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11/03/2018 Qui a inventé la lutte contre les «fake news»?

– Antipresse – Medium

Fernand Le Pic
Arpenteur d’Angles morts à l’ANTIPRESSE. Suivez mes
trouvailles sur antipresse.net.
Jan 20
Qui a inventé la lutte contre
les «fake news»?
Comme un seul homme, les dirigeants des pays
occidentaux tombent tous à bras raccourcis sur les
«fake news». Comment et pourquoi en est­on arrivé
à une aussi belle unanimité? Et où se trouve le chef
d’orchestre?

On s’inquiète en France de l’annonce d’Emmanuel Macron


relative à son projet de loi anti-fake news. Comme les
Français n’ont jamais été très bons en anglais, ils ont
tendance à traduire fake news par fausses nouvelles. Le mot

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«fake» ne connote pourtant pas la même notion que celle du


faux (tromper, faillir). Son étymologie le relie plutôt au
nettoyage (cf. fegen en allemand), voire à l’embellissement
par des moyens artificiels comme le maquillage, le lustrage,
etc. On ne cherche pas à tromper sur la nature des choses
mais à les rendre plus présentables.

Qu’à cela ne tienne, les Français aiment discuter, alors ils


glosent juridiquement, politiquement ou encore
philosophiquement sur le sujet. Curieusement, ils n’abordent
jamais le volet militaire. On sait pourtant que l’arrangement
de la réalité est consubstantiel à l’art de la guerre.

La se trouve pourtant l’origine de cette dissémination


simultanée d’un vocable anglophone dans le discours
gouvernemental de presque tous les pays d’Europe, Suisse
comprise, et bien sûr des États-Unis.

Réatlantiser l’Europe…
En 2010, un rapport du CEPA (Center for European Policy
Analysis), un de ces énièmes laboratoires d’influence basés à
Washington, pond un rapport intitulé «Keeping new allies».
Il s’alarme d’un risque de perte de contrôle des anciens pays
du pacte de Varsovie, que l’arrivée d’Obama n’aurait fait
qu’aggraver. Ce dernier avait en effet annoncé sa volonté de
se rapprocher de la Russie sous présidence Medvedev et pour
faire bonne figure, il avait osé enterrer le déploiement du très
dispendieux bouclier antimissiles, décidé par le Deep
state sous la présidence de Bush Jr.

Face au désintérêt que suscitent les États-Unis dans ces pays,


le CEPA recommande de procéder à une «opération de
réassurance», qui, seulement quatre ans plus tard, deviendra
la «European Reassurance Initiative» que l’on sait. On
s’en doute un peu, le CEPA est évidemment une courroie de

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transmission du Deep state américain. Il est officiellement


financé entre autres par la National Endowment for
Democracy, la Mission US auprès de l’OTAN, la division
Diplomatie publique de l’OTAN, l’École navale des États-
Unis, le Pentagone, le Département d’État américain, les
groupes habituels comme Raython, Lockheed Martin,
Chevron, Bell Helicopter, Textron Systems, etc. Et puis, tout
de même, l’Agence de défense européenne.

Aurions-nous oublié Soros? Rassurez-vous, il n’est jamais


bien loin. Ici, c’est dans le recrutement des cadres qu’on en
trouve une ventouse, avec notamment le Bulgare Ivan
Krastev, à la fois membre du conseil consultatif du CEPA et
du Global Advisory Board d’Open society, lequel Krastev est
par ailleurs expert encarté de la National Endowment for
Democracy.

Que dit fondamentalement ce rapport du CEPA? Eh bien, que


la relation avec la ceinture orientale de l’Europe se relâche, se
détériore très vite même, et qu’il faut d’urgence reprendre les
choses en mains, car on discerne déjà «des signes que la
région devient plus européenne qu’atlantiste». Diantre! Que
nous dites-vous là?! Le remède prescrit? La création de
nouvelles structures bilatérales et de think tanks atlantistes
pour ranimer la flamme américaine, l’établissement de
nouveaux «Centres d’excellence» de l’OTAN, sur le modèle
du Centre de cyberdéfense de Tallinn (Estonie), de
belles visites de haut rang plus fréquentes et en fanfare,
l’augmentation du nombre d’étudiants boursiers dans les
universités américaines, un investissement massif dans les
médias, et des accords de livraison d’armes, notamment de
missiles antibalistiques SM-3, produits par Raytheon à 15
millions de dollars pièce, c’est-à-dire le retour sine die au
bouclier antimissile, contre la volonté du locataire de la
Maison blanche. Sans oublier de bons vieux exercices

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militaires de la Baltique à la Mer Noire, sur fond de scénarios


d’attaques majeures imminentes. Oui mais venant de qui?

…en recréant un ennemi


Tant pis pour le «reset» d’Obama avec Moscou, ce sera un
remake de la guerre froide avec la Russie, que l’on accusera
de «révisionnisme». Un terme pourtant plus naturel au
lexique soviétique qu’américain. Mais après tout, pourquoi
chercher plus loin? Alors on ira provoquer la Russie. Un peu
de temps pour préparer l’opération et réunir les fonds
nécessaires et ce sera le coup d’État de Maïdan, avec la
perspective assurée de voir l’armée américaine s’installer
bientôt à demeure en Ukraine et plus particulièrement en
Crimée. On connaît la suite.

Le Kremlin n’a pas le choix, ce sera le retour du drapeau


russe sur l’intégralité de la péninsule et de ses infrastructures
militaires: bases stratégiques pour l’accès de la Russie aux
mers chaudes. Tout cela, comme on s’en souvient, sans un
seul coup de feu tiré. Un vent de panique souffle tout de
même dans les États-majors occidentaux, qui résumeront
l’opération en deux mots: guerre hybride.

Le concept était encore flou. Il signalait entre autres


l’association de ressources civiles et militaires, de forces
conventionnelles et spéciales, d’expositions médiatiques
brutes et d’opérations d’influence secrètes, avec en particulier
un usage très maîtrisé des réseaux sociaux.

Le Deep state américain a eu ce qu’il voulait: un beau


discours de peur sur «l’invasion» russe de l’Ukraine,
«l’annexion illégale» de la Crimée, ou encore l’hégémonie
renaissante de la Russie qu’il faut contenir militairement. On
va pouvoir exiger des européens qu’ils passent à la caisse de
contributions et augmentent de quelques pourcents leurs

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budgets militaires au bénéfice des équipements


«interopérables», comprenons américains. Et puis on va
enfin pouvoir détruire définitivement toute velléités de la
Maison blanche de persévérer dans son «reset» pro-russe.

Ce sera la carte de la propagande internet et des


manipulations de l’information par les Russes, sous
l’appellation de marque de «fake news». L’équation est on ne
peut plus simple: « c’est russe, donc c’est fake». Sauf que les
Américains, via l’OTAN, exigent de l’Europe qu’elle
criminalise l’information d’origine russe.

Quand les barbouzes jouent au


théâtre d’ombres
Officiellement, c’est depuis 2015 que les Européens ont reçu
leur sommation militaire. Le général Philip Breedlove, à
l’époque commandant suprême de l’OTAN, déclarait le 22
mars 2015, que l’Occident devait s’engager dans une guerre
de l’information avec la Russie afin de contrecarrer ses «faux
récits», notamment sur les réseaux sociaux. Curieusement,
on avait déjà créé le Centre d’excellence de communication
stratégique de l’OTAN (StratCom COE) à Riga, dès 2013.
Peut-être voulait-on en faire un usage offensif, camouflé
aujourd’hui en «réponse» à l’hégémonie russe?

Justement, dès 2010, le général Petraeus, qui connut tout de


même la case menottes aux poignets, avait passé commandé
de logiciels permettant de créer des faux profils multiples à
usage d’internet, avec une panoplie de fausses informations à
la clé (faux CV crédibles, etc.) donnant l’illusion de la réalité à
ces personnages virtuels (des _sock puppets dans le jargon).
Autrement dit, le Pentagone utilise exactement ce qu’il
reproche à la Russie d’employer! Nom de code:Operation
Earnest Voice (OEV). C’est la société Ntrepid,
propriétaire d’Anonymizer, qui a développé cette solution. Au

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passage, on apprendra que cette société a été fondée


par Richard «Hollis» Helms, un ancien officier de la CIA.
Egalement fondateur d’Abraxas. On sait que Hollis n’y a
embauché que des anciens de la CIA, à 100% des effectifs.
Un spin off en quelque sorte.

Le déploiement simultané de la censure


L’Union Européenne aussi, en tant que telle, a créé une
ressource similaire avec East StratCom, qui travaille à
contrer la campagne d’information russe. Un acronyme qui
sonne décidément proche de US Stratcom, l’unité américaine
regroupant la compétence notamment pour traiter une
guerre nucléaire et les opérations psychologiques.

En plus des sanctions économiques contre la Russie, on


s’apprête donc à mettre en place des sanctions
informationnelles. Limitées au tempo des élections, nous dit-
on. A voir! Dans le temps, on appelait cela de la censure.
Aussi l’on ne peut que sourire lorsque M. Macron déclare
qu’il veut, de sa propre initiative, censurer les médias russes!
En l’occurrence, Macron ne fait qu’appliquer les ordres
militaires de l’Etat major américain et du deep state, via
l’OTAN. Idem pour Angela Merkel qui a déjà fait passer une
loi, en douce, entre Noël et le nouvel an, obligeant les GAFA à
censurer toute pensée déviante sous peine de lourdes
amendes. Idem aussi pour le Royaume Uni, qui a carrément
créé une brigade militaire dédiée de près de 1500 hommes (et
femmes), la 70ème brigade, afin de mener cette guerre contre
la Russie.

Le général Marshall Webb (ça ne s’invente pas), confirmait


quant à lui ce recours à des scénarios hybrides par ses
troupes, lorsqu’il était encore patron des forces spéciales de
l’OTAN. C’est ce même général qu’on voit sur la célèbre et
curieuse photo de l’état-major suivant en direct la mise à

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mort de Ben Laden dans la salle de crise de la Maison


blanche.

Et notre chère Suisse n’est pas à l’abri. Lors de sa première


visite officielle à l’étranger, en Autriche, notre nouveau
président de la Confédération Alain Berset a fait un petit
crochet pour embrasser Harlem Désir, parachuté
«représentant pour la liberté des médias» au sein de l’OSCE.
Et de quoi ont-ils parlé? De la manière de juguler les fake
news! Il n’y a décidément plus de sujet plus pressant!

Mais c’est le Vietnam qui devrait nous intéresser le plus. Ce


pays a voulu faire comme les Européens. Il vient de créer son
unité militaire de contrôle de l’orthodoxie médiatique:
la Force 47. Composée de pas moins de 10'000 hommes,
son rôle est de tout surveiller sur le Net et de supprimer tout
contenu jugé déviant et offensant, par le pouvoir en place.
Certes, les Vietnamiens vivent toujours sous un régime
communiste avec parti unique. Ce qui est très différent de
chez nous.

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