weimarienne h la solde de la France et commenqa résolurnent
la guerre. D'obord repoussés dans la Bourgogne ét la Picardie'
lesïrtncais reprirent* bientôt I'oflensive : Tc-rnard s'empara de
I'Alsace, ia Meilleraye de I'Artois, Louis XIII du Roussillon.
5. triités ite lllesiphalie. - Réstait à forcer lcs vaincus à la
nai-x. Le duc d'Enshien remporta sur lcs Espagnols la bataille
he Rocroi, battit ànsuite les' Impériaus à l'iiliourg et a. \ord-
lingen. nrit Dunkerque e[ triompha ùncors des Espagnols à Lens'
el lpôréciation ded traités. --Lcs trai!Ôs de Westphalie don'
nèrenf iatisfaction aux Drotestmts d'Allenagne, à la llollande'
à la Suède et à la lrranôe. La maison d'Àutriche perdait sa pré-
pondérance.

RÉCIT

l. Causes de ta guerre de lfreate arre. - Tendis


que Eichelieu triomphait en France des protestexts et des
grands seigneurs, l'Àllemogne était depuis l6{8 le théôtre
d'une guerie à la fois politique et religieuse qui devsit durel
trente années et qui intéressait I'Europe tout entière. En { 5S5'
I'empereur Charles-Quint avait accordé aux sectateurs de
Lutfer la paix tl'Augsbourg qui reconnaissait leur ]iberté re-
ligieuse et qui réservait à I'Eglise catholique les domaines
qu'elle possédait dans le cts où un prince ecclésiastique em-
drasseriit la réforme. Mais, ou commentement du dix-
septième siècle, ces conventions n'étaient plus respectées :
d'une pert les protestùnts usurpeient les biens d'église, de
I'autre-les empàreurs catholiques de la maison d'Autriche
enlevaient eux villes réformées leur liberté religieuse et
Ieur droit de séance à la diète et au conseil de I'Empire.
Les protestûnts voulaient garder leùr foi, leurs biens et leur
indépendance politique; les empereurs voulnient rétablir
partôut le catholieisme, reprendre les terres.qui aveieni op-
partenu à I'Eglise et faire peser sur toute I'Allemagne leur
ilespotisme.
ies Danois, les Suédois et les Hollandais protestents evôient
tntérêt à soutenir leurs coreligionnaires allemands; les Fran-
HISTOIRE DE FRÀNCE.

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PITBLIQUE
DE VET{IS
OUERRE DE TRBNÎE ANS. 3I3
çais, enciens edversaires de le maison qui régnait à Medrid,
à Neples, à Milan et à Vienne, aveient intérêt à sauvegarder
I'indépendance du corps germanique: voilà pourquoi ln guerre
de Trente rûs occupa de bonne heure I'esprit de Richelieu.
Dès {617, nommé par Concini secrétaire d'Etat, il envoya
comme ambassadeur près des princes ollemends Ie comte de
Schomberg, et lui donna de remarquables instructions : dis-
siper les prêventions qui existaient contre lo Frence, pré-
senter le roi comme un protecteur désintéressé, empêoher le
roi d'Espogne de placer sur la tête d'un des siens les cou-
ronnes de Hongrie, de Bohème et la couronne impériale.
I\falheureusement la mort de Concini entraîna le disgrâce de
Richelieu, et la maison d'Autriche put commencer Ia guerre
sans avoir à maindre le duc de Luynes, fovori sans vigueur et
sans lumières. â
2. Périodes palatlne ot danoise (r618-{629).
- 7-{F
Les Bohémiens protestants, opprimés par I'empereur Mathias, t:

se révoltèrent et firent la ilëfenestration d,e Prague, c'est-à-dire


qu'ils jetèrent leurs gouverneurs impériaux par les fenêtres
du chfiteou. Ils couronnèrent roi 1'électeur pelatin, F'rédéric V,
gendre du roi d'Angleterrel mais, vaincus por les troupes
autrichiennes, ils furent conquis et maltraités, tandis que
l'électeur perdait le Palatinat. Au lieu dg soutenir par les
Èrmes les Bohémiens et leur roi, le duc de Luynes favorisa
I'Empereur et aida de toute son influence la puiss&nco êrrne-
mie des Franqais à ruiner leurs alliés naturels.
Mais en 162{., Richelieu à peine arrivé aux alfaires accorda
des subsidss &ux llollandais révoltés contre I'Espagne et
press& le roi de Danemark, Christian IV, de se déclarer le
protecteur des libertés germaniques et le vengeur du prince
palatin, son proche parent. Bottu à Lutter par le général ba-
varois Tilly, Christian signa ovec I'empereur Ferdinand II la
paix de Lubeck et promit de ne plus intcrvcnir dans les aË
faires de I'Allemegne.
3. Diète d.e Ratisbonne (t630).
- L'Empereurvicto-
rieux publia l'é.dit de restitution qui obligeait les réformés à
rendre les biens ecclésiastiques qu'ils evaient pris depuis t 552,
et chergee son générol Tfallenstein de faire exécutcr ses
ordres. Puis il convoque une diète à Ratisbonne, espérant
obtenir des électeurs intimidés des secours d'hommes et d'rr-
gent contre les Hollandais et la reconnaissa,nce de gon ûls
alné comme héritier de I'Empire. Richelieu envoye à Ratis-
ETST. ÛB FR. C. COI'PL. t{
3I4 EIsIOIRE DE FnANcE.
bonne deux habiles négociateurs, Brulart de Léon et le
Père Joseph du Tremblay, qui ûrent échouer toutes les espé-
rances de Ferdinsnd. Il reconnut la main d'où partoit le
coup. < Un pauvre capucin, disait-il, a déconcerté mes plans;
le perlide a su faire tenir dans son capuchon six bonnets
d'électeurs. lr
4. Prâriode suédoise (t630-t635). Richelieu sus-
-
cita en mème temps un red.outable ennemi à I'Empererlr,
Gustave-Adolphe, ioi de Suède. Il lui ménagcs. une trôve dé
six ans avec Ie roi de Pologne, lui donna un subside d'un
million de livres et le jeta sur I'Allemegne. Débarqué à I'em-
bouchure do l'Odcr, Gustave s'rssura I'alliance des électcurs
de Saxe et de Brandebourg, conquit la Thuringe et la Fran-
conie, battit les Bavarois au passage du Lech et fut tué en
remportant Ia victoire de Lutzen (l632). La défaite de son
successeur à Nordlingen lit pmdre à la Suède tous ses elliés
allemonds, et les armées de I'Empereur, du roi d'Espagne et
des princes catholiques se concentrèrent vcrs le Rhin pour
écraser Ia llollande et fairc ls loi à la France.
5. Période française (tô35-fô48). Richelieu
n'hésita pas à engager Ia lutte contre une puissance qui pa-
raissait pour la troisième fois victorieuse, et qui menaçait
l'Europe entière. A Paris, il convint de fournir aux llollan-
dais trente mille hommes et quinze vaisseaux. A Rivoli, il
promit rux ducs de Savoie, de Parme et, de l\{antoue la pro-
tection de Louis XIII. A Compiègne, il s'engagea à continuer
ses subsides aux Suédois à eondition que les places alsa-
ciennes occupées par leurs troupes fussent remises à la France.
A Saint-Germain, il prit à sa solde Bernard de Saxe-Weimar
et ses dix-huit mille hommes. EnJin il obtint des Suisses
qu'ils contribueraient à fcrmer les passages des Alpes aux
Espegnols et aux Impériaux. L'arnrée francaise fut portéc à
quatre-vingt mille fantassins et dix-huit mille cavaliers, et
une ordonnance rem&rquable de | 631 déclara que ( le solâat,
pa.r ses services, pourrait monter aux charges et ofJices des
compagnies, de dcgré en degré jusqu'au grade de capitaine,
et plus &va.nt, s'il s'en rendait digne.
6. Conçjuête de I'Alsace, de I'Artois et du Rous-
gillon (f 635-1648). La guerre commenos, par la victoire
-
d'Avein, qui fut suivie de revers répétés : les Impériaux en-
trèrenten Bourgogne et les Espagnols en Pimrdie. Mais Ri-
chelieu apaisa les murmures des Parisiens par se contenance
\l
r

OUERRB DE TRENTE ANË'


3t5 :i
jusqu'en
lntrépide, et le roi reprit Corbie et chassa I'ennemi
dil;;J Jà Saxe-'Weimar s'empara de
Artois. En 1638, I'AIsace
Brisnch aprës ,iIàà'aî six mois et du mème coup France'
.rrr,
aux mains d'e la
entière, sauf Strasil"oirtg,-îo*lo

r Carte de Flauilre' Àrtoir et Picardie'


I
lo MeilleraYe investit Arras'
Deux ons après, le marquis tle
de ia ptuce et la ût capi-
battit les Espagnor*"lo=JiË* ;;* eut le sort
tuler sprès trente-qfiil i;;; * *u*il'Attoitles comprots
iffi ffiffi;. Fr;'ii;H'fi;;p; w to'i'"ta-t-l ; Perpignan
l de cinq-l[ars
du comre de soissonffi à;';;iJ-q"is le
;
céda comme Arras;; ;;*;;
victorigusesïe Richelieu' et
(t'642\'
t
Roussillon fut conquis comme l'frtois
grand caidinal' laFrence
Ainsi, uo *o*.toî'où-*À"*otle l.et'plgl lTt:' néces-
partout victo rieuse';";i t *i' t n m aii sur
iairesàsasécurite.*ne'nitàforcerpard'éclatautesvietoires
vingt ans et Mazarin
le consente*errt o.* *i;;; i0onde aveit
allait entrer su ministère' La mort de ftiche-
7. Victoir" dË'iiï;;.oi ({643)' - 1ll et au roi
lieu donna ao ,oo'o[à à i''*it'uur,Fertlinanit elforts pour
d'Espagne enuippàii,lf ilt ô*uot de suprèmes
tt qoi les trois dernières
regegner a"o*ut,Lïi'"ànt aetitin'
années reur ata,enilîtlen?' Les
Espagnoi'' *oot don Francisco
Rocoi;
et issiégèrent 'wertb'
de Mello, entrUreni en Champafne' et Je-an de
les Impérioo*, **ti;;dô il"rvr'Jtti
316 HISTOIRE DE TRANCE.
s'epprochèrent du Rhin pour pénétrer en Alsace. Mais
Turenne veillait sur le Rhin et Ie duc d'Enghien sur lee
Ardennes.
Louis de Bourbon, duc d'Enghien, ûls ainé du prince de
Condé, venait d'être mis à lo tête de I'armée de Picordie, et
ovait reçu pour guide un vieux capitaine expérimenté, le
marécbal de I'Hôpitnl. 0n attendait de grandes choses de ce
général de vingt-deux ans, qui avait déjà servi avec une sin-
gulière bravoure et a qui semblait porter la victoire dans ses
yeux D. Pénétré de I'importance de Rouoi, il résolut de le
secourir, et mena l'armée si près des Espagnols qu'il rendit
la bataille inévitable. Le 29 mai, de grand matin, il attaqua
ovec son aile droite, détruisit lecorps qu'il avait devant lui,
tourna à gauche, culbuta la seconde ligne formée d'Alle-
mands, de Wallons et d'Italiens, émasa Ia droite ennemie
que les siens avaient jusqu'alors contenue ayec peine, et
réunit tous ses elforts contre le centre, dont il avait fait le
tour, comme s'il erlt voulu lui enlever tous ses appuis. < Res-
tait cette redoutable infanterie de I'ormée d'Espagne, dont
les bataillons serrés demeuraient inébranlables au milieu de
tout le reste en déroute, et lançaient des feuxde toutes parts.
Trois fois le jeune vainqueur s'efforço de rompre ces lntré-
pides combattants, trois fois il fut repoussé par le veleureux
comte de Fontaines, qu'on voyait porté dans sa chuise, et,
malgré ses infirmités, montrer qu'une âme guerrière est
maitresse du corps qu'elle anime. Mais enlin il faut céder.
C'est en vain qu'à travers des bois, a,vec s& cavalerie toute
fraîche, Beck précipite sa morche pour tomber sur nos soldats
épuisés; le prince I'a pr6venu, les botsillons enfoncés de-
mandent quartierr. > Le comte de Fontaines fut tué, l\{ello
prisonnier parvint à s'écbapper, laissant sur le champ de ba-
taille sept mille morts, six mille prisonniers, toute son artil-
lerie et tout son bagoge.
8. Victoires de Fribourg, de Nordlingen et de
Lrens. L'année suivante, Condé alla au secours de Tu-
- veneit
renne, qui de perdre Fribourg-en-Brisgou. Il attaquo
le générol bavarois Mercy sous les murs de la place, et en-
leva ses soldats hésitants en jetant son bâton de commende-
ment dans les retranchements ennemis: Mercy s'échappa à
la faveur de la nuit, en abandonnant sa grosse artillerie (16&tt).

l. Bocmct.
OUERRE DE TRENTE ANS. 3I?
Turenne descendit alors lo vallée du Danube, mois il fut sur-
pris et repoussé par Mercy à Marienthal. Contlé lui tmena
une seconde fois des secours, et tous deux rencontrèrent les
Impériaux à Nordlingen. Ils délogèrent I'aile droite ennemie
d'une colline qu'elle-avait hérissée de canons, écrasèrent le
centre, et forcèrent I'aile gauche, commandée per Je-a-n de
Werth, à gagner Donauwerth en toute hâte (1645). I\fercy
fut tué et le vàinqueur lit placer sur s& tombe cette insmiption :
< Arrête, voyageur, tu foules un héros t > En 1646, Cond6
prit Dunkerque; en 164?, il échoua au siège de Lérida en
b.pugnt; eo-1648, il fut rappelé en Flandre et battit, I'ar-
cniauc Léopold, près .de Lens. Cette victoire hôta la con-
clusion de Ë paifet fut le dernier combat de la gueme de
Trentoans.
9. Traités de \il'estpbalie (t048). - Cette guerre si
longue n'avait pu se faire sans de prodigieux elforts. Aussi
lcs puissances belligérantes songèrent-elles, dès 1643' à ter-
mirier leurs diffrirends pil une négociation qui se poursui-
vroit en dépit des batailles. Les débats durèrent quatre ans'
et aboutirent aux traités d'Osnabrûk (6 aoùt 1648)' et de
I\{unster (24 octobrc), ot traites de Westphalie.
L'Espagne
-qui reconnut I'indépendance des sept Protti'nces-
lJnùes, avaient rejeté sa dbmination depuis t58l; mais
elle ne voulut pas traiter avec la France.
LaFrance, d'ont les armes avaient eu tant, d'influcnce sur
les résultats de la guerre, devait recueilliP une large part
des béné{ices de lo victoire. Le troité de l\lunster lui donna
les trois évêchés, l\{etz, Toul et Verdun, qu'elle occupait
depuis un siècle; la ville de Pignerol, que le duc de-Savoie
luiavait cédée en t632; la haute et la basse Alsoce, Brisach
et son territoire, et Ie droit de tenir garnison dans Phi-
lipsbourg.
'La
Sièd,e, atliée de la France, obtint de vastes tegitoires
dans I'Allemegne du Nord.
L'électorat de Brandebourg, uni eu duché de Prusse, et
agrandi d'une partie de la succession de Juliers, devint'
puissance dominante au nord du Mein et des monts de
Bohême.
Lo Confédération suisse fut complètement soustraite à la
juridiction de I'Empire.
' Les calaùnistes obtinrent lo liberté religieuse que la paix
d'Augsbourg avait donnée aux luthériens. Lo puùssance i'm'
3t8 EISÎOIRE DE FRANCE.
périale, qui avait peru si menaçante à I'Europe sous
Charles-Quint et sous f'erdinand II, fut plus limitée que
jemais, et ses décisions furent soumises à I'assentiment de
la diète.
10. Jugement sur cos traités. Ce pacte est le plus
mémorable monument du plus grand siècle de le diplomatie. -
L'Europe centrale est réorganisée suy des bases n-ouvelles;
la France, constituée garante du pdcte fédératif en Alle-
magne, s'indemnise de ses services en obtenant enlin lo
rive tant désirée du Rhin; la Germanie restitue I'Alsace à la
vieille Gaule, qui franchit les Vosges pour retrouver sa fron-
tière des anciens temps. Mais ls Germanie achète à ce prix
un grand service rendu : grâce à la Fronce, elle échappe à Ia
domination autrichienne et elle gegne la plénitude de la li-
berté religieuse.

IECTURE.
- Cond6 et Turenno.
CoroÉ, (Louis II, prince de) était le quatrième prince de la maison
de Condé.'
Le premier prince de cette famille fut trozis for, septième enfant de
Charles de Bourbon. Louis Ior, frère d'Antoine de Naiarre et oncle de
llenri IV, avait été le rival de François de Guise.Organisateur de la
conjuration d'Amboise, con-
damné à mort aur états
d'0rléans, sauvé par I'avè-
ncment de Charles IX, il
conmenQa, après le mas-
sacre de VasÈv, la guerre
civile ([562). Bâttu à-Dreux
et fait prisonnier par Fran-
çois dti Guise, il lut rendu
à la liberlé par l'édit d'Am-
boise 1t563). Vaincu à Saint-
Denis par l\Iontmorency,
0tns ,ta deurleme suerre
de religion, il obtint la
d_9 Lonsjumea.u (1qçs).
1,4i1
ilcommenQa la trolslème
guerre, futïaincu et assas-
siné à Jarnac par IU,rtrtes-
quiou ({569).
Ilenri ler, as-
Son fils,'jeune
sista tout aux iom-
bats de la Ruclrc-Abcille et
Condé. de lloncontour, Iivrés Dar
Colisny (1569); abiura à' la
Saint-Barthélemy et, après la mort de Charles-li,'prit'part à toutes
les guerres sous Ie rècne de tlenri III; il -à
courbattit Coutras, à côté
OUERRE DE TRENTE ÀNS. 3r9
rle llenri de Béarn (1587). Il mourut l'année suivente, à Saint-Jean'
d'Ansélv.
- Sôi fl'li emnoisr.rnné, dit-on. Dar sa femme.
noithume,'Ilenri II, se convertit avec Henri IV au- catholi-
cisme. nlarié a Charlbtte de Montmorency, il se retira à Bru_xelles. pour
soustraire sa lemme aur poursuites amôureuses du roi. Il rerint en
fiànce sous la régence de llarie de ilfédicis, pri!.part aux révoltes.qui
aboutirent aux tràités de Sainte-Ilenehould (f6f4)-et.de Loudun (16f6).
Il fut emprisonné à la Bastille en [6t7 et y resta trois ans. sous le ml-
nistère d'e nicnelieu, il vécut à l'écart dei intrigues et fut nommé par
Louis XIII chef du bonseil de régence. Son fils, Louis Il, fut le cmxo
ConnÉ.
Condé. aonelé duc d'Enshien. ou M. le duc, du vivant de son père,
remnorti à iinst-deux ans ia victoire de Rocroi sur les Espagnols (1643),
battit le généràl havarois Mercy à Fribourg (t644), le tla à Nordlin-
qen tlOnS'). nrit Dunkerque (t6i6) et, après un édhec en Espagne, de-
iant'Léridâ.'termina la euerie de'Tréntè ans par le brillant combat de
tôns ltOASt. Penrlant les"troubles de la Frond-e, il prit d'abord le parti
de la'cour'contre le parlement et assiègea Paris ({649). -Rival -de ltla-
zirin. lt se fit le cnet' de la frction des"petits-maitres et fut enfermé à
la naititle n6ô0). Dêlivré, il souleva torit le midi de la France, marcha
eàn1ie furènne
'et liora lés batailles de Bléneau et du faubourg Saint-
Antoine. Nlaitre de Paris, il laissa commettre le massacredes partisans
de Nlazarin et, devenr: orlieux au parlement, il se retira chez,les.Espq;
Enols. Battu par Turenne à Arras- (1651), puis aux Dunes (1658)' il
ientra en srâôe après le traité des Pyrénéés il0SS). Nommé gùuvernetlr
àô nourgdgne, il'prit part à la guetrre- de riévolution, s'empara de la
Francheltômté en'troiô semaines" (f 668). Bn {612, il envahit la Hol-
iunàJ. ieiènait les pavs-tlas contrè Guiilaume d'6range, qu'il battit à
Sd-neif iotat. Appelé eh Alsace, que la mort de Turcnnè laissait exposée
àoi coiios ie nidntecuculli, il'sâuva cette province (1615). Ce fut sa
dernière campagne. II se retira à Chantilly, otr il vécut dans le com-
merce des gdns 0e lettres. Il mourut en 1686. Bossuet prgnpnça Sgn
oraison funèbre.
TunnNNu, fits de Henri de la Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne
et duc de Bouillon, naquit à Sedan en 16ll. Après av0lt servr sotls ses
oncles Nlaurice et llenri de Nassau, il fut envoyé à.la cour de f'rance
en t630. reEut de Richelieu un régimenb d'infanterie, commenqa a se
iilte-ôtinàitïe en Lopaine sgus lebaréc1al de la Force, qui lui _obtint
iô i,iaâe aô maréchal de cam0 en 1634, puis en Piémont sotrs la Valette
ài ï;Uai.ôoii, et fut nommé^ lieutenarit'genéral en 1639. ltaréchal de
Èianie en iofg, it remplaça Rantzau à'l'armée du Rhin, commanda
*ôoi te nrince de Condé'a ld lataitle de Fribgurg (f 644), fut vair:cu par
I\Iercv à'Narienthal (,1645r, répara sa défaite avec condé à Nordlingen,
ôî. id ioilrnànt au Sdé,tois Wrângel, remporta les victoires de Lavingen
ài'ae Sorfirershausen (t641), qîi'contribuèrent à la paix. de rilest-
ol,rtie fl6ir8i. I'endanties troubies de la Fronrle, il combattit contre la
ôoui, edtrainfi par la tlucfiesse de Longueville et par son frère,-.le.duc de
Éoiiittônlli irf OOfait à Retuel par le iraréchat df Plessis-lraslin (1,650).
A la moit de sorr frère, il renîra dans le devoir, combattit contre 00ndé
-f
glOlel" et au fauboîrg Saint-Antoine ({652), puis contrc Condé et
ieJEsuasnols à Àrras ({654) et aur Duntjs ({65s). Nommé maréchal
oeneràt"des camps et'armtles de France ({660),' il marcha, en 1673'
Ëontie l'électeur âe Brandebourg et lui impbsa lij traité de Vossem. ll
Ëàùrï eni,iite l'^lsace dans une" mémorable campagne et remporta ler
320 EISTOIRE DE FRANCE.
victoires de Sintzheim, de Mulhouse, d'Ensheim, en 167{, et de Turk-
heim, en t6IS. Il livrait bateille
à Mnntecuculli à Salzbach (1675), quand
il fut tué d'un coup de canon. Louis XIV Ie fit enterrer dans'l'église

Turenne.

royale de Saint-Denis; son tombeau a été transporté aux Invalitles


en-[800. Turenne avait été converti au catholicisme Iar bossuet en t663.
Son oraison funèbre a été écrite par Fléchier et pàr Mascaron.

EXEACICES ORAUX UT ÉCNITS

l. Erplioation des mots. Heilbronn, sur le Necker, - Heidel-


berg, rive gauche du Necker.- Wurlzùozlrg, sur le llein.
locft,Ilæchts, grand-duché de -Bade, dans la l'brtlt-Noire. - lVise-
Wtmpl'en.
au confluent du Necker et du Kocher. -
- Fleurus,Ottpeln,
Hainaut, à 4'[;10:
mètres de Ia Sambre,
de l'0der. - Dessau, sur la Mulde. sur
Ratibor,.sur.l'0der. - lUppa. riveLutter,
droite
-
sur le Nùblembach, -.lroppau,
duché de Brunswick. -
Beiwald, Nbivelle-ilarche.
sur la rive droite de la -Partha, affluent de I'Elbe.
- Breitenfeld,
Lutzen, près {.e I'Elstel, Saxe. -
les Alpes de Souabe,
-llrandebourg,
entre la Yernitz et I'Egga. -_-Vordlingen,dans
Wistocft, àu sud du laô
Muritz. -
Corbie, sur la Somme, '*.Ghemnift, dans les monts trté-
-
IOUIS XIV ET UÀZÀRIN. 321
tallisues. nrès du col de lllarienbers. Kempen, entre la llleuse et le
-
Bhin, au irord-ouest de DusseldorF. - nozn-ueil/, sur le Necher. -
butt'inqen. sur Ie haul Danube. Fribourg, sur la Dreisam. grand-
duché le nîde. sur- la Nuthe,'.Brandeboutg. - Lericla,
- Iuterbock,
rive droite de la Sègre.
la TauÙer, atfluent îu ilein.- Jancowitz, en tlohëme,
- nlarienthol, sttr
Somrnershausen, entre Ie Lech et Ie
- et Arras.
Danube.
- Lens, entre Qu'est-ce
Béthune
3. Ouestionnaii'e.
- que la paix d'Augsbourg?
- Qu.elle fut
la conduite des nartis cath<rlique ét nro[estant err Allemagne après cette
paix? étïit I'intérèt dô la Frànce dans la gtrcrre de Trente ans?
- Quelque
qu'estice la délénestration rle Prague? - Racont-ez.la.période
-oalaiine de la'Errerre. Racttntez la période danoise. que
- Qu'est-ce
ftéait de restitition? - Pourquoil'Eninereur réunit-il la diète de Ratis-
bonne? - v furent-elles trompées? -- Racon-
- Comment ses esnéiancessoirt
tez la période suétluise. les traités eonclirs par Ric.helicu
en t63b?
-'Quels
A quel chiffrc fu[ portée I'armée franqa.ise.? - Q.uedit I'or-
-
donnance tle {6it? I'Alsace, de I'Artois,
du Roussillon. - ltacontèz les conqrrètes de
Quelles tentatives firént les Espagnols et -les Impé-
-
riaux aorès Ia morfde Richelieu? I'aites conttailre-le duc d'Enghien.
nacôutez la bataille de Rocroi. - Quelle fut la seconde victoire de
-
Condé? Oir Turenne fut-il battu? - Racontez Ia bataille de Nord-
- -
Iineen.
- 0u'apnelle-t-on
la irécociat-ion
traités de \\'cstphalie?
'élait-elle ouvcrte? - Depuis quelle année
0u'ribtinrent les i'rovinces-Unies?
-
le Bràndebourg? - la Suisse? - les
la'France?
-nrotestants - la Suède? -Commcnt
d'Allernasne? fut, réduite la puissance de I'Em-
ilereur? Donnez uln -
jugement sur les traités de r#estphalie. - Don-
-
ircz les dates principales de la guerre de Trente ans.
3. Devoirs à rédiger. - Exp-oser le rôle de la France dans. la guerre
de Trente ans. Exposer les'événements qui ont préparé les trail,ês
de Westphalie et - apprÔcier ces traituis.

IV
LOUIS x'I\r & MAZARIN
(r6{3-16ôr) .r.

.+.
rEçoN
'ii',:

l.
Anne d'Autriohe st fiazarin. Anne d'Autriche, veuve de
-
Louis XllI, frt casser le testament de son mari par le parlemeut
et nrit pour ministre le cardinal Mazarin.
cabale des lruportants fut aisé-
3i. nir'nouttés iutérieures.
ment réprimée. maie I'ercès - La
des iu:pôts et la mauvaise gestion
des finahces pi'ovoquèrent le mécôntentelrent du peuple et
I'onposition du parlement.
d.'La Fronde pârlementaire. - Àprès la journée des Ba-rricades,
la reine se retiia à Saint-Germain et Paris fit la Fronde parle-
mentaire : il fut bloqué par Cmdé- et se souuit au traité de ltueil.
{. La Frondo des seigtr-eurE. Condé, vainqueur, se fit le chef
-
tL.
32T BISTOIRE DE FRÀNoE.
des petits-maîtres et fut emprisonné. Les anciens frondeurs for-
qèrent trtazerin à s'eriler, ct condé commenÇa la f'ronde féodale.
contenu par Turenne à Bléneau, battu danË le faubours saint-
4ntoine,-il rlaltraita les Parisiens et se retira dans lc càinp des
Espagnols. Le roi rentra dans sa capitale et rappela ltlazarih.
5. Euerre avec I'Espagne. Traité dei pyréuées.--l On reprit alors
avcc.vigu-gur Ia gucrre avec I'Espagne. Turenue fit levci à Condé
l9 stege d'Arras; Nazarin-s'ûssura l'appui Ccs Ânglais au prix de
rrunKerque.,Les l1,spagnols sublrent un nouvel échec aux Duues,
e[ la forutation de la ligue du Rhin lcur porta le t]crnicr coup.
Ils corrsentircnt à signcÈ le traité des pviéuôcs, gui cédaif ïii
France le Roussillon avec la cerdagne, I Artois et flusieurs vittcs
des Pays-Bas.

RÉcIT

l. Lrouis XtV ({643). Tandis que Ia France soute-


nait sur toutes frontières- une lutte si diflicile, elle était
ses
en ploie aux désordres d'une minoril6 et courait les hasards
d'unË révolution intérieure. Louis XIV, qui devait régner
si longtemps (t643-{7{5), n'oveit pas encore cinq ans à son
avènement; aussi Louis XIII avait-il laissé par testament
la régence à la reine, Anne d'Autriche. Mais il limitait son
p!9voir en lui imposant un conseil présidé par Gaston
d'Orléans et composé du prince de Condé, dï c,ordinal
l\{azarin, du chancelier Séguier et des secrétaires d'Etat
Bouthillier et Chavigny. Ce testament eut le sort de celui
de Henri IV : la reine le porta à I'examen du parlement,
qui le cassa et donna à Anne la régence obsolue et ss.ng
conseil.
2. Anne d'Autriche et Mazarin. Le reine prit
p.our ministre un des membres du conseil - de régence qui
I'ovait déterminée à se débarrasser de ce conseil, le cudinal
l\fazarin. C'était un Italien, créature de Richelieu, et qui avait
déjà rendu à la France de grands services diplomatiques. Il
parut aux grands le successeur bénin de celui qui aveit
foudroyé plutôt que gouverné les humains. Il avait moins
d'énergie et plus de constance que Richelieu. Sa devise était:
< Le temps et moi. p Il fut précipité deux fois du pouvoir,
et y remonta < comme le liège quirevient surl'eau >.Il eut
pour principauS adversaires le grand Condé, qui ne joignait
pas eu génie d'un capitaine les qualités d'un chef de parti, et
Paul de Gondi, cardinal de Retz, intrigant brouillon, spirituel
et passionné.
3. Cabale des fmportantg ({643). Dès le débutde
-
TOUIS XIV ET MAZÀRIN. 323

la régence, les anciens amis de la reine, les victimes de


Richelieun les ducs de Vendôme, de Beaufort, de Guise,
d'Elbeuf, d'Epernon, la duchesse de Chevreuser sortent de
prison, revicnncnt d'exil, parlent de chasser Mazarin, et se

'"or,
- t(,'l

Illazarin.

croient le droit exclusif de partager lo puissance d'Anne d'Au-


triche. Tout Ie monde demande, personne n'est refusé. ( Il
n'y avait plus, dit Retz, que cinq petits mots dans la langue
française : La reine est si bonne I > Mais Anne sentit bientôt
qu'elle ne saurait apaiser toujours unefaim sa.ns cesse renais-
sante, et elle arrêta la distribution des faveurs. Aussitôt
M*s de Chevreuse cria à I'ingratitude, et la foule brillante
et légère qui I'entourait forma lu cabale des lmytortants,
ainsi appelés parce que, &vec un maigre mérite, ils avaient
de grandes prétentions. Ils complotèrent de tuer le cardinal
et de le remplacer par Potier, évêque de Beauvais. Mazarin,
qui savait tout par ses espions, emprisonn& ou exila les Im-
portants, et détruisit sûns peine leur cabale de cour.
4. Opposition d.u parlement ({643-1648). - A ta
cabale des Importants succéda I'opposition bien plus redou-
a
. F*j
A
',t'i'f
.t' ff
921 EISTOIRE DE TRANCE.
table du parlement. Les fra,is de lo guerre, I'avidité des cour-
tisans, et, il_ faut le_dire, la rapacité de Mazarin, mettaient
les finonces dans leplus triste étlt. De nombreux éditstscaux
parurent nécessaires, et deux d'entre eux excitèrent surtout
I'animadversion du.public et l'opposition du parlement, i'édit
du Toisc (t'-64tt), qui froppait d'une taxe les lropriétaires des
maisons bôties dans le banlieue de paris, et l'édit du
tarif (t646), qui établissait un impôt sur les d'enrées entrant
dans le cnpitale. La magistrature, qui avait cédé sur I'ordre
de la reine, se décido à la révolte à propos d'une alfaire d'in-
térêt de corps. 0n demanda à toutès ies cou.s souveraines
quatre a1nées de leurs- gsges, en exceptant seulement le par-
lement. Mais la cour des uides, la chïmbre des comptes et
le grand conseil, qui étaient frappés, s'unirent et invitèrent
le parlement à s'unir à eux < par-la considération de Ja fro-
ternité et par la mainte que le même accident ne lui arrivât
guelque jour >. Le parlement rendit un amêt d,,union et
décido que des députés des quatre cours s'assembleraient
au palais de la salle saint-Louis. Anne autorisa cette assem-
blée, puis elle perdit patienee et I'interdit. Dès Ie lende-
main, le conseiller proposa de délibérer malgré
.Broussel
le gouvernement : I'hostilité éteit flagrante et la violence
inévitable.
5. Journéo des Barricadee. La reine, décidée à
une rupture, gourmondait la lâchet6 - de l\{azarin, lorsque
arrivo la nouvelle de Ia victoire de Lens : Mazorin résoiut
d'a-gir. Le26 aorit 1648, au sortir du Te Deurnrdes lettres de
oochet-furelt expédiées àtrois conseilrers pour ieur enjoindre
de quitter_ Paris; Blancménil fut arrêté,-Charton écïappa,
Broussel fut enlevé de sa maison de la cité. sa vieille'ser-
vante c-rie
-per
la fenêtre, _lg neuple acoourt, et, ne pouvant
reprendre le captif, il tend les chaînes dans les rues ei profère
des menaces contre la reine et le ministre. paul de Gondi
I'excite_sous main, et, Ie lendemain matin, de nombreuses
banicades couvrent Paris. Le porlement, conduit par le pre_
mier président Mathieu Molé, alla au palais-Royal^demander
ses membres, et le reine, cédant aux conseils dô la malheu-
reuse Henriette de _France, femme de Charles lcr, roi d'An-
glet_ene,_copitulo. Les Parisiens restèrent en armes, en at_
tendent Broussel : le vieillard lit sa rentrée au parlement, le
2_8 oorlt, ou milieu des salves de mousqueterie, au son des
è
cloches, aux ecclamations d'un peuple enthousiaste.
TOUIS XIV ET MAZARIN. 325
6. Lra Fronde parlementaire ou vieille Fronde
- (f 649). Le gouvernement restait sons ressources, et I'al-
-
tière Anne d'Autriche ne supportait pas la pensée d'avoir
cédé eu parlement. Dans la nuit des Rois (6 janvier 1649),
elle s'échappa de Paris avec ses deux fils, Louis et Philippe
d'Orléans, et allo s'installer au château de Saint-Germain,
où tout le monde coucha sur la paille. De lù elle appela
Condé à son secours et refusa de recevoir une députation du
parlement. Alors commençe lu Froniler guerre civile faite par
des magistrats contre leur gouvernement. Elle a emprunté
son nom à un jeu d'enfants r. Le porlement accepte I'appui
des grands seigneurs, le prince de Conti, frère de Condé, le
duc de Longueville, son beau-frère, le duc de Beaufort, le
favori des Halles. Il mit Mazarin hors la loi, leva de fortes
taxes et ordonna que chaque porte cochère fournît un ca.va.-
lier, chaque petite porte un fantassin. L'armée royale, forte
seulement de quatorze mille hommes, battit les frondeurs
dans toùtes les rencontres. La prise de Charenton, ou con-
Iluent de la Marne et de la Seine, coupe les vivres &ux as-
siégés; les intrigues des grands &vec un envoyé espagnol in-
dignèrent la magistrature I I'excès des impôts indisposa le
peuple; enfin la nouvelle que le roi Charles Io' venait d'être
décapité per son parlement lit peur à tous les esprits sensés.
Malgr6 I'opposition des princes et lo fureur de la populace,
Mothieu Molé conclut le traité de Rueil avec Ia reine. A la
nouvelle que Mazarin restait ministre, la colère fut au comble
dans Paris. < A mort la grande barbe ! n criait-on en agitant
des couteaux et des piques autour de Molé; pour lui, impas-
sible, il sortit au milieu d'une multitude qui hurlait, mais
qui s'écartait.
7. Tres petits-maÎtres. prétendit dominerla
- Condé
cour qu'il avait ramenée à Paris. Il insulta Mezarin qu'il
traita un jour de faquin, s'entoura de la jeune noblesse et
des anciens frondeurs, et forma &vec eux le parti d,es petits-
rnaltres. Mszarin gegn& le coadjuteurs par le promesse du
chapeau de cordinal, isola le prince et le tt amêter au
" Pulais-Royal, avec son frère Conti et son beau-frère Longue-

l. Les enfants des faubourgs de Paris allaient ss bottre à coups de frondes


dans Ies foss6s de Ia ville et"se réunissaient contre les archers qui venaient
les sépaner. Les mots frondeur el lronder sont restés daus ls laugue. Fron-
der, a'est critiquer par svstème.
2. Paul de G'ondil arcËevêque în partibus ile Coriuthe et coadjuteur ile mb ,

oncle, I'arcbevôquo de Paris.'


326 EISTOIRE DE FRANcE.
ville (t650). La princesse de Condé souleva Bordeaux; le roi
reprit la ville. Turenne prit les &rmes contre lo cour; le
maréchel du Plessis-Praslin le battit à Réthel. C'est alors
que le coadjuteur réclama le chapeau de cardinal. Mazarin
se orut &ssez fort pour rcfuser. L'archevèque, trompé
dans ses espérances, souleva les anciens frondeurs en fa-
veur des princes, et le cerdinal, voyant la partie perdue
pour le moment, alla délivrer les trois prisonniers qu'il
avait fait .transférer au Havre, et se retira à Brûhl, près de
Cologne.
- 8. Ira Frond.e féodale ou Jeune Frond.e (1651-
t 653).
- Condé sortit furieux contre tout le monde. Il re-
fuso de venir au lit de justice, où fut proclamée la majorité
du roi (7 septembre lô5t), et se retiro en Berri pour com-
mencer la guerre civile. Le roi et le maréchal d'Harcourt le
rejetèrent denière le Dordogne. tandis que Mazarin rentrait
en Frence avec sept mille hommes, et que Turenne olfrait ses
services à lo cour. II était à Bléneau svec une petite armée,
lorsque Condé, errivant d'Agen à I'improviste, surprit les
quartiers du maréchal d'Hocquincourt, collègue de Turenne,
et les mit en désordre. Turenne accourut, reconnut les dis-
positions de ls batoille sux flammes des villages incendiés, et
dit : < l\{. le prince est ici, c'est lui qui commande son
armée I > Dès le point du jour, il se saisit d'un poste si avan-
tageux entre un bois, un étong et des collines, que Condé,
malgré la supériorité de ses forces, ne parvint pas à débou-
cher dans la plaine. Le combet dura tout le jour, et resta in-
décis. < Sans vous, dit la reine au maréchal, pas uue ville
n'eùt ouvert ses portes au roi. r Les deux rlvaux se por-
tèrent vers Paris; Condé, arrivé le premier, occup& Ie fau-
bourg Saint-Antoine. Turenne le battit dans les rues, le re-
foula jusque sous lo Bastille, et allait I'anéantir, lorsque le
cenon de la, forteresse errêta les troupes .royales. C'était
114ttc fls Montpensier, fille de Gaston d'Orléans, qui proté-
geait ainsi I'entrée des frondeurs. Le prince, qui avait contre
lui h bourgeoisie, déchaîna contre elle la populace qui lit
le mossame de I'Hôtel de Ville et traita Paris en ville con-
quise. Toutes les classes de Ia population s'irritèrent contre
la tyrannie. Condé s'enfuit aux Pays-Bas dans le camp des
Espagnols. Mazarin, pour enlever tout prétexte à le guerre
eivile, s'exila une seeonde fois, et le roi, escorté de Turenne,
rentra dans so cepitale (21 octobre {652).

,'_. ,)..,, N+, . -tf.r'\. rd+jç'.'r':';1l.,4i4--::.-. ,.,1


It

':

:
IIV ET IIAZANIN.
I,OUIS 3N I

0. Conséquences de la Fronde. Les résultats


- de
immédiats de la Fronde furent l'établissement la monar-
chie obsolue et la déchéance des vaincus. Le chef de la vieille
Fronde, Paul de Gondi, cardinal de Retz, fut arrêté au
Louvre et conduit à Vincennes; Mazarin rentra à paris dans
le corrosse du roi et accepta du corps de ville un banquet dans
99 pêTe palais municipql, où I'on avait mis sa têie à prix
(3 février f 653). Louis XIV se iixa à Versailles, atn dô ne
pas être surpris une seconde fois au milieu des barricades; il
imposa silence aux magistrats, alin d'affranchir son gouver-
nemenù d'une opposition sysl,ématique; il écarta desîlfaires
la noblesse, afin de n'avoif plus à cômpter avec des gens qui
mettaient à trop haut prix un dévouement toujours suspèct
et une capaci{,é souvent médioue.
10. Guerre avec I'Espagnet (t648-t659).
- L'Es-
pûgne, qui avait refusé de signer les traités de Westphalie,
avait repris I'olfensive à la faveur de la Fronde : Casal en
Italie,. Ypres, Gravelines, Dunkerque en Flandre, étaient re-
tombées entre ses mains. condé lui livra château-porcien,
Réthel et sainte-1\{enehould en champagne, etlui opporta le
secours deson génie militaire. Turenne le contint, en loua,
le battit devant Arras, le contraignit de lever le siège,
la Flandre. Mazarin sut isolerlei
en 1,65&, et s'ava.noa, vers
Espagnols des Pays-Bss pu d'habiles négociations. Il con-
clut avec Cromrvell, protecteur de Ia république anglaise, le
traité de TVestminster : la flotte anglaise ferma la roùte d'Ân-
vers aux secours veno.nt d'Espagne, et six mille Anglois joi-
gnirent I'armée de Turenne. Le général francais prit iîardyck,
battit don Juan d'Autriche aux Dunes, et s;empara de Dun_
kerque, qui fut rem_ig aux Anglais en vertu du iraité ({65S),
La même année, I\{azarin forma la ligue d,u Rhin entre ia
France et plusieurs princes allemands : les membres de
la ligue s'engagèreni à fermer le ps,ssege aux troupes
espagnoles.
ll. Traité dgr.pyrénéeà ({689). philippelv
jugea_alors qu'il était temps de céder. Les deux ministres,
le cardinsl de Mazarin et don Louis de Haro, négocièrent la
paix dans I'ile des Faisans ou de la conférence, iormée par
la Bidassoa près de Hendaye. L'Espagne céda à'la Francô le

t. voir, au chapitre précédent, la- politiguo


Tronte ens. ' r -----a--de Mazarin ilaus
ssgs la guorre do
Àq 6uv.

-
.,t;l
328 EISTOIRE DE FRÀNCE.
Roussillon et Ia Cerdagne; I'Artois, sauf Aire et Saint-Omer;
Gravelines et Saint-Venant en Flandre; Marienbourg, Phi-
Iippeville, Le Quesnoy, Lendrecies et Avesnes dans le Hai-
naut; Thionville et Montmédy dans le Luxcmbourg. Condô
fut amnistié; Louis XIV épousa l\'Iarie-Thérèse, Iille aînée de
Philippe IV, avec une dot de 500000 écus d'or payable en
rlix-huit mois.
12. IVIort de Mazarin (1661).
- L'ceuvre de Henri IV
et de Richelieu était consommée : un ébranger avait achevé
de réaliser lo pensée des deux gronds politiques de la France.
Mazarin avait conquis le droit de dire que, < si son langage
n'était pas frangais, son cæur l'était >. La France peut par-
donner bien des l,ravers et bien des vices à I'homme qui o
g mnrs { 661
fait de telles choses pour elle. l\Iazarin mourut le ,
désespéré de quitter ses livres, ses tableaux et I'immense
fortune qu'il avait acquise par des moyens qui n'étaient pas
tous licites.

LECTURE.
- Mazarin.
Mazarin avait I'esprit grand, prévoyaut, inventif, Ie sens simple et
droit. le caractère plus souple que fafble et moins ferme sue oeisévé-
rant.-Sa devise étail : " Le [emps et moi. r Il se couduisait,^nori d'après
ses affections ou sùs répugnances, mais d'après ses calculs. L'ambiiion
I'avait mis au-dessus de l'amour-propre, et il était d'avis de laisser
dire, pourvu qu'on le laissât faire. Aussi él"ait-il insensible aux iniures
et ntéïitait-il que les échecs. Ses adversaires n'étaient nas mêmri des
ennemis pour iui ; s'il se croyait faible, il lerrr cédait sâns honte. S'il
était puissant, il les emprisonnaiI sans haine. Richelieu avait tué ceur
qui s'bpposaient à lui; ltlazarin se contenta de les enfermer. Sous lui,
ltéehafa'rid fut rempllcé par la Bastille. ll ;ugeait les hommes avec nne
rare pénétration, mais il aidait son propre jugement du.jugement que
la vie avait dijà.porté sur elrx. Avant d'accorder sa confiance à quel-
gu'un, il demaldait: ,r Est-il_heurerrx? >,Ce n'était point de sa part
rine aveugle soumission aux chances du s6rt; pour ldi, être heureun
signifiait avoir I'esprit qui prépare la fortune et le earactère qui la mai-
il
trile. II était inca.pable d'lbattement et alait une eonstance inouïe,
malgré ses variations apparentes. Résistcr dans certains cas et à cer-
tains hommes ne lui paraissait pas de la force, mais de la maladresse.
Aussi ee qu'il cédait, i'était pour'le reprerrdre, ei, lorsqu'il partait. c'était
pour revenir. Un de ses plus spirituels antaqonistes, La Rbchefoucauld,
â dit de [ni a qu'il avaif lrlus'de bardiesse ilans le'cæur que dans I'es]
prit, au contraire du cardinal de Richelieu, qrri avait I'eSrrrit hardi et
ie cæur timide,r. Si le cardinal de Richelieu,-quiétait suiei à des accès
de dêcouragemeut, élait tombé du pouvoir, il^n'y serait"pas remonte;
tandis quc. NIazarin, deux fois fngitiÎ, ne se laissâ jamais'abattre, gou-
verna du lieu tle son exil, et vint mourir dans le-souverain comman-
dement et dans I'extrême grandeur.
Mazarin poursuivit I'affaiblissement de la maison d'Autriche, malgré
AÉGENCE D'ANNE D'ÀUIRICSB. 329
les difflcultés intérieures qu'il rencontra. La minorité de Louis XIY fut
troublée. ainsi que I'avaiênt été jusqu'alors toutes les minorités. La
France, tourbée-sous Ia main de Richelieu, se détendit comme un res-
sort lo'nstemps comprimé. La Fronde ôclata; elle ne fut pas un essai
àà réfr-rrËe, riais rrn'mouvem€nt de earactère. Les anciens intérèts des
diverses cldsses n'étaient plus assez furts, et I'intérÔt général du pays
n'était pas devenu encore'assez distinct pour qqlil y eùt une véritable
suÉrre èivile ou une révolution sérieuse. Le coad.;uteur ne pouvalt pas
ietaire la Ligue, le prince de Condé recommencer le duc de Guise, et le
parlement remplacei la royauté. Aussi vit-on des factieux sans projet
ie donner I'amusentent dà la guerre civile, former des partis qui
n'avalent que la durée d'une intrigue, et entrer dans des liaisons qu'ils
romnaient-seton I'inconsl,ance de Ieur humeur ou la mobilité de lerrrs
intéiêts. Au milieu de ces agitations déraisonnables qui troublèrenI un
moment la pnrdence du sage Turenne, qui tournèrenf dans la main du
erand Condè l'épée de Rocioi contre la France, et qui portèrent le car-
dinal de Retz à irire de son esprit un si pauvre usage, il n'y eut qu'une
volonté stable, celle d'Anne ï'Autricht!, qu'ttn homme de bon sens,
Mazarin.
La Fronde dura quatre ans. Avant qu'elle commençât, Nlazarin était
ûarvenu à abaisser-la branche allemaûde de la maiion d'Arrtriche. ll
âvait conclu la paix de Westphalie à la suite de longues et habiles né-
sociations. facilitées par les victoires combinées de-la Srrède eI de la
France. Cbs slorieux'traités de Mùnster et d'Osnabruck constituaient
fortement I'Âilemagne contre I'Autriche et subordonnaient I'Bmpereur
à I'Emoire. Ils confirmèrent la France dans la possession des trois évè'
chés dè Toul. de lletz. de Yerdun, et lui accoidèrent celle de I'Alsace.
L'abaissem'ent de la branche esDagnole, comme ncé à Rocroi et à Lens,
fut interrompu Dar Ia guerre civiie."ilazârin ne pertlit, ccpendant jamais
ce dessein dô vire, ntèhe lorsqu'il paraissait devoir en ètre le plus tlé-
tourné par le désir de sa propre conservation. trIais, après {652, rentré
définitivement en France,- il'reprit avec une ardettr hetrrcuse cette
seconde partie de sa tâche. Les Esnagnols, battus aur Dunes, forcés
dans Durikerque, privés de la Catalogne, menacés dans les Pays-Bas,
furent réduits à drimander la pair. Le traité des Prrénées fut, en 1659,
rrour I'EspaEne, ce que la paix de \Yestphalie avalt, été, en {648, pour
I'Autriche :-it mit en éviddnce toute sa Ïaiblesse.
L'habile Nlazarin avait porté la frontière de la France jusqu'au Rhin
par I'acquisition de I'Alsaie; il Ia fit avancer jusqu'à la crête des Pyre-
irées. en v adioienant le Roussillou et le vtirsairt septentrional de la
Cerdâsne:"et i[ oiivrit les Pavs-Bas à ses armées en'lui faisant cédcr
l'Artois, rine partie du duché'de Luxembourg et du Hainaut. Non-con-
tent de' ces Àrands résultats. qui assuraient Ia prépondérance de la
France en Ertiope. il lui préparâ un avenir plus-glorieux encore : il
forma, en 165S, [a ligue'du'Rhin contre I'Airtriché, et il ménagea la
suceession môme d'Esrragne à Louis XIV en le mariant avec I'infante
Irlarie-Thérèse. ALrrès I'achèvement de ces magnifiques choses, qrri lui
nermettaient de dire < que. si son langage n'était pas franQais, son cceur
I' É t a i t,, i I m ouru t. A u' grân d''
ii iiiHl.riixl )f, #!, ;i;à
rr,, rr .
"
EXARCICES ORÀUX ET ÉCRITS

l. Srplioation rles mots.


- Metz, aneienne préfecture de la Mosellet
330 EISTOIRE DE FRANCE.
aujourd'hui ville allemande.
Moself e.
- Ioul, sous-préfecture
Verdun, sous-préfecture de la- illeuse.
de la Meurtheet^
Pisnerol, ville
-
du nord de I'ltalie. -
Bleneau, chef-lieu de canton de* I'yonne.
-
Dunkerq æ,.sous-préfecture du Nord. -
la France de I'Espagne (Basses-Pyrénées).
- Bidassoa, rivière qui sépare
l. 0uestionnaire. Comment le testament de Louis XIII constituaih
il le gouvernement? --: Quelfut lesort de ce testament? était
le caractère de llazarin? Quels furent ses adversaires?
- Quel
Racontez
I'histoire de la cabale des-Importants. Quels étaient -
sous la réEence
les besoins financiers du gouvernement?- Qu'est-ee que les édits du
toisé et du tarif? Quelle est la mesure -qui provoqua I'arrêt d'union?
- ordonna la reine?-- Que firent les Parisiens?
- Quelles arrestations
la reine céda-t-elle à l'émeute?
-.l'ourquoi
t-elle à Saint-Germain? - PourquoiD'oir
Qn'est-ce que la Frondc?
se réfugia-
vierit ce
mot? -
I'histoire de la vieilie Frontle. -
Pourquoi Nlirthieu
- Racontez -
illolé conclut-il Ie traité de Rueil?
et des petits-maitres? - Quelle fut Ia conduite de Condé
Quels sont les faits qui rendirent nécessaire
la retraite de Ilazarin? - Comment commenQa la jeune Fronde?
contcz la bataille de Bléneau.- - Ra-
Que se passa-t-il dans le faubours
Saint-Arrtoine? -
Quelle fut la conduite dé Condé dans Paris?
se réfugia-t-il? - Qrrelles frrrent Ies paroles de Louis XIV au prrlement - 0ù
-
après la Fronde?
- A quelle époque Mazarin rentra-t-il à Daris? -
Quelles furent les corrsétiuences'de-la défaite pour Paris, le parlement
et les grands? succès I'Espagne avai[-elle remportés pendant
la gucrre civile? - Quels Quels fnrent lès succès de Turenné pentlant cctte
guerre? -
Qu'est-ce qrre lc lraité de Westphalie?
ville qrri -fut reurise aux Anglais? - Quclle cst Ia
Qu'est-ce-que lâ ligue du [ihin?
-
Oir et par qui fut signé le traité des Pyrcnies? Qlellcs en furerrt-
les corrditions? Appréciez le g0uvernenrent de-llazarin. Donnez
- de I'histoire de Lorris \lV .jusqu'en 1661.
les prineigrales dates -
3. Devriirs à rédiger. Exposer les causes e"t les'prirrcipaux événe-
ments de la Fronde. --- Raconter les événemerrts qrii oni prénaré le
traité des Pyrénées et apprécier ce traité. D.xpos'cr le mi^nisière de
llazarin. -
CHAPITRE X
tE srÈctE DE rouls ilu
(r661-r715)

I
GoLBERT, LOUVOTS, VAT'BAII
rEçoN

t. Couvsrnement persounel de Louts XlY. En l6ôt,.Louis XIV


résolut de gouvernér par lui-même et prit -pour contrôleur géné'
rol des findilces Colbert, qui remplaça Ie surintendant Fouquet.
2. Golbert et les ûnancesl - Colberi, comme Sully, ût dans les
finarrces des réfornrcs urgentes. et parvint, sur un impôt de
95 urillions, à cn faire euïrer 65 clanè le trésor, en abaissant la
dépense à 32 millions. Pour perpétuer les ressources, il s'appli.
qun
- à enrichir Ia nation.
3. Agriculture. Dans I'intôrêt de I'agriculture, il enjoignit
aux pelrccpteurs -de traiter lcs Daysans aiec humanité, il i'éÈara
ou cônstruisit tles routcs et fit ci'euser les catraux du Midi et
d'Orléans.
4. Industrie. Il tlôvclopna I'industrie par des encouragements
aux fabricants,- et plusieur's'villes, telles qïe Saint-Gobai{,_ Saint-
Etienne, llarseille, Setlan, Lorrviers, Blbeuf, Bordeaux, Iui doivent
ce qui fait encole leur richesse.
5.- commerce et oolonies.
- Il établit
diruinua le non:bre des clouanes
le conseil de commerce,
intêrteures, et encouragea les
arurateurs franqais en trappùnt oe surtaxeé les marchàntlises
importécs rrar nhvires étrafiÂers. ll.rachcta les colonies aliénées,
lavbrisa l'émigralion, protéqta les vaisseirux de commerce contre
la piraterie dds Barbaiesqués e[ les violcnces hautaiues des An-
*elais. et créa cirrcr sraudcs courpagnies de commerce.
6. ifiarine. Ciitiiert fut le r'cstâurateur de la nrariue mili-
taire : -
iI recruta des nratelots par l'inscription ntaritinre, des
ofliciers par la compngnie tles gu-rtles tlc la rirarine; il creusa des
ports à î'oulon, à Bôrdeaux, i Brest, pressû les'constructions
àavales et eut, ïès tc?2, ccni quatre-virigt-scize navircs de tout
rang.
7, l,égistation. A mcsure gu'il organisait un service, il faisait
rédieci uu cor-le-Dour le réglementer-. Ainsi furcnt lrubliées I'or-
donÈancc civile,'l'ortlonnaîce des eaux ct forôts, I'ordonnance
33t
332 EISTOIRE DE TRANCE.
criminelle, I'ordonnance du commerce et le code noir. Colbert
mourut presque disgracié (1683).
E. touiois dt ta oeitra[sation hriUtaire. Louvois, ministre de
la gueme, centralisa entre les mains du -roi et de son ministre
I'administratit-rn de la gueme par la suppression des grandes
charges, par I'institution dc I'ortlre du tableau e[ par la création
des inspe'cteurs généraux. Il ne Dut suppri rner la vinte tles grades
de eapiiaine ct de colonel, ntais'il erig:ei des olliciers une in"struc-
tion solide et une rigoureuse discipline.
9. 0rganisation de I'armée frangaise. - ll rendit à I'infanterie
soû rang tlans I'estime de I'arnée.'de en perfeclionnant son arme-
ment. V"auban fit une seule arme lâ pique et du mousquct,
en adaptant la baïonnette au fusil. La ca-vaierie resta fort riom-
breusel on créa dcs régirnents nouveaux tle cuirassiers, de hus-
sartls. de tlraEons. et oÀ donna une unilormité parf;ritc à'l'effcctif
et à lâ soltleTe tôrrs les régirnents. Trois écoles d'artillrrrie, ôta-
blies à Douai, trJetz et Stiasbourg, fournircnt tlcs olliciers in-
struits, et Ia garrle des batteries fùt assurée par I'inslitution du
réeirnent des fusilicrs.
10. Intendauoe militaire. L'æuvre la plus reutarouable tie
- l'intendance
Louvois fut I'organisation de bt des hôpit'rrux, tlont
le plus nragnificiue fut I'IIôtel des lnvalitles ({6?t).
11. Vauban et les places fortes. Le plus grand ingénieur du
temp,r, Vauban, se chargea de couvrir - la l-rante de fortitcations,
et perfectionna I'arb tles sièges par I'invention des parallèles.

nÉctr

l. Etat d.e la Franco en 1661. - Au moment où


Louis XIV, âgé de vingt-trois ans,' prenait des mains dc
Mazarin le gouvernement de son roy&ume, I'Europe entièrc
était en paix. Lo. Hollnnde fortiliée aux dépens de I'Espagne,
I'Allemagne alfrancTrie aux dépens de I'Autriche, la Suède
élevéc au-dessus de la Pologne et du Danemark, I'Espagne
rejetée derrière les Pyrénées, I'Angleterre agitée et gouvernée
par des princes plus disposés à porter le joug de la France
que celui de leurs sujcts, ne laissaient à Louis XIV rien à
uaindre, rien à tenter. Partout redouté par des Etats épuisés,'
le jeune roi ètait maître absolu dans son royaume. Lepeuple
avait tour à tour écouté les promesses etaccepté la proteciion
des grands, du clergé, des parlements, et ni les ligucs du
Bien public, ni la Sainte-Union, ni la Fronde n'avaient sou-
lagé sa misère et assuré sa sécurilé. Il revenait à son roi et
le considéreit comme son seul représentant.Il n'esl,pas éton-
nan[ que Louis XIV ait partagé I'opinion universelle sur I'ori-
gine divine et le nature absolue de son pouvoir. Quand il
disait: c L'Btat, c'est moi >, la France entière était de son
LE STÈCIE DE LOUIS XIV. 333

avis. Mais, il faut le dire à sa louange, il a,vait de ses de-


voirs une aussi haute idée que de ses droits, et prétendait
acheter son rang au prix d'une incessante application à
son métier d,e roi. Dès lô lendemain de la mort du cardinal,
il prit la direction des affaires et la gardo pendant ciùquante-
quatre ans.
2. Colbert. - Le premier soin du jeune roi fut de ré-
former ses linances. EIIôs étaient dansle plusgrand désordre
par la feute du surintendant Fouquet. Créature de Mazario,
irouquet suivait I'exemple de son patron, faisant bourse com-
munè avec le trésor ef puisant sans compter pour payer le
bien et le mal, les gensâe lettres et les espions: il comptait
sur la jeuncsse du roi et sur s& propre habileté; mais
Louis XiV ovait un ministre secret, Colbert, qui lui montreit
tous les soirs ]es preuves des malversations du surintendant.
Il se contint quelque temps, assista avec toute la cour à la
fête fastueuse que lui offrit Fouquet au château de Voux, et
se décida enlin-à perilre I'homme qui pillait son royaume et
qui le trompait iui-même. Fouquet,-arrêté à Nantes, fut
transfér6 à ia Bastille et traduit devant une chambre de
justice. II fut condamné à la conliscation et à I'exil, -et le
roi, qui ne vouloit pas lui laisser la liberté de divulguer
dei sôcrets d'Etat, iommua sa peine en I'aggravant et le
condamna à I'emprisonnementperpétuel: Fouquet mourut à
Pignerol (l680).
\'homme ile marbrer le ministre sévère et infatigable qui
entreprit de débrouiller le chaos des Iinances, fut .Ltun-
Baptiite Colbert. Il naquit à Reims (t6f g), d'une famille de
mJrchands de drapr.If reçut I'instruction élémenteire, vint à
Paris et à Lyon pout y apprendre le commerce, abandonna
cette professiôn, ôt paiso-tôur à tour dans l'étude d'un no-
taire, d'un procureur et dans le cabinet d'un financier'
Grâce à la protection du rninistre Le Tellier, il devint con-
seiller d'Etaf et intendant de Mazarin. Le cardinal aimait la
probité chez les autres; il gorila fort Colbert et le recom-
manda à LouisXIV en ces termes: < Sire, je vous doistout;
mais je crois m'acquitter en quelque sorte en vous donnant
Colbert. lr
, 3. Finances. - Avec le titre d'e contrôIeur gënëral il'es
af-
finances, Colbert eut la direction de presque toutes Lqs
iaires ciïiles. Les résultats de son travail furentmerveilleux.
En l66l,le royaumepayait 84 millions d'impôts, le trésor
334 EtSTOTRts DE FRÀN0E.
enreceveit 3l eten dépensait 58. En t662, après six annécs
de paix, I'impôt était de gô millions, la'rdntrée annuelle
de 63, la dépense ordinaire de BB. pour atteindre ce ré-
sultat,- Colbert poursuivit les complices de Fouquet et leur
Iit rendre {10 millions; il réduisit de moitié lei rentes ac-
quises à vil prix, révoqua beaucoup de lettres de noblesse
pour multiplier le nombre des contribuables, fit payer la
taille ou impôt foncier &ux nouveoux nobles, aiminua

Colberl.

cet impôt, qui pesait principalcrncnt sur le peuple, et porta


de { 800000 livres à. 2{ nrillions les aides ou impfrts de
consommation, qui atteignaient tout le monde. Pour per-
pétuer I'ordre ainsi établi, il dressa le budget ou ëtat rle pré-
aouatæe.
4. Agriculture. Pour perpétuer et acmoître les res-
sources -
du trésor, Colberi voulut donner à la France la
TE SIÈCLE DE TOUIS TIV, 336
pr0spérit6 qu'elle ne connaïssait plus depuis la mort de
Henri IV. 0n lui a adress6 le reproche d'avoir sacrilié I'ogri-
culture à I'industrie. Il est vrai qu'il maintint des mesures
prohibitives et entravo ln circulation des grains d'une pro-
vince à I'autre. Cependont il adoucit la rigueur des ordon-
n&nces et enjoignit oux receveurs des tailles de traiter les
peysens avec humanité. Dans I'intérêt de I'agriculture, il ré-
pare ou construisit des routcs et fit creuser les canaux du
I\fidi et d'Orléans. Le canal du l\{idi, @uvre de Paul Riquet,
joignit la ùaronne à la Méditenûnée, et cet immense travail
est sdmirable même pour notre siècle, qui a vu percer les
Alpes et I'isthme de Suez.
5. Industrie.
- L'industrie
Colbert I'objet de soins
et lecommerce furentpour
constants. Il se proposa de mettre le
royeume en état de se passer des étrangers et d'alfranchir la
France

Que payat e rr.fr'rTï*rtJ'LljË àiili"u*,.


Il reprit l'æuvre interrompue depuis f 6t0. Il dota Lyon do
ses manufactures de soieries; il dérobe à I'Angleterre le se-
cret de la trempe de I'acier, à Venise I'art de fobriquer les
glaces, et fonda la manufacture de Saint-Gobain. Il attiro les
dentellières de Venise, les établit à Arras, Reims, Alençon,
Aurillac et leur donna à, instruire un grand nombre de jeunes
filles pauvres, Ii réunit aux Gobelins, sous la direction du
peintre Lebrun, de-s tapissiers, des peintres, des orfèvres, des
ébénistes, des sculpteurs, chargés de fabriquer les meubles
de la couronne. A ln Savonnerie, on imita les tapis de Perse ;
à Beauvais et à Aubusson, on fit des tapis moins riches des-
tinés aux particuliers.
' Les industries de première nécessité furent développées à
l'égal des industries de luxe. Colbert fit venir des ferblan-
tiers d'Allemagne, des fabricants de sevon d'Itolie, des mi-
neum de Suède, des drapiers de Hollande. Beaucoup de villes
lui doivent ce qui fait encore leur richesse : Saint-Etienne,
ses fonderies et ses manufactures d'&rmes; Marseille, ses
fobriques de savon; Abbeville, Sedan, Louviers, Elbeuf, leurs
draps I Bordeaux, ses raflineries I le Dauphiné et la Bretagne,
leurs toiles.
6. Commerce. En t065, Colbert établit lo eonseil de
-
33ô EISÎOIRE DE TRANCE.
commerce, que le roi pr6sido tous lesquinze jours.Il chercha
à diminuer le nombre de ces douanes intérieures, < qui rom-
paient les veines et les artères de la France >. Douze pro-
vinces consentirent à ouvrir entre elles de libres communics-
tions; les autres conservèrent leurs lignes de douanes, mal-
gré Colbert. Il établit (f 667) des surtaxes sur les marchan-
dises étrangères importées par des navires étrangers, et un
droit de cinquante sous par tonneau sur tout vaisseau
étrenger venant charger dans les ports français. Les An.-
glais et les llollandais se plaignirent, mais Colbert tint
. b,on, et força ainsi les armateurs de nos poris à prendre la
'*.<:-a:r1ç ploce libre.
i ' 7. Colonies et marine marchande. - Le dévelop-
pcment de I'industrie et du commerce entraîna celui. du
système colonial et de la marine marchande. En t663,
Colbert racheta des mains dc la compagnie de Ia Nouvelle-
Frs.nce le Canada, Terre-Neuve et I'Acadie. De {664 à {665,
il retira toutes les Antilles frangaises des mains des particu-
liers qui les ovaient aehetées de la compagnie des lles. Pour
établir entre lo mère patrie et ses colonies une communica-
tion ossurée et de fructucuses relations, le ministre com-
menço par la répression de Ia piraterie : il fit ormer six vais-
setux dans I'Océan, six dans la Méditerranée, envoyal'amiral
d'Estrêes croiser dans le détroit de Gibraltar et donns de sé-
vères legons tux corsaires barbaresques. Il avertit russi le
gouvernement anglais qu'on userait de représailles s'il conti-
nueit à vexer les navires français qui commergaient dans ses
ports. Dès lors la marine multiplia ses &rmements. A I'exemple
des deux nations maritimes dont il convoitait la prospérité,
I'Angleterre et la Hollande, Colbert rôsolut d'attirer vers Ies
grandes allaires les capitaux et les hommes intelligents. Il
créa cinq compagnies de commercc pour les Indes occiden-
tales, les Indes orientales, le Levant, le Nord et I'Afrique, et
leur donna le monopole du trafic dans chacune de ces ré.
gions. Néanmoins ce système de monopoles ne réussit pas,
soit que le sort des précédentes compagnies décourageât
I'esprit d'entreprises, soit que la minutie des prescriptions
ait arrêté le mouvement qu'elle devsit régler, soit 'enfin que
lo continuité des guerres continentales ait détourné I'atten-
tion du roi et absorbé les ressources du gouvernement. Col-
bert ne put que renimer pour un temps les créations mou-
rsntes de Sully et de Henri IV, et rend re aux ports de I'Océan
tE SIÈCLE DB ÙOUIS XIV. 33?
et de h Méditemanée utrs sctivité qu'ils avaient depuis
longtemps perdue.
8. Marine militaire, I'inecription maritime. -
Cette marine marchande llorissante
fournit des matelots à la
marine militaire, dont Colbert fut le restaurateur. Une or-
donnance de l6ô5 presuivit d'enrôler les matelots et de les
diviser en trois classes, qui serviraient un on sur les vais-
seaux du roi et deux a,ns sur les navires de commerce. Ce
régime des classes ou insuiption maritime n fait la grandeur
maritime de la notion dans les belles époques, et il est en-
core en vigueur, après ovoir subi des modiliçations gui ont
introduit entre les morins célibataires, mariés et pères de fe-
mille, des différences équitables. Le premier recensemenl
(t670) présenta un elfectif de trente-six mille matelots. Pour
former des r:hefs, on créo une compagnie de gardes de la
marine (1668), qui suivaient les cours d'hydrographie, de
géographie, de mathématiques, et apprenaient la m&næuvre
des navires. 0n attira la jeune noblesse dans ce corps, on
offrit des grades nux capitaines marchands expérimentés, on
fondo des êcoles pour I'artillerie de marine, on entreprit des
travaux de description sur les côtes de France et les côtes
étrangères.
En même temps les constructions navales étaient pous-
sées avec la plus grande activité. A la mort de Mazarin, la
flotte était dans un déploroble état. Dès t662, sous I'admi-
nistration de Hugues de Lionne, on équipa quelques vais-
se[ux, on en acheto trente-deux aux Hollandais, on obtint
du roi d'Angleterre, tharles II, les ports de Dunkerque et de
IVIardyek, on attira des constructeurs et, des tisserands
d'Amsterdam, de Hombourg, de Dantzig et de Rigo : en l6ô7,
la flotte comptait cinquante-neuf vaisseaux armés et cin-
quente et un en construction. En {6ô9, la marine pess&
sous la direction de Colbert, et il imprima à tous les services
une impulsion nouvelle. En trois années, le nombre des vois-
seaux s'éleva à cent quatre-vingt seize. On meusa le port
de Toulon, on fonda celui de Rochefort, on fortifia Dun-
kerque et le Hovre, enlin tolbert envoye à Brest I'amiral
Duguesne, qui en neuf ans y ût I'ceuvre qu'on admire encore
aujourd'hui.
9. Législatiou. A mesure que tolbert organisait un
service, il - un
faisait rédiger code pour le réglementer; et il
Iinit par élever pièce à pièce un monument législatif presquo
AGT. DB FR. C. C0xlu. ril
338 EISTOIRE DE FRÀNCE.
comDsreble eu code Justinien et au code Nopoléon, Il ût or-
donier par le roi la formation d'un conseil p?u! la rëforma,
tion ile i,a justùce (t 66b), et le résultat de ses délibérations fut
enregistré sous le nom de code Louis ou oril,onnance ci-
oile\1667). EIle presgivit la tenue régulière tl-es actes de
et leur dépôt au greffe de chaque tribunall-elle'
l'étai civil
hâta I'expédition des alfaires et établit une procédure uni-
forme, ôblgatoire pour tous les tribunaux. Deux tns
après (l OOg), la mêrne Commission ocheva I'excellente ord,ott'-
,*nrt'rtes fortits, Blle lit constater avec exactitud,e la
eàuæ e.t
contenance et l'étendue des bois, détermina leur mode de
conservation et d'aménagement, les précautions et les for-
malités relatives eux coupes et à la vente de leurs produits.
Dans I'intérôt des plaines fertiles exposées aux inondations,
elle soumit au régime forestier les terrains d'une pente for-
iement inclinée. Les riverains de la Loire et du Rhône, qui
ont vU si souvent de nos jours leurs fortunes englouties, di-
ront que les prescriptions de t669 étaient bien autrement
sôges que celles de {827.
îa commission stimulée par Pussort, oncle de Colbert, pu-
blia dès L6i0I'ordonnance c4minelle, qui régie la compétence
âes ;uridictions diverses et les formes de la procédure, abolit
la ptine de mort contre les blasphémateurs et mit lin oux
nrocès de sorcellerie.
' L'o,donnance de c,rnrnerce (t6?3) soumit à un règlement
uniforme toutes les trsnsactions commerciales. EIle con-
*tnu les oorporations
-régime d'arts et métiers et étendit à tout le
royâ.ume le dcs maîtrises et des jurandes, gt'i
mËttaient des entraves à I'industrie, en donnant aux gardes
élus du métier la charge de veiiler aux statuts, d'examiner
les chefs-d'æuvre des aspirants à la maîtrise et de décider
des réceptions.
La dernière æuvre législotive de Louis xIV est le code
colonial ou code nolr, qui parut deux ans après la mott de
colbert (t6ss). Il permit le mariage aux nègres, _défendit de
vendre dOparémeni le mari, la femme et les enfantsn et re-
gurdu co**r sujet natunel tout esclave alfranchi; cependant
il aOfenait aux eiclaves de posséder, de vendre, de por-ter des
et de témoigner en justice; il le déclarait meublerelle
"r*à, comme lés lois de I'antiquité, parmi l"es choses. De
rangeait,
6r âirp,ititions les maîtres n'obser"vèrent quecelles qui fovo-
risaieni leur tyrannie. On ne peut nier cependant que le code
T,E SIÈCTE DE IOUIS XIY. 33e
noir ne soit un progrès et ne fasse honneur à Seignelay, Iils
de Colbert, qui I'acheve.
10. Mort de Colbert. mourut le 6 sep_
tembre 1683,.depuis- longtemps- Colbert
elfacé par Louvois, ,ôo
rival, presque disgracié, auisi peu populaire p*r.i les l.ran_
gùiu qgr peu aimé de son moîtie. L intenaani no"."urt n ait
la vérité sur ce grand odministrateur : o c'esiteJtus grand
ministre pour les linances et ro police du royaumr'qoi ùt
mais été. p 1"-
A- ll. L'armée françaiee vere 1661. _ Colbert, mi_
nistre de la paix, enrichilsait lo France; Louvoi*, *ioirt*
de la guerre' se chargea de Io protéget ét de l'as*oître,
en
rur donnant une armée redoutable et de solides fortilications.
Des 166{, I'armée française passait pour Ia meileure de
I,Eulgp.;.cependant il i avaii dans Àon organisation bien
rles dét'auts. sauf un petit nombre de corps d'é-lite, elle n'était
pas permenente et presque tous les corps étaient licenciés à
l_o_ paix. Elle manquÀit o6solument
de disciprine, tL, ,ota"æ
' d.ésertaient ou pillaient, les officiers faisaient oer pronts
itti-
cites sur la solde. les
hebillements, les mu-
nitions, les fournitures
de toutes sortes, enfin
elle appartenoit moins
au roi qu'aux colonels
et aux capitaines qui i

avaient Ia propriété de ,.,..


leurs régirrents et dc
Ieurs compagnies. Lou- ,

vois se chargea de tout


rcformcr. :
12. Louvois ({ 66û-
i
{ 69r). FranEois-1\'Ii-
chcl Le- Tellier, mar-
quis de Louvois, né en
l6t*7, avait ê,1é eltr-
ployé dans les burcaux
Louvcis.
de son père, alors mi-
nistre de la guerrc, dès l'âge de quinze tns. En l6ûl, il rcrn-
plit les fonctions de ministrc, et en f 00û il en prif Ic titre
et le garda jusqu'à sa mort. < C,est le plus g.and commis
et le plus brutal qu'on puisse voir, r a-dit dl lui un con-
340 BTSTOIRE DE FRÀNCE.
temporaln. Brutel, peut--ètre, il n'evoit pas le lemps d'être
;;;;i;;. Mois pourfiuoi t'appel-er u.n commis ? Est-ce à dire
Tu'il orenoit seiinspirationJde Louis XM Il y t longtemps
* fuii justice de ces 1latteries. < Le génie de
ioouÀ, c'est le volàntét . > Il se rendit nécesssire_ per
"t"r'fIfrf-tr*t ses

tuftnit ô'attministrateur, qui ouvreient à Louis XIV la ear- Il


iiOrr of il voulait r"ngugât, celle de la gloi-re militaire'
à."ini lientôt te riuai d"e ôotbert, dont il balangait I'in-
notn.". Pendant la guerre de llollande, !9n importance com-
*r"il I et"resto sans contrepoids après la mort de
ùandir
Colbert (t 683).
13. Suppreesion des glsndes charges - mili-
t"i""rl et Mazorin avtient commencé la sup-
-j'Rirttrtieu
deslrandes charges militaires; TIV et Lou-
;;;;i;; æuire excellente. -Louis
Dès l66l , à le mort
îois continuèr-ent cette
ao àot a'Operûonr on top|*i*o lo. charge de colonel.général
àà I'infant'erie, qïi aonïïit au titulaire la disposition des
traaes, le commaïtlement de chaque 1éSi*,tl!: \-pl,ol*iété
tr-f" première compagnie daus tôus lei régiments d'infan-
desorle
t.tiu. ie roi prit pooi iûi ces précieuses prérogatives' de leur
on;it urquit ie droit de nommer tous les ofliciers et
général de la
iéIil;l;o* Ireurts. Les charges de colonel
cavale.ie et de grand maltre de I'artillerie_ apparteneient,
ii*ô Turenneil'autre au duc de Mazarin. On les conserv&'
e
mais Louvois supprime leurs priviièges, les- prive tle leurs
nono-
droits essen[iels, éi les réduisit à n'être que des tif,res
ri{iques.
"--il,Ir'ord.re du tableau' Le ministre se chargea de
tes grades àons toutes les armes,
-
d'après.l'or,il're du
.ottfOtat
làWrnu, fonâO uniguement-sur.l'ancienneté et les
états de
muitài. SainçSiÀôn, grand seigneur mécontent qui aurait
voulu tout réservet I ii ntissancé, affecte de dire qu9 I'an-
règ1e, dit-
cienneté était le root titru à I'ovenôement. a Cette
il dans ses Memiire$, est devenue la perte. de l'école de la
toute émulation' 0n se dit
sueme. de toute instruction, de
i";iï"l"-u qu'à dormir et à faire ric à rac son service et re-
rien que la date
;;rdt; i" li.Ë a.t dute*, puisque n'av&nce
!;ir: ;- û;i; iËoriroo'rt'o etait si peu unmédiocrerirre excrusif à
colonel'
l'avoncement, que baiot-Si*ott lui-même,
brigadiers (généraur
;;ip;rié*.r, htn* une promotion de

L M. Ronstct, Eittoin ilc I'ouw{t'


TE SIÈCLE DE LOUIS IIV. 3[T
de brigade), trois colonels, ses cadets, qui avaient sans
doute plus de mérite: Ie censeur impitoyable de I'ordre du
tableau quitta le service à couse d'une infraction à I'ordre du
tableau.
15. Lree inspecteure généraux.
- Louvois attaqua
tous les obus avec opiniôtreté : il divisa I'armée en régiments,
dont il détermina I'uniforme avec défense de porter la livrée
du colonel. Il voulut fairo disparailre les passe-uolants,
hommes non enrôlés qui ne liguraieft que pour la montro
dans les revues. Les inspecteurs génér&ux, qu'il institua,
furent ses auxiliaires les plus précieux. L'inspecteur général
de I'infanterie, Martinet, rendit de signalés services. Il éta-
blit dans chaque ville de garnison un officicr inspecteur,
chargé de faire un rûpport hebdomadaire sur le méri',e des
of{iciers, I'effectif, I'habillement, la solde et I'instruction dcs
troupes. Au bout de quelques mois, I'activité et l'énergie de
Martinet avaient produit de tels résultal,s, que Louvois lui-
même en fut émerveillé. Dans la cavalcrie, le ministre sup-
prima tous les régiments dont la solde et I'elfectif présen-
taient des inégalités choquantes, organisa les escadrons ainsi
isolés sur un plan uniforme, et recomposa ensuite les régi-
ments. Le chevalier de Fourilles, oflicier d,'un rare mérite et
tl'une grande fermeté, fut chargé de faire ce travail et de le
conserver en bon état.
.Ainsi, par la suppression des grandes charges, Por
I'institution de I'ordre du tableau et par la création des
inspecteurs généraux, I'armée française fut placée sous I'au-
torité du roi.
16. Instruction des offlciers.
- En mêmc temps,
Louvois entreprit de rendre le corps des ofliciers instruit et,
obéissanl. n Sous prétexte que tout service militaire cst ho-
norable et qu'il est roisonnable d'apprendre à obéir avant
que de commander, il soumit la jeune noblcsse à une sévère
éducation militaire, et I'obligea à passer par les compagntes
de cadets r. > L'intraitable champion des privilèges du sang
n'a prs plus épargné cette institution Se les autres. < Le
roi, dit-il, assujettit tout à débuter par être cadets dans ses
gardes, et à faire tout le même service que les simples gardes
du corps, dans les salles des gardes et dehors, hiver et ét6t
à I'armée. Il fallait ensuite essuyer une seconde école.
l. Saint-Slmon.
!

312 EISÎOINE DE FRANCE.


C'étalt une compegnie de cavalerie pour ceux qui voulaient
servir dans le covalerie, et pour ceux qui se destinaient à
!'infanterie une lieutenance dans le régiment du roi.
C'était une station subalterne où le roi retenait, plus ou moins
longtemps avant d'eccorder I'autorisation d'acheter un régi-
ment. n
17. Discipltne des offlciers.
- Lesrestaient
étaient sortis de ces épreuves à leur honneur
officiers qui
dans
une stricte dépendance; ils devaient obéir à leurs chefs et ne
point quitter leurs postes sans congé. Louvois brisa ceux qui
refusaient de plier, mit les frondeurs au cachot, les démis-
sionnaires à la Bastille et renvoya au milieu de leurs soldats
les colonels de cour qui vivaient à Versailles. Il imposa ri-
goureusement ce devoir de I'obéissance. Lorsque le maréchal
de Créqui se fut enfermé dans Trèves, quelques ofliciers
osèrent, au mépris de ses ordres, traiter de capitulation avec
I'ennemi. Dès qu'ils furent arrivés à Metz, Louvois écrivit à
I'intendant Barillon de l\Ioranges de leur faire leur procès.
< Le roi, dit-il, ne veut point entendre parler des inlorma-
tions que par le jugement et la sévèrc punition des cou-
pables, n'y ayant ni parents, ni alliances, ni services passés
qui puissent porl,er qui que ce soit à épargner des gens
qui ont mol fait leur devoir dans une occasion comme
ccllc-la. r
18. Vénalité des charg:es.
- Louvois
la vénalité des charges militaires comme
laissa subsister
un mal nécessaire :
on continua à pouvoir acheter une compûgnie ou un régi-
ment. Il eùt supprimé ce mauvais système, s'il eùt cru I'opé-
ration sans danger. Mais il trouvait dans I'armée des abus
invétérés qui existaienj dans la société tout entière, et il n'osa
pas tout détruire pour tout refaire, par crainte sans doute des
années critiques qu'il faudrait traverser entre la démolition
de I'ancien édilice et la reconstruction du nouveau. Si le roi
evait imposé sa volonté, les officiers propriétaires auraient
perdu leur privilège, mais il eût lésé la noblesse et Ia haute
bourgeoisie et provoqué des ra.ncunes certaines et des ré-
volles possibles. S'il eùt remboursé le prix des charges, il
eùt obéré le trésor. S'il erit pris à son compte I'entretien des
régiments, qui incombait en grande partie aux officiers, le
budget de la guerre se fùt trouv6 doublé, et il erlt fallu aug-
menter les impôts, taxer les classes privilégiées, réformer la
société, bouleverser en Fronoe I'ouvrage des siècles, en un
LE srÈcln nr rours xlv. 343
mot, faire la révolution. Le ministre de Louis XIV ne pou-
vait raisonnablement tenter l'æuvre de I'Assemblée consti-
tuante. II laisso donc les officiers acheter ou vendre les régi-
ments et les compagnies : iFse contenta de rendre la pro-
prtété milttatre coùteuse pour tous, ruineuse pour quelques-
uns, et d'exiger des ofûciers d'autres quolités que la fortune
et la bravoure.
19. Réforme de I'infanterie; labaïonnette (f 687).

Vauban.

Louis XIV et Louvois combattirent le mépris que les offi-


-
ciers nobles avaient pour I'infanterie. Ils imposèrent aux
gentilshommes I'obligaiion de scrvir d'abord dans cette arme,
et les retinrent par des faveurs et dans I'espoir d'un &vance-
ment plus rapide. Ils les y retinrent surtout en s'appliquant
à réformer I'armement des fantassins et à les rendre capables
de résister au choc des troupes à cheval. Que pouvait faire,
344 EISTOIRE DE FRANCE.
en elfet, cn rûse cemp&gne, une compagnie armée de ses
mousquets et, de ses piques ? Les mousquetaires, placés &ur
ailes âu bataillon, faisaient feu ; les piquiers, réunis au
centre, soutenaient le poids des chevaux; tout le bataillon
était en péril, et il n'y ovoit jamais en action que la moitié
des hommes. La puissance de I'infanterie dépendait de la
puissance de son feu, et Vauban résolut le problème en fai-
iant du mousquet et de la pique une seule nrme placée dans
la même main : il inventa la' baionnette ù' douùlle. Luxem-
bourg à Nerwinden, Cetinat à lo Marsaille, ordonnèrent les
premières charges à le baÏonnctte. Cette arme, si bien ap-
propriée à l'erdeur frangoise, a rendu nos armées invincibles,
jus[u'à ce que les perfectionnements de I'artillerie et I'usage
âeslusils à tir rapide aient changé les conditions de I'attaque
et de la défense. Dès lors I'inf'anterie prit Ia place qui lui ap-
partenait. Elle fut soumise à I'uniforme, habituée à la
morche &u p&s, et acquit, per de continuels exercices,
I'aplomb et la régularité des mouvements.
bo. nétormà dela cavalerie. - Cependant I'armée
'posséda toujours une cavalerie fort nombreuse. On porta la
haison du roi à I'effectif de dix mille hommes d'élitc; on
créa des régiments de cuirassiers, de hussards, de grenadiers
à cheval I on accrut Ie corps des dragons, et Louis XIV put
mettre sur pied, pendant la guerre de llollande, quatre-vingt
dix régiments de cavelerie, qui donnaient un effectif de qua-
rante-sept mille chevaux.
2f . Réforme d,e I'artillerie. - L's.rtillerie avait une
organisation particulière, et étoit sous I'eutorité du grand
miltre. Lorsque le duc de Mazarin eut résigné cette
chorge (1669), Louvois lo fit donner tu comte de Lude,
homme de mérite et d'un caraetère facile, et ce fut sur lui
qu'il commenga ses usurpations s-alutaircs. II créa un régi-
ment de fusiliers, qui eut pour fonction la garde des bot-
teries d'artillerie; iI y joignit bientôt des compagnies de
bombardiers, et institua trois écoles d'artillerie à. Douai,
à Metz et à Strasbourg. Les ofliciers qui sortirent de ces
écoles furent instruits et presque tous capables de conduire
un siège. -rç''
!2.-ft'aiaux do fortiflcation; Vauban. Ils
avaient pour exemple le plus grand ingénieur -du siècle,
Le Prestre de Vauban. D'abord volontaire dans I'armée de
Condé, Vouban deyint capitaine au régiment de Picardie, et
tE stÈtlE DE louls xtv. 3&5

rendït de grands services dans la cempegne de Flondre. A


trente-quatre ans, il se rér'éla maître dans I'ort des sièges,
en conduisant ceux de Tournai, de Douai et de Lille, sous
les yeux du roi. Dôs lors il fut chargé de rentlre imprenables
les ploces qu'il avait prises. Les ouvrages de DunkerQue com-
meneèrent sa réputetion. 0n o calculé qu'il répara trois
cents places anciennes, qu'il en construisit trente-trois nou-
velles, qu'il dirigea cinquante-trois sièges et se trouva à
cent quarante actions d'éclat. ll éleva des forteresses sur
toutes les frontières continentales et maritimes de la France :
Lille, Metz, Sarrelouis, Lendau, Strasbourg, Huningue, Be-
sûngon, Belfort, Toulon, Perpignan, Bayonne et Brest. Il per-
fectionna I'art des sièges, inventa le tir à ricochet, les bou-
Iets creux, les parallèles. Il eut pour élève Cormontaigne et
pour rival le HollandaisCohorn. Nommé moréchal en 1703'
il mourut cependant disgracié pour avoir proposé des ré-
formes dans ses trlémoires sur la d,lme royale.
23. Organisation de I'intendance. Louvois
pensait avec raison que, pour conserver à une armée sa disci-
pline et so mobilil,é, de bons intendants 'sont aussi néces-
saires que de bons ofûciers. Aussi donna-t-il tous ses soins
à I'administration militaire; de 1604 à 1,677 | de nombreuses
ordonnances réglèrent les détails du service et déterminèrent
I'ordre des marches et des cempements, l'établissement des
magasins et des hôpitaux. Chaque place de guerre eut un
hôpital permancnt; dc $ronds hôpitaux mobiles et des
ambulances suivirent les armées en cempagne. Le ministre
lui-même devint directeur d'hôpital : le roi fcnda I'Hôtel
des Invalides (t6?f ) et nomma Louvois administrateur gé-
néral. Ainsi les soldats eurent en perspective une pension et
les Invalidcs : pour les officiers, le roi créa Ia eroix de Saint-
Louis.
2/r.Réeumé des travaux de Colbert et de I-,ou-
vois. - Tels sont les travaux des deux grands ministres
que Louis XIV eut le bonheur de rencontrer dès le début de
son règne. Le roi avait donc au service de ses projets dcs
instrurnents admirables : le roy&ume réorganisé à I'intérieur,
les financcs publiques rétallies, la marine agrandie, I'indus-
trie développée, I'armée renclue exccllente par la discipline
plus encorc que par le nombre. L'ordre, le secret, le travail
régnèrent partout et développèrent lo prospérité du pays et le
force de I'Etat.
lË.
'.'-,,t.*

3&6 EISTOIRE DE FRÀNCE.

LECTURD.
- Colbert et Sully.
Destinés tous deur à de grandes choses, ils furent élevés au ministère
à neu près.dans les mèmes circonstances. Sullv Darut après les horribles
ddprétlations des favoris et les désordres de'lâ Lisud; Colbert eut à
réparer les maur qu'avait causés le règne orageur et faibie de LouisXtlI,
leS opérations brillantes, mais forcées de Richelieu, les querelles de la
Fronde, I'anarchie des finances sous Mazarin.
Tous deux trouvèrent le peuple accablé d'impôts, et Ie roi privé de
la plus grande partie de ses revenus; tous deur eurent le bon!"eur de
rencuntr"er deui princes qui avaient le génie du gouvernement, capables
de vouloir le bien, assez courageux pour I'entreprcndre, assez I'ermes
pour le soutenir, désirant faire de grandes choses, I'un pour Ia Franee,
êt I'autre pour lui-mème; tous deux commencèrent pàr liquider les
dettes de lrDtat, et les mêmes besoins flrent naitre lei mênies opéra-
tions; tous dcux travaillèrent ensuite à accroitre la fortune publique.
Ils suîent également combiner la nature de divers impôts; niais Sirlly
ne sut pas én tirer tout le parti possible : Colbert ferfrictionna I'ari
d'établir entre eux de justes proportions.
Tous deux diminuèr'ent les frais énormes de la perception. bannirent
le tralic honteux des emplois, qui enrichissait èt avilissait la c0ur,
ôtèrent aux courtisans tout interêt dans les fermes. Tous deur firent
cesser la confusion qui régnait dans les recettes, et les gains immenses
que faisaient les receveurs; mais, dans [outes ces parties, Colbert n'eut
tiue la eloire d'imiter Sullv. et de faire revivre les anciennes ordon-
dances âe ce grand hommri.'Le ministre de Louis XIV, à I'exemple de
celui de HenrilV, assura des fonds pour chaque dépense': à sonertimple,
il réduisit I'intérêt de I'areent.
Tous deux travaillèrent à faciliter les communications; mais Colbert
ût exécuter le canal du Languedoc, dont Sully n'avait eu que le projet.
Ils connurent tous deux I'ari de fâire tombei sur les richês et dur"les
habitants des villes les rernises accordées âux camDaqnes: mais on leur
reproche à tous deux d'avoir gêné I'industrie par dei tax'es. Le crédit,
celte partie importante des richesses publiqrres, qui fait circuler celles
qu'on a, et qnl snpplée à celles qu'on n'a pas, parait n'avoir pas été
assez connu par Sully' pas assez ménagé par Colbert. Les gains exces-
sifs des traitànts furènt-réprimés par t6us les dcux. mais Sullv , onnut
mieux de quelle inportanc'e il est'pour un Etat de iapprocher ies gains
des frnances de ceux qu'on peut taire dans les entreprises de commerce
ou d'agriculture.
Le c-ommerce fut protégé par les deur ministres; mais I'un voulait
le tirer presque tout entier du produit des terres, I'autre des marrufac-
'préférait
tures. Sirllv avec raisoit celui qui. étant attaché au sol. ne oeut
être ni pariage ni envalti, et qui met les- étrangers dans une défendànce
nécessaire; Colbert ne s'apercut pas que I'autre n'est fondé que sur des
besoins de caprice et de goùt, et qu'il peut passer, avec les artistes,
dans tous les'pays du monde. Sully fut'donc'supérieur à Colbert dans
la connaissance tles véritables sources du eommerce: mais Colbert I'em-
porta sur lui du côté des soins, de I'activité et des calculs pulitiques
tlans eette nartie; il I'emporta par son attention à diminuer les drbits
intérieurs du royâume, que Sully augnoenta quelqueflois, par son habi-
Ieté à combiner les droi[s d'eutrée et de sortie, opération qui est peut-
1;.L,

tE SIÈCLE DE TOUIS XIY. 317


être un des plus savants ouyreges d'un législateur, et où la plus petite
erreur de cornbinaison peut coùter des millions à I'Btat.
II sera diffrcile d'égal-er Colbert dans les détails et les srandes vues
du commerce; il seri difficile de surpasser Sully dans les- eneourage-
menls qu'il donua à I'agriculture. Ce n'est pas riue Colbert ait négl"igé
entièrement cette partie importante. Colbert. à l'ôxemple de Sullv. îou-
lut faire naitre I'ajsance dâns les campagnes : il diminua les taïlies, il
prévint, autant qu'il put,les maur atta'chés à une imposition arbitraiie;
il protégea, par-des règlements utiles, la nouniture des troupeaur; ii
enco-uragea la population par des 1fsempenses; mais, faute d'avoir per-
mls le commerce des grains, tant d'opérations admrrables furent presque
inutiles; il n'y avait point de richeise réelle : I'Dtat parut brillanti et
le peupie fut malheur'eux; I'or, que le trafic faisait ciiculer, ne parve-
nait point jusqu'à la classe des ctltivateursl le prix des grains baissa
sans.cesse, et l'on finit par la disette. Tels furenfet les principes et les
succès dittérents de cesTeux grands hommes.
A l'égard du caractère, tou-s deux eurent le courage et la vigueur
{'âme, sans laquelle on ne fit jamais ni beaucoup de bien ni beaueoup
de mal dans uri Etat: mais Ia-politique de I'un ie sentit de I'austérit'é
de ses mæurs; celle de I'autre, du luie de son siècle. Ils eurent la triste
conformité d'être hais, mais I'un des grands, I'autre du peuple. 0n re-
proche de la dureté à Colbert, de la hàuteurâ Sullv: maii, sï tous deur
èhoquèrent des particuliers, tous deux aimèrent là nation, Enfin, si on
gxqgi4e leurs rapports avec les rois qu'ils servaieût, on trouvera que
Sully faisait la loÏ à son mail,re, et qutiColbert recevait la loi du sirin;
que 1e premier fut plus le nrinistre Tu peuple et le second plus le mr-
nistre du roi ; cnfin, d'après les talenfs d'es deux prir,ces, on iugera
que Sully dut quelque chose de sa gloire à Henri IV,' et que Louis XIV
duf une partie de la sienne à Colbert. Tnours, Eloge d,e Sully.

EXERCICES ORATIX ET ÉCRITS

l. Oueetibnnairs. Quelle était la situation politique de la France


- Louis
en l66t? Pourquoi XIV était-il obéi dans tout son rovaume?
-
Qu'est-ce que F'ouquet? Pourquoi fut-il arrèté? Quel-fut son
-sort? Racontez I'origine-et la jeunesse de Colbert. - Quel fut son
titre? - Comparez l'état des finances en l66l et en 1667. -
moyens - Colbrirt rendit-il les finances prospères? Quelle- futParsaquels con-
duite à l'égard des agriculteurs? -
Quels èanaux fit-il creuser? Que
fit-il pour accroltre I'industrie? - -
Quelles sont les villes qui lui doivent
leurs industries? -
Comment traita-t-il - Colbert sunnrima-t-il les douanes intérieures?
les commôrçants étrangers? Quelles colonies
-
racheta-t-il? Par quelles mesures DrotéRea:t-il la -marine marchande?
-
Queltes compagniês créa-t-il?
-sirent-elles pas? - Pourrj'uoi ces compagnies ne réus-
Qu'est-ce que le régime des classes? - Comment
-
Colbert forma-t-il des officiers de marine? comment il forma
le matériel de la flotte. Faites connaitre - IeBxposez
côde Louis, I'ordon-
nance des eaux et forêts, - I'ordonnaûce du commerce, le- code noir.
-
les dates des. principaur actes de Colbert? -
- Quelles sontDans
mourut-il? quel état sè trorivait I'armée française vers - Quand
l66l?
- que Louvois? Faites connaitre son caractère. Pour-
-quoiQu'est-ce
supprima-t-il les grandes- charges militaires? -
Ou'apDelle-t-on
ordre dù-tableau? -
Est-il vrai quà la durée du serviôe éiâit Ie seul
-
3.18 IIISTOIRE DE FNANCE.
titre à I'avancement? Louvois institua-t-il les insoecteurs
généraux?.-. Comment - Pourquoi
deveùait-on officier? Donnez un iremple
de la sévérité de Louvois pour les officiers -indisciplinés. pour-
quoi Louvois conserva-t-il la vénalite des charges militaires? - Com.
ment releva-t-il I'arme de I'infanterie? -
Qnelle fut I'utilité de la
baionnette? -
Quelles réformes introduisit-il dans la cavalerie?
-
dans I'artillerie? Qu'est-ce que Vauban? -
travaux. - - Donnez une idée de ses
Enumérez les principales villes qu'il a fortifiées. pour-
-
quoi fut-il disgracié? -
Quelle est I'utilité ïe I'intendance uilitaire?
-
Que lit Louvois pour le service médical? En guelle année le roi
-
fonda-t-il l'Hôtel det Invalides? -
Résumez les trai'aur de Colbert et
de Louvois. -
1. Itevoirs à rédiger. Erposer I'administration de Colbert. Er-
-
poser les réformeg de Louvois-et de Yauban. -

u
LOUIS XrV. IjES eUERRES & LEg CONOUÊTES
(r60r-r079)

rEçoN

l. Poltttque ertérleure de Louls IIY. Dès {66t. Louis XIV


sentit ea force et la fft eentir a Madrid,-à Londres, â Rome et ù
Vienne.
l. Guerre de llévolution. Couquête de la Plandre. En 1667. après
la mort du roi d'Espagne, PhiUppe IV, Louis XIV- réclama au Ëom
de sa femme les Pays--Bas et la ltianche-Comté, en vertu du droit
de dévolution. ll conquit lcs tleux provinces, s'arrêta dcvant Ia
triple trlliancede__la liollande, de_l Angleterrè et de la Suède, el
ne gartla que la lrlantlre au traité d'Aix-la-Chapellc.
3. Guerrs de Eollaude. Louis XIV se venseà sur les Ilollan-
- il les attaqua, paësa le Rhin à Toll-
dais de la triple alliance;
Huiss, s'attacha au siègc dcs places ét donna le teurps à Guil-
laurne d'Orange de ruiner le parti de la paix, d'ouvrir lès écluses
et de former I'alliance de ki Haye. Le roi'conquit la I'ranche-
Çom.tQ; Condé b.at!it. Guillaurne tl Orange à Sênefl Turenne chassa
les Allemands de I'Alsace.
{. Traité de Nimègue. Conquête de la Pranobe-Conté. *- l[ais la
mort de Turenne à Salzbach (f675) et la défcction de I'Ansle-
terre décidèrent Louis XIV à signer le trait.é de Nimègue, quilui
donnait la !'ranche-Comté et dbuze villes des Pays-das (lti8Oy.

nÉcrr

1. Ambition de lrouis XIV. c J'ai trop aimé la


-
guerre, disait, en 17{5, Louis XIV mourent à I'enfant qui
LE SIÈCLE DE LOUIS XIV.

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350 EIETOIRE DE FRANoE.
allait lui succéder, ne m'imitez pes en cela. r En t66t, il
étsit loin de ces tristes rtitours sur le passé 1 maître d'un
royrume pocilié et bien uni, il avait hâte de s'avancer dans
ls csrrière ouverte por Richelieu et Mazarin, et de s'illustrer
en les d6passant. II ne tarda pos à montrer à I'Europe atten-
tive et inquiète ce qu'elle avaità uaindre d'une nation ra-
jeunie et d'un gouvernement résolu. Il crut avoir trouvé I'oc-
casion de la guene qu'il cherchait, lorsque le baron de Vfat-
teville, ambassadeur d'Espagne à Londres, brisa le carrosse
du comte d'Estrades, ombrssadeur de France, et voulut
prendre le pas sur lui dans une cérémonie. Mais Philippe IV
se hâ,ta de déclarer que I'Espagne céderait désormais le pas à
la France (1661). L'année suivante, le roi défendit aux capi-
taines de Ia marine militaire de donner nux vaisseaux an-
glais le salut exigé depuis un siècle, et Charles II, roi d'An-
gleterre, n'osr pas persister dons ses prétentions; il aima
mieux vendre à la Fralce pour cinq millions Dunkerque et
I\fardyck. Ces querelles étaient à peine apaisées lorsque le
duc de Créqui, ombassadeur à Rome, fut insulté parlagarde
pontiûcale : le roi saisit le comtot Venaissïn et allait envoyer
une ormée, lorsque le pape céda en envoyant le cardinal
Chigi, son neyeu, présenter ses excuses à, Versailles. De
I'agression contre le pape, Louis XIV passa à la croisade et
fit partir six mille hommes d'élite, sous le comte de Coligny,
qui aidèrent les troupes de I'empereur Léopold à battre les
Turcs à Saint-Gothard, sur le Raab. Enlin, il châtia les pi-
rates d'Afrique par la prise de Djigelli (Gigeri) et par le bom-
bardement de Tunis et d'Alger; il envoya des secours &ux
Vénitiens de Candie, et lit passer en Portugal le comte Schom-
berg, qui grgne sur les Espagnols la victoire de Villaviciosa.
2, Guerre de dévolution, traité d,Aix-la-Cha.
pelle (f 667-1668). Bientôt Louis XIV combattit pour
lui-même. L'Espagne, - si menaoante sous Philippe II, êtait
alors bien affaiblie. La mort avait pénétré partout : dans la
nation, par la ruine de ses libertés 1 dans le gouvernement,
par la destruction de sa marine, de ses armées, de ses fi-
n&nces; dans la propriété, par la cessation du travail ; dans
lu population, parl'inaction et la pauvreté; le sang même
de la dynastie était appauvri et dégénéré, et le jeune
Charles II, fils de Philippe IV, semblait moribond dès sa
naissance.
L'ambition clairvoyente de Louis XIV vit cette grande
TE SIÈCIE DB T,OUIS IIY. 35I
ruine de lo monarchie espagnole; il profita de ses dépouilles.
Son mariage ovec I'infante Marie-Thérèse fut le prétexte
de ses attaques; François Ie' avait péniblement lutté contre
Ia maison d'Autriche; Henri IV avait triomphé de ses elforts;
Richelieu et Mazarin I'avaient abaissée, Louis XIV la dé-
posséde.
De t66l à 1667, il isola I'Espagne par des négociations
que conduisait habilement le comte de Lionne. Puis, lorsque
mourut Philippe IV, il revendiqua la possession du chef de
sa femme, en vertu du d,roit de d,wolutùon: c'était une cou-
tume du Brabant, qui attribuait les héritages aux enfants du
premier lit à I'exclusion de ceux du second; or, Marie-Thé-
rèse étoitfille de la première femme dePhilippe IV, Charles II
était né de la seconde. Turenne envahit la Flandre, prit
Lille et occupe tout le pays (l ô6?) ; Condé entra en Franche-
Comté, s'empara de Besangon, Salins et Dôle, et conquit la
provinceen moins d'un mois (166S). Mais I'Europe s'elfraya
de ces succès si rapides: laHollande, I'Angleterre et la Suède
formèrent lo triple alliance, I'Allemagne prépora des arme-
ments. Louis XIV, habilement modéré, conclut le traité
d,Aiæ-la-ChapeIIe:ilrendaitlaf,'ranche-Comtéetgardaitla
Flandre, ,:"S.
3. Guerre de Eollande (16?2). LouisXIV haïssait
les Hollandais comme républicains et- comme calvinistes;.
Colbert les haïssait comme peuple commergontl la guerre
fut résolue pour punir ces anciens protégés de lo France
d'avoir fait contre elle la triple alliance. Après evoir ôt6 à la
Hollande ses alliés de Suède et d'Angleterre, le roi I'envahit
avee Turenne, Condé, Vauban, Louvois, et quotre-vingt-dix
mille hommes. La Hollande, en dehors de sa marine, nravait
que vingt-cinq mille milisiens et les troupes de l'électeur de
Brandebourg, son seul allié. Louis XIV, trompant I'ennemi
sur ses mouvements, passa le Rhin à Toll-Huyss et ût làune
opération de guerre bien conduite, trop vantée par Boileau,
trop raboissée par Nopoléon. Il occupa Ies provinces méridio-
nales de la Hollande 1 mais, ou lieu de marcher sur Amsterdam
avec toutes ses forces, il mit des garnisons dans les places :
au lieu d'accepter les conclitions ovantageuses qu-on lui
olfrait, il voulut ruiner et humilier I'ennemi. Alors le parti
de lo guerre I'emporto à La Haye, mo.ssocro les frères de'Witt,
chefs de la bourgeoisie, qui inclinaient à la paix, et nommo
stathoud,er Ie jeune Guillaume de Nassau, prince il'Orenge.
353 H ISTO IRE D E TRÀ]i CE.
Celui-ci Iit ouvrir les écluses de Muyden, et inonda son peys
pour le s&uver.
4. Alliance de La Eaye contre la France (t 6?3).
- C'étoit assez pour arrêter Louis XIV jusqu'à I'hiver; Guit-
laume le força à rétrograder en formanll'ulliance de LaIIaye
avec I'Empereur, lo plupart des princes de I'Empire et le roi

d'Espagne. Louis, ienonçant à occupcr un pays inondé,


laissa des garnisons dans les murs de Grave etde Maëstricht,
confia à Condé la défense de la Flandre, à Turenne la garde
du Rhin, et prit en personne I'offensive en Franche-Comté :
secondé par Luxembourg ct Vauban, il conquit la province
en deux mois (1674). Turenne, qui jusque-là était demeuré
en observation à Biile, descenditle Rhin, battit les Impériaux
à Sintzheim, ravagea' Ie Palatinat, dont le souverain, beau-
père du duc d'Orléans, se faisait remerqucr per son animosit6
LE SIÈCLE I}E LOUIS IIV. 353

contre la France, battit encore les Allemands à Ensheim,


près de Strasbourg, et se retiro dans le cemp retranché de
bettwiller : il n'aviit que vingt-six mille hommes, et I'ar-
rivée de l'électeur de llrondebourg ovait porté le nombre des
ennemis à soixantc-dix mille. Aux Peys*Bas, Condé gagna
sur le prince d'Orange la sanglante bntaille de Senef, et le
força de lever le siège d'0udenarde.
-? 5. Campagne de Turenne en Alsace; 8a mort
(1675). Tandis que Turenne restait enfermé dans son
-
cemp de Dettwiller, l'&rmée allemande prenait en Alsace ses
quartiers d'hiver. Au mois de décembre, elle marcha vers
Schelestadt et Colmar, croyant pesser trois mois en sécurité
dans un riche pays que la Suerre avait jusqu'&lors épargnÔ.
Turenne traversa les Vosges et descendit en Lorraine,
comme s'il eùt voulu s'y établir lui-mème à I'abli des mon-
tognes. Tout d'un coup, il rassemble ses troupes, pousse au
midi, et paraît à Belfort, Ie 27 décembrc. En vain les Alle-
mands sè pressent-ils de resserrcr leurs quartiers ; il est
trop tard. Le 29, leur cavalerie est surprise et culbutée à
I\Inlhouse; le 30, un régiment d'infanterie se rend sans ré-
sistance; le 5 janvier, l'électeur de Brandebourg est battu à
Turckheim; les débris de I'armée allemande se hâtent de
gagner en désordrc le pont de Strasbourg. L'Alsace était
délivrée, la France protégée, I'aiméc fi'ancaise presque
intacte.
Le vainqueur, mand6 par le roi, vint, à travers lcs accla-
mations des provinces, recevoir à Velsailles les opplaudissc-
ments de la cour, les félicitations des hommes de gucrre et
les embrassements de Louis XIV. Au printcmps, il passa le
Rhin, et, pendant six semaines, il épia son adversaire,
l\Iontecuculli, chercbant à le couper du Rhin et de la Forêt- 'Wur-
Noire. Le 27 juillet, voyant I'ennemi se retirer vers le
temberg, iI rassembla toutes ses forces dans la petite plaine
de Salzbach, et ordonna I'attaque du village. En achevant de
visiter les postes, il fut prié par te général saint-Hilaire d'ex&-
miner unenouvelle batierie disposéesur Ia droite de I'armée.
Au même instant un boulet emporta le bras de saint-Hilaira
et frappa Turenne en plein corps. Il tomba. Ses restes, cou-
verts d'un manteau, furent portés silencieusement dans sa
tente. Montecuculli s'étonnait de ne pas ètre attaqué, lorsqu'il
apprit I'elfet de ce coup de conon qui lui donnait _la victoire
sins combat. Il se recueillit, et dit gravement : t Il est mort
354 EISTOINE DE FRANCE.
rujourd'hui un homme qui faiseit honneur à I'homme. r
Lo t'rance entière regretta Turenne, et chocun donnait au
héros ce. qu'il pouvait : le soldat, sei larmes; I'officier, son
admiration; le peuple, s& reconnaissance; le roi, ,rn*
parmi les tombeaux des rois. iloru
6. Succès sur terue et sur mer. - La défaite du
maréchal de Créqui à Consarbrùck fut réparée par le erand
condé, qui repoussa les Impériaux dans liArsarË. l" viiioi*e
du maréchal de Luxembourg sur le prince d'orenge à cassel,
celles de I'amiral Duquesne sur les ïottes .rpugùI. et hol-
lendaise à syracuse et à palerme, donnèrent ï iouis xlv un
avantage décidé. Mais la défection de I'Angleterre le déter-
mina à conclure la paix à Nimègue.

BÂSSTN
DE TESCAUT

BNUXELLES
fua^lquE
LTLLEJaj lonQtoJ
tAt ltirg

*:w,%

7. Traité de Nimègue (16?8). Lo France rendait


-
limn-ourg el Gand, prises pendant la guerre; Charleroi, Ath,
Bintch, Oudenarde et Courtrai, acquises au traité d'Aix_la.
!_hapelle. Elle recevait la Franche-Cbmté, et, aux pays_Bas,
Velenciemes, Bouchain, C,ondé, Cambrai, Aire, Saint-Omer,
II*:, l\Iaub_euge, Poperinghe, Cassel,' Menin, Bavay et
charlemont. Lorsque le roi rentra paris, à le corps de ville,
IE STÈCtE DE TOUIB XTV. 355
heureux de ses succès, lui décerna solennellement le nom de
Grond (t680).

IECTURE.
- Uort de Turenae.
G'est à yous gue je m'adresse Dour vous écrire une des nlus fâcheuses
pertes qui pùt ârriver en France': c'est Ia mort de M. de lurenne, dont
je suis assurée que vous serez aussi touché et aussi désolé que nous le
sommes ici. Cette nouvelle arriva lundi à Versailles : Ie rôi en a été
afilisé. comme on doit l'être de la mort du nlus sraud canitaine et du
plus- tionnête homme du monde; toute la cour fuÏ en laruies, et M. de
Condom (Bossuet) pensa s'évanouir. 0n était nrêt d'aller se divertir à
FontaineÈleau, tdui a été rompu;jamais un hbmme n'a dté regretté si
sincèrement : iout ce quartiu btr'ii a été logé, et tout Paris, ei tout le
peuple, était dans le [rouble et dans l'émotion ; chacun parlait et s'at-
troupait pour regretter ce héros. Je vous envoie une très bonne relation
de ce qu'il a fait avant sa mort. C'est anrès trois mois d'une conduite
toute miraculcuse, el, que lcs gens du nétier ne se lassent point d'ad-
mirer, qu'arlivc lé deririer joui de sa gloire et de sa vie.
ll monta à cheval le samedi à deux heures, après avoir mangé, et,
comme il arait bien des geûs arec lui, il les laisSa tous à trente pas de
la hauteur où il voulait âller, et dit âu petit d'Dlbeuf : n ltlon ireveu,
demeuree Ià; vous ne faites que tourner autour de moi, vous me feriez
reconnaitre. ,, I{. d'IIamilton,'qui se trouva près de I'enriroit otr it allait,
lui dit : r l\lonsieur, vencz par ici, on tiré du côté oir vous allez. _-
llonsieur, lui dit-il,'v0us avez ratson;.le ne veux point du toutètrc
[ué auiourtl'hui; ce sera le mieux du monde. > ll Cut à peine torrrrtÉ
son cheval, qu'il apcrcut Saint-llilaire. le chaneau à la niain. qri Iui
dit : t, Nlorisièur, 1ètei tes yeux sur cette battririe que je viens d'e fuirc
placer lâ. ,' XI. de Turenne revint : et dans I'instant, sans être arrêtc.
it eut te bras et le coros fracassés du nôme couù qui emporta Ie trrls
et la main qui tenaienf le chapeau de Saint-Hilairc. Ce $entilhomme,
qui le resarïait touiours. ne lé voit noint tomber: le cheial I'emporte
tiùr il avait Iaissé le-pctit'd'Elbeuf ; iI n'ctait poirrt'encore tombé,'mais
il était penché le nci sur l'arçon :'dans ce môment, le cheval s'arrète;
le héros tombe entre les bràs de ses gcns; il ouvre deux fois deur
grands yeux et la bouche, et demeure tranquille pour jamais : songez
qu'itétait mort, et qu'il avait une paltie du cæur emportée. 0n crie, on
pleure; I\1. d'Hlmilton fait cesser lc bruit et ôter Ie petit d'Elbeufl, qui
s'était jeté sur le corps. qui ne voulait nas le quitter. et se nâmait de
crier. Ôn couvrc le côrps'd'un Danleau,'on le forte dans une haie; on
le garde à petit bruit; un carrosse vient, on liemporte dans sa tente:
ce l'ut là où N. de Lorges, I\I. de Roye et beaucoup d'autres pensèrent
mourir de douleur; mais il fallut se faire violence, ei songer anx grandes
alÏaires qu'on avait sur les bras. 0n lui a fait un servicc niljtaire dans
le camp,-oir les larmes et les cris faisaient le véritable deuil : tous les
ofticiers avaient pourtanI des ccharpes de crèpe; tous les tambours en
étaient couvertsiils ne battaient qir'un coupi les piques trainantes et
les mousquets renversés : mais ces cris de toule une armée ne se peuvent
pas représenter sans que I'on en soit tout ému. Ses deux neveur étaient
à cette 00mue dans I'état oue vous devez Denser. ItI. de Rove. tout
blessé. È'v fit n,.rrter: car cette messe ne fut'dite que quand ili éurent
repassé Iè Rhin. Je'pense que Ie pauvre chevaliei (dè Grignan) était
356 EISTOIRE DE FNÀNCE.
bien ablmé de douleur. Quand ce corps a quitté son armée, ç'a été en-
core une autre désolation, et partout-oùr il-a prssé on n'entri'ndait que
des clameurs; mais à Langres ils se sont surpassés: ils allèrent au.
devant de lui en habits de deuil au nombre de plus de deur cents, suivis
du peuple, tout le clergé en cérémonie; il y-eut un service solennel
dans la ville, et en un moment ils se cotisèrent tous pour cette dépense,
qui monta à 5000 francs, parce qu'ils reconduisirent-le corns iustiu'à la
fremière ville et voulurenidcfrayer tout le train. Que ditei-vôus ie ces
marques naturellcs d'une affection fondée sur u0 mérite erl.raordinaire?
Il ariive à Saint-Denis ce soir ou demain; tous ses gens I'allaient re-
prendrc à deux lieues d'ici; il scra dans une chapelle en dépôt; on lui
i'era un service à Saint-Dehis, en attendant celrii de NotreiDame, qui
sera solennel, I\[uo nn SÉvrcxÉ. Leldres.

EXERCICES ORAUX ET ÉCRITS

l. Erplioation des mots. - Senef, rive gauche de la Senne, llainaut.


Sinl;heirn, sur I'Estatz, affluent du Necker. - Ensheim, sur la
-Ilrusehe, de I'lll.
af{lnent du Rhin.
- Turkheim, sur le Fccht, affluent Consar-
Salzbach, entre la Renchen et la lfurg, Forôt-Noire.
-brztck, au conllrrent de la Sarre et de la Nloselle. Cassel, - près
d'Hazebrorrck. Sain,t-Gothard, sur le Raab. -
-
3. 0uestionnaire. - Pourquoi Louis XIV désirait-il Ia guerre en 1667?
connaitre I'affaire du comte d'Estrades et du duc de Crénui.
- Faites
A qui le roi envoya-t-il des secours?
-puissanee espagnole en t66l? - Dans quel état étaif la
Qu'est-ce que le droit de dévolution?
-
-- Racontez-la-guerre de dévolution. - Qricl est le traité qui v mit
tn? - Pourquo-i Louis XIV haîssait-il les llollanrlais? - liar ôuelle
opération conimença la guerre de Hollande? révolution éc.lata
â-La tlave? Comment Guillaume d'Orange - Quelle
arrôta-t-il Louis XIV?
-
Qu'esi-ce que I'alliance de La llaye? -'Quelle province conquit-il
-en {614? Quelles furent les victoires de Tureune sur les Allemands?
celles -de Condé sur les Hollandais? Racontez Ia campagnc de
-Turenne en Alsace. Racontez la mort -de Turenne.
les actes de Conde, -de Luxembourg et de Duquesne après - Quels-furent
Ia mort de
Turenne? Quelles furent les conditions du traité de Nimègue?
Pourquoi
-
Louii XtV requt-il le nom de Grand?
- -
'Ilevoirs
3. à rédigei. - Exposer les campagnes de Turenne et de
Condé. Raconter I'histoire militaire du règne de Louis XIY jusqu'au
traité de- Nimègue.

ilI
LOUIS XIV. LES FAIITES & LES RE\IrERS
(rs7È1715)

rEçoN

l. Pauteg de Louis IIV. - Les conguôtes failes en pleine paix


effroyèrent I'Europel la révocation dè l'édit de Nanfes affaibtit
[E SIÈCLE DE IOUIS XIV. 35?

le rovaume et mécontenta lee puissances protestant'es; la ligue


d'Auâsbourg se forma; Guillaume d'Orange détrÔna Jscquea li'
roïàh"SijË.re;-ia Fiance eut à lutter cdntre l'Europe^entière.
4. Gueiro do ta tigue il'Augsbourg. I,.s tentativcs-fall'es pour
- défaites tle la Bo_yne.et de
relofiir Jacqu.ï II Eàtouerint pai les
iÀ HoÀoô: rûr te nnir. te maréthal de Duras brùla lc Palat_i_+at;
àn-ÈtÏraieliô miiecnhl de Lux"mbourg battit I'ennemi à !-leu-à
i[*. I Stôinkôrqie ui e llàr*ioaô; en lialie, Catinat triourpha
-SîàhiràJôîîli
nto.*ille. IlIais ia France'étaib épuisée, et le
roi ne voulait Das se trouver en guerre avec I'Espagne au mo-
inônî oU tt I il siffna le traité désàvantageux de
^àïioii-Cnà.iàà
-'ï"Éitîire
Ryswick.
ite la suooessiou d'Espagne. Les revers. - L'élévation
dtt ieune Philippe d'Aniou au trône d'Espagne provoqua une
uua[rième et p[Js formiilable lutte, la guerre de la su-c-cessron
ci'Espasne. Va-inqueurs à Luzzara et à Friedlingen' !e9 ltanqats
subiicËt les revefs terribles de Hocbsted[, de Turin, -d'Oudenarde
éiïô-ltaipiaquet. Lc roi implora la pail, qui Iui fut durcmenI
refusée aûx cbnfêrences dc Gertruydenberg.-
{. Les viotoires. tiaites rl'Utrecht. - I\lais les victoires de Vil-
laviciosa ct de Denain ràndirent lcs alliés plus traitah-les.; ils si-
;;èr;;t'ied tiài[os d:utrecht, de Rastadt et àe Bade qui laissaient
Ë la France son intégrité et ôtaient à I'Espagne ses .qnnexes
â'ttatie Ët aeJ niyi-uis. Louis XIV put mouiirln paix (r7lti)'
' nÉctr
1. Lres chambres de réunion. - Pendant les années
gui suivirent le traité de Nimègue, Louis XIV commit deux
fâutes gra.ves : il fit des conquêtes en pleine paix et il ré-
voqua, ttait ae Nantes. Sur le ôonseil de Louvois, il chargea
des chambres dites de rëuni,on dans les parlements de Metz,
de Brisach et de Besancon, de rechercher l'état des terres
dans l'étendue de leur luridiction, et de rendre des arrêts qui
enverraient le roi en pôssession des fiefs, domaines et terri-
toires dépendant dei trois évêchés, de I'Alsaee .et-de la
Franche-^Comté, qui lui appartenaient de droit, maisdont il
n'avait pas encore Ia jouiisance. Ces parlements lui adju-
gèrent pius de vingt viiles et de qua.tre-vingts liefs,.{}i ap-
fartenoient au roi de Suède, eu-roi d'Espagne et à
divers
'princes
allemonds : Ssrrebrùck, Lauterbourg, Deux-Ponts,
i{ontbélisrd et surtout Strasbourg devinrent ainsi des villus
françaises (1681).
Z. nevàcation de l'éd'it d'e Nantes ({685)' Ces
-
conquêtes, faites en pleine paix, soulevèrent I'Europe contre
lo France. La révocation dé l'édit de Nantes irrita les Etats
protestants en môme temps qu'elle enleva à la France une
partie de ses forces.
35t1 EIST0IRE DE rRÀNCE.
. Depuis lo paix d'Alais (r629), lesprotestantsneformaient
plus un parti politique; confondus aïec res autres t'rançais,
ils se livraient à I'industrie et au commerce &vec oo ,e,nu*-
quable succès. Richelieu, plein de respect pour la liberté de
conscience, leur avait tenu scrupuleusômeni lo parole donnée
à A-lois. Mazarin, suivant lo même voie, disait'd'eux : < Le
petit tr_oupeau broute de mauvaises herbés, mais il ne s,écarte
p&s. )) i\lais Louis xlv conçut de bonne heure le dessein de
r&mener la France à I'unité religieuse. Le nombre des calvi-
nistes diminuait, soit par les diic'ssions pacifiques, soit par
les faveurs que le gouvernemcnt accoràait airx convertis.
L'Eæpositi,on d,e Ia d,octrine catholtquede Bossuet ramena Tu_
renne au catholicisme (t669); pellisson, Lo Trémouille et
beau'coup d'autres suivirent i'ôremple du glorieux général.
ceux qui abjuraient étaient exempti d'impô"ts; ils reËevaient
des pensions sur les fonds d'une caisse rpéri"le, dont la di-
rection était confiée à Pellisson; les missionnaires prêchaient
dans toute.s les provinces, et obtenaient d'outani plus de
*c9è! qu'i.ls étaient soutenus par le zèle des intendants.
Il{ais les calvinistes qui ne cédaient pas furent traités ro*rn,
des.rebelles opiniâtres et endurcis : ôn démolit leurs temples
bâtis- depuis 15981 on les obligea de loger les dragon* ,Ëur-
gés de protéger les missionnaires. Les violences de àes soldats,
connues sous lenom de d_ragonnad,es, déterminèrent un grand
nombre de calvinistes français à quitter une patrie 6t itt
étaient traités en ennemis. L'édit âe révocation fut publié
le 22 octobre {685 : il interdisait I'exercice public du culte
protestant par tout le royoume, exccpté en Alsace, ordonnait
aux minis.!1cs de sortir de France, èt à tous les autres pro-
testants d'frester. ceux gui se réunirent dans lcs cévennes
pour célébrer leur culte proscrit furent punis de mort ou dé-
portés en Amérique.
. 3. Conséquencee de cet édit. L'émigration con-
- pe.ronnes allèrent
tinua sur toutcs les frontières, et cent mille
porter à l'étranger leur fortunc, leur intlusirie et leur haine
contre Louis XIV. Ls- Suisse, le Brandebourg, la llollande,
I'Angleterre reçurent les émigrés evec empresscment : Guil-
l-auge d'Orange en forma des régiments français; l'électeur
de Brnndebourg donn& aux fugitifs des terres à d'éfricher. et
nos soldats trouvèrent, en 1 806, des villages de prusse pôu-
plés d,'habitants qui portaient dcs noms -francais. Les pro-
testants qui ne purent ou n'osèrent quitter le-royaume, râ
IE SIÈCtE DE TOUIS NIY. 35É

pondirent à la persécution per la, révolte. L'ordre ne se réta'-


blit jamais dans les Cévennes, et, quelques annêes plus tard,t
ces montagnes furent le théâtre de Ia guerre des tazr,isarils :
il follut I'habileté militaireet politique du mnréchal de Villars
pour réiluire ces hommes exaspérés commandés par un chef
,
énergique, Jeon Cavalier.
,v 4. Formation de laligue d'Augsbourg (1686).
-
La nouvelle de la révocation ruina en Hollande le parti favo-
rable à la France et servit la passion belliqueuse de Guil-
laume d'Orange. Les princes voisins du Rhin redoutaient les
annexions ordonnées par les chambres de réunion, tous les
Allemands a{fectaient de oaindre une ambition sans suu-
pules. Guillaume n'eut pos de peine à former la ligue
d'Augsbourg, entre I'Empereur, les rois cl'Espagne et de
Suède, les électeurs de Branclebourg et de Bavière, les Etats
et villes libres de I'Allemegne presque tout entière. Les
membres de la ligue s'engogeaient à fournir des contingents
pour une armée de soixante-huit mille hommes maintenus
sur le pied de guerre, pourvus d'un trésor déposéà Francfort
et toujours prêts à marcher.
5. Guerre de la ligue d'Augebourg (1688-t697).
La guerre, à peu près inévitable dès 1686, éclata"en t 688t
-
à l'époque de io révolution d'Angleteme. Penilant les règnes
ile Charles II et de son frère Jacques II ({660-1ô68), I'An-
gleterre, dont Louis XIV pensionnait les rois, n'avait pu être
ennemie de la France. A partir de 1688, elle se mit à ln tête
ile toutes les coalitions. Jacques II, ehassé par son gendre
Guillaume d'Orange, tr.luva en France un asile, et Guillaume,
I'irréconciliable ennemi de Louis XIV, devint le chef de tous
les princes que I'orgueil du grand roi humiliait, ou que ses
envahissements effrayaient. Louis voulut frapper la tète
même de la coalition en renversont Guillaume : il donna
à Jacques II une flotte et une armée pour débarquer en
Irlande. Mais il s'etlarda su siège de Londonderry, fut
battu à La Boyne et revint en France; Io bataille navale de
La Hogue, perdue par Tourville contre des forces deux fois
supérieures (1692), acheva de ruiner les espérances du roi de
ce côté.
6. Catinat et Luxembourg. - Sur le Rhin, le ma-
réchal de Duras brûla le Palatinat. En Italie et aux Pays-Das,
les armées francoises prirent I'ofensive. En ltalie, Catinat,
que seË soldats appelaient le gtère la Pensëe, brttit Victor-
:;:ij. . ./

360 E1STOIRE DE FRÀNCE.


Amédée, duc de Savoie, à Sto{farde et à Ls l\[arsaille; &ur
Pays-Bas, Luxembourg battit le prince de Waldeck à Fleu-
ruj, prit Mons et Namur sous les yeux de Guillaume, le vain-
quii ôncore à Steinherque et à Nerwinden, el mérita le nom
de Topfssier d,e Notre-iame par la quantité de drapeaux qu'il
envoyaàPoris. . /
?."Traité de Ryswick. - Cependant Louis XIV vain-/
queur désirait la paix, perce qu'il voulait s'assurer la sud---r
cession d'Espagne : elle fut signée à Ryswick, château situé
en Hollande, près de La Haye (1697). Le roi rec-onnaissait
Guillaume III pour roi d'Angleterre, accordait aux Hollandais
le droit de tenir garnison dans une barri,ëre de places fortes
aur Pays-Bts espùgnols, et rendait ses dernières conquêtes,
exceptâ Strasbourg. Le duc de Lorraine, dépossédé depuis
t 634, recouvrait son Etat.
\\ 8.'successior d.'Espagne (t?00). - tharles II, roi
d'Erpugne, allait mourir sans héritier, cinq prétendants se
dispùtùenî sa *uecession : le Dauphin- de France, fils de
Morie-tngrèse, sæur oînée de Charles lI; - le prince élec-
toral de Bavière, f,'erdinend-Joseph, petit-fils pe-r st mère de
I'infante Marguerite-Thérèse, sæur cedette de Charles II; -
Louis XlV, fils d,lAnne d'Autriche' sceur aînée de Philippe IV:
Léopold I", tls de Marie-Anne' sæur cadette de Phi-
- IV; Victor-Amédée, duc de Savoie, descendant de
lippe
-
Càiherine, sæur de Philippe III. Après beaucoup de per-
-institua
plexités, Ie roi d'Espagne son héritier universel le
duc Philippe d'Anjou, second lils du Dauphin, et mourut
quelques joors après avoir sign-é-son testament. Après .trois
;'ours ae âOtilOrations, LouisXIV fit connaître
se décision à
ion petit-fils, en présence de I'ambassadeur d'Espagne, avec
eette grandeur calme qui lui était naturelle : t< Monsieur, le
roi dtspagne vous a-fait roi. Les grands vous demandent,
les peupieJvous souhaitent, et- qr.i j'y consens' songez seu-
lement-que vous êtes prince de France. p Il le présenta-,en-
suite à in cou., en diiant : < Messieurs, voici le roi -4'Et-
pugn.. > La tradition lui a attribué ce mot fsmeux : a Il n'y
i j'fou de Pyrénôes. > Les Espagnols occueillirent Philippe V
coinme le sâuveur de leur monarchie; mais I'Europe apprit
avec oainte et défiance cet événcment inattendu. Au lieu de
la rassurer, Louis XIV se plut à la bravcr : il confirma à
Philippe V ses droits éventuels à la couronne de France,
malgrô la clause expresËe du testament de Charles II; il
[E SlÈCtE DE toUI$ XtV. 361

chassa les garnisons hollondaises des plaees de lû barrière.


malgré les conventions de Ryswick; enlin il reconnut le fils
d/îcques II comme roi ct'Angleterre, malgré Il paroled{:n-
,-dée à Guillaume en {69?*
/ 9. Coalition générale.
- L'Europe se leva furieuse
et implacabte. Elle formo la grande ligue d'e La lIaye ({ 70 | ),
î
\ entre l'Empereur, I'Angleterre, Ia Hollande,le Danemark, la
- Suède, l'électeur palatin, l'ôlecteur de llanovre, et l'électeur
de Brandebourg, à qui I'Empereur accorda le titre de roi de
Prusse. Guillaume, I'instiguteur de la guerre, n'en vit pas
les premiers combats ;.il mourut en { 702. I\[ais il léguait ses
projets, son génie politique et sa haine contre la France aux
triumairs, Heinsius, grand pensionnaire de Hollanrle, Eugène
de Savoie, général en chef des troupes impériales, et John
Llhurchill, duc de Marlborough, qui dirigea, sous le règne
de lo rcine .r\nne, lr cour, le parlement et les armées de
I'Anglctcrre.
10. Etat de la France au commencement du
dix-huitième siècle. - Il étoit peu probable quo la
France pril sortir à son honneur d'une lutte entreprisecontrc
tant d'gnnemis. Ses alliés, les électeurs de Bavière et tle Co-
logne, étaicnt sans forccs, le duc de Savoie la trahissait, Ie
roi de Portugal allait ouvrir la péninsule aux coalisés; I'Es-
.pagne môme, encôre meurtrie des coups que lui avait portés
Louis XIV, n'élait < qu'un corps sans âme, que la France
devait alimenter et nounir à ses dépens >. Cette France
même avait perdu l'énergie et I'aotivité des premiers temps.
Le roi, isolé au milieu des générations nouvelles, réduit à
remplacer Colbert et Louvois par Chamillart I Turenne,
Condé, Luxembourg par l\[arsin, Tallard et Villeroy; voulant
tout faire et se laissant diriger par 1\{'o de l\Iaintenon, était
arrivé au déclin de sa fortune etau commencement de grands
reyers. a La terre de France ne produisait plus. Louis XIV
pcsait sur elle; il étoulfait ses germes, qui n'ont jamais be-
soin que d'un peu de mouvement pour lever, et de I'air de la
liberté potrr grandirr. >
ll. Guerre de Ia eucceggion d'Espagne. - Dc
l?0t à ,,70&r la France, seule contre tous, soutintvictorieu-
sement la lutte. Boufflers se maintint aux Pays-Bas devont
Marlborough; en ltalie, Villeroy, défait à Chiari, fut fait pri-

1. Mignet.
EI$T. DB fR. C. COIPIt l6
''*o-
362 alsrolnn DE FnÀNcE.
sonnier dsns Crémone ptr lo prince Eugène; mais le duc de
Vendôme, son successeur, battit les Impériaux à Luzz&rt1
et conquit.le Piémont presque tout entier. Sur le Rhin, Vil-
lars, vainqueur ù friedlingen, fut proclamé maréchal de
France par ses soldats sur le chnmp de bataille ({702); il
passa en Bavière, remporta une seconde victoireà Hochstedt,
et menaga les Etats autrichiens. Mais le Portugal signa avee
I'Angleterre le traité de Methuen et remit son territoire
à I'archiduc Charles, concurrent de Philippe V; la Sa-
voie I'imita, malgré les liens de famille de Victor-Amédée
avec la maison de France; entn Villars fut rappelô d'Alle-
t magne pour combattre les Camisards dans les CÔvennes.
* tg. $.evers des Frahçais ({704-1709). - Alors
commencèrent les grands revers. Les maréchaux de Tallard
et de Marsin perdirent en Bavière la désastreuse bataille
d'Hochstedt (t?04), qui refoula les Françnis jusqu'en Alsacc'
Villeroy fut défait à Ramillies per Marlborough, I\{arsin à
Turin par Eugène (t?06) : l'Italieet Io t'landrc furent per-
dues comme l'Âllemagne. En Espagne, les Anglais prirent
Gibraltar (1704), et, deux ans après, I'archiduc Chs,rles entra
dans Madrid. La victoire du maréchalde Berwick, à Al-
manz&, I'o{fensive hardie prise par Villars dans le Pala-
tinat (1707), ne furent pour la France qu'un court répit. La
déroutc cl'Oudenarde (t708) fut suivie du terrible hiver
de {709.
13. Misère du royaume ({?09). - Le mois de no-
vembre t708 avait été tiède comme le printemps; les arbres
étaient en sève, la plupart portaient des bourgeons et quel-
ques-uns même des fleurs, lorsque, la vcille de I'Bpiphanie,
la ncige tomba en abondance. Le froid dura pendant quinze
jours, puis survinrent des pluies torreniielles qui fondirent
les neiges et inondèrent les campagnes. L'hiver scmblait
tcrminé; mais, à quelques jours d'intervalle,le vent du nord
souffla de nouveau, et le froid repri[ penilant six semaines
tvec une rigueur inconnue dans nosclimats. II brùla les blés,
Iit périr les oliviers, les vignes,. les arbres fruitiers et jus-
qu'aux chênes des forèts. A Paris, il fallait faire rentrer les
factionnaires, qui mouraient de froid pendant la nuit. Les
pauvres s'entassaient dans les hôpitaux; mais on les
e.rpulsa, faute de place, et, désormais sans asile, ils er-
raient par troupes dans les rues ; trente mille succom-
\ bèreut.- ____,_,-_-41
. '. .-1
rl,
;.|

ir:

[E StECtE DE L0UIS X.tV.


14. Nègociations.
- Le cri : Drr pain etlo paix tétait
général en France. Le roi crut de son tlevoir de l'écouter, et
ilenvoya un ambassadeur à. La Haye. Les confédérés demen-
dèrent : pour I'Autriche, la couronne d'Espagne; pourl'An-
gleterue, I'expulsion de Jacques Stuort, la démolition de
Dunkerque; popr la Hollande, la cession d'une banière de
plryes fortes dans lesquelles seraient comprises celles do
Lille, lïlenin, Ypres, Furnes, Condé et lfaubeuge; pour le
duc de Savoie, la cession du territoire frangais qutil occupait.
Louis accepto ces conditions si dures. l\{uis lleiÀsius, Etrgène
et l\[arlborough ne voulurent p&s s'encontcntcr. Ils cxigèrent
la cession de Strasbourg, deBrisach et de Landau àl'Empire,
et la coopéTation d'une armôe frangaise qui aiderait t dé-
!1ôn_er
Philippe V. < Je suis Français autant que roi, répon-
dit Louis XjV, et ce qui ternit la gloire de la nation ô'est
plus sensible-que tout intérêt. )) Il rappela son ambassadeur,
et, par une lettre noble et touchante, il rendit son peuple
juge de sa conduite.
15. Bataille de Malplaquet ({209). Une foule de
paysans et de pauvres gentilshommes, chassés - de leurs mai-
sons p€,r Ia famine, coururent aux armées ; le contrôleur gé-
néral Desmarets, ruinant la France pour lo sauver, se pro-
cura 220 millions; Viltars eut en Flandre une armée decent
nrille hommes. L'armée ennemie, forte de cent vingt mille
vieux soldats, mcnacait Mons. Villars s'étrrblit à Malplaquet
drns une forte position, couvert par des retranchem-ents et
dcs abotis d'arbres. Quand Eugène et Marlborough atta-
quèrenl, les Français, qui manquaient de pain depuis deux
jours, recevaient une distribution de vivres; au bruit du
canon, ils jetèrent leur puin et coururent au combat. Villars
à gauche, Boufllers à droite, soutinrent d'abord I'elfort de
I'ennemi. Mais Villars tomba grièvement blessé, la gauche
plio, Boufllers dégarnit le centre pour la soutenir, Eugène
emporta leq retranchements et coupa en deux I'armée fran-
çaise. Boufllers se retira en bon ordre, Iaissant un champ de
batoille couvert de vingt-huit mille morts, dont vingt mitte
ennemis. Telle fut cette triornphante défaite de Malplaquet ;
elle montre que la France ftisait de la gueme une affaire
d'honneur. Les exigenqes des triumvirs augmentèrent avec
leurs succès. Aux conférences de Gertruydenberg, ils deman-
dèrent que le roi renoncât à I'Alsace, qu'il restituôt les con-
quêtes faites aux Pays-Bas depuis t0b9, qu'il détrônât lui-
36T EISTOIRE DE tr.RANTE.
mâme et tout seul son petit-Iils. Louis, courbont lo tête sous
tant de coups, ofrit la cession de I'Alsace et un subside d'un
million par mois pour aider les alliés à expulser Philippe V;
ces conce$sions si dures furent rejetées par les ennemis (l7l0).
Mais alors ls fortune semble se lasser de moltraiter la
Franee.
16. Bataille de Denain (1712). - Le duc de Ven-
dôme, envoyé en Espagne, détruisit à Villaviciosa I'armée
de I'archiduo, et fit coucher Philippe V sur un lit de dra-

Bataille de Dcoain.

peaux ({?{0). L'Anglcterre, qui ne uaignaitplus Louis XlV,


signa avec iui les préliminaires de Londres et retira ses
troupes de la coalition. Alors Villars alla attaquer Eugène,
campé de l\{archiennes à Landreeies. Ii perga les lignes des
Impériaux à Denain, sous les yeux d'Eugène, qui poussait
des cris de rage, enleva 1\{archiennes, prit deux cents c&nons
et tous les magasins ({7{2). En recevant Ia dripèche du ma-
réchal, le roi parut à cheval dans les rues de Paris, uiant :
< Mes enfants, victoire, victoire I la paix ! u Il envoya eussi-
tôt I'ordre de conclure les traités.
17. Traités d'Utrecht, de Rastadt et de Bade. -
Le ll. avril {?13, Louis XIV signa cinq traités avec I'Angle-
terre, la [Iotlandc, la Prusse, la Savoie et le Portugal. L'Em-
pereur continua la guerre ; mais Villars prit au prince
Eugène Spirc, \\rorms, Landau ct Fribourg, et I'Empersur
cnnscntit à signm le traité de Rastudt (t.7r+)t et les princcs
ûB SIÈCLE DE [0UI8 IIY. 3tt5

de I'Empire celui de Bade. L'Espagne perdit les Pays-Bas, le


royaumô de Naples, les ports de la Toscane, le duché de
Milan et la Sardaigne, cédés à I'Empereur; la Sicile fut donnée
au duc de sovoie, avec le titre dc roi. Les llollandais obtin-
rent la fameuse barrière qu'ils avaient si ardemment t'echer-
chée. Les Anglais acquirent'Gihraltar et l\linorque de I'Es-

Louis XIV.

ptrgne, ct ils obtinrcnt de la Francc Ia baic d'l'Iudson,


Î'Acadie, Terre-Neuve, la dcstruct.ion du port, de Dunkerque,
la reconnaissrrnce de la succcssion protcstlnte ef Ie renvoi du
prétendant.
18. Mort d.e l-,ouis XIV ({7{tt). - Les tnaux de lo
guerrc n'avaient pas seuls affligé les dernières années de
Louis XIV : il avaitvu mourir en l7l|. son tils unique, le
grand dauphin, élève de Bossuct, et en t?12 I'aTné de ses
fetits-Iils,-le duc de Bourgognc, élève rle Fénelon. Lui-même
366 HISTOIRE DE FNANCE.
tomba malade, après !a ûn de la guerre, et vit venir la mort
sans la craindre. Comme il luttait contre les douleurs de
I'agonie, il dit à 1q'" d. Maintenon : s J'avais cru plus diffi-
cile de mourir. > Entendant les snnglots de ses serviteurs :
< Pourquoi pleurez-vous, dit-il, m'B,vez-yous cru immortel? l
et il bénit son arrière-petit-fi1s, lc duc d'Anjou, âgé de cinq
ans, et lui dit en I'embrassant : < l\{on enfant, lous allez
être bientôt roi d'un grond royeume. Tâchez de conserver la
paix avec vos voisins. J'ai trop aimé la guerrel ne m'imitez
prs en cela. Soulagez vos peuples le plus tôt que vous le
pourrez, et faites ce que j'ai eu le malheur de ne pouvoir
faire moi-même. > Le duc d'Orléans, régent de France, Iit
graver cette touchantc lccon au chevet du lit de Louis XV,
qui I'oublia.
Louis XIV mourut le 1.". septembre l?t5; il avait régné
soixante-douze ons. Quand lo nouvelle de sa Iin orrivà à
Vienne, l'empereur Charles VI I'annonc& par ces seuls mots :
<t l\fessieurs, Ie roî est mort. r Tout le monde comprit quel
é!ait- ce roi, tant Louis XIV avait donné au monde I'image
idéale de la royauté I

IBCTURE.
- touis XIV et Villars.
L'année l712 commgnça sous l.es. auspices les plus fâcheur : le père,
la mère, un enfant, enlevès en huit jours'par une icrugeole très malïsne.
et enfermés dans le même cercueil. Le duc d'Aniou*(Louis XV) ne"fuÉ
sauvé que parce qu'on lui fit moins de remèdc âu'aùx autres.' Lc roi
supporta ses. malhenrs_avec.un courage héroïque, ilonnant lui-même les
ordies et Léglant.le cérémo.nial, qui, dans Ics iours et surtout en France.,
est une--affaire d'litat; mais, la irremière fois que j'eus I'honneur de ld
voir à Marty après ces fâcheux événenterrts, la'fermeté du monarque fit
pllcg. à la sensibilité de I'honrme : il laissa écbapper des larmes,'et me
dit d'un ton pénétré qui m'attcndrit: r Vous voi'ez mon état. mdnsieur
,r le maréchal ; il y a peu d'exemples de ce qui rn'arrive. et oue I'on
,) perde dans la même semaine sori petit-fi1s, sà petite-bellô-nlle et leur
rr lils, tous de très grande espéranie et très tcirdrement aimés. Dieu
u me purtit : je I'ai bien mérité. J'en soulTrirai moins dans I'autre
D monde. I}fais suspendons mes douleurs sur les malheurs domestiques,
' ef faire pour.prévenir ceux du rc)yaume.
,u:{o^ll^r_e^gnt_ q-egf ;e
)) LA Conttance que I al en vOuS est biCn marquée, puis0ue.ie vOus
,, remets les forees et le salut de l'Htlt. Je connrls votie zôie ei la va-
r I^e.gJ de,mes troupes; mais-enfin.la fortune peut vous ètre contrairc.
arrivait ce malhcur à I'armée que vous commandez. quel serait
's'il
votre sentiment sur.le parti. que j'aurais à prendre pôui ma per-
')
,r s0nnê? 'r A une question âussigravt! et aussi iôportantd. je demeirrai
qrrelque_s moments rlans le silenee; sur quoi le roi reprit ii parole, et
dit: ,, Je ne_suis pas étonné que vous nti répondiez pàs bien'prompte-
D ment ; mais, en attendant quc vous me disiez votie penséc-, je .ious
[E SIÈCLE DE TOUIS XIV. 367
u appréndrai la mienne. lfaiesté, répondis-je, me soulagerl
- Votre
u bèàucoun. La matière mérite de la delibération, et il n'est pas éton-
r traot qud.l'on demande permission d'v rêver. Hé bient-reprit le
D r0r, volcr ce que .1e pensè; vous me direz après- cela wtre sentiment.
sais les iaisônnemenis des courtisans;'plesque tous veulent que
" Je
,r je me retire à Blois, et que je n'attende'fas qïe I'armée ennemie
r s'aDproche de Paris: cc oui serail possible si la ntienne était battue.
u I'oiri mo.i, je sais qûc de's armées a'ussi considérables,ne sont jamais
)) assez vaincues rlour oue la nlus grande nartie de la micnne ne pirt se
retirer sur la Sômme. Je connaiicette rivière : elle est très diftÏcite â
')
)) nasser: il v a des nlaces ou'on Deut rendre bonnes. Je compterais
u âller à'Pér"onne ou â SainrQuentin y ramasser tout ce que j'auiaisde
> tronpes, faire un dernier effort avec vous, et péLir ensenible ou sauver
> I'Eta't: ear ie ne consentirai iamais à laisier a0nrochcr l'enncmi de ma
n capitaie. V,jila conrmcnt je raisonnc: ditcs-mni'çit'ésententent votre avis.
u '- Cerlainement, répôrrdis-ie, Votle illa jesté m'a bien soulagé; car
un bon scrvi[cur a qu'elque feine à conseiller au p]us grald roi du
")) munde dc venir e.xposer sa personne. Cependant j'avone, sire, que,
r conuaisst,rnl, I'arrieur de Vutre )lrresté noui lr sluire et avant dtiià été
a dépusitaire de scs résoiutions hcioïqLris rJans ies rnumnnts moiËs cri-
> lirrltes, i'aurais rrris le narti de lui dire que les partis lcs ttlu.s glorieux
, soirt auisisouveït les lrlus saEes, et que ie n'cn vois Das rle pli:" nublc
)) n0ur un r0i. aussigrand homùrc ôue irarid rui, que cèlui autiuel Votre
n 'ItIaiesté cst disn..rfée : mais i'esnOre- que Dieir^nous fera la grâce de
n n'aioir pas à ciaintlre de teiies'cxtréinites, et qu'il bénira-enfin la
> iustice. la piété e[ lcs autres verlrrs qui rèsnent dans vos actions. r
Saïs doute cri qui faisaiI prendre d'avrncc ariroi cette résulution pour
ainsi dire désespérée, c'était I'incertitude du succès des négociations
entamécs au congrès d'Utrecht. Vrlu,ns, Illémoiîes,

EXERCICES ORAUX ET ICNITS

l. Erplioation des nots. Fleurus, près de Charleroi. - Stein-


kerqtte, source de la Senne.- Nerwinden, sur la rive droite de la
petiie Geete. - gauche Iflarsaille, prës
tle Pigrrerol. - StalTarde, rive du Pô.
- LaIlollarrde
Rystiick, Érès dricanal de la Haye, rnéridio-
-
nale.-- Carpi, sùr le Pô.'- Friedlingen, rive droÏtedu llhin, en faee
d'Hrrningue. Ilochsterll. sur le Danube, Ramillies, Brabant, revers
septentrional- des collines de Belgique. -
Cassano, Âdda. Les liylnes
dd Stolhofen, rive droite du Rhiir, entre - Strasbourg et -Fort-Variban.
Oudenarde. Escaut. Almanza. revers oriental des montagnes
-d'Albacète. Gertnnldenberg, - sur l'e Bies-Boch, au nord de Brédl.
-
Itlalplaqzef, Ilainaut, près de IIIons.
-la Sierra llinistra. Denain, Escaut. - Yillauicio,lo, au pied de
2. 0uestionnaire. - Qu'appelle-t-on chambre de réunion? - Quelles
fnrent les principales- villes'réunies? Exposez la condition des pro-
teslants frdncais'après la paix d'Àlais. - Quêlles étaient les dispositions
-
de Louis XIV à leur égard? * Qu'appelle-t-on dragonnades? Quelle
'est la date de la révocation de l'édi[ de Nartlcs? - consé-
E.rposez les
quences de cette ûresure. -
Quels furent les Btats qui formèrent la
ligue d'Augsbourg? En -quoi cette ligue était-elle dangereuse Jrcrur la
-
I'iance? -J Quelies frrrent'les conséqirerrces dc l'avènernent dè tuil-
laume III? Racontez les tentatives de Louis XIY pourrétablirJacques Il.
-
3ô8 EISTOIRE DE TRÀNCE.
Quelles furent les victoires de Catinat?
-furent - de Luxembourg ?
- Quelles
les conditions du traité de Rvswick? - Pourcuoi Louis XIV si-
gna-t-ilce traité? Quel était alors le roid'Espagne'f Quels étaient
- -
lesernq prétendants à sa succession?- Quel fut le choix deCharles Il?
comment Louis XIV accepta le testament de Charles II.
-ParRacontez
quels ac[es mécontenta-t-il I'Europe? Quels furent les membres
-
* de la ligue de La Haye? Quels sont les -triumvirs? Exposez l'état
de la France vers ll0l. - Quels sont les premiers laits - d-e la guerre
&
'É de la succession d'Bspagne? - Quels sont ltis deux Elats qui abfndon-
{ nèrent la France? - subirent les Français de []û4
:
à 1708? - QuelsIa désastres
Faites connaitre misère du royaume dans I'hiver de 1109.
- lurent les propositions de paix fàites par le roi? Que ré-
- Quellesles
clantèrent alliés? Racontez la bataille de Malplaquet. - Que se
-
passa-t-il aux conférences de Gertruydenberg? -
Quellé victoire gagna
Vcndôme? la bataille dè Denain-. - Esnosez les condltiùns
- Racontez
du traité d'tltrecht, de Rastadt et de Dade. - queiles sont les pertes
domestiqucs que Iit alors Louis XIV? -
- Racontez ses derniers moràents.
Quelles recornmandations lit-i) à Louis XV? - Combien de temps
-avait duré son règne? Donncz-en les principale; dates.
3. Ilevoirs à rédiger.- les conséquences de la rér'ocation
de l'édit de Nanlcs. - Exposer
Erposer les eauses, les principaux événemenls
de la guerre -
de la succession d'Espagne. Iitat de la France en tlt5.
-

IV
T.OUIS XIV. LES LEîTRES & LES ARTS
rEç0N

l. Le sièole de l,ouis XIV. Le siècle de Louis XIV est une des


-
quatre grandes époques littéraires de I'humanité, après les siècles
rie Périélès, d'ÀuguËte, de Lôon X.
!. Dériorle ilo Eichelieu. Descartes, Pascal et Corneille illus-
-
trèrent los ministères de Richelieu et de I\'Iirzarin.
3. Période de Louis XIV. Sous Louis XIV, Slolière colnposa,
-
ses comédies, La Fontaine ses fables, Racine'ses tlagét-lies,
-Boi-
leau ses satires, ses épîlres et son Art poéti.que. Parrni les écri-
vains en prose, les plirs grands furent'Bossûet, à la fois histo-
rien, oral,eur et théok-rgien; Fénelon, I'harmonieux auteur dc
Tëlémaaue: La Bruyère. La Rochcfoucauld et Saint-Simon.
4. teÉ scienoes. Les sciences ûrent dc notables progrès avec
-
Dcscartes, Pascal, Képler, Galilée et Lcibnizl les deux lreuriers
étaient ['rancais.
6. Les arts. La peinture fut illustrée par Lcsueur, Poussin,
Clautle Lorrain,- Phiiippe de Champagne,-Nignartl ef Lebrun,
la sculpture pai PugeiiGirardon, eofscvox e-t lcs frères Cous-
tou ; I'architecl,ule par Debrosse, Leûrercier, I\IansartJ, Perrault
et Le Nôtre.
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"rtltf

E SIÈCLE DE TOUIS X'IV. 309

RÉCI1

1. Lres Lettree evant llouis XIV : Descartest


pascal et corneille.
- Louis xlv
a mérité de donner
*or, ttom à son sïècle, etr sous son règne, Ie France a acquis
nor la cloire des lettres une renommée plus durobie et plus
^pu.u
qie par l'éclat de ses victoires.
' Dans la première partie du dix-septième siècle, avant le
ministère rie Colberf trois grands liommes dominèrent les
autres : ce sont Descartes, Pascal et Corneille. Descaltes
({596-f 650) ût la guerre au sccpticisme ou incrédulité en
matière de philosopttie. A I'frge dé seize ans, il sentit le- vide
des études icolastiques, rcnonç'c aux livres,.éttrtlir les hom-
mes, puis s'enferma loin
du monde pour se livrer
à ses médilations. Il ré-
solut de ne rien admettre
qui ne fùt évident, dc
diviser les difficultés Po ur
les vaincre, d'allcr tou-
jours du sirnple au com-
posé, de fairc en toute-s
choses des dénornbre-
ments enliers. A I'aicii:
de cette rnéthode Philo-
sophiclue, il actlr-rit Ia cer-
titude de son existenccr'
de cclle de Dieu et dir
monde extérieur; Puis il
donno les princiPes de
la psychologie ou étude
de l'àme. ll émivif eir français son Disoours
de Ia mt:tlnde
({
t- 637).
PaJcul (1623-t6C,2) mit dans ses æuvres iout
son cceur'
il parut avec une intelligence et une
fU"fuàe dds son enfance,
;;;i;iù â;esp.it ellrayanles, -et ne tarda pas,I n:*?.d-l*^lottt
aurr* f*. Iuties religifuses' Dans son liv'e des
Prouirtckùes'
ifîtuqou avec vigieur les doctrines rics jésuites (lô5ô)' Le
les scep-'
livre des Pensees, par lequel
-unbnntiles il voulait convainffe
iioo.* oprès uuoi, faux moralistes, ne put être
;;Ë;;:'Tti'qJit *st, ce monument innchevé est un des
plus remarquables de notre lnngue'
l6'

t
370 RISTOIRE DE FRANCE.
Corneille (f 60ô-f 685) cst < le créeteur d'un pethétique
nouve&u, inconnu à I'antiquité et à tous les modernes evant
lui : il dédaigne de parler oux passions naturelles et subal-
ternes. Il s'adresse à une partie tout autrement élevée de Ia

nature humaine, à la passion la plus noble, la plus voisine


de la vertu, I'admilation, ct de I'aclmiration portée à son
comble il tire les elfets les plus puissants' . t Le Cid,, IIorace,
Cinna, Polyeuûe sont dans la mémoire de tous les f"ranqais
- savent goùter les beautés littéraires.
----qui - 2. Lres poètes. Ces trois grands hommes sont ad-
-
mirables par la hardiesse de leur pensée et par Ia vigueur de
Ieur style. Leurs successeurs eurent un gorlt plus pur et un
langage plus constamment élégant.
Molière (1,622-t 673), le plus grand de nos poètes comi-
ques, a gravé'dans Iu mémoire des hommes un certain
nombre de travers et de vices qui s'appelleront à jamais I'A-
. t)are,le MaIarIe tmaginai,re, les Femmes savantes, le Tartufe,
Don |uan, le Misanthrope.

1. Cousiq.
tE. SIÈCIE DB LOUIS XIV, 37I
Aucun fabuliste n'approche de notre La Fontaine (1621-
t695). Il compose ses personneges et les met en scène avec
I'habileté de l\[olière; il sait mêler I'rde à la fable; il està lo
fois le plus naif et le plus
rafliné des écrivains, et son
art échappe dans sa perfec-
tion même.
Rncine (1639-l 699) don-
na à ses personneges dcs
passions moins grandes,
mais plus pathétiques que
cclles des héros de Cor-
neille. Il n'était pas né pour'
pcindrc les hôros, mais il
peint admirablement
I'lromme &Yec ses passions
naturelles. Dans ses tragé-
dies d'Ânt/rcmilque I de .Bri-
tunni.cus,, de Phetlre, d'Es-
tlrcr ct d'Atltalte. ii est,
original môrne en imitant, il laisse les anciens bien loin
dcrrière lui et il égale le souffle puisslnt des émivains bi-
blia ucs.
Boileau (163ô-17{l) mérite d'être mis à Ia suite de ces
grnnds hommes. Il leur fraye la voie par ses Safires contre
les mauvais poètes et les sou-
tient contre leurs ennemis et
contre eux-mèmes par la rai-
son toujours sensée qui ani-
me ses Epltres et son Art
poëtique .
3. Les prosateurs. -
Le premier nom que I'on ren-
contre et le plus grand est
celui dc Bossuet (l 627 -l'7 0 L),
ù Ia fois historien, orateur,
théologien, dans son Dt"scours
sur I'listoire uniuerselle, ses
?raisotts funëbres et ses Ser- Ra'rino.
monst son lJfsfoire des aaria-
tions des églises protestantes et vingt autres écrits.
Fénelon (165t-{715), son disciple et plus tard son rival,
372 gISIOINB DE trRANCE.

est admifeble par l'élégante comection et I'harmonie de ses


ouvrages iles Faôles,les Di,al,ogues, le TéIémaque.
La Bruyère (ttrrt*-1096) a jugé ses contemporains et I'hu-
manité tout entière dans ses
Caractëres.
La Rochefoucauld ({ 613-
f 680) les avait calomniés
dans ses Maætmes.
Saint-Simon ({ 676-1 755),
le grand seigneur historien, a
écrit, dans un stylc incorrecl
et magnifique, ses volumi-
neux ilfenozi"cs, histoire pas-
sionnéc de Louis XIV ct de
son tcmps, réquisitoire contre
Bossuet.
tout le mondc excepté lcs ducs

4. r,es savants. Le ijr|gi,i'u.s sciences dare du


-
dix-septième siùclc. Préparé par les découvertes de copernic r,
secondé par I'npplication sérieuse de la méthodc exnérimen-
tale qu'a'ait donnée lc chancelicr Bacone, il fit di grands
pos evec Descartes, Pascal, Képler, Galiléc, Ncrvlon ct
Lcibniz.
Descartes inventu en algèbre la notation des puissances
par les exposants nurnériques, et trouva en physique la loi
de la réfraction.
Pascal créa le calcul des probabilités, démontra la pesan-
teur de.l'air par son expérience sur le puy-de-Dôme,,i i**_
gina, dit-on, la presse hydraulique.
Képler découvrit les lois qui règlent le mouvement dcs
planètes, Ia rotation du soleil sur lui-mème et la loi de I'at-
tlaction.
Galùlée développa la théorie énoncée par copernic sur le
mouvement de la terre I il découvrit lcs lbis de la pesanteur,
le pendule et le compas de proportion.
Newton trouva le calcul inlinitésimal, la décomposition de
la lumière, les lois principales de I'optique, et su-rtout la loi
admirable de la gravitation universeilc.
Enfin le génie universel de Letbniz écrivit sur la théologie,

. 1. savant polonais, lé à Thorn, démontra au seizièore sièclo que


tourne autour du soleil.
lr terre
?. Chancelier d'Elisabel,h, reiue d'Angletene.
I,E SIÈCLE DE TOUIS XIV. T73
les mathématiques, I'histoire, des ouvrages qui sont restés
des chefs-d'ceuvre.
5. Les peintres. - La France du dix-septièine siècle
a produit des artistes qu'elle peut mettre àcôté de ses poètes,
de ses philosophes et de ses orateurs.
Lesueur (l()1,7-1,655) naquit à Paris. Pauvre et humble,
il passa sa vie dans les églises et les couvents où il travailloit.
Il mourut à trente-huit ans, dans ce cloître des Chartreur
que son pinceau a immortalisé. Dans toutes ses Guvres , saint
Bruno, sahtt PauI, Vtsion de satnt Benoit,les Muses, on trouve
I'inspiration la plus pure du christianisme.
Le Poussin (1594-{665) est le peintre de la pensée. C'cst
Ie philosophe de Ia pcinture. Il suflit de roppeler les Sept
Sacrentents, le Diluge, l'Arcadie, lu Vértte, le Testament
rl,'Eud&mi,das, Ic nullet de la uie lnnnaine.
Olaude Gelée, dit le Lorrain, est le plus grand des paysa-
gistes I'rançaisl c'est le peintre de la lumière.
Philippe de Champagne, inférigur aux préeédents, est
cependont de leur famille. Ses portraits sont autant de mo-
numents où vivront à jomais ses plus illustres contemporains:
Saint-Cyran, Richelieu, Arnauld.
L'école francaise compte encore des peintres de grand mô-
rite : I\{ignald, si admiré de son temps; Jouvenet, le Bour-
guignon, enfin Lebrun, le véritable peintre du grand roi par
Ia richesse et, lu dignité de sa manière.
6. Les sculpteurs et les architectes. - La sculp-
ture changea de caractère au dix-septième siècle, ainsi que
tout le reste : elle n'eut plus le même agrément, mais elle
trouva une inspiration élevée qui avait manqué aux habiles
maîtres de la Renaissance.
Puget, I'auteur de Milon ile Crotone, d'And,romëde, d'A-
leæanil,re et Di,agëne, eut la hardiesse et l'énergie de 1\{ichel-
Ange; Girardon composa les Baz'rzs il,'Aytollon, les muusolé,es
de Louvois et de Richelieul Coysevr'x, ses Cireuauæ ail,és;
Nicolas Coustou, les statues allégoriques de la Seine et lu
Murne; Guillaume Coustou, son frère, les Clr,euauæ indomptés
des Champs-Elysées.
L'architecture fut simple, austère et, noble.
Debrosse construisit le palais du Luxembourg et le portail
de Saint-Gervais; Lemercier bâtit le Sorbonne et le Palais-
Cardinal (Palois-Royal) ; Jules-Hardouin Mansard fut, chargé
de gigantesques ouvr&ges : les chûteaux de Versailles, de
374 EISTOINE DE FRÀNCE.
I\[arly, du grand Trianon, le dôme des Invalides, la plaee
des Victoires et Ia place Vendôme; Claude Perrault fut I'ou-
teur de la colonnade du Louvre; enlin Le Nôtre embellit les
villes et les résidences royales par de magnilïr1ues jardins.

La colonoade du Llruyre,

Tous ces grands hommes, poètes, prosateurs, sâ.vants,


artistes, étaient morts, lorsque le roi acheva tristement, au
milieu des splendeurs silencieuses de Versailles, un règne
qu'ils avaient si longtemps embelli.

LECTURE.
- Louis XIV et sa cour.
Sa.
,beauté,personne semblait faite pour son rôle : sa taille, son port, sa
et sa grande mine annunçaient le souverain ; une ma.iesié nâtu_
relle accompagnait toutes ses actions et commandait le iesrrect. Il
suppléait par un grand sens au défaut de son éducation. Il avait sur_
tout I'instinct du pouvoir,, le besoin de diriger, Ia foi en soi-mêrnc, si
necessarre pout commander aur autres. Aussi prit-il lrossession sans
dé0ance de toutes les forces vives de la natiùn. Ir èntra dans sorr
siècle comme chez lui. sa maxime fut touto conrraire à celre destvran-
nies vulgaires; il voulut unir pour regner. Il concentra au pidd de
son trône, tout, ce qui était influence -ou éclat: noblesse, fortune,
science, génie, bravoure, vinrent comme autant de rayons briller au-
tour de sa couronne. Le peuple, fatigué de la guerre iivile. s'attaeha
au roi eomme à son déferLseur; la boùrgeoisie aima volontierô ce maitre
fle,s,qs maitres,
qui lui garantissait, à défaut d'aulres égalités, ceile de
I'obéissance.
L'aristocratie abandonna encore une fois, comme sous François lor,
TE SIËCLE DE LOUIS XIV. 37$
ses ettnuyeux châteaur pour l'élésante domeslicité de la cour. llais
cette foiJ sa présence n'e fut plus- menaçanle pour
'Et le pouvoir royal.
Richelieu avaii brisé pour iamais son orsueil. la réaction avoitée
dc la Frondc, celte révoluli-on parlemen[âire dont la noblesse fit une
émeute, tui avait prouvé à ille-nême son impuissanee. Désor-
mais elle n0 sera plus rien gu'avec et par le roi. [lle pourra de-
venir pour la Franee un farderu; du moins elle ne serâ plus un
danser.
C'est de la cour, c'est des marches du trône qu'il faut envisager le
-l'ensemble.
m0uvement intellectuel du rèqne et embrasser L'hdmme
qui dit : L'Etat, c'est mo.i, pu[ dire aussi : r. Les lettres, les arts, la
nensée de mon époque. c'est moi. r Non que le siècle erit abdiqué en
faveur des goùtb rit ,ies opinions personnelles du monarque;' mais
pflrce gue ce monargue représentait de Ia manière la plus frappante,
ilans une brillante pdrsonnâlité, les opinions, les goùts,
'les aspirati,-rns
de son e00ûue.
D'lbortl ôette rovauté nouvelle veut se dévelopoer à I'aise. se erôer
à elle-même son enveloppe et, pour ainsi dircl'sa forme, blle ahan-
donne le Louvre, qu'clle vicnt poirrtant de marquer de son empreitte,
et oir le médecin Claude Pcnault a élevé cette imposanle eolonnade.
à la fois si noble et si correcte : c'cst à Versaille's qu'elle va étalei
toutes ses splendeurs. Le Louvre n'est qu'un palais, enveloppé et
comme engloirti par la qrande cité nonulairé. où lâ rotaûté croit'e'neore
entendre lés deLniers nïrmures qui outragèicnt son ehfance; il lui faut
une ville, et une ville qu'elle fas'se, qu'elTe remplisse seulé. a Saint-
Germain, remarque Saint-Simon, offr'ait à Louis XIV une ville toute
faite ct qre sa position entretenait par elle-mèrne. ll I'alrand0nna p0ur
Ycrsaille-s, le pius triste et le plus ingrat de tous les lieux, sans ïue,
sans bois,'sani tcrre, parce què tout f est sable mouvant oû marécage.
tl se plut à tyrannrsér la natïre, à la dompter à fr.rrce d'art et de tié-
sors. ll n'y avait la qu'un très misérable cabaret: ii v hâlit une rille
entière. , Le lieu, comme le dit spirituellement le duc d"e Créquv, est zæ
fauori sans mérîte, qui devra tôut au maitre et ne lui en'plaira que
davantaqe. Versailles est I'ceuvre svmbolioue du rèene de Louis XlV.
La lacade du levant, qui regarde Piiris, prôsente un"entassement irré-
gulier d'édiiices, oir le modeste château de Louis XIII, avec ses mu-
railles de briques. est envclotpé nar Ies nouvellcs et vastes construc-
tions. l'rois'couis d'irrégale'frantlenr v0us eonduisent .jusqu'au sanc-
tuaire otr repose la majesié rolale. C'est au couclrant qui Versailles est
vraiment lui-même. Lâ une faÇade immense s'étale avec une résularité
parfaite; rien n'altère la sérénité dc son déveluppement. Plusile tou-
iclles. de cases d'escaliers: rien oui rannelle la'vicille architecture rra-
tional'e. Un s"eulcorp; de lâtiment fait s'iiilie au nLilieu de cctte longne
ligne droite. C'est là qu'habite Ie maitre : les deur ailes se reculent eI
gardent une respectueuse distance.
Jules-IIat'douin trlansnrd a construit ce palais i Lebrun le peuple
de peintures. Avec son ampleur imposairte, sâ science de' I'eifet
ttréâtral, il jette
-plu$tr.rut l'0lvmpè au pied du roi de Francc. La mvtbo-
logie n'est qu'une "allêgorie inagnifique dont Louis XIV eit la
réalité. Les nations vaincucs snnt Dersonnifiées : l'Âllcmasne. la Hol-
y
lande, I'Espagne, Ilome clle'-mônre' y plient humblemcnt lis genour ;
mais nulle part n'alrparait la figurc dè la France; 0n n'y voit que celle
de Louis.
Un troisième artiste a complété }lansard et Lebruu : LeNôtre a wéê
376 EISTOIRE DE FRAN0E.
une campagne p0ur cette maison. Des fenêtres de son incomparable
galerie des glaces, Louis ne voit rien qui ne soit lui-même. L'horizon
entler est son ouvrage, car son jardin cst tort I'horizon. cgs bosquets,
ce.s avenues si droites,.ne solt que la p,rolongation indélinie dir pa-
lais; _c'est. u.ne architecture de pierre. -Les
-eaux, albrcs ne végètenf que
sous_.la règle et l'équerre; les amenées à qrands irais dâns
ces lieur arides, ne jaillissent qu'cn dessins réguliérs. I\ljlle statues
de marbre et de bronle sont les tableaux mvthôlosiques de ce châ-
teau de verdure, et, comme ceux de Lebrun, piésentànt I'apothéose du
erand roi.

Lo rlh;lilcau do Vcrsailics.

l.;i l.'r';rrrr,,' rr pryé pour const,ruire Versailles utre suuiuc rtui équivau-
drait aujourd'hui a r;rrrlre ceuts millions. nllris le roi a créé autour de
lui un |etit, uuirers dont il cst le ccutre et la vie. C'est là lc nrodèle
qrr'il préscrrte arrr ar.[istes; c'cst là lc s.rnrbolc rlrre les poutes et les
écrirains voni tous plus t-ru nruins replorluirc.
.Versaiiles, quoiqde rajeuni par I'heuLcuse pensée du dernier de nos
rois, n'est cticurc quc I'onrbre dc lui-nrémg. I)0ur le rctrour.er lout
entier, il firut Ie repeupler par I'inrarination, lui rerrrire sl loulc blil-
llrrlc e[ [rarec, scs I'èies slrlendirles, tellcs qrre les n)(rntrc illme rie
yiyy1.é. ..Que v0us dirai-_jq I lllgnilicurrce, il).nrilrtion, tonte la [,'rnucc,"Se-
haLil.s rebaLtns ct rcl-rrothé.s tl'or, pi.errerics,-brasier,s de fuu ct de fleLrrs,
embarras de carrosses, cris dtns la rue, flambetux allrrrnis. rê,.ulc-
rnents .et gens roués; e nlin le tourbillon, la dissiputiou, lcs d'ernantles
sans réponses, les complinrents sans savoir ce qire l'on tlit; les civi-
lités sans savoir à qui l'on parle, les picds' cntortillés dans lcs
que,lles. , Il faut revoir- versailleÈ à travers ies allusions transparentes
de ljérénice :

Do cetle nuit, Phénice, as-tu vu lo splendeur?


T,E SIÈCIE DE IOUIS XIV. 377
Tes yeur ne sont-ilg prs tour pleins de sa grandeur?
Ces flambeaux, ce btcher, cel,te Duit enllammée,
Ces aigles, ces faisceaur, ce peuple, oette ûrmée,
Cette foulo de rois, ces consuls, ce sénat,
Qui tous du souverain emprunldient leur éclat :
Cetl,e pourpro, cet or que rehaussait sa gloire,
Et cos lauriers enfio, témoins de sa victoirô,
Ious ces yeux qu'or, voyait venir de toutes part!,
Confondre sur lui seul leurs avides regards,
Ce port majestueux, cette douce prése-Dce...
Cieil açec quel respeot et quelle comnlaisance
lous les cæurs en Àecret I'isguroient âe leur foil
Parlo : Peut-on le voir srns penser, cornme moi,
Qu'en quelque obscurité gue le sort I'eùt fait naitre
Le monde en le voyant eù[ reconnu son maitre?

Louis est en etret l'âme de Êa cour comme de son palais. C'est lui
qui inspire la grâce et I'esprit aur femmes, la valenr-el, la politesse
aur homres de guerre, l'émulation et presque le génie aux artistes.
Les artistes vivent et meureut de ses resardi. Loin- de fuir la repré-
sentation comme un fardcau, il est à son-aise dans son rôle de ioi;il
se j0ue avec.la satisfaction et le bonheur d'un grand artiste. Il entraine
autour de lui et distribue avec goùt ee monde brillant qui lui appar-
tient. trlieur que Nansard, Lebrùn et Le Nôtre, il a fail, iui-mème'son
\rersailles, un Yersaillr:s vivant, plein aussi d'élégance et de majesté.
J. Dsuocnor.

EXNRCICES ONAUX ET ÉCRITS

l. 0uestionnaire. - Quelle est la gloire la plus pure du rèsne de


Louis XIV?
règne? - Quels sont les trois grànds écrivains ôui ont préctdé ce
Que savez-vous de Desiartes ? - Quellô est sd méthode
-
lrhilosophique? - Quel est le titre de son ouyrage le plus connu?
Quels sont les deux ouvrages de Pascal? ._ Quel ôtait le but de chacun
-
d'eux?
- A quel serrtiment s'adrcsse prilrcipalement Corneille ?
Quels sont lcs-noms de ses principales tràgédids? -
- En quoi lcsQuelle
vains du règre de Louis XIV diffèrent-ils-des précédents-?
écri-

fut I'inflnence du roi? -


les noms des principaux poètes,
- Donnez
les dates de lenr naissance et de leur mort. -
Indiquei leurs ouvragcs.
:- Quels sont les_ principaur prosateurs? - Quclj sont Ies ourrages
les plus conrus de Bossuet?- de Fénelon? -
vants du dix-septième siôcle? - Quels furerrt
Indiqrrez les déeouvertes
les sa-
de Dcscartcs,
de Pascal, i de Képler, - de Catitée, -- deNewton.- Qu'cst-ce
-que Leibniz? Quels sont -les noms et les principales æuvres des
-
feintres français du dix-septième siècle? -- Que[s sont les noms
et,les ouvrages les plus remarquables des sculpteurs? des ar-
chitectes ?
-
- l. Ilevoir à.rédiger. Exposer sommâirement I'état des lettres,
des sciences et des arts-sous le rëgne de Louis XIV.
CHAPITRE XI
TA DËCADEÎICE DE [A IilIIIIABCHIE FRAil0AtSE

l:, (r71sl789)

l'
I
l I
I

LOÛIS XV.
- LT DIIC F'LEI'RY
LE CARDINAL
D'ORLÉANS.
-
(r7lrr789)

rEçoN

- f . !.q régenoe dq duo il'0rléans. - A la m-ort de Lorris --- XIV,


' le
duc d'Orléans se fib donner- la_régcnce par le parlemcnt.
2. Politique ertérieure et iatérieure de-la..régôncc. _ Lc prince,
Ir..gyu. et inslruil, mais insouciaut et débauché, abantlôrrna à
l'abbé Dubois lo politique de la France : il sd .oppro.ti ,te
l'A'gleterre ct.fit à- l'Espngne une grerre funeste. 'irioiËriuur,
il ess.ya de relever les financ-es-; nrais le système .lu banquier
Lûw" qur avalr prodult, d'rnord de très heureux résultats, abôutit
à la-banqueroutc. -La régenee devait rester tristernent célèbre
pnr la eornrplion de ses luceurs.
3. Ministère du duc de Bourbon. Le duc de Bourbon (t723_
l_720) marqua son ministèr'e par le- mariage du roi avec là fille
du roi détr'ôné tle Pologne, Stnnislas Leczinslii.
{. ilinistère du oard.inal Fleury. cartlin;rl Fleurv (t?26_17,ig)
intro,luisit I'ortlre et l'écononrie--Le
dans les finirnces ét'rcchcrchi
la paix à I'cxtérieur. Illais il se laissa entraincr clans la guelre
,lc la succession de Pologne, qui se terurina par le tifrtÈ Ae
Yicune (r?38). L'acquisiti"on âe'la Lorraine ,tàu'aiï otr.-î"î,re.
Ireureuses conséquences de cette guerre.

RÉCIT

1. Caractère durègne de lrouis XV. A Louis XIV


-
succéda son arrière-p_el,it-fiIs, Louis XV, âgé de cinq ans et
tlemi, Iils du duc de Bgurgogne, petit-lils du grand Dâuphin.
La mort du grand roi laissa à la France un despotisme sans
dgspote, une machine de. gouvernementvaste, pesante, com-
pliquée, que personne n'était capable de fairemouvoir. Tous
Ies ressorts, tendus à I'excès, se relô.chèrent subitement, et
378
RÈ0NE DE rour$ XY. 379

lo monarchie s'all'aiss&, psrcc qu'elle n'avait d'appuis ni


dans la constitution de I'Etat ni dans I'opinion publique. Le
règne de Louis XV o{fre le lamentable spectocle d'un maltre
sans vigueur et sans génie, gui, pour garder son pouvoir,
cmploic tour à tour les ruses de la faiblesse et les violences
de I'autorité absolue.
2. Phiiippe d'Orléans régent. - Le parlement, ré-
duit par l,ouis XM ses fonctions judiciaires, prolita de la
minorité de Louis XV pour rentrer dans la politique, et
traita lcs dernières volontés du feu roi comme il avait traité
celles dc Louis XIII. Philippe, duc d'0rléans, neveu de
Louis XtV, à qui le testament royal ovait donné la régence
sùns pouvoir, fut nommé par le parlemcnt < régent pour
cxercer pleinement I'autorité r. Philippe était brave, instruit
et, spirituel; mtiis, confié aux soins d'un précepteur qui s'était
fait le complaisant de ses vices, il était dcvcnu railleur, in-
médule et débauché. Indifférent à I'opinion publique et peu
soigneux de sa propre dignité, il s'entourait de courtisans
corrompus, qu'il appelait ses rozds et qui mettaicnt de la
vanité à porter ce nom dégradant. Il prolongeait au Palais-
Royal des soupers qui dégénéraient en orgies, et pendant
lesquels il accordait de ruineuses faveurs à ses indiSnes
amis. Il se vantait de ressembler à Henri IV, son bisaïeul;
mais llenri ne sacriliait pas le bien public tu plaisir, tandis
que Pliilippe d'Orléans, amolli et quelquefois hébété par la
débauche, voyait le liien, laissait, faire le mal et n'avait pas
le courage d'agir. Louis XIV t bien jugé cet homme
d'esprit sans volonté et sa"ns autre ardcur que celle de la
volupté, quand il I'a appelé < un fanfaron de vices >. La
cour imita le régent; la corruption sc rôpandit dans la société
frangaise, et les mæurs de la Régence ont gardé un mauvais
rcnom.
3. Politique extérieure du duc d'Orléans. - Lc
régent, abandonné à I'abbô Dubois, qu'il fit conseiller d'0tat,
archevêque de Cambrai et cardinal, répudia la politique na-
tionale et {it de la France I'alliée servile de I'Angleterue contre
I'Espagne. Le cardinal Aiberoni, ministre de Philippe V,
vorflait déchirer les traités d'Utlecht et rendre à I'L-spagne
les Etats italiens qu'elle avait perdus. Pour celo, il essaya
de mettre I'Europe en feu : en France, renverser le régent au
proût de Philippe V; en Angleterre, renverser Georges I" de
Hanovre au profit du pr'étendant, lils de Jtcques II; en
380 EISTOIRE DE trRANCE.
Italie, chasser les Piémontsis de le sicile, les Autrichiens de
Naples et de l\filan; tels étaient les projets de I'aventureux
ministre.
Tout échoua en même temps : le roi de Suède, Charles XlI,
qui sedisposait à attaquer les Anglais, périt, en Norvègè, au
siège de Fr'édérickshall ([7rs); le prércndant fut chaisé de.
I'Ecosse 1 I'ambassadeur espagnol I Vcrssilles, Cellamare,
fut pris en llLrgrfl.nt dôlit d'intrigues avec Ie duc du l\lainej
ennemi du régent, et ovec la noblesse bretonne. Le duc
d'Orléans, personnellement intéressé au maintien des trai-
tés d'Utrecht, qui éeartaient Philippe V du trône de France
,
se lia étroitement avec ceux qui les avaient imposés h
Louis XIV, les Anglais et les Hollsndais, et conclut avec. eu*
Ia triple alliance (_7 t 7-). Llannée suivante, I'ancien compéti-
teur de Philippe V, I'empereur Charles VI, y accéda, èt Ie
g0uvernemcnt frangais se trouva soutenir les intérôts de tous
ses ennemis.
Une armée française, commandée per le maréchal de
Berwick, envahit I'Espagne et s'empara de Fontar.abie; une
{lotte anglaise détruisit dans les ports espagnols les arme-
ments préparés par Albéroni : le petit-fils de Louis XIV, at-
taqué par lc vainqucur d'Almanza, fut forcé de rcnvoyer son
ministre et de subir les conditions de la quadruple al-
liance (1720). On obligea le duc de Savoie à abandonner
la Sicile à I'Empereur et à recevoir en échange ll Srr-
daigne; 0n promi[ au fils aîné de Philippe V et cl'Elisa-
beth de Parme, sa seconde femme, la Toscane, parme e[
) Plaisance.
r 4, Administration intérieure; Ies grand.s au
pouvoir. Tandis que le régent faisait des traités impo-
litiques et -cette guerre fratricide, il changcait les principcs
d'administration de Louis XIV et essayait vainement de re-
lever les linances. Le feu roi avait écarté la noblesse des em-
plois; Philippe d'Orléans, qui avait besoin de son appui, I'y
lit rentrer, et elle prit possession des alfaires en occupant les
conseils qui remplacèrent les ministres. C'était pour les
grands une précieuse occasion de montrer qu'ils étaient au-
dessus du mélier de courtisans et qu'ils pouvaient formcr
une aris[ocratie dirigeonte. Mals presque tous se montrèrenr
sans application, sans conna.issance et sans génie. a Trois
espèces d'hommes, choisis parla conyen&nce, par lafaiblessc
ct par la nécessité, remplissaient les listes des conseils:
{4âÉm!i.s{Ê'

RÈGNE DE Louls xv' 38t

d'ebord de grantls seigneqrs, vieux dans les intrigues, . no-


vices dans lôs efoires,"et moins utiles par'!eur crédit qu'em-
barrassants prr leur morgue et par leur petitesse I ensuite,
les omis du régent, I'élite des rouCs, esprits frondeurs et
pervers, ignorants et spirituels, hardis et paresseux, et bien
mieux faits pour harceler que pour conduire un Souvcrne-
menl,; enfini au-dessous dieux, élaient jetés pêle-m.ôle des
con*eillett diEtat, des maîtres des requêtes, des membres du
parlement, gens instruits et laborieux, Aqttinp.s .à réparer
ians gloire e.-[ runs émulation les bévues qu'il fallait attendre
de I'iicapacité de leurs premiers collègues et de l'étourderie
dcs sccondst. n Ce goùvernement par les conseils ne clura
pas longtctnps.
' 5. Slstèine de Law' ôtait le
- L'état cles finances
grand iouci du régent. Louis XIV ovait laissé unc dette do
t"rois milliards; lc âuc de Noailles essaya de Ia tlimimrcr per
la punition dés financiers prévaricateurs et la revision des
titrôs de rentes : ce remèd-e laissa subsister Ie mal. Le duc
de Saint-Simon, ami du régent, proposa de faire déclarer Ia
banqucroute du roi par lés étais génôraux; ii prétendait
qo',rï roi n'était pus ienu de payer les dettes de son prédé-
.errru*, et que la hanqueroutè aurait cet excellent résultat
de rendre impossible toït emprunt dans l'avenir, p-uisque Ie
gouvernement ne pounait plus trouver cle prêteur'.Le. régent
iecula devant ce moyen qui tuait le crédit, ruinait- ceux
qui avaient eu confiance dunt la parole de Louis XIV et
faisait du grand roi un banquerouiier mort sans réhabili-
tation.
Le régent ûnit par admcttre les plans téméraires de I'Ecos-
sais John Lawi. il laissa d'abord Law établir une banque
(r7{6), qui devint bientôt banque publique et rendit de
bons services; puis il permit d'ajouter à labanque-unecom-
pagnie des indôs occidèntales pour I'exploitatiol d9 la Loui'
iiuîr, et enfin il fondit ensemble ces deux institulions. Les
sctions de la compagnie, qui étaient émises à I'hôtel de Nc'
vers, dans la rue de-Richelieu, donnèrent lieu à un immense
agioiage dans la rue Quincampoix, et montèrent de cinq
cànts l"ivrcs il plus de vingt mille livres. Puis on apprit que

l. Lemontey, Ilistoire de la Régence, qu'or disait eu


i: [f; t;Àifiituàe ài p-rotooàË. Zcss, ssns douto parce
iawi tystem, lo'système de Lew, et que Zau'c se prononce à peu
"qgl"ir
pres c0mm0 ,,1$t.
382 EISTOIRE DE FRANCE.
lr.Louisiane. ne possédait pas de métaux précieux, gue les
colons y périssaient de misère, enfin que-la prospéritO au
système reposait sur un mcnsonge. on commenç,ait à réaliser,
c'est-à-dire à échanger les billets contre de
-l'or.
\ Les ac-
tions baissèrent rapidement pilrce que lc chilfre des papiers
ainsi émis I'emportait de beaucoup sur le numérai.c'que
Law pouvait donner échange I I'Ecossais, qui arlail
-enpoursuivi
été Ie _dieu du j.our,. Iut à coups de pierres, et
partit de Francc (t720),laissant au trésor une deltc de di.r_
sept cents millions.
Cependant, en fondnnt sa banque, Law avait eu une irlôe
just,e et féconde, il avait eu coniiance dans la puissance d*
médit ct démontré qu'on peut faire circuler sani dangcr dix
fois plus dc monnaie de papicr qu'on ne possède de îumé-
raire métalliquc. sa faute fut de rendre la banque solidaire
d'une compagnie de commerce qui I'entraîna duïs sB, ruine.
Le systèrne donna pour un temps une grande activitè
aux ports de I'Océan et une grande prospérité oux colonics :
mais aussi il bouleversa toutes les fortunes, il mêla toutes
les classes dc la société, il mit à la mode un luxe brutul et
grossier et contribua encore à con'ompre les moeurs tle la
régence.
6. Ministère du duc de Bourbon.
du roi approchait - La
: le régent, en déposant son
maioritô
autori[é, Iit
nommer le cardinal Dubois premler ministre (l,7L2h mais
tous deux moururent bientôt({?ZA). Âu régent 'succôda
Louis XV, c'est-à-dire à un homme débauché et indolent,
un^ homme_plus débauché et plus indolent encore. Fleury,
évêque de Fréjus, précepteur du roi, n'osant prendre le pou-
voir, le {it donner au duc de Bourbon. Le ministère âe ce
petit-ûls du. grand Condé (t?23-r226) fut marqué par, le
renvoi de I'infante d'Espagne, ûancée' à Louis XV, par le
mariage du roi avec Morie Leczinska, {ille d'un roi sans
roy&-urne
1t
par un édit très rigoureux contre les protestants,
par l'établissement de I'impôt nouveau du cinqùantième et
par une disette factice. Alors Fleury fit exiler le duc et prit,
sa place.
7. Ministère du cardinal de F1eury I guerre d.e
la successiou de Pologne. Le nouvéau ministère
-
Augusro rr, vivair
, it,ilËT,'i',iiËïîi:0f.,îliï"*',1î""^"îi iftËF-",î3."r
...:: ., .li .1 \>*
f '1., 't
t.,-
i''
ï- F::r!i
r .
-: -,i
- t, .i'
RÈCNE DE I,OUIS Nv. Sdd ', /

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rrtr
LOUIS XV.
-L,8S euERRES DE r,A SUCqFætô*
j'i{

D'AIITRICHE & DE SEPT ANS /*, :' .;.r


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(17{0-r7$) nra.

rEç0t{ . :i -.i "


"- " .1 ,
:TS, -j
.1.

l. &uerre de la suocession d'Autriohe. En 1740, Fleury soutint .


'. '

la Prusse contre lt{arie-Thérèse dans Ia - guerre de la sriccôssioa j


'
d'Autriche. ilais il fit mal une guerre qùe Ie parti militaire Iui
avait imposée; aussi, à sa mort, nos arbées étaient vaincues.
t. Victoire de Fontenoy. Traité d'Air-la-thapelte. Les belles
canl_pagnes du.mLréchal de Saxe dans les Pays-Bas, - Ia victoire
de l.'ontenoy ( t745), 49_u s^ p ermirent de signer,-à Àix-ia-Chap el le,
une paix honorable (17 8t.
9. Euerre do Sept ans (t756-1763). années qui suivirenI
!a pair furent pour la Frnnce uné époque - Lesde grandà prospérité.
L'Angleterre jalouse nous déclara ia guerre*qui de-vait'durer
sept ans (t756-1763). Louis XV, sur les éonseilsïe llns de pom.
padour, compliqua Ia guerre mhritime d'une guerre continentale.
La Irancc s'allitr avec I'Autriche contre la Piusse.
4. Iléfaite de Rosbaoh. Perte de nos colonies. Cette srogse
- Frédéric
faute fut expiée par dcs revers : gur le conlinent. ll
nous baftil à Roshach([?56)1et, sur les mers, l'Àngileterre nous
enlevail nos colonies.
5. Traité de Paris. Le désastreux traité de paris (1763) met-
- colcnial,
tait- fin à.nqtlg.cmpire @uvre remarquable de Ddplcix,
et donnait à l'Ângletcrre la prépondérance mâritime.

nÉur
l. Mort de I'empereur Charles Vf. A la mort
de I'empereur Charles VI ({740), sr succession -fut disputée
à sa tlle, I\farie-Thérèse, par le roi d'Espagne, les électeurs
de Bavière et de Saxe, les rois de Sardaigne et de Prusse, en
dépit de la pragmatique sanction. r
Le plus redoutable de ces prétendants était Frédéric II le
Grund,, qui devait être le uéateur de la Prusse moderne.
2. Guerre de la succession d'Autriche. Pen-
-
dant que les prél,endants faisaient valoir leurs réclametions
par la diplomatie, Frédéric II appuyait les siennes p&r les
&rmes. Il envahit lo Silésie et conquit cette province par ia
victoire de l\[olwitz (r,7ttl). L'Europe encore hésitante se dé-
cida à intervenir. En France, le cardinat Fleury voulait garder
Ia'neutralitô ; mais les frèresBelle-Isle pousseient àla guerre,
sI$T. DE Fn. C. CoUPL. 17
386 ETSTOTRE DE TRANCE.

et leurs négociations amenèrent le traité de Nymphembourg


entre ls, Frence, l'Espagne, la Bavière, ls Saxe et la Sardai-
grre (mai l7t*l),
3. Eéroîsme de Marie-Thérèse. - Trois armées
menacèrent Vienne. La première, sous l\faillebois, pénétra
dans la Westphalie pour surveiller le Hanovrel lo seconde,
sous Belle-Isle, suivit la vallée du Danube; la troisième,
commandée par Frédéric II, envahit la Moravie. Si les coali-
sés avaient marché rapidement sur Vienne, la guerre était
finie. Mois les Franqais et les Bovarois commirent la faute ca-
pitale de faire une diversion en Bohême. Marie-Thérèse eut le
iemps de lever une armée. Cette jeune rcine avait montré
danÀ les dangers de la situation un indomptable courage. Réfu-
giée à Presbôurg, elle sut attacher à, sa fortune letévouement
de la Hongrie. Elle avait montré sux nobles hongrois son pe-
tit enfant de six mois, et, les larmes dans les yeux' avait sol-
licité leur concours. La diète émue s'écria : t< Mourons pour
notre reine Marie-Thérèse I r Une s.rmée de cinquante mille
hommes fut bientôt prête, et I'Autriche' repren&nt I'ofren-
sive, chassa de Ia Bavière les F'ranco-Bnvarois et se disposa à
nous enleser la Bohême.
Marie-Thérèse déploya en même temps une remorquable
habileté diplomatique. Elle s'&ssura, la neutralité bienveil-
lante de la Russie, I'alliance active de I'Angleterre, et elle
acheta la paix avec la Prusse, en cédant la Silésie à frédéric II.
4. Belle conduite de Chevert à Praguo. - La
Franee restait donc seule pour supporter le poids d'une gueme
qui ne devait rien lui rapporter. lsolée tu cæur de I'Alle-
magne, elle clut battre en rctraite. L'armée française, com-
mandée par Belle-Isle, sc fraya une route à travers les mon-
tognes de la Bohême, couvertes de neige. Cette retraite
désastreuse nous coùta quatre mille ho.mmes, gLpgnmi eux,
le célèbre Vauvenargues. Le brave Chevert, abandoimé dans
Prague avec les malades, s&uva notre honneur per sa {ière
s,ttiiude. Sommé de se rendre, il menaca de mettre le feu aux
guùtre coins de la ville et de s'ensevelir dans ses ruines. On lui
permit de guitter Prague avec tous les honneurs de la Suerre
'(lanvier
17i3). C'est au milieu de ces tristes circonstances que
Fleory mourut. Ce ministre avait eu le tort de ne ssvoir ni
conseiver la paix ni fairevigoureusement le guerre.
5, Ire maréchal de Saxe. - Nos revers continuèrent;
les Anglais et les Hollandais, commandés par le roi Georges II,
RÈONE DE LOUTS TV.
allaient se réunir aux Autrichiens dans Ia vollée du Moyn.
Le moréchal de Noailles voulut s'opposer à cette union. Il
avait pris d'heureuses dispositions près des déIilés de Dettin-
gen; les Anglais cernés allaient être forcés de copituler.
La folle témérité du jeune due de Gramont compromit
nos habiles monæu-
vres. Notre armée
vaincuedut se re-
plier derrière le
Rhin.
Dans ce moment
critique, le maré-
chal de Saxe prit la
direction des opéra-
tions militoires et
tout fut sauvé. Ce
grand capitainecom-
prit qu'au lieu dc
faire des expéditions
&ventureuses en Al-
lemagne, il fallail
donner un but pré-
cis à la guerre. ll fi.t
accepter par le con- Maréchal do Saxe.
seil son projet d'une
invasion dÀns les Pays-Bas autrichiens. Le roi, encouragé
par les remontrances patriotiques de la duchesse de Chàteau-
roux, se mit à la tète de I'armée.
Les succès dsns les Pays-Bas fuient rapides. En quclques
jours, les Français enlevèrent Menin, Ypres, Furnes, Cour-
irai. ittatheu.eùsement, ilfallut courir &u secours de I'Alsace,
menacée par le prince Charles de Lorraine. Le roi tomba
malade à l{etz et il put voir, aux témoignages d'alfection que
lui donna la France' combien la royauté était encot'e ponu-
laire. A peine fut-il rétabli qu'il reprit avec Noaillps le com-
mandement de I'armée. Toutefois, I'Alsace fut sauvée par
une diversion en Bohême de Frédérie qui, effrayé des progrès
de I'Autriche, Était redevenu notre allié.
6. Victoire d.e Foatenoy (1745). - Libre du côté
du Rhin, le roi porta tout I'elfort de la cempogne dans les
Pays-Baé. L'armée oommendée por le roi et le marêchal de
Saie êtait forte de quatre-vingfdix mille hommes I I'armée
388 HISTOINE DE FNANCE.
englo-allemande comptait cinquonte-cinq mille hommes, et
svait à sa tôte le duc de Cumberland. La bataille s'engagea
dans la plaine de Fontenoy, dominée par les trois redoutes
de Fontenoy, de Barri et d'Antoing que le maréchal de Saxe
avait garnies d'artillerie. Les Anglais et les Hollandais es-
sayèrent vainement d'enlever les redoutes. Le duc de Cum-
berland mtrssa, alors toutes ses forces, et, malgré les feux
uoisés de nos batteries, les lança à I'assaut des hauteurs de
Fontenoy. La colonne parvint s.u haut de la colline. Le capi-
taine des gardes onglaises, lord Hay, à la vue de nos offi-
ciers : < Messieurs, dit-il, tirez. > Le comte d'Ilauteroche,
lieutenant des grenadiers des gardes françaises, répondit :
< A vous, messieurs, nous ne tirons jamais lcs premiers. n
Le combat s'engagea sur toute notre ligne du centre. Les
Anglais avançant toujours paraissaient maîtres de la posi-
tion. Le maréchal de Saxe, craignaut de compromettre la
retraite du roi qui assistaità le batsille du haut d'Antoing,
ne voulait peÊ engrger ses réserves. Mois le roi envoya les
pièces de canon gui le protégeaient. L'artillerie battit en
brèche la colonne anglaise. Dès ce moment la victoire était
gagnée ; elle fut due surtout à I'ertillerie. La conquête des
Pays-Bas autriehiens (Belgique) en fut la conséquence.
Notre allié Frédéric II gagnait à la même époque, sur lcs
Autrichiens, Ia bataille de Friedberg, et, en annoncant à
Louis XV cette victoire, il écrivait: << Sire, j'ai acquitté la
lettre de change que vous avez tirée sur moi à Fontenoy. >
7. Succès et reverg. Ln victoire de Fontenoy
ouvrit une période dc succès :- En ltalie, le prince de Conti
s'emparait de Nice et gagnait sur Charles-Emmanucl lo
bato.ille de Coni. Son successeur, Maillebois, battait les Pié-
montais à Bassignano. En Angletene, le roi Georges II éteit
menaeé jusque dans Londres par Ie prétendant Stuart, Charles-
Edouard, que soutenaient nos &rmes. En Saxe, notre allié
tr'réd6ric lI pénétrait vainqueur dans Dresde. En{in, dans les
Pays-Bns, le maréchal de Saxe, poursuivant ses succès, battait
les Autrichiens à Rowcoux et les Anglo-Hollandais à Lawfeld.
Nous avions aussi éprouvé quelques revsrs. Le chevalier
de Belle-Isle, eyant voulu forcer le passage des Alpes, subit
une sanglanle défaite au combat d'Exiles. En Angleterre, le
prétendant avait vu tomber toutes ses espérances au combat
malheureux de Culloden.
l\fais c'est surtout la guerre maritime qui nous avait été
RÈGNE DE LouI$ x.v' 389

funeste. 0n put voir alors les tristes conséquences. de la poli-


tique de Fleury qui, systématiquement, avait négligé notre
*à.inr. L'Angleier* or dut ses vietoires qu'al nombre de
sesvaisseau*.-Nous possédions à peine trentc-cinq vaisseaux
de ligne contre cettt di*. Le marquis de La Jonquière dut
combîttre avec six vaisseaux contré dix-sept, à la houteur du
cap Finistère. L'amiral d.e L'Estanduère avec_sept _navires,
notre dernière escadre, fut arrêté près de Belle-Isle pel
quatorze navires de I'amiral llawkes. Le courage de nos
Àtrins était sdmirable, mais impuissant. Nos riches convois
de la Martinique et de saint-Domingue étaient interceptés.
Londres s'enrichissait de nos dépouilles. Nos côtes étaient
insultées, Brest et Toulon fureni bloqués par les Anglais,
Antibes bombardé ; Lorient faillit être pris'
En Amérique nous perdions Louisbourg et I'ile si impor-
tante du tap-B.*tott, à I'embouchure du Saint-Lourent'
Aux Indei, nous avions deux hommes de génie^, La Bour-
donnais et Dupleix. Mais leur rivalité devait ètre funeste. Le
premier s'étaii emparé de l\[adras (l_ia0-1, mais i] la rendit
oux Anglais pour une riche rençon. Duplcix lompi-t.ge traité
et Iït ra[peler La Bourdonnais en France. Il fit oublier cette
mauvaiiô action par se belle défense de Pondichéry, attaqué
par les Anglais.
^ 8. T"uité d.'Aix-1a-Chapelle (t748). L'Angleterre
-
nous trouvait ossez alfaiblis. Notre marine était réduite à deux
vaisse&ux et nome dette s'était accrue de 120 millions. Elle
consentit à la paix qui fut signée à Air-la-Chapelle ({748)'
La France ne retirait âucun profit de cette longue Suene'
Elle rendait toutes ses conquètes dans les Pays-Bas; elle ren-
trait, en possession du Cap-Breion. Elle obtenait quelques
nvantagei pour ses alliés. L'infant don Philippe recevait de
I'Autriàhe itarme et Modène; le roi de Prusse gardait_la Si-
hlsie; Gênes recouvrait son indépendance. Louis xv avait
recommandé à ses ambassadcurs de signer le traité à tout
prix, ne voulant pus, disait-il, faire la paix en marehand,
mais en roi. Ses désirs avaient été satisfaits I
9. Causes d.e la guerre de Sept ans' La t'rsnce-
se relevavite de ses malheurs. Malgré les sacrifices d'une
longue guerre, I'inertie du roi et la mauvaise influence de
IV'i de Ëo*puâoor, elle jouit, pendant quelques années d'une
prospérité rânr e***ple. Notre agriculture avait trouvé un
puisiant stimulant dans I'arrêté qui autorisait le libre circu-
390 n1slotRE DE FnaNcE.
Iation des grains I notre commerce avait dans les colonies des
ilébouchés nombreux et faeiles. Notre marine était reconsti-
tuée par les elforts de deux ministres intelligents, Macheult
et Rouillé. Nos colonies étaient florissantes. Dupleix et son
brave lieutenant Bussy jetaient les bases d'un vaste empire
français dans I'Hindoustan.
Ltngleterre surveillait avec inquiétude ce réveil de notre
puissanôe maritime; elle résolut de I'anêter. Elle était aussi
âécidée à rompre la paix que nous paraissions résolus à la
maintenir. Ellè demanda et obtint le rappel de Dupleix (175&);
elle détruisit à coups
de c&non nos forts
du Sénégal; elle tt
enlever les poteaux
qui merquaient les
timites de nos posses-
sions dons les An-
tilles; elle occupa de
force la vallée de l'0-
hio dont la possession
'ltait contcstée, et fit
ass&ssiner un officier
i)nv0fé comme pùr-
lernentaire, Jumon-
ville. IJn derniec af-
front fit enfin éclatm
la gucrre. Nos riches
:onvois dcs colonies,
Duplei.r. trois ccnts bàtimcnts
de commerce furent
enlevés à la France sùns déclarstion de gueme (l?5b). La
guerre de Sept ans fut donc à I'origine une guerre exclusive-
ment maritime entre la France et I'Angleterre.
10. Alliance de la France et de l'Autriche. Il
-
efrt été désirable que la guerre conservât ce caractère. I\fais
elle se compliqua presque aussitôt d'une Suerre continentale.
l\{arie-Thérèse vculait reprcndre à la Prusse la Silésie; elle
crut I'occasion favorable et rechercha I'alliance de la France.
I\[*' de Pompadour, gagnée par les flatteries de I'impéra-
trice, fit signer par l'abbé cle Bernis le traité de Versailles
(mai t756). C'était une alliance contre la Prussequi se rap-
procha aussitôt de I'Angleterre.
RÈGNE DE Louls rv. 301

ll. Lra Suerre de Sept ans ({756-1763). - Le guerre


moritime commençt per un brillant succès dans la Méditer-
r&née. L'amiral La Galissonnière vainquit I'amird Byng, en
vue de Minorque, et le duc de Richelieu enlevo d'assaut la
forte place de Mahon. Dens le Conada, les merguis de
Montcslm et de Vaudreuil firent capituler les Anglais dans
le fort d'Oswégo. L'Angleteme se redresso avec vigueur
tlevant ces ôchecs; \Milliam Pitt, le mortel ennemi de la
t'rance, prit la direction des afaires. Le malheureux Byng,
coupo.ble d'avoir été vaincu, fut fusillé sur son vaisseau
amiral.

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fo-1748- us6. l?63.

Sur le continent, le maréchal d'Estrées evait franchi le


Wéser et avait gagné sur Ie duc de Cumberland la bataille
d'Hastembeck. Le successeur de d'Estrées, Richelieu, oveit
392 EISTOIRE DE TRANCE.
poussé les Anglo-Hollandeis jusque daus les me$is de I'em-
bouchure de I'Elbe et leur avait fait poser les ormes par la
capitulation de Closter-Severn.
12. l'rédéricI[. Ces suecQs ne durèrentpas. LesFran-
- II. Ce grond
qais ne s'étaient pes encore mesurés avec Frédéric
stratégiste avait mené la guerre &vec une redoutable activité.
En quelques mois il avoit enlevé la capitale de la Saxe,
Dresde; il avait fait capituler toute I'armée saxonne dans le
camp retranché de Pirno; il evait vaincu deux armées autri-
chiennes à Lowositz, sur I'Elbe, età Prngue en Bohème. Mais
son audace, occrue par tant de victoires, lui evait fait perdre le
bataille de Kollin, sur l'Elbe, et il avait été obligé d'évacuer
la Bohême devant le général autrichien Daun, son vainqueur.
13. Défaite de.Rosbach (i757). Les Frangais se
trouvèrent à point pour ménager à Frédéric - une trop facile
revanche. lls é[aient commandés par I'incapable Soubise.
Notre armée ollrsit Ie plus triste spectucle. Un des prédéces-
seurs de Soubise, Richelieu, donnant I'exemple d'une déplo-
rable avidité, avait permis le piliage à sessoldats qui I'appe.
laient le bon përe Iu M.araud,e. Le camp des Frongais était
encombré de vingt-deux mille chariots, de marchands et de
vivandiers; eu moment de livrer bataille, stx mille moreu-
deurs étoient hors des rangs. Les officiers étaienù pour la
plupart de jeunes courtisans que Ie caprice de M*c de Pompo-
dour plnçait àla tête de nos armées. Incapacité chez les chefs,
indiscipline chez les soldats, tclle était Ia situotion de I'armée
française, en face de I'armée la micux disciplinée et la mieux
aguerie de l'Europet
Soubise venait de faire sa jonction a eo I'armée allemonde
et campait sur la rive gauche de la Saale. Frédéric II résolut
de I'attaquer, bien qu'il n'eût que vingt mille hommcs à
opposer à soixante mille Franco-Allemands. Soubise commit
la faute d'abandonner ses positions pour se mettre à lapour-
suite des soldats prussiens. Frédéric surveillait tout du haut
d'une colline ilyec un corps d'armée qu'il avait dissimulé. ll
se jeta sur I'armôe française qui s'ovançait en désordre, la
battit et lit sept mille prisonniers. Ce fut le désastre de
Rosbach. < Il est certain, dit Frédéric II dans ses mémoires,
qu'en considérant la conduite des généraux français on &ur&
de la peine à I'approuver. Mais la manière dont la cour de
France distinguoit le mérite de ses généraux parut plus
surprenante que le reste : M. d'Estrées, pour avoir gagn6
toul$ XV.
nÊGNE DE 393

la buteille d'Ilostembeck, fut disgraci6; M' de Soubïse'


poo, perdu celle dé RosbacË, fut déclaré maréchol
""ài, i Il est vrai que I'opinion publique se montra
he France.
pf"- Jr6tu et tt sur Ie malheureux général les quatroins
célèbres :

Soubise dit, la lanterne à la main :


iù'iÏé;u ;ùerchei otr diable est mon armée;
Btte était là Pourtant hier matin'
llô t'à-i-on-piise ou I'aurais-je égarée?

14. Campagnes du Rhin' Les Franqais' après leur


-
aOfaite àe noisnà-ctt, avaient ralenti leurs opérations militaires'
iunâir.[ue Frédérit II, poursuivant ses zuccès,. ovait rygn-é
ro* tr*'Autrichiens lô'britlonte victoire tle Lissa, -un chef-
d'o.oo*" de tactique militaire, au dire de- Nap-oléon'. L'anivée
per-
aux affaires d'un nouveou ministre, le duc de ohoiseul'
iirn" aeriaé de I'alliance autrichienne, donnaà la guer're une
nàuuerre impulsion (r?59). Elle se tr sur deux
théâtres
âirtinrt* : Dans Ia vaitée di Rhin, les Fronçais combattirent
et de
;;;;;;-itt Ànglo'Hollandais; dans la valléé dedeI'Elbe
id;;;, rredoiic II tint rête aux trois ermées I'Autriche,
de la Suècle et de la Russie.
Le success.u, d, Richelieu, Ie comte de Clermont' fut
'Wéser et bientôt le Rhin devant I'at-
olligO de passer le
iuqrî soud'aine de Ferdinand de Brunswick. II voulut au
*ôi"* livrer bataille sur la rive gauche de ce 1leuve I
meis il se lit battre près de creveli, Iaissa aux ennemis
,.pi*iffu prisonniers ôt se retira en tlésordre jusque dans les
Pays-Bas.
L'année suivante (l?59), les opérations furent d'abord
Rhin et
heureuses. Le maréchal de'contades devait passerle
par le l\[ayn pour envahir le
i. â"t de Broglie s'ov&ncet
qu^l avait voulu
Hn.rour, et la Sàxe. Ferdinand-deBrunswick,
o*Àir" de Broglie à Bergen, près de Francfort, fut repoussé.le
Le mouvement Offensii rui vigoureusement poussé verspar
wer*. Malheureusement contades se laissa vaincre
Ferdinsnd de Brunswick, près de Minden' De Broglie prit
le commandement général'de I'armée; il put se maintenir
;;;C; t.mps aan-s le Hanovre' Mais la campagne était
perdue.
' 15. I-re chevafer d''AsBag. De Broglie avait pris
-
dans la Hesse une lorte position. Ferdinand de Brunswick
l?'
J94 EISTOIRT DE I'RÂNCE.
essoy& vainement de I'en déloger et fut vaincu à corbach. Il
tenta alors une diversion sur le bas lhin; mais aà orogtie
garda ses- positiol:..et. envoyû contre lui le'*u.qoir-dî
cnr-
tries. celui-ci failrit êtr.e surpris, à closter-camp,
habile edversairel mais il futiauvé par le aeuouein-ent f"r roo
au
chevalier d'Assas,,cap.iteine au régiment d'Auverà"ï.
officier, envoyé à la découverte, fit tout à coup ai.êie po,
c.t
les régiments ennemis. n sirence, lui r*ie-t-o,i, îo ïu u,
mort t u D'Assas crie : ( A moi, d'Auvergne, c'est rlennemi
In
Cet héroïque dévouement nous valut laîicioire.
Elle fut compromise per le désaccord qui éclata, l'année
suivante, entre les maréchaux soubise et de nrogiiË.- ôelui-
ci, après avoir demandé l'union des arr* ur.Ë.s,'voutut
livrer seul la bataille. Il fut vaincu.
16. Lre pacte de famille. -
.la tr'rance I\fais cette année ({ ?6t),
remportai
t grand succès aip rom atiqol.tiroir.u r
-un_
qui, à Ia mort de Belle-lsle, venait de cumuler^le ministère
de la guerre et cerui des affaires étrangères, fit rign;. ru
pacte d'e famille. cette slliance établissaii une'union "inti*,
entre les membres de la famille de Bourbon; Louis XV, ,oi
de. France, Charles III, roi. d'Espag^ne, et irerdinana'ry,
roi des Dcux-siciles, .y adhérèreni. -0n'erruyair uinri pu,
cette ligue du sud, d'a*êter les progrès effrayants Ju'i'ao-
gleterre.
-17.
Calr.laga'es maritimes. _ La guerre continen-
tale avait été honorable pour nos &rmes; la
luerre ,nuriiir"u,
si malheureusement négrigée par re cebinét ae versaittes,
avait été déplorable. sur notre littoral et dans te, ,nu*
ae
l uurope nous n'avions s'rJri que des revers. En { ?50, I'amiral
Anson avait brrilé nos vaisseiux dans le port a, suili+l'"ro;
mêmes raveges dans re port de cherboui dont les
ûrent sauter les chaussées avec la minJ., est nrai-oi'.o
Angtais
Bretagne
I
milre Anglais furent chassés à* r* r".i. pr-
_quinze
sition de saint-caagr p_a1 l'héroisme des paysani l;;1;.r.
9l 1759, I'amiral La-crueétait vaincu dânË le détroit de
Gib^raltar, à la hautcur de Lagos, par |amirat goscawen.
Enlin, le maréchal Conflans, !ue [l.u d, pompadour avait
.de.
fait nommer amiral, était battuprès ae Belle-Isle'pu, r'uÀi.ur
Hawkes, et perdait vingt et ui vaisseaux. ccît, bataille
resta tristement fameuse sous le nom de bataille ai
Conflans.
a. ae
18. Perto du Canada.-En Amérique, nous perdions
RÈGNB DE [ouIS xv. 30i
le Canada. Le morquis de Montcalm, aidé du dévouement
des Canadiens, avait fait de généreux elforts pour seuver
ceite belle colonie. Mais il fut délaissé par Ia Franee, qui ne
lui envoyo pos un soldat de renfort. Il eut bientôt à lutter
contre une armée englaise oommsndée pùr Ie gÔnéral rù/olf.
Il essaya de résister a,vec une poignée de soldats et de Ca-
nadiens mal armés contre quarante mille hommes. La
bataille s'engageo sous les murs de Québec, le 12 sep-
tembre t.759. Montcalm et Wolf furent tués. a Je meurs
content, dit celui-ci, les Anglais sont vainqueurs. > a Je
meurs content, avait dit Monicalm, je ne verrai pas la perte
des Français. > Un an après, la capitulation de Montréal
livrait le Canada aux Anglais.
19. Perte de I'Tfind.oustan. Dans l'Hindoustan,
les Anglais, conduits per un homme- de génie, Iord Clive,
ovaienl fait, depuis la disgrâce de Dupleix, des progrès con-
sidérables. Le nouveau gouverneur fronçais, Lally-Tollendolt
f.t d'héroïques elforts pour anêter les Anglais' Il avait pris
pour devise: Plus d"Anglai,s d,ans la Pëninsule J Son début
fut brillant; mais il échoua devant l\{adras, où il perdit
l'élite de son armée. Il fut bientôt assiégé lui-même dans
Pondichéry, lit une résistance énergique pendant dix mois,
puis, réduit à la dernière extrémité, il se rendit à discré-
iion (17ô3). Ce fut la tn de notre domination dans I'Inde.
20. Traité de Paris (17ô3). Les puissances conti-
-
nentoles étaient fatiguées de la guerre. Frédéric lI avait
résisl,é victorieusement aux efforts d'une redoutable coalition.
La Russie, depuis la mort de Ia czarine Elisabeth, s'était
retiréede la lutte. L'Autriche, après de nombreusesdéfaites,
renonçait à conquérir Ia Silésie. L'Angleterre était satisfaite
de notre ruine coloniale.
La paix fut signée à Paris. La F'rance perdait en. Amé-
rique : le Canada, l'île du Cap-Breton, les bouches du Saint-
Laurent, la vallée de I'Ohio, la rive gauche du Mississipi;
uux Antiltes : la Dominique, Saint-Vincent, Tabago, Grenade
et les Grenadines ; en Afrique : la rivière du Sénégal, et
Goree; et Asie: toutes nos possessions de I'Ilintloustan, où
nous ne gardions que Chandern&gor, Pondichéry, Mahé et
Karikal. Toutes ces colonies étaient cédées à I'Angleterre. La
France abandonnait Ia Louisiane à I'Espagne pour Ia dédom-
ma.ger de ses pertes. Ce désastreux traité donnoit à I'Angle-
terre I'empire incontesté des mers.
396 EISTOIRE DE TRANCE.

LECTURE.
- Duplei-.
Dupleir, gouverneur des établissements français dans I'Inde. montra
dans ce poste un génie supérieun. Son arnbition était de créer irn puis-
sant empire colonial. Profitant avec habileté des divisions qui avâient
éclaté parmi les princes indiens, il s'empara d'un vaste territoire aussi
grand que la France.
Un auxiliaire brillant d'esprit et de courage Iui prêta le plus utile
concours : ce fut sa femme, Jeanne de Castro. namiliere avec toutes
les Iangues de l'Inde, elle entretint, Dour le compte de son mari. une
vaste correspondance avec tous les pèrsonnages iidigènes qui pouvaient
servir les pro.iets de Dupleir, et se rendit Célèbre -dans l'lnrie entière
sous le nom de la princesse Jeanne.
Dupleix soutirrt cirntre les Anglais une lutte énergique. Ceux-ci avaient
mis le siège devant Pondichéry, la capitale des étabiissements francais.
Dupleix dirigea en personne la défense et y reçut une blessure.' Sa
femme le seconda d'une manière admirable;-elle-bravait tous les dan-
gers à ses côtés, soutenant par son exemple les officiers et les soldats.
la pair d'Ai-x-la-Chapelle,.les An$lais, effrayés des progrès que
^ .Anlegla conqrrète française,.exigèrent lè rappel db Dupleix.
faisait ie gou-
vernement francais eut la faiblesse d'v conseri[ir.
Dupleir mouiut à Paris dnns une ëxlrême misère. Les Francais ne
doivent pas oublier le souvenir de cet homme de sénie qui. s'il ayait
été soutenu par sa patrie, lui aurait donné Ie magnifiqrio 'empire de
I'Hiutloustan

EXENCICES ONÀU:( ET ÉCNITS

l. Erplioation des mots. - Illotwitz, rive gauche de l'0der. Nurn-


hembourg, près de llunich, entre l'Isar et I'Ammer. - sir la
uschwitz, affluent de la Moldau . - Tabor,
Budweiss, sur la ltoldau. --
/au, Bohème, sud.-est de--Pragle.- Detlinaen, rive_ droite du l\{ayn.
Czas-
- de Touinai. Coni, au confluént
Fontenoy, vallée de I'Escaut, près
-de la Stura et du Gesso. Bassignano, sur le- Pô. -- Friedbero.
-
Silésie.
- Culloclen, dans le comté d'lnverness. Raucouz. surTd
rive gauclre de la lleuse, près de Liège . -
Lawfeldf. nrès de
I\Iaêstricht. OsuQTo, à I'embouchure de la -rivière ôsrvésb,'dans le
lac 0ntario. - Kollin, sur l'lilbe. Closter-Seuern, llanôvre. entre
-
le Wéser et I'Elbe. srrr la- rive gruche de l'ôder, en face de
l'Oder. - Lissa,
Creuelt, rive gauche du Rhin. sur la Nida.
-
du Illayn. --Berqen,affluent de lâ afftuent
Freyberg, Saxe, sur la il{ùnsbaàh, \lulde.
- prè^s
Corôach, lEder, affluent_de la Fulde, Hesse.-* Montréal,
-dans une ile du Saint-Laurcnt.
$e
du Gange. - Chanderneqor, sur I'tJouglv. - "' bras
- lluLerts|ozrr.q, Saxe, entre la Nl"ulde et I'Elbe.
S.0uestionnaire. Què se passa-t-il à la mort de I'emnereur
Charles YI? -
Qui él.ait sa fille? Quels étaient ses droits à sà suc-
cession? - -
Pourqnoi la Franee disputa-t-elle I'héritage de llarie-Thé-
rèse? -
Avec quelle puissance s'eSt-elle alliée? Rarrpelez les ure-
- -
miers événemen[s de cette guerue; les n,rms des gônéraux. 1 Qui défehdit
Prague? Racontez la bataille de Fontenov.
-- Quels soniles nrinci-
-
paur laits de la guerre maritime? Quel triité a [erminé cette girerre?
-
Qrrelles sont les causes de la grrerre de Sept ansl
- - Dan"s cette
\
RÈGNE DE TOUIS IV. 3O?
guerre. quels étaient nos alliés, quels étaient uos ennemis? Com-
irent â-t-elle débuté? Racontez la bataille de Rosbach.
-
-
sont les batailles livrées dans la vallée du Rhin?
- Quelles
Racontez le dévoue-
rnent du chevalier d'Assas.
-
Racontez les campagnes maritimes.
larlez de Dupleix. -
Comment avons-nous perdir l-e Canada?
-
-
traitô a mis fin à la guerre de Sept ans? Appréciez ce traité.- Quel

3. Ilevoirs à rértigir. -
Expoier les campâgnes du maréchal de
Saxe.
-
Raconter lés campasdes qui ont auien"é le traité de Paris ct
-
appréeier les résultats de cri tiaité.
-

ru
Lours xv. - TitfJTffiiR""n'LEtrENr.
(r7$.r77{)

rEç0N
l. ilinlstère de Choisecl. - Le ministre Choiseul (1758-1770)
essavÈ de réDarer lcs désastres de la gueme de Sept ans.
2.'Politiquô intérieure. - A I'intériéur, ChoiseuI soutenu pal
les philosophes et par le parlement, ordonna I'erpulsion des
'iésuites.
3. Politiqueertérieure.
- A I'extérieur, il signa avec les Bour-
bons Ie pacte de farnille et annexa la Corse.
4. Le tliunvirat. Cet habile ministre fut renversé par une
intrigue de cour, qui- donna le gouvernement à lllaupeou, TerraY
et tl'iiguillon. Soirs ce triumvirat (1770-1774), I'abâissement d.è
la France fut complet.

RÉCIT

l.Gouvernement intérieur de 1743 à 1764. -


Depuis la mort dc Fleury, jusqu'à Choiseul, le gouverne-
ment fut eux mains des favorites. La duchesse de Chôteau-
roux, qui depuis {?40 partageait a ec Fleury la direction
des alfaires, montra, dans la guerre,. du patriotisme et de
l'énergie. Elle mourut en {74t* et fut remplacée par l\{És de
Pomprdour qui, pendûnt dix-neuf ans, fut maitresse absolue
de la Frence.
A I'extérieur, deux faits importants remplissent cette pé-
riode : le lin de la gueme de la succession d'Autriche, et lù
guerre de sept nns.
A I'intérieur, frivolitô et smndoles de le cour, progrès
/
308 EISTOIRE DE FnANcE.
de l'esprit philosophique, décadence marquée du pouyoil
royal, mais activité très grande de la nation, enlin que-
relles religieuses, tel est le résumé de I'histoire de ces vingt
années.
2. I-re perlement et le clergé. Depuis longtemps
-
un greve conflit avait éclaté entre le parlement et le clergé à
I'occasion de la bulle Unigenitus, qui condamnoit les jansé-
nistes. Des désordres evaient déjà troublé la France sous le
ministère Fleury. La lutte reprit avec plus de furcur lorsque
I'archevèque de Paris, Christophe de Bennmont, eut or-
donné, en 1752, de refuser les sauements à tous ceux qui
n'approuvaient pas la bulle du pape. Le parlement s'em-
porta contre le clergé, défendit le refus des samements et or-
donna ls saisie des revenus de I'archevêque de Paris. Le roi
châtie la révolte des conseillers et exila le parlement à Pon-
toise. Les discussions religieuses recommencèrent lorsque la
cour fut rappelée à Paris. Le parlement tourna ses attaques
contre les jésuites. La banqueroute du père Lavalette, dans
la Martinique, Iit naitre un procès retentissant. Le parle-
ment de Paris en profito pour rendre un anêt, à Ia date
du 6 août t752, qui condamnait I'institut des jésuites et
prononqait la vente de leurs biens. La France ne faisait que
suivrs Ia réaction générale qui éolatoit partout en Europe
contre la compagnie de Jésus. Les jésuites, expulsés de
tous les peys, trouvèrent un osile chez un roi protestant,
Frédéric II.
3. Ministère de Choiseul. - Le duc de Choiseul
avait rendu un grand service à la France pendant la gueme
de Sept ans. Il avait signé le Pacte de famille. Cet habile
ministre, qui dirigea les affoires jusqu'en 1,770t déploya une
activité intelligente. Il réorgonisa notre armée; il refit notre
marine, qui comptait, à so mort, soixante-dix vaisseaux de
ligne et oinquante frégates. 1l essaya de sauver la Pologne,
que les Etats du Nord menaçaient d'un démembrement. Il
rnnex& à la France la Corse, que les Génois nous vendirent,
et la Lorraine, à la mort du roi Stanislas Leczinski. Il
prépareit d'immenses &rmements contre I'Angleterre quand
il fut renversé par unc intrigue de cour, tr&mée par la
fevorite du roi, M*o du Bamy. Il fut exilé dans sa terre de
Ohanteloup.
4. T'e triumvirat. - Les offaires furent alors dirigées
par trois ministres, le chancelier Maupeou, I'abbé Terray,
,i

RÈGNE DE I,OUIs xv. 3C9


contrôleur des ûnances, et le duc d'Aiguillon, gouverneur
de la Bretagne. Les favoris de Mq" du Bany, auteurs de la
disgràce de Choiseul, orgonisèrent une sorte de triumvirot.
Ces quatre dcrnièrcs années (1770-1,.?2&) furent les plus
tristes du règne. A I'cxtérieur la Pologne étoit démembiée;
I'Espagne, notre alliée, était abandonnée à la haine de I'An-
gletene. A I'intérieur le parlement était détruit et rem;lacé
pùr une cour de justice que I'opinion flétrisssit du nom de
p.arlement Maupeou. Le trésor étsit livré ou gospillage par
I'incurie et la rapacité de I'abbé Terray. Enfin dôs splcula-
teurs éhontés exploitaient la misère du peuple en organisant
le pacte de fumine,
5. Mort de lrouis XV. C'est au milieu de ces hontes
-
qu9 le roi mourut (mai { 774). Il était ossez intelligent pour
prévoir les malheurs qui allaient fondre sur la France, mois
trop égoiqte pour reconnaltre qu'il en était en grande partie
responsable.

LECTURE.
- Aoquisition de la Gorse,
. Choiseul conc,ut Ia pensée de réuuir la Corse à la Frauce. Cette acqui-
sition lui parut imporlante, comme une dépendance naturelle de la pio-
vence, comme p-ropre â protéger le conme-rce du Levant, et à favoriser
des opérations futures en ltalie. AFrès de longues hésitations. Gônes
consentit, et Spinula, son ambassad'eur à Paris] siena un traité'par le-
quel les deux purssances convinrent que le roi ôe France soumettrait et
désarmerait les Corses, et les gouvefnerait.iusgu'au moment où la ré-
publique serait en mesure de lui remboursei les avances que lui aurait
coùtées cette conguête.
Le ministre franqais fit ouvrir une négociation avec paoli. nremier
magistrat et général de la Corse; il
-lui dèmandait qu'il portât'sôn pays
à se reconnaitre suSet du roi, et, conformément au v'æu due d'ancieirnes
eonsultes avaient Iuelquefois manifesté, qu'il se recoiruùt librement
province du royaume. Pour prix de cette condescendance, on olfrait à
Paoli fortune, honneurs; et lé caractère grand et généreur du ministre
avec lequel il traitlit ne pouvait lui Iaisicr aucurie inquiétude sur cet
objet. Il rejeta toutes cei offres avec dédain; il convoqua la consulte
et lui-exposa.l'état critiqrre des aflaires; il ne lui dissimula pas qu'il
était impiossible de résiiter aux forces'de la France, et gu'il n'aiait
qrr'rrne espérance vague, mais rien de positif, sur l'intervention de
'ou
l'Ansleteue. ll n'y eut qu'un mi : La li\erté la morll ll insista
pour que I'on ne s'engageât pas légèrementl que ce n'était pas sans
réflexion et par enthousiasmè qu'il fallait bn[reDrentlre une'nareille
lutte. Un jeune homme de vingt âns, député à ll c'onsulte, acheia d'irr-
Iluer slr les esl,rits par un discours pliiin de verve; il venait de Home
et de Pise, et était plein de I'enthoùsiasme qu'inspire la lecture des
anciens, et qui régnait dans ces écoles. < S'il 6uffisiit, pour être libre,
l de le vouloir, tous les peulrles de la terre le seraient.'peu ceoendant
D ont pu arriver â jouir des'bienfaits de la liberté, parce que ireu ont
{OO HISÎOIRE DE FBANCE.
eu l'énergie, le courage et les vertuS né-ceSsaires. >..D'autres ajoutaient
',
ouà. nnurris depuis quârante ans dans les armes, ils avalent vu périr
leui's nères et léurs eirfants pour obtenir I'in<lépendance de leur patrie,
bienfait qu'ils tenaient de. Ià.nature, qui.les âvait isolés de tous les
iutres peirples. Tous paraissaient surtout indignés de ce qrre la France,
oui àva'it été souverrt'môdiatricc dans leur qucrelle.avec Gôncs., et avait
iouio,,ts nrotesté de son désintéressementl sc présentait arrjourd'hui
couime pârtie, et feignait de moire que le gouvernement de Gênes pou-
vait venïre les Corses comme un troupeau de bæufs.
Les prêtres, les moines étaient les plùs exaltés. La qaise-de la popu-
'et
lation, surtout les montagnards, n'avaient ancune idée de la.pulssânce
Oï ta f'rance. Àccoutumés I se battre et à repousser souvent ]es faibles
coros Ou comte de Boissieur et de Nlailleboii, rien de ce qu'ils avaient
vu ie les effrarait. lls goyaient que ces faibles dêtachements étaient
les armôes fratiçaises. La cônsulte Tut presque unanime pour la guerfe;
mèmes sentiments.
- nonulation rrartagea les n'arrôtèrent
la
ÙeË vains raisonniments pas la marche du eabinet franeais.
lejiô"iËiiiïiîèrriirt Chiuvelin rtebarqrïa à Bastia; il errt s0us ses ordres
douze mille hdmmes. Il prrblia des proclamations, intima dcs ordres aur
C0rnmunes, et commença les hosl.ilités;_ nrais scs troupes, batiues au
èÀmnai oe'Borgo, repoulsées dans toutes'leurs attaques, fure.nt obligées,
à la fin de la campagne de l'168, de se renlermer dans les places fortes,
neiomm,,niquant'p)irs entre elles qtle par le secottrs de quelqrres fré-
gates de croi-sière. Les Curses se crurent sauvés; .ils ne doutè.rent pas
Ëue I'Ancleterre n'inten'int; Palli pltrtagea cette illusion; mais le mt'
riistère a"nslais. inquiet de la fermentation qui se manifestait dans ses
ôôionies d Aneriqub, ne vuulait pas la guerle. Il ût r,:mettre à Versailles
une note faible ei sb contenta des erplir:ations plus faihles encore.qui
Irri-turent données. Des cltrbs de Lt'ndres envoyèrcnt des armes et de
i;fr;liif'ti-CÀitr ae Sardaigne et quelques sociét.ls rl'Ilalie dunnèrent
en !'',cret rJes secours; mais-c'étaierit de faibles ressùlllces cotttre I'ar-
meneut rctloutable qui se.préparait sur les cÔtes de la Provence. Les
éilrecs 0u'avait értrouvés Chluvelin furent un
srriet de satisfaetion dans toule l'Errrotte, et
snicialement ett France. 0n avait le bun es'
niit de concevoir (ue la qloire nationale n'était
èn rien compromiie dans une lrrttc contrc une
Doisnée de- montasnrrds, Lottis XV mème
inoiltra quelqnes s*entinrents farorables aux
Corses; il étÀit peu ialoux de cette nouvelle
couronne sur sa iêtef et, pour le dùcitler à or-
donner Ies préparatifs d'une dettxiènre cam-
pasne, il fallut lui parler de la joie qu'épron-
ïeiaient les philosopltcs de voir le grand roi
battu par un'peuple'libre et obligé de reculer
devani lui. Lrintluence en serait grande pour
I'autorité rovale. La liberté avaib des fanati-
ques, qni verraient dcs miracles dans les sue-
ll n'y eut plus à
iês d'rine lutte si inégalc.
délibérer. Le maréchal de Yaux partiI pour
la Corse: il eut sons sÈs ordres trente mille
hommes ; les ports de cette lle furent inondés de troupes. Les habi-
tants se défenâirent cependant pendant une partie de la campagne
de 1769, mâis sans espdir de suôcès. La population de la Corse était
RùGNE DE LOT'IS XV. &OT

alors ile cent cinquante mille habitants au plus; trente mille étaient
contenus oar tes foits et les garnisons franqaises; il restait vingt mille
liommes én état de porter leJ armes, desqriels il fallait ôter tous ceur
sui aonartenaient arix chefls qui avaient fa-it leur trarté avec les agents
du miriistOre francais. Les Corïes se battirent avec obstination au passage
du Golo. N'ayant"pas eu le temps de couper Ie pont, Qgi était en pierre,
its se servirent aôs cadavres dè leurs morts pour en f6rmer ttn retran-
chement. Paoli, acculé au sud de I'ile, s'embarqua sur. un bâtimcnt an-
Elais à Porto-Vecchio. débarqua à Livourne, tràversa le continent et se
iendit à Londres. II fut accu'eilli partout, par les souverains et par le
-
peuple, avec les plus grandes mafques d'admiral.ion.
Désormais la C-orse était française.

EXERCICES ORAUX ET ÉCRITS

l. 0uestionnaire. Pourquoi la lutte a-t-elle éclaté entre le parle-


-
ment et le clergé?
- Quels lont les faits principaur du ninistère de
Choiseul?
- O'u'est-celue le triumvirat? Qti'est-ce que le parle-
-
ment Mauneou? '-En qùelle année est mort Louis XV?
-
1. Ilevoir à rédiger. Exposer les principaux événements du mi'
nistère de Choiseul. \

Iv
LES I,ETTRES & LES SCIENCES AI'
DIX-HUITIÈME SIÈCLT
rEçoN
l. la tittérature au ilir-huitième sièols. - L'histoiro du dix-
huitième siècle est rcmarguable par - l'éclat des lettres et les
srandes découvertes ecientiûques.
" !. Prinoipaur éorivainB. 'Dans lo pbilosophie et I'histoire,
-
Voltaire, i\lontesquieu, Rousseau, Diderot,
-d'Alembert,
a.tta'
guèrent'les abus'et les privilèges de I'ancien régime et prépa-
r-èrent ainsi la Révolution.
3. Les scienoes. Dans les sciences, Franklin, I-avoisier, Buffon,
-
Lagrange, Laplace, donnèrent à Ia physique, à la- chimie,-à l'his-
toiie n-aturelie, aux mathématiquès,- unc grande impulsion et
ffrent les plus belles découvertes.
{. Voyafes et découvertes. Entn les voyage-s des*navigateurs
-
Bvron. Caiterct. Wallis, Cook, Bougainville et La Pérouse, dé-
côuvriient, ou explorèrent de irouve-llee terres, et enrichirent la
géogrophie de connaissances précieusee.

nÉctr
t. Lra littérature au dix'huitième siècle.
Lo littéroture tu dix-huitïème siècle e ét6 un instrument
de combat; elle a fait une guerre passionnée oux abus et
I

I
&02 EISÎOIRE DE trRANCE.
a.ux privilèges, et s,insi elle deveit préparer lo Révolution
frangaise.
_ Voltaire ({694-1778) fut le représentant le plus complet
de son époque. Timide en politique, observateur des trÀdi-
tions en lit,térature, déiste en philosophie, il a été surtout
I'ennemi acharné de I'autorité religieuse. C'est contre elle
qu'il e dirigé s& verve railleuse et son éloquence ardente. Il a
été le tléfenseur le plus résolu de la liberté de conscience.
Montesquieu ({689-{755) a exercé surtout une inlluence sur
I'tfirlucation politiyrc des esprits. Il a cherché dans la Consti-
tution anglaise les règles
du gouvernement. Son
plus grand honneur sera
d'avoir inspiré de ses idées
les constitusnts de 1789.
Rousseau (t 7 l2-f 77S) &
été I'initiateur d'une ré-
forme sociale et morale.
Il a clierché à ramener Ia
société polie et corrompue
de son temps au scntiment
dc la simplicité et de la
naturc. Scs théories sur
l'éclucalion et ltr morale
sont souvent paradoxales ;
l\luntcsquicu. il seraiL inj uste dc leur

nuence. En politique il a p.opn.eniT'uj:,ii:rooilili"ii-


raineté absolue du peuple I ses principes dcvaient inspirer la
Convention
2. T.'Encyclopédie. Voltaire, Montesquieu, Rous-
- sièole.
seru dominent le dix-huitième Ils ont dîrigé ie mou-
vement religieuxo philosophique, historique, politique et
social_: ils onJ préparé dans les idées la révoluiion que la
constituante lit passer dans les faits. Mais de ,ro.L*.u*
émivains ont collaboré à cette æuvre. Tels furent les rédac-
teurs de l'Encyclopedie, vaste dictionnaire des connaissances
humaines. Diderot (r,7l2-1,.78t*) et d'Alembert (t 7t7-t7SB)
y opportèr9nt ung verve éloquente, une science profondej
un style vif et élégant, et, comme leur maître, -Voltoire,
y combattirent, avec passion et sans mesure, bien des
pr6jugés.
tA tIlTÉRÂTURE ÀU DIX.HUITIÈME SIÈCTE.
A l'6cole encyclopédique on peut rattacher : Condilloc
(17{5-t780), disciple de Locke, qui popularisa en France la
philosoplrie sensualiste; Hr:lvétius (t 7 15-/1.77 l.)t auteur du
livre de l'Espri,t; le baron d'Holbach (1723-t789), auteur du
Systëme de Ia nature; La l\{ettrie ({709-175t), qui a écrit
l'Ilistoire naturelle d,e l,'û,me, I'Homme-machine, I'Homme-
plante; le marquis d'Argens (1,7Ùt*-'t ?71), auteur des Lettres
iuiues et des Lettres chirnises; le beron Grimm (1723-1807),
a u tc ur d'une curieuse t omespond,azce; llarm ontel ( I ? 2 3- I ? g g
)
&vec ses Contes rnorauæ, son BeJisaire et ses Incas; I'abbé
Raynal (17{3-1796), auteur de L'Histoire philosophique d,es
Ind,es; Duclos (1.704-t 7?2), qui a émit l'Histoired,e Louùs XI,
des Mémotres secrets sur Ie rëgne d,e trouds XI et d,e Louis XV;
I'abbé Mably ({709-1795), auteur du Parallële d,es Romains
et des Français, des Oôseruatzons sur l'histoire d,e France:
Condorcet (l7t*3-l7ïtL), auteur de l'.Esguz'sse des Ttrogrës d,e
l'esprit humain.
3. Ires économistes. lo même époque, une école
plus pratiquc répand dcs idées - Anouvelles sur la nature et la
répartition des impôts, sur la æéation et Ia répartition des
richesses 1 c'est l'école des écanome'stes. Déjà, à la fin du règne
dc Louis XlV, des esprits supérieurs tels que Bois-Guillcbert
et Vauban avaient été lcs véritables créateurs de l'éconornie
ytolitique. Au dix-huitième siècle dcux hommes prirent la
direction de ce mouvement, I'intendant tlu commerce, Vin-
cent de Gournay, et le docteur Quesnay, médecin du roi.
Le premier, en soutenant que I'agricullure seule est produc-
tive, fut le chef du parti agricole ou des physiouates. Cette
doctrine exagérée produisit une théorie nouvelle des impôts,
d'après laquelle la terre seule devait supporter le poids
des charges publiques. L'Assemblée constituante s'en inspira
quand elle abolit les impôts indirects et exagéra I'impôt ter-
ritorial.
Les économistes demandaient surtout'la liberté du tra-
vail, la liberté du commerce des grains, I'abolition des
douanes provinciales, la destruction des corporations, des
jurandes et des maîtrises, en un mot le renyersement de
toutes les banières qui entravaient Ie travail national.
Turgot (1,727-'1,78{) fut un des défenseurs les plus éloquents
de ces idées nouvelles qu'il voulut eppliquer pendant son
ministère. L'Ecossais Adam Smith ({y2g-1790), dans son
beau livre des .Beoâerclres sur tra natwe et les causes d,e la ri-
TOT HISÎOIRE DN FRANCE.
chesse il,es nations, fut le plus illustre théoricien de l'économie
politique.
4. I-res ËcienceB. Le ilix-huitième siècle fut pour les
-
sciences une époque do création et de rénovation. Il allait
faire connaitre les prin-
cipes et les combinaisons
des corps, comme la
ssience du dix-septième
siècie avait constaté les
règles mathématiques de
leur pesanteur et de leur
mouvement. A la fon-
dation véritable de I'as-
tronomie allait sucufder
cclle de la physique, de
la chimie, dc I'histoire
naturelle. A Galiiée, à
Képler, à l{uyghcns, à
ir*ervLon, à Leibniz al-
laient succôder Frtnklin,
Priestlcy, Lavoisier, Bcr-
Fra-ntlin. thollet, Laplace, Volta,
Linné, Buffon, Cuvicr.
5. Sciences physiques. Les sciences phy-
stques Iirent des progrès considérables : Ilenjamin Fran-
klin, de Boston ({706-f 790)' per ses expériences sur la
conductibilité du lluide électrique, inventa les paraton-
nerucs; Galvani (f ?37-1798), professeur à Bolognc, constata
le premier I'existence de l'électricité animalc; Volta, de
Côme (1747-1827), en répétant les expériences de Galvani,
fut conduit à la construction de la pele voltaique; il fut en
même temps I'ittventeur de I'éIectrophore,, du cond,ensateur
ëlectrique, d.e l'éIectroscope; Réaumur ({ 6I3-{ 7 57) construisit
le thermomètre rle ce nom; Ies frères Montgollier décou-
vrirent les aéros1.ats (f ?82); Pilâtre de Rozier fit lc prcmicr
voyagc oérien, le 20 déccmbre {783.
6. Sciences chimigues. - Les sciences chimiques
ovaient fait d'importentes conquôtes avec les travaux de
Sthal sur la, combustion; de Hales et de Black, sur les gazl
cle l\{argraff, sur Iu magnésie et.l'aluminium; de Bergmann
et Schèeler sur les acides et I'hydrogène sulfuré; de Ca-
venrlish, sur I'hydrogène; de Priestley, sur I'oxygène. I\{ais
IES SCIENCES. 105
I'honneur d'avoir créé la chimie comme une science revient à
Lavoisier (1743-1,?94). Sa Thé,orie sur la combustion fut une
révolution complète. Lo science créée, il trouva un longoge
simple et méthodique pour I'enseigner. Ce fut sa trIéthod,eâe
nomenclature chimique qu'il publia en 178?. Ellefut conti-
nuée par Berthollet, Guyton de Morveau et Fourmoy. Lavoi-
sier mourut sur l'échafaud en l7gL. L'abbé IIaûy ût d'im-
portants travaux sur la cristallographie.
7, Sciences naturelles. Les sciences naturelles
eurent d'illustres représentants. Le- Suédois Linné (l 7 07 -1779)
devait fonCer la méthode nouvelle par sa classification et sa
nomenclature. Cette classilication pur le groupement des
espèces qui se rapprochent par le plus grand nombre de ca-
ractères, ébauchée par Linné, fut l'æuvpe remerquable de
Bclnard et de Laurent de Jussieu. Ils rendirent les plus
grands services à la science per lo distribution des plantcs
d'après cette méthode na-
turelle. Daubenton fi t d'im-
portantes découvertes en
anatomie et en minéralo-
gie; Charles Bonnet, de
Genève, publia de remar-
quables travaux sur les
insectes. I\,Iais le nom le
plus populaire devait être
celui deBuffon. Né à l\,Iont-
bnrd ({ 7 07-/1,788), Bulfrrn
a élevé un monument im-
périssable dans sa grande
Ilistoùre natm'elle. Il ran- Bufou.
pelle à la fois par I'exacti-
tude de l'observation, l'élégance du stylc ct la profondeur
des vues philosophiques, Pline et Aristote.
8. Sciences methématiques. Les sciences mathë-
dont les progrès avaient été
yTsslriques, - si rapides dans les
siècles précôdents, poussèrent plus loin leurs investigations.
En Allemagne, Euler (t707-t 783) continuait la tradition de
Newton et de Leibniz; Clairaut et d'Alembert développent
I'analyse mathématigue I Herschel découvre, ovec son puis-
sant télescope, Ura.nus .et les deux satellites de Saturne I
Bouguer et La Condamine vont au Pérou, tandis que Clai-
raut, Lemonnier et l\{aupertuis vont en Loponie pour tléter-
IO8 BISTOIRE DE FNANCE.
miner la mesure d'un degré du méridien. Lacaille dresse, au
cap de Bonne-Espérance, lo carte du ciel austral; Delambre
et Méchain déterminent la longueur du mètrei Bailly écrit
I'histoire de I'astronomiel Lagrange publie sa Mécaniqw
analytique, et Laplacen sa ilIécanique céIeste, et son admirable
livre de l'Euposition du système d,u monde.
9. Les voyag'es. Le dix-huitième siècle fut sussi
-
l'époque des voyages et tles gra.ndes découvertes maritimes.
L'Angleterre et la France
se distinguèrent ou pre-
mier rang. Les Anglais
Anson et Byron explo-
rèrent les passages entre
les cnps Horn et de Bon-
ne-Espérance ; Carteret et
Wallis lirent des décou-
vertes dans l'0céanie;
Vancouver dons I'Amé-
rique du Nord. Le plus
célèbre, Cook, dans trois
voyegcs mémorables) ex.-
La I'érouso. plora I'ooéan Pacifique,
traversa le détroit de son
nom, découvrit la Nouvclle-Calédonie, explora le nord de
I'Amérique. Ce hardi navigateur fut assassiné par les indi-
gènes des iles Slndrvich.
En Fr&nce, Bougainville faisait un voyage autour du
monde dont il l,ublia un récit intéressant; Surville explora
I'océan Indien et I'océan Pacifique; La pérouse devait périr
sur les récifs de Vanikoro. Les débris de ce naufrage furent
découverts, en {.827, par Dumont-d'Urville.

IECTURE.
- Voltaire, Montesquieu, J.-J. Roussoâur

. Vorrlns (Aro.uel .on),^ né .à Pa-ris, le 2l novembre 16g4, mourut,


dans la uême ville, le 30 mai t778. Fils de Franqois Arouét. notairé
au Dhâtelet, i1 fut élevé au collège Louis-le-Grand,'alors dirisé par les
jésuites. Jeune encore, il fut présenté par I'abbé de Château-neûf. son
pa.rrain, à Ninon.de Lenclos-, au duc de-Sully, au marquis de La frare,
à l'abbé de chaulieu, et débuta dans les leitres sous ies ausnices dei
épicuriens beaur-esprits du Tcmple. une satire sur Louis xIV. oubliée
I'année mème de la mort.du roi,r et faussement attribuée à Voitàire, le
ût mettre à la llastille. Il en sdrtit avec l'ébauche de Ia llcnriàete el
lES SCIENCES. 107
9,f 3_tlfg_eaig d)fidlpe.^Cette tragédie, qui parut en t7t8, eommenqa
l'æuvre 0e sâ celébrité. Après unyoyage en Hollande, il donna en l'lIS
sa lle.nriade, qui oblint uh grand suicés. En 1726. a'nrès une ouerelle
avec le chevalier de Rohan-chabot, il fut de nouveâu'enfermé à'la Bas-
till*e, A peine.d.élivré, il fut exilé 'en Angleierre (tig7).
bren accuell,ll dans-ce pays, voltaire connut à Londres les hommes
de lettres les plus distidgués. Les conséquencès àJ ce uovàeË-rur.nt
consrderables. voltaire y prépara ses fameùses Lettres sur lei'Anolais
ot Lettres philosophirjuès iur la socteté. les mæurs. les lots. iâ tit-
!ë:!3:u:! etIa,ph.il,o.s.ophte de.l,4nqtete11g. il Iir conririrr.e à lïEurope
snakspeare le.théâtre anglais, pope, Addison, le systèrue de Nervtun.
Durant cette périude de sa"vie,-pérroa'e anslaisé en Ëneio,.e sorte. torrs
ses 0uvra.gcs attestent.ces souvènirs anglàis. Brutits (f lJ0), tragédie
republicaine, est nn éloge des libertés ,l-e ce navs: zàtre ri7lzt"mo-
rrta d'é.tre^compqré_ à 0lhello, qui en a forrrrii "la'prcmièrb idé'e. La
lllort d'e cësar éIait un autre sôuvenir de $haksneâre. L'Htstoire cle
charles xII, roi de suède (r?80), fut écrite à I'aide ae nôteJ prises
en Angleterre.-
_-Le séjour de Voltaire à Cirev, en Chamnasne, aunrès de Mme du
chaltelet, fut la période vraimeni'ph ilosophidue"d e'sa ôiriiorà. Ii- donna
\e: y E m! n,t.s_r!9.1 a p hi I o s o.p h ie de N e w t on ( t I g 8- r 74 t ). A I zir e ( I ? 89),
Itlahomet {t7'{l), datent d-e cette époque. 'En même iemns. Voltaiié
preparart ,{elx..qe ses principales buvres historiques, le Sticle de
Louis XIV etl'Essai sùr les'mæurs et l,esprit deinàtions.
8n.t743, à.la mort de Flcury, voltaire rtivint à Èâris, se réconcilia
lvçq.lq p_o_uveir_ eI fut chargé d'irne négoeiatiun cliplomatiôue ariniôs de
Frédéric,II. La tragédieâe trteropeTtl+U réusiit à nla'ire eEâtemcnt
au publre e.t-à lq cour. trlm,o dc porirpaàour le fit nomnier Eentilhonnme
de la chambre du roi et historiograp'he de France. Bn lTï6, vôitiiie,
-
deux fois repoussé, entra enfin iictrrrieusement à l'Âcadériel
La faveur de voltaire ne dura pas. Jaloux de crdbiilon. noète favori
{e.l\1." de.Pomprdour, il entreprii de refaire les tragédies â,i son iival I
semirattiis (ti43), oreste, Rôme sauuée, s0nt auiant de défls portés
à Crébillon.
En.l?50,..voltaire fit un sccond voyage à Bcrlin, oir il sé.iourna trois
ans. accueilli avec ernprcssement, il Ëe'iatigua cependant l"iôn vi'te aes
e.xigences. du grand Frèdéric, des jalousies de Madpertuis, piesi,tent oe
I'Acadenue de tserlrn, revint en France, et, après ctuelorres -mois d'exis-
tenre errante, il alla se fixer dans lu Jrira.'à'Fernêv f i.lSSt.
Ces lingt alle.gl d,e la vieillesse de Volîaire fureht'iem1,'lies par une
prodrgreus.c acl.ivité d'esprit et valurent, à l'écrivain une tblle iriûuence
qu 0n ne l.'appelarl plus que le Ttatriarche de lterneu. De nombreur
o^uyrages- datent_ de cettc époque ; l'Hi.*toire de Russie sous lrierre le
Grand,, .le siècle de Louii xIv,I'Iristoire rlu trartemeil,-7e- ili)c'tion-
naire.plilosoplûque et sa volnmineuse correspondance. ' - -
---

,., \'ollaire n'eu[,pas seulemcnt la p;rssion du'succès, il eut celle de


rnum.anlle.. son_ el0guence et ses efl'oLts fjrent réhabiliter la malheureusc
famllle u_alas, d0nt le chef innocent, avait été condamné au sunnlice de
la roue..ll nc put sauver lc malheureux ehevalier de La Barrc,'qui avait
renvers.e_av€c 0utrage une cr0ix dans Abheville; mais il rrroideea le
jeune d lJtall,'nde, complice de La Barre. ll dér.,bi arr srrnnliie laieuve
de Ilonthailli, dont le'mari était un erempl. fatar de ia'urÀ,,inirrtion
de.la.;uslice huur;rrrre. Il s'intlrgna de la 'condamnation dir cÉiebre et
matheurcur comte Lally, sans obtenir pour eette atrocifé jutliciaire une
{08 BISTOIRE DE TRANCE.
réparation, gue Louis XYI seul devait accorder. En sollicitant I'aflran
chÏssement dès serfs du Jura, il eut la gloire de proyoquer un édit célèbre
du même monarque.
Voltaire nounit en 1778, après avoir assisté au triomphe de sa tra-
gëdie d'lrène.

près Bordeaur, en 1689,


MoNrssQorsu naquit au château de La Brède, -président
et mourut à Parisi en t755. Conseillen, puis au parlement
de Bordeaux, il sc consama de bonne heuie aur études philoSophiques
et littéraires. Lcs Lettres persanes ([72]) furent son premier succès
littéraire. C'est le vovage inraginaire d'un Persan à Paris, une corres-
Dondance adressée à-sès amis de Perse, et dans laquelle il juge les
institutions, les mæurs, les lois, avec une hardiesse et une témérité
d'eramen 0iri devait plaire à I'esprit sceptique de ce siècle. En l'726,
Montesquidu vendit sà charge, s'ailonna entièrement aur lettres et deux
ans anrês fut rer:u à I'Aca,lémie. ll commença ensuite un voyage philo-
sonhiàue dans lls divers Etats de I'Europe.- A son retour, i[ écrivit les
Cànsiclêrattons stff les causes de Ia giandeur et de la décadence
des Romains (1734). Quatorze ans aprts, il
publia son livre capital,
l'Esnrit des lo'is, éfude hisl,orique sui Ies inst-itntions, Ies mæurs, les
gouveruements de tous les peuples. Ce livre obtint un vêritable suecès
fopulaire : on enl$t. vingt-ileui éditions en dir-huit mois. Montesquieu
mOutut a sOlxanl|:SIx ans.

J.-J. Roussmu naquit en lTl2, à Genève, et mourut en t778. Fils


d'un horloger.il eutïne vie des plus aventureuses. Tottt à tour clerc
d'un huissiér.'apDrenti graveurr éléve au séminaire de Turin, après avoir
'pai jtt-o
été converti dè \Varens, laquais chez la comtesse de Vercellis,
écuver de la ieine de Sardaigne,'professeur de musique à Lausanne, il
avait contracté, dans ces changements si fréquents. d'eriste.nce, une
srande habitudé de réflexion, mais aussi un orgueil intraitable et une
Éaine orofonde pour la vie sociale de son tempi. En 1719, l'Àcadémie
de Diiôn recut d'e lui un mémoire sur cette quèstion, qu'elle avait pro-
nosée-: n Lé prosrès des sciences et des arts a-t-il contribué à cor-
fumnre ou à èpuier les mæurs? r Le mémoire de Rousseau était une
sàtiià violente,'passionnée, paradoxale, mais éloquente, de la s.ociété.
Il révéla les mèmes qualités dans un second mctnotre adreisê I'annee
suivante à l'.{cadémie de Dijon sw l'Origine de l'inégalitë parmi les
h,om*es. Bn t156, Rousseair se retira à"1'Ermitaqe, clans la v-allée de
Montmorencv : ce fut là qu'il composa prcsque entièrem enl la Nouuelle
Héloise (175"9). Il dévelofpa ses piemiè'res théories sociales et ses idées
de réforine pdr de nouvéaux ouirages, tne Lettre ù. d'Alembert sur
les snectacies. du Contrat socia[ ott Principes de droit politique,
enfrn'Emile oi de I'Education. Poursuivi à cause de ces publicatiuns,
il quitta la France et alla s'établir en Anglcterre chez le philosoph.e
Huine. Revenu en France en 1770, il accepta la retrarte q1e lui o{ïrit
M. dô Girardin dans son beau doiraine d'Ermenonville' grvrages,C'est là qu'il
mourut. le S.iuillet t778. Il avait laissé deux derniers ses
Confesiions Ët Ia Profession de foi d,u Yicaire sauoyard.
tEs pRÉrIurNAInEs IIE LÀ nÉvot uttott. {09

ExERcrcEs onÂux m Écnrrs


l. 0uestlonnalre.
- Quel est le caraetère de Ia littérature au dir-
huitième siècle?
- Quels sont les trois écrivains qui oni eieice tà otus
grande influence_sur l'opioion publique? pouiquoi? Quels Ëont
res ouvrages de Housseau et de Montesquieu? - -
Qu'apnelle-t-on écono-
pig.te,? Ies.principaur. Citei -
principauïsavants du dir-
- .Çit.,
oulrreme slecle, -
les prmclDaur yoyageurs.
--
les
-
3' Ilevoir à réruger. Eiposer lef progrès des sciences au rrir-
huitième siècle.

CHAPITRE XII
tES PBÉIIiIITAIRES DE LI RÊII(ITUTIOI
(177r-1789)

I
LOÛIS XVI. TI'RGOT
-
(r7?{-178e)

rEçorï
l. Louis IYI. - Le suqcesseur de Louis XV, Louis XVf. étalt
bon.,.h.onnète, désireur de faire d'utiles réforÉes, maiJ ii'uan-
quait de fermeté, et par la faiblesse de son caract'ère compromiù
tout.
3. Turgot et Neoker.
qarq.ulrhle, Turgot,. qui,- Il par
ne sut pas conserver un ministre re_
ses-édits sur les corvées, la libie
cllcutûttgp des grattrs- et lr Buppression des maîtrises, avait
auranchl le traverl national (-t774-t-I76). Il sacrifia aussi Necker,
hgbile finqncier,.qui: pgl !'-oràre et l'écônomie, avaiC relevéïotre
situation fi-nancière (ri76-1.78r). La disgrâce de'ces deux ministres
fu! un malheur poui ce règnô.
3. Calonne et Èrienlq.
-" L'influence
arriver aur aflaires -l'iqtendant
ds Marie-Antoinette fit
Calonne : le gaspilluee- dà
favori amena un tel déficit, qu'il fut obligé de ôonu6quàr téi "u
notables. ceux-ci ne consentireirt à voter de"s impôts qu'riprès le
renvoi rle cal.onne.- son successeur, de Briende, e.it a-lutter
contre I'opposttlon du parlement.
.{. f,qlnel de_l{eoker. Les états gén6raur. La mauvaise admi-
nrstratlon de Erienne lbrça Ie roi à rappeler- Necker (r7sg). celui-
ci ue consentit à rentr-er au miniôtère qu'à ta bonaitiôn ae
conYoquer les états généraur.
EUIT. DE Fn. c. couPL, tE
ll0 NISTOIRE DE FBANCE.

T RÉCIÎ

1. Irouie X\II (l77&-1,7891. - Le nouvesu roi avait


vingt ans; il était sans expérience des afaires dont il ovait
été tenu écarté. Bon, honnête, de mæurs puresr animé
d'excellentes intentions, il voulait sincèrement le bien du
peuple et se montra.partisan de_s réformes. Mois soD c&r&c-
ièraéteit faible et I'indécision de son esprit compromit tou-
iours le résultat des mesures utiles. Le choix de son pre-
mier ministre ne fut pes heureux. Il appela aux efaires le
comte de Maurepas, vieillard de soixante et treize a.ns, connu
seulement par la frivolité de sa conduite, par ses bons mots
et ses épigrammes. Maurepes reûvoya d'Aiguillon, Mau-
peou et Terray et s'entoura d'hommes nouveoux : le comte
âe Saint-Germoin, de Sartines, de Vergennes, Turgot et
Malesherbes.
2. Maleeherbes et Turgot (1774-l'776). - Males-
herbes, président de la cour des aides et directeur de lo
librairie, fut nommé ministre de la meison du roi. Cet
homme vertueux, animé de la passion du bien, visita les
prisons d'Etat, délivra les.victimes des lettres de cachet; il
iéclama des économies nécessaires. Il fut toujours I'ami et
le défenseur de Turgot. Mais sa bonté était plus grande que
son énergie : il se découragea vite dans cette lutte inces-
sante contre les priviièges; il donna sa démission : q Vous
êtes plus heureux que moi, Iui dit Louis XVI, vous pouvez
alldiquer. >
Turgot, ant;ien intendant de Limoges, économiste remar-
quable, prenait le, direction des affaires &vec un programme
précis de réformes. Relever les ûnances s&ns banqueroute,
ians augmentation d'impôts, stns emprunt, par le seul dé-
veloppement du travail national émancipé; supplimer toutes
les entraves de I'ogriculture, du cor.nmerce et de I'industrie I
habituer le pays à la vie politique en créant des conseils élus
dans les municipalités, les anondissements, les provinces,
tel était son plan. Dévoué au roi et ami du peuple, partisan
de I'autorité et accessible à tous les progrès réalisables,
chnétien convaincu et esprit tolérent, caractère énergique, il
avait toutes les qualités pour gouverner la France dans uno
crise aussi difficile.
Turgot se mit eussitôt à I'æuvre. Il fit paraître troiÉ op
I.ES PRËLIMINAIRtsS DE I,A RÉVOI,UTION. 4II
donnances remarguables. Lo première établisseit lo libre
ciæulatron des grains dans I'intérieur du royaume; la se-
e,oride obolissait lo corvée; Ia troisième supprimait les ju-
rôndes et les maîtrises. c'éiait proclamer la liberté du travail
sous toutes les formes, Tous les privilégiés sentirent le coup
qui les frappait et déclarèrent auminisire une guerre achar-
née. Quelques esprits clairvoyants seuls applâudirent aux
réformcs. < Voilà enfin, disait. Voltaire, de -nouveaux cieux
qui s'ouvrent pour nous. D

'rY

--. __\. f,r'


lfl
Turgot,

3. Disgrâce de Turgot. Le parlement, Quê Mau-


-
rep&s avait eu tort de rappeler, ryeuglé pa,r son opposition
systématique, rcfusa d'enregistrer les édits. Le peuple, trompé
par les spéculateurs, se révolta dans quelques provinces.
Enlin le roi qui avait promis de soutenir Turgot, le roi qui
avait dit cette lielle parole : < Il n'y r que deux hommes qui
aiment le peuple, Turgot.et moi >r sê laissa influencer par
son entourage. Son faible caractère céda à toutes les plaintes

'ri
I

Lt2 NISTOINE DE FRÀNCE.


de lo cour. Le courageux ministre, averti des sentiments de
Louis XVI, ne voulut pas imiter son ami l\{olesherbes qui
s'était retiré. Il attendit que la disgrâce le frappât dans
son poste de dévouement et de travail. Apprenant enlin que
se révocstion étoit signée, il laisso tomber la plume et dit :
rr Un eutre echèvero ce que j'ai commencé. l Tous les
bons esprits déplorèrent cette disgrôce comme un malheur
public.
4. Necker(1776-1,782).
- Après le court ministère de
Clagny qui rétablit les corvées et les maîtrises, le roi Iit appel
à un banquier genevois, Necker. Le nouveau ministre n'était
pes, comme Turgot, un homme d'Etat visant à une réforme
générale du gouvernement. Financier, il s'occupa surtout
des linanees. Ses vues sur ce point éteient justes. Il voulait
réduire les dépenses inutiles, se servir des impôts en temps
ordinaire et des emprunts dans les circonstances extraordi-
naircs, relever le crédit de I'Etat par I'ordre, l'économie, la
probité et par lr publicité de ses opérations. Son grand hon-
neur fut d'avoir sufli aux charges de le guerre d'Amérique
sans avoir augnrenté les impôts. l\Iais il n'eut le temps, lui
aussi, que de faire des réformes de détail : établissement à
Paris d'un mont-dc-piété (177?), afranchissement des serfs
du domaine, diminution de la taille, uéation des assemblées
provinciales, établissement d'une caisse d'esoompte, Cepen-
dant ces réformes si modestes soulevèrent bien des mécon-
tentements. Aussi Louis XVI prit prétexte de la publication
du Compte renilu che l'état iles finances pour le disgracier
(1781). Necker, comme Turgot, emportait dans sa retraite
les regrets de I'opinion publique.
5. I-ra reine Marie-Antoinett€. L'influence de la,
reine Marie-Antoinette fut prépondérante - dans la seconde
partie du règne ile Louis XVI. Cette princesse avait de rares
qualités : elle était bonne et afiable; elle se montro coura-
g€use dans le péril et grande dans I'adversité. Mulheureuse-
ment elle avait été élevée daus cette cour d'Autriche qui
tenait trop peu compte de I'opinion publique, &ussi était-elle
trop pénétrée de la nécessit6 du pouvoir absolu. EIle alfec-
tait dans sa conduite ure légèreté et une insouciance qui
provoqueient bien des nrédisanses. Enfin elle s'entouro de
favoris auxquels elle abandonno trop facilement la direction
des alfaires.
6. Calonne (f 783-t787). C'est sinsi qu'ellefit nom-
-

Ë.'
I..E$ PRÉTIUINAIRES DE I,A NÉVOIUIION. 4r3
mer I'ancien intendant de Lille, de Calonne, contrôleur gé-
néral des ûnances. Ce choix était malheureux.
La théorie de Calonne était que, pour être riche, il faut ls
paraître et par conséquent dépenser beaucoup. La prodiga-
lité ûnancière fut élevée à la hauteur d'uneiéforme néces-
saire. L'argent fut semé à pleines mains. En trois ans, le
ministre contracts pour 580 millions d'emprunts. Bientôt on
ne trouva plus à emprunter et les caisses de I'Etat étaient
vides. Colonne porle olors de faire des réformes. c Mais
c'est du Necker tout pur que vous me proposez, dit Louis XVI ;
- Sire, répondit le ministre, on ne peut rien vous offrir de
mieux, D
Calonne convoqu& une ossemblée des notables. Deman-
der à des privilégiés de supprimer les privilèges, c'était
tenter I'impossible. Aussi les-notables, str la proposition
d'une subvention territoriale, exigèrent le renvôi âu mi-
nistre.
7._ Briengg ({78.7-t ZSS). Calonne fut remplacé par
un des notables, I'archevêque - de Toulouse, Loménie-de
Brienne. Le nouveau ministre obtint ce qui avait été refusé
jusqu'alors : I'impôt territorial, I'impôt du timbre, le sup-
pression des corvées, les assemblées provinciales et le lible
circulation des grains. Les notablei furent dissous. Meis
Brienne se trouva en face du parlement.
Irrité de la convocation des notables, habitué à une oppo-
injuste à la royauté, le parlement n'enregistra
-sitioa.souvent
les édits sur le timbre et la subvention territoriale que dans
qéa1c9royale. Il protesta et fur exiléà Troyes. Moistelle
'1n9
était la faiblesse du gouvernement que, deux mois après, les
magistrats furent rappelés. Ils recommencèrent leur-opposi-
tion. Dans une séance à laquelle assistait Louis XVI, ie duc
d'Orléans proûonge le mot d'i,Itëgalitë. < C'est légal, répondit
le roi, perce que jele veux. p Le ministre prépara'alôrs un
projet de loi qui instituait une cour plëntèreèt supprimait
les attributions politiques du parlement. Instruits du-projet,
les magistrats protestèrent par I'organe de deux à'entre
eux, d'Espréménil et Montsabert. Le roi ordonna de les faire
amêter. Quand le capitaine des gardes se présente pour
exécuter les ordres du roi, le parlement tout entier se leva :
n Nous sommes tous, icï, dit-il, d'Espréménil et Mont-
sabert. >
Ces luttes ovaient pxofonitément agit6 I'esprit public.
t"

F 4tt EI$TOIRE DE FNANCE.


Quelques insurreetions éclatèrent en Bretagne et en Dau'
phiné. Le situation linancière devenail, de jour en jour plus
ôritique. Le roi résolut de faire un nouvel appel à I'expé-
rience de Necker (1788).
8. Second ministère de Necker (f 788-1789). -
Necker n'avait accepté le pouvoir qu'à une condition, c'est
que les états généraux seroient convoqués._Le 27 septembre
iZ88 parut I'ordonnance de convocation. Mais, pour que I'as-
semblée nouvelle ne ftt pas settlement une assemblée de
notables et qu'elle donnât au tiers état son inlluence néces-
silire, il y avait deux questions à résoudre. Le tiers état
devait avbir un nombre de représenlonts égal à celui dcs
deux orilres privilégiés réunis, et le vote devait se faire dans
I'assemblée par tête et non par ordre. La première de ces
questions seule fut résolue ovant la réunion. Ner:ker obtint
là double représentation. Il voulut feire trancher la seconde
par une assemblée des notables qui demanda le maintien
âes anciens useges. Les états généraux dcvaient eux-mèmes
la résoudre. Ils étaient convoqués à Versailles pour le
I er m&i ! 789.

LECTURE. Réformcg de Turgot.


-
Ce ministre voulut porter remède à tant d'abus criants. Libre sans
témérité, modéré sanSlondescendanie,.ennemi des abus sans déclarna-
iion. il fortifia le sens cgnmun par la logique, et cgnvettit en science
exaite les vues confuses d'un siècle qui mèlait le mal au bien, I'errettr
e li vérité. Ami tout à la fois de Quesnay et de Gournay, il voulait
-
concilier les économistes et les physiocrates.
ioocteâe la misère des paysans, que les dimes accablaient, et de la
eêne où languissaient les oirviiers, qui créent la richesse, il rendit une
Ioule d'édits" oir il proclamait la libeité du contmerce et de l'indrrstrie.
Il diminua les droits qui frappaient sur le consommatertr, chcrchant à
tes rédurre à un seul,'dont hè fussent exempts ni le clergé ni la no-
blesse. Un Srand nontbre de monaslèr'es lirlenl fermés; une eristettce
aisée fut as-surée aux curés, I'autori{é civilc afranchie fle I'arrt,irité ec-
clésiastiflue. I'instruction publiqtre rélormée, I'avis des savants réclamé
nolr les^chbses d'Etat. Eir abrjlissant les corvées et les corpurations,
iéritabte émancipation des ouvriers, il s'exprimait ainsi : ( Dieu, en
donnant. des besôips à I'homme et en Iui reirdarrt le travail nécessaire,
fit du droit de travailler la propriété de tous, propriété qui est la pre-
mière. la olrrs sacrée, la plus imprescriptible- ,
Tur'sot, ioyant les ihconvénicntà d'une'legislation q.ui pose des limites
à I'intérôt dri I'argent, tenla d'affranchir le négociant de I'ttsure au
moyen d'une caissè d'escgmpte, destinée à préverrir les prétentions exa-
eérëes des capitalistes. ll sorrseait à donner de la publicité aux hypo-
Ïhèques, à reirdre les poids et les mesures uniform-es, à promulguer un
TES PRÉLIMINÀIRES DE I,A NÉVOIUIION.
code criminel nlus équitable et à substituer un code civil aur différentes
&IT I
coutumes, â étàblir des administrations provinciales combinées avec les
nunicipalités; enfln, à racheter les rentès féodales sanr porteratteinte
au droit de piopriété. Il aurait voulu, en un mot, et peut-être aurait-
il ou. à forc'e dtinvention. de courage et de perséverànce, prévenir la
réir.rlution. t)ar malheur.'il ne s'apdrcevait baÈ, dans la droiiure de ses
:
intentions, qu'il avait all'aire à dbs humme-s aussi provuqua-t-il les
Dlus vives rêsistances. PourquoichanqerZ disaient les financiers; ne
Sommes-nous ttas bien? Les nobles disaient de leur cÔlé Si le roi :
nous enlèue aujourd'hui Le d,roit de commander d,es trauaun auæ
nausatl,s. ne nourraû-il, r.as nous obliqer ù les faire nous-mémes?
'tei chefd des'corps de mêtiers s'écriaieËt que c'était favoriser les ma-
nufactures anqlai'ses, gue de suDprimer hls maitrises. Les noblr:s ne
voyaient, dans-ses aétei que la verrgeance d'un bourgeois. Le parle-
mrint. oui voulait faire parade de hardiesse en faisant de la rériitance
à toui propos, refusa d'ônregistrer les édits polrulaires qui abolissaient
le; maitris-es etles eorvées sur Ies grandes rutt"es. Turgot ne pttt valllere
son opposition qu'en recourant à Ia violence, et à l'erpedient d'un lit
de justice.
Vovant gue les entraves à la circulation intérieure des grains ame-
naieni la disette dans certaines localités, tandis qu'elles accumulaient
les blés dans les greniers publics, il en déclara le cbmmerce libre. llal-
heureusenent cetie mesuie tomba dans des années de disette; et la
Dopulace. I'attribuant aur nouvelles ordonnances, courut en vociférant
iusqu'au'chàteau
'parlemenl de Versailles, en demandant le pain à bun marché.
Le donna raison et appui au peuple, et- Turgot se vit con-
traiirt d'envover des truuoes nôur anaiser-le tumulte. Il en résulta
que les artisaïs et le peufle s unrreui à I'aristocratie contre le ministre
réfornrateur.
Louis XVI aimait à s'entretenir avec Turgot et l\Ialesherbes du
bonheur firtur de son peuple; il applaudissait à des projets qu'il com-
nrenait mal. et manquàit ile vigueui dans I'exécution pour les soutenir.
it etait touché des désordres dônt il avait connaissanôe, et' embrassait
avec joie les remèdes qu'on lui proposait, Voyez, disait-il un jour à
Turgot..ie trauaille aussi, et il lui montra un projet pour la destruc-
tiorided lanins qui ravaséaient les plants des inaiaichers. ll s'écriait
en pf,ein pârlemônt : II-n'g a que Turgot et moi qui aimions le
peuprc.
- Mais sa conscience s'effrayait de torrt ce qni intimidait sa faib)esse,
et un lit de justice lui paraiisait un acte de iyrannie. Aussi, bien qu'il
eùt promis'de soutenir le ministère, il laisia llalesherbes se retjrer
pour-le retrouver ensuite à ses côtés, au pied de l'échafaud. Après un
ôourt ministère plus remarquable par les intentions que par les actes,
Turgot fut congéTié sans éprouver'd'autre regret que-de i'avoir pu re-
médier aux soulfianees du beuole. ni coniurer la révolution qu'il sen-
tail, approcher. Yoltaire luf assurd, dansia disgrâce, le triomirhe de la
faveui populaire, en courant au-deïant de lui et*s'éuiant: Que je baise
eettemain qui a signê le salut dupeuple !

EXERCICES ONAUX DT ÉCNITS

1. 0uestionnalre. de Louis XVI?


- 0uel était le caractère
furent les ministres réformateurs?
- Ouels
Parlez des réformes de Turgot et
-
{r6 EISTOTRE DE FRÀNCE.
de Nectpr. Pourquoi furent-ils disgraciés?
-.
femme de Louis xvli - comment s'appelait
Queile influËnce exerçal-ettei--
-ci,iuiià la
-
I'ad.ministration de calon_ne? qui II. d"e Brie;;; eurÏl-ï"sou-
rot
-.Avec
tenir la lutte?- Parlez _de la résistance'ou parieneni:-:ri;ck; ievint-
il aux a{Iaires? Quand ? A queile contliiionT
- -
de_la convocation dôs étars génlrà;i?
----' --ou.iië-ôJi ii aate
l. llevoir à rédiger,
- Eiposer le règne de Louis XyI.

I
LA GUERRE DrAUÉRrQUr
(177+r?8:l)

rEçoN

l. Guerre de I'in-ddpendanos_ amdrioaius. Le règne do Louis xvl


-
a contribuê à la fondation de la république Bméiiùi;;ies-coto-
nies anglaises de I'Amériq_ue du Nôrtl s'éiaienrrèvoiiles
L'oprnlon ?ublique, -en B'rance, s'était prononcée pour les in-
*
izlt.
surgcs.par narne de I'Angleterre. De jeunee nobles] parmi les-
quels
- La F'a.yette, avaient offert Ieur épée aux Ameiiiains.
3. tnterveritiou'de ta Franoe. après i;nrùns="ïe ae
Franklin à Paris, Louis x*vl signa --itâïs,
avec eux un traité d'alliance.
rJcs oelres c8mpag.Des d€ Hochambcau, en Amérique, les exploits
oe Dos amrraux d'Ilslaing, d'orvillers et de sulïren forc'èrent
I'Angleterre à eigner la pÉir.
3.-lraité de Teîsailles.'_- L_e traité de Versailles (t7g3) recon_
naissait I'indépendance des Etats-unis et rcstituÀiù d"iJ n',ion."
Qu-elques-unes dcs colonies pcrdues par la paix de parÈ. Nos
soldats rapportèrent d'Arnérique Ie gbût de ia liberté.

nÉcr1

l. Soulèvement dee colonies anglaises. _ Le


grande république américaine, qui compte aujourd'hui gua_
rante millions d'habitents et qui occupe un ierritoire vaste
comme Ies deux tiers de l'Europe, ne date que d'un siècle.
En {?7'&, ce n'était qu'une colonie anglaise d'i.'isée en treize
Etats et peuplée seulemenù de trois millions d'habitants.
Elle avait eu longtemps rvec la métropole des relations em-
preintes d'un esprit de lidélité et d'attochement. Les pre-
mières diflicultés surgirenteu {?6J, la guerre de Sept
-rprg!
ens. L'Angleterre pliait sous-le poids d'uneîette énormel
elle voulut faire contribuer les colonies au paiement de Ia
dette. celles-ci ne refusèrent pas de venir en aide à la mère
tES PRÉIIUTNÀIRES DE LA RÉVOLUTION. &17
petrie; mris elles vouloient voter librement la nature et la
quantité des impôts, C'était leur droit. Le parlement onglais
eut Ie tort de le méconnaitre. Il froppa des taxes sur le thé,
le verre, le papier, etc., sans consulter les colonies. Les
Etats, après avoir vainement défendu dans le parlement la
justice de leur c&use, prirent les armes. Les habitants de
Boston jetèrent à la mer soixante caisses de thé apportées
par les Anglais. Ce fut le signal de la résistance, à laquelle
s'associèrent la plupart des villes sméricaines. Un congrès
général s'ouvrit à Philadelphie et publia, le 4 septembre
t774, unedéclaratùondes d,roits, Deux ans eprès, le même
congrès rédigeait, le 4 juillet 1,776t I'aete célèbre quiconsti-
tuait la république américaine, sous le nom d'F,tats-Unis
d'Amërique,
2. ïntervention de la France. Les Américains
combattirent avec courage. Ils mirent à- leur tête un riche
planteur de la Virginie, Georges Washington. C'était un
homme intègre, ne connaissant que la loi du devoir, d'un
jugement droit, dévoué à la libertê et à I'indépendanee de
son poys. Il avait acquis une grande expérience militaire
dans la guerre de Sept ans. ?outes ces qualités et le dé-
vouement des Américains n'auroient pas suft à assurer Ia
victoire, si Ia Fronce n'avait soutenu Ia couse de I'indépen-
dance.
Les idées libérales qui s'étaient répandues dans toutes les
classes de notre société ovaient inspiré à notre poys une vive
sympathie pour les Etats-Unis. La France voyeit avec ploisir
une occasion de se venger des désastres de la guerre de Sept
sns. Dès le début des hostilités, quelques jeunes nobles,
La Fayette, Noailles, de Ségur, allèrent offrir leur épée aux
Américains. LaFayette était purti avec enthousiosme. < Mon
c(eur, disuit-il, est enrôlé pour la cause de la liberté. ) Il
demanda à Washington I'honneur de servir, sous ses ordres,
comme simple volontaire. En 1778, après le grand succès
remporté par les Américains à Saratoga, Louis XVI, pressé
par I'opinion publique, signo un traité d'alliance avec les
Etats-Unis.
Ce traité aveit été négoci6 par Franklin, dont le nom doit
rester attaché, comme celui de 'Washington, à la fonilation
de lo république eméricaine. Franklin, lils d'un pauvre fa-
bricant de savon, avait à peine appris à lire et à émire; ou-
vrier imprimeur, puis maître imprimeur, il s'était livré à
t8.
i
É 4I8 BISTOINE DE FRÀNCE:
l'étutle, evrit eppris la plupart des langues européennes et
les sciences physiques. Il avait créé un journal populaire,
le Bonhomrne Richtr,rd,, qui con[ribua bcaucoup eu succès de
I'indépendance. A Paris, sa bonhomie naturelle, son esprit
Iin et délié, lui gagnèrent toutes les sympathies et lui ac-
quirent une grande popularité.
3. Lra g:uerre. Louis XVI mit deux llottes à la mer.
La première sortit- de Brest, sous le commandement du
comte d'Orvillers, et battit I'omiral Keppel à la hauteur
d'Ouessant (juillet f ?78). La seconde, sous-le comte d'Es-
taing, partit de Toulon et se dirige& vers I'Amérique. Elle
seconda les opérations de V/ashington et forço I'Anglais
Clinton à évacuer Philadelphie. Elle descendit ensuile aux
Antilles, où clle prit ln Dominique, Tabago, Saint-Eustache.
Mais elle échoua devant Sainte-Lucie.
La France trouva bientôt des alliés. L'Espagne, attachée
à notre politique dcpuis le ytacte ile famille, unit so flotte à la
nôtre. La Hollande, brusquement attaquée par I'Angleterre,
prit parti pour la coalition; enûn la Russie fit signer à tous
les Etats neutrcs le traité de neu,tralité armëe pour défendre
I'indépendance des mers ({780).
Le théirtre de la guerre s'agrandit. La lutte s'engagea
en Amérlque, duns les Antilles, dans la Méditerranée,
dans I'océan Indicn. Elle fut presque toujours favoroble à la
coolition.
'Washington et Rochambcau, combinant
En Amérique,
leurs opérations, cernèrent I'armée anglaise &utour de
Yorktown et la forcèrent à cepituler. Les conséquences
de cette victoire furent décisives pour I'indépendance amé-
ricaine.
Dans le golfe du i\[exique, les Espagnols reprenaient la
Floride. I\{ais aux Antilles I'amiral Rodney vninquit le
comte de Grasse à la bataille de Saintes et le lit prison-
nier ({ 782).
'Dans la Méditemanée, le duc de Crillon ovait repris Mi-
norque; mais il échoua avec le comte d'Artois devant Gi-
braltar, oùil perdit douze mille hommes.
Dans I'Hindoustan, le bailli de Suffren secondait les efforts
héroïques du sultan de Mysore, Haider-Ali et de son lils
Tippo-Saïb pour chasser les Anglais de la péninsule. Il battit
quotre fois I'amiral anglais Hugues et contribua à laprise de
Gondelour. Ces succès promettaient la ruine proohaine de la
l

I
T,E$ PRÉTIUINAIRES DE rÀ nÉvoLUTr0N. {t9 h
,{
domination anglaipe. Ils furent malheureusement arrêtér
2

par le troité de Versoilles.


4. llraité de VersaiUes (1783). - Lo paix qui fut
signée à Versailles reconnaissait I'indépendonce des Etets-
Unis. Elle rendait à la France Saint-Pieme et Miquelon,
Sainte-Lucie et Tabago, le Sénégal et ses dépendances,
Gorée; dans I'Intle, Pondichéry, Chandernagor, Kerikal,
Mohé. Ce traité étoit glorieuxl mais il ne réparait pas sufli-
samment le traité de Paris. Si I'Amérique était libre, I'Inde
restait angloise.
La guerre de I'indépendance devait avoir une grande in-
tuence sur la révolution frangaise. Nos soldats reppor-
tèrent d'Amérique le sentiment et I'amour de Ia liberté;
ils connurent et vantèrent les bienfaits d'une constitution
qui assurait les droits de tous les citoyens, qui laissait aux
villes et aux Etats leur indépendance locale tout en mainte-
nant en corps de nation des peuples différents par I'origine
et par les intérêts; qui organisait enlin une libre et puissante
démocratie.
LECTURE.
- Washington
Jamais peut-être cette attente obscure, cette confiance prématurée
dans la deitinée, je n'ose dire dans la pnédestination d'un Ëomme, n'a
été plus naturelle que pour Washington, car jamais homme n'a paru,
n'a été réellement, dès sa jeunesse et dans ses premièr'es actious,
mieux , apprr-rprié à son avenir et à la cause qu'il devait faire
tnomp0er.
Il éiait planteur, de famille et de goùt, et voué à ces intérêts, à ces
hahitudes, à cette vie agricoles qui faisaient la vigueur de la société
américaine. Cin.;uante anls plus taid, Jefferson, pourlustifier sa confiance
dans I'organisation absolument démocratique de cette société, disait :
r< Notre conliance ne peut nous tromper aussi longtemps que norrs de-
meurer.Jns vertueux, et nous le serrrns aussi longlemps que l'aericulture
sera notre principale affaire. 'r Dès l'âge de vingt ans, Washirrgtrrrrcon-
sidêrait I'agrieulture comme sa principale affaire, vivant ainsien intirne
qympathie avec les dispositions dominantes, les bonnes etfortes mceurs
oe son DaYs.
Les vbyâ*es, la chasse, I'erploration des terres lointaiues, les rela-
tions amicales ou hostiles avec les Indiens des frontières furent les
plaisirs de sa jeunesse. Il était de ee tenrpérament actif et hardi qui se
complait dans les aventures et les périls que suscite à l'hrrmm€ la nature
grande et sauvage. ll avait la force de corps, la persévéranceetla pré-
sence d'esprit qui en forrt triumpher.
Il en ressentait même, à son début dans la vie, une conffanee un
:
peu présomptuerrse u Je puis affirmer que je possède une consli-
tution assez robuste pour supporter les plus rudes épreuves, et assez
de résolution, je m'eri tlatte, irour affronter tout ce {ue peut oser un
homme. , '"
:':":':l\1''"
.' ;..:\

120 EISTOIRE DE FRÂNCE.


À ce naturel la guerre devait convenir bien mieur _ encore que la
chasse ou les voyages. Dès gue I'occasion s'en ofrit, il s'y portâ avec
cette ardeur qui,-aù début di la vie, ne révèle pas toujouis [a capacité
aussi bien què le goùt. En 1754' le roi Georges III se faisait lire, dit-
0n, une dénêche qu'avait transmise à Londres le gouverneur de la Yir-
sinie. et oii le ieuire major Washington terminait le récit de son premiet
éombat par celte phrase : t J'ai entendu sif{ler les boulets; il y a dans
ce son qirelque chôse de charmant. ll n'en parlerait pas de la sorte,
-
dit le rrji. s'il en avait entendu heaucoup.,r Washingtori était de I'avis
du roi: iar, lorsgue le major de la milice virginienne fut devenn le
eénéral en ôhef dês Etlts-Uiris, quelqu'un lui ayant demandé s'il était
irai qu'il erit tenu ce propos; * Si-je I'ai dit, répondit-il, c'est que
j'étais bien jeune. u
' ltais sa i-eune ardeur, en même temps sérieuse et sereine, avaitl'au-
torité de l'âge mùr. nèd le premier jour, il aimait dans la guene, bien
au-dessus dù plaisir du comlat, ce frand emploi de l'intelligence et de
la volonté arûrées de la force pout un beau dessein, ce mélange puissant
d'action humaine et defortunri, qui saisit ettransportelesâmes lesplus l

hautes comme les plus simples. Né dans les prgmiers rangs de lasociété
coloniale, élevé daris les écoies p-ubliques, au nilieu- de ses- compatriotes, I
il arrivaii naturellementà lerrr-tête,-car il était à la fois leur supérieur I
et leur pareil. formé aur mèmes habitudes, habile aux mêmes elercices, I
étranger', conime eux, à toute instruction élégante, à toute prétention
sa.vaùe,'et ne demandant rien pour lui-même, .ne déployant que pour
le service nublic cet ascendant qu'un esprit pénétrant et sensé, un ca-
ractère énôrgique et calme assurent toujburs- dans une situation désin-
téressée.
En 1754. il entre à peine dans la société et dans la carrière des
armes. C'elt un officier'de vingt-deux ans qui conduit des bataillons de
milice ou corresDond avec le représentant du roi d'Angleterre. Ni I'une
ni l'autre relation ne I'embarras-se. ll aime ses compagnons; il respecte 1

leroi et le gouverneur; mais ni l'aflection ni le respect n'altèrent l'in-


dtrpendanceîe son jugement et de sa conduite; il sait, il voit, avec un
adinirable instinct d'altion et de commandement, par quels moyens, à
ouelles conditions on Deut réussir dans ce qn'il entreprend pour le
cïmnte du roi et du pay-s. Et ces conditions, ces moYens' il les demande,
-soldats,
il le's impose : à stis s'il s'agit de discipline, d'exactitudc et
d'activité'dans le service: au gouvetneur, si la question porte sur la
solde des troupes, sur les âpprovisionnements,
-et sur le choix des offieiers.
Partout,'ilsoit riue'ses idéei ses paroles montent. vers le. supérie1r
alrouet renà comrrte, ou descendent vers les subordonnés qui lui
ot'èissent, elles sont ïgalement nettes, pratiques, décisives'. également
ennpreintés de cet empire que dounent la vérité et la nécessité à I'homme
oui se nrésente en lettr nom.
' WasÈincton est. dès cette époque, I'Américain éminent, le représen-
tant fidèle'et supéiieur de son- pâys, I'homme qui Ie comprendra et le
servira le mieux^, soit qu'il s'agissè de traiter ou de combattre pour lui,
de le défendre -ou de le gouverner.
Ce n'est pas'l'événemÈnt seul qui I'a révélé. Ses contemporains le
nressentaieilt : < Votre santé et vôtre fortune sont le toast de toutes les
tables, lui émivait dès t?56 le colonel Fairfax, son premier patron.
En {1s9, 'r élu pour la première fois à 1a cbambre-des-bôurgeoisde Vir-
einie. aû morient où il prenait place dans la salle, l'orateur, M. Ro.
[inson, lui erprima en iermes iifs et brillants la reconnaissance de
a. ,-_..

trs pRÉLIMINAIRES DFI tA nÉvor,urtoN. 421


I'assemblée pour les services qu'il avait rendus à son pays. \Mashington
se leva pour le remercier de tànt d'honneurs; naistel dtait son troÉble
qu'il ne-put prononcer une parole; il rougissait, balbutiait, tremblait;
'\Yashington,
I'orateur-vini à son seeours : < Asseyez-vous, Monsieur
lui dit-il; votre modestie égale votre valeur, et cela surpasse toute la
puissancd de parole que.ie îuis posséder. u Enfin, en [7i4, à la veille
âe la grande lirtle, en'sortanf du piemier congrès formé pour la préparer,
PatricÏ llenrv. I'uh des plus ardènts républilains de l'Âmérique, fépon-
dait à ceux rini tui demindaient quel était le premiet homme du ôon-
grès : u Si vôus parlez d'éloquenc'e, M. Rutledfe, de la Caroline du Sud,
est le plus grand orateur; mais, si vous parlez de solide connaissance
des chôses ét deiugement sain,'le colonel'Washington est incontesta-
blement le plus eiaîd homme de I'assemblée. rr
Pourtanti éloquence même à part, Washington n'avait point ces qua-
'extraordinairesi
lités brillantes, qui frappentl au premier-aspect, I'ima-
gination humaine. Ce n'était polnt rrn de ces génies ardents, pressés
d'éclater, entrainés par la grandeur de leur pensée ou de leur passion,
et qui répandent autour d'eux les ricltesses de leur nature avant même
qu'âu deliors aucune occasion, aucune nécessité en sollicite l'emploi.
Etranger à toute agitation intérieure, à toute ambition spontanée et
superbe, trVashingtoi n'allait rroint au-devant des choses, n'asprrait point
à fadmiration deË hommes. Cet esprit si ferme, ce cceur s[ haut-était
profondément calme et modeste. Càpable de s'élever au niveau des plus
[randes destinées, il eùt pu s'igncirer
-terres
lui-même sans en' soullrirl et
trouver dans ia ôulture dè ses Ia satistaction de ses facultés
puissantes qui devaient suffire au commandement des armées et à la
fondation d'un gouvernement.
Uais, quand I'occasion s'offrit. quand la nécessité arriva, sans effort
de sa pait, sans suîprise de la'pàrt des antres, ou plutôt, comme 0n
vient d-e le voir, selon-leur attentri, le sage planteur fut-un grand homme.
Il avait à un degré supérieur les deur quahtés qui, dans la vie active,
rendent I'hommé eapable des grandes clioses. Il savait croire fermemeni
à sa propre penséei et agir résolument selon ce qu'il pensait, sans en
craindre la responsabilité.
C'est surtou[ la faiblesse des convictions qui fait celle tlcs condrrites,
car I'homme agit bien plus en vertu de ce-qu'il pense que par tout
autre mobile. Dès que la querelle s'éleva, Washington t'ut convaineu
que la cause de son pays ét;it juste, et qu'à une cairse si juste, dans
un navs déià si grand. [e succès ne nouvàit manquer. Pour conquérir
I'indéfiendairce piar la guerre, il falluf neuf ans ; pôur fonder le goirver-
nement par la pblitiqui, dix âns. Les obstacles,'lès revÈrs,les inimitiés,
les trahisons. l-es erfeurs et les lansuenrs publiques, les dégoùts per-
sonnels abondèrent, ainsi qu'il arrivé, sous les pds
-sonde Washington dans
cette longue carrière. Pas irn moment sa foi et espérance-ne fnrent
ébranlées-. Dans les nlus mauvais iours. quand il avait-à se défendre de
sa DroDre tristesse. il disait: Je"ne
< plii uas ne rlas espérer et croire
que le'bsn sens dri oeurrle rrévaudra h ta tin sttr s-es préiucés... Je ne
saurais Denser cue'la i'roiidence ait tant fait porrr rie;I.;. Le grand
souverain de I'uirivers nous a conduits trop longÏemDs et trop loin sur
la route du borrheur et de la gloire, pour ïousibandonner âu milieu.
Par notre folie et notre mauvàise conduite, nous pouv0ns de temps à
autre nons éqarer;
*de maisj'ai cette confiance qu'il reste en nous asscz de
bon sens et vertu pour que nous rentrions dans le droit chemin
avant d'ètre entièrement perdus. l
HISTOIRE DE FNÀNCE.
Et plus tard. lorsque de cette France. qui I'avait si bien soutenu
pendairt la guerre, lui arrivent, pendant ia irésidence, des embarras et
iles périls plus redoutables que la guerre, lôrsque l'Europe bouleversée
pèse sur lui comme I'Amérique et étonne son esprit,'pas
-se il sait croire et
confier encore. < La rapidité des févolutions n'èst moins surpre-
nante que leur grandeur. Comment se termineront-elles? C'est ce que
connait seul le grand régulateur des événements. Conliants dans sa sa-
gesse et sa bonté, nous pouvons avec sécurité lui en remettre I'issue,
sans nous fatiguer à pénétrer ce qui est au delà de la connaissance
humaine, prenant seulement soin de nous acquitter du rôle qui nous a
été assigné, de telle sorle que la raison et noire conscience nous puis-
sent approuver' D
La drème énergie de convictions, la même fidélité à son propre juge-
ment, qu'il portiit dans I'appréciation générale des choses^, l'âccompa-
gnaient dans I'appréciation générale des affaires. Esprit admirablement
libre, plutôt à fr-rrce de justesse que par richesse et tleribilité, il ne
recevait ses idées de personne, ne les adoptait en vertu d'aucun pré-
jugé, mais en toute oc'casion, lês formait luÏ-même, par Ia vue siniple
ou l'étude attentive des lhits, sans rucune entremise ni inllueuce, tou-
-iours en rappurt direct et personnel avee la réalité.
Aussi, qriand il avait obiervé, réllêchi et arrèté son idée, rien ne le
troublait;-il ne se laissait point jeter ou entretenir par les idées d'au-
trui, ni par le désir de l'approbation, ui par la crainte de la contradic-
tion. dans un état de doute et de {luctuation continuelle. Il avait foi en
Dieu et en lui-mème : u Si quelque pouvoir sur la terre pouvait, ou si
le grand pouvoir au-dessus iie lâ teire voulait élever lè drapeau de
t'infaillibilité en fait d'oniniuns oolitioues. il n'v a. parmi les babitants
de ce glube, pas un être qui frit plus'empressé qurJ moi d'y recourir,
aussi longternps que je resterai le serviteur du public. [\lais, comme je
n'ai trouvé jusqu'ici point de meilleur guide que des intentitrns drultes
e[ un examen attentif des choses, tant que ce sera mor qui veillerai,
me corrtl uirai d'aurès ces maximes. 'r
-ie C'est qu'il joignait àcet esprit indépendant et ferme un grand cæur,
toujours prêt à agir selon sa pensée, en acceptant la responsabilité de
son action : r, Ce que j'admire dans Christophe tolon:rb, dit Turgut, ce
:n'est pas d'rvoir découvert le nouveau muntle, mais d'ètre parti puur
.te chercber, sur la foi d'une idée. ,, Qrre l'occasion fiit granrle ou pe-
tite, les conséquences prochaiues ou éloignées, Washington. containru,
n'hésitait jamais à se porter en arant sur la foi de sa cr-rnvicl,ion. 0rr
eùt dit, à sa résr,rlution nette et tranquille, que c'était porrr lui une
r:hose naturelle de décider des affaires et d'eu répundre. Signe assuré
rl'un_ génie né pour gouyerner;. puissance admirable quand elle s'unit à
un desintéressement consciencieux.
Entre les grands hommes, s'il en est qui ont brillé d'un énlat plus
éblouissant, nul n'a été soumis à une plus complète épreuve, dans la
guerre el dans le gouvernement : résister, au num de la lillerté et au
nom du pouvoir, au roi et au peuple; commencer une revolution et la
linir. Gurzor, lYashington.

EXERCICES ORAUX ET ÉCRITS

l. Ouestlonnaire.
- Qu'est-ce que la guerre de I'Indépendance?
-
Combien y avait-il de colonies anglaises? Pourquoi se révoltèrent-
-
T,]T TRÀNCE EN I?89. &23

elles?
- 0uelle est la date de Ia déclaration d'indépendance? --Pour-
quoi la Frauce intervint-elle dans cette guerre? Qui avait négocié le
tiaité d'alliance? -
Quels lurent les principaur faits de la guerre?-
-
Quels amiraux combattirent en Amérique et-dans I'Inde? Quel traité
a mis fin à la guerre ? -
Quelles en étaient les conditions ?
Quelle inlluence â erercée Ia-guerre d'Amérique sur I'bistoire -
de la
Révolution ?
1. Ilevoir à rérliger. Exposer le rôle do la France rlans I'histoire
-
de I'indépendance des Etats-Unis.

UI

I,A FRANCT TN 1à89.

tEçor{

l. Oaueeg de la rdvolation. - Depuis longtemps on prévovait -des


une révolrrtion. Les vices de I'aricien ré{iuei I'inég-alité
classes, l'arbitraire du gouve_rnement, les souffr.ances du _peuple
I'avaient rendue inévitable. Le mouvemcnt intellectuel et scien-
tifique du dix-huitième siècle en hôta l'avènement.
3. Les éleotions et les cahierg. Les élections pour les états
- de ce sentirnènt. Les élcc-
généraux se firent, sous I'intpression
t=eurs marquèrent leurs volontés dans des cahiers rédigés dons
chague bailliage.
3.-Principes îe 1789. C'est là qu'on retrouve ce-qu'on a
eDpelé les-principes de- l?89, c'est-à-dire .' la souverairieté du
n'elple. l'éËalité'rle tous les citoveng tlevant la loi et devant
Î'im^pOt, la"liberté de conscience, l'émitncipntion flu travail na-
tionhl, etc. L'i\ssemblêe constituhnte allaii réaliser une partie
d1 ces væux.

RÉCIT

l. Symptômes d'une révolution. - Le dix-hui-


tième siècle a eu le pressentiment de la rÔvolution. Rousseau
érivait en {?ô2 : <r Nous epprochons de l'éttt de uise et du
siècle des révolutions. n A lo même époque, un Anglais,
lord Chesterûeld, disait : < Tout ce que j'ai jamais rencon-
tré, dans I'histoire, de symptômes ovant-coureurs de grondes
révolutions existe actuellement et s'augmente cbaque jour
en France. > C'est que I'opposition était frappante entre les
institutions politiques et sociales d'une part, et de I'autre
Ies hesoins de la nation et les væux de I'opinion publique.
Dès lors que la royouté se montrait impuissante à arrêter le
124 HISîOIRE DD FRÀNCE.
mel p&r de vigoureuses réformes, la, révolution devenait iné-
vitable.
2. Etat social. - La société, avant t289, était fondée
sur le principe de I'inégalité et du privilège. La nation se
divisait en trois ordres : noblesse, clergé, tiers état. Les
deux premiers étaicnt privilégiés en matière d'impôts etpour
Ies fonctions publiques. Il y avait inégalité ds,ns lo situation
des provinces, des villes, des corporations, des individus.
Dans la famille, I'aîné seul, envertu dudroit d'aînesie. ovait
droit à I'héritage.
L'ancien régime ne connaissait pas plus la liberté'que
l'égalité. La liberté politique n'était réglée par aucune lôi;
elle dépendait du bon plaisir ou de I'arbitraire royal. 0n
pouvait être jeté à la Bastille, sans procès, pour un éuit,
même innocent. Un écrivain, Fréret, fut incarcéré dans cette
forteresse pour une dissertation sur les enciens Francs. La
liberté religieuse n'étoit pos assurée : les protestants et les
juifs étaient privés d'état civil. En 17t*6t deux cents protes-
tants avaient été condamnés aux galères par le parlement de
Grenoble. La liberté du travail était entravée par le système
des corporations, des jurandes et des maîtrises. L'ouvrier qui
voulait devenir patron devait acheter une maîtrise trois,
quatre et quelquefois cinq mille livres. Une fois la maîtrise
payée, I'ouvrier n'était pas libre dans son travail. Il étaiten-
chaîné dans de minutieux règlements : il ne pouvait perfec-
tionner son art sans avoir un procès rvec sr corporalion. II
ne pouvait sgrtir de se spécialité sans avoir à lutter contre
les réclomations des corporations rivales. Aucune liberté
commerciale : les blés ne pouvaient circuler d'une province
à I'autre. Les provinces étaientisolées les unes des autres par
des douanes intérieures qui cntravaient toute relation. Ainsi
inégalité, privilèges et arbitraire, tels étaient les viccs capi-
taux de I'ancienne société frangaise.
3. Etat politique. Un autre vice aussi regrettable
-
était le menque de toute constitution éuite. Le roi était tout.
Son pouvoir était de droit divin et il était absolu. Le parle-
rnent ne pouvait opposer à la volonté royale qu'une impuis-
sante bamière. Louis XVI n'avait-il pas dit dans une séance
même du parlement : < Cela est légal, perce que je le veux ! >
Les états généraux n'étaient convoqués que per la volonté
expresse du roi,et on sait que depuis t6l,t* il n'y avait plus
eu de convocation, Le peuple n'avait donc aucune garantie,
[À rRÂNCE EN 1789. t2B
tuoun tecours légel contre I'autorité ilu roi. Cette autorité
étoit immense, c&r tout émuneit de lui. Il avait le pouvoir
législatif, puisqu'il faisait Io loi; le pouvoir exécutif, puisqu'il
nommait tous les fonctionnaires publics; le pouvoir judi-
ciaire, puisqu'il pouvait prononcer des sentences de mort,
d'exil et de confiscation, sans jugement. Le pouvoir absolu
n'est tolérable qu'à lo condition d'être exercé avec habileté,
modération et dans I'intérêt du plus grand nombre. Les
misères des dernières années du règne de Louis XIV et les
hontes du règne de Louis XV en oveient montré tous les
dangers.
4. L'opinion publique.
- Une société même mou-
vaise peut durer longtemps si les hommes qui la composent
n'ont pas conscience d'un état meilleur, Tel n'était pas le
c&s &u dix-huitième siècle. Une puissance redoutable, celle
de I'opinïon publique, signalait les abus et réclamait des ré-
formes. C'est dans les cercles appelés du nom anglois club et
dans les salons que cette force nouvelle avait pris naissance.
L'abbé de Saint-Pierre expose pour la première fois sesplans
utopiques dons le club ile l,'Entre-sol. Les matières de reli-
gion, de philosophie, de politique, de littérature et d'art
étaient discutées avec passion par les grands seigneurs et Ies
écrivains dans les salons de MMDor de Tencin, Geoffrin, du
Delfant, de Lespinasse, Necker, etc. Toutefois ces idées de
réformes ne seraient pas sorties de ce cercle restreint et de
ce monde aristomatique I meis elles trouvèrent des inter-
prètes éloquents dans les écrivains dont les euyres sérieuses
ou légères, presque toujours mordantes et satiriques remuè-
lent profonilément Ie peuple.
5. Lres principes de 1789.
- Ainsi, ou dix-huitième
siècle, I'esprit humain déployait une rem&rquable activité.
La France ét&it à la tête du mouvement qui entraînait toutes
les nations. L'opinion publique réclamait vivement ls ré-
forme d.'une organisation politique et sociale dont souffrait
le poys tout entier. La nation, eppelôe à nommer ses repré-
sentants oux états généraux, consigna dans les cahiers des
baillioges ses væux et ses volontés. Là se trouvent les prin-
cipes de {?89. Ce sont : la liberté et l'égalité de tous les ci-
toyens; lo souveraineté du peuple; une représentation na-
tionale ayant le droit de faire les lois, de voter les impôts et
de contrôler les actes du pouvoir exécutif; la responsabilité de
tous les agents de ce pouvoir; I'admission de tous les ci-
&26 8ISTOIRE DE FRÀNCE.
toyens aux emplois publics; la libertédes cultes, de la' presse,
du commerce et de I'industrie; I'unité de lo législation et de
Ia jurisprudence.
Ces principes, que la tlévolution devait faire triompher,
allaient établir sur des bases nouvelles notre société mo-
derne.

IECTURE.
- Les éleoûons en 1789.
Bientôt toute la nation est en mouvement : il s'agit de procéder à
l'élection des députés aur ètats généraur. Neckeret lei notables avaienr
eu recours à une sage précaution en établissant deux degrés pr,rur les
élections; les premières assemblées nommaient les électeirrs, èt ceux-
ci nomoraient les députés..Cq f.ut alors que I'orgueil de la natiun put
paraitre légitime : eeur qrri briguaieut ses suffrages étaient digues'de
les tenir Iorrgtemps ineertains. Le barreau, la chaire, I'etablissement
des assemblées provinciales, seul résultat de l'assenlblée des nrrtables
qui se frit consolidé au milieu des discordes intestines; enfin, l'irrstitu-
tion récente dcs c/uôs, réuniuns empruntées de l'Angleterre, avaient
beaucoup répandu le talent de la parble. Ce qui multipliait le plus les
eltets de'l'éloqrrence, c'est qu'il y'avait de la'sincérité dans lei âmes.
En di{féreuts bailliages, les nubles élurent puur lenrs représerrtants
des partisans déclarés de la cause polrulaire. C'élait surtoui à Paris et
dans le Dauphiné que la noblesse avait montré cet esprit de paix et de
désintéresseneut. Les curés, que. -favorisait Ie systéue de- Necker,
avaient réussi en divers lieux à I'empurter sur leurs évèques ou sur
d'opulents bénéficiers. La noblesse de Bretagne, cérJant aux irrslriratiuns
de I'orgrreil et de la haine, avait pris le parti de ne pas eni,uyer de
'ollLait
députés aux états généraur. Le resultat de toutes les élections
une majurité imp0salrte pour le parti démocratique...
Si quelques mots prcrférés par I'esprit de parti, si beaucoun d'in-
trigues et (uelques violences fhagrinaient un mument les espriIs, l'en-
thousiasme reuaissait à la vue des instructions {Iue les difféients bail-
liages alaienl, données à leurs représentants. Dâns les cahiers mèmes
des ordres privilégies, presque tout se rcssentail de I'esprit de bien-
veillance, dont I'impulsion était devenue irrésislible. Le clergé, cn se
plaignant des philosophe;, exprimait plusieurs des vcerrr de Ia philo-
sophie, et sanctionnait, au num de l'livangile, cette trrlérance dônt le
mot I'avait si longternps o{fensé. Ce corps faisait le sacrrlice de ses pri-
vilèges pécuniaires pour la défense desquels il venait de se .loindr:e à
tous les adversaires du gouvernement. La noblesse se moirtrait de
mème disposée à céder à la nation ce qu'elle avait jusque-là rel'usé au
roi. Les deur ordres privilégiés, malgré tous les témoignages d'un
respect affecté pour les constitutions du royaume, appelaient d-es chan-
gements qui en eussent altérô ou déphcé ioutes les bases. Ils s'accor-
daient à demander le retour périodique des états genéraux et la respon-
Babilité des ministres.
C'était surtout dans les cahiers du tiers état qu'on remarquait un
ensemble de principes hardis. La manière dont s'dtaient rencontres, en
plusieurs points, vingt mille électeurs qui, en huit jours, avaient traeé
le plan d'une constitutiun, paraissait un éclatant témoiEnase du haut
de$ré de civilisation où la France étaitparvenne. L'appar"enté unanimité
rÀ FRÀNCE EN 1789, &27

des væux en faisait oublier la hardiesse. 0n voulait pas voir de ré-


ne
volutton là où un coubat ne sernblait pas possible. Cependant la ré-
llexion faisait rléeouvrir de graves diltérôncei entre les iristructions que
les députes du tiers état avàient reçue$ de leurs commettants : les uns
araieut t€.p€cte les limites tracées par Montesquieu ; les autres s'étaient
égares avec'J.-J. Rousseau dans un état politilue idêal; quelques-uns
aiaient consulté I'abbe de llablv. cet exèlusif-et froid admirateur des
institutions de Soarte et de Rurdd. Ici c'était la constitution anglaise
qni était présentée cumme modèle, et là Cétait celle des Btats-Unis de
ItAmériqrù. Dans la olupart de ces cahiers on montrail plutôt de l'aË
fection ôour le roi due'des principes monarchiques : oit voulait à la
fois lui Tonner du brjnheur ef lui ràvir de I'aulorité, l,ouis XYl, rlepuis
le commencement de son règne, s'étaitconduit de nrarrière à faire penser
oue de tels r'æux n'étaientpas ôontradictuires. Il était peu de cescahiers
riù t'on ne se frit imposé là tâche de saper les dernidrs restes du ré,-
gime féodal; mais dàns ceur-ci on conservait qrrelque existence- à la
ioblesse, et'dans les autres on lui errlevait jus.qu'à ses plus faibles
nrérusatives. Le sentinrent religieux u'etait nulle part erprimé avec
ônaleiir. et l'on oouvait s'apercévoir oue. de tous les philt-rsolhes du
sièr:le, aucun r''avàit exereé ïn empire'plus général.que-.Voltaire. Les
réformes de I'ordre judiciaire y étaient représentees d'une mantere
elfravante Dour les Darlenrents. Ôes ébauches'de constitttliun sê ressett-
taieni oeu'de la diiersité d'intérèts qui puuvait diviser les provinces;
toutes 'les classes de Français ten.lâieni à s'unir par des liens plus
intiues. Je crois que I'on ne trouverait pas dans les fastes du monde
une epoque où l'oir ait autant parlé de sârilices, où même on les ait
offerts avec olus de sincérité.
Le iour dii l'ouverture des états généraur a|proehait. La France,
disaient guelques homûres, ta tontlier dans un'ahlme de maun. La
France, Tisait le plrrs giand nombre, aa s'éleuer au faite de la
gloire, L'une et I'au[re prèdictions devaiènt s'accomplir successive.ntent:
âvant d'arriver à un calme enlirunné de gloire, les- !'rançais avaieul un
abirne à traverser.
Dn Lrcnslrnwa, Histoire de France pendant
le dir-huitième siècle.

EXTRCICES ORÀUX ET ÉCRITS

l, 0uestlonnalre. La Révolution était-elle prévue?


- Quels étaient
l'état social et l'état -politique sous l'ancien ré[ime? - 0ùt sont con'
signés les principes de t'189t Quels sont-ils?
î. uevoii à rérliger. - Dire- qriel était l'état de la France en t?89'
et quelles réformes-demandait I'bpinion publique.

'.il
CHAPITRE XIII
Lt RÉr0r.uTt0t
(178È17e9)

I
ASSEUBI, T CONSTITI'AIWrT
(r789_1791)

tEçoN

l. L'aseeublée oonstituants. - Les états généraux, réuuis à


versailtes te 5 mai.rTBg,.prirent Ie titre à'.fr..ilid ,iiiiËnure
constituante, après la fusiôn des trois ordres.---
2. La prise de la Basti'e. La résistance-de-la cour aux pre-
miers actes de I'Assemllée -et re renvoi ae lleèter ïùo,ii,ie.rot
l'insurrection du pguple et la.prise de le Bastiilu t[a juifïô. f,.
peupte,.après sa -victoire, re-sta en armes, et c'est aifisi quâ fut
orsanisée la earde nationale, avec la iocarde tricôiàrë"pour
emblèrne.
3. La nuit du { aott.
populaires .eg-.abolissapt,- L'Assemblée essaya d'arrêter les excès
dan.s_ ra mém.orântJ iuit-âu'ï ioat,
loug les, privilèges féodaux. EIre fut obrigéé iJr*i,Ë*iacer
Paus, arnsl que l" Igi'après res_journécsîes 5 et 6 ortob?e. a
4. ra fête ris ra Fédéiatiou.
- da fête d;-Ë
brée le t4 juillet r790, jour anniversairc
Éea"iuiùTl'"ero_
de la p.iru iËia
tilte, fit.croire à I'uniôri de tonl À;'i; .o*;?ô"i'A".=î"urilieeno.-
et
du peuple.
5. ûort de tirabeau. Fuite et retour du roi. Mais cette union
- ae-ia
ne dura pas. l\lirabcay, !e plus illustre orateur
ruan[e. essava de confondre dans les mêmes sentiments cônsti Ia mo-
narchié et la Révolution.. À su mort, là roi, se ti"ranîrotie.Ë-unt
aux conscils de eon entourage, suivit t'eiemptÀ ae.-eriilà.. lf
essaya.tle lTagncr la frontièr-e; mais, arrôté i v-.*ireTl'ii
rut
ramené â Paris.
6. Réformes de l'Âssembrée constituante.
.- La constituante,
se.séparer, avair voré ra consritutionîe lzsi-îï-i-etu-
lygT1.9g
Dlrssart Ie régitue représentatil; ette avait établi l'égalitéie tous
9guopJ Ia toi, la rùerré. inoiv.iLrucrle,-li-riËo.ia-!ïiiiifrJ., ru
li berté de conscien ce ; el Ie s,,pp'riin o'i;;, ]"5ï;;ilièg**
. .avair.
elle avait a{rrarrchi re'travail ;
nationâl'. Ài".i-iur*,it-dË To i.o-
tique les principes de t?8g.
LA nÉVoLUTtoN. &29

RÉcIÎ

l. Ouverture des états généraux. -- Les états gô-


néraux ouvrirent leur session à Versailles, dans Ia solle des
Menus-Ploisirs, le 5 mai l,789.Ils eomprenaient douze cent
quatorze députés, dont trois cent huit du clergé, deux cent
quatre-vingt-cinq de la noblesse et six cent vingt et un du
tiers état. Les premières difficultés éclatèrent pour le vérili-
estion des pouvoirs. Votera,it-on par tâte ou prr or<lre? Le

I
l

Sermen[ du Jeu de Paume.

double représenlation du tiers sernhlait indiquer comme


urre corr.dquence naturelle ie vote par têtc. La conr et lcs
privilégiés iyant refusé cette conccssion, le tiers_état, sur la
motion-de i'àble Sieyès, se constitua en Âssen'lblée nationale
' juin).
({7
A. Serment du Jeu de paume (20 juin)' - La cour
protesta contre cette décision et fit fermer la salle des états
gérrét*o*. Les députés du tiers se réunirenl, dans une salle
de jeu de paume. Le local était sombre et nu; aucun orne-
*"ït; deË bancs et quelques chaises. Le président de 1'As-
sembiée, Bailly, moniant sur une table, prônonqa ce serment
{30 ETSTOIRE DE 3RANCE.
célèbre : a lVous jurons de ne point now séparer, d,e notrc ras-
s_emblr partout les circonstances l'euzgeront, jasqu,d, ee qu,e
-où
I'a constitutinn il'u ,'oyûurne soit éta,blie sur des basis solid,es. >
Tous les députés levèrent la ms.in. Dons cette séance solen-
nelle, la souveraineté netionale se dressait, pour la première
fois, contre le pouvoir absolu de la royauté. -
-la 3. Réponie d.e Miraberu. ies dêputés chassés de
salle du Jeu de paume s'assemblèrent - dans l'église Saint-
Louis.
Le roi voulut briser cette résistance. Il convoqu& les trois
ordreso et, après avoir cassé les récentes décisions de I'As-
semblée, il ordonna que chaque ordre se retirât dons sa salle
respective, menaqant de dissoudre les états si on lui résistait.
La noblesse et le clergé obéirent. Les députés du tiers res-
tèrent sur leurs sièges. Le grand maître des cérémonies, le
marquis de Brézé, vint leur rappeler les ordres du roi. Mira-
beau se leva tout à coup : * Allez dire à votre msltre, s'écrio-
t-il, que. nous sommes ici par lo volonté du peuple et que
nous n'en sortirons que pa,r la puissance des bïionnettesl >
Ile roi n'osa pas agir. < Puisqu'ils ne veulent pas sortir, dit-
il, qu'ils restent. u
4. Fusion des trois ordres. Les privilégiés vain-
- au tiers état. a Main-
cus porcette résistance vinrent se réunir
tenant, dit Bailly, la famille est complète t > La fusion des
trois ordres était faite. L'Assemblée, qui représentait alors la
nation tout entière, prit le titre d'assembléà nationate constt-
tuante,,7 juillet.
5. Prise de la BastiUe (tA juillet). Lo cour n'avait
cédé qu'à_regret; elle prépara un coup d'Etat - contre I'As-
semblée. Des troupes furent appelées à Versailles; le mi-
nistre Necker fut destitué et exilé. A cette nouvelle, une vive
agita.tion se répandit da.nsParis (lZ juillet). Au palais-Royal,
Camille Desmoulins harangue Ia foule. Les bustes de Neitier
et du duc d'Orléans sont portés en triomphe. Le prince de
Lombese, à la tête du régiment Royol-allernand, veut disper-
ser les rassemblements tumultueux. Le peuple prend les
armes et reste maître de Paris. Le lendemain, lB, les élec-
teurs se réunissent à I'Hôtel de Ville et instituent un comilé
permanent chargé de I'approvisionnement de poris et de
I'organisotion d'une milice qui comprendrait seize légions et
quarante-huit mille hommes. Telle fut l'origine de.ia Com-
mune de Paris et de la garde notionale. Dans la journée du l.&,
/
LA BÉvoturloN. t3l
lo foule, grossie de quelques gardes-françaises eommand6s
par Hullin et Elie, envahit I'Hôtel des Invalidesr y enleve
des fusils et des o&nons, puis mercha sur la Bastille. Cette
formidable prison d'Etat semblait être le symbole du despo-
tisme. La forteresse, défendue per le gouverneur, de
Launay, et par une faible garnison de Suisses, se rendit après
quatre heures de résistsnce. Quelques misérables compro-
mirent cette victoire du peuple par des crimes inutiles. Le
gouverneur et le prévôt des marchends, Flesselles, furent
massecrés.

La Bastiile.

En apprenant la prise de la Bastille, le roi s'tlcria : (( Ctest


donc une rôvoltc ! r < Non, Sire, répondit un courtisan,
t'est une révolution I ->
6. Couséquences de cet événement.
séquent',es de la - Les con-
prise de la Bastille furent considérables. La
cour, qui préparait un coup de force contre I'Assemblée, fut
effral'ée par cette insurrection victorieuse. Le peuple, fier de
ce prernier suctrès, eut confiance en sa force; et il crut,
qu'en di,molissant la Bastille, il avait détruit le despotisrrre
royal. i\ussi la journée du l4 juillet, qui marquait une ère
4I2 EISTOIRE DE trRANCE.
nouvelle, fut célébrée, dès I'année suivente, comme une fêts
nationale.
_ r-oi, el[reyé, rappele Necker et éloigna les troupes.
!_______________9

Bailly fut nommé maire de Paris et La lrayette commandant


de la garde nationole. Celle-ci adopta les deux couleurs de
Paris, bleu et rouge, et, comme signe de réconciliation avec
la royauté, le blanc, couleur de la moison de Bourbon. < La
cocarde tricolore, dit La Fayette, fera le tour du monde. > Le
roi voulut marquer sa confiance &ux Parisiens en venant les
visiter. Bailly olfrit les clefs de Ia ville. < Sire, dit-il, ce sont
les mêmes qui furent présentées à Henri IV; il avait recon-
quis son peuple; aujourd'hui c'est le peuple qui a reconquis
son roi. I
7. Lu nuit du 4 aorlt. réconciliation ne fut ni
sincère - Laseigneurs
ni durable. Les principaux de la cour don-
nèrent le signal de l'émigr-ation. C'était une faute grave. Ils
abandonnaient Louis XVI dans le péril et ils allaient pousser
la révolution oux mesures les plus violentes. Les passions
populaires commengaient à se déchaîner. A Paris, le traitant
Foulon et son gendre Berthier furent massamés. Dans les
campa.gnes, les paysans bnllaient les châteaux et les cou-
vents. L'Assemblée, pour enlever tout prétexte à ces déplo-
rables excès, résolut de mettre lin à tous les privilèges. Dans
la mémorable nuit du 4 aott, plusieurs membres de la no-
blesse et du clergé donnèrent un généreux exemple. Ce fut
alors comme un cntraînement général. Droits féodoux, dîmes,
corvées, tout fut aboli. L'égalité était établie entre les closses,
les individus, les provinces, les villes. La nuit du 4 août
merquait la fin légale de I'ancien régime.
8. I-res journées desS et6 octobre. Les discus-
-
s_ions passionnées qui s'élevèrent dans I'Assemblée à propos
:

de la constitution, lo conduite équivoque de la cour, lïn-


quiétude et les soulfr&nces réelles du peuple précipitèrent la
marche de le Révolution. Louis XVI avait appèle à Versailles
de nouvelles troupes; les oftciers, réunis dans un banquet,
evaient foulé aux pieds la cocarde tricolore et arboré la co-
qrdq blanohe; Marie-Antoinette avait commis I'imprudence
-répandus
d'assister. à ce banquet et de justilier ainsi les bruits
à.Paris d'un coup d'Etat. Une nouvelie insurrection éclata;
c'est eux Halles que se formèrent les premiers rassemble-
ments. Des milliers de femmes demandant du psin en-
vahirent I'Hôtel de Ville. Un huissier, Maillard, parlad'oller
LA nÉVotuTIoN. 133
chercher le roi à versailles. Aussitôt ls foule partit de ce
côté. La Fayette arriva à temps pour prévenir de gronds
malheurs, les portes du palais avaienf été déjà enfoîcées.
Le combat cess& sur la promesse formelle quË te roi vien-
drait à Paris. Il s'y_rendii le iendemain escorié par la popu-
lace qui criait : < Nous rurons du pain, ooos uirr.nonr'u.,or.
nous le
-boulange.r,
la boulangère et le petit mitron. I Dé-
sormais le roi et I'Asse-mblée siégèrent à paris, sous la pres-
sion des-passions populaires, dei journaux, dàs clubs. L'in-
Iluence de Paris devint prépondérante dans l'histoire de Ia
Révolution.
p. L'é_qigration. devenait chaque jour plus
- Lanelutte
ordente. D'un côté, la cour voulait rien céder et siobstinait
dans une résistance aveugle. De I'outre, Ie peuple dans son
impatience-demandait des réformes radicaies. -Les journa-
listes dans la.presse, les orateurs drns les réunions puïliqurt
et dans ]es clubs excitaient les passions et soulevaient les
haines contre les partisans de ljancien régime. Les nobles
ellrayés- émigraient en grand nombre et fa]seient appel aux
monarchies de I'Europe contre la révolution française. Ils
allaient oinsi provoquer par cette conduite coupible une
lutte tenible et des actes de violence dont ils iurent les
premières victimes.
10. La fêto de la Fédération (r4 juiller {Zg0).
La Révolution eut une grande et belle jo'rnée. ce fut'celle -
9ù -l'o1 c$ébra, en souvenir de la prise de la Bastille, la fète
de la Fédération. < C'était, dit M. Mignet, dans le Ctramp de
Mars que devait avoir lieu la Fédération'. paris entier aïait
concolrru pendant plusieurs scmaines oux travaux, afin que
tout fùt prêt le 1,4. Le matin, à sept heures, le cortège àes
électe'rs,. des représentants de la cbmmune, des prés'idents
des districts, de I'Assemblée nationale, de la gartle pari-
sienne, des députésde.l'armée, des fédérés des défartemônts,
portit avec ordre de I'emplacement de la Basiilie. La pré-
seûce de tous les corps nationaux, les bannières 1lottantes,
les inscriptions particulières, les costumes variés, les sons de
la musiq_ue, I'allégresse du peuple rendirent ce 'cortège im-
posant. Le vaste emplacement du Champ de Mars étâit en-
touré de gradins de gazon occupés par quatre cent mille
spectateurs. Au milieu s'élevait un autel à la manière &n-
tique; _autour de I'autel, sur un vaste amphithéâtre, on
voyait le roi, sa famille, I'Assemblée et la municipalité i les
EIST. DE FN. C. COXPI.. t0
t34 HISTOIRE DE FRANCE.
fêdérés des dêportements étaient placés per ordre, sousleurs
bannières; leJdéputés de I'ormée et de la garde nationale
étaient à leurs rangs et sous leurs drapeaux. L'évêque d'Autun
monta sur I'autel en habits pontilicaux; quatre cents prètres,
vêtus d'aubes btanchcs gt déoorés deceintures tricolores {lot-
tantes, se portèrent aux quotre coins de ['autel. La messe
fut céiébréé au bruit des instruments militaires; l'évêque
bénit ensuite I'oriflamme et lesquatre-vingt-trois bannières.
Lo Fayette, tu nom de la garde nationale, le président de
I'Assemblée, au nom des députés, le roi, prètèrent serment
à la constitution. La reine, entraînée, levant le dauphin
dans ses bras et le montrant au peuple : < Voilà mon tls I Il
l se réunit ainsi que moi dans les mèmes sentiments. > Au
mème instant les bannières s'abaissèrent, les acclamations
du peuple se firent entendre ; les sujets crurent à la sincé-
rité- du- monerque, Ie monarque à I'attachement des sujets,
et on termina cette heureuse journée per un cantigue d'ac-
tions de grâces. Cette belle fète n'eut malheureusement pas
de lendemain. >

la réaction eveugle des


11. Mirabeau.
- Au milieu de
privilégiés et des emportements violents du parti révolution-
aaire, un homme esseya d'nrrêter le mouvement et de sauver

{i".
' rÀ RÉv0ru110t{. 43S
la royauté. Ce fut Mirabeau. Il était convaincu que la mo-
narchie constitutionnelle ossurant les libertés nécessaires et
l'éplité civile étaient des conquêtes suffisantes : aller au
delà serait les compromettre. Voilà pourquoi, oprès avoir été
un des plus aetifs promoteurs de la révolution, il devint un
défenseur sinsère et énergique de lû, royauté. Il eut le tort
greve de se laisser pensionner par le roi, paraissant ainsi
vendre ses services alors qu'il ne servait en réalité que ses
convictions. Le roi ne sut prs ou ne voulut pas suivre les
conseils de Mirabeau. Aussi celui-ci compromit-il inutilement
sa popularité dans I'Assemblée et il usadans une lutte stérile
les restes d'une énergie que le travail et Ia débauche avaient
déjà brisée. Il mourut le 2 avril l,7gl., <J'emporteavec moi
le deuil de la monarchie, dit-il, les factions s'en disputeront
les lambeaux. D
12. Fuite et arreetatiou do frouis XIII. Le roi
- Il ré-
se livra alors tout entier aux conseils de la réaction.
solut de quitter Paris, soit pour restaurer son pouvoir avec
les forces du marquis de Bouillé, soit pour se mettre à la tête
des émigrés. Dans ls nuit du 20 au 2l juin, il sortit des
Tuileries B.vec s& sceur, Elisobeth, la reine et ses deux en-
fants. Il fut reconnu à Sainte-Menehould par le fils du maître
des postes, Drouet, et arrêté à Vorennes. Il fut romené à
Paris par trois commissaircs de I'Assemblée, suspendu deses
fonctions et placé sous la surveillanoe d'une garde, comman-
dée par Lo Fayette, I\Iais les clubs demandèrent lo déchéance
immédiate du roi. Des rossemblements se formèrent au
Champ de l\{ars; des pétitions y furent déposôes sur I'autel
de la patrie. Bailly et La Foyettereçurent I'orclre de disperser
cette foule tumultueuse. La loi martiale fut proclamée. Lo
multitude ayant refusé d'obéir &ux sommations lég.lles, Lo
Fayette ordonna de faire feu. Ce sang versé ueus& un abîme
entre les constitutionnels et les républicains.
13. Fin de I'Assemblée constituante.
- Cepen-la
dant I'Assemblée avait poursuivi ses traveux et terminé
constitution. Le roi I'accepta solennellement. Les députés se
séparèrent le 30 septembre, après avoir démété qu'aucun
d'eux ne poumait faire partie de I'Assemblée nouvelie.
14. Les réformes politiques. L'Assembléeconsti-
tuante avait accompli une gronde æuvre. - Elle avait mis en
pratique les principes de t?89; et, par ses réformes, elle
ovait constitué sur des bases nouvelles notre société moderne.
{36 SISIOIRE DE FRANCE.
Le souveraineté nationale remplagait le pouvoir absolu de
la royauté. Tous les citoyens, âgés de vingt-cinq &ns' n-om-
maient des ëlecteurs qui choisissaienteux.mêmes les membres
de I'Assemblée notibnole, les magistrats et les administra-
teurs des départements.
Le gouvernement était délégué à une Assemblée unique et'
à un roi.
L'Assemblée, composée tle députés librement choisis par
l'élection populaire, ivait le potno,ir législatùf , e'est-à-dire le
droit de fairô les lois et de voterl'établissement et le percep-
tion de I'impôt.
Le roi, [ui autrefois disposait d'une autorité ebsolue,
n'avait pios- que le pouuoir eæëcuti'f , c'est-à-tlire le droit de
faire exécuter les lois. Les ministres étaient rerytonsables de
leurs octes devsnt I'Assemblée.
15. Leg réformes gociales. - L'égalité de tous les
citoyens était proclamée. Désormais les fonctions publiques
roni nccessiblés à tous, sans distinction de naissanoe' La
liberté individuelle est ossurée; chacun e le droit de faire
tout ce qui n'est pas défendu par la loi. La.propriété est ga-
rantie : nul ne peut être privé de ce qu'il possède. Tous
doivent contribuer, proportionnellement à leur reYenur o'ux
charges de I'Etat.
Dins lo famille, Ie droit d'elpesse est ûboli. Lee enfsnts
sont tous égeux.
16. Iree réformes essurant la liberté du tra-
vail. L'Assemblée constituante o assuré àohaque citoyen
-
la liberté absolue de son travail. Désormais le paysan n'est
plus soumis aux corvées; I'agriculture est s{franchie de toute
ântrave. L'ouurter n'est pluJtenu de faire partie d'une cor-
poration; les jurandes et les maîtrises sont supprimées'
L'industrie est libre dans ses procédés de fabrication. Le conz-
merçant n'a plus à payer des Àouanes intérieures ni des droits
ae pOage. Lù malôhandises circulent librement dans tout le
royaume.
iz. tr"s réformes a,dministrativeg. - L'Assem-
blèe fonde I'unité territoriale et administrative, en rem-
plaqant les anciennes provinces pP des eirconscriptions
Lniiormes, appelées d,ëpartements. Les noms des déperte-
ments sont emp.untés à la conliSuration du sol,- aux
fleuves et aux montagnes. Ainsi disparaît le souvenir de ces
petites nationalités locales que le nôm tles provinces faisait
ta RÉvoLUTloN' &97

revivre. Désormois il n'y o plus qu'une France et que des


Français.
Les départements sont divisés en ilistricts oû ûrrotr-
dissements, les districts en cantons', les cantons eî corn-
rnunes.
18. Lres réformes iudiciaires. Les parlements et
les
-
juridictions seigneuriales ou eeclésiastiques sont suppri-
més. Dans chaque département on institue w ttibwtal' cri-
mùnel, qui juge les eimes lvec I'assistance d'un iury; dans
chaque district, un tribunal ciail; dans chaque c&nton, un
tribunal, d,e paiæ.
Un tribunal suprême, appelé cour de ,orrofiioo, devait
veiller à I'observation de Ia loi et au mointien de lo juris-
prudence.
- Le principe de I'inamovibilit6 de la magistrature était
oboli; les juges étaient élus pour dix ans par les citoyens.
19: Ires réformes ecelésiastiques. - L'Assemblée
constituante proclama la liberté absolue de conseience et de
culte.
Elle déciila, sur Ia proposition de Talleyrand de Périgord'
évêque d'Autun, que le elerSé n'était pas propriétaire, _mais
administrateur des biens ecclésiastiques; et que I'Etat
pouvoit disposer de ces biens, en se chargeant dcs frais du
ôulte, de I'entretien des membres du clergé et du soin des
hôpitaux. Les biens ecelésiastiques furent done vendus
comme biens nati,onûttæ; et on émit un papier-monnaie, ou
assignats, qui deveit être échangé contre les domaines no-
tionaux.
L'Assemblée décida en outre que désormais les évêques
et les curés seraient nommés par les citoyens comme les ma-
gistrats civils. C'est ce qu'on appelo la constituti,on cùsil'e d,u
clergé.
Lo grande majorité du clergé refusa de reconnaltre cette
nouveile organisation de I'Eglise. Les prêtres qui ne s'ysou-
mirent pos furent appelés prêtres réftaûaùres.
Por cètte réforme imprudente I'Assemblêe constituante dé-
chaîna dans nos luttes politiques toute I'ordeur des possions
religieuses.
20. Appréciation généralo. Les principes que
-
I'Assembfte eonstituante a proclamés sont ceux sur lesquels
repose notre société. Quelques institutionsont pu être amé-
liorées. Mais dans son ensemble l'æuvre de t789 est restée
t38 EISTOIRE DE FRÀNCE.
debout'malgr6 les changements de régime que le Frnnce a
subis depuis un sièele. C'est là son plus bel éloge. En se sé-
parant, I'Assembl6e constituante pouvait se rendre ce témoi-
gnage qu'elle avait bien rempli sa mission.

LECTURE.
- tête de la Fédératiou.
Les fèdérés arrivaient de toutes les parties du royaume. 0n les
loseait chez des particuliers qui s'empressaient de fournir lits, draps,
bo"is. et tout ce <iui pouvait crintribuef à rendrs le séjour de la capitale
aeréâble et coùnôde. La municirralité prit dcs précautions pour
qi'une si grande aflluence d'étrangers ne iroublât pas la tranquillilé
nublroue. Ûuuze mille ouvriers travaillaient sans relâche à préparer le
Ôtram'p de Mars. Quelque activité qne I'on mit à ce travail, Ïl avançait
lentenient. On craignit'qu'il ne prit-être achecé le {4 juillet, jour irté'
vocablement fixé pour ld cérémtlnie' patce que c'étail.l'époqtre fameuse
de l'insurrectron àe Paris et de la piise de ta Bastille.- Dlns cet em-
barras, les districts invitent, au nom de la patrie, les bons citoyens à
se joindre aux ouvriers. Cette invitation civiqrre électrise toutes les
têtris: les femmes nartaqent I'entltousiasme et le propagent : on voit
des s'éminaristes, des ééoliers, des chartreux vieilfis dans la solitrrrle,
guitter leurs clolires, eourir au Champ de l\{ars, une pelle sur le dos,
ur"rrtant des bannières ornées d'emblènes patrioliqtres. Là, tous les
ôitovens mèlés. conftrndus, forment un atelier immcnse et mobile dont
chatiue soint brésente ud gruupe varié; le capuein traine le haqrret
avei le ihevalÏer de Saint-Louis, Ie portefaix avec le petit maitre du
Palais-Roval: la robuste harengère fiurte la brouette rcmplie par la
femme élëgailte; le peuple aisé,-le prirrple indigent, le peulrle vêttt, le
neuole en hailloné, iieillards, ettfants, comédiens, Ccnt-Suisses'
ôom'mis, travaillant et se reposant, acteurs eI spectateurs, olflent à I'ceil
étonné une scène pleine de-vic et de mouvement; des tavernes ambtt-
Ianl,es. des buutiqries portatives atrgmentent le charrne et la gaieté de
ce vasie et ravissânt tàbleau ; les chan[s, les cris de 1oie, le bruit des
tambuurs, des instruments militaires, celui des bèches, des brouettes,
les voix des travailleurs qui s'appellent, qui s'encouragent... L'âme
se sentait affaissée sous le- poids cl'une délicieuse ivresse à Ia vue de
chacnn redescendu aux doui sentiments d'une fraternité primitive...
Neuf heures sonnées, les groupes se démèlent' Chaqrte citoyen regagne
l'endroit où s'est placéc sà seCtion, se rejoint à sa faurille, à ses cutt-
naissances. Les liandes se tettent en uiarche au son des tanrbours,
reviennent â Paris précédées des {lambeaux, lâchant de temps en
tenrps tles sarcasmel contre les aristomates, et chantant le fameur
air i Ca ira.
tint'in, le 1.4 juillet, jour de la Fédération,-atrive, parmi le^s espé-
ranccs ïes uns, les alfrmes et les terreurs des arttrês. Les fédérés,
rangés par departement sous quatre-vingt-trois bannières' parlirent
de I'emblacement de la Bastille; les députés, des trotrpes de ligne,
des trou'nes de mer. la garde natiunale parisienne, des [aurbcrurs, des
chceurs rle musique, les-drapeaux des seôtions, ouvraieqt et fermaient
la marche.
Les fédérés traversèrent les rues Saint-l{artin, Saint-Denis, Saint-
Honoré, et se rendirent par le Cours-la-Reine à un pont de bateaur
I,À RÉVOLUTION. 439
cgnstruit sur la 1ivière. Ils reçurent â leur passage les acclamations
d'un ueuple immense répandu dans les rtles' atlr fenètres des malsons'
Suriôiqhais. La pluie iui tumbait à llots ne déralgea ni ne ralentitla
marche.'Les fédéÉs, déÉouttant d'eau e[ de sueur,.dansalent des laran-
dôtà*l dri.iu"I- : Viuent'nos frères l,es Parisiens I 0n leur descendait
ni.-iéJ ienêiies tlu vin, des' fruits, des cervelas; on les co-mblait de
[OnOJictions. L;Assemblée nationale joignit le cortège. â la.place L,ouis XV,
ôi mâiiiii entre tôlatattton des véierfns et celuides jèunes élèves de
-iragelipressive
ta rrâiri*l qui semblait réunir à elle seule tous les
et tous les inlérôts.
-"L.ïtô*in
àEei
ooicondoit au ChamD de Mars était couvertde peuple qui
battait des mains, qui chantait : Çà ira. La pluie
'gaieté
continuait de tomber.;
nôrionn. ne parais'saii strn aperèevoir : la franqaise triomphait
èt des mau"ais chemins, et rle la longueur de la marche.
M. de La Favette, montant un suFeibe cheval et entouré de ses aides
ae-ôàmu.ïonriait iôs ordres et recevait les hommages du peuple et des
féderés.'La sueur lui corrlait sur le visage. un homme,.que persOnne
ne cOnnail, perce ta fonle, s'avanct tenant une bOutellle d'une mAln' un
verre de t'âùtre : ,, Mongëneral, uous o'Dez chaud; buaezun.coup'n
Cet homme lève sa bouieille, émplit. urt.grand verre' -le présente à
ItI. de La Favette. M. de La Fayette reçoit lé verre, regarde un moment
I'incçnnu, avâte le vin d'urr seut tlait. Le peuple.apl)laudit. La f'ayette
nrOrène'un sourire de coulplaisance et un re$ard bénévole et. conliant
Ëur la multitude, et ce regard semble dire :..Je.ne- c6nceYrar Jamals
i"crn s6"pçon, i,i n'autai j"amais aucune inquiétude tantque je serai au
milieu de vous.
---bunenar*
olus de trois cent mille hommes et femmes de Paris et
des e'nvirons,iassemblés dès six heures du matin au Champ.de Mars'
assis sur des gradins de gazon qui formaient ^ltlt çlrqYe...lmmens9'
mouillés, attendaient en riant et en causant les Iêderes et l'Assemblee
nrtionïtd. bn i.,iit élevé un vaste amphithéâtre pour. le roi, la famille
r0vale, les ambassadeurs et les députés. Les lêder.és les premlers arrl-
nO"s ôuinmencent à danser les farandoles; ceux qui suivent se
jojgnent
à eux, et furment une rurrtle qui embrasse tlientÔt une partie du- champ
de Mars. C'était un spectacle digne de I'ubservateur phil0s0phe, que
cette foule d'hummes venus des parties les plus opp0sccs de la Frflnce'
entrainés par I'impulsion du caiactère national, bannissant tottt.sou-
venir du 'naSsé. tïute idée du présent, toute crainle de I'aventr, Se
ii"iantï u'ne deiicieuse insoucian'ce, e[ frois cent mille spectateurs de
tout âee. de tuut sexe, suivant leurs mguYements, ballant la mesure
avec lËs'mains, oubliaut la pluie, la faim et--['ennui d'une longue at-
tente : enfin tout le cortège-étant entré au chanrp de [lars,- la danse
eesse. chaque ttdôré va rejoindre sa battnière. L'évùque d'A.ulun se
niéoir*-e i'Olébrer la messe â un autel à l'antique rlressé au nilieu du
ôt'trlnp de \tars. Trois cents prètres vètus d'aubes blanches, c.uupccs
Aà iutget eeintrrres tricoloresi se rattgent aux qua.lrc. cuins de I'a,trtel.
L'é'rlèqire benit I'oriflaurme et les quatre-vingt-trois brnntères : ll en-
tonrre'le Te Deum. Douze cerrts musiciens exécutent ce canttqtte.
i,a Favette, à la tète de l'état-ma1or de la milice palisienne et des dé-
nulôs iles armées de terre et de mer, monte à l-autel' et Jure' au. nOIn
âes troupes et des fédérés, d'être lidèle à la natign, à la loi, au roi. Une
àécttargr; de quarante coufls de.cangn armonce à la Ffance ce serment
rorunoit. Les'duuze cents'musiciens font relenlir I'air de chants mili-
iiiiéi; tei drâpeaux, les bannières s'agitent; les sabres tirés étin-
4r0 HISTOIRE DE FRÀNCE.
cellent. Le président de I'Assemblée nationale répète le même serment.
Le oeunle ei les députés y répondent par des cris deie le.iure. Alors
te ùi se lève et prdnonce d'uire voir fôrte : <, Moi, rôi dei Français,
ie iure d'emnloùer le pouuoir qlte m'o, donné l'ucte constitutionnel
'd"" I'Etat, a àaintenir la cionstitution décrétée par l'Assemblée
nationale', et acceptée par moi.-, La re_ine_prend le d.aup.hin dans ses
bras. le présente âu peuple, et dit : < Voilù mon fils; il se rêunit
ainJi otr,ri moi dans cès mémes sentiments., Ce mouvenrent inattendu
fut payé nar roille cris de : Viue Ie roi, uiue la reine,aiue ItI' le Dau-
phih l" Ltii canons continuaient de mèler leurs sons majestueux aux
ions guerriers des instruments militaires et aur acclamations du peuple ;
le teùps s'était éclairci, le soleil se montrait dans tout soi_irr,fl;_.

EXERCICES ONAUX ET ÉCRITS

l. Erplioation des mots. - Sainte-Menehould,, sous-préfecture


de la Marne. Varcnnes-en-Argonne, chef-lieu de canton de la
I\Ieuse.
-
!. 0uestionnaire.
- Oir se sont ouverts les états
généraux?
-
Quand? - Quelte question fut d'abord agitée? - Qu'est-ce que le ser-
ment du Jeu de paume? Quel titre prirent les états généraur?
Pourcuoi?
- prise de la Bastille, la date. Quelle
la -
esl l'ôrigine - duBa'contez
drapcan tricblore?
- -
Quelle en est la significatiott?-
Oue se
"oassa-t-il
la nuit du 4 aoùt? - Ie roi et I'Assemblée
iont-ils venus à Paris? - Quelle est - Quand
I'iruportance de ce fait?
0u'est-ce que fète de la Fédération ? - Decrivez-la. - Parlez -de
'- Lala date
I\-tirabeau.
sa fuite?
de sa mort.
- 0ù Louis XYI fnt-il arêté dans
Quelles sont les principales réfurmes de I'Assemblée con-
stituante ? -
3. Ilevoirs à rédiger. - Indiquer les grandes journées de la Révolu-
tion de tl89 à 1791, et en apprécier I'importance.
- Enumérer et ap-
prér:ier les réformes de I'Assemblée constituante.

II
ASSEUBT. P LÉCISLATI-\rT
(r7sr-r7s2)

rEÇoN

l. Les partie dane I'Assemblée légistative. - L'Assernblée légis-


lative gui succéda, en 1791., à la Constituante, était divisée en
trois pÀrtis : les constitutionnels, les girondins et les monta-
gnards.
" f. ilinistère gironrlin. Itéolaration de guerre à I'Autriohe. Elle
entra en lulte avec la ro,yauté, qui fut obligée de choisir -un mi-
nistère girondin et rle dèclarer l-a guerre à l'Àutriche.
0. Lefjournées du 30 iuin et tlu t0 aott l?9t. - La guerre eut
ÀssEMBtÉE IÉGISLATIVE. &41

des contre-coups terribles eur I'histoire intéri.eure. Nos preBiers


revers provoqu-èrent la journée du 20 juin; I'insolent manifeste
de Bruirswick-amcna la journée du l0 iroùt. qui marqua la chute
de Ia royauté, et la prise de Vertlun fut le prétcxte des mas-
sacrcs de septcmbre.
4. Yiotoire'de Valmy. -_ La Lésislative termina sa session le
jour mêrne où Dumôuriez sauva la l'rance par la victoire de
Vahny (20 septembre 1792).

RÉCIT

1. Lres partis.
- L'Assemblée législative, élueen vertu
de lo constitution de l.7gl, était divisée en trois grands
purtis : à droite, siégeaient les constitutionnels ou feuillants;
à gauche, les girondins; à I'extrême geuohe, les monta-
gnards. Les premiers voulaient le maintien de la monarchie
constitutionnelle; les seconds inclinaient vers la république,
mais une république libôrale, modérée. Les montagnards
rêvaient l'établissement d'une république démocratique. Le
Gironde dominait dans I'Assemblée par le nombre et l'élo-
quence de ses partisans; la Montogne était toute-puis-
sante dans Paris, par les clubs des Jacobins et des Cor-
deliers.
Toute I'histoire de I'Assemblée législotive se résume en
trois faits principaux : la journée du 20 juin, qui fut le pre-
mier coup porté à la royauté; la journée du {0 ooùt, quien
fut la ruine, et qui révéla Ia puissance de la commune de
Paris; les journées de septembre, qui marquèrent I'ovène-
ment de la démagogie. Au-dessus de tout, domine le grand
fait de Ia patrie souvée par la victoire de Valmy.
2. Journée du 20 iuin. - Le roi, après avoir vaine-
ment essayé de gouverner ovec les constitutionnels, avait
appelé aux afaires un ministère girontlin: Roland avait le
portefeuille de I'intérieur, et Dumouriez celui des afaires
étrangères. L'âme du ministère et du parti girondin était
1\{-6 Roland, dont le caractère enthousiaste et fertne, les con-
victions républicaines, l'éloquence naturelle exerçaient un
véritable empire. Le premier octe de la ûironde fut la décla-
ration de guerre à I'Autriche. Les débuts des hostilités nous
furent défsvorables. Deux corps, sous Dillon etBiron, prirent
la fuite entre l\Ions et Tournai. Dillon fut massam6 par ses
soldats. Rochambeau donno sa clémission. L'Assemblée lé-
gislal,ive, irritée par les I'evers, se montro plus déliante en-
core à l'égard de la royauté. Elle pronongo la déportai,ion
t9'
&&2 HISTOIRI] DE FRANCE.
contre tout prêtre réfractaire; elle licencia la garde consti-
tutionnelle âe Louis XVI, et ordonna la formation d'un
c&rnp de vingt mille fédérés sous Paris. Le roi mit son
ueto à ces dÀmets, et &ccepta la démissilh du ministère
girontlin.
Les clubs proposèrent aussitôt une manifestation popu-
laire. Le 20 juin t792,, jour anniversairedu serment du Jeu
de pairme, vingt à trente mille hommes des faubourgs Saint-
Antbine et Saint-M&rce&u merchèrenl, sur I'Assemblée, sous
la conduite du bresseur Santerre, du boucher Legendre, ile
I'avocat Panis et du marquis de Saint-Huruge. Ils traver-
sèrent I'Assemblée en chantant le Ça ira, déposèrentune pé-
tition contre les ennemis de Ia Révolution, puis ils se ren-
dirent eux Tuileries, en brisèrent les portes à coups de haehe,
et pénétrèrent dans les nppartements du roi. Louis XVI,
preésé tle sanctionner les décrets, répondit avec colme : a Je
fersi ce que la constitution m'ordonne. rr Pendant plusieurs
heures, il resta. exposé aux insultes et aux violencesr s&ns
que la garde nationale ni le maire de Paris prissent des me-
sures pour le défendre oontre cette invasion. Le perti corrsti-
tutionnel, indigné de cette intervention populeire, réclama Io
punition des ooupables. La Fayette accourut de con armée, et
proposo au roi de favoriser sa fuite. La Gironde, dont lamain
était dans I'insurrection, comprit ln faute qu'elle avait com-
mise; elle cheroha à se rapprochmdu roi. Repoussée par lui,
elle se jeta dans le parti républicain. La journée du 20 juin
devait être fatale à Ia royauté, ou parti constitutionnel et à
la Gironde elle-même.
3. Journée du l0 aorlt. - Les men&ces de la coalition
ne ffrent t1u'iruiter les passions révolutionnaircs. Le duc de
Brunswic[, commandant les armées prussiennes, lança de
Coblentz un insolent manifestet meneçûnt Paris d'une exé-
cution militaire et d'une destruction totele, si le roi n'était
pus rétabli dans ses privilèges (25 juillet l?92). Les répu-
Ëlicains répondirent à cette menece par I'insuuection du
l0 aoùt.
Dans la nuit du I au {.0 aorlt, le tocsin appela le peuple
s,ux &rmes. Sonterre, $festermann, Danton, Desmoulins,
Barbaroux ovaient soulevé les faubourgs Saint-Antoine et
Saint-Marceau et les fédérés marseillais. L'Hôtel de Ville
fut d'abord occupé; une commune révolutionnaire chassa
I'ancienne municipalité; Mandat, commandant de lo garde
ASSEMBTÉE LÉGI$iATIVE. { 13

nationale, Santerre, nommé à sa plaee chef-de la


fut tué.
foreæ armée, murcha alors sur les Tuileries. Louis XVI, sur
I'avis du procureur-syndic de la .Seine, Ræderer, se.retira
&vec s& famille dans le sein d.e I'Assemblée. Les Tuileries
furent alorg envahies; les suisses massacrés, le châtesu sac-
cegé. L'Assemblée suspendit le roi de ses fonctions, lui as-
jusqu'à ce
-sort. du Luxembotrg,
sifna comme résidence le palais
qi'it ftt statué sur son Deux pouvoirs avaient été
également atteints dans ls journée du l0 aoùt : Ia royauté
.i I'A.ue*blée. La commune de Paris étsit maîtresse de la
situation.
4, Maggacres de Septembre. La commune
inspire en effet tous les actes du gouvernement. Elle fait en-
fermer Louis XVI dans lo prison du Temple' sous lo garde
de pétion et de Santerre; eùe abolit la direction de la Seine,
dont I'autorité était supérieure à la sienne; elle se fait at-
tribuer la police de srireté générale; elle établit un tribunal
ffiminel,, Ët condamne à la déportation les prêtres- réfrac-
taires; .ile purtnet à tous les citôyens d'entrer dans ls garde
nationale.
On comprend avec quelle fureur ce gouvernement révo-
lutionnaire apprit les ievers de nos arnrées. A Ia nouvelle
de la prise dè- Verdun, le drapeou noir fut arboré sur les
tours de Notre-Dam.e; le canon tonna d'heure en heure. < Le
oûnon que vous entendez, criail Danton, n'est pas -le canon
d'alarrne, e'est le pas de charge sur les ennemis de la pal'rie'
Pour les vainme, pour les Jtte..e*, qr.re faut-il? de l'au-
dace. r < ll faut, disait-il encore' faire peur aux royalistes' I
Le 2 septembre, à I'instigation de Marat, deux ou trois cents
égorgeuls, s,tt1 Sagcs de la commune, envùhirentlesprisons
dé Paris, et massacrèrent togs les prisonniers. Bientôt ces
hideux massarres de septembre furent renouvelés dans les
prineipales villes de province. L'Assemblée législative fut
impuissante au milieu de ces horreurs. La Gironde se montra
indêcise et faible; Pétion fut peut-ètre complice I
A ce moment, le vrai peuple de la Révolution, les volon-
taires de Dumouriez et dè Kellermtnn, sauv&ient la France
à Valmy. Le même jour (20'sàptembre 1792),.l'Assemblée
législative faisait place à le Convention nationale.
5. Guerre. - La guerre contre la Franee a été provo-
quée par les intrigues dès émigrés. Le comÙe d'Artois à Co-
'Worms, conspiraient pour dé-
btenti, le prinee de Condé à
&LL HISTOIRE DE FRÀN0E.
banasser Louis xvl
de I'Assemblée constituante. Le roi eut
imprudence d'outoris.er des négociations coupables. Le comte
i_

d'Artois signa, en mai r?gr, la convention semète de l\{an-


1:*r, par laquete les souverains de prusse, d'Autriche,
d't)spagnc et de Piémont s'engageaient à faire avoncer cent
mille hommes sur nos frontières. plus tard, après I'arresta-
tion du roi à Varennes, le eomte d'Ar.ioii, t'empe.eu,
Léopold II et le roi de plLss.e signèrent, re 2z aorrt-iigî,
fameuse dôclaration de pilnitz. -c'était une première menace
n
de coalition. La France y répondit par unL déclaration de
guerre à I'Autriche.
6. Valuy_. L'armée autrichienne remporta deux légers
-
evantages à l\{ons et à Tournai. L'armée prussienne. firte
de quatre-vingt mile hommcs sous re ro,nrnrnar*ôoï au
Brunswick, franchit la
fronticne, après avoir
lancé le manifeste qui
proYoguo, I'insurrôc-
tion du {0 acùt; elle
s'empara de Longwy et
de
-Verdun, et menaço
la ligne de I'Acgonne.
Dumouriez fut oharsé
de défendre les défiiés
tleI'Argonne, <r les
Thermopylcs de la
France r. Il occupa le
Chêne-Populeux, route
de Sedan à Vouziers,
le Grand-Pré, route de
Verdun à Vouziers. les
Grandes-Islettes, route
de Verdun à Châlons.
Les défiIés do I'Argonne.
Les Prussiens passè-
secondoire, ltr croix.-aux-Bois, qri,iiTl,,pi:r"ï,f,:iiii
g"$9. _lJumouriez, .tourné par so gauche,
sainte-l\{enehould. Il_appela^à
i,
.on.*iL e
lui KËllermunn oue. rn-Jioi-
sion de la l{oselre. celui-ci se posta près du
mou]in de
vllqy.c'est Ià quc les prussièns l'atta{uèrent dans ïu iour.
née du Z0.septembre. It supportn pendant ptrri;;;r;Ëiru.
une terrible canonnade. Les-prussiens, croyant rem',rquer
'i

. ÀSSEMBLÉE LÉOISL.{,TIVE. 4&3


quelque d6sordre dans les rengs français, pénétrèrent dans
nos retranchements, Kellermann ordonna à ses soldats de ne
pas les attendre et de courir ou-devant d'eux à Ia baïonnet',e.
Puisil crie : < Vive Ia notion ! > Nos jeunes soldats entraînés
morchent en répétant : < Vive la nation. > A cette vue,
Brunswick, Qui ne tentait I'attaque qu'&ve{: répugnance et
evec une grande crainte du résultat, hésite, arrê[e ses co-
lonnes, et tnit par ordonner la rentrée au camp.

IBCTURE.
- Bataille de Valmy.
Les Allemands virent s'accomplir. saus avoir pu I'emnêcher. la ionc-
lion de Dumouriez et de Kellerriranir. Celui-ci. iieux sôudard'alsâcien
de la guerre de Sept 4ns, fort jalour de Dumouriez, n'avait nullement
suivi sls directionsl ll s'était-uir peu éloigné de lui.'Dans Ia vallée.qui
séparait les deux camps, le fran{ais et lè prussien, il s'était posté en
avant sur une espèce de pronrontuire, de mamelon avancé, oùr éLait le
moulin de Va[mv. Bonne-position D0ur le combat. détestable pour la
retraite... Cepenâant Dumôuriez mil un zèle e.rtrêÉe pour le sdutenir,
de droite et ile gauche. Tr,rute petite passion, toute rivalité disparais-
saient dans une-si gLande circonstanc'e. En étrt-it été de mèmô entre
généraux de I'ancien régime? J'ai peine à le croire. Que de fois les ri-
valités, les intrigues des géneraux courtisans, continuées sur le r:hamp
de bataille, ont amené nos défaites I
Non, le cæur avait grandi chez tous; ils furent au-dessus d'eux-
mèmes. Dumouriea ne fut plus I'homme douteux. le personnage éoui-
voque; il travailla pour leialut de la France et ia gioire deion ôol-
lègire; il yint lui-môme, plusieurs hcures dans ses ligùes, partagcr avec
lui le péril, I'encourager-et I'aider. Et Kellermann nè fui rioint lofficier
de cavalerie, le brave et médiocre général qu'il a été toirte sa vie. Il
fut un héros, ce jour-là, et à la haul,eur Tu peuple; car c'était le
peuple, vraiment,-à Valmy, bien plus que I'arinée. Kellermann s'est
souvenu toujours avec atlendrissement et regret du jour où il fut un
homme. non simDlement un soldat. du iour ôùr son cæur vulsaire fut
un monien_t_visité du génie de Ia France. il
a denrandé que ce iæur pùt
renoser à Valmv.
Les PrnssienÈ ignoraient si complètement à qui ils avaient affaire,
qu'ils crurent avoiir pris Dumonriez, lui avoir^ coupé le chemin. IlÉ
s'imaginèrent qrre cette armée de uagabonds, de tailleu,rs, d,e saue-
liers. Comme disaient les émierés. âvait hâte d'aller se cacher dans
Chàlôns, Heinrs. lls furent un'peu'étonnés quand ils les vireut auda-
cieusement postés à ce moulin de Valmy.
'lls supposèrent du moins
que ces gens-là, qui, la plupart, n'avaient jamais entendu le canon,
s'étonneraient au concert nouveau de soixante bouches à feu. Soirante
leur répondirent, et tout le jour cette armôe, composée en partie de
gardes ïationalei, supporta uhe épreuve plus rîde qir'un combht: I'im-
nobilité sous le feu. 0n tirait dans le brouillard au matin, et plus tard
dans la fumée. La distance néanmoins était oetite.0n tirait dans une
masse; peu importait de tirer juste. Cette màsse vivante, d'une armée
toute jeune, émue de son premier combat, d'une armée ardente et fran-
çaise,-qui brûlait d'aller rin avant, tenue'là sous les boulets, les rece-
t-,

I&E HISTOIRE DE FRANcE.


vant par milliers, sans savoir si les siens portaient,
-0n elle subissait, cette
arméd, la plus grande épreuve peut-ètre. a turl de rabaisser I'hon-
neur de eette ;ournée. Un combat d'attaque ou d'assaut aurait muins
honuré la France.
Un moment, les obus des Prussiens, mieux dirig'és, jetèrent de la
confnsion. ils tombèrent sur deux caissuns qui éclatèrent, tuèrent, bles-
sèrent beaucoup de monde. Les conducteurd ,te chariots's'écartant à la
hâte de I'exploiion, quelques bataillons commentèrent à se troubler.
Le malbeur voulut encore qu'à ce moment un boulet vint tuer le che-
val de Kellermann et le jeter par l,erre. [l en remonta un autre avec
beaucoup tle sang-froid, et rafiermit les lignes flottantes.
ll était temps. Les Prussiens, laissant la cavalerie en bataille pour
goutenir I'infanterie, formaient celle-ci en trois colonnes, qui marchaient
vers le platean de Valmy. Kellermann voit ce mouvemeni, forme aussi
trois eoÏonnes en face, ët fait dire sur toute la ligne : u Ne pas tirer,
mais attendre. et les reeevoir à la baTonnette. u

IJrrtaille de Valury,

Il y eut un moment de silenee. La fLrmée se dissip;rit. Les Prussiens


avaient descendu; ils franchrssaieut I'esDace internrédiaire avec la gra-
vité d'une vieille arrnée de Irrédcric, et iis allaierrt mruter aux !'ranc-ais.
Brurrswick dirigea sr lorgnctte, et ii vrt un speetacle surprelrarrl, ertra-
ordinaire. A lbxemule dc Kel'lerrnann. tous'les I'rarrcais. avarit le,'rs
chapr.laux à la prrintb des sabres, des'épées, des baïinneitei, avaicnt
p0usse un granrj cri.., Ce cri de trente nrille hummes rempliss;rit toute
la v;illée: c'était comme un cli dejoie, mais étonnamueut rrrulongé;
il ne dura guère muins d'un quart ,i'heirre; fini, il redolurrlencait tôu-
jours, avec-plus de force; la'terre en trerirblai[.,. C'était: rt"Vive la
Nation I ,r

Les Prussiens montaient, fermes et sombres. Mais, tout ferme que


fùt chaque homne, les lignes flottaiert, elles formaient par momént
AS$SrtB rÉE tÉCrS rATrVE. 1&7
des vides, puis elles_ les rePrplissaient. Cest que de gauche elles rece-
vaient une Dluie de fer. oui leur venait de Dumouriez.
BrunswicÏ arrêta ce'màssacre inutile, et fft sonner le rappel. Le spi-
rituel et savant général avait très bien reconnu, dans I'armèè qu'il avâit
en [ace, un phénomène qrri ne s'était guère vu depuis les guerues de
religion z une armëe de-fanatiques, etl s'il I'efrt fâllu, de ùartvrs. ll
répJta au roi ce qrr'il-avaii tuujours soutenu, contrairement aux éniigrés,
qu-e I'affaire étaii diftieile, etbu'avec les belles chances que la Pr-rrsse
dvait pour s'étendre darrs'le nôrd, ilélait absolument inutile et impru-
dent de se compromettre avec ces gens-ci.
Le roi était'exl,rêmement méconient, mortifié. Vers quatre ou cinq
heures, il se lassa de cette éternelle ôanonnade qui n'âvait euère dô
résultat que d'aguerrir I'ennemi. Il ne consulta Das Brunswick.-mais dit
qu'on baitit la charge. Lui-même, dit-on, appro'cha avec son état-major,
four reeonnaitre dd plus près cés furieux,'ôes sauvages. ll poussa sa
èourageuse et docile'infanierie sous le feu de la mitraille, vtirs le pla-
teau de Yalmy. Et, en avaneant, il reconnut Ia ferme attitude de eeux
qui I'a[tendaient là-haut. Ils s'étaient déià habitrrés au tonnerre qrr'ils
entendaient depuis tant d'heures, et ils commençaient à s'en rire- Une
sécurité risiblé régnait dans leurs lignes. Sur tdute cette jeune armée
planait quelque chose, comme une lueur héroique, où le roi ne comprit
rien, sinon le retour en Prusse. Cette lueur était la foi.
Et cette joyeuse armée qui d'en haut le regardait, c'était déjà I'armée
de Ia RéuuÏlique.
..Fo.qÇéé. le â0 septembr-e,.à Valmy, par Ia victoire, elle fut, le 21,
décrétée à Paris, aû seiu de la Conveïtiôn.
I\Ircuurr, Réu olution fr ançAise,

EXI.:RCICES ONÀUX ET ÉCRITS

l. lrplication dee mots. - Coblentz, ville allemande (province du


Rhin). Verdun, sous-préfeeture de la lleuse. préfec-
ture de -la l\Îarne. - Chdlôns,
Sedo:n, sous-prélecture des Ardennes. Argonne,
montagne qui - -
sépare le bassin de-la itlense du bassin de la Meine.
Valmy, village de la Marne. -
3. Ouestionnaire. - Quelle assemblée a succédé à la Constituante?
Combien a-t-elle duré? Quels en étaient les partis? Quel mi-
-nistère a déclaré la guerre -à I'Autriche? Qu'est-èe que la- iorirnée dn
20 juin?
-
que le manifeste de Brunsrvick?
- Qu'est-cé
rection a-t-il provoquée? - Qrielle insur-
Quelles sont les conséquenees du l0 aoùt
sur Ie sort de la rovauté ? - gue les nrassacres de septembre ?
- Qu'est-ce
la guerre contre Ia Révolution?
- Qui adeprovoqué
batarlle Valmv. - Raèontez la
8 llevoirs a rédiger. - Raconter les trois grandes iournées de la
Révolution dans I'année 1192.
- Raconter la bàtaille dé Valmv.
{48 ETSÎOIRE DE TRANCE.

m",
COIT'SENTION NATIONAI,E
(1?9e-1795)

rEç0N

!. f,a 0onvention. Xépublique frangaise. - Le premier acte de la,


Convention fut de proclamgr Ia république (22 geptenllre 1792).
2. [ort de Louis XVL Elle condamna à urort Louis XVl, après
un long procès, et le fit- exécuter le 2l janvier 1793. Le partides
ruoutaÀnârds prit alors la plus grantle influunce ct exerça uue
vér'itable dictaturc. Les excès comuis ou[ fait, tlonner à cette
périotle de notre histoire le nom de Terreur.
' 3. La Terreur, La Gonvention, après avoir écrasê ses enne-
mis. les Vendéens,- les ro.valistcs du llidi, tourn& ses armes
contre elle-nrème. Elle pro-scrivit successiveurent les giroldins,
les hôbertistes e[ les dantonistes. llobespieme, resté seul mtÎtre
de la situation pcndant quelques mois, ne ge maintill qu'en
organisant une t-erreur plus terrible eDcote. trIais il fut renversé
à iâ journée de thcrmidor, et le parti rnodéré reprit la direction
des afïaires.
r[. Institutions de la Convention. ce parti qui écrivit la
constitution de I'an - C'est
III, d'où allait sortir le gouvernement du
Directoirc.
5. Tiotoire de Jemmapes. La ooalition. - La Convention a eu
I'honneur de tenir tête à la coalitiort européeune et elle a laissé
dcs institutions durables. La guerre avaif brusquement débuté
par la victoire de Jenrmapes, rnais la coalition fut générale après
Îa rnort de Louis XVI. La Convention subit d'aliord quellues
IOvers.
6. Campagne de 1793. lluis, dans la camptgne de 1793, elle
vainouit la Vendée: elle- occupa la Belsique par les victoires de
Ilouchartl à Honrlsihoote et rl'e Jourdail à Wàttignies.
7. Gampagne de l?94. Fleurus. Traité de Bâle. - La campagne
de 1794, plus blillante encore, nous valut la conquète de lu Bel-
gique pai la victoire de Jourdau à l''lcttrus, et inrposa à lr Prusse,
â lâ ltôttande, à I'Espagne ct à I'ltrlie lc traité de Bùle (1795).

RÉCIT

l. République française. - La Convention, Goru-


posée de sept cent querante-neuf membres, se divisoit en
deux grands partis : les girondins à droite, les montegnrrds
à geuche. Au centre siégeaient des représentûnts timides et
O0NVENTION NATI0NAIE. Lttg
des indécis : c'était la plaine ou le marais. Le premier acte
de l'Assemblée fut d'abolir Il monarchie et de proclamer
la république. Les actes publics furent datés de I'sn Isr de
la république; le 22 septembrc 1792 commenge l'ère répu-
blicaine.
2. Procès etmort de lrouis XVI. La Convention,
-
sur les rapports de Pétion, avait décidé qu'elle jugerait le
roi. Les débats du nrocès s'ouvrirent le {t décembre. L'acte
d'accusation fut lu et rédigé par Robert Lindet. Louis XVI,
sssisté de I\[alesherbes, du jurisconsulte Tronchet et d'un
jeune avocot de Bordeaux, Desèze, n'avait pas voulu décliner
lo compétence du tribunal. Dans sa réponse, il se retrancho
derrière la constitution de l7gl., qui déclarait sapersonne
inviolable et les ministres responsables. Malgré les éloquents
plaidoyers de ses cléfenseurs, les larmes de Malesherbes et la
protestation indignée de Lanjuinais, I'Assemblée déclora le
roi coupable d'attentats contre la liberté publique par six
cent quatre-vingt-treize voix sur sept cent dix-neuf votants.
Les girondins essayèreut de sa,uver Ie roi en demandant
I'appel aupeuple; mais cette motion fut rejetée par quatre
cent vingt-quatre voix contre deux cent quatre.-vingt-trois.
Enlin, le t 7 janvier, quatre cent trente-trois voix votèrent la
mort sans condition. Le président Vergniaud prononca la
sentence.
< Le 2C. jnnvier, le roi, réveillé à cinq heures par son
valet de chambre Cléry, fit
ses suprèmes dispositions. II
communia, chargea Cléry de ses dernières paroles et de tout
ee qui lui était permis de léguer, un &nne&u, un cachet,
quelques cheveux. Bientôt le général de la garde nationale
parisienne, Santerre, amiva. < Vous yenez me chercher, dit
> Louis; je vous clemande une minute. r Il remit son testa-
ment à un officier municipal, demanda son chopeau, et dit
d'une voix ferme : < Partons. )
pour arriver du Temple à la place - Ladevoituremitune heure
la Révolution. Une
double haie de soldats bordait la route; Paris était mopne.
Amivé sur le lieu du supplice, Louis descendit de voiture. ll
monta d'un pas ferme les degrés de l'échafaud, reçut la bé-
nédiction du prêtre. Il se laissa ensuite lier les mains, quoique
avec répugnance I et, se portant vivement sur la gauche de
I'échafaud : < Je meurs innocent, dit-il, je pardonne à mes
> ennemis I et vous, peuple infortuné !... > Au mêrne instant
le signal du roulement fut donné, le bruit du tambour cou-
450 EISTOIRE DE FRANCE.
vritse voix, les trois bourreaux le saisirent. A dir heures
dix minutes il avait cessé de vivre t. >>

3. Iree girondins et les montagro.ards. C'est


a'u nom -
du salutde I'Etatque la Convention ovait condamné
Louis XVI. ( ll faut jeter en défi à I'Europe, avrit dit Danton,
une tête de roi. u L'Europe aveit répondu par la première
coalition. La Convention, pour résister a.ux menoces de
l'étranger, fortilia la dictature révolutionnaire. Un Liomité de
salut public, composé de neuf membres, eut la haute main
sur tous les agents du pouvoir exécutif. La Gironde esseyr
de réagir contre cette dictature. Elle fut emportée dans le
mouvement,. Voincue dans le procès de Louis XVI, vaincue
dans le procès de Marat, vaincue dans la Convention par les
deux insurrections dt27 et drr 3{ mai, elle vit sa ruine dé-
linitive dans la journée du 2 ;t,in. Ce jour-là Ia Convention
fut envahie per qua.tre-vingt mille hommes ûomm&ndés par
le septembriseur Henriot. Sous ll pression de l'émeute, vingt
girondins furent d-écrétés d'accusation, soixante-seize députés
furent exclus de I'Assemblée, aceusés de soutenir la Girànde.
La Montagne disposait du pouvoir.
4. Dictature de la Montagne. La dictature de ls
l\{ontagne dura à peu près un B,n fiuin- t?93-juillet lTgtl).
Une constitution ultra-démocratiquen dite de l'&n I"', futaus-
sitôt suspendue que votée. Le pouvoir resta concentré dans
les muins du Comité de salut public, dont les membres
étaient : Robespierre, Saint-.Just, Couthon, Collot-d'Herbois,
Billaud-Varennes, Danton, Banère, Carnot et Cambon. Ces
deux derniers devaient donner aux linances et à la guerre
une rem&rquable organisation.
5. I-ra Terreur.
- laA levée
de saltrd public oppose
lo coalition européenne, le Comité
en m&sse, aux révoltes inté-
rieures le régime de la Terreur.
Les députés girondins avaient soulevé dans les départe-
ments de I'Ouest un mouvement fédératif; ils furent uaincus
et exécutés. 0n trouva les caduvres de Buzot et de pétion
dans les vignes du Médoc; Guadet fut exécuté à Bordeaux,
et l]arbaroux se brùla la cervelle. une jeune tlle enthousiaste,
Charlotte Corday,
-vgqlut venger la Gironde en frappant
l\{arat. Crime inutile! \{arat était mort, mais la Terreur ne
devint que plus sanglante.

l. Miguot, Eistoire de la Réaolution,


CONYENTION NÀÎIONÂI,0. 4ôI
La Convention triompha aussi rapidement de I'insurrection
royaliste. Lyon, assiégée ps.r une srmée de soixante mille
républicains aux ordres de Dubois-Craneé et de Keller-
m&nn, capitula après deux mois de résistance. Un déeret de
la Convention ordonna le destruction de cette ville; ce qui
subsista prit le nom de Cwtwttæ affrmchùe. Toulon fut en-
levée aux Anglais par le général Dugommier et par Bona-
parte. A Murseille, Fréron châtia avec rigueur les révoltés;
il voulait raser la ville et appeler ses ruines Ville sans rcm.
Le guene de Vendée, plus longue et plus difficile, fut faite
ovpc la mème énergie r.
'Sombre et tragique époque que celle de la Terreur !
Tandis que Ie loi, des suspects jetait dans les prisons plus de
deux eent mille victimes, tandis que lo loi d'u mu,æimum dé-
oétait un prix uniforme pour la vente des denrées, tandis
qu'on se botttrit sur nos frontières et sur tous les points du
temitoïre, la guillotine était en permenence. Il faut renoncer
à citer les victimes. Marie-Antoinette, Dillon, Luckner, Hou-
chard, Custine, Beauharnais, Barnove, Bailly, M^' Roland,
périrent sur l'échafaud. A Paris, les exécutions atteignirent
le chilfre de cent cinquante par jour. En province, les pro-
consuls de la Convention proscrivaient en m&sse les citoyens.
Fouché à Lyon, Barras à Marseille, Fréron àToulon, Achard
et Tallien à Bordeaux, Lebon à Arras et Carier à Nantes,
ont laissé un sanglant souvenir.
Dans ce bouleversement socitl et politique, la religion ne
devait pas être épargnée. Le catholicisme fut proscrit et rem-
placé par le culte de la Raison. Le calendrier grégorien fut
remplacé par le calendrier républicain. L'année, commen-
çant au 22 septembre, fut partagée en douze mois de trente
jours. Automne: vendémiaire, brumoire, frimaire. Hiuer :
nivôse, pluviôse, ventôse. Prùntemps : germinal, floréal,
prairial. Etd l messidor, thermidor, fructidor. Chaque mois
fut clivisé en trois dëcuiles ou périocles de dix jours. Chaque
jour tira son nom de sa place dans la décade (primidi, duodi,
tridi, etc.); les noms des saints furent remplacés par un
nom de plante, d'animal, etc. L'année était de trois cent
soixante jours; elle était complétée par cinq jours, ditssans-
culottides, consacrés à des fêtes natiornles. Le calendrier rê-
publieain cessa d'être en usege le ler janvier 1806.

1. Voir plur loin.


462 EISTOIRE DE FRÀNcE.
6. Lee luttes de la Convention. La Montagne,
- se prosuire élle,
après av_oir proscrit les partis hostiles, devait
même. Le mot de Vergniaud était vrai : < La Révolution,
comme Saturne, dévorait ses enfants. >r Deux pnrtis s'élaieni
formés pormi les montagnerds. Les uns, ultra-révolution-
naires, poussaient Ia Convention plus loin encore dans la
voie de la violence. c'étaient les enragés ou les hébertistes.
Les autres auraient voulu arrêter la terreur, vider les prisons
et abattre les pouvoirs de la Connmune et des cômités.
c'étaient les modérés ou dantonistes. Hébert était le chef des
premiers, et Danton, des seconds. Ces deux partis, touràtour
prosmits, périrent sur l'échafaud. Robespierre, qui dominait
dans le Comité de salut public, avait habilemenf opposé I'un
à I'sutre ces deux pertis rivaux, et sur leur ruinô lt OtanUt
sa dictature.
7. Dictature de Robespierro. im.
placable essey& tour à tour de la modération- Ceet fanatique
de lo violence
pour établir ce qu'il appelait Ie règne de la justice et de la
vertu. Il remplaca le culte de la Raison per le culte de I'Etre
suprôme et de I'immortalité de l'âme. I\[-ais aussi illitpasser
I'atroce lo,i d'g 22 prairial, qui ouvrit la période de la g:rande
terreur : Madame Blisabeth, l\{alesherbcs, Chénier, Lavoisier
en furent les victimes.
L'horreur de ces excès retomba sur Robespieme. I)ans la
journée du 9 thermidor (2? juillet), Tallien -l'attaqua dans
la Convention. Il fut mis hors lo loi, ainsi que son frère,
Couthon, Saint-Just et Lebos. IIs furent délivréi par laCom-
mune et conduits en triomphe à I'Hôtel de Ville par le gé-
néral Henriot. La Convention fut énergique devaàt I'insur-
rectiqn. L'Hôtel de Ville fut assiégé et pris. Arrêté dans la
grande salle, Robespierre eut la mâchoire fracassée d'un
coup de pistolet, et le lendemain il fut conduit à l'écha-
faud, avec Couthon, Saint-Just et Robespierre, le jeune,
son frère. Lebas s'était brùlé la cervelle (p8 juillet, l0 ther-
midor).
8. Ira réactiou thermidorienne. Les journées
de thermidor avaient rendu le pouvoir à la -Convention. Les
comités furent dissous, les clubs furent fermés. les lois
d'exception furent abolies. cette réaction soureva contre la
convention les attaques des ultra-révolutionnaires et fuvorisa
les menées des royalistes.
Les montagnards, soutenus par les faubourgs de paris,
CONVENTION-NAIIONÂTB. {63
prirent les armes. Une première émeute éclata le t2 germinal
(l cr ovril 1795) ; elle fut facilement comprimée.
Mais, dans la journée du lcr prairiol (20 mai), le mouve-
ment fut formidable. La populace envahit la Convention, en
criant : Du pain et Ia constitution de 1793 t Le président
Boissy d'Anglas fut menacé. Le député Féraud s'élanqa à la
tribune pour le couvrir de son corps. Il en futarraché à coups
de sabre, entraîné hors de la salle et décapité. Bientôt on
présenta à Boissy d'Anglas la tète snnglante de Féraud; il se
découvrit respectueusement devant elle. A ce moment les
bataillons de la garde nationale entrèrent dans la salle et
chassèrent les insurgés. Les derniers montagnards furent
condamnés à I'exil ou à Ja mort.
Les royalistes murent le moment venu de rétablir la mo-
narchie. A leur tour ils préparèrent une insuruection dons
Paris (t3 vendémiaire, 5 oetobre 1795); mais ils furent mi-
traillés dans la rue Saint-Honoré, par Barras et le général
Bonaparte.
9. Institutiong de la Gonvention.
- La Convention
arriv&' après ces luttes terribles, ou termedesamission. Elle
se séparale 26 octobre l?95. Au milieu desdéchirementsde
la guerre civile et des dangers de la guerre étrangère, la
Convention avait trouvé le temps de fonder de grandes et
uliles institutions.
Elle avait voté une constitution républicaine, dite de I'an III,
qui marqueit un retour vers les principes du gouvprnement
constitutionnel. L'élection à deuxdegrés fut rétablie. Le pou-
voir législatif était partagé entre deux conseils : le conseil
tles Cinq-Cents et le conseil des Anciens. Le pouvoir exécutif
était exercé par un directoire de cinq membres. Ce fut le
gouvernement du Directoire.
Pour les finances, elle avait institué, sur la proposi-
tion de Cambon, le grand,Iiare ile la Dette publique, qui
fonda le crédit de I'Etat. Elle avait créé dans chaque dépar-
lement une Caisse de prévoys.nce pour les éporgnes du
peuple.
L'instruction publique fut réorgunisée sur les rapports
tle Lakanal. L'Institut fut fondé ainsi que la
d.e Condorcet et
Bibliothèque nationale, les Musées, le Muséum d'histoireno-
turelle. On créa, dans les communes, les écoles primeires I
dans les départements, les écoles centrales ou lycées; à Paris,
les grantles écoles pour I'enseignement supérieur : Ecole
4S4 EISTOIRE DE FRANCE.
norm&le, Eeole polytechnique, Ecole de médecine, Conserva-
toire de musique.
Lo Convention prescrivit la construction des premières
lignes télégraphiques. Elle créa le Bureau des longitudes, et
elle institua le Système décimal des poids et mesures.
La dennière pensée de la Convention avait été une pensée
de pacilication. Elle publia'une loi d'amnistie, abolit la peine
de mort et donna à la place de la Révolution le nom de ploce
de la Concorde.
10. Guerreg. de la Convention. Garnot.
- A
I'extérieur, la Convention avait sauvé, contre toute I'Europe,
notre territoire et donné à la t'rance ses frontières naturelles.
Un homme fut surtout I'instigateur et le héros de cette sdmi-
rsble résist&nce, Carnot.
Carnot naguit à Nolay, dans la Côte-d'Or, en l?S3. Dans
sa jeunesse, il montra une grende aptitude pour les mathé-
matiques; à vingt ans, il était lieutenant du génie.
Elu député à la Convention, il fut nommé membre du
Colnité de salut public; et, en cette qualité, futchargé d'or-
ganiser les armées. La levée en masse décrétée par la Con-
vention avait donné plus d'un million de soldats. Mais ces
soldats n'étaient ni instruits, ni disciplinés, ni aguemis.
Carnot lit incorporer ces jeunes recrues parmi les vieux sol-
dats, et donna ainsi à nos régiments plus de force. Puis, au
lieu d'éparpiller les armées en petits corps, il les réunit en
masses énormesl car, disait-il, ce sont les gros bataillonsqui
remportent les victoires.
Carnot regut le titre glorietx d'organisateur d,e la uictotre.
ll. Campag:rre de 1792. Pendant les premiers mois
de la Convention nos armées - prirent une vigoureuse ofen-
sive. Sur le Rhin, Custine s'emparait de Spire, 'Worms,
I\layence et Francfort (octobre 1792); aux Alpes, Montesquiou
occupait la Savoie, et son lieutenant Anselme, le comté de
Nice. I\'Iais c'est rn nord que se rlonnèrent les coups décisifs.
Les Autrichiens avaient dri évacuer nos frontières après une
tentative sur Lille héroïquement défend ue pm ses canonniers.
Dumouriez les poursuivit et les attaqua près du village de
Iemmapes (6 novembre 1792). Legénéral Ferrand, à I'aile
gauche, enleva Jemmapes; Beurnonville etDampiene, à
I'aile droite, occupèrent les hauteurs de Cuesmes; au centre,
le jeune duo de Chartres, à la tête du bataillon de Jemmapes,
décida de la victoire. La prise de Bruxelles, de Namur et
CONVENTION NÀTIONALE. &66
'd'Anvers en fut le résultat. La Bergique était, conquise.
12. Campag:De de tZgB.
- L'ex?cirtion
avq[t rendu la- coolitioa générale.
de t outi XVI
L'Angleterue, I'Espagne,
le Fort,gal, Naples, Rome, la Hollande, la Cânfédôration
germanique et la Russie lançaient deux cent soixante mille
soldsts sur ln France. La cànvention fit face aux dangers
&vec une admirable énergie. Mais, dans les premiers mois
de 1793, elle fut presque partoui malheureuse. Au nord,
Dumouriez fut contreint â'év:acuer lo Hollande et la Belgiqué
et perdit la batoille de Nerwinde (mars), notre territoiù iut
envahi; valenciennes et condé capitulèrent. sur le Rhiu,
Beauhornais rendit Mayence aux prussiens
fiuillet); Landau
fut bloquée et nos armtes se retirèrent derriëre la Zorn et la
Sarre..Aux Alpes I'armée française fut battue à Saorgio; eux
Pyrénées, le Roussillon fut envahi par I'Espagnor RiJsrdos et
nos soldats se retirèrent demière perpignan. -
A I'intérieur, la Convenrion fut bùigOe de se défendre
contre les insurrections. Les vendéens avàient pris les ermes;
ils st.im, organ_isé trois armées, dans I'Anjou avec Bon-
champs, sur lo Loire ovec d'Eilrée et dons le Marais avec
charette, vainqueurs à Beaupréau (avril), ils avaient occupé
Bressuire, Argentan, Fontenïy, Sàumur et ChûtiIon. Le
porti girondin était maître de câen et de Bordeaux, et le parti
yoyaliste, de Marseille, de Nîmes, de Lyon. Toulon avaii été
Iivrée aux Anglais (Zz aott).
La convention se montra plus grande que res morheurs
et par son dévouement r&men& partout la-victoire. A I'in-
térieur, Kléber et Marceau aoeè Ie légion des Mayençais
battirent Lescure et La Rochejacquelein à cholet et à Be.ru-
préau (octobre), Bonchamps et dtElbée au Mans et à Save_
nay (décembre). Pour réduire la vendée, ils établirent seize
camps retranchés et parcoururent le pays avec les légions
infernales. caen et Marseille, Lyon furent réduits. Touloî fut
enlevé aux Anglais par Dugommier et Bonaparte, alors âgé
de vingt-quatre ans, chef de bataillon d'artillôrie (Éécembre").
, En même temps I'invasion était repoussée. Au nord, Hou_
chard,_vainqueur à Hond,schoote des Hessois de Freytag, dé_
gagea Dunkerque, et Jourdan, vainqueur, à Wartigni;s, du
prince. de Cobourg, débloqua Maubeuge. Sur le Rhin, Hoche
avec I'armée de la Moselle et pichegru evec I'armée du Ehin
ûry.1 leur jonction, €mportèrent lei lignes de Wissembourg
et débloquèrent Landau (décembre).
4T6 UISTOIRE DE tr'RANCE.
Ainsi à la lin de l?93 la Convention avait vaincu I'insur-
rection, délivré nos frontières et pris I'offensive en Belgique
et sur le Rhin.
13. Campa,gne de 1794. - Ls, coolition, un moment
découragée par ces succès, fut ravivée por lo hsine de Pitt,
par les subsides de I'Angleterre, et fit pour ia campagne de
I 794 d'immenses préparotifs.
La France, de son côté, redoubla d'elforts et fut partout
victorieuse. Carnot avait dressé un magnifique plan cle
crmp&8ne.
Pichegru avait été nommé &u commandement de I'armée
du Nord pour la réorganiser. Secondé par d'habiles lieute-
n&ntsn Souham et Moreau, il s'empara de Courtrai et de
Menin, battit Clerfayt à. Mouvon (29 avril) eI à Courtrai
({0 mai), puis le duc de Cobourg à" Tourcotng (f 8 mai).
Pendant ce temps, Carnot, pùr une habile mûnæuvret
réunissoit, dans la main de Jourdan, les deux armées de la
Moselle et de la Sambre : ce fut la glorieuse armée de Sumbre'
et-Meuse, Elle enleva Charleroi, battit le prince de Cobourg
à" Fleurus et entre victorieuse à Brtrxellcs. Pichegru et Jour-
dan y firent leur jonction. La Belgique était de nouveau con-
quise fiuin).
Les deux généraux se s6parant alors marchèrent en avant :
Pichegru, sur la Hollande dont il ût la conquête sur le duc
d'York; Jourdan, sur le Rhin, emporta Liège et l\{aëstricht,
battit Clerfayt à. Ald,enhouen et entra dans Coblentz(octobre).
Nos armées occup.èrent la rive gauche du Rhin deprlis les
Alpes jusqrr'à la mer t
L'Itnlie et I'Espagne s'ouvraient également à nos armées.
Aux Alpes, Dumerbion et Ie jeune Bonapurte battirent les
Austro-Sardes à Saorgio, occupèrent Ie col de Tende et ache-
vèrent la conquête du comté de Nice.
Aux Pyrénées, Dugommier, aidé d'Augerc&u et de Péri-
gnon, enleve le camp ùa Boulou, prit Collioure, Port-
Vendres, Bellegarde, et pénétra en Espagne per le glorieux
sombat dela Montagne-Noiren où il trouva la mort. Mais ses
lieutenants fi rent capituler Figuières.
A I'autre extrémité des Pyrénées, Moncey franehissait la
Bidassoa, prenait Fontarabie, Saint-Sébastien, Tolosa et es-
surait la conquête du Guipuacoa fiuillet-aofit, 1,'7gh).
Sur mer, les Anglais.nous evaient enlevé les Antilles,
Pondichéry et ls Corse, Mais I'héroique bataille de trois jourst
CONVENTTON NÀTIONALE. 1T7

que Villaret-Joyeuse livra à I'amiral anglois Howe, flt oublier


ces désastres. C'est dans cette lutte que les marins du lrcn-
geur clouèrent leur pavillon plutôt que de I'amener, et se
laissèrent couler aux mis de: Viue laRépublique,
L4. La campagne de 1795 et le traité de Bâle. -
Ces succès rompirent pour Ie première fois I'union de la
coalition. A l'intérieur, Hoche, après avoir vaincu les émigrés
et les Anglais qui avaient débarqué à la presqu'ïle de Qui-
beron, avait, pacifié la Vendée; à I'extérieur, lo conquête
complète de la Hollande où des escadrons de hussards, cou-
rant au galop sur les glaces du Zuiderzée, avaient forcé Ir
flotte du Texêl àse rendre, rendit lesnégociations plusfaciles.
Les traités ile Bôle furent signés.
lo Le grand-duc de Toscane sedéclara neutre (février).
2o Les Provinces-Unies furent reconnues indépendantcst
mais elles nous cédaient la Flnndre septentrionale, l\laëstricht,
Venloo, la libre navigation de I'Escaut, de lo l\[euse et du
Rhin, le droit de gornison dons Graves, Bois-le-Duc' BerS-
op-Zoom, Flessingues.
3o Le roi de Prusse, par le traité de Bâle (5 avril), nous
céclait toutes les provinces de la rive gauche du Rhin.
4o Chrrrles IV d'Espagne nous cédeit la partie espegnole
de Saint-Domingue.
5o Les petits Etats (Electeur deHesse-Cossel, Saxe, Hanovre,
Naples, le pape, le duc de Parme) déposèrent les armes et so
dêclorèrent neutres.
Ainsi les traités de Bf,le nous donnaient nos frontières no-
turelles : la Belgique était annexée à la Frence, elle forma
neufs départements : { . LVs (Bruges) ; 2. Escaut (Gand);
3. Iemmapes (l\[ons) ; 4. Dyle (Bruxelles) ; t. Deun'Néthes
(Anvers) i 6, Ourthe (Liège) i7. Meuse-Infërieure (Maëstricht);
8, Sumbre-et-M.euse (Namur); 9. Forets (Luxembourg).
Mais la première coalition n'était que pertiellement vaincue:
I'Autriche, le Piémont et I'Angteterre continuoient le guerre.
Les campagnes de Jourden et de More&u' en Allemagne, de
Bonaparte, en ltalie, allaient détruire les dernières rôsistances
de lo coalition. i,

PREIIIÈRE LEûTURE.
- Les armôeg de la Bépublique.
La conduite de I'armée franqaise. pendant le temps de la Terreur, a /
été vraiment patriotiqne. 0n ri'a puint vu de généraur..traitr.es à leur -/
serment envers I'Etat i ils repoussaient lcs étranfers, tandis qu'ils étaiertt
HlsT. DB llt. 0. Co.\ll'L, 20
i

158 EISÎOIRE DE FRÀNCE.


eur-mêmes menacés de périr sur l'échafaud, au moindre souDQon sus-
cité contre leur conduite. Les soldats n'appartenaient point à iel ou tel
chef, mait â la France. La patrie ne consistait plus que dans les armées;
mais là. du moins, elle étaft encore belle, et sès bannières triomphanteÉ
servaient, pour ainsi dire, de voile artx forfaits conrrnis à I'inlérieur.
Les étrangèrs étaient forcés. 6s ls.rpecter le rempart de fer qu'on oppo-
sait à leuï invasion; et, bien qrr'ils se soient àvancés jus'qu'à tr'èirte
lieues de Paris, un sentiment national, eneote dans toute sa force, ne
leur permit pas rl'v arriver. Le mème enthousiasme se manifestait dans
f a mârine; l'équipage d'un vaiss€au de guerre, le Vengeur, foudroyé
par les AnElais, répétait comme en concert le cri de : Viue la Repu-
Ltique! en-s'enfon-çant ùans la mer el les chants d'une joie funèbre
sem-blaient retentir encore du fond de l'abime.
L'armée franQaise ne connaissait pas alors le pillase; et ses chefs
marchaient quelïuefois comme les plus simples soldatJa la tôte de lerrrs
lruupes, paice que I'argent leur manquait pour aclteter des chevaux
donf ils auraient'eu besoin. Dugommier, g'énéral en chef de I'armée dcs
lvrénées. à l'âse de soixante ans, trartit de Paris à nieù pour aller
reioindre'ses trdunes surles frontièrès d'Bsprqne. Les ùumries que la
glôire des armes a'tant illustrés depuis, se disiingnaient aussi pai lcur
désintéressement. l)s Dorlaient sans rougir des babits usés par la
suerre. et plus honoradles cent fois que les broderies et les décofations
de toule es'pèce dont plus tard on leï a vus chamarrés...
Les oualités oui manquaient aux hommes emplovés dans les carrières
civiles,'on les fetrouvait dans les militaires :^ pdrsévérance, dévoue-
ment, audace, et bonté même, quand l'impétuosité de I'attaque n'alté-
rait point leur earactëre naturel. Les soldats et les offlciels se faisaient
souv-ent aimer dans les pays éLra.ngers, lor.s môme que les armes. y
avarent fait du mal; non seulenrent ils bravaient la mort avec cette rn-
cruvable énergie qu'on retronvera toujours ditns leur sang et dans leur
ccnur; mais ils sullportaienI les plus aflreuses prival,ions avec une séré-
nité sans exemule. Cette lésèreté dont on accuse avec raison les Fran-
qais dans les àffaires puliÙiques devenait respectable, quand elle se
transformait en insouciance du dangcr, en insouriance rnême de Ia dou-
leur. Ils souriaient au milieu des situations lcs plus crrrelles, et se ra-
nimaient encore dans Ies angoisses de Ia souffrancc, soit par un senti-
ment d'enthousiasme pour lèur natrie. soit nar un bon mbt qui faisait
revivre cette gaieté sirirituelle a taqu'ette lei dernières classès mêmes
de la société sont toliours sensibles en Irrance.
Mmo nn Surr,, Considérations sur ta lltualution française,

DEUXIÈMD LECTURB. Les généraur de la République :


IrocrrE, - MAR0EAU, KLEBER.
Ilocuu (Lazare), né à Versaiiles en {768, mort en {?97. Fils d'un
garde du chenil de Louis XVI, Hoche s'cnrôla à l'âge de seize ans; il
élait sersent 0uand )a Révolution éclata. A vinst-ôuatre ans il éiait
général ae bri$ade. Sa belle défense de Dunkeriiue'lui vatut le com-
nandement de I'armée de la ltoselle. Battu d'abord par le duc de
Brunswick, il se joignit à Pichegru, battit les Àutrichitins à \Vissem-
bourg, prit Gemersheim. Spire. Worms et fil évacuer I'AIsace (l]93).
Ârrêté par ordre de Saint-Just, il ne sortit dc prison que le 9 thermidor.
Nommé au commandement de l'armée rle l'Oirest, il'hattit les émigrés
CONVENTION NAIIONÂLI'. &59
à Quiberon (1795), s'empara de Cbarette e[ de Stofflet et nacifia la
Vendée (1796). Alors il fenta d'enlever I'lrlande à I'Angleteire, mais
sa llotte fut dispersée
par la tempête. Nommé -. I:f
a l'armée de Sambre-et- j,s:,q
Illeuse en 1797. il défit
les Autrichiens'
à Neu-
wied, Ukeratlr, Alten-
kirchen et poussa jus- ..t{;"i:,, ,',:71;

ffi
qu'à Wetzlar. L'armis-
tice de Léoben arrèta ses ,lrii
succès. Âppelé par Bar-
ras, il vrnt à Paris. et ,

s'indigna du rôle édui- .


voqud qu'on voulait'lui i 1,;f1.,.'l
faire .iorrer an l8 fructi-
dor. Le Directoire lui
offr'it le ministère de la
gnerre eu'il refusa nour
àller commau,ler l'aiméc
d'Allemtene. De retour
à son qnartier général
de Wctzlar. il fufenlevé Eocbe.
par une courte maladie.
L'autopsie fit soupqonn_er.un empoisonuentcnt. Ses restes fnrent tlépo-
sés dans Ia rcdoute rle Pétcrsberg. à côtc rle ceur de l\larcearr.
La ville de Versaillcs a fait elevcr une statue à la mômoire de ce
grand général. 0n lit sur le piédestal cette simple inscription :

soLDAr e iô ens, ou**Î"tÏnu *rEF À 24, uonr t zo.

- Àllncoru, né..à.Chartres en 1769, nourut en {?96. Engagé à I'âge


de quinze ans, il était sergent en {189. Deur ans après, il firt-élu com-
mantlant du bataillon d'Eure-et-Loir. Drns lcs guèmes de Ventlée. il
fut arrêté c0mme suspect par Br'Irrrbottc, à qui. bientôt aorès. il sariva
la vie. Géncral de division-en l?93, il dént l-es Yendéeus'sous lcs murs
du Mans. Accusé pour avoir sauvé nne jeune fille, il dut son salul à
Bourbolle eI fut envové l'année suivanle à i'armée des,\rdennes. nuis à
cclle de Sambre-et-ll-errse. En [796. il arreta la marche des enneuris
pour donner aux Francais le temps de passer le délilé d'Altcrrkirchen,
Iorsqrr'il recut une balle d'un chaiseur iyrolien. L'arclriduc ChaLIes lit
rendre les honneurs funèbres. Nlarceau n'avait que vingt-sept ans.
I
I{lÉarn, né.à Strasboulg _en 1753, monrut en 1800. Bngagé d'abu,rd
au servic.e de I'Autriche, il donna sa démission en llSB. .4il'époque de
Ia Révolutjon, il p;rrtit comme volonlaire et comnrerlca sa rênûtation
rnilitaire à la dél'cnse de Mavence. liuvové en Vendèe. il cisna les
b.atailles de Chulet, du Mans, "de Savenay. ll aur,ail, terminé"la'guerre
civile, si on I'avait laissé miitre d'admin"istrer le naw comme il vou-
Iait, mais Ie 0omité tlu salut pubtic lit drcsser leô ëchafauds; Kléber
témoigna son indignalion et fui exilé. Ilais. en {]g4, il fut envové à
larmée du Nord, puis à celle de Sarubre.et-\Ieuse, asiista au combit de
Fleurus et de l\Iarthiennes, prit Itlons, Louvain et Nlaëstricht. En [Tg5,
460 HISTOTRE DE trRÀNCE.
il gagna avec Jourdan la bataille d'Altenkirchen. En 1800, il pattit avec
,âN. 3fii,,i'ii,l$"1;tîJlt:
d'Âlexandrie. A Peine
guéri, il aecompagna [lo-
naparte en Svrie, se lit
adinireràJafÏa,àGa-
za, au llont-'l'habor, à
Aboukir. BonaParte,
ouittant I'licvnte, confia
llarmée a 1iié ner qui
consentit à la courerr-
tion d'lil Ârisch, Potrr
ramener ses soldats en
Itrance; mais I'arnrral
ir n:llais hcillr avant rc-
lrr.,é de rirtiticr- la cott-
r e rrlion, KlÉlrer gagtta
6 5utaille,1.11[liuprrlis
ct, reronqtrit toulé la
haute l'igiptc. Il fttt as-
sassiné la mÔme annêe
par un musulman fa-
McrcEeu. iratique. nommé Soli-
man.

EXENCICES ORAUX T]1 ÉCRITS

l. Erpllcation des mots. - Qut€urain, Ilainaut, 20 kilomètres de


[[ons. Famarsr S kilomètres de Valenciennes. - ,Deattpr'éau, snt
I'Erve. -affluent de'la Loire. Ilonrlçcltoote, à 20 kilomètres de Drrn-
kerqué.
- lUattiqnies, àl -kilomètres de Mauberrge. - Pirrnase.ns,
revdts occidental dîs Vosges.
houen. nrès de Juliers. L Saorqto, sur la'Roya,
Tournai.
- Àltlen'
- Moucron, près de Alrres-IIaritinles.
Loano,'sur la ltléditerranée, prèi d'Albenga, j Nérislnim, -
sur 1'Ega,
affluent de droite du Danube.- Altenkiichen, snr la Wied, affluent
- sur la Riess, affluent du Danube.
de droite du Rhin.
Céaa, sur le Tanaro.
- Iliberach,
Primolano, Bassano, sur la BlenJa' - Neu- -
marli, près de la Murth. - Lioben, sur la Muhr. Stokacà, entre
-
les A[pès et le lac de Constance. Magnano, sud - de Vèrone.
Berqeh, Hollande septentrit-rnale.
-Enqen, -
près du lac de Constattce.
entrè Ie Danube-et IeJ Àlpès de Souabe. - Mem'
'ftlæshirsc/r,
-minoen. sur I'iller. Hochstedtf, rive gairche du Danube. Neu-
6au,iq, iive droite du- Danube.
-
Parsdorf, près de lrlunich. - Oberhausen, près de Neubourg. -
3. Ouesiibnnaire. fut son
- Combien a duréla Convention? - Quel
nremier acte? - Racontez le procès et la mort de Louis XVI. - Quel
irarti nrit la dictatrrre? Coinment appelle-t-on eette période de l'his-
ioire?'- Ponrguoi? - -Qu'est-ce que hobespierre?
-institutions Qu'a-t-il fait?
-- Convention?
Quelles furônt les principales de Ia -
-Qu'eèt-ce que Ia constitritiun àe I'an ltl? Quand la coalition est-elle
devcnue cdnérale?
-
Raconlez les nrincipales batailles des campagnes
de 1793 é,t tlg+. - Qrr'est-ce que'l'épisôde du Vengeur ? Quelles
-
-
[E DINECTOIRE. 181
puissances ont signé le traité de Bâle? Quelles puissrnces ont cou-
tinué la guerre?
-
S. Ilevoir à rédiger. Erposer les campagnes de la république en
1793, 1794 et 1795. -

IV
LE DIRTCTOIRE
(17e5-1799)

LEqoN

1. Le llireotoiro. Le 18 brumaire. - Le Directoire eut à lutter


nendant ouatre ans (1795-{799)'etcontre de qrandes diûEcultés in-
férieures i te Ueficit 'financier I'anarchie- politique. Aussi son
histoire n'est-elle qu'une suite de coups d'Etat dont le dernier,
fait par Bonaparte ie l8 brumaire, établit le gouveruemenl cou-
sulaire.
3. tampagne de Bonaparte en ltalie. Traité de Campo-forqio. -
A I'extérieur la guerre conlinuail. L'Atttt'iclte et. I'Anglcterre
n'avaient pas dépôsé les arutes. La premièr'e fut vaincuc par la
elorieuse ôampagne dc Bonaparte en Italie (i?96-1797), illustrée
iiar lcs corubaisle Dégo, lloirtenotte, illillesirno, I\londovi, Lodi,
Salo, Lonato, Castiglione, Btssûno, Roveredo, Saint-Gcorgcs,
Arcole. ltivoli. Ces succès et les victoires dc iloreau ct de Hoche,
en Allémagne, forcèrent I'Autriche à signer le traité de Caurpo-
Formio (t7=9?): La France obtenait la tselgique et toute Ia rive
-sauche du Rhin.
3. tampagne d'8gypte. Bonaparf.e cspéra atteindre I'Anglc-
terre en I'attaquant en -Bsvpte et en meuaçant ses possessittns
dc I'Inde. l\lais I'expéditioir'd'Egypte, illustrÉe par lès victoires
dcs Pvramides et dû llont-Thabdr-, par la fondation de I'Institut
du Câire, al.tristée par la dét'aite-d'Aboukir, devait échouer.
Seulc. I'Ancleterre avait résisté aux victoires de la !'rance.
4. S'eoonde" coalition. lictoire de Euricb. - C'est l'Angleterre
gui, profitant des faul.cs du Directoire, provoqua la seconde
cbalition. La I'rance vaincue en ltalie, menacée sur ses fron-
lièrcs, fut sauvée par la lielle victoire de Zurich, remportÔe par
le général lllasséna.

RÉCIT

1. Difflcultés intérieures.
- Les Conseils se cotrsti-
tuèrent le 28 octobre {79.ï. Les cinq directeurs furentchoisis
prrmi les conventionnels gui avient voté la mort de Louis XVI :
Lareveillère-Lépeaux, Rewbell, Cornot, Letourneur et Barrts.
Un seul était vraiment à lo hatteur des diffieultés que le
&62 EISTOINE DE FNANCE.
nouve&u gouvernement oveit à surmonter; c'était l'illustre
orgeniseteur de nos ermées, Cûrnot.
Le Direetoire trouvait la république dans une situation
afreuse. L'émission de quarante milliards d'assignots avait
jeté le trouble dans les trensoctions et laissait le gouverne-
ment s&ns ressources. La désorganisation était portout.
Les partis n'avaient pas désarmé. Attaqué par les royalistes
et les républicains, le Directoire ne put se maintenir que par
des coups d'Etat. Dons cette lutte incessante contre les partis,
où la légalité n'était jomais respectée, c'est la dictature qui
se préparait.
2. I-re l8 fructidor.
- Les premiers actes du gouver-
nement furent fermes et sages. Il assura les approvisionne-
ments de Paris, ranima le commerce et I'industrie, préparo
une première exposition publique des produits nationaux,
retira de la circulation les assignats et frappa vigoureuse-
ment les menées du révolutionnaire Babeuf qui prèchnit
dans son journal, leTribun d,upeuple, la communauté ob-
solue des biens. Malheureusement la bonne intelligence ne
dure pas longtemps entre le Directoire et les Conseils. Les
élections qui se firent en {797 introduisirent danslesassem-
blées dn grand nombre de députés royalistes. La Révolution
' était menacée. Pichegru, le chef du parti royaliste, avait été
nommé président des Cinq-Cents ; Barbé-Marbois, ancien
diplomate de la monarchie, président des Anciens; Barthé-
lemy, ancien ministre de Louis XVI, avait remplacé Letour-
neur &u Directoire. L'armée se montre disposée à agir contre
les royalistes. Augereau tt entrer douze mille hommes dans
Paris. Sous la pression de I'armée, les Conseils votèrent le
l8 fructidor la déportation de cinquante-trois de leurs
membres. Les loisd'e.xception contre les émigréset les prêtres
furent remises en vigueur I les élections des départcments
furent annulées I l\foreau, acsusé de complicité avee Pichegru,
fut destitué.
Désormois le Directoire se débattit dans I'impuissanee
et dans I'anarchie. Au 22 floréal, coup d'Dtat du Directoire
contreles Conseils; rlr 30 prairial, coup d'Etat des Conseils
contre le Directoire. Le gouvernement avait peine à vivre
au milieu de ces luttes et de ccs complots.
3. Coup d'Etat du 18 brumaire. Tous les partis
-
conspiraient. Un homme attirait à lui tous les regards:
c'étoit le vainqueur d'Italie, le héros de Io guerre d'Egypte,
LE DtRECTornE. 4ô3

Bonaparte. Longtemps il repoussa toutes les tvenees. IVIais,


sous âes apparenoes de réserve et de modestie, il cachait une
grande ambition. Ses amis d'ailleurs travoillaient pour lui.
Talleyrand et Fouehé, ministres des afaires étrangères_et de
la poiice, les directeurs Sieyès et Roger-Ducos, Lucien Bona-
parte, président des Cinq-Cents, préparaient un mouvement
ôn sa fàveur. Tous les généraux lui étoient favorables à I'ex-
ception de Bernadotte, Jourdon et Augereau. Le l8 brumaire,
Ia-majorité du Conseil des Anciens décréta la tronslation des
tleux Ôonseils à Saint-Cloud et confia I'exécution à Bonaperte
qui reçut le commandement de toutes les troupes. Trois
membres du Directoire, Sieyès, Roger-Dueos et Barras, don-
nèrent leur démission; les deux autres, Moulins et Gohier,
furent retenus prisonniers au Luxembourg. Le lendemain,
Bonoparte se rendit à Saint-Cloud. Dnns le Conseil des An-
ciensldont la majorité lui était acquise, il triompho fecile-
ment des résistances. Mais les Cinq-Cents, qui ovoient con-
servé I'esprit républicoin, I'accueillirent par les cris de : {ù
bas Ie iticiateurl 0n proposa de le mettre hors la loi. Lepré-
sitlent, Lucien Boneparte, ayant refusé de mettre Ie déæet
aux voix, quitta la salle. Ce futlesignal dela dissolution des
Conseils. Sur l'ordre de Boneporte, un bataillon de grena-
diers, dirigé par Leclerc, entre dans lo salle au son du tam-
bour, lo baionnette en avant. Le Conseil des Cinq-Cents fut
dissous par ce coup de fore,e.
Le Cdnseil des-Anciens, resté seul en séance, con_lio le
pouvoir exécutif à trois consuls provisoires, Bonaperte, Sieyès
et Roger-Ducos.
4.Les guerres sous le Directoire. - L'Autriche
et I'Angleterre n'&vaient pas déposé les ermes. Carnot, qui
heureuÀement faisait partie du Direetoire, résolut de frapper
un coup décisif contre I'Autriche en I'ottaquant en Allemagne
et en ltalie.
5. Campa,gne de 1796 en Allem&gne. Jourdan
et Moroau. En Allemagne, deux ormées devaient mar-
-
cher sur Vienne: I'une, sous le commsndement de Jourdan,
s'avangait par la vallée du Mayn 1 l'autre avec Moreou' psr
la vallée du Danube. La oampegne ne fut pas heureuse.
'Wurtzbourg,
Jourdan, après avoir pris Mayence, Francfort,
Bemberg, franchit le Jura franconien; mais au lieu de tlon-
ner la main à Moreau, qui opérait sur la rive droite du
Danube, il s'engageo en Bavière. Isolé, il fut attoqué par
'. ,']

&61 HISÎOIRE DE FRÀNCE.

toutes les forces de I'archiduc Charles, qui lc battit à Vurtz-


bourg, et il fut contraint de repasser le Rhin à Dusseldorf ;
dansla retraite, il avait perdu I'héroîque commandant de
l'aruière-garde, Marceou t'
Pendont ce temps l\{oreeu, débouchant par le pont de
Kchl, repoussait Wurmser près de Manheim, battait I'ar-
qhiduc Charles à Rostadt, à Heidenheim, le rejctait deruière
Ies Alpes de Souabe, et, après lo bataille indécise de Neres-
heim,- Ie forçait de passer sur la rive droite du Danubc.
Mois à la nouvelle des revers de Jourdan, I\Ioreau rétro-
grada à son tour. Sa retraite fut admiranle. !l_!u! vainqueur
de deuxermées à Biberech, traversa le val d'Enfer, repess&
le Rhin sur les ponts de Brisach et d'Huningue. Il ramenait
dix-huit c&nons ennemis, deux drapeaux et sept mille pri'
sonniers.
6. Campague de U9,6 en ltalie. Bonaparte. -
Notre attaqire ivoit échoilËâu côté de l'Allemegne; mais en
Italie elle fut victorieuse. Bonoparte, avec une armée de
tren-te mille hommes seulement, mais commandée par des
lièutbnants aguemis, l\[assén a, Au gereau, Loharpe, Serrurier,
Lannes et Murat, allait commencer son immortelle campagne
d'Italie.
Quand Bonaparte arriva à son quartier général de Nice,
le 17 mars, il avait pouradversaires: à sa gouche, le Pié-
montais Colli, retranché dans le cemp de Céva; à sa droite,
I'Autriohien Beaulieu, meître des cols de Codibonne et de
Montenottel eu centre, Provera. Tourncr les Alpes au lieu
de les franchir, séparer les Piémontais des Autrichicns, tel
fut son plon. Il réussit.
Les {l et 12 avril, voinqueur deslmpériaux à" Montenotte,
il s'établit sur le revers nord de I'Apennin, pendant qu'Au-
gere&u, battant Provera au centre, coupait les Au_trichiens
des Piémontais. Les premiers, vaincus à Dëgo par Masséna,
Laharpeet Launes, battirent en retraite sur Alexandrie; les
seconds,veincus per Augereau, ù Millesimo, se retirèrent vers
Turin. Iïe voulant p&s poursuivre les Autrichiens s&ns s'être
assuré la soumission des Piémontais, Bonlparte les pressa,
les battit à" Céua, à.Mondoui,et imposa à Charles-Emmanuel Il
l'ormistice de Cherasco (avril), qui consacrait la cession de
Nice et de la Savoie à ls Frnnce et nous obandonnait les
places de Coni, Tortone, Alexandrie.
- Srlr de la neutralité du Piémont, Bonaparte poursuivit
'IE DIRECTOIRE. 465
Beaulieu, il le battit à, Lod;i,, sur I'Addo, entrt à Milan, I'attei-
gnit à Borghetto, sur le l\fincio, eù le rejel,a dans le Tyrol' ll
occupaPeschiera, Vérone, Lagnsno et assiégeo Nlantoue (mai).
Ainsi, en trois mois, le Piémont et lo Lomblrdie étaient,
délivrés I

Le cabinet de Vienne voulut au moins siluver Mantoue


et le nord-est de la péninsule. Il remplaça Beaulieu par
IVurmser. Celui-ci disposait de soixante mille hommes, mais
il partagea ses forces. Tandis que son lieutenant Quasda-
novich descendait par Ia route de Trente, à droite du lac de
Garde, il arriva de I'autre côté par les deux rives de I'Adige.
Bonaparte comprit sa t'aute, leva le siège de l\[antoue, con-
centra toutes ses forces, les porta successivement vers les
deux ailes de I'armée auttichienne et émasa ainsi Quasda-
riovich ù Sato et à Lonuto, et Wurmser à Custtglione, Le gê'
nérol outrichien battit en retraite vers le Tyrol.
II y reçut de nouveaux renforts et commenca une nouvelle
cempegne : Bonrparte I'attendait dans la haute vallée de
I'Adige, mais Wurmser descendit par la vallée de la Brenla.
Bonaparte changea aussitôt son plan, culbuta les Autrichiens
,laissés à la défense du Tyrol , à" Roaeredo, se jeta à son tour
20.
&66 nISTOInE DE FAAN0E.
dans la vsllée de le Brenta à la suitc de Wurmser, I'attei-
gnit, le battit à, Bassano, et I'enferma dans Mantoue après le
combat de Satnt-Georges.
Une quatrième srmée autrichienne epperut sous le com-
mandement d'Alvinzy. Avee quarante mille hommes, Al-
vinzy occupa, en face de Vérone, lo, forte position deCald,iero;
son lieutenant Da-
vidovich descendit
par Rivoli et dut
lui amener encore
vingt mille hom-
mes. Bonaparte {it
un effort déscspéré
contre Caldiero; il
fut repoussé dans
Vérone. Il simula
alors unc retraitc
vers l\lilan, mais
tourna à gauche,
longea I'Adige, le
pesse à Ronco et
vint s'établir sur
d'étroites chaus-
sées, &u milieu des
morB.is, menaçant
par sa droite la po-
sition de Caldiero.
C'est là que se livraune bataillede trois jours (lb, 16, l? no-
vembre), signalée par I'héroïque épisode du ponr" d'Arcole.
Alvinzy dut battre en retraite, laissant.dix mille morts, six
mille prisonniers. L'armée francaise rentra victorieuse à
Vérone.
7. Campagne de I_797 en ltalie. Alvinzy ramen&
bientôt une cinquième âimée (janvier t?g7), - s'uoançu pa,
les montagnes du haut Adige. Mais Bonoparte coupâ cette
ermée en occupant le plateau de Rùuoli,lui infligea une san-
glante défaite (14 janvier), et chargea Joubert de la pour-
suivre jusque dtns le Tyrol. Lui-même, &vec la division
Masséna, il marcha contre Provera qui, franchissant le bas
Adige, essayait de débloquer Wurmser dans l{antoue. Avec
une armée qui avait gagné trois batailles en trois jours, il
oern& Provero à" Satnt-Georges (15 janvier), Ie battit illa Fouo-
TE DIRECTOIRE. 461
contraignit ù mettre bas les &rmes. Wurrnser, réduit,
ri,te elle
aux dernières extrémités, livra Montoue (2 février 1797).
La prise de l\{antoue décidait de I'issue de la camp&gne
et du sort de I'Italie. L'Autriche cependant tentn encore un
effort pour sûuver se dominotion dans lo péninsule. Levain-
queur de Jourdan, I'archidue Charles, conduisit une nou-
velle armée prr le délilé des Alpes Carniques, mais il fut
vaincu par Bonaparte aux combats delaPiaue, dt Taglia-
merûl, de I'Isonzo, et du col ile Tarais (mars l7g7). L'Alle-
megne était menacée. Masséna s'était rendu maître du col
de Tarvis, Joubert du col de Brenner. Bonaparte arriya dans
la vallée de Ia Drave le 3l mars, força les gorges de New-
marck le I s! avril, pénétra dans la vallée de la Mùhr et
s'empara de Léoben. Il n'était plus qu'à trente lieues de
Vienne. [,es Autrichiens elfrayés signèrent I'armistice de
Léoben.
8. Campagne de 1797 en Allemagne. Bonoparte
- les bril-
s'il avait connu
se serait refusé à toute négociotion
Iants succès de la campagne d'Allemagûe. A ce moment
Hoche, successeur de Jourdan à Ia tôte de I'armée de Sumbre-
et-Meuse, et Moreau reprenaient leurs opérations : le premier
passait le Rhin en face de I'ennemi, en quotre jours faisait
trente-cinq lieues, gagnait trois batailles, Neuwied, Ukerath,
Altenkirchen, et livrait cinq combats; le second eveit déjà
forcé les pesseges de la Forêt-Noire. Ils furent arrêtés por les
préliminaires de Léoben (t8 avril t797).
9. Traité de Campo-Formio (18 octobre IJ97).
- Les préliminaires de Léoben
Formio.
devinrent le traité de Campo-

L'Autriche conlirmait à la République la possession de


la Belgique et de la rive gauche du Rhin, y compris
Mayence. Ces rnnexions nouvelles formèrent quatre dépar-
tements :
{o Sarre (Trèves); 20 Rhin-et-Moselle (Coblentz); 30 Mont-
Tonnerre (Mayence) ; 40 Roër (AixJa-Chapelle).
L'Autriche reconnaissait en Italie la République aùsalptne
et h Bëpublique lùgurienne,
Elle gardait Venise que Bonaparte avait saeriûée pour la
punir du massacre des Français (Pdquesaëronaises'1.
Le traité de Cempo-Formio o servi de base à tous les
traités jusqu'en 1,81. 4,
La première coolition éteit délinitivement vaincue. L'An-

I
I

468 HISTOIRE DE FRANCE.


gleterre seule n'avait pas déposé les armes. Bonoparte congut
I'espéronce et brigua I'honneur de réduire cet ennemi opi-
niàtre. Il proposa I'cxpérlition d'Egypte
10. Elxpéditiond'Egypte (mai t798-aoùt 1799).
Le projet d'une expédition en Egypte fut présenté par Bona-
-
parte et fut agréé par le Direcûrire, heureux de se débar-
r&sser du jeune général. Il y avait, dans cette expédition, un
côté sérieux et pratique : c'étoit de faire de la Méditemanée
un lac français par la possession de Toulon, Corfou, l\{alte
et Alexandrie; mais aussi un côté s,ventureux : c'étuit d'at-
teindre I'Hindouston prr i'Egypte. Il aurait fallu une puis-
sante marine, et I'isthme dc Suez n'ouvra,it pas encore Ia
route des Indes.
Bonaparte partit de Toulon le l9 mai , 798, avec l'élite de
I'armée d'Italie, Kléber, Desaix, Berthier, Lonnes, Murat,
Cafarelli. Il voulait aussi donner à eette expédition un but
scientilique et il se fit accompegner de savants tels que
Monge, Berthollet, Geoffroy Saint-Hilaire, Lamey.
Après avoir enlevé l\{alte aux chevaliers de Saint-Jean
(f 0 juin) et éohappé à Nelson, Bonaparte débarqua près
d'Alexandrie, le I "r juillet. La conquête de I'Egypte était faci-
litée par son état politique. Le pays, qui était sous I'autorité
nominsle du sultan de Constontinople, était en réalité s"u
pouvoir des l\Iamelucks, milice redoutable qui avait opprimé
les anciens possesseurs du sol, Turcs, Arabes et Coptes.
Bonaparte, en s'&nnonqant comme le libérateur des races
indigènes et en respecl,ant la religion et les usages des
Egyptiens, devait trouver d'utiles auxiliaires contre les l\'Ia-
melucks.
En quittant Alexandrie, Bonaperte s'engagea dans les
déserts de Damanhour, bottit la cavalerie ennemie à Brr-
manieh, à. Clæbrei,ss: sur le Nil, eux Pyrc,rt'ùdes el entra au
Caire. Il organisa aussitôt une nouvelle administration et
fonda l'lnstitut îl'Egypte dont les sovantes recherches ollaient
ô[re le commencement d'une véritable révolution dans I'his-
toire de l'0rient.
11. Gampagne de Syrie.
promit les résultatg d'une oampegne- Un irréparable échec com-
qui av.rit bien com-
mencé. L'omiral Brueys se latssa cerner dans la rade d'AôouÀir
par la {lotte de Nelson. Il y subit une défaite complète; Bona-
parte était enfermê en Egypte.
e Nous sortirons de ces déserts grands comme les anciens, n
t\

tE DIRECToIRE. 160

nouvelle, et il s'engageo dans la Syrie,


itit-il à cette tandis
que Desaix réprimeit vigoureusement une insurreetion au
Caire et poursuivoit l\{ourad-Bey jusqu'aux o&taractes de
Syène. Il emporta successivement, sur la côte de Syrie,
El-Ari,sch, Gaza, truffa,'et mit le siège devant Saï'nt'Ietnt-
tl,'Acre. Apprenant que Kléber et Junot étaient mcnacés
près du Mortt-Th,abor par des foroes supérieures, il accourut
à eux avec des renforts et gagna la bataille. Victoire stérile I
sans orlillerie il ne put enlever Saint-Jean-d'Ame, défendue
par I'Anglais Sidney Smith, et il battit en retraite Yers
I'Egypte.
Bonaporte défendit qrælque temps encore s& conquête
contre les entreprises de l\{ourad-Bey et de Sidney Smith.
Il gagna môme la bataille d'Aboukir. Mais il voyait bien que
le but de son expédition était manqué; il apprenait à cette
époque quc lo seconde coalition menaçait la Franee, il résolut
de partir. Il laisso vingt-cinq mille hommes à'Kléber ponr
défendre le Caire, et s'emborqut pour la tr'rance où il arriva
le 24 aofrt 1799.
12. Perte de I'Egypte. Après le départ de Bona-
parte, Kléber, découragé, signa- avec les Turcs la convention
d'El-Arisch qui Iui permettait de ramener son armée en
France avec tbus les honneurs de la Suerre ({800). L'amiral
anglais refusa de ratilier la convention, et somma Kléber
de se constituer prisonnier. Kléber répondit à cette somma-
tion par ces mots héroïques : < Soldats' on ne répond à de
pareilles insolences que per des victoires I Préparez-vous à
combottre. >
Quelques jours après, il'gagnait sur Ibrahim etMourad la
victoire d'HëIiopoïis. Puis il rentra au Caire où il réprima
énergiquement une insurrection. Malheureusement il fut as-
sassiné par un musulman fanatique, le jour môme où Deseix
tombait à Morengo (t 4 juin 1800).
Le général Menou, son successcur, brave mais incapable
de diriger les opérations de la guere, livra lo bataille in-
décise d,e CanoTte, fut bloqué dans Alexandrie et forcé de se
rendre. Les Fronçais évacuèrent I'Egypte (t801).
13. Lra seconde' coalition (l7gg-1802). - Pendant
que Bonapahte faisait son expédition d'Egypte, la France
voyait se former cont,re elle lo seconde coalition. Elle fut
prôvoquée par les intrigues de I'Angleteme et par les fautes
âu Direetoire, dont le politique imprudente avait inquiété
,+

470 BISTOIRE DE FNANCE.


I'Europe. Il avoit établi en Suisse la Eépubli,que heluétique,
après avoir annexé Mulhouse et Genève; en Hollande, la
Rëpubl,i,que bataae; à Rome, la Républîque romahrc. Pie VI
avait été conduit prisonnier à Valence (f 7gS). A Naples,
Championnet avait fondé le Réptt"blique parthënopéenne;
dans le Piémont, Joubert svait expulsé Ie roi Charles-
Emmanuel
L'Autriche, Ia Russie et les princes d'Itelie se joignirerit
à I'Angleterre et formèrent la seconde coalition. Lo Prusse
seule resta neutre, mais menaçante, résolue à reprendre les
nouveûux départements du Rhin. Le plan d'agression de cette
coalition fut redoutable et basé principalement sur I'ouver-
ture que présentait la Suisse, dépouillée de sa neutralité.
0n deveit, ou nord, assaillir la république batave et par clle
tourner le Rhin; au midi, attaqucr les républiques romaine
et cisalpine et de là aborder les Alpcs I enfin, &u centre,
envahir la Suisse devenue une frontière francaise.
Dès les premières opérations, on vit la faute que I'igno-
r&nce du Directoire avait commise en brisant la sage tradi-
tion de trois siècles à I'égard de la Suisse. Au lieu d'avoir à
défendre deux frontières courtes et isolées, celle du nord et
celle des Alpes, on eut à défendre une ligne continue allant
du Zuiderzée au golfe de Gênes.
14. Campagne de 1799. La coalition avoit mis sur
pied trois cent soixante mille -hommes; le Directoire n'en
avait que cent soixonte-dix mille divisés en cinq armées :
Iilacdonald, le successeur de Championnet, et Brune, étoient
aux deux extrémités, à Naples et en Hollanrle; Jourdan et
Schérer, aux ailes, en Allemsgne ct en ltalie I Masséna. au
centre, en Suisse.
Les armées frangaises furent vaincues aux deux ailes; en
Allemagne, Jourdan fut arrêt6 par I'orchiduc Charles à Sfo-
kach, point de jonction des routes de Souabe et de Suisse,
entre le loc et les Alpes de Constance, et reculo jusqu'au
Rhin. En Italie $chérer, battu par Kray à" trIagnano, près de
Vérone, abnndonna la ligne de I'Adige et franchit I'Addo;
Moreau, son successeur, battu à Cassano par Souvilrow, re-
cula jusqu'au Rhin pour rallier Macdonald. Mais celui-ci
avait été obligé de quitter Naples, de traverser toute I'It&lie
péninsulaire pour se réunir à I'armée du Pô; il avait été
vaincu à la freôbfe par Souvarow. Enlin Joubert, succes-
seur de Moreau, avait été tué à lyoud, où Souvarow evaiti
l-

T,E DIRECTOIRE. d?I


gogné une nouvelle batoille (aortt {Zgg). L'Itolie était
perdue.
15. Masséna en Suisse. C'est en Suisse, ru centre,
qu'fta]!.le næud de la cs,mpagne.- La coalition, victorieuse
en ltalie, tourno la Suisse par le Saint-Gothord, et I'attaqua
en même tg*pj par le haut Rhin. Elle se voyait déjà, étant
maitresse de Zurich, libre d'aborder par Bale Ia trouée de
Belfort, et de là, par Ia Bourgogne, la route de paris. l\fais
I'armée d'Helvétie, c-ommandée par Mosséna, ût des prodiges:
elle trs"nsforma la ligne de le Limmat, le lac et ie. mon-
tagnes de Zurich en un réduit inexpugnable. Elle devait
être attaquée au nord..par I'archiduC Charles, au sud par
souvarow. Lo mésintelligence des Autriehiens et des Russes
la sauvo. L'archiduc charles reçut ordre de marcher sur
le Necker. Masséna n'avait plus il s'inquiéter d'une attaque
sur^la et pouvait présenter avec toutes ses troupes
-gauche
un fond de résistance &ux attaques des Russes. Il commença
par écraser première ormée russe commandée per
^une
Korsakow. Quand Souvarow arriva à son tour du Saint-
Gothard, après d'immenses fatigues et de grandes pertes, il
se heurta contre des trorrpes victoriduses qui re rejetèrent
gals dqg_sorges afreuses. Cet ensemblc d'opérations, appelé
la bataille de Zurich (25 et 26 septembre liog), ooait ôô,ite
aux coalisés trente mille hommes. cette victoirô. evait sauvé
la France. La Russie, mécontente de I'Autriche, se retira de
Ia coalition.
En Ho-llande,, Brune gyait triomphé des Anglo-Russes,
commandés par le duc d'York, à Bergen et à KoÀtrikum. Lé
duc d'York avait drl signer la hontzuse capitulation d'Alk-
maeP (octobre).
Ainsi, quand Bonaparte, par le coup d'Etat du {g bru-
moire, rempla_ça Ie gouvernement directorial por le gouver-
nement consulaire, le France étoit redevenue maîtresie de la
Holland.e, de la ligne du Rhin et de la suisse; mais elleavait
perdu I'Italie.

IECTURE.
- Les oinq directêurs.
Rewbell était un avocat alsacien qui, dans I'assemblée constituante
et dans la convention, a-vait parlé'fréquemment, maii-sàiri-èïùi et
sans justesse. un aecent fortement empieint ae gôrminis.ô,-uirîïto-
er.peu correc.te,.une voix r_ude,.un esprit argutieux, et
qur se 1llflllre
9ïl'0_l
sentait touJours des habitudes de la cbicane.'le oréîarait inal
aur succes de ta tribune. son humeul bourrue, son'espr'ït défiant par
I

&72 BISTOIRE DD FRÀNCE.


raissaient un témoignage toujours subsistant de son républieanisme. Il
passait pour fort a'ùidel La vérité est qu'il n'a laissé-qu'une forttrne
medrocre.
0n disait de La Réveillère-Lépeaux, avoelrt angevin, que s0û .esprit
ressemblait à sa taille qui était contrefaite. Dans le commerce de la vie,
il était sincère, dotrr, ôbligeant, chaqrte fois qrr'on n'éveillait pas son
humeur trop susceptible. La modération de ses désirs, I'absence de tout
besoin artitlciel, là félieité qu'il pouvail trouver dans la pltts obsctrre
retraite, monlraie.nt qu'il poisétldit le plus heureux secrel de la philo.
sonhie Drutiflue et privée.
Le vicomtè de tsarras, issu d'une ancienne famille de [a Provence,
était neveu rle I'un des marins qui s'étaient le plus illustrés dans la
Rnerre d'Amériqrre. Les dérèglcménts de sa jetrneise I'avaicnt précilrité
àans le narli de'la Révolution'. Nlembre de la*Cunvenlion, il se persuada
que. uoirr un nuble tlont les parents eonrbattaient à l'armée dè Contlé,
il n'v'avait qn'un poste stir. celui de la Illontaone. Les c0tlventiutlnels,
dans" tous leirrs dingers, aimtient à recortrir à Barras, qu'une stature
haule, des traits dislingués, des ntanières engageantes, un air d'attdace
et de Iierté, quelque hrbitude dcs camps et pettt-être son nom ntÔme,
désignaient' cômnie un ltumme d'action et né- pour-le comma.ntlcnent.
ll av:ait concouru au I thermidor, e[ il était ls chef de la petite armée
gui amêta Robespierre et les odieux suppôts de sa tyrannie. C'était lui
tiui, au 4 prairial, avait soumis le fatrbourg'Saint-Antoine. La Conven-
tion crovaii lui devoir sa victoire du l3 vend,lmiaire, au moins concur-
remmeni avec Bonaparte. Dès que la porrrpre directoriale eut rehaussé
sa bonne nrine, i[ he craignit plus d'offenset pâr un faste insulent la
cyniclue austérité des jacobins ses frères. Seul entre ses sévères col-
lëguôs, il eut une corlr assez somptuettse, et lort livrée aux plaisirs. Il
se-rcsignait à ôtle.salué dtt titre tie ciloyen, mais sous la condition de
vivre comme un prince. Qrrand les jacobins pénétraient jusqtte dans son
Dalais, il tâehaifde répéter avec eux son rÔle de vieux montagnard, et
iemnérait scs Erands airs par des mots, dcs plaisanleries, ott des im-
pr,-icitions rligries de Ieur âncienne fraternité.'Quelques-uds de ces ré-
irublicains revelaiertt mor[ellentent olTensés de ce firste royal; mais le
blus grand nombre prenaient goùt â cctte agréable métamurpltose, et
brisuàient de hauts èmnlois poirr signaler lefr conversion. Barras lrai-
'au
taii avec inapplication conseil les aflaires difticiles. C'était par la
tactique révojritiorrnaire qu'il sonseait à briller. Du reste, il failait le
satisfaire 00ur une foule- d'emplùls que sollicitaient ses cottrlisans et
ses favoris'. Comme il mettait^souveirt à l'épreuve la comlllaisance de
ses collcgues. 0ue la nature avait créés, rrour la plitnart, d'une httmeur
assez ré.[irrbatiie, it tâchait de leur pelsirader qu'au,faite de la puis'
sance, ils ne pouvaienI dormir que prot[gis par son épée.
La nomination tie Carnot avait causé quelque épouvattte, n0n qu'on
le crùt violent et cruel par nature, mais parce que le titre de membre
dn décemvirat, de collèsue de llillarrd-Tarennes eI de Collot d'llerbois
causait un frémissemenf involontaire. Bntré dans le pouvoir, il se de-
clara pour la modératioû avec plus de franchise et de persévérance que
ne I'aiaient fait les thermitloriens. 0n le vit nrême prendrc p)us d'om-
brage des jacobins que. des roya.listes, ,-quoiqtre ces .derniers ne se
niouassent bas d'une séuère nt'utlence. l'ottiotrrs nassiuutté potrr des
èoôtrinaisrris militaires dont, là nalure lui avait doine Ie géniè, il vou-
Iait être Ie Louvuis des armées de la ré0ublique. Tout lui était devenu
facile. Il ne s'agissait plus, comme en 1793 e[ 1794, de réparer d'épou.
tE DIRECÎOINE. n3
vanlables revers, de créer quatorze armées, de combiner leurs mouve-
ments. au sein de I'effrrtvable anarchie oui résnait dans I'intérieur et
dans lôs camps, enlTn de ileviner le talenidu gérréral parmi des soldats
qui se ressemblaicut tous par I'intrépidité. Aujourd'hui les armées et
lès généraux n'avaient pluS gu'à suivre I'impulsion de la victuire. Les
taleilts s'étaient partout révélés, et partoui surpassaient leurs pro-
mess€s.
Caruot trouvait dans le cinquième directeur, Le Tourneur, de la
hlanche, un appui fidèle pour tous ses plans de modération.
Clrarles on L.l,cnBrplrË. llistoire de'France au, diæ-hu.itième siècle,

EXERCICES ORÀUX ET ÉCRITS

l. Erplioatlon des mots. - Saorgio, sur la Roya, - toano, sur la


lléditerianée, près d'Albenga. f,léiesheim, sur l'Ega, ,afflrient du
AlienkircÀen, Jur la- ÏVierl, affluent du Rhin.
Danrrbe.
-
sur la Riess, affluent du Danube. Ceua, sur [e Tanaro,
- Biberach,
Primo-
Iano, Bassano, sur la Brenta. - - NewmarÀ, près de la- l\luhr. -
Ltuben, sur la Nluhr. Stokach, entre les Alpes et le lac de Constance,
Illadnano, au sud-de Vérone.' Bergen,'llolhnde septen[rionale.
- trIæ.s.kirch, - AlpeJ
le Danulre et les de Souabe.
-sur l'lller. e_ntte -.lllemntingen,
Ilochstedf, rive gauche-du Danube. - Neultouro, rive
-
droite du Danube. Parsdorf, près de Munich. Zurich, sur la
Limmat. - -
2. 0uesiionnaire. le Directoire? Quelles étaient
- Combien a duréQu'est-ce
les difficultés de ce gouvernement? qu'un-assignat?
quel coup d'Etat le Directoire a-t-il- été renlersé? - Par
Racuntez Ia cam-
-
dasne dd Bonaparte en ltalie. - Quel traité a mis lin à [a première
ôoàlition ?
- Importance de ce traité. - Racontcz I'expédition d'Egypte.
Qui a provo{ué la seconde coalition? - Qui a sauvé notre fîon-
-tière? Racontez la bataille de Zurich.
-
3. Ilevoir à rérliger. les e-ampagnes d'Italie et d'Alle-
masne qui ont amené le -traité de Campo-Formio.
.E1p_ose-r
CHAPITRE XIV
tE G|lIISUTAT ET L'EIIPIRE
(179St815)

I
LE CONSULAT
(u9s180{)

rDç0N
1..[e Coneulat.
- tg Consulat fut une.époque de réparation
et de réorganisation à I'intérieur, de victoir'es èt ae con'qu-gies a
['ertérieui.
8. Institutions du consul"!. - Les partis furent pacifiés: I'acl-
ministralion fut réorganisée_, -les grândes insairufiôàs âi ôoae
civil,-du concordat eide la Légiori'd'honneur furent ronâaôs.
,, f.:,lT,.oq9 gl [ln..olindea.
-j Bonaparte, à_ I'extérieur, }.n ppa
I'Aul.richc c!,Italie. à la grande bataille dé ÀIare.ngo qluiir lÈ'uô1,
tandis.que Morearr la frappait en Allernagnc, a Ia Ëataillô de
Hohenlinden (décembre t800).
4. Traité de'Lunévile. lair d'amiens.
- L'autriche
signer le traité de I,unévirle; r'Angreterre
se hâte de
elle-mbmà-rîÀiâ ra
paix a Arniens. La paix fut géirérale-(t802).

RÉcI1

l. Constitution de l,an VIII.


- Le gouvernement
consulaire fut établi en vertu de la constitution de l'an vIII.
Cette co_nstitution, conçue par Sieyès, remoniée par Bona-
parte,_donnait le pouvoir exécutif à trois consuls, nommés
pour dix ans et indéIiniment rééligibles : Bonaparte, Cam-
bacérès et Lebrun. Le pouvoir législatif était portagé entre
-prépÀrait
plusierrrs corps politiques. Le Consei,l, il'Etat les
lois; le Tri,bunat, composé de cent membres, diicutait les
projets de loi; le Corlts légtslatif, après avoir entendu les
conseillers d'Etat et les tribuns, votait au scrutin secret l'as-
ceptation ou Ie rejet des lois. Enfin un senat conseruatew
de quatre-ving-ts membres était chargé d'élire les consuls,
les membres du corps législatif, Ies trihuns, les juges du
471
[E C0NSULAî. +7$
tribunel de cossation et de veiller au mointlen de lo consti-
tution.
9. Paciûcation d.ee partis. Le gouvernement usa
avec habileté et motlération de son - pouvoir. Son premier
soïn fut de pacifier
les partis. II n'y e
plus, disait Bono-
parte, de jaeobins,
de modérés ou de
royalistes, mais
seulement des
Frangais. Ln loi des
otages fut abrogée;
les proscrits furent
rappelés; les égli-
ses furent ouvertes
ou culte catholi-
que ; les prêtres
sortirent dcs pri-
sons. Cette modé-
ration n'exclut pas
l'énergie contre les tsonaparte.
menées factieuses.
Le parti royaliste avait compté que Bonaparte serait disposé à
favôriser une restauration monarchique. Trompé ilans ses
espérances, il souleva Ia Vendée. Le général Brune, chargé
de réprimer I'insurrection, émosa les bandes de Bourmont et
de Cadoudal.
3. Réorgauisation administrative. - Pour donner
au pouvoir central toute sa puissnnce, il follait ,réorganiser
I'administration. La loi du 28 pluviôse, an VllI (t? fÔ'
vrier { 800), y pourvut. Elle plagait à la tète cle chaque dépor-
tement : un préfet, investi de I'autorité exécutive ; un conseil
dc préfecture, qui prononçaiI sur le contentieux ailministratif ;
un conseil général pour la répartition et le vote rle I'impôt.
Dans I'arrondissement, un sous-préfet, assisté d'un conseil
d'arrondissement; dans Ia commune, un mûire, assisté d'un
conseil municipal. Le consul nommait directement tous les
administrateurs départementaux. La centralisation admi-
nistrative était de nouyeau organisée.
L'organisation judiciaire fut réformée par la, loi du
l8 mars {800 qui établissait les juges de paix dans les can-
a-

&16 NISTOIRE DE FRANCE.


tons, les tribunaux civils ou de première instance da,ns les
arrondissements, les tribunaux criminels dans les départe-
ments, vingt-sept cours d'appel, un tribunal de cassation et
une haute cour de justice. Le jury était maintcnu en matière
miminelle.
L'organisation linancière fut surtout l'æuvre du ministre
Gaudin. La répartition de I'impôt se faisait par les contrô-
leurs, les inspecteurs et les directeurs I la perception per
les percepteurs, les receveurs particuliers et les receveurs
généraux.
L'instruction publique fut reconstituée. De nombreuses
écoles furent créées pour I'enseignement primaire I I'instruc-
tion secondaire fut donnée dans vingt-neuf lycées I I'instruc-
tion supérieure, dans dix écoles de droit et six écoles de
méilecine.
Toutes ces réformes, qui ossuroient le bonne gestion des
alfaires et le fonctionnement régulier des services publics,
développèrent une gronde prospérité matérielle. Le travnil
national prit un essor inoui; le commerce et I'industrie
furent favorisés por la méation des expositions, par I'smélio-
ration des routes ct des canaux et surtout par les institutions
de crédit et d'escompte dont lo banque de France devint le
modèle.
4. fnstitutions du Consulat. Trois grandes
- qui assurait lesinsti-
tutions datent du Consulat : le Code ciuil pro-
grès de la Révolution; le Concaril,at qui réglait les rapports
avec Rome ;la Legton d,'honneur qui récompensait les services
publics.
Le Code civil fut rédigé per une commission de juriscon-
sultes nommés en t 800 et composée de Tronchet, Bigot
de Préameneu, Portalis et l\islleville. Il ne fut complet et
promulgué qu'en 1804; il prit le titre de Code Napoléon.
Le toncordot, négocié parJoseph Bonaparte et le conseiller
d'Etat Crétet d'une part, cie I'eutre por I'ubbé Bernier et Ie
cardinal Consalvi, reconstituo I'Eglise gallicane ({B0l). Le
catholicisme était reconnu comme la religion de la majorité.
La nomination aux évêchés devait être faite par Ie chef de
I'Etat, sauf inst,itution canonique du Saint-Siège; les curés
étaient nommés par les évêques. Par conséquent, le sysfème
de l'élection établi par la constitution civilc du clergé était
aboli. Le nombre des archevêques fut lixé à dix; celui des
évêques, à cinquante.
rE coNsuLAT. 4iî
le Concorclat. 'Il fout
Des articles organiques complétaient
remarquer les principaux : interdiction des cérémonies du
culte en dehors des édifices religieux, dans les localités où
existent plusieurs communions; le mariage - civil devait
précéder le mariage religieux; les actes de l'état civil de-
meurent en la possession des of{iciers municipaux. Les
bulles ponl,ificales et les déæets des conciles ne peuvent être
publiés sans autorisation. Il est interdit au clergé de pos-
iédrr, à titre de communauté religieuse, des propriétés immo-
bilières, etc.
L'institution de Ia Légion d'honneur fut créée en 1802'
malgré I'opposition du Tribunat, qui y voyait une atteinte
portée au principe de l'égalité. Bonaparte soutint avecraison
que I'ordre avait un caroctère démocratique, puisqu'il devait
être conféré au mérite, s&ns distinclion d'origine et de con-
dition.
5. Consulat à vie, - La France respirait sous ce gou-
vernement réparoteur, Aussi, sur la proposition du Tribunat,
les pouvoirs consulaires de Bonaparte furent prorogés de dix
ans. Mais I'ambition du consul n'étsit pas satisfaite; il de-
manda et obtint le consulat à vie, Plus tord, après les com-
plots organisés par Cadoudal, Pichegru et d'autres émigrés
royalistes, les grends corps de I'Etat proposèrent de nommer
Bonaporte empereur des Français, sous le nom de Napo-
léon Iu". Les royalistes avaient déià été terri{iés par la mort
du duc d'Enghien, fusillé, par ordre de Bonaparte, dans les
fossés de Vincennes. Le sénatus-consulte qui établissait I'em-
pire fut opprouvé par un plébiscite qui donna trois millions
ôinq cent sôixante-douze mille trois cent vingt-neuf su{frages
favorables et deux mille cinq cent soixante-neuf contraires.
6. Marengo. Bonaparte, devenu premier consul
après Ie coup d'Etat- cle brumuire, avait donné à la réorga-
nisation intérieure de la France et à Ia politique extérieure
une énergique impulsion. Ildonna centtrente mille hommes
à Moreau pbur entrer en Allemagne; il chargea Moncey dc
couvrir la Suisse; lui-même se réserva I'Italie.
La campagne eut un plein succès. l\{oreau franchit le
Rhin à Strasbourg, concentra ses forces à Schaffouse, pouss&
devont lui les Autrichiens de Kray, les battit à Engen, à
Stokach, à Biberach, à Hochstedt, les rejeta dans le camp
retranché d'Ulm et leur interdit toute communication avec
I'armée d'ltalie.
478 HISTOIRE DE TNANCE.
En ltalie, Masséna, écrasé par les cent vingt mille Autri-
chiens du baron Mélas, s'était enfermé dans Gênes, y soutint
un siège de deux mois etretint devant les murs dela ville,
jusqu'au 4 juin, toute I'armée autrichienne.
Cette héroïque défense fit réussir I'admirable plan conçu
par Bontparte. Celui-ci, après avoir envoy6 vers les Alpes,
par petits détachements, une véritable armée, franchit le
Sailrt-Bernard, descendit par le val d'Aoste, malgré le fort
de Bard, et s'empara d'Ivrée. Il passo rapidemeni la Sésia,
le Tessin et entra à Milan. Il avait coupé Iaretraite à I'armée
de Mélas.
Ce général comprit le danger et concentra toutes ses forces
pour se faire jour avant d'être enveloppé. Le g juin, il se
heurta contre Lannes, à Montebello, et ne put pasier. Trois
tentetives sur Plaisancer pour s'emp&rer du pont de cette
ville-, échouèrent également. Enferrné entne le pô, I'Apennin
et I'armée française, il se décido à livrer une grande ba-
taille. Le combat s'engagea près d'Alexandrie, entre les
villages de San-Giuliano, Castel-Ceriolo et Marengo. Il y eut
trois batailles successives. Les deux premières furent per-
dues. Au début, Victor et Lannes furcnt repoussés de ltta-
rengo; Bonaparte voulut amôter la déroute avec la garde
consulaire, mais n'y réussit pas. I\lélas rentra aussitôt-dans
Alexandrie et lit annoncer la victoire. A ce moment, Desaix
amivo sur le champ de bataille avec la division Boudet. Le
combat rccom.mençe. Desaix tomba mortellement blessé.
Mais ses soldats vengèrent cette molt et remportèrent une
éciatante victoire ({4 juin 1800).
7. Eohenlinden. En Allemagne, Moreau frappait
- d'une
un coup décisif. A la tête magnifique armée dscent
mille hommes, il avait pénétré jusqu'à l\'Iunlch, tenant
toute la ligne de I'Isar. En face, les Autrichiens gardaient
la ligne de I'Inn. Entre ces deux fleuves s'étend une vaste
for'êt, dont le village de Hohenlinden occupe le centre. C'est
là que se livra Ia bataille dont le succès fut dri aux belles
manæuvrès de l\Ioreau, à I'audace de Richepanse qui, par
une attaque au centre, coupa les deux ailes des Aul,richiens,
et à la brovoure de Ney (3 décembre 1800). Six jours après,
i\{oreau arrivait à Linz, sur le Danube. L'Autriche dernânda
Ia paix.
8. Traité de Irunéville. Lo paix fut signée à Luné-
- d'Allemagne,
ville (février t80l). L'empereur &u nom do
I,E CONSUtAT. &79
I'Autriche et du corps germonique, reconnaissait de nouveou
à la France le rive gauche du Rhin, s'engageait à indemniser
en Allemagne les princes dépossédés, reconnaissait les répu-
bliques batave, helvétique, cisulpine et ligurienne, et oban-
donnait ses droits sur la Toscane. La cour de Naples nous
cédait l'île d'Elbe.
9. Paixd'Amiens (mars 1802). L'Angleterre con-
tinua la guerre quelques mois encore. -Mais, après l'évacua-
tion de I'Egypte par les f,'ranqais, elle se décida à traiter.
Elle restituait à la France et à ses alliés les colonies con-
quises et s'engageait à rendre Malte aux chevaliers de Saint-
Jean.

LECTURE. Bonaparto passe le Saint-Bernaxd.


-
Les arts I'ont dépeint franchissant les neises des Alpes sur un che-
val fougueux; voici la simple vérité. Il gravit le Saint-Bernard, monté
sur un mulet, revëtu de cette enveloppe grise qu'il a toujours portée,
conduit par un quide du navs. montia'nt'dans lés nassaeeÉ diffiôiles ld
distractiôn d'un ésprit occùpè âilleurs, entretenant lès offi''ciers répandus
str la route, et puis, pai intervallis, iuterrogeant le conducttiur qui
I'accompagnait, se faisarit conter sa vie j ses plaiiirs, ses peines, comme
un voyageur oisif qui n'a pas mieux à faire-. Le conducteur, qui était
tout jeune, lui exposa naîv-emeut les particularités de son obscure exis-
tence, et surtout le chagrin qu'il éprbuvait de ne Douvoir, faute d'un
peu d'aisance, éDouser l-une des lillès de cette vallde, Le i'remier con-
sul, tantôt l'écuutant, tantôt queslionnant les passants donfla montagne
était remplier pârvint à I'hospice, où les bons'religieux le requrent avec
emp-ressement. A peine descendu de sa monture, il écrivit un billet
qu'ilconfia à son griide, en Iui recommandant de le remetlre exactement
à- I'administrateuide I'armée. resté de I'autre côté du Saint-Bernard.
Le soir, le jeune homme, retburné à Saint-Picrre, apprit avec surprise
quel puissant vovaseur il avait conduit le matin. et -sut que le Eéùéral
Bonaparte lui faisalt donner un chamu. rrne maison. Ies moveni de se
maririr enfin et de réaliser tous les rùiês de sa modbste anbition.
Ce montagnard vient de mourir de nos iours. dans son oays. oronrié-
taire du chdmp que le dbminateur du monde iui avait ddnrie. 'Cet^acte
singuJier de bi-enfaisance, dans un moment de si grande préoccupation,
est digne d'attention. Si ce n'est là qu'un pur câprice tie conqriérant,
jetant-au hasard le bien ou le mal, toirr à tôur reriversan[ des èmpireé
ou édifiant une chaumière, de tels caprices sont bons à citer, ne sirait-
ce que pour tenter les maitres de la-terre; mais un pareil acte révèle
-elle
autre chose. L'âme humaine, dans ces muments oùr éprouve des
désirs ardents, est portéc â la bonté : elle fait le bien comnie.une ma-
nière de ruôriter celui qu'cllc sollicitc de la Providence.
Tumns, lltstoire du Çonsulat et de l'Empttre,

EXXACICES ORAUX ET }:CRITS

l. lrplioation dee mote.


- Saint-Bernard, montagne et col des
480 HISlOIRE D'E }'NÀNCE.
Alpes. Marengo. ville d'Italie. - Ilohenlinden, ville.d'Allemagne
-
en'Bavière. Is"ar,Izn, afflrtents du Dannbe - LunéuiJle' sous-pré-
-
-
iJct,,re ài la tteurtÉ+et-.\loselle. Amiens, préfecture de la Soume.
-
2. ouestionnaire. ._ Parlez du consulat. Qui était premier-consul?
fuI la pulitique inlérieure du Consulat? Comment fut réor-
--b.,eile
srniJ; t'aominiStratirin politique,j judiciaire,
-
linancière ?^- Qlelles
il;i-tes lnititrrtions du Cbnsulâtt Combieu a-t-il duré? - Parlez
cflmplrgne de Bo_naparte en ltalie. est.sa grantle
aé lâ iecooae
victoire? Racoriteî-la.
- Quelle
Qui, à cette époque, combattait.en Alle-
masne? - Racontez la -
bataille de [lohenlinden. -- Quel tt'atte.a mts
-
nni ia deuxième coalition? L'Anglcterre a-t-elle signé la pair? -
Dans quelle ville? -
- -g.- u'.voirs à rérliger.
- Bxposer les instituti'Jns du Consulat. -
Raconter la campagne de Marengo.

il
ItEMPINE. - AUSTERLITZ' _ IÉNA. -
FRIEDLAIIID. !trAGRAM
-
(r801-18r0)

LEçON

l. L'Emplre. - Avec I'Empire les -guerres et les coalitions


allàient rôcommencer. La puissance de la !'rance ne cesso pas
jusqu'en 1809.
- flgrantlir
de
rràiriUhe rioa[tion. Austerlitz. Traité de Presbourg. - L'An-
sleierre fut I'inspiratrice de la troisième collition, c'est elle que
flanoléon vouluf utleindre. ll prépara une descente en Angle-
terie. mais le plan échoua par [a faute de I'arrriral Villeneuve. Il
sJtoirrna alorË vers le cogiinent, et fit capituler ii Ulm I'armée
autrichienne du général Mack; il s'em-para do V-iettne' $|gQa. sur
I'empereur tl'Autriche et I'erupereur de Russie la bataille d'Aus-
lerli'ft (2 décembre 1805), et imposa à ses ennemis la paix de
plesborirc. Cette brillariie canrpagne avait été al"tristée par la
âeiaite tlË Villcneuve à Trafalgàr. Napoléon dominait le conti-
nent; mais I'Angleterre était maîtresse tles mers'
3. huatrième côahtion. Iéna, Eylau et Friedland. lraité de Tllsitt.
Cette infatisable ennemie arma contre nous la Prusse et la
-Rusiie. Ce fut"la quatrième coalition. La Prusse fut vaincue ô
Iéna ({806). Nopoléon, maître de Berlin, -ltnqa contre I'Anglc-
terre'le d6crct-du blocus continental. La Russie, vaincue à
Eylau et à Friedland, signa la paix à Tilsitt. La Prusse était
démeurbrée.
4. Êuerre d'Espagno. - L'Empire accrut encore son territoire et
asrandit,. en appaience, sa puissance. ll était entouré de royarrtés
vissales,'donrities aux frèrês de Napoléon. Eu réalité il s'aflai'
blissait bar de nombreuses faules. La plus grande fut la guerro
d'Espagôe, qui épuisa sans proût nos armôes.
I'EMPInE. $l
5. ooalition. \[agram, Traité de vienne. pendant
que -cinqutàne
I'empeSeur .était. occupé'à consolid'ff à M;a;id -r,
û6ià ae
eon. frère Joseph, r'Autricïe- et |Anglet*rre iormiiôirf^Ë cin-
gyièm9 coalitidn. Naporéon nf tn gue"rre avcc vigucur et la fit
hjen. ce fut ta derniilre guerre heu"reuse. n
Àignu"JùiiuJïiiLri-
chiens les victoires d'Ecïmûhl, d;rJsting; f,. Wug"râ*, "uiiuu"
imposa le traité de Vienne (fg0'g)-

nÉcrr

l. I1'E!mpire. - Le gouvernement impérial fut fondé en


vertu du sénatus-consulte organique de I'a-n xll. L'hérédité
étoit établie au prott de la descendance de Napoléon, de mâle
en mâle, ou de ses lils adoptifs. A défaut âe desâendance
naturelle ou adoptive, la côuronne devoit p&sser dans la
lj8nq. de Joseph ou dans celle de Louis. Elisa, pauline et
caroline Bonaparte, sæurs de Napolébn, étaient déclarées
princesses. Le 2 décembre {804, lè pape, pie VII, présida
la cérémonie du sacre dons la cathôdrale de Notr.jDu*r.
Napoleon regut I'huile sainte des mains du pontife; mais il
prit vivement la couronne impériale, ne voulant poi la tenir
d'une investiture étrangère, sô ta poso sur la tête, puis cou_
ronn& Joséphine. Aux fêtes républicaines succédèrent les fêtes
impériales. Le l'L_juillet, anniversaire de la prise de la Bas-
tille, on fit, aux Invalides, la distribution des décorations de
la Légion d'honneur. Le r 6 aorlt, Napoléon distribua des
croix à ses soldats au cemp de Boulogne.
2. Troisième coalition ({905). Camp d,e Bou-
logne.
-.Napoléon convertit les républiques italiennes en
loyeume d'Italie, dont il donne ta ïice-ùvauté à Euqène .
Beauharnais. ce fut le prétexte qu'invoqïa I'angteïerrà'
pour préparer contre nous la troisième coaiition. Nipoléon
voulut_prévenir cette implacable ennemie, et prépaia un
projet de descente en Angleterre. Il fallait, pour [ue t'entre-
prise éloigner de la Manche la flotie anglaise. L'ami-
-réussît,
ral villeneuve fut chargé de faire une diveriion dans les
Antilles et d'attirer à l-ui, dans les eauxdu golfedu Mexique,
I'escadre de I'nmiral Nelson. Le plan réussIt en partie; riraiÀ
villeneuve, au lieu de revenir en ioute hâte protéger le âépart
de la flottille française, livra un combat inutiË à I'am'iral
!u_ cap Finistère. Il fut vainqueur, mais il dut
Calder, p1ès
faire relâche à cadix pour réparer ses avaries. Nelson eut Ie
temps de re'enir; il bloqua la flotte dsns le port de cadix.
EIST. DB FR. C. COilPT.. ll
&82 HISTOIRE DE TNANCE.
Le plan de descente avait échou6 ; Napoléon résolut de vaincre
I'Angleteme sur le continent.
3. Ulm. Vingt jours après la levée du camp de Bou-
-
logne, cent quatre-vingt-dix mille hommes étaient échelonnés
du pont de Kehl à 'Wurtzbourg. Ney s'était avoncé jusqu'à
Stuttgard, sur le Necker. Le général Mack, qui manæuvrait
avec I'trmée autrichienne dsns la haute vallée du Danube,
crut que toute I'armée française était là. Cependant, par un
habile mouvement d'évolution, Napoléon fuisait ovancer le
gros de ses forces par Wurtzbourg et la Franconie, s'emp&-
roit des pesseges du Danube et coupait Mack de sa ligne de
retraite par les brillants combats de Donauwerth, Wertingen
et Gunzbourg. Le général autrichien opéra alors un change-
ment de front de maniÈre à tourner le dos à la France. II ne
fut pas plus heureux. Vaincu à Memmingen et à Elchingent
ildut se replier sur Ulm. Entouré par toutes les forces fran-
caises. il dut mettre bas les &rmes avec trente-trois mille
ho*-.t, reste d'une armée de quatre-vingt-dix mille. Il
perdait en outre deux cents cenons et quatre-vingt-dix dra-
peaux. Tel était le magnilique résultat d'une campagne de
irois semaines. Les soldats étaient pleins d'enthousitsme.
< L'empereur, disaient-ils, afait la guerre avec nos jambes. >
(20 octobre 1805.)
4. Austerlits. Le jour même où Mack signait la ca-
pitulotion d'Ulm, la - France éprouvait une désastreuse dé-
faite maritime. Villeneuve avait été vaincu par Nelson près
du cap Trafalgar. L'Angleterre était maîtresse des mers;
Napoléon voulut être maître du continent. Il traversa sans
s'y arrêter la capitale de I'Autriche, et vint attaquer, dans
Ies plaines de la Moravie, les deux armées russe et autri-
chienne.
Lo bataille s'engageo Ie 2 décembre, près du village
d'Austerlitz. Les Russes, qui occupaient Ie plateau de Prut-
zen, descendirent dans le lit du Goldbach pour s'emparer
des villages de Telnitz et de Sokolnitz. Napoléon donna aus-
sitôt I'ordre à Soult d'occuper Ie plateau de Pratzen. Là était
la position capitale. Un long et qanglont combat s'y livra.
Mais Soult, maître du plateau, résista bravement avec le
secours de la garde et des grenadiers d'Oudinot contre le gé-
néral russe Kutusow et les deux empereurs de Russie et
d'Autriche. Dès lors la bataille était gagnée. L'ermée russe'
coupée en deux corps, fut rejetée sur les étangs glacés de
T,'EMPIRE. 483
Ménitz. La glace s'effondra sous les fuyards. Ce fut un dé-
sostre complet. Les ennemis laissaient quinze mille morts,
vingt mille prisonniers et cent quatre-vingts conons. Tels
furent les résultats de la bataille d'Austerlitz, que les soldats
appelèrent lo bataille des trois empereurs.

5. Faix de Preebourg:(26 décembre t805). Cette


-
brillante victoire mettait fin à la troisième coalition. La paix
fut signée à Presbourg. L'Autriche cédait I'Istrie et Ia Dal-
motie, onnexées &u roy&ume italien dont Napoléon était
T8& EISTOIRE DE FRÀNCE.
nommé roi. En Allemogne elle perdait le Tyrol, Ie Vorerlberg,
les évêchés de Trente, etc.
La constitution allemande était modifiée au désavantage
de I'Autriche. Nanoléon
créait à ses portes les
deux royautés rivales
de 'Wurtemberg et de
Bavière. Le margrave
de Bade devenait grand-
duc; Napoléon substi-
È
l5
--È f, Plateau ile
Pratzen
tuait au vieil empire
.$' ,É germanique la confédé-
oÂust*litz
ïÈ,RF ration du Rhin; Fran-
ù'rr'*€ çois II abdiquait le titre
d'empereur d'Allema-
gne pour celui d'empe-
reur d'Autriche.
Après Presbourg, la situation politique et militaire de la
Fronce était admirable. Elle avait éloigné du Rhin la Prusse;
de I'Italie, I'Autriche. Elle s'appuyait en Allemagne sur la
confédération du Rhin. D'autres traités furent peut-être plus
glorieux; aucun n'assurait oussi solidement la grandeur de
la Frence.
6. Causes dola quatrième coalition (t806-{80?).
- Il ett été heureux que I'ombition de Napoléon n'allât pas
au delà du traité de Presbourg. Mais les accroissemenk con-
tinuels de le puissance impériale inquiétèrent de nouveau
I'Europe. La dynastie des Bourbons avait été chassée de
Naples et Joseph Bonaparte proclamé roi des Deux-Siciles.
La république batave avait été transformée en monarchie
feudataire, eu prolit d'un outre frère de I'empereur, Louis
Bonaparte. L'Italie n'était plus qu'un vaste lief concédé à des
princes de la famille impériale ou à des maréchaux. En
Allemagne, I'influence de la France devenait toute-puissante.
Napoléon se faisait nommer protecteur de la confédéretion
du Rhin.
L'Angletene, dont la haine contre la Franceétoit toujours
en éveil, excita les craintes de I'Europe; elle forma avec
Frédéric-Guillaume, roi de Prusse, avec Gustave IV, roi de
Suède, et avec Alexendre, empereur de Russie,..la quatrième
coalition.
7. Iéna.
- ls Prusse avait montr6 Ia première tles sen-
I.'EUPTRE. {35
timents hostiles. La reine Louise-Amélie, d'un caractère
exalté, parcourait Berlin à,-cheval, en costumemilitaire, pour
exciter I'enthousiasme belliqueur de la nation.
C'est la Prusse que Napoléon frappa la première.
Il réunit ropidement
,haute âeux cenf mille'hommes dans la
vollée du Mayn et pénétro dans la Thuringe. Deux
armées prussiennes y étaient concentrées. L'une, tooi le com-
mandement de Brunswick, occupait les deux vôrsants de la
forêt de Thuringe; I'outre, souslepîince de Hohenlohe, était

Ànrcrstaedt

cantonnée derrière le Frankenwald. Napoléon chercha à


corlper Brunswick de sa ligne de retraitô sur I'Elbe. Mais
celui-ci, craignant le sort de l\Iack, se replie en toute hâte,
et, dans ce mouvement de retraite, fut battu deux fois {
srhleitz et à saalfeld. De son côté lb prince de Hohenlohe,
redescendant la rivière de la saale, cheichaàdonnerlamaiu
à Brunswick. LannesTut chargé de défendre le passage de la
saale et s'établit sur le plateau d'léna. Apercevant de"s forces
prussiennes considérables, il crut que toute I'armée ennemie
é.tait là. Napoléon, Ney, Soult, accoùrurenten toute hâte pour
livrer un engegement général. Davoust, avec une partiè de
ïrj

&86 BISTOIRE DE FBÀNCE.


I'armée, requt ordre de passer sur la rive tlroite de la riviène
pour tourner I'ennemi.
Deux batailles se livrèrent le même jour. Nepoléon n'evait
,en facede lui que les troupes de Hohenlohe qu'il battit sur
'le plateou d'Iéna Davoust, croyant tourner la mème armée,
I
s'était heurté aux forces de Brunswick qui cherchait à passer .

le fleuve à Awerstaedt. Il comprit qu'il fallait I'srrêter à


tout prix pour I'empêcher de joindre son armée à celle de
Hohenlohe. L'héroïsme des divisions Gudin et Friant, la
bravoure de Davoust triomphèrent d'un ennemi bien supé-
rieur. Brunswick fut blessé mortellement; Frédéric-Guil-
laume, qui prit le commandement, fut obligé de battre en
retraite sur Magdebourg, laissant dix-huit mille prison-
niers, vingt et un mille morts et toute son artillerie. Les
deux victoires d'Iéna et d'Awerstaedt nous ouvraient Ia route
de Berlin.
8. Leg Français à Berlin. Blocus conti!.ental.'
poussèrent leur marche victorieuse dans la
- Les Franqais
Saxe. Lannes et Murat firent capituler Hohenlohe; Soult
et Ney enlevèrent la forte place de Magdebourg et forcèrent
Blùcher à mettre bas les &rmes dans Lribeck. Le 26 oc-
tobre, Napoléon, ovec la grande armée, tt son entrée tlans
Berlin.
C'est de Berlin que Napoléon lonça son fomeux décret du
blocus continental. Les Anglais o,veient voulu nous fermer'
les mers, Napoléon leur ferma le continent. Tous les ports
européens devaient leur être interdits; toute marchandise
anglaise devait ètre conlisquée; tout bàtiment européen qui
toucherait à un porl, anglais devait être capturé. C'était une
guerre implncable. Mais, pour que le blocus continental frlt
possible, il fallait pouvoir parler en maitre à I'Europe en-
iière. ll fallait accroÎtre sans cesse une domination déjà bien
redoutable. L'Europe devait-elle accepter une dictature qui
mettait en soulfrance tous ses intérèts matériels? Le blocus
inaugurait une politique de violence et d'usurpation. Ce fut
la première c&use de la déeadence de I'Empire.
9. Eylau et Friedland,. -. La Prusse étoit vaincue,
restait la Russie. Napoléon mareha sur Varsovie et y entro
précédé de l\[urat, le Ld décembre {806. Le général russe
Benningsen, retranché derrière le Bug, voulut nous défendre
le passage de cette rivière; mals il fut repoussé sux comblts
de-Czarnovo et de Pulstuk et I'armée frangaise put prenclre
L'EMPIRE. {8?
ses quertiers d'hiver. Les Russes, après avoir bu,ttu en
retraite vers Kænigsberg, vinrent tout à coup nous olfrir lo
bataille dans la plaine d'Eylau (8 février 1807). La journée
fut meurtrière. 0n se battit avec acharnement, sur une
plaine glacée, au milieu des tourbillons de neige qui _aveu-
glaient nos soldats. Les brillantes attaques de Murat, de Ney
et de Davoust, I'héroïque rèsistance d'Augereau, qui perdit
la moitié de ses bataillons, nous valurent la victoire. Mois
elle fut chèrement payée. Nous perdions vingt mille hommes.
Les Russes en avaient laissé vingt-huit mille sur le champ
de bataille.
Benningsen, ûvec une nouvelle armée, ne tarda pas à
reprendre I'offensive. II attaqua Napoléon près clu village de
Friedland. Le combat se livra le 14 juin 1807, jouranni-
versaire de l\{arengo. Ce fut une complfie déroute pour les
Russes. Tandis qu'ils étaient attaqués ou centre par Mortier
et Lannes, Ney leur fermait la retraite en coupant les ponts
de tr'riedland. Tout leur bagage et leur artillerie restèrent en
nos mains. Deux jours après, Soult entrait dnns Kænigsberg;
I'armée se dépioyait sur le Niémen, prête à envahir le temi-
toire russe.
10. Traité deTilsitt({80?).
- Les Russes deman-
dèrent la paix. Elle fut signée à Tilsitt, oprès une entrevue
célèbre des deux empereurs. L'Autriche avait été démem-
brée après Presbourg, ln Prusse le fut après Tilsitt. Ses
Etats furent réduits de moitié, et, de ses dépouilles, Napo-
léon forma les deux roy&umes de Saxe et de Westphalie.
L'empereur Alexandre, qui avait dit à Napoléon : < Je
hais les Anglais autant que vous, > adhéra au blocus con-
tinental.
ll. Apogée de l'Empire. La Franee devait
agrandir encore son territoire; mais c'est après le traité de
Tilsitt qu'elle est arrivée au plus haut degré de puissance.
A I'extérieur, sa situation politique et militaire est prépon-
dérante; à I'intérieur, sa prospérité mal,érielle n'& pts
encore été atteinte par les sacri{ices d'une guerre sans relâche.
Les grandes institutions du règne étaient fondées. Le
Corps législatif avait adopté, dans se session de 1804, le
Code Napoléon, cette charte de notre sociét6 moderne, in-
spirée des principes de l?89. L'Université de Frence avait
été orgenisée par le décre[ de 1804, &vec ses faeultés, ses
Iycées et ses écoles. Les lettres, Ies sciences et les arts
188 HISTOIRE DE FRÀNoE.
jeteient un vif éclat. Il suflit de citer les noms de Chateau-
briand, MEe de StaëI, de Maistre, de Bonald, Laplace, La-
grange, l\[ons, Fourmoy, Berthollet, Cuvier, Geofroy-Saint-
Hilaire, Gay-Lussac, David, Gros, Proudhon. Le travail
national avait pris un essor extraordinaire; les canaux de
Nantes à Brest et du Rhin au Rhône avaient créé d'impor-
tontes lignes de navigation; le port de therbourg était creusé,
celui d'Anvers egrendi; les routes du Simplon, du mont
Cenis, du mont Genèvre, de Metz à l\{ayence étaient oche-
vées; nos villes étaient dotées de beoux et utiles monuments :
à Paris, la Madeleine, les orcs de triomphe de I'Etoile et du
Carrousel, la colonne Vendôme, le Panthéon, le Corps légis-
latif ; à Bordeaux, le pont de la Garonnel à Milan, I'arc de
triomphe de la Paix.
L'industrie était encouragée. Napoléon pensionnait Jac-
quard, I'inventeur du métier à tisser la soie; il aidait le
monufacturier Lenoir à supporter la crise du blocus conti-
nentql; il décorait Oberkampf, qui popularisait I'inddstrie
des toiles peintes. Il créait une école des arts et métiers à
Chitlons. Une gronde exposition réunit en {806 les pro-
duits de notre industrie. Le commerce par mer éteit orrêté
par I'Angleterre, mais nos produits trouvaient sur le con-
tinent de nombreux débouchés. Nos soieries, nos drops,
nos toiles, nos articles de Paris ne redoutaient aucune.con-
culrence.
Cette prospérité allait être troublée, dans la seoonde pé-.
riode de I'Empire, par des guerres inutiles ou injustes, par
des revers et par les désastrcs de I'invasion.
12. Guerre d'Espagne. L'ambition de Napoléon
-
grandit &yec s& puissance. Comme Louis XIV, oprès Ni-
mègue, I'empereur, après Tilsitt, ne garda plus aucune me-
sure dans son désir de domination. L'indomptablerésistance
de I'Angleterre irritait son orgueil. Il avait cru la réduire par
-lui
Ie blocus continental; mais le continent tout entier ne
apportenait pas encore. Il résolut de le soumettre à son im-
périeuse volonté. La Suède résistait : le maréchal Brune
bombarda Stralstrnd. I,e pape n'avait pas voulu fermer scs
ports; le général l\'Iiolis occupe ses Etats. Le Portugal et I'Es-
pegne restaient ouverts ru commerce anglais; Napoléon se
prépara à les conquérir.
Junot eut facilement raison du Portugal. La conquête de
I'Espegne devait être longue et difficile. Le gouvernement de
;. ;--a - -

L'EMPIRE. {89
ce f'ays était livré à I'anarchie. Un roi faible et incapable,
une reine corrompue, un ministre dont la scandalcuse auto-
rit6 irritait la nation, un prince rebelle, tel était le triste
spectacle qu'offrait la cour espagnole. Les prétextes ne man-
quèrent pas à Napoléon pour intervenir. Charles IV et son
fils Ferdinand VII, mandés à Bayonne, furent contraints
d'abdiquer. lls allaient vivre obscurément I'un à Compiègne,
l'autre &u château de Valençay. Le trône d'Espagne- fut
{on_né
à Joseph Bonoparte que l\[urat remplaça sui le trône
de Naples.
L'Espagne fut indignée de cet abaissement de son roi, et
se redressa frémisso,nte contre la dominstion étrangère. Des
juntes insurrectionnelles sb réunirent dans toutes les pro-
vinces; le clergé donna partout le signal de lo résistance.
Napoléon dut ouvrir par la force le route de Madrid à son
frère. Mais le jour même où Joseph entrait ds,ns sa capitale
(20 juillet), le général Dupont se laissait envelopper à Baylen,
et signait une honteuse capitulation; dix-huit millb soldets
français allèrent mourir de misère et de faim dans I'ile Ca-
brdra ou sur les pontons de Cadix. Ace moment, Junot était
vaincu por Ie duc de Wellington à Vimeiro, échouait devant
les fortes lignes de Torrès-Védras, et signait la convention
de Cintra. Le Portugal était perdu. J1i

Napoléon comprit que sû, présence était nécessaire en Es-


pegne. Il resserra son allionce a,vcc I'empereur Alexandre à
I'entrevue d'Erfurth, et, après avoir pris quatre-vingt mille
vieux soldats de I'ormée d'Allemagne, il franchit les Pyré-
nées. Rien ne résista à son attnque. Les victoires d'Espinosa,
de Burgos, de Tudela, de Somo-Siena ouvrirent de nouveau
aux Français les portes de Madrid. Napoléon crut s'attacher
I'Espagne en lui donnant de sages réformes. Il supprima
l'inquisition, un grand nombre de couvents, les- ïroits
féodaux. Il ne réussit qu'à irriter davantage le fanatisme des
moines et de lo noblesse. L'insurrection vaincue étoit sans
cesse renaissante. Il aurait fallu toutes nos armées pour tenir
sous le joug ce valeureux peuple. La ville de Saragosse tint
devant ses murs, pendant deux mois, les forces de Lanncs
et de Mortier. Nos soldats durent conquérir chaque rue, chaque
moison I cinquante mille personnes avaient péri pendant le
siège. Un peuple ne pcrd pes son indépendance quand il est
si digne de la conserver !.-
13. Insuccès de la guerre d'Elspagne. Lorsque.
-
21.
I9O EISÎOIRE DE rRÀNCE.
I'empereur eut quitté l'Espagne pour faire face à lo cinquième
coalition, I'insunection éclato de nouveau dans touies les
provinces.
En Espagne, Sébastiani força le passage de la Guadiana
et remporto la victoire de Ciudal-Réal; et, Victor, celle de
I\lédellin. Dans le Portugal, Soult enleva le camp anglo-por-
tugais de Porto.
Bientôt V/ellington reprit cette ville et rejeta le maréchal
Soult dans la Galice; puis, pénétrant dans la vallée du Tage,
il livra à Joseph la bataille sanglante etindécisede Talavera.
Mais, dans la haute vallée du Tege, Sébastiani était vain-
queur à Almonacid, tandis que Soult, nommé major général
de I'armée, délivrait la Galiee et, reparaissant en-Castille, y
gagnait la bataille d'Ocana qui rétablit momentanément li
monarchie de Joseph.
La paix de Vienne permit à Napoléon d'envoyer en
Espagne de nouveaux renforts. Le maréchal-Boult força
les délilés de la Sierre-Moréna, s'empara de Séville et
investit Crdix. La junte insurrectionnelle de cette ville
entra en négociations avec Joseph. L'Andalousie était sou-
mise.
A I'ouest, Masséna envahit le Portugal. Mais il essaya en
voin de forcer les lignes de Tonès-Védras qui couvraient
Lisbonne. Ces lignes, formées par trois séries de retranche-
ments, étaient défendues par cent cinquante-deux redoutes
armées de sept cents canons et par une armée de cent mille
hommes, commandée par le duc de Wellington. Après cinq
,grois de luttes sanglantes, Masséna dut battre en retraitc.
Poursuivi par \Mellington, il fut battu à Fuentès-de-
Onoro ({81{). Disgracié par I'empereur à crusedeson insue-
cès, il fut remplacé par Marmont.
En 18t2, Wellington prit une ofensive plus vigoureuse.
Il vint près de Salamanque, eux Arapiles, attaquer I'armée
de Marmont. Celui-ci, vaincu et blessé, fut rejeté derrière
I'Ebre; les Anglais entrèrent à Madrid. A cette nouvelle.
Soult abandonna l'Andalousie, reprit Madrid et força 'Wel-
lington à rentrer dans le Portugal.
Napoléon avait rappelé d'Espagne une partiede ses troupes
pour renforcer son armée d'Alleuragne. Wellington, a,u con-
traire, avait regu d'importantes recrues; il put reprendre
I'offensive. Joseph évacua Madrid et concentra toutes ses
forces à Vittoria ({813). Battu par Wellington, il passa les
-.^:i

['EMptRE. &91 . {ri':'

Pyrénées, abandonnant oux Anglais la route de Boyonne' !


L;Espagne était délivrée des Franqaist. - - -.
f,i. La cinquième coalition ({809)' L'Autriche
crut I'occasion fivorable pour reprendre les armes. Napoléon
était au fond de I'Espagne I I'armée frangaise en Allemagne
était alfaiblie par le départ de nombreux régiments; I'AIIe-
magne, travaîllée par- les sociétés seffètes, témoignait des
renii*ôntr hostiles à I'Empire. Enfin I'Angleterre promettait
des subsides et son vigourzux concours. une olfensive hardic
nouvait décider du soit de la campagne. Si I'archiduc Chorles
i'étnit jeté entre Davoust et Masiéna, tlop éloignés I'un de
I'autre pour se soutenir, il pouvait les écrascr et se rendre
maitre àe toute la vallée du DonuÏ:e. Il hésita; la campagne
étoit perdue.

Napoléon avait eu le,temps d'accourir. Il concentra ses


forees-, frappa rapitlement des coups décisifs, 9t' el quelques
jours, auait assuré I'issue de la guerre. Par le combat
d'Abénsberg, il conquit la Bavière; per le combat d'E-chmrihl,
il s'emparide Ratisbonne; per Ié combat d'Ebersberg, il
s'ouvrit la route de Vienne.
I5. Wagram. Maitre de Vienne, Napoléon voulut at-
-
teindre I'ar-chiduc charles qui opéroit en face de la ville, sur
lo rive gauche du Danube, avec une armée de cent mille
hommesl Des ponts furent jetés sur Ie fleuve, en fa-ce de l'île
Lobau; une partie de I'armée franqaise avec Lannes et
Massénu avaitïé;à passé sur la rive gauche, iorsq-u'u.ne*ue
subite coupe les ponts de bateaux. Isolés du gros-de I'armée,
Lannes et Masséna se défendirent avec trente milie hommes
contre toutes les forccs de I'archiduc charles, d&ns les vil-
Iages d'Essling et d'Aspern. Les Frangais gardèrent toutes
&92 HISTOIRE DE FRANCE.
leurs positions dans les villages qui furent pris et repris dix
fois. Pendant la nuit, Napoléon fit pasler de nôuvelles
troupesl mais, les ponts ayant été de nouve&u rompus, il
dut rappeler toute son armée dans I'ile Lobau. Il avàit été
vaincu, comme il le disait, por le genr)ral Danube,
_ Il prit toulqs ses mesures pour une prochaine attaque,
Les troupes d'Eugène et de Marmont furent rappelées. Dans
la nuit du 4 au 5 juillet il franchit le Danubé. L'archiduc
Charles fut mis en dér'oute dans Ia plaine de Wogram. L'Au-
triche avait perdu sa dernière armée. Elle dut signer la paix
(14 octobre {809).
16. Traité de Vienne/fiS L'Autriche cédait à la
France les provinces _ illyriennes i à lo Bavière, le pays de
Salzbourgl au roi de Saxe, la Galicie occidentale. Eite-Otait
réduite à. une. population de dix-huit millions d'habitants;
ses frontières étaient ouvertes; elle était rejetée loin des Alpei
et privée de toute communication avec la mer. L'Autriche et
la suède adhéraient au blocus oonùinental. L'Angleterre était
isolée.
17. Grandeur et décadence de I'Empire. Rien
-
de plus formidable que la puissance française en lgl0, et en
eppa,rence, rien de plus solide. L'empire s'étendait alors du
Zuiderzée et de la mer du Nord au Garigliano et aux bouches
du Cattaro, de I'Atlantique à I'Elbe, au Rhin et au Tessin.
Il comprenait cent quinze départements et soixante millions
d'habitants. Il était entouré d'une ceinture d'Etats soumis
ou v&ssâ.ux._Un go_uverneur général régissait les provinces
illyriennes, Louis Bonaparte régnait en Hollandel lérôme
B_onaparte__en W'estphalie, Joseph Bonaparte en Espagne,
Murat à Naples,, Eugène Beauharnais en ltalie. La-confé-
dération helvétique et Ia confédération du Rhin étaient
sous notre pr(rtection. Enfin Napoléon, divorcant avec I'im-
pératrice Joséphine, épousait I'archiduchesse l\{arie-Louise
et s'alliait à I'antique famille des Habsbourg. A I'inté-
rieur, la France docile ne connaissait que la volonté du
maitre.
Et cependant la puissance impériale, agrandie à I'excès,
était en réalité moins solide qu'en 1807. La guerue d'Es-
pegne dévorait lentement, sans gloire et sans proiit, le meil-
leur de nos armées. L'Allemagne frémissanie à la voix de
ses écrivainset de ses poètes, l\{aurice Arndt, Stein, Kotzebue,
Schlegel, était agitée, comme la France à l'époque de sa
L'EM P IRE. 493 {l
r6volution, par un souffle de libert6 et d'indépendance. EIle
n'attendait dans sa haine patiente du despote,'que I'occasion
pour briser le joug. La prusse préparaif en,silènce, par Ia
plus grande réforme.
9. gu sièc1e,-des soldats. Lo'dussie,
notrg alliée, était irritée du rapprochement de Ia France et
de I'Autriche. cc rapprochemènt même ne devait être ni
sincère ni durable. Enfin I'Angleterre, toujours en B.rmes,
épiait avec soin toutes ces haines avouées-ou secrètes; sa
diplomatie habile éveillait toutes les inquiétudes, relevait
toutes les défaillences, encourageait toutès les espéranccs.
En France le gouvernement avait absorbé toutes ies forces
vives de la nation. Toutes les libertés publiques ovaient dis-
p&ru. Lo tribune était muette.; la pressè bâilionnée. Lepays,
désintéressé des alfaires publiqueÀ, se reposoit sur Ie 'go;rié
d'un homme. Il n'estimïit_pis que,e ?,itpoyer trop-cher
tant.de gloire pel
le perte des ribèrtés" Trisie ïveuglàment
qui devait lo conduire aux abîmes t

LECTURE.
- Bataille drAusterlitz.
.-l,e lQ, I'empereur, du haut de son bivouac, aperçut, avec une indi-
cible. joie,.l'a'inée nisse com:mençqnt, à aôur poiteæ .ie
àinon ae ses
ll-1!t-portrp.' un m'urem€nt de-naric pour tôurne. si- aiôïte
quet.pornt
ïi vii
l,-ors_ J!sqll'a, ta.présomption et l.ignorance de I'art de
qpqlg avait égarQ lcs conseil-s de ceite brave aimée. iè Joir,lt-nôùrùi
li
Ir.!ll9l! nled et.incognito tous_.les bivouacs; mais à peine'eut_ii fali
querques pas g$'lt [u[ reconnu. llserait impossible de p'eindre I'entbou-
srasme des sotdats en,.le voyant. Des fanaûx de paille i'urent mis en un
instant au haut d e miltiers -de..perctres, er-ei-ie
q u;i.6-;i;s'iiiiiïe^ili*
- us
se présentèrent au-devan t de r'êmpere,ir, ia iiiaïù -uii'iei îcra-
I'anniversaire de .son courônnement, les
autres disant l_n!,pour.têter
f.1tl9_"s,i^11s. que I'armée donuerait le lendemain son nouqiiei a-l,en_
peIgur. un. des plus grenadiers s'approcha de lui et tui ait :
( slre,,. tu
, .vierrr
n'auras p.as besoin de t,exposer. id te promets, au nom des
que.tu n'auras à combatrre-que ded yeux et que
nous t'amènerons demain les- drapeaux et, I'artillerie de I'aimée -iusse
91..."^aql:T.99_t-11^g9r
pour célébrer I'anniversaire de toi couronnement. r
L empereur,,dit en entrant dans son bivouac, qui consistait en une
-
fl!_qn9 de,paille sans toit, que lui avaient faite'lei grenadiers:. voiti
de ma vie; mais je^re.grette de-penser que je per-
lL^q,ï:jllr*l9,.re.e_
0ral Don nomDre de ces braves.ggls. ri si I'ennemi.eirt pu voir cô spec-
ll.Jr: it eirt été épouvaur,é. rrrais" l'insenié c,iniinrdiiTôrjôuti'io,i ,ou-
vement, et courait â grands pas â sa oerte.
A une heure du matin, I'empereur nionta à cheval pour parcourir ses
posles, reconnaitre les feux dei bivouacs ae l;ennemi,'* ie'iii.e
compte par les.grand'gardes de ce qu'elles avaiend
ièïaiti
iu-ônitioirà'aei
Irlssgl' il appnt.gu'rts avaiert passé la nuit dans I'ivresse et des ffis
Iumulteur, et qu'un corps d'infanterie russe s'était présenté au village
,4,i

r tgl EIsroInE nd rmncu.


de Sokolmitz, oecupé pâr un rêgiment de la division du général Legrand,
oui recut ordre de-le renforcer.
'-ié-{i trimaire, Ie jour parut en{in. Le soleil se leva.radieur; et cet
anniversaire du ôour"onneirent de I'empereur, où allait-se.passer I'un
AôJ pili-nerur faits d'armes du siècle, fut une des plus belles journées
de I'automne.
--C;tte
û1xtile, que les soldats s'obstinent à appcler lg iournée des
trois ernpereuri, que d'autres appellent Ia j_ourriée de l'anniuersaire,
ii-qoÀ tt'etopererir'a nommée Ià' journée d'.Austerlitz, sera à jamais
méùorable dans Ies fastes de la grande.natton.
-îe-ùùreor, entguré de tous lei maréchaux, attendait, pour donner
lei derriiers oidres, que I'horizon ftt bien éclairci. Aur.prtmier.s raygns
du soleil. Ies ordrei furent donnés, et chaque ntaréchal reJotgntt son
corps au grand.galoP.
I]'emneîeilr dit eri passant sur le front de bandière de plus.ieurs régi-
ments :' < soldats, il iaut flnir cette campagne paT un coup de t0nnerre
-qoi'ôgofon,l* ltorgireil de nos ennemis. u Aùssitô[ les chapeaur au bout
à;; î;ïà;;;ltài'Et ieJ cii! oe uiue. t'tmpereur! rweÂt le véritable
srerifOï*o*bat. Un instant après, Ia canônnade se fli entendre à l'ex-
i;3;iié Atii àioità, que I'avait-garde ennemie avait déjà débordée;
;;G'i; ,Àoco,ttte irip'revue du mîréchal Davoust arrêta l'ennemi tout
et Ie cornbat s'engagea.
--iï'mitêittil
court.
Soult s'é"brinle au même instant, se.dirige sur le.s hau-
teurs du village de Pratzen avec les divisions.des géttéraux. Vandammo
àt Siint-ttitaiie, et coupe entièrement_la droite de I'ennemi, dont tous
iJrïoi*ôrônti rtevinrdnt incertairts. Surprise par uneYoyanl marclte de fla,nc
nendant qu'elle fuyait, se croyant attaquante et se allaquee'
-"i.
èlle se reÀarde à demi battue'
;;ùi.; ltuiat s'ébranle avec sa cavalcrie I la gauclte, .commandée
oaile"ràiôcnài Lannes, marche en échelons par réginents, comme à
l,exercice. Une canonnade épouvantable s'engage- sur tgule. la. llgne;
àôii cents pièces de canon dt près de cent mille hommes hisalent un
Ëioit rffieni : c'était un véritable combat de géants. Il.n'y.avait pas
une heure qu'on se battait, et toute la gauche de I'ennemt etalt c0upee'
S;-d;;ù. rË tiôuuâit déjâ' arrivée à Àusterlitz, quartier,général des
ie',i'à*-pjt.nii. qui duient faire marcher su.r-le-ôhamp la. garde de
t;;;ilfi.-àà tiotiie, pour tâcher de rétablir Ia c,mmunication du
iJ.ii.-À'"ôrla âiuctrel Tn bataillon du 4s de.ligne fut c6argé. par la
ËàiàJ ir plriale"russe à cheval, et culbuté ; mais I'empereur.n'était.pas
5';per[ut de ce mouveme.nt; il ordonna au marécbal Bessières
l";i;, il
de se norter ari secours de sa droite'aYec ses invincibles, et bientÔt les
deur
- iardes ne furent aur mains.
Le Ëuccès pouvail, être douteux : dans uu morlent, la g.arde russe
foiËo O"eiôrË. ôotonet, artillerie, étendartls., tout fut enlevé. Le régi-
iii"t air-siind-auc Coirstantin frit écrasé; lui-mème ne dut son salut
ou'à la vi-tesse de son cheval.
''-Dr;-
h;;i;ùid'Austerlitz, les deur empereurs virent.la défaite de
toute ta Àirde rosse. Au mèrire moment, le dentre de I'armée, commandé
ffi'le-riiA;hal Bernadol,te, s'avança; frois de ses régimenl,s soulinrent
irne très belle charge de cavalerie. La gaucle, cgmf andce .par .le ma-
réchal Lannes. donna trois fois. TOutes les charges furent Ylct6rleuses.
La division dû général cafrarelli s'esl distinguée, Les dtvtstons de cur-
ùssiers se sont"emparées des batteries de I'ennemi. A une heure après
'uriAîiàïictoite
éthit décidée; elle n'avait pas êté un moment dou-
d
L'EMPIRE. 495
teuse. Pas un homme de la réserve n'avait été nécessaire et n'avait
donné nulle part. La canonnade re se soutenait qu'à notre droite. Le
corps de I'ennemi, qui avait été cerné et chassé de-toutes ses hauteurs,
se trouvait dans un-bas-fond et acculé à un lac. L'empereur s'y porti
avec vingt pièces de canon. Ce corps fut chassé de pôsition eri 'posi-
tion,. et.l'on. vit un spectacle horriù-le, tel qu'on I'ava'it vu à Aboirkir;
vingt mille. hommes-se jetant dans I'eau etie noyant dans les lacs.
Deux colonnes, chacune de quatre mille Russes, mettent bas les
armes et se rend.ent prisonniers; tout le parc de l'ennemi est pris. Les
résultats de cette jourrrée sont quarante'drapeaux russes. pa'rmi Ies-
quels les étendards de la garde impériale; ui nombre corisiàérable de
prisonniers :.l'é.tat-m.ajor le Ies con'nait pas encore tous; on avaibdéjà
la note de vingt mille; douze ou quinz'e généraur: au moins qurnze
mille Russes tués, restés sur le cha'mn de-bataille.
(Bullefin de la Grande Armée,)

EXERCICES ORAUX ET ÉCRIÎS


l. lrpltoation dee motg. - 'Wertinoen, sur la Luzam, affluent de
droite du Danube. Gùnzbourg, au cônlluent du Gûnz et du Danube.
Elchingen, rive- gauche du Dânube.
-!uent de gauche du Danube. - Néresheim,
Amstetten,
sur I'Egsa. af-
sur l'lps, âffluent de-dioite
du Danube. -
Dirnstein, rive gauehe du Danubè.
sur le Trajen,- affluent de droite-du Danube. - Saint-pælten,
Erfurth, sur la Géraj
aflluent de I'Umstrrrtl. -
sur le Wisenthal, aflluent de droité
de fa saale. - Schleitz,
Saalfeld, rive gauche de la Saale.'- Naumboura.
rive droite de- la Saale.
- Spaid,au, au confluent du Tavel et de Ii
Sprye.,
- Prentzlor{r, sur I'U'cker. Czarnowo, rive droite du Bug.
Pulstuk, rive_droite de la Narew.-' Gol11min, sur I'Ukra. Ostrô-
-
Ienka, rive gauche.de la. Narew...-- EylaQ,-3ri sud de Kænigsberg,
-
e1lre la Passarge, la Préjel et I'Alle. derrière l'Àlle.
Tilsitt, sur le Niémen. --Fricdland, -
Medina-del-Ilio-Seco, sur le Sequillo, aflluent du Douro. Baulen,
dans la Sierra-lllorena, au nord ri'lndular. - dii cap
Péniche, sur la côte portugaise. - Vimetro,
Cintia,.près
près
de Lisbonfe et du cap
Rtrca. -
lu1gos, sur I'Arlanzon, allluent de la Pisuerga. - Espinosci,
au nord- de Burgos. Tuclela, sur l'Ebre.
cette clraine au nord -de l\ladrid. - Somo-Særra,
Ciudal-R{al,
déltlé aé
enLre la GÉadiana et
-
la Sierra-Morena.
- Mëdelin, sur la Guadiana.
- Porlo, embouchure
du Douro.
- Talaueird,
Torrès-Vëdras,
sur le Tage. Ocana, nrès diAraniuez.
hauteur qui domine -Lisbonne.' L Abensltei.q. sur -
l'Âbens, affluent- du_Danubê. Landshul, sur.l'lsar. ncklmAil,
sur la rive gauche de I'Aber. - Ebersber.g, sur la Traun.-
3. 0uestionnaire. -
- Quelle est la date de la fondation0ue
Quelles sont les causes de la troisième coatition?
de I'Empire?
orénarait
-Napo.léon contre I'An.qleterre? Pourquoi son plan-éclioua'-t-il?
- -
Quèlle fut la conduite de Villenerrve? Parlez de lâ campasne de 1805.
-dateRacontez la capitulation d'Ulmr - la balaille d'Austerlitz. La
de cette bataille. traité -
termina la troisième coalition- ?
- Quel
Qui a_provoqué la quatrième coalition? En quelle année? -
Contre
qui Napoléon dirigea-t-il ses coups? - Parlèz de la campasne - de
Prusse- -
Quelle est la grande vicioire de Napoléon sur les piuésiens?
-
Racontez-la. Napoldon est-il entré à Berlin? Quel décret y a-t-il
- - -
v' 490 HISÎOIRE DE FRÀNCE.
promulgué? Pourquoi? Apprécieale. Quelles sont les vicloires
- -
- -
iemporfées sur les Russes? Quel traité Napoléon a-t-il signé avec
I'empereur Alerandre? Conditions de ce traité. La date. L'Em-
-
oire-était-il nuissant à cette éooque? Pourquoi? - -
' - chanfé en l80l?
La politiqire impériale n'ajt-ejle pas
Parlez de la canpaqne d'Espagne. - Qu'est-
Quelles
fautes commit Napoléon?
-
ce 0ue Ia capitula'tion de Baylen?
-
couiir son fièret - Napoldon-alla-t-iÏ
Commrint s'appelaii son frère?
e-n Espagne se-
Quelld v-ille en
-
Espagne a snpporté un siège héroTque?
- n'a-t-elle pas
prôntî de la dderre d'EspaÈne? - L'Autriche
N'a-t-elle pas formé la cinquième
ôoalition? -
batailles qui oïvrirent à Napoléon la
--Quelles so'nt-les
route de Yienne? Quels sont les épisodes qui ont précédé la bataille
-
de Wagram? Qu'est-ce que I'ile Lobau?
- 0ù
signé la paix? - L'empire était-il vaste à l'époque
l'Autriche a-t-elle
de Ia pair de Vienne?
-
étaient les royautés vassales de'la- France?'- N'y avait-il
-- Quellès
pas des germes de décadence? Quel mariage Napoléon a-t-il con-
-
tracté? Quelle impératrice a-t-il - répudiée?
3. Ilevoirs à réd.ifer.
- Campagne-d'Austerlitz.
- Campagne d'Iéna.
- Campagne de Wagram. - Exposer l'état de la France en 1810.

ilI
GaUPAGNES Dt RITSSTE, D'ALLEUAGNE
& Dr Fnâ.lrcr il,
(1810-1s1{) o'f , " I

rEçoN

. l. Campagne de f,ussle. guerr_e de Russie inaugura la pé-


riode des revers et des -_La
désasties. La campagne. hèureuse Bu
début, ovec les glorieux combats de SmoleàsË et'de Borodiuo,
se termina par irne lugubre retraite qui cotta la vie à troiÉ
cent mille sôldats.
l. Sirième coalition. Leipzig. - L'Europe crut la France ruinée
et elle se leva tout entière dans une siiième coalition. L'empe-
reur, vainqueur à Lutzen, à Bautzen et à Dresde, fut forcé d'éîa-
cuer I'Allemagne après le désastre de Leipzig ({813).
3. Campagne de Franoe.
admirablement défendue dans - La Fronce était envahie; elle fut
une caûrpegne méucorable signa-
lée par les combats de Saint-Dizier, Brieïn"e, La Rothière, Clinm-
p_aubert, ÀIontmirail, Château-Thierry, Vauchamps, Craonne,
Moutereau.
{. Capitulation de Paris. Abdioation ile Fontainebleau. - Mais les
victoires mêmes épuisaient la petite armée de I'empereur. Les
alliés, maîtres de la route- de Paris, assiégèrent la ôapitale, et,
après^quelques.combats, forcèrent IIIarmont à capitulèr. Nâpo-
léon fut forcé d'abdiguer. et, après avoir fait à Fontainebleau
res adiour ô gon arméo, il pÉrtil pour l'île d'Elbe.
L'EMPIRE. [97

nÉcrr
1. Gampagne de Ruseie. Les relations de la
-
France et de la Russie, devenues diffieiles après le mariage
de Nopoléon et de 1\farie-Louise, s'aigrirent de plus en plus

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lorsque I'empereur eut agrandi, por I'onnexion de le Galicie,


le grend-duché de Varsovie, lorsque le duc d'Olderrbourg,
oncle du czar, eut été spoli6 de ses Etats, enfin lorsque lo
t

408 HISTOIRE DE FRANCE.


Russie eut rompu le blocus continental. L'année tSll se
posse en préparatifs de guerre. Napoléon, eprès avoir con-
centré le long du Niémen une armée de quatre cent cinquante
mille hommes, travers& ce fleuvele 24 juin l,gtZ, etmarcha
sur Vilna. Il perdit dix-sept jours dans cette ville, négociont
avec les députés de ls diète de Varsovie qui demandaient le
rétablissement du roya.ume de Pologne. II reprit la route de
I\foscou, comptant pesser entre les deux armées russes de
Barclay de Tolly et du prince Bagration qui opéraient, I'une
dans la haute vallée de lo Dwino, I'autre dans la haute vallée
du Dniéper. Mais, malgr6 leurs défaites à Ostrowno et à
Mohilew, les généraux russes firent leur jonction. Napoléon
ne put entrer dans Smolensk qu'oprès avoir livré une grande
bataille. La prise de Moscou devait coùter plus cher encore.
Le czar avait conlié le commandement de toutes les troupes
au vieux général Kutusow, avec ordre de défendre à tout
prix les approches de la ville sainte des Russes. Kutusow
livra bataille à Borodino, sur les bords de la Moskowa. peu
de batailles ont été aussi meurtrières. Les redoutes de Boro-
dino furent prises et reprises avec un courage héroique.
Après huit heures de combat les Russes se retirèrent laissant
cinquanl,e mille morts, blessés ou prisonniers. Les Français
en avaient perdu trente mille. Ils entrèrent peu après dans
tr{oscou. I\fais la ville, incendiée par ordre du gouverneur
Rostopchine, n'offrait plus qu'un amas de ruines. Le palais
des czars, le Kremlin seul, avait été épargné.
2. T'a retraite.
- On s'annonçait
d'octobre. L'hiver précoce
était arrivê aux premiers jours
rigoureux. Auiune
ressource dans un peys ravagé, au milieu des ruines d'une
ville incendiée. Une armée, décimée par les batailles, éprouvée
par les maladies, découragée au miiieu de ces déserts glacés,
réduite au chilfre de quatre-vingt mille hommes. Il fallut
songer à la retraite. Lugubre retraite qui compte parmi les
plus tristes souvenirs de notre histoire ! Nos soldats, engourdis
par le froid, se traînaient péniblemenb dans les chomps cou-
velts de neige.
Les malades et les blessés étaient abandonnés, Ies chev&ux
manquaient pour traîner les canons. Lesretardataires étaient
tués par les cosaques, dont les bataillons agiles harcelaient
notre amière-garde. Un homme, en ces jours de revers, se
montra plus grand encore que notre infortune, ce fut Ney,
le héros de la Moskowa, Ney, qui sa,uya, I'armée p&r son
UBMPIRE. T99

hêroique dévouement. Les Français, rprès avoir culbuté les


Russes à Malo-Jaroslawetz, à Wiasma et à Krasnoi, parvin-
rent jusque sur les bords de la Bérésine. Là, un désastre plus
complet attendait Dotre armée. Des ponts avaient été con-
struits sur la rivière par les braves pontonniers du général
Eblé, qui travaillèrent péniblement au milieu des glaqons.
Une partie de I'arméc avait déjà passé lorsque les ponts se
rompirent. Lo Bérésinû engloutit uue multitude de soldats;
quinze mille hommes tombèrent au pouvoir des Russes. Les
restes de I'armée arrivèrent, après des souffrances inouies,
jusqù'à Vilna. La gueme de Russie ovait cofrté à la France
tlois cent mille hommes.
3. Causes de la sixième coaHtion (f 8{3-{8f4).
Campagae d'Allemagne. quitté son
- Napoléon avait
ormée en toute hôte, appelé à Paris par la conspiration du
général Mallet. A son arrivée, lo conspiration était déjà décou-
verte et étoulfée. Mais il dut lcver en toute hâte unenouvelle
armée pour faire face à la coalition. Prêt avant ses ennemis,
il confia la régence à 1\{arie-Louise et prit I'o{fensive en Alle-
megne. Les deux victoires de Lutzen et de Bautzen refou-
lèrent les ennemis au delà de I'Elbe et lui livrèrent la Saxe.
Il aurait probablement vaincu la coalition s'il ovait poussé
vigoureusement la guerre. Sur les conseils de I'Autriche, il
commit la faute d'accorder &ux coalisés I'armistice de
Pleiswitz. Ceux-ci ne demandaient qu'à gagner du temps
pour compléier leurs armements; I'Autriche nous trahissait;
elle prépalait la Buerre pendant qu'elle négociait la paix.
Quanrl les négociations furent rompues, Napoléon eut à lutter
contre toute I'Europe.
4, Ireipzig (r813). Napoléon frappa encore un grand
coup à
- Il gegna sur le traltre l\[oreau
la reprise des hostilités.
la bataille de Dresde, qui dura deux jours. [{ais les défaites de
ses lieutenanls compromirent sa situation dans la Saxe. En-
touré par toutes les armées de la coalition, il voulut tout,
réparer pûr ce qu'il appelait un coup de tonnerre. Il con-
centra autour de.Leipzig cent soixante-quinze mille hommes.
La coalition lui en oppose trois cent soixante mille. C'est là
que se livra pendant, trois jours la mémorable bataille que
les Allemonds ont nommée Batu,i,lle d,es nations. L'humanit6
n'avait pas vu encore une telle mùsse de soldats disciplinés
se heurter sur un même champ de bataille. La victoire cette
fois sourit à ceux qui combattaient pour leur indépendance.
\
5OO HISTOINE DE FRÀNCE
Les rôles étaient bien changés depuis les premières guenes
de la Révolution. C'est au nom de leur a{franchissement, au
nom de la patrie que les Allemands avaient pris les ermes;
c'est pour rssurer sa domination que Napoléon luttait encore.
Il fut vaincu. La bataille ne fut qu'une suite de cruelles
épreuves pour nos soldats, dont la valeur héroique aurait
encore mérité la victoire. Les Wurtembergeois etlbsSaxons,
qui combattaient dsns nos rûngs, Iirent défection et déchar-
gèrent à bout portant leurs armes sur les Français. Les mu-
nitions nous m&nquèrent; Napoléon donna le signal de Ia
retraite. Elle eùt été honorable si un ordre mal compris
n'avait fait sauter trop tôt les ponts de I'Elster. Les sol-
dats essayèrent de franchir le fleuve à la nage; Poniatowski
fut noyé. Vingt-huit mille hommes restèrent sur la rive rlu
lleuve au pouvoir des ennemis. Napoléon s'ouvrit, par Ia
victoire de lJanau, la route de France. Le sol de lapatrie
était envahi t
5. Campagne de Frauce. - Quatre armées fron-
chirent nos frontières et morchèrent sur Paris. Au nord,
Bernadottel nu sud, Wellington; sur le Rhin, Blticher; à la
trouée de Belfort, Schwartzenberg. Ces deux derniers étaient
surtout redoutables. Napoléon se chargee de les arrèter.
Bliicher, à la tête de I'armée allemande, Schwartzenbcrg,
avec les Autrichiens et les Russcs, devaient opérer leur jonc-
tion vers le plateau de Langres. Lcur plan était de marcher
sur Paris par les deux vallées parallèles de la Seine et de ls
I\'[arne. Napoléon se plaça entre les deux rivières alin d'em-
pêcher la jonction des dcux armées. Il vainquit Blùc,her à
Saint-Dizier (27 janvier), et à Brienne (29 janvier), mais ne
put I'empêcher de s'unir à Schrvartzenberg. Il attaqua les
deux armées à La Rothière, mais, après un combat trop iné-
gal, il dut se replier surTroyes et Nogcnt. Le congrès de Châ-
tillon, où les coalisés demundèrent que la France reprit ses
frontières de 1789, n'arrêta pas les hostilités. (( Je ne veux
pas, dit I'empereur, laisser le Fronce pius petite que je ne
I'ai retue. >
Les deux armées ennemies s'étaient de nouveau séparées,
L'armée de Silésie, avec Blûcher, descendait Ia l\{arne; celle
de Bohême, û.vec Schwartzenberg, suivait la Seine. Napo-
léon se jeta avec le gros de ses forces sur I'armée de Silésie,
Ia coupa en deux à Champaubert ({.0 février), culbuta deux
lieutenants de Blûcher, Sacken à Montmirail (le tt), York à
L'EM P IRE. s0!
Château-Thierry (le l2), et bottit Blûcher lui-même à Vou-
chomps (le lA). Nepoléon, &vec une merveilleuse ropidité,
pesse aiors dans le va,llée de la Seine et rejeta sur Troyes
Schwartzenberg eprès quatre victoires remportées en trois
jours, à Guignes (le f 6), à Mormant etàNangis (le l7), à
Montereau (le l8).
Jamais Napoléon ne s'était montré aussi grand capitaine
que dans cette lutte héroique où, défendant pied à pied le
sol de la patrie, il cherchaiù à suppléer par I'audace et Ia ra-
pidité cle ses m&næuvres, à I'insuffisance de ses ressources.
On le vit encore une fois se jeter sur I'armée de Silésie, la
battre à Craonne et à Reims, puis, revenont à I'armée de
Bohême, la culbuter à Arcis. Mais ces victoires même l'épui-
saient. Il était évident qu'il ne pourrait pos longtemps, &veo
la mème ormée, errêter le double flot de I'invasion, reculant
d'un côté, avançant de I'autre, grossissant toujours ! Il
congut alors un plan nouveau 1 laisser aux alliés la route de
Paris ouverte, se porter vers la haute Marne, réunir autour
de sa petite armée tous les volontaires, la garde nationale,
lcs garnisons des villes et venir aveo ces forces nouvelles
livrer batuille sous les murs de Paris.
6. Capitulation de Marmont. - Ce plan pouvait
réussir, si Paris résistait quelque temps encore à la coalition.
Paris avait les moyens de se défendre : il avait treize mille
soldats de I'armée régulière, douze mille hommes de lo
gartle nationale. 0n pouvait appeler vingt mille conscits
casernés dans les environs, et armer quatre-vingt mille ou-
vriers qui ne demandaient qu'à se battre. Les arsenauxcon-
tenaient quatre cents canons, cinq millions de cortouches,
vingt. mille fusils. Le gouvernemcnt ne sut pas, ne voulut
pas utiliser toutes ces ressources. Il se retira à Blois, Isissant
à Marmont le soin de défendre Paris. Le 30 mars, les alliés
commencèrent I'attaque. Partout nos soldats tinrent tête aux
efforts d'ennemis dix fois supérieurs. Mortier à Ia Villette,
I\[armont au plateau de Romainvillc, Moncey, oveo la garde
nationale, à Ia barrière de Clichy, les élèves de I'Ecole
polytechnique aux buttes Chaumont, les élèves de l'école
d'Alfort à Charenton, soutinrent une véritable lutte de
géants. Le lendemain l\{armont signait une capitulotion.
Napoléon n'était plus qu'à un jour de marche tle Paris, à
Fontainebleau t
7. Abdication do I'empereur. ,- Nopoléon signt
' ,i-'

5U2 EISTOIRE DE TRANCE.


une abdicetion pure et simple, les elliés n'ayant pas voulu
reconnaître les droits de son fils. Il lit à sa vieille garde,
dans lo cour du châtcau de Fontainebleau, tles adieux tou-
chants. Puis il partit avec quelques fidèles serviteurs pour
l'île d'Elbe, dont la souveraineté lui avait été concédée.
Pendant ce temps, le Sénat nommait un gouvernement
provisoire, dont lepremier acte fut de proclamer ls,déchés.nce
de Napoléon. Le 6 avril, il prépara un projet de constitution
et appela au trône Louis XVIII.

LECTURE. Désastre do la Bérésina.


-
Restaient plusieurs milliers de trainards débandés ou fugitifs. qui
avaient encore à passer, qui dans la journée le voulaienl trop, êt'le
soir venu ne le vorrlaient plus, ou du moins ne le voulaient què le len-
demain. Napoléort, avantdunné I'ordre de détruire les ponts dès la pointe
du iour, {il,'dire au Èénéral Eblé et au maréchal Victôr d'emploveitous
les moyens de hâteile passage de ces malheureux. Le généial'Eblé se
rendit lrri-même à lenrs^bivouaes, accompagné de plusieiri offtciers, et

Passage de Ia I]érÛ"rr,a.

lcs conjura de traverser la rivière, en leur afflrmant qu'on allait détruire


lcs ponts. l\lilis ce frrt en vain. Coullres à terre, sur la paille 0u srrr
des-branches d'arbres, autuur de grands lenx, dér'orant q elques mor-
celnx de cheval, ils craiEnaiclt, les utrs la lrolt qranrle atflucnee, sur-
tuut pendant la nuit, lcs autres la pcrle d'un'bivoLrac assure pollr un
bivoria,: incertain. Or. avec lc lltrid qir'il [aisait, une nuit slns ienos ni
Bans feu, c'dtait la murt. Le général Eblé {it inccn,lier plusierrrs bi-
vouacs pour réveiller ces obstinés, engourdis par le froid èt la fatigue,
I,'EMPIRE. 503
mais ce ful, sans succès. Il fallut donc voir s'écouler toute une nuit sans
que I'eristence des ponts, qui allait être si coufte, frlt utile à tant d'in-
Iortunes.
Le lendemain 99, à la pointe du jour, le général Eblé avait reQu ordre
de détruire les porits dèi sept heuies'du iratin. I\tais ce nobl'e cæur,
aussi humain qri'intrépide, n'e pouvait s'v décider. Il avait fait dispuser
d'avance sous lè tabliei Ies matières inceùdiaires, pcur qu'à la première
apparition de I'ennemi on ptrt mettre le feu, et qu'en atlendant les re-
tardataires eussent le temns de nasser. AYant encore été debout cette
nuit, qui était la sixième, 'repos,
taïdis qùe ses ponÏonniers avaient dans chaque
journée pris un peu de if était ià, s'efforqant d'aecélérer le pas-
Ëase. et'envovanï dire à côux'oui étaient en retaid su'il fallait se hâter.
Nta"is, le jourienu, il n'y alait plus à lcs stimuler,'e.t,.colvain.cus trop
tard, ils ï'étaient ûue trôp presàés. Toute[ois on défilait, mais I'ennemi
était sur les hauteuis vis-â-vis. Le général Eblé, qui, d'apLès les ordres
du quartier général, aurait dù avoir détruit les ponts à sept hrures au
plus tard, dilféra jusqu'à huit. A huit, des ordres réitérés, la vue de
I'ennemi qui approchait, tout lui faisait un devoir de ne plus perdrc un
instant. Cependant. c0mme I'artillerie du maréch,rl \tictor était là Dour
contenir IeÈ RusseÉ, il était venu se placer lui-môme à la culée des
ponts, et retenait la main de ses pontonniers, voulant sauver encore
(uelques victimes si c'était possiblè. En ce moment son âme si bonne,
quoique si rude, souflrait cruellement.
Bnfin, ayant attendu jusqu'à près de neuf heures, I'ennemi arrivant
à pas accélérés et les Donts ne Duuvant Dlug servir gu'aux Russes si
I 0n différait davantage,'il se déciàa, le cæïr navré et ên détournant les
yeux de cette scène-ailreuse, à faiie mettre Ie feu. Sur-le-champ des
forrents de fumée et de flammes enveloppèrent les deux ponts, èt les
malbeureux qui étaient dessus se précipilèienI pour n'ôtre fas entrainés
dans leur chute. Du sein rle la foule qui n'avait point eneore passé, un
cri de désespoir s'éleva tout à coup :- des pleurs-, des gestes ôonvulsifs
s'anercevaient sur l'autre rive. Des blessés. de Dauvres femmes ten-
dai'ent les bras vers leurs compatriotes, qui d'en allaient forcés, malgré
eux, de les abandonner. Les uns se jetaiênt dans I'eau, d'autres s'élân-
Qaicnt sur le pont en flammes, chairin enfin tentait un effort suprême
pour cchappei à une captivité'qui équivalait à la mort. Mais lds Co-
iaones. actùurant au ealbn. eI eirfunr:ânt lcurs lances au milieu de cette
fodle, iuôrent d'abordquetques-uns de ces ittfortunés, recueillirent les
autres, les poussèrent cbmule un lroupcau vers l'armée russe, puis bon-
dirent sur ie butin. 0n ne sail si ce Ïurent six, sept ou huit mille in-
dividus, hommes, femmes, enfants, militaires ou fugitifs, cantiniers ou
soidats de I'armée, qui restèrent ainsi dans les mains des Russes.
L'armée se retira nrolondémcnt a{fectée de ce sneetacle. et personne
n'en fut plus affeclé hue le genéreux et intrépide Eblé, quii en ilévouant
sa vieillisse au saluf de tous. nouvait se dire qu'il étalt le sattvertr de
tout ce sui n'avait pas néri oî'déposé les armds. Sur les cinquante et
qrrelques mille inrlividui armés ou désarmés qui avaicnt passé-la Béré-
rsina,-il
''ui n'y en avait pas un seul qiri ne lui dùt la vie ou la liberté, à
et à sei pontonniers. I\fais ce g'nnd service, la plupart dcs ponton-
tprs qui avâient l,ravaillé dans l'eau I'avaient déjâ-payé ou allàient le
'ter de lettr vie; et le général Eblé lui-même avait eontracté une ma-
r mortelle à laquelle il devait promptement succomber.
Tnmns, Histoire'du Consulat et de liVmpire,
50{ EISÎOIRE DE FRÂNCE.

EXERCICES ORAUX ET ÉCRIÎS

l. Erplioation des mots. Kowno, embouchure de la IVilia et du


-
Niémen. Minsk, entre la Bérésina et le Niémen. Qst1orl1no' sur
-
lf -
Loutcheza, afflubnt de la Duna. Rassasna, sur.^le Dniéper. -
Krasnoi. entîe Orcha et Smolensk .
- Kalouga' sur l'0ka. XIalo-
-
-
Jaroslauetz. sur la Lougra, au nord de Kalorrga. Weissenfels, rive
Gblberg, sur la Bober.
-
Gross-Beeren, entre
eauche de la'Saale.
Ïa Nèthe et la Sprée.- -
Denneôitz, au sud d-e Gross-Beercn. Hanau,,
-
au conlluent du^Nlayn et de Ia Kintzig.-- .La Rothière, -
rive. droite de
l;Anbe. Montrnirae'I, sur le petil lllorin.
'- - Champaubert, five
-
droite du petit Morin. Vauchamlûs' sut la route d'Epernay. -
Craonne, êntre Laon et Béry-au-Bac.
î. 0ueÉtionnaire. Causès de la campagne de Russie. Racontez
- -
Ouelles en sont les ùatailles? Parlez de Ia re-
cette camnagne.
-du passage de la Bérésina.
-
L'Europe n'a-t-elle
traite de huisie. -
oas nrofité de nos -malhedrs? - n'a-t-elle pas formé la sirième coalition?
I Oietles sont les Drincipales batailles de la campagne d'Allemagne?
fracontez la bataille de'Leipzig. - Par combien d'armées la France
-futlelle Quelles arùées combattit Napoléon?
- - Quelles
iôniies nrincipales-batàilles de cette campagne? Qui a capitulé à
envahie?

- ?Otr iVapoléon a-t-il abdiqué? --0ù s'est-il retiré


Paris? après son
abdication
-8. I
Itevoirs à rértiger.
- Campagne de Russie. - Campagne d'Àlls-
magne de t813,
- Canpagne de France de 18t4.

IV
LES CENT.JOURS. - TYATERLOO
(r815)

LEç01{

l. l,a nremièrs leetauration. - Les Bourbons revinrent une


préinierô fois en France en 1814. Louis XVIII accorda uue sego
ôônstitution, mais ne sut pas mettre d'accord sa conduite avcc
ies- plincipei_de l-a charte, !t p-ar ses fautes q,9"_oll.^1lu-11^tlliof.:
l.-n.tài"ile l'île al'Blbe. Lss-Ceut'Jours. - Napoléon prolita dea
yiriitàiiàn rcvint en France,
oênÉrele revint
""il"ii^t., gênérale,
I'irritation sinèiale, revint- tr'rance. et- le ZU
l'rônoe, et, 20 m&rs,
20.mars,
m&rs. renrra
rentra à
Paris. Pend"anb cenl jours il gouverna-encore-notre PaXS. ,
e eonliÀno nnrtitiËn S*te--rloo-
d.lep{iune ooalitidn. Wate-rloo. -. -
Il ehercha à
Il. cherchP P, t
s'attacher la'
bourge'oisie en aecordont une constitution. Mais il eut encore,i
iuftèF, avec des forcee- ins u{ff santes, contre. Ia pe.ptième 9olli-tl9'
Vuinii, e Waterloo, il abdiqua unô secontle fois; il fut envc
par les A.oeIgIt tlan:iile de,Sainle;!r_el'$tg'^o_ù_-it lTo^urut en '
'î.'ûil t-r?iier tô-t8ts. - La France était envahie par l'pl'
et amoindrie par les traités de 18t5. /
WÂTERLOO. 505

nÉur

l. Première Restauration. Louis xvlu lit son


-
entrée â.Paris,_le 3 juin t,gl&, après avoir publio ta aectara-
tion de saint-ouen, qui promettiit aux Français l;établisse-
ment d'un gouvernemeni constitutionnel. Le roi tint sa pro-
messe; il ût rédiger per ses ministres Ia charte de r.gr4,
cette charte consecraifune partie des principes de l Tgg:
elle
proclameit l'égalité de toui les Français âevont la ioi, lo
liberté individuelle, la liberté des cuites, lo liberté àe Ia
presse, l'inviolabilité des propriétés. Elle fondait
un goour.-
nement libre : le roi n'aviit que l^g pouvoir exécutif
;"r, pou-
voir législatif était con{ié à deux chàmbres : Ia chambre oes
députés, nommée. par l'élecrion, ta chambre-îà, f"i.r,
_et
nommée par le roi. Les ministres du roi étaient.rrponJuut*,
devant les deux Assemblées législatives.
0n. peut dire que la..plupart des idées des premiers
constituants étaient. réaliÀéeJ. Il
y avait cepena'aoï une
grande différence entre la constitutiôn de l?gl
et la charto
g:,{814,. La première émanait de I'Assemblée, c'est_e_Oirc
de te votonté nationale; lo seconde était octroyéô par le
bon
plaisir du roi. C'étaient deux principes absolument opposés.
La Révolution avait mis te'prinôipe du p;;;;i;-âins te
peuple, Ia Restaurstion le rêtabtit dàns Ie droit divin de la
royauté.
... fogtefgis, 10 n'est point là ce qui blessa lo bourgeoisie
libérale. Les Français -étaient, à cette époque, fatigilàs
du
imp.ériat,. ruinés par les to,igu;;-'gîe.ir, il,
9::,qiï.i9, ;
errlenr ovldes de paix et de tranquilrité, et ilJ trouvaient
dans la charte des gages sufûsants pour l'éiabtis*emànt
à'un
régime libéral. Mais le gouue"neirent ne sut pas mettre
d'occorcl so conduite avecie, principes qu'ii prortiÀ"it-àun,
la churte. Les hommes de ra Rôvorution ôt aui'e*fir" ior.nt
p.oursuivis I I'ormée surtout fut victime
d'une uuôugl. ,our-
tion. Les ofliciers furent renvoyés dans leurs foyers àn aemi
p]49; Ies emplois furent accordês aux émigres. le drapeau
tricolore,fut remplacé par le drapeau brancl la louffiirie
s rrnt& de voir les émigrés réclamer les biens nation-aux
et
leurs anciens privilèges, le clergé exig.er les registre,
de i;état
civil, la cour, enlin, prêter la Àain i eette restauration d'un
EIST. DE FB. C. COMPL. 22
5OO NISTOIRE DE TNANCE.
pessé désormois condamné. Le mésontentement fut bientôt
général.
" g. Ir"r CentJour'. Napoléon surveillait toutes les
-
fautes des Bourbons; il résolut d'en profiter. Il partit de
liile d'Elbe &vec ses compûgnoqs d'exil, quelques soldats
âÀnooOr, et ahorda près dê Cannes, dans le golfe Jouen. Il
s'engagea aussitôt dans la route des Alpes, escorté par les
puyJ*î qui grossirent partout sa petite tlorlPe' A Grenoble,
i, i* a* lignè, commandé par le colonel Labédoyère, se joi-
gnit à lui. A Lyon, la garde nationale I'accueillit &vec en-
ihousiasme; à Àuxe*e, le maréchal Ney,. avec son armée, ne
put rOsister i I'alfection qu'il avait pour I'empereur et marcha
avec lui. Le 20 mars 1815, Napoléon entrait aux Tuileries.
iouis XVIII, surpris par cette révolution si spontanée et si
rapide, avaii quitié Ia veille sa capitale. NaPoléon allait gou-
verner'la France jusqu'au 22 juin {8t5' C'est se qu'on op-
pelle la période des Cent-Jours.
' Napolôon avait dit en abdiquant à Fontainebleau : < Ce
n'est pas la coalition des souverains qui m'&bat, ce sont les
idées libérales. D Remont6 sur le trône, il voulu[ faire des
concessions à I'esprit libérnl. Ilpublia une charte connue
. sous ce nom : actà additionnel, auæ constittttions de l"Empire;
et, il appela aux aifaires des hommes qu'il avait toujours
tenus
à l'écàit, tels que Carnot et Benjamin Constant'
3. Slâterlôo. - Mais le danger de I'Empire ne venait
pas de I'intérieur. L'Europe s'était.émue à la nouvelle de la
ônot. des Bourbons et une nouvelle coalition, la septième,
se forma contre nous. La grande bataille de Waterloo allait
décider du sort de I'EmPire.
Napoléon {i[ ses préparatifs &vec son activitê ordinaire. Il
s'uuunç* en Belgiqùe ivec cent cinquante millehommes qu'il
devait ôpporer e aèu* cent cinquante mille Anglais et Prus-
sicns, cômmandés par'Wellington et Blùcher. Les premiers
combats furent heureux. Le {6 juin, Ney remporta unsuccès
sur Wellington, à I'attaque des Qustre-Bras. Le même jo-ur,
I'empereur] maigré la tràhison de Bourmonl, battait -Blùcher
à Flôurus ét e figny. Il donna I'ordre à Grouchy de pour-
suivre Blticher, et lui-même, allant opérer su jonetion avec
Ney, attaqua'Wellington. Celui-ci s'était p-osté avec quatre-
vingraix mitte hommes sur Ie plateau du x{ont-saint-Jean,
adoîsé à la forêt de Soignes. II défendait la route de Bruxelles.
Il compreneit toute I'importance de eette position et il résolut
waTEnL0o. 607
de la défendre ù tout prix. Le d,uc de fer, comme on I'appe-
lait, avait ce sang-froid, cette ténscit6 britannique qui, dans
ces situations critiques, sont les plus précieuses qualités d'un
général.
Reille commençe I'otteque, à midi, au château d'tlougou-
mont, qu'il assiégea vainement pendant quatre heures. Pen-
dant ce temps, Napoléon faisait foudroyer le Mont-Saint-Jesn
des hauteurs de Belle-Alliance et lanqait Ney à I'assaut des
positions anglaises. A cinq heures les Anglais commençaient
à plier; on pouva,it compter sur la victoire. C'est alors qu'a,r-
rivèreut trente mille Prussiens, commandés por Bulow, que
Grouchy avait laissé pesser. Une partie de nos troupes dut
faire face à cet ennemi nouveau; Wellington reprit cour&go.

Bataille de Walcrloo.

Cependant les magni{ïques charges de la garde impériale


{irent fléohir les Anglais sur le Mont-Saint-Jean. Il était sept
heures; Wellington moyait la journée perdue et ne songeait
plus qu'à mourir. IIais une ncuvelle armée prussienne com-
mandée par Blùcher arrive sur le champ de bataille. Nos
soldats, épuisés par une lutte héroique commencaient à fléchir.
Seule la garde impériale, immobile, résiste toujours, décimée,
meurtrie, écrasée. La nuit est survenue. Un seul carré est
encore debout; tambronne le commande. Sommé de se
rendre, il ne répond que par la légendaire parole : < La garde
meurt et ne se rend pas. > Nlais notre armée était en pleine
déroute. Vingt-cinq millc cacluvres francais couvraient lo
plaine de Woterloo.
$08 BISTOIRE DE SRÀNCB.
4. Sainte-Eétène. - L'Empire était vaincu. Napoléon
avrit voulu mourir au milieu de ses soldats. Revenu àParis,
il comprit que son rôle était fini et il abdiqua au prolit de
son fiis. Cette abdication ne fut pes reconnue. Craignant
d'être livré à ses ennemis, il partit pour Rochefort, et, fai-
sant appel à I'hospitalité britannique, il se rendit à bord du
Belterôphon Déclaré prisonnier de guerre,'il fut conduit à
Sainte-Hélène, au milieu de I'océan Atlantique, sous un siel
brtlant. II devait y mourir six ans après, tué par Ie climat,
dans la triste résidence de Longwood (5 mai t82{).
Les olliés, oprès leur victoire, avaient marché sur Ps'ris'
Le 6 juillet, ili entraient dans la copitale; le 8, Louis XVIII
remontait sur le trône.
5. IJes traitée de 1815. - L'Empire, en tombant,lais-
sait la France dans une triste situation. Il fallait pÛYeI un
milliard oux alliés; entretenir sur notre territoire une armée
d'occupetion de cent cinquante mille étrangers. Les traités
de l8[U, qui ont établi la situation territoriale -et-politique
ile I'Eurôpè après les guerres de la Révolution et de I'Empire,
sont le résul-tat des-ileuæ traités il,e Paris et du congrès ile
Vienne.
Per le premi,er traitëd,e Paris (30 mai lSf 4) la F'rance de-
vait rentier dans ses limites d,e Li92; le secondtraùté de Parùs
(20 novembre {815) oggravait enco-re ces dures conditions et
iaissait la Franoe plus petite qu'elle ne l'était sous la mo-
nerchie, avant t789.
Les alliés ouvraient nos frontières à des invasions nou-
velles, vers la trouée des Ardennes où nous pe-rdions Philip-
pevi[; et l\[arienboutg; vers les Vosg.es, où le. cours de la
'S"rre
n'était ptus protlgé par Sarrelouis et Landau I vers la
trouée de Belfortl où les fortili.cations d'Iluningue étaient
tasées ; vers les Alpes, où nous perdions la Savoie et le comté
de Nice.
La France éteit slfaiblie par ses pertes, elle l'était aussi
per la réorgenisation de I'Europe. Lo Belgique et lallollantle,
'réunies,
firmaient le royaume des Pays-Basl la Prusse
devenait une puissante monarchie; I'Autriche repren_ait son
influence en ltàlie; la Russie devenait maîtresse de I'Orient;
I'Angleterre dominait Ies mers par s0 marine et ses immenses
colonies.
6. Appréciation. Napoléon aurait pu dire' comme
Louis Xii' : a J'ai trop -aimé le guerre I n En elfet, c'est son
wÀTERt0o. 609
orgueil qui I'avait perdu et qui avait ruiné la France. Il ne
sut ni s'arrêter à temps, ni imposer un frein à son ambition.
Il avait été entraîné vers I'abîme, oveuglé par le prestige de
sa gloire et trompé par les séductions de ce détestable con-
seiller qui s'appelle le pouvoir absolu. Le guerre d'Espagne
et la campagne de Russie avaient été une grande faute poli-
tique et militaire. Et voilà pourquoi cet homme si remar-
quable, le plus grand capitaine que I'histoire ait connu,
{inissait par la défaite ei par la ruine.
Mais la France aussi était coupable. Pendant quinze ans
elle avait été charmée par le maître de I'Europe; et elle
n'avait voulu connaître d'autre loi que la volonté de I'em-
pereur. Puisse-t-elle ne pas oublier que le dictature d'un
homme, fùt-il un homme de génie, Iinit toujours par ètre
fatale au peuple qui la subit I L'Angleterre n'avoit eu ni un
Louis XIV ni un Napoléon I mais, pour n'avoir jamais perdu
I'amour et le souci de ses libertés publiques, elle sortait vic-
torieuse d'une lutte qui avoit accablé notre pays t

LECTURE. L.'Europe en 1815 et I'Europe oontempotaine,


-
La situation territoriale et politique de I'Europe, telle que les deur
'1815,
traités de Paris I'avaient établÏe en a été niodiliée pai les événe-
ments contemporains.
Lo La, Frdnce possède en plus Id comté de Nice et la Savoie (Alpes-
Itlaritimes, HautejSavoie et Savoie), eédés par I'Italie en 1860. tÏais
après la funeste guerre de 1870, elle a perdu l'Alsace et la plus grande
pàrtie tle la Lorraine (Haut-Rhin, Bas-Rhin, arrondissement de Metz,
.L'EspaqneThionville, Château-Salins eI Sarrebourg).
Sarregnemines,
2o et le Portuqal conservent en BuroDe le même terri-
toire. nraid ili ont perdu teuri riches colonics d'Améfique.
3o'L'ltalie était,- en 1815, divisée en un grand nombre d'Etats : au
nord, le rovaume de Sardaigne et le royaùme lombard-vénitien, qui
était'sous lh dépendance de iiAutriche; ail centre, la Toscane.avec ies
Etats de I'Eglisè; au sud, le royaume'de Naples. Aujourd'hui, I'Italie
est un royaume uni avec Rome Dour capitale.
4o L'Allemaone êIait une corifédératibn de trente-neuf Etats souve-
rains, gouverniiô par une diète qui siégeait à Francfort sous la prési-
dencti ri'e I'Autriche. Cette conlétiératioù a cessé d'exister en t866. Au-
iourtl'hui, l'Âllcmagne est un emDire fédératif comprenant les royaumes
de Prusse, de Saxe-, de Davière,'de Vurtemberg, èt un certain iombre
de grands-duchés, de duchés et de principautés. Le roi de Prusse est
en mème temDs emDereut d'Allemagne.
5o L'Autriàâe, eiclue de I'Allemàgne, forme un empire particulier
sous le nom d'empire austro-bongrois. Elle a perdu toutes ses posses-
sions en ltalie.
6o PaIs-Bas. La Belgique et Ia llollande, réunies en 1815, for-
-
maient lè royaume des Pays-itas. Bn 1830, ces deur Etats se sont sé-
5r0 EISTO1RE DE FRÀNCE.
parés, et, depuis cette époque, ils se sont constitués en deur royaumes
indénendants.
7o'Les Etats scandinaues (Norvège, Suède et Danemark) ont la
nême situation nolitique qu'en {8t5. Toutefois le Danemark a perdu
Ies deur provincès du Sleswig et du llolstein, qui lui ont été raviris par
la Prusse.
8o Rrusie.
- La Russie s'est agrandie du côté de I'Asie; sa situation
territoriale en Europe n'a pas changé.
9o Turouie. Turquie a renoncé en t830 à sa domination sur
- Laaprès
les Grecs.'Ceur-ci, ùne lutte héroïque, ont fait reconnaitre leur
indépendance et ont fôrmé le rogaume dà Grèce.
Eùfrn la Turquie, après une sanglante guerre contre la Russie, a dri
reeonnaltre l'indépendance de la Bulgarie.
l.0o Anllletene. en raison de sa position insulaire,
- L'Angleterre,
n'a pas môdifié sa situation territoriale; mais elle a développé son em-
pire colonial, surtout daus I'Hindoustan et dans I'Australie.'
- Notre patrie, vaincue et humiliée en 1815, avait vu sa prospérité re-
naitre et'son iirlluence grandir dans les cons'eils de l'Europe. En l8lO,
elle a subi de nouvelles défaites et une nouvelle invasion. Elle se relève
encore une fois de ses désastres; et, si elle continue à être laborieusc,
économe, respectueuse de la loi, amie des progrès sages et réguliers,
attfthée à sei libertés, elle reprendra Ie cours de ses anciennes et glo-
rieuses destinées.

EXERCICES ONÀUX ET ÉCRITS

l. Erptioation des nots. - Waares, sur la Dyle. - Les Quatrc-


Bras, sur la route de Charleroi à Brnrelles.
- Ligny,
Waterlno, Brabant méridional, t9 kilomètres
près de Fleurus.
de Bnrxelles.
- ll 0uestionnaire. que la première Restauration?
- Qu'est-ce
A-t-elle duré lonstemDs? Louis XVIII a:t-il accordé une charte? -
Quelles fautes coùmitjil?
- Napoléon revint-il de I'ile d'Elbe?
-
Quand
eit-il
rentré aux Tuileries?- -
Qu'est-ce que la période des Cent-Jours?
-
Racontez la bataille de \Materloo. Quelles en furent les consé-
-
quences? -
Napoléon a-t-il abdiqué une seconde fois? Oir les An-
- -
flais I'ont-ils exilé? - Quand est-il mortl - Quelle était la situation
iie la France en t8l5? Parlez des traités de t815.
3. Ilevoir à rédiger. -- Exposer Ia campagne de Waterloo et apprô-
cier les traités de t815.

ff
f;:
CHAPITRE XV
tA FRilICE C0llTEtlP0RIltlE
(Do 1815 ù uor joun)

I
1.A RESTAT'NÂTION ET LA RÉVOLI'TION
Dt 18go

LEqON

l. La seooude Bestauration. Louig IVIil. - Louis XVIII (1815-


fsi.ft vii la nremière annêe de son règne signalée par une vio-
lenté rOactioï royaliste dont le maréihal Ney fut une des vic-
times.
--î.-
- Les ministres Richelieu et
Uini.tUres Biohelieu et lteoazes.
necaies suivirent une politique plus libérale. Le territoire fut
- g. par lesrle
évacué alliés.
Uais, après I'assassinat du duc de
ilifisti're Villèle.
nerrv. ii réaction fut plus- vive conlre les idées de t789; I\I. de
Villè"lé fut Ie principal-uinistre de cette époque.
4. Charles X-. Charles X (1824-t830) accorda toute sa conflance
-
aui uitra-royalistes, qui votèrent des lois irnpopulaires telles que
la loi sur le"droit d'aînesse'
5. Les orilonnanoes. La révolution de 1830' - Le roi, après avoir
suivi trop peu de temps les conseils libéraux du minislre lllar-
[isoac. iôpiit la lutte èontre la révolution. ll prit pour rlrinistre
pitiEnac ôt fit paraître les ordonnances, qui arnenprcnt la révo-
lutirin de 1830 êt la chute définitive <ies Bourbons.

NACIT

l. Règne de l-rouis X\IIII (tBl5-1824). 1.En re-


montent Jur le trône, Louis XVIII voulut r&ssurer I'opinion
publique. <t J'&ccours, disait-il, dull se proolûmetion ile
'Cambrai,
pour adoucir les maux que i'aureis voulu prél'enir;
Dour me pl&cer une seconde fois entre les armées alliées et
Îes Françâis. C'est la seule manière dont j'ai voulu prendre
pert à lo guerre. Je prétends eiouter à la charte toutes les
-garanties
qui peuveni en assurer le bienfait. 0n a parlé du
6tt
6',2 HISTOIRE DE trNANTE.
rétablissement de lo dîme et des droits féodaux. Cette fable
n'a pas besoin d'être réfutée. Si les acquéreurs des biens na-
tionaux ont congu des inquiétudes,la charte aurait dt suftre
pour les rtrssurer. > Louis XVIII était sincère en faisant ces
promesses à la nation; il ne se montra ps.s ossez énergique
pour les faire exécuter par ses ministres.
La situation était difûcile. Les étrangers occup&ient Ie
territoire; les Anglais dans le nord, les Prussiens dans
I'ouest, les Autrichiens au centre et au midi, les Russes
à I'est.
A Poris, les soldats campaient sur les places publiques;
ils étaient logés et nourris chez les habitants. Bliicher et le
gouverneur de la ville, le général Muffling, se montraient
insatiables dans leurs exigences et arrogants dans leur haine.
Ils donnaient I'ordre de faire feu sur quiconque braverait un
soldat môme du regard. Ils voulurent faire sauter le pont
d'Iéna et le pont d'Austerlitz. Ils pillèrent nos musées et im-
posèrent à Paris une contribution de cent mi'llions, payable
en huit jours.

2. T.a Terreur blanche. Les royalistcs, irrités de


-
ces malheurs, en rcndaient responsables les hommes de la
Révolution et de I'Errpice. Une violcnte rérction éclata. Le
gouvernement ne fit rien pour I'amôter. Dans le l\[idi, les
ûa RESTAURATIoN. 5{3
passions politiques et religieuses s'étaient déchaînées. A Avi-
gnon) le maréchal Brune, à Toulouse, le général Ramel, à
Nîmes, Ie général Lagarde, furent égorgés ptr une populace
féroce. Des baniles ile brigands, les verdets, tles hommes
odieux, comme Truphémy et Trestaillon, se rendaient triste-
ment célèbres par d'épouvantables excès. Les ministres du
roi étaient impuissants à réprimer de pareilles fureurs.
Aussi bien le gouyernement n'avait pas donné tout d'abord
I'exer.nple de la modération. Malgré une ordonnance d'&m-
nistie, la plupart des hommes compromis dans les Cent-Jours
avaient été poursuivis. Le colonel Labédoyère, malgré so
jeunesse, I'oncien directeur des postes, Lavalette, le brave
Mouton-Duvernet et le maréchal Ney, la gloire de nos ar-
mées, furent anêtés, jugés et condamnés à mort. Dans les
départements, les victimes furent nombreuses. Le général
Chartran fut exécuté à Lille; les tleux frères Faucher furent
fusillés à Bordeaux. Le général Bonnsire, dégradé, mourut
en prison.
Les élecl,ions qui se ûrent au milieu de ces passions don-
nèrent une forte majorité aux ultro-royalistes. Louis XVIII'
dans se joie, appela la Chambre de l815 la Chambre introu'
aable. Ce ncm, I'histoire I'a conservê. La Chambre vota les
établissements des cours prévôtales, composées d'un grand
prévôt militaire et de cinq juges civils qui jugeoient sur
I'heure et sans appel. Les violences de la réection furent
telles que les libéraux oppelèrent I'année l8l $ I'année de lo
terreur blanche,
3. ùIinistère du d.uc de Richelieu. - Le roi voyait
<t Je veux être Ie roi de tout
avec peine ces coupables excès.
mon peuple et non I'instrument d'une classe de mes sujets. >
Le ministère, dont le duc de Richelieu était le chef, était
composé de royalistes modérés. Le gouvernement résolut de
dissoudre la Chambre.
Les élections donnèrent raison à la politique du ministère'
La Chambre nouvelle montra ses dispositions libérales en
eppelant à sa présidence un royaliste d'une modération
éprouvée et d'une gre.nde élévation de caractère, M. de
Serres. Elle se fit remarquer par trois actes célèbres : Ia loi
électorale de t8{7, la loi de {818 sur le recrutement de
I'ormêe, et I'évacuation du territoire frangais par les troupes
alliées.
La loi électorele fut présentée par Lainé, ministre de I'in-
22'
4.
STI HISTOInE DE FnANcE.
térieur. Les éligibles deveient peyer t 000 francs de contri-
burions et avoir quarante ans d'âge; les électeurs devaient
avoir trente &ns et payer 300 francs de contributions. Les
députés étaient directement élus dans un seul collège per
département. Cette loi donnait I'in{luence politique oux elasses
moyeûnes.
La loi du recrutement de I'armée fut présentée par le ma-
réchal Gouvion-Saint-Cyr, ministre de la guerre. Elle réta-
blissait la conscription militaire par le tirage au sort de tous
les jeunes gens ayant accompli leur vingtième onnée; per-
mettsit lo substitution des numéros, le remplacement ainsi
que les engegements volontaires, Iixait à six ans le service
militaire et réglait les conditions de I'avancement. Cette loi
est restée la base de notre système militaire jusqu'à le, loi
qui a établi le service obligetoire.
Enlin l'évacuetion prr les troupes étrangères fut habile-
ment négociée par le duc de Richelieu. Celui-ci prolita de
I'amitié que le czsr avait pour lui; a.ux conférences d'Aix-
la-Chapelle, il suivit avec succès les patriotiques instruc-
tions que le roi lui avait envoyées : < Faites tous les sacrifices
pour obtenir l'évacuation du teuitoire; obtenez les meil-
leures conditions. Mais à tout prix pas d'étrangers ! > Aus-
sitôt le troité d'évacuation signé, Louis XVIII émivit à son
ministre : < J'ai &ssez vécu, puisque j'ai vu la France libre,
et Ie drapeau frongais flotter sur toul,es les villes rle
France. l
4. Ministère Decau es. Après les conférences d'Aix-
-
la-Chapelle, le duc de Richelieu, malgr6 I'insistance du roi,
se retira des afÏ'aires. La Chambre, reconnaissante, lui evait
voté un majorat de 50 000 livres de rente dont il fi.t donation
ù I'hôpital de Bordeeux. Decezes compose un nouve&u mi-
nistère dont la présidence fut déf1rée au général Des-
solles (tBl8). Le ministère Decazes-Dessolles fut un minis-
tère de conciliation et de progrès. Il jugea que le moment
était venu de supprimer les lois d'exception et il présenta
de nouvelles lois sur la liberté de la presse et la liberté in-
dividuelle. Malheureusement il fut attaqué par les partis
extrêmes. Aux élections de 1819, le mot d'ordre était:
Plutôt d,es jacobùns que d,es ministériels. C'est ainsi que les
électeurs firent nommer l'évêque constitutionnel de Blois,
Grégoire.
6. AesaselDat du d,uc de Berry (l3 février | 820).
tÀ RESTAURÀTION. 5I5
o{freux événement précipito la chute du
ministère et
- Un po", q"rfqorî.*pr' te p'rogrès des idées libéralcs. Le
l3 février 1820, f. aot dt Berry Iut assassinécepar.Louvel'
à
".rOjo
*ime contre
i" p;;æ;--t;opéra. 0n exploitdl'hot*eot depoignard.q1j
le libéralisme et contre Ie^ministère' <t Le lPé
dtf l\odler'
le duc d.e Bemy est une idée libérale, > ovait les prières
malgré
Decezes donna sa JÀmission le 20 février,
il;i, qui *t séparait e'Yeo regret-des hommes qui ovaient
sa con{iance. II ili"irt titie de cluc eto Lit I'ambassade de
Lotât.". Les partis iurent cruels pour lui' piedlt disait
glissé dani le song' u Sa retraite lais-
Chateaubriand, tuf ont
le champ Ub;^ï Ï"ïO-.tiàr..Le dîc de Richelieu fut
sait
chargé de composer un nouveau ministère'
6. Second. minietère d'u d'uc de Richelieu
(fé-
le minis-
peine cons'titué'
o.iË, iszo-aOcemnrelazll. - A
ierË-prOr."to des iois *e*t*ictives tlô la liberté
individuelle et
la presse; puls' pour donner I'in{luence à
d.e la liberté de
loi élec-
iu.irto..*iie, il soum'ii e ru Chambre une nouYelle
deuxcollèges
il;Ë;ait. rl toi Ju aouoteaote. E[e érablissait
électoraux t trt tJiègà* d'ut*ondissement, composés d'élec-
de 300 { 000 francs de contributions' et
i les
;;;;;p"ytnt
;;[èdt de départlment, formés à 1.000 francs de contribu-
iionrl Les élecîions faitei sous I'empire de cette loi donnèreni
la même
aux ultra-royalisæs une g'unde maiorité' Enlin' Ie cluc deBor'
année, la duchess;lt B;;y mettait Ju montte
â.ur*, comte de Chambord' Cette naissance parut
un gtge
d'uvenir et de force pour la dynastie'
de la modération
Cenendant t*, ottiu-.oyalisies s'irritaient
o.riiiT*iË';ft;; àe Richelieu. Leurs chefs, de villèle et
"dïbd;;i'utio[ouiÀr avec passion. D'aurre parr les libé-
r&ux, avec Ie ge"Ë.ui roy, Bônjamin Constani' Royer-Col-
et de Barante'
ae È.ogtie, et les doctrinairês, avec Guizot
i;td,'
ï.tota*t leur appui à un ministère qui avait
ne voulaient pas
i:"it ,rri"., qïAq*. toi. O'.*..ption. Tous ces partis s'al-
lièrentpooroot..,àl'ouverturede-iasessiondetS2l'une
etlressehostileau',abinet.LeducdeRicirelieuseretira(dé-
cembre l82f ).
"";:
mioiJte"" de Villèle (182r-1828J' M' de
Les royalistes
Villèle devint Ie chef du nouveau ministère'
de { 8t 5 reprirent t,looutt"ement de la France' Louis XVIII
de la
allait assister, ottriité mais impuissant' a-ux.eff.9rt1les mi-
réaotion. o lt *;un"ole comptètement, D disait-il;
616 NISÎOINE DE FRÀNCE.
nistres n'étaient, à vrai dire, que les minisrres du comte
d'Artois.
- L9. royalistes s'appuyèrent sur le clergé. cette association
des intérêts religieux et des intérêts politiques donna--nais-
sance à la- congrégation. L'Institut -de Jôsus, que pie vII
avait rétabli en {8i4, reparut en t'rance. Les jéËuites, sors
le nom de Pères de la foi, exercèl:nt une grunde in{luence.
cette intervention.de
!a religion dans la pùtique fut préju-
diciable aux intérêts du gouvernement ef ae to religi.on elle-
même..D'autre part, la révolution opposait ro goouË.nement
ses sociétés seuètes, dont la plus fàmeu*e, célle des curbo-
nari, étendait ses ramifications sur ra France entière. Leur
action.se révéla par de nombreux complots (deBelfort, du
colonelcaron, de
PuyT"T, des quatre sergentsde Lu Rochélle,
du général Berton). L'opinion publique était surexcitée pnr
les procès et les exécutions. Le Àinistère résista uoæ uigurur.
Les procès de-presse furent enrevés au jury; une loi si,iciale
fut v.otée sur la police des journaux et âes'fiures. Les'cours
publics furent rigoureusement surveillés : celui de Guizot
à
la Sorbonne fut suspendu.
8. rntervention en Espagne. Les roynristesfirent
triompher leirr politique. Ils iorérent -I\{. de viitete à inter-
venir en Espagne pour soutenir Ferdinand vII contre ses
su.iets. Les débats à la chambre relativement aux allaires
d'Espagne furent très orageux. un des orateurs les plus élo-
quenbs de I'opposition,_l\{anuel, fut expulsé de la Ciamlre,
les gendarmes vinrent le saisir sur son banc et I'entruioorrnt
hors de I'assemblée.
Cependant l'expédition fut résolue; le comm',ndement
^ conlié au duc en
lut d'Angoulème. Les f,'rançais, accueillis avcc
sympat,hie..par les. p_o-pulations royalistej,le'l'Espagne,
en_
trèrent facilement à nladrid. Le seùl épisode impôrtini de la
guerrc fut le bombardement de carlix et la prisô du fort
du
?rocadéro qui-défendait l'entrée de cette vilre. Le gÀo;r*.-
ment.libéral d'EspagneJut renversé, sr constitutio,i frrt ,up-
primée et Ferdinand vII, grâce à notre appui, rétablit son
absolutisme.
9. Mort deLrouisXVrII (tg21r,). Depuis quelques
-
années, Louis XVIII, découragé et malade, nË .égnait
Ëil;
que de nom. Prince s&ge, d'un esprit éclairé, d'un".ururièr,
modéré, nullementfanatique, il aurair voulu jouer le rôle
de
conciliateur et appliquer -sincèrement le régime ..proruo-

\*.t
tA RESTAURÂTION. 617
totif. Mais il aimait trop sa tranquillité pour prendreuneini-
tiative couregeuse, il était trop iaible pou, fouitr, -un
frein
au dévouementimprudent de ses amis.'Il ne go"urr;u
pu,
Bssez' il laisss faire. II prévoyait cependanI reJrosuiiats
oo-
plorables de cet,te réaction à oïtranc'e.
il fit venir près de son lit le duc de ABordùu"
ses dernie.s instanrs,
*iàiïo,unu
:
voix éque Oue Charles X ménage la couronne de cet
enfant t > Il mourut le t6 septembrà lgZa, à soixante_neuf
Bns.
10. Charles-X ({S24-i830). Le comte d,Artois,
frère de Louis xvl et'de Louis lvm, monto ,o,
fâge de soixante-sept ans; il prit-re titre de char.les r
ru t.one
Son avènement fut ina.q,ré par quelqur,
x.
,ug., rnu-"rà*. ff
It_,0-uyirJes.prisons, al-otit iu ,.nroru et promit de main-
ren* rfl. charte. son entrée à paris excita ùn véritable
en-
rn0usrasme.
Toutefois les ribéraux et les royaristes modérés
ne furent
pas
.se!:. inq'iétude. Les un, ,Ë rappelaient t" t,"inà au
Lr révoturion; lei-aurres n,avaienr pas
::.T,t?
oullle 1._O,llr:1- lour
qu rl avait provoqué ra chute des ministères Decazes
ef
licngl1.q1, Qu'ilàvaft inspiré les lois i*popoiui* ao ,ni_
nistèrevittèle er qu'enfin it-etait le chef
la Congrég.ation. "e'riiini.-àïp*îtia,
ll. Maintien du ministère Villèle. _ Le nouveûu
règne n'avait inouguré une politique nouurrtr. ùiretu
conservait -pas
la direction des arfaires'. Au debut
de ra session
dejanvier {825' re ministère présenta trois projets-dà
qui émurent vi'ement |opiniàn pubriquu,'{i" naiànue loi
d,'un mill;iard auæ émigrës; z" totd,u'sa*ilège;3o
Riëtabrisse-
ment d,es congiëgations reltgteuses.
La première de ces tôis fut vivement attaquée par Ia
qu'elle remeuair en quesrion tour iu puiJ,
*:îlr,fllr-r
par lr qrorte comme eonsacrant régarement .r
une sp-oriation.
Elle fu^t adoptée et on"*éa trente *iriioo, a,
-cependant
rentes I o/o.
La loi d,u sacrilëge punissait de mort ra profanation
des
objets sa*és et le v-or âans res édiricis rerigieux.
eile iù *t-
taquée, au nom de la tolér&nce, par Royer_Collard qui
nro_
longa en cette circonstance un dè ses prus beaux discoirrs.
La_loi.fut votée, mais ne fut;amais aipliquée.
La loi des communautés ietigieuËeï fut amendée par
Ia
Chambre des pairs gui décido
Ë;;*ï.i-;r;Ë;;;"oïou
618 gT$1OIRE DE FRANCE.

simple ordonnance pourreit autoriser un nouvel ordre reli-


gieux,
" L'&nnée 1825 fut encore marquée par les cérémonies du
seÛe royôI àReims qui rappelèrent à une population disp.osée
ù la railierie et au sleptiCisme les institutions du passé; et
far les funérailles du général Foy, qui révélèrent à Paris
i'ardeur des convictions libérales.
12. Puieeance d.e Ia Congrégation' - Le parti
religieux, maître du gouvernement, luttait contrs les idées
libéiales ovec plus de zèle que de prudence. Il montra toute
sa puissance dàns la célébratiog du jubilé de { 826 qui a{fecta
tro! souvent un cer&ctère p.o_litique. L'Université suspecte
était violemment attaquée; I'Ecole normale fut supprimée et
M. de Frayssinous livrait I'éducation de la ieunesse. aux
jésuites. Les catholiques sincères Jurent les_premiers. à.déplo-
ier cette intervention de I'Eglise dans les affaires religieuses.
13. Affranchissement de la Grèce' - Ce fut ce-
pendent le ministère villèle qui devait favoriser I'afranchis-
iement du pcuple grec. Depuis l82t,les Grecs résistaient
avec héroisme cbntré les Tuics, dont ils voulaient se rendre
inAOproaonts. Leurcause avaiI excité les sympalhies de I'Eu-
rope'chrétienne. A la nouvelle que la Russie allait intervenir
lr,r. faveur, I'Angleterre et la France se lflpprochèrent
"n
pouf ne pe$ leisser à une seule puissance I'honneur el,le
iro{it de lïintervention. Les trois nations signèrent le traité
àe Londres. Elles offrirent leur médiation au sultan Mah-
moud. et envoyèrent leurs flottes clons les eaux de la Grèce.
La flotte turque fut détruite et ruinée dans la rade de Na-
vorin (6 octobre 182?). cette victoire ossura I'indépendonce
de Io Grèce, et fut aceueillie svec enthousiasme par la France
libérale.
14. Chute du pinist$ie VillèIe' - Lo victoire de
Navarin ne prolita pes eu ministère villèle. Les élections
de t827 donnèrent une majorité hostile. Le chef des roya-
listes libéraux, Royer-Collard, futnommé dans sepi collè8es,
tandis que de'Peyionnet, un des ministres, échu-uaitdansles
aàux coiteges où il se présentait. M. de Villèle fut forcé de
donner sa démission.-
15. Ministère dè Martignac (rS28-r829)' - Le
du nonve&u cobinet, M. de Martignac, avocat de Bcr-
chef
deaux, avait toujours manifesté le désir deconcilierles insti-
tutioni libérales avee les droits de le monarchie. Son avène-
tA RESTAURATION. TI9
ment fut accueilli avec_faveur par I'opinion publique. on fut
heureusement étonné du discours de-Charlei X, qui, à I'ou_
verture des chambres, recommando le développement de
I'instruction primoire, le respect des libertés natiùales et fit
l'é1oge de la victoire de Navorin. Les lois présentées par le
ministère montrèrent ses tendances ribéralei. Les listes'élec-
torales ne furent plus à lo merci des préfets I Io censure pour
les journaux fut ebolie. Deux ordonnances enlevèrent aux
évêques, pour-les soumettre à la surveillance de I'université,
toutes les écoles secondaires eccrésiastiques et interdirent
I'enseiglement à toute personne appurtenant à un ordre non
autorisé. villemain, cousin et Guizôt reprirent leurs cours à
la Sorbonne.
Mais les discussions_ qui s'engagèrent à la Chombre, à
I'occasion de ces lois, révôlèrent Ë fâiblesse du ministère. l,a
gauche ne les trouvait prs essez libérales, la droite restait
attachée à la politiquede M. de Villèle. dn {829, .*, dro*
pl.tt! extrômes se coalisèrent et votèrent contre le ministère.
M.--.lu Martignac comprit que sr disgrâce était prochaine.
< Nous morchons à l,ànarchie, > dit_=il triste.nent. Le roi
aurait drl soutenir vigoureusement une politique qui récon-
ciliaii la monarchie avec la liberté. En réalité,"il la subissait
avec impatience. Le I aorit lg2g, le Moniteur annongait la
formation d'un nouveau ministère dont le chef était le prince
Ig-l-.r de Polignac et dont les principaux membres éiaient
MM. de La Bourdonneye à i'intérieur, de Chabrol aux
finances, de Bourmont à la guerre.
. 16. IVlinistère lofignac (août f g2g). - L'impression
' produite dans le public par I'ovènement d'e ce ministère fut
pénible. Les journaux dè I'opposition ne maignaient pas de
dire que le nom de Polignac-rappelait r'émigËtion, rËroi d*
Bourmont, 'Waterloo, ef celui a-e'l,a Bourdoùayr, i" terreur
blanche. Le mécontentement fut tel dans les déplrtemànts,
qu'à Grenoble et en Bretogne des associations se formèrent
pour refuser le paiement de I'impôt.
17. r-r'adresse des 22r. A l'ouverture de la session
législotive, le roi prononga. un -- discours plein de mrrru.r,
contre les libertés publiques. a si d-e coupables ma-
næuvres, disoit-il
-por
.aux députés, voui suscitiez à mon gou-
vernement des obstacles q_ue je ne puis prévoir, je trouvàrais
la force de les surmonter àens ma rosotution db"maintenir lo
paix publique. D La chombre considéra cette menûce comme
- .:.s. 1

520 EISTOIR$ DE FRANCE.


une vériteble provocotion. Elle y répondit par la fameuse
ailresse d,es 221., ainsi appelée parce qu'elle fut signée par
deux cent vingt et un députés. L'atlresse disait : tt La charte
consacre comme un droit I'intervention du pays dans la dé-
libér'ation des intérêts publics. Cette intervention fait du
concours permanent de votre gouvernement avec votre peuple
la conditiôn indispensable à la marche régulière des alfoires
publiques. Sire, notre loyauté nous_condamne à vous dire
(ue ce concours n'existe pos. D C'était une véritable déclara-
tion de guerre. Charles X voulut d'abord refuser d'entendre
la lecture de I'adresse. Il s'y résigno cependant, l'écouta avec
calme, mais le lendemain la Chambre était prorogée; quel-
ques jours après elle était dissoute.
-
tB. Ires ordonnances (26 juillet 1830). - La n'rance
donna raison aux signataires de l'âdresse, qui furent tous
réélus. Elle nomma deux cent soixante-dix opposants contre
cent quarante-cinq ministériels. Et tependont les éleetions
s'étaient faites au moment où I'amour-propre national rece'
vait pleine satisfaction. Le drapenu blanc flottait sur les
murs d'Alger. Cette expédition glorieuse pour nos trmes
avait été àntreprise pour venger la Franeæ d'une insulte
faite à notre ambassadeur. Le débarquement des Français
dans la rade de Sidi-Ferruch, la prise du plateau de Staouéli
et enlin lo conquête d'Alger en sont les événements prin-
cipeux.
0n apprit le même jour le résultat des élections et la prise
d'Alger. CharlesX voulut proliter de cette victoire pour affer-
mir I'autorité royale. Le 26 juillet, le Moniteur publia les
fameuses ortlonnences qui devaient mettre lin à la royauté
desBourbons: {o dissoiution de la Chambre des députés';
2o moclilication des conditions électorales; 3o suppression de
la liberté de lo presse; telles étaient les principales disposi-
tions. Ce coup d'Etat contre les libertés publiques provoqus
une révolution.
19. Révolution de 1830. - A peine les ordonnances
furent-elles publiées que la surprise et I'indignation écla-
tèrent dans li population parisienne. Dans la journée du 27, '

Thiers et quelftuês députés se réunirent dans les bureaux tlu


National e[ rédlgèrent une protestation contre I'illégalité des
ordonnances. Lè mème jour, I'insurrection commenga. Les
presses des imprimeries furent brisées et les premiers -coups
de fusils furent tirés contre les soldats. Le lendemain 28'

A,,iI-
[À nEslaunÀÎt0N, 621
I'insurrection avait gagn6 tous les quertiers de la ville. Les
bamicades s'élevaient partuut; elles Etaient défendues au mi
d,e << Viue Ia charte ! >>

Marmont fuù chargé du commandement des troupes. Il


considérait les ordonn&nces comme funestes : il était ïtnigo
d'ovoir à les défendre, et comme
efray6 de cette fatalité qui, à
quinze ans de distance, le con-
damnait deux fois à I'a haine du
peuple. De là peut-êtreindécision
et faiblesse dans la répression.
Le peuple au contraire était
plein de confiance. Dans lg jour-
née du 28, il s'empara de I'Hôtel
de Ville. Aussitôt une commis-
sion municipale s'installa à I'Hô-
tel de Villel décrétû le rétablisse-
ment de la garde nationale et en
conlia le commandement à La
Fayette.
Dans la journée du 29, il ne
restait plus à Marmont que le
Louvre et les Tuileries. La défec-
tion de quelques régiments et un
ordre qui enjoigna"ii à l\{armont
de se retircr sur Saint-Cloucl per-
mircnt à I'insurrccTion de s'ôm-
parer du Louvre. La résistance La colonnc tJc Juillet.
devenait impossillle. l{armont et
quelques députés firent prévenir Charles X, qui s'était rctiré
à Saint-Cloud. Le roi, conseillé par de Pe;'ronnet et Polignac,
ne voulut ricn céder. Ccpendant dans la soirée, on apprit,
qu'un nouvea.u ministère était formê sous la présiclcnce
de i\{ortemart. La commission municipale répondit qu'il était
trop tartl.
Le 30, nouvelles concessions; les ordonnoncesfurentrévo-
quées. Il étaitencore trop tard. Une députation avait o{fert
au duc d'Orléans la lieutenance générale du royaume et
celui-ci I'avait acceptée. Envain Charles X abdiqua enfaveur
du duc de Bordeaux et reconnut-il la lieutenance du duc
d'Orléans. Il était toujours trop tard.
Alors le malhcureux roi, menacé à Saint-Cloud mêmepor

*l
622 UISTOIRE DEFRÂNCE. è
I'insurrection, se retira à Rambouillet et de là g&gns' Cher-
bourg, puis I'Angleterre. A la même époque le duc d'Or-
léans était proclamé roi sous Ie nom de Louis-Philippe Ier
(7 aotrt {830).
20. Résultate généraux. - Le gouvernement de lo
Restauration e été renversé eutant par les imprudences de
ses amis que ps.r les attaques de ses adversaires. Sa plus
grande foute fut de n'ovoir pûs compris que la Révolution
avait créé en Fra.nce un état social nouYeB,u, une démocratie
avec lequelle il fallait compter. Lesprincipesde {789svaient
fondé notre société moderne ; vouloir les détruire et restaurer
les privilèges du passé était une entreprise impossible. Na-
poléon, dsns un langage familier, evait dit un mot vrai :
<< Si les Bourbons sont sages, ils se coucheront dans mon

n lit, car il est bon. Ils en changeront seulement les


ll dreps. u
Mais, en indiquent les feutes commises, il feut reconnaître
que le gouvernement de Louis XVIII et de Charles X n'a pas
été sons honneur et sans profi.t pour lo France. Notre poli-
tique extérieure, relevée des humiliations de 18{5, et pre-
nant en Europe une sttitude digne et honorable, la Grèce
émancipée per nos &rmes, I'Algérie conquisel le pays, après
une longue dictature, habitué à la pratique des libertés par-
lementaires; la tribune, trop longtemps silencieuse, discu-
tant librement les théories politiques et sociales, et illustrée
por l'éloquence d'orsteurs tels que Royer-Collard, Lainé,
Pasquier, Manuel, général Foy; les finances restaurées et
s"dministrées &vec une haliileté et une honnèteté remar-
quobles; I'agriculture et I'industrie encouragées; les écoles
fôrestière, centrale, des mineurs de Saint-Etienne créées; les
caisses d'épergne instituées; enfi.n une prospérité matérielle
inoule, après une si longue périotle de guerues, tels sont les
résultats des quinze années de lo Restauration. Ajoutons
que cette époque fut également remarquable par les pro-
grès des sciences et per la brillante rena,issanee des lettres et
des arts.

tEcruRE' - iiil"f:"fr?-iï,J$t"à:es st res arts


Le dix-huitième siècle avait fait la révoltrtion dans I'ordre politique
et social; le dir-neuvième fit la révolntion dans les lettres et les arts.
L'ésole ilassique, attachée à la tradition des grands écrivains, avait
t tÀ RrsrÀunarton. 623
jusqu'alors imposé ses lois à tous ceur qui faisaient profession d'éerire.
Les'novateursi désignés bientôt sous Ie n'om de romàntigues, eurent lâ
bonne fortune d'avoir à leur tète un ooète de génie, Victoi llugo. L'ctlole
nouvelle chercha partout ses inspira'tions dan-s I'amour de la iature; et,
en cela, elle ne sirivait que la tràdition du dix-huitièrne siècle, marqnée
par les æuvres de Roussehu, de Bernardin de Saint-Pierre et de Chateau-
briand. Au lieu de puiser aux sources de l'antiquité grecque et romaine,
elle demanda au m,jven âEe et au christianisme de nouveâux sentiments.
I,es lôeendes mcrveilleusés du temps passé. les donjons féodaux, avec
leurs ùystères gracieux ou terribles', dëfrayilrent la 'ùeine des poètes et
les récits des romanciers.
Huco. né en 1802. à Besançon, fut le chef de l'école
Poésie.
romantique.- IlVictor
avait pubiié, sous la Restauration, les Odes et Dal-
lades ([822), Cromuêll (1827), les Ordentales (1828). Le manifeste
de l'école nouvelle narut-en 1830. dans la nréface d'Ilernani.' u Le
romantisme, disait lè poète, c'est le libéralism'e en littérature. La liberté
dans I'art, la liberté ôans ia société, voilâ le même but auquel doivent
teudre d'un mème pas tous les esprits conséquents et logiques. > Dès
ce moment le théâtre
fut, ouvert à l'école ro-
mantique. L'année otr
paraisiait llarnani,
Alerandre Duuls
( 1803- 1870) faisait
louer au Théâtre-Fran-
ôais son drame d'IIen-
it ltt qai mettait en
scène lés mceurs, les
idées et les coutumes
du seizième siècle. A
la rnèm*jpoque, Emile
et Antony Drsculups
traduisirent Dante et
Shakesneare: Alfred
ru Nlussnr (l 8{ 0- { 857)
cherchait dans Lord
Bvron ses nlus belles
insnirations: Cnsimir
Dnirvrcxn ([T93-l 843)
publia it Sa trasédie
àes Vépres sicilien-
nes; ScRtns ( ll91- Victor Hugo.
t86l) cherchait dans
les mæurs de I'aristo-
cratie bourgeoise les sujets de ses nombreuses comédies,

Lrulnrrxn ({"i90-f 368) s'était placé, avec Yicto-r Hrtgo, h.ors dq.Ptjt
dans cette pléiade de ierines écrivains et poètes. Ses Premières Xledî'
tations ({8201 soulevércnt en France et én Europe rrn long cri d'rrlmi-
ration. La poésie s'élevait aux plus hatttes rcgioris du sublime en s'in-
spirant des'sentiments les plus^généreux eI lès plus délicats de l'âme;
etfrea nn Vroxv (t181-f863), auleur de lloi'se el d'Eloa, et autotrr ds
ces poètes émineÀts, Guiradd, Soumet, Briffaut, Etienne. Charles No'
''
62{- HIsToIRE DE FRÀNCE.
{tier, ffittc Delphine Gay, yner Dufrénoy, Tastu, Desbordes-Valmore,
appartenaient i la nôme école et cherchaient les mêmes inspirations.
À ia mème époque, BÉnrxcrn (f780-1857) célébrait dans ses Chansons
les grandeuri Uè ta Révolution'et de I'Enipire et faisait appel au senti-
ment national contre l'étranger.

Prose.
par les grands- L'histoire a été renouvelée, au commencement de ce siècle,
travaux d'érudition. Désormais on veut connaitre et dire
la vérité, en compulsant les chroniques, les manuserits, en étudiant les
inscriptions. en évoquant et en contrôlant tous les souvenirs du passé.
L'lristbire dêviendra-exacte et véritable. Les historiens qui ont aitaclré
lcur nom à cette rénovation ont laissé des chefs-d'æulre. Augustin
Turenny ({195-{856), Lettres sur l'histoire cle France, llistoire-de la
conuuëte' de l'Anril,eterre par les Normand,s, Récits'des temps me-
rou{nliens, Di,r âns d'é|ùdes historiques, Essai sur thistdire du
tiers"etat; Àmôdée TuIe nBr, son frère,'Ilistoire des Gaulois, Thëo-
doric, Récits d'histoire roma[ne au cinquième siècle, Altila et ses
successeurs: Gulzor (178'l-1874), Collecliôn des mémoires pour ser-
uir ù I'histôire de Fiance, Coliection des mëmoires relatiis à I'his-
toî,re d,'Angletere, Histoire de ta Réuoltttion d'Anqleteme, Histoire
de la ciutlisation en France, Essais sur l'histoire de France,' TnrEns
(t191-18'11), Ilistoire de Ia tléuolution, Histoire du Consulat et de
i'Empire; SrsroNot, de Genève (t773-1842), Ilistoire des Français et
IIi,ç toire des répub liq ues italiennes,' lhcuernr (l 798-1874), Orîoine
du Droit franfais, Iltstoire de Ia Réputtlique romaine, Ilistoirb de
Irrdnce, Iltstoire de Ia Reuoltttion françafse; Ddgard Qurlrnr (1803-
{8I4), (Euures de Ilerder, Réuoltttion française; Urcunr, né en tTg6,
Ilistobe rlc la Reuolution françnise, Hisloire de trlarie Stuart, An-
tonio l'érès et llhilippe II,'Chat'lcs-Quint; Ilenri lllnrrx, Ilistoire de
France, .orrt pris plrt à ce. grand mouvement des études historiques
oul l l0nlleur de ce sleclc.
' Laseranhilosonltie sensualiste du dix-huitième siècle fut vivsmsnI n11n-
ouie rjar des'philosonhes éminents c{ui remirent cn honneur l'école sni-
r'itualiste dc Ûescartes. tlaine dc ltiirn, llorcr-Ctillard, Cousin et Joirf-
frov duivent ôtre cites au plcmier rang dcs émivains qui, par leurs
ouirages 0tt par leurs Icqons a Ir Sorbonne et à l'Ecole rrrjrniafe, contri-
Lruerefrt tc plirs à relevei )es tratlitions de la philosophie francâise.
La Sorboïne, dont I'enseigncntent avait été rajcuiri par d'érninents
nr0feiscurs, voyrit aff)rrer de norulrreur auditeurs autour de la clraire
ile Cousin, Guizbt et Villcnrain. 0n était heuleux d'entenrlre, après ce
lone silence de I'Enrpire et la tvrlnnie inquiète de la Congrégalibn. les
"parlcmcn-
orgànes de la pensée'libre et lci défcnseuis des institutiohs
taires.
La Dresse bLillait alors d'un vifdclat. Le parti Iibéral avait ses recrreils
nôriotlittues, des iournarrx et des écrivains qui défendaient, avec talcnt
èl éner,rie, les idles libéralcs. Le vrai chef ilc ce partifut.'sous la Res-
tarrralioî,'Beni;lmin Coxsrrm (1,767-1830), qli, dans son'cours de po-
lilique constilrrtionnelle, se fit le délcnseur de ]a liberté de la penste,
du ilroit de pél.ition, de la séparation des pouvoirs. Âvec plus ddmalicé
et d'esprit, avec une verve railleusc, P.-L. Counrsn (f772-t825) soutint
les mèmes nrinciDes dans des Darnrrhlets rtui errrent le plus grand reten-
tissement ('Ie Liiret, la Gazeite du tillàge, Chambord, Ie Pamphlet
eles pampltlets\,
Èirfin,'la triÉune, Iongtemps silencieuse s0us I'Bmpire, retentissait
3 LA RESIÀURÀîION. 525
alors des yq[r,Jes plus éloquentes. Lalné, ile Serre, Royer-Collard, le
général F.oy,_ Manutl, _Benj-aqin Constant, de Brogiie, ianjuinais,'La.
Fayette, de Corbière, de Villèle, La Bourdonnave, Pâsqirier, ôrateurl de'
la droite ou de la gauche, défendaient avec Ie"même tïlent, sinon avec
le même succès, les idées' de leur parti. Au barreau, des oiateurs ômi-
nents se^préparaient-aux lu.ttes-plus éloquentes du farlement, Berryer,
Dupin, Odilon Bârrot, Barthe, Hennequih.
. Les beaur-arts. Dans les arts comme dans les sciences et les
-
lettres, la..lutte qui avaitéclaté entre les classiques et Ies romantiques
provoquait les mèmes chefs-d'æuvre. Ingres (f ?8t-1867). le nlus célèbre
des peintres classiques, suivait les srandes tiaditions d'e la henaissance
(Apothéose d'Homère, au Louvrei. Les peintrcs romantiques, moins
corrects dans le dessin, avaient plus d'imadination dans les ôoncentions.
Géricarrlt, mort en 1824 (les Ndufraqis àe la Iflédu.se). Eusèné Dela-
uoix_(1798-t862), Paul Dclarocbô, Aiy Schetfer, Léopdld Rô'bert, Ho-
race Vernet doiv'ent ôtre cités au preriier rang.
_ La.sc.ulpture ploduisait les æuvrès de Chaudét, Bosio, pradier, Rude,
David d'Angers. La musique enlin ne le cedait ni à la deinture.'ni à li
seuf pture. Rossini (Darbiir de Sëuille, IlIoise, Comte ôru, Guillau,me
Tr.tt), {q,_ela.ien (D'ame B.lanche), ttérold, Aubert (Muettb'de Portici),
Adam et Halévy avaient déjà produit quelques-uns dti leurs chefs-d'æuvre.

Les soleaceg. Le dir-neuvième siècle continua, dans les sciences,


-
les traditions du siècle précédent. Ampère, Françbis Arago, Cuvierj
Geotfroy-Saint-Hilaire, Fiesnel, Thénarâ, Chevreul, augmeitôrent par
leurs dècouvertes le domaine des scienceÉ mathémaiiquei, physiqueô et
naturelles.
Illais le caractère particulier des études scientilioues fut I'annlication
des découvertes aux-besoins de I'industrie, du com'merce, du^liien.être
général. Les.savants, tout en poussant phis loin leurs récherches spé-
culatives, faisaient servir la sciènce au rioErès de la civilisation. parmr
les découvertes scientiliques qui ont exèrci la nlus srande inlluence sur
notre société contempordine, il faut citer : I'inv'entioil des phares, l'éclai-
gge. a.n gaz, la navigàtion à vapeur, les chemins de fer et'la télêgraphie
erectrrque.

Les phares. L'éolalrage au gaz. Le mathématicien Fnusxnl 0TSB-


-
1827) fut I'inventeur des phares: il srrbstitua aux réflecteurs ordihaires
huit lentilles de veue guï, dispôsées de manière à réfiacter les ravons
lumineux dans des direôtions darallèles. renvoyaient les neuf dixidmes
des.rayons..La. rotation im_primée à la lumière dés phares la faisait plus
facilemcnt distinEuer nar lès marins.
En 17'16, un iirgcnièur français, Philippe Le Bon, eut I'irlée d'utiliser,
pour le chaullage ct l'éclairagê, les saz ilrovenant'de la distillation dd
bois. Il créa- un prgpigr app"areil, aflpelô thermolampe, et lit des expé-
riences au Havre. L'idée éinise par'un Francais fut rititisée par ,ies
étrangers. En tIg8, I'ingénieur llurdoch éclaira avec le gaz exirait de
la houille I'usine de WaJt. L'Allemaud Winsor traduisit"l'opuseule de
Philippe Le Bon, le rendit populaire et fit adopter dans_tous les pays
l'é.claifage au gaz. . Toutefoid, ïe n'est qu'à paitir de 1820 que paris
utrllsa ce genre d'eclalrage.

lfavigation à vapeur. L'histoire des bateaur à vapeur est celle


-
526 EI$TOIRE DE FRANCE.
des travaux de deur hommes remarquables, un FranQais. lc marguis
de Jouffroy, et un Américain, Fulton-. La vue de Ia ùachine à siniple
elïet, de Witt, donna à Jouflroy l'idée du bateau à vapeur. ll construisit
près' de BauÉre-les-Dames, sdr le Doubs, un petif bateau, et flt de
hombreuses erpériences. En 1778 il put remontei le cours dé la Saône.
Jouffrov demarida un orivilèEe de tiente ans que le souvernement lui
refusa.'La Révolution survini; I'inventenr, ardent roialiste, émigra et
ses erDériences furent suspendues. Pendant ce temps, Watt avait dé-
couveri la machine à doublè effet qui régularisait le rirouvement de rota-
tion. L'Américain Fulton résolut d'applitluer â la navrgation la décou-
vcrte de Watt. Il proposa vainement irin secretà la Franle, à I'Amérique,
à I'Angleterre. Pàrtdut il fut repoussé et persista cependant avec une
indomùtable énersie. Enfin. en i807. il larica sur I'Hudson le navire à
vapcuf qu'il nomha le Cte:rmont, et gu'on"avait appelé avec ironie la
Fdlic-Fùlton En [809, il établit'un tfansport régdlier de New-\'ork à
Albanv: en t8t4. il fit construire à Nerv-York une immense frés'ate à
vapeui.'De son côté, le marquis de Jouffroy, resté en France, ara"it ob-
tenu le patronage dn comte d'Artois. Il lanca sur Ia Seine, le 28 aoirt t816,
à I'occdsion du'mariage du duc de Berrv, 1e premier navire, le Charles-
Philiptte. Désormais"les progrès ne ceËièreirt plus. En 18i9, unnavire
à valieur américain faisait lâ traversée de Sa'vannah à Liverpool ; et,
en 1825, un navire anglais, l'Entreprise, faisait. le voyagc tlès Indes.
Les ohemins ile fer. En t770, un ingénieur français, Joseph Cu-
- chariots
gnot, avait construit des à rapeur; en l790,0livier Evans in-
ientâ la machine à haute pression. Eû t804, deur Anglais, Trevilthick
et Novian, imaginèrent de faire glisser le chariot sur des rails qui furent
successivement en bois, en fonte et en fer. En tSl3, I'Anglais Blacket
augmenta le poids de la locomotive pour diminuer le glissement. Enfin
en 1829, Segriin d'Annonay fit Ia décduverue ra plus imp-ortante; il trouva
la chaudière tubulaire qui, < en augmentant prodigieusement la surface
rle chauffe. permettait de multiplier la quantité de vapeur >. En [830,
lcs deux ftèi'es Stephens0n. de Livcrpobl, construisir'ent des Iocomo-
'chemin
tives d'anrès ce svdtème. L'e nremier de fer lrancais fut étalrli
en 1827,'par la Cômpagnie dris mines de Saint-Etienne. '
La télégraphie électrique. L'étude des phénomènes électriques
-
donna l'idée d'appliquer l'électricité à une correspondance télégraphique.
Le Génevois Le'sàSe'faisait, dès t780, un premiôr téléSraphe,'re'proâuit
en France par Lhômond (1187). La décoriverte de Voltal ei môntrant
la déconrposition de I'eau Dar le courant électrique. fut le noint de dé-
part de r'echerches nouvelles. Ampère. le premier, après'avoir établi
[e principe < que tout courant électriqrie circulant autour d'une aiguille
aimantée fait dévier cette aiguille de sa position première u, construisit
un n0uveau télegraphe. Il e-mployait auiant d'ai$uilles aimantées qu'il
y a de lettres' dâirs'l'alphabet.' Aiago cc,mpléta cëtte découverte. Il're-
mtrqua qu'une lame de fer doux, mise en rapport avec le eourant élec-
trique, prenait les propriétés de I'aimant, mais quq si I'on supprimait
le courant, le fer 0erdait immédiatement ses propriétés attractives, il
avait ainsi constatè la possibilité de donner au fei et de lui retirer très
rapidement la prupriété d'attirer.les.objets. Tout le système télégra-
pnlque repose sul cette almantal,lou temporaue.
TE OOUVDRNEMENT DE JUITLEÎ, 62?

EXERCICES ONAI'X ET ÉCRITS

l. Srplioation des mots.


- Nauarîn,, ville et pori de la Grèce.
â. Ouestionnairs. Quelle était la siiuation de la France à I'avèn+
ment de Louis XYIII? - furent les causes de la réaction roya-
liste? - Quelles
en furent les principales victimes? Comment ap-
- Quelles
pela-t-on la Chambre de 18{5?'- Qirels sont les faits - principaux du
ministère du duc de Richelieu? lui
- Qui succôda? -- Quelie fut la
cause de la chute du ministère Decazes? a assassin4 le duc de
Berry? Qu'cst-ce que Ies ultra-royalistes? - QuiQuel ministre firent-ils
-
arriver au pouvoir? -
Quelles Iois furent présentées par -a eux?
Raeontez I'intervention - française en Espagnè. - Qui succédé- à
Louis XVIII? d'années a résné Charles X?
- Combien
Villèle fut-il changé à I'avènement de Éharles X? - Le ministère
Qu'est-ee que la
bataitle de Navarin? est le ministre libéral du -
règne de Cbarles X?
- Quel
Par qui fut-il remplacé? Quelle était la poliiique de NL de Poli-
-gnac? -
- Qu'est-ce què I'adresse des 221 ? - A-quellè éDoque les Fran-
çais ont-ils commenié la conquête de I'rIlgérie?-- Qutille fut la eause
de la cbute de la Restauration? Qu'est"-ce que les ordonnances?
Racontez la révolution de 1830. - Dites les résultats de la Restaural,ion. -
.la 3. Ilevoir.à rédiger. -
Bxposer les principaur faits de I'histoire de
Restauration. -

il
LE GOUVERNEMENT DE JUILLET
(183ùr8{8)

rEç0N

t. Louig-Philippe. iliniatère de Casimir Pérler. - Loui_s-Philippe,


duc d'Orléaûs, proclamé roi oprès la révolution de Juillet,- éut
à rétabtir I'orâie. ll fut secon-clé par le ministère si ferme'et si
libéral de Casimir Périer.
2. ilinistères TDiers, $oult, Uolé. À la mort de ce grand mi-
- successivement
nistre, Thiers, Soult, lllolé, dirigèrent lds alTaires,
A I'intêrieur, le gouvernement eut ô lutter contre les insurrec-
tions royalistes et républicaines; à I'extérieur, il intervint en
Belgiqué et en Orient-, ct continua la conquête de I'Algérie.
3. llinistère de liuizot. - Le ministère de Guizot, de 1840 à t848,
fut une période de tranquillité.
4. f,évolution de 1848. - Slais, le ministre n'ayant pas voulu
faire une réforme électorale, un'e insurrection e'clata à Paris, le
2.1 février {848; Louis-Philippe fut renversè du trône et le répu-
blique fut proclamée.
528 HISTOIRE DE FRANCE.

nÉcrr

I. Charte de 1830. - C'est au nom de la charte que


la révolution de Juillet s'était faite. Le premier soin du gou-
vernement nouveeu fut d'en assurer le maintien. Le duc
d'Orléans avait dit en entrant à Paris : < La charte scra
désormais une vérité. r Les Chambres l6gislatives revisèrent
lacharte de 1814 dans un sens plus libéral. Les principes
fondamentaux en furent conservés. Il faut cependant remar-
quer quelques modifications importentes. La charte n'était
plus octroyée par le roi, mais elle étoit votée par I'assemblée
et consentie par lui. La religion catholique n'était plus reli-
gion de I'Etat, mais religion professée par la majorité des
Frangois. La censure ne pouvait être rétablie en matière de
presse. Les deux Chambres avaient I'initiative des lois; on
abaissuit de quaronte à trente ans la limite d'âge pour les
députés et à vingt-cinq ans pour les électeurs. La question de
I'hérédité de la pairie était rôservée; elle devait être tranchée
par une loi.
2. I-rouis-Philippe. Le nouve&u roi avait cinquante-
sept ans. Sa vie avait été - consauée à la défense des prin-
cipes libéraux. En {792 il avait combattu à la tète de nos
volontaires à Valmy et à Jemmapes; émigré à l'époque de
la Teneur, il s'était réfugié en Suisse où il donnait des
leçons de géographie et de mathématiques. Il voyagea plus
tard en Allemagne, en Angleterre, et se txa pendant plu-
sieurs années en Sicile. C'est de là qu'il revint à Paris après
la première Restauration. Il vécut à l'écart de la cour, et sa
maison d'Auteuil devint comme le centre de ralliement de
I'opposition constitutionnelle. Il apportait au trône un esprit
éclairé, une grande expérience, des goùts simples et mo-
destes.
3. Ministère Lafû.tte ({830-183{). Les difficultés
-
du nouveau règne étaient grandes. A I'intérieur, il fallait
rétablir I'ordre et désarmer les parti. I I'ixtérieur, il fallait
rassuter I'Europe. Notre révolution avtrt €u des contre-coups
dans tous les pays. La Belgique se séparait de la llollo.nde;
le, Pologne prenait les armes contre la Russie; I'Angleterre
arrachait des réformes &u parti consenateur; I'Italie étoit
agitée. to politique française fut prudente. Elle aida la Bel-
gique à assurer son indépendance, mais refusa les olfres de
T,E OOUVBRNE!ûBNÎ DE JUII..[ET. 529
ce ptys qui vouleit se donner à nous. Elle n'intervint pes en
Pologne. Elle se montre sympethique ru mouvement libéral
italien. Elle chercha avent tout à se ménager I'alliance de
I'Angleterre. Cette alliance cotta trop souvent de curs secri-
fices à notre amour-propre nationel.
Les esprits restèrent longtemps agités après la révolution
de Juillet. Le ministère Lafûtte ne se montra peut-être pas
ossez énergique pour &ssurer I'ordre intérieur. Le procès des
ministres, signataires des ordonntnees, souleva une véri-
table émeute dans Paris. Un mouvement insurrectionnel plus
gr&ve encore éclata à I'occasion d'un service célébré par les
royalistes, le jour anniverssire de la mort du duc de Berry.
L'église Saint-Germain-l'Auxenois fut saccagée, I'srchevêché
fut démoli, les eroix furent abattues. Le roi comprit qu'il
fallait adopter une politique plus énergique. Il appela aux
affaires tasimir Périer.
4. IVÎinistère Casimir Périer (t83[-1892).
- Res-
pect de lo charte, pratique sincère Au ieginie parlômentaire,
ordre et liberté légole à I'intérieur, paix à I'extérieur, tel éteit
le programme du nouyeau ministre.
Dans sa politique extérieure, Casimir Périer avait adopté
le principe de non-intervention. Il lui était cepenilant dif{i-
cile de ne point intervenir dans les graves événements qui
avoient éclaté en Belgique, en Pologne, en ltalie. En Bel-
gique, il s'assocïs à la politique de I'Angletene pourrssurer
son indépendance. En Pologne, il essaya de modérer lû ri-
gueur du gouvernement russe. Enûn, en Italie, il fit adresser
par les puissences une note énergique eu pepe Grégoire XVI
pour réclemer I'applieation des réformes libérales. Plus tard,
lorsque les Autrichiens marchèrent sur Bologne, il fit occuper
Ancône p&p une division frangaise.
La môme fermeté unie à un sincère libéralisme inspira sa
politique intérieure. A Paris, la nouvelle de ln prise de Var-
sovie avait soulevé les faubourgs; lo garde nationale et
I'armée étouffèrent promptemenf ces tentotives d'insurrec-
tion. A Lyon, le premier mouvement socialiste avait éolaté.
Les ouvriers en soie avaient voulu imposer un tarif uniforme
aux fabricants. Ils avaient pris les ermes et inscrit sur leurs
dropeaux : Viare entrauail,lant ou mourir en comhqttant. lJne
armée commandée par le duc d'Orléans et le ministre do lo
guerre arrivs sous les murs de Lyon. Les ouvriers û.rent leur
so.'-','ission. Casimir Périer avoit poursuivi avee la môme
EIËT. DE FN. C. L,-i'''L. 23
â30 EISTO1NE DE FRÀNCE.
rigueur los complots légitimistes. Mois il avait usé ses forces
drns cette lutte sans cesse renaissante. Aussi fut-il atteint
per cette terrible épidémie du cholért, qui enleva à Paris
plus de vingt mille victimes. Il succomba le lô mai {832.
Sa mort était un deuil pour la France et une pertê irrépr-
rable pour lo monarchie de Juillet.
5. ll[inist]re du 11 octobre 1838. - Les partis
contenus levèrent augsitôt la tète. La duchesse de Bemy
es$eyr de soulever la Vendée; mais elle fut anêtée et incar-
cérée dons la citadelle de Bloye. Les républicains avaient
organisé, à I'occasion des funérailles du général Lamorque,
une monifestation qui dégénér& en émeute. Une sanglante
batsille s'engageo près du cloitre Saint-Memy. Une poignée
d'ouvriers tint tête pendant toute la journée oux canons du
maréchal Soult. L'émeute fut vaincue.
Il éteit devenu nécesssire de constituer un nouveau mi-
nistèr.e, qui assurôt I'ordre public. Ce fut Ie ministère du
ll octobre t832. Il devait durer quatre ans. Le maréchal
Soult en était président. Il était composé de membres émi-
nents : Ie duc de Broglie, aux alfaires étrangères; Guizot, à
I'instruction publique; M. Thiers, à I'intérieur.
La politique extérieure du cabinet fut morquée par une
intervention plus énergique en Belgique, où I'orméefrangaise
s'empara de lo citadelle d'Anvers.
A I'intérieur, le fait capital de la session législative de 1833
fut I'importante loi de Guizot sur I'instruction primaire.
Cette loi, qui restera I'honneur de la vie perlementaire de eet
homme d'Etat, était comme la charte de I'instruction pu-
blique en France. Toute commune était tenue d'entretenir
une école, placée sous la surveillance d'un comité local et,
d'un comité d'orrondissement. L'instruction devnit ôtre gra-
tuite pour tous les enfants peuvres désignês par le conseil
municipal. Une école normale primaire devait être instituée
dans chaque département pour le remutement des insti-
tuteurs.
Malheureusement cette époque fut troublée par de nou-
velles insurrections et un horrible ottentat contre la personne
du roi. C'est alors, en elfet, qu'écluta la grande insurrection
de Lyon (avril {834). Elle prit des proportions terribles, Les
faubourgs furent à peu près détruits par I'ortillerie du gé-
nérol Aymard. Quelques mois après, Paris était profondé-
ment ému par I'attentat du Corse t'ieschi. Le roi, escorté de
[E GOUVERNEMENT DE JUIILET. 631
ses trols ûls, le duc d'Orléans, le duc de Nemours, le prince
de Joinville, de quatre ministres, de deux maréchaux, sui-
vait le boulevard du Temple pour aller pesser ls revue de la
garde netionale, lorsqu'une grêle de balles répendit la mort
dans son entourage. Le maréchal Mortier avait été otteint
ainsi que quarante et une personnes. Fieschi s'était servi,
pour commettre son crime, d'une mechine formée de vingt-
cinq conons de fusil.
Cet épouvantrble attentat provoqur de sévères lois de
répression. Elles sont restées célèbres sous le nom de loe's
d,e.seyttembrc (f 835). Elles furent présentées et souùenues par
Thiers.
6. Crises ainlgf,{sielles. L'agitation des esprits
avoit gagué le Porlement même. Dsns - une courte période de
quatre Lns, on compta jusqu'à cinq ministères. Thiers, Molé,
le maréchal Soult, puis Thiers encore, en furent successive-
ment les chefs. Les partis se livraient à une lutte acharnée
pour- conguérir le pouvoir. Ils oublièrent trop souvent, dans
I'intérêt de leur ombition, le bien de I'Eta[ et même per-
dirent le souci de leur propre dignité. C'est ainsi que pour
renverser le ministère de Mol6 on vit les chefs des trois pârtis
qui divisaient la Chambre, Guizot, Thiers et Odilon Barrot.,
se coaliser entre eux, puis s'attaquer vivement quand il fallut
partager le pouvoir
Le prince Louis-Napoléon crut pouvoir proliter de cet alfai-
blissement de I'outorité et de la populorité du nom de son
oncle, pour tenter un coup de main contre le gouvernement.
Mois les deux tentatives de Strasbourg et de Boulogne
échouèrent. Après la première, il fut gracié parLouis-philippe,
et il partit pour I'Amérique; après la seconde, il fut srrête
et interné dons le châtenu de Ham.
La politique extérieure avait eu quelque faiblesse au milieu
de ces crises ministérielles. Nos troupes avaient, été rappelées
d'Ancône;_nous laissions enlever à1a Belgique la prôvince
de Luxembourg; nous n'osions p&s intervlnir en -Espagne
contre les carlistes. Cependant, en Algérie, la conquête etait
pou_ssée avec vigueur ; Ie général Bugeaud poursuivait Abd-
el-Kad_er; nos soldats plantaient le drapeau frangais sur les
murs de Constantine. Enûn, dans le golfe du Mexlque, notre
flotte bombardait le port de Saint-Jean-d'Ulloo et s'en em-
parait. Malheureusement la France allait subir un échec
greve dans la question d'Orient.

o
632 EISTOIRE DE FNANCE.
7. Question d'Orient. - Le vice-roi tl'Egypte, Mé-
h6met-Ali, avait enlevé la Syrie à la Turquie. Son ûls,
Ibrahim-Pacha, vainqueur du sultan Mahmoud, marcha sur
Constantinople. La Russie, sous prétexte de protéger cette
ville, allait I'occuper, lorsque I'Angleterre et la France inter-
vinrent et imposèrent un armistice à I'Egypte victorieuse.
Constantinople était sauvée. Jusque-là les deux gouverne-
ments de Paris et de Londres avaient marché d'accord. lls
ne s'entendirent plus quand il follut régler la question des
rapports de I'Egypte et de la Turquie. L'Angletene' pour
fortifier la Turquie dont la conservation est si néeessaire à
ses intérêts en Orient, exigea la restitution de Ia Syrie. La
FrÈnce, qui avait de vives sympatbies pour Méhémet-Ali'
ourait désiré que celui-ci conservât ses conquêtes. Le chef du
eabinet anglais, lord Polmerston, par se diplomatie habile'
signa, à notre insu, une entente secrète avee la Russie,l'Au-
triche et la Prusse. Ce fut Ie traité cle Londres. La France,
isolée, était exclue du concert européen.
L'irritation fut extrême. Thiers frt voter par les Chambres
un crédit nécessaire pour faire construire les fortilications de
Paris; il convoqua la garde nationale. Cette attitude de Ia
Franco était extrômement périlleuse. Le roi voulait la paix
à tout prix. Il abandonna son ministère, et Thiers céda la
place à Guizot.
8. Ministère du 99 octobre 1840.
- Guizot con-
serv& Is direction des afaires jusqu'à la chute de la dynastie
de Juiltet. A I'intérieur, I'ordre matériel fut sévèrement
msintenu. Quelques démonstretions tumultueuses dans les
villes de Toulouie, de Botdetux, Lille et Paris furent focile-
ment réprimées. Mois les doctrines soeialistes fsisaient des
progrès-ropides dons les closses ouvrières. _L'opposition
récÈmait aïec énergie une réforme électorsle. Il y avoit là
un d.anger pour un s.venir peu éloigné. Guizot, sssuré de le
les éle-ctions
-1842,dans les Chambres, surtout lPrès
majorité
de ne tint po,s essez compte de I'opinion prrhlique;
ileut le tort de ne voir la France que dans le parlement,
dans ce qu'on appelle le pays légal. Aussi tt-ilune résistonce
aveugle aux réclametiôns même légitimes de I'opinion
publique.
- 9. Mort du duc d.'Orléans. - En 1842, un grand
molheur vint frapper la famille royale. Le duc d'Orléans,
par sa brillante bravoure en Afrique, avait acquis les sym-
f,E GOUVERITEIIENÎ DE JUITI,ET. T33
pcthies de I'armée; ll inspirait, par Ia noblessede son cer&o-
tère, par I'aménité de ses manières, pet une populerité due
à de grandes qualités, des espéronces à tous les partisans de
la dynastie. Sur le point de se rendre eu csmp de Saint-
Mour, il allait à Neuilly en voiture faire ses edieux à sa
famille. Les chevaux s'emportèrent près de la porte Maillot.
Il voulut se Jeter hors cle la voiture, eut la tête fracassée et
mourut quelques heures après. Cette mort souleva dans Ie
conscil de graves diflicultés. IJne loi de régence fut présentée
aux Chambres. La régence fut conliée au duc de Nemours,
contrairement à I'avis de Lamartine, qui aurait voulu en
investir la duchesse d'Orléans.
10. La loi sur les chemins de fer (1842).
- La
même année les Chambres franEaises votèrent I'importante
loi sur les chemins de fer. Déjà, en 4.827 , une première ligne
ferrée avoit été construite par le Compagnie des mines de
Saint-Etienne pour le trnnsport des charbons; en {832, lo
ligne de Paris à Saint-Germain fut ouverte eux voyageurs.
En {842, les Chambres frenqaises décidèrent la construction
d'un réseau complet de chemins de fer. La construction en
fut con{iée à. six grandes compagnies : Nord, Ouest, Orléans,
Micli, Paris-Lyon-Méditerranée, Est. 3 000 kilomètres de
chemins de fer furent construits sous le règne de Louis-
Philippe. Actuellement, en 1884, la France en possède en-
viron 29 000 kilomètres qui ont cotité plus de douze
milliards.
ll. Politigue ertérieure. - A I'extérieur, le minis-
tère avait dù faire d'importants sacri{icesà I'alliance anglaise
pour maintenir la paix. Il eut cependant de nouvelles diffi-
cultés à régler avec I'Angleterre dans trois occosions princi-
pales: {o le droit de visite; 2o I'afaire Pritchard;3o les
maringes espagnols.
lo L'Angleterre avait aboli la traite des noirs. Elle ovait
obtenu du gouvernement français, en t83l et en {832, deux
traités qui permettaient aux vsisseaux anglais de visiter les
bâtiments marchands pour s'assurer qu'ils ne contenaient pas
d'esclaves. Ce droit dô visite avait prbvoqué des abus intolé-
rables. Après de longues réclamations, il fut convenu'
en {845, que le droit de visite serait supprimé; 0n se con-
tenterait de vérilier la nationalité du navire. Le pavillon cou-
vrait la marchandise.
2o L'affaire Pritchard portr ulre greve etteinte à notre
63& ETSTOIRE DE FRÀNCE.
considération. Le gouvernement français avait fait oceuper
en Océanie les lles Marquises ({842). La reine Pomarô, (ui
gouvernait l'île de Taïti, dans I'archipel de la Société, se mit
sous notre protectorat. Le consul anglais Pritchord excita la
reine à renverser le pavillon frangais. L'nmiral Dupetit-
Thouars fit amêter Pritchard. L'Angleteme demanda répare-
tion. L'opinion publique se prononç& énergiquement c-ontre
toute concession. Le ministère accorda cependantune indem-
nité à Pritchard.
3o La politique du cabinet fut plus fermeetplus heureuse
dans I's{fsire des mariages espagnols. La reine d'Espogne,
[Iarie-Christine, qui penchait vers I'ol]iance française, vou'
lait marier sa Iille aînée Isabelle avec un Bourbon d'Espagne,
don Frsncois d'Assise, et sa ûlle cadette nvec le duc de
Montpensier. Le ministre anglais, lord Palmerston, s'oppo-
sait à ces mariages et proposait pour Isabelle le prince Léo-
pold de Ssxe-Cobourg, cousin de la reine Victoria. Malgré
Ies menaces du cabinet anglais, les deux mariages projetés
par Marie-Christine furent conclus en 1846.
12. Révolution de février 1848. Les élections
de t 848 donnèrent encore au ministère une - forte mojorité.
Scrupuleux observateur des règles du gouvernement repré-
sentatif, Guizot, assuré de I'assentiment du parlement, re-
fusa de fnire aucune concession à I'opposition. Il oubliait que
la Chambre ne représentait que deux cent mille électeurs
privilégiés, et non le poys entier. Le ministère pouvait vivre
en bon accord avec le parlement sans avoir pour lui I'opinion
publique. C'était là le plus grand inconvénient du gouverne-
ment représentatif pratiqué avec le régime censitaire.Il était
naturel que I'opposition demandât que le cens fùt diminué,
et qu'un plus grand nombre d'électeurs prissent part aux
a{faires publiques. Il efrt été de I'intérêt de la dynastie de
faire cette réforme électorale. Plus la base sur laquelle
les institutions monarchiques se seraient appuyées aurait
été large, plus le trône erit été solide. Guizot refusa toute
réforme.
L'opposition, vaincue dans le parlement, fit appel au
peys. Elle organiss. dans toutes les grandes villes des ban-
quets dits réformfstes, où les orateurs, non contents de de-
mander la réforme électorale, commencèrent à attoquer les
institutions monarchiques. Les républicains vaincus, peu
nombreux encore, mais pleins de foi et de courage, rele-
[E 00UYERN EIT|ENT DE JUIILET. 53$
vèrent la tôte. Le ministère, effrayé de oette egitation, refusa
d'autoriser un banquet qui devait avoir lieu à Paris, dans le
douzième errondissement. Ce fut I'origine de la révolution.
De nombreux attroupements se formèrent; des manifesta-
tions bruyantes éclotèrent; les ouvriers descendirent en foule
des faubourgs vers le centre de Paris. Le 23 février, Louis-
Philippe exigeait la démission de son ministère. Ceux qui
avaient provoqué lo campagne des banquets ne demandaient
rien ou delà. Mais on ne joue pos avec les révolutions, et on
n-e les onête pas quand on veut. Les hommes de parti
s'étaient mêlés &u mouvement; audacieux, ils en prirent la
direction. Quelques coups de feu furent tirés devant I'hôtel
de Guizot. La troupe riposto, De nombreuses victimes
tombèrent, le peuple courut aux olmes. Paris fut bientôt
couvert de barricades. Dans la journée du 24 février,
l'émeute étoit maltresse de la capitale. Le roi rvoit quitt6
les Tuileries, à midi, après avoir obdiqué en faveur de son
petit-fiIs,
Cette abdication avait été signée trop tard. Vainement lr
duchesse d'Orléans, ovee un héroique courege, oonduit son
- enfont à la Chambre des députés pour faire reconnaitre so
régence. Le palais Bourbon est aussitôt envahi par lo foule.
Les cris : < A bas la régence, vive la république t >r se font
entendre. Ledru-Rollin monte à la tribune et proteste contre
lo régence de lo duchesse d'0rléons. Les députés deladroite,
menacés par le peuple, quittent I'assemblée. C'est alors
qu'ou milieu des clameurs Lamortine propose de nommer
un gouvernement provisoire. Dupont de I'Eure, Lamortine,
Arago, Marie, Garnier-Pagès, Ledru-Rollin et Crémieux sont
élus séance tenante.. Les membres du nouyea,u gouvernement
vont s'installer à I'Hôtel de Ville, sont acclamés par le foule
_ et proclament la république.
13. Résultats du règne.
- Lo désirait
fut une véritable surprise. La Franse
révolution de février
une réforme,
non une révolution. Elle réclamait vivement I'extension du
suffrage, meis elle était loin de vouloir la chute d'une
royauté qui avait donné dix-huit ens de paix extérieure, de
liberté légale et de prospérité matérielle. Quelles qu'aient été
les faiblesses du gouvernement de Juillet, on ne pouvait ou-
blier que le charte avait été respectée, que les institutions
parlementaires avoient été loyalement pratiquées, que des
réformes utiles avaient augmenté la richesse publique. C'est
538 EISÎOIRE DE FRÀNCE.
ainsi que ta toi de t836 sur les chemins vicinaux et la loi
ile 1842 sur le réseau des chemins de fer donnaient à I'agri-
culture, à I'industrie et au commerce du pays de puissants
stimulants. L'instruction primaire éteit organisée par la loi
ile t833; I'instruction secondaire et supérieure étoit I'o\et
de lo sollieitude intelligente d'un habile ministre, de Sal-
vondy. Malheureusement le gouvernement de Juillet ne sut
pas ie garder, lui aussi, de toute méfiance à l'égard de la
démocratie. La Restauration s'était oppuyée surl'aristocratiel
Louis-Philippe chercha trop son appui dans la bourgeoisie.
Les deux gouuernements sont tombés pour n'avoir pos cherch6
à asseoir leurs institutions sur le volonté nationale et non
sur les privilèges du pays légel.

PREMIÈRE LECTURE. CASTMi! PéTIET.


-
Sa eravité n'était ni celle de I'austérité morale, ni celle de la médita-
tion iitelleetuelle. mais celle d'un esprit'solide et ferme, péttétré d'une
idée et d'une pasbion forte, et inc'essamment préoccupé d'un but qu'il
iueeait à la fois très dif{icile et indispensable
-ses
d'atteindre. Ardent et in-
ïuÏet. il avait toujours I'air de défier adversaires et de mettre à ses
âmis'le marché à-la main. Il recevait un jour des députés de la najo-
rité oui lui faisaient des objections sur une mesure. Il s'écria en les
resaràant d'un æil de feu : u Je me moque bien de mes amis quand
i'aj raisonl C'est quand j'ai tort qu'il faut qu'ils me soutiennent. > -
-particulières,
bans les conversaiions il écoutait froidement, discutait
neu et se montrait presque toujours décidé d'avance. A la tribune, il
ii'était ni souvent éloquént, ni-toujours adroit, mais toujours eflcace
et nuissant. ll inspirait confiance à'ses partisans, malgré leurs dotttes,
et il en imnosait â ses adversaires au milieu de leur irritation. C'était
la puissancô de I'homme bien supérieure à celle de I'orateur. Gstzor.

DEUXIÈME LECTURE.
- La Fayette.
Je ne nuis Detrser à [I. de La Fayette saûs un sentiment d'a{Iectueuse
triitesse.^ Je h'ai Doint connu de èaractère plus généreur, plus bien-
veillant oour tous, plus ami de la justice envers tous, plus prët à tout
'et pour
risquer ôour sa foi sa causle. Sa bienveillancef un peu banale
eno'ers lbs personnes, i'en était pas moins, pour I'humanité ên général,
vraie et nrôfonde. Son courage èt son dévouement étaient faciles, em-
Dressés, iérieux sous des apparences quelquefois légères, et d'aussi
f,on aloi que de bonne grâcd.'Il a eu, dans sa vie, une constance de
iéntiments et d'idées et îes jours de résolution vigoureuse qui feraient
honneur aux Dlus fermes amis de I'ordre et de la résistance. En l79lt
il a fait tirer àu Champ de Mars sur l'émeute parée du nom de peuple;
en 1792, il est venu, en personne, demander, âu nqm de son a.rnée, la
iOoressiôn des iacobins;'il est r-esté à part et debout sous I'Empire.
Uâis it nanquait de jug'enent politique, de discernement tlans I'appré'
ÛE GOUVERNEMENT DE JUIIIET. 637
ciation des circonstances et des hommes, et il avait un laisser-aller
sur sa propre pente, une imprévoyance des résultats probables de ses
actions, un besoin pcrûlanent et indistinct de faveur pouulaire qui le
faisaient dériver bien au delà de ses vues, et le livraient à des in-
Iluences d'un ordre très inférieur, souvent mème contraire à sa nature
morale comme à sa situation. Gurzor.

TROISIËME LECTURE.
- Attentat de Fieschi.
[e 28 juillet 1835, le roi, dédaignant les bruits sinistres qui avaient
pénétré jusqu'à lui, sortit des Tuileries pour passer en revùe la garde'
nationale et la troupe de ligne rangée surles dèur côtés des boulevârds.
Cc jour-là, ses enfârrts avaient voulu le couvrir de leurs corps. ÀI. le
duc d'Orléans, M. le duc de Nemours, I\I. le prince de Joinvilïe entou-
raient Ie roi et le semaient de près. Â la suiie de Sa Malesté étaient
Itl. le duc de ltroglie, président Tu conseil, It. le maréchalmarquis ilIai-
son, ministre de la guerre, M. Thiers, minislre de I'intérieur,-[I]1. les
maréchaux duc de Trévise, cornte Nlolitor, c0mte L0bau, et un grand
nombre de généraux et d'officiers supérieurs de la garde nationale et
de l'armée.
A mitli, le cortège, se dirigeant vers la Bastille, était arrivé devant
le Jardin-Turc: les-yeux du rôi se portent prr hasard sur la gauche; il
apercoit.de la fuméè sortir d'une fenètre;- ct par une pensée rapide
comme l'éclair : Joinuille, ceci me regarde, ititil; en-même temps
une forte détonation, semblable à un fd'u de peloton'mal dirigé, se fâit
entenclrel un vide est fait autour du roi. Le-duc d'0rleans sè.iette sur
son père, qui le rassure à I'irrst;rnt. Tous les regards effravés cherchcnt
aussilôt le-roi: on le voit dehuutl Ni lui. ni aucun de ses enfants
n'est atteiùt I La mort les a enveloppés sans'les toucher. Leurs chevaux
soLrt.blessés, et une balle a passe ôi près du front du roi qu'elle y a
laissé une longne trace noire. Mais quel'dénlorable snectacle I irn illusire
maréchal, plusieurs génémux, des officiers étaient tômbés; des eitoyens -fèle
de toutes l-es classei, des femmes. des enfants, accourui à cette
nationale, avaient aussi élé trappés par la mitiaille, comme s'il eùt
fallu que tortes les conditions sôdialei et tous les âges c0nc0urussent,
au Drix de leur sanq. à racheter la vie du chef de t'Ètatt
Àllons, Messieuis, marchons.. telles furent en ce moment les pa-
roles du roi. Mrnrn (du Nord).

EXERCICES ONAUX ET ÉCRITS

l. Erplloattou
- Aneône, ville d'Italie. -,tilles
des mots. Neuill11, com-
mrrne près de Paris.
voyez la carte. - Constantine, Bône, Oran, d'Algérie,

à. Ouestionnaire. 0u'appelle-t-0n gouvernement de Juillet? -


Combien a-t-il duré?- Quæi-ce que Ia-charte de 1830?
-
famille appartenait Louis-Philippe? - A quelle
Quels furent ses premieri mi-
nistres? -
est la date du ministère de Casimir Périer?
- Qnelle
en sont les faits principaur? - Quels
Ies principaur ministres
jusqu'en 1840? - Quels furent
insurrections eurent-ils à réprimer?
--Quelles - 29
Qrrels
furent les attentats dirigés contre Ia vie du roi?
tobre 1840, qui fut ministre en Francb? - A partir
Racontezla
du
mort du duc
oc-
-
23,
538 HISÎOIRE DE FRÀNCE.
d'Orléans. En quelle année?- Quels furent les faits prineipaur du
-
ministère de Grrizut? Qu'est-ce que la campagne des banqriets?
-
Quelle réforme demandait-on?
-
Racontez la révolution de février.
S. Ilevoir à rédiger.
-
Raconter les principaur faits du règne de
Louis-Philippe. -

ilI
LÀ CONOT'ÊTE DE L'ALCÉnrn
rEqoN

|- Erp6rtitton rl'Àlger. - L'erpédition d'Alger a êtê entreprise,


en 1830, pour venger une insulte faite à notre consul.
3. Prise d'Algor et de 0onstantine. - Alger a été conquis en 1830;
Constantine, en 1837, après une lutte énergique qui cotta la vie
au général Damrémont.
3.-lta-et-f,ader et le maréohal Bugeaud. - Le plus retloutable
ennemi de la France fut Abd-el-Kader, qui fut-combattu avec
visueur par le général Bugeautl.
i. viotôire d'Iàty. Bugéaud força Abd-el-Kader à se réfugier
chez I'empereur du -Maroc, et celui-ci fut vaincu à Ia bataille de
I'Islv (1844)
5." C'onquôtede I'Algérie.
- Abd-el-Kader fut fait prisonnier
en {848 ; et, depuis cette époque, la conquête de I'Algérie a été
défrnitive.
6. Colouisation de l'Àlgérie. - Aujourd'hui, I'Algérie est assi-
milée aux départements français. La colonisation-s'est dévelop-
pée dane ces ?ernières annéeô.

nÉcrr

l. Lee Français en Algérie. La conquête


- a été eommencée de
I'Algérie, notre belle colonie de I'Afrique,
sous le règne de Charles X et s'est poursuivie sous le règne
de Louis-Philippe.
L'Algérie était administrée, sous la suzeraineté nominû.le
de la Turquie, per uû dey qui résidait à Alger et qui
avait sous ses ordres les trois beys de Titery, d'0ran et de
Constantine. Les ports algériens étaient peuplés de pirates
qui infestaient la Méditerranée et pillaient tous les navires
marchands.
En 1827, le consul de Frence, M. Deval, ayant demandé
au dey d'Alger, Hussein, la restitution de deux navires cap-
turés par les corsaires, fut frapp6 d'un coup d'éventail au
t0N0uû18 DE r'ÂLGÉRrE. . t3g
visage. Le gouvernement frençais demanda vainement répa-
ration. Une expédition militaire fut résolue. Le 25 mai t8i0,
le générol Bourmont et le vice-amiral Duperré portirent de
Toulon.
2. Priee d'Alger (S juillet {S30). Les Frangeis d6-
barquèrent près d'Alger, et, après un combot- heureux sur le
plateau de Staouëli qui domine la ville, ils en commencèrent
le siège. Le dey fit sauter les forts qu'il ne pouvaiù défendre;
mais nos soldats s'établirent sur les ruines fumantes et,
le 5 juillet, ils arborèrent le drepeau français sur les murs
d'Alger.

Carte de I'AIgérie et Tunisie.

Les villes de Bône, Oran, Médéah furent occupées per les


Français de,{830 à {833. En même temps on organisait de
nouve&ux régiments pour préparer la conquête : les zouaves,
les chasseurs d'Afrique, la légion étrangère.
Le gouvernement de Louis-Philippe, pour bien merquer
sa volonté de faire de I'Algérie une colonie franqaise, nomm&
un gouverneur général (1834).
Le générol Drouet d'Erlon fut le premier g:ouverneur de
l'Algérie.
3. Prise de Constantine (octobre 1837), Les pro-
grès de la conquête étaient amêtés, à I'est, pnr -l'énergique
résistance des tribus belliqueuses, eppelées les Kaôyles, {ui
habitent la régionmontagneuse du Djurjura. En t836, le
maréchal Clauzel résolut de t'rapper de ce côté un coup dé-
cisif et d'enlever la forte place de Constantine.
L'expédition, retardée par I'attente d'importants renforts
qui ne furent pas envoyés, ne parut devant Constantine que
le 2t novembre.
L'hiver étrit rigoureux : nos soldats périssoient de frold.
540 HISTOIRE DE FNÀNCE.
La ville, située sur un rocher escarpé, protégée per un ravin
profond, dans lequel coule le Rummel, opposoif à une ermée
insuffisante une résistonce facile. Il fallut-dattre en retraitel
notre enière-gerde, &vec lc brave commondant Changarnier,
la protégea par des prodiges de courage. Cette malh-eureuse
expédition nous coûta cependant trois mille soldats. cet échec
cÈus& une vive émotion en France.

Vuc de Constanline,

L'anntie suivante, le génÉr,ul lJamrérnont, suùcesseur du


maréchal Clauzel, résolut de le venger. Un corps d'expédi-
tion, fort de dix mille hommes, commandé pa"r le gouver-
neur Damrémont et par l'élite de nos officiers, le duo de lr{e-
mours, lc général Valée, lcs colonels Combes et Lamoricière,
arriva devant Constantine le 6 octobre. Le g, toutes nos bat-
teries ouvraient le feu; )e {3, la place tombait en notre pou-
voir après un mémorable assaut. Le général Damrémont
avait été tué pendant Ie siège; il fut remplacé ûu g.ouverne-
ment général de I'Algérie par le général Valée, nommé ms,-
réchal de France.
4. Abd-e}-Kader. La France avait rencontré, à
lnouest, dans la province d'0ran, un ennemi redoutaÉle,
Abd-el-Kader.
Abd-el-Kader était né en l8l?, près de i\{ascara. Filsd'un
marabout vénéré, il prit bientôt lui-même le titre de mara-
ôout (saint) et d'émir (prince). Un pèlerinage à La Mecquo
L

CONOUÊÎE DE L'ALGÉRIE. ËII


eccrut le v6nération qu'il avait inspirée airx Arabes. A son
retour, il trouvo Alger en possession des Français, et il ré-
solut de les chasser de I'Afrique. Il fit de Mascaro le centre
de la résistance arabe. Il prêcha la guerre sainte et les tribus
se soulevèrent en m&sse.
Abd-el-Kader était brave, rusé, hardi dans I'atto,que,
toujours insaisissable après la défaite, conneissant bien toutes
les ressources du pays. Aussi remporta-t-il d'abord quelques
succès.
En,l835 il surprit le général Trézel sur les bords de la
Macta et lui infligea une sanglante défaite. L'année suivante,
le maréchal Clauzel vengee cette défaite et s'empara de
Mascara. Mais en l837le général Bugeaud signait avecAbd-
el-Kader le troité de la Tafna qui reconnaissait la souverai-
neté d'Abd-el-Kader, en ne laissant à la France que la pos-
session de sept villes. Ce traité fut vivement attaqué par
I'opinion publique.
5. I-le.capitaine lrelièvre à Mazagran (t8a0). -
Abd-el-Kader viola le premier le traité de la Tafna. En 1840,
pendant que les Frangais faisaient l'expédition vers les délilés
de I'Atlas, appelés les Portes de fer, il recommenga les hosti-
lités et menaga toutes nos possessions.
Mais un acte héroïque qui eut en Fronce un giand reten-
tissement surexcita le courage de notre armée; cent vingt-
trois hommes, commandés par le capitaine Lelièvre, furent
cernés dans Ia ville de Mazagran par douze mille Arabes.
Pentlant quetre jours et quatre nuits, ils se défendirent dans
les maisons du village et forcèrent I'armée d'Abd-el-Koder à
batfre en retraite.
6. I-re général Bugeaud (t,8&1,-1,847). - Un digne
adversaire d'Abd-el-Kader fut le général Bugeaud, nommé
gouverneur général de I'Algérie, en 1841. Son entr'ain et sa
brevoure lui conquirent une grande popularité dans I'armée.
En même temps qu'il continua la conquête, il résolut de
commencer la colonisation du peys. Sa devise était : par l'éçtée
et pa,r la charrue. Son nom restera toujours attaché à I'his:
toire de notre colonie algérienne.
Bugeaud disposait d'une armée de cent mille hommes"
commandés par des généroux rompus à la tactique des
Arabes : Lemoricière, Bedeou, Changarnier, Yousouf, le
duc d'Aumale. Ce dernier tt, en 1843, une action d'éclat.
Avec cinq cents chevaux, il enleva la smalah d'Abd-el-
T&2 EISTOIRE DE FRÀNcE.
Kader, c'est-à-dire so famille, ses enfants, ses serviteurs, ses
bagages, ses troupeaux, qui compaient près du Chélif, sous
la protection de cinq mille hommes. L'émir, qui s'était sauvé
à grand'peine avec se mère et sa femme, se réfugia dans le
M&roc.
7. I'l,a, bataille d'Ialy (1S44).
- Abd-el-Kader soulevo
contre nous I'empereur du MarocAbd-el-Rhaman. Le général
Bugeaud prépera activement la gueme.
Une bataille importante se livra près de la frontière du
Maroc, sur les bords de I'Isly. Notre artillerie jeta le dé-
sordre dans la cavalerie marocaine. Le ûls de I'empereur
s'enfuit avec tous ses ofliciers. Cette brillante victoire nous
assurait la soumission d'un grand nombre de tribus de
I'Algérie.
Le général Bugeeud, d6jà promu maréchal de France, fut
créé duc d'Isly.
8. I-re duc d'Aumale (l8t*7-1,8&8).
succédo au maréchal Bugeaud. - Leduc d'Aumele
L'oste capital du nouveau gouverneur fut lo prise d'Abd-
el-Kader. Celui-ci, après evoir essayé vainement de soulever
une révolution dans le Maroc, était revenu en Algérie. Le
général Lamoricière, &vec des troupes supôrieures, le cern&
et lui coupÈ toute retraite vers le désert. Abd-el-Kader se
rendit, à condition qu'il serait conduit avec sa famille à
Alexandrie ou à Saint-Jean-d'Acre. Le duc d'Aumale ratilia
le traité de soumission. Le gouvernement français ne jugea
pas prudent de laisser l':1mir en liberté; il le lit transporter à
Toulort et à Pau. Abd
'l-Kader arrivait dans cette résidence
lorsque éclata la rév,,,-rlion de février 1848.
En 1852 il fut mi" en liberté.IIalla résider à Brousse, puis
à Damas, en Syrie. .': :puis cette époque l'émir est devenu
I'ami de la tr'rance. Àvec une générosité digne de son grand
cour&ge, il n'a cessé de nous témoigner des sympathies, sur-
tout dans nos jours de malheur.
9. Lra conquête de I'Algérie:-- La conquête de I'Al-
gérie a contintré de {848 à nos jours. Elle n'a été achevée
qu'après la soumission complète des tribus énergiques de la
grande et de le petite Kabylie en 185?, sous le maréchal
Randon. Quelques insurrections ont troublé aotre colonie. La
plus redoutable fut celle qui éclata en {8?1, pendant que
nous étiorrl en gueme evec la Prusse. Elle fut réprimée par
le général Cérès.
toN0uriTB DE L'ALGÉAIE. 6.13
En t88t, I'expédition de Tunisie, en établissant le protec-
torat de l.' France à Tunis, o consolid6 et complét6 li con-
quête de I'Algérie.
10. Organisation de I'AIgérie.
mise au régime militaire, notre colonie - a Longtemps sou-
enlin obienu, en
l 87l , un gouvernement civil avec le droit d'être représentée,
comme-nos départements fronçais, à Ia Chambre des députés
et au Sénat.
L'Algérie est administrée per un gow)erneu?. gënéral ciuil
qui a le commandement des forces de terre et de mer. Il
est assisté d'un consafl d,e goutlrernmtent, délibérant sur les
affaires importantes, et d'un conseil supérùeur, examinant le
budget.
^ L'Algêrie comprend trois départements : Alger, Oran et
Constantine.
-Cheque département contient ; lo un temitoire ci,uil,
administré comme un département fronçais; et 20 un terri-
toire militalre, administré por les généraux et par les bureauæ
arabes qui sont composés d'ofliciers français, chargés des
lapports de I'administrotion française ovèe les indigènes.
Ces réformes ont fait de notre colonie une véritable France
olgérienne

IECTURE.
- La population de I'Algérie.
L'Algérie possède une population que I'on peut estimer à plus de
2 millions et demi d'indiiid-us. Cctte-populatibn se comDose ile deur
éléments différents : lo les Indigènes,-2o les Errronéens.'
Les indigènes comprennent : L"o les Berbères oa'Kabules (plus d'un
million) qui vivent surtout dans les régions montasneusàs de'ia stande
Kabylie, C'est une race énergique et }âborieuse; élle est sédentàire et
habile des maisons et non dés-tentes; elle est âdonnée à I'aEriculture
et à _findustrie; elle fabrique de la toile, des tissus de laine, dés armes.
Les Kabyles s'accommodent volontiers du régime franqais,'à conrlition
qu'on reipecte leur religion musulmane et leuis franchiies communales.
2o Les Arabes (plus d'un nillion) qui, dans les villes, sont désignés
sou.; le nom de trIaures. Ils habitent de préférence les plaines. Ili ont
conservé leurs mæurs ; ils vivent sous lâ tente, font li eommerce des
troupeaux,.et clangent de place à mesure que les pâturages d'un pays
sont épuisés. IIs sont peu travailleurs et abandonirent à'leurs fenimes
I'etercice des industries.
Les Européens comprenûent : lo I'armée française, forte de 60 000 hom-
mes envirun ; 2o la colanie -colôns.
proprement dite qui Coropte environ 260 000 in-
dividus, fonctionnaires ou
Parmi les colons on eompte environ 145000 Français et 115000 étran-
gers.
Les étrangers les plus nombreur sont les Espagnols (environ 70000).
6&L' EISTOINE DE FRÀNCE.
Ils se firent dans la province d'Orau otr ils sontjardiniers. Puis viennent
les ltaliens et les trûaltais qui résident dans les grandes villes, otr ils
erercent différents métiers. La France a accordé des temes aux ÀIsa-
eien,s-Lorraz'ns qui ont opté pour la nationalité française. Ils ont fondé
plus de 30 villages.
' L'avenir de l'Àlgérie dépend du progrès de la colonisation.

EXERCICES ONAUX IIT ÉCNITS

t. Erptioation des mots. - Titery, ancienne province de I'Algérie.


Orait, chef-lieu de département. 1 Constaniine, chef-lieu d-e dé-
-oartement. sur le Rummel, Bône. Drorince de Constantine.
- - Jlld-
]rorince d'Oran. - La Mecque,
âeal,, province d'Alger.
- Ifiascara,
canitale relisieuse de I'Arabie. La Ilacta, rivière qui so iette nrès
- rivière de lâ frontièri: onedi d'Oran.
rld colfe d'Aizeu.
- La d'0ran.
Ilazagran, province
Tafna,
Les Portes de fer, délilé de I'Atlas,
-entre les"départements d'Alger et - de
des plus grahdes rivières de I'Algérie.
Constantine.
- Le
Isly, rivière
ChéIif, :une
du Ntaroi.'
8.-Ouestionuaire. commencé- la conquête de I'Algérie?
- Quand a
Quelle fut la panse de I'intervention des Franeais en Algérie? - Ra-
-
contez la prise d'Alger. Quel a été le premierj gouverneur général de
-
l'Âlgérie?'- Raeonlez la prise de Constantine. En quelle année?
Qu'èst-ce qu'Abd-el-Kader? - Qrtel traitê a-t-il signé avec Bugearrd?
-
llreontez l'épisode de llazagran. - Qnel est le général qrri s'e.it Ie
-plus distingué ôn Âlgérie? Qrrelles étuierrt les idùes du général Bu-
-
ceaudt - Quels étai?nt les autres genéraur? - Quel est le titre nobi-
liairc de Bugeaud? - 0ù a-t-il corrquis ce titre? - Qui s'est emparé
d'Abd-el-Kader?
- Rappelez les faits principaux de la conquête tlepuis
1848 iusqu'à nos jours-.'- Qrrel est actuell'ement le gouvdrnement de
I'Algéiie? Quel-est le chiffre de la population? - Donnez quelques
détails sur -les colons algériens'
3. Itevoir à rédiger. 1- Raconter les principaur événements de I'his-
toire de I'Algérie.

w
r,e nÉpIIBLTQUE Dt 1848 & Lt SECONn
EUPIn'E I

(1818-1870)

LEçON

l. La rdpubllque do t848 et !e s_ufiragg. unlversel. -_ Le_gou-ver-


nemeut piovisoire proclama la République et décréta lttablis-
sernent tlu sufrrage universel.
!1. Assenblée oonstituante. L'Àssemblêe constituante, après
avoir lutté contre la terrible- insurrection de juin qui fut vâin-
cue psr le gènéral Cavaignac, ût une constitution républicaine.
. LA RÉPUBtlouE DE 1818. s4s
t. Le prince Louis-l{apoldon et le ooup û'Etat ilu tl d6oembro. -
Louis-Nâpoléon Bonapàrte, élu président de la Eépublique, fft
un coup cl'Etat contre I'Assembléé législative, le 2 décembre l85l'
et I'aunée suivante il rétablit I'empire.
{. Napoléon III, empereur. Le second empire a duré de 1852
- nombre d'institutions utiles, il
à t870;'il a fondé un certain o
encouragé le commerce et I'industrie, et fait quelques réformes
pour I'inltruction publique. Mais la F'rance, sous ce règne, s'est
tron désintéressée Tes affaires publiques.
5l Êuerres du secoud ompire. --- t ei principales guerres de ce
règne sont: lo la Êuerrè de Crimée,-signalée par le siège de
Sébastopol et terminée par le traité de Paris ({856); 20 les expé-
ditions dc Svrie. de Chiire et de Cochinchine; Jo la guerre d'l[a-
lie. sienalée"par'les victoires de Magcnta
'4o et de Solfûrilo, et tet-
miirée"par le'traité de Villafranca; la guerre du l\Iexique.
6. Gu'erre de Prusse. Ghute de l'empire. --- Enfin la guerre de
Prusse a amené, après les défaites de Wissembourg, Wærth,
Forbach et Sedah, ia chute de I'empire et le démembrement de
la France.

RÉCIT

l. Gouvernement provisoire. - Le gouvernement


provisoire, tprès tvoir proclemé la république, déæéta la
dissolution de lo Chambre des députés, I'abolition de la
peine de mort en mttière politique, Ia suppression de I'escla-
vage dans les colonies et l'établissement du suffrage uni-
versel.
Ces premières mesures ne satisûrent pas le parti avancé
de la révolution. Ceux qui rêvoient l'établissement d'une
république sociale demandèrent que le gouvernement prît
un emblème nouve&u, le dropeau rouge. Lamartine eut le
courege de résister au peuple. < Le drapeûu rouge, dit-il,
je ne I'adopterai jamais, et je vais vous dire dans un seul
mot pourquoi je m'oppose à son adoption de toutes les forces
de mon patriotisme : c'est que ledropeau tricolore, citoyens,
o fait le tour du monde avec la république et I'empire, B,vec
vos libertés et vos gloires; tandis que le drapeau rouge n'&
fait que le tour du Champ de Mars, traîné dans le song du
peuple. n
2. L,es ateliers nationaux.
deveit pas longtemps suflire à colmeq - Mais l'éloquence ne
les impatiences du
peuple et à désormcr ses oolères. La révolution avait provo-
qué une crise économique. Les manufactures s'étaient fer'-
mées; des milliers d'ouvriers se trouvaient sans ouvrage et
sans pain. Le gouvernement crut qu'il était de son devoir
6IL6 EISTOIRE DE FRÀNCE.
d'assurer I'existence de I'ouvrier par le travail. Erreur capi-
tole qui provenait des doctrines sociolistes t L'Etet n'est prs
tenu de donner du traveil; son rôle n'est d'être ni cepitaliste,
ni banquier. Il doit se contenter per Bo bonneadministration
et prr se sege politique de rossurer tous les intérêts, et ainsi
de faire naître le crédit et la confiance' ces deux grands
agents de la fortune publique. Le gouvernement provisoire,
en créant des ateliers nationaux, où les ouvriers, organisés
en brigades, recevtient un franc parjour, préparaitlescadres
de I'æmée de l'émeute. Enfin, en créant au Luxembourg
une oommission oflicielle pour étudier la question de ce que
Ies socielisi,es appelaient le il,roit au trattuil, il semblait'fevo-
riser des théories gu'il aurait drl vivement combattre. Cette
faiblesse du gouvernement pour les doctrines sociolistes fut
la première cause de sa chute.
Le conllit éclata aussitôt entre la bourgeoisie et le peuple.
Le { 6 mars, les bataillons de la garde nationale trent une
rnanifestation à I'Hôtel de Ville pour déployer les forces du
parti de I'ordre; le lendemain, 17, Ies corporationsouvrières,
les ateliers nationaux firent une contre-manifestttion. Cet
antagonisme ne pouveit faire naître que de grayes dangers
dans un avenir prochain t
3. Assemblée coustituante. s'étaient
- Les élections
faites pour Ia première fois aves le sulfrage universel. Nulle
part on ne signalo de troubles. L'Assemblée constituonte,
qui fut le produit de ces élections, appartenait en grande
majorité à I'opinion républicaine modérée. M. Buchez, répu-
blicain honnête, en fut nommé président. Le pouvoir exé-
cutif futconlié à cinq membres éluspar I'Assemblée : Arogo,
Garnier-Pagès, I\larie, Lamartine et Ledru-Rollin.
4. T'e l5 mai. Les socialistes n'&vaient pas désarmé.
Le gouvernement, -composé d'hommes modérés, ne pouvait
satisfaire des hommes audacieux qui réclamaient une révo-
lution sociale. Le { 5 mai un rassemblement énorme se forme
sur la place de la Concorde, sous prétexte de manifester en
faveur de la Pologne. Aussitôt Ia foule se porte vers le Corps
législatif ; les grilles du palais sont enfoncées; la salle et les
tribunes sont envahies. Le chef d'un club socialiste, Huber,
monte à la tribune et s'écrie : < Au nom du peuple, I'As-
scmblée nationale est dissoute. r Aussitôt la foule proclame
un nouvea,u gouvernement provisoire avec les noms de
Barbès, Blanqui, Proudhon, Louis Blonc, Raspail. Elle se
t RÉPUBrrouE DE {848. 5{7
prôpore à marcher sur i'Hôtel de Ville. Mais pendant ce temps
la garde nationale a battu le rappel, elle arrive au pas àe
course ou palais législatif, pénètre dans le salle et en chasse
les euvahisseurs. Les émeutiers sont dispersés dans toutes
les directions. Barbès et ses complices sont orètés et con-
tluits à Vincennes,
5. Journées de Juin. La journée du l5 mai avait
-
montrô à I'Assemblée constituante le danger de nourrir dans
Paris une ermée de cent mille ouvriers, traveillée por les me-
neurc socialistes et toujours prête pour I'insurrection. Elle
déuéta, le 22 juin, que tous les ouvriers de dix-sept à vingt-
9i1q ans seraient invités à s'enrôler ou à partir pour la
Sologne, où on leur offrait du travail. Le même jôur une
manifestation insurrectionnelle protesta contre les décrets de
l'Assemblée. Le gouvernement prit des mesures de défense;
il conlia la dictalure au générol Cavaignoc rvec le comman-
dement de I'armée et de la garde najionale.
Le lendemain, 23 juin, commençâ dons les rues de paris
cette olfreuse bataille qui dura cinq jours. Les insurgés
avaient leurs quartiers généraux à la place de la Bastille
qu'ils avaient défendue par d'infranchissibles barricades. Ils
occupaient la Cité, le Panthéon, les faubourgs Saint-Antoine
et du Temple, les barrières Rochechouurt, Poissonnière et la
Villette. Dès le début de la lutte, on put voir I'acharnement
furieux des combattants : Des femmes agitant des drapeaux
rouges, armées de fusils, se faisaient tuer sur les barricades,
Le25,le général Bréa est assassiné &u moment où il parle-
mentait avec les insurgés de la barrière Fontainebleau; le
général Damesme est tué à I'attaque du Panthéon; le général
Négrier, à I'assaut de la banicade de la Bastille. Deui renré-
sentants du peuple périssent. Cependant I'insurrection recule
dans le faubourg Saint-Antoine. L'archevêque de paris,
dans I'espoir d'obréger la lutte, se dirige vèrs la Bastille,
pour porter des paroles de Baix. A son anivée, les insurgés
déposent les armes; mais le combat recommence inopiné-
ment, et une balle partie d'une fenètre atteint mortellement
I'archevêque, qui tombe victime de sa charité et de son patrio-
tisme. < Puisse, dit-il avsnt de mourir, mon song être le
dernier versé I >
Les journées de juïn avaient cotté des deux parts cinq
mille morts, parmi lesquels sept généraux et trois représen-
tants; quatre autres généraux et trois représentants ava.ient
Û48 HI$TOIRE DE FRAN0E.
été blessés t Douze mille insurgés, errètés après le combat,
furent transportés en Afrique.
6. Constitution de 1848, L'Assemblée avoit éle-
boré la constitution républiceine, - qui fut proclamée solen-
nellement sur la place de la Concorde, le l2 noyembre {848..
Cette constitution établissait le sulfrage universel, conliait le
pouvoir législetif à une assemblée unique, indissoluble,
composée de sept cent cinquante membres et assistée d'un
conseil d'Etat élu par elle. Le pouvoir exécutif devait o"ppa,r-
tenir à un président élu par le suffrage universet pour quatre
ans, rééligible seulement après unintervalle de quatreautres
années. La constitution était revisable. La revision ne pou-
vait être faite que dans la dernière année d'une législature,
et si le væu exprimé por I'Assemblée réunissait les trois
quarts des sulfrages.
L'élection présidentielle eut lieu le l0 décembre l8&8.
Plusieurs canditlats furent portés. Les votes se répartirent
ainsi : le prince Louis-Ilapoiéon, 5562834 voix; le général
Cevaignac, { 469 166 ; Ledru-Rollin, 3?7 236 ; Rospeil,
37 106 ; Larnartine, l7 9t 0.
L'Assemblée constituante proclama le citoyen Louis-Na-
poléon Bonapolte président de la République. Le président
de I'Assemblée lut la formule du serment; et Louis-Napoléon
monta à la tribune, leva la main et, d'une voix hs,ute, juro
respect et {idélité à la constitution républicaine.
7. Présidence de l-rouis-Napoléon Bonaparte.
Le prince Louis-Napoléon Bonaparte était le troisième
- de Louis Bonaparte, roi de Hollande, et d'Hortense Beou-
lils
harnais. Il était né aux Tuileries le 20 avril {808. Elevé en
Suisse, au château d'Arenenberg, il avait occupé sa jeunesse
à des études d'ort militaire, d'histoire, d'économie sociale.
En 183t, il avait combattu en ltalie avec les patriotes ita-
liens oontre I'Autriche; il avait tenté deux fois, en {836 et
en {840, à Strasbourg et à Boulogne, de renverser le gou-
vernement de Juillet. Enfermé au château de Ham, il s'en
était échappé en {846. Il vécut à Londres jusqu'à la révolu-
tion de février. Il fut élu le 6 juinàl'Assemblée constituante
par quatre départements, la Seine, I'Yonne, la Corse et la
Charente-Inférieure. Cette élection ayant soulevé un vif
débat dans I'Assemblée, le prince donna sa démission. Des
élections eurent lieu en septembre pour le remplacement
des députés, démétés d'accusation après les jouruées de
[E SECoND EMPIRE. 649
juin; le prince fut réélu per cinq départements. Il opta pour
Fnris et fut sdmis sans-contestàtion dans I'Assemblée. Le
l0 décembre, le sulfrage universel le nomma président de la
République.
L'Assèmblée constituante, élue pour faire Io constitution,
décida que son mendat était épuisé; le 13 mai eurent lieu
les éleetions pour I'Assemblée législative. Elles furent défa-
vorables à Ia République. Parmi les nouveaux députés élus,
plus de quatre cents oppartenaient aux partis monarchiques;
deux cents seulement étaient républicains. Le 28 mai 1849'
I'Assemblée législative fut installée.
8. Assemblée législative. Le gouvernement
s'oppuya d'abord sur lo majorité de I'Assemblée, dont les
membres unis sous le nom de tt Amis de I'ordre, n trovail-
laient &u renversement de la République. Le prince Louis-
Napoléon envoyt une ermée franqaise en Italie sous le
commandement du général Oudinot. Cette expédition, qui
devait mettre ûn à lu république romaine, provoqua une
insurrection à Paris. Letlru-Rollin et quelques chefs du parti
républicain s'emparèrent du Conservatoire des arts et
métiers, où ils voulaient installer une Convention natio-
nale. Mais cette insurrection fut rtpidement vaincue por
I'armée et par la garde notionale aux ordres du général
Changarnier.
Aussitôt commencèrent les mesures de réaetion. Paris
fut mis en état de siège. Le sulfrage universel fut, restreint
par la loi ttu 3L mai 1850, qui supprimeit trois millions
d'éleoteurs. L'Université regut une gr&ve atteinte par la loi
de 1850.
Cependant de profonds dissentiments ne tardèrent pas à
éclater entre I'Assemblée et le président. La première prépa-
rait ouvertement une resteuration monarehique; le prési-
dent travaillait secrètement au rétablissement de I'empire.
Tandis que les tléputés monarchistes allaient à lMieshaden
pour s'entendre avec le comte de Chambord, Napoléon visi-
toii Lyon et Cherbourg, entretenait habilement Ies sympa-
thies populaires et remutait de nombreux adhérents dans
I'armée. Le conflit éclato à I'occasion de lo destitution du
général Changarnier, que le gouvernement savait dévoué à
I'Assemblée nutionale. L'Assemblée répondit à cette mesure
por la proposition dite des qu,esterns, qui donnait au président
de I'Assemblée le droit de txer I'importance des forces mili-
550 STSÎOIRE DE SRANCE.
taires et d'en nommer le chef. cette crise gouvernementole
devait eboutir à un coup d'Etat.
9. Coup d'Etat du g décembre. Dans la nuit
d.u 2 décembre, les représentants du peuple- furent arrêtés;
-le palais-Bourbon,
I'Assemblée nationale fut dissoute, et où
elle siégeait, fut occup6 militairement. Deux cents députés,
qui s'étaient réunis à la mairie du X" arrondissemeni pou*
protester contre le coup d'Etat, furent arrêtés par les soldats
et jetés en prison. Le lendemain, des ba*icades s'élevèrent
dans quelques rues de Paris: elles furent enlevées par les
troupes. Une terrible fusillade balaya les boulevards. Quei-
ques départements prirent les armes; ils furent soumisà
une dure iépression. Des chefs républicains furent déportés
en masse, et des commissions mixtes poursuivirenf tous
_cggx.
qui avaient voulu défendre les institutions répu-
blicoines.
10. Présidence décennale. C'est au milieu de
-
cette terreur générale qu'eut lieu le plébiscite. Une majorité
considéroble soutint la politique du président. Les pouvoirs
du président étaient lixés à dix ons; le sufrage universel
était rétabli. Mais la présidence décennale n'étaifqu'un ache-
minement vers l'empire; elle ne dura qu'un an. Les élec-
tions pour I'Assemblée législative n'envoyèrent que des
représentants dévoués à la resteuratlon impériale. Un
voyage du prince dans_les départements préparà les esprits
à cette restaurotion. Le sénatus-consulte du Z novembre
rétablit la dignité impériale en faveur de Louis-Napoléon.
Un plébiscite ratiûa le sénatus-consulte. Le Z àécem-
bre 1852, Louis-Napoléon fut ofûciellement proelamé em-
pereur dans toutes les villes de France, sous le nom de Na-
poléon III.
11. I-re second e. pire. La Constitution impériale
donnait au chef de I'Etat une-autorité souveraine. Liempe-
reur_disposait d'une menière absolue du pouvoir exécuiif ;
seul il décidaii le guerre, faisait les traités de paix, d'alliance
et de commerce. Les ministres, nommés par lui, ne dépen-
f_aie1t que de lui. Il avnit la plus grande part d"u pouvoir
législatif. Seul, il avait I'initiative des lôis, il nômmait
tous les membres du Conserl d,'Etat, chargé d'élaborer les
projets de loi, et les membres dt Sénat, chargé d'approuver
la loi. Le Corps legùslatif seulement étuit le prôàuit de
-
l'élection. Mais la candidature officielle et la presiion &dmi-
.a

I,E SEOOND EIIPTNE. 55I


nistrative n'y faiseient arriver que des députés dévoués à
I'empire.
En 1860 et en 186g la constitution fut moditée dans un
sens plus libéral. L'initiative du corps législatif fut plus
grande; le droit d'interpellation lui i'ut aieordé; Ies'mi-
nistres furent responsebles devant les chambres. Le B ion-
vier, un ministère, qualité parlementaire et libéralr" fut
formô par M. E. Ollivier, ancien député de I'opposition, et
remplogait le ministère de M. Rouher. cette nouùlle consti-
tution, $gqtée par le Sénat, fut ratiliée ps,r un plébiscitc
le 8 mai l8?0.
12. Ingtitutions de I'empire. assemblées ré-
- Les
publicaines s'étaient activement occupées de mesures favo-
rables oux classes ouvrières. L'Assemblée législative avait
ordonné la fermeture ou I'assainissement des lolgements insa-
lubres, créé une caisse de retraite pour la vieilËsse et donnê
plus d'extension aux sociétés de seàours mutueJs et de pré-
voJence-.. L'empire eontinua ses traditions. Il multiplia les
coisses d'épargne; il créa, en faveur des indigents, I'assis-
tance judiciaire. une loi sur le eontrat d'apprentissage limita
les heures de trovail et I'autoritê des patùïs. En igb2, on
organisa des crèches et des asiles pour la première enfance
et des sociétés de charité maternelie. En l-aua, ou institua
les médecins cantonaux; en t85b, on ouvritpou*ler ouvriers
convalescents les Asiles impériaux de vincennes et du vésinet.
ry 1ST9, fut fcrdé l'Orphelinat du prince impériall et, en
l?62., I'impératrice créala Société du prince impÉriaf, desti-
née à &vancer aux ouvriers les sommes néceisaires pour
aeheter leurs outils de travail.
13. Agriculture, industrio, commerce. L'agri-
culture fut encouragée par la création de nombreux- cherriins
vicinaux, par I établissement des concours ag'icoles, par la
fondation du Cred,ùt agricole, par de grands-troooui de re-
boisement dans nos campagnei ou de îéfrichement dans les
terrains humides des Dombes et de la sologne. L'industrie
frangaise montra toute sa supériorité dans lÀ grande exposi-
tion de_1.867, qui réunit à Paris plus de soixante mille eïpo-
sants. Elle trouvoit un puissant soutien dons nos gtands
él,ablissements tnanciers : la Banquede France, le Coirptoir
d'escompte et le trédit foncier. Enfin le commerce regut une
vigou.reuse irnpulsion par le traité du 22 janvier ttiOO qui
substituait ru système prohibitif le système du li[re
r52 EISTOIRE DE TRANCB.
échange. Co traité, qui étrit un heureux emprunt aux
doetrines éeonomiques professées en Angleterre, a été une tles
o&uses prineipales de la prospérité matérielle de la Franoe.
14. Travàux publics. - Les travaux publics furent
poussés avee vigueur. Paris, agrandi par I'annexion de la
banlieue, assaini per de larges voies qui firent disparaître
les maisons malsaines des vieux quartiers, embeili par la
construction de ponts, d'éditces municipoux et par l'établis-
sement de jardins publics, devint la ville la plus belle de
I'Europe. Les grandes villes de I'empire imitèrent I'exemple
de Paris. Les voies de communication de toute espèce reçu-
rent un développement considérable. Le réseau des routes
nationales dépassa 38 000 kiiomètres, celui des canaux, 4 800'
celui des chemins de fer, 20 000.
15. Instruction publique. - L'instruutionpublique'
sous le ministère de M. Fortoul, reçut une organisation nou-
velle et subit des réformes que l'épreuve devait condomner.
I\Iais elle fut I'objet des préoccupations intelligentes de deux
ministres, MM. Rouland et Duruy. Ce dernier æéa un ensei-
gnement secondaire spécial, destiné à préparer les jeunes
gens oux earrières professionnelles et il donna une impulsion
heureuse à l'instruction primaire par l'établissement des
cours d'adultes.
16. Politique extérieure. - Dans son voyage à
Bordeaux, le plince-président avoit dit : < L'empire, o'est
la paix. l Pendant dix-buit ans de règne, I'empire. a fait
quatre grandes guerres : gueme il,e Crf,mee; guene d,'Italie;
guerre tl,u Meæi,que; gueme ile Prusse,Il faut ajouter encore
les expéditious militaires de Syrie, de Chine et de Cochin-
chine.
1?. Guerre de Crimée. - La restauration impériale
n'ovsit pos été occueillie avec faveur par les cours euro-
péennes. LB.Russie qui, depuis {8{5, se fiisait le champion
âe I'oncien régime contre la Révolution, n'fl.vait reconnu
que tard et avec froideur le nouveau règne. Napoléon III se
ràpprocha de I'Angleterre. L'ambition de la Russie, le pro'
teôt-orat qu'elle revendiquait sur les chrétiens d'Orient, ses
projets menagants contre la Turquie et Constantinople,
âevaient préparer I'alliance anglo-franqaise. Cette alliance
permettait à1'Angleterre d'amêter la Russie dans sesvues de
âomination sur l& mer Noire, et à Napoléon III de jouer uu
rôle prépondérent dans la politique européenne,
[B SECOND EUPIRE. 853
En {863, I'nurbassadeur russe ù Constantlnople réclama
pour I'empereur Nicoles le protectorat de tous les chrétiens
de la Turquie. Sur le refus du sultan, les Russes envahirent
le territoire turc et incendièrent lr flotte turque dans Ia mer
Noire. L'Angleterre et ln France déclarèrent la guerre à lo
Russie (avril { 854).
18. I-ra bataille de I'Alma. Les hostilités s'engu-
gèrent sur tous les points : dans la-mer Noire, dans la Bel-
tique,- sur le Danube et dens I'océan Pacifique. Le's opéra-
tion.s les plus importantes eurent lieu en Crimée. Le t4 sep-
tembre 1.854, I'ormée des alliés, forte de soixante-dix miile
soldats, débarqua sur les côtes de la Crimée. Le maréchal
de Saint-Arnaud chassa des bords escarpés de l'â/rna les
Russes, commandés por le prince Menslaikolf, et, oprès
cette brillante vicfoire, il put commencer le siège de -Sé-
bastopol.
19. Siège de Sébastopol.
- Cette
dable était I'arsenal de toutes les forces
forteresse formi-
de lo Hussie dans la
mer Noire; elle avait d'immenses opprovisionnements; elle
était protégée par de grands travaux de défense, et elle ovnit
pour défenseur. un des plus habiles hommes de guene de
notre époque,_le colonel du génie Totleben. Ce siège, qui
devait durer plus d'un an, esfun des plus considérabje. Aes
temps modernes.
Le maréchal de Saint-Arnaud, atteint du oholéra, remit le
commsndement au général Canrobert. Celui-ci cornmençÈ
aussitôt les opérations du siège. Les Russes essayèrent de
percer nos lignes. Le 5 novembre, ils culbutèrent les Anglais,
commandés par lord Raglan, sur le plateau d'Inkermann,
mais ils furent repoussés par les Françàis qui leur infligèrenr
une sanglante défaite
Cependant nos solduts, exaspérés par le terrible hiver
de l855, demandoient à en linir. Le màréchal pélissier rem-
plaça Canrobert dont on oitiquait les lenl,eurs, et résolut
tle tenter un assaut général. Une première attaque contre ln
tour MolaÀ0fi échoun. Les Russes tentèrent alors une nou-
velle sortie; mais ils furent srrêtés et vaincus ou pont de
Trahtir par les Piémontais et les Frangais. Le I sepiemble,
après un bombnrdement général, uD nouvel assaut fut
dirigé contre Sébastopol, Le général de ll[ac-l\[ehon ave{:
les divisions Dulac et de La l\{otte-Rouge monta un des pre-
miers sur la tour Malakoff, y planta le drapcou français er
ËIST. DB Fn. C. COUI.L. 2{
r5l EISToIRE DE IRÀNCE.
dit cette ffère parole : a J'y suis, j'y reste. D sébastopol était
à nous.
Dons la Beltique, la flotte anglo-frangoise eveit détruit Ia
fortercsse de Bomarsund, et, dans la mer Noire, lt forteresse
de Kimbuln'
La mort de I'empereur Nicolas, I'intervention armée du roi
de sardaigne et du roi de suède décidèrent la Russie à tlc-
mander la Peix.
20. Tr;ité de Paris (30 mtrs 1356). - La paix fut
signÉe à Paris. La mer Noire était neutralisée; elle était
oùvc'te à la marine marchande de tous les p&ys; mais elle
éteit fermée à tous les birtiments de guerre. Aucun arsenal
militaire et maritime ne pouveit, être établi sur son littoral.
La Russie perdait la bouche septentrionale du Danube' La
navigation de ce fleuve était libre. Enfin la Russie renonçait
au piotectorat exclusif sur lcs chrétiens d'Orient, qui êtaient
plaôés sous le protectorat collectif des puissan-ces européennes.
'te
traité ajournait les projets smbitieux de la Russie du côté
de Constantinople et retardait de quelques années la ruine de
la Turquie.
Une ionséquence du traité de Paris fut I'union des deux
urincipautés âe Moldavie et de Valachie, sous le nom de
itoumïnie. Depuis '1866, la principauté est gouvernée par le
prince Char'les de llohenzollern.
gueue de Crimée a été une
21. Appréciation.
- La
gueme glorieuse, mais inutile. Lo.Russie a déchiré en l8?0
le traité de Paris I entn, après une nouvelle guerue a, ec les
Turcs (18?6-18?8), etle a repris la Bessarabie, elle t eug-
menté ses forces sur la mer Noire, et elle a exercé son pro-
tectorat sur les chrétiens d'0rient en faisant reeonnaître, au
détriment de la Turquie, I'indépendance des Dtots deSerbie,,
de Bulgarie et du Mont énégro, Ces conditions nouvelles ont été
établies par le traité de San-stefano elle congrès d,e Berlin
en l8?8.
22. Expéd,ition de Syrie (1860). - La France dut
intervenir de nouveau en Orient, pour protéger les chrétiens
de Syrie contre le fanatisme des musulmans. En 1858, le
consul frangais à Djedda avait été égorgé; en 1860, sixmille
chrétiens avaient été tués dans la ville de Damas. Les Turcs,
mêIés à une tribu idolâtre du Liben, les Druses, avaient
été les auteurs de ces m&ss&ores. Une brigade de sept mille
hommes, sous le commandement du général Beaufort
IE SECOND EIIPIRB. 6Ë5
d'Ilautpoul, débarqua en Syrie. L'ordre fut aussitôt rétabli;
Ies chefs Druses furent mis à, mort I les tribus chrétiennes
des Maronites purent reconstruire leurs villages. La France
obtint que le gouverûeur de ces coutrées serait un Arménien
catholique.
23. fsthme de Suez (185h-!867). Le percement de
- de I'interyention
I'isthme de Suez est I'acte Ie plusimportant
française en Orient. L'honneur en revient à M. Ferdinand de
Lesseps, qui conçut le projet de creuser à travers I'isthme de
Suez, large de tSO kilomètres, un sanol qui ratteche,

rait direstement la mer Méditerranée à la mer Rougc.


Cet habile ingénieur, appuyé pnr I'in{luence de la France et
Ie bon vouloir du gouvernement égyptien, e pu, malgré
I'opposition aveugle de I'Angleterre, méner à bonne fin son
entreprise. Le canal, commenc6 en t856, a été terminé
en {869. Il s'étend sur une longueur de cent soixante kilo-
nrètres, depuis Port-Safd, sur la Méditeuanée, à travers le
;' '-:

r50 EISToIRS On rn,rWCB.


lac Menzeleh, le lac Bollah, Ie seuil d'El-Guisr, où il s'en'
fonee dsns une tronchée de dir-hult mètres de profondeur,
le lrsTimsah, où aboutit un embranshementdu crnal d'eûu
douce et otr a étê bàtie la ville d'Ismaile, ln longue déprcs-
sion des lacs Amers, jusqu'à Suez, le port du canal sur la
mer Rouge.
Au;ourd'hui une partie notable de la navigation de I'Eu-
rope d"os I'exttême-Orient prend cette voie qui abrège d'une
minière considôrable I'oncienne route du cap de Bonne-
Espérance. Les ports de la Méditerranée sont maintenant en
.clution directe avec les ports de I'Inde, de la Chine, du
Japon et de I'Océanie. Le canol de Suez est un des plus beaux
travaux de ce siècle.
24. Guerre d'Italie ({858-18ti9). Depuis {8{5'
I'Autriche dominait en Itolie par le possession de ses deux
plus belles provinces : le Lombarclie et la Vénétie, et par
i'influence qu'elle exerçait sur les principautés de le pénin-
sule. Un sèul Etot, le royaume de Piémont, résistait ù
cette domination. En 1848, il s'était soulevé contre I'Au-
triche, mais il avait ét6 vaincu à la journée de Novare. Il
était alors gouvern6 par un roi populaire, Victor-Emmonuel,
et uu ministre ha"bile, le comte Cavour. Il ne cessait de
surexciter en ltolie les idées d'indépendance. Son alliance
avee la France dans la guerre de Crimée, les efforts généreux
tlu peuple italien pour s'émanciper, enfi.n le mariage du
prinôe llapoléon, Cousin de I'empereur' ûvec la fille de
Victor-Emmanuel, la princesse Clotilde, lui oveient assur6
les sympathies de la France libérole et de son Souverne-
meni. Un traité semet d'alliance fut conclu entre les deux
peys. Aussi lorsque I'Autriche, inquiète des armements du
Piémont, lui déclara la guerre, elle se trouva en face de [a
France.
25. Mageuta. - Les hostilités oommencèrent par la
brillnnte alfaire de Montebello, qui noug ouvrit la Lombardie.
Le 4 juin 1859, le corps d'armée du général de Mac-Mahon
traversa le Tessin au pont d.e T\trbigo; I'empereur franchit
cette rivière quelques lieues plus bas, à" Buffalora, ovec sept
mille hommes de le garde. Avec cette faible armée, I'empe-
reur attaqua les Autrichiens retranchés derrière le grand
canal et protégés par les tranchées du chemin de fer. Les sol-
dats de la garde résktèrent pendant plusieurs heures contre
tes efrorts de querente rniltre Autrichiens. Nos régiments dé-
[E SECOND EIIPIRE. 5S7
eimés rlleient suecomber, quend, vers cinq heures, emi-
v_èrent les régiments du maréchol Canroberf et du général
$e], et quelques instants après le corps d'armée Ce Mac"
Mahon. Les Autrichiens furent aussitôt refoulés dans le vil-
lage de Magento, où ils se défendirent héroiquement dans
ohaque maison. A huit heures du soir, Magenla était enlevé
par nos troupes, et I'ennemi fuyait sur toutl la ligne. Cette
victoire, qui valut au général de Mac-Mahon le titre de duc
de I\fagenta et de maréchal de France, nous livrait lo capitale
de la Lombardie, Milan.
26. Solférino. Les Autrichiens, après avoir perdu
leur première ligne -de défense, le Tessin, ie replièreni der-
rière le Mincio. Leur position eurait pu être inlxpugnable.
Appuyés, droite, sur la forteresse de peschiera, à gauche,

sur celle de l\fantoue, protégés par les places de Véro]re et de
Legnano, ils se trouvaient au centre de ce fameux quadrila-
tèr_e,.la plus forte défense de I'Itolie. Ils préférèrent^repasser
le Mincio et nous attendre derrière les hauteurs du petit vil-
lage de solférino. L'empereur d'Autriche comman-doit une
armée forte de cent soixante mille hommes.
. L'armée frangaise et italienne ne comptait que cent trente-
cilU mille Ïommes. A gauehe, les piémontaïs, à droite, le
général Niel et le maréchal canrobert devaient appuyer l;at-
taque principale d.irigée au centre par les corps ïei maré-
chaux*Baraguay-d'Hilliers, Mac-Mahon et la-garde impé-
riale. La bataille commença, à six heures du riatin. Ce ne
fut qu'à deux heures, après une charge admirable, que
les.voltigeurs de la garde s'emparèrent de la tour aô sot-
férino. Les Autrichiens durent sè replier vers le Mincio. un
orageépouvantable empêcha nos soidats de poursuivre les
fuyards et épurgna aux Autrichiens les dôsastres d'une
déroute.
27.I:e traité de Zurlch,
- Il semblait
pereur n'eùt qu'à continuer la, guerre
que I'em-
pour réalisâr le pro-
grâmme de tous les Italiens : plus d'Autrichiens dans la pé-
ninsule. Il s'arrêto cependani tout à coup après ces deux
grandes victoires. Il se montra inquiet desïispositions hos-
tiles de I'Allemogne et des metiées révolutionnaires des
patriotes italiens. Il signa avec Francois-Joseph la paix de
vills-Franca,- confirmée quelques moi.s oprès'par lË trait6
de zurich. L'Autriche abândonnait le Lombarâie, qui était
réunie au Piémont. Lo Franee recevuit du pi6montr'comme
558 BT$TOIRE DE FRANCE.
prix de son ellience, le Sovoie et le comté de Nice
(mrrs
' r860).
98. Lra fondatlon du royaume d.'Italie. - L'Italie
ne fut pas satisfaite du traité de Zurich. Elle avait espéré
chosser les Autrichiens et fonder son unité. En | 860, le
chef du parti naùional italien, le général Garibaldi, Iit avec
nrille volontaires uneexpédition en Sicile, vainquit les Nupo-
litains à, Marsala et s'empara de Palerme. Puis, débarquant
près de Noples, il attaqua le roi Francois II, et s'emparo
de sa capitale. L'armée pïémontaise, sous les ordres du
général Ciald,ini,, vint renforcer s& petite troupe, envahit les
Etats de I'Eglise, délit les volontaires pontilicaux à' Custclf''
d,ard,o et fit sa jonction avec lui. Le roi de Naples, eprès une
résistance énergique dans Gaëte, fut obligé de signer une
capitulation.
A la même époque, les duchés de Parme, Modène, la
Toscane et la Romagne demandaient leur annexion ou
Piémont.
Ainsi, en {86t, le Piémont était déjà maitre de toute
I'ltalie, moins les Etats de I'Eglise et la Vénétie. Victor-
Emmanuet prit le titre de roi d" Itali,e et transporte so copi-
tale de Turin à Florence. La même année, legrand ministre
italien, Cavour, était mort après avoir accompli son euvre.
En 1866, le roi d'Italie s'allia avec la Prusse contre
I'Autriohe. Mais, tandis que la Prusse était victorieuse de
I'Autriche à. Sadowa,les Italiens subissaient une double dé-
faite à Custozza et au combat naval de Lissa. L'Italie tira
prolit de ses défaites comme de ses victoires. Elle obtint la
Véttéti,e.
L'Italie convoita elors les Etats pontilicouxn mois la Prsnce
les avait plaeés sous sa protection. Garibaldi tenta cependant
un coup de main sur Rome; it fut vaincu par les troupes
françaises à. Mentana.
En l8?0, la France, obligée de faire faceà lo Prusse, rap-
pele ses troupes d'ltalie. Aussitôt les ltaliens prolitèrent de
notre départ pour ma.rcher sur Rome. Ils y entrèrent après
un court oombat, le 20 septembre t 870. Depuis cette époque,
Rome est devenue la capitale de I'Italie.
Vietor-Emmtnuel, le fondateur de I'unité italienne, est
mort en t878. Il a été remplacé pa.r son {ils, HumbertI"".
29. Guerre de Chine ({860). En {858, une flotte
-
anglo-frrnçaise avoit imposé aux Chinois un traité qui sti-
tE SETOND EMPINE. $50
pultlt une entlèIe liberté pour les commerçents et les mis-
sionnaires et l'établissement d'une ambassade à péking.
Ouand les ambassedeurs se présentèrent, ils furent accueilris
à co.ups, de canon. La France et I'Angleterre préparèrent une
gxpéditi_on; dix mille Franqais, sous les ordrei du général
Cousin-Montouban, et vingt mille Anglois débarquèùnt en
Chine et marchèrent sur Péking. L'armée chinoisà, envoyée
pour défendre -de
la capitale, fut mise en déroute près
Palikao. La ville de Péking allait être bombardée; -déjà le
palais d'été avait été pris ef livré au pillage, lorsque l"'em-
pereur demanda la paix. Elle lut signée dans pékin g. Le
gouvernement chinois s'engageait à admettre les ambas-
sadeurs anglais et francais dans la capitale, à payer une
indemnité de { 20 millions et à ouvrir ses ports ou commerce
européen.
_ 30.. Gonquête de IaCochinchine (tBbB-t867).
La nécessité d'assurer la sécurité de nos missionnaires ôt de -
nos relations commerciales avait provoqué, deux ons &upa-
lqvll_t, .une expédition dans lo Cochinchine. La France,
décidée à former un grand établissement à I'embouchure du
Oambodge, s'était emparée de Saïgon. Ce fut le point de
départ de la conquête. tsientôt les provinces de Mi[ho et de
Bien-Hoâ, furent conquises sur les Annamites. En t868, I'em-
pereur d'Annam signa un traité par lequel la Erance obtenait
la. possession de trois provinces et dès garanties pour nos
missionnaires et nos commercants.
31. Guerre d.u Mexiqu;.
de ces guerres. Toutes cependant - 0n a pu contester I'utilité
avaient jeté un vif éclat
sur nos &rmes, et quelques-unes avaient abouti à. un accrois-
sement territoria.l de la France. Avec la guerre du Mexique,
commencèrent les aventures, Ies fautes et les revers de
I'empire.
Le gouvernement mexicain avait commis des exactions au
préiudice des négociants étrangers. La Fr&nce, I'Angleterre
et I'Espogne envoyèrent une expédition commune, qui dé-
barqua à la Vera-Cruz. Les trois puissances s'entendirent
a_ussi longtemps qu'il s'agit d'exiger d'une république antrr-
chique de justes réparations. Mais le gouvernement-impériat
rêvait outre chose. Il voulait substituer à la répu6tique
mexicaine un empire latin. L'Angleterre et I'Espàgne ne
voulurent pas s'associer à cette aventure, et se retirèrent. La
France seule persiste. Elle envoya, de nouvelles troupes au

t_r
S60 EISTOTRE DE trRÀNCE.
Mexique, sous le commendement du général Forey'.La forte
place'de'la Puebla fut enlevé_e_ eprès un siège terrible. Les
'Français
entrèrent à l\lexico. une faction mexiceine appela
au trône I'archiduc Maximilien, frère de I'empereur d'Au-
irictre. Cet empire fragile se maintint oussi longtemps qu'il
fut soutenu pir les troupes frangaises. Mois Ie mécontente-
ment ,lu Corfs législatif frangais, qui signalait ovec.vigueur
les sa*iliceJ inuliles, en hommes et en argent, qu'exigeait
cette lointaine expédition, et surtout les vives réclomations
ae ta république américaine, Qui voyait avec peine l'éta-
blissement al'un empire français sur ses frontières, for-
cèrent Napoléon III à rappeler notre ormée' Le malheu-
reux Maxiirilien s'obstina à défendre s& couronne. II fut fait
prisonnier à ouérétaro, et fut fusillé oprès un jugement
dérisoire.
Cette expéttition du Mexique, qui s'étoit, term-inér ptr un
drame sanflant, avait épuisé les orsen&ux de la France et
ilécimé noJ régiments. Eile avait été le premier coup porté à
notre influence politique et à nos forces militaires'
32. Puissance d.e Ia Prusse. Cependont le situa-
-
tion de I'Europe était modiliée ou détriment dt lq puissrnce
française. Lo Frusse prenait une extensionconsidérable. Une
suerîe heureuse aveô le Danemark lui avait donné les trois
irovinces du Slesvig, du Holstein et du Lauenbourg. En 186ô'
unr gur*rr evec l'Àutriche, signalêe par la brillante vicloire
6e Sidowa, Iui avait valu des avantages plus consitlérables.
Elle avait annexé le Hanovre, la Hesse, la ville de Francfort,
et formé une confédération de I'Allemagne du Nord, dont
elle avait la direction. L'ancienne confédération germanique
était dissoule, el I'Autriche perdait toute inlluence en Alle-
megne. L'ambition de la Prusse était de méer I'unité alle-
*uidt, et de fonder, à son proût, un vaste em-pireallemanil'
Elle comptait, pour réussir, sur son armée formidable, re-
*utée par le sérvice obligatoire, sur I'habileté de ses géné-
roux, dt surtout sui la politique d'un homme remarquable,
M. de Bismarck.
33. Ira glrerre avec Ia Prusse. - Nepoléon III'
qui avait faioris6 I'unité allemanile en $éant I'unité ita-
lienne, aurait pu peut-être a*êter à I'origine le dévelop-
pr*rot de la puislance prussienne. Lorsqu'il vit.s'établir
àor ttot frontières, après Sadowa, un empire redoutable,
il résolut de le renvèrser. Un parent du roi de Prusse, lo
[E EUPIRE.
SECOND SôI
princo de llohenzollern, eyant é16 appel6 ru trône d'Ds-
ptgne, Nopoléon III exigea que ce prince renoncât à cette
couronne.
Le roi de Prusse, Guillaume I", refusa de s'ossoeier È
cette renoncintion. Le { I juillet,
I'empereur déclara la gueme
à lo Prusse. Les députés de I'opposition, et, parmi eux,
Thiers, avaient en vain protesté contre une guerre qui allait
conduire la France à la ruine. Le gouvernement impérial
avait mal préparé la France à une guerre que sr politique
avoit rendue nécessaire. Le maréchal Niel avait proposé
en 1.867 une loi militaire qui ne fut qu'en partie mise à
exécution. Notre armée était encore a{faiblie par I'expédition
du Mexique, Aussi les esprits clairvoyants purent prévoir
vers quels désastres I'empire se précipitait. L'armée fran-
çaise comptait plus de cinq cent mille hommes; en réalité,
deux cent mille seulement purcnt entrer en cempùgne. Nos
&rsenilux étaient vides; nos forteresses étaient à peine en
état de défense. Nous allions cependant nous heurter à
toutes les forcus de la Prusse et de I'Allemagne qui s'éle-
vaient, dès le début, à neuf cent mille hommes, nvec quinze
cents canons. Jamais guerre aussi sérieuse ne s'était faite
aussi légèrement I
34. Nos premiers revere. La guerre fut déclarée
- s'engagèrent le 2 aorlt
à la Prusse le l8 juillet; les hostilités
à Sorrebruck. Les forces allemandes étaient partagées en
trois armées : celle de Saxe, sous Steinmetz; celle du Rhin,
sous le prince Frédéric-Charles, neyeu du roi de Prusse; et
celle du Sud, sous le prince royal de Prusse. L'armée fran-
gaiseétait divisée en sept corps : l\{oc-1\{ahon, à Strasbourg;
Frossard, à Saint-Avold; Bazaine, à Metz; Ladmirault, à
Thionville; de Failly, à Bitche; Canrobert, à Châlons; Félix
Douay, à Belfort.
Nos défaites se succèdent avec une foudroyante rapidité.
Le 4, le général Abel Douay est défait et tué à'Wissembourg.
Le 6, le corps de Mac-Mahon est écrasé par les forces supé-
rieures du prince royal de Prusse à la bataille do \il'ærth,
entre Freschwiller et Reiohshofen; le même jour, le corps
de Frossard est mis en déroute près de Forbach. Les Alle-
mands envahissent la France par I'Alsace et la Lorraine.
Le 9, Strasbourg est investi.
Ces défoites proyoquent un changement dans la direction
politique et militaire. Le ministère du comte Palikao rem-
2i.

rf
,Jr,
I

b62 EISTOIRE DE FRÀNCE.


ploce le ministère Ollivier; le moréchol Bozeine est nomm6
ôommandant en chef de I'armée du Rhin.
Cependant les Prussiens, maîtres de Nancy, m-archent sur
Metz. Ils enveloppent Ia ville de leurs trois armées et oecu-
pent la rive gauôhe de lo Mosel.le, oprès la bataille de Borny'
baraine veui couper la ligne d'investissement et se ménager
la route de Verâun I mais, après les actions sanglantes do
Gravelotte, Rezonville, N{ars-la-Tour, Doncourt -et -Saint-
Privat, it est enfermé dans Metz ûveo son armée de cent
vingt mille hommes, composée de l'élite de nos soldats et de
nos- officiers. La France n'avait plus d'armée à opposer à
I'invasion.
35. Sed.an. - Une nouvelle armée est improvisée à
chirlons avec les débris des dilférents corps; elle est conliée
à Mac-l\{ahon, qui reçoit I'ordre de rejoindre Bazirine par
Verdun etThionville. CÀtte srmée est rejetée, après le combat
de Beaumont, sur Sedan, et ne peut plus opérer sa jonction
avec Bazaine.
Mac-Mahon est entouré pardeux armées
Le {ur septembre,.Une
du roi Guiiloume. lutte e{froyable s'engage autour de
Sedan. Mac-Mahon, grièvement blessé, est remplacé-par le
général Wimpfen. L;empereur, témoin du désastre de son
irmée, signe une cepitulation. Toute I'armée est.prisonnière
ae guerrel Napoléon, après avoir remis son épé9 a-u roi de
Prùse, eit interné dans le château de Wilhemshohe, près
de Cassel.
36. Chute de l'empire (& septembre 1870)' - Lo
nouvelle du désastre de sedan provoque à Paris et dans toutes
Ies grandes villes de France une irritation extrême. A Paris,
le p"euple envohit le corps législotif et prononqe la déchéance
du- gouvernement impérial. Il n'y eut aucune effusion de
tunf. L'impérntrice s'ènfuit en Beigique; la république fut
proelamée à I'Hôtel de Ville.

PREMIÈRE LECTURE. - Lc rufrage unlvcrscl.

Le suffrage universel, établi par h république rle 1848, est encore


auiourd'hui-la loi électorale de lâ Frauce-
--t-ùiftaniàisaec de vingt-un ans a le droit de voter, s'il n'a pas
subi une conàamnltion qui Ie prive de ses droits politiq.ues.
On vote Dour nommer les cônserllers municipaut qui administrent
avôc le maire les affaires de la commune, les cdnseillers d'amondisse-
neït ôt les conseillers généraur qui administrent avec le sous-préfet et
TE SECOND T'MPINE. 563
le_préfet les affaires du département, les députés qui font ct votent les
loii eénérales.
Ldsuffrage universel est un droit précieur Dour les Franeais. Sous I'an-
cien régime, les nobles seuls dispoiaient de iout; sous la iestaurati.n et
sous la monarchie de Juillet, les iiches seuls étaient électeurs et éliqibles.
Au.;ourd'hui, tous les Franqais sont électeurs et élisibles. sani con-
dition de fortune ni de narssance. Le suffrase univeri'el a âonc établi
l'égalité politisue.
Le suffrage universel permet à tout citoven de orendre nart aux
affaires publiques et d'exprimer pacifiquemeni et légaldment son'opinion.
Aussi toute révolution, sous un-pareii régime, est"condamnable,'
La loi est faite par la maiorité des citôveni. EIle est, donc I'exnres-
sion de la volonté-nationalel A ce titre, tbut Français doit soumi'ssion
el respect â la loi.

DEUXIÈME IECTURE.
- Les cuirassiers d,e Reichshoffen.
La guerre franco-allemande a été désastreuse parce qu'elle a été mal
prgp$Êe et mal conduite. tlais I'armée n'a pas ïémérité I Nos soldats
ont été.remarquables par leur dévouement'et par leur bravoure; à
Sedân rls se battaient avec tant de furie, gue I'empereur Guillaurne
s'écriait avec admiration : < 0h I les bravés ènfants I ,,
- A Reichshoffen, Ia charge des cuirassiers restera comme un des faits
d'armes les plus glorieux'de notre histoire militaire.
L'armée de ilac-Mahon était débordée de toutes parts par Ies forces
allemandes. La retraite était menacée. <r c'est alorà que'le sénerii àe
La.rtigue, qui a déjà épuisé ses réserves d'infanterie, sô sert ôe sa dei-
nière,ressource : il appelle la brigade de cuirassiers [Iiche.l. Le terrain,
c0upe de lrales, de lossés, couyert de houblonnières, est bien peu favo-
rable. Le général .Duhesme, malade, ne pouvant phis mouter h cheval,
mais présent sur le terrain, déclare'que'c'est unè folie, qu'on va dél
truire ses cuirassiers pour rien. 0n lui répond qu'il n'i a pas d'aurre
+gTen de.sauver-les dêbris de la division. i. Mes pauvreë cuïrassiersl,
dit le général Duhesme en essuyanl, uue larne. Âu premier comman-
dement, de toutes ces vaillantes puitrines s'échanne hn seul cri. celui
de Viue la France! et a*ssitôt cette belle brigà?te s'avance av'ec ses
cuirasses reluisantes au soleil, va prendre son ôrdre de bataille sur le
plateau. En un clin d'æil, elle se précipite avec la plus imnétueuse
énergie, balaye les premières pentes, puii elle descend comme un tor-
rent sur llorsbronn, où elle và se fair-e hacher. > De Mrzlnn.

EXERCICES ORAT'X ET ÉCilrS


l. Erplioatiqn {es mots. llma, Inkermann, Tractir,, Sébasto-
pol, villes de la Russie. - Montebello, Magenta, Solfér:iæo. villes
de I'ltalie. Zurich, - de la Suisse. 2 Medco. capitâle du
ville
Mexique. -
- Wi.tsembourgrReichshoffen, Forbach, villés de I'Alsace.
,!Ie.tz, ville forte de la Lorraine, iirr la Moselle. - Sedaz, sous-
-préfecture des Ardennes.
3. 0uestiounaire. les premiers actee du gouverne-
pent provisoire? - Quels furent
que les atôliers nationaur? L Quelle
- Qu'est-ce
fut la première assemblée répu$licaine? par qui fut-ellc atta{uée?
-
S64 EISTOIRE DE TRÀNTE.
Racontez les journées de juin.
-victimes? - Quelles en furent les principales
Quëtle était la Constitution de 1848? - Qui fut nommé
présirlent -de là Répub)ique? furent les actes principaux de
- Quels
I'Assemblée lésislatlve?
- Comuent fut-elle dissoute?
- Qu'est-ce que
Ie coun d'Etaidn 2 décembre? - Quand I'empire fut-il restauré? -
Combiôn a duré le second empire? - Quellès sont les principales
suerres de ce règne? - Quelles sont les carlses et les principaux faits
àe la Euerre de Crinrée? - Par quel traité a-t'elle été terminée? -
Parlezïe la gnerre d'Italie. - Qirelles en sont les d-eux principales
batailles? sont les causes de I'expédition de Syrie,-de Chine,
-'QuellesParlez de la guerre du Merique.
de Cochinchine?
-
emnereur du ]lexique?
- Qui frrt nommé
Quelle fut la fin de Nlaximilien? - Racontez
-
Ia ôuerre de Pruss'e jusqu'â Sedan. - Qrre se passa-t-il à Paris quand
on-apDrit le désastre de-Sedan? - Quelle est-la date de cette révolu-
tioni - Quelles sont les principales instittrtions de I'empire?
3.. Itevolr à rédiger. - Résumer les principales guerr-es du second
empue. r

v
nÉpuslrortE FRÀNçarsE
rEçoN

l. 0ouvernement de la ltéfenso nationale.


- Lê gouvernement de
la Défense nationale avait à lutter contre do r'edoutables difli-
cultés; iI orAanisa la guerre avec énergie.
8. Lâ guer-re nationale. Illais la capitulation de Strasbourg,
la trahison de Bazaine à -Metz et la chute de Paris, après une
admirable résistance, rendirent inutiles les efforts de nos soldats
eD province.
3. Traité de Francfort. L'Assemblée nationale, convoquée au
-
milieu de tous nos désastres, dut signer la paix et céder ô I'Al-
lemagne I'Alsace et la LorrB,ine. EtIe nomma Thiers présideut du
oouvôir exécutif.
' 4. Gouvernement de thiers. a bien mérité de la potrie;
- Thiersdu
il a obtenu l'évacuation anticipée territoire, et il a lutté
contre la formidable insurrection de la Commune.
5. Le septeunat de ilao-ilabon. - Cepcndant I'Assettrblée forqa
Thiers à êc rtémettre et lc rernplaça-par le maréchal de [lac-
[Iahon. Anrès d'inuliles tentatiies-pour rétablir la monarchie,
elle vota la conslitution de {ti75 qui établissait légalerneut le
souvernernent tle Ia Ilépublique.
" 6. Présieence ile carnol (1887). IItac-ilIahon donna sa déuis-
sion en t879. II fut reurpldcé par -Jules Grévv qui, lui-urêmc, se
retira en 188i. A cette époqùe, Carnot fut élu, par le Congrès,
président de la République.
ta RËPUBLI0UE IRANçAISB. 665

nÉcrr

l. I,e gouvernement de la Défense natlonale' -


Après la révolution du 4 septembre' un Souvernement pro-
visoire s'installa à I'Hôtel de Ville. Il était composé de députés
républicains, Jules Favre, Gambette, Jules Simon, Crémieux,
Erlrest Picard, Dorian, Rochefort.
Ce gouvernement, présidé par Ie général Trochu, prit le
nom dl gouuernenxent de la Défense nationale.
La situation était difûcile : il fallait continuer, s&ns res-
sources suffisantesr une Suene gui avait été marquée pu
tant de désastres.
2. La déIégation de Tours. - Le gouvernement
avait délégué en province quelques-uns de ses membres' La
délégation" s'étabiit à Tours. Gambetta-, qui était parti de
parii ballon, vint I'y rejoindre. Il fit de vigoureux elforts,
en
svec le concours de I'amiral Fourichon et de I\[. de Freycinet,
pour armer la France. Mais tout était dans le. plus grand
àésor.lre. Il était difficile d'impror.iser des armées en pleine
invssion. cependant les mobiles qu'on avait levés en masse
et les volontaires répondirent avec courege à I'appel du gou'
vernement. cet élan patriotique devait être impuissant contre
des armées disciplinéès et aguerries; du moins il sauva I'hon-
neur de Ia France.
3. Ira guerre en province. - Cependant les Prus-
siens avoiènt continué leur marche victorieuse' Le t 9 sep-
tembre ils arrivaient en masse devant Paris et I'investissaient
rigoureusement. Strasbourg, notre grantle place forte en
Aisace, assiégée depuis le l3 aorit, exposée à un bombarde-
ment qli m,itilait ia bibliothèque et la eathédrale, eapitulait
le 28 sêptembre. Toul avuit succombé quelques jours eupa-
rùvtnt.
Mais la capitulation la plus lamentable fut celle du mar&
chal Bezaine à" Metz, le 2? octobre. Cette ville imprenable
était livrée aux Prussiens eve0 une magnilique armée de plus
de cent mille hommes, Ovec tous les drapeaux et tout le ma-
tériel de guerre.
Toutes nos places fortes tombaient peu -à p1q el- pouvoir
de I'ennemi, Verd,un, Thionuille, Montmédy, Phalsbourg ne
succombèrent qu'après une vive résistunce. chdteauilun el
Saf;nt-Quentfu, villes ouYertesr luttèrent hérolquement'
686 HISTOIRE DE FRÀNCE.
Bitche, Belfort, défendues por le colonel Denfert-Rochereau,
tinrent bon jusqu'à la fin tle lo guerre.
4. I-ree armées de la Défense nationale. - La ca-
pitulation de Bazaine à Metz avait permis aux Allemands,
commandés par le prince Frédéric-Charles, de diriger toiutes
leurs forces vers I'intérieur de la France. Et cependant avee
des soldats mal habillés, mal &rmés, on défendit pied à pied
le sol national. On remporta même quelques succès. Près
d'Orléans, le général d'Aurelle de Paladines mettait en dé-
route à, Coulmiers I'armée bavaroise. Dans I'est, les mobiles
et quelques volontaires italiens sous le général Garibaldi
étaient vainqueurs à Chôtillon et à Autun.
Mais bientôt les revers nous accablent. Frédéric-Charles
reprend Orléans et coupe en deux I'armée de la Loire. L'une,
commandée per le brave Chanzy, faisait une admirable
retraite sur .te l[.ans et Laual. L'autre, commandée pûr
Bourbaki, essuyait un terrible désastre. Après avoir livré un
combat sanglant et indécis à. Vùllerseæel, elle échoue à lléri,-
côurt, et cherche un refuge en Suisse, à travers le Jura cou-
vert de neige.
Dans le nord, un remarquable officier, le général
Faidhelbe, livre -le combat indécis de Pont-Noyelles, rem-
porte la victoire de Bapaume, mais il est repoussé. par des
forces supérieures à la balaille de Saint-Quentin (19 janvier).
5. Le eiège de Paris. Depuis le lg septembre
Paris, étroitement bloqué par -I'armée allemande, résistait
&vec cour&ge. Des tentatives hérolques furgnt faites pour
rompre le blocus. Dans la journée du 30 noveulbre, soixante
mille hommes, sous le commandement du général Dumot,
s'emparèrent de Champigny eI s'ovancèrent jusqutà Yilliers,
Le 2 décembre les Prussiens nous trent un moment reculer,
puis furent repoussés et nos soldats couchèrent par un froid
terrible sur le champ de bataille. Mais le lendemain il fallut
rentrer dans Paris. Les combats acharnés dela Ville-Euraril,,
dt Bourget, de Montretout, d.e Buzmual, furent tout aussi
infructueux.
Lo population de Paris supportait s&ns se plaindre les plus
eruelles privations. Le froid était intense. Les vivres man-
quaient; on se nourrissait avec du pain noir et de la viande
de cheval. Le 6 janvier, h ville fut bombardée; pendant
trois semeines les obus mutilèrent les monuments et les mai-
rons de le rive gauche de lo Seine.
tÀ RÉPUBII0UE FRÂNçaISE. t6?
6. I-r'armistice. Après cette héroîque résistance,
Paris, à bout de ressources, dut capituler. Un armistice
fut conclu le 28 janvier l8?1. Une Assemblée nationale
fut convoquée à Bordeaux pour signer la paix avec I'Alle-
megne,

DaLriilc de Chtmpigu1,

7. T'e gouvernement de Thiers. L'Assemlrlée


national.e, élue au milieu des plus grandes - difficultés, se
réunit à Bordeaux, le t3 févlier l8?{. Elle donna à Thicrs
le titre de chef du pouvoir exécutif de la République fran-
çaise.
Thiers avait une grande popularité. Son rôle sous le règne
de Louis-Philippe et sous le second empire, se cour&geuse
protestation contre la guerre de { 8 7 0 , son élection par v ingt-
deux départements I'avaient porté au gouvernement. Mais cet
honneur était pour lui, dans les circonstances douloureuses
où se irouvait la France, une tâche bien redoutable.
8. Le traité de Francfort({0 mai {8?{). Thiers
négocia la paix avec les Allemands. Elle fut signée- à Franc-
fort. La France cédait à I'Allemagne I'At sr.cr a,vec les grandes
villes de Stru,sbourg, Colmar eltrIulhause, IaLonurxr avecln
place forte d.e Metx. Etle devait peyer en outre une indem-
nité de guerre de cinq milliards.
Ces conditions étaient bien dures. Les exigences des Alle-
588 ETSTOIRE DE FRÂNCE.
mands ovaient été enoore plus grandes. Mois, grâce oux
efforts patriotiques de M. Thiers qui discuto les clauses du
traité avec le prince ile Bismarck, Belfort nous fut conservé.

9. I-,'empire allemand. La Pmsse avait rctiré


- Lc tB ianvicr t87l lc roi
d'autrcs avantagcs de cette guerre.
dr Prussc, Guillaume, â.\'ait reçu à Versailles dans le palais
de Louis XlV, tout rempli des souvcnirs de nos victoires,
les délégués des princesallemands qui I'acclamèrent empereur
d'lllemagne.
I0. La Commune ({8 mars {B?{). Une horrible
guerre civile vint bientôt s'ajouter à tous -les désastres de
la guerre étrangère. Une partie de la populution parisienne,
exaspérée par les souffrances du siège et par la capitulation,
émue par la nouvellc du désarmement de la gurde nationalc,
se souleva contre le gouvernement lôgal de I'Assemblée de
Versailles. L'insurrection commença par I'assassinat des
généraux Lecomte et Clément Thomas ({8 mars). Un gou-
vernement insurrectionnel, celui de la Commune, s'installa
à I'Hôtel de Ville, et, pendant deux mois, régna impunément
sur Paris. Thiers, qui s'était retiré ù Versailles, réorganisa
I'armée et en conlia le commandement au maréchal de Mac-
Mahon. Le siëge de Paris commengr; ce ne fut qu'après une
bataille de sept jours que I'armée vainquit I'insurrection. Le
tA RÉPUBIIOUE FNANçÀISE. 569
sang evoit coulé à flots dans les rues de paris; et, dans le
fgreul de la guerre civile, rien n'ovait été épargné. ies Tuile-
ries, l'Hôtel de Ville,le palais du Conseil dEta1, le ministère
des tnances avaient été incendiés par ordre de la Commune.
L'arch^evêque de Paris, le ouré de la Madeleine, le président
de la cour de cassation, tous les otages avaieni été fusillés.
Il. Thiers libérateur du territoire.- Il semblait
que laIrance, après de si cruelles épreuves, n'eût plus qu'à
périr. Et cependant elle s'est relevée de ses ruines.
L'Assemblée nationale, par uu généreux sentiment qul lui
tt oublier un moment toutes ses divisions politiques, Tîhiers,
per se sagesse, la France, per son travoil et son économie,
ont contribué à ce relèvement de la patrie.
Il fallait d'abord débauasser le pays des prussiens. Un
emprunt national, souscrit quatorze fois, montra à la fois
notre patriotisme et toute la puissance de notre médit. Thiers
put ainsi peyer aux Prussiens les cinq milliards et obtenir
févacuation anticipée du territoire. Le I O septembre { 878, le
dernier soldat allemand repassa la frontière-.
L'Assemblée nationale déuéta que Thiers auaitbienmëritë
ile la patrie. Et plus tard, dans une séance célèbre, Gam-
lietta put dire en désignant Thiers : < Voila Ie libërateu,r d,u
territot)re. >
12.La loi militaire de L872, L'Assemblée natio-
nale, après avoir délivré la France,- voulut &ssurer sa dé-
fense. La loi militaire de {872 établit le service obligatoire.
Tous les citoyens durent être soldats depuis l'âge de vi-ngt
ans jusqu'à l'âge de quorante. Ils devaiênt servir succeisl-
vement dans I'armée active, dans ls réserve de I'armée ac-
tive, dans I'armée territoriale et dans la réserve de I'armée
territoriale.
Cette loi, qui a ét6 emendée par la loi de l88g, était né-
cessaire; mais eussi elle était juste, c&r tous les citoyens
se doivent à la défense de la patrie.
13. Chute de Thiere (24 mai 1873).
I'Assemblée nationole, qui étaient toujours - Les députés de
d'accôrd sur
toutes les questions patriotiques, étaient divisés entre eux
sur les questions politiques. Les uns voulaient fonder en
France, d'une manière définitive, le régime républicain, les
eutres cherchaient à rétablir la monarchie au prolit du comte
de Chambord. Thiers se refusa à favoriser les intrigues des
royalistes. Ceux-ci, qui 6taient en mejorité dans I'Asoemblée,
"a

ilIO HISTOIRE DE IRANCE.


provoquèrent la démission de Thiers. Le pouvoirexésutif fut
confié au maréchal de Mac-Mahon.
14. I-re gouvernement de Mac-Mahon.
- Après la
chute de Thiers, 24 mai t873, le pouvoir exécutif fut conlié
au maréchal de Mac-Mahon. Les royalistes essayèrent de
rétablir la monarchie. Une entrevue eut lieu à Frohsdorf entre
le comte de Chambord, héritier de Charles X et le comte de
Paris, héritier de Louis-Philippe. Mais, malgré cette réconci-
liation des prétendants à Ia couronne, Ies royalistes ne purent
s'entendre.
L'Assemblée prorogea ulors pour sept rns les pouvoirs de
Mac-Mahon I et, quelque temps eprès, elle vota une consti-
tution républicoine.
15. La constitution républicaine de 1875. -;.
Cette constitution, votée le 25 février 1875, donna le pouvoir
législatif à deux Chambres : Ia Chombre des députés et le
Sénat.
La Chambre des députés est élue pour quatre &ns par le
sufrirge universel direct.
Le Sénat se compose de trois cents membres. Ils sont élus
pour neuf a,ns, et renouvelables par tiers tous les trois ans.
Le pouvoir exécutif est conlïé à un président de la, Répu-
blique.
Le président est élu pour sept ans par les deux Chambres
réunies en congrès. La constitution est reursaôle, c'est-à-dire
qu'elle peut être modifiée par les deux Chambres réunies en
congrès.
Ainsi le république, qui étoit le gouvernement de fait de-
puis le 4 septembre 1870, devenait legouvernementlégalde
la I'rance.
16. Ire 16 mai 1877. - L'Assemblée nationale se
sépara après avoir voté In constitution. L'année suivante, le
pays élut une Chambre des députés en grande majorité répu-
blicaine. Jules Grévy fut nommé président de lo Chambre, et
Jules Simon, président du conseil des ministres.
Mac-Mahon, résolu de gouverner &veo les conservateurs,
appelo au ministère M. de Broglie. La Chombre des députés,
défavorable &u nouveau ministère, vota à une majorité de
trois cent soixante-trois voix un ordre du jour de blâme. Le
l6 mai 'l877, le président de la République, après avoir regu
I'adhésion du Sénat, prononça, la dissolution de la Chambre
des députés.
tÀ RtPUBtIous rRANçÀISE. s?l
l?. I-res élections. - Le peys, appelé à de nouvelles
élections, fut vivement agit6 pendant Io période élea'
torale. Lès conserv&teurs, soutenus par le gouvernement,
cherchèrent à faine nommer leurs candidats. Les républi-
ctins, qui ovoient pour chefs Thiers et Gambetta, Iirent de
leur côté de vigoureux eforts. Les élections, malgré la mort
de Thiers, 3 septembre 1.877, furent favorables uux répu-
blicains.
18. La démission de Mac-Mahon(30 jonvier 1879).
- Mac-Mahon, dont la politique avait été condamnée par le

pirys, conscr\'û. encûre un an lepouvoir. l\fais en 1879,1r-rrs-


qrie les éleotirrns pour lc Sénat eurenl arncné dans cctte
Chrmhre comme dans la Chamhre des députés une mnjorité
r(:prrblicaine, il donna sa démission. Les deux Chanrbrcs
réunies en conseil élurent, à la présidence de la Républiquc,
Juies Grévy, député du Jura, ancien prôsident de la Chamhre
des dôputés,
19. I-ro gouvernement républicain. L'éleclion
- ossurait
de Jules Grévy à la présidenoe de Ia Républiqne
Ie fonctionnement régulier du gouyernement républicain.
) , | '.

672 UISTOIRE DE FRANCE.


Désormeis le chef de I'Etat et les deux assemblées, la
Chanrbre des députés et le Sénot, étaient dévoués au régime
nouve&u.
20. Ir'instruction publique.
- Le gouvernement
s'est préoecupé surtout de développer et de répandre I'instrue-
tion.
L'instruction primaire e été rendue gratuite et obliga-
toire. Désormûis, tous les villoges ont leur nraison d'école.
Ce bienfait si précieux, le savoir, est mis à la portée de tous.
L'enseignement secondaire e vu renouveler ses méthodes
par l'étublissement du Conseil supérieur de I'instruction
publique, issu de I'élection. Enûn, I'enseignerçnt supérieur
a été doté de choires nouvelles, de bibliothèques et de labo-
rotoires.
C'est sous le ministère de M. Jules Ferry que la plupart
de ces réformes ont ét6 occomplies.
2I. Ir'armée. La défense du pays a étéessurée contre
-
de nouvelles attaques. L'armement e été renouvelé, les
arsen&ux ont été remplis, notre frontière a été couverte par
des forteresses nombreuses. La France forme ainsi une sorte
de camp retranché qui lui permettrait de résister à ses
ennemis.
Enlin I'ormée, qui est I'image de la patrie, o reçu sesnou-
verux drapeaux, le jour de Ia fête nationale, céiébrée pour
la première fois le t4 juillet t880.
22. Lree travaux publics. Les intérêts matériels
n'ont pas été négligés. L'Exposition- universelle, ouverteavec
un grund éclat le le'mai t878, dans le palais du Trocadéro,
a montré à I'Europe que la France avait repris son rang parmi
les grandes nations. Des travaux publics importants pour
I'achèvement de notre réseau de chemins de fer, pour les
canaux, pour I'amélioration de nos ports ont été accomplis.
Les ruines laissées par lr guene étrangère et par la guerue
civile ont été relevées.
23. I,apolitique ertérieure. - LaFrance, àl'exté-
rieur, a cherché à conserver la poix, si nécessaire après les
désastres de la gueme franco-allemande. Aussi, n'est-elle in-
tervenue qu'&yec prudence dans tous les événements qui
depuis dix ans ont agité I'Europe.
Toutefois, elle a donné une impulsion nouvelle à notre
empire colonial. Deux expéditions ont eu une grande impor-
tance : celle de la Tunisie et celle du Tonkin.
ta RÉPUBLToUE FRAN0ÀISE. s?3
24. Lr'expéd.ition de Tuniste (lS8l). A la suite
rte déprédations, commises, sur notre frontière- orientale de
I'Algérie, par les tribus pillardes des Kroumirs,le gouverne-
ment français avait résolu d'intervenir &vec vigueur. Le bey
de Tunis, impuissant à mettre lin à, ces désordres, dut subir
Ie protectorct dc la f,'rance.
Le général Bréard lui imposa le traité du Bardo (t2 mai).
Une s,rmée frangoise occupr slors tout le tenitoire de I'an-
cienne régence de Tunis et sournit rapidement toutes les
tribus rebelles. Les principaux faits d'&rmes de cette expédi-
tion furent I'entrôe des Français à ?trnæ, le bombardement
de Sfa,r, lo prlse de Souse, de Gaôtis et de Kairouan,la ville
sainte des Tunisiens.
L'occupation de la Tunisie & une double importance : elle
nous livre un pays dont les richesses naturelles sont très
grandes, et elle protège à I'est la, frontière de notre belle
colonie olg6rienne.
25. L'expédition du Tonkin. Dans ces dernières
années- les Francois ovaient -
fait de nombreuses explorations
dans I'Indo-Chine pour détourner le commerce de Ia Chine
vers notre port de Saigon. Un de ces hardis explorateurs, le
lieutenant Frencis Garnier, fut a,esossiné, en 1823, par les
bandes seuv&ges du Tonkin. Le gouvernement s'émut de
ces faits et envoyo une expédition; malheureusement il
n'agit pes o,vec assez de vigueur. Le oommendent Rivière
s'empûra de Hanol, mais, voulant poursuivre avec quelques
hommes seulement les bandes ssuveges, connues sous le
nom de Paatllons iYoa'rs, il tomba dans une embuscede et fut
tué (r 883).
La France voulut venger cette mort. Le gouvernement
agit enûn a.vec résolution. L'amirel Courbet enleva Ia forte
place de Son-Tay (décembre 1883), et ût à Ir Chine une
gue,rre victorieuse marquée par le blocus de l'i,le Forrnose et
lo destruction de I'arsenal d.e Fou-Tchéou.
En même temps notre ermée, conduite par les généraux
Brière de I'Isle, de Courcy et de Négrier, achevait la conquête
et la soumission du Tonkin.
Eu t885, la paix ovec la Chine a été signée. La possession
du Tonkin a été reconnue à le France. Cette conquête com-
plète notre empire colonial dans I'Ertrôme-0rient.
86. Mort de Victor Eugo.
- Ccs Un
ont été attristées par ur deuil nationel.
dernières années
{88ti, Victor
î,-"

67L EISTI)INE DE FRÀNCE.


llugo, le plus grond poète du siècle, est mort à ?aris. En
rnême temps, I'amiral Courbet mourait à bord de son
vaisseau, enlevé par les fatigues de sa glorieuse ctmpegne
de Chine.
L'année 1883 avait déjà vu disparaître deux hommes qui
orft joué un grand rôle dans notre histoire coatemporaine,
Gambetta, I'organisateur de la défense nationale, et Chanzy,
I'héroîque général de I'armée de la Loire.
27. Le{présidente d.e la République.:En I S8{i,
Jules Grévy avait été réélu président de la RépubliqLre. ]\'Iais
I'année suivanto, il donna sa démission et fut remplacé pal
Carnot, petit-fils cle I'illustre < Organisateur de Ia Victoire >.
Le 2/lluin 'l Sg4,Carnot visitait I'exposition cle L,von lors-
qn'r.rn misérable analchiste italien, nomméCaserio, le frappn
d'on coup tle poignard. Ls molt tragique du pr:ésident pro-
voqut enFrance une profoncle douleur. IJes funérailles natio-
naies furent faites aux frais de I'Etat, et son corps fut déposô
au Panthéon.
' Casimir-Périer, petit-fils du ministre de Louis-Philippe,
fut élu par le Congrès rérrni à Versailles; mitis il donna slr
démissiôn après quelques mois de priuvoir:.
En 1895,Félix l'aurc, déprrté du Havre, a été élu par le
Congrès. Le ltouveau pr'ésident a débuté par êtle ouvrier
tanneur. Il tloit à son tlavail, à son intelligence, à la fenncté
do ses opinions républicaines la hatrte situation à laquelle i'rr
appelé
- la confiance de ses concitoyens.
lZg. tr'Prposition universelle de 1889. l'6ss1'1's
-
la plus remarquable du gouvernement de la RtlpLrblique,
sou,s la présidence de Carnot, a été I'Exposition universellc
cle Paris, organisée poul célébrer le centenaire de l?89. Ja-
mais Palis n'avùit vu tln si granil nombre cl'exposants et cle
visiteurs. Cettc glande fète tlu travail a prouvé d'uue manièrc
éclatante la supériolité de la Irrance dans les sciences et les
ûrts.
29. I-,a politique extérieure. -_ En mème ternps lo
politique extérieure de Ia République, tout en restant paci-
Iique, prenait une attitttde plus ferme. L'alliance de la France
et cle la Russie faisait équilible à la tliple alliance de l'Alle-
magne, de I'Autriche et de I'ltalie.
En | 895,Ia Flance a pu intervenir, d'accorcl tvec laRussie,
pour r'égler lcs conclitions de la paix entre la Chine et [c
Japon. EIle a préparé, sous la direction ctu général Ducltesne,

:
. r'lr
s{!t
LÀ RÉPuBtlquE FRÀNÇÀlsE. 6iS
une expédition militaire à Maclagascar ponr faire respecter
nos droits séculaires sur la grande île a{i'itnine.

30. Concl.usion. La France peut envisager I'avenit


- eontinuer, dans la pnix et dans le
aveo confiance. Elle cloit
travail, à augmenter ses forces. Elle doit rechercher tlans le
progrès r'égulier et non plus dans les révolutions violenles,
dans la pl'atique loyale des institutions libres et non plirs
dans les agitations stériles, I'amélioration constante des
classes populaires. Le temps tlavaille pour elle et lui assu-
rera les réparations nécessaires

LECTURB.
- La Constitution républicaino de 1875.
l. La loi fondamentale du 25 février t875 délègue le pouvoir légis-
lalif à derrx assemblées, la Chanrbre des députés et le Sénat.
2. La Chambre des députés est nommée far h suflrage universel.
3. Le Sénat se compode
-la de 300 membres.
4. Le président de République est nommé à Ia majorité absolue
des suffrâges par le Sénat ei par la Chambre des députés, réunis en
-est
Assemblée nationale. Il est nommé nour sept ans. ll réélieible.
5. Il a I'initiative des lois concuriemmeni avec les deux CËambres;
ilpromulgue les lois, il en surveille et en assure l'exécution. Il a lé
droit de faire grâce; les amnisties ne peuvent être accordées que par
une loi. Il dispose de la force armée. Il nomme à tous les emploiï civils
et militaires. ie président de la République peut, sur I'avid conforme
du Sénat, dissoudre la Chambre des députés-avant I'erpiration légale
de son mandat. Les ministres sont soliilairement resooirsables devant
les Chambres de la politique eénérale du souvernement. Le orésident
de la République n'est responiable gue dais le cas de haute irahieon.

EXERCICES ORATIX ET ÉCRITS

l. Erplioatiou des mots.


- Francfwt, sur le llein, ville d'Alle-
Metz, ancien chefJieu de là Moselle. anciet
magne.
-
chef-lieu du Bas-Rhin. - Strashourg,
Col,mar, ancien cheflieu du llaut-Rhin.
Tourg, Indre-et-Loir e. - V erdun, Meuse. Toul, Meurthe-et-ilIosell -e.
-
- allemande. Montmedy,
- Thionutlle,
bourg,
Lorraine
Lorraine allemande. -
Chdteaudzn,
llleuse. Phals-
Eure-et-Loir. - Saint-
-
Quentin, Aisne. - Bttche, Lorraine allemande. - Belfort, arrondis-
-
sement du Haut-Rhin, resté à la France. Coulmiers, sur la rive
droite de la L-oire, à l'ouest d'Orléans. - Mans,
Le
llayenne. - Sarthe.
- Laaal,
Iléricourt, villages au sud de Belfort, Ilaute-
Saône. -Villersexel,
Pont-Noyelles, Bapaume, Pas-de-Calais. Champigng,
-
l'illc-Eurard, Le Èourgit, Montretlout, Buzenual, -localités prèî té
f," .-

670 NISÎOINE DE FRANCE.


Paris. Le Bardo, résidenco du ley d-e lunis. Soil're,
oàtît,- xit oûin-,'iltlôi principaleË de la Tunisie. - flcinoi, sur le
-.Tunis,-Sfar-,
fleuve houge, ville'du Tonkin.
--n. Ouàstiotuaire. Quel gouYernement fut-il établi après le Quatre-
-
Seiiemhet---Quets en-étaiént les membres?.- Qu'est'ce q.ue la dé'
Qui en était le principal ôhg-f!;
leilîor aïroufri-- piussienif Quelles rjlles
l';Ë;î;r'iilî.'t.s - Oii corirmandait les irmées de la
àeiàiiie'"iiiorialet sont les batailles livrées par Cltanzy'
BOurbaki
- Quelles
et Faidherbe? sont les batailles livTécs s6us PansT
-Quelles
â auie le sièsdde Paris? - Quand fut signé.I'armjstice?
- C;m6en fÀssemliee nationale? --Qui nomma-t-elle-président
-ao 6ù iô;a,,nil
oôuvoi.
'àiec.,t,it
Pourquoi Thiers était-it populaire? -: Quel
ltiit? iisn*-f-il avec les - Prussiéns? Quelles en sont les conditions?
q]éi"tiire prit ie roi de Prusse? - Quelle insurrection éclata à Pa-
-
risf--Commônt
-
sappelle le gouverngne.q! insurrectionnel? - Qui le
viinouitt Comrnerit la l'ranîe fut-elle débarrassée des Prussiens? -
-
Oî;elt-ce oue la loi militaire de l8'12? - Pourquoi Tliers fut-il ren-
i*Joiiipô"voi*r - Quelle est la date de sa chrite?- Qui ftrl' nommé
nièiiOenfen remplacemlent de Thiers? - Quelle constitution vota.l'As-
(rrïieïï
latlf? - faifei-tÀ connaitre.
- A qui-appartient le pouvoir légis-
nomme le président de la République? - Qu'est-ce que te
lï'irai- tS-il? - 0,ietiei furelt les électiôns? l- Pourquoi ct àaquelle
Qui

éoooue l\lac-\tahon donna-t-il sa démission? - À qttelle epoque c0m-


rïe"=3é-ii nrisi,lence de Jules tirévy? - Qu'a fàit le gouvcrnement
nour le ddveloppement de I'instruction publique? - Pour la delense
que-Li loi d'amn'istie?
ilàiii,*tri--'ô,i';rt-ôqueiles a éte la poli-
-.Quelle
sont les deur erpéditions maritimes? -
liouô àitOrieurèl
-
Diies ce que rous savéz sur I'erpédition de la Tunisie. - Qttclles sont
teïïitiàsià .u navit - Quelle'est l'imporlance do cette conquête? -
les YII!es pnses
Qu'est-ce que I'expldition du Tonkin? - Quelles sont
oar les Français?
'-ô.-tù;;ilt.îigaiget. de la
- Raconter les principaur événements le
cuË;.e liioio-âttemaIfe. - Erposer les èiénenients qui ont amené
Eiîii lîii-tô nii * Erposei la constitution républieaine de l8?5.

CONCLUSION
tr GtflustTlot collÏEtPonAlilt

l. Lra olvlllsatlon contemporalne. - Malgr6 les


révolutions et les guerres qui ont troublô notre.époque con-
temporÈine et qui ont modlfié lo situation de I'Europe, des
p.qirer de toutes sortes ort ét6 eccomplis tlans I'ordre poli-
iiqoi, :rgcial et économique. Les découvertes scientifiques ont
LÀ CIVIf.ISAIION CONTBMPORAINE. S7?

donné à I'industrie et ou commerce une impulsion extraor-


dinsire. Enûn, dans les lettres et les arts, Ie mouvement de
rénovotion qui s'était produit avec tant de vigueur sous la
Restourotion ne s'est pas arrêt6 et a produit des æuvres re-
marquables. Notre siècle ne le cède à aucun autre par I'êelot
de so civilisation.
2. Progrès dans I'ordre politique. Le principal
-
progrès dans I'ordre politique a été la conquête et l'établisse-
ment définitif du suffrage universel. La loi qui a permis à
tous les citoyens de prendre part aux affaires publiques a
donné s.u gouvernement sa véritable et légitime sanction,
celle de la volonté nationale. Elle a rendu en même temps
inutiles et injustes toutes les révolutions, en substituant au
régime de le force le prineipe du clroit, au régime du privi-
lège le principe de l'égalité.
L'institution du su{frage universel & eu comme cons6-
quence nécessaire le développement de toutes les libertés
publiques. En aucun temps et dans &ucun pays les citoyens
-et
n'ont usé plus largement du droit de parler d'écrire, du
droit de -.e réunir et de s'associer. Ainsi la France o pu offrir
aLr nronde le spectaele d'une démocratie de quorante mil-
lions d'hornmci se gouy€rrrant elle-même dins la paix et
la liberté.
3. Progrès social. Les classes laborieuses n'ont
pas seulement conquis des-droits politiques qui leur ossurent
une juste influence dans le gouvernement, elles ont encore
obtenu des garanties poLrr la défense de leurs intérêts. La
loi de 1884 sur les syndrcats a reconnu &ux travailleurs le
droit d'association. En outre, de nombreuses institutions ont
été fondées pour I'amélioration du sort des ouvriers. Citons
parm.i les principales : les sociétés de secoqrs mutuels, les
ossotiations coopératives, la caisse des retraiies pour les tre-
vailleurs, les cités ouvrières. Il faut ajouteràceJ institutions
un grand nombre d'æuvres charitables, telles queles orphe-
linats,.les mèches, les salles d'asile, liassistanie publique.
L'amélioration du sort des travailleurs est une dei préoôcu-
patlo1 les plus vives de notre temps.
4. Progrès dans I'ordre économique. Les dé-
-
couvertes scientiûques ont donn6 au travail national, sous
toutes ses formes, une vigoureuse impulsion. L'agricûlture
a été renouvelée por les trovaux de la chimie et par les ma-
chines ogricoles. Les procédés ile culture plus mottrodique
SIST. DB FR. C. COUPL. 2S
678 EISlOIRts DE FRÀNCE.
ont été propegés par I'Institut national agronomique, par les
écoles d'agriculture, p&r les fermes modèles. Un enseigne-
ment agricole e été heureusement annexé aux écoles nor-
males et aux éeoles primaires.
L'iudustrie a multiplié et perfectionné ses produits, et il
suffit de rappeler les succès de nos expositions universelles,
pour mesurer toute I'étendue de ses progrès depuis le com-
mencement du sièsle.
Le commerce a pris une extension considérable grâce à le
multiplication des voies ferrées, des lignes télégraphiques et
des grandes entreprises maritimes et coloniales. Le trrfic
de lo Frsnce a plus que décuplé dans ces cinquante dernières
années.
5. Les lettres, La littérature compte des noms cé-
-
lèbres et quelques chefs-d'æuvre. Victor Hugo est resté le
grand poète et le grand prosateur de ce siècle. Dans cette
seconde période de sa vie, il a donné les Chd,timents,les Con-
tunplati,ons, la Légenile d,es Siècles, I'Année Terrùble, et, dans
la prose, les il[t)sérubles, Ies Trauailleurs d,e la M.er, Quatre-
oingt-treùze. Sa mort, en 1885, a été un deuil national.
La poésie a été représentée, dans cette période contempo-
raine, par I'rançois Coppée, Sully-Prudhomme, Leconte de
Lisle; le théâtre, par Emile Augier, Alexandre Dumas lils,
Octave tr'euillet, Victorien Sardou; le roman, par Théophile
Gautier, Alphonse Daudet, George Sand, Jules Sandeau,
Flaubert, les frères de Goncourt, Emile Zola; l'éloquence,
par Jules Favre, Jules Simon, Léon Gambetta; la philo-
sophie, par Jules Simon, Oaro. Littré, Renan; I'histoire, par
Victor Duruy, Fustel de Coulanges, Henri Martin. Dans tous
les genres, les productions littéraires ontététrèsabàndantes I
quelques-unes d'entre elles survivront à l'époque qui les a
produites.
6. I-reg arts.
- Les arts ont brillé d'un éclot plus vif
encore que la littérature. L'école française de sculpture et de
peinture est aujourd'hui sans rivale en Europe. Parmi les
sculpteurs, Guillaume, Banios, Falguières, Carpeaux, Mercié,
Paul Dubois brillent au premier rang. Parmi les peintres,
Detaille, Gérôme, Puvis de Chavannes, Cabanel, Meisson-
nier, Bonnat et un grand nombre d'autres ont produit des
æuvres remarquables. Parmi nos paysegistes, Corrot, Rous-
seau et Millet peuvent être comparés aux artistes les plus
illustres de tous les pays et de tous les temps. En musique,
U\ CIVITISATION CONTEMPORAINE. Ë?9
Féll9i9n Davi{, Ambroise Thomas, Gounod ont continu6 les
traditions de l'école frangoise.
7. T-,es sciences. Les sciences ont fait surtout des
-
progrès m_erveilleux. Le dix-neuvième siècle ser& un grand
siècle por la science. Que de découvertes étonnantes l-'élec-
tricité aprovoquées : lumière électrique, téléphone, phono_
graple I Que de produits nouyeeux la chimie e mis ïù lourt
La France a pris une purt considérabre à ce mouveiment
seientifique :il suffit de rappeler les noms des astronomes
Le verricr, Foye, Jansen, des chimistes sainte-clsire Deville,
Berthelot et surtout de pasteur, dont la réputation esi uni-
verselle.
8. Conclusion. Si on jette un coup d'æil sur le tra-
-
vail de le f,'rance dans ces dernières années si on serappelre
;
surtout avec quelle.ardeur elle a réporé ses désostres et, si on
mesure les progrèy
-accomplis depuis l,annëe terrùbie, on
une joie patriotique_ à la peirsee que notre chàr
9tT^ï. iays
tient toujours une grand-e place dans re rironde. Il a pu'être
un moment vaincu par la fortune de la guerre, maii il n'a
pas cesséd'être à la tête de I'Europe p"r- les trovs.ux de le
paix, par I'industrie- active_et ingenieuse de ses habitants,
par le caractère vraiment humain et libérol de se civili-
setion.
REVISION cÉITÉRALE

TÂBLuu c[n0u0t,00t0ul D[s pnliltpÀu Évtnrururs


DE L'HISTOIRE DE FRANCE

Êpoque autérleure â l'ère chrétienne.


600. Fondation de Marseille, I sur les Teutons.
216. Apparition
-dans des Romains | 50. Conquète définitive de la
la Gaule. I Gdule par Jules César.
t0l. Victoire de lllarius rÈr Aix I

Premlers gièoles après l'ère chrédsnne.


t50. Saint lrophime â Arles. 1 395. MortdeThéodose; démem-
209. Pcrsécution chrétienne à | lrgmg4t de I'empiro
Lyon. I d'Occideut.
2?3. Saini Denis à Parie. I

Ciuquième sièole.
{48. Mérovée,chef-des Francs. | 493. Clovis épouse Clotilde,
451. Défaite d'Attilo. I princesËe chrétienne.
481. Avènement de Clovis. I 496. Cldvis bat les Alamans ii
486. Clovis bat le Eénéral ro- | Tolbiac.-Saconversiou.
main Syagriusà Soissons. I

Slrième sièole.
507. Clovis bat les Visigotbe à 1567. Rivalité de Frédégonde et
-
Vouillé. I de Brunehaut. -
5lt. Mort de Clovis. | 587. Traité d'Àndelot.
534. Conquête delaEourgogue. | 597. Mort de Frédégondo,
b5g. Clol,airs 1er, eeul roi. I

Septième gièole.
6t3. Mort do Brunehaut. I 650. Clovis I[, seul roi.
628. Avènement de Dagobert. | 687. Bataille de Testry.
581
682 REVISION.

Euttième rlèale.
714. Mort de Pépiu d'Héristal. guerre do Saxe.
732. Charles - Màrtel batles 773. Guérre des Lombards.
Arabes à Poitiers. 7?8. Campagne d'Espagne. Dé-
74t. Mort de Charles-Martel. fa[te"de Roacevaux.
752. Pépin, roi. 78S. Conversion de Witikind,
768. Charlemagne et Carloman. chef des Saxons.
771. Charlemafne, seul roi. 800. Charlemagne couronné
772. Commen-cement de le empereur d'Occideut.

Neuvième eiècle.
80{. Fin de la suerre de Saxe. 8{3. Traité de partago de Ver-
814. Mort de eharlernagne. oun.
Avènement de Lbuis -le 877. Caqitulaire de Kiersy-sur-
Débonnaire. Oise. Avènemeht de
8t7. Premier partage de I'em- Louis -II. le Bèsue.
plre. 879. Louis III et Carldman.
823. Naissance de Charles le 884. Avènement de Charles le
Chauve. Gros.
829. Assemblée de
'Worms.
886. Siège de Paris pan les Nor-
Deuxième partage. - m8nds.
830. Dépobition âe Lbuis le 887. Déposition de Charles le
Débonuaire. Gros. .- Eudes. roi de
840. Avènement de Charles I[, France.
le Cbauve. 898. Charles III, le Simple,
84t, Bataille de Fontanet.

Dixième eiècle.
912. Traité de Saint-Clair-sur- I 954. Lothaire.
Fptg - Etablisrement I 986. Louis V, dit le Fainéant.
desNormandsen!'rance. 1987. Avèncment de Hugucsa
923. Bataille de Soissons. I Capet.
924. Raoul. I gge. Robert lur.
936. Louis lV, dit d'Outre-mer. I

Onzième siècle.
1031. Henri lcr. t095. Concile de Clermont.
t04t. La trêve de Dieu. -
Prédication de la pre-
t060. Philippe ler. mière croisade.
1066. Conquête de l'Àncleterre [099. Prise de Jérusalem,
pai les Normanâs.

Douzième siècle.
11.08. Gros.
Louie VI, le lll{3. Incendie de Vitrv.
lll9. Combat de Brenneville. | {{46. Deurième croisa"de.
t1,37. Louis VII, Ie Jeune. llt48. Siège dc Damas.

/h.
NEVIgION. ô83
1152. Mort de I'abbé Suger.
- | il90. Troisième ooisade.
lffgt. prise de Saint-Jeau-
Divorce de Louie VII
ayec Eléonore I de
Guyenne. I
d'Acre.
- Retour de
pnilippe-Aususte.
1163. Première pierredeNotre, l{f99. Mort de Rich-ard. Cæur
Darne de Paris. I de Lion, au château de
l[80. Philippe II, Auguste. I Chalus.'

Treizième aiècle.
t202. Prédication ile la qua- 1.248. Première croisads de eaint
trième croisade. Louis.
r203. Assassinat d'Àrthur do 1249. Prise de Damiette.
Bretagne. 1250. Bataille de la Mansourah.
t204. Irondatiln de I'empire Captivilé de saint
latin de Constanti nople. LOuls. -
t209. Croisade des Albigeors. 1253. Mort de Blanche de Cae-
t214. Victoire de Bouvi-nes. tille.
t2t6. Louis fait une invasion eu 1254. Retour de saint Louis en
Anqleterre. France.
1217. Cinqùième croisade. 1270. Croisade de Tunis.
122:J. Louis YIII, le Lion. Mort de saint Louis.
ti.226. Avènement de Louis IX -
Philippe lU. le Hardi.
(sainl,Louis). 1271. Mort dÎÂlphoise de poi-
t228. Sixième croisade. tiers. JAcquisition du
1229. Traité de Paris. Languedoc,- du comté
- Fin de
Ia guerre des Albigeois. de Toulouse et d'une
r236. Fin -de la résenc"e de partie de I'Auvergne.
Blanche de Clstille. t280. Création du -parlemËntde
-
I\taiorité de saint Louis. Toulouse.
t238. Fondation de la Sainte- 1282. Vèpres siciliennes.
Chapelle. 1285. Philippe IV, Ie BeI.
1242. Louis IX vainqueur des 1294. BonilaceIIII, pape.
Anglais à Taillebourg 1997. Bataille de F'urnes.
et à Saintes.

Quatorzième siècle.
t309. Premiers êtats généraux. conde. application de la
- Bataille
{303. Mort
de-Courtrai.
de Boniface VIII.
IOr sôilgue.
{328. Philippe VI, de Valois.
1304. Bataille de Mons-en- -
Troisième application
Puelle. de la loi salicfde.
1309. Translation dusaint-siège t337. Cornmencemeuf, de la
à Aviqnon. guerre de Cent ans.
13t9. Abolitioi de I'ordre des t346. Bataille de Crécy.
Ternpliers. 1347. Prise de Calais.'
t3l4. Àvèneinent de Louis X, I 349. Acquisition du Dauphinê
le Hutin. et de lï{ontpellier.-
t316. Philippe V, Ie Long. -
{ 350. Jean le Bon.
Première applicati ôn do -
,1356. Batrille de Poitiers.
la ]oi saliûlè. [357. Etats générôux.
t322. CbarlcslV, [e Bel. Se- Marcel. - Etienne
-
t84 nETlsr0N.
t360. îraité de Brétienv. l3?0. Prise de Limoges.
t36t. Philippe le ttaiai, duc de 1377. Itlort d'EdouarT III.
Bourgogne. 1380. lllort de Dusuesclin et de
t3ô4. Charleivl le Sage. Charles V. Avène-
t364. Batailles de Cocherel et - VI.
ment de Charles
d'Aurav. {382. Bataille de Roosebecque.
{36S. Traité dti Guérande. 1385. iTlariage de Charles- VI
r366. Canrpagne de Duguesclin &vec Isabeau de Ba-
on Esnagne. vière.
1367. Bataille'de" Navarette. 1392, Assassinat de Clisson.
Duguesclin prisonnier. - Démence Ce Charles VI. -
t3ô9. Bataille de ltfôntiel. t396. Bataille de Nicopolis.

Quinzième siècle.
1407. Assassiuat du duc d'Or- t168. Etats sénéraux.
léans. Traitdd'Ancenis.
t1t5. Bataille d'Azincourt. Louis XI ii Péronne.
1419. Assassinat de Jean sans Prisq4e Liège par Charles
Peur à Montereau. le Téméra-ire.
1420. Traité de Troves. Etats t469. Ordre de Saint-Michel.
généraux.' - 1470. Assemblée desnotables à
1422. Avènenrent de CharlesVII. Tours.
1423. Bataille de Crevant. t479. Mort de Charles. frèrede
t424. Bataille de Verneuil. Louis XI.
1429. Jeanne d'Aro à Orléans. 1473. Sièse de Beauvais.
t43t. Supplice de Jeanne d'Arc. Jéanne Hachette.
t435. Traité d'Arras. Trêve de Senlis.
1437. Entrée de Charles VII à {475. Traité de Pecquigny.
Paris. Trève de Soleure.
t438. Pragmatique sanction de Supplice drr connétable
B,rurses. de Saint-Poi.
t439. Etats généraux.
- Réor- 1476. Bataille
ganisation militaire.
de Granson.
Bataille de Morat.
t410. Révolte de la Praguerie. t477. Siège de Nancy;mortde
1448. Création des francs - Charles le Téméraire.
archers, Conquête de I'Artois.
t450, Bataille de Formisny. Mariage de Iflarie de
t453. Entrée de Charte-s VII à Bourgogne avec lllaxi-
Bordeaux. miliei à Autriche.
Fin de I'empire grec. Supplice du duc de Ne-
t156. R évolte du- Daù phin mours.
Louis. - Réunioir du t479. Louis X[ prend posses-
Dauphiué à la cou- sion dè Dijrin.
ronne. Création du pailement.
t46{. Mort de Charleg VII. Bataille de Guinegate.
Avènement de LouisXL -
Louis XI au Plcss-is.
t163. Création du parlement de 1480. Mort du roi René.
Bordeaux.' i48{. Réunion de la Provence
r{65. Ligue du Bien public. à la couronne.
-
Bataille de Montlhérv. t 482. Il{ort de il[arie de Bour-
Traité de Saint-r\laur. gogne.
1467. Mort de Philippe le Bon, Traité d'Arras.
duc dc Bowlogne. r.[83. IlIort de Louis XI.
REVIgION. 585
t{8{. Etats sénéraux. Bataille de Fornoue.
t488. Bataille d'e Saint-Aubin- 1496. Mort de Gilbert de Mont-
du-Cormier. peusier, vice-roi de
Traité de Sablé. Naples.
II, duc
Mo-rt de Franqois Bataiile de Séminara.
de Bretagne. Abandon de Naples.
1491. Mariage d-Lnne de Bre- t498. Mort de Charles VIII.
tagne avec Charles VIII. [4C9. tlariage de Louis Xllavcc
1492. Traité d'Etaples. Anne de Bretasne.
Découverte de I'Amérique. Création du parle"ment de
{493. Traité de Narbonne. Normandiè.
Traité de Senlis. Campagne de Louis XII
1494. Campagne de Charles VIU en ltalie. Prise de
en ltalie. Milan. -
{495. Entrée de Charles VIil à 1500. Dcuxième prise de IIIilan.
Naples. Traité de Grenade.
Seizième sièole.
1501. Campagne d'Italie. Passage des Alpes,
Prise- de Naples par les Batail-ie de Maiisnan.
Francais. Traité d.e p^ai1 peip étuel le
t503. Traité àe Lvon. SVeC IA Uulsse.
Bataille de-Séminara. ,15t6. Concordat.
Prise de Naples par Gon- { 5t9. Charles-Quint, empereur.
zalve de Cordriue. Réfonne de Luther.
Mort du pape Alexan- {520. Camp du Drap d'or.
dre VI. 152r. Défeirse de Mézières par
t504. Capitulation de Gaëte;les Bayard.
!'rançais quittent Pertti du lllilanais.
I'ltalie'- Illort du pape Léon X.
Traité de Blois. i522. Bataille de la Bicoque.
1505. Etats généraux de Tours. ,.523. Révolte de Charles de
1507. Souurission de Gônes. Bourbon.
1509. Ligue de Cambrai. t524. Mort de Bavard.
Bataille d'Asnadel. Siige de lVlarseille por
l5tt. Lisue saintel Charles de Bourbon.
tbl2. Cimpagne de Gaston de 1525. Bataille de Pavie.
Foix en ltalie. t526. Traité de Madrid.
Bataille de Ravenne. t527. Prise de Ronre. Mort
mort de Gaston. -
de Charles de Bourbon.
15i3. i\Iort du pape Jules II. t529. Traité de Canrbrai.
Ligue de tMâlines. 1535. Prise de Tunis par Char-
Bulaille de Guinesate les-Quint.
_ (journée des Eperohs).. t536. lnvasion de la Provence
{5t4. Trêve d'Orléans. par Charles-Quint, et sa
Mariage de.F-rançois d'An- retraite.
goulêure aveô Claucle r538. Trêve de Nice.
de l,'rance. 1539. Charles-Quint en France.
Mariage de Louis XII avec Edit de Villers-Coterets
Marie d'AnEletorre. $4t . Commencement de la
l5[5. Iltort de Lo[is XII. galerie du Louvre.
Avènement de lrran- Siè-se de Perpignan.
Çois Ior' t844, Batâille de CêrIsoles.
25.
s86 NEVISION.
Invagion de Gharlea-Quint Troisième guerre de reli-
eu Champagne. glon.
Traité de Ci'espy. t569. BaÏaille de Jarnac.
1545. Concile de Trôirte. sassinat du princo- As-
de
lllassacre des Vaudois. Condé.
1547. Mort de Luther. Bataille de Moncontour.
Mort de tlenri VIII. tsT0. Traité de Saint-Germain.
Mort de tr'rancois ler. t572. I\{ort de Jeanne d'Albret.
-
Avènement de Henri II. Saiut-Barthélemv.
'1552. Campagne d'Henri I[
en Quatrième guerr"e de reli-
Lomàine et en Alsace. gron.
Conquête de l\Ietz, ,1.573. Henri de Valois. roi dc
- Toul et Verdun. Pologne.
Siège deMetz par Charles- Traité âe La Rochelle.
Quint. {5T4. Cinquième guerre de reli-
1558. Destruction de Thérou- Elon.
anne. Mdrt de Charles IX.
Naissance d'Henri IV. t575. Sacre d'Henri I[I.
t551. Siësc de Rentv. Re- r576. Paix de Beaulieu.
-
tÉite d e ChaËles-Quint. Naissance de la Ligue.
t556. Abdication de Charles- Etats généraux.
Quint. 1577. Sixièr:de guerre de reli-
t5S7. Campacne du duc de gron.
Guisà en Italie. I 578. OrTlre du Saint-Esprit.
Bataille de Sainr _Quentin. r580. Prise de Cahors pai Ilenri
1558. Prise de Calais par le duc de Navame.
de Guise. Traité de Fleix.
1559. Traité de paix de Cateau- r.584. Mort du duc d'Anjou.
Cambrésis. Traité de Joinville.
Mort d'Henri II.- II. Avè- t585. Septième guerre de reli-
nement de I'rancois gron.
t560. Conjuration d'Aniboise. t586. Hu-itième gueme de reli-
Illort de I'rancois lI. - gion.
Avènement âe Char- {587. I\{ort de l\{arie Stuart.
les lX. Bataille de Coutras:
Etats sénéraux. Combats d'Auneau et de
156[. Colloq'ue de Poissy. Vimory.-des
1562. Mas'sa'cre d,e VassY. r588. Journée Banicatles.
Prcpière guerre Te reli- I'uite d'Henri III.
gron. -
Etats généraux de Blois.
Si6ee de Rouen. Mort Assassinat des Guises.
-
d-u roi de Navarre. r589. Mort de Catherine de
1563. Sièse d'Orléans. As- Médicis.
-
sàssinat de Francois do Insurrection générale
Guise. contre Henri Iù.
Traité d'Amboise. Àlliance d'Henri III et du
t564. Edit qui fait commencer roi de Navarre.
I,année au lor janvier. Àssassinat d'llenri IlI.
Commencementdu palais Avènement d'Henri IV. -
des Tuileries. Comhat d'Arques.
t567. Deu.xième guerre de reli- 1590. Bataille d'Ivrv.
gron. Sièee de Paris.
Balaille de Saint-Denis. {592. Siè[e de Rouen par
1568. Paix de Longjumeau. Henri IV. Campagne
-
REVIgION. 687
du duc de Parme. Combat de Fontaine-
1593. Etats sénéraux. Francaise.
Abjuràtion d'Henri IV. 1598. Edit de'Nantes.
t594. Entrée d'Henri IV a Pa- Traité de Vervins.
ris. t600. Calpagne d'Henli IV en
Attentat de Jeau Chatel; DaVole.
15C5. Guerre déclarée à l'Bs- Mariase d'Henri lV avec
pagne. l\tarie de Médicis.
Dir-septième siècle.
t601. Naissance de Louis XIII. t632. Combat de Castelnau-
t602. Erêcution du marécbol darv. Exécution du
de Biron. - Montmorencv.
dui de
1605. Premier établissement 1635. Création de l'Àcadémie
des Invalides. française.
{608. Fondation de Québec. 1636. Prise d"e Corbie.
t610. Âssassinat d'Henri lV. Première représentation
Avène ment d -e
du Cid.
Louis XIII. 1638. Naissance de LouisXIV.
t614. Traité de Sainte-Mene- [639. Mort de Bernard de Sare-
hould. Weimar.
Ma.iorité de LouisXIII. - 1640. Prise d'Arrse par
Etats généraux. Louis XIII.
t6t5. Mariaie de Louis XIII {642. Conspiration de Cinq-
avec Anne d'Autriche. Illars et de Thou.
1617. Mort du maréchal Mort de Marie de Médicis.
d'.Ancre. Mort de Richelieu.
t691. Révolte de La Rochelle. t643. Mort de Louis XIil.
Carnpagne de Louis XIII Avènement -
ds
contre les protestants. Lotris XIV.
Mort du connétable de RéRence d'Anne d'Au-
Luvnes. tîiche.
t625. MiniËtère de Richelieu. Bataille de Rocroi.
Occupation de la Yal- 1644, Balaille de F'ribourg.
teline. 1645. Bataille de Marienthal.
1625. Mort de Jacques lcr, et Bataille de Nordlinsen.
mariage de-Charles Icr 1647. Echec de Lérida.
avec.-[Ienriette de t648. Bataille de Lens.
France. Traités de Westphalie.
1626. Conspiration de Chalais. Acquisition de I'Alsace et
Assemblée des notables. des trois évêchés.
t62?. Siège de La Rochelle. Commencement de la
t698. Gueme pour Ia succes- Fronde.
sion dir duché de Man- 1649, Révolutiou en Angleterre.
toue. [650. Arrestation du prince de
t629. Traité de Suze. Condé.
Campagne des Cévennes. Soulèvement eb soumis-
rrËito d'Atais. sion de Bordeaux.
-
1630. Conquête de Ia Savoie 165t. Liberté deCondé; exil do
pai Louis XIII. Illazarin.
Journée des Dupes. Maiorité de LouisXIV.
Exil de lvfarie de Medicie. Réioltc de Condé.
1631. Traité de Cherasco. t652. Combat de Bléneau.
688 REVIS ION.
Bataillo du faubourg Construction de fhôtel
Saint-Autoiue. dcs lnvalides.
Fin de la l'ronde. 1676. Occupatiun de Ia Sicile.
de Strom-
t653. Rentrée de lllazarin.
tô54. Bataille d'Arras. - Batailles
boli et du l\lont-Etna.
[658. Bataille des Dunes. 1678. Campasne de Louis XIV
1659. Trail.ê des Pyrénées. et' l'ianilre.
1660. Mariage de Louis XIV Bataille de Nlons.
aveC l\Iarie-Thérèse. {679. Trail.é de Nirnèsue.
1661. Mort de Mazarin. 1680. Surnom de qrand,décerné
Gouvernernent p ersonnel à Louis XlV.
de Louis XlV. lô81. Acquisition de Stras-
1663. Aeadémie des inscrip- bourg.
tions. {683. illort de Colbert.
1664. Colonies en Afrique, à 1684. Bombardementde Gênes.
Saint-Domingue, à lIa- {685. Révocation de l'éclit do
dagascar. Nantes.
Créalion de la Compagnie LouisXlV éPouse lllns de
des Indes. I\Iaintenon.
Canal du Languedoc. {688. Lisue d'Augsbourg.
t666. Académie des sciencee. Ré"volution- en -Angle'
i667. Louis )ûV en Flandre. terre.
Prise de Lille. - 1690. Victoire de Tourville.
Traité de latriple alliance. Bataille de la Boyne.
Ordonnance c'ivile. Bataille de F'leurirs.
Bataille de Stafiarde.
l6ô8. Conquête de Ia É'ranche- !691.. Prise de l\lons psr
Cornte oar Louis XlV. Louis XIV.
Traité d'Âix-la-Chapelle. {692. Prise de Namur.
1672. Passase du Rhin; con- Bataille de Steinkerque.
qudle de ta Hcillande Bataille de La llogue.
far Louis XIV. {693. Batarlle de Ncerùinden.
t673. Prise de Maëstricht. Bataille de La l\{arsaille.
t674. Secontle. conquête de la Institution de I'ordre de
l-ranche-Coiuté. Saint-Louis.
Bataille de Senef. r695. Prise de Namur par le roi
Bataille de Sintzheim. Guillauure.
Bataille d'Ensheim. t697. Traité de Rvswick.
tô75. Bataille de Turkheim. {.?00. Mort de Chàrles II.
Mort de Turenne. PhilippeV, roi d'Espagne.

Dir-huitième siècle.
l ?02. Mort de Guillaume III. tT07. Bataille d'Àlmanza.
Villeroi surpris a Cré- Siège de Toulon.
mone. 1708. Batàille d'Oudenarde.
Bataille de Friedlingen. Sièse de Lille.
t703. Bataille de Hochstedt. t709. Batlille de Malplaquet.
Bataille de Spire. 1.710. Bataille de Villaviciosa.
t?01. Douxième bâtaille d'Ho- Naissance de Louis XV.
chstedt ou Blenheim. tT{.2. Bataille de Denain.
r705. Bataille de Cassano. t713. Traité d'Utrecht.
1706. Bataille de Ramillies. 1714. Trail,é de Rastatlt.
Bataille de lurin. l7t$. Irlort de Louis XlV. -
REVtSt0N.
Avènement de 1758. Ministère'de Choiseul.
Louis XV. 176t. Reddition de Pondichéry.
Régence du duc d'Or- Pacte de famille.
Iéans. t763. Traité de Paris.
t716. Svstème de Law. {764. Bannissement des jé-
f?20. Philippe V reconnu par suites.
tes'âlties. lllort de lllnc de Porn-
Peste de ['Iarseille. - padour.
1722. Dubois. nrernierrninistre. t768. Conquête de la Corse.
1723. Majorité deLouis XV. {769. Naissance de Napoléon.
I\Iort du régent. t770. Exil de Choiseul.
Ministère îu duc Persécutious contre les
de {771.
Bourbon. parlements.
1725. Mariase de Louis XV t?72. Partage de la Pologne.
aved Marie Leczinska. 1774. Mort ile LouisXV. ] Avô-
Mort de Pierre le Grand. nement de Louis XYl.
{?26. I\linistère de F.leurv. Ministère de TurEot.
t733. lïIort d'AugusteII, ioi tle 1776. Premier ministère de
Polosnel Necker.
StanislËs à Dantzick. t778. Guerre d'Amérigue.
1.734. Mort de Berwick et de trIort de Voltaire et, do
Villars. llousseau.
Batailles de Parme et de Bataille d'Ouessant.
Guastalla. 178{. Dénrission de Necker.
Bataille de Bitonto. t782. Combat naval de Saintes.
1735. CharlesIV, roi de Naples. t783. Fin.de la guerre d'Amé-
{738. La Lorraine donnée à rrqu e.
Stanislas. {787. Assernblée des notables.
t740. Mo rt de I'empereur {788. Rappel de Necker.
- Charles V[. {789. Btats sénéraux.
Le grand Frédéric, roi de Sermànt du Jeu de
Prusse. Paume. Révolutiou.
Bataille de Molwitz. -
Prise de la Bastille.
1743. Illort de Fleurv. l'uite des princes.
Bataille de Dettinsen. Abolition des privilèges.
1744. Tentative de Charles- Journées des 5 e.t 6 oc-
Edouarden Angleterre. tobre. Le roi quitte
Maladie de Louis XV à -
Versailles.
DIetz. Division de la France en
Prise de Fribourg. départements.
1745. Bataille de Fontenoy. t?90. Travàur de I'Assemblée
1747. Campagne de Hollande. constituante.
Bataillé de Lawfelt. F'ête du l4 juillet.
Prise de Berg-op-Zoom. {.79t. lllort de Illirabeau.
1748. Traité d'ÀixJà-Chapelle. F'uite de Louis XVI. -
1751. Fondation de I'Ecole mi- Son arrestation à Va-
litaire. rennes.
Construction du Pan- Acceptation de la consti-
tbéon. tution par le roi.
{754. Naissance de Louis XVI. Assemblé-e Iégislative.
1756. Traité de Versailles. {792. Décrets contre les émË
Commencement de la grés.
guerre de Sept ans. Ddôlaration do guerre ô
t757. Botaille de Rosbach. I'Autriche.
REYISION.
Journêe du 20 juin. Fin de Ia Convention.
Manifeste du duc de Directoire.
Brunswich. !'in rle la guerre de
Journée du l0 aott. Vendée.
Suspension du pouvoir 1796. Bclle campagne de Bo-
royal. naparte en Italie.
Jourirées de septembre. Bataille de Montenotte,
Bataille de Valmy. Millesimo, Dego, t\ton-
Convention natiônale. dovi, Lodi, Borghetto,
Bataille de Jemmapes. Lonato, Castiglione,
Procès de Louis XVI. Roveredo, Baésano i
1793. Mort de Louis XVI. Àrcole, Saint- Georges.
Bataille de Neerwinden. 1797. Batailles'de liivoli, dË la
Tribunal révolutionnaire. Favorite. Prise de
Comité de salut public. lllantoue. -
Guerre de la Vendée. Traité de Léoben.
Condamnation des giron- du 18 fruc-
Coup d'Etat
dins. tidor.
Assassinat de lllarat par Traité de Campo-Formio.
Charlotte Corday. 1798. Campasne d'Bsypte.
Revers de nos armées. Prisê dtAlexan"ctiie.
Levée en masse. - Bataille des Pvramides.
Résime de la Terreur. Bataille navale d'Aboukir.
CuÏte de Ia Raison. Coalition générale contre
Dévastation des tom- la tr'rance:
beaux de Saiut-Denis. 1799. Bataille de la Trébia.
Prise de Toulon. Napo- Bataille de Novi.
léon Bonaparte.- Bataille de Zurich.
Calendrier Ï'épubticain. Campagne de Syrie.
t79{. Héroisme des marins du Sièse de Gazah et d,'
Vengeur. Sâint-Jean-d'Acre.
Bataille de Fleurus. Bataille du Mont-Thabor.
Chute de Robespierre. Bataille d'Aboukir.
Conquête de la Hollande. Retour de Bonaparte en
t795. Traité avec Ia.Prusse. I,'fance.
Grands travaux de la Révolution du l8 bru-
Convention.
- Révolte
contre la Convention.
malre.
Constitution de I'an VII.
_ Journée 6u lorprai_ Bonaparte, premier
rial. consul.
Paix avec I'Espagne. 1800. Passaqe du mont Saint-
Constitution âe'l'an III. Ber*nard.
Journée du 13 vendé- Bataille de Marenso.
miaire. Bataille de HohenJinden.
Dir-neuvième sièole.
t80t. Traité de Lunéville. I Camp de Boulosne.
Concordat. I lgoa. Napôléon, empéreur,
t802. Traité d'Amiens. I t805. NaËoléon, roi A'Italie.
Lésion d'honneur. I Coalition contro la
CoÉsulatàvie. I France.
Rup ture d e la paix
' II Bataille d'Austerlitz.
d Amiens. Traité de Presbourg.
REVISION. s9r
Jogep\ Bonaparte, roi de Siège et prise de Paris.
NapteE. Déchéance et abdication
Loqi6 Bonaparte, roi de de Napoléon.
Hollande.- Louis-XVIII, roi de
Bataille de Trafalgar. France.
1806. Guerre de Prusse. Traité de Paris.
Batailles d'Àùerstaedt et l8lS. Retour de I'empereur.
d'Iéna. Bataille de Waierloo.
Conquête de.la Prusse. Deuxième abdication de
Système continental. Napoléon.
1807. Nâpoléon en Pologne. Exil de Napoléou à Sain te-
Bataille d'Eylau. Hélène.-
Prise de Dantzick, Deurième Restauration.
Bataille de F.riedland. Ministère de Richelieu.
Entrevue de Napoléon et Exécution du maréchal
d'Alexandre â Tilsitt. Nev.
Traité de Tilsitt. 18t8. Evaciration du territoire
1808. Guerre d'Espagne. francais.
Napoléon eri Eépagne. 1820. Assassihat du duc de
1809. PriËe de Saragosse. Berrv.
Guerre d'Autiiche. Insurréction de la Grèce.
Batailles d'Àbensberg. de Naissance du duc de Bor-
Lan d shutt et d'Eckm-iihl. deaux.
Prise de Ratisbonne. 182[. Mort de Napoléon.
Bombardement d eVienne. 1823. Guerre d'Espagne.
Bataille d'Essling. {824. Mort de LouiJXVIII.
Bataille de 'Wagiam. t825. Loi du sacrilèse.
Traité de Vienne. Indemnité auf émisrée.
Napoléon épouse Marie- Sacre de Charles X.-
LOUlSe. 1827. Bataille de Navarin.
Bernadotte, roi de Suède. Blocus d'Alser.
{ 8lt. Naissance duroi deRome. Ministère Mirtignac.
18t2. Prise de Valence. 1828. Ministère Poliqnac.
Guene de Russie. {829. Adresse des 221.
Prise de Witepsk et de {830. Expédition d'Alger.
Smolensk. Ordonnances dé juillet.
Bataille de la Moskowa. Les trois journées.
Prise et incendie de Mos- Louis-Philippe, roi des
cou. rrancars.
Bataille rle Malo-Jaros- t831. Ministèie Casimir Périer.
lawetz. 1832. Ministères Thiers et
Retraite de Russie. Guizot.
Passage de la Bérésina. Siège d'Anvers.
t8t3. Campâgne de Saxe. 1.833. Loisur I'instruction pri-
Bataille de Lutzen. maire.
Prise de Dresde. t835. Attentat de -Fieschi.
Bataille de Bautzen. Lois de Beptembre.
Bataille de Dresde. 1836. Tentative deiouis-Napo-
Bataille de Leipzig. -
léon à Strasbourg.
Bataille de Hanau. 1837. Prise de Constantinl.
1814. Défection de Murat. Avènement do la reine
Invasion du tenitoire Victoria.
francais. 1839. Chute du ministère Molé.
Campa'gne de France. 1840. Ministère Thiers.
Ë02 REYISION.
Les fortiff cations de Paris. Juillet. Déclaration de
Traité de Londres. guerre- à la Prusse.
Affaire de Boulosne. Aottt. Vissembourg,
t842. Traité dc Nankii. Reichshoffen. Forbach.
Loi sur les chemins rle fer. Combats sous iMetz.
Mort du tluc d'0rléans. Septembre. Désastre de
t843. Prise de la Smala d'Abd- Setlan. -- Chute dr:
el-Kader. I'empire.
t844. Victoire de Bugeaud à Le Goùvernement provi-
l'Islv. soire, pr'ésidé par Ie
1846. Evasirin de Louis-Napo- général Trochu, prend
léon du fort de Ham. le nom d.e Gouuerne-
1847. campagne des ban-
f,aquets. ment de la d€fense na-
tionale.
t848. Réiolution de fêvrier. Une délégation du gou-
4 mai. Assemblée consti- vernement s'établit à
tuante. Tours.
Jzrn. Insurrection dans Progrès de I'invasion
Paris. - Le gérréral piussienne.
Cavaignac. - Laon,
Colmar, Mulhouse. sont
1.0 décembre. Louis-Na- occupés; Paris esfin-
poléon, président de la vesti le 18; Toul capi-
Rénublique. tule le 23; Strasbourg,
1849. Mai.' Aeseinblée législa- le 28. L'armée de tlletz
tive. Iivre ses derniers com-
t85t. 2 decembre. Coup d'Etat. bats.
t852. 2 décembre. Napôléon lll, M. Gambetta, gui est
empereur. sorti de Paris eri bnllon.
r853. Guerrè d'Orient. Vic- prend, à Tours. la di-
toire de I'Alma. - iection du qouverne-
t854. Siège de Sétrastopol. ment et de lÉ suerre.
t855. Prise de Sébastopol,. Octobre. Les Bâvarois
r856. Traité de Paris. - entrent -à Orléans le t3.
t859. Guerre d'ltalie. Bataills L'armée dc Paris livre
de Magenta. - Bataille les combats de tsa-
de Solférino. - gneux, de Châtillon, de
Villafranca. --Paixde
Traité Rueil, de Bougival, et
de Zurich. ne peut percer la ligne
1860. Traité decommerce aYec d'inlvestissement.
I'Angleterre. - An- Le {6, capitulation de
nexiôn de la Savoie et Soissons: le t8. Châ-
Nice.
de Expéditions teaudun. ' après rinead-
de Svrie-et de Cochin- mirable défense. est
chine. prls 9t incendié. Capi.
186t. Intervention de la France Iu lation de Saint-Quen.
au Mexique. tin et de Schelestadt.
t866. Victoire des Prussiens Le 27, capitulation de
Bur les Aut,richiens à Metz. Bazaine livre à
Sadowa. Frédéric-Charles toute
t867. Erposition universelle de son armée, un immense
Paris. matériel et la place de
t870, Mai. Plébiscite en fa- Metz.
veur- de la dynastie im- Le 28 et le 30, bataille du
périale. Bourget.
NEVISION. it3
Le 31, insurrection a Le 21, sortie de I'armée
Paris, rapidementcom- do Paris; combote do
prrmee. Yilla-Evrard et du
No-uembre. Le général Bourget.
d'Aurclle -de Palâdines, 1871. Janaierl Tout ospoir
après le victoire de d'une -résistance pog-
Coulmiers. reDrend sible disparaît ;
Orléans. Mais l'ârméo lo Au noid. Faidherbe
de la Loire livre ensuite vainqueur'à Bapaume
inutilement les com- est vaincu à -Saint-
bats de Beaune-Ia- Q.uentin et rejeté eur
Rolande. Lille;
Dons I'est, Ies Garibal- 2o A I'ouest, le Mans eet
diens eont vainqueurs pris et la deuxième ar-
à Chàtillon et à Àutun. mée de la Loire egt
Près de Paris, les marins mise en déroute;
du vice-amiral Saisset 3o A I'egt, Bourbaki, vain-
occupent le plateau queur à Villersexel età
d'Avion, le 28.- Montbéliard, échoue ô
Décembre. L'armée de Héricourt et fait retraite
-
Paris, conduite par le sur la Suisse'
-tbrmée-âï'
gênéral Ducroti livre 1" Paris fait
le 2 une bataille achar- sa dernièresortie le 19:
née à Champigny; elle elle échoue à I'attaque
est forcée de"rtipasser des positions de l\lon-
la Marne. tretout et de Buzenval.
L'armée de la Loire. Le 28, Paris, bombardé
après les combats d'Àr- depuis 2t jours, réduit
tenav. Chevillv. Neu- par la famine, est
villeldux-Bois,'de peut oblieé de capituler.
empêcher Frédéric- Un arÈristice de 2t jours
Chdrles de reprendre est sisné.
Orléans. Elle
sê divise Féurieri- Election d'une
en deux corps: armée Assemblée nationale.
de I'est, soûs le com- Elle se rêunit à Bor-
mandement de Bour- deaur; elle nomme
baki; armée de I'ouest, Thiers chef du pouvoir
sous Iecommandement exécutif rle .la répu-
de Chanzv. blique française.
L'armée de Chanzv est Les préliminaires de la
poursuivie par nrede- paix sont signés à Ver-
ric-Charles - jusqu'au sailles.
Mans. La France cède à I'empire
Dans Ie nord, le général d'Allemagne I'Alsâce,
Fai dherbe réorganise la une partie de la Lor-
défense; il edt vain- raine. y compris Metz :
queur, le à Pont-de-
23 et paie une indemnité
Noyelles;Ie28, àLong- de-guerre de cinq ruil-
pré. liards.
Le 19, le roi Guillaume a Un vote de I'Assemblêe
reçu à Versailles les prononce la déchéance
délésués des i:fats alle- ile Napoléon III eù tle
manâs qui lui confèrent sa dvdastie.
le titre d'empcrcur. M ars.l- L'Aesemblés ne.
691 nEvtgI0I.
tionale re réunit à Yer- Mec-Mehon €stnommè
sailles. président de la Répu-
Le l8 éclate I'insurrection blique pour sept a-ns.
dite de ls Çornrnune; t874. Le pgrti r,Tonaichique
les généraux Clément essale va,rnement de
Thomas et Lecomte restaurer la rovauté.
sont assassinés. 1875. L'Assenrblée riationale
Le gouvernement se retire yote, au mois de février,
rfVersailles. un projet de constitu-
Aaril. - La Commune tion présenté par M.
décrète la loi dee Wallôn.
otages; elle arrête Msr La république, gouverne-
Daiboy, archevêque ilo ment de fait depuis
Paris, et le président lg 4 septembre 1870,
Bonjean. deuient le gouuernemcnl
Mai. - Thiers siene le IéqaI d,e lù France.
traité de paix à Franc- 1876. La ëonstitution républi-
fort. Il obtient la resl,i- caine fonctionne par
tution de Belfort a la l'élection d'une Cham-
France. ' bre des députés et d'un
Le 24,les troupes de Ver- Sénat.
sailles, conduites par Le pays donne une forte
Mac-Mahon, entrent à majorité aux dèputês
Paris. Une lutte atroce dévoués à la constitu-
ensanglante Paris pen- tion.
danl huit iours. t877. t6 mai,.- Dissolution de
La Communô. avant d'er- la Chambre des dépu-
-de
pirer, ordonne le mas- tés. Ministère
sacre.des otages. Broglie-l'ourtou.
Les monumentipublics, Octabie. Election d'une
les Tuileries, I'Hôtel de Assemblée républi--
Ville, le palais de Ia caine.
Légiôn d'hônneur, etc., 1878. Exposition universelle.l
sout incendiés. l8?9. Prilsidence de M, Jules
1872. L'emprunt national, Grévy.
sous-crit avec enthou- t880. Fêl.e nationale. Distribu-
siasme, permet àThiers tion des drapeaux.
de navér
^su-erre.I'indemnité Loi d'amnistiti.
de Le terri- gra-
Loi sur l'instruction
toire-est, évacué par les tuite et obligatoirei
troupes allemandes. t88t. Renouvellement des con-
Thiers-est nommé prési- seils municipaux.
dent de la République {883. Mort de Gamb-etta et de
francaise. Chanzv.
t873. Le 24 mai. Thiers donne 1885. Mort delictor Hugo.
sa démission à lo suite {,887. Election de Carnot.
d'un vote défavorable 1889. Exposition universelle.
à sa politique. ll est {894. Election de Casimir.Périen
rernplacé par le maré- [895. Election de Félix ]'aure.
chal de Mac-Mahou. Expôrlition de l\Iadagas-
Au mois de novembre, cÛr.
TÀBrnÀu oÉnÉeloor0uE DEs uÉnovrriorENs. bt5

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Cs.lprrnu IV. - La guerre de tent ans.
I. - Plilippe VI de Valois et Jean le Bon. ...., . 168
II. Chail'es V etDugnesctin..:.:...;.....
III. -- Charles VL Les Armagnacs e[ les Bourguignons......
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- Jeanne d',\"rc.. lg4
IV. Charles YII et
-
Cnrpnnn V. Le trionphe du pouvoir royal sur la féodalité.
-
l. Inventions et découvertes.
l[. -- Lt,lis XI et Charles le Téméraire.. .. .. i.. .
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III. - Charles VIII et Anne de Beaujeu.:::... gl9
Cnlpnnu Vt. Les guerres rl'Italte. La Renaissattoe.
- -
l. - Charles YIU à Naples. o...... 226
L_es guerres d'Italie sous Louis Xtt.. . glt
III. --
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François lor à Narignan. La Renaissance,...;::.:::: Zg9
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TÀBLil Dlts IIÀtlEnEs.
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Cn.lpnns VlI. l,a rivalité de la France et de la maison d'Autriche.
-
. l. - Franqois lor et Charles-Quint. r.........r.. 246
ll. _ Ilenii u..... 253

Csrptrln VIII. - La Réforme et les guorres religieuses.


l. - Charles IX et la Saint-Barthélemv. 264
ll. - Ilenri Ill et la Lieue. ..:... 264
Ill. - Ilenri lV et i'édit-de Narttes. 28t
. CH^lpnnn IX. La monarohie absolue.
-
l. - tlenri tV et Sullv. . . . ... 289
II. - Louis XItl et llichelieu. 300
ItI. - La guerre de Trente ans etles traités de \ffestphalie.... 3,l0
lY, Louis XIV et N'lazarin. 321
-
Cs.{prrnp X.
- Le sièole de Louis XlY.
I. - Colbert, Louvois, Yauban 33t
l[. Louis XIV. Les qtterres et les conquêtes... 348 -
lll. -- Louis XlV.-- Lcs*fautes et les reveis. 358
lV. Louis XIV. Les lettres e[ ]es arts 368
- -
Csrpnnn XI. La déoarlenoe de la monarohie frangaise.
-
I. - Louis XV. - Le duc d'0rléans. - Le cartlinal Fleury. '... 378
II. - Louis XV. - Les guerres tle la succession d'Autriche et
de Serrt ans.... 385
tll. - Louis XV. - Choiseul. - Le parlenrent. - Les jésuites. 397
lV. - Les lettres et les sciences au dix-httitième siècle. 401

Cnrpnnn XlI.
' - Les préliminaires de la Révolution.
Turgot.
I. Louis XVI.
- 409
II. - La gucrre d'Amér'ique. 4t6
III. -- LaTrance en tI89. 423

Culprrns XIII.
- ta Révolution.
I. :' Assemblée constituante.. 428
ii. --a.Jierniée tégislative..... 440
III. - Convertlion nationale..... ... i..... 448
Iv.-LeDirectoire ...,.. 461

Csepnnp XIV. Le Oonsulat et l'Empire.


-
I. - Le Consulat. 414
II. - L'Empire. - Âusterlitz. - Iéna. - Fricdland. - Wagram. 480
lll. - Camfagnes de Russie, d'Àllemagne et de France 496
IV.
- Les Cent-Jours. - Waterloo.... 501

CHÀprrRE XV. La Eranoe contemporaino.


' -
I. - La Restauration et la révolution de t830.. 5tt
, II. - Le souvernemenl tle Juillet. S27
lll. - Coù'quôte de I'Algérie. 538
lV. La république de lS48 et le second empire. 6ttL
-
V.-RépubiiqueÎrançaise.... ........... 564
conclusion. 576

SAINI-CLOUD. _ IIIPITIùIERI8 IJELIN FTTtsITES.

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