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Pierre

Auguste
RENOIR
peintre de la
vie heureuse

C'est en 1855 que le père de Renoir, un


modeste tailleur de pierres de Limoges établi à
Paris depuis 1845, met son fils Auguste âgé de
14 ans en apprentissage dans une fabrique de
porcelaine, rue du Temple, où l'adolescent est
initié à la peinture sur porcelaine.

L'introduction d'une machine mettra fin à cette Portrait de Pierre Auguste Renoir
expérience et plusieurs autres suivront, dont la 1867
peinture de tentures d'Eglise pour des
missionnaires d'outre-mer.

Huit ans plus tard Renoir disposait d'assez


d'argent pour entrer, en avril 1862, à l'École par Frédéric BAZILLE
des Beaux-Arts. Parallèlement aux cours de Musée des Beaux-Arts
l'Ecole, il fréquente aussi l'Atelier privé de Alger
Charles Gleyre où il se liera d'amitié avec ses
condisciples Alfred Sisley, Frédéric Bazille et
Claude Monet.
DEBUSSY - Arabesques N°2 (1891)

LA PERIODE IMPRESSIONNISTE (1864-1883)

Suivant la recherche de ses amis du Café Guerbois, en particulier Bazille et Monet, sur
la lumière naturelle, il travaille souvent «sur le motif» en forêt de Fontainebleau. Ses
recherches artistiques vont alors couvrir un large éventail, étant moins sûr que d'autres
peintres de la direction à prendre, tenu qu'il est par la double nécessité de vendre des
tableaux pour vivre et de se tailler une place sur la scène parisienne.
En plus de belles oeuvres de vues citadines et de
paysages, comme les vues de Paris qu'il peint
avec Monet au printemps 1867 ( "Le Pont des
Arts"), son propos artistique s'exprime aussi dans
de nombreuses scènes de genre, des portraits
en plein air, comme "Les Fiancés", qui séduisent
le spectateur par leur luminosité et leur
expressivité.À partir de 1864, il expose ou tente
d'exposer au Salon.

Accepté en 1864, refusé malgré l'intervention de


Corot en 1866, il n'eut pas davantage de chance
l'année suivante, avec une "Diane chasseresse"
qui permet de discerner l'influence qu'exerçait
Courbet sur la production de Renoir à cette
époque.
Les fiancés, dit le ménage Sisley
Il peut montrer sa "Lise à l'ombrelle" (1867) au
1868
Salon de 1868 – il s'agit, là encore, d'une œuvre
Wallraf-Richartz Museum
influencée par Courbet –.
Cologne, Allemagne

Renoir ne s'appropriera un mode de représentation picturale qu'à l'été 1869, lorsqu'il


travaille à La Grenouillère avec Monet, peignant l'animation de ce lieu de loisirs de la
bourgeoisie parisienne, avec des touches de couleur rapides et vigoureuses simplifiées à
l'extême, des personnages à l'état d'esquisse, un art de la lumière rendue par des reflets
mobiles, rendant ainsi compte de l'"impression" régnant dans ce lieu.
Pourtant, si Renoir, avec "La Grenouillère"
et quelques autres toiles datées de 1869 et
1870, affirme les composantes essentielles
de la peinture impressionniste, en
particulier la division des tons, sa recherche
délibérée d'une clarté accrue par une
couche légère de peinture qui apparaît dès
1872, va caractériser l'exécution de la
plupart des œuvres traditionnellement
rattachées à sa période impressionniste:
"La loge" (1874), "Le chemin montant dans
les herbes" (1875), "Le Moulin de la
Galette" (1876), "La balançoire" (1876),
"Portrait de Jeanne Samary" (1877), "Les
canotiers à Chatou".

Ce parti pris semble bien constituer


l'élément capital sur lequel s'appuient alors
ses recherches plastiques et, petit à petit,
naît une œuvre que certains n'hésiteront
pas à qualifier d'anti-impressionniste
(«Renoir, comme Cézanne, fut un peintre
La loge
anti-impressionniste», dira André Lhote).
1874
Sa caractéristique principale est l'emploi Courtauld Institute Galleries
d'une pâte plus ou moins épaisse mais Londres
toujours résineuse, c'est-à-dire,
contrairement à la pâte d'un Monet, fort peu
diluée dans l'essence de térébenthine, donc
peu dégraissée.

La vive admiration que Renoir, dès 1872, éprouva pour Delacroix n'est peut-être pas
étrangère à cette évolution qui, après les expositions impressionnistes «maudites» de
1874, 1876 et 1877 auxquelles il participa, contribua au très grand succès qu'il remporta
au Salon de 1879 avec "Madame Charpentier et ses enfants" (1878). Il est vrai qu'il a
renoncé, cette année-là, à exposer aux côtés de ses amis impressionnistes et que le
goût de Georges Charpentier, l'éditeur très en vue de Zola, Maupassant et Daudet, n'a
pas été sans cautionner l'art de Renoir auprès des amateurs de portraits.

Pissarro écrit : "Renoir a un grand succès au Salon. Je crois qu'il est lancé, tant mieux,
c'est si dur la misère !".
Pendant ces années "misère", Renoir aura peint de fabuleuses toiles impressionnistes,
aujourd'hui des chefs d'oeuvres connus dans le monde entier.

En 1880, Il rencontre une jeune modiste,


Aline Charigot, qui travaille non loin de
son atelier. Elle a vingt ans, elle posera
pour lui dans de très nombreux tableaux.
Ils se marieront en 1890, cinq ans après
la naissance de Pierre, et auront trois
enfants, Pierre, Jean (le cinéaste) et
Claude.

Renoir est connu, apprécié, il peut


maintenant profiter de la vie. Aline posera
une première fois dans: "Les Canotiers à
Chatou", puis comme les amis de Renoir,
Le déjeuner des canotiers dans une de ses toiles majeures qu'il
1881 achèvera en 1881 "Le déjeuner des
The Phillips Collection canotiers" (Aline est la jeune femme
Washington DC assise à gauche, et en face d'elle le
peintre Gustave Caillebotte)

LA PERIODE INGRESQUE ou "SECHE" (1883-1890)

En 1881, grâce à la vente de ses tableaux, Renoir peut pour la première fois, partir au
printemps en voyage vers le sud, sur les traces de Delacroix, d'abord en Algérie, puis à
l'automne et l'hiver en Italie, où il découvre les maîtres florentins, Raphaël et les
fresques de Pompéi, enfin à l'Estaque, près de Marseille, où il peint avec Cézanne,
avec des coloris plus violents, et revient au dessin.

Renoir affiche encore plus de détachement à l'égard de l'impressionnisme: «Vers 1883, il


s'est fait comme une cassure dans mon œuvre. J'étais allé jusqu'au bout de
l'impressionnisme et j'arrivais à cette constatation que je ne savais ni peindre ni
dessiner. En un mot, j'étais dans une impasse» (Renoir cité par Vollard, dans "Renoir",
Paris, 1920).

A partir de ce moment, Renoir doute et remet son œuvre en question. Il s'éloigne de


plus en plus de l'impressionnisme, les contours de ses personnages deviennent plus
précis. Il dessine les formes avec plus de rigueur, les couleurs se font plus froides.
La transition sera progressive car Renoir est en perpétuelle recherche d'un art pictural
absolu. Dès fin 1881, il écrit à Durand-Ruel: "Je suis encore dans la maladie des
recherches. Je ne suis pas content et j'efface, j'efface encore....".

Sa nouvelle manière, qui correspond à la


période dite «sèche» ou «ingresque», est
d'abord caractérisée par un dessin plus
précis et par des aplats comme dans "Les
Parapluies" (1882-1884) ou "La Danse à la
ville" (1883), puis par un contour net, une
matière lisse et une répartition uniforme de
la lumière comme dans "Les Grandes
Baigneuses" (1884-1887).

La toile mesure 115 x 170 cm, les modèles


principaux sont Aline Charigot, la brune, et
Suzanne Valadon, la blonde. Cette oeuvre
Les grandes baigneuses
associe de façon insolite la gaieté d'un
1887
instantané où des filles de rue se
Philadelphia Museum of Art
comportent d'une façon décontractée et
Philadelphie, USA
une composition stylisée, "classique".
Les figures ne se fondent plus dans le
paysage, mais apparaissent nettement
démarquées.

1883 : Exposition particulière organisée par Durand-Ruel, boulevard de la Madeleine. En


décembre, il voyage avec Monet de Marseille à Gênes.

1884 : il entreprend " les grandes baigneuses ".

1885 : Naissance de son fils Pierre, Renoir peint " Aline allaitant son fils ".

1888 : Grand succès de l'exposition internationale des Impressionnistes à New-York,


organisée par Durand-Ruel, trente-huit peintures et pastels de Renoir sont présentés.

1889 : Il retourne chez Cézanne

LA PERIODE "NACREE" (1890-1897)


En 1890 Renoir épouse Aline Charigot.

Critiqué, mal compris, Renoir va peu à peu sortir de la période "sèche". Sans revenir à
un coup de pinceau purement impressionniste, il va infléchir le trait, abandonner la
rigueur tout en conservant le modelé de ses sujets. Délicatesse, forme, couleur, lumière
et volupté sont les maîtres mots de cette nouvelle période.

Abandonnant le style linéaire,


Renoir adopte une facture plus
souple et onctueuse,avec plus de
fluidité et des effets de
transparence. C'est ce que l'on a
appelé la période «nacrée» .

Cette évolution de Renoir qui


approche la cinquantaine est aussi
due au fait suivant : «Il s'aperçut en
effet, à cette époque, que ses
œuvres de jeunesse se
craquelaient et que les tons
s'altéraient. Il surveilla donc ses
mélanges, qu'il réduisit, comme
Rubens , au minimum, et se
contenta d'une couche mince et
unique» ( André Lhote ).

"Les Jeunes Filles au piano"


(1892), première toile de l'artiste
Les jeunes filles au piano achetée par l'État, est une œuvre
1892 célèbre de cette période.
Photographié au Musée d'Orsay, Paris

L'intérêt du public est enfin immense. Après 1897 et jusqu'à la fin de sa vie, Renoir en
vint à une manière impulsive, directe, sans retouches, à laquelle vont se rattacher
d'innombrables figures de femmes plantureuses et nues ("Baigneuse s'essuyant la
jambe", 1905), peintes souvent en une seule séance dans des coloris à dominante ocre-
rouge.

Souffrant de rhumatismes articulaires, Renoir fut contraint, au début du siècle, de


rechercher le climat du Midi. Il s'établit tout d'abord à Grasse (1900), ensuite au Cannet
(1902), puis à Cagnes (1903), où il fut frappé, en janvier 1912, d'une paralysie des
jambes et des bras. Opéré au mois d'août de la même année, il continua de peindre, son
pinceau attaché à la main, durant les sept années qui lui restaient à vivre.

1891 : Il séjourne en Provence puis chez Berthe Morisot à Mésy.

 1892 : Il voyage en Espagne avec Gallimard, il admire les Velasquez. A la


rétrospective chez Durand-Ruel, 110 oeuvres sont exposées.
 1893 : Il voyage à Pont-Aven.
 1894 : Naissance de son fils Jean, il habite le Château des Brouillards à
Montmartre. Une crise de rhumatismes l'empêche de voyager. Il peint " Jean
jouant avec Gabrielle ".
 1895 : Renoir transforme son style qui le conduira à un épanouissement final en
peignant de plus en plus en volume, vers une plastique plus sculpturale.
 1896 : Il voyage à Bayreuth. Exposition chez Durand-Ruel. " Les enfants de
Monsieur Caillebotte, la famille de l'artiste ".
 1897 : Renoir achète une maison à Essoyes, dans l'Aube où il passera les mois
d'été - " La baigneuse endormie ".
 1898 : Il voyage en Hollande, à Amsterdam où il admire les Rembrandt. Première
crise aiguë de rhumatisme articulaire.
 1899 : Il passe l'hiver dans le Midi à Cagnes-sur-Mer pour se reposer.
 1900 : Il séjourne à Grasse et peint " Femme nue en plein air ".
 1901 : Naissance de son fils Claude, dit "Coco" que Renoir prend souvent comme
modèle.
 1902 : Renoir s'installe au Cannet, nouvelles crises de rhumatismes. " Le
jugement de Pâris, Jean en Pierrot blanc ".
 1903 : Il passe l'hiver à Cagnes et l'été à Essoyes.
 1904 : Désormais, les années sont marquées par une évolution plus ou moins
rapide de sa maladie. Il continue à peindre avec beaucoup de courage des "
Baigneuses ".
 1907 : Il achète le terrain "Les Collettes" à Cagnes, où il fera construire sa
maison, entourée d'oliviers centenaires. " La leçon d'écriture de Coco ".
 1908 : Renoir sculpte un " Portrait de Coco et un buste de danseuse ".
 1910 : Il voyage à Munich. " Les cariatides, danseuses au tambourin et aux
castagnettes" .
 1912 : Aggravation de son état de santé. Des bandelettes sur ses doigts
paralysés lui permettent de tenir son pinceau. Malgré cela, son travail reste de
grande qualité. " Portrait de Madame de Galea ".
 1913 : Le marchand Amboise Vollard lui présente Richard Guino pour lui
permettre de mener à bien ses projets de sculpture. Une véritable communion
d'esprit s'établit entre les deux artistes, Renoir retrouve toute sa créativité‚ servie
par le talent et la sensibilité de Guino. Une première oeuvre est créée : " La petite
Vénus debout " .
 1914 : Déclaration de guerre de l'Allemagne à la France. Ses fils Pierre et Jean
sont blessés au combat. Pour garder le moral, Renoir peint et sculpte avec Guino.
" Le jugement de Pâris ".
 1915 : Mort de Madame Renoir. En son hommage il peint " Un bouquet de roses
". Pour oublier son malheur et sa souffrance, Renoir, soutenu par Guino, se lance
avec audace dans de grandes sculptures " La grande Vénus Victrix, la Maternité,
le berger Pâris" .
 1916-1918 : Nouvelles sculptures "' La grande Laveuse, Buste de Madame
Renoir, Le forgeron, Portrait de Cézanne" .
 1919 : Visite de Renoir au Louvre où son tableau " Madame Charpentier " est
exposé. Il meurt à Cagnes-sur-Mer le 3 décembre.

Renoir a laissé une œuvre


considérable,
nécessairement inégale, ne
serait-ce qu'en raison de son
caractère prolifique: plus
de 4 000 peintures, soit un
nombre supérieur à celui
des oeuvres de Manet,
Cézanne et Degas réunies.

Chemin montant dans les hautes herbes


vers 1875
Photographié au Musée d'Orsay, Paris

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