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etonnants-voyageurs.com
Dossier
de presse
CAHIER 1
OUVERTURE
CAHIER 2
LES GRANDS THÈMES
CAHIER 3
LES RENDEZ-VOUS DU FESTIVAL
CAHIER 4
UN MONDE D’IMAGES
CINÉMA, PHOTOGRAPHIES
ET EXPOSITIONS
CAHIER 5
LE FESTIVAL DE LA JEUNESSE
ANNEXES
COMMUNICATION
DES PARTENAIRES DU FESTIVAL
ÉTONNANTS VOYAGEURS
24 avenue des Français Libres, 35 000 Rennes
T. 02 99 31 05 74 / M. info@etonnants-voyageurs.com
SERVICE DE PRESSE
Faits&Gestes, Laurent Delarue et Shanaz Barday assistés par Aurélia Celante
T. 01 53 34 65 84 / laurent.delarue@faitsetgestes.com
© A Storm in the Rocky Mountains - Mt. Rosalie, 1866 (oil on canvas), Bierstadt, Albert (1830-1902) /
Brooklyn Museum of Art, New York, USA / Bridgeman Images
Conception Graphique : www.erwanlemoigne.com
@FestivalEV
@etonnantsvoyageurs
#EV2017
INFORMATIONS PRATIQUES
L’ÉQUIPE DU FESTIVAL
LE SITE INTERNET
ETONNANTS-VOYAGEURS.COM
Jean-Luc CHENUT
Président du Conseil départemental d’Ille-et-Vilaine
Saint-Malo Étonnants Voyageurs I Dossier de presse 7
Les auteurs, les artistes, les libraires,
les éditeurs
Les invités présents à Saint-Malo (liste arrêtée au 28 mars 2018). La liste actualisée peut être consultée
sur le site du Festival : www.etonnants-voyageurs.com
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Malachy TALLACK
Stéphane TAMAILLON
Bertrand TAVERNIER
Sami TCHAK
Bogdan TEODORESCU
Øyvind TORSETER
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Benjamin VANDERLICK
Pierre-Yves VANDEWEERD
David VANN
André VERSAILLE
Vladimir VERTLIB
LE SALON DU LIVRE
L’Espace Quai de Saint-Malo, situé entre le bassin du port et le Grand Large accueille pendant trois journées la plus grande librairie
de France. Un demi-hectare dédié aux auteurs et aux éditeurs, en complicité avec les libraires.
À la Lettre Thé La Droguerie de Marine
9 place de Viarmes, 29600 Morlaix 66 rue Georges-Clémenceau, 35 400 Saint-Malo
L’Odyssée Le Failler
4 rue du Puits aux Braies, 35 400 Saint-Malo 8-14 rue Saint-Georges, 35 000 Rennes
M’Lire
3 rue de la Paix, 53000 Laval
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Le site internet du Festival met à la disposition des journalistes un espace « Presse » dans lequel vous pouvez remplir le
formulaire d’accréditation. Les demandes peuvent également se faire par mail : presse@etonnants-voyageurs.com
Les accréditations sont à retirer au Service de presse du festival à partir du jeudi 17 mai à 9 h 30.
EN COLLABORATION AVEC
Autant de moments forts et de rencontres uniques à Rassemblées année après année dans une rubrique
voir ou à revoir, qui auront marqué de leur empreinte le DICO DES AUTEURS, ces pages forment aujourd’hui
Festival : Ella Maillart partageant le plateau avec Théo- une riche base de données compilant des informations
dore Monod et Anita Conti, ou encore Alvaro Mutis sur plus de 2 000 auteurs.
en tête-à-tête avec Hugo Pratt, sans oublier Nicolas
Bouvier, Robert Doisneau, Jim Harisson, Jacques Lacar-
rière, Jean-Claude Izzo, Patrick Chamoiseau mais aussi
Alain Mabanckou, J.-M. G. Le Clézio, Anna Moï, Dany
Laferrière… et tant d’autres.
HABITER UN MONDE
EN MOUVEMENT
L’INVENTION DU FUTUR
PUISSANCE DE L'IMAGINAIRE
Il déferle, avec la puissance d’un raz-de-marée, bous- La guerre : elle menace, sous des formes très diverses.
cule nos certitudes, met à l’épreuve nos valeurs – uni- Ici, les historiens établissent des comparaisons peu ras-
verselles, vraiment ? Peut-être est-ce à nous, aussi, de surantes avec les temps de la guerre froide. Là, d’autres
le manifester en actes. Peut-être, au pied du mur, de soulignent des parallélismes avec les pires enchaîne-
relever le défi. En s’ouvrant aux voix multiples de ce ments des années 30 qui conduisirent à la catastrophe.
monde en gésine, dont nul ne peut plus se prétendre Et l’on essaye de se rassurer en se répétant que l’his-
le seul ordonnateur, placé en son centre. Le monde toire ne se répète jamais. Malgré cette évidence qu’elle
nouveau sera dit, sera pensé, sera mis en romans, en ne cesse de se répéter, au contraire, tant est grande
poèmes, en musiques, en œuvres, où il sera subi. notre capacité d’oubli.
Le challenge est immense, nous le devinons tous. Demain, la guerre ? Aujourd’hui déjà. En vain, nous
fermons les yeux sur ce qui agite le corps social, le
Refaire le monde. L’occupation ici-bas la mieux parta- fragmente, oppose les uns aux autres, sous de multiples
gée, dira-t-on, dans le bruissement des avis contradic- prétextes, guerres des mémoires, guerres de religion,
toires qui se croisent, se bousculent, en ce qui tient lieu guerre de mots. Et les contorsions sémantiques pour
de place publique, où règne l’opinion. Dans nos rêves, nier l’évidence n’y pourront rien. La guerre envahit
aussi, dans nos manières de nous y projeter, à chaque les esprits quand elle est dans les mots. Et elle y est,
instant. Le monde est parcouru de « lignes de chants », vraiment.
écrivait Bruce Chatwin, grand écrivain voyageur s’il en Anathèmes, injures, petites phrases, calomnies : le
fut, reprenant là un mythe des aborigènes australiens degré zéro de la pensée. On ne s’écoute plus : on s’assas-
– de lignes de chant que chacun doit parcourir et repar- sine, on s’excommunie, lors même que l’on se proclame
courir sans cesse, et sous ses pas, en écho à son chant, laïque, ou athée. Aujourd’hui Médiapart contre Charlie,
chaque chose nommée, oiseaux, plantes, roches, alors demain à qui le tour ? Pas une semaine sans qu’éclate
s’éveillera. Mais que les hommes un jour s’arrêtent, et une nouvelle affaire et reprenne le lynchage. Que nous
le monde à coup sûr cessera d’exister. ne nous aimons plus, au moins, la chose est claire. Signe
d’une perte accélérée de nos repères, des catégories
Belle métaphore du travail de l’écrivain, qui dit bien le mentales qui pour nous organisaient le monde, et nous
rôle des artistes et, à travers eux, de l’imaginaire dans voici, tels des naufragés dans la tempête, accrochés au
l’habitation-transformation du monde. Nous sommes moindre espar flottant à portée de main.
tous des enfants perdus dans les forêts obscures et Pensées mortes, pensées folles : le vieux monde se
nous ne cessons de les peupler de nos songes, de nos meurt. Et l’hystérisation des joutes verbales se multi-
projets, de nos créations pour leur donner forme et plie du sentiment qu’il s’agit d’un dernier sursaut, d’une
visage, les rendre habitables. dernière tentative de nier l’évidence.
Refaire le monde - autrement dit, continûment le Refaire le monde : sans céder à la mode du catastro-
faire. Dans une zone de tempête comme nous n’en avons phisme - sous le prétexte d’une lucidité qui n’est trop
pas connu depuis longtemps. D’autant plus violente que souvent que l’excuse du renoncement. Nous sommes
l’effondrement des idéologies qui nous promettaient un plus grands que nous, disais-je, en présentant la der-
avenir radieux, et, pour patienter en l’attendant, nous nière édition du festival, mot devenu le titre d’un mani-
fournissaient des réponses sur tout – à la condition, feste, signé par une cinquantaine d’écrivains, sur la
nous avons fini par le comprendre, de ne plus nous belle idée de démocratie. Toujours en péril, et toujours
poser de questions sur rien – nous laisse désemparé. Fin à réinventer. C’est dans ces périodes qu’il est urgent
des utopies, répète-t-on à l’envi : ne nous ont-elles pas d’en percevoir toutes les résonances. Et c’est pourquoi
coûté trop cher ? Et nous voilà priés, du coup, de s’ac- nous avons voulu aussi consacrer une belle part du
commoder de l’ordre des choses, en fermant les yeux festival à l’invention du futur - c’est-à-dire, déjà,
sur ce qui nous était pourtant des valeurs essentielles. du présent - en complicité avec la revue We demain.
Triomphe de l’individualisme cynique, chacun pour soi, Comment penser simplement catastrophique le progrès
en somme. Mais peut-on vivre sans espérance ? Peut-on formidable des connaissances actuelles, poser comme
vivre sans « faire monde », sans « faire société » avec les principe qu’elles ouvrent sur un futur de cauche-
autres ? Cela, jusqu’ici, s’appelle la guerre. mar ? Quelles sont les grandes utopies d’aujourd’hui ?
Ce fut le rêve qui portait le premier Congrès des écri- d’échange entre tous sur un pied d’égalité. Et le temps
vains noirs en France, en 1956, dont Picasso réalisa venu d’affirmer que cette langue était désormais la
l’affiche, que suivirent Jean-Paul Sartre Claude Levi- propriété de tous. Je cite, de nouveau : « le temps nous
Strauss. Ce fut le rêve qui porta l’aventure de la mai- paraît venu d’une renaissance, d’un dialogue dans un
son d’édition Présence africaine d’Alioune et Chris- vaste ensemble polyphonique, sans souci d’on ne sait
tiane Diop. C’est le combat que nous menons depuis quel combat pour ou contre la prééminence de telle ou
la création du festival Étonnants Voyageurs qui nous telle langue, ou d’un quelconque « impérialisme cultu-
conduit a monter huit éditions du festival à Bamako en rel ». C’est à la formation d’une constellation que nous
connivence avec Moussa Konaté, et trois en Haïti avec assistons, où la langue libérée de son pacte exclusif
Lyonel Trouillot Emmelie Prophète et Dany Laferrière. avec la nation, libre désormais de tous pouvoirs autres
C’est le combat que nous avons voulu mener avec le que ceux de la poésie et de l’imaginaire, n’aura pour
« Manifeste pour une littérature monde en français » frontières que celles de l’esprit.
signé par 44 écrivains dont JMG Le Clézio et Édouard
Glissant paru mars 2007 dans les colonnes du Monde. Onze ans après, nous n’avons pas une virgule à changer.
Pour dire que cette vision d’une France surplombante Mais le monde, lui, a changé. Nouveau Monde, nouvelle
dispensant ses lumières sur une « francophonie » pour donne. Migrations massives, terrorismes, tentations
l’essentiel perçue comme le rassemblement des ex-co- du repli sur soi, guerres des identités et des mémoires,
lonies, était devenue insupportable à tous. Je cite : « Le communautarismes rampants ou affichés, réveil des
centre qui contraignait les auteurs venus d’ailleurs à se nationalismes et des extrêmes droites, guerre des mots :
dépouiller de leurs bagages avant de se fondre dans tout semble pousser vers les divisions et les conflits
le creuset de la langue et de son histoire nationale, quand bien même nous les pressentons catastrophiques.
le centre, est désormais partout, aux quatre coins du Mais c’est aussi dans ces situations que peut se trouver
monde » Plus de centre, le temps venu de penser la l’énergie d’un rebond. La mission confiée à Felwine Sarr
France incluse dans un espace monde en français, lieu d’étudier la restitution d’œuvres d’art à l’Afrique prend
22
UNE JOURNÉE ENTIÈRE À L’AUDITORIUM DU PALAIS DU GRAND LARGE
Pendant plus d’un siècle, de 1810 à 1940, des hommes ET TOUTE LA JOURNÉE
ont exhibé d’autres hommes en les présentant comme Rencontre : Dépasser les traumas de l’histoire
des sauvages ou des monstres dans de véritables zoos pour construire ensemble le présent
humains. Plus d’un milliard et demi de visiteurs ont Avec : Pascal Blanchard, Bruno Victor-Pujebet, Jean-
découvert trente-cinq mille exhibés à travers le monde. Marc Ayrault, Felwine Sarr
Sauvages, au cœur des zoos humains retrace les destins
de six d’entre eux avec le concours des plus grands spé- Rencontre : Y-a-t’il des valeurs universelles ?
cialistes internationaux, en s’appuyant sur des archives Avec : Patrick Chamoiseau, Mireille Delmas-Marty, Sou-
et des images exceptionnelles, et en recueillant les leymane Bachir Diagne, Edgar Morin
témoignages inédits de leurs descendants aux quatre
coins du monde. L’histoire avait oublié leurs noms. Ils Projection : Édouard Glissant, un monde en rela-
se nomment Petite Capeline, Fuégienne de Patagonie tion
(Chili), Tambo, Aborigène d’Australie, Moliko, Kali’na De Manthia Diawar (Yelema Productions, 2010, 52’)
de Guyane, Ota Benga, pygmée du Congo, Jean Thiam, En 2009, Manthia Diawara a suivi Édouard Glissant sur
wolof du Sénégal, Marius Kaloïe, Kanak de Nouvelle- le Queen Mary II, pour une traversée de l’Atlantique
Calédonie… entre South Hampton (UK) et Brooklyn (New York). Cet
Les récits de leurs destins resituent le phénomène des extraordinaire voyage s’est traduit par la réalisation
exhibitions ethnographiques dans leur contexte histo- d’une série d’une vingtaine de clips vidéo, qui tout en
rique et notamment des régions ultramarines (Guyane déclinant la pensée d’Édouard Glissant sous différentes
et Nouvelle-Calédonie) : l’émergence et le développe- thématiques, apporte un éclairage nouveau à son travail
ment des grands empires coloniaux (Belge, Allemand, sur la théorie de la « Relation ».
Français, Anglais…). Ils soulignent le lien étroit avec
le discours des savants, notamment la pensée raciste Rencontre : Habiter le monde
et la hiérarchie des races qui s’affirment alors dans Avec : Felwine Sarr, Sami Tchak, Anna Moï, Edgar Morin
les mentalités en Occident. Tout en montrant que ce
processus et son spectaculaire développement à tra-
vers le monde sont intimement liés à l’émergence de
la culture de masse, à l’univers du spectacle sous l’im-
pulsion notamment des imprésarios comme Hagenbeck
ou encore Barnum et au capitalisme triomphant.
Avec ce film, on comprend comment on est passé d’un
racisme scientifique (1850) à un racisme populaire (1930)
grâce aux analyses et commentaires des meilleurs spé-
cialistes de la question : Benjamin Stora, Nicolas Ban-
cel, Didier Daeninckx, Achille Mbembe, Nanette Snoep,
Lilian Thuram, Gilles Boëtsch, John Mackenzie, Ayana
Jackson, Robert Rydell…
MAI 68 : UN SOULÈVEMENT POÉTIQUE ? les colonnes du Monde quelques semaines avant la nuit
Ce mois de mai continue de déranger. Un demi-siècle des barricades – mieux valait écouter Bob Dylan pour
après on y revient encore, souvent pour le vilipender, savoir ce qui agitait la jeunesse du monde, quels rêves,
ou le dire un échec, simple écume des choses – mais quels refus, quelles impatiences…
dans ce cas pourquoi y revenir ? Sans doute parce qu’il
ne rentre pas dans les cadres préétablis. Et c’est cela
qui nous intéressera ici : ce qui ne rentre pas dans les LE PRINTEMPS DE PRAGUE,
cadres. WOODSTOCK
À en croire certains, par-delà une insignifiante agitation Puissance des photos : elles parlent toutes seules. Les
étudiante ce fut un vaste mouvement social comme la photos de Koudelka lors du printemps de Prague parlent
France n’en avait pas connu depuis longtemps – en toutes seules : le face-à-face du peuple de Prague,
entendant par là que ce mois de mai s’inscrit dans l’his- toutes classes mêlées dans l’allégresse d’une libéra-
toire ouvrière classique. Alors que son principal leader, tion, occupant pacifiquement la rue et cette sensation
Dany Cohn Bendit le disait « le premier mouvement anti- devant leurs visages saisis alors, notamment ceux des
communiste de masse ». femmes, d’une lumière en eux, d’une joie, d’une frater-
Pour d’autres, militants de ce que l’on appelait alors des nité nouvelle – et face à ces visages nus, l’avancée des
« groupuscules » et l’on n’en finirait pas d’en décliner chars russes, comme les machines de mort sans visage,
les subtiles nuances, ce fut comme la promesse d’un symbole de la révolution communiste, ou ce qu’elle
retour à la « vraie » révolution, jusque-là dévoyée. Une est devenue, avec à leur bord des soldats perdus, ne
répétition générale avant le « grand soir ». Mais les yeux comprenant plus rien face à la foule qui les interpelle.
fixés sur les tables de la loi, obstinés à répéter 17, ils La foule libérée, les chars : la question posée au com-
ignoraient à peu près totalement l’immense mouvement munisme
culturel qui agitait la jeunesse de l’époque. La foule libérée, les chars : mai 68.
Et puis il y a les autres, tous les autres, ceux qui vécurent
ce moment à sa pleine intensité, sans théorie préconçue, Et puis, à tous les obsédés du « social », aux obsédés de
comme un moment de grâce, un mouvement après l’embrigadement obligatoire dans l’armée de la Révo-
lequel ces groupuscules couraient pour feindre d’en lution, les images de Woodstock, en 1969 cette foule
être les organisateurs, mais sans y rien comprendre. immense, là aussi, qui nous dit tant de choses. De la
Tirons ce fil : après tout, nous sommes un festival puissance de la musique à créer de l’être ensemble, de
culturel, littéraire, c’est le rôle de la littérature, de la l’être ensemble lui-même : les pas cadencés des mili-
création artistique, leur capacité à dire l’inconnu de ce tants de la révolution, encore ? Non : le réveil de cette
qui vient, à lui donner un visage, qui nous importent. dimension poétique de l’être humain qui fait que chacun
Tirons ce fil : un mouvement culturel, qui devait ébran- se sent plus grand que lui, l’affirmation d’un vouloir
ler L’Amérique et l’Europe, de l’Est comme de l’Ouest, vivre. Une utopie, une illusion vite évanouie ? Mais dans
et au-delà le monde, né bien avant les « événements ». ce cas, pourquoi en parlons-nous encore ?
« Quand la France s’ennuie » disait Viansson-Ponté dans
Soirée France 5
LA PROJECTION DU FILM : EN QUÊTE SUIVIE D’UNE RENCONTRE AVEC CHRIS-
D’UNE NOUVELLE TERRE TOPHE GALFARD.
L’homme est-il prêt pour le voyage interstellaire ? Le Disciple et ami du génie, le physicien et écrivain Chris-
physicien et écrivain Christophe Galfard part à la ren- tophe Galfard interroge des scientifiques au Chili, aux
contre de ceux qui tentent de transformer ce rêve en États-Unis, en Allemagne, aux Pays-Bas, entre autres,
réalité. Selon le physicien britannique Stephen Hawking, sur nos moyens d’établir une colonie extraterrestre.
le destin de l’humanité est dans les étoiles. Ce brillant Christophe Galfard est Docteur en physique théorique,
esprit estime en effet que, pour survivre, les hommes écrivain, conférencier, lauréat de la mention jeunesse
seront contraints de coloniser une planète. du Prix Véolia Environnement 2013 pour son roman Le
Prince des nuages.
LA DIMENSION TRAGIQUE DU MONDE de quelqu’un qu’il est un « Don Juan » ou qu’il joue au
Un mortel destiné par la fatalité à être un criminel, « Tarzan ».
luttant lui-même contre cette fatalité et cependant ter- Ils nous accompagnent, et nous nous reconnaissons en
riblement puni pour un crime qui était l’œuvre du destin eux, comme s’ils nous disaient, par-dessus les âges et
– on aura reconnu le sort fatal d’Œdipe, les tragédies des cultures, un grand secret.
d’Eschyle et de Sophocle qui n’en finissent pas de nous
hanter. Du théâtre au poème en passant par le roman, Lequel ? Cela est une autre histoire. Qui nous renvoie
invoquée, transposée, citée, revient la tragédie grecque, à ce que met en jeu, justement, la fiction…
et avec elle une sensibilité aiguë au tragique du monde.
Peut-être pas un hasard : la tragédie dit ce moment énig-
matique où l’exercice d’une liberté, malgré elle, épouse SHERLOCK HOLMES CONTRE CONAN
bien que s’y opposant la courbe d’une destinée fatale DOYLE
– qu’on peut dire également au cœur du roman noir. Et Un film d’Emmanuel Nobecourt et de Michel Le Bris (52’,
c’est bien pour cela que Patrick Raynal, en 1994 avait eu Gédéon, France 5)
le culot de publier Œdipe-roi dans la Série Noire. Espace Ou comment Conan Doyle, personnage hors du com-
du roman noir, espace de la fiction, qui ne nourrit de la mun, géant « bigger than life », médecin de formation,
contradiction, de l’ambiguïté, sensible au tragique du fervent rationaliste mais croyant aux fées et magnifique
monde. À la différence des idéologues qui rêvent d’un écrivain de romans historiques, conçut Sherlock Holmes
monde lisse, sans contradiction, fondamentalement comme un divertissement alimentaire et se trouva pri-
non tragique : totalitaire. sonnier de son succès. Et comment le public s’emparant
Avec David Vann qui ressuscite Médée, Jean-Marie Blas de Sherlock, en fit un mythe. Commença dès lors une
de Roblès, Michel Le Bris, Alexis Jenni… lutte à mort entre les deux – puisque telle semble la loi
des figures mythique, qu’elles ne prennent leur envol
qu’en précipitant leur créateur dans l’oubli…
NOUS SOMMES UNE LÉGENDE
Une série de documentaires, sur une idée de Michel Le
Bris et Stéphane Millières.
Le roi Arthur et ses preux chevaliers, Dracula, Tarzan
& Jane, Don Juan, Robinson Crusoé, Sherlock Holmes,
Frankenstein, Jim Hawkins et Long John Silver, Don
Quichotte, Alice…
Ils apparaissent un jour par surprise dans les pages
d’un livre et l’on explique leur succès par le fait qu’ils
concentreraient quelque chose jusque-là informulé de
« l’esprit du temps », lui donneraient un visage. Mais
à peine nés, voilà qu’ils échappent à leurs auteurs,
traversent les continents, puis les siècles, s’affirment
immortels – nous disent, semble-t-il, quelque chose
d’essentiel sur nous-mêmes et le monde, au point
d’être repris dans le langage commun et l’on dira alors
Saint-Malo Étonnants Voyageurs I Dossier de presse 33
POUR CEUX QUI AIMENT LE JAZZ
Ce fut le titre de l’émission la plus célèbre, probablement, jamais consacrée au
jazz en France, pilotée par Frank Ténot et Daniel Filipacchi, aux génériques restés
fameux, notamment Blues March des Jazz Messengers, enregistré au Club Saint
Germain. Combien de générations a-t-elle touchées ?
Patrice Blanc-Francard autre légende de la radio (Pop Club, Bananas, etc.) et de la TV (Les enfants du rock) qui
fut également collaborateur de Jazz Hot aux temps enfiévrés de 68, publie ce printemps une somme fourmillant
d’anecdotes rares, véritable roman d’aventures, un déjà indispensable Dictionnaire amoureux du jazz (Plon).
Rencontre, bien sûr, sur le livre lui-même. Mais aussi sur la manière dont une communauté brisée par l’esclavage,
s’est construite à travers sa musique. Comment celle-ci s’est affirmée universelle. Et rencontre pareillement sur
« musique et littérature » – où des écrivains viendront dire ce qu’ils doivent au jazz dans leurs œuvres.
CONCERTS ET SOIRÉES
LA MAISON DE L’IMAGINAIRE
BESOIN DE POÈME
LA JOURNÉE PROFESSIONNELLE
La Grande Petits-déjeuners et
Passerelle apéros littéraires
Pour la troisième année consécutive, le Festival inves- Chaque matin, à 9h à l’HÔTEL DE L’UNIVERS et au
tira le nouveau pôle culturel de Saint-Malo, qui a ouvert CHATEAUBRIAND, Étonnants Voyageurs offre aux
ses portes en 2015 ! Trois salles de cinéma pour des festivaliers la possibilité de rencontrer et ques-
projections et des rencontres en continu. Mais aussi tionner un auteur, autour d’un petit-déjeuner
des rencontres à la bibliothèque autour de la littérature convivial. Un café croissant en petit comité et l’air
jeunesse. marin, frais, d’un matin de juin à Saint-Malo com-
posent une atmosphère propice aux confidences.
Et, nouveauté cette année, durant un mois, UNE
Le succès des petits-déjeuners littéraires a été tel
GRANDE EXPOSITION dans le « 4e lieu », de bandes
chaque année que nous multiplions les rencontres. Il
dessinées de Guillaume Sorel, un maître du fantastique :
vous en coûtera seulement le prix du petit-déjeuner !
du 24 avril au 21 mai 2018.
Une séance de rattrapage est prévue pour les amateurs
de grasse matinée. Rendez-vous au bar du NOUVEAU
Une billetterie sera également proposée pendant et
MONDE ou à L’UNIVERS, pour un apéro littéraire :
aussi en amont du festival.
l’occasion d’une rencontre informelle avec un auteur,
autour d’un verre.
L’Orchestre Symphonique de Bretagne part à nouveau à la rencontre des cultures de l’Arc Atlantique pour les
revisiter sous le prisme symphonique. Denez, c’est avant tout une voix, singulière, pénétrante, envoûtante, et
un imaginaire fécond, capable de rêver tous les croisements artistiques entre les gwerz de ses racines et les
chants traditionnels du monde entier. De la drum’n bass des débuts, les gwerz du Finistérien se sont à présent
parés des airs venus du monde entier : au low whistle irlandais et au biniou répondent le duduk arménien, le
djembé africain, le cajón péruvien ou les tablas indiens – sans parler d’influences tziganes ou yiddish. Il était
donc logique qu’un musicien aussi vagabond que solidement enraciné s’entende avec un orchestre au penchant
certain pour l’exploration, et que les couleurs symphoniques viennent habiller ses textes au romantisme sombre
et à l’humour macabre, profondément marqués par le riche imaginaire breton. Son chant sera ainsi sublimé autant
dans l’émotion profonde qu’il véhicule déjà dans les Gwerz que dans l’énergie débordante des Kan Ha Diskan…
tout à l’image de notre Bretagne aux accents extrêmes, si singulière et à la fois, si universelle !
DENEZ est né en Bretagne, en Pays de Léon, près onirique empreint de mystère. Il déclame des histoires
de Roscoff et de l’île de Batz le 17 février 1966. Son intemporelles où il est question d’amours malheu-
enfance est marquée par ses promenades dans ses reuses, de désillusion, de duplicité, de quête, et de
paysages sauvages, le long des grèves parsemées de bonheur retrouvé, prétextes pour exorciser tensions
rochers impressionnants, l’Île de Batz à l’horizon. ou peurs enfouies. Autre composante : textes satiriques,
La beauté de ces paysages suscite chez lui l’envie de burlesques ou humour noir apportent une distance et
dessiner, de peindre. C’est dans ce lieu également un souffle différent.
que Denez entend parler breton, il est émerveillé par
les sonorités de cette langue et il s’y intéresse. ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE BRETAGNE
À l’adolescence, il fait des rencontres déterminantes Direction : Didier Benetti
cette fois-ci avec des chanteurs. Jacques Brel le boule- Chant : Denez
verse, à travers les albums et les images de concerts : Percussions : Thomas Ostrowiecki
sa voix, son énergie sur scène entrent en résonance Flûtes, bombarde et saxophones : Cyrille Bonneau
avec ses ressentis. À la même époque, il assiste à une Violons : Jonathan Dour
des prestations des trois sœurs Goadec. Les chants très Accordéon, biniou : Alain Pennec
anciens qu’elles interprètent ce jour-là provoquent en Guitares : Antoine Lahay
lui une émotion si intense qu’il décide de chanter en Contrebasse : Jérôme séguin
breton. Denez commence à chanter en public dans les
festoù-noz. En 1992, Denez bouscule tous les clichés en
acceptant le pari de chanter seul a cappella des chants
traditionnels (Gwerz et Kan ha Diskan) aux Transmu-
sicales de Rennes devant un public Rock. Son concert
est un triomphe et lui ouvre les portes des grandes
rencontres musicales, telles le Festival Coup de Cœur
Francophone au Québec (1994) ou Euromusica au Por-
tugal (1995)…
S’ensuit une carrière qui l’amène sur les scènes d’Eu-
rope et d’Amérique, à mêler musiques électroniques
et sonorités du monde entier aux gwerz de sa région
natale. Il accède à la reconnaissance mondiale en parti-
cipant à plusieurs BO, dont celle de La chute du faucon
noir.
Denez réinvente dans une langue bretonne subtile une
poésie séculaire. Images fortes, signes, intersignes et
symboles inspirés de la mythologie celtique irriguent
cette poésie épique qui nous immerge dans un univers
Au printemps 1930, Cab Calloway, chanteur de jazz, mais aussi danseur, et inventeur du mot zazou, ne se tient
plus de joie, comme dit la fable : il va faire l’ouverture du Plantation Club de Harlem, à New York. Mais on est
en pleine lutte de gangs, et Owen Madden, le gangster-patron du célèbre Cotton Club voisin n’apprécie que
modérément les saines qualités de la concurrence. Cab Calloway est extrait du Crazy Club ou il jouait, par quatre
bouledogues suffisamment persuasifs pour le décider à se produire immédiatement, et en dépit de son contrat,
au Cotton Club. Car Duke Ellington qui y séjournait depuis décembre 1927 part en tournée au mois de juin et il
ne faut pas tarder à assurer la relève. Un remplacement qui se révèle rapidement un triomphe.
C’est à cet extraordinaire personnage qu’Étonnants Voyageurs rendra hommage dans la première partie d’une
grande soirée Jazz, dimanche 20 mai, au Théâtre Chateaubriand, avec la projection de Stormy Weather (1944), le
grand film de Andrew L. Stone, avec entre autres Fats Waller, Lena Horne et les incroyables numéros de danse de
Bill ‘Bojangles’ Robinson et des Nicholas Brothers, puis ensuite Le Dandy de Harlem remarquable documentaire
sur Cab Calloway de Jean-François Pitet et de Gail Levin.
Plus tard, et pour terminer dignement la soirée, on pourra voir Bessie, l’histoire de la vie de la plus grande chan-
teuse de l’histoire du blues, dans une production récente de la chaîne américaine HBO (Six feet Under, Game
of Thrones, Treme, True Detective, entre autres). Le film est excellent, à la hauteur de la qualité HBO : force et
intensité dramatique du scénario, et superbe reconstitution de l’époque (les années vingt et trente). Avec un
étonnant plus : l’idée géniale d’avoir confié le rôle de Bessie Smith à la rappeuse Queen Latifah, dont la présence
et la voix sont un pur bonheur, conférant au personnage une prodigieuse humanité.
Le débat, autour de ces personnages hauts en couleur et de l’histoire de ces trois décennies de Jazz, sera animé
par Michel Le Bris, Jean-François Pitet et Patrice Blanc-Francard.
Les auteurs
François BELLEC / Miguel BONNEFOY / Jean-Luc COATALEM / Thierry CRUVELIER / Lionel DAUDET / Pascal
DIBIE / Jean-Louis ETIENNE / David FAUQUEMBERG / François GARDE / Cédric GRAS / Olivier GUEZ / Thomas
GUNZIG / Benoît HEIMERMANN / Michèle KAHN / Alexis JENNI / Gilles LAPOUGE / Jean-Luc MARTY / Michel
MOUTOT / Wilfried N’SONDÉ / Sylvain PRUDHOMME / Christoph RANSMAYR / Jean-Christophe RUFIN /
François SARANO / Éric SARNER / Dušan ŠAROTAR / Pierre SAUTREUIL / Andrzej STASIUK / Anjan SUNDARAM /
Malachy TALLACK / Robert WHITAKER…
Les films
Népal, par-delà les nuages, d’Éric VALLI (Galatée
690 Vopnafjördur, de Karna SIGUROARDOTTIR et Films/ Wind Horse/ Avec la participation de France
Sebastian ZIEGLER (Ziegler & Sigurðardóttir / 2017 / Télévisions / 2018 / 90’)
57’) Norilsk, l’étreinte de glace, de François-Xavier
A terceira margem, de Fabian RÉMY (Trem Chic - DESTORS (Les Films d’un Jour / 2017 / 87’)
CineVideoLab / 2016 / 58’) Patagonie, l’île oubliée, de Giles SANTANTONIO
Braguino, de Clément COGITORE (Seppia, Making (MC4/ Les Films du Mille-Pattes/ Gédéon
Movie Oy / 2017 / 49’) Programmes/ Avec la participation de France
Défi Baïkal, au-delà de la lumière, d’Olivier Télévisions / 2017 / 90’)
WEBER (2 caps production / 2017 / 52’) Tibet, le chemin des vents, de Hamid SARDAR
Île de Pâques, l’heure des vérités, de Thibaud (Dream Catcher Motion Productions / Les Gens
MARCHAND (TSVP/ Avec la participation de France Bien Productions / Avec la participation de France
Télévisions / 2017 / 90’) Télévisions / 2018 / 52’)
J’irai dormir chez vous - Arménie, d’Antoine de Voyage en Diphonie, de Jean-François CASTELL (Les
MAXIMY (Bonne Pioche/ Avec la participation de Films du Rocher/Routes Nomade / 2017)
France Télévisions / 2018)
Mission Hannibal, de Guilia CLARK (Lion Télévision/
All3 Media / Avec la participation de France
Télévisions / Avec la participation de Channel 4,
Thirteen Productions, LLC pour NNET / 2018 / 52’)
Tout paraît le desservir : son goût des honneurs, ce qu’il faut bien appeler sa vanité lors même qu’il feint de
se flageller, et le fait de se situer entre deux mondes, homme encore du XVIIIe, figure du romantisme naissant
dans le cataclysme de l’histoire. S’y rajoute une image fausse de ses engagements politiques, lui soutenant la
Révolution lors même que sa famille fut décimée par la terreur, mais lucide sur la dérive des pouvoirs. Il faut lire
aujourd’hui son essai sur les révolutions, en dégager le sens profond. Il faut lire le génie du christianisme et ce
qu’il dit de la littérature comme manifestation d’une dimension de transcendance, autrement dit de liberté, en
l’être humain – et du monothéisme (Dieu est un) comme l’affirmation que chaque être humain est unique et que
son pari est de fonder une communauté humaine sur la reconnaissance de la singularité de chacun
Et puis surtout : il faut le lire pour ce qui est peut-être unique dans l’histoire de la littérature française : ce qui se
joue dans son voyage en Amérique. Les érudits déploient des trésors d’érudition pour savoir s’il fit réellement tout
le voyage qu’il prétend. Ce n’est pas le plus important : ce qui compte, à nos yeux, c’est la place en son œuvre de
cette « part sauvage » qu’il n’oublia jamais, enfant, face à l’océan et au secret des forêts de Combourg, puis jeune
homme s’aventurant dans une Amérique mi-réelle mi-rêvée : elle fut même le constant foyer de son inspiration,
sur lequel il revint tout au long de sa vie, qu’il interroge et réinterprète sans cesse, cette « part sauvage » qui en
fit un écrivain – et le témoin lucide annonciateur des temps à venir, qui valent pour notre présent.
Le grand rendez-vous de la SF
La science-fiction du monde entier sera cette année mise en avant pour dessiner les contours de mondes
imaginés, futuristes ou non, qui nous amènent à questionner le monde en nous poussant hors de notre zone
de confort.
LES INCONTOURNABLES DE LA SCIENCE-FICTION FRANÇAISE
Pierre Bordage dont l’Atalante publie l’intégrale de son cycle magistral en cinq tomes, La fraternité du Panca,
un space opéra audacieux qui reprend les mythes de toujours pour mieux inventer ceux de demain ! Sabrina
Calvo, auteure l’imaginaire débridé, qui nous entraîne au cœur d’un Montréal futuriste à la fois sombre et
burlesque (Toxoplasma, La volte). Estelle Faye qui fascine par sa capacité à jongler avec les genres de l’ima-
ginaire, nous entraînera dans la chute d’un empire avec une dark fantasy haletante (Les seigneurs de Bohen,
Critic). Lionel Davoust, auteur incontournable de la fantasy française, s’inspire de la guerre de cent ans pour
créer une aventure postapocalyptique épique à couper le souffle.
En 2014, l’association Étonnants Voyageurs, présidée par Michel Le Bris, et l’Agence Française de Développement
se sont associées afin de créer le prix du même nom dont Ananda Devi, Nancy Huston, Dany Laferrière, Michel
Le Bris, Anna Moï, Atiq Rahimi, Jean Rouaud et Boualem Sansal composent le jury prestigieux.
Le Prix Littérature-monde est double : l’un allant à un roman de langue française, l’autre à un roman étranger
traduit, porteurs de cette idée de la littérature, tous deux publiés en France lors des douze derniers mois. Ce
prix est devenu un grand prix littéraire de Printemps.
Le prix sera proclamé quelques jours avant le festival et sera remis aux lauréats, à Saint-Malo.
ROMAN ÉTRANGER
• La Bibliothèque de Mount Char de Scott Hawkins (Denoël,
Lunes d’encre)
• Bagdad, la grande évasion ! de Saad Z. Hossain (Agullo)
• La Cinquième Saison de N.K. Jemisin (Nouveaux Millénaires)
• Une histoire des abeilles de Maja Lunde (Presses de la Cité)
• L’Arche de Darwin de James Morrow (Au diable vauvert)
• Version officielle de James Renner (Super 8)
• 2312 de Kim Stanley Robinson (Actes Sud, Exofictions)
• L’Alchimie de la pierre d’Ekaterina Sedia (Le Bélial’)
CONTACT PRESSE
Ouest-France, Francis Charrieau
T. 02 99 32 65 28
M. francis.charrieau@ouest-france.fr
Doté d’une bourse de 5 000 euros, le Prix Nicolas Bouvier est Dans le cadre de son action culturelle, la Scam, Société civile des
décerné tous les ans pendant le festival Étonnants Voyageurs, en auteurs multimedia, décerne chaque année le Prix Joseph Kessel
présence d’Éliane Bouvier. Il couronne l’auteur d’un récit, d’un en hommage au romancier, grand reporter et aventurier. Ce prix,
roman, de nouvelles, dont le style est soutenu par les envies de doté de 5.000 euros, consacre l’auteur d’un ouvrage de haute
l’ailleurs, à la rencontre du monde. qualité littéraire, écrit en langue française, dans la veine de Kes-
Les membres du jury sont Pascal Dibie, Alain Dugrand, Laura Alcoba, sel≈ : voyage, biographie, roman, récit ou essai, publié entre mars
Christine Jordis, Gilles Lapouge, Björn Larsson et Jean-Louis Gou- 2017 et février 2018.
raud, lauréat en 2017.
Le jury, présidé par Olivier Weber est composé de Tahar Ben Jelloun,
Annick Cojean, Colette Fellous, Pierre Haski, Michèle Kahn, Gilles
La première sélection (qui n’est pas encore complètement fermée)
Lapouge, Michel Le Bris, Benoît Peeters, Jean-Pierre Perrin (Lauréat
est composée de 18 titres.
2017), Patrick Rambaud et Guy Seligmann.
• Le Peuple de la frontière de Gérald ANDRIEU (Editions du
Après délibération finale, le nom du lauréat sera annoncé à Saint-
Cerf)
Malo pendant le festival, au cours d’un après-midi consacré à
• Retour à Séfarad de Pierre ASSOULINE (Gallimard)
Joseph Kessel et à ses héritiers spirituels.
• Le Chemin des humbles de Rémi BORDES (Plon)
• Un hiver au Vésinet de François BOTT (La Table Ronde)
• Le Caméléon d’Édouard CHOFFAT (Société jurassienne d’ému- • Des châteaux qui brûlent d’Arno BERTINA (Verticales)
lation) • Dans l’épaisseur de la chair de Jean-Marie BLAS DE ROBLÈS
• Les Huit montagnes de Paolo COGNETTI (Stock) (Zulma)
• Les Hommes et la mer de Cyrille COUTANSAIS (CNRS éditions) • Une fille dans la jungle de Delphine COULIN (Grasset)
• Les Oiseaux morts de l’Amérique de Christian GARCIN (Actes • Taba-Taba de Patrick DEVILLE (Le Seuil)
Sud) • Ils vont tuer Robert Kennedy de Marc DUGAIN (Gallimard)
• Le Carnet Viking. 70 jours en mer de Barents de Laurent • Un loup pour l’homme de Brigitte GIRAUD (Flammarion)
GIRAULT-CONTI (Payot) • La Rose de Saragosse de Raphaël JÉRUSALMY (Actes Sud)
• Les Jardins des explorateurs de Laurent et Corine MÉRER • Un océan, deux mers, trois continents de Wilfried N’SONDÉ
(Erik Bonnier) (Actes Sud)
• Wilfred Thesiger. Gentleman barbare de Christophe MIGEON • L’Art de perdre d’Alice ZENITER (Flammarion)
(Éditions Paulsen)
• Retour d’Ulysse à Saint-Pierre d’Eugène NICOLE (L’Olivier)
• Là-bas, août est un mois d’automne de Bruno PELLEGRINO
(Zoé éditions)
• Pourquoi les oiseaux meurent ? de Victor POUCHET (Finitude)
• Le Traquet Kurde de Jean ROLIN (P.O.L.)
• Obock de Jean-Jacques SALGON (Verdier)
• L’Est d’Andrzej STASIUK (Actes Sud)
• L’Express de Bénarès : À la recherche d’Henry J.-M. Levet de
Frédéric VITOUX (Fayard)
• Notre-Dame des égarées d’Alexandre VOISARD (Zoé éditions)
Le prix Gens de Mer, créé en 2006 à l’initiative de La Droguerie de Au nom du poète vénézuélien Robert Ganzo (1898-1995), dont l’ad-
Marine est destiné à récompenser l’auteur d’un livre récent ayant mirable Orénoque est réédité chez Gallimard (1997), le Prix Robert
un caractère maritime au sens le plus large. La Compagnie des Ganzo de poésie, décerné par la Fondation Robert Ganzo sous
Pêches Saint-Malo a souhaité s’associer en lançant un prix destiné l’égide de la Fondation de France, est le prix de poésie le mieux
à couronner un ouvrage mettant en valeur le monde de la mer. Les doté (10 000 euros) de France. Il couronne chaque année, pendant
Thermes Marins de Saint-Malo, partenaires depuis l’origine, ont le Festival Saint-Malo Étonnants Voyageurs, un poète francophone
décidé de parrainer un prix du beau livre maritime. Le Crédit Agri- d’importance, un aventurier du verbe et de la vie, un passeur d’émo-
cole d’Ille-et-Vilaine rejoint en 2018 l’aventure. Particulièrement tions et de défis, un arpenteur de grand large et d’inconnu.
investie sur la filière Mer, la banque mutualiste souhaite ainsi affir-
Présidé par Alain Borer, le jury composé d’Yvon Le Men, Jean-Bap-
mer son engagement auprès de la culture et du monde de la mer.
tiste Para, Dominique Sampiero, Jean-Pierre Siméon et Claudine
« Gens de mer » renvoie au monde des océans, et d’abord à celles Delaunay a souhaité distinguer Patrick Laupin pour l’ensemble de
et ceux qui les parcourent ou qui en vivent, qui en parlent ou en son œuvre.
rêvent, à celles et ceux qui nous proposent de quitter le quai pour
le large, l’aventure et les découvertes, les escales et les retours.
PATRICK LAUPIN
Le lauréat du prix Gens de Mer recevra un chèque de 3.000 euros
Né en 1950 à Carcassonne, Patrick Laupin a publié une vingtaine
remis par le Crédit Agricole d’Ille-et-Vilaine, le lauréat du prix Com-
d’ouvrages de poésie, prose, récits, philosophie. Tentatives de res-
pagnie des Pêches un chèque de 1.500 euros, et celui du prix du beau
titution des lieux de la mémoire et de leurs effets vécus en corps.
livre maritime Thermes Marins un chèque de 1500 euros, le samedi
Depuis 2009, il organise à Lyon des journées de création et d’écri-
19 mai au soir, à bord d’un navire de la Compagnie des Pêches.
ture (une communauté attentive à l’exil personnifié et à l’étrange
Le jury est composé de personnalités du monde littéraire et mari- et merveilleuse présence du langage en chacun ) qui explorent
time : Claude Villers, François Bellec, Isabelle Autissier (présidente les liens entre biographie, histoire et inconscient, et tentent de
du jury 2018), Michèle Polak, Alain Hugues, Michel Le Bris, Serge poser les fondements d’une transmission commune entre littéra-
Raulic, Patrick Soisson, Jean-Pierre Vauzanges et Loïc Josse. ture, poétique, philosophie et psychanalyse. Dans les émissions de
France Culture, animées par Colette Fellous, Francesca Piolot, Alain
Présélection pour les prix Gens de Mer et Compagnie des Pêches :
Veinstein, Mathieu Bénézet, les auditeurs ont à maintes reprises
• Face au Vent de Jim LYNCH (Gallmeiser)
salué la douceur d’une passion attentive à une vérité expatriée et
• Bluff de David FAUQUEMBERG (Stock)
à la merveilleuse présence du langage en chacun. La Société des
• Pour les trois couleurs de Fabien CLAUW (Paulsen)
Gens de Lettres lui a décerné le Grand prix SGDL de poésie pour
• Le Livre des îles noires de Pierre FURLAN (Au Vent des îles)
l’ensemble de son œuvre en 2013.
• Trista de Clarence BOULAY (Sabine Wespieser)
• Massacre des innocents de Marc BIANCARELLI (Actes Sud)
• Golden Globe de Peter NICHOLS (Glénat)
• Retour à Buenos Aires de David FOHR (Slatkine)
• Séquoias de Michel MOUTOT (Seuil)
• De Port-Louis à Port-Louis de Luc CORLOUËR (Ramsay)
• Rade Amère de Ronan GOUÉZEC (Le Rouergue)
• Traversée de Francis TABOURET (POL)
• Dictionnaire amoureux de la Mer de Yann QUÉFFÉLEC (Plon) ROBERT GANZO
Né à Caracas, Robert Ganzo est un poète d’origine vénézuélienne
Et pour le prix du beau livre maritime Thermes Marins≈: d’expression française. Il passe son adolescence à Bruxelles,
• Maewan, l’aventure arctique de Erwan LE LANN (Paulsen) puis s’installe à Paris comme bouquiniste, et libraire. Engagé
• Les hommes et la mer de Cyrille P. COUTANSAIS (CNRS) dans les combats de la Résistance, fait prisonnier, il s’évade.
• Visages d’un chantier naval, Saint-Nazaire de Sylvain BON- Poète, il publie successivement Orénoque (1937), Lespugue
NIOL (La Martinière) (1940), Rivière (1941), Domaine (1942), Langage (1947), Colère
• Sauveteurs en mer de Gérard PIOUFFRE (Ouest-France) (1951), Résurgences (1954), recueils réunis dans L’Œuvre poé-
• L’Astrolabe de Daphné BUIRON et Stéphane DUGAST (E/PA) tique éditée chez Gallimard en 1997. La poésie de Robert Ganzo,
limpide, superbe, d’une grande pureté formelle, a des allures de
viatique tant elle se révèle intense et douce, à la fois luxuriante
CONTACT PRESSE et cristalline. Elle est tout entière d’évidence, d’envoûtement,
La Droguerie de Marine, Loïc Josse sans le moindre hermétisme, vouée à la célébration de la pré-
T. 02 99 81 60 39 - M. loic.droguerie@orange.fr sence humaine, de l’amour et du monde.
LES EXPOSITIONS
Une ligne éditoriale forte mettant l’accent sur les nouvelles écritures documentaires.
Joël AKAFOU, Claire BILLET , Stéphane BRETON, Jean-François CASTELL, Brigitte CHE-
VET, Antoine de MAXIMY, Sofia DJAMA, Jean-François PITET et Gail LEVIN, Valeska
GRISEBACH, Dieudo HAMADI, Olivier JOBARD, Virginie LINHART, Ladj LY, Jean-Paul
MATHELIER, Hind MEDDEB, Karim MOUSSAOUI, Mehrdad OSKOUEI, Fabian RÉMY,
Karim SAYAD, Bertrand TAVERNIER, Pierre-Yves VANDEWEERD, Olivier WEBER
« Filmer l’intimité du monde, cela ne signifie pas forcément qu’on doive s’approcher autant qu’on peut.
Le grand photographe Robert Capa disait que si une photo était ratée, c’est qu’elle n’avait pas été prise
d’assez près. Mais ce n’est pas toujours vrai. S’approcher signifie parfois être impudique et dans ce cas
tout est raté. D’ailleurs, le spectateur ne manquera pas d’éprouver immédiatement de la gêne devant
une telle familiarité. Il faut être voyageur et non pas voyeur, il faut faire route vers les autres et non
pas regarder ce qu’on n’a pas le droit de voir. Mais rassurons-nous, entre l’indifférence et l’indiscrétion,
il existe une distance juste. Il faut être assez près pour s’exposer soi-même mais assez loin pour ne pas
être intrusif. L’intimité n’est possible qu’à condition d’être partagée par celui qui filme et celui qui est
filmé. Entrer dans la chambre des joies et des malheurs exige du filmeur qu’il fasse partie de ce qu’il
filme, qu’il accepte d’être jugé et regardé, qu’il se donne lui aussi. C’est ainsi que le chemin de l’homme
à la caméra imprègne le film d’une impression unique – celle de sa présence, invisible et envoûtante. »
Stéphane Breton
UNE VIE HUMBLE FOREST OF BLISS
Aleksandr Sokourov, 1997, 75 mn Robert Gardner, 1986, 90 mn
Une femme recluse dans la maison de papier où elle La ville de Bénarès, au bord du Gange, est le cimetière
coud des kimonos de deuil est accompagnée silencieu- de l’Inde. Les morts y sont amenés, brûlés, donnés au
sement par un visiteur dont on entend la respiration, fleuve. On a le sentiment étrange que le film est vu par
dont on perçoit la pensée, dont on vit la présence. Une les lieux, que son point de vue immanent est celui du
vie humble est vue par une autre vie humble. cosmos et du cycle de la vie. On a l’impression que celui
qui regarde est le monde lui-même.
PORTRAIT
Sergueï Loznitsa, 2002, 28 mn LES VACANCES DU CINÉASTE
De vieux paysans russes se tiennent droits et dignes Johan van der Keuken, 1974, 39 mn
devant une caméra mélancolique qui fait leur portrait. Un homme part en vacances. Il filme sa famille, ses voi-
En les voyant fredonner les comptines de leur enfance, sins, des gens de passage. Tout est décousu et recousu
on se demande si c’est eux que l’on regarde, ou ce qu’ils par son regard. On ne voit plus que lui alors qu’il n’ap-
furent. paraît jamais.
TISHE ! LE BOIS DONT LES RÊVES SONT FAITS
Viktor Kossakovsky, 2003, 82 mn Claire Simon, 2015, 144 mn
Filmés par celui qui regarde à sa fenêtre, les travaux de On se promène au bois et les gens racontent à celle qui
la rue ne cessent de se mordre la queue. Est-ce que les veut bien les entendre de quoi leurs vies sont faites.
trous ne seraient pas creusés pour en boucher d’autres ?
C’est la présence du filmeur qui donne à ce manège THE PASSING
absurde un air de comédie douce-amère. Bill Viola, 1991, 54 mn
Cette méditation d’une beauté obscure sur le passage de
BONHEUR vie à trépas et sur l’omniprésence du rêve laisse deviner
Sergueï Dvortsevoy, 1995, 23 mn une intériorité quelque part, une source, oui, une âme,
Être là ! devant les choses ! devant les gens ! devant une âme qu’on ne voit pas. Où est-elle ?
l’enfant qui s’endort ! Être là, car le monde déroule son
étrange chorégraphie sous nos yeux.
Bertrand Tavernier nous proposera également un western en lien avec les parutions de sa collection chez Actes Sud.
Dans un monde saturé d’images, il nous parait essentiel de donner une place à un
autre type de photographie qui sorte du reportage et du photojournalisme, pour
faire place à une écriture plus personnelle.
PROJECTIONS D’IMAGES
Ewa & Piotr
de Lorenzo CASTORE (Noir sur Blanc, 2018)
Lorenzo Castore est l’un des photographes italiens les plus intéressants de sa génération. Avec Ewa et Piotr, il
nous livre l’histoire d’une rencontre improbable, presque monstrueuse. Elle aurait pu, comme tant d’autres, rester
le fait d’un instant, mais elle s’est transformée en une grande amitié. Entre 2007 et 2013, le photographe habite
en Pologne. Il croise un jour dans la rue une femme extravagante, qui refuse d’échanger le moindre mot avec lui.
Lorsqu’il parvient, grâce à une amie, à retrouver sa trace, Castore découvre les conditions de vie d’Ewa et de son
frère Piotr, dans un appartement décrépit d’une rue de Cracovie. Abandonnés à eux-mêmes, alcooliques, vivant
sans gaz, sans électricité, sans eau chaude, Ewa et Piotr dévoilent leur existence par bribes, et se laissent peu
à peu photographier. Castore entrecoupe ses propres photographies d’images d’archives, des photos de famille
que lui ont confiées le frère et la sœur.
Lorenzo Castore est un photographe qui prend des risques : il va à la rencontre de la misère, de l’humanité qui
souffre, des lieux de deuil, de malheur et de rejet. Il va là où personne n’a envie d’aller. Et il en ramène des mer-
veilles… Par son travail, dans lequel l’horreur et la beauté sont si proches, Castore nous incite à regarder l’autre
sans préjugés, sans œillères et sans peur. Il nous invite à plonger dans le grand chaudron du monde d’aujourd’hui.
« Dans un univers à la Dostoïevski, la photographie joue sa partition la plus complexe, celle qui invente
du temps, celle qui confronte le temps de la vie au souvenir, celle qui, sur les bases de l’imbrication du
passé et d’un devenir qu’elle impose, fabrique du récit, de la narration.
Avec une immense tendresse pour des personnages aussi décalés qu’excessifs, l’histoire d’Ewa et Piotr
s’articule autour de documents anciens, bribes d’un passé brillant, et d’images d’aujourd’hui, saisies
au vol d’un partage dépassant les contingences.
L’écoute sans jugement de Lorenzo Castore, sa capacité à tisser avec douceur les fils de la relation qu’il
entretient avec ses personnages, sa disponibilité et sa façon de s’effacer devant l’évidence de ce qu’il
partage, inventent un récit à la fois contemporain et hors temps dans lequel le vécu est plus intense que
toutes les fictions.≈ » Christian Caujolle
PROJECTIONS D’IMAGES
« EYES WILD OPEN, sur une photographie qui tremble »
70 ans de photographie, près de 30 photographes prestigieux, 17 nationalités, une exposition au Musée du Bota-
nique / Bruxelles. Eyes Wild Open rassemble et met en dialogue les œuvres de ces photographes inclassables
qui, depuis les années 1950 forment non pas un mouvement mais ce que l’on pourrait qualifier d’une famille.
Avec des photographies de≈ : William Klein, Robert Frank, Ed van der Elsken, Daido Moriyama, Koji Taki, Takuma
PROJECTIONS D’IMAGES
Résilience,
d’Antoine Agoudjian
«≈ Je suis parti en Irak en avril 2017 à Mossoul et en 2018 en Syrie dans le chaos afin de poursuivre ma quête sur ma
mémoire car montrer la souffrance des autres peuples, c’est évoquer celle dont je suis l’héritier, reconstituer ce
puzzle image par image car tous les lieux que j’ai sillonnés depuis 30 années en portent la trace. Je suis parti en
Irak pour photographier le chaos engendré par la guerre. Retrouvant tous les thèmes appartenant tragiquement
à mon héritage mémoriel, accompagnant durant un mois les militaires irakiens sur la ligne de front. J’ai aussi
et surtout photographié les conséquences de cette guerre sur la population prise en otage dans ces combats ».
PROJECTIONS D’IMAGES
En partance
de Dusans Šarotar
Cet écrivain slovène publie aux éditions Hoebecke un étrange roman aux allures de récit de voyage, un texte
mélancolique accompagné de ses photographies en noir et blanc, « à la croisée des mots, des paysages et de
la mémoire ». La photographie de Šarotar est très influencée par le travail du peintre et photographe allemand
Gerhard Richter. Ses images de tempêtes et ses ciels nuageux et tourmentés, rappellent énormément le travail
de Richter qui a d’ailleurs donné son titre original au livre de Šarotar, Panorama.
En partance, Hoebecke, 2018
PROJECTIONS D’IMAGES
L’œil du Voyageur,
de Nicolas Bouvier
Pèlerin d’exception, observateur au regard exercé, Nicolas Bouvier, reconnu comme un écrivain majeur, était aussi
un photographe, aujourd’hui encore ignoré. Les photographies de Nicolas Bouvier sont d’une grande simplicité,
elles révèlent beaucoup de l’auteur et de sa manière de flâner avec une sincérité absolue. Sa curiosité, son res-
pect d’autrui et sa volonté de conjurer la surdité au monde confèrent à ses images une authenticité essentielle.
Cette projection se déroulera dans le cadre de l’après-midi Nicolas Bouvier et sera accompagnée d’une lecture
de ses poèmes.
PROJECTIONS D’IMAGES
Seules les montagnes sont nos amies
de Gaël Le Ny et François Legeait
C’est à l’occasion d’un reportage en Palestine, à Haïfa, que le photographe François Legeait rencontre Gaël Le
Ny, professeur de photographie à l’école MJM de Rennes investi pour le peuple kurde depuis 2002. Les deux
comparses ayant en commun un intérêt pour les peuples opprimés et les populations en difficulté s’associent
pour un projet photo autour du quartier de Ben U Sen (« Moi et Toix ») qui occupe un vallon au pied des remparts
de Diyarbakir (Turquie) peuplé par une communauté d’environ 18.000 âmes, en majorité des familles venues
des villages kurdes rasés par l’armée dans les années 1990, mais aussi des Tziganes, et, depuis peu, des réfugiés
arrivés de Syrie, toute proche. Depuis, ils ont poursuivi leur chemin sur les traces du peuple Kurde et publient
en mai 2018 chez Bleu Autour Seules les montagnes sont nos amies.
Depuis quelque temps, les adaptations littéraires en bande dessinée fleurissent sous les plumes d’artistes qui
s’emparent avec ferveur de grands classiques, de romans, de biographies, nous livrant une version très person-
nelle de leurs textes favoris.
À travers plus d’une centaine de planches originales, l’exposition invite à la découverte et à la relecture de
textes captivants.
JEAN HARAMBAT se penche sur les derniers chants de l’Odyssée et nous conte le retour d’Ulysse à Ithaque
assorti des commentaires d’hellénistes avertis≈ : Ulysse, les chants du retour (Actes Sud BD, 2014), puis il ter-
mine le roman inachevé de Stevenson Hermiston, le juge pendeur (Futuropolis 2018). Souhaitant dénoncer le
consumérisme exacerbé de notre époque, MARTIN VEYRON s’empare avec bonheur de la nouvelle de Tolstoï Ce
qu’il faut de terre à l’homme (Dargaud 2016) tandis que DAVID SALA transcrit à l’aquarelle dans un découpage
brillant Le joueur d’échecs de Stefan Zweig (Casterman, 2017).
Habitué d’Albert Camus dont il a déjà adapté L’hôte et L’étranger (Gallimard BD, 2009 et 2013), JACQUES FERRAN-
DEZ nous dépeint la vie de Jacques Cormery, enfant d’Alger dans le roman autobiographique Le premier homme
(Gallimard BD, 2017). Avec la délicatesse qu’il convient face au terrible récit autobiographique de Sorj Chalan-
don, STÉPHANE GNAEDIG interprète subtilement Profession du père (Futuropolis, 2018) alors que TERKEL
RISBJERG joue à merveille de l’encre de Chine pour camper la terrible héroïne du roman de Ron Rash, Séréna
(Sarbacane, 2018). Et enfin un grand classique illustré de mains de maître par l’artiste russe ANTON LOMAËV,
Moby Dick (Sarbacane, 2017).
Chien, chat (voire chat assassin), éléphant rose, petit ours, lion carnivore, sac à main boulimique, tire-bouchon
superhéros, gants Mapa amoureux… quel est cet inventaire loufoque≈ ? Les auteurs jeunesse rivalisent d’humour
et de drôlerie pour détendre les zygomatiques des bambins et les faire jouer de rimes et de mots.
Un florilège d’auteurs jeunesse se presse dans l’exposition pour vous entraîner dans leurs univers débridés.
Petit Ours et Pomelo, les héros attachants de BENJAMIN CHAUD, seront au rendez-vous, Promenons-nous
dans les bois (Hélium, 2017), Pomelo grandit (Albin Michel Jeunesse, 2017).
VÉRONIQUE DEISS nous présente les aquarelles du célèbre Chat assassin, 3 tomes chez Rue de Sèvres (2014,
2015, 2017), tandis que BRUNO GIBERT nous conte 45 vérités sur les chats (Albin Michel, 2017). Les toutous de
DOROTHÉE DE MONFREID seront également présents tout en préparant Le goûter sur la lune (L’école des
loisirs, 2017), où ils croiseront peut-être les irrésistibles Héros surprises de GILBERT LEGRAND (Sarbacane, 2017).
Gare aux méchants, le réel est plein d’inattendu sous la plume caustique d’ANDRÉ BOUCHARD : L’abominable
sac à main (Seuil Jeunesse, 2013), Les lions ne mangent pas de croquettes (Seuil Jeunesse, 2016), Une si
charmante verrue sur le nez (Seuil Jeunesse, 2017). La tendresse l’emporte sous les fraîches couleurs de GILLES
BACHELET qui nous conte Une histoire d’amour (Seuil Jeunesse, 2017) aux héros surprenants. Valseront-ils avec
les étranges et douces céramiques de NATHALIE CHOUX qui dansent La valse de Noël de Boris Vian (Grasset
jeunesse, 2017), ou tomberont-ils dans Le trou (La Joie de Lire, 2013), drôle et imprévisible album du norvégien
Oyvind Torseter qui chasse aussi le troll avec décontraction, Tête de mule (La Joie de Lire, 2016).
C’est ce que vous saurez en visitant cette exposition pétillante et joyeuse, riche de plus d’une centaine d’originaux !
Tous les illustrateurs seront présents sur le festival et nombre d’entre eux animeront des ateliers pour les enfants.
« L’Afrique ne peut continuer à éclairer les autres continents grâce à ses ressources en restant elle-même
dans l’obscurité. »
Macky Sall, président du Sénégal
Lauréat du Grand Prix AFD Polka du Meilleur Projet de reportage photo en 2016, Pascal Maître nous questionne
sur ce paradoxe : lorsque l’on observe les images satellites composites, l’hémisphère nord interpelle sur une
« pollution lumineuse » pendant que l’Afrique apparaît comme « éteinte ». En zone rurale, 7% des habitants ont
accès à l’électricité sur ce continent. Pourtant, l’Afrique dispose de ressources inépuisables, le soleil, le vent et
l’eau qui permettraient de produire de l’électricité à grande échelle. Ce reportage vise à mettre en lumière les
enjeux et l’importance de l’accès à l’électricité en Afrique, ce continent lumière.
En partenariat avec la MEP et le magazine Polka, l’Agence Française de Développement a obtenu triple satisfaction
après avoir primé en 2016 Pascal Maitre dans la catégorie « Meilleur projet de reportage ».
- Pour faire la démonstration que le talent des photographes primés est corollaire de sa raison d’être en contri-
buant à mieux faire connaître le rôle majeur de l’AFD dans 90 pays.
- En donnant aux lauréats la possibilité d’aller au long cours enquêter, témoigner de l’urgence des solutions à
apporter aux problématiques économiques, sociales et humaines, qui affectent trop un continent en général,
un pays en particulier.
- Pour mieux sensibiliser l’opinion publique sur des sujets de reportage écartés, déniés d’intérêt présumé par
une presse magazine trop à l’étroit dans son domaine réservé.
Les photos ici exposées de Pascal Maitre, très reconnu de par le monde, permettent d’apporter, selon ses propres
mots : « un peu de lumière sur cette immensité noire qu’est l’Afrique Subsaharienne ». Car pour nous alerter sur
cette catastrophe persistante il ne pouvait y avoir meilleur choix que « Pascal, l’Africain » dirait Amin Maalouf pour
battre le tambour, djembé ou dunumba depuis les villages du Bénin ou du Sénégal parmi les huit pays parcourus
et résonner jusque dans notre lumineuse « tribu » d’Occidentaux privilégiés par le génie d’Edison.
Car non sans humour ambiant, parlant de « détestage » au lieu de délestage lors de fréquentes coupures d’élec-
tricité, une population de 621 millions d’habitants vit la double obscurité de la nuit tombante et l’opacité d’une
volonté politique trop souvent absente. L’Afrique n’exploite que 3% de son potentiel hydroélectrique en ne
produisant que 2,6% de la production mondiale selon Le Point Afrique.
Cruelles données derrière lesquelles se cache une réalité que Pascal Maitre révèle avec passion, pudeur et grande
estime pour ces peuples africains, pères, mères et enfants de la débrouillardise obligés de s’éclairer à la lampe
à pétrole, pour accoucher, enseigner, apprendre pendant ces nuits d’encre. Noir c’est noir et pas qu’en chanson
dans une Afrique laissée sur le bas-côté d’un progrès en marche… arrière* !
Coloriste hors pair, paysagiste ou portraitiste remarquable, pour ne jamais faire dans la caricature de couleur ou
de peau, Pascal Maitre nous restitue le paradoxe criant de vérité en 25 images, d’une présence qui est la sienne,
pour mieux nous éclairer sur la cruelle absence d’une lumière qui fait tant défaut au continent africain.
Des solutions technologiques de transition énergétique, photovoltaïque ou éolienne sont en cours comme dans
la centrale solaire Synergie II à Bokhol au Sénégal. Elles n’ont pas échappé à l’œil expert de Pascal Maitre, le
plus à même de nous donner à voir les besoins d’une Afrique dans l’urgence.
Cinquante-cinq ans après les décolonisations, cette exposition se présente comme un lieu de mémoire≈ ; elle vise
à mieux connaître les images d’hier pour décoder nos représentations d’aujourd’hui et comprendre autrement
l’histoire coloniale de la France.
En France, quatre étapes distinctes ont marqué l’histoire de la colonisation : un premier temps, qui court des
origines des conquêtes coloniales (XVIe siècle) jusqu’à la IIe République (1848), avec une rupture majeure en 1763
provoquée par la guerre de Sept Ans ; puis, après un demi-siècle de repli, une ère d’expansion territoriale conti-
nue jusqu’à la Première Guerre mondiale (1849-1914) ; vient ensuite l’époque charnière de l’entre-deux-guerres,
qualifiée d’apogée colonial (1915-1945) ; et enfin, la période contemporaine marquée par les décolonisations
(1946-1962) qui se prolonge, aujourd’hui, sous forme d’héritages à travers un long débat sur les « mémoires colo-
niales », les immigrations postcoloniales et les mutations des territoires ultramarins au cœur de la République.
C’est à mi-parcours de cette longue histoire, en 1895, que pour la première fois le terme de « colonialisme » est
utilisé. En 1905, Paul Louis écrit un ouvrage de dénonciation sous le titre Le Colonialisme, mais il faut attendre
1931 pour que le terme fasse son entrée dans le dictionnaire Larousse.
Jusqu’aux décolonisations, images et discours de glorification furent les alliés puissants de la colonisation qui a
servi de socle sur lequel la France a légitimé son œuvre outremer pendant qu’elle l’élaborait. Quelles représen-
tations a-t-elle donc produites et quelles traces a-t-elle laissées dans notre inconscient collectif ?
Pour y répondre, il faut plonger dans le « bain colonial » et analyser les images et les discours qui ont accompagné
cette longue histoire. Ces images, omniprésentes, qui s’immisçaient dans chaque moment de la vie, des images
de propagande, des images de séduction (cinéma, publicité, spectacle…), mais aussi des images éducatives et
divertissantes, des images faites souvent d’exotisme et parfois de violence, des images de promotion économique
ou de recrutement militaire pour soutenir l’action coloniale.
Elles ont non seulement mis en scène le « destin civilisateur de la France », mais elles ont également diffusé dans
toute la société une véritable culture coloniale. Il faut expliquer les mécanismes de fabrication de ces images
pour comprendre comment elles ont diffusé, en profondeur, les messages de la propagande capable de séduire
un large public, et imprimé dans les esprits des représentations des populations colonisées qui ont participé de
la construction du racisme et des discriminations.
LE CONCOURS DE NOUVELLES
Les 17 et 18 mai 2018, près de 2.000 jeunes de 5 à 18 ans, écoliers, collégiens, lycéens
et apprentis, venus des 4 départements bretons, débarquent dans la cité malouine !
Cette année, nous proposons aux classes deux thèmes qui font particulièrement échos à l’actualité. Le premier :
USA, le chemin de la liberté, les plongera dans la singulière histoire des États du sud des États-Unis à travers
des romans contant, chacun à leur manière, les espoirs d’une jeunesse en quête de liberté et d’émancipation.
Esclavage, ségrégation, mouvement des droits civiques... l’Amérique est face à son Histoire, et les récentes mani-
festations de suprémacistes blancs montrent qu’il reste encore un bout de chemin à parcourir.
Le deuxième : Entre deux mondes : exil, exode et migration, est un thème fort qui accompagne depuis tou-
jours le festival. Écrire la migration, l’exil, la perte de soi, la double culture... nombreux sont les écrivains de
langue française qui choisissent de mettre en scène une identité plurielle « entre-deux monde ». Souvent car ils
ont eux-mêmes subi ou choisi l’exil. Les auteurs invités disent cet entre-deux, le télescopage des cultures, des
langues, l’expérience de l’exil – et la force alors du roman, pour habiter l’inconnu du monde, lui forme et visage.
Bref, une belle aventure vous attend, cette année encore, avec Étonnants Voyageurs, pour appréhender le monde.
« Savez-vous ce qui est le pire dans la guerre ? Ce n’est pas d’y aller mais d’en revenir.
On part à la guerre pour des centaines de raisons. Bonnes, mauvaises, absurdes, choisissant de combattre
ou ne le désirant pas. On part à la guerre la peur en gorge ou la fleur au fusil. On part sans savoir ce
qu’elle va faire de nous, la guerre. Et lorsqu’on en revient, ce n’est jamais tout à fait vivant. Pas mort,
non plus. Juste épargné. On a laissé là-bas des lambeaux de soi et l’on rentre avec un barbare caché
dans son ventre. La guerre était « juste » ? On revient constellé de médailles. La guerre ne l’était pas ?
On rentre épuisé de remords. Dans les deux cas, solitude et silence hanteront les nuits du combattant.
Alors écrivez sur la guerre. Et désirez ardemment la paix... ».
SORJ CHALANDON, parrain du Concours de nouvelles 2018
Dans le cadre de cette 29e édition du Festival, le concours d’écriture a une nouvelle fois su mobiliser les écrivains
en herbe. Organisé pour les jeunes de 11 à 18 ans résidant en France métropolitaine et en Outre-mer, ce concours
d’ampleur nationale a éveillé l’intérêt de près de 6.000 plumes et près de 3.000 nouvelles nous sont ainsi par-
venues au cours du mois de mars. Chacune donnait suite à l’un des deux incipit écrits par le parrain du concours.
Les nouvelles reçues, regroupées par académie, ont fait l’objet d’une première sélection. Près de 70 d’entre elles
seront ainsi primées et une quinzaine seront retenues pour la finale nationale. Ces dernières seront publiées
dans un recueil, édité et diffusé en septembre 2018 grâce au soutien de la MGEN. Les trois lauréats nationaux
sont conviés à Saint-Malo avec leur famille pour recevoir leur prix des mains de SORJ CHALANDON, découvrir
leur classement et partager un moment d’échange autour de leur nouvelle avec des éditeurs, écrivains et pro-
fessionnels du livre, tous membres du jury national !
Pour les 3-15 ans, nous proposons tout un programme d’activités autour d’une sélec-
tion de livres et de films jeunesse, entre projections, rencontres, lectures, expositions,
spectacles de contes avec les auteurs et illustrateurs suivants :