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mais le moment même où il a la possibilité de s’en échapper il change d’avis et décide d’y rester
afin d’aider ses semblables dans la lutte contre la peste. Son explication a été qu’il pouvait „avoir de
la honte à être heureux tout seul”. C’est le moment où il devient évident que le mot clef de la
pensée de Camus n’est plus le mot „solitaire”, mais „solidaire”.
La conclusion qui en résulte est que, malgré l'absurde, malgré l'absence de tout
argument ("rien ne vaut qu'on se détourne de ce qu'on aime"), on se sent solidaire avec
l`humanité malheureuse. On a voulu voir dans l'épidémie de peste qui a frappé la communauté
d'Oran, le fascisme qui venait d'être écrasé en Europe après avoir produit de nombreux dégâts-
stricǎciuni- et victimes (le roman paraît en 1947). La Peste se présente comme une lecture univoque
appauvrissante car (tout comme la pièce d'E. Ionesco, Les Rhinocéros) le symbole de la peste est
beaucoup plus riche: il renvoie à n'importe quel phénomène qui pourrait mettre en danger
l'humanité.
Malgré l'attitude anti-métaphysique et anti-théologique de Camus on peut conclure
que toute action humaine profondément assumée repose, pour lui, sur l’amour envers ses
semblables et sur la solidarité.