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HISTORIQUE ET CRITIQUE
DE PIERRE BAYLE
NOUVELLE EDITION,
AUGMENTÉE DE NOTES EXTRAITES DE CH VUFEPlÉ JOLY, LX niONNOIE
,
,
TOME PREMIER.
PARIS,
DESOER, LIBRAIRE, RUE CHRISTINE.
1820.
AVANT-PROPOS.
««^'X^^ %%«'««/« Và«<«%4 1%/^'%
cours préliminaire , ciui n'a pas été prorais par le Prospectus , mais
que je ne dois pas moins ,
puisqu'il est nécessaire. Tout le inonde
sait qu'un discours préliminaire ne peut être fait qu'après le tra-
vail entièrement achevé. Je suis aussi obligé d'attendre jusqu'à la
mais c'est pour tous que je travaille; et, quelque petit que soit le
corrections et additions. Joly n'a guère fait que copier ses devan-
est le mérite.
voux ,
puis continués à Paris. Le père Merlin y a fait insérer quel-
iv AVANT-PROPOS.
Laurent-Josse Leclerc ,
que le plus souvent je n'appellerai que
Leclerc donna en 1782 une Lettre critique sur le Dictionnaire de
,
ne l'ont pas corrigée ; de sorte que cette remarque critique est to-
AVANT-PROPOS. v
1 'j4<^ ont fait les mêmes fautes et omissions , avec V erratum, à la fin
du second volume , d'oii l'on peut conclure, ce me semble que cette
,
Les notes que j'ai ajoutées seront faciles à distinguer. J'ai laissé
les lettrines pour les notes du texte , les cbiffres arabes pour les
notes des remarques; les notes qui , dans les éditions antérieures
J'insiste sur les mots qui ont un y, parce qu'on pourrait ne pas
apercevoir au premier coup d'œil cette disposition inusitée.
Le Prospectus promet la réimpression de toutes les pièces préli-
minaires , et cependant le premier volume distribué aujourd'hui ne
les contient pas. Deux raisons en sont cause : 1°. l'impatience des
souscripteurs; 2°. l'impossibilité expliquée plus haut de donner dès
à présent le Discours prélitninaire après lequel les pièces promises
, ,
vj AVANT-PROPOS.
doivent être immédiatement placées. Ne connaissant pas l'étendue
qu'aura le Discours préliminaire , il est impossible de garder le
système de Law.
BEUCHOT.
VERS
GRAVES AU BAS DU PORTRAIT DU DUC D'ORLÉANS , RÉGENT,
H. -p. DE limiers.
DISCOURS PRÉLIMINAIRE
DE LA ONZIÈME ÉDITION
DU
DICTIONNAIRE DE BAYLE
j- DISCOURS PRÉLIMINAIRE
» tissu alphabétique de crochets , où il suspend ce qu if
» trouve à propos.»
« Il avait , dans ses digressions ou remarques l'art de ,
cette mort civile que son nom a obtenu le plus grand éclat
dans toute VEurope.
Bayle était mort le 28 septembre 1706. Un siècle après ,
il fut question de lui élever un monument. On ne recevait
(4) Je n'ai point fini cette édition entreprise par madame Perroneau et
compagnie ; premiers volumes avaient e'té très-bien accueillis
les et l'oo ,
augurait si bien de cette édition, que .M. Brunet la recommande dans l.i
troisième édition de son HJaniiel du libraire , tom. 111 pag. 576. Je n'avais
,
encore publié que vingt-neuf volumes sur cinquante qu'elle devait avoir,
et je n'en ai en tout donné que trente et un ( savoir les tomes 1 à XXill , et
XXV à XXXII ). Les entrepreneurs ayant, sans raison plausible, rompu
notre traité, et chargé un autre homme de lettres de finir l'édition furent ,
sant que mon continuateur, qui , page 97 de son ^o". volume, cite des
l'ers de f^oltaire ( mort comme chacun sait en 1778) sur la mort de niade-
moiselle Clairon qui n'est morte que vingt-cinq ans après le poète. Je ne
,
sais si j'aurais mérité les éloges, en partie anticipés, que fait de mon tra-
vail le iManuel du libraire; mais ces éloges mêmes me fesaient un devoir
de donner l'explication qu'on vient de lire.
(5) Voyez ce qui est dit de ce Projet dans la P^ie de Bayle par Desmui-
zeaux. que j'ai placée dans le tome XVI-
^, DISCOURS PRÉLIMINAIRE
jusqu'à environ la lettre P (t>). Cette seconde composition 7
faite lapidement et sans que l'auteur en revît les épreuves,
fourmille de fautes, Bayle la désavoua et signala quelques-
unes des erreurs grossières qui la déparent (7). Il nest donc
point indifférent pour ceux qui recherchent l'édition de 1697
d'examiner de quel tirage sont les feuilles des exemplaires.
Mais comme on n'a ni de signe de reconnaissance pour
chaque feuille, ni la certitude que l'assembleur ou bro-
cheur n'ait pas mêlé les feuilles des deux tirages, on ne
peut guère s'en rapporter à cette édition pour le i*^'. vo-
lume et la i'*. partie du second. Cependant quelques per-
sonnes tiennent encore à cette première édition que re- ,
)) j'en aie vu les épreuves il y est demeure' beaucoup de fautes dont quel-
,
» mes. »
Les deux fautes signale'es dans cet ai^erùssemenl ont e'té corrige'es dans les
e'ditions de 170'j, etc. Voyez dans l'édition in-S". tome V, pag. 1^3, co- ,
Lydos adeô libidine perditos fuisse, ut non tanti'im uoctu vaearent vohip-
tafi venereœ veriim etiam ipso meridie lascivireot, manibus fcedum opus
,
armes naturelles ,
depuis corrigé, et ou
il a aujourd'hui de quelque lit :
la première édition.
« Une sentait que trop sa faiblesse et il s'en plaignait bien
» tristement. Du côté des bergeries , disait-il (a) en parlant
,
La seconde , donnée
édition à Amsterdam est en trois ,
X DISCOURS PKÉLIMIISAIKE
l'eût enlevé fort jeune ( /} peu , lespremières charges de la répu-
après la prise de JNottbourg, blique de Genève, est actuelle-
Pierre Lefort, neveu du général , ment (A) au service du czar, qui
et fils d'Ami Lefort , qui possède l'a fait brigadier de ses armées.
Il a épousé en 171 3 la fille du
II mourut à Moscou après s'être trou-
(
rrAr,Ara\ W^iVIa
g^^erai VVeiUe.
vé au siège de Noltbourg en i7o3, âgé ,
DE LA OiNZIEME ÉDlllON. xj
quelques additions dans le Journal littéraire , juillet et aoi\t T714 tom. IV, ,
partie ,
pages 233-293. J'ai indic[ué les principales pièces de cette polé-
mique. Je crains qu'une nomenclature plus étendue ne soit fastidieuse.
Malgré les déclamations acharnées des éditeurs de Genève contre l'édition
de 1720, c'est elle qui a servi de base ou de copie pour celle de 1730 sur ,
(i3) Micliel Bohni, dont le nom seul se voit soit sur les ft-ontispices, soit au
bas de i'epître de'dicatoire, ne comptant pour rien la réimpression de
Genève ,intitula la sienne, troisième édition.
(i4j Voici un accident qui est resuite de cette disposition. Bayle , dans
la remarque E de son article Gombacld, ayant dit que Despréaux ne fait
aucun cas des sonnets de ce poète, cite les vers de V^rt potli(pie mais :
comme je l'ai remarque (tome VII, page 120), que Bayle dut avoir l)ré;
sent à la pensée quand il écrivait son article Go.MiiAULp.
DE LA ONZIÈME ÉDITION. xiij
des lacunes Pe'diteur de irSo en a donc complète douze je fais ici sa part,
, ;
sables.
1734. Sixième édition.
point lu cette dernière, et il peut se faire qu'elle soit moins correcte que la
première mais cela n'est que douteux jusqu'à vérification \ ce qui est cer-
•
tain c'est qu'elle contient , déplus que 1727, cent cinquante lettres. 11
,
parait que ces cent cinquante lettres nouvelles n'ont été découvertes qu'a-
près l'impression ; car, au lieu d'être placées chacune à sa place , elles
,
TOME I. b
^,.,ij DISCOURS PRELIMINAIRE
Adolphe, de Suède. Les éditeurs de Leipsig ont inia-
roi
<^mé de mettre dans leur édition, au mot Adolphe, ce
fragment , qui ne vient que jusqu'en 1620. Il remplit plus
de r,o pages et fait disparate avec les autres articles, non-
seulement à cause de son étendue , mais à cause de sa
forme il est dépourvu de remarques et de citations. Or on
;
dit que ne pas citer les auteurs d'où l'on a tiré les choses
est un défaut capital dans un ouvrage de cette nature et dans
presque tous les livres.
cette édition n'ait pas été achevée 5 il n'est pas à croire qu'a-
près vingt ans d'interruption elle soit reprise (25).
ailleurs cite à la marge une e'dition de Paris , 1733. Ce qu'il rapporte fait
,
édition qu'il a voulu citer. S'il lui donne la date de Paris, c'est parce que
ce furent, comme je l'ai dit, des liliraires de Paris qui la firent faire à
Trévoux. D'ailleurs Chaufepié habitant la Hollande où les premières
, , ,
éditions avaient été faites, a mis ici Paris pour la France, quoique Tré-
voux n'en fiU alors qu'une enclave.
Enfin dans la Bihiiolheca latina de Fabriciiis édition in-4°. tome II
, , ,
,
moulent pas toujours leurs chiflres, et leur mauvaise écriture est souvent
la cause des fautes d'impression.
le concernent.
D'après les divisions ou distinctions établies par l'auteur
lui-même, il était donc naturel d'imprimer d'abord tout le
^exfe d'un article, puis toutes ses retnaïques en mettant ,
les choses essentielles dans mon Discours préliminaire qui doit le remj)la-
ccr. Je me suis bien gafdé de reproduire un reproche injuste et dont je
,
HoRSTius, VIII, 2I0-2H ÀViNDECR XIV, S^Q. J'ai complété une citation de
; ,
L' Etjangile contre la réplique de niessire Jacques Dai>y, éféque d' Ki^reux
,
faite article par article sur la même réplique, Montauban iSgS, in-8°., de ,
dédicace que celle dont il fallait rapporter un passage; 3". Le Port Royal
et Gencive d intelliqence contre le très-Saint Sacrement de l'autel , par le
père Meynier.
,
.
Il évident que Joly n'est pas l'auteur des Obscn/ations insérées dans la
est
Bibliothèque française. Dans la Bihliolhérjue française , à l'occasion de
Bachovius, ou lit qu'il flottait entre le protestantisme et le papisrite. Joly,
trouvant sans doute ce dernier mot irrévérencieux a mis à la place les mots ,
disparates.
GUIB ( Jean-Frédéric ) , docteur en droit à Orange , au
commencement du XVIII". siècle, a fait insérer dans les
JYouuelles littéraires du 29 mai 1717, tome V, pages 34^-35 1 ,
ses notes par ordre alphabétique et elles ont ainsi été réim- ,
lente critique de dom Lecerf, qui fît insérer, en i73i , dans la Bibliolfii-i/ne
française, tome XV"! , pages 86-107, sa LeUre d un rciisicux hcnédictin , etc.
(36) Pai,'. xiij.
,
tome 111 p^g'^s 4 et 5; seconde édition tome 1\', pages 8(> et 87.
,
,
D'après le texte de cette lettre , j'ai rangé dans les mots bien
trouvés , mais qui ne sont pas vrais, le fameux Tout est per-
du fors t honneur , qu'on attribue à ce pudibond monarque.
Un critique (Sg) croit qu'rt moins d'être un docteur bien subtil
tout homme de bonne foi ne trouvera aucune dijjdrence essen-
tielle entre la phrase devenue proverbiale et les expressions de
la lettre. Le critique pense que , pour le sens et le noble sen-
timent quils expriment^ les mots des deux versions présen-
tent à t esprit la même chose. Cela peut être tout au plus
pour le sens , mais non pour le sentiment , ou pour le carac-
tère.
VI. Ce n'est pas seulement le préambule de rarlicle
Achille que j'ai rétabli (4o) j'ai rétabli aussi le commen-
;
page 432 ).
Les nombreux lecteurs de Voltaire auront sans doute re-
marqué le passage de sa lettre à Cideville (en tète du Tem-
ple du goût) , où il liiit dire à un M. de*** « qu'en cherchant
» (dans Bayle) l'article César ^ il n'avait rencontré que celui
» de Césaiius, professeur à Cologne. » La manière dont
Bayle a écrit ces deux noms les lui a fait placer à quelque
distance l'un de l'autre c'est ce que n'a pas aperçu Voltai-
•,
roy, luy, icy, etc. tels qu'ils ont écrit et imprimé , mais moi ,
,
An Bdtiachoiii.yomachie
la , îles IJ y tunes , «le Durera poèmes et jragmens
attribues h Homère 1818 , , deux volumes in-8°.
,
BEUCHOT.
ERRATA,
Tome I.
Tome III.
Tome IV.
XIII.
20g. Note étoilée. Portèrent, lisez portaient.
606. Ligne de la remarque (C), prendre, lisez prétendez pren-
dre.
Tome VI.
47. 1^^.
colonne, ligne 9, (C), lisez (R).
443. Note étoilée, Salpiati, lisez Salviati.
Tome VII.
96. Colonne 2 , ligne 17 , au , lisez ou.
Id. id. ligne dernière, angoises , lisez angoisses.
529. Colonne i"^., dans le 12e. des vers cités, Superciila, lise/.
Supercilia.
Tome VIII.
Tome X.
Tome XII.
7g. Colonne i"^*^. , ligne 34, que le roi, /«ez que le peuple
créa roi.
412. Colonne 2*^., supprimez l'étoile qui est dans le texte.
611. Colonne 2*^., ligne 27 , cela me fait, lisez: (K) cela me fait.
Tome XIII.
Tome XIV.
545. Au titre courant, Wesselius , //^rz Wesselus.
604. Colonne 2*^. , au bas des quatre vers grecs, F. 146, lisez
F. 196.
6i5. Colonne 2^., lignes 9 et 8 en remontant, Démocrate, lisez
Démocrite.
(*) Cette erreur paraissant inconcevable, voici une explication. Les ar-
ticles du Magasin encfclopvdique ([ue je cite en ce passage étant signés A
A. B. j'ai tout naturellement cru que ces trois lettres désignaient M. An-
,
DE PIERRE BAYLE.
A.
A.ARON, grand-prêtre des Juifs ta quelque temps après, je veux
et frèrede Moïse. Son histoire est dire un chérubin et que, contre ,
trop facile à trouver dans le Pen- son intention , les Israélites ado-
tateuque , dans le Dictionnaire de rèrent cette figure. Un docteur
Moréri dans celui de M. Simon
,
,
de Sorbonne chanoine d'Amiens
,
pour ne me dispenser pas d'en fai- (c), réfuta solidement ces suppo-
re ici un article. Je dirai seule- sitions l'an 160g. Il y en a qui
ment que la faiblesse qu'il eut de disent que la crainte d'être as-
condescendre aux désirs supersti- sommé fit qu' Aaron eut cette cri-
TOUIE I.
, ,
2 AARON.
fournaise cle Babylone. C'est néan- ajouté que pure vérité comme elle est
moins l'opinion de quelques au- en la Bible latine et que rien li'en a ,
que le veau que les Israélites adorè- été insérée au même chapitre xxxii :
rent était vivant et animé , et qu'Aa- c'est que les e/ijans d' Israël crachè-
ron, le voyant marcher et manger à re/it si J'en contre Hur, qui refusait de
la manière des autres veaux, lui faire des dieux au Us l' étouffèrent, he
,
dressa un autel. Il y a quelque chose livre (4) d'où j'emprunte ceci a été fait
de semblable dans l'Alcoran (2). II. par un ministre wallon , qui ne man-
Plusieurs rabbins pour disculper , que pas de se récrier sur la hardiesse
Aaron, disent que ce ne fut point lui que l'on a eue d'ajouter certaines cho-
qui fît le veau d'or qu'il n'y contri- j ses d'un côté, pendant (|ue de l'autre
bua qu'en jetant l'or dans le t'en pour , on faisait des suppressions. Double
se délivrer de l'importunité du peu- attentat version obreptice et subrep-
:
déclare que ce fut un ouvrage de fonte pas pour les clercs mais pour les laïcs ,
ou qu'après avoir fait une masse d'or, peuvent garantir du piège les igno-
se ;
on la convertit en veau par le moyen rans ne le peuvent pas. Au reste la ,
de la sculpture. III. Plusieurs ont cru barbe d'or n'est pas l'unique chimère
qu'Aaron ne fit point un veau tout en- que les rabbins aient forgée. Ils ont dit
tier, mais seulement une tête. IV. On que l'eau que Moïse fit avaler im- ,
conte (3) que la poudre du t^eau d'or prégnée des corpuscules du veau d'or,
que MoïseJit hrdlcr et mêler dedans de lit le même eliét à peu près que les ,
,
l'eau dont les Israélites burent, s'arrê- eaux de jalousie.
Elle causa des enflu-
ta sur les barbes de ceux qui l'avaient res et des ulcères à ceux qui étaient
adoré et eurent les barbes dorées qui coupables et ne fit nul mal aux in-
,
, ,
l'eau, y devinrent
que le traducteur français na rien imperceptibles comme celles qu'oa ,
Voyez le Manuel du Libraire , par M. Brunet (6) Exode, chap. XXXU, vs. 4.
au, mol CoMLsTOK. (7) Lit, même , vt. 10.
,
AARSENS.
tre trompe qtiand il a dit (8) : Quam- autres exemples , celui de Sydrach ,
i'is non tant exiitimari possit l'ilulus Misach et Abdénago
qui sortirent ,
donna point aux Israélites de boire la ne touche point les circonstances pour
poudre d'or^ mais que, l'ayant jetée lesquelles le cordelier Nodin le prend
dans le torrent, qui était le seul en- à témoin. Rapportons ses termes : 'A<^
droit d'où ils pouvaient boire , l'on a CÙ Trâ'/TiÇ , Ù Tê (fiO-^tÔiTIOI XstJ Gl TriVTn-
eu raison de dire qu'il leur avait fait zovTtt Kctt Kof «C *i:stVT«ç iTT hÙtouç, i<3/^a.~
avaler l'idole c[u'ils avaient adorée (9). pna-xv eéç x.acï ra. Tcef/.ttTct eÙTOcv aL^oLvn
(C) C'eit néanmoins l'opinion de yiyovîvxi. Ylipi^céî^iTO.i es /t/.ôvoç 'Aafav
quelques auteurs.'\ Un cordelier, doc- /A>lSiv ÙtTO ToS TTUpOÇ yS>ittCê(Ç , TU) TOV QiOV
teur en théologie de la faculté de Pa- sTvai TOV (.Ùç'iSil XSt/êlV oLmç'XXX.liTX (i5).
vela quelque temps après lorsque le dem reliquice comparèrent soins Aa-
,
:
feu ôta la vie à deux fils d'Aaron sans ron superfuit illœsus ut manifestum , ,
que leurs chemises reçussent aucun esset dii'tnitiis coortum hoc iiicendiunt.
dommage et lorsque Aaron fit cesser Il reconnaît là avec raison le doigt de
,
la plaie qui faisait mourir un grand Dieu mais sans spécifier si le feu, ,
tunicis eoruni tineis inlactis remanen- cela l'historien juif. La plupart des
tibus. Idem judicium est de Aai'one fautes de cette nature qui sont in- ,
summo sacerdote qui citissimè prn- nombrables dans les livres, viennent
,
fectus est ad populum quem ignis ou de ce que l'on ne consulte pas les
,
l'entes, licet esset in medio flamniœ raphrases pour les faire mieux servir ,
cap. III (12). 11 ajoute à cela, entre chap. XV! vs. 35. Nombres,
(i4) ,
(8) In Calalogo ArtiCcum, pag. i. (i5) Joseph. Antiq. Lib. IF, cap. III , p.
(9) ^orez Rivet, sur le chap. XXXII de 07. G.
l'Exode, bper. Tom. I , pag. 1184.
(10) Exode, chap. III , vs. 2.
(il) Lévitique, chap. X, vs. 1 et S. « AARSENS (François) , sei-
(la) Joannis Nodin Commentar. in cap. III. de
gneur de Sommelsdyck
'
i
et
Exod. ,
pag. 142 , col. 2.
,,
AARS ENS.
Spyck, etc., était un des plus » bassadeur de ce qu'il devait né-
grands ministres quelesProvin- » gocier. Et de fait , il a fait
ces-Unies aient eus pour la né- » honneur à l'état en toutes ses
gociation (A). Son père, qui » ambassades, aussi-bien qu'au
était un autre habile homme ,
» caractère dont ses souverains
était dans un poste ou il lui » l'ont revêtu; quoique lui ni sa
était facile de faire donner de » postérité ne doivent point (F)
l'emploi à son fils (B). Jean d'Ol- » regretter le temps qu'il a em-
den-Barnevelt qui avait alors
,
« ployé au service de la patrie
la principale direction des affai- » (a). » Il est mort fort âgé ,
Jeannin, etc.; et il j
réussit, bassadeur, tom. II, pag. ,f|35 el /j36'.
en sorte qu'ils approuvèrent sa (b) C'est ainsi qu'on prononce ,
quoique le
nom soit Sommelsdyck.
conduite. Il eut ensuite le ca-
ractère d'ambassadeur, et fut (A) Etait un des plus grands minis-
le premier qui fut considéré en pour la négociation.'} Ses enne-
tres...
mis ne lui disputent point cette qua-
cette qualité dans cette cour-là
lité ; car, quand ils disent qu'il (r)
et du temps duquel le roi Hen- était le plus dangereux esprit que les
ri IV déclara que l'ambassadeur provinces conjédérées aient jamais
des Provinces-Unies prendrait porté , et d'autant plus h craindre ,
qu'il cachait toute la malice et toute
rang immédiatement après ce-
la fourbe des cours étrangères sous la
lui de Venise. Il fut après cela fausse et trompeuse apparence de la
employé auprès de cette ré- franchise etde la simplicité hollan-
publique (C) , et auprès de plu- daise; qu'il était ardent et persuasif;
qu'il trouvait des raisons pour appuyer
sieurs princes d'Allemagne et
les plus mauvaises causes ; que (2)
d'Italie, à l'occasion des mou- c'était un esprit intrigant , qui auait
vemens de Bohème Il a (D). eu des liaisons et des intelligences
outre cela plusieurs ambas-
fait avec des grands de France , dont les
actions étaient non-seulement suspec-
sades extraordinaires en France
tes, mais odieuses au roi; et qu'ayant
et en Angleterre (E), dont il a
gagné le secrétaire de l'ambassadeur
faitdes recueils fort' exacts et de France à la Haye il savait (3) les ,
> mieux, non -seulement négo- (i) Du Maurier, Mémoires, pag. 376.
(2) Là même, pag. 3^8.
cier, mais aussi instruire l'am- (3) Là méme„page 384-
AARSENS. 5
son père et cet ambassadeur hollan- qner ce que le cardinal Pallavicin a
àdh fuient toujours (4) ennemis ; qu'il reproche au père Paul. Il (8) dit qu'il
y avait M/ze incompatibilité inswmon- a une lettre du sieur de Zuilichem
table entre leurs naturels, et que la secrétaire du prince d'Orange où il ,
jurande ai'crsinn qui s'était élevée en- raconte que s' étant rencontré a P^enise
,
tre eux. s'augmentait de jour en jour dans une entrevue fortuite du sieur
)i II lieu de diminuer. Il nous apprend de Sonwierdych, ambassadeur de Hol-
luème que son père harangua le i6 ,
lande et de Fra Paolo ce père ai'ait
, ,
sident des états jusqu'en i6og. Mais » mesaflaires de Bohème qui faisaient
comme on couclut alors une trêve de » le sujet de l'ambassade de France.
douze ans dans laquelle l'Espagne » L'ordre qu'on leur envoya portait
,
avait traité avec les Provinces-Unies » que ce n était pas à cause des états ,
comme avec des peuples libres, il fut » avec lesquels le roi voulait conti-
reconnu par Henri IV pour ambassa- » nuer de vivre en bonne intelligence,
deur(7). P
endant son séjour en France, » mais à cause de M. d'Aarsens en par-
qui fut de quinze ans, il reçut de ticulier pour en avoir mal usé tou-
))
,
honneurs; car il fut anobli et fait «majesté. Ceux qui ont quelque con-
che.ualier et baron, ce qui fut cause naissance des afl'aires de ce temps-là
;>
qu'ensuite il fut reçu en Hollande en- » ne peuvent pas ignorer que ce fut
tre les nobles de la province. Il devint m parce qu'Aarsens s'était mis à la
ensuite si odieux à cette cour qu'elle » tête de ceux qui s'opposèrent
,
en ,
6 ABARIS.
passage de M. du Maurier qui ,
les folis occasinncm prœbuit simstra ipsi
éclaircit. L'an 1618 (il) dit-il, , M. ominandi {i/{).
de Boissise eut commandement du roi (F) Regretter le temps. ] Du Maurier
de Jaire plainte en son nom aux états dit que François Aarsens mourut riche
généraux d'un libelle diffamatoire de cent mille livres de rente (i5).
écrit, signé et publié par JFrancois (G) Laissant un fils qui a passé pour
uiarsens , au grand scandale et dés- le plus riche de Hollande. ] Il était
honneur de messieurs du conseil de gouverneur de Nimègue et colonel ,
gne pour abolir la religion réformée eu plusieurs enfans et qui est morte,
peut dire , se non è uero , è ben tro- qui ont été mariées à des personnes de
i>ato : rien ne confirmerait mieux que qualité; les quatre autres se sont jetées
cette invention la profonde habileté dans une dévotion superstitieuse avec
de M. Aarsens. un tel emportement, qu'elles ont suivi
(E) Ambassades extraordinaires en le sieur Labbadie , ministre schisma-
France et en Angleterre. ] Il eut cet tique , comme si c'eût été un apôtre
emploi en Angleterre Tan 1620 et l'an (16).
1641 (12). La première fois, il était
(i4) Barheus, Epist. LXXVI pag. 217.
le premier des trois ambassadeurs ex-
,
(i5) Du Maurier ,
pag-. 377.
traordinaires 5 et il fut le second la Mémoires de du Maurier,
(16) y^oj'ez les
dernière fois. Dans cette ambassade pag. 387 , 390.
ci , il eut pour collègues le seigneur de
Bréderode , qui le précédait , et Heems- ABARIS, Scythe de nation (A),
vliet, qui le suivait. Le sujet de l'am-
et de Seuthus. On en débitait
fils
hassade était le mariage du prince
Guillaume fils du prince d'Orange.
,
tant de choses fabuleuses qu'il ,
était prêtre, l'or qu'il avait ra- servé un morceau (/), connaî-
massé (e) on pourrait prétendre traient mieux qu'on ne le peut
,
grand critique l'assure (o). Si sa auteurs qui nous parlent d Abaris as-
Sèche avait eu le don qu'on at- surent qu'il était Hyperboréen (3) , et
que, lorsqu'il fit le voyage de Grèce,
tribue à la baguette de Jacques
il étaitparti du pays des Hyperbo-
Aymar (H) , il aurait pu faire de réens j et s'ils parlent de sa flèche vo-
grands biens au monde , et ne pas lante, ils ne manquent pas de dire
craindre le reproche d'inutilité qu'il l'avait avant que d'aller en Grèce.
(B) Etait porté utr s<i flèche au tra-
qu'Origène lui a fait(p). Mais on
vers de l'air.'] Les paroles de Jambli-
vient (q) d'apprendre (I) que le que expriment cela fort nettement.
règne de cette baguette a été fort 'O'içà) Toj/ îv 'TTrêpCopsoïc "ATréxxaivoç «Tapii-
court , et qu'il a enfin trouvé son flêVTI SLÙTOi êTrO^^^^Oi/y.eVOÇ, TT OT a.f/.OUÇ Ti X-Ctl
thes hypevboréens. ToÎTot/ ô /AuBako- petite observation, fli. Petit nous al-
•yoC/Mvoç ôiVoç TOI/ TTiTo/uivov ajrro anç E\- lègue les rai'issemens d'Klie le trans- ,
Scylhld, comme on lit dans la traduc- che de balai qui sert de chei'al aux sor-
tion ordinaire) usque ad hyperboreos cières, à ce qu'on dit pour s'en aller ,
ris était né; la Grèce, où il alla faire (4) Jainblich. Vita Pylb.igoiîe , pag. 12S.
lin voyage ; et une autre Scythie , où (5) Pclitus , de SibjUà , lib. II , cap. VII ,
pag. 200.
(i) Siridas, au mot' A^OLfiÇ. (6) Non est , le deust-on vif hrutler,
Cçmine un chevauchevr d'escoweUes,
{2) Eusebii Chrouic. n. i434'
, ,
ABARIS.
entre deux airs à l'assemblée sabba- point la force de les faire voler, il dc-
tique (7). Avant que la petite obser- couvri; d'ailleurs, non-seulement les
vation paraisse, il fant que je rap- trésors, les métaux, les bornes des
porte ce passage d\in autre journal. champs , les larrons et les homicides;
M. Petit raconte , après Jambliclnis , mais aussi lesadultères de l'un et de
l'histoire ou la fable d' Abaris Hyper- Tautre sexe. Un grand philosophe
horéen à qui Apollon avait donné le consulté sur une partie de ces faits
,
poui'oir de t'oler dans tes airs porté en 1G89, répondit que rien de cela ne
,
par une flèche comme nos sorcières se pouvait faire sans le secours de l'ac-
.
halai (8). Ces paroles s(mt lexplica- celte cause ne pouvait être autre que
tion de ce texte de M. Petit Auctor le démon (i3). En écrivant ceci, j'ap-
:
cap. XXf^III, id niunus Abaridi Hy- à la baguette (i4) a3'ant fait l'été i
perboreo ab Apolline concessurn fuis- dernier (i.5) à Lyon des épreuves sur-
se ut per aërem quocunquè t'ellct cur- prenantes de son art a été mandé à
,
,
suni viagico im^ectus jaculo tendere Paris et que sur ce grand théâtre il
, , ,
posset (9). Chacun voit que repithcte a fait tant de découvertes (ju'il a ,
Hyperboreo se peut rapporter pu au obligé bien des gens à dire que nous
mot Abaridi qui pn'cède, ou au mot voilà pins en état qii'on n'y fut jamais,
Apolline qui suit. La langue latine de décider, par des phénomènes in-
est toute pleine de ces équivoques contestables, que les démons produi-
j
mais il est sûr, par les paroles de Jaiu- sent cent choses, pourvu qu'on les y
hlique (10), qui sont citées là même détermine par le jeu de quelqu'^s cau-
(i i) que cV>t seulement Apollon qui
,
ses occasionelles, comme est l'appli-
est traite d'Hyperbore'en. Ce serait cation d'un certain bâton (16). Cela
une chicane tout-à-fait vaine que de pourrait être d'une efficace rétroac-
critiquer sur cela le journaliste puis- tive en faveur du dard d'Abaris car
;
;
que sans elle il ne pouvait pas discer- les joueurs de gobelets disent à tous
ner les chemins qu'il devait tenir (12). coups par la vertu de ma petite ba-
,
Pythagore lui arracha cet aveu en lui guette , semblent tirer leur origine de
faisant une petite malice; il lui dé- l'usage fréquent que la tradition com-
roba cette flèche, et il fallut alors mune donne au bâton dans les sorti-
qu'Abaris étonné comme un aveugle
, lèges. Quelles vertus n'attribuait-on
qui a perdu son bâton, confessât ses point anciennement à la verge de Mer-
nécessités. Cela me fait souvenir de cure ? Les ailes d'or qu'il mettait à ses
certaines gens qui se vantent de trou- talons n'étaient point tellement le
ver avec leur baguette les chemins principe de son vol , que sa verge n'y
perdus. Si tout ce que l'on en dit concourût aussi avec une vertu très-
était véritable, je ne crois point que, puissante , et il semble même qu'elle
toutes compensations faites leur bâ- , lui ait servi de cheval :
supra ,
(r) Nouvel, de la Répub.des Leu. octob. 1686,
ri. I.
Le P. Maletranclie dans\e Mercure
(i3) ,
ABARIS.
Seu terrain , rnpido pariter cumjlamine por-
(C) JEn quel tenips Abaris t'ifait.']
tant.
Tutn virgain capit : hdc animas itle evocal Son ambassade d'Athènes est placée
Orco par quelques-uns sous la 2 1*. olym-
Patlente.t, alias sub tristia Tarlara inillit, piade; par Hippostrate sous la 3''. , et
Dat sonmos , adiinit</ue , et lumina morte
résignât. par Pindare au temps du roi Crésus
Illu FRETus , ai^it veiUos , et turbida tranal (25). Eusèhe s'était rangé à ce dernier
Nubda. (17;. sentiment , puisqu'il avait situé le
voyage d'Abaris et le commencement
SI nous avions le Traite sur la verge
du règne de Crésus sous la seconde
de Mercure que Parlhius avait pro-
,
année de la 54^- olympiade; mais il
mis (18) on y verrait assurément
,
donna peu après dans une honteuse
une compilation bien curieuse, et peut- variation ; car il fit fleui-ir ce devin
être plus instructive que le Traite du
la dernière année de la 82*. olym-
cynique Antisthènes sur le bâton de piade. Abaris hypcrboranus hariolus
Minerve. Cette déesse avait aussi son agiioscitur (2G). M. de Valois semble
bâton avec quoi elle faisait paraître
,
préférer à tout autre sentiment celui
les gens ou jeunes ou vieux, selon
de Porphyre et do Jamblique (27), se-
l'exigence des cas ('9)- La sorcière
lon lequel Abaris aura vécu l'an 2 de
Circé faisait bien plus que tout cela olympiade, contemporain de la 54".
avec le sien ('20), puisque, d'un seul Pythagore. On infère cela de ce que
petit coup de sa baguette elle trans- ,
Porphyre et Jamblique rapportent que
formait les hommes en bétes et les
Pythagore montra sa cuisse d'or à ,
a son origine dans la verge de Moïse Phalaris ont été contemporains car ;
aussi Homère Iliad. et Odyss. , lif. dern. ; (28). Ils se faisaient avant que l'on la-
,
Ovide, Mctain. lii'. I \. '!>, au sujet d'Ar- bourât la terre et dans la vue d'ob-
, ,
gus Horace, ode X, v. 18, et XXIV, v. tenir la bénédiction divine sur la j)ro-
;
et TI.
le sacrifice nommé npo«fo«n'*, il y avait
(19)
eu une famine ou même aussi une
,
,
(20) Ibid. K.
(21) Sur le proverbe virgula divina. Chil. i, peste par toute la terre , qui avait
centur. i, n. 97. obligé les peuples à recourir à l'ora-
(22) Huelii Demonstr. Evang. Propos. IV,
pag. 258. (25) /tpud Harpocrationem.
(23) Vojei les chapitres VII et VIII de (2G) Eiisebii Chron. n. 1668.
Exode. Maiissaci in
(27) Henr. Valesii Nolœ in notas
l'
ABARIS. II
cle, et que l'oracle avait répondu que, ran. réfute par cette h)'pothèse
Il
si les Athéniens ofl'raient un tel sacri- ceux qui disent qu'Abaris a été dis-
fice, le mal cesserait (29). Ce fut donc ciple de Pythagore ; car il observe
alors (|ue tant d'ambassades furent que Pythagore fleurit l'an i'"^. de la
envoyées à Athènes et qii'Abaris y ,
6o«. olympiade, et mourut vers la fin
fut envoyé de la part du peuple hy- de la 70^. 11 remarque qu'un disciple
perboréen. Hipposti'ate ne se serait de Pythagore n'a pu écrire des lettres
donc guère èioifçné de la vérité en à Phalaiis. Entln il assure (jue tous
mettant ce voyage d'Abaris sons la les anciens ont fait Abaris antérieur
3". olympiade. Si les conjectures de non-seulement à Pythagore, mais aussi
Scaliger sur un passage de Firmicus à Solon. Antiqui omnes de Abari lo-
Maternus concernant le Poltadiurn
,
quunlur, ut non Pylhagora modo sed ,
sont bonnes, il y a eu des auteurs qui Solone etiam anliquiori (33). 11 n'y a
ont fait remonter prodigieusement le guère de solidité dans ces remai'ijues
temps d'Abaris il faudrait selon; , de Vossius; car le même Eusèbe,qui en
cela qu'il eût vécu long-temps avant
,
est le fondement, a situé, en un autre
la prise de Troie. Nous verrons bien- lieu Piialaris sous l'an 3 de la 53«.
,
tôt ce que c'est. D'autres Font fait re- olympiade et le voyage d'Abaris sous
,
à quoi si nous voulions prendre garde, préféré par Scaliger (34) à celui qu'il
nous nous taillerions trop de besogne. cite. Scaliger se fonde sur ce que le
La description que le sophiste Himé- commencement de la tyrannie dePha-
rius nous a laissée (3o) de l'équipage laris a été placé par Suidas sous Fo-
avec lequel Abaris se présenta aux Ivinpiade Sa, outre qu'Orose remar-
Athéniens , convient merveilleuse- que que Cvrus et ce tyran ont été
ment à un barbare; mais il n'était contemporains (35). Il est donc visible
Scythe, dit-il que dans son habit sa,
; que les conséquences que Vossius a
langue était grecque et dès qu'il la , tirées de ce qu'Abaris et Phalaris ont
remuait on croyait entendre un dis-
, vécu en même temps ne sont guère
cours sorti du milieu de l académie ou bonnes car Abaris aurait pu écrire
;
en supposant ([u'il y a eu deux Aba- Solon a vécu après Abaris; car nous
ris mais sa supposition est insuffi-
: savons qu'il donna ses lois aux Athé-
sante il en faudrait cinq ou six pour
i
niens en la 46'- olympiade {37) et ,
bien réussir; deux n'otent pas les di- qu'Eusèbe met Abaris sous la 82^ (38).
visions ce n'est pas la peine.
: M. Mûiéri s'est mal servi des obser-
(D) f^ariélé de sentimens qui a fait vations de Vossius. Il trouve de l'op-
broncher quelques modernes. ] V'ossius position en ceux qui disent qu'Abaris
préfère à tout autre sentiment l'opi- vivait avant Solon et ceux qui disent
,
nion de ceux qui font fleurir Abaris que c'était du temps de Tullus Hosti-
entre la 3o*. et la SS"". olympiade. Ce lius ou d'Ancus Martius roi des
, ,
temps-ia , dit-il (32), est, selon Eu- Romains. Ce ne sont pas deux senti-
sèbe, celui de la tyrannie de Phala- mens différeus il n'y a point de chro-
;
saint Grégoire parle d'Abaris dans une (ju'on songe qu'on devient propiiète,
épitfiphe qu'il adresse à saint Basile- c'est le plus souvent une marque qu'on
le-Grand (4')- ^^ ^'''^ ""'^n trouvé voyagera et qu'on se tracassera; car,
,
touchant Abaris dans les vers de saint ajoute-t-il , les devins ont accoutumé
Grégoire de Nazianze sur la mort de de mener une uie t'agabonde. $êfêi Ji
saint Basile. J'espérais d'y rencontiTr x.a.1 «t^ctTu^/siç 7ro'/.?.a.Kiç kcii tnvAo-ui tço
les cinq ou six lignes que le Giraldi ((ToVTl TOV ÔvêlfOV. cTlO. TO TCt/ç ^CtVTêlÇ TTi-
rapporte comme tirées ex Alonodiâ fivjç-iiy Portendit sœpè ctiamperegri-
:
c'est-à-dire, vers son oraison funèbre charlatans. Abaris faisait plus que des
de saint Basile, et je n'y ai pas trouvé pi-édictions on prétend qu'il bâtis- :
huit , et Abaris Hyberboreus. Nous ladii eliam quid sit numen nudité. Si-
avons déjà rapporté ( 44 ) Pépithète mulacruiu est ex ossibus Pelopisfac-
d'hariolus, dont on le régale dans la tum. Hoc Abaris Scythajecisse per-
Chronique d'Eusèbe. Un commenta- hibetur jam quale sit considerate
;
ait de plus que ces oracles subsis- per alrocitate grassata in constituen- ,
taient encore. 'EypiL^t Js xaî ^pa-^o^/c dis religionibus rectum aliquid potuit
Teth '/â'fu.ii TrifupX-^pmaç, 'li n^i /^îXf^ vn>enire ? Simulacrum hoc Trojatùs
Toû vt/v ÔTrâ.çiX-^i'Tiç (46). Scripsil autem Abaris vendidit stultis hominibus ,
ABA RIS. i3
ACstpiv ; et , au lieu de yJst:i<r«tc, il f;iil re les oracles d'Abaris. C'est avoir co-
lire A^'âcitToç ] ce c|ui fait un sens beau- pié sans
jugement et sans considérer ,
coup plus intellif;ible.'OTe <r« ;tst(' Afst- que depuis le temps qu'on pouvait
piV ^CLTI TOV 'TcTêfCÔfêlOV ê/SôvTat -3-«Û)pOV parler ainsi ces oracles ont été per-
iiç T>iv 'Exxcttf* 'A^rÔKÀœvi -S-JiTsI/s-sti , x*/ dus. Nous ferons ailleurs (60) une ré-
Ot/Tû) C-t/"),'),fi4*' '^''''5 /tfi""/"'^"? ''^^^
^"'•' flexion générale sur les bévues qui
Le sens est,
Trf'^Txy'^fi-j'j/y.i-y^uç'ACifiSo;. naissent de ce principe.
qu'Abaris étant allé dans la Grèce
, , ( G ) Prédire les Lreniblemens de
jiour consultei" Apollon ou pour lui , terre , etc. ] Porphyre attribue cette
faire des offrandes, s'arrêta à son ser- vertu à Pytbagore comme aussi celle ,
lice, et écrivit les oracles qui por aien t I de chasser la peste, et d'arrêter la
encore le nom d'Abaris. i\I. de Valois grêle , de calmer les orages et de ,
corrige (54) de son côté un endroit de faire cesser les tempêtes sur la mer et
Proclus '55), où Pytbagore est cité sur les fleuves , pour procurer à ses
êv Tç? TTflç 'aSciçov K^yoù -^
il croit qu'il amis un heureux trajet (61). U ajoute
faut lire ACstciv. Ainsi
'
il v aurait eu qu'Empédocle Epiraénide et Abaris ,
raldi, comme à une source de docte fi\t linstrument avec lequel il exploi-
instruction touchant Abaris car :
, tait tantde merveilles soit qu'elle n'y ,
quelque savant que soit le Giraldi il , contribuât pas il est -siNr que les ,
n'a pas été fort exact sur cet article voyages de cet bommc-là pouvaient
(Sg). 11 dit que Valérius llarpocration être d'une grande utilité au genre
a parlé des merveilles de la flèche ^ humain. Voyez la remarque suivante.
et qu'au rapport d'Uérodote , elle fit (H) Qu'on attribue a in baguette de
voler Abaris jusque sur les terres des Jacques Aymar {QS).'\ Jamais chose
Hyperboréens. Mais il est sûr qu'Har- ne fit plus de bruit et ne donna occa-
pocration ne parle point de la flèche , sion à tant de livres. Je viens d'ap-
el qu'Hérodote ne parle point du vol prendre que ceux qui s'en promet-
d'Abaris, ni ne désigne aucun lieu par- taient tant d'avantages et tant de
ticulier où cet homme fftt allé. Cliar- victoires sur lesmécrcans se trouvent ,
lesEtienne et Moréri ont commis cette bien loin de leur compte. La seule
dernière faute Legatus ^4thenas t'e-
: histoire de tout ceci mériterait un
niens nd suos Hypeihoreos reJiit ni- article et peut-être en toucherons-
5
hil coinedens , dit Charles Etienne ; nous quelque chose sous le mot de
retournant de Grèce en Scythie U fit , Rabdonianiie * ou en quelque autre ,
ce long l'oyage sans manger dit Mo- , occasion. Mais quoi qu'il en soit je , ,
t4 ABARIS.
ne me dédirai pas de ce que j'avance articlede ce Dictionnaire. M. le prin-
concernant Tutilite de cette baguette. ce de Condé, dont les lumières ne
Entre les mains d'un aussi grand voya- peuvent être que fatales aux impos-
geur qu'Abaris elle eût porte' la re-
, teurs et aux crédules vu l'éducation
,
formation des mœurs par tout le mon- d'où il les a prises a renversé tous
,
ni qu'on révoque en doute les vertus » et la lettre d'un des premiers ma-
de la baguette, ni qu'on les explique » gistrats du Châtelet sont de si for-
mécaniquement. » tes preuves contre Jacques Aymar,
(I) Le règne de cette baguette a été » qu'aucun de ceux qui ajoutent foi
fort court. ] A peine a-t-il duré dans 3) aux effets prétendus de la baguette
Paris autant de temps qu'il en a fallu 3> n'a osé les contredire. Mais ce qui
pour composer et pour imprimer un 3) fait voir le ridicule des esprits cré-
El gravior caulis ctatodia vana mantis. cure Politique du mois de mai ib^i.
Âusonii idyll. XY. (69) Mercure Historique du mois de mai lôgSj
(67) Horatii Od. V. ,
M. IK pag.' 565.
ABARIS. i5
» dnles ,cVst qu'il n^y en a presque te il reconnut que c'était le
, père de
» aucun (jui se soit rendu. M.Valle- l'enfant exposé. Le juge du lieu, ou
» mont qui vient de publier un de son propre mouvement
,
ou a la ,
» traite de ta pliyiic/ue occulte de la solUcittition des personnes
intéressées,
5) bai^uelle di^'inatoire prétend ex- pria Jacques y/jniar et ceux qui
,
le
» pliquer comment le paysan deDau- faisaient agir de ne plus faire de
,
« phiué a pu se tromper dans les recherche , et qu'il
fernit reprendre
» épreuves que lui a fait faire M. le l'enfant ; ce qui a ttr
exécuté. Je fais
)) prince, quoiqu'il ait véritablement trois observations sur ce récit.
La
» la vertu et les talens dont il se van- première, quil n'est pas
certain que
J) te. Ces sortes de philosophes de ce ne soit pas une fable car combien
,
;
» même que les explicateurs de pro-
y a-t-il de gens qui se divertissent
» phéties car ce sont des gens assez à forger des contes
,
qu'ils font insé- ,
» d'une même trempe sont des ma- rer dans les nouvelles publiques
,
ils î
» lent jamais avoir tort et qui ,en- nommer; ils choisissent une scène un
,
» core que convaincus de la fausseté peu éloignée; et, après tout ils
sa- ,
;> des choses qu'ils ont avancées, trai- vent que peu de gens feront des in-
» tent d'esprits forts les gens de bon formations. Ma seconde
observation
» sens qui ne donnent pas dans leurs est que quand même tout ce
qu'on,
M chimères. » rapporte dans le Mercure Historique
Depuis l'impression de ce que je serait véritable, on ne pourrait pas
viens de dire, trois ou quatre années faire taire les incrédules. Jacques
s'écoulèrent sans que j'entendisse par- Aymar , diraient-ils , savait la route
ier de Jacques Aymar. Nos nouvellis- qu'il fallait j)rendre : un faux-frère ,
tes l'avaient perdu de vue et l'avaient , parmi ceux qui connaissaient l'intri-
abandonné dans sa retraite mais en- : gue de r accouchement fut ravi de ,
iin ils le remirent sur leur théâtre , donner l'alarme , et d'ouvrir un beau
au mois d'avril 1G97 j *^' *^^1* poiu" champ de causerie. En tout cas, il se-
lui faire jouer un rùle bien divertis- rait un homme à excepter de la règle,
sant, et qui d'ailleurs pourrait être I\ul prophète en sou pays : la honte
d'une merveilleuse utilité, si le conte qu'il essuya dans la capitale du royau-
qu'ils rapportent était véritable. Il y me ; cette suite , dis-je , de mauvais
a quelque temps disent-ils (70) que
, ,
succès dont M. Buissière (71) a pu-
le prieur des chartreux de f^iLleneuve- blié une relation exacte ne l'eût ,
lès-Ai^ignon passa par Orani^e a^/ec pas décrédité dans sa province. Je re-
Jacques Aymar, par le moyen duquel marque en troisième lieu que cette
, ,
i6 ABARIS.
sage-femme les yeux bandes et par , la baguette ; qu'il y joindra la rela-
une route détournée; faire porter tion de la recherche (^4) que fit Jac-
l'enfant au milieu des rues, pendant ques Aymar des meurtriers ((ui avaient
les ténèbres de la nuit; cela, et le assassine un archer du guet dans la
reste des précautions, serait inutile , rue Saint-Denis; et qu'afin que les
en cas que la baguette eût la vertu partisans de la baguette soient enliè-
dont on parle. Elle marquerait le che- rement de'sabuse's, i! y joindra encore
min jusqu'à la chambre de l'accou- la confession faite à i\l. le prince de
cheraent, mieux qu'un chien ne suit Condé par Jacques Aymar, qu'il ne
la piste d'un lièvre jusqu'au gîte. Elle sauait rien de tout ce qu'on lui m'ait
mettrait fin à tant de parjures (72) qui attribué , et que ce qu'il ai>ait failjus-
se commettent par ceux qui ne veu- qu'ici n'avait été que pour gagner sa
lent pas se charger de la nourriture ide. Cet aveu sincère lui attira un pre-
d'un bâtard comme , la mère les y sent de trente louis d'or, c/uc S. A. S.
voudrait obliger en , se pre'sentant luijit donner afin qu'il se retirât le
,
pour cela sans aucune honte devant plus promptement qu'il pourrait dans
les juges. son t'illage, parce que n'étant pfus ,
Comme rien n'est aussi capable de sous sa protection, les personnes qu'il
détromper les crédules que de faire avait accusées h faux l'eussent fait
voir que Jacques Aymar est tombé arrêter. M- Robert m'a dit , c'est M.
d'accord lui-même de sa fourberie , Buissière qui parle que si on l'avait
,
,
je veux mettre ici ce fait -là dans la mis entre ses mains pour en faire ,
"dernière évidence. J'ai là-dessus une justice, il l'aurait fait condamner aux
preuve plus positive que le témoigna- galères la preuve étant sans réplique.,
Châtelet de Paris. La lettre (73) qu'il garçon de quatorze ans qu'on avait ,
5> reuse
;
que même il avait été con- on le tint enfermé quelques jours , sans
V vaincu de supposition , et l'avait aucune communication au gentilhom-
i> avoué mais je ne le sais que par le me ; un peu d'argent, quelques pro-
:
V bruit commun, n'ayant pas cru de- messes de l'établir, et quelques mena-
is voir prendre aucun soin d'une pa- ces , firent qu'il avoua tout. Cette
1) reille fadaise , qui marque combien lettre de M. Buissière est datée de
3) les hommes sont faciles à donner Paris, le aS de juillet 1698. Joignons
3) croyance aux choses nouvelles , et à cela l'extrait d'une lettre de M. Leib-
3) qui leur paraissent si extraordinai- nilz, que l'auteur voulut bien que l'on
3) res. « Voici plus de précision, publiât dans le journal de M. Tenzé-
M. Buissière m'a fait l'honneur de jius l'an 1694, avec celle (^5) de ,
m'écrire que MM. Dodard et San- M. Robert. Il assure qu'il a ouï dire
veur , membres de l'académie des à madame la duchesse d'Hanovre
sciences , l'ont sollicité à donner une belle-sœur de le prince de Condé , M
seconde édition de sa lettre , et à s'y qu'elle avait reconnu dans son hôtel,
nommer ; qu'il la fera donc réimpri- à Paris les impostures de Jacques ,
mer et qu'il y mettra son nom puis- Aymar, etqu'elle opina conformément
,
(72) Le conle porte que Jacques Aymar re- (74) M. Robert en a parlé dans sa
lettre.
connut qu'un cavalier qui passait était le père (75) M. Pasch à tapage 778 de l'ouvrage^
,
Jactjues Aymar
avait enfin avoué la un maltieureux magicien, Tauteurde
fraude , et qu'il en avait demandé par- la découverte, et qu'ils lui eussent
don, et qu'il avait dit pour ses excu- présenté le bourreau avec tous les
ses , que sa liardi sse avait moins instrumens de la question ils lui eus- .
contribué à la conduite qu'il avait te- sent fait avouer comment il avait ap-
nue que la créilnlilé d'autrui. (-6) pris tout le secret de l'assassinat , et
Is ( princeps Condseus ) ^vriiarum qu'il trouserait à Beaucaire en tel ,
Lugduno accersh'erat inda^inis cau- et tel lifu, i'un des assassiis. Il est
sa excussum multis nindii honiuncirt-
: très-apparent que des persoi r.es qui
nem et depreliensuni tandem ad con- voulaient le mettre en réputation ,
fesiionem fraudis adegit ; quant sihi afin de partager avec lui le profit de
ignosci petiit supplex et grai'iara me- ,
la baguette lui firent jouer ce lole.
,
fesspur en philosophie à Kiel de Inventis no- . (78) Leltres .sur les véritables EffeU, de la Ba-
Tantiquis , pag. 779, e'dit. 1700. guette , pages i3 et i^.
(77) 'i-.e.'ihnWivi apud TeDzelii Colloq. menstr. (79) M. Bui-sière , dans ta lettre qu'il me
anni 1694 ,
page 779. Jfi l honneur de ni'e'crire te i5 de juillet 1698,
TOME 1.
i8 ABBEVILLE.
» sail-il , d
ne pourrait réussir a^ec latuas qui n'ont pas besoin d'ëmissai-
» In bap^nelte. 11 ne voulait poiatailer res; laciétiulite'du public leur prépare
» pendant le jour dans les rues, cruln- suffisamment les voies de Timposture.
)> t<s disait-il d'être assommé par les
, , II n'y a pas long-lemps qu'il a couru
M uoleurs et les filous. Mais tout cela par les villes de Hollande je ne sais
3) n'était qu'afin que la nuit lui servît quels Allemands qui se vantaient de
M de voile pour mieux cachfr toutes guérir toutes soites de malades sans
>>
ses ruses. Quelque ridicules que fus- leur donner aucun remède. Ilnejaut,
» sent toutes ses manières, elles ne disaient-ils, (yue /io«5 ertp'oyer f/e /ei/r
)) laissaient pas de trouver des appro- urine. On ne parlait que de leurs suc-
» bateurs , et par conséquent des ces chacun en contait des circon- :
» riosité , voulait lui faire faire les ligence pour partager le profit. Les
» éiireuves qu'il avait méditées, avant uns se plaisaient recommander la ;":
» que le publie, l'eût mis en pratique, chose , parce qu'elle tenait du prodi-
» il aurait été accablé par la multitu- ge les autres y pouvaient trouver ;
» de qui courait en foule pour l'aller quelque agrément , à cause que l'inu-
» consulter. L'un lui demandait si tilité des remèdes ordinaires les met-
» on ne pourrait pas découi'rir tes l'o- tait de mauvaise humeur à l'égard des
» leurs qui avaient fait un tel \^ol , médecins. L'illusion ne fut point lon-
» en un tel temps en tel lieu , etc. gue un mois ou deux en tirent rai-
, :
» vraies d'un tel saint. J'ai vu un n'avait pas pu opposer aux esprits cré-
3) jeune acrordé ouvrier en soie, dules ce qui se passa chez î\l. le prince
,
M pour savoir si sou accoi'dée avait au bâton avec ces gens-!à. .Mais il est
» son pucelage. Ceux qui avaient part à craindre que l'on n'oublie bientôt
» au gâteau avaient soin défaite venir la déroute de Jacques A^mar, et que
3) l'eau au moulin, et de faire jiayer l'on ne soit trop disposé à recevoir la
3) la consulte par avance, si on en même scène , si de semblables motifs
3> voulait avoir une bonne issue. » la font revenir dans sept ou huit ans.
Un tel homme aurait été dans Paris Nisi princeps Condceus cognos< endre
im fonds assuré de gain et une mine rei tantiim studii imo et nuruptiis im-
inépuisable pour ceux qui auraient pendisset , laborarevius adhuc et con-'
eu part au profit. Les personnes soup- Jlictareniur ciim quibusdnm int^eniis ,
connantes et les personnes soupçon- quibus gralius est per miraj'alli, quant
nées l'auraient payé à qui mieux t'udœ ueritalis sirnplicilaii acquiescere
mieux^ il eût tiré de l'argent et des (SiJ- ,
pas tourné ou aurait tourné, selon f'fmand et en français ,puur muntrer la vani-
Ti At J y^ ^ l^ elle ridicule de cette pratique, /'^orps l'His-
qu il eût ,
plus reçu des uns que des au- ^„.^^ ^^^ Ouvrage» des SaVa„s, m«.- iGy7
I
p. 408 ,
cause que le roi son beau-père lui plus florissantes de toute la Gaule,
avait commis la protection de l'é- long-temps avant Jésus-Christ,
glise de Saint-Riquier. Son fils Nous dirons en son lieu les suites
Angelram se contenta de ce titre de la querelle que le père Labbe ,
jusqu'à ce qu'il eut tué eu bataille 'lui fit là-dessus (D^. Abbevilleade
le comte de Boulogne, et qu'il beaux privilèges; et comme elle ,
demeuré à ses descendans {d). jours fidèle. Qui voudra voir am-
Abbeville est devenue très-consi- plement tout ce qui concerne cet-
dérable dans la suite des temps, te ville, les privilèges de ses ma-
Elle est si grande qu à peine se jeurs les hommes illustres qui y
,
,
trouvera-t-il dans toute la France sont nés ou qui y sont morts etc. ,
dix ou douze villes qui la sur- (/), doit consulter V Histoire gé-
passent ou qui seulement Véga- néalogique des Comtes de Pon-
,
ABBEVILLE.
François Clousier, l'an iGS^, in- de Marseille estans^efant Scipion, in •
terrngés par lui de ce qu'ils scavoicnt
folio. L'auteur n'a marqué son de Dntannia Narbo et Corhilo pas
,
nom que par ces lettres, F. I. D. un d'entre eux n'en scut rien dire de mé-
,
J. M. CD.; mais on sait qu'elles rite, encore que ce J'uss'/it les meil-
signifient frère Ignace de Jésus leures villes de toute la Gaule. 11 sup-
pose que ce fut l'an 532 de Rome
Maria carme déchaussé. T^ojez
,
que les députés de Marseille firent
l'article Sanson (Jacques). voir cette ignorance. Sa raison est que
celui qui leur faisait ces questions
(A) A élé de tout
temps la capitale était le même Scipion qui
perdit la
du Ponihieu. ] Le père Labbe le réfute première bataille qu'Annibal gagna
ainsi sur ce point f^oiis n'ai'iez pas
:
sur les Romains. Il suppose que ce Sci-
lu, M. Sanson, hs titres et mémoires pion voulant savoir des nouvelles
de ,
ABBEVÏLLE. 21
s'appelaient pas B)itanni sans que les paroles de rancieti géographe à ,
Ponihieu; elle était donc, sou" le nom pinneni conuenerunt nullum quicquam
de Britannia, la plus florissante ville habuisse dlgnuni memomtu quod di
des Gaules dès avant la seconde
,
ceret interro^atus de Bnlannid ileni- ,
le fondement de tout est uu passage Mais si l'on est attentif, on voit que
,
mal entendu. Voici le fait. Strabon BfiTTaLViK» se prend là pour 1 île Bri-
rapporte (12) que Polybe a mis entre tnnnia ; c'est ain-;; que Strabon a
les contes fabuleux de Py théas qu'au- ,
coutume de s'exprimer sans l'addition
cun des habitans de Marseille qui du mot v>l3-oç, insula (i4)-
avaient eu commerce avec Scipion (D) La querelle que le père Labbe
n'etit pu lui rien dire de considérable lui Jit la-dessus. ] 11 Gt sa déclaration
lorsqu'il les que.stionna sur la Breta- de guerre et son premier acte d hos-
gne non plus qu'aucun liabitant de
;
tilitépar ces paroles Britanniain^b- :
qu'il apprenait à ses lecteurs mille qui vint après celle-là. Ayant enfin lu
choses qui axaient été ignorées jus- ce livre il en réfuta les fondemens , ,
qu'à ce teraps-là. 11 ne faut donc pas en l'année 1646, dans ses Tableaux
douter qu'il n'avançât hardiment ({ue méthodiques de la Géographie royale;
sa relation de la Bretagne donnait les et n'oublia point de remarc[uer que ,
premières connaissances que l'on eût selon le sens que le sieur Sanson don-
eues de cette île et que, pour le prou- nait au texte de Strabon , il faudrait
;
Loire , quoique ce fussent les plus seille était bâtie, et quoique Narbonne
florissantes ^illesde la Gaule. Chacun fût une ville très-florissante, Sanson
voit combien Sanson a pris de travers n'avait pas manqué de sentir la difli-
(13) Strabo , lib. IK, j>n^e 190, (i4) Voyet , entre autres endroits , liyre /,
(iH) Idem , ili.l. page ',1-
ABBOT.
culte ; et il la para le moins mal qu'il de bien prêcher, contribuèrent
lui fut possible (i5). Mais à qui per-
suaderait-on <{u'a cause que les Mar-
moins à ces grands sauts de sa
seillais avaient souvent guerre avec fortune que la faveur du comte
leurs voisins , ils n'avaient pas eu le deDunbar dont il avait été cha- ,
temp3 desavoir ce que c'était que Kar- pelain. Sa conduite ne plut pas à
bonne r Le passage de Justin (16) que 1 .1 j r\ . •
plusieurs livres (A) était fils d'un dernière a été cause qu'un auteur
,
rey l'an 552. Il fit ses études à jet de conformité n'eût pas souf-
, 1
Deux ans après , on lui donna le te qu'on n'eût fait cesser le schis-
doyenné de Winchester, qu'il gar- me dans l'Angleterre (<). Abbot
da jusqu'en l'an i6og. Il succéda devint désagréable au roi Jacques
à Thomas Morton au doyenné de pour avoir été contraire au des-
Glocester. Jusque-là son éleva- sein que ce prince avait formé de
,
(fl) Il y en a qui disent K\,ha\.. (c) Ex FuUeri libro, cui tilulus, VVoi-
(Zi) J?a- Atlicnis Oxoni'.'nsilitis, l'o/. /. tliies of England.
,
ABBOT. 23
tué parmëgarde leconcierge du prélats, et entre autres parGuil-
parc de Bramzel ,
qui appartenait laume Laud qui depuis fut son ,
torbéri était déchu ipso fado de voit son tombeau avec divers or-
sa dignité par le meurtre qu'il
,
neraens , et avec diverses iriscrip-
avait commis.
Il allégua les lois tions, dans l'église de Guildford.
d'Angleterre, et la sévérité de II fonda un hôpital bien rente dans
sonnes qui lui étaient odieuses tion, qui n'a pas été la dernière, est de
l'an 1607. Ces trois derniers ouvrages
fussent trop souvent à la table de sont en anglais^ comme aussi le traité
l'archevêque , 1 unedes meilleures j^ de la l'raie
/« f^isihilité perptUielle
dece temps— là. Le prétexte dont église, imprime à Londres en 1624,
on se servit fut que ce prélat re- auquel il n'a point mis son nom.
«""•'^ Georges Abbot .] C'est à
fusa son approbation à un sermon ^^)
^l"
, - ^1 c-i il 1' 1 '• cfuoi na pas pris earde le sieur Hen-
du docteur Sibthorp sur 1 obéis- ^-^^^^ ^y-jf^ ^^^^ ,^^ Dianum bio-
sance apostolique, encore que le grnphicum, où il donne à l'archevé-
roi lui eût commandé de l'approu- que de Cantorberi les ouvrages de cet
Georges ]es Paraphrases su,
ver. AlorsonlesuS|>enditdetou- %^Y^ :
tes les
rT 11 •• J^" et sur tes 1 saurnes et les yindi.-
•
et on les fit exercer par quelques Traité contre les Ei^êques et un autre ,
ABBOT.
ABBOT (Robert) frère aîné 161 5, il mourut de la pierre le
du précédent naquit comme lui
, 2 de mars 1618 (b). Il n'y avait
à Guildford (a) , et fibcorame lui pas encore deux ans qu'il avait
ses études à Oxford, dans le col- convolé en secondes noces ce qui ;
glise de Tous les Saints au même voix que par écrit réussissaiit à ;
lieu et peu après à celle de mi- tout à prêcher à faire des livres
;
, ,
un livre latin qui ne fut pas re, et que cellede Robert avait l'air
moins agréable que ses leçons riant (e). Celui-ci passe pour un
:
ABDAS. 25
tination. Je donne de ses les titres tiens. Ils jouissaient
dans la Perse
ouvrages (A). 11 y a eu depuis lui d'une pleine liberté de conscien-
im Robert Abbot, natif de Cam- ce, lorsque cet ëvéque s'émancipa
bridge qui a publié divers livres
,
de renverser un des temples oii
en anglais. 11 a été ministre à Lon- l'on adoraitle feu. Les mages s'en
dres après l'avoir été au pays de
,
plaignirent d'abord au roi (A),
Kent et ailleurs {f). Le Catalogue qui fit venir Abdas et après l'a- ; ,
"-i ^
tre te docteur tlisnop; et une lieplinue ^
V • 1
dres, en 161 1: ces quatre ouvrages premier martyr , si l'on peut ain-
sont en anglais, et j'en ai abrégé les si nommer un homme qui , par sa
titres^ ^ntichr^sti Demnn.tratio c-nn^
tra Pontificios , a Londres, en lood
(i) Excrcitationes de Gmfdct Per-
,
çf^^ témérité (C) , exposa l'Église à
^ ' , 1
t^"* "^ malheurs. Les chrétiens ,
seuerantid Sanctorum à Londres en qui avaient déjà oublié l'une des
ht ' •
, ,
bury iot). L'Énître aux Romains ne vrai que ceux-ci eurent le désavan-
foumit point de sujet de controverse tage mais était-on assuré qu'ils ;
^i„ue^ ,
26 ABD AS.
très parties de l'Eglise? Voilà ce Trigintajam elapsis annis permansit
nihilomirdis tempestas à ntagis , tan-
que le zèle indiscret d'un simple ,
fy) Ciim ex cJiiodecim labulis saiis esset j)as avouer que les princes auraient
ea prœstari qiiœ essent tingiiâ nunaipata été pris tous les premiers dans le piège
,
qnœ qui inficiatus esset diipli pœnam subi- qu'ils auraient tendu ? car, bien loin
rel, à jureconsuUis etùim rclicenlice pana est
que la religion les rende maîtres de
constituta. Qtndqiiid eniin esset in prœdia t'i-
leurs sujets, qu'au contraire elle les
tii, id statiierunt si i'endttorscirct
, nisi no- ,
minatim diclitm esset, prœstari opnrtere. Ci- soumet à leurs peuples, en ce sens
cero, de Offic. lib. III cap. XVI. Voyez qu'ils sont obligés d'être non pas de
, ,
,
aussi Grolius de Jure Belli lib. II. cap. la religion qui leur parait la meilleure
, ,
lib. V, cap. m.
en veulent avoir une qui soit diffé-
rente de celle-là leur couronne ne ,
(A) Au mi. ] C'était Isdegerdes si tient plus qu'à un fdet. Voyez com-,
garde que l'on n'innoviU rien sur ce aussi qu'après la mort d'Isdegerdes, ils
point-là. Tlieodoret les compare à des
inspirèrent à son fils un tel esprit de
tourbillons de vent qui soulèvent les persécution cpi'on vit exercer contre
,
flots de la mer. Tfiâ.KovTx S'ukumBôtuv les chrétiens une cruauté afl'reuse. Ils
iTCl'V Ç«tXM y.if/.îvDKlV Ôtto tÔùv [AcLycev
il ,
avaient tâché en vain d'inspirer le
x*9i,T5p ^TToTivecv KdLra.iyiS'cei fiTn'^oiw.ivvi.
XXXIX. XXXIX.
il) Socralis tlist. Eccl., hb. VU, cap. (^. Sorratls Hist. Eccl., lib. VII, cap.
xyni. VIII.
(3) Bai'onlus , ad ann. l^^o. (G) On ecril ceci en i6g3.
,
ABDAS. 27
même esprit A son père ;,car peu s'en au'on aurait volée à quelqu'un que ,
fallut qu'il n'embrassât l'Evangile. So- de dire que ce quelqu'un est un'hom-
cratele témoigne: il a tort de n'avoir me qui emploie son argent à la dé-
point avoue de bonne foi que l'incar- bauche ? Laissez-le faire vous n'avez :
tadc de l'évéqtie Abdas fournit aux pas à répondre à Dieu de l'abus qu'il
mages un prétexte très-plausible. Coo- fera de son argent^ laissez-lui son bien :
ferez ceci avec la remarque (B) de quel droit y avez-voiis ? Oulie cela
l'article JcNios(/^fa/içot4) j professeur quelle comparaison y avait-il entre la
à Leyde. construction d'un temple sans lequel
(C) Un homme qui, par sa témérité. '\
les Perses n'auraient pas laissé d'être
Tous les historiens ecclésiastiques aussi idolâtres qu'auparavant et la ,
l'évéque qui démolit un temple don- le prince mettait cela au choix de lé-
na lieu à la terrible persécution que véque. Enfm qu'y a-t-il de plus ca-
les chrétiens eurent à souffrir en Per- pable de rendre la religion chrétienne
se (7). 11ne nie point que le zèle de odieuse à tous les peuples du monde
cet évéque ne fût à contre-temps; que de voir qu'après que l'on s'est insi-
mais il soutient que le refus de rebâ- ïiué sur le pied de gens qui ne deman-
tir uu temple est digne d'admiration dent que la liberté de proposer leur
et de
la couronne; car, ajoute-t-il doctrine, on a la hardiesse de démolir
c'est une aussi grande impiété ce me ,
les temples de la religion du pays et ,
J'iità son prochain. Or est-il qu'Ab- suite très-malheureux s'ils ont moins
das simple particulier et sujet du roi
, '^'^ privilèges que les autres, et puis cn-
de Perse, avait ruiné le bien d'autrui, co/e très-malheureux s'ils ne sont pas
et un bien d'autant plus privilégié l^^ seuls qui dominent. Pendant un
qu'il appartenait à la religion domi- certain temps ils ressemblent à César
nante. il était donc indispensable- qui ne uouluit point de maître ; et puis
ment obligé d'obéir à l'ordre de son H^ ressemblent à Pompée qui ne i^ou-
souverain touchant la restitution ou l^^i point de compagnon.
le rétablissement du bien qu'il avait jVec quem>,uam jam ferre poteM Cœsarv.
ruine et c était une mauvaise excuse
, priorem,
que de dire que le temple qu'il aurait Pompe\usve parem (9).
XXX'; mai< U rsl sur qm- ce c/tapilre est em- (g) Lucanus lih. /, v. 120. yide eliain Flo-
,
priiiUr de The'odorel. Vot-lins, Di^piit. Tbeol. ruiu , lihr. IV, cap. II.
loin. III page iio , cite L^usèbe , qui n^ en a
,
^10) Dnvila , Isioria delle Guerre civili di
pti parler. Fiancia , Ub. IF, page i5S l'ipra l'uniio l566.
,
,,
28 ABDÉRAME.
bras séculier à l'établissement de l'or- belle femme. Dès qu'il eut calmé
thodoxie. C'étaient les principes d'Ab-
cette sédition , il s'appliqua avec
das ^ car que n'eût-il point fait à main
armée contre les idolâtres, sous un em- tant de soin à l'armement formi-
pereur chiétien, puisque, sous un prin- dable qui lui était nécessaire pour
ce païen qui tolérait l'Evangile , il dé- s'emparer de la France qu'il
molit un tf mple que les païens véné-
, y
raient très - particulièrement ? Con-
mena, l'annéed'après(ô),unedes
férez avec ceci ce que vous trouve- plus grandesarmées qu'on eût vues
rez dans la remarque (B) de l'article depuis long-temps. Elle se répan-
Braun (Georges). dit au long et au large et porta ,
avaient lieu d'être contens (A) de était ami de celui des Aquitaines
ce qu'ils avaient déjà subjugué résistèrent (C) ou s'ils se soumi-
;
,
te qu'il était fort propre à satis- delà (c) de la Dordogne (E). Il tra-
faire l'ambition excessive de son versa le Poitou il pilla l'église de ,
et que triomphes. Je sais que des Martin. Ce fut alors que Charles
auteurs chrétiens en parlent avan- Martel secondé du duc d'Aqui- ,
voir pénétré comme usqu'au nombre des villes qu'il pilla et ce-
il fit j
,
cœur de la France mais enfin lui des églises qu'il brûla en pas-
:
la) Il s'appelait Muuuza. Voyez son ar- [c\ C'est par rapport aiir- Pyre'ne'es.
ticle. d) C'est par rapport à Paris.
,,
ABDÉRAME.
mais enfin le septième jour qui ,
là une médisance qui n'épargnejamais
ceux qui font de f;randes actions.
fut un samedi du mois d'octobre
Quand on ne peut point nier qu'ils
de l'année 782 (F), la bataille se les aient faites on se retranche a dire
,
d'une vaste domination ne comprend d'un chef rebelle c'était une beauté:
ble à Arles ; qu'après cela il ait mis troupes d'Eudes. Cela le (iélivrait des
le siège devant Toulouse sans la pren- obstacles qu'il craignait de ce côté-là
dre , puis devant Bordeaux avec tout pour son grand dessein de se faire roi,
le succès qu'il aurait pu souhaiter, et et la gloire d'avoir délivré la France
qu'enfin il ait pillé et brûlé à Tours devait croître à proportion que ce ri-
l église Saint-iMartin. val y aurait eu une moindre part. 11
(D) Une sanglante bataille sur Eu- y a des écrivains espagnols qui disent
des. ] La perte des chrétiens fut telle, qu'Eudes fut battu entre la Garonne
sinous en croyons Isidore, évêque de et la Dordogne (12). M. de Mézerai
Badaioz (7) que Dieu seul sait le
, a eu de meilleurs mémoires quand il
nombre des Français qui y moururent. a écrit (i3) qu'Eudes n'avait osé at-
Selon Mézerai, le duc Eudes se battit tendre les Sarrasins au de/à des rii^iè-
perdit, tt qu'ayant toutes ses troupes, sous Van 727. L'année après, dit-il
il aurait pu tenir l'armée ennemie en ^uj j^t l'an sept cens vingt-huit ,
(11) La même.
,
nu.
ABDERAME. 3i
C'était autrefois la foule des écrivains cl»oisir, je conseillerais, à tout hasard»
qui prenaient ou Tan 726, ou 1 an de se fier plutôt au.x premières qu'aux
•j-jti;mais depuis quelque temps on se dernières.
ranime à Tan 782. C'est là que le père (H) Se retirèrent plus aisément qu'ils
Labbe, Mézerai, Cordemoi, etc. s'en , n m'aient lieu de l'espérer. ] Pour rec-
tiennent avec les Annales de Metz , tifier les idées qu'on se forme populai-
et les plus anciennes chroniques. rement de cette grande victoire, il est
(G) Le nombre de leurs morts ait été bon de considérer ce que les historiens
tel- ] On le fait monter communément le-; plus exacts en ont dit « Les Sarra- :
à 3-0 ou 3-5 mille , et celui des Fran- )) sins eurent beau lancer des traits
çais à quinze cents. C'est la supputa- » les écus des Français , passés les uns
tion d'Anastase le bibliothécaire (16) ; )) sur les autres, les eu garantirent ; et
c'est celle de Paul Diacre, et de plu- » quand les Sarrasins vinrent l'épée à
sieurs autres historiens; maison ne s'y )) la main , tout lein- effort ne pou\ ant ,
sins que quatre-vingt ou cent mille )) mêmes. Charles, qui savait prendre
hommes. Il faut bien se souvenir qu'ils )> ses avantages, ne manqua pas en cet
se battirent jusqu'à la uuit , sans lâ- >) l'tat de les faire charger il en fut tué :
cher le pied (17) , et que le lendemain » un prodigieux nombre par les F'ran-
on ne poursuivit pas quand on eut
les » çais ,
qui combattirent toujours fort
su qu'ils avaient marché foute la nuit. )) serrés. Abdérame même demeura
Or il serait presque impossible de faire » sur la place mais la nuit survenant
;
un si prodigieux carnage sur des gens )) mit fin au combat sans que Charles ,
qui tiennent bon; une tuerie de tant » connût tous ses avantages. Il ne
de milliers de soldats ne se fait qu'à » voulut pas qu'où suivît les restes de
la iioursuite des fuyards , lorsqu'on ne "l'armée des Sarrasins, pour éviter
donne nul quartier. Puis donc que )> les embûches qui sont toujours à
ce fut la nuit qui sépara les combat- » craindre quand les ennemis sont en
tans, il faut regarder comme un conte )) grand nombre. II fit même retirer
romanesque ce qu'on lit dans du Hail- » ses soldats eu ordre, et l'épée haute,
lau qu3 le roi Abdérame, et presque
,
» dans leur camp où ils passèrent la ,
tous les principaux des siens , Jurent » nuit; et dès le point du jour il les
trouvés entre les (grands monceaux des » remit en bataille à la vue du camp
morts, seulement esteints de la presse }) des ennemis. On y voyait tant do
qui recula sur eux. S'il y avait eu )> pavillons, que bien (jue le champ
,
Sarrasins selon les gazettes qui au- )> croire qu'ils avaient encore un grand
raient précédé la bataille , qu'en pre- » nombre de soldats sous leurs ten-
nant pour règle les relations du com- ); tes et pensait qu'ils allaient sortir
,
;
bat. Pendant la marche de ces barba- » mais enfin , après avoir long-temps
res les nouvellistes autorisés, ou mê-
, » attendu, on s'aperçut qu'ils avaient
me gagés du public , auraient repré- )i abandonné leur camp , et des es-
senté leur armé;j comme peu nombreu- » pions vinrent donner avis qu'ils
se, et ils l'auraient afl'aiblie de jour en j> avaient marché toute la nuit vers la
jour par les désertions et par les ma- » Septimanie. .Mais il regarda cette
ladies qu'ils y auraient fait régner. » fuite d'une armée qu il croyait en- ,
Après la victoire , ils se seraient ra- » core plus nombreuse (juc la sienne ,
32 ABDÉRAME.
avantage (19). Je veux croire qu'il qu'une suite de ce que ses prédéces-
«tait, comme
tant d'autres ('io) , plus seurs avaient si bien commencé ; il
habile à vaincre qu'à profiter de la voulut continuer leurs conquêtes au
victoire 5 mais qui sait s'il ne trouva delà (aa) des monts, et, afin de don-
pas à propos de laisser retirer tran- ner du relief à ses entreprises il ne ,
quillement les Sarrasins , afin qu'ils voulut point suivre une route déjà
fussent plus capables de ruiner le duc tracée. Il alla prendre le passage des
d'Aquitaine, qu'il regardait comme Pyrénées du côté de la Bi^caie c'était :
dernière qui fle'chit le genou devant il serait entré d'abord dans une pro-
ces usurpateurs. Au reste le mauvais , vince déjà conquise. Et pour ce qui
succès d'Abde'rame n'empêcha pas ses est de ce grand nombre d'annalistes
successeurs de revenir quelques années qui ont diffamé là-dessus le duc d'A-
après , et de faire bien du mal. quitaine il ne saurait balancer des
,
(I) Que l'on a faussement accusé raisons qui le justifient; car ce sont
d'avoir attiré celte irruption. Jamais '\
des gens dont les derniers ne font
accusation n'a été plus contraire aux presque que copier les premiers et ,
apparences que celle - ci. Première- ceux-ci avaient puisé dans une tradi-
ment Eudes (21) avait marie' sa fille
, tion qui devait son oi'igine aux arti-
avec le gouverneur de Cerdaigne, afin fice^; de la cabale de Charles Martel.
de l'engager à une guerre civile qui Cette cabale pour bien des raisons
,
empêchât les Sarrasins de passer les devait imputer au parti contraire une
monts; son beau-fils avait përi mal- intelligence avec les ennemis de la
heureusement dans cette entreprise ,
religion et de l'état. Voua ne verrez
et sa fille, tombe'e au pouvoir d'Ab- point qu'un Isidore de Badajoz, un Sé-
dèrarae avait été' envoyée au calife
,
bastien de Salamanque, un Roderic de
des Sarrasins. En second lieu on ne ,
Tolède et tels autres historiens espa-
,
voit point qu'Eudes ait fait aucune gnols, dégagés des impressions de cet-
démarche pour faciliter l'entrée de ces te cabale, accusent Eudes d'avoir at-
gens-là il ne leur donna
: point de tiré les Sarrasins. Or voyez ce que,
passage sur ses terres ; ce fut par le c'est que de naître heureux. Je crois
pays du duc des Gascons qu'ils entrè- que Charles Martel n'avait pas attiré
rent dans les Gaules, et qu'ils s'avan- néanmoins les soupçons
ces infidèles;
cèrent jusqu'à Bordeaux. De plus on eu devaient tomber sur lui plutôt que
ne voit point que les Sarrasins aient sur Eudes, puisque c'était Eudes qui
eu aucune sorte de ménagement pour devait être le premier accablé, et que
les terres du duc d'Aquitaine ils le Charles avait lieu de croire que pen-
; ,
qu'ils lui avaient ôté dans leurs pré- bonheur de les vaincre lui abrégerait
cédentes expéditions comme il se- beaucoup le chemin du trône. Voilà
,
rait arrivé sans doute s'il avait négo- de grandes prises pour les malins in-
cié avec eux pour l'entreprise d'Ab- terprètes de la conduite des grands et ;
dérame. Enfin quelle nécessité y néanmoins Charles n'a point été soup-
avait-il que quelqu'un sollicitât ce gé- çonné d'intelligence avec Abdérame.
néral à venir en France ? Les Sarra- (K) Contribua extrêmement au gain
sins n'y étaient- ils pas déjà entrés? de celle bataille. ] Il y a quelques his-
N'avaient - ils point déjà pris Nar- toriens qui ne disent pas qu'il com-
bonne, Carcassonne, et ne s'étaient- battit ce jour-là avec Martel; mais
ils point déjà étendus jusqu'au Rhô- d'autres le disent expressément. Voici
ne ? L'expédition d'Abdérame ne fut les paroles de Paul Diacre Deindè :
(19) Mézeral , Abrégé Chronologique, tom. I, parvuUs uenientes, (il parle des Sarra-
page 192.
sins) , Aquitaniam Galliœ provinciam
(20) Voye% la remarque (A) de l'article Ci-
SAR.
(21) Voyez son article. (22) C'est par ra)>porl à l'Espagne.
ABDÈRE. 33
quasi hahitaturi Caro-
ini^ressi siint. tant de bonheur, qu'aucun de ceux
qui
lus :.'ufni(h;iit ruin J'iudone, Atjultaniœ eu mangèrent ne fut ni tué ni bles>é.
principe, tiinc dlscordiatn habebat ; qui Pour entendre -.et usage de la tulle,
tamen in unum se conjungenlcs contra souvenez-vous de ces paroles de Mar-
eosdem Sarraccnos, paiicnnsilin dimi- tial :
Francorum fera parte mille et quin- Les modernes aient osé en débi-
(L)
Jiudn ter tant de choses particulièrt-s.']
genli ceciderunt
tanlii'u ibi , Je me
quoque cuni suis super e')S irruens, pa- servirai de la judicieuse réflexion
de
ri modo niuftos iittcrjîciens omnia de- l'historien qui m'a servi de
principal
uastafil (^3). Kcginon a parlé aussi guide dans cet article. L'on ne
peut
de la reconciliation de Charles et trop remarquer, dit-il(27), celte
journée
d'Eiules il a dit qu'elle fut faite avant et l'on ne peut assez blâmer les
: an-
la bataille et qu'après cela ils atta- ciens annalistes de n'avoir rapporté
,
«le cotte journée enlre ces deux chefs, quand on aime un peu lauérité, on
qu'il semble ne vouloir donner à Eu- a peine 'a excuser ce que des auteurs
des que l'avantage d'avoir forcci le modernes (u8,) dont le mcrite est grand
,
camp dej Sarrasins, et d'avoir abîmé d'ailleurs ont écrit de cette bataille.
,
les débris de leur arraée ; Eudo quô- Ils en parlent comme s^ils avaient été
f/iie reconciliatus castra Sarraceno- présens à tous les conseils et comme ,
ruin irrupil, et reliquias eoruni con- s'ils avaient vu tous les mouveniens
tri.'il. Rotleric , archevêque de Tolède, des deux armées; ils décrivent, non-
nous fournira une bonne preuve 5 car seulement les armes des Français et
ii dit (2.}) que les plus grandes foi'ces des Sarrasins mais la manière dont
,
taille. Marianus Scotus et Othon de tures différentes où. on trouva les corps
Frisingen parlent de cette lettre. Ana- de ceux qui demeurèrent sur le champ
stase le bibliothécaire en parle aussi de bataille sans oublier la plainte des ,
(aSj ; et ce cpi'il y a de bien singulier, mourans et les louanges que les chefs ,
c'est qu'il donne toute la gloire de l'ac- de l'armée de France, c'est a-dire, Char-
tion au duc d'Aquitaine, sans dire quoi les et Eudes, se donnèrent l'un à l'autre.
que ce soit de Charles .Martel jet, pour (26) Martial. Epig. CXLIf, lib. XI V.
{i') Cordemoi
ce qui est du nombre des morts Histoire de France p. 4o6.
,
,
,
TOME I.
34 ABDÈRE
piade , ceux de Clazomène dont les cata-
la re- et plusieurs autres
bâtirent , logues des hommes illustres fai-
et lui firent porter le
leur. Si l'on en croit Hérodote saient iBention (/?). Rien n'est plus
,
ils ne firent qu'en jeter les fon- étrange que la maladie qui régna
demens sous la conduite de Ti— pendant quelques mois dans Ab-
,
rendit nulle leur entreprise; et (i). C'était une fièvre chaude qui
ce sont les Téiens <pii à pro- se dissipait au septième jour par
,
ber entre les mains d'Harpagus, des malades qu'elle les conver- ,
Timésius n'avait fait que com- qu'on voyait dans toutes les rues
mencer {d). Il en courut un pro- je ne sais combien de ces acteurs
verbe (e) qu'Erasme n'a pas trop pâles et maigres qui faisaient des
bien entendu (C). Je ne parle pas exclamations tragiques. Cela dura
de l'opinion qui attribue à Hercu- jusqu'à l'hiver suivant qui fut ,
cédoine, que les habitans furent a été écrite sur ce sujet (/) où ,
tibeaucoup de grands hommes de (h) Tlhûç-oi iS"' 'Ad'tipÎTa.i Ctto tÔiv ttiv*-
iioyf.a.<^aiv stva.'jpot.^'OVTsti. Pluriini aiitem
leur ville un Protagoras un Dé-
: ,
Jbderitœ de quibus doclorum vi-
exslite're ,
(c/)Herodut., lih. /, cap. CLXrilI. (À) Laurent ius Begerus. Son livre a été im-
(e~i Strabo, lih XIV. paf>. 443. primé à Berlin, in-^., l'an 1691.
r/)Pliniiis, lib. XXV, cap. mi. (/) Par M. Ézéchiel Spanheiin Elle est im- .
(A) La sœttr de Diomède fait bdlie.'] grinez trop ,je sais bien où je me reti-
Il n'y a point d'horanie qui puisse rerai. Hoc œnigmate proi^erbiali signi-
ajouter foi à M. Moréri sans être per- ficamus, non déesse quo conj'ugiamus.
suadé qu'Abdère, bitie parles Téien.s, si quis prœler niodum pergat esse mo'
a porté le nom de Diomède , qui en lestus [5). Le Portugais Pinedo con- ,
était roi , et que c'est Hérodote qui traint d'abandonner sa patrie , alin
nous l'apprend. Or , ce n'est qu'un tas de se garantir des avanies de l'inqui-
de mensonges car, en premier lieu , sition adopte ce proverbe en ce sens-
: ,
ce qui regarde Diomède est un fait du là j mais il ajoute qu'il n'en prend pas
temps poétique mais l'abandon de toujours bien de faire ces sortes de re-
;
Téos par ses habitans , et leur retraite traites, et qu'il en parle par expé-
dans la Thrace, où ils bâtirent Ab- rience. Çao(proverbio) signijicabaliir
dère, est un fait du temps historique 7ion deesse quo conj'ugiamus , si nobis
et qui se rapporte à la Sg". olyrapia contumelice inferantur , ntjecére Teii :
de. C'est donc une étrange bévue que sed hoc non semper féliciter snlet ei^e
de joindre ces deux choses de telle nire et dodus et expertus loquor(6). :
fable après celui de la vérité. Si vous plaindre que de dire , comme il fait
voulez suivre Hérodote touchant la dans la même page que les Téiens ,
qui, en cas qu'il ait jamais été, était SCS plaintes seraient les plus mal fon-
mort depuis plusieurs siècles ; ou , si dées du monde. Mais revenons à Eras-
TOUS voulez parler de cet ancien roi me. «Ce que j'ai à lui critiquer n'est
de Thrace avertissez-nous que vous
,
(i) Salmasii Exercital. Plinianae, page 160.
rapportez une opinion différente de
(îj Abderce virginis nufa,; doricè pro
celle qui concerne les Téiens. En se-
; ,
xôciiç.
cond lieu Hérodote, quand il parle
,
a fait allusion à cela dans ses epîtres à junctant, anteponil amplis opihus, sed
Atticus. 11 en cite deux endroits (7), ohnnxiis serwituli. C'i'jus ienteiiliœ
dans lesquels il est visible que Ciceron non rejragor; nani damnai us est Ab-
ne parle d'Abdèrc que pour la repré- derilarutn aër et item pnscua. Voyez ,
senter comme un lieu où les afl'aires se Isaac Vossius sur Pomponius Méia (8).
traitaient sottement et sans rime ni
, (D) Qui attribue à Hercule la fon-
raison. Mais si Erasme qui s'est servi dation de cette iHlle.'] M. de Saiiinai-
,
d'un peut-être ne laisse pas de méri- se fg) n'a prouvé (|ue par le témoi-
, ,
quoi l'on rapporte ci.tte allusion ? Ce dore (10) qu'Hercule, ayant enlevé les
n'est pas au fait qu'Érasme a conjec- cavales de Diomède fut averti que les ,
turé; la faute serait plus légère c'est Bistons avaient pris les armes que
; ;
à un certain éclat qxiil est siir que là-dessus il donna ces caiales à gar-
ceux de Clazomène chassés de L'Aiie, der à un jeune homme qu'il aimait
, ,
rendit si célèbre et qui donna l'occa- Bistons; qu'il en tua une partie; qu'il
,
sion à ce prouerhe des Grecs Aiîdère mit les autres en fuite qu'il tua aussi
,
;
LA BELLE. Je le répète encore, il est vi- Diomède mais qu'à son retour il ;
sible que Ciceron ne parle d'Abdère trouva que les cavales avaient mis
que pour en tourner en ridicule le Abdère en pièces qu'il bâtit une ville ;
à la beauté de cette ville. Mais de lement que la ville d'Abdère fut ainsi
,
plus il n'est pas vrai que les Clazo- nommée à cause d'Abdère, mîgnon
,
du grand éclat qui fit naître le pro- fut Hercule qui la bâtit ou si ce fut ,
verbe. J'avoue que, Selon Solin, ils le jeune mignon. Ce dernier .senti-
rebâtirent Abdère que le temps avait ment est rapporté par Marcien d'Hé-
fait tomber en ruine, et qu'ils la fi- raclée (12). Le septième livre de Stia-
rent plus grande qu'elle n'était mais bon si on l'avait tout entier, décide-
; ,
peu glorieuse à cette ville. Exislimat Saumaisc pour ApoUodore. On pom-ail citer
(7) Epis». Xyi,libr. IV, el Epist. VU, lib. Philoslrate.
vales; qu'Hercule . allant délivrer son cés par Cassander sur les frontières du
favori, l'ait trouvé à demi mange; pays avant qu'il tuât les fils d'Alexan-
et que , pour punii- Dioméde, il l'ait dre or , selon Calvisius {20) il ache-
:
,
fait servir de nourriture à ses cava- va de s'en défaire l'an du mofide 364i;
les (i6;. Pliilostrate ne veut point, ainsi la chronologie de notre homme
roinnie ApoUodore ,
qu'Hercule ait est aussi fausse que la bonté de Cas-
fait b.ltir une ville au|)rès du sépul- sander est contraire au seul historien
cre de son atni. Mais d'ailleurs Apol- qu'il a pu suivre.
lod'ire ne dit point, comme Philostra- (F) Qu'ils y retournèrent bientôt,
te, ((u'Hercule ait ordonné des jeux ou etcl Ce q^ue Lucien rapporte de la
d.s exercices en l'honneur d'Abdère. maladie des Abdérites arriva sous le
Je crois qu'il n'y a qu'un seul auteur règne de Lysimachus et, par consé- ,
(17J qui ait dit que Patrocle fut frère quent est postérieur à l'aventure des
,
traité avec eux , et les plaça sur les due aux Abdérites (22).
frontières. Ou s'est un peu moqué de (G) Les Abdérites ont été fort dé-
cette peur de Cassander (19) lui qui criés du côté deiespritet dujugernent.^
;
(i4 Vigéoère, Annotât, sur le Sépulcre d'Ab- ajoute, <7ua? quideni ontnia siint pa-
dère, dePbilostrate.
trid Democnti quant Democrito di-
(i5) Pliilostr. iu Iconib.
gniora. Juvénal, ne pouvant nier que
(16) Vigénère dil Jaussement que Tatien ,
fians Ton Disconrs contre les Gentjb, ditqu Her- Démocrite n'eiU beaucoup d'esprit et
cule trouva Abdère a demi mange.
(i-) Ptolem. Hepbxât. o/7ud Photium ,
page (20) Moréri suit ordinairemenl la chronologie
484.' de Catvisius.
(18) Spanhemii Epistola at Laur. Beger. (21) Jnstin. , lib. cap. II.XK
(19) Vorez Gl.ireanu* , dam le Jusliu Vacio- (221 Livlus, lib. XLIII, c. 4 ext.
rum de M. Grarviiis ,
page 333. (23) Cicejro de Natur. Deor.,/t6. /, e. 4*-
-•-
(^ rs >^f' *-»
38 ABDÈHE.
(le sagesse, pre'tend que
une preu-
c'est diens dans les rues. Une folie comme
ve que les grands hommes peuvent celle-là
, dit-il ne tombe point sur
,
naient passionnés pour les vers et pour ripide devant les Abdéritains, au mi-
la musique, et ils faisaient les comé- lieu d'un été fort chaud; plusieurs sor-
(24) Juvenal. SatJr. X, vers. 49- (3i) Celle qui est au I". livre de Naturâ Deo-
rura.
(25) Martial. Epigr. XXV, lib. X.
(261 Visénère , Annot. sur le Sépulcre d'Ab-
(32) Adagior. chil. IV, centur. VI num. 27. ,
dère de PViiloslrate.
,
(33) Cicero, de Naturd Deorum, Abilerilanos
sliipori mentis obnoxios scribtt, I.aur. Begcru.s
(27) Maniai. Epigr. XXV, lib. X. OIj.-cvv. in ^'umism. quaed. pni:. iC. Vorei aussi
,
(28) Isaac. Vossius in Pompon. Mclam. p. i35. Lloyd et Hoffmann, au mot Abdera.
(29) Mipporr. lib. III., àv Morb. vulgar. {i^).Wobililate viget viresque acquiriteundo.
,
(3oJ Is. Vossius , in Poicp. Melam, p. i35. Virgil.,.«:n. ,W. IV, vers 175.
ABDÈRE. 39
talent du théâtre avec la fièvre , et ,
roics aicxerunt poelœ frequens cntm
) ;
comme ils avaient l'imagination tout consessus ihtntri in <juo sunl mulier- ,
que leur représeuter Andromède, Per- Adsum nique advenio Acheninle vix via alla
sée Méduse et ce qui s'ensuit et ré-
, , atque ardua ,
Teillaient de telle sorte les idées de Pe-r .'peluncas taxis struclas asperit pen-
,
denlibus
ces objets et du plaisir de la représen- Maximii, ubi rigida
,
premiers qui donnèrent cette comédie fait (Sg).] Jl n'est pas vrai que les
dans les rues , après que leur fièvre Abdérites mourussent sur les théâtres
continue fut passée, gâtèrent plu- ni que la maladie qu'ils curent alors
sieurs autres convalescens. Les dispo- ait donné lieu au pio verbe, ai(/e/âica
sitions étaient favorables alors aux mens. On mettrait bien en peine les
progrès de cette contagion. L'e<prit gens si on les obligeait de prouver ,
tout comme le corps ; il n'y a qu à com- il ne sudirait pas de soutenir que les
mencer sous de favorables auspices Abdérites passaient communément
et lorsque la matière est bien prépa- pour des sots il faudrait montrer :
rée. Qu'il s'élève alors un hérésiarque qu'on se servait des propres termes ,
ou un fanatique dont 1 imagination abderilica mens , pour signifier cette
contagieuse et les passions véhémentes opinion générale ; or il est sftr qu'E-
sachent bien se faire valoir, ils infa- rasms n'a cité personne qui ait em-
tueront en peu de temps tout un pays, ployé ces termes. Mais laissons cet in-
ou, pour le moins, un grand nombre cident ; abandonnons même comme
de personnes. En d'autres lieux ou en fausse la réfiexion que voici c'est :
qu'on ne put les guérir de la fantaisie pour en former l'exorde d'une disser-
de se tuer qu'en menaçant d'exposer tation c'est, dis-je, qu'un fait com-
;
nues aux yeux du public celles qui me celui-là ne semble pas pouvoir
se tueraient (35). Le remède seul té- donner lieu à un proverbe qui difJame
moigne que leur passion n'était c[u'une éternellement tout un peuple car si ;
n'avait nulle part. On vit à Lyon quel- sapiunt Phryges pouvait n'avoir été
que chose de semblable, vers la fin du fondé que sur une seule faute des
quinzième siècle (36). La diflérence Phrygiens je donnerai d'abord une
,
de théâtre. Quos (^iermres ou er- (38) Cicero , Tuscul, lib. 1. cap , XVI.
(3f)) // a commis bien d'autres fautes. Voyei
(35) PluUrcli. de Fortibas fact. malierqm. les remarques (A), (C) et (E).
(36) Brodœiis, Miscell., lib. V., cap. XXriI. (4o) // est sur que les proverbes qui attaquent
{'i"]) La maxime ordinaire des plidosophes , la Normandie et la Gascogne sonlfoniles sur
^ol et homo générant homtnGm, était, ici véfita- der défauts permanens et d'habitude qui pas- ^
4o ABDÈRE.
ce coup à bont-porfant. Le proverbe d'Hercule , on Tisaraénes le Clazomé-
de M. More'ri, ahdtritica mens, ne nien ré\ cré comme un héros par les
,
scr\ait qu'à imputer aux Abilerites Téiens domiciliés à Abdère (43). Isaac
beaucoup de bêtise; or, la maladie Vossius entend par l'inscription de
dont paile Lucien n"etait point bêti- cette médaille , Jupiter frumentarius ;
se , ce nVtait qu'une iinat^ination dé- comme si C,iùç Kxi^ç était la même
réglée et une sorte de folie qui atta-
, chose que Çsi/ç êTrixapcriof (44) et il -,
que plutôt les gens de beaucoup d'es- fonde son explication sur ce que la
prit qu'un sot et un bébéte' donc M. : ville d'Abdère était environnée d'un
Moréria eu tort de dire que son i)ro- bon terroir propre partout ou aux
,
verbe eut pour fondement la fureur moissons ou aux pâturages d'où vient ,
que Lucien a rapportée. Si je nomme que les Tiiballes, dans leur extrême
Lucien ce n'est pas que je ne sache
, disette , se jettent là, selon Diodore
que M. Morëri n'a cité ~que Cœlius de Sicile , comme sur la plus fertile
Pdiodiginus, comme on le lui a déjà campagne que l'on pût trouver (45).
reproché (4 1)- ^'fst Charles Etienne M. de Spanheira ne lui nie pokrt cela,
qui lui a fourni cei'e citation. Lui et et il rapporte un autre passage de Dio-
une infiuité d'autres gens ont rempli dore de Sicile où Abdère est comptée
et remplissent tous les jours les espé- pour l'une des plus puissantes villes
rances que cet auteur italien conçut qui fussent alors dans la Thrace (46) .
marqué le même symbole dans leurs pulcres, etc. . et il n'y aurait que les
monumens publics. C'est ainsi que les esprits du premier ortire et qui volent
colonies en usaient à l'égard de leur au-dessus des préjugés qui fussent ca-
ville mère l'exemple de Syracuse et
: pables de juger sainement de lui or, :
de Corfou, qui avaient pour armes un ces gens-là sont très-rares en tout
Pégase , à l'imitation de Corintbe, en
(43) C^est ainsi que M. de Spanlieim nomme
est une preuve. Pour ce qui est de
celui d^Héroàoie, appelé TiiAh<rttç.
la tête couronnée de laurier, elle re-
(44) Is. Vossius in Pomp. Meiam ,
pag. i3S.
présente ou Abdérus le mignon ,
XV, p. 354.
(45, Diod. Sicul., lib.
Dans l'édition de Hollande de son dic~ (4G) Idem, lib. XIII ,png. 194.
(41)
tioniiaire, (4:) Vorei les lettres écrites
de part et d'au-
(4^) Epidius, Lait filius. treàce suiet parmi celles d'Hippocrate.
, ,
ABDIAS. 4»
temps et en tous lieux. Ils sont aussi autres vies de saints. Elle a été
rares et peut-vtre plus que les fjens
depuis imprimée plusieurs fois
de bien qui au dire de Juvénal, tira-
.
42 ABD ISSI.
Lille de i532 (i) une de Paris de, et Baronius, Possefinus Salmero Mi' , ,
serais mettre sur son pré- compte la catholicoruni duntaxat scriptis et ob-
tendue édition de Bâle de i532. Or, seri^ationibus sujj'arcinatos. Mentitur
à cause qu'il ne marque qu'une édi- enini pro more Andréas Rii^etus ,
qui
tion de Paris, qui est celle de i583, libri I cap. f^I , cffutire ausus est,
,
ses lecteurs ont lieu de croire que les oculatiores pontificios ex suorum hoc ,
tain que cet ouvrage y fut publié l'an illius operis deprehendisse, ita ut eos
i56o , in-8°. , avec la préface d'un tant pulidi comiitenli pudeat. Sed,
docteur de Sorbonne nommé Jean aniabo , quis Cali^ini catulus hoc corn-
Faber. L'abréviateur de Gesner et M. inentum subodoratus est ante Uesse-
Cave en marquent une de Paris, en lium Molanum Sixtum ipsumque
, , ,
sage que l'on vient de voir. 11 peut (5; Vyez Launoii Hist. CoUeg. Navarr.,pa5-.
avoir raison de soutenir que les catho- 710.
liques ont reconnu l'imposture, avant
que les protestans leur fournissent là- ABDISSI (A) patriarche de ,
re , qui mérita jure pseudo-Abdias di- mages à Pie IV, reçut de lui le
citur, confictas interpolatasi-'e , nullius palLiiim. Comme le concile de
Jidei atque auctoritalis esse apud eru- Trente était alors assemblé, le
ditos docuerunt janipridem calholici
cardinal de Mula protecteur des
tructaloriis , Sixtus Senensis Jnannes ,
,
par un de leurs disciples noramé {b) Hist. du Concile de Trente, liv. VI.
Marc que leur créance était tout-
; (c) Dans l'article Hebed Jesu.
que ce patriarchat s'étend jusque ajoute qu'il était fils de Jean de domo ,
dans le cœur des Indes , et com- Tigre (2). J'avoue que je n'entends
prend beaucoup de peuples, les pas assez ce que c'est que ce donius
uns sujets du Turc, les autres du Marciâ pour me contenter de la tra-
duction française que j'en pourrais
sophi de Perse, les autres du roi
faire. Je n'acquiesce donc pas à cette
de Portugal. L'ambassadeur de ce maison de Marc qu'il a plu à M. ?.Io-
dernier protesta tout aussitôt que réri d'employer. Aubert Le Mire nom-
lesévêques orientaux qui étaient me Abdiesu le patriarche en ques-
de
sujets du roi son maître , ne re- tion et dit qu'il était religieuxqu'il ,
une parfaite et perpétuelle con- bien les saintes lettres. Les mémoires
formité desentimeiîs avec l'église de M. de Thou portaient que cet hora-
romaine. Enfin on lut les PC Ipt-
let
™e entendait le chaldéen l'ara arabe et ,
pas (B) , et pour supplier les pè- ÎM. de Sponde assurent la même chose
avec plus de circonstances. Dans la
res de lui envoyer leurs décrets,
profession de foi qu'ils rapportent il ,
qu'il promettait de faire obser- dit qu'il avait été moine de St. -Antoine
ver ponctuellement. Toutes ces dans le monastère des saints Rochas
choses avaient été déjà lues dans et Jean, frères. Il avait fait faire beau-
coup de progrès à la foi romaine si
une congrégation sans exciter ,
nous en croj'ons Aubert Le Mire; mais
,
44 ABEL.
état lorsque Pierre Strozza, secrétaire prend {a). Mais , si l'on voulait
de Paul V publia à Rome et à Colo-
, s'étendi-e sur tout ce que la curio-
gne, en 1617 sa dispute de Chaldœo-
,
humain a enfanté
sité de l'esprit
runi doi^mntibus (5).
(E) Pour s'excuser de ce qu'il ny là-dessus on aurait une infinité
,
allait pas ] Cela montre que M. RIo- de choses à dire. Nous n'avons
rérl s'est fort trompe lorsqu'il a dit garde de nous embarquer dans
qu^^bdissi se troui^a au concile de
une telle déduction , ni de hasar-
Trente et qu'il y présenta su proj'es-
,
saint Pierre ? car c'est faire sa cour à soient brouillés pour une femme
Pionie que de déclarer qu'on y est venu (F). On ne parle pas moins diver-
pour en remporier de tels présens. Mais
sement de la manière dont se
_jo suis persuadé qu'au lieu de parlem
il faut lire pallium, comme il y a dans
fit cet abominable fratricide (G).
ABEL 45
fice d'Abel , ce qui , selon eux et pour remplir la terre? La plus so-
lide raison qu'on puisse alléguer pour-
avait relation au îioa de la tribu
quoi cette consomma lion ne se lit qu'a-
, dont la venue avait
de Juda dé- près la chute, c'est que la femme fut
jà été promise. J'ai rassemblé tentée et séduite aussitôt presque que
dans les remarques un assez grand formée. Voilà comment saint Augus-
tin satisfait à cette dilliculté : A/ox
nombre de ditlérens seatnnens
creaid muliere, antequarn coni'e/iirent.
sur les choses qui concernent Abel. J'ai ta est illa transgressin fS). L'autre
C'est avoir rassemblé bien des raison qu'il allègue savoirqu'il lallait
,
mensonges et bien des fautes. attendre l'ordre de Dieu (4) , est tout-
;";-fait nulle car, comme je l'ai déjà
Or comme c'est le but et l'es-
,
:
pas ses ordres diiment expédiés et si- carnts urgebal ? Id. Ib.
gnifiés }^QMrJoisonnei\ pour multiplier (5) Pans la remarque (B) de l'article (i'EvE.
* Joly reproche à Bayle de donner ces epithè'
(i) Pererias, in Genesim, lib. VI, Quœsl. I. tesà Calvin.
(2) Coruel. à Lapide in Gènes., cap. III, (6) Coruel. à Lapide, ia Geaesiia, cap. IV,
V. ï'i.
, ,
46 ABEL.
après Gain. Reconnaissons pointant bable que ce meurtre fut commis la
qu'il est très-probable q^ue Gain naquit même anne'e que Seth vint au monde
l'an premier du monde, et qu'Abel c'est-à-dire, îa i3o«. d'Adam on le :
phe et une cbimère. On a dit (7) qu il Seth à un fils dont elle était accou-
lui fut révélé d'en-haut pentlant sa , chée se sert de cette raison cnr Dieu
, ,
prison pour la foi, qu'Adam et Eve ni' a donné une autre lignée au lieu d' A-
sortirent vierges du Paradis j qu'ils bel que Cdin a lue (10). Mais il faut
demeurèrent en cet état quinze années tomber d'accord que cela est beau-
consécutives , entièrement occupés à coup plus propre à prouver que Seth
pleurer leur chute ; qu'au bout de ce fut le premier fils qu'Eve mit au mon-
terme ils engendrèrent un lils et une de depuis la mort d'Al)el qu'à prou-
filletout à la fois savoir Gain et Gal- , ver que cette mort ait été bientôt sui-
mana^ qu'ensuite ils se remirent dans vie de la naissance de Seth. Saint Au-
la continence pendant quinze autres gustin ne veut pas même accorder à
années, après quoi ils engendrèrent Seth le droit d'aînesse sur tous les en-
un fils une fille comme la première
et , fans qu'Adam et Eve ont engendrés
fois , savoir Abel et Delbora et qu'en 3 depuis le meurtre d'Abel. Il explique
l'an i3o d'Adam arriva le meurtre les paroles d'Eve non pas d'un rem-
,
d'Abel par Gain ce qui jeta Adam et , placement de fils, mais d'un rempla-
Ève dans un deuil qui dura cent ans, cernent de vertu c'est-à-dire
, que ,
après quoi ils engendrèrent Seth. Les Seth fut considéré comme celui qui
habitans de l'île de Geylan prétendent succéderait à la piété et à la sainteté
3ue le lac salé qui est sur la montagne d'Abel. Potuit Adam dii'iniliis admo-
e Golombo est l'amas des larmes nitus dicere postea quant Seth naius
quJEi'c répandit cent ans entiers sur est, suscitavit enim milii Deus semea
la mort d'Abel (8). Les rabbins veu aliud pro Abel (11); quando talis erat
lent qu'Adam ait pleuré celte même J'uturus qui impleret ejus sanctitatem
mort cent ans durant dans la vallée (12). Il est sûr que tout ceci n'est que
des Larmes auprès d'Hébron sans au- , matière à conjectures , et que , si les
cun commerce charnel avec sa fem- paroles d'Eve, rapportées ci-dessus
me (9), ce qui aurait peut-être duré laissaient à nos réflexions toute leur
plus long-temps, si un ange ne l'eût liberté naturelle, nous ferions remon-
averti de la part de Dieu qu'il eût à ter bien haut le meurtre d'Abel j car
s'approcher d'Eve puisque le Messie , VOICI a quoi la lumière naturelle nous
ne voulait pas descendre de Gain. Pu- conduit. Gain et Abel firent leurs of-
res chimères le monde n'avait pas
; frandes à Dieu dès que la récolte de
alors besoin d'un tel deuil il deman- : l'un et la bergerie de l'autre leur en
dait au contraire, qu'on se consolât
, fournirent les moyens; ils s'aperçurent
bientôt par la réparation de la brèche; dès la première fois (i 3) que Dieu met-
de sorte qu'il est très-probable qu'A- tait de la difiérence entre leurs pré-
dam et Eve adoucirent promptement sens ; le dépit de Gain le précipita peu
leur ennui par la consolation récipro- après dans le dessein de tuer son frère.
que de se donner un nouveau fils à la 11 le tua donc avant l'âge de soixante
place de celui que Gain leur avait tué. ans, car ce fut l'an 5o du monde, à
Gependant on ne saurait croire com- ce que dit Eusèbe , qu'Adam assigna à
bien cette fable de la longue sépara- ses deux fils le genre de vie qu'ils au-
tion d'Adam et d'Eve quant au lit, a ,
raient à suivre. Ge n'était pas s'en
été prônée. Nous en parlerons dans aviser tard, dit on, puisqu'en ce teraps-
l'article de Lamech.
{C) Jin quelle année du monde il (10) Gènes. , chap. IV, v. i5.
(11) Saint Augustin aUribue a Adam ce qui
fut tué par son frère.'] Un trouve pro- ne fui dil, selon l'Écriture, que par Eve.
(-) Auctor. Historiie Scbolast. in Hist. Libri (12) August. de Civil. Dei lib.XV, cap. XV.
,
et Abel n'aient donc pas été en état pler le monde pour se piquer de con-
avant l'âge de cinquante ans l'un de ,
tinence. Le père Salian ne fait pas dif-
labourer la terre, Tautre de garder ficulté de reconnaître que le cé.ibat
des brebis au moins en auront-ils été
,
d'Abel n'est nullement vraisemblable;
capables à cet âge-là. Or, cela posé, ni de montrer que saint Jérôme et
qu'y a-tilde plus naturel que de croire saint Augustin n ont point doute de
qu'ils firent leurs oblations au bout son mariage (19), et que saint Irénée
de deux ou trois ans, pour le plus n'a point dit ce que Gérébrard lui a
tard; et que, dans un semblable in- fait dire (20) savoir qu'Abel a été
; ,
tervalle pour le plus tard, l'envieux vierge, prêtre et martyr trois qua- :
et le jaloux Gain se défît d'Abel ? Qu'y lités qui ont été cause que l'on a dit
a-t-ii de plus éloigné de l'apparence que l'Église avait commencé en lui.
que dédire, comme l'on fait ordinai- C'est un autre auteur qui lui attribue
rement que les deux frères commen-
,
ces trois belles qualités (21). .Mais s'il
cèrent l'exercice de leur vacation l'an fallait que la tradition d'Eutyrhius ,
5o du monde qu ils firent leurs of-
;
qui sera rapportée ci-dessous iùt vé- .
Je pourrais citer , pour ce sentiment, vait pas été créé par la miséricorde de
Cajétan Torniel , Pérérius Gome- , , Dieu , ni n'était point gouverné par sa
lius à Lapide , Salian et plusieurs au- ,
miséricorde : , attendu
dit - il à son
tres commentateurs dont les ouvra- ,
frère ,
que mon
nbtation n'n pas été
fies peuvent être comparés aux enfans acceptée , et que la vôtre l'a été. Abel
d'une même famille lui répondit selon les mêmes paroles
;
(17) Ovidius, Melam., Ub. II, >. 1 3. Annalium tom. I, pag. i84-
(i8) Saint Jérôme, saint Basile, saint Am- {12) Paraphr. Hierosolym. apud Vapntn, ci'
broise (ia;ij Cornel. à Lapide, in Gènes., cap.
, Inn(^ Saliano, loin. I, pag. 188. J'',jeî sur ce
ly, V. 2-, mais le P. Salian, Annalium tom. sujet divers jeux de rhétorique de Jean Bîsse-
I pag. 184 montre que saint Jérôme n'a pas
, . lius je'sui'-a allemand, llbislr. Kninarum Z*e-
,
48 ABEL.
tîe rhommc : iln'est jamais tant porte un poè'te latin , touchant l'anllquilé
à douter de la Providence que lors- des guerres suscitées pour des femmes:
que les choses n'arrivent pas selon ses Nam fuit ante Helenam cunnus leierrima belli
souhaits. Quand elles lui sont favo- Causa (26;.
rables , il dissipe ses doutes c'est :
qu'il s'imagine tenir un rang assez re- Les archontiques (37) et les cabalisfes
levé dans l'univers pour ne pouvoir (28) s'accordent avec cette tradition
étreméprisé parun dispensateur équi- d Eutychius. J'ai lu dans le Commen-
table et judicieux desbiens et des maux. taire du pèreMci'senne sur la Genèse, à
JEslis ïo superi, ait Statius, cùm coni'a- la page i/jiS età la i43i, qu'il y a quel-
luisset à periculoso morbo uir eximiœ ques rabbins qui disent qu'Abel eut
probitatis RutUiiu GalUcus. Al con- deux sœurs jumelles et que Caïn sou- ,
tra , ubi quid conligerat contra quant haita de les épouser. Ce fut , disent-
tequuni esse censerent deos aut nul- , ils , la Cause de la dispute. Le désir de
los esse , aut crudeles , aut injustns la polygamie serait donc bien vieux.
esse dicebant Itaque in morte Ti- Au reste
paraît, et par le récit du , il
bulli Ot'idius ,
Targum
par celui de ce patriarche , et
d'Alexandrie que la mort d'Abel sui- ,
Ciim rapiant malafata bonos, ignoscilefasso,
Sollicilor nullos esse pulare deos. vit de près le sacrifice où Dieu se dé-
clara poiu' lui. Cette chronologie est
C'est ainsi que parle l'un des meilleurs raille fois plus probable que la vul-
orateurs du 16*= siècle (23). gaire qui met un espace de trente ,
(F) Se soient brouillés pour une fem- ans entre l'oblation des deux frères
me. ] Eutychius, patriarche d'Alexan- et le fratricide de Caïn.
drie dit , dans ses Annales ( 24 )
, (G) De la manière dont se Jit cet
qu'Eve enfanta, avec Caïn, une fille abominable fratricide. ] Nous venons
nommée Azrun et avec Ahel; une de voir que ce fut avec un coup de
fille nommée Owain et que le temps j pierre selon quelques-uns. D'autres ,
de marier les deux fils étant venu disent que Caïn déchira son frère à
,
Adam destina Owain à Caïn, et Azrun belles dents. Uebrœoruni nonnulli tra-
à Abel ; et maltraita Caïn parce qu'il dunt eum fuisse mnrsibus à Caïn dila-
,
voulait sa soeur jumelle, qui était plus ceratum faq). D'autres qu'il l'assom- ,
belle. Eutychius ajoute que, pendant ma avec une mâchoire d ane les :
que les deux frères allaient présenter peintres se règlent sur cette supposi-
leurs oblationssur une montagne, par tion. D'autres veulent qu'il se soit
ordre d'Adam , qui voulut qu ils tis- servi d'une fourche. Saint Chrysos-
sent cet acte de religion avant que tùrae lui met en main une épée; saint
d'épouser leurs femmes, et que le suc- Iréntie lui donne une faux Prudence 5
cès de leur sacrifice décidât de leur lui donne une manière de serpe :
Dieu augsnenta le dépit de Caïn con- la page 189 du i*^"". volume de ses An-
,
tre son frère de sorte qu'ils ne furent nales ; celui-ci à la page 234
;
et à la ,
pas plus tôt descendus de la montagne, 257 du premier tome des Illustrium
qu'il lui donna un coup de pierre sur Ruinarum. En tout cas, dit-on (3i),
la tête, et le tua. La belle Azrun que Abel ne fut ni noyé ni
étranglé ; car ,
,
Caïn épousa après ce coup {1^), et qu'il r Ecriture témoigne qu'il périt ai^ec ef-
emmena avec lui dans son exil, fut fusion de sang. Quelques-uns sup-
donc la cause du crime de Caïn. Il est (26) Horat., satira II J, lit. I, v. 107.
vrai (pi'elle en fut la cause innocente; (27) Hére'liijues dont saint Epiphane pflr/e,
mais c'est toujours vérifier ce qu'a dit hœiesi XL.
28) Hcideggevi Historia Orient., pag. 191.
(23) Muretus, Orat. III, vol. II. Voyez aussi Seldenus de Jure Nat. et Gent.,
,
ABÉLARD. 49
posent qu'il se défendit courapeuse- Lfs païens se sont vantés de cette
ment, et qu aDora lout
d'abord
il eut U
qu'il avan-
tout ii'avan- sorte de marques extraordinaires de
tage il jeta Gain par terre et lui fit
: , l'approbation du ciel eu quelques
un bon quartier mais Gain se releva,
, lieux, comme nous le montrerons
et le tua. Le père Mersenne rapporte dans l'article Egsatia. On sait assez
cette vision dans la page i43i de son que le diable est le singe du vrai Dieu,
commentaire sur la Genèse.
(11) Qu'il tomba un feu céleste. ]
ABÉLARD ( Pierre ) , en latin
m^a
. •
•
r» >
-i
demissum, quo oblatio haustn et cnn- bord SOn dlSCiple bien-aime; mais
sumpta in oculis omnium (37). Les cela ne dura pas long-temps, le
théologiens prolestans ont donné en professeur avait trop de peine à
foule dans cette hypothèse ^38) et
répondre aux subtiles objections
,
les paroles d'un psaume (Sg) que Clé- ^e ce disciple pour ne concevoir
ment ALirot a traduites de cette façon pas du chagrin et de la haine
De les oJpTte! et services contre lui. Les factions naqui-
Se veuille souvenir.
Et faire tous les sacrifices rent bientôt les écoliers avancés ;
En cendre devenir.
en âge transportés d'envie con-
,
4
5o ABÉLARD.
lever une école à Melun (B) plus en plus aux traits de l'envie,
,
cil il trouva que Champeaux, qui de dégager son ami il fut cause ,
,
^
,
.,
lesyeux sur Héloïse nièce d'un II n'en crut rien pendant quel-
,
autres filles ou femmes dont il se les yeux, et fit sortir de chez lui
trouvait très-capable de se faire son pensionnaire. La nièce se sen-
aimer (G). Ce chanoine, nommé tit grosse quelque temps après ,
Fulbert, aimait l'argent, et sou- et l'écrivit à son galant, qui
haitait avec passion qu'Héloïse trouva bon qu'elle sortît de chez
fût savante. Abélard lui tendit son oncle. Il l'envoya en Rreta-
des pièges par ces deux endroits, gne chez sa sœur ou elle ac- ,
Prenez-moi en pension chez vous coucha d'un fils {cl) et, pour
^ \
paierait une fort grosse pension, sion fort singulier faisait qu'Hé-
donna tête baissée dans le piège loise aimait mieux être la maî-
(f) : il pria maître Abélard de tresse que la femme d'Abé'ard ,
bien instruire la jeune fille, tant comme nous le dirons ailleurs
de jour que de nuit et lui don- {e). Enfin elle consentit à ce ma-
,
rel. tain in die quàm in nocte ei docendœ bert , qui avait mieUX aime COU-
operam darem et eam, si negligentem senti-
.
52 ABÉLARD.
vrir la honte de sa famille en à Laon deux ennemis redoutables
divulguant ce mariage que tenir (^),qui n'eurent pas plus tôt aper-
la parole qu'il avait donnée à eu le préjudice que leurs écoles
Abélard de n'en point parler , de Reiras recevaient de sa grande
maltraita souvent sa nièce quand réputation, qu'ils cherchèreatles
il vit son obstination à nier qu'elle occasions de le perdre. Il les trou-
fût feiume d'Abéiard. Là-dessus vèrent dans un livre qu'il dicta
elle fut envoyée dans le monas- sur le mystère de la Trinité (M) :
tère d'Argenteuil par son mari , ils prétendirent y avoir décou-
qui lui fit prendre l'iiabit de re- vert une hérésie effroyable et ils ,
lui des gens qui entrèrent de nuit dre , le condamna à jeter lui-
dans sa chambre et lui coupé- même son livre au feu, et à s'en-
,
A BEL ARD. 53
point que de pareilles menaces lui un asile; mais il éprouva qu'il
fussent peu de chose se sauva de , n avait fait que changer de mal.
nuit en Champagne et obtint , , Les mœurs incorrigibles des moi-
après la mort de l'abbé la per- , nes et la violence d'un seigneur
,
ser le lui témoigner. Ils lui ren- qui subsiste encore. Le reste de
dirent la vie tellement amère sa vie doit être cherché dans d'au-
qu'il fut sur le point d'abandon- tres écrits, et consiste principa-
ner le pays de chrétienté (/) ; lement en ce qu'il eut un nou-
mais son étoile ne lui permit pas veau procès d'hérésie devant l'ar-
de se procurer ce repos et l'at- , chevêque de Sens. Il demanda
tacha tout de nouveau à des chré- qu'il lui fût permis de justifier
tiens et à des moines pires que sa doctrine dans une assemblée
des Turcs {k). Les moines de l'ab- publique cela lui fut accordé.
:
lui^t à ce sujet.
d'accusateur. On lut d'abord à
(i) Voyez la remarque (E) de l'article de l'assemblée les propositions qui
Alcut Jean-Paul).
(A) Incidi in christianos atque monackos ,
Vnusqnisque de propriis olim niarsu-
[l)
genlibiis longe sœviores atque pcjores. Abse- piis se etconcubinas suas cuni filiis et JiUa-
lardi Epist., pag. 32. hus sul/stentaret. Abalardi Epist., pai^. M.
^ ,
54 ABÉLARD.
avaient été extraites des livres de enterrer au Paraclet {q). Nous
Pierre Abélard, et cette lecture parlons de ses écrits dans l'article
fit tant de peur à l'accusé qu'il ,
de François d'AMBOiSE; et pour
interjeta appel au pape. Le con- ce qui est de ses erreurs et de ses
cile ne laissa pas de condamner persécutions synodales nous en ,
concilié avec saint Bernard (o), i'acité de son esprit pénétrant, ai-
le promoteur de l'oppression (V) gu et inventif il) Il effrayait les
que l'innocence avait soufferte s^cns par le moyen de cette scien-
dans ce concile. La retraite de ce et les foudroyait et terrassait ,
,
{m)
. „
Voyeztr- 1
la Vie de saiot Bernard par
• !>
à/?i-7oJ.«e, c/«n5/c5 0Euvresd'Abélard,p.337.
, (,.; Quid te ctericum atnue canonicumfa.
Cxeofi.oi, moine de Clmri>anjr li^re III , cer<?o«orte/. ALœlardi Episl. I, ime. 16.
chap. > et la lettre Ct^XXXIX de saint
,
(s) Otho Frising. de Gest. Frid libr. I. ,
UernuxA Elle est insérée dans les OEuvres cap. XT.VIl. Aveniini Annal. Boior., lih. VI.
d Abélard, p«5- 272. WNaude,add à 1 Hist. deLouisXI. n. 160.
^^^ 7'^^" ^'"l-fu^f^^ '^^ ^"'o"' ^"- ^«^ «/"' I>« ^l''"^ Scriptoribus ca-
C"^*'
iiard et les OEuvres d Abélard, ;,«§. 3oi. Lilonensibus pag. ilç..
,
cent II, dans fc OEuvres d'Abélard ;j. 335. , a publie la Vie de Pierre Abëlard et celle
(p) Plus solitù scabie et quibusdam cor. d He'ioïse son e'pouse 1720, 2 i>ol. in 12.
, ,
ABÉLARD. 55
(A) Il naquit au village de Palais*.'] d'Abélard avec l'abrégé que Pasquier
Son père avait un peu étudié avant en donne, qu'elle ait été abrégée fort
que de porter les armes et il eut grand , exactement. Voici l'ordre de ses aven-
soin de faire instruire tous ses enfans, tures , selon l'abrégé. Abélard se v'int
et surtout l'aîné. On ne saurait bien camper à CorbeU , la première fois
dire si Abélard était cet aîné car il ;
qu'd quitta Paris. Il revint à Paris
parle sur cela d'une manière qui a lorsque Champeaux se fut fait moine.
donné lieu à deux opinions différen- Il fut contraint d'en sortir
pour la se-
:
tes. "
'
r.
Voici ses paroles : Primogenitum
' 1
- conde fqis ,
et alors il s'ea alla à Me-
suuT/i quanta charioreni habebat , tan- lun. Il retourna à Paris , ayant su que
to diligentliis erudiri curai'it. Ego Champeaux était allé résider à son
l'ero, quanta ampliiis in studio lilte- éyêchéde Châlons. Champeaux, aver-
rarum profeci, tantb ardentitis in eis ti de ce retour, revint à Paris
pour
inhœsi , et in tanlo earuni aniore il- traverser Abélard. Celui-ci fut enfin
lectus surn , ut militaris gloriœ pom- contraint de quitter la partie, et se fit
pant cum hœreditaie et prœmgati^a écolier d'Anselme , lecteur eu théolo-
primo genitorum meorum frntribus de gie à Paris il devint ensuite lui-même
:
dre pour le Gis aîné (j) mais d'autres auoir quelque temps continué ce mé
;
où il faisait ses leçons (5) ce n'est aller voir sa mère qui voulait se fairej
III pag.
,
7. (C) Un spinosisme non développé.]
(3: Du Pin, BlbllotVi., tom. IX, pag. io8. J'en fais juges fous ceux qui enten-
(4) Vorez son Polycratlcus , pag-. in, et son dront ces paroles crat in ed senlen- :
Metalogicus , pag. "45, 802, 814, etc. e'dit. de
tid de communitnte unii'ersalium
,
56 ABÉLARD.
iluis ,
quorum quiJem nulln esset in monasterium , quasi militem suuiit
essenlid diversilus , sed sold multitu- qiiem deseruerat ah ohsidione nnstrd
dine accidentiimi t'arietas (6). Les sco- liberaturus (8). La vie d'Abélard, que
tistes , avec leur uni^'ersale formnle h M. Thomasius (9) a publiée en Alle-
parle rei , ou leur unilas Jormalls a magne , m'apprend une chose qu'An-
parte rei ne s'éloignent point tic ce
, dré Du Chesne , François d'Amboise ,
sentiment. Or je dis que le spinosisme et peut-être tous ceux qui avaient
n'est qu'une extension de ce dogme ; parlé d'Abélard , ont ignorée ; c'est
car , selon les disciples de Scot les , qu'au milieu de ses ennuis et de ses
natures univeiselles sont indivisible- persécutions, et depuis qu'il eut placé
ment les mêmes dans chacun de leurs HéloÏ5e dans le Paraclet , il retourna
individus la nature
: humaine de sur le mont Sainte-Geneviève, pour y
Pierre est indivisibleraent la même faire des leçons publiques. C'est de
que la nature humaine de Paul. Sur quoi Jean de Sarisbéri, qui y fut soa
quel fondement disent-ils cela ? C'est écolier, ne nous permet pas d'être en
que le même attribut d'homme qui doute. Ciim primiim, dit-il (10), ado-
convient à Pierre convient aussi à lescens admodiim studiorum causa
,
Paul. Voiià justement l'illusion des migrâssem in Gallias anno altero post-
spinosistes. L'attribut , Aisen\.-\\s, ne quàm illuslris re.x jlnglorum Henri~
diffère point de la substance a laquelle eus, leo justitiœ , rébus excessit hu-
il comnent : donc partout oie est le tnanis contuli me ad peripateticum
,
culum fralrum ad pristinum reduxit l'explique lui-même, pag. ill^. In liâc opicione,
dit-d, deprehensus est peripaleticus Palatinus
Abelardus nosler.
pag. 5.
(6) Aliaelartli Epist. 1,
il) ^oyez le capucin Ca>imlr de Toulonse, (12) Oiho Frising.de Gestis Frider. I, lib. I,
ABÉLARD. ^7
point ëvéque pendant qu'Abëlard fut que cUm accessissem , utjructum indè
son disciple. Je viens de jeter les yeux colligerem deprehendi illam esse Ji-
,
sur un livre (i3) où l'on conjecture , culneani cul maledixit Dnniinus seic ,
à cela que Guillaume des Champeaux chant faire des vers , ayant une répu-
devint ëvéque de Châlous l'an iii3 tation extraordinaire, et ne manquant
(i4) et que, comme cette promotion
; point d'argent , il faut trouver moins
l'éloigna des écoles de Paris, Abë- étrange qu'il ait espéré qu'onluiouvri-
lard s'en alla à Laon pour y étu- rait la porte , en quelque lieu qu il
dier en théologie- Je ne sais pourquoi s'adressât. Tanti quippè tune nominis
d'autres disent que ce fut à Châlons eram et juvenlutis et forniœ gralid ,
u'il s'en alla pour y faire cette étu- prœeminebam ut quamcumque J'emi-
,
lation (i'Aliélard ,
pag. ii47- vixeramcontinenlissimè Aba;lardiOpera,pn^.g.
.
(i5) Du Pin ,
Bibliolh , tom, IX, pag, log ,
(18) Abasiaidi Oper., pag. ly.
l'dii. de HoLl. (19^ Ibidem ,
pag. 46.
,
ÔS ABÉLAED.
rumlibet animos staùin allicere paie- Perditus, et liquidis immisi fonlihui npros fa i).
son écoliére de temps en temps , et que pensée elle ne roulait pas sur,
que c'étaient des coups les plus doux quelque difficulté philosophique, mais
du monde. Voici le plan qu'il nous sur des chansons amoureuses qui fu- ,
le<tinnis offerebat. Aperlis itaque li- nec jam. nisi recitator pristinorum es-
bris pliira de aninre quam de lectione sem inuentorum et si qua im^enire :
verba se ingerebant , plura erant oscu- licerel carmina essent amatoria non
, ,
pas la réflexion d'Abélard sur la sim- raît plus digne de foi que ce livret Or,
plicité du chanoine. Quanta ejus il dit positivement le roman de que
sinipdcitas esset i'ehemenler admira- la Rose de Guillaume de
est l'ouvrage
tus , non minus apud me obslupui Loris si l'on en excepte la fin qui fut
,
74 1.
aliud agebat quam ut fotis meis licen-
(22) Ttediosum. mihi vehemenler erat ad
tiam penitùs daret et occasionem scholas procedere, vel in ei.v niorari pariter et
,
liurée a un loup affamé ne l'ait pas fait (îS) Fr.inçois d'Ambolse. f^ofei sa préface
apologétique à la tête des OEuvres d'Abélard ,
souvenir de ces paroles de Virgile :
qn''djit imprimer à Paris, l'an 1616, in-4°.
Eheu ,
quid volui misera mihi l Floribut * Leclerc reproche à Barle de faire la part de
austruin Jean de Meun trop petite , et dit que le premier
demi-quart de l'oui'rage seulement est de Guil-
(20) Ibidem, pag. n. laume de T.oris. Cesi aller trop loin. Sur les
,;
ABÉLARD. 59
autres écrivains , bien informes, assu- snphicas rationes requirelant, et plus
rent la même chose. L'histoire d'Abé- qiiœ inteliigi, quàm quœ dici possenl
lard et d'Héloise a été insérée dans ce ejflagitabanl ; dicentes quidem uerbo-
roman. rumsuperjîuam esseprolationem quam
(K) Sur les terres du comte de Cham- intsilligentia non sequeretur, nec credi
des idées ,
hautement, du même métier que lui; c'est-à-dire,
et ils disaient
qu'il n'était pas possible de croire ce
qui étaient professeurs en théologie.
et que c'é- Fâchés qu'un autre eût trouvé
des
que l'on n'entendait pas ,
explications et des éclaircisseraens
tait se moquer du monde que de prê-
cher une chose qui est incompréhen- qu'ils n'auraient pas pu trouver, ils
ceux qui écoutent. Humanas et philo- de vacarme que peu s'en fallut que
,
fin sur un plan plus étendu. (29) Abaelardi Oper., pag. îo.
(26) Abwlardi Opcr., pag. 19. aô) Pasquier, Recherche de la Frauce, liv.
(2-) Idem
pag. 26. ,
VI chap. XVll.
,
(i9) Pasquier, Recherche delà France, liv. VI, (3i) Hernard. F.pist. CXC.
.hap, xrii. (32; Ahœlardi O^er., pag. 10.
,
6o ABÉLARD.
toutes-puissantes extorqnèrent du le- Alexandre (36) prouve fortement cela,
gat du pape (33) la condamnation tant contre Jean Picard, chanoine de
qu'on a vue dans le corps de cet arti- Saint-Victor qui a mis ce concile à
,
de. Ils avaient fait accroire qu'Abe- Tan ui6, que contre Binius, qui l'a
lard admettait trois dieux: cependant misa Tan 1 136. Onavait déjà censure',
certain qu'il eiait très-orthodose
il est dans la préface des œuvres df Pierre
sur le mystère de la trinilé, et que Abélard, les fautes chronologiques de
tous les procès qu'on lui Gt sur cette Binius, et celles de quelques autres.
matière sont de mauvaises chicane- On avait dit que Platine avait placé
ries, qui procédaient ou de malice sous le pape Lucius II le synode qui
ou d'ignorance. La comparaison qu'il condamna Abe'lard que Binius avait
;
c'est que, sur le pied du sjdlogisme, et que l'on tint aucun concile contre
mntrfi
sur celui des trois dimensions, il s'en lui. En second lieu c'i st au concile
r J it U; —,,.,.^1« »^-.rf.f A».fi A^ li f*.i_ Jl^ c — ,
bre. 11 fut réfuté par un autre minis- pas moins faux qu'il ait vécu depuis
tre l'an 1694- f^oyez l'Examen de la ce temps-là dans un lieu désert avec
Théologie de M. Juneii,Y}^v M. 'iiXM- quelques disciples car il passa tout
;
k ce Laie de Soissons.
(34) Othon de Frislngen , ae Ge«t.
Fndpr. plupart des fautes que je viens de
lih I cap. XLVII, du pourtant qu'on l'ac-
cusa de rkéresie de SabelUus au concUe de XI H
^^^^ ^^^ Ale«nder, Hi,.. Eccl,, s>.c.
735)"Ab«larai Oper., pag- «o- X" - P"-'- ^^^ P'^S' ^^ " "l' '
, ,
ABÉLARD. 6r
relever sont reprochées à B lleforét lesse que celle-là ne fût incapable de
dans la préface mentionnée ci-dessus, séduire? Non , on ne le doit pas crain-
où d'ailleurs on le censure avec rai- dre; le monde est trop indiseipliuable
son d'avoir glosé sur Tépitaplie d'Abé- pour profiter des maladies des siècles
lard, comme si les louanges outrées passés. Chaque siècle se comporte
que Ton y lit étalent une preuve de comme s'il était le premier venu; et
son im;)riKlence et de son orgueil in- comme l'esprit de persécution et de
suppoitable. 11 est certain que cette vengeance a tâché jusqu'à présent d'in-
épitaphe fut composée par l'al)hé de téresser les souverains dans ses que-
Cluny, après la mort d'Abclard. Plu- relles particulières il tâchera de les
,
sieurs historiens ont mal distingué les y mêler jusqu'à la fin du monde :
deux conciles qui traitèrent la cause et nous pouvons bien appliquer ici la
de ce personnage. Paul Emile veut que sentence de Salomon, ce qui a été c'est
celui de Sens soit le premier où elle ce qui sera ; et ce qui a été. fait c'est
ait été examinée f37) Du Maillan dé-
: ce qui se fera (^ij. Nos desce'ndans
bite le même mensonge, et l'accom- diront, aussi-bien que nous,
pagne de plusieurs autres (3S;; com- Qui méprise Colin n'estim-^ point son roi
me, qu'Abélard n'osa comparaître; Et n'a, selon Colin, ni Dieu, ni 'foi ni
que tous ses écrits furent condamnés ici (43).
nus quippè régis tune dapifer l'ocato , cela avec la dernière évidence.
in partem ahbate et faniiliaribus ejus , (S) .Ci même nu.r plus grands dan-
quœsiuit ab eis cur invitum retinere gers.] Les moines tâchèrent souvent
relient, ex quo incurrere facile scan- de l'empoisonner; et, ne pouvant en
dalum passent, et nuHam utilitatem venir à bout dans les %iandes ordi-
habere ; citm nullateniis v'ila mea et naires, à cause de ses précautions, ils
ipsoruni coni'enire pnssent. Sciebnni essayèrent de l'empoisonner par le
auteni in hoc regii consilii sententiam pain et par le vin de l'eucharistie. Un
esse , ut qiionnniis regularis abbalia jour, n'ayant pas mangé d'une viande
illa esset , magis régi esset subjecta at- qui lui avait élé préparée il vit mou- ,
A B É L A R D. 63
homme qu'encore qu'on sût qu'il n'a- abrégée d'Héloïse et d' Abélard, trois
,
dileclœ subslinere abscnliani idx aut que Pierre le Vénérable n'en fait au-
nunquani paterer. C'est la plainte que cune mention dans la lettre qu'il écrit
l'on trouve dans la page 35 de sa rela- à Héloïse, où il lui rend compte des
tion. 11 se consola par l'exemple de dernières heures d'Abélard (55). Bien
saint .Tc'rôme, dont l'amitié pour Paule plus, l'absolution d'Abélard fait foi
servit d'entretien aux médisans et il que l'on n'envoya son cor^is au Para-
^
quibus omnibus liquet qu'am frigida hal. januar. obiit Petrus cluniacen- ,
fuerit Pétri Abelardi apologia càiu sis abbas cujus concessd habet eccle-
, ,
redargutus de nimid familiantate cuni sia nostra corpus magistri nostri Pétri
amicd quidem sud Ueloïsd, et aliis mo- (56j. Le silence d'André Du Cliesne ,
nialibus paraclitensibus reposait , eu- dans ses notes sur l'épître où Abélard
nuchos, qunlis ipse factus erat , tutà raconte ses infortunes est une grande
et absque omiii periculo passe uersari raison pour moi contre Pasquier. il
y
cum fcminis (5i). J'en dirai quelque en a qui, sans parler de testament,
chose dans l'article Combabus. Héloïse disent qu'on donna à Héloïse le corps
aimait si ardemment Abélard, quoi- de feu son mari, comme il avait té-
qu'on le lui eût châtré, que les vertus moigné perses lettres qu'il souhaitait
de cet homme pouvaient courir de que l'on fît (57) mais on ne cite ni
:
grands risques auprès d'elle. Voyez ces lettres, ni personne qui les ait ci-
nos remarques suif l'article de cette tées. J'ai trouvé l'endroit à la page 53
femme. Ces paroles de Virgile, de ses œuvres. Il était alors dans son
abbaye de Ruis, et craignait d'être as-
. . . Nolumque furere quid femina possit
sassiné de jour en jour. Ouodsime Do-
Triste per augurium Teucroruiii peclora
ducuni (02) ,
minus in manibus inimicorum tradide-
rit (écrit-il à Héloïse)
, scilicet ut ipsL
représentent en quelque manière la prœi'alentes me
interficiant, aut quo-
conduite de ceux qui craindraient que cunque casu fiant unii'ersœ carnis ab-
la passion d'Héloïse n'ait eu trop de sens a vobis ingrediar , cadai'er obse-
force sur la chasteté de son Abélard. cro nostrum ubicunquè vel sepultum
,
(V) Le promoteur de l'oppression ] uel expositum jacuerit, ad cimiterium
C'est de quoi nous parlerons dans l'ar- i'estrum deferrifaciatis , ubi filiœ nos-
ticle de Bérenger de Poitiers. trœ, imà in Christo sorores, sepnlcruni
(X) Le 21 airil 1142.] Cela montre nostrum sœpiiis ^'identes, ad precespro
que le nouvel auteur de la vie d'Abé-
lard s'est fort abusé en le faisant vi- (5?>) Pasquier , Recbercte de la France, li-
1693, où l'on trouve, avec V Histoire (56; y4pud Aiidr. Qiiereetanum ( sit-e Du
,
'
64 ABÉLARD.
me Domino fun Jenàas ampliùs im'iien- qu'il a loué ait été professeur en droit.
tur. Voici Tabsolution d'Abëlard elle : Quelle merveille serait-ce qu'un pio-
devait être mise sur son tombeau et ; fesseur de dialectique avouât qu'il
c'est pour un tel usage qu'Hëloïse l'a- n'entend point un certain endroit em-
vait demandée à Pierre le Vénérable brouillé du code ? Aussi voyons-nous
(58). Ego Petrus , cluniacensis ahbas 3ue ce Bailard est un professeur en
qui Petruni Abœlardum in luonachum roit dans Pieri'e Crinitus, qui le nom-
cluniacensem recepi , et corpus ejus me Joannes Bajalardus. Concluons
jfurùm delatum Hehiisœ ahbatissce et qu'il ne s'agit point ici de notre Pierre
monialibus Paracleti concessi , autho- Abélard, et que Pasquier, qui a cru
ritate omnipotentis Dei et omnium faire une l'emarque qui ne devait pas
sanctorum absolvo eum pro ojjicio nb être oubliée en luia| pliquant ce qu'a
,
omnibus peccaiis suis (Sgl. Belleforèt dit Accurse (64), aurait mieux fait de
a débité un grand mensonge lorsqu'il n'en rien dire. Au moins devait-il bien
a dit que les os de Pierre Abélard fu- prendre garde qu'il y a dans le passa-
rent déterrés et brûlés (60). La pré- ge d'Accurse, non pas Petrus Abe-
face apologétique du sieur d'Amboise lardus , comme il le prétend, mais
réfute cela invinciblement. Petrus Bailàrdus. Que , s'il était vrai
(Z) Son maître Roscetin.'] Salabert que ce glossateur eût eu en vue notre
prêtre d'Agen , révoque en doute Abélard, il faudrait dire , ce me sem-
dans sa Dissertation sur la secte des ble qu'il se serait abusé ; car on ne
,
nominaux {61), que Roscelin ait été voit aucune raison de croire qu'Abé-
précepteur de Pierre Abélard. Nous lard se soit mêlé de jurisprudence.
examinerons ses raisons dans l'article Voyons les paroles de Crinitus. Quœ-
Roscelin *'. silum est superiori œtate a i^iris doc-
De l'explication du droit ciuil.']
(AA) tinribus quidnam in jure nostro ci^^ili
François d'Amboise se trompe ce me ,
prœscriptto quinque pedum signaret ,
semble, lorsqu'il croit qu'Accurse a qualisque J'oret inedintellectus. Quam
parlé de notre Pierre Abélard dans la rem Lanrentius P'alla et alii coniplu-
glose sur la loi Quinque pedum prœ- res ciim non satis perciperent , hdc und
scriptione.N o\c\\qs paroles d'Accurse ; se ratione dejendebant , qubd Joannes
Sed Petrus Bnilardus qui se jaclai'it ,
Bajalardus , inter eos qui jds civile
qubd ex qudlibel quanlumcunque dij- PROFiTENTUR consultissimus , ingé-
t^ir
non intelligi, etc. C'est ainsi que parle pourquoi je me persuade qu'il me per-
François d'Amboise (63) : et ses pro- metti'a de mettre tous mes lecteurs en
pres expressions suffisent à le condam- état de comparer. Je suis persuadé
ner; car, afin qu' Alciat ait raisonné dit-il que c'est d'' Abélard qu'Ac-
,
juste, il faut que le professeur célèbre curse, sur la loi Quinque pedum a ,
(61) Elle a pour titre Pbilosophia noiuina- versel , homme qui préten-
et pour un
lium vindicata, et est imprimée à Paris , en dait ne rien trouver au-dessus de son
l65i in-S.
,
ABÉLARD. 65
intelligence qui totum scibile scie-
;
Dire que tous auteurs avouaient
le=!
bat comme on a dit de lui dans son
, quHeloise était nièce du chanoine
épitaphe. Accurse, dans l'endroit ci- tulbert est une mauvase
preuve con-
té ne nous en donne point d'autre idée
, tre Papyre Masson, qui
a dit qu'elle
que celle-là; et ceux qui sur les pa- , était iille naturelle d'un
chanoine.
roles du glossateur, ont cru que Petrus Bien n empêche que Fulbert
n'ait eu
Baylardus ou Bailarilus ai^'oil été un une sœur qui ne se soit
pas bien
célèbre professeur en droit, se sont conduite je dis „ne sœur,
:
car il
trompés. Il n'y en a jamais eu de ce était oncle maternel d'Héloïse,
auun^
nom-la. Bailardus n'est autre qu'Ahé- culus. Je m
étonne qu'André Du Chêne
lard, et c'est une des dix nu douze ma- (69J ait cru pouvoir réfuter Papyre
nières dont on a écrit le nom de cet au- Masson par la même preuve
dont
teur. Les Italiens, très- sujets à ces M. Moreri se sert. 6°. Il ne paraît
pas
sortes de retranchemens ont dit Bai- , qu Abc'laid se soit introduit chez
le
lardus pour Abailardus comme Ka- , chanoine sous prétexte d'enseigner
gona pour Aragona Naldo pour Ar- , la théologie à Uéloise pourquoi spé-
:
fance de cette nouvelle vie dura quel- il l'envoya bien dans cette province
;
que temps. Il est donc hors d'appa- mais il se tint à Paris se précaution-
rence qu'on aiteu recours à notre dia- nant le mieux qu'il pouvait contre
lecticien français pour l'explicatiou les entreprises de Fulbert, jusqu'à ce
d'une au sou-
loi particulière difficile qu'il l'eut apaisé, en lui promettant
"5'erainpoint, et d'un très-petit usage. d'épouser sa nièce. Alors il fut la join-
On ne s'amuse guère à débrouiller de dre en Bretagne , comme on le voit
pareilles choses après qu'on prétend dans la relation de ses infortunes.
avoir ëclairci les plus importantes, L'Histoire abrégée d HAoïse et d'A-
ou lorsqu'on tâche de renchérir sur bélard, qu'on a imprimée depuis peu
les premiers inîerprètes. Il se passe (71), n'est point exacte sur ce point.
donc du temps avant qu'on en vienne On y suppose qu'Abelard sortit de Pa-
permis d'employer les rè-
là. S'il e'tait ris en même temps que de la maison
gles de M. Ménage, on dirait peut- du chanoine; qu'il y retourna quand
être que le Bai/ardus d'Accurse est il eut su que son écolière était grosse
;
une corruption du mot Bulgurus, Bal- et qu'il l'enlei'a de nuit afin de l'é-
,
1°. Il est faux qu'Abelard ait enseigné bientôt un illustre prélat. Rien cle sem-
la théologie à Corbeil et à Melua. 2". ,
TOME I.
,
66 ABÊLIENS.
blable ne se trouve dans la longue dé- direde s'unir corporellement avec
duction qii'Abélard nous a laissée des sa feinme : c'était pour lui l'ar-
raisonnemens d'Héloïse contre leur
bre de science de bien et de mal,
mariage. Voye=l'articled'HÉLoïsE(72).
^°. Il ne dit point qu'il l'ait épousée dont le fruit lui était sévèrement
pour le repos de sa conscience pour- : défendu. Ces gens-là réglaient le
quoi M. Moréri veut-il mieux savoir mariage sur le pied du paradis
les motifs de ce mariage qu'Abélard
même ne les a sus ? 8°. Il ne fallait pas terrestre où il n'y eut entre,
ne conj'œderamiir (73). io°. 11 n'est pas se mariaient sous les mêmes con-
vrai qu'Abélard ait fait leçon à un
ditions de ne faire point d'en—
grand nombre décoliers en Cham-
pagne, depuis que la mauvaise vie fans mais d'en adopter deux qui
,
ABELLI. 67
C'était état trop violent que celui
un adoptions y
tenaient lien de généra-
de continence entre un liorcime et une tions ; et, à cause de cela on ne pou- ,
femme qui avaient d'ailleurs toutes vait pas dire des abéliens ce que Flo-
choses communes , et dont la société rus remarque touchant les premiers
e'tait censée un vrai mariage 5 c'était habitans de Rome Bes eral unius :
\au-Privas; et si je ne corrige
Voilà l'idée naturelle qu'on se forme
point les fautes qu'ils peuvent
de cet état et, dans cette idée, le
5
dernier des trois attributs passe pour avoir commises , au moins pro-
le principal, et pour la diflérence spé- poserai-] e mes doutes (A). Si M.
cilique. C'est celui-là que l'on nomme Moréri en avait fait autant, peut-
la consommation du mariage sans :
ne passent que pour des préliminaires tage les curieux à faire part au
dont on se dégage facilement. C'est public de leurs éclaircissemens
celui-là qui serre le nœud et qui le
rend indissoluble. C'est la fin le but
que l'aveu que font les auteurs
,
Ci) Confess. cathol. de Saacy , liv. I, chap. I. d'ailleurs je ne trouve aucune ab-
,
68 ABE LLY.
baye nommée Livri dans le diocèse Mediilla théologien (b), qui
a été
de Laon (i). L'abbaye de ce nom est
cause que M. Despréaux lui adon-
au diocèse de Paris. Enfin je trouve
dans l'acte par lequel l'université né l'épithète de moelleux (A) , et
de Paris prêta serment de fidélité à qui est fort éloigné des maximes
Henri IV, le 22 d'avril 1694, jy des jansénistes (B). Il
a fait aussi
trouve, dis-je entre ceux qui le si-
gnèrent , un François Abély
,
abbé
la Vie de Vincent de Pmile .,
in-
,
.
f) Intitule' Exposition de la Doctrine de
(a) Mercure gcilant d'octobre 1691. l'Eglise catliolique.
,
ABELLY. 69
uiît plus d'en exercer les fonc— M. Abelly fût entièrement perdue et ,
ge ; car , outre qu'il ne faut pas crain- res de tous ses prédécesseurs dirait en- ,
dre que la longueur de la citation de- fia que l'écris ain Abelly avait été ca-
plaise à personne , elle servira à con- ractérisé par cette épithète à cause
firmer ce que je dois dire dans la re- qu'on avait voulu faire allusion aux
marque suivante. offrandes d Abel, qui ne furent point
s^ciies comme celles de Gain mais un ,
Alain tousse et se lève, Alain (i), ce sa-
vant homme véritable sacrifice de bêtes. Il citerait
Qui de Banni vingljoir a lu toute la Somme, sur cela le sacrum pingiie dubo nec ,
Qui possède /ébellr, qui sait tout Baconis , macrum sacriftcabo il dirait que les :
Ce coup part ,
j'en suis sûr, d'une mainjan- la graisse , sous laquelle il faut aussi
se'niste.
comprendre la moelle , était d'un usa-
Mes yeux en sont témoins : j'ai vu moi-même
hier ge singulier. Plus il serait docte, plus
Entier chez le prélat le chapelain Garnier. le verrait-on courir d'extravagance en
Arnaud, cet hérétique ardent à nous détruire.
extravagance , et accumuler des chi-
Par ce ministre adroit tente de le séduire:
Sans doute il aura ludans son saint Augustin mères. En cet endroit, comme en plu-
Qu'autre fuis saint Louis érigea ce lutrin. sieurs autres , verrait-on vérifiée l'es-
Il va nous inonder des torrens de sa plume : pérance dont il est parlé dans la IX®.
Il faut , pour lui répondre , ouvrir plus d'un
volume. satire de M. Boileau :
Consultons sur ce point quelque auteur signalé; El déjà vouf croyez, dans vos rimes obscures,
r^oruns si des lutrins Bauni n'a point parlé.
_ ,. .1.
Aux Saumatses futurs préparer des tortures,
iLludiom enfin il en est temps encore ;
,
Kaltumera le jour dans l'onde enseveli. ter qu'on fît déjà un bon commentaire
Que chacun prenne en main le moelleux sur les satires de cet auteur (4j*- H est
Abellt (2). certain que celte sorte d'écrits devien-
Quand ces vers ne contiendraient autre nent bientôt obscurs, quanta un grand
chose que l'accolade de Bauni et d'A- nombre de choses. Le Catholicon d'Es-
belly, ils signifieraient assez l'anti-jan- pagne et la Confession catholique de ,
sénisme de ce dernier mais ils con- Sancy en sont une preuve. Le public
;
,
tiennent plusieurs autres traits qui est fort redevable à l'auteur, qui pu-
vont au même but et qui portent blia des remarques sur la dernière de
,
coup. L'auteur a mis en marge une ces deux satires Van 1693, et sur la pi'e-
note qui explique la raison ^Vépi- mière l'an 1696. Il est curieux et péné-
thète, et il a bien fait. Quand je songe trant et fort propre pour ce travail. ,
aux conjectures que formeraient les (B) Des maximes des jansénistes.']
critiques si la langue française avait Un de ces messieurs s'est plaint fort
un jour le destin qu'a eu la langue la-
(3) Conférez ce que dit le P. Bouliours dans
tine , et que les œuvres de 51. Des- te IV^, dialogue de la Manière de bien penser,
préaux se conservassent je me repré- pag. 399, au sujet de ces paroles de M. Des-
,
sente bien des chimères. Car sup- préaux, profès dans l'ordre des Coteaux.
,
art. V. 1.684,
(i) Ondésigne l'ahbé Auhert, chanoine de * dessein a été exécnté depuis la mort de
[Ce
la Sainte-Chapelle, fameux nioUniste , frère de M. Barle par M. Brossète. Il publia en 1715
ce M. Auberi qui a fait l'histoire du cardinal à Genève les OEuvres de De^préaus avec des
Mazarin. Suite du Ménagiana, pag.^, édit. éclaircissemens historiques donnés par l'auteur
de Hollande. même, 2 vol. in-^. On les a réimprimées a Am-
(2) OEuvrei de Despiéaux Latrin , chant IV, , .sterdam en 1718, in-ful. et in-4 ; en 1722 a la
169, elc. Haye, en 4 t'ai, in-12. Addit. de ledit. d'A'iul.l
70 ABERDON,
amèrement de ce que M. de la Ber- de liaison avec l'abbé de St.-Cyran ,
chèie, archevêque d'Aix, avait ordon- après lui avoir entendu dire que le
lië au directeur de son séminaire de concile de Trente n'était qu'une ca-
suwre Abelly, et de ne plus enseigner bale et une assemblée des scolasti-
,
sant ce qui est péché selon l'opinion ne sont éloignées l'une de l'autre
contraire qui nous paraît plus proba-
,
que de mille pas. Le siège de l'évé-
ble ; 1°. qu'il n'est point certain que
le précepte d'aimer Dieu plus que tou-
ché et l'académie sont à la vieille
tes choses oblige jamais par lui-même, Aberdon l'autre est plus riche
:
mais aussi qu'on s'en sert tris-peu que peut-on débiter de plus fa-
dausles livres. Car où sont les auteurs buleux que la conquête de JéfU—
qui ont dit l'e^êchcJ^ ^^'^ salem par Charlemaffue
^'' T'^jf o ?
don, l académie de la i'ieiHe Aberdonr
-i
tentent pas de dire ylheidon tout dixerim insipienlem , qui vanis adeà ac sUil-
iis commenlis habuerit Jidem! Vossius de
court, quand ils veulent designer cet-
Histor. lat. pag. 3oo.
te ville episcopale? M. Morëri ne se
souvenait pas apparemment de sa cri-
tique lorsque dans l'article d'Ecosse
,
ABYDE, ville d'Égvpte. Etien-
ne de Byzance veut qu'elle ait été
il disait, Saint- André a une iinii^ersi-
îc et Akerdonne l'autre car, autre- une colonie de Milésiens (A)
, ;
à
,
ment, il aurait dû dire Old- Aberdon. lacpielle un liomrae nommé Aby-
qu'il fit lui-même aux Indes. Ce L'oracle du dieu Bésa n'était pas
dernier ouvrage contient la des- un ornement médiocre à ce lieu-
cription du pays et celle des dif- là. Tous les peuples du voisina-
deaux, un Geotiroi a la Grand tum. Plia., Ub. r, cap. /Y, Sirabo, Ub.
Dent; si , dis-ie , Suffridus Pétri xrii pag. 559
' ' •• (c) Plutarcli. de Iside et Osir., pag. 3di).
(/). Elle était au-dessous de dans une colère horrible. Qui ut erat
Diospolis et de Tentjris (g) , et angusti pectoris , obsurdescens in aliis
au-dessus de Ptolémaïde (h) qui etiam nimiiini seris, in hoc titulo imd ,
,
c/uod aiunt , auriculâ mollior, et sus-
était la plus grande ville de la
picàx , et minutus acrijelle conca- ,
{g\ Plin., lib. r, cap. IX. préludes des sacrifices que l'on offrait
{Il) Strabo, lib. XFIf, pag. 579.
à Osiris dans son temple d'Abyde (6).
(A) Une colonie de Miles iens. (D) Des épines qui croissaient dans
] Ce-
la n'estguère apparent. J]avoue qu'ils leur territoire.'] Athénée nous apprend
e'tablirentdes colonies en Egypte, mais ceci (7) mais il fautoter de son livre
:
(B) Et causa bien des désordres.'] (6) Strabo , Ub. Xri, pag. 56o.
(7) Atben.-eiis, Ub. XV, cap. VII.
(0 Strabo , lib. XFI, pag. 55i. (8) Berkélius, in Steph. de Urbibas, pag. \\-
,,
AR m E LECH. j3
d'Hellanicus (9), cela venaif de ce était le mari deSara ;raais, comme
qu'il se faisait des assemblées en ce
il craignit qu'on ne le tuât il se
lieu-là, pendant lesquelles on jetait
,
sur ces e'[)ines diverses sortes de bou- mit à dire qu'elle était sa sœur ,
quets. Démétrius rapporte qu'il crois- et il la pria de dire qu'il était son
sait de cette espèce d'épines autour frère (6). C'était la seconde fois
dAbyde et qu'il courait une fable qu'il employait cet
,
expédient (c) ,
parmi les Egyptiens, que les soldats
d'Ethiopie que Tithon envoyait au qui
sans doute ne mérite point
roi Priam ayant ouï dire que IMem- les éloges que saint Chrysostôme
,
non avait ëte tué jetèrent auprès lui a donnés (A). On croit que
,
le
d'Abyde leur couronne de fleurs sur
roi des Philistins fut frappé d'une
ces épines d'où il arriva que les fleurs
,
vée par Abmelech, qui la trouva oii il voudrait dans ses états. Il
assez belle pour en vouloir faire sa est vrai qu'il y eut entre eux une
femme. Abraham aurait évité cet alliance; mais elle ne fut faite
accident s'il avait déclaré qu'il
(b) Genèse , chap. XX.
(a) Voyez les dernières remarques de l'ar- (c) Il l'avait employé', Genèse, chap. XX.
itr.leS}Lh.\. (d) Joseph. Anliij., Itb. I cap. XI.
,
,
74 ABIMELECH.
que quelques années après (e). Ce Rébecca. Cette remontrance et
fut le traité de Beerscebah. Jo— cette ordonnance ne pouvaient
seplie comme s'il avait eu des venir que d'un bon cœur, et mé-
,
,
abuse dans ces paroles \s3acusGer3v3i aa-
:
se servit des mêmes ruses qu'A- (-^) ^^, ^-;^„^, ^„^ ^^-^^^ ^/,^^„_
braham avait employées à cause siomelui a donnés.'] Nous toucherons
de la beauté de Sara. Isaac ayant en un antre lieu (1) ce qu'il y a
peur qu'on ne le tuât, si l'on ve- de bl.lraable dans cette dissimulation
* •. , VI CK • 1 . I
- d Abraham. Chacun lueera ce au il
naît a savoir qu il fut le mari de ,„i p,^;,.^ ,^„. ,^, .p^hute Le péril que
la belle Rébecca, la fit passer pour l'honneur de Sara avait essuyé la pre-
sa sœur. Abimelech découvrit à mière fois semble d'abord devoir ren-
'^'"^ «"«i"^ excusable la reiféralion du
un certain ,'ieu (E) qu'il aperçut-
^ ' 1 mensonge
i.
mais a autre cote, ne : ,
entre eux deux, en regardant par semble-t-il pas que l'on est plus excu-
sa fenêtre , que ce n'était point sable lorsqu'on emploie un remède
cela, et ayant fait venir Isaac : qui a réussi que lorsqu'on l'essaie?
Quoi que ce soit, \xAà\i-[\, c'est «» "^t-^' P?^ ^or^ de doute que le
^ / ,
premier essai avait eu tout le succès
votrefemme; comment donc avez- .^'Abraham avait espère ? Non-seule-
vous dit C'est , sœur ? ma
Quelle ment on ne lui ôta point la vie, mais
conduite avez-VOUS tenue ici ! Peu on le combla de présens et on lui ren- ,
, -^ , /, .
-' chose a quoi peut-être il ne s était pas
-'
que rien
me temps il défendit , sous peine «^^^ disait-il à ses auditeurs , ,
donne de très-grands éloges à sou cou- la vie de son époux (5j ? Je ne pense
rage et à sa prudence à son courage, : pas qu'aujourdliui un prédicateur
qui lui avait fait surmonter les mou- osât nsanier de la sorte une matière
vemens de la jalousie jusqu'à lui per- ,
aussi délicate que celle là il donne- :
surmonté cette passion; mais, d'autre AciNDYNus {St-ptimius) , que saint Au-
côté, prudence d'Abraham,
il releva la gustin a été presque dans une sem-
en disant que il vit que Sara
, comme blable illusion. C'est une chose étran-
était trop belle pour pouvoir échap- ge que ces grandes lumières de l'E-
per à Tincontinence des Egyptiens ,
glise , avec toute leur vertu et tout
soit qu'elle se dît femme , soit qu'elle leur zèle , aient ignoré qu'il n'est pas
se dît sœur, il voulut qu'elle se dît permis de sauver sa vie ni celle d'un
sœur, parce qu'il espérait de sauver sa autre par un crime.
vie par ce moyen. Voyez, s'écrie saint (B) D'une maladie qui le rendit im-
Chrysostôme avec quelle prudence ce puissant.'] Pour éteinare l'ardeur de
,
juste imagine un bon moyen de rendre sa convoitise, Dieu lui envoya une
vaines toutes les embdches des Egyp- grande maladie qui mit à bout toute
tiens. Puis il l'excuse d'avoir consenti la science des médecins. Dieu l'aver-
à l'adultère de sa femme, sur ce que tit en songe de ne rien faire à la fem-
la mort qui n'avait pas été encore me de cet étranger. Abiraelech , se
,
alors beaucoup de frayeur. 'Oti oi^roi après déclara à ses amis d'où venait
>iv x.a.TcLKuhuc-a. T'jZ B'ctvâ.'TOi/ yi Ttypotvvî?, sa maladie, et rendit Sara à Abraham.
(Tlst TOt/TO ICStI T« /Um^iict TMÇ yi/ta.ix.<ic Voilà comment Josephe conte la chose
apecrsti >cotva>v»^a.i (Ti'xstioç xstijUovovof^/ (7) peu soigneux, à son ordinaire,
,
VTHCiTA^U.S^a.t Tû) f/.^l/lâj iiç TMV T/IÇ yU- de se conformer aux narrations de
VùLIKOÇ llCçiV hu. TOV S-iviiTOV «Tisttf I/'),»! (3) : Moïse ou plutôt assez hardi pour le
,
Quia nondiim morlis erat soluta ty- démentir. Car Moïse ne dit - il pas
rannis , propiereh in adulterium uxo- cju'Abimelech après le songe se leva, ,
ris consentit justus , et quasi servit de grand matin et appela tous ses ,
mortem ejfugiat. Après cet éloge du ce qu'il avait appris en dormant (8) ?
mari il passe aux louanges de la fera-
, Aurait-il pu faire cela s'il avait été ,
me, et dit qu'elle accepta de bon cœur abandonné des médecins ? Josephe
la proposition , et qu'elle fit tout ce sentait bi<'a la difficulté; mais, pour
qu il fallait pour bien jouer cette co- l'ôter il suppose hardiment
, contre ,
(4) nivTO. TTClit â'Çi T3 écXUX >.a.^i7v. (G) Ambr. de Abrali., lib. I , cap. II,
Oinnia facit ita ul fabula eljiclio illa laleant. Joseph. Antiq., lib. I cap. XI.
,
f')
8) Genèse . chap. XX, i-. 8.
76 ABIMELECH.
que quand maladie fut un peu pas-
sa n'est pas hors d'apparence que Dieu
sée quelque temps après le song;e. Il
, ait envoyé une pareille affliction à la
y en a qui croient qii'Abimelech ne famille d'Abimelech pour um- bonne ,
femmes (g i
et que, quand TÉiriture tre très-certainement qu'elle n'avait
rapporte que Dieu le guérit cela ne , reçu aucune atteinte dans cette mai-
signifie sinon qu'il leva le scellé qui
, son. Il croit donc que tous les domes-
avait été apposé chez lui sur toute ma- tiques d'Abimelecii furent frappés du
trice lo). Je ne me ferais pas fort tirer
'
mal de stérilité les hommes par :
,
Toreilie pour approuver cette explica- une impuissance semblable à celle qui
tion car je ne vois aucune trace de
-y vient des sortilèges les femmes, par ;
maladie pour Abimelech dans tout le une entière fermeture des portes de la
chapitre XX de la Genèse, hormis dans vie ou j)ar un rétrécissement qui les ,
puis enfantèrent. Mais comme le verset suffisait aux desseins de Dieu que les
suivant ne fait mention que de l'in- hommes fussent malécifiés mais il •'
commodité de ces femmes, il est assez faut répondre cpie la clôture des par-
probable ((ue c'était en ela que con- ties féminines étant un fait dont Moï-
<
sistait tout le mal que Dieu a\ ait en- se parle nommément il n'y a pas ,
s'il se portait bien, ne satisfit pas la ment le chemin. Les uns veulent que
passion qui lui fit enlever Sara ? Je ne Moïse ait voulu dire que la femme et
m'étonne pas des rêveries que les Juifs les servantes d'Abimelech ne purent
ont débitées sur cette aventure je pas accoucher quand le terme fut ve-
]
conduite , s'ils n'avaient pas forgé bien des douleurs mais ce fut cçmme ;
cent chimères concernant notre Abi- au temps dont parle le prophète Esaie ,
melech. ils disent que tous les con- f^enerunt filii usque ad os tiiatricis ,
duits du corps furent bouchés dans sa et ^>is non est ad partant (i5;. Les au-
maison, tant aux hommes qu'aux bê- tres disent qu'il a voulu dire qu'el-
tes , tant aux mâles qu'aux femelles les ne concevaient plus. La première
;
in Gènes., Operum loin. /, pa^. 3q5. (16) L'Eternel avait entièrement resserré
(i3) Rivet, ia-meine. Heidegger le MtU pas à TOUTE matrice de la maison d'Abimelech. Gt"
pas, Hist. Palriarcli., (om. II,pag. 16.Î. nés., chap. XX, vs. 18.
(i4) On appelle cela fulgairemenl nouer l'ai- (17) Mercerus apud RIvetum, Oper. lom. I ,
({uillette. pag. 3r)5. •
,,
ABIMELECH. ^7
pas une grande différence entre Taf- mus (21). Je crois que tous les anciens
fliction personnelle d'Abimelech et historiens ont pris la même licence
Taftlicf ion personnelle du premier ra- à l'égard des ^icux mémoires qu'ils
Tisseur (18; de Sara. Ils disent de ce- consultaient Ils ont cousu des supplé-
lui-ci qu'il fut atteint de la maladie mens; et n'y trouvant pas les faits
,
(C) Des mémoires préférables a ceux \înt au monde il aurait donc eu cent :
ble ? et n'en faut-il pas conclure , ou sage avait la force qu'on lui attribue
,
qu'il ne s'est guère soucié de scanda- il faudrait nier toutes les histoires
liser sa nation , ou qu'il a cru que le qui apprennent qu'il y a eu des rè°nes
sentiment particidier qu'il avait sur qui ont duré plus de cinquante ou
la faillibilité, et par conséquent sur soixante ans ? Qu'est-ce donc qui me
la non - inspiration de Moïse , était porte à croire que l'Abimelech qui
commun parmi les Juifs? Il méritait enleva Sara n'est point le même qui
bien que Théodore de Bèze lui donnât traita alliance avec Isaac ? Le voici. Ce
ce coup Hoc ego semel pronu/icio
: dernier Abimelech crut bonnement
quàdlu nunquamfuhum esse ostendes, sur la parole d'Isaac , que Rébecca n'é-
si cents est multis locis Josephus tait que sa sœur;
, et lorsqu'il en fut
mentilum esse multis locis Mosem et désabusé , non pas par
paroles les
sacrosomnesscriptores ôednospoiiits mais par les actions d'Isaac, il le re-
islos pro i^eris ipsius Dei interpretibus, prit doucement de son mensonge , sans
illum i^erô pro sacerdote rerum sacra- lui dire, i'ous chassez de race; Àbra-
rum l'aidé iruperito , aique eliani né-
gligente et prophano scriptore habebi- (21) Tli. Bej» , Respons. ad Baldainum ,
Oper. loin. IJ^ ptg- 220.
(18) Pharr.o, roi d'Égi^pLe. (22) Abraham
vécut 175 ans, et Isaac 180.
(19; j4pud Mercerum, in Rireti Opte., loin. {l'i) Pererius, in Gènes. .cap. , Prœf. XXKI
^ , pni<- ^95- Saliani Annal., loin. /, pag. Sao.
(20) .lpud^e'^des^.'Bis^. patriarch., tom. II, (24) La
version de Genève parle : Tonte tr-
pag. 154. rannie eside petite durée. Chap. XI, vt. 11
•8 ABIMELECH.
ham votre père m'a^'ait déjà joué le puisqu'il ne dit point à Isaac qu'elle
même tour. Or, quelle apparence que, avait été en danger de sa part, mais
s'il eût e'te' déjà attrapé par Abra- seulement de la part de ses sujets et, :
reumque arguens dicebat , Cur hoc fe- la fenêtre rencontra sous ses yeux un ,
cisti? Hanc deceptionem et olirn tel objet. Piitant quitlani honestè si~
sustinnimus à pâtre tuo (iB). Mais tout gnijicari eo focabulo copulam carna-
cela n'a point d'autre fondement que lem. Sed non fît ferisiniile Isaac pru-
les privilèges de la rhétorique, les- dentissimum et sanctissimum uirum
quels on étend quelquefois presque tant incautè rem habuisse cum uxore ,
aussi loin que ceux des poètes et des ut id per Jénestram prospicere , ut
peintres. Scriptura inquit, rex posset Abime-
Pictoribut atque poélit lech, Credibilius igilur est eo uoca-
QuidlibeL audendi seinper fuit tequa potes- biilo signijicatos esse taies jocos et
tas (26).
blandiiias in amplexando et osculan-
do quales inter conjuges ngitari turpe
Deux choses semblent favoriser le ,
y a eu des noms afi'ectés à tous les rois pas d'être trop forts entre des gens qui
d'un certain pays , comme celui de
Pharaon aux rois d'Egypte. Pourquoi ne sont point mariés quelque parenté ,
ABRABANEL. 79
queles moralistes rigides exigeraient boire. Il serait à souhaiter que la plu-
tre-vingts ans. Saint Augustin, dans ses ché avec Rébecca, qui ne passait que
livres contre Faustus le manichéen, pour sœur d'Isaac Nous apprenons de
grand frondeur des patriarclies , fait là en même temps qu'ils respectaient
Tapologie d'isaac d'une manière solide le mariage. Quant aux filles on ,
(28; 5 et dans le fond, c'est être trop ri- croyait assez en ces pays-là qu'elles
goureux que de vouloir qu'un patriar- e'taient pour le premier occupant. Té-
che ou qu'un prélat marié ne puisse moin Dina la fille de Jacob quand
,
,
femme sans fermer tous les volets des pauma tout aussitôt on jouit d'elle , ,
fenêtres. Car il faut avoir cette bonne et puis on lui parla de mariage (Sa).
opinion de leur prud'homie, que , si
la nature voulait passer des petites
(32) Gènes., chap. XXXir.
caresses aux plus grandes ils se sou- ,
puri., dit-il f^g) jncum hune intetli- se disait descendre du roi David
,
dit alors avec tous ses livres un ne sais quelle aventure , ce qu'il
commencement de Commentaire avait autrefois écrit sur le livre
sur le Deutéronome a. quoi il ent du Deutéronome. Il repassa en
,
ceux de Samuel ; puis il fut ap- Venise pour y terminer les diffé-
pelé à la cour de Ferdinand et rens qui s'étaient émus entre
d'Isabelle, et il y eut des emplois les Vénitiens et les Portugais au
pendant huit ans , c'est-à-dire sujet des épiceries , et il fit pa-
lusqu'à ce qu'on chassât les Juifs raitre tant de prudence et tant
des états du roi catholique, en de capacité qu'il s'acquit l'es- ,
1492. Il fit tout ce qu'il put par time et la faveur des puissances,
ses prières et ses lamentations II composa à Venise son Com-
(F) pour détourner cette terrible mentaire surJérémie , l'an 1 5o4.
tempête; mais il n'obtint rien, Quelques-uns veulent qu'il ait
et il fallut qu'il sortît , comme aussi composé alors le Commen-
tons les autres , avec sa femme et
taire sur Éztchiel et sur les douze
ses enfans. Il se retira à Naples, petits prophètes. Il fit eu i5o6le
loir parla connaissance qu'il pou- Samuel (I). L'aîné a été médecin
vait avoir accmise de la cour de et grand poète, et a composé plu-
d'Aragon; de
o et de celle .
Portugal
.
11 ,,,
{b) ^ , çii il y séjourna sept, ans., Rbar-
Notez
,., ,.
sorte qu il s msmua dans les bon- tolocci. BiU. vahhia. ,toin. irr, pa^. 873.
C'est-à dire, le Sacrifice de Pâ^fues.
SràceS de Ferdinand roi de
nés O ,
(c)
_T 1 11 J'tl
• ^d. CVi?-« c/(>e, l'Héritage des peies.
Naples et puis dans celles d Al-
, ,; Ccst-àdire. les Fontaines du salut.
phonse. Il suivit la fortune de {/) c'est à-Uire , le Prédicateur du salut.
ABRABANEL.
sieurs vers à la gloire de sou père. faitde livre où il n*ait marqué les
On dit que Samuel embrassa le traits de son désir de vengeance
christianisme à Ferrare , et qu'il et de son indignation , et il ra-
Le siège de l'an iSog ruina de rassent pas comme lui les pré-
telle sorte les environs de la pla- ceptes de l'Évangile. Je ne trou-
ce qu'on ne saurait plus discer-
,
ve point son profassorat de Pa-
ner ce cimetière. Abrabanel avait doue (L) ni son voyage d'Orient
,
de grands dons il va
: de pair (M). Ce sont des faits où M. Mo-
avec le fameux Maimonides, et réri s'est lourdement abusé. Je
il y a même des gens qui le met- n'en dis guère moins du voyage
tent au-dessus de lui. Les Juifs d'Allemagne (N).
prétendent qu'il a ruiné de fond Abrabanel était un homme in-
en comble toutes les raisons et fatigable dans le travail de l'étu-
toutes les objections des chré- de il V passait
: des nuits en-
tiens. Ceux— ci , méprisant avec tières et il pouvait jeûner fort
,
font beaucoup de cas de ses au- cable qu'il témoignait contre les
tres interprétations. Ils le trou- chrétiens en écrivant (0) ne l'em-
vent subtil clair , savant sin- pêchait pas de vivre avec eux
, ,
83 ABRABANEL..
veut que la famille d'Abrabanel ait cet Alphonse est le dernier roi de
eu son établissement à Séville pen- Castille qui ait porté ce nom-la (12).
dant plusieurs siècles (2). Il l'avait Il pourrait avoir raison jusqu'ici j mais
appris de Bartolocci et il cite (3) le il a tort quand il met près de deux
,
rabbin Salomon ben Virga , cjui a dit siècles entre ce roi et notre rabbin 5
à peu près la même chose dans son car ce dernier vint au monde l'an
histoire des Juifs (4j traduite en lalin 1437 , et ce roi mourut Tan i35o , à
>
mon ben Virga introduit un certain sed benè dodus in CaUellœ regnum ,
Thomas qui fait une longue déduction transiit , ctim Joanni II Portugal- ,
de la même histoire à Alphonse roi lice régi, parùm esset gratus (i3j II
,
d'Espagne, et lui débite que la famille s'agit là d'un âge qui , pour l'ordinaire,
des Abrabanel descendait des rois de n'ait pas pu donner le temps d'ac-
Juda ^ mais Alphonse n'en veut rien quérir de l'érudition. C'est ce qu'on ne
croire et forme des difEcultés insur- saurait direde l'âge de quarante-cinq
,
montables contre ces généalogies (7). ans. 11 est donc certain que l'auteur
Les Juifs pour se tirer d'embarras
,
de la Biblothéque espagnole a cru que
,
supposent qu' Abrabanel perdit ses li- le rabbin était fort au-dessous de cet
vres généalogiques dans le tumulte de âge quand il s'enfuit en Castille il :
dicule car sa
j
femme était de la fa- roi Jean ne l'eût porté à se contenter
mille des Abrabanel (10.) Au reste , de le bannir. Ils ajoutent que les re-
il n'est pas aisé de savoir qui est cet mords de la conscience firent pren-
Alphonse qui s'entretient si long- dre à ce rabbin la résolution de quit-
temps avec ce Thomas dans le livre ter le Portugal , et de se sauver de
de Salomon ben Virga. Quelques-uns nuit en Castille avec une prompti- ,
l'an i5io. Nous avons ici une preuve (22) Il fallait dire 71.
(23) Nicol. Anton. Bibl. Hisp., <om. II, pag.
(i5) Act Lips. Nov. 168G, pag. 53o. Barto- 686.
locci Biblioth Kabbinica, loin. III , pag. 874- (24) N. Anton. Bibl. Hispan., tom. I ,
pag.
(ifj; Comment, in Libros Regum, tnil. apud 63o.
Nicol. Anton Bibl. Hlsp., <om. /, f»ng. 627. * Dans sa lettre à Lacroie, du i*r. mars
(i-) Âpud Nicol. Anton. Bibl. Hisp., loin. I , 1704 Barle dit : " Il n'r a plus lieu de douter
,
(ici) Il e'iaU Ip II'. de ce nom. Il succéda à » rappunFdans le texte de l'article, Jit la même
Ferdinand le Bâtard, et eut pour successeur * cho.,e; mais il est surprenant que ni Bano'
Ferdinand II. » locci ni Nicolas Antonio n aient point parlé
,
Juda AerabaNel quitta son père lors- Leipsick, Fan i663 On a publié dans
que les Français conquirent le royau- la même ville, en 1686, in-folio, le
me de Naples, et se retira à Gènes Commentaire sur Joiue , sur les Ju-
pour y exercer la médecine (26J. Sa- ges et sur Samuel. Voyez ce que l'on
,
muel Abrabanel vivait encore sons le a dit de cette édition dans le journal
pontilicat de Jules III, comme il pa- de Leipsick, d'où j'ai tiré cet article.
raît par la requête qu'il présenta au En la même année 1686, ou imprima
cardinal Sirlet, protecteur des néo- à Leide le Commentaire sur Osée ,
phytes ^27). 11 se retira de Naples l'an auec la préface sur les douze petits
J540, et emporta avec soi la valeur prophètes; le tout traduit en latin et
de deux cent mille écus (28;. Son père accompagné de notes, par François
lui dédia le Commentaire in Pirke ab Husen. 3L de Veil juif converti ,
,
yii'oth, qu'il composa l'an 1496 (29). publia à Londres, l'an i683, la pré-
(J£) j4brahnnel a fait plusieurs au- face d'yibrribanel sur le Léi'itique.
tres lii^res ] Voici ceux qu'on marque Voyez le journal de Leipsick au ,
dans le journal de Leipsick (3o) des mois de janvier 1684. Nicolas Anto-
:
Comtnentaires sur la Genèse sur le nio vous donnera les titres de quel-
,
chicho qui est un ouvrage sur les tra- sion quelquefois, selon que la Biblio-
,
dek Olamim; cela regarde les peines lui apprendre. M. Moréri ne devait pas
fit les récompenses de l'autre vie lie- dire qu'Abrabanel a écrit un Oom-
:
plier Jenioth Otam c est une histoi- mentaire sur le Thalraud mais seu-
; ,
même rabbin, (pie le même Buxtorfe luante préjiice de cet auteur au com-
a traduites et publiées avec le livre mencement de son livre Nahalat
Cosri. 11 montra aussi d'autres tra- Avotli où il explique la succession
,
àrrabanel. Si
circonçfance si remarquable ainsi , : qua pour le royaume de Naples et ,
été actuellement revêtu. El si d'au- vais que don Nicolas Antonio l'avait
tres que lui en avaient parlé avec corrigée après avoir été mieux instruit
quelque fondement je crois que mes-,
par le père Bartolocoi. Mais, ayant
sieurs de Leipsick ne l'auraient pas consulté le livre qu'on a cité, j'ai vu
lÊjnore, ni voulu passer sous silence. que l'auteur ne dit nullement qu'A-
C'est donc un fait un peu apocryphe, brabanel dise qu'il a voyagé en Alle-
pour ne rien dire de pis. magne, Voici ce que dit Buxtorfe Hic :
Joignez à cela que le père Barto- titulus (.Morenu, id est, doctor nos-
îocci, qui a d'inné une suite exacte ter) noi'us est., infra ducentos annos
des aventures de ce rabbin ne parle nalus in Germanid indè in ItuUam
,
,
(.M) ni son t'oyage J' Orient."] Je don Isaa') ylb fbinel ex Hispanid in
le tiens pour faux par la raison que has terras l'eniens ut ipsemrt scribit
, ,
langue hébraïque à Padoiie en i5io; lorci lui avait dit concernant Ahra-
,
et en second lieu que l'envie de fai- banel. Notez que ce père prouve dé-
,
,
Îue j'étais persuadé que don Nicolas les cardinaux et tout le clergé et ,
ntoaio avait bien cité Buxtorfe; car, contre tous les chrétiens en général
en supposant qu'il l'a bien cité , on mais plus encore contre les catholi-
doit croire qu'Abrabanel a parlé de ques romains, que le père Baitolocci
son voyage d'Allemagne dans son Com- alirait voulu que l'on n'en eût point
mentaire sur Pirke ^it'oth. Projugus permis la lecture aux Juifs (Sg). Aussi
ergo is inGermaniam Jenil, quoJ ipse remanjue-t il que celle des Commen-
ait in Coramentariis ad librum Talmu- taires sur les derniers prophètes
leur
dicura Pirke Ai^otli... Buxtorfto teste a été interdite, et qu'ils n'osent pas
in tractatu de Abreviaturis Hebrœo- les garder. In his etiam pluribus
in
Tum,pag. 100 (36). Je me réduisais locis canino dente christianam religio-
donc à dire dans cette supposition
, nem mordet et lacérât ideoque meritb
, ,
gg
ABRAHAM.
Judœis in- traita avec lui, scelléedu signe de
illorum lectio et retentio
urdicta est, nec ens apud son obéissance à
se rttinere j^ circoncision;
prop-
auJent , publi"è saltew etpalàm, y^j.^j.q q^^'iJ avait recu de Dieu
ter metum chnsùanomm (4o).
^'immoler son fils unique; la ma-
(4«) Idem, ibidem, pag. 8-;8.
nièrc dout cct acte fut empécLé ;
-OT, 1 n»*j« ' * 1 son mariageavec Kétiira saraort ;
àl'âgedeclntsoixante-quinzeans,
che des croyans, était fils de Tha- ^^ ^f ^ ji^^e auprès de Sara sa
-
,
* Chaufepié a cru devoir donner lin Slip- nique. LcS mahométailS Se SOUt
plément à cet article. aussi mêlés de contcr des rêveries
{a) c est, selon les Hébreux, le 652' depuis „^,__„„„„. „„ pairiarcne
coucei uant ce iifltriirrhp , com
COm-
le déluge, et le 200S'' depuis la création du
monde. (g> ^pud Hottingerii Historiam Oritnlal. ,
ABRAHAM. 8^
me on lepeut voirdansl'AIcoran pierre au soleil apr<3s la mort
et dans un des principaux au- d'Abraham (/} 2". que ce pa- ;
ses dont on n a pas oui parler, enait qu'il les fallait adorer comme
Les chrétiens n'ont pas voulu des dieux (i). Quelques Juifs ont dé-
ètre les seuls qui ne débitassent ^^^^ qu'Abraham exerça assez long-
•
j . il temps le métier de Thare (a) c est-a- ,
arbres d'une vertu bien singu— qui régnait en ce pays-là étant 1 ado-
»"ation du soleil et des étoiles, Abra-
lière CG^
,T 1 . . » ham croupit long-temps dans ce mal- .
ses serviteurs nés dans sa maison phibn pour prouver qu'Abraham s^é-
(h) ,et qu'il rendit [i) les person- leva jusqu'à la connaissance de Dieu
nés que le roi de Sodome lui re- par ces sortes de réflexions; mais,
j„ j + (k).
/L\ T„ ,'« « P^^*^ comme il rapporte, sur la foi du mê-
demandait Le père r>arto-
me auteur,
, ''-au u
Abraham j' p< j
.
,
^^^ ,
1 , qu des l âge de ,
locci s echautte beaucoup sur cet- quatorze ans, avait atteint ce haut
te matière et n'emploie pas une degré de lumière et avait eu le cou-
, ,
S8 ABRAHAM.
ce patriarche ait etë pendant quelque car quel fond y a-t-il à faire , ou
temps infecté d'idolâtrie, soutient égard aux nombres et aux citations,
que , par son esprit et par la considé- sur un auteur aussi estroj)ié et aussi
ration de Funivers, il connut l'unité falsifié que le Suidas d'aujourd'hui?
de Dieu et la providence, et qu'il fut Peut-être avait il écrit , non pas t/ua-
le premier qui osa combattre L'^-des- toize ans mais cinquante anf. 11 y a
,
»us r*rreur populaire (5j. Il trouva une vieille tradition qui donne ce der-
jine opposition assez redoutable pour "ier ."^ge à Abraham sortant du giron
se résoudre à abandonner sa patrie, de l'idolâtrie. On conte (9) que son
Voilà peut-rtre pn^miére fois qu'on
la père ayant eutrepris un voyaj^e lui
,
,
qu'il débite dans l'un de ses ouvrages C^"e ton dieu l'ienne l'en tirer, lui dit-
qu'Abraham a été long-temps infecté i^ Haran, frère d'Abraham fut fort ,
et qu'il r'était pas prédestiné à de puisque c'est pour avoir tilché de tirer
grandes choses comme Abraham (ii). du feu les idoles de Tharé qu'Abra-
Cette tradition n'est pas nouvelle, ham y avait jetées. Ce fut en vain qu'il
j)uisque saint Jérôme la rapporte et y tâclia il fut consumé lui-même
^
:
survécut à Haran son fils en punition ran avec Sara sa femme, avec Lot fils
, ,
de l'audace qu'il a\ ait eue défaire des de son frère, avec tout le bien qu'ils
dieux d'argile, et qu'avant lui aucun avaient acquis, et avec toutei les âmes
père n'avait vu mourir de mort natu- qu'Us ai'aient faites (19). On ne veut
relie ses enfans (i3;. L'é(piivo(jue du point entendre par-là une génération
mot 6V (i4j a pu donner lieu à ces fa- d'enfans mais une propagation de ,
blés Ceux qui piessent les paroles où foi; et on confirme (20) cette explica-
Dieu dit à Abiaham Je suis i Eternel tion par la métapiiore dont l'apôtre
:
voyons aucune tiace de cette perse- qu'ils avaient achetés et les enfans qui
cution dans l'Ecriture ainsi l'on étaient nés de ces esclaves, sars que
5
dispute publique contre les idolâtres veulent que son père n'ait servT les
que le feu n'était point digne des bon- faux dieux que depuis son arrivée à
neurs divins, fut rais en prison, dé- Charan (21). Cela paraît absurde; car,
/ \ Ti „ •
r
(10) Ils appuient cette circonstance iur laGe'
, comme il .,,est fort probable (11)
, j
V, ,i.
'^
que
', ,
,
nè»e, Xl,28. Cette lamille abandonna la Lbaldee
{il) hidai apud Lyrannm et Tostatnm, ci-
,
pour éviter la persécution qu'elle avait
tante Sahano Annal ,
to,n /, pag. 4o,. -^^ j^ Craindre à cause de son éloi-
(12; Hieroa. Iradil. Hrbraic.in Genesim. J
i iv i ia. -i •. i
.
• •
gnifiait aussi le feu. Au II', /iii? rf'Esdras, (iV) Voyei Oa^e\<K, parapJirasle chaldéen ,
chap IX , la version latine porte : Qui elegistt et Fagiiis qui l'a traduit.
Abrabam, et eduxi,tieura de sgne Cbaldseorum. (iqj Chap. XII, v. 5.
(i5) Genèse, XV, -. (20; y^uyei Salian. Ann., tom. /, pag. l^oQ.
(16) Paulus Burgensi^, in addil. ad Postillam (2i)Toslal.a;(U(i Pererium in Gènes., c«p. XA.
Lïrani in Gènes., cap. XI. (22) Cela est fonde' sur le témoignage de Jo-
(i-) Jpud Pauliiin Burgens. in Addit. ad Ly- sepbe et sur le livre de Jiidllli , citap. V. .S.ii
ran Poslill. in Gènes. , cap. XI. Voyei son Augustin Faffirme, de Civit. Dei , liv. Xf^l,
lorchKcvochim, part. III ,cap. XXlX. chap. XIII.
, ,
9° ABRAHAM.
étrange que chef ne se fût corrom- lique d'Eusèbe. Ce patriarche commu-
le
pu que dans le pays où il se réfugia. niqua aux Phéniciens et aux Egyp-
Jfais il pourrait bien être que le culte tiens l'astronomie, à ce que disent
des idoles dont Abraham avait guéri Eupolème et Artapan (27) mais, après
,
;
Tharé avant qu'ils sortissent de leur tout ce ne sont point articles de foi.
,
pays ressuscita dans Tâme du bon Les auteurs qui lui attribuent ces cho-
,
Bieillartl 5 car, en ces temps d'igno- ses aflaiblisNcnt le poids de leur té-
rance, il n'était pas donné à beau- moignage par les faussetés qu'ils y
coup de gens de maîtriser pour tou- mêlent. L'un dit qu'Abraham a régné
jours le penchant naturel à l'idolâ- à Damas (28) un autre dit qu'il sé- ;
trie. On croit même que Naclior, le journa vingt ans en Egypte avec toute
troisième fils de Tharé, ne fut jamais sa famille auprès du roi Pharéthon
bien converti, et qu'il se retira néan- (2g); un autre lui fait l'injustice de
moins de sa patrie, afin d'aller join- penser qu'un des motifs de son voya-
dre son père à Charan (23;. Ce pour- ge d'Egypte fut le désir de connaître
rait bien étj-e lui qui retraça dans l'â- les dogmes des Egyptiens touchant la
me de ce vieillard le culte idolâtre Divinité, afin de les suivre, s'ils étaient
qu'Abraham en avait été. 11 est cer- meilleurs que les siens ou de dés- ,
chor, servait les idoles. Quelques pè- croyance erronée (3o). Quelques mo-
res de l'Eglise ont cru que Tharé n'a dernes ne croient pas qu il ait ensei-
été fidèle ni pendant sa vie, ni à l'ar- gné les mathématiques aux Egyptiens
ticle de h mort. Voyez les homélies (3i). La raison qu'ils en donnent me
XXXI et ]ÏXXV1I de saint Chrysosto- paraît fausse c'est disent-ils , que la : ,
cent embarras où ni ceux qui sou- de donner leçon sur des sciences aussi
,
tiennent le pour, ni ceux qui soutien- abstraites que celles là qui, tout com- ,
qui a cm que ce patriarche érigea des Cartniria secessum scribentis ei otia quterunt.
monastères à Charan et qu'il n'ame- ,
na avec lui dans la Palestine que les Mais il fallait prendre garde que Jo-
moines les plus novices (a^) n'est sephe a fort bien distingué les temps
, :
point Je ceux qui peuvent alléguer il dit que ce fut après la liberté de
quelque raison. Sara qu'Abraham eut des conférences
(D) Combien de sciences.'] Il savait, avec les savans d'Egypte, et lorsqu'il
dit-on, l'astronomie. C'est ce que Bé- avait le cœur content, tant à cause
roseett disait, sans le nommer, si nous que Pharao l'avait comblé de bien-
en crcyons Josephe (aS). On veut aussi faits, qu'à cause qu'il était persuadé
qu'il ait enseigné l'arithmétique et que sa femme lui était revenue sans
l'astronomie aux Egyptiens. Josephe avoir souffert aucune atteinte à son
l'assure (26) et JSicolas de Damas le honneur.
,
ABRAHAM. 91
avaient accouhimé d'y lire la veille Y) Qu'ily cnmmencnahâtirle tem-
du jour du sabbat. L'auteur du livre p'«.] Ils content qu'Adam , chassé du
intiuilé Cozri dit qie cet ouvraj^e d'A- paradis, pria le bon Dieu de lui per-
braham est profond et qu'il a besoin , mettre de bâtir une maison, sur le
d'iinr! explication prolixe; qu'il ensei- plan de celle qu'il avait vue dans le
gne l'unité de Dieu ; qu'à certains ciel; une maison , dis- je , qui fût le
égards il semble dire des choses bien
,
lien où il dirigeât ses prières, et au-
difiérentes; mais qu'à d'au'res égards tour duquel il marchât par dévotion.
il ne tend qu'à un même but. Tous Dieu fit tomber une tente qui ressem-
les Juifs n'ont pas attribué ce livre à blait maison qu'Adam avait vue-
à. la
C'^ grand patriarche. H y en a qui ont Adam servit de cette tente pour
se
déclaré hautement que c'est un ouvra- les usages qu'il souhaitait. Après sa
ge supp >sé et qui condamnent la har-
, mort , Seth bâtit une maison de pierre
diesse du rabbin Akiba , qu'ils croient et de boue sur ce modèle le déluge :
ceux par le moyen desquels il défit les lut jamais s'y asseoir, et qu'elle pré-
cinq [^o) rois qui ai'uient pris Loth son dit que le rédempteur des hommes
neveu. Au reste l'ouvrage de la créa- mourrait triomphamment sur ce bois
, :
tion, supposé à Abraham, fut impri- que Salomon l'entoura de trente croix
mé à Paris l'an i552, traduit en latin d'argent, et que cette situation dura
par Postel et accompagné de notes. jusqu'à la mort de Jésus-Christ (43).
,
tion latine avec des notes Tan 1642 qu'Abraham ait quelquefois cherché
,
apud Heidegger,
Constans (45). Diys, id est, quercus
52 , ib:d.
(35) Piœfal. Il Zobai-MantuaDi, apud eumd. Mambre juxUiHebron in qud usquc- . ,
(3p) Kircherus, dans le Gallois, Traité des (45;iiidor. , ;,*. xrri, cap. apud ni,
Bibliolbéques , po^'. 142, e'd.t. de Paris. Bonifacium Histor. Ludicr,, pag. 385. // eut
,
(4o) Il fallait dire quatre. mieux fait s'il eiil cite' ce que je cite de saini.
',4iJ Spizelii Spccim. Bibl. Jerc-ni.
,
9'-î ABRAM.
régis impenum, terelynthus momira- humaniste
, et il parut à ses su-
batur peri'etus, et annns niiiiiniludine ^ i xi • '
i
•
aux demandes du roi de Sodome. lia logiques, intitulé P/irt/vi* f-^eteris Tcs-
raison de les condamner, en ce qu'ils tairienti sacrnnim Qnœstionum
, siue
supposent que ce prince redemandait Libri Xf^ les Axiomes de la rie
:
ne les rendit pas Ce qu'il cite de l'É- lyses de logique y sont bonnes et
criture est visiblement sa condam- exactes les notes y sont remplies de
;
ABSTÉMIUS. (^^
inclusivement, Pt néanmoins, il est en le Mire et le père Oudin n'en disent
deux tomrs in-folio. Ils furent impri- pas davantage relui-ià dans son
:
,
court; ce qui est cause qu'il a rendu dans son Supplementum de Scriptori-
pliis de service dans les écoles. On *"s ^fc/es/Vjincà imprimé l'an 1686.
,
Toit à la tin de sou Pharus Veleris De la manière que .M. Simon cite plu-
Testamenli 2), un long traité f/e sieurs fois cet ouvrage du père Abram
f^erit'iie et âJendacio, où il ne donne (6), on voit bien qu'il en fait cas et
pas dans les maximes des casuistes que ce n'est pas m\ livre tiui méritât
„;„:j„„
rigides. J'a»
d'être ;m voici un
inconnu. Mais •
'
fait plus
M. de Monnaie m'a averti, 1°. que singulier. Martin Schoockius, dont le
la
ce jésuite a supplée, en soixante et fort était une vaste et prodigieuse lec-
onze vers grecs de sa façon, l'iustoire ture déclara sur ses vieux jours qu'il ,
de la femme adultère, qui manquait n'avait jamais ouï parler d'uu auteur
au Vlli^. chapitre de la paraphrase de qui s'appelât Nicolas Abraham. Uanc
Nonnus (3j 2°. que Reiuésius parle
''
:,
si tuitus fuerit nescio quis NlcoLius
de ce Nicolas Abrara dans la page Abinhanius (jani priuuliis euni nosse
l55de ses lettres ad H
ffmnnnum et inctpin ) prolixo examine haud opus
R'iperiuni. J'ai consulté cet endroit- J'uisset (7).
là , et j'y ai trouvé cet éloge Si me :
(6; Hist. Cr!t. Se' Comment, du ^'ûllveau
cuni tni mtionibus aiidirc liïc noies Teslament chap. XXIII. , ,
i^el hujus (Nie. Abrami ) auclorituti cè- Ct) Si h.iockiu'i, de Fieuore unciario, pag. lo-.
Il eit imprimé Van 1G68.
de. Est enim sanè ciuaiii dnctissimus ,
et maxime iduneus ejplicamlo l'uHio.
Joignons à ce témoignage celui d'un * (Laurent), ne ABSTÉMIUS
autre savant du même pays. .4d in- à Macéra ta, dans la Marche d' An-
tetligf.iidas , adque ad mum t'ansj'e- cône , s'attacha à l'étude des
rendas nraliones Ciceronis sujjlciet
belles-lettres et y fitde pro-
assez
Coiumeiitarius Jo Thomae Fre
nisi f/ms tiddere mnlii prniixns Com- gfès. Il les enseigna dans Urbia
menlarins Nicolai Abrami jesuitœ mul- et y fut bibliothécaire du duc
td reinm pariétale inslructns (4j. Guido Ubaido («) , auquel il
(B, Si peu connu dans les pays étran-
dédia un petit livre oii il expli-
gers.'] St^s notes sur la paraphrase de
Nonnus furent imprimées à Paris quait quelques passages difficiles
,
chez Sébasti.-n Crara)isi, l'au 1622, des anciens auteurs {b). Ce fut
et il ne paraît pas cpi'Heinsius eu et'lt sous le pontificat d'Alexandre VI
connais>ance lorsqu'en 1627 i' publia
qu'il publia cet ouvrage et un
cette mè.me paraplirase a\ei- un grand ,
quelques passages des anciens il est certain que cela a réuSii en plu-
que l'on m'a communiquées de- )) c[ue Laurent Valle a critiqué cet
» Abstémius. Je doute fort de ce fait;
puis la première édition (C).
» nulle trace de cette prétendue cri-
(d) Epilome Bibliot. Gemeri. j) tique ne se trouvant dans les œ'u-
» vres de Laurent Valle que d'ailleurs
,
eu soin est plus moderne de quatre- » n'a pas dù avoir de grands démêlés,
vingt-huit ans. Les notes qu'il y a }) lui a3'ant survécu toutau moins qua-
jointes sont peu de chose; et ce n'est » rante-huit ans. II est le premier, que
point sans doute pour l'amour d'elles » je sache, qui ait écrit le conte des ta-
qu'on a renouvelé souvent l'impres- » lens multipliés. Le Bandel, Verville,
sion. Il n'en a point fait sur les fables » et d'autres l'ont depuis rapporté. »
d'Abstemius aussi n'en avaient-elles
: Ces paroles sont tirées d une lettre qui
pas besoin. m'a été écrite par M. de la Monnaie.
(B) Il n'épargna pns toujours le cler-
(i) Fabula indicat, peccala, c'um ratione
^e'.] Eu voici une preuve. La CIV*. de
neqwanl, urbanitaLe diluendà. Abstenu Fa-
ses fables est qu'un prêtre fut commis bul. ClV.
par son prélat à la garde d'un cou- (i) yojei ci-dessus la citaUon (b) de cet at'
ticle.
vent où il y avait cinq religieuses , de
chacune desquelles il eut un garçon
au bout de l'an. L'évêque apprenant ,
ABUCARAS (Théodore) a été
cette nouvelle , s'en fâcha , lit venir le un prélat (A) fort zélé pour l'or-
prêtre, lui fil une rude mercuriale , thodoxie , et il l'a fait paraître
et le traita de perfide de sacrilège ,
,
par plus de quarante disserta-
d'homme qui avait ose violer le tem-
ple du Saint-Esprit. Seigneur, lui ré-
tions qu'il a écrites , ou contre
pondit-on, yous m'aidez commis cinq les juifs ou contre les mahoraé-
,
,.
ABDC ARAS. g5
tans ou contre
,
hérétiques , les lui commanda de se tenir coi.
ou en général sur des matières Deux ans après (c) il se présenta
de religion. Génébrard mit en au concile de Constantinople
latin quinze de ces dissertations, et demanda humblement pardon
et les publia. Gretser , les joi- de ce qu'il avait suivi le parti
gnant aux autres (B) que le père de Photius , et protesta qu'on l'y
,
que. On est en peine sur le temps (iiNicetai Papblagon. inVità Ignatii, apnd
CaTe Hislor. Lillerar. Scriplor. Eccles.
auquel Abucaras a vécu. Le jé-
,
,
pag. 557.
suite Turrien le croit disciple de (e; Ârnoldi prtrfatio.
Traité intitulé 'OcTuyàc , i. e. i'iœ Dux cet endroit— là, et il disait aux
adi^e/'iùs acephar'os , que l'on ait joint mahométans qu'ils étaient bien
aux œuvres d'Abucaïas dans l'édi- fous de donner à cet édifice le
tion du père Gretser.
(C j Gretser le J ait un peu plus jeune.']
nom de maison de Dieu ; car ,
lide (Dy que n'est le plaisir d'in- abrège le temps il met l'enlèvement :
tous les esprits les doutes et les taient imaginé que ces bonnes gens
scrupules que les railleries de iraient au lieu où serait la pierre. Voi-
ces profanes pouvaient faire naî- là pourquoi ils ne voulurent point
la mettre à rançon ils n'écoutèrent
tre (c). Voilà un petit échan-
:
ques aux portes du g' and Caire (3). viiim Oxitm descn'ptio ex tabulis
(B) L'an3f] de l'héi^lre.'] Abulfeda Ahiilfedœ Ismaelis ,
principis
et Ahmed Ebn Yusef marquent cette imprimé à Lon-
Hamah'p). Il fut
Ci) C'est noire année 891.
(al Vocock., dans ses notes sur /e Spécimen
Hislor. Arab. ,
(2) Pocock. , Xotœ in spécimen dit qiiil naquit l'an
Hist. Arab., pag. 363 ,
pa^. 371. Ce Spécimen fui imprime' à Oxford
i5r2.de l'hégire. ,
en i65o.
{b) Le titre arabe signife Canon, o« plutôt
(3)Pococl., Not»ia Spécimen Histor. Arab.,
Rcctificatio Terrarum, à ce que t/ùGravius,
pa^. 371.
TOME I.
-
98 ABUL FEDA.
dres l'an i65o. L'auteur y cite plaire de la bibliothèque impé-
quantité d'auteurs arabes. Il le riale qui lui fut prêté par Ten-
,
ABULFEDA. 99
uécu bennrnup plus tarcJ et peat-é r<i tingués 5 car, s'il Payait su, il n'au-
,
dam le FUI', nn dans le IX«. , ou mê- rait point rapporté Popinion de ces
me l'un 1200. Il ne fallait pas s'expri- gen.s-là sans y apposer sa censure. 2°.
mer par un peiit-éLre il fallait assurer 11 confirme cette première ob-iervalion
:
qu'il vivait dans le X1V«. siècle, puis- quand il aioute qu'Abulfeda a traité
que son ouvrage fut achevé l'an 721 de sa Gen^niphie p ,r climats. Cela con-
rhegire, coni'ne on le de'clare sur la vient mieux à col li qui nous a donné
fin. il s'est glissé une faute d'impres- la Gens^raphia Nubœnsis qu'à Abul-
sion dans le Moiéri de Hollande eu cet feda. On n'a vu de ce dernier que la
endroit. On fait dire à Jean Gravius description de quelques parties de l'A-
que notre Abiilfeda vivait au com- sie situées au delà de POxus, lesquelles
mencem -nldu XIII*. siècle; cependant il met sous les climats aS et 26 La
il a mis la mort de ce prince à l'an Géographie de Nubie est tout aulre-
1345*'. Ce qui m j fait (le la peine est ment disposée. On n'y connaît que
,
de voir que le docte Edouard Pocock sept climats on s'en tient à cette di-
:
assure qu'Abulfeda prit possession du vision des anciens; c'est à elle qu'on
gouvernement de la province de Ha- rapporte la description qu'on y donne
mah l'an 700 de l'hégire (5). On ne de toutes les parties du monde connu.
peut accorder cela avec ce que Jean Je remarquerai eu passant qu'Abul-
Gravius a établi. Or, il est plus raison- feda commence le premier climat à
nable de s'en rapporter à ce dernier l'Arabie, et non pas, comme la Geo-
qu'à l'autre parce qu'Abulfe la est grupliia IVubiensis, à la côte la plus
,
dont nous parlerons en son lieu*\ Pour pas toujours un bon garant, puisqu'il
le moins il fait connaître qu'il ignore se passe quelqui^fois bien des années
que ces deu.K auteurs doivent être dis- entre la composition et la publication
d'un livre. Nous avons ici un exemple
*' Gravius avait comme on la voit dans de l'embarras où l'on jette les lecteurs
,
lOO ABULPHARAGE.
brëgé qu'il en traduisit, au sieur Ra- nés (B). Il vivait sur la fin du
rausius (6) qui avait dessein de pu-
, treizième siècle * , et faisait pro-
blier un second toute du Noiiveau-
fession du christianisme (C). Cela
Mrinde. Il y a bien de la diflercnce
entre apporter un livre de TOrient n'empêclia point que plusieurs
et être le premier qui l'apporte de mahométans n'étudiassent sous
l'Orient; entre publier uu livre , et lui (D). Un certain bruit qui a
en laisser le manuscrit à un homme
qui s'en peut servir. Il est sûr que Ra-
couru que , se voyant près de la
rausiusn'a pas publié ce que Postel lui mort, il abjura sa religion , doit
laissa ; et s'il est vrai que l'Abulfeda , être mis au nombre de mille fa-
qui était en arabe dans la bibliothèque bles de cette nature qui se dé-
palatine, comme le remarque M. Mo-
bitent dans toutes les sectes CE).
réri , apporté en Europe par
ait été
Postel, et que cet exemplaire soit le Il a divisé par dynasties l'histoire
premier qu'on ait eu dans rOcoident, qu'il a composée en arabe c'est ;
l'Euphrate et il serait
, à présent de savantes notes, un petit ex-
fort peu connu s'il s'était borné trait de la neuvième dynastie de
,
Zacuth en a dit dans son Jucha- chrinianoruni princeps prinim tus sec- ,
,
d'un Itfki>u, se lit au titre des ouvrages
fils
dam Judceo, qui eum l'Ocal EbnorKofl",
d' Abulpharage. Cette remarque d'Asseman-
Christian util malaliensem, sectd mel-
ni ,rapportée par Chaufepié prouve que ,
M. Daiidrand. Le hasard m'a été plus nis fariisque scientiis instructus et pe-
favorable que mes recherches; car, en nilùs inibutus prœcipuè autem medi-
,
feuilletant pour d'autres choses ce cii/œ glorid seculo suo clariis , ndeô
<[u"on appelle la Géographie de Nu- ut ad eufii è plagis occidentalibus fré-
bie, j'y ai trouvé que Malatia était quentes conlenderent. Christianm trat,
une ville forte, à cinquante-un mille à qiio tameii didicerunt niulti è D/us-
pas de Samosate tirunt vers la souixe, Icmnrum eximiè doctis- Ferunt ipsuni
del'Euphrate {\). morte propinquuni à fde chiistiand
M. Baudrand m'a fait savoir qu'il a descii'isse. Ebn Chalecan auteur fa- ,
parlé de cette ville sous le mot Melila meux qui a fait la Vie des hommes
et Melitène. Cela est vrai il la pose :
illustres, est celui qui a écrit ces pa-
dans la petite Arménie , sur l'Euphra- roles, s'il en faut croire la remarque
te et dit qu'on la nomme aujourd hui
,
écrite d'une autre main au même lieu
Malatiah. de l'exemplaire (3j.
(B) Les titres qu'on lui a donnés.']
(E) Qui se débitent dans toutes les
Voici ce que Pocock a trouvé à la fête sectes.] Nous venons de voir ce qu'on
d'un exemplaire d'Abulpiiarage, écrit fit courir touchant les dernières heu-
l'an 900 de l'hégire Dixit dnminus
res d'Abulpharage. Les mahométans
:
"^e. Jbrahim,son
ïi i
•
a
fils
^
et son suc-
qu'à l'arrivée de l'heure fatale où le
sort de l'éternité fraj^pe plus forte- cesseur, envoya dans ce pays Abu-
ment Tesprit (4), es dissimulateurs muslimus qui n'avait que dix— ,
re.ident gloire à la venté et jettent ^^^( ^j^^ ç^^^^^ grande jeunesse
^* '^ '
ne l'empêcha pas de chasser Nas-
Ifitin verœ voces luin denùimpeclore ah imo _ J "i J
Ej.ciuntur, et eripiturpersona, munrl r«(5). TUS, qUlCommandait
,
daUS la prO- 1
^, ,
C est de ce mauvais principe que sont
... ^ vince au nom du calife Mervpan.
^ j,,, -
ferai celte petite remarque. Pocock seur Almansor son frère qui ,
,
rapporte deux passages où notre au-
^^^^ d'Âbumuslimus
.^^ ^^.^^^
teur est nomme mar Gregoniis et j* , /•. . . .
•'
.
i
un où est nommé
il 3ior Gregorius "^ tres-nnportans services le ht
: ,
raaine sous le pape Paul V, y est nom- ^^^ trouver Son maître mais S e- ;
mé Marc Elie. Mais l'auteur qu'on tant laisser leurrer par les cares-
cite (7) l'avait nommé Marc Elias. ses qu'on h i fit faire , il se ren-
{à) Diilongipnoctisquoruminm numinanobis
Murs in'tant majora Jacit. irr" .-^
dit aUprès d'AlmailSOr , Qui Ic
/-•i/.
Dido, apuri SiWumhaVicum, lib. nii,vs. 140. jeta dans le ligre. Cela se fit en
(5) Lucret.. tib. III, vs. 5'}. l'ov^r^^,-. i"î_ J„ V\^Â~'
1 anuce 1 37 de I hegire , qui re-
" '
'
deux remarques que l'on va voir d'antre que l'univers n'est qu'une seule
substance, et que tout ce qu'on ap-
sont des choses dont je ne me
pelle générations et corruptions, mort
rends point garant je les rap- :
et vie, n'est qu'une certaine combi-
porte sur la foi d'autrui. Il n'y naison ou dissolution de modes. El-
a de moi là-dedans que le paral- macin appelle métempsycose de réso-
lution celle qu'Abumuslimns croyait.
lèle du sjîinozisme , et je ne suis
(B) Erpénius n'a point entendu les
pas trop persuadé que celui qui paroles d'Elmacin sur re suj«ii-/à.'\ U
critique Erpénius entende mieux lui fait dire qu'AhumusUmus suivit la
que lui l'endroit en question. secte de la succession descendante
prnjîtebatur seclam successionis des-
(c) Tiré d'Elmacini Hislor. Sarraceo. , cendentis (3) U fallait dire qu'il suivait
.
» qu'il n'y a pour tout que les quatre lui demander assistance pour un
«élémens, qui sont Dieu, qui sont des plus pressans besoins oii l'on
w l'homme et qui sont toutes choses;
,
se pût rencontrer {b). Philobie ,
» et que, par conséquent, les quatre
« élémens sont éternels et le monde ,
touchée de compassion , pria sou
mari de faire que Laodice pût
(i^ Bespier , Remarques sur l'état présent de
l'Empire Ottoman, par Ricaut pa^- 66>j. fa)Pausania? , hb. I,pag.5, et lib. X,
,
(2) Pielro Hella \ aile Lom. , III pag. 392, pag. 325 et 3^3.
,
cité par Berpier, là même.
,
T04 ACAMAS.
contenter son envie. Persée eut àRhéa mère des dieux. Elle lui
,
bout de neuf mois elle accou- son épée. Tzetzès raconte cette
cha d'un garçon qu'elle fit élever histoire (/"); mais il a confondu
par iEthra aïeule paternelle d'A-
, Acamas avec Démophoon (g) car ;
camas (A). Cet enfant eut nom c'estde ce dernier que tous les au-
Munitus (B) nous dirons dans : teurs racontent ce qui concerne
les remarques ce qu'il devint {d). la malheureuse Phyllis. Voyez la
Acamas fut un des braves qui lettre passionnée qu'Ovide feint
s'enfermèrent dans le cheval de qu'elle écrivit à Démophoon. Il
bois (e). Il eut depuis , dans la paraît par celte lettre que leur
Thrace , une aventure assez sem- mariage avait été consommé (h).
blable à la première mais les ; N'oublions point qu'une des tri-
suites eu furent très-malheureu- bus d'Athènes fut nommée Aca-
ses. Phyllis , la fille du roi , de- mantide (D) du nom de notre ,
<juc Castor et Pollux, faisant une ir- de mémoire ce que dit Plutarque, que
ruption dans l'Attiquc pour recouvrer ce fut Démophoon qui coucha avec
Hélt ne leur sœur, prirent la ville d'A- Laodice. Peut-tire l'avait-il lu dans
jihidiies. Celait l;i que cette belle avait quelques auteurs que nous ne connais-
cté envoyée par son ravisseur. yEthra , sons points peut-être aussi que Tzet-
raére de Thésée, y avait été envoyée zès avait lu dans quelqu'un de ces
en même temps. Ils la firent prison- écrivains perdus que les aventures de
nière, et remmenèrent à Lacédémone. Phyilis regardaient Acamas. Quoiqu'il
Elle s'y trouva lorsrpte P;1ris enleva en soit, il semble que Ton ait usé de
Hélène, et on l'y embarqua pour Troie, compensation et de dédommagement
Démophoon et Acamas suivirent les envers ces deux frères. Si Plutarque
autres Grecs, principalement afin de ôte d'un côté à Acamas les bons mo-
délivrer cette bonne femme, leur mens passés avec Laodice, et s'il les
aïeule , ou en payant sa rançon ou , transporte à Démophoon d'autre cô- ,
par la prise de la ville (i). Ils la ren- té Tzetzès ote à celui-ci les nuits agréa-
contrèrentdans les rues durant le sac- blement passées auprès de Phyilis, et
ca^ement de Troie; et ayant appris les transporte à Acamas. Parlons plus
qui elle était, ce ne furent qu'embras- sérieusement. Si Meursius eût bien
seiiieris réciproques {i). Ce fut alors pesé les passages où le fils de Laodice
qu'j£thra fit reconnaître iVIunitus par est appelé Munitus, il ne se fl\t pas
son père Acamas (3). Elle l'avait éle- servi des paroles de Plutarque pour
vé; car Laodice lui avait fait confi- prouver que le port de iMunychia n'a-
dence de ce qui s'était passé dans la vait point tiré son nom de Munj chus,
maison de Persée. Jean Cornarius a fils de Pantacles, comme on le dit or-
fait une assez grosse bévue dans sa dinaircment mais de Munychus fils
, ,
Tpo\a.ç etXaiTiv étiKOf/AO-iv itt Vmov , par tgDto to s^iç J'ia.Câ.KKoua-i , Keti anv îrsp
celles-ci quem sub dio enutritum post
, M'jiivùX'''^ juvBoKoylttv, ov îit An//.o<f '.Dvtoç
Troiœ captivitatem transportai' it in AstoiTiKHç kùÎk^o, 'riKovTn; h 'Ihian trt/vêx.-
que Parthénius, Lycopiiron et Tzetzès tiré son nom du fils de Thésée. Uésy-
le nomment constamment Munitus, chius l'atteste, et remarque que la
Moi/viToç, faut croire que le texte de
il rivière Bocurus, qui passait' par Sala-
Plutarque a été altéré en cet endroit- mine, avait sa source dans cette raon-
là , ou que l'auteur ne se souvenait pas ta"ne. Les géographes parlent du
bien de la vraie prononciation de ce promontoire Acamas , fort notable
mol. Ne nous arrive- t-il pas tous les dans la même île (7). Il y en a même
jours,quand nous citons de mémoire qui observent que toute l'île s'ap-
quelque autour, d'y brouiller quelque pelait autrefois Acamantis [8) mais 5
T«lzès sur Lvcôpbron cilé par Méilrlac, ^' '^ P''"' ''*• ^' '"P' ^^^[
(3) ,
' '
apud V,cap.
^v r
.^
XXXI.
sur les Epîires d'Ovide pag. it^>..
,
(8) Ptilonides Plin., lib.
(4) Partlitnii Eroticor., cap. XVl. Slcpliamis, verbo ^î/TTfiijÇ.
io6 ACAMAS.
personne que je sache ,
entre les ,
norninis filius Antenoris , qui tenipore
anciens n'a dit que le promontoire
, belli trnjani cœlebs erat et dits si- ,
Acainas emprunta son nom d'une milis habebaliir. Comme cet auteur ne
ville (^uAccfianie Athénien ami , ,
citi; personne pour ce fait-là , je n'ai
des Troyens qui s'en était Jui b:itit
, , pu faire des recherches sur ce célibat;
sur ce promontoii-e et à laquelle il ,
et si j'osais donner carrière à la con-
donna son nom. Cette ville, et Tami- jecture , je dirais cpie cœlebs a été
tie' de l'Athénien Acamas pour les mis p'Hir celebrisf^dv les imprimeurs,
Troyens sont aussi chimériques l'une
, dans quelque livreque Charles Etienne
que l'autre. Je voudrais bien savoir copia sans que néanmoins je veuille
,
ce prince thrace et qu'il dit ailleuis sorte ce passage, qu'on n'y saurait trou-
,
(pi'Ajax le tua (ii)- Il est vrai encore ver le sens si l'on n'y supplée quoique ,
jiarle nullement. Il s'en faut peu que contraires sur cette question. Méziriac
M. Moréri n'en soit le créateur ; car il affirme qu'Acamas était fils de Phèdre
le serait rigoureusement parlant si (i4)
,_ mais toute la preuve qu'il sem-
, ;
Charles Etienne ne lui avait fourni ce ble en donner est que Démophoon ,
fonds à bâtir F'uit et alius ejusdeni frère d'Acamas était fils de Phèdre
: , :
corrigé et n^a plus indiqué le nombre précis des scoliaste , et qu'Euripide confirme
le
tribus qui tantôt a été de dix , tantôt de douze ;
quand on veut donc parler de leur nombre , il (17). Ni l'un ni l'autre de ces mes-
faut faire attention à Vépoque dont il s'agit; (12) Homer., lliad., lib IV, vs. 474.
3**.de citer le livre i^'^. de Strahon touchant Aca-
(i3) Voyez Juvénal, dans la XIll^. satire
mas, promontoire de VVe de Crpre tandis que
verset 47, ou il dit :
,
guerre de Thèbes et qu'il lui fit , joute qu'il y eut souvent des
porter le nom de son fils Acar- guerres entre ces deux peuples, et
nan {b). Il s'était associé avec que les Étoliens firent de grands
Diomède,et ils avaient conquis niaux aux autres. Polybe nous
l'Etolie qui fut le partage de ce
, apprend cela lorsqu'il raconte
dernier. Quelque temps après , que les Acarnaniens à la pre- ,
tint coi dans l'Acarnanie (c). Ce- voir tenu une politique fort loua-
la fut utile, après plusieurs siè- ble qui est d'avoir préféré l'hoii- ,
leurs ancêtres qui n'allassent pas (/) Polybii Hist., Ub. iv, cap, xxx.
au siège de Troie. Cette belle g, idem, ibidem.
VI 1 , 1
romain lorsqu il embrassa leur ,„^^,-,g 3 L'iiistorien Éphore qui n'a-
,
,
parti contre l'Etolie (B) tant il vait jamais songé à leur en fournir
,
servir des prétextes les pius ridi- valurent adroitement auprès des Ro-
cules. Les Etoliens et les Acarna- mains qui préfendaient que lefon- ,
(c) Idem, ibidfm . /Urtioi tÏÏc £T* toi/? TTfO'jôvofÇ rouç exinaiv
(d) Idem, lib. X, pag 317. ç-;<tTM'*f oi/Tê •) xp £v AirahiKo^ K*TX>.iiyifi
loS ACARNANIE.
^pst^'vivTo, oÙTê iVi'ef oi/tTê yiÀp oKceç Toîi- » ^e , creva l'œil a nnstre berger {5).»
voy.at toÎ/t' ê/>t<pspoiTo sv Toiç êVe!r(v(ij. Ce que je vais dire est encore plus ba-
f^nrisimile est Acarnanes hanc seculos din Jflnliumet
: second de ce nom , ,
que in yEliihco censu , neque senrsïm., ))et que j'ai comme eux intérest de
neqiie omnino in i^ersibus Homericis ))l'enger te sang d'' tiector sur les Grecs,
comnientorarentur. Jls se fondèrent i> lesquels ils ^ont fni'orisnnt contre
sur un mensonge car Strabon fait :
)) moi (6). «Voyez comment des maux
voir (2} par le catalogue du ll'^'. livre chirae'riques forges par des poètes ,
,
de l'Iliade (3) , que les Acaruanietis ont sBTvi d'apologie à des maux réels.
fournirent leurquote part pour Texpe- (C) Ses habitans étaient fort lascifs ,
ditioa de 'l roie. si l'on en croit quelques dictionnaires.^
(B) Fut allfguée par le peuple ro- Citons d'abord AI. Lloyd : Mollitiei et
main , lorsqu'il embrassa leur parti lascivioe nolati leguniur (Acarnanes) \
contre l'Eiolie. ] Après la mort d'A- teste Luciano in JJial. Meretricis ,un-
lexandre , (ils de Pyrrhus , roi des dèproi'erbium Porcellus Acarnanius in
Epirotes_, l'Acaruanieeut tout à crain- lascii'os. M. Hofman a transporte tout
dre des Etoliens et ne se confiait pas
,
ce passage dans son dictionnaire ] et
beaucoup à la veuve de ce prince, tu- voici comment Moréri a parlé Les ;
trice de ses deux C'est pourquoi fils. -A carnaniens furent aussi accusés d^é-
ils implorèrent l'assistance des Ko- ire trop lascifs et trop délicats. C'est
mains. Elle ne leur fut pas refusée. de la qu'est venu ce vilain proi^erbe
On fit savoir aux Etoliens qu'ils eus- des anciens Porcellus Acarnanius.
,
sent à laisser en repos une nation qui Vous lirez la même chose dans les
e'tait la seule qui n'avait pas assisté notes de Pinédo sur Etienne de By-
les Grecs contre les Troyens. acarna- zance (7). J'ai consulté les Dialogues
nes qiioque, dijjîsi Epirotis, adverstis des courtisanes de Lucien et je n'y ,
yÎLiidos auxilium, Romanorum implo- ai point trouvé que les habitans d'A-
rantes , ohtinuerunt à romaiio senatu, caruanie passassent pour des volup-
utlegati mitterentur, qui denuntiarenl tueux et pour des efféminés. Il est vrai
yEtolis, prœsidia ab urbibus Acarna- que la courtisane Musarium, ayant
niœ dediicerent ; pattrenturque esse li- à répondre à sa mère qui lui repro-
beros , qui soli quondam adversUs Tro- chait de ne gagner rien par les faveurs
janos , auctores originis suce, auxilia qu'elle accordait à Chéréas et qui ,
Grœcis nonmiserint (4j.Plutarque rap- trouvait fort étrange qu'elle eût fait
porte deux faits aussi ridicules que la sourde oreille à un paysan d'Acar-
celui-là. « Agathocles, le tyran de Sy- nanie, lui répondit Quoi donc j'au- :
,
» autant, dit-il, que vos ancestres jadis parle et un cochon acarnanien (8).
,
)> rcceurent Ulysse. Etsemblablement, Éiasme suppose que par cochon d'A- ,
(.^) Homère désigne seulement leur pays , et reas Porcellus Acarnanius. Lucian. Dialog.
et
ne le nomme pas Âcarnauie. Merelric, pag. 'js3, tom. II.
(4) Justin. , Itb. XXrrrr, cap. I. Voyez la (()) In mollem et amabilem atque in deliciis
IWnihe le Vayer, lettre XCV , à tapage 325 du habilum dicehatur. Erasm., chil. II cent. III, ,
pas que Ton entende le mystère de la tes ,jausnes certes et autres sembla
, ,
j'avoue que je n'y entends rien c'est : guise d'une pratrie au mois de may
pourquoi je ne critiquerai |)as ceux qui d'oii est-ce que l'ous en ai'ez aiurc l u-
assurent que les habitans d'Acarnanie soge ? Car il ne se frnui'e point que les
étaient réputés lascifs. .Mais si cela femmes de V A' nrnanie se soient onc
est m'étonne un peu que les au-
,
je ainsi attiflèes. C'est ainsi que le tra-
teurs n'en fassent pas de mention. Au ducteur français s'exprime. Le traduc-
reste Erasme ne se trompe point sur
, teur latin i,'i5; avait dit Coccmeœ :
ce que moi. Chéréas repaissait tou- peu par force. Ces auteurs-là ont be-
jours d'espérances sa courtisane c'é- ; soin d'une autorité plus précise. Artus
tait son seul paiement (12J Dès que : Thomas n"a rien compris dans les pa-
mnn père sera mort , disait-il , dès que roles d'Apollonius qu'il s'est mêlé de ,
moine , fous di-iposerez de tous mes (l6j ont été autrefois Jort adroits à
,
leurrée par ces promesses, lui prêtait Pausanias livre 6 et dernier des Elia-
,
son corps et sa bourse. N'avait-elle pas ques ayant este le temps pissé tenus
,
raison de dire à sa mère? f^oici un pour gens sages et Jort grands politi-
galant que je ne puis ni plumer ni ton- ques , pour avoir si bien dresse leur
dre ; mais c'est un pourceau d'Acar- estât et leur république qu'il y en a ,
nanie que je nourris: le profit viendra qui disent qu'Aristote a fait cent cin-
tout a coup. C'est en effet le propre de quante livres sur le seul argument du
ces animaux on ne gagne rien à les
: gouvernement et lois île cette nation :
nourrir qu'après qu'ils ont été en- mais les livres se sont perdus avec la
graissés, etqu'ona fait ponrceia toutes police ; voilà pourquoy Pliilostrate par-
les dépenses nécessaires j mais enfin le icy de leurs femmes. Ole misérable
on se dédommage avec usure. L'Acar- commentaire le sens du texte y est !
ACCARISÎ.
parle d'une ville qui eût nom ^carna- pliquer les Institutes à Sienne ;
«ie.] M. Morëri l'assure pourtant, /'^lle
ce qu'il fit pendant six ans. On
est dans la Sicile ajoute-t-i! et célè-
, ,
f|u'elle fut brûle'e par les Goîtjs. îl vassent un professeur qui ex-
avait lu tout cela dans Charles Etienne. pliquât le droit civil de la ma-
La vérité' est que Cicéron parle non nière
que Cujas l'avait expliqué.
d'Acarnanie mais d'Acradine l'une
, ,
le 26 septembre. Nous lui mar- lui ôta bientôt par les mêmes voies
,
quons une autre méprise dans la dont il s'était servi pour l'ôfcr aux
seconde remarque. autres. M. Moréri dit pourtant qu'Ac-
carisi n'alla point trouver ce duc, et
(6) Janus Nicius Erjthraeus ,
Pinacoth- II, qn'tZ aurait trop fait de l'iolence à son
cap.XXr. inclination s'il eiil quitte sa patrie ,
oit il par les bienfaits de
était arrêté
(A) Réiolulionqul n n presque point
Ferdinand grand-duc de Toscane.
d'exemple parmi les personnes de son ,
sans doute compris bien des défauts cile dans TAvis aux Jésuites d'Âix sur an Bal-
30US les termes de professa) ia lingua let, etc. paç;- "i",.
,
(i) , n'en eût pas exclu celui dont je (3) Virgil. Eclog. UI , vs. 7.
fi) Taciti .Vnual., Uh. XIII, cap XIV. que M. Moréri en a dit, si ce
,
112 ACCIAIOLI.
qae les Harangues c[u.^i\ sur son tombeau est de la façon
n'est, 1°.
a données au public sont des pie- de Politien. Les ouvrages qu'on
ces qu'il avait récitées à Rome a de lui se réduisent à la T'ra-
à Cologne ,àMantoue et ailleurs; duclion latine de quelques Vies
1°. qu'il a professé la rhétori- de Plutnrqne (A) , à la f^ie de
que pendant quatre ans à Man- Charlemagne et à des Com—
,
Ferdinand y établit l'an 1627 {a), la Politique d' Arislote. Cette vie
(a^Ex Aut. Mirao, Script. Eccl. Sa=c. ^^ Charlemagne ayant été quel-
XVII ,pag. 35i. quefois jointe avec celles de Plu-
t^^^q^^ ' » «^0»"^ lieu à une étran-
ACCI AIOLI (DoNAT) homme ,
J J ^^^*-r.o. ^a
^r^„«,,„o contre -nt il y revient encore dans ses additions et cor-
mander du secours lepa- ^J^.^^^ Chaufepœ donne la liste de quel.
pe Sixte IV, qui harcelait extre- ques ouvrages d' Acciaioli omis par Bajle.
mement les Florentins; mais il
J,
... r,
(A) Ua nuelquei y
•
j F'ular-
r^tes de '
, m .
ACCIAIOLI. iir-i
babie qu'il les ait traduites du grec, trant qu'Argyropylus n'avait point
C'est à quoi Vossius ne semble pas fourni les matériaux de rou\rin»e
avoir pris garde. Apparemment l'a- mais en disant q 'Acriai oli a\ait in-
bréviafeurde la Bibliothèque de Ges- diqué sa source (8j. QutI aveu peut-
ner lui a servi de mauvais guide. Le on demandfr plus authentique que
père Mëne'trier assure qu'Acciaioli fut celui-ci? Jnann-s AruyrovYlus Èy-
un imposteur en se vantant d'avoir Z'/ritius, cùni FL-irtnt'ce inter cce'era
traduit siir le grec la vied'Annibal(4)- phUasnf'Inœ -pera Ansiotelis lihrns
(B) Quelques-uns ont accust Ac- qui ad JMicnniackuni di monhvs icri-
ciuio/i de plagiat.'] On prétend qu'il bitntur, miri/icé csset cr,m lerus eos ,
s'appropria les Leçons de Jean Argy- tnn nnminc latinos Jlcit puùticèque ,
taire qu'il publia ïur la morale d'Aris- dientiuni npprobalione baient enim
:
Jacon du même Argyrnpyle ; mais ribus uerbis srcuti sumus, latd inter-
f^nlaterran Soutient le contraire. Voilà diini et djffiisd orali'ine ulcnles, ut
comment cet auteur savait traduire le ej p'anatio apertu mnais magisquc om-
latin le plus aise je veux dire le latin nibus esset communis tg). Si Vossius
,
TOME I.
S
, ,
ii4 ACCIAIOLÎ.
nwifniim lumen attulisse judicatur Mo- 3) fut enterréaux dépens du public;
ralibus Aristotelis, explosis scilicet so- 5j que Christophle Landin fit son orai-
phislaruni interpietum ineptiis , quitm funèbre (*).Les autres particu-
w son
F.uiiratii Giœci plncila secutus, cer- )) longues à rap-
larités seraient trop
tiore ubique uestigio niteretur (n)- porter Sabellic, dans son Dialo-
j)
les d' Arislote beaucoup plus exacte- i) qu'on cite ordinairement comme
ment que ceux qui l'auaient précédé « d'un anonyme)', et Vives, libro f
dans cette sorte de travail, ni de les M de Tradendis disciplinés ont parle ,
les anciens et les sophistes nouveaux » gne par Donat Acciaioli. L'Histoire
leur aidaient données, par un admirable » Florentine de Léonard d'Arezzo ,
(12). Il n'est pas besoin que j'aver- » plem. Wouce Biblioth. MSS. »
tisse que l'auteur des anecdotes va
(*) Pocciantius, de Script. Florent, pag- 5i
plus loin que son latin tant à l'égard observe cela.
,
M
,
dre son successeur diuit la char- S'il est vrai qu'il ait fait une pièce
,
ainsi que Zénobe l'avait rem- sait aussi des comédies fF). Il ne
plie l'an i5i8, après Philippe se borna pas à faire des pièces de
Beroalde le jeune mort la mê- théâtre il composa fpielques au-
,
:
plaisir aux vers oli Accius l'avait le nommer sur le théâtre. Nous
îoué qu'il en orna l'entrée des verrons dans les remarques si on
,
tout cas, cela faisait voir que Dé- y en a qui veulent que ce soit lui
cimus Rrutus trouvait beaux les que Cicéron ait maltraité en cet
vers d' Accius. Or c'était un hom- endroit-là. D'autres ne le croient
me qui pouvait juger d'un ou- point (N). Il y eut en ce même
vrage de cette nature (Tl). Je ne temps un assez bon orateur nom-
trouve point que Cicéron ait ac— mé Accius, contre lequel Cicé-
cusé Accius d'une rudesse de ron défendit Cluentius. Il était
sljle un peu trop affectée; cela de Pisaure, et cela pevit le faire
regarde un autre poëte (I) com- passer pour parent de notre poè-
,
d'ailleurs a été un jDoëte fort es- ré que cet Accius Navius n'est
timé {d). On peut voir dans Au- pas différent du fameux devin (/)
lu-Gelle la réilexion de bon sens dont il parle quelques pages après,
qu'il opposa à ce reproche (K). dans l'article Actius IS.evius. Il
La réponse qu'il fit à ceux qui ne se trompe pas moins lorsqu'il
lui demandaient pourquoi il ne distingue du poëte tragique celui
plaidait pas, lui qui réussissait qui a fait les Annales citées par
sibien sur le théâtre n'est pas Macrobe. Ce qu'il ajoute, qu'j^w-
,
moins sensée (L). Il était de pe- lu-Guelle parle aussi d' Accius
tite cependant il se fit l'historien, distinct du poêle tra-
taille;
dresser une très-grande statue gique, auchapiuei.)dulir .livre,
dans le temple des Muses (e). La est doublement faux. Cet auteur
considération qu'on avait pour ue parle d'aucun Accius en cet
lui fut telle, que l'on châtia un endroit-là; et partout ailleurs
,
,,,«,„ , p
(C)Z an 02J. ^oye; /«Fastes ,
de
^.
Sioonius.
.
lorsqu'il parle d'Accius
•.f
, c'est le
poetc tragique qu i-\
. •
statunm s./n posu.sse cùm hre.is adLdum ^M^^^^^ » ^^ raillerie pOUr aVOir
fuisset. l'Iinius Hisl. !Sat. lib. XXXI r
, ,
,
cap. r. Cliarles Elieune dit faussement que f) Cicer. , lib. 7. de Divinalione, encontc
'
Dec. Priitus lut dressa celle statue. Hojcl et l'histoire. M.iren cite lili de i)itia. iu "Verr.
Hofnian ont adopte ctlte/auK. qui est une fausse citation.
,
A ce lus. 117
imilé ou admiré le latin de cet place la naissance d'Accius quarante
ans plus bas que saint J<-rôme ne
Accius (Pj dans les siècles d'une Ta
placée (3). Mais ce n'est pas le fout
meilleure latinité. Ci- :
,
a:e Rome et il n'y a guère d'appa-
i
la vie de ce poète jusque-là mais, :
rence qu'avant Và°e de vingt ans il comme nous n'avons pas lieu
d'être
ait pu avoir de fré(juentes conversa- assurés
de l'exactitude de saint Jérô-
tions avec ce pacte il faudrait donc:
me (5) ne faisons pas difîiculté de ,
qn'Acclus eût été encore en vie l'an dire qu'Accius
pouvait être encore un
667 de Rome. 11 aurait donc eu alors homme de soixante à S'nxante- dix ans
j
quatre-vingt-quatre ans, selon la et que s'il a vécu autant que
Pacuve , ,
chronique d'Eusèbe. J'avoue qu'il n'y rien n'empêche (ja'on n'entende
de lui
a rien là d'impossible mais il faut et de César ce que dit Valère
;
Maxime :
bien que la vraisemblance n'y soit Is (poèta Accius) Julio Cassari , ani-
pas, puisque Gyraldus n'a pu croire plissimo etjlorentissinin wiro,
in colle-
que le poète avec lequel Cicéron avait gium poëtarum l'cnienti nunquani as-
tant de fois parlé fût le même Lu- surrexit
non majestatis ejus imnie- ,
cius Accius dont on cite tant de tra- nior sed quod in coinparatinne
com-
,
(i)/n Chron. Euiebii , arf«»n. toljmp' 160. Van 618 tiff Rome, en l'olymp. x6i.
(^3 Biietins, i!c Poel. lat. pag. 5. (5) Voyei la remarque (O).
i8 ACCîUS.
rem se esse cnnfîâeret. Quapropter in- dans ses Annales (i3) mais Vossiu-; 5
solentiœ rrimine cariiit quia ibi t^o- prétend que ce fut dans lui ouvrage
,
d'av<iir un si grand crédit, que ses dis- ter dans im prologue qu'une de ses
putes avec le tribun Sulpitius excitè- pièces avait été produite sur !e thé;U
rent la guerre civile (9, ? 11 était un tre en même temps qu'une pièce de
des premiers orateurs de son temps Pacuvius ? Joignez à ceci qu'outre
,
soit, souvenons-nous que César fut avait fait des livres qui n'étaient point
poète de fort bonne iieure Feiunlur pièces de théiitre.
et a pueru et ,tb atlofcscentufo quœilam (Dj Médte.'] La conjecture du père
scrivla, ut Laudes Hercuiis, tragœJia Lescalopier me paraît fort vraisem-
OEaipus (10). bial)lc que les vers cités par Cict-ron ,
(Cj La méfie année que Paruuius ] au 11*^ livre de la Nature des Dieux, ap-
Cicéron le rapporte sur le témoigna- partenaient à la Médée de noti'e poète
ge même d'Accius. Ut accius iis<Um (i5). Ces vers décrivent l'étonnement
(edilibus ait se et Pacuviuin docuisie oùl'onsupposait un berger qui, n'ayant
J'abulant , viim Me octoginla ipse tri- jamais vu de vais.seau, découvrit du
,
ginta annos natus esset (11). Il y a haut d'une montagne celui qui portait
dans Cicéron iisJem œdi/ibus; mais les Argonautes. Le bon Pierre Crini-
quelques - uns ayant mal écrit ou tus en conséquence de ce passage se , ,
mal lu cela ont débité que ces deux figure que Cicéron avait allégué une
,
poètes publièrent leurs ouvrages dans tragédie d'Accius, intittdée les Argn-
la même maison, in iisdem œdibus, nautes (i6j. Quand même ce poète
peu d'années l'un après l'autre pau- aurait composé une semb'able ti'agé-
,
cis quidein annis inlerposi'is (12). Ce die, Crinitus ne laisserait pas d'être
qui est visiblement une double fal- bliîmable, puisqu'il l'aurait assuré sur
sification. Corradus croit qn'Accius un très-méchant fondement- L'auteur
avait écrit cet te circonstance de sa vie dont je viens de rapporter la conjec-
ture ne devait pas nous prouver par
(G) Valer. Maxim, lib. JIT cap. VII. le ,
témoignage de Crinitus que les
S (7) Saint Evrfiiionfl
- selon qurlques-uns.
,
(8) Intitulée La Comédie des aradémistcs. les vers touchant le vaisseau des Argo-
,
(g) Ascon. Psdian. in Orat. pro M. Scauro. (i3) r.orrad. in Cicer. Brut. pag. 34a.
(10; Sucton. in ejus Vilâ, cap. 1,VI. (14) Vo^sins , de Histor. lat. pag. io.
(iij Cicerii in lîrulo. (i5) Voyez Lcscilopier, Cnmmentar. in Ci^
(12) 'Tiniins. flcPoèt. lat. cap. Vf Glandorp. c-cr.de Nat. Heorum pag. 'i&i.
,
ACCIUS. »'9
a cru faussement qu'elle fut repré- et des monumens, etc.'] Cicéroa et Vu-
senlee quand ou celtibra les jeux ap- 1ère Maxime nous Tapprcnnent. Deci-
pollinaires, auxquels le frère de Marc- mus quideni Bruius dit le premier
,
Antoine présida en la place de Bru- {"i^), summus ille vlr et imperatnr, Ac-
tiusjeceril , tiim illud est admirandum, laissé de citer idem Cicero. Sur cela
'
(!•;) Paulus Manutius in Pliillpp. I Cicer. sub (21) Cicero, pro Arcliiâ poptà , cap. XI.
fine. (22) Val. Maxim, ib. VIII, cap. XIV.
C18) Ciceion. Epist. ad Auic Ub.XVI, Ep. (23) Scriver.m Testimon. de Auio.
JI et V. (24) Vossius , de Poet. lat. pag. 7.
(iq) Donat. de Tragœd. et Comœd. (25) Dans la remarque (??).
(20) Horati Sat. X, Ub. I., ys. 53. (26) Vell. Palercul. llb. II, cap. V.
,,, ,
1 ao A C C lus.
lïii côte de l'eriidition. D. Brulus venir à la prétendue accusation contre
M. filius, ut ex j'am'diari ejiis L. le sTyle d'Accius je dois dire que Ci-
,
ytccio poëld sum awJire solitus et di- , ceron a cité souvent ce poète, et que
ccre non incuftè solebal , et erat ( Um dans l'oraison pour Sextius il l'a trai-
l'uterut iitinii twii etiam i;rœcis ,
, té de grand poète Summi pnetœ tnge-
:
utteriiporibus illis , salis erurhtus (27). niuni n n solkm une sud, sed etiant do-
(1) Cel>^ ri^Kurde un autre poëu ']
lore e.tprhnebat. L'endroit est curieux:
Savoir Attilins dout Ciceron pai'le , on y voit que le fameux acteur Éso-
non -seulement dans l'un ^ de ses let- pe se servait des vers d'Accius qui
tres à Attiius, hncenirn Aililius, p^ë- avaient quelque rapport à l'exil de
ta durissimus (38) mais aussi dans , Cicéron qu'il s'en servait, dis-je,
;
un anti'e endroit. Cet autre passage l>our faire sentir au peuple cette injus-
rae'rlte d'êlre rapporté un peu au tice. Les Romains étaient fort accou-
long, parce qu'il apprend de quelle tumé> à faire des applications au
manière il faut jui^er l'ie ceux qui me'- temps présent, lorsqu'ils entendaient
prisent leur propre laTii^ue, et les au- certaines pensées à la comédie. Voyez
teurs de leur nation. quibus inniùm A Suétone (33; et la ]<^'''=. et la X«. pbiïip-
dUsentio ut cùm Sophocfes i'eli ptimè
. pique de Cicéron elles nous appren-
:
scnpsent Electram, la'nen malè con- nent que pendant qu'on jouait une
,
Ffrreum(ic)) ^cnplorern opinoVy vet'um scrip- semens l'amitié qu'il avait pour Brii-
lori-m tainen tus.
Vt le^endu.1 sit.
(K) La réflexion de bon sens qu'il op-
posa à ce reproche.] Accius, allant eu
litiJem enirn esse oninino in nostris
Asie, passa par Ta rente et y vit Pacu-
poèlis iiut inertis.\irnœ segniliœ est
.
,
compte t|u'au nombre des p/)ëtes co- té. Accius avoua la dette avec joie,
et en tira un bon augure pour ses pro-
mi(jues dans le catalogue de Volcatius
ductions à venir ^ les esprits étant sem-
Sedigitus i^SiJ ; et, selon la remarque
de Vossius , les morceaux que Cice- blables aux pommes, qui ne valent
ron , Varron et Macrobe (Si) cilentde jamais rien, si elles ne sont dures et
vertes avant que de mt'irir. Mais il
lui, seatent plus ie comique que le tra-
gique. Qui prétendrait faire de cela
vaut mieux peser les paroles de l'ori-
une dilBculté serait dans une grande ginal. Tune Pacuuium dixisse aiunt
illusion. iMM. Corneille et Raciue ne
sonnra quideni esse quœ scripsisset et
sonl-ils point des poètes tragiques sim-
graiidia scd uideri ea tameii sibi du- ,
d'être tout court un poète comique ? in ingeniis, quœ dwa et acerba nas-
yl niajori porte suimtur denoininaùn, cunltir post Jiunt mitia et jucunda
,
•
Vojez la remarque (F). Mais, pourre- sed quœ gigniintur statim viela et
moUiii atquc in principio sunt uv'ida-^
(27) < icero , in Bruto, cap. XXVIII. non matura niox jiiint, sed putria Re-
(28) Idem, Epist. XX. Ub. XIV, ad Auic. linquendum igilur uisum est in ingénia
(2g) C'est ainsi que Vossius, de Poët. lat.
quod dies alque œlas mitificet (34).
piig- 7 , raige Us parolr.i de Licinius.
ACCIUS. 121
Ïue donnait aux jeunes gens,
Lij)se serait féroce; Térence aimerait la bon-
u passion énorme quMl avait conçue ne cliere ; ceux qui décrivent la guerre
pour je ne sais quel style concis, qui seraient braves •
dég-Ùfe ou qui fait rire la pluparf de Jcctus es.tel atrox, conviva Terenlius essel,
ceux qui lisent les lettres de ce grand Eisent pugnaces qui fera beUa canunl (Sg).
homme ne Tempèctia pas de condam-
,
ahsterreain, sive quia Uitn ndnimere adt^ersani eiseiit quœ minime lellet
i>ix potesl, et hrcfitalis imitatio Jhcil-
(4o). <( Dans mes tragédies, répon~
liniè (étaient hanc decipU sive quia :
» <Jit-il, je dis tout ce qu'il me plaît;
nec utiliter potest , et jut^enili Mo bre- » maisdans le baireau, il me faudrait
uitatis studio aridua plerumquè et ex- )) enteadr«ce quejeue voudrais jias. »
succus Stylus et^adit, necj'acilè ad lau- Je connais un homme d'esprit qui
datnm illani tcniperieiu venilur , nisi employa une sembiable raison pour
initia uberlas qucedam et luxuries sit détouruer son (Ils de l'étude de la ju-
quant œiai p'iulatim depascat. Balzac risprudence et pour l'encourager à
,
superantur {^i6). JMais pour revenir à I'"t quoi de plus incommode que d'ê-
,
Accius, on n'a pas eu tort de dire tre obligé a entendre dès que uous ,
ne, et dans ceux qui ont été bâtis sur vous rtjute, et qui vous fait rendre
le même fond, que Quintilicn Ta ex- compte sans quartier de tout ce que
cuse sur le temps où il vi\ait. Tragœ- vous avez dit? c'est la condition d'un
diœ icripiores .Iccius atque Pucui'ius avocat.
clarissimi grni'itate senteiitiarum , t'e/- Cela me fait souvenir d'une pen-
b'Tuni pondère, et auctoritate persona- sée de .Montaij;ne. « Au don d éloqu.?n-
» ce, dii-il^^\), les uus ont la faci-
runi. CœlerUm nitot\ et summa in ex-
coltndis operibus nianus niagis l'ideri
)> lité et la promptitude , et ce qu'on
,
P^inum tanien Accio plus irihuitur » que bout de champ ils sont pi-ests :
Pa(Ui'iunL videri doctiorem , qui esse » les autres plus tardifs ne parlent
,
,
cruelles dont il avait fait la descrip- » rière se passe d'un ûl et dune suite
tion dans ses tragédies. La pensée d'O- » sans interruption là oiiles commo- :
vide est que, si Ion jugeait de* mœurs )) ditez de l'advocat le pressent à toute
d'un homme par ses écrits , Accius )' heure de se mettre en lice; et les
(35) Lips. in Institut- Epistol. (39) Ovi^J. Triit. Uh. II , vs. ?.^9.
(36) Balzac. Epist. splecta;. (40) Quintil. lost. Orat. hb. V, cap. XIIT.
(3:) Qiiintil. Institut. Orat. hb L. cap. I. (hi) Fssais de Montaigne, liv. I, chap. X,
(38) Horat. Epist I, lih. Il .i-s. 5o. (tu coinmciiccinerit ,
pages 5î , 53.
,,
ACCIUS.
y responses imprévues de sa partie faitopposées au caractère de celui qui
j> adverse le rejettent de son branle fait le sujet de cet article. L'éléva-
'> où il luy faut sur-le-champ prendre tion, la grandeur, la force, étaient le
» nouveau party... La part de l'advo- caractère d'Accius, et nous avons ouï
î) cat , ajoiite-l-il (^-2) , est plus diffi— (47) le témoignageque Horace et Quin-
5> cile que celle du prescheur et nous : tilien lui ont rendu là-dessus. Joi-
» trouvons, ceme semble, plus de pas- gnons-y deux vers d'Ovide, et \\\\
un homme qui donnait ses pièces de tragœdiis Pacuuii atqiie Attii usque
théâtre à représenter. PubliusMutius, in Grœcorum contparalionem evecti ,
devant qui la cause fut débattue le magnumque inter hos ipsos Jacientis ,
n'eut pas le même succès car on ren- illis limœ, in hoc penè plus l'idealur
;
voya absous le comédien qui l'avait fuisse sANGUiNis (49)- Si le nouveau té-
nommément offensé sur le théâtre moin que je vais produire était de la :
tant il est vrai que les juges ne sont force des précédens, ce qui suit en-
jias tous de la même humeur, ou qu'il chérirait de beaucoup sur tout ce que
y a des gens que l'on considère plus j'ai déjà rapporté; car Yoici Accius
que d'autres. Celui qui nous apprend sur la tête du grand Euripide ylc- :
mus qtdrlani nnminathii Acciinn poë- luil Euripidtin y qui fuit altus et inge-
tam cnnipellavit in scend cuni en Ac- nio sublimis (5o). Un autre nous donne
:
cius injuriarum agit hic Accius et Virgile pour les deux plus
: iiihil défen-
dit , nisi liceri nominal i eum , cujus excellens poètes de Rome Laliœ : An
nnmine scripta dentiir agenda musœ non solos adytis suis Accium
(43).
Caius Cœlius judex absoîvit eum in- et f^irgilium recepére , sed eorum et
dorp ji'a point su où l'on trouvait cet- céron? JYum quid Accium memorem ,
te histoire il ne la rapporte (45) que
cujus loquacitas habel aliquid argu-
:
sur la foi d'un auteur moderne dont tiarum , nec id tamen ex illd eruditd
il copie la fausse glose, savoir, que
Grœcorum copia, sed ex librarioUs la-
le défendeur fut condamné tinisa In orationibus aiitein multus et
parce
qu'il avait prononcé tout simplement
,
ineptus ad summum impudentinm
,
(45) Glandorp. Ouom.ist. png. 3. (5o) Acron in Horat. Eplst. I , lib. II.
(46) CatanîKus , dotiC Glandorp ne cite pas (5i) Columella, de Rc rust. , tib. I, prwj.
l'enilruU ; mais on le trouve dans le Commen- (.'»2) Cicero, de Legibus, lih. /, inilio.
ACCIUS.
ramitie qui était entre Sisenna et ce- pêle-mêle la grande réputation et la
Jiii qiK! Cirëron raaltraitu, lors , dis- mort de Pacu\ius sous la 3''. année de
je ,
qii il en couclut que Ciceron n'a la iSG"". olympiade (58), et la grande
poinf parle d'Acrius, il se trompe: réputation d'Accius sous la i'. année
car, ne lui en déplaise, Acciiis et Si- delà ido*^ olympiade. Il ne peut sor-
senna ont eu à peu près le même .Ige. tir de là que des confusions pour ceux
Siseniia était vit ux apics la j^uerre ci- qui savent que Pacuvius avait cin-
vile de Marins et de Sjlla (54) cVst- , quante ans plus qu'Accius. Car, si l'on
à-dire, ^ers Tan 672 i\e lionie, et Ac- supposait que Pacuvius mourut âgé
cius n'était point mort en G65. d'environ quatre-vingt-dix ans, en
(0) Pasidr pour pjreiU de notre l'année sous laquelle saint Jérôme
pnèle ] ï»aint Jérôme remarcjue en , pa'le de sa mort , il faudrait dire
pariant du poète Aicius ipi'il lut me- ,
qu'Accius était âgé d'environ f[uarante
né à Pisaure lorscpie les Romains y ans la 3*^. année de la 156"^. olym-
envoyèrent une colonie; et qu'il y piade ; et cependant il naquit, seloa
a\ait auprès de la ville une terre saint Jérôme, sous le consulat de Man-
nommée Jumlus Accianus (55). C'é- cinus et de Serran us, qui tombe sur la
ta'.l la })cirtion qui lui échut dans le 2<" année de la iSa*. olympiade. Il
partage que l'on Ut des terres aux lia- faut donc, comme je l'ai dit dans la
bitans de cette nouvelle colonie, ^ur seconde remarque, se défier ici un
cela Scaiigtr obsi-rve que la colonie peu de ce chronologue.
de Pisaure ne fut établie que ([uatre (P) Le latin de cet Accius,'] Perse
ans après celle de Boidogne c'est-à- , et Martial se sont bien moqués de ces
dire, l'an de Rome 568, quinze ans gens-là :
raie ilicebat , et salis lopiniè , eralque éloquence, soit qu'on le débitât tout
picBtereà Joctus Hcnnagoiœ prcecc) - pur, soit qu'on le mêlât avec celui de
tis ,
quibus elsi 01 namcnta non salis son siècle. Voyez les bons conseils que
opima dicendi , tamen ut hastce veliti- Phavorin donne à un jeune homme
bus ainentatœ , sic npla quœdam et pa-
rata singulis causartini generilnis ar- (58) Pacuvius Brundu.'inus tragadiarum
gumenta tiudunlur (57). Scaliger ne scriptor clarus hahetur , vixilque Romœ quoad
picluram exercuil et fabulas vendidit. Deindè
censure pas saint Jérôme d'avoir mis Tarentutn transgressas , prop'e nonagenariut
diem obiit. Chron. Eu.«eb. num. i863.
(54) Vell. Patercul. , lib. Il, cap. IX. (on' Casaubon slir cet endroit de Perse, con-
,
(55) In Chron. Eiiseb. num. 1876. jecture qu'il faut lire BriȎis , el que c'r'tait le
(56) Scalig. Anim. in Euseb. ibid. ex Pater- titred'une tragédie d'Accius. Scriveriu-, Tes- m
culo , lib. I , cap. XV. lim. (le Altio a tort de croire que Perse ne
,
124 ^^ ^ ^' ^•
Jece goùt-là n'est point su- (6i). On la vieillesse Tavait eniaidie. Il
jet aujourd'hui à cette sorte de mala-
die, et Ion trouve beaucoup plus de
^^^^ j^ chapitre XV du livre VF.
mais oa
j /-^ i-
<-œIius Rhodiginus
't,i t •
vieux termes. Si l'on emploie le vieux plcisnit a parler a^ec son image
langage, c'est par forme de plaisan- devant un miroir., et que souvent
teriejc'est par jeu d'esprit, c'est pour elle faisait semblant de refuser
un ouvrage burlesque. Ce n'est qu'en ^^ qu'elle souhvlail
fort Plutar-
lalm qu il se trouve encore des au- ' ''., , . .
teurs qui se plaisent à débiter les plus que ajoute .^onrsint-Û, que c est
vieilles phrases. 11 y avait sans doute un mol dont les mères se ser-
parmi les anciens Romains une au- vaient pour épouvanter les petits
tre espèce de gens lorsque le latin r^^^^
^^ ^^^ retenir en leur de-
lut venu a sa periection. Ces gens- *^.
ti •. v-ittc i- 1 r^
là étaient admirateurs perpétuels des
1
"O'r. Il cite leXVI .livre de Cœ-
vieux poètes sans se servir, ou sans lius Rhodiginus, et Cice'ron II ad
,
°
at- En
iemcnt mortiiier les écrivains de leur , ^' ^ > il t>i t .
temps, en les mettant au-dessous des tendant, VOiCl ce que dit Rhodl-
vieux auteurs. Horace avait bien corn- ginus dans un lieu qu'on ne cite
pris leur intention point (A). Acco radotait de telle
:
Sic fauior vetenim, ui tabulas peccarf ve- sorte , quc , lorsqu'eilc se regar—
QuàTbù ^uinque „iri sanxerunl : fœdera ^^^^ ^-^^S le miroir, elle s'cntrC-
"S"-"^ .
,
yel LraOïis, i'el cum rigiais n
,
œnuala Sauinis, .
tenait avec son image
'-'„
comme si
, ^ , ,
Pontifcum libiof annom voiu.nina fatum , C cut ete Une autre temme on :
;
,'1
dire, de forger des mou nouveaux. Atil. Gell. qUl SC dit SU/' LcS pUnitlOllS dlVl-
lib. I, iap. XV.
(63)Horat. Epist. I, W. //, w. 23 .... e£ 80. ,sti j i . , >;
^ ' '^ (a) Lloyn ne change rien si ce n esl qii . il
fies qui montrent que ce dis- oui condamner cela par de fort lia'ai-
, et
-^hJ^ u
:, r'oh.i rl^c A^.i les docteurs. Les anciens Romains
cours ressemble celui aes oon-
avaient leur »!
. .
faits, et par conséquent c'est trom- l^vre; car avait fait mipnmer
il
perle monde, vu que cet auteur dit quelques sonnets *^ (c) : ce que
seulement ce que j'ai cite de lui. 2°. n'ont point su ni la Croix du
Quelle iiésligence n'e,t.ce pas que
Maine, ni du Yerdier Vau-Pri-
de citer Cui ron 11 adjiitLcntnr \ eut-
on citer la 11*. lettre, ou bien le II"-', vas. L'ouvrage qu'il intitula les
livre ? Faut-il laisser deviner cela aux "^rouches fut imprimé à Paris ,
lecteurs? Fatit-il leur laisser la peine l'an i585 (B). C'est un recueil de
de chercher quelle lettre c'est, quel
, à la vérité poésies ingénieuses
livre c'est? Ceux qui auront la pa- ,
d'Acco. Le mot grec dont il s'est On lui en fit des reproches qui
servi, et dont plusieurs autres auteurs l'obligèrent à se justifier fC). On
se servent pour signuier ce ijue nous
lui attribue un Dictionnaire des
appelons oateLiner, biaiser, faire le
sur des choses que Ion sou-
ditiicile
rimes françaises *^ (Dj. Au res-
liaitepassionnément: ce mot, dis je, "It procureur du roi, dit Joly.
fiait
qu'Erasme a mis entre ses proverbes (ai On mit autour de sa taille-douce,
(ij, a fait soupçonner qu'Acco avait qu'en tâS^ H avait 3") ans. [ Joly remarqua
été un hypocrite ^ mais ce n'est qu'une qu'à ce portrait de 58i on laissa l'inscrip-
1
coujecture, et il ne doit pas être per- tion mise à celui de Jo2 iExA. 35 de là i , ;
rut en i J90.]
des conjectures que d'autres gens ont [hj Voyez la lahle des matières , au moi
avancées. Accords.
(li; Qui font peur d'Acco et d'Al- *^ Ces sonnets
, dU Joly furent imprimes ,
BOUROT , son père qui fut avocat (iccasioné de nicllre en tuniière ce c/ue
,
nins des autres sortes de f^ers fn- cette seconde édition. Occasion de
,
^eur ,non pas comme son logis. Ce qui n'ont achepté que le premier livre
et
doivent être des promenades, et non pour gausser tt rire seront conlraints ,
pas un séjour lise. La jeunesse peut d'achepler aussi cesluycy, allcchts par
excuser ceux qui donnent quehjues ce qucj'y ayeiUremesle de JoUuitre ,
heures à ces badinages mais si, quel- : comme sont les apophtegmes , aulre-
ques années après on s'applique à ,
ment propos niais ou plutost considé-
,
Voilà le sens que je donne à ces pa- font ont tort doster la gloire a nostre
rôles de la lettre qui fut écrite par Comtois Bourguignon. Et par ainsi
Pasquier au sieur Taboui'ot l'an i584. je ferai comme la veuve du Castillan,
,
J'ay leu vos belles Bigarrures, et les ay qui ne voulait vendre son cheval sans
leues de bien bon cœur non-seulement ion chat. ,
pour l'amitié que je vous porte mais Katez que le quatrième livre des Bi-
,
aussi pour une gentillesse et naïveté garrures est plus sérieux que le pre-
d esprit ou, mier. 11 est divisé en trois chapitres.
dont elles sont pleines :
quaud on les réimprima. J'ai l'édition ment afin de faire entendre par les ,
de Paris, en i6i4, où l'on voit, non- discours de ce livre, que j'ai l'esprit
seulement le l/^^. livre des Bigar- disposé a autres choses qu'a des lasci-
,
rures mais aussi les Contes facétieux vêtez pour fermer la bouche à urt tas
,
,
entre autres choses, que ce volume 'bien monstre, tant par vives raisons
entier ne serait pas bien bigarré, s'il qu'exemples comme il ne faut pas ,
suivait la façon des ordinaires escri- assubjectir l'esprit a une seule profes-
vuins. Il avoue que, pour le faire sion si opiniastrement que l'on ne luy
mieux vendre, il y a joint les Contes permette s'égayer en la source abon-
da sieur Gaulard. Ceux dit il (7) dante de la vivacité d'iceluy. Je loue
,
,
(5) Pasquier , LeUres , liy. VIH, lom. I , (8) CeH-a-dire , en publiant le TV. livre de
pages 492 , 493. ^„ Bigarrures avant le II'. et le III'.
(6)Dans sapre'l'acedu iy*.liy. disfit^aTruTts. (9) PrefaccduIV'. Uyre det Iligarrurci, fol
(7) L'a même fotw A lij. , A ij.
,
brasser qu'une seule profession : mais avertit ailleurs (!4)/['ie touches, sc-
il ne faut pus aussi blasmer ceux qui ,
Ion l'auteur , est ua mol tire des es-
avant l'esprit capuhle d'en manier ili- crimeurs qui appelle ni touche le coup
verses, les scavent si Lien exener, qu'iU donnent a<^ec leurs rpces rabat-
qti'en chaque espèce Us ne devront rien tues duquel la marque apparnist sur
,
ou peu de reste à chacun des particu- riia/jit de celui <pn est touehf- , h
liers qui s'adonnent à une. L'on scuit cause de la craie dont on blanchit
assez que l' esprit du François est plein l'épee Les Touches dii seigneur
, etc.
de telle vii'aeilé et t'arietè, que c'est des Accords qui s^iniprimi nt ordi-
,
ne et sans fruit , si l'ony regarde de f^r. ] J'ai riié ailleurs (j5) sou a|)olo
près gie et j'ajoute ici que son imprimeur ,
Voici une autre raison qui marque lui a rendu un témoignage qui la poiir-
en particulier qu'il ne pliait que peu- j-git confirmer. « Qui m'a occasionné,
dant un temps sous les attaques de ses w dit-il (16; , de mettre l'ii lumière or
censeurs , et (ju'il n'avait pas dessein )) que j'en avois de copié avec !es li-
de sup|)rimer le deuxième livre, quoi- )) bres adjonctions des mots tant sales
qu'un peu lascif, Au second, dit-il
ic
» et lubriques que vous pourries dire ,
» (lO;, je lraictcdemesineiespt;r/p/i;v(- » pourvcu (pi'ils soient ingénieux^ car
)) ses, hyperboles , métonymies , méta- i> encore «pie Fauteur ayt voulu avoir
}> phores , synecdoches etc., avec la » égard aux chastes aureilles, et sciem-
,
» les premiers ,
je les laisse pour ime M mieux aymé suivre sa conception
» autre saison expressément
, et suis M ({ne son conseil. 11 me pardonnera
))sauté au quatricsme de plein vol , » si jesonde si avant ce qu'il a dans
» pour contenter les plus sérieux es «le cœur, et jtrendray pour ma dé-
3)prits qui auront dequoy mesçavoir » fense envers luy ces vers de Ca-
» gré d'aucunes inventions non tou- :> tulle :
gère eseriine où, av'ec l'epee rabattue, (i3) F.phre de'dicatoire des Touches.
je donne simplement une touche qui (14) Avertissement des Touches imprinires
a^'ec lef Bigarrure.';.
(10) Pri'facedujy. livre des Bigarrures, fui. (l5, Dans la remarque (M) de Varlicle Mi-
A iij,
(11) Dans l'rpîlre de'ilicaloire. (iG) ADi'ré Pasquet, Av ait lecteur^ au-dc-
aux vaut des Bigarniret.
{12) Ceci con/irme qu'il ne defe'ra point
d'iilienne P.isqiiior.
«l'i.t
* Carra. XVI, vs. 5.
,
» tre le nez aux bons livres, et lire Comme les mignards appas. •
)) choses dont ils pourront retirer du
)) fruit car je suis ferme en celte Je me souviens ici d'une pensée de
;
n ils s'estiment assurez d'avoir des re- ble à ceux qui aiment le plaisir des
» cueils qui leur enseignent où gist le femmes ,
et cependant Von ne scauroit
» lièvre , et où sont les viandes tou lire leur Cabinet Satyriquc que ion
j) tes à avaler Quant
maschées prestes n'ait envie de quitter le déduit pour
» à la lasciveté ne puis penser je long-temps à cause que cela est si
,
,
)) qu'elle les puissetant offenser que suie et si que cela fait de ilior-
vilain ,
3) icy rapportées représentent folastre- doit pas donner des pénitences qui
3) ment ce qui
y est comme chose lé- puissent faire entrer en tentation. IL
3) gère et de peu d'effect. Du surplus, il n'y n que trop de personnes qui se plai-
3) n'y a rien que curieux, gentil et in- sent à vivre dans i ordure.
3) génieux en ce livre et ne s'en de- , (D) On lui attribue un Dictionnaire
3) vroit pas Fauteur cacher, sous om- des Rimes françaises. ] La Croi.K du
3) bre qu'il estime le subject si léger. » Maine l'avait fait auteur du livre inti-
Cela veut dire que Des Accords se tulé, des Rythmes françaises (21); mais
donnait cette licence, non pas pour il reconnut (22) qu'il
se rétracta, et il
pas à ses vers le sel qui les pouvait de Givri et chanoine de Laugres.
,
rendre plus agréables et plus pif[uans, Cette rétractation est juste; car Des
selon le goût qui régnait depuis plu- Accords reconnaît que cet ouvrage ne
sieurs siècles. 11 n'ignorait pas la maxi- lui appa'"tient point. Voyons ce qu'il
me que les saletez grossières sont moins dit en finissant son chapitre de la poé-
dangereuses que les (hlicaîes (17)^ car sie française. Je réserve , dit-il (23)
voici comme il la mit en œuvre pour d'en dire plus amplement mon opinion
se disculper. au recueil que je fais des arts poé-
tiques français , oii Pelletier fort
« Des AmnJis (18). doctement et laborieusement Ronsard ,
Touclies imprimées aux (îS) Des Accords , Bigarrures livre IV, cha-
Ci9) Des Accord» ,
,
n^Tc les Bigarrures, a Paris, chez Maucroy ^ pitre III , tout à la fin , page 494 ^^ l'édition
r.n i66î , m-i2 , pag. 8a. déjà citée.
TOilE I.
1 ,
i3o ACCURSE.
ques autres ; desquels avec mention ,
» père,ayeuletbisayeuiravoientporté
de leur nom et rapport de leur propre » de suite. Tu verras, au chapitre des
texte, je m'aiderai en brief pour faire » particulières remarques sur la poe'-
une suite du Dictionnaire des Rimes D sie françoise l'occasion pourquoy
,
491,' 49^-
la devise de ses aïeux. ] Laissons-le
_ _
n'avait dit que comme témoin furent tous deux disciples d'Azo,
de la doctrine d'un autre. Son et puis professeurs en même
autorité était autrefois si gran- temps à Bologne. Albéric Gen-
de (B) que quelques-uns l'ont
, til a remarqué cette faute de
nommé l'idole des avocats {a). François Hotman (e).
La plupart des interprètes ont
{d) Panzirol. de Cl. Leg. Interpr. Lib. II,
pris autant {b) ou plus (c) de cap. XIX, pair. 146
soin d'expliquer sa glose que de (e) Alberic. Gentil, in Dialog. de Juiislo-
fort à son aise , ayant belle mai- nig, met trente-sept ans, et non vingt-
huit (2). La citation de Konig est
son à la ville belle maison à la
,
bonne; mais celle de Panzirole ne Test
campagne , et deux fils qui étu- pas, à moins que mon édition ne soit
différente de la première. Forsterus
(a) r/re f/e Panzirol. deClaris Legiim In-
terpr. lih. II, cap. XXIX, pag. et
aurait été plus propre à être cité car :
147,
seq. il rapporte qu'Accurse devint disciple
l32 ACCURSE.
d'Azo à l'âge de trente-sept ans (3). là (6).Voyez aussi Bernartius dans
Voyez ci-dessous la remarque (F). son Traité du profit qu'apporte la lec-
(B) Son autorité était autrefois si ture de l'histoire. Il s^st trouvé par-
grande. ] Je ne saurais rien alléguer mi les jurisconsultes du seizième siè-
ici de plus à px'opos ni de plus diver- cle bien des auteurs qui ont censuré
tissant qu'un passage cité par un des cette barbarie. Il semble gue l'Alciat
jurisconsultes modernes qui ont le mis en branle, et qu^il ait com-
les ait
moins estimé les glossateurs JVostis : mencé de donner du goftt pour l'u-
quanta sit auctoritas glossatoris. Non- nion des belles-lettres et du droit ci-
ne lieri dixit Çyn. glossam timendam Budée * , l'un des plus ardens
vil.
propter prœscriplam idololatriam per censeurs d'Accurse , a contribué aussi
aduocatos significans quod sicut an-
,
à cela (7). On ne peut nier que l'igno-
tiqui adorabant idola pro diis ita
,
rance des belles-lettres n'ait fait tom-
adi^ocali adorant glossatores pro e^'an- ber les glossateurs dans plusieurs bé-
gelislis. f^olo enim potiùs pro me vues. Albéric Gentil s'est fort déclaré
glossatorem quam textum; nam si al- leur partisan il n'a pas voulu avouer :
lego textum, dicunt adi'ocati div'ersœ qu'Accurse ait mis en usage la maxime,
partis et etiam judices , credis tu quôd grcecum est non potest legi (8) , qui ,
glossa non ita viderit illum textum si- lui a été leprochée (g). Il croit que
eut tu et non ita benè intellexerit
,
ces paroles ne se trouvent nulle part
sicut tu ? Ego recordor ( et sit illud dans ce glossateur , et il le fait plus
pro novo ) quod diim essem scliolaris
, habile dans la langue grecque qu'on
eram salis acutus et dUm semel esse- ne le pense ordinairement. Quoi qu'il
,
mus multi socii in und collalione , au- en soit, le proverbe grcecum est, non
sus fui unum textum allegare contra potest legi , passe pour avoir tiré son
sententiam doctoris mei : tantnm au- origine de la coutume des elossateurs
daciam habui. Dixit unus socius Tu On prétend que , lorsqu'ils tombaient
:
loqueris contra glossam quœ dicit sic, sur un mot grec, ils cessaient d'inter-
£t ego respondi Etsi glossa dicit sic préter, et en donnaient pour raison
:
ego dico sic , ignarus auctoritatis glos- que c'était du grec qui ne pouvait être
satorum. Credebam enim quod essent lu ; et après avoir ainsi sauté celte
communes aposlillœ , quales sunt in fosse ils reprenaient l'explication du ,
auteur, qui confirment la même cho- scribendum censuit (10). Voilà ce que
se, etquinous apprennent que, devant, dit un Allemand voyons ce qu'a dit :
glossatoris duobus doctoribus est con- * Julr dit qu'il faut écrire et prononcer Budé.
traria, projectb in judiciis prœualeret CV.ff ce qu'a fait Bajle à l'article de ce per- ,
auteur. ] Louis Vives est un de ceux- liv.IX chap. XXXIX pag goi , qui donne
, ,
.
rant solam fiaùuerunt : quas ciim nos- » mourut Fan 1279, en la soixante-
sent , quantum in illd barbarie et co- )j dix-huitième année de son âge
(18) ^
dicum depraualione nnsse poterant ,
J) d'où il s'ensuivrait qu'il
serait né
eocplicare nisi incondilè et barbare ne- ))lan 1201. Cependant Accurse lui-
quiferunt , quod non tant eis qiiani se- •» Doème nous apprend sur l'Authen- ,
culo illi tribuenduni , quo linguœ et y> tique utprœp. nom. imp. au mot in-
bonœ litterœ pronùs jacebant{\ i). Ko- « dicliones , qu'il écrivait actuelle-
tez que Barthius donne à Accurse le M ment en Tannée 1220 et sur la loi ;
Fréher, qu'Accurse eut quelques filles cula est Accursii gloriatio in gl. ad 1.
qui à cause de leur excellente érudi-
, 10, sect. 2. ff. de J. et J. , nihil opus
tion , furent employées à faire des le- esse théologien studio ad cognoscenda
çons publiques à Bologne (i4)- Fré- di^ina, ut quœ ex legum romanarum
her agréera s'il lui plaît , que je me
, libris aff'atim queat peli (19).
défie de Jean Frauenlobius , dont il (H) M. Moréri allègue très-mal le
cite un livre allemand. sieur Catel. ] Comparons le texte de
(F) // mourut Vous ne
l'an 122g. ] ces deux auteurs l'un avec l'autre il :
voyez rien de semblable dans le Théâ- ne faut que cela pour connaître la bé-
tre de Paul Fréher qui a été compilé,
vue. Catel ayant dit que Montpellier
avec tant de peine et pendant un si est une des premières villes de Fiance ,
long temps. Vous y voyez au con- , en laquelle le droit romain a élé lu
traire, qu'Accurse florissait l'an laSô, publiquement ajoute « Car nous
, :
qu'il mourut l'an 1279 *, et qu'il Ct » trouvons que le grand et ancien ju-
les gloses sur les Authentiques l'an " risconsulte Placentin qui vivoit
,
i34 ACCURSE.
V Barthélemi (20) ». Or voici les pa-
et le menacèrent de lui confis-
,
doute de M. Moreri est très-mal fondé. temps, se fourra parmi les au-
Il n'y avait point en ce temps - là un diteurs incognito en faisant de ,
(20) Catel, Mémoires de l'Histoire du Langue- qui demeurèrent sans bonne ré-
doc , pag' sgï-
ponse. Quelques - uns ont dit
ACCURSE (Cervot), fils du qu' Accurse , à son retour à Bo-
précédent, se hâta beaucoup plus logne , y fut professeur en droit
que son père de se faire graduer ; avec Bartole , et qu'ayant eu avec
car il voulut être docteur en droit lui une dispute sur la leçon d'une
avant l'âge de dix-sept ans , et il loi il fallut envoyer à Pise pour
,
par ceux de Bologne , que , lors- de son émancipation ait été la dernière
qu'ils eurent appris qu'il devait de son père, c'est-à-dire Tan 1229;
suivre le roi d'Angleterre en nous ne laisserons point de trouver
qu'en i334 il aurait eu six-vingts ans.
France poury enseigner le droit, La conjecture de Panzirole est assez
ils lui défendirent de s'absenter, bonne c'est que l'Accurse qui fut :
* Joly est d'avis d'écrire , François , fils {i)PaniiroI.deCl. Leg. Interpr. cap.LXfJI.
d'Accurse. (j) Idem , ibid. cap. XXIX
ACCURSE. i35
collègue Eartole était fils <l"iin
lîo de ce qu'un pareil ouvrage n'est
AccURSE qui enseignait le droit à Reg- point sorti de dessous la presse
gio sa patrie , vers l'an la^S et qui ,
{a) et de ce qu'on ne réimpri-
lut aussi à Guillaume Du-
Padoue (3).
,
corriger les passages des anciens. tom. III , pcg. 1602 in Claudian. pag. 826
; ;
i36 AGCURSE.
de cet auteur (f). Comme il y contient 87 vers. La pièce d'ArsilIus a
avait de son temps quelques écri- pour titre, de Poé'ds urbanis ad Pau-
lumJ'n'ium. Pierius Valerianus con-
vains latins qui aimaient à se ser- temporain d'Accurse le surnomme
,
vir des termes les plus surannés, Aquilanus non-seulement dans son il ,
taux
On 1i>ac- ^oles d'Accurse 2Vec du
.• j !>• //^N •
a adopte tout long. Ces lia-
tion de 1 imprimerie (G). r»
•
, 1
placuureticere :
approprié le travail de Fabricio '^^'i^'. <^^) ont trompé Barthius. Or, '
mais il s'en purgea avec serment, qui était natif d'Amiterne c'est que :
lettres (I) , avait vécu plus long- peuts'imaginer que pendant un meil-
temps (/?) leur loisir il s'appliqua fortement au
même travail. Talis , dit-il (6) , non
LeoDjrdo Nicodemo Addizioni alla
(f aies legitur in cof^/cj£>H4
,
Claiidiani) (
Bibliot. Napolet., pag ino. .
ses Addizioni all.i Bibllolli. iXapolet., pag. 1711. (5) Mariang. Accurs. in Testituii;oe.
(i) Ce'tait un Àlleiiiaml nomme' Gorilt., il ce (6) Accursii Dialr. in Ausonium. On a retran-
que j'ai apprii de M. de la Monnaie. ché ces paroles dans Pédnion J'Ausouc de 1671.
ACCURSE. i37
a de'Jié son \'i\re,ipsi principes, quàm dème a relevé là-dessus comme il fal-
mi/u i-eititum propè (ut aiunt) mili- lait Kicolas Toppi (81.
tarem probro uerterint , tiim Jidibus (F) Dans un dialogue qu'il publia
scire nuisicen callere philosopha in- , fan i53t .
] Commetouç ceux qui au-
digniim prœdicent , quantiimque im'a- ront mon livre n'auront pas celui de
serint , qiihd et opticen cum litlera- Léonard Nirodème copions ample- ,
Erandebourg , sur les mémoires qu'on „is actus. In quo oitenditur uerbis pu-
lai fournissait. blicd monetâ signatis utendum esse ,
(D) Et
voyagea au septentrion. ] prisca ferb nimis et exolela tanquàm
il
Nous l'avons déjà entendu lui-même scopulos esse fugienda. Si quid ita- ,
sur les arcon? delà selle, en traversant quanwis ptcuniâ h biblinpold te tibi
l'Allemagne et la Pologne. Ce qui suit redemisse non pœnitebit. JVam prœter
nous apprendra qu'il remarquait jus- quant quod uocibus partimOscis, par-
qu'aux moindres choses, jusqu'aux tim f^olscis conscripiusest, latina quo-
cliansons avec quoi l'on endormait les queistuci'erba exoleiioranimisquepris-
enfans; mais il n'en tirait pas de fort cnqutbusAborigines,Picus,Ei'andius,
bonnes conséquences. On le va voir Carmentaque ipsa loqutbantur aj)'a- :
,
les plerosque populos , i^eriim etiam ue hujus notée priscos auctoi es abstru-
ullra Sauromatas , non sine admira- siora leguntur. Itenique recentiorum
tione audii'imus ad suadendum nutri-, cacatas yipulei et Capellce chartas ,
cio trtnie iiijanlibus soninum , dici li hujusniodi^'e alioiitm. Quœ ut cette
lu , li lu, tiim et la lu, la lu et la tamen ab eo qui
, sunt evitanda , ita
la, la la. Quod nostrates Jeiè nan dodi nomenjèrat agnoscenda sunt ut ,
tes mamman atque tatam latine bal- quœ in Dialogo olim ante tios ipsos
butiunt ipsis quoque matribus non ocloginta annos à Mariangelo Accur-
,
que i^oces naturales magis quhni arbi- erudito, quique lYasonem, Ausonium,
trariœ. 11 a tort de simaginer que ac Solinum Diatribâ illustraint) oscè
les mères n'entendissent pas ce que ac uolscè conseripto , ut sœcuti dege-
leurs petits enfans voidaient dire c'é- nerantis nimiîim a prima eloquentiâ ;
taient elles qui leur avaient appris ces insaniam ueluti acetn aspersa sutira
mots. perstnngeret audi, inquam, et risuni ,
(E) Son
édition de Marcellin est plus confine , si potes , etc. (»o).
ample de cinq Hures que les précéden- Notez que ce livi^de notre Accurse
tes. ] Le Toppi avait de mauvais mé- est in-8°. mais n(«^ surtout ce qui
moires sur ce. fait. Il n"a point dit ce ma été communi^é par M. de la
qu'il fallait dire , et il a dit ce qu'il ne Monnaie. « Le dialogue de Marie-Ange
fallait pas avancer. Il n'a point dit » Accurse contre ces corrupteurs de
quAccurse eût joint cinq nouveaux » la langue latine peut avoir été im-
livres à ceux qu'on a\ait déjà; il n'a
parlé que du sixième. Or il est faux (8) Leonarao Nicodemo Addiiioni alla Bi- ,
ajj- „„;
(q) Tire de Leooardo iNicodemo, Addizioni
•. v .
i38 ACHÉE.
5> prime mais il faut croire
l'an i53i j que Zel en parlait (i4)' Chacun com-
y> qu'il avait déjà paru quelques an- prend qu'une année de plus ou de
)> nées auparavant puisque Geoffroi
, moins est ici sans conséquence. De
5) Tory le cite dans son Champ fleuri, plus, doit-on dire qu'un nomme qui
>) imprimé par lui-même in-4°- Tan a passé trente-trois années à la cour
,
» struire ies premiers mots Osco , : malus autem genius Diatribis contin-
» f^olsco , Ronianoque eloquentid in- gat usque adeo ut si qua bona aut
, ,
3) terlocutonbus 11 faudrait , ce me
. saltem mediocria in ipsis fuerint im- ,
notre Accurse avait écrit de sa main (I) Son Jils Casimir *' était
au premier feuillet d'une grammaire homme de C'est apparem-
lettres. ]
de Donat imprimée sur papier uélin , ment celui que le docte et le fameux
que ce Donat , «i^ec un autre litre in- patron des doctes , Vincent Pinelli
titulé Confessionalia , étaient les pre- eut pendant quelque temps dans sa
miers Hures imprimes , et que Jean maison car encore que le Gualdo
; ,
Faust , Bourgeois de Mayence in- , donne le nom de François au fils d' Ac-
venteur de l'art les avait mis sous la
, curse, il a peur de se méprendre en
presse l'année i45o (12), M. Chevillier le lui donnant. Voici comme il parle.
observe que cet Accurse vivait en l'an Prœter hos domi habuit Benedictum
i5oo (i3) ; et néanmoins il met quel- Octavianum res philosophicns iheo-
,
une admirable fidélité, à ses sou- partit donc de Lydie avec une
verains; car, ayant accompagné grande armée, et pendant sa
Séleucus Céraunus dans l'expédi- marche il écrivit aux sujets d' An-
tion contre Attalus, il fit mourir tiochus mais, quand il fut pro- ;
gagna toutes les provinces qu'At- ter les armes contre leur ancien
talus avait conquises et refusa roi. Celafitqu'il leur dédaraqu'il
,
game, il se fit appeler roi. Il sou- ment les Egyptiens (e). Ce re-
tint cette usurpation avec beau- proche ne fut pas entièrement
coup de prudence et de courage sans effet car nous trouvons
,
;
piade, et l'an de Rome 533. Cjlvisii CUro- liv.V chap. XIII pag. ^08.
.
,
vait souffrir que le roi d'Egypte leur avait faite de les secourir. Il y
osât lui parler pour des rebelles avait alors une forte guerre entre les
Rhodiens et les Byzantins. Le roi d'E-
(g-) ; et, dès qu'il eut les mains li-
gypte fît quelffue difficulté de se des-
bres, il s'appliqua fortement à saisir d'Andromaque il savait qu'un :
recouvrer les états qu'Achée avait prisonnier tel que celui-là lui pourrait
usurpés il en vint à bout il le
: ;
être de quelque utilité en temps et
lieu ; car il était encore brouillé avec
confina dans Sardes il l'y assié- ,
le roi de Syrie , et il n'ignorait pas la
gea , il prit la ville après un long grande puissance d'Acliée. Mais, pour
siège {h) et il se trouva des traî-
, faire plaisir à ceux de Rhodes, il vou-
tres dont l'intrigue fit donner lut bien enfin leur remettre ce pri-
Achée dans le panneau. Ils l'en- sonnier afin que, s'ils le jugeaient à ;
per les extrémités des membres, et date (3) , laquelle avait été très-biea
puis la tête, qui fut cousue dans élevée par Logbasis bourgeois de ,
une peau d'âne , et il fit attacher Selge ville de Pisidie (4). Cette dame ,
(/). Ceci se passa l'an 54 o de dre après qu'il eut été mis à mort (5).
Home. Ce fut un exemple propre (B) Ce fui un exemple propre h ser-
narré avec le mien mais pour ralité. KsITÀ (fl/O TpilTrOilç OÙX. ÀVCtXfiXiÇ
; les
VTrôSuy/ma. yiv'o/ui.iVoç to7ç so-o/z-êvotç' k-aÔ'
fautes de François Patrice je les
, iVet JUÏV , TTpOÇ TO jUifJ'iVt TTlÇiUli^ fcthoùi'
marquerai nettement (C).
blia rien pour le tirer de celte capti- et jetèren; son cadavre dans le Pactole
vité. Les Bhodiens ayant connu là- ,
(2) Polyb. lib. IV, cap. XIII.
dessus ses dispositions , envoyèrent (3 Idem , lib. VIII cap. VF, ,
pag. 53i.
des ambassadeurs au roi Ptolomée (4) I,1em, l,h. XV, cap. XVII pag. 4^5. ,
(i) Polybii Hislor. lib. IV, cap. XII J, pag. (6; Idem, li'j. VIII, pag. 528, eMi. Ca-
324; et lib. VIII ,
ca^: VI, pan- 53i. 5auboni.
,
ACHÉMÈNES.
pourlui faire boire des eaux dorées. bition. Aquilius qu'on lui associe
,
mensonges. 31. de T,
tsoissieu se persuade
1
j , ., ti i
. • •
Qui miser auriferâ teste pependit aqud (9, leS principaUX SeigUCUrS de PerSe,
ont trompé cet écrivain. Il observe et surtout les Achéméuides à ne ,
avec raison qu'elles signifient qu'on point souffrir que les Mèdes re-
pendit le corps d'Achée proche du couvrissent la royauté. Cela sem-
Pactole (10). Il ajoute que Zarottus
ble donner l'idée d'un Acliémè-
est le premier qui ait entrevu la pen-
sée du poète et que Léopardus l'a
nes , tige de ces Achéménides ,
,
planationeni tribueret. f^aleat aiitem nes fut fils de Persée [d] d'au- ;
lione, lib. If
lit. IX pag. 242.
,
,
VU,
(a) Herodot. lib. cap. XI.
(8) Ovidii Metam. Itb. XI, vs. io3.
(g) Ovidius, in Ibio vs. 3oi. ,
{b) Idem, lib. I, cap.CXXr.
(10) Dionvs. Salvagnii Boessii Notae in libel- (c) Idem, lib. III, cap. LXV.
Inm Ovidii in Ibin , pag. 63. (rf^Nicolaùs, lib. II, Histor. apud Ety
(il) Idem, ibid. mol. niarai Aitlor^m.
, ,
l42 ACHÉMÈNES.
me d'un homme
très-opulent , du nom iie Perses ; une autre qu'il
ait été un roi de Perse (B) mais,
nomme les Pasargades, sous lesquels
;
il met les Acheme'nides. Ailleurs
(4)
si cela est , il faut qu'il ait régné il dit bien que les Perses acquirent le
avant que les Mèdes eussent sub- nom de Perses depuis que Perse'e, tîls
jugué les Perses; car, depuis que de Jupiter et de Danae, leur eut laissé
s"n fils Perses qu'il avait eu d'Andro-
ceux-ci eurent fondé cette gran-
1
- mede mais il ne (ht pas comme le
i> .
: ,
de monarchie
I
on compte suppose M.
,
que 1 ., „. * '.
Chevreau que les rois de
'
. ,
,
sortis des Acheménidcs alliés des Pa- tous les autres. Il ne faut point se
sargades (i). 11 assure dans la même mêler de se tromper ou il faut le ,
est fort brouille. Hérodote nedit])oint trop le décisif les anciens ne demeu-
5
en général que les Persides fussent sor- rent pas d'accord que ce Darius fût
tis des Achéménides il ne dit cela
: de la famille royale. S'il parle de Da-
que des rois de Perse (2) c'est à-dire ; , rius fils d'Hystaspes il s'exprime mal ,
(lO; Salmas. Exercit. Plinian., pag. ii83. de saint Bar- ses soins , l'épilre
qui n'aient été composés depuis car ayant reçu la déesse Junon
,
m'en vais donner le titre tel que je tait un si bel homme, que, par sen-
,
dit que Luc d'Acheri publia la f^ie de monde avec des cheveux blancs.
saint Augustin, *' à Paris en la même Il y a eu cinquante-quatre autres
,
dans ce Dictionnaire. Elles mériteraient un son auteur une partie des louanges qui leur
ouvrage sépare' ce serait l'histoire la plus
;
sont dues ; mais, comme celte excellente his-
complète qu'on ait jamais vue et si je pou- :
toire est entra les mains de tout le monde ,
vais obtenir qu'avec la même bonté qui lui a il n'est pas nécessaire de transporter ici cet
fait prendre la peine de me communiquer article. »
tant d'eicelleos matériaux il voulût corri- ,
il en résulterait un ouvrage parfaitement aussi M. Bobus dans son journal Jlamand in- ,
vait qu'une lèvre 5 d'autres , parce Méziriac car si d'un côté l'on peut
: ,
tété et d'autres parce qu'il sortit dire de l'autre que les auteurs grecs
; ,
terre. Qui voudrait montrer par quel- s'agissant de plusieurs personnes dans
trop de grec cet endroit-ci. C'est pour- personne la plus prochaine. Les La-
quoi je l'envoie le lecteur, s'il lui plaît, tins n'y sont pas plus scrupuleux.
au ^vaiTid Etyniolngicum, à Eustathius C'est la grammaire française qui est
etc. Messieurs Lloyd en cela d'une merveilleuse exactitude;
(4) àTzetzès (5),
,
et Hofman qui, à l'exemple de Funge- car elle veut que l'on répète plutôt
,
nous indiquer une raison mille fois tence de supériorité prononcée en fa-
plus naturelle que toutes les autres veur d'Apollon et au préjudice de
pourquoi celui-là fut nommé Achille : Pan (8). Par là Méziriac perdrait sa ,
c'est celle que j'ai rapportée savoir, , cause mais on se venge aussi quel-
:
(C) Et
changea de telle sorte. ]
le André Schottus aurait mal traduit :
Photius, qui nous a conservé quelques car ,selon lui Vénus indignée ne ,
fragmens des sept livres quePtolomée, fait aucun mal à celui qui remporte
fils d'Héphœstion avait remplis des , la victoire. Il est vrai aussi que , se-
plus curieuses bagatelles de l'antiqui- lon l'autre interprète, elle ne fait pas
té fabuleuse, a tronqué de telle sorte grand mal au juge inique ^ elle se
ce qui regarde Achille, fils de Jupiter contente de lui donner de l'amour
et de Lamie (6) qu'il faut se donner
,
pour une njmphe, qui , selon la tra-
la peine de conjecturer que ce fut dition des anciens (10) , eut une fille
avec la déesse Vénus qu'il entra en de lui. Tout bien compté il semble ,
Vénus contre le juge qui conféra le mée seraient bMmables de n'avoir pas
prix à Achille. Vénus , pour punir ce déclaré que la même, Vénus qui ren-
juge , le rendit amoureux d'Echo , et dit Pan amoureux d'Écho le rendit ,
si laid que sa seule figure le faisait malheureux dans ses amours. Il fal-
,
haïr. C'est ainsi que Schottus a en- lait nécessairement marquer cette
tendu le texte de Photius. Mais M. de
(7) Méîiriac Épîlres d'Ovide pag. 253.
Méziriac partage les efléts de la colère , ,
devint amoureux et celui-ci le plus de Fiérus, sont une preuve qu'on se venge au.tit
,
pas un abrégé. Justin n'est pas le seul son fils immortel , elle l'oiçjnait
qui ait manqué de ce fin discernement. d'ambroisie et le mettait sous la
Je me suis servi de cette pensée quel-
que autre part dans cet Ouvrage.
braise (d). On le fit élever sous
la discipline du centaure Chiron ;
Tliétis, aété l'un des plus grands Mais nous en croyons Ho-
, si
ce fut aussi par cet endroit que (c) DLctjs Cret. Hb. 11 ,- Dares; P'ole-
l'autre,
demander le cadavre et l'obtint
que Calchas avait prédit ,
fille du roi , qu'elle lui avait per- lui firent de magnifiques funé-
mis de l'engrosser (E). Voilàd'ou railles dont le dictionnaire de
,
.ses armes dont Hector l'avait a dit même que ses amours s'é-
,
dépouillé aussi-bien que de la vie (k) Homer. lliad. lib. XXII 3l2. , 1.5.
{h) Ibidem, lib. XVI , vs. 8l8. (p) Voyez la remarque (B) dts Vanicit:
(i) Ibidem , lib. XyiII , i^s. ifiz , scqq. Agiuli.éÀ.
,
qu'il fit après sa mort , et un mi- aussi savant homme que l'était .M. de
racle qu'il opéra dont Tertullien Girac ait accusé M. Cosîar d'une ,
/'Histoire des ouvrages des Savaus, mai 1693, allégué entre plusieurs autres raison^,
pag. 5ll. pour soutenir son sentiment, que, se-
lon Plutarque , Achille fut nourri de
(A) De la moelle de lion , ou de choses qui n'ont point de san^ , il
celle de quelques autres bêtes sauna- ajoute , qu'il ne croit point qu'aucurt
ges. ] Lib.inius en trois endroits (1) , auteur digne de foi ait écrit qu' A-
et Priscien en un endroit (2) ne
, , ch'ille fut nourri de moelle de lion :
parlent que de la moelle de lion ;
et néanmoins il cite lui-même tout
,
louve (7). Philostrate joint au miel et saire ni que l'on soit persuadé des
,
au lait la moelle des faons de biche et faits qu'on rapporte ni qu'ils exis- ,
thius s'exprime d'une façon encore Nazianze est dans le cas. Il n'assure
plus vague puisqu'il ne parle que de
, point sans l'avoir lu
, ce qu'il rap- ,
(i) Liban. Progymn. pag. 70, D ne l'invente pas aussi et cela suffit ,
; pag. (y^ ,
(7)Slatli Achilleid. Ub. II, vs. 382. cerfs ait été la seule nourriture du.
(8j Philostrat. in Hetoic. pag. 'oS , B ; e( in héros d' Homère , suivant iopin'ion
Icon. II , pag. -81 , C.
(9) Terliillian. de Palllo. commune des anciens , a trouvé sans
(10) Euslath. in Iliad. Ub. I, pag. 11, vs, 28.
,(12) Réplique à Costar , secl. VII . p3g. SQ,
(11) Suidas , vei'jo X'>-^- ÊiHliOit de HoUiiTide , in-8.
,
de cerf. Il ne peut donc point le récu- Mais ce Philinus ici comme un nou- ,
^
Je trouve moins surprenant qu il Mais ce nouveau Chiron nourrit ce
ait cité là saint Grégoire de Nazianze ,
garçon tout au rebours d'Achille (iv-
que de voir qu'il ait ignoré ce que deux Ttçf'oi/oùç TU) 'Axt>-MÏ) à savoir de vian-
valables que ceux que M. de Girac c'est si peu que rien. Il aurait pu citer
produit pour justiûer que l'on donnait aussi Galien , au livre XI de l'usage
à Achille une autre nourriture. des parties , chap. XVllI ] et il ne
Il ne faut pas dissimuler que Bar- semble pas que ce fait doive être révo-
thius nous ôte le témoignage de Stace qué en doute, puisque ordinairement
pour la moelle de lion car, au lieu de: les modernes le passent aux anciens
lubens, il prétend qu'il faut lire lupce, naturalistes , lors même qu'ils les ac-
dans le passage où Achille parle ainsi : cusent de plusieurs méprises sur le
Dicor et in teneris et adhuc crescentibus ann'it sujet des lions. Consultez Vossius au
Thessalus ut rigido senior me monte recepit , chapitre LJI du IIP. livre de Origine
Non illas ex more dapes habuisse , nec almis et Progressu Idolatriœ ; Franzius et
fjberibus satidfse famem , sed spissa leonum
Bocliart aux livres de Aninutlibus
Viscera , semianimesqae lupœ traxisse. me-
dullas (l4). Sacrœ Scripturœ , le père Hardouin
dans son Commentaire sur le cha-
Ce que M. de Girac fait dire à Plu- pitre XXXVII du XI de Pli- livre
larque nous découvre qu'il n'a pas ne , en croyait Vos-
etc. (18). Si l'on
consulté le grec et comme il allègue
:
sius on prétendrait qu'Athénée au-
,
ACHILLE. i5j
mais quand on consulte Athëne'e contes que comme des jeux d'esprit.
,
même on voit tju'il ne dit rien tou- Ne serait-on pas bien de loisir si l'on
, ,
fait constant et que M. Furetière au-, VII du livre III et le scoliaste d'Ho-
,
rait dû mêler parmi les autres remar- race sur l'ode XIII du Livre V mar- ,
ques qu'il rapporte sous le mot Lion , quent qu'elle le tint par le talon. Ceux
si l'on n'avait enfin vérifié le con- qui disent qu'il mourut d'une blessure
traire. Borrichius parle de deux ana- au talon comme Hygin au chapitre
tomies de lion faites à Copenhagen ,
CVII et Quintus Calaber au vers 6a
,
l'une il y avait seize ans, l'autre de- du IIl'^. livre conviennent au fond
,
firent voir beaucoup de moelle , co- vers 57 du Vl*^. livre de l'Enéide dit ,
que Tibère Carrafa nourrit un lion , tout ce que le corps de son fils avait
dont les os furent trouvés creux et de mortel, elle le mettait sous la braise
moelleux comme ceux des autres
, toutes les nuits et que le jour elle
,
bêtes (20). Mais quand même il serait l'oignait d'ambroisie et Qu'il n'y eut ,
constant que les lions n'ont point de ([u'une des lèvres de l'enfant qui fut
moelle 51. de Girac n'aurait pas dû
, brûlée ce qui avint à cause qu'il s'é-
]
qu'aucun auteur digne de foi n'en avait fait périr six de ses enfans , lors-
parle. Le seul témoignage de quel- que son mari l'y ayant surprise fut ,
ques auteurs anciens suHît alors à faire cause qu'Achille, qui était le septième,
^
perdre hautement le procès quand , en réchappa (21). Néanmoins, Tzet-
même les naturalistes nous appren- zès s'inscrit en faux contre ce conte ,
draient l'impossibilité de la chose. et dit qu'il sait d'où. Lfcophron a
ne
D'où il paraît que Barthius s'engage pu pêcher que Thétis
cette menterie
dans une réfutation superflue lors- , eut sept enfans de PeleUs (22). Autre
qu'en commentant les vers de Stace exemple à joindre à celui de M. de
que j'ai rapportés ci-dessus, il s'écrie Girac, pour montrer le danger à quoi
fort sérieusement C'est une étrange : l'on s'expose par une confiance trop
fable, ingeus fabula; puisqu'un en- décisive car M. de Méziriac cite qua-
:
fant qui prendrait quelque chose de tre auteurs fort grades qui tous s'ac- ,
leine des lions qui ne soit ueniineuse , parler, ou de (juelque phrase extraor-
principalement pour un tel dge. En- dinaire, ou de quelque fait inouï que ,
suite de quoi il cite un passage d'A- cela est bon pour attraper les parieurs,
ristote portant que les lions n'ont
, c'est-à-dire, certains savans téméraires
point de moelle. Peine perdue que qui sont toujours prêts en ces sortes ,
102 ACHILLE.
aucun auteur. Ils ne manquent guère Or il est certain que, pour faire re-
,
Ne quittons point Bartliius sans re- que toute autre nourriture. C'est dans
marquer qu'il prétend que la leçon la moelle que se trouvent les parties
les plus succulentes de l'animal, et mê-
fupœ , au lieu de lubens , fait beaucoup
d'honneur à Stace , qui par là ne se me à ce qu'on prétend les parties
, ,
maux sont presque sans moelle; car il Duris genuit te cautibus horrens
était d'ailleurs plus convenable de lui Caucasus , Hjrcanœque admôrunl ubera ti-
dans un degré éminent, que sous celle Le dieu Mars m'engendra d'une Jiire atna-
d'une colère indomptable c'est par là :
zone ,
El je suçai le lait d'une ajffreuse lionne.
qu'Homère se propose de le décrire dans
l'Iliade où selon la remarque d'Ho-
, ,
Par cette clef, on entendra pourquoi
race , il prend pour thème Grat'em ,
quelques-uns ont choisi la moelle de
Peleidce stomachum cedere nescii (24)»
cerfpréférablement à toute autre pour
et où il débute par
Achille c'est qu'ils étaient frappés
:
(23) Barth. Comment, in Âchil. lib. II , vol. (26) Horat, Odje XVI, lib. I , vs. i3.
III, pag. 1753. (27) VirgU. 7En. lih. IV, vs. 36*3 Macrob.
(j4) Horat. Oae VI, lib. I , vt, 5. Salurn Ub. V, cap. XI.
, ,
ACHILLE. i53
coup de vitesse à la course, et qui a catus (undè et nominis consilium (3?.)
porte Homère à l'honorer incessam- quandoquidemlablis i^acueratab iibe-
ment, ou de l'éloge de TroS'itç cèx.vç, ruvi gustu) Lui qui ai^oit este nourri
:
(28) y^ojez la prodigieuse vitesse que Virgile eJil. Paris, anne i6i4 > in S.
donne à une jeune amazone nommée Camille, (34) Lucret. lib. ir.
dans le livre VII de TEoéide , vs. 807 , et là- (35) Dans son poème sur les Koces de Thétis
dessus le père La Cerda. et de Pélêe qu'ion prétend avoir précédé celui
,
(29) Homer. Ilisd 1:1.. f'II , vs. 028. ïi'Hésiode sur le même sujet. iVt Vossios , ni
(3e) Vigénère, Comment, sur Pbiloslr., Je la Lorenzo Crasso, ne disert rien de ce poêle.
Nourrit. d'Achille, pag. 544- (3G) Salmas. in Tertul. de Pallio pag. 281 ,
,
ment remarquer que celles qui peu- contrent pas mieux. Ils attribuent à
vent séduire beaucoup de gens. Au saint Grégoire ce qui n'est que dans
lieu de lait c'est le père Gautruche
, la version latine des Commentaires de
qui parle (Sgl et des autres i'iandes
, Nicétas Serron , archevêque d'Héra-
communes Chiron ne le nourrissait
, clée dans le onzième siècle, sur les
que de moelle Je lion ou de sanglier, oraisons de ce père (43)- Fungérus
pour faire naître en sa personne le cou- conclut qu'Achille a été nourri sine
rage et la force de ces animaux. De cibo , de ce qu'on ne lui donna à
là vint , selon l'opinion de quelques- manger que de la moelle de cerf.
uns, que n'étant ainsi nourri d'aucune L'autre veut que Al'^»? signifie suc, et
viande, on le nomma Achille, c'est- qu'Achille ait été nourri sans suc
à-dire SANS CHYLE. Quoique la der-
, pour ce qu'il fut nourri, non de wian-
nière période de ce passage ne paraisse des accoutumées aux hommes, mais
pas dans les dernières éditions, je ne de chairs de bêtes saut^ages toutes
laisserai pas de remarquer, i°. que crues (44)- François Alunno adopte
c'est une erreur de dire que l'on n'est la moitié de cette dernière erreur. Fu
nourri d'aucune viande lorsque
, nutrito dit-il (45), nel monte Pelio
,
l'on n'est nourri que de moelle d'a- da Chirone centauro ne mai in quel ,
nimaux^ car la moelle est comprise tempo mangio cibo cotto , perché fu
incontestablement sous le mot de noniinato Achille, perché a. in Greco
viande, par opposition même aux signijîca sesza , e ;t'^'5 cibo cotto.
alimens qui sont permis durant le ca- Il y en prenant le mot ;t*'^°5
a qui,
rême ^ 2°. qu'il est faux que la moelle simplement pour nourriture, fondent
ne se convertisse pas en chyle et que , l'étymologie d'Achille sur ce que son
ceux qui ne seraient nourris que de précepteur Chiron au bout d'un cer- ,
moelle seraient sans chyle. Ces re- tain temps ne lui fournit plus ni
,
édition de la Haye, en 168 1, qxti est l'a qua- Dictionnaire surBazcice. Dante, Pétrarque, etc.,
trième. imprimé à Venise en i5&8, in-folio.
,,
ACHILLE.
que ce soit à manger, de sorte qu'il rifiv y oTê <J« <r tn ijU'jiTiv iyù yw-
fut oblige de vivre de ce qu'il prenait vas-cri jcctSiVîtç,
à la chasse ^4^)- Mais était-ce vivre O401' T cL<rct.ifj.i Trfii'TeLfji.ùy , xati oivfiv
sans nourriture ? Cette explication est tTris-pi^tèv
,
peut être pire que les précédentes. rioxxstxf ^uo< KctTiSius-Ai iTr) ç-riBts-a-t
(C) Si nous en croyons Homère
c'est à Phénix , et non pas à Chiron ,
Oivow , stToCx:/^a)v Iv vdttish âxtyii-
etc.'] Il y a bien des gens qui ne *? (49)-
prennent point garde à cela. De'cima- .... Dfon enim volebas cum alto
Neque ad convivium ire, nerjue in œdibus
tor dit qu'Achille, après avoir été cïbum. suinere,
élevé par Chiron , qui lui enseigna Jntequam te meis ego genibus impositum
l'art militaire, la musique et la mo- Obsonio satiavi secato anle'a , ei vinum ad-
moi'ens
rale , fut mis sous la direction de
Sœpè mihi rigasli ad peclora vestem
Phénix qui lui apprit et à bien par-
, Vmo ,
ejeclans in infanliâ difficili.
ler et à bien vivre , comme il s'en
vante lui-même (47)- H prouve cela Il a fallu nécessairement que je citas-
à l'égard de la musique et de la mo- se ce grec car c'est un discours si
5
rale , par ces vers d'Ovide au P'. \i- étrange qu'on aurait cru aisément
,
coupasse les morceaux. Le uin , que point de temps où placer les fonctions
i'ous l'Omissiez sur ma poitrine
de Phénix après celles de Chiron. Les
pen- ,
(46) Commentaires sur les Emblèmes <l'AIclat, (50) Le premier auleur de ce Tbesanms s'cp-
pag. 624 de l'e'dition de Tlipilius , à Padoue pe^^ Basiliiis Fabcr, Soranus. Il e'iait recleur-
en 16G1 , i>i-4- d'un coUe'ge a Erford , et il publia son livre
(47) Décimator in Tbesauro liogoariim. C'ett l'an 1571 après avoir employé' 36 ans à ensei-
,
un gros in-folio, imprime' à Leipsick l'an 1606, gner la langue latine. L'ouvrage fut reimprime'
pour la première fou. en 1625, avec les corrections et les additions de
(48) Homer. Iliad. lib. IX, vs. 4^2. Buchnerus, qui est mcrl en 1661 , à l'âge d-e 70^
, ,
i56 ACHILLE.
sterus a dit aussi qu'Achille , ayant ceux qui font élever Achille par Chi-
lite instruit par Chiron pendant son ron depuis l'âge de six ans jusqu'à
enfance, fut é\evé par Phénix quand l'ilge de puberté (53) jusqu'à ce que ,
il fut devenu plus grand (5i). Remar- non-seulement il eût appris à se tenir
quez que je n'entends point nier que à cheval sur le dos de son précepteur
depuis qu'Achille fut père , on n'ait (54) mais aussi qu'il se fût endurci
,
recommande' à Phe'nix de lui ensei- aux exercices les plus rudes (55) ;
gner comment il se faut conduire dans sans compter tant d'autres choses que
le métier des armes et dans les con- , Chiron lui enseigna l'art militaire :
point cela lui avoir donné un précep- cimator vient de nous le dire), la
teur. médecine et en particulier la bota-
,
pris garde à ceci ^ mais il est sûr qu'il ancien auteur nommé Staphylus (56),
s'est exprimé en homme qui aurait et plusieurs autres nous l'apprennent?
bien observé qu'il ne faut donner Stalius au II*, livre de l'Achilléide ;
,
qu'un précepteur à Achille. Voici com- Claudien dans son ouvrage sur le troi-
,
Christophe Cellarius l'a corrigé de nouveau, fXi^li. Eodem utens et puUo et prceceplore,
premièrement pour l'édition de l'année 1686 ,
Greg. Nazianz. Orat. XX.
ensuite pour celle de 1692 , el enJSn pour celle
(55) Statii Achil./it. //, vs. 38?.
Je 1696. (56) Il est cilé par Notai. Coines liv. IX,
,
(5i) Dempsteri Paralip. ad Rosinum, lib.II, chap. XII , el dans, les Commentaires sur les
cap. XI. Emblèmes d'Alcial.
<5î) Hom. Iliad. lib. IX, vs. 44ov (57) Honter. Hiad. lib- XI , vs- 82g.
,
ACHILLE.
jioarfant u'avaient pas été ses pédago- tarque (G;) , Pausanias (68), Clément
gues, ne l'avaient point élevé dans son d'Alexandrie (69) Philostrate (70), ,
pelle précepteurs ou gouverneurs d'un tit nombre, il ne faut donc pas tant s'é-
jeune homme? Et, sans sortir de ce tonner que même selon quelques an- ,
pas Achille qui apprend des remèdes été tous deux précepteurs d'Achille :
qui sont venus après Homère et sup- porter hautement sur lui. Considérez ,
posé avec eux que Chiron nourrit le bien ces deux passages :
ApoUodore (65) Pline (66) Plu- , , Progymn. pag. 71, A; pag. 97. C;
(71)
pag. 129 A; pag. j42, C; pag. i4î j A ; et
,
(66) Hisl. Nat. W. XXr, cap. V. (75; Stit. lib. V, Silva /// , 'vs,. igi.
;58 ACHILLE.
Ifec senior Peleus nalum coinitalus in arma race qui, aurapportdeM. Moréri (8i),
Troica, sedcaroPhœnix hcBrebalalumno{''fi).
se vante dans la 6^. satire du i^', li-
vre, qu'ilavait appris l'Ihade par
Xénophon (77) , et Lucien (78) ,
qui
donnent ces deux précepteurs à
cœur avait sans doute oublié cette
,
que par un trait qui paraîtra bien par ses pi'ières pour empêcher qu'A-
,
ACHILLE. 159
pas Cicéron. Voyez la remarque (A) (89) ; car, quand même oe jeune hé-
de Tarticle Pyrrhus fils d'Acbille.
,
ros aurait joui de la belle dès le pre-
(E) Elle lui aidait permis de l'en- mier jour, son fils aurait pu n'avoir
gros'ser. ] Achille était alors si jeune, que trois mois à l'arrivée d'Ulysse. Il
qu'il y a peu d'exemples d'une faculté y en a qui ont dit qu'il réitéra la dose
générative aussi prématurée que la
generativ à sa maîtresse après
près les pipremières
sienne. Néanmoins la bonne instruc couches, et qu'il en eut un autre fils
tion avait été encore plus prompte , (90). Mais puisqu'il était né avant le
et il n'y avait pas eu là le désordre voyage des Argonautes (91), entre le-
dont Montaigne se plaignait dans le quel et l'expédition de Troie les chro-
chapitre 25 du I*'. livre de ses Essais. nologues mettent pour le moins trente
On nous apprend à uiure dit-il , ,
ans (92), jugez si les anciens poètes
quand la i^ie Cent escoliers
est passée. ont bien concerté leurs calculs.
ont prins la férolle avant que d'estre (F) F'ulcain... fit alors de nouvelles
arrit^ez à leur leçon d' Aristnte de la armes a Achille. ] Personne ne doit
Tempérance. Mais si l'on voulait mo- trouver mauvais que Charles Etienne
raliser sur l'histoire poétique on di- , et MM. Lloyd , Hofman Moréri etc., ,
rait à Montaigne que cette aventure parlent des armes impénétrables que
du fils de Pelée est un avertissement Thétis fit faire à son fils par Vulcain ,
qu'on a beau faire prendre le de- pour l'expédition de Troie car en- ; ,
se contredii-e les uns les autres; mais 3ien que sa mère eut a ses armes
il paraît qu'ils ont regardé leur his- Ajoute' la force des charmes (gï).
toire fabuleuse comme un pays où
chacun faisait ce qu'il lui plaisait Mais néanmoins il ne les a pas mar-
sans dépendance d'autrui. Apollodore quées , parce que son expression fait
dit qu'Achille n'avait que neuf ans plutôt penser que Thétis donna des ar-
lorsqu'on l'amena dans l'île de Scy-
mes fées à son fils , que penser qu'ou-
ros que l'on parlait déjà de l'ex-
et tre qu'elle lui avait charmé le corps
,
douze ans à Achille avant que de lo tifier dans le besoin par ses sages ré-
tirer de l'antre de Chiron (88). Je ne flexions. Or, il est certain qu'un an-
sais pas comment Barthius a pu trou- cien auteur nommé Philarque ou Pby-
ver que, selon le calcul de Stace , il larque, avait laissé par écrit que Thé-
fallait que le fils d'Achille eût plus
(89) Bartli. ia Statium, lom. III, pag. 1684,
d'un an lors de l'ambassade d'Ulysse 1736.
(90) Voyez Eustatliias in Iliad. XI , el Ptol.
Ilephiest. apud Pbotium.
(86) 'Hç iyhiTa hvictTÂç. Barthius «<e ces
(91) Apollon. Argon, lib. I vs. 558. Valer.
,
paroles dant tapage 1579, et dans la page iG85
Flaccns, Argon, lib. I vs. 2.50.
,
du lome III de son Comaientaire sur Stace; el
néanmoins tl dit dans la page i584 711'ApolIo- (92) Voyez Calvisius sur l'an du monde 2727,
el 2-^(i'] et te P. Labbe, Chronol. Franc lom.
;
«Jore ne marque point l'âge d'Achille.
/, pag. 127.
(87) Stat. AchiU. lib. II , vs. 234. (9 i) Malherbe, liv. III, pag. 75.
(88) Ibid. vs. 396. (94) Ménage, Observât, sur Malberte, p. 37a.
, .
\6o ACHILLE.
tis voyant qu'elle ne pouvait éviter lorsqu'il débita comme un fait certain
,
qu'Achille n'allât au siéee de Troie , qu'Achille avait été neuf ans devant
lut supplier Vulcain de faire des ar- la ville de Troie sans se battre.
mes pour Achille, à l'épreuve de toute Achille, à qui la Grèce a donné cette marque
force humaine (gS). Vulcain ayant D'avoir eu te courage aussi haut que les deux,
fait ces armes déclara qu'il ne les li- Fut en la même peine, et ne put faire mieux
Que soupirer neuf ans dans le fond d'une
vrerait point qu'après avoir obtenu
barque {98).
de Thétis ce qu'elle pouvait accorder
de plus précieux. Elle s'en défendit Sarrazin trompé apparemment par ,
qu'après la mort de Patroele, à qui comme s'il eût été un petit garçon.
Hector avait ôté les armes d'Achille, Xlif,t Tê /UtV Kltrépi^iV , ITTOÇ T ï<^ct<T SX.
Thétis en obtint d'autres de Vulcain. t' OvÔ/Z-Ct^ê ,
C'est plus beaux épisodes de
un des TsxVSV, T« XAatlêlÇ Tt (Tê
5 <ri <pùî)/Aç
l'Iliade , et il a servi de modèle à Vir-
gile pour l'un des meilleurs morceaux E^a,vS^a., y.ii mdSi vôu net
, iij'aifjttv
de l'Enéide 11 méritait donc bien qu'on
.
a./jt.<^ai (100).
en touchât quelque mot. Remarquez Manuque ipsum demulsit , verbumque dixit
que, selon Servius, les armes que Pa- et nomen :
Fili quidjles ? quis ver'o tibi menlem inva-
trocle portait quand il fut tué, avaient
sit
,
mœror?
été faites à Pelée par Vulcain (96). Die , ne cela animo , ut sciamus ambo.
(G) La mort de Patroclefut l'érigée
La majesté de l'épopée souffrait ces
bientôt après. ^ Moréri a eu raison de
naïvetés en ce temps-là 5 n'en disons
dire qu'Achille reprit bientôt les ar-
donc rien. Convenons du beau génie
mes, que la perte de Briséis lui avait d'Homère convenons de la fécondité
,
fait mettre bas. En effet, puisque
et de l'éloquence de sa muse mais di-
toute riliade ne comprend qu'une an-
5
sons aussi,
née (97)» selon le sentiment du P. Sed nie.
Mambrun dans son Traité du Poème
,
Si foret hoc nostrum fato dilalus in œvum ,
etc. (loi)'
épique, faut que depuis la retraite
il
d Achille jusqu'à son retour à l'armée (H) Le traîna autour des muraille^
après la mort de Patrocle , il ne se soit de Troie. ] Personne peut-être n'avait
fiasseque peu de mois. Ainsi, Mal- dit avant Virgile quelecadavre d'Hec-
lerbe tomba dans une étrange bévue tor fut traîné trois fois autour des mu-
railles de Troie .
le scoliaste de Pindare, in Nem., Ode IV. (f)8) Malherbe , Poés. lir. , pag. la.ï. V
(96 Servius, inâlneid. lib. I, vs. 483.
_) (99) Ménage, Observât, bur Malherbe, p. /^\i
M. Ménage , Observât, sur Malherbe ,
((1';) (100) Homer. Iliad. lib. /, et. 36i.
png.'44i, croit qu'elle en comprend beaucoup (101; Horat. Sat^ X, Ub. I , vs. 68.
in€:4î.S. (102; Yirgil. iEneid. , Ub. I , vs. 483.
ACHILLE. iGl
Homère n'avait marqué le nombre des ete censure , et que cette
faute a fait
tours que par rapport au sépulcre de croire a 1 un de ses
commentateurs
Palrocle, et il n'est pas hors d'appa- qu Ausone n'a point fait tous les
som-
rence ([ue Virgile ait converti en trois maires que nous avons sous
son nom
circuits autour des murailles les trois (luo). Au reste, le
traînement de ce
circuits autour du sépulcre, desquels cadavre, les discours qu'Achille
tinta
Homère avait expressément fait men- Hector prêt a expirer, la
liberté qu'il
tion (io3)j qu'il les ait, dis-je, con- accorda a qui voulut d'insulter
et de
vertis de cette sorte, ou par un dé- frapper ce corps mort, cette
âme vé-
faut de mémoire , ou pour faire un nale qui se laissa ainsi
persuader à
meilleur vers. La liberté de cette mé- force de riches présens de rendre
Pnam le corps de son fils sont desà
,
trois fois autour des murailles de auteur a dit que les dieux pleurèrent
Troie mais je sais aussi qu'il en a dix-sept jours la mort d'AchiHe,- mais
j
il ue fallait pas citer Homère
sans co-
ter le lieu où il parle de cela. Ce
(io3)Homer. Iliad. lib. XXIII, vs. i3; et ne
XXIV, V. x(^. peut pas être dans l'Iliade car il y a ;
(ii5J In Virgil. Eclog. IX , vs. 6. fallu dire les dieux en général, sans
(iS) Pag. 75. spécitier ce qu'Homère marque que
(117J In Homeri Ili»a. XXII, vs. 401.
,
(118) Vossius, Histor. lat. pai,'. 819. (120) Voyez les Diatribes de Mariang. Accur-
(119) Voyei son Commentaire sur Stace, sjus sur Aumône.
tom. /, ptig. 340; et tuin. III p. 3y3, 1G09, (m; Iliad. XXH
, , vs. 346.
T03IE I. II
,
i62 ACHILLE.
Thetis accompagnée des déesses ma- qu'après la correction de ce passage ,
,
rines vint au camp des Grecs pour Isaac Vossius se soit avise' d'accuser
rendre à son fils les devoirs funèbres Pline de mettre le tombeau d'Achille
conjointement avec eux , et que les au rivage de Khe'tee et celui d'Ajax ,
neuf Muscs y tinrent bien leur partie au rivage de Sige'e (i23). Pline a fait
par leurs chants lugubres. Ou pouvait tout le contraire. Solin, par un abus
citer Pindare pour ce dernier fait : qui lui est assez ordinaire a trans- ,
SXiVûVt'. OtÀXst 01
était le tombeau d'Ajax (124)- Cette
yra-fi ti TTUfdLv , T«.<f>ov
méprise se trouve dans les Emblèmes
6' 'EAïKcévist» TTstpâêVOt
d'Alciat.
tç-CtV , iv'i QfîivOVTS TTO-
jEacidœ tumulum Uheeleo in liltore cernis (ii5).
(K) Ils l' enterrèrent au promontoire prend de sorte qu'il le cite non
; ,
naires le remarquent. Lloyd reje- , faut pas non quand il lui emprunte
;
tant les autres citations de Pline, qu'il son bien mais quand il lui donne
,
avait trouvées en mauvais état dans ce qui ne lui est point di^. S'il avait
Charles Etienne, garde celle du chap. cité Servius (127) il eût allégué
, de
XII du IV '^. livre, mais à tort; car Pline meilleures preuves. Or , ce n'était
ne parle point là du tombeau qui était point seulement la vigueur martiale ,
à Sigée il parle de celui qu'on disait
: c'était aussi celle qu'on faisait paraî-
être dans une île du Pont-Euxin. C'est
(123) Vossius in Melam pag. 98.
au chap.XXXduV*. livre qu'il ditqn'il
,
dans l'édition de Paris, en 1620 re- , à cet égard n'ont point encore for-
,
i64 ACHILLE.
lyre était d'un grand secours à ce harmonie trop molle et trop féminine
he'ros pour modérer Taideur vio- sur laquelle il chantait des chanson-
lente de sa colère (i32). 11 n'est pas nettes d'amour. Ce n'est pas le seul
vrai qu'Athi-ne'e fasse cette remar- exemple qui montre que Plutarque se
que après Theopompe et je suis tort ,
rendait tellement maître de certains
trompe' si la cause de l'e'garement de faits, qu'il les tournait et les appli-
Worcri n'est un passage de Vossius au quait tantôt d'une façon , tantôt de
Traite de la .Musique. Ce savant hom- l'autre. Assurément Alexandre n'a
me, ayant cite Athénée pour l'obser- point répondu ces deux choses, et ap-
vation qu'on vient de voir, dit tout paremment c'est la dernière qui est
de suite que les ambassadeurs des de l'invention de l'historien. Pour ce
Gètes, qui allaient pour quelque traité qui regarde ces paroles, car j'ai celle
de paix ou de trêve vers des gens , d'Achille, on croit aisément qu'A-
dont il fallait apaiser l'irritation, se lexandre eût voulu l'avoir; mais qui
pressentaient jouant de la lyre (i33), doute qu'il ne soit très-faux qu'il lait
et allègue pour son garant Athénée ,
eue Elien rapporte le fait conformé-
.''
le-;beaux exploits des grands hommes, nius ne corrige point cette faute
mais les maux que l'amour lui faisait (i4o). Stace qui contre les termes
,
c'iose dans la vie de ce prince, lui at- chanta devant sa mère , qui l'était
tribue ailleurs (i3-) une autre répon- allée voir daus cet antre, à quoi il
se , savoir celle-ci Je n'ai que faire
:
joignit les famé uses no ces de son pèi'e :
de celle-là ; car j'ai celle d'ylchille, au Canit ille libens immania lauduni
snn de laquelle il se reposait en chan- Semina, qui tumidce superdnt jussa novercce
Ainphitrronades : crudum quo Bebryca cœstu
tant les louanges des Paillans person-
Obruerii Pollux : quanta circurndata nexit
nages ; mais celle de Paris aidait une Huperit yEgides Minoi bracliia Tauri ,
Dardanus , y établit le service de Cy- "e dirai jioint non plus , avec Lyco-
bèle, donna" son nom aux Corybantes, pbron, qu'Achille avait neuf coudées
;
qui étaient les prêtres de cette déesse, ce n est point ce qu'on nomme belle
et y transporta la Ivre de Mercure tai^e , cela n'est bon que pour Quin-
(i44). Elle fut gardée a Lyrnesse, d'où tus Calaber qui Ta converti en géant
Achille l'emporta lorsqu il se saisit de (i5o) , et ce ne serait pas le moyen de
cette ville. Homère n'est pas de ce justifier le sieur Moréri. Disons donc
sentiment , puisqu'il dit que la lyre q""'! est fort vrai que l'auteur qif il
de ce héros avait été trouvée dans la cite (i5i) donne une belle et haute
ville d'Éetion c'est-à-dire dans Thè- taille à ce héros , et un visage d'oii il
,
bes de Phrygie lorsque les Grecs la sortait des rayons, un nez ni aquiHn
pillèrent (i45). "' crochu; mais tel qu'il défait lou-
<^emeurer. C'est ainsi que Vigé-
(N) Le plus bel homme de son temps.-} >","'«
Au lieu de ce fait, dont on a des preu- «^""6 a traduit sur la version latine ,
marqué qu'après Achille c'était le plus engrossa Déidamie. Les suites furent
beau de tous les Grecs dignes d'un si prompt début. 11 ne
:
^
tarda pas long-temps à traiter de la
, ôs xixMç-^ç «tVJip J^o Ixioï
Ni^fîîç »ix9« niême sorte Iphigénie (tSa); et siDiane
Tmv*x>.û!V A*V£tâv,,MêT' à.fj.{/y.<i\a. n»- crut qu'où lui avait oflért une vierge
hûoBvtt (146). pour victime en la personne de cette
Nireu., quifornwsi.simus wV ad Tlium venit j-jj^ d'Agamemnon elle fut pHse pour ,
ros, avait teileiuent le visage d'une lène sur les murailles de Troie, et en
femme ,
qu'il lui fut aisé de passer devint si furieusement amoureux ,
aage qu'Aclnlle. Ct^la e\l très-equii'oque : il eut (i4y) Philostrate, de la Vie d'ApolIonios, liv.
mieux valu se servir du mol de siècle que de IV chap. V. Vigénère cite le livre III , et dit
,
celui d'dge ; et sans doute Philoslrale a voulu que Vombre apparut premii'rement de la hau-
dire , non qu'Us e'iaient contemporains avec teur de sept coudées.
j4chille , mais qu^ils Criaient entre eux. (i5o) Q. Calaber, lib. I , vs. 5i4 lib. III, ;
(i4(i) Ibi<l. lib. II, vs. 673. (i52) Vide Tzeizera in Ljcophron.
('4?) f^orei le Banquet <îe Platon. ^i53') Ticlies in Lycophron.
,66 ACHILLÉA.
ploi pour une mère ! The'tis ne laissa le proposa à Ménélas (161). Mais c'est
pas de Taccepter, et d'inventer une principalement envers Patrocle qu'on
manière de maquerellage qui consista a donné un tour criminel à la tendresse
à faire arcroire à son fils qu'il jouissait d^Achille. Piaton prend son parti là-
de la belle Hélène ^ mais ce ne fut dessus contre Eschyle (162). Xéno-
qu'un songe, et néanmoins ce re'gal phon est en cela de l'avis de Platon
imai^inaire apaisa les tourmens d'A- (t63). SextusEmpiricus traite la chose
chilie. On eut beau lui ôter sa Briseis, en homme de sa profession je veux ,
chez lui en cas de besoin Diome'de'e : qu'Achille ne se tint point assez sur
prit la place de Brise'is (iS/jl Dès qu'il SCS gardes en pleurant la mort de son
eut vu Polyxène fille de Priam il
, , ami , et qu'il se laissa écliapper la vé-
voulut en faire sa femme; et n'ayant rité par ces paroles :
f/.nfm ts tûjv s-â»
pu satisfaire ce désir pendant sa vie , lôs-i^hç oy.tXtx xctxKicev {^iQfij ,
feninrum
il demanda après sa mort qu'on la lui et lunruiii sancta cnni'ersatio mellor.
sacrifiiU, afin qu'il en pût jouir aux Que dirai-je de ces deux vers de l'épi-
Champs Élyse'es (i55;. Il avait si bien gramme XLIV du livre onzième de
rae'rité en ce monde d'être nommé Martial ?
(i56) ipuTiito;, XTix-yn; , ÀnpnTMÇ., iptuTi-
Brrtcjt mnilutn quaim'is aversa jaceret,
xwTaiToç (157) , qu'on crut que même JEa<:i{lœ propior levis amicus eral.
dans l'autre il avait besoin de fem-
mes , et c'est pour cela qu''Ui l'y a ma- (i6i) Homer. Iliad. lib. XVI , vs. 628, 65i,
653 655.
rié avec !\Iédée et avec Hélène. Il fut
,
l'amazone Penthésilée , peu après lui (164) Sexl. Empir. Pyrrh. llyp. III , pag.
132 , //.
avoir ôté la vie et d'avoir assouvi sa
,
(i65) Pbiloslr. in Eprst. pag. goi , A.
passion sur ce corps de femme frais (c66) Lucian. in Amorib. pag. lo'-i , loin. I,
tué (i58}. Nous en parlerons dans edil. Salniuriensis.
soit mort étouffé entre les bras du ou l'île des Bienheureux Leu- ,
(i58) Tzeizes in Lycoplir. Libanius , Progymn. (a) Plinii Hist. Natur. , lib. IV . cap. XII
pag. loi , C el pag. i53 , J.
; et XIII. P.iusan , lib. III, png. 102.
* Barle ria point donne d'article TaEKsnt..
{!>) Mêla , lib. Il , cap. VII. Scylax, p. 28.
(iSg) Servius in £neid. Lycophron, fs. 807,
el ibi Tzetzps. (c) Aiitor Peripli Ponti Eiixini o/>Ts. Vos-
(iGo) In Anti!, pag. 670, el Icon. p. 789, D. sio et/(<(/j , Ouinlus Galaber, subjin. lib. III.
ACHILLÉA. ,67
aucune sûreté à vouloir y passer cultivait alors avec d'autant plus
la nuit (d) c'est ce qui faisait que de soin le talent de la poésie dont
;
avec la nature divine (J^). D'au- moins éclatant. Celui qui con-
tres enfin veulent que la femme cerne le vol des oiseaux (F) a été
qu'il épousa dans l'autre monde mal rapporté par M. Moréri qui
,
la plus commune opinion lui don- part d'une fontaine Aciiillkf. (G),
nait Hélène pour femme c'est dans laquelle Acliille s'était lavé,
:
.68 ACHILLEA.
Antilochus , etc. (2). m^ étonne poète
(7). C'est un témoin qui parle
Je
qu'Amraien Marcellin oublie cela dans fort clairement là-dessus.
1 endroit où il rapporte que cette île (C) Maxime de Tjr et Arrien ne
était un lieu dangereux. In hâc Tau- disent pas des choses moins surpre-
ricâ, dit-il (3) insula Leuce sine,
lia- nantes. 3 Celui-là dit qu'Achille de-
bilaloribus uUls Achilll est deàicata ; meurait dans une île proche du Pont-
în quam si fuerinl quidam forte dilati, Euxin à l'opposife du Danube , et ,
t'isis andquilatis i^estigiis temploque et quil y avait des temples et des au-
donariïs e.idein heroi consecratis i^es- tels ; qu'on aurait eu bien de la peine
,
peri repetiiiit naines aiunl eniin non à y descendre avant que d'avoir of-
,
sine discrimine t'itœ illlc quemquam. fert des sacrifices ; que l'équipage des
pernoctare. Peut-être aussi ignorait-il vaisseaux avait souvent vu Achille
cette particularité'. sous la figure d'un jeune blondinqui,
(B) Le talent de la poésie , dont Cal- avec ses armes d'or , dansait une dan-
liope V m'ait gratifié J] 11 y a des gens qui se guerrière: quelques-uns l'enten-
veulent que quand Plutarque rapporte daient chanter sans le voir; d'autres le
que Minerve la de'esse des sciences,
,
voyaient et l'entendaient tout ensem-
coula des gouttes de nectar et d'am- ble. Il arriva que quelqu'un s'étant
broisie à Achille qui ne voulait rien ,
endormi sans y penser dans cette île ,
manger il nous insinue que ce héros
,
fut éveillé par Achille et conduit ,
avait une science universelle. 'H 'AÔ»- dans une tente où on lui donna à
VÔt TOI 'A^JÀKfi VêJCTapÔç Tl H-O.) àw/îfc- souper. Patrocle versait à boire , et
0-ia.ç hiçcL'^i y.h vpoiTif/nivef) TfocfJi'v (4). Achille jouait de la lyre Thétis et :
JMiner^'a Ackillem nutrimenlum res- les autres Dieux étaient présens (8).
puentem neclare et anibrosid instillatis Arrien avait ouï dire , et le croyait
aluit. une des autorités em-
C'est que ceux qui étaient jetés sur cette île
ployées par Lorenzo Crasso (5) pour par quelque tempête , allaient con-
prouver (ju'Achille doit tenir rang sulter l'oracle d'Achille pour savoir
pai'mi les poètes grecs. Dans le langa- s'il leur était expédient de lui immo-
eu. Mais quoi qu'il en soit, les paro- temps ils consignaient sur l'autel le
,
les de Plutarque ne servent de rien à prix qu'elle leur semblait valoir que ;
prises. Homère nous conte que Jupiter atteint la juste valeur que cela fait
;
ger ni boire, dit à Minerve de lui infu- qu'Achille apparaissait en songe à ceux
ser du nectar et de l'ambroisie dans le qui s'approchaient de lîle et leur ,
corps, afin qu'il ne mourût pas de faim. montrait le lieu qui était le plus com-
(2) Pausan. lib. III, pa^. 102. iAêVS^i Toiç TrtLiS'iK'jii;. L'équivoque de ce
Ci) Amm. Marcel!. Ub. XXII, cap. VIII. dernier mot et la moindi'e réflexion ,
(4) Plutarcb. de Facie in orbeLunx, pag. g38-
edil- Paris, anno 1624.
sur le péril où il s'exposa afin de ven-
(5) Istoria de' Poeti Greci ,
pag. 6 , où il rap-
porte la version latine de Plutarque comme s'il (7) Pliilosir. Heroïc. in Achille, fol. Sig; et
in ^eoptol. fol. 338.
y avait aluit , et non alluil. Aluit est pour le
moins aussi bon. (8) Maximus Trjius , Oraiione XXVIl.
(G) Homcr. Iliad. lib- XIX, vs. 3.'(7. (r)) Arrian. in Periplo Poati Euxiiii.
ACHILLE A. 169
dePatroclc, suflirontiibien vrer la vue. Il est clair que cette Lis-
ferlamort
es "enspourmeltreArriennarmi ceux toire et relie que Pausariias (i4) et
qui élisent que la passion tle ces deux Coiion (i5) racontent sont la même
personnes passait l'amilie (10). Voyez quant au fond mais , dans Pausanias, :
oiseaux qui balayaient chaque jour le et guéri par cet Ajax mais Autolëon. ,
gnait .^ . A ; •
d'Achille. Pamélius dans son cora- , permis de conter le fait selon la ver-
mentaire sur Tertullien, ne fait que sion de Vigénère elle a ses grâces et
:
éon d'AUazzi (i3) donne quelque zones firent faire des vaisseaux pour
jour à ce fait il porte que Léonyme
: , aller piller letemple d'Achille. Es-
général de ceux de Crotone dans la tant abordées en L'isle , >\'\X.-i\ {i']) , la
guerre contre ceux de Locres fut , première chose qu'elles firent Ji/t de
blessé sans savoir par qui en atta- , commander à ces cstrangers de l' Hel-
quaut une partie des troupes ennemies lesponte d'aller coupper tous les ar-
qui ne se retranchait jamais, parce bres plantez en rond aultour du tem-
qii'ou la consacrait aux héros dont , pie : mais les coignées se venans rem-
on croyait que la protection lui devait barrer contr'eux mesmes les extermi-
suffire ; que ce général ne pouvant nèrent là sur la place , et tombèrent
guérir consulta l'oracle de Delphes , tous roiddes morts au pied des arbres.
qui lui apprit qu'Achille qui l'avait El là-dessus les Amazones s'estans
blessé le guérirait aussi que sur cela, ^
espandues à l'entour du temple, se
il fut à l'île de Leuce faire ses prières; mirent h vouloir presser leurs montu-
qu'il vit en dormant quelques héros ; res ; mais Achille les ayant regardées
qu'Achille fut celui qui le guérit que félonneusement et d'un mauvais œil,
;
les autres lui ordonnèrent de faire sa- de la mesme sorte que quand de-
voir aux hommes certaines choses; et i/ant Ilion il s'alla ruer sur le Sca-
qivHélène en particulier le chargea de mandre , donna un tel espnuuante a
dire à Stésichorus qui était devenu leurs chewaux , que ceste frayeur se
,
ACHILLE A.
retrowa assez plus forte que la brid- avis in Ponti insuld qud sepultus
de si que se cabrans ils rebondirent
, est Achilles sacratam ei œdem (i8).
,
en arrière, eslimans que ce qu'ils por- C'est-à-dire les perdri.v ne volent pas
,
taient sur leur dosfust une charge ex- au del'a des Jroniières de la Béotie
traordinaire et estrange ; et a guise de dans l'Attique ni aucun oiseau ne ,
leurs cavalcalrices , les jettans par ter- est dans une île du Pont-Euxin. M. de
re et fouUans aux pieds, les creins hé- Saiimaise prétend qu'il faut enten-
rissez de la furie où. ils estaient et les_ dre par ces paroles qu'aucun oiseau
oreilles dressées encontremont ainsi , n'élevait jamais son vol au-dessus de
que de cruels lyons les desmembroient ce temple et il prouve, par un passa-
\
ques qu'ils se furent saouliez de cette passage formel d'Arrien , que les oi-
chair, ils se prindrent a bondir etàga- seaux entraient dans ce temple tous
lopper à trai'ers l'isle pleins de rage les matins afin tî'y faire tomber l'eau
,
,
et forcené rie et les babines teintes de dont ils s'étaient mouillé les ailes
, et ,
sang tant qu'ils pan-'indrent au hault afin de balayer ensuite le temple avec
,
d un cap, d'où, descou^^rans la marine leurs ailes (20) il insulte Solin pour , ,
moins qu'en quelque grosse rencontre rystius et que Solin avait lu ce fait ,
leurs conducteurs , de manière que le tait servi d'une expression qui signifie
bris de ce naufrage se venant rencon- qu'ils ne volaient jamais au delà ? Ces
trer vers le temple où. il
y avait force deux choses sont si peu la même, qu'il
personnes 'a demy-martes respirantes n'y a rien de plus aisé que de ne pas-
encore, et plusieurs membres horrible- ser jamais par-dessus une maison et ,
ment dispersez c'a et l'a avec la chair néanmoins de la laisser derrière soi.
que les chevaux inaccoutumez 'a telle 11 n^est pas plus difficile de s'élever en
posture avoient rejettée, ce lieu sainct volant jusqu'au-dessus d'une maison
,
devait estre bien prophané mais sans passer plus outre. De plus les
: ,
(F) Celui qui concerne le vol des oi- { selon la traduction de Vigénère toni. II fo- , ,
seaux. ] Ce que More'ri fait dire A lio 33*^ verso de l'édition in-^. ) il y a , certaine ,
seau est mal rapporte. Voici les pa- nestoyer son ?acré bosquet le ballians de réven-
, ,
et Tarrousans de leur
roles <le Pline Perdices non transvo- tenient de leurs aisles
:
,
lant Bœotia'fines in Atticd, nec ulla pour ccst efl'ect un bien peu soub'levez de terre.
,
ACHILLÉA.
rent après ce qu'on débitait dés le
, tation si cette fontaine s'appelait 'A,;^"^"
temps d'Antigonus Carystius , qu'on Xîiov substantivement ou adjective-
ait attendu jusqu'à Solin à débiter ment et si elle ne peut pas entrer en
,
que les oiseaux s'enfuj aient à la vue son ordre alphabétique avec autant de
lu temple d'Achille. Quoi qu'il en raison que les îles d'^cfiilléa. Elle
y
soit, on ne pourrait pas prouver, par entre dans leTrésor géographique d'Or-
^' .-
Pline contre Solin
^ que les oiseaux y
.
,
1
• télius (aS), sousle mot^cAi7/a?um, et
entrassent et en tout cas M. Moréri
; , , puis sous le raot Achillius fons ; ce
fera dire à Pline plus qu'il n'a dit , et qui, en tout cas , vaut mieux que l'A-
se sera laisse tromper j ar ces paroles chillea ^fons Miteti, de M. llolman.
de Charles Etienne dans les deux édi- Je n'examine point si Freinshemius
tions ci-dessus cotées (^i) , AchilUs a bien expliqué le passage d'Athénée
insnlam. nulla nuis tnmsuolat. Plin. qui regarde les singularités de celte
10. 29. 10. Mais il prendra sa revanche fontaine (26). Je me contente de dire
avec usure sur M. Hofman qui attri- , qu'au moins on devait citer Athénée
bue la même chose à Sirabon aussi. comme Freinshemius l'a cité , c'est-à-
C'est sans doute pour avoir vu que dire au VI^. chapitre , et non au IP.
M. Moréri citait Strabon immédiate- du W. livre. M. Hofman cite comme
ment après Pline , et pour n'avoir M. Moréri et ils avaient été précédés
,
pas pris garde que cette citation de en cela par Ortélius. C'est peu de cho-
Strabon avec celle de Pomponius
, se si on le compare avec l'erreur de
Mêla qui la suit se rapporte à d'au-
, , nous donner Aristobule fils de Cas- ,
JXullam lue auem vnlare ( dit-il ) , Cassandrie. C'est ce que fait M. ^loréri.
Plin. l. 10. c. 19. habel et Stiabo On ne saurait trop se plaindre de la
l. i3 (2a). négligence de ceux qui font des addi-
(G) Un article a part d'une fontaine tions aux dictionnaires 5 car bien sou-
AcHiLLÉE. ] Cet article m'avait paru vent ils y cousent des choses qui sont
d'abord un sujet à critiquer il me : contraires à celles qui y sont déjà et, ;
lait pas ainsi en nom propre substan- der de telle sorte l'addition au fond
tif ou substantifié ; mais , en épithète sur quoi ils la jiosent qu'il n'en ré- ,
Athénée (24) , j'ai trouvé que cette un sens assez singulier; car c'est faire
critique serait douteuse , parce qu'il parler Charles Etienne de son propre
m'a paru qu'on peut mettre en contes- dictionnaire dans le dictionnaire mê-
me comme si c'était un autre ou-
,
Boral , il y avait là un puits qu'on appelait la (H) L'abondance est ici plus nuisible
fontaine de Jacob.
(î.t) Edit. Hano^'. ann. iGii , ir-^.
(24) Ev MlXrtT» KfHVHV êivai 'A^/xxêiov
(26) Freinsbem. Supplem.iuQ. Curt. 2, 7, 2.^.
XXh'yjfAiim. Alhenfeui, lib. II, cap. VI. 127) Iloral. lie Arte poët. is. l52.
, .
172 ACHMET.
que la disette. ] Si Ton rencontre dans pour soa polaire , en faisant vo-
e'toile
cel ouvrage le récit de plusieurs pro guer la de ses marchandises
flotte
diges et de plusieurs traditions mira- (Sa) ,deux maximes que j'ai rap-
les
culeuses, ce ue sera pas un signe que portées. Nous verrons dans !a remar-
je veuille les faire passer pour ve'ri- que (Q) de l'article de Pyrrhus , roi
itables ; je ne crains point les délateurs d Épire une fausseté de Camerarius
,
IV j j , environ
•
' A.
linteret des1
païens qui ont* voulu dei- 1
o •-
choses de cette nature, devaient aussi clavius fit savoir lui-même cette
songer à ces deux maximes ; car , à méprise au public dans ses An-
force de redoubler la dose , ils ont
nales des Turcs (e). M. Rigault
énervé leur venin , et ont fourni tout
est le premier qui a publié cet
à la fois le poison et l'antidote ipsa :
gttte qub rnagis credebant siinplices ac religiosi (c) Bartliius Advers. lib. XXXI, cap.XIV.
,
hûmines , eo eliain plura nunciabantur. T. Li- {d) Id est Aburaasher seu Albumasar. f^ide
Tius, lib. XXXiy, cap. 45. Catal. Oxoniens. pag^. 35.
(20)) Florus in Vroœm.
, (c) Rigaltii Pr^f. in Achmet.
(3o) Ovid. Remed. Amor. v.t. ^-. , (/') On le dit pourtant dans le Catalogue
(3i) Propert. lib. Il Elcg. I.
, vs. , ù\. d'Oxford pag. 5. ,
ACHMET. j-j-i
en latin , quoiqu'il estime que ce t^'- '^" ''''• du iy<:. chapitre du livre. < <='
n'est point Achmet même, mais (°) ^"•>'" ^''^" '^'^ "'"'P- "
Léon Tuscus qui l'a composé {k). (A) Hugues Échérien. ] Barthius le
Barthius avait la traduction de nomme Uugonem Eleriarium et dit ,
ce Léon et il croit que son exem- ^ue c'était un excellent auteur, scrip-
,
1 r
•
\
4-
plaire tut écrit au temps m.eme
' * torem œi'o suo luculentum (i). Il v
"4, * a
\ , 1 r,
f
une laute dr impression dansj /> .i
Barthius
t •
\i) Bartbii Advtrsar. lib. XXXI, cap. XIV. (i) B«rtb. Adrerj. llb. XXXI , cap. Xir.
, , ,,
1^4 ACIDALIUS.
très écrivent Hugo Etherianusj mais (c). On lui avait imputé un à tort
Eterianus est plas correct. C'est le petit livre (G) qui fut imprimé
nom d'un auteur ecclésiastique du l'an i5i)5,dont le sujet était que
XIP. siècle. Ceci m'a été communiqué
par M. de la Monnaie. les femmes ne sont pas des ani-
maux raisonnables , mulieres
ACIDALIUS (Valens) aurait non esse homines *. J'ai lu quel-
été un des bons critiques de ces que part qu'il était médecin (H)
derniers siècles si une plus Ion— et qu'il aurait fait des notes sur
gue vie lui eût permis de porter Aulugelle s'il avait encore vécu
à leur perfection les talens qu'il quelque temps {d). Il paraît par
avait reçus delà nature {a). Il na- ses lettres qu'il avait travaillé sur
quit à Wistoch , dans la Marche Apulée. M. Baillet l'a inséré par-
de Brandebourg ; et , ayant vu mi ses Enfans célèbres, ayant dit
diverses académies d'Allemagne qu'^7 travaillait sur Piaule à dix-
d'Italie, et de quelques autres sept om dix-huit ans , 5rt/?5/?<7/7er
pays , où. aimer (A) , de diverses poésies latines que
il se fit fort
il s'arrêta à capitale de nous avons de lui, et qui sont de
Breslaw ,
que pour avoir trop veillé en qu'on lui attribue et dont il existe une tra-
, ,
composant ses Divinations sur duction française par Querlon sous le titre ,
mal (E) qui l'emporta dans trois le titre de Paradoxes sur Jes Femmes , etc.
in-i2.
jours 25 de mai iSgS. Il ne
, le l'j&i ,
rà in exleras
au commencement des letti'es nare imà etiam regiones et propug-
, nescio quas non tragœdias
d'Acidalius. etiam in concionibus ad plebem ubi ,
(2) ^pud Konigii Bibliotli. pag. 6. (6) Clristian. Acidalius in prœf. Epist. Va-
(3) Ni^sa. ad jluvium cognoininfm , epi'copi lentis Acidalii , Hanoviœ editarum anno , i6o6-
JF^ratiflafiensis sedet. Banc, in Cluverji Introd. (•;) Id. ihid.
lib. III cap. XIII, pag. 196, edit. Ainsi,
,
Valens Acidal. Epist. pag. 317 , 326.
(S)
anno 169-. Statium , tom. I , pag. 239.
(9) Barlh. in
(4) Pag, 228 , 3i8. (10) Teissier, Eloges tirés de M. de ïhou,
(5) Barthius ar/zi£ écrit cela de sa main sur tom. II pag. 2i5.
,
.76 ACIDALÎUS.
de Constitutione Carminis Jilegiaci entre les mains un écrit que plusieurs
plaît à Barthius (i3). personnes avaient déjà fait copier :
deuint sujet a
(E) Il devint un mal.2 M. de c'est celui dont il est ici question,
question. II
Thou n'explique point quelle était le lut^ et l'ayant trouvé plaisant il
, ,
cette maladie ; mais on apprend d'ail- le copia et l'ofl'rit à son libraire com-
,
jet depuis ce temps-là à des fièvres de lui dire qu'elle pourrait le dédom-
chaudes. Voici comme son frère en mager du uiauvais débit de Quinte-
parle Uratislai^lœ
: quœ Sdesionim
,
Curce : mais on
lui déclara que c'é-
inetrnpolis, per sesquiannum phis mi- tait à lui à voir ce qu'il voulait faire
nus ulrumque se ?nUii prœstitit ( prœ- là-dessus, et à bien examiner si les
cejitorem et patrem ) ^ donec indè IVvs- railleries trop libres de la pièce ne le
sam euocalus Jàntiliari morbo suo commettraient pas. Cela ne refroidit
quem ex nintiis uigiliis in adoniandis point le libraire : il se hâta d'impri-
PLaulinis Dn^inalionihus suis con- mer. On cria terriblement contre la
traxerat , bdiosi alihs etiatn habitiis dissertation on le mit en justice et,
5 :
ju^enis , febri scilicet acctissima oppri- parce qu'il avoua d'où la copie lui
merctur (i4)- H fut grièvement ma- était venue on se déchaîna d'une ma-
,
lade plus d'une fois en Italie et il , nière épouvantable contre Valens Aci-
écrivait à ses amis que la fièvre était dalius, qui s'étonna qu'on s'alarmât
son mal ordinaire en ce pays-là. Voyez tant pour des jeux d'esprit. Obstu-
ses lettres ,page 97 et à la 11 -2.
à la pesco adjudicia sœciili nostri, et tant
ne j'uisait que commencer sa
(F) IL irritabiles animas illorum ( bonos non
uingl-neuviènie année."] C'est ainsi que tango) èioKo'youjuhwf. Jocos nemoferè
je traduis ce latin de M. de Tiiou , jant adniiitit eV ex leidssimâ quisque
,
que vingt-sept ans et quelques mois à qu'ils ne fissent rien qui pût flétrir
notre Acidalius (i5). Il a peut-être dé- l'iinnneur de lui Acidalius. Il crai-
couvert que l'on n'avait pas appris à gnait de n'en être pas (piitte pour les
M. de Thon avec toute sorte d'exac- difl'amations dont on l'accablait il :
titude l'âge de ce jeune auteur n'était pas sans quelque peur que l'on
(G) On lui aidait imputé h tort un n'excitât contre lui la fureur du peu
petit lii're , etc.'] Geisler l'a justifié de pie et surtout il désirait passionné-
,
cette fausse imputation , comme il pa- ment de n'avoir rien à démêler avec
raît par ce passage de Placcius Prio- : les prédicateurs. JVomen sic traduc-
ris (i6) auctor quomodo non ex i'ero tuni jam in vulgus caiumniosis fa-
sil habitas Valens Acidalius , uide bulis salis sit, quod est niniio plus sa-
apud Geislerum decadis 3 n. 8 (17). lis ulterius ne quid furori populari
:
ACINDYNUS. 77
fraîche on fui beaucoup plus dispose
,
signifiedavantage Indè rediens cum
,
Etmulcere dediljluclus et tollere vento) (22); Thabor, et ils disaient que cette
mais de manière qu'ils sont plus
telle
Imnière était incréée quoiqu'elle ,
T'wn pietaie gravein ac tneritis si fottè vi- vit contre les illusions de ces fa-
rum quem. . . .
Ille regii dicUs animas, et pectora mulcel (23). natiques , et fut un des tenans
contre eux dans un concile de
Il n'en faut pas tant pour produire
Constantinople. Mais il eut le
l'autre.
Qu'il était médecin."] On lui
(H) malheur de rencontrer des anta-
donne cette qualité dans un ouvrage gonistes qui avaient plus de cré-
de Scioppius (24 )• Il arriva en effet dit que lui ni que Barlaam , et
jusqu'au doctorat mais ce fut seule- :
cerlo consilio tanien inter ejus artis iSSy ne l'empêcha point d'ac-
,
TrtiSitn, quorum
sacris et In Italidfue- le patriarche de Constantinojile,
lam initiatus : ce qu'il dit ailleurs (26) l'an i34i. Il se trouva au con-
cile, et fut condamné à se taire ,
(21) Christ. Acidal. prœf, Epist. Val. ÂciJal.
(22; Virgil. .Eneid. lih. I, vs. 05. sous peine d'excommunication.
(23) Ibidem, vs. l5l.
(24) .Scioppius, de Arlc criticâ , pag. i8.
(a) Voyez les auteurs cités par le père
(25) Val. Aciilal. Epist. pag. ai5, ae *tiam
pogJiQi, 209. Maimbourg, Histoire du Schisme des Grer«,
(26) Ibid, pag. 24n- liv. y, pag. 149, l5o. Edit. de Holl.
XOME I.
,, ,
,.8
j
ACIND YISÛS.
sus-Christ (i). Tout cela fourmille de
Six ans après on le poussa encore
fautes, car, 1°. dans le siècle (a; dont
plus vivement, parce que Jean
il s'agit ici il n'y a point d'autre em-
réduisirent enfin à une vie plus n'eut point de fils nommé Jean et il ,
At:iNDYNUS. «79
s il ne
lie recevait
leccvaii uciic somme ic
cette suiuij-ic le le
i-c galant
gaiiiui, a sa maison ae
à de ciimija-
jour qu'il lui marquait. Le terme gaej , n'eut pas plus tôt aperçu
allait expirer sans que ce pauvre cette tromperie qu'elle s'en plai-
homme se vit en état de satisfaire Elle en de- gnit publiquement.
le gouverneur. Il avait à la vé- au gouverneur, et manda justice
rite une belle femme, mais qui lui raconta le fait d'une manière
n'avait point d'argent ce fut fort ingénue. Acindynus com-
:
P'^nemdi.puioUceot
^'' '" '^^'^''""
me en cette rencontre son corps •T cuique œstimare quod l'élit (i). Ail-
a son man , non par rapport aux en question si la chasteté-
i^u..^ ii ,net
désirs accoutumés mais par rap- , d'une femme perdrait son inte'grité
port à l'envie qu'il avait de vi- en cas que pour la vie de son mari
,
on lui donna une autre bourse oii «jus commixtus foret àim id in se ,
il n'y avait que de la terre. La f^ri pro marit, ^itd nec iUo nesciente
^ j ^^" 7"°c'c permilteret nequaquani
bonne ctemme, de retour a son
-,
• ,
de Dieu? Car, comme cette désobéis- dit que la femme n'a point la puis-
sance est un péché qui nous soumet à sance de son corps et que cette puis-
une peine éternelle et à un mal rao- sance est à son mari? Cependant vous
rai qui ble-sse un être infini, il n'est voyez que saint Augustin s'emb.irrasse
pas moins conire la prudence que con- dans ces paroles de l'apôtre, et qu'il
tre la droite raison d'aimer mieux fait grand fond sur la distinction ma-
commettre un péché que perdre sa nto jubenle poiestatein non abnuens
vie. Je ne dis rien des abîmes de cor- inaritalem. Nous verrons ailleurs (7),
ruption que l'on ouvre de toutes parts qu'il s'est servi de cette doctrine de
sous nos pieds, en nous disant qu'une saint Paul pour justifier Abraham et
chose qui serait un crime si on la fai- Sara touchant le concubinage d'Agar.
Ecoutons un théologien qui pour ,
(4) Il y a Coo^tanlius dans l'Ouvrage de
saint A Justin que j'ai cite.
il
avoir vécu plusieurs siècles après ce
(1 Autçi.sl de Sermone Domini in Monte, père, ne laisse pas d'être meilleur
lib. I.cap. Xri. moraliste sur ce point. Qud in re
* Julr ne ciinlrste par les IrilPs eile's
par Csavoir l'aventure de la femme dont
Buvle mais il prend la défpn\e de taint ,4u-
^
^'U.rtm, qui opine seulement par corap;traison le mari était prisonnier d'Acindynus)
,
et dit que, bors iVxrmple qu'il jllègii. et rrlmè TTiirum est tnlem OC tantunt viruni po-
,"
fait horreur, et q,.e d.ns o.t e xem,1e il ne ré- lume dubiture cùni ex sacrû scrip- ,
voUr pa, tant. I^.-J. I,eclerc de/end aussi taint
Augustin.
(6j Kivuli Oper. tom. l,pas. aSi. (ijl Dans la reinarijut (I) rfr VarUclr Si»*.
ACONCE. ,81
turdconstetapertissimèmalumalufiiod ériger en auteurs; mais on n'y
pœnœnunquam e.^e rtdimendumma-
lo culpœ et uitnm polius esse dcpo-
,
^^^^^^.^
,
^
^^^ ^^.^-^ ^ ^ ^^
1 , .,
nemlà u quàm ut eam nobis aut ulils ^'^^de (c; qui est une bonne piece
,
,
serueinus iidjacientes ex quo Deus oj- (B) , quoique l'auteur ne l'eût pu-
Jtnderrtu r. /Vullo mndo iiaque cen- bliée que coinnie un essai (d). Il
sendum al Uciluni esse adu/leiii renie
avait compose en italien un ou-
dium i^el manto ce/ , lixori l'itnndœ
manière de for- vrage touchant la
alterius nccis causa ; quin poliùs mor-
teni ex pectare convenu , iinà t'eiô ultra il mit lui- tifier les villes, lequel
même en latin pendant son sé-
€3 piftere , quhin alterutrius castitat-'m
pf'idere , ob cujits cnnsen'aHonetn ntul-
jour en Angleterre (e) mais je ne ;
tœ pudiclssimœ feminœ non solU.ru ah
aliis occidi suslinuerunt sed etiani crois pas qu'on l'ait jamais im-
,
{quod tamen probare nolini) sibi ipsis primé. Il travaillait aussi à une
uim intulerunt, non solàtt inter Eih- logique (/) , à quoi la mort ap-
nlcas. sed ctiam inter Christianas (8).
paremment l'empêcha de mettre
Il cite Texemple de Sophronie j'en :
V'i-^ 1 o 1
theolo-
dedia (A). C est le fameux recueil
jens protestans (E) J'ai trouvé
des Stratagèmes du Diable ^Mi ,
J^^^
J^ ^^^^.^^ concernant ses
a été si souvent traduit et si ,
aventures *. Il dit lui-même ^
souvent imprimé. La première
en passant, qu'il avait employé
édition est celle de Bàle en 1 5b5 :
,
une bonne partie de sa vie à l'é-
l'auteur mourut peu après en An-
gleterre (Z»). Jacques Grasserus en (c) Voyez-en le titre à la Jin de la remar-
que (B).
procura une seconde édition à (rf^ Pnst illnd tempus quo excidil no^is ,
Bàle, Fan 1610, où l'on trouve inchoatum Uludde Methndo Opusculuin. scis
me bis sedem ac lociim mutasse. Argenloi a-
bien la lettre d'Aconce de fui-
ium primo deindè m .-ingliam Acoiitius, in
,
(a) ^loTéri lemet faussement au XV'. siècle, (/) Ibidem, pag. l\ll.
yb) Grassirus in Epistol. ad Lectorem ,
,
* On voit dans Chaufepié que J Acorea
irùlio Sirala"emalum SaUncÇ. laissa quelques-uns de ses papiers à J.-li.
,
Qo ACO NCE.
non pas en qualité de théologien,
et de
tude de Bariole de Balde , ,
mais en qualité d'ingénieur cela pa- :
écrivains barbares et
semblables raît par la raison qu'il allègue pour-
,
italiane, nuovaraente
Dio', con akune rime
pour démontrer. Il n'avait encore
messe in luce Londres sans date.
: ,
., encoi'e de la mé-
donné un bel essai
(A) Jt la tête du livre qu'il lui dé- thode analytique, dans son livre des
I)
quelque sorte son indigence, et lui (C). Qu'on allait passer dans un
donnait quelque loisir pour étudier :
siècle encore plus éclairé que celui
Ut autem quicquid est operœ id istam où il Il faut l'entendre lui-
t'/Vaù.]
in artem (muniendorum oppidorum) même Voici ce qu'il dit après avoir
:
conferrem , ex parte priuatis sum ra- touché les autres raisons qui rendaient
tionibus adduclus, eteniin in hoc \'o- fort difficile l'exécution de son projet.
luntario rrieo exilio inopiam UTCUN- Intelligo eliam me in seculum incidisse
QUE sub'ei'al, ad alla sludia et otii
cultum prœter modum . nec tam certè
suppedilal JSOJS'NIHIL, impelrato i^ereor eorum qui regnarenunc viden-
,
viihi ai hujus sapientissimœ atque op- tur, judicia, quàni exorientem quan-
tiinœ Reginœ liberalitate honesto sti- dam seculi adhuc paulb cultions lucem
pendia (i). Quelles restrictions! et pertimescor. Elsi enim multos habuit
qu'elles marquent qu'il est difficile de
habetque cetas nostra uirns prcestantes,
contenter les exilés !
plusieurs prodiges d'e'rudifion. L'étu- » de Origene dici soltt, ubi benè ne-
de de la nouvelle philosophie et celle » nio meliis ; ubi malè nemo pe- ,
des langues \ivaules ayant introduit » jus , ) .... fuit. ... vir verè doctus
,
un autre goût, on a cessé de voir cette )) sed ingenii ut acris quidern , ita et
vaste et cette profonde littérature; ') elatioris et juslo liberalioris
, quin
mais en récompense, il s'est répandu » à nescio quali scepticisnio et irtdif.
dans la république des lettres un cer- »J'ere/itismo in ipsam Theologiam
tain esprit plus fin et accompagné » introducendo hnudquaquam alieni ,
d'un discernement plus exquis les : » quod traclatu suo de Stratagematis
gens sont aujourd'liui moins savans et » Satanse tcstatuni salin fecit , libello
plus habiles. Aconce avait donc rai- » (Simone Goidaitio jndice) omnium
son de voir en éloignement un siècle » malorum psssimo (*). f^oetius ei
qui serait un juge plus à craindre pour )> ndscribit {**), quod vel imperitè vel
!a logique qu'il m^itait, que ne le » subdolècommunemconfessioniscon-
pouvait être le siècle d'alors. Ce n'est » ceptuni moiitussit, sub cujus vesilio
pas moi, au reste, qui m'érige ainsi en « militari pnssunt et ipsi Ariani. » Ce
luge de la supériorité de notre siècle qui vient d'être rapporté de Simon
:
ment des connaisseurs les plus fins. che dans ses livres je crois qu'on ne
, :
« Nous sommes dans un temps, dit l'un le tient que d'Uytenbogard qui a dit ,
» d'eus (5;, où l'on devient sensible au dans quelqu'un de ses ouvrages que
» sens et à la raison plus qu'à tout le lorsqu il étudiait à Genève, il tut ctn-
» reste. En quoi on peut dire, à la suré de la lecture d'Acontius par Si-
n louange de notre siècle que nous mon Gou'art
,
et averti que le livre ,
» sommes plus entrés dans leur esprit omnium malorum pessinium .n). J'ai
j) que ceux qui nous ont precédés. La trouvé un autre passade de Voetius
» diflerence qu'il y a entre eux et nous concernant cette matière :.ce docteur
>j est qu'on se piquait bien plus d'é- y met Aconce j)armi les hérétiques
» rudition dans le siècle passé que aui sortirent d'Italie sous le prétexte
i) dans celui-ci.... C'était le génie de e la réformation (8; \ et il assure que
)) ce temps-là oij rien n'a été plus en si l'on avait pris garde au venin qui
,
y> vogue que la grande capacité et est c^ché dans quelques endroits de
3> une profi)nde littérature on étu- son livre (***), on l'aurait excommunié
:
)) qu'à l'esprit pour le bien connaître, (7; Uyienbojard, Hisloria, Belgicè conscrip-
ta , cap. I pag. 7, edit. in-t^.
,
(4) Acontii Ep 5t. ad WolGum pag. 4i2., (8) Voetius Disput. thcol. loin. I,pag. 49^.
,
qui negarenl filiuni non esse alium à mais aussi , qu'Amésius et George
pâtre (9). Pauli(i4), théologiens réformés, l'ont
(F) Il jr en a parmi les prolesfans fort loué. Jacobo Ar/ninio tamen in
qui L'ont fort loué. ] M. Crénius four- Respons. ad excerpta theol. Leidens.
nit des preuves de ces deux faits. Il pag. 65. Acontius est divinum pru-
observe (10) que Conrad Bergius dé- dentiœ ac moderationis lumen. Ame-
clare qu'Aconce a raisonné prudem- sio prœfat. ad Puritan. Anglicanos et
ment et pieusement. Ce Bergius était Grei'inchoi'io in Abstersione calumn.
ministre et professeur en théologie à Smoutii pag. 125. apud B Hulseman- ,
schismata, etc., et fut imprimé à Brè- qui sementem Ecclesise anglicanae ca-
me Tan 1639 in-8°. Rivet, en ayant
, , loie et rore cœlesti fovit sedulô (i5).
eu un exemplaire ex dono autoris , y
(i 3) Peltius in DedicaCione Harmonias , apud
écrivit quelques remarques dont je Crenium, ibid, pag. 3i.
rapporte celle qui concerne Aconce. (i4) /n Reformato Augustano , seu Apologia
3îiror cur {pag. 524)» t<^nti Jaciat l'ir pro dictatÎ5 suis de Aug. Confess. apud Crenium,
ibid. pag. 33.
doctus judiciurn Aconlii, hominis am-
(i5) Crenius , ibid, pag. 3i.
biguës fidei et Socinianorum wel pro-
dromi , l'el comniilitonis , cujus rei
gratid ab Arminianis loties recusus
ACOSTA (iflEL) gentilhom- ,
linguas bulgares translatus. Huic ho- vers la fin du XVP. siècle. Il fut
mini scopus J'uit , ut ex toto libro ap- élevé dans la religion romaine ,
paret , ad tant pauca necessaria doc-
dont son père faisait sincèrement
trinam christianam arctare ut omnibus ,
(9) Voelias , Dispot. Tlieolog. tom. I, p. Soi. (a) Paler meus ferè erat chrihianus Uriel .
(10) Thom. Crenhis , Aaimadv. Philolog. ït Acosia dans 50/j Exemplar Vita; liuraanœ ,
,
Historicar. , par(e //, pag. 32. inséré par ^\. LimborcU à la fin de son Arni-
(11) Rivet, apud Crenium, ibid; pag. 3o. ca Coliatio cum Judaeo de Verilale Eeligio-
(12) Isaac. Juuins inExamine Apologia; Rc- liis christianœ, imprimée à Amsterdam, en
ACOSTA. i85
rituels , et à consulter ne pouvant pas le profes-
les som- mais ,
n'y pouvant trouver aucun dé- mère et avec ses frères qu'il avait
uoûment il se vit livré à des in- eu le courage de catéchiser (B) ,
,
espéra de son salut en cas qu'il d'Uriel. Peu de jours lui suffirent
,
ne le pût obtenir que par cette pour reconnaître que les inoeurs
voie. Mais, comme il lui était et les observances des juifs n'é-
difficile d'abandonner une reli- taient pas conformes aux lois de
gion à laquelle il était accoutumé Moïse ne put garder le silence
: il
depuis son enfance et qui s'était , sur une telle non -conformité ;
profondément enracinée dans son mais les principaux de la syna-
esprit par la force de la persua- gogue lui firent entendre qu'il
sion tout ce qu'il put faire fut
, devait suivre de point en point
de chercher s'il ne serait pas pos- leurs dogmes et leurs usages ; et
sible que ce que l'on dit de l'au- que, s'il s'en écartait tant soit
tre vie fût faux , et si ces choses- peu, on l'excommunierait. Cette
là sont bien conformes à la rai- menace ne l'étonna point il :
son. Il lui semblait que la raison trouva qu'il siérait mal à un hom-
lui suggérait incessamment de me qui avait quitté les commo-
quoi les combattre. Il avait alors dités de sa patrie pour la liberté
environ vingt-deux ans et voilà , de conscience de céder à des rab-
,
comme il ne voulait point être un tel effet que ses propres frè- ,
i86 ACOSÏA.
Moïse. A peine l'eut-il commencé périence le poussèrent beaucoup
embrassa l'opinion des sad-
qu'il plus loin. Il examina si la loi
ducéens car il se persuada for-
: de Moïse venait de Dieu et il ,
tement que les peines et les ré- crut trouver de bonnes raisons
compenses de l'ancienne loi ne pour se convaincre qu'elle n'était
regardent que cette vie , et se qu'une invention de l'esprit de
fonda principalement sur ce que l'homme mais , au lieu d'en ti-
;
ils en eurent une extrême joie , avec tant d' incommodités , moi
parce qu'ils prévirent que cela qui suis dans un pajs étranger
leur serait d'un grand usage pour dont je n entends point la lan-
justifier auprès des chrétiens la gue ? Ne vaut-il pas bien mieux
conduite de la synagogue contre faire le singe entre les singes?
lui , etc. De là vint qu'avant mè- Ayant considéré ces choses , il re-
me que son ouvrage s'imprimât tourna au giron du judaïsme
ils publièrent (c) un livre tou- quinze ans après son excommu-
chant l'immortalité de l'àme ,
nication, et il rétracta ce qu'il
composé par un médecin , qui avait dit , et signa ce qu'on vou-
n'oublia rien de tout ce qui était lut. Il fut déféré quelques jours
le plus capable de faire pas- après , par un neveu qu'il avait
ser Acosta pour un athée. On chez lui. C'était un jeune gar-
excita les enfans à l'insulter en çon qui avait pris garde que son
pleine rue et à jeter des pierres oncle n'observait point les lois de
contre sa maison. Il ne laissa pas la synagogue ni dans son man-
,
tre de toutes ses forces l'immor- car un parent d'Acosta , qui l'a-
talité de l'âme (d). Les juifs s'a- vait réconcilié avec les juifs , se
dressèrent aux tribunaux d'Am— crut engagé d'honneur à le per-
sterdam, et le déférèrent comme sécuter à toute outrance (D). Les
une personne qui renversait tous rabbins et tout leur peuple se re-
les fondemens du judaïsme et du vêtirent du même esprit, et
christianisme. On le fit empri- principalement lorsqu'ils eurent
sonner on le relâcha sous cau-
, su que notre Acosta avait con-
tion au bout de huit ou dix jours, seillé à deux chrétiens qui étaient
on confisqua l'édition du livre venus de Londres à Amsterdam
et on lui fit payer une amende de ne pas se faire juifs. On le
de trois cents florins. Il ne s'ar- cita au grand conseil de la syna-
rêta point là le temps et l'ex- gogue, et on lui déclara qu'il se-
:
qu'il le vit passer devant sa mai- non sine magno periculo {non licet il-
son eut fait faux-feu, il ferma lis qui ab Hebrœis originem ducunt a
(e) Intitulé, Exemplar Vitœ liumanaE. consentanea, licet super aliquibiis dii-
(gf) C'était son frère ou son cousin. Lim- iiii!. pag. 346.
horcli, in prœfal. Exeiiipîar VitiK liumati. (2) flnil. pas. 34'.
,
.88 ACOSTA.
christianis-
les blâmerait de traiter le
quodquidem in magnum ma-
hitarem vieux palais qui a be-
;
tantum eiX me comme un
luni nicum poterat recidere ,
parts tant
Inqiii soin d'étancons de toutes ,
le soutien du
mère de la sûreté. Voyez la
,
bus auxilia deorum pnranlur : l'igilan- coup plus forte raison avoir la har-
do, aqendo, benèronsulendo ^prospéré diesse de parler selon sa
conscience
omniacedunt Ubi socordiœ telealqne parmi les juifs, dussent - ils 1 es-^
nequicquam communier; car c'était tout ce que
ignauiœ tradideris ,
tiens
implores :
iunt (6) En-
irati infestique pouvaient faire des gens qm n ont
fin on dirait que la leçon pour laquelle point de magistrature- Quia minime,
ils ont le plus de docilité, est la der- decebat ut propter talem mtlum terga
nière partie de l'axiome qu'un auteur i^erleret il.le qui pro libertate
natale
moderne a rapporté de cette façon. /i solum et utihtates alias conlempsernt
jaui pour aimi dire s'abandonner a la et succiimbere hominibus
prœsertïni
,
ACOSTA. i8p
et qu'on serait pas fort à plaindre si
ne embarras lorsque, n'ayant pas voulu
l'on n'avait à soutlrir que l'un de ces subir la pénitence ignominieuse que
maux éprouvent le contraire,
Ils la synagogue lui prescrivait, il se vit
quand providence ne les fait passer
la encore dans les liens de l'excommuni-
que par l'une de ces deux ou trois dis- cation ? On crachait en le rencontrant,
gr.îces. Ils sentent beaucoup plus
la et l'on instruisait à cela les petits gar-
rude qu'ils n'avaient cru qu'elle le ju- çons. Mulii eorum Iranseunte me in
rait L'inquisition de Portugal panit pliiteâ spuebnnt , quod etiam et pueri
terrible au juif Acosla. Pourquoi? lUorumfnctebant ab illis edocti; tan-
Parce qu'il la voyait jointe avec le tiim non lapidabar quia facultas de- ,
gogue d'Amsterdam. .Mais il connut nos scptem , intra quoi lempus incre-
par expérience, que la simple faculté dibilia passas swn (i3j. Nous verrons
d'excommunierest bien terrible, quoi- dans la remarque (E, quelle fut la
que entièrement privée des fjoctions peine qu'on lui imposa. 11 connut alors
du bras séculierOn le regardait com- plus que jamais, combien sont terri-
me un hiboudepuis sou excommuni-
, bles ceux même qui, sans aucune
cation. Ses propres frères n'osaient pas juridiction , disposent des lois de la
même le saluer Ipsi fralres inihi,
: discipline.
qiuhns ego prœceploi J'ueram nie trans- Je me garde bien de dire que les rai-
ibunt, nec in plated salutabant , prnp- sons des indépendans soient considé-
ter metum illorum (g). Les petits en- rables eux qui trouvent si mauvais
,
tur, lapides jaciebant, et nikil inlen- tous les senliinens de la nature; ell<^
tatuni relinquebunt ut me turbareiit, ne rompt de l'amitié et de l'hos-
les liens
tranc/uillus eliani in domo proprid age- pitalité ; gens à la con-
elle rétluit les
re p-ssin (lo). Les ma ix à quoi son dition d.^s pestiférés, et même à uo
excommunication l'assujettit furent si abandon beaucoup plus grand.
rudes, qu'il se sentit entin incapablede
les supporter; car quelque haine qu'il
(Dj Un purent.... se crut engagé —
à lepersécuter h toute outrance.^ Voi-
eût pour la syuagogue , il aima mieux ci les maux qu'il lui fît. Acosta était
y revenir par une réconciliation si- sur le pjint de convoler en secondes
mulée , que d'en être séparé ou- noces; il avait beaucoup d'eiiéts entre
vertement. Aussi disait-il à quelques lesmaius de l'un de ses frères, et un
chrétiens qui voulaient se faire juifs ,
grand besoin de continuer le com-
qu'ils ne savaient pas quel joug ils merce qui était entre eux. Ce parent
allaient se mettre sur la tête lYeicie- :
lui fut contraire sur tous ces chefs ;
jugurn suis uerlicibus ini-
b.tnt quitte il empêcha le mariage , et il engagea
ponerent (l'j. Mais quels furent ses le frère à retenir tous ces efl'etslà, et
rgo ACOSTA.
à ne plus négocier avec son frère. Ces jarn porta coeli mihi erat aperla, quœ
procédures doivent être considérées antea fortissimls seris clausa me a li-
comme Tune des raisons qui confir- rtiine et ingressu excludebat(i'j). Acos-
maient Acosta dans ses impiétés y car ta reprit ses habits et s'alla couche
,
1- ni-v
de ——
servait de cette preuve contre la loiqu'il avait souffert contre l'espérance
,^y.Aia„A^^t .,,,\,^o 1^,
qu'il avait conçue dune peine miti-
il prétendait qu'une loi
Moïse; car ;i
qui renversait la religion naturelle gée. Mais cela ne peut point fixer le
ne pouvait pas procéder de Dieu l'au- temps avec précision
, puisqu on ,
teur de cette religion (i5). Or, dit- ignore l'année où il fit cette péni-
il, la religion naturelle établit un lien tence. Si l'on savait combien il y avait
d'amitié entre les parens.Voyez ce que de temps qu'il était excommunié ,
lui donna trente- neuf coups de fouet de Moïse, parce qu'il jugea que la re-
ni plus ni moins ; car, dans ces sort s ligion naturelle n'était point conforme
de cérémonies, on a soin de n'excéder aux ordonnances de ce législateur.
pas le nombre prescrit par la loi. Le S'il eût vécu encore six ou sept ans
prédicateur vint ensuite et le fit as- ,
il aurait peut-être nié la religion na-
seoir par terre, et le déclara absous turelle, parce que sa misérable raison
de l'excommunication; de sorte que lui eût fait trouver des difficultés
l'entrée du paradis n'était plus fermée
pour lui comme auparavant. Et ita (17) Acosta , Exemplar Vium. Viiœ, pag. 35o.
(i5) Acosta, Exemplar liumanae Vita:, p. ïSi. (20) Joh. HelvTcus Willemeius i« Dissertât,
(16) Philippus à Limborch m KfrruUt- Urielis [iliilologicà de Sadduca;is, pag. ull- Il cite Mul-
Acosta , pctg. 36i , el sea- 'criis . Jiid.iïsm. Proleg. pag. 71- •
,
ACOSTA. Ȕ)^
dans l'hypothèse de la provideuce et » quibus me honoribus fuisses cwnu-
du libr arbitre de l'Être éternel et » laiurus et ila nunquhin iinguam
:
néces.-'aire. Quoi qu'il en soit il n'y , » tuuni possem evadere ; unicuni hoc
a personne qui eu se servant de la
, " '^/^"à''""» hibens, nemp'e ad genua
raison, n'ait besoin de l'assistance de » tua procumbere etfœdissimos pedes
,
tomber dans cet abus. car, si mes prières ne peuvent pas vrais
(H) .^Jflctaienl de dire qu'il n'était engager 'a me permettre de me méier
ni j mJ'y ni ihretien, ni ntuhnmétan.'] dans la foule des autres peuples je ne ,
qui, avec le fondateur du christia- de connaître que les juifs lui fai-
nisme, eût été puni du vrai Dieu saient une objection plus spécieuse
comme un révolté S il eût suivi la re- que forte: elle avait moins de solidité
ligion mahométane ils n'eussent ,
que d'éclat ; elle était jilus propre à
point parlé de lui moins odieusement. les amener à leurs Uns que conforme
Il ne pouvait donc en nulle manière aux lois exacSes du raisonnement ;
se garantir des coups de leur langue, elle était au fond un peu suspecte de
à moins qu'il ne s'attachât dévote- supercherie. Voici d'où vient son
aieut aux traditions pharisaïques. éclat. L'esprit de l'homme est telle-
Considérons ses propres paroles Scio :
ment fait, que, par les premières im-
adi'ersarios i.^tns, dit-il (ai), ut nn- pressions la neutralité en fait de
,
men meum coram indoctâ pl-he dila- cuite de Dieu le choque plus rude-
nient , solitos esse dicere , « Isle nul- ment (jue le faux culte et ainsi dès ; ,
1) tant habet religionrrn , Judœus non qu il entend dire que certaines gens
j) est , non chnstinnus , non mahorne- ont abandonné la religion de leurs
5) tan'ds. yide priiis phnrisœe quid , ,
pères sans en prendre une autre, il
,
19^ ACROMUS.
que cet ennemi de Dieu et des hom- une fausse religion que de n'en ai'oir
mes a établies que de garder la neu- aucune. Nonobstant cela nous con-
, ,
tralité. On peut donc croire que les clurons que c'était un personnage
Pharisiens qui perse'cutaient Acosta, digne d'horreur, et un esprit si mal
,
qu'à cause qu^ils la trouvaient propre par les travers de sa fausse philoso-
à eflaroucher le peuple et à intéres- phie.
ser les chrétiens dans ce procès. J'a-
Toue qu'ils auraient fait moins de %-a- ACRONIUS ( Jean ) enseigna
carme s'il eût embrasse' le christia-
les mathématiques et la médecine
nisme à Amsterdam , ou le mahotné-
tisme à Constantinople ; mais ils ne à Baie avec beaucouj3 de réputa-
l'eussent pas trouvé ellectivement tion , et composa quelques livres,
moins perdu, moins damné, moins ^g Terrœ Motu de Sphœrd, de ,
réformée , sans entrer dans aucune lère André l'eussent mis dans leur
autre communion , ne prétendissent Bibliothèque des Pays-Bas , où
qu'il serait plus criminel que s'il
d'ailleurs ils ont oublié un autre
s'était fait papiste; mais je demande-
rais volontiers à ces protestans: f^ous Jea\ Acronius, qui était minis-
tles-i'ous bien sondés ? ^iuez-i'ous tre et natif peut-être de la mê-
,
un coup, de
c'est ainsi que l'esprit
para peu honnêtement de 1 église
l'homme est tourné la première : de Groningue il n eut pas à Fra ;
chose qui le frappe est la règle de ses neker la science qui lui était né-
passions il prolite de l'état présent
; cessaire pour la profession en
et ne cherclie point ce (lu il dirait sous .i ' -i ir t7
• /• .
mano-Catholicœ qui fut impri- don qui était fils de Jupiter (c)
,
,
que le sieur Konig attribue à ce- salie oii Actor fut d'assez bonne ,
1606. On aurait pu ajouter qu'au rent contre lui (e) ce qui l'obli- ,
de religion , et que ce fut lui qui Actor régnait il s'y était , dis-je, ;
cette question {d). Ruard Acro- un autre qui était fils de Neptune
nius fut l'un des six tenans des et d'Agamède (B), fille d'Augeus
réformés contre les arminiens (g) et un autre (h) ;qui était ,
(d) Sa? Voetii Polit. Eccles. tom. I, p. 126. et d'Orchomène , villes de Béotie.
Carol. Slephanus, i/zDictionar. Histor.
ACTOR (A) est le nom de plu- (a)
(è)Scholiast.Honieriin lliad., lib.XVIII.
sieurs personnes dans l'histoire (c) Eustath in lliad. /; Scholiast. Apol-
lon, in lib. IV.
fabuleuse. C'est ainsi que s'appe-
(d) Scholiast. Pindari in Olymp. IX.
lait l'un des compagnons d'Her- (e) Eustalh. in lliad. //.
TOME I,
,g4 ACTUA RIUS.
Un autre Actor , fils de Phorbas,
ou selon quelques-uns, de Molione et
,
le nom d'Hyrmine , qui était ce- venu à leur secours dans la mêlée eu .
mère
Augias , roi les couvrant d'un brouillard épais
lui de sa (i). ;
ces paroles,
yalidam vi corripil hastam ,
QuœfuU Acloridœ cum magno semper Achille, Actoris Aurunci spoliuin ,
quassaU^ue tretnen-
tern.
qu'Ovide, dont il les cite, a parlé d'un Vociférant : Nunc , 6 nunquamfrustrata vo-
Actorius. Comment n'a-t-il point vu calus
Hasla ineos nunc tempus adest : le maximus
qu'il n'est point question en cet en-
,
Actor ,
droit d'un homme qui s'appelât Acto- Te Turni nunc dexlra geril (5)
rius , ou Actorides ; mais de Patrocle ,
(i) Homer. Iliad., lib. XI vs. •jSo.
que les poètes, quand la versification Idem, Illad., lib. II.
,
(2)
le demande, ont accoutume de dési- (i) Epîlres d'Ovide pag. 44- ,
gner par le nom patronymique Acto- (4) Pausan., hb. IX, pag. iii.
rides qui veut dire issu d' Actor? (5) Virgil. S.ae\à., lib. XII , vs. gS el seif.
,
de Neptune et dAgamcde,']
(B) Fils
Munckerus , dans son Commentaire
ACTUARIUS (A) , médecin
sur la CLVII fable d'Hygin prétend ,
grec dont on a plusieurs ouvra-
,
que le scoliaste d'Homère veut que ges (B). Ambroise Léon de Noie ,
cet Actor soit fils de Neptune et de qui en a traduit quelques-uns ,
Molione mais ce n'est pas ce que dit
et qui lui donne beaucoup de
;
versdu 11*^. livre de l'Iliade, fait men- louanges , avoue qu'il n'a pu dé-
tion de deux frères, qu'il nomme couvrir quel homme c'était , ni
'AxTOf/cevê MoÀi'ovê, Aclorionas Molio- quelle était sa patrie (a). Pierre
nas. Son scoliaste dit là-dessus qu'il
faut entendre par ces mots Cteatus , {a) Apud Gesnerum ,
Bibliollieca; /oho 3
et Eurytus, filsd'Actoret de Molione, verso
ACUNA.
,g5
Castellan, dans la Vie des illus- Medicamentorum compositione ; Kuel
a traduit ce traite Melhodi medentli,
très Médecins etWolfgang Jus-
:
,
libri F/, traduits par Henri Mathisius]
tus , dans. la Chronologie des de Bruges, et imprimés à Venise, l'an
Médecins, avouent la même cho- i554 (5).
se {b). M. Moreau , dans son (C) Qu'il a l'écu ern^ironl'an 1 100.
]
M. du Gange n'ose le placer sous l'em-
Traité de la Saignée durant la
pire d'Alexis (6) encore que son li- ,
Jean Zacharie (2)- Vossius , qui a pris nuscrit de l'un de ses livres, qui est à lu
1 •••
.l__._*i Ai"!!!,!- l-i-^UK^»!, ^ — .^-1^ 1'
ce dernier parti , au chapitre XIII de bibliothèque de l'empereur, !1 il y a un
que ce Jean Actuarius ne diflerât pas reur son maître aux Scythes hypcrbo-
du médecin dont il s'agit ici Vossius , réens. Voilà M. Moreau un peu éloi-
aurait eu tort de les distinguer, et de gné de son compte car Andronic le ;
l'an 1195
fectée aux médecins à la cour de Gon- Lambec. de Bibl. , Csesar. lib. VI, p. n'i.
(7)
stantinoplei et il avoue qu'il ignore
la raison de tout cela , après toutes ACUNA (a) (Christophle de) Jé-
les recherches du père Poussines. Il
suite espagnol natif de Burgos ,,
avoue aussi , qu'il ne sait point si no-
tre Actuarius, qu'il nomme Jean fils
entra dans la Société l'an 1612 ,
de Zacharie , possédait cette digni- âgé de quinze ans. Après avoir
té (4). donné quelques années à l'étude,
(b) Dont on a plusieurs ouvrages.']
il passa en Amérique, et travailla
Ils furent imprimés à Paris en un vo- ,
lume in-folio , par Henri Etienne , l'an aux conversions dans le royaume
1567. Ils l'avaient déjà été ailleurs, en de Chili et dans le Pérou et fut ,
3 volumes in-S". Ils ont été aussi im- professeur en théologie morale.
rimes séparément plus d'une fois,
£ II revint en Espagne l'an i64o ,
es principaux sont , de Actionibus et
Affectibus spiritus animalis ejusque et rendit compte au roi son maî-
IVutritione libri II ; de Urinis , libri
, tre de la commission qu'il avait
f^Il , traduits premièrement en latin reçue d'examiner la rivière des
par Ambroise Léon, et imprimés à
Amazones. Il publia l'année sui-
Venise, l'an iSig, et puis revus et
ornés de notes par Jacques Goupil j de vante à Madrid , une relation
,
que ceux qui ont publié à Paris qué dans don Nicolas Antonio que les Espa-* ,
française.
{d) En 1683, in- 12. {a) Stral) , lib . XIV, pag. /i52.
, . .
AD A,
Carie , épousa sou propre frère lui avait autrefois
donné de plus
Idriée , et régna avec lui dans la excellens cuisiniers en lui ap- ,
Carie , après la mort d'Artémise prenant que pour dîner avec ap-
,
lia avec un seigneur persan nom- mois (2) aurait eu peut-être plus de ,
mit de travailler à le rendre maî- sept années que Diodore lui donne.
tredeplusieurs autres (e). Alexan- Je crois néanmoins sa chronologie
plus certaine que celle d'Hermippus.
dre lui fit un très-bon accueil ,
Où est-ce qu'Herraippus placerait le
et la rétablit dans sa première règne d'Ada et celui de Pexodare ,
autorité sur toute la Carie , lors- qui ont duré, l'un quatre ans et l'au-
qu'il eut subjugué d'Ha- la ville tre six, et qui ont précédé l'expéditioa
'^ "
marquer sa gratitude en lui en- i^j ^e Valois a cru que Philippe, roi
voyant toutes sortes de rafraî— de Macédoine demanda cette même ,
trouver; mais il lui répondit qu'il tion s'apiielait Ada mais on peut , ;
n'avait que faire de tout cela et très-bien l'inférer de ce qu'il dit qu'elle
,
était l'aînée (5); car on sait d'ailleurs
que Léouidas son gouverneur ,
,
qu'Orontobate ayant épousé une fille
,
pas eu raison de dire que Philippe re- d'imposer un nom aux animaux,
chercha cette alliance pour Aridée son il les fit venir vers lui puis il fit,
vait plutôt jeter les yeux sur Alexan- Adam d'en manger aussi. Dès
dre que sur Aridée qui était bâtard lors ils s'ajîerçurent qu'ils étaient
,
à-dire qu'il l'anima et qu'il en fit vrai qu'on peut juger de quelques-
ce composé qu'on appelle hom- unes qu'elles ne sont point con-
me qui comjîrend un corps or- traires à l'analogie de la foi ni à
, ,
KJ9 ADAM.
nier rang ce que l'on dit de sa mais gardons-nous cre (Mj , etc. ;
vaste science (D) nous ne lisons bien d'avoir sur l'affaire de son
:
savans depuis leur chute, et que miers parmi ceux qui ressuscitè-
les crimes des gens doctes ne leur rent avec Jésus -Christ ^i") en— :
font pas perdre les sciences qu'ils coremoins est-on obligé de croire
possédaient. On peut mettre en- que sa repentance l'aurait fait
core au rang des choses proba- mourir de tristesse si Dieu ne lui
blés ce que disent quelques-uns avait envoyé l'ange Raziel pour
touchant la beauté d'Adam (E) le consoler (k). Mais la raison ;
mais il est tout-à-fait faux qu'il veut que nous croyions que sa
ait été créé avec les deux sexes foi et ses prières lui firent trou—
(F). C'est avoir bronché lourde- ver miséricorde et qu'il fit une ,
xnent sur les paroles de l'Écri- belle mort sans que pour cela il ,
une semblable rêverie. Les rêvé- ses enfans avant que de rendre
lations d'Antoinette Bourignon l'âme , et qu'il leur recommanda
(G) seraient alléguées mal à pro- nommément d'honorer leur mè-
pos pour confirmer cette fausse re et de l'enterrer auprès de lui.
,
///,
^ I \ , r
luidéplut , il ait commis la taute cap. xxxi.
de ceux dont saint Paul a fait (^ Epiphan. Hœres. XLVI. EuseLius
1 ,, 1 ,^ , Histor. lib. /^, cap. XXril.
mention dans i une de ses epitres
(,j ^^„^ Cornel. à Lapide in Gènes., cap.
200 ADAM.
paire de poulets. Je ne pense pas que croire au peuple qu'Adam et Eve fu-
Photius ait dit cela , et je serais fort rent aveugles jusqu'à ce qu'ils eurent
trompe si ce n'est point une para- transgressé le commandement de
phrase trop licencieuse de ce jésuite, Dieu: Neque enim cœcl creali erant
ut imperitunn'ulgusopinatiir (6). S'dini
forcée sur ce que Photius rapporte
touchant un certain homme marin , Augustin réfute solidement cette faus-
nommé Oé que quelques-uns fai- seté en divers endroits de ses écrits
,
saient issu êx. toù 7rpoToyôvou"nou (2), (7), et dit que cette ouverture des
c'est-à-dire , selon le P. Garasse , en yeux de nos premiers pères consista
un autre livre (3) , de la race du pre- en ce qu'ils s'aperçurent de certains
mier de tous les hommes qui s'appelait mouvemens corporels qu'ils ignoraient
OEuf; ou, selon le P. Schottus , è auparavant, et qui leur donnèrent de
primo parente aurait mille
'Clou. 11 y la honte Exstitit in motu corporis
:
recherches à faire sur l'œuf qui servit, quœdam impudens nouitas undè es- ,
f elon la doctrine
des anciens , à la gé- setindecens nuditas, et fecit attentas,
nération des choses lorsque le chaos reddiditque confusos (8)
fut débrouillé. Nous en toucherons Ce que l'on dit de sa faste scien {Q)
ffuelques particularités sous le mot M. Moréri ne secontentepasd'as-ce. ]
ARiMANius- surer en généi'al qu'Adam a^'ait une
(B) Et lui ôta une côte. ] Un auteur parfaite connaissance des sciences et
moderne (4) > voulant montrer aux surtout de l'astrologie , dont il apprit
catholiques romains qu'ils ont tort de plusieurs beaux secrets a ses enjans,
se croire plus
habiles que les protes- il ajoute que Josephe dit qv^Adam
tans leur reproche entre autres bé- grava sur deux dii^erses tables des ob-
vues celle d'un prédicateur (5) qui servations qu il ai> aitfaites sur le cours
,
point né mais est mort ? Quel homme pilier de brique et sur un pilier de
,
est né mais n'est point mort ? Quel pierre afin de les préserver de la ,
homme est né et mort, mais non pas destruction générale, qui, selon les
wourt ? eut pour réponse que les trois prédictions d'Adam, devait arriver
personnes en question étaient Adam , une fois par le feu et une fois par le
Enoch et la femme de Loth. Adam déluge (9). Quand on est capable de
n'est point né ajouta le prédicateur , falsifier de la sorte un auteur qu'on
,
car il a été formé de l'une des cotes cite on ne regarde pas assez près au ,
d'Eve. Son sermon a été imprimé à texte de ses témoins pour ne leur rien
Vienne en Autriche l'an i654 avec faire dire que ce qu'ils déposent. Ainsi
,
qu il ny
ni contre les bonnes mœurs 5 preuve nom des bêtes. Ceux qui infèrent de
du peu d'attention avec quoi les cen- cette imposition de noms qu'Adam
seurs des livres examinent certains était un grand philosophe , ne raison-
manuscrits, nent pas assez bien pour mériter d'ê-
(C) Ils s'aperçurent qu'ils étaient tre réfutés. Pour revenir à la vaste
nus. ] L'Écriture dit que leurs yeux science qu'on attribue à Adam , je dis
furent ouverts. Cette expression fit
„ .. , Dw .1 cQî (6) Augustin, de Civitat. DeijW. X/F, cap.
ex Helladio, Bibhotli. f^ag. i583,
(3) Photius xriT.
num. 279. „, „!,,;,„„ c (j) Ibid , H lib. XI de Genesi aàLitter. cap.
,
ADAM. 20I
que , selon l'opinion commune (lo) il , les consulta sur sa cre'ation , Dieu leur
savait plus de choses , dès le premier re'pliquaque l'homme e'tait plus habile
jour de sa vie, qu'aucun homme n'en qu'eus, et pour les en convaincre, il
peut apprendi-e par une longue expe'- leur présenta toutes sortes d'animaux
rience. Il n'y avait guère que l'ave- et leur en demanda le nom ils ne su- :
nir casuel, les pensées du cœur et une rent que répondre. Tout aussitôt il
partie des individus qui échappassent fit la même question à l'homme, qui
à son esprit. Cajétan, qui a osé lui lesnomma tous l'un après l'autre: et
dérober la parfaite connaissance des interrogé quel serait son nom et quel
astres et des élémens, en a été fort était cehii de Dieu il répondit tout- ,
genre humain est naturellement ca- On a débité que Dieu, voulant créer
pable et que son entendement pra-
, Thorame se revêtit d'un corps hu-
,
tique possédait une prudence cunsom- main parfaitement beau et qu'il for- ,
autres. On avait déjà épuisé toutes et que sous l'apparence du plus bel
,
les idées et toutes les comparaisons , homme qui ait jamais été, il travailla
lorsqu'un bon chartreux, voulant es- à la production d'Adam lequel il fit ,
mais quelques autres ont soutenu qu'il giens ei speciem hanc tantaru ipse ,
quelque sorte de mépris lorsque Dieu tant qualenive credas fuisse primi ho-
tninis illius l'enuslateni ? quantum in
(10) y^ojez Saliani Annalium loin. I pas. oredecus
,
,
quas gratias insedisse{i6)?
107 , ii3.
(11) Henri de Hassia. Il vivait au commence- (i4) Ibid., pag. 56.
ment du XV^. siècle.
(i5) Eagubin. in Cosmnpceiâ , ap"d Salian.
(12) .,épud Rivini Serpent, sedncl. , pag. 5o. Annal., tom. /, pag. io6.
<i3) Ibid,pag.^rj,5Q, 5-. (16) Id. ibid.
,
ADAM.
Car enfin cette forme dont le Verbe
, dait la pareille avec samain droite
se revêtit était semblable à la forme Chacun était animé chacun tomba,
<)ui fut vue par saint Pierre sur le dans un profond assoupissement lors-
Thabor , et par Moïse sur le mont que Dieu voulut former Eve c'est-à- ,
ne manque point de gens qui en ap- qu'à faire la guerre aux Dieux. On dé-
prouvent une partie pour le moins. libéra dans le ciel sur la manière de
(F) Il est faux qu'il ait été créé auec les mettre à la raison et l'avis de
,
les deux sexes. ] Un grand nombre de Jupiter passa , qui était qu'il les fal-
rabbins ont cru que le corps d'Adam lait partager en deux. Chacune des
fut créédouble, mâle d'un côté, femelle pièces conserva une forte inclination
de l'autre , et que l'un des corps était pour se réunir avec l'autre ; et voilà
joint à l'autre par les épaules les têtes : l'origine de l'amour, si l'on en croît ce
regardaient des lieux directement op- philosophe. Mais il fallut faire des
posés, comme les têtes de Janus (19). changemens à la situation de certains
Or ils prétendent que Dieu quand il ,
membres , afin que la réunion fût fé-
fit Eve n'eut besoin d'autre chose
,
conde. Je remarquerai en passant que
que de diviser ce corps en deux celui : ceux qui parlent de ces androgynes
où était le sexe masculin fut Adam ;
de Platon ne rapportent pas pour
,
celui où était le sexe féminin fut Eve. l'ordinaire la chose telle qu'elle est.
Manassé-Ben-Israèl, le plus habile rab- Ils lui font dire qu'au commencement
bin qui ait vécu dans le XVIP. siècle , les hommes avaient cette nature-là
;
car il prétend qu'ils étaient collés en- Adam et Eve, avant leur péché, étaient
semble par les côtés et qu'ils se res- , tous deux hermaphrodites (24)- Je ne
semblaient en tout, hormis le sexe. Le sache que lui qui attribue cette opi-
corps mâle était à la droite et embras- nion aux rabbins.
sait l'autre par le cou avec sa main (G) Les Révélations d'Antoinette
gauche pendant que l'autre lui ren-
,
Bourignon. ] Les livres de cette de-
moiselle font foi qu'elle a eu des sen-
(17) Id. ibid.
(18) SaliaD. Annal. loin. I pag. 106.
timens fort particuliers ; mais elle n'a
, ,
(19) jépud Heideggerum , Hist. Patriarch. peut-être rien avancé de plus étran-
,
lom. / ,
pag. 128. ge que ce qui regarde le premier
(20) Conciliât, in Genesira , apud Heidegge- homme. Elle prétend qu'avant qu'il
rum, Hist. Palriarch., tom. I pag. 128. Voyez
Hoornbeecli qui le refuie au chap. I du IV^,
,
péchât , ri avait en soi les principes
liv. de Conveilendi.s Jfudieis. des deux sexes et la vertu de produire
(21 j In Moreh Nebocliim, pag. 2, cap. XXX; son semblable sans le concours d'une
apud Heidegger. Hist. Patriarch. , lom. /, pag.
128. Mais notez, comme m'en a averti M. Van (22) Plato in Convivio ,
png. Ii85, edit.
Dale , (fue M. Heidegger ne rapporte pas fidèle- Franco f., ann. 1602.
menti'opjnior. <yueManassé-ben-lsrael c< Maimo- (23) imprime' Van 1686.
nides ont approuvée te plus. (24) NouT. Vision de Rotterdam, pag. 36.
,,
ADAM. 2o3
femme que le besoin que chaque
, et )) de toutes sortes et de toutes cou-
sexe a présentement de s'unir à l'autre » leurs , très - vives et toutes dia-
pour la multiplication est une suite » fanes , non - seulement d'eau, de
des changemens que le pe'ché fit au " lait , mais de feu . d'air et d'au-
corps humain. Zei hommes, dit-elle, » très. Ses mouvemens rendoient des
(aSj croyenl d'ai'oir esté créez de Dieu )) harmonies admirables tout lui :
monstres dans la nature diuisez en deux « de dessus couverte d'un petit poil :
mystère selon qu^il fut révélé de Dieu M voient aussi sortir les hommes dont
à la demoiselle Bourignon. Elle crut )> avoit tous les principes dans soi 5
il
voir en extase comment Adam était )j car il y avoit dans son ventre un
fait avant le péché et comment il ,
» vaisseau où naissoient de petits
pouvait produire tout seul d'autres )' œufs et un autre vaisseau plein de
,
ne laisse pas de le rapporter tout en- » pour aimer et pour adorer cette
tier, afin qu'on découvre mieux l'é- )) grande Majesté faisoit répandre,
tendue des égaremens dont notre es- » par le feu de l'amour de Dieu cette
prit est capable. w liqueur sur un ou plusieurs de ces
« Dieu lui représenta dans l'esprit w œufs avec des délices inconcevables:
» sans l'entremise des yeux corporels » et cet œuf rendu fécond sortoitquel-
qui auroient esté accablez sous le
') n que temps après par ce canal hors
poids d'une si grande gloire , la
'> w de l'homme en forme d'œuf et ve- ,
2ô4 AD A M.
)>mier né uni à la nature humaine , les viennent à la gorge ? egahaî pri' N
M Dieu et homme tout ensemble (27).» mos parentes ante lapsum habuisse
Je voudrais que l'auteur du IVout'eau partes generationihominis necessarias,
f^isionnaire de Rotterdam, n'eût pas in- poslea accessisse ut strumam gutturi
sulté comme il a fait d'une manière (32). Ma seconde réflexion est que
,
trop enjouée les visions de cette fille celte femme attribue à Jésus-Christ
,
Bourignon n'a pas dû croire qu'elle sant à la petitesse qu'il ai'oit lors de
ressusciterait ; car selon ses princi- sa première conception ou naissance ,
,
pes la matière crasse, qui a été jointe soit d'une autre manière inconcevable
,
rection n'est autre chose que le réta- vrage , ne suffisent pas dans la se-
blissement de l'homme dans son état conde car il s'est trouvé des gens si ;
d'innocence état où selon les belles bourrus qu'ils ont dit que mon arti-
: ,
,
autres erreurs , qu'a la fin du monde de l'histoire. Ceux qui fontla vie d'un
les deux sexes seront réunis ensemble méchant homme peuvent et doivent
,
dans une même personne , et que cette représenter en général les dérèglemens
réunion aidait commencé en Jésds- de son impudicité et, quelque choix
;
Christ ; et que si l'homme était de- qu'ils fassent des termes ils rappor-
,
meuré dans l'état où. Dieu l'ai'ait pro- teront toujours nécessairement des
duit , il n'y aurait eu nulle distinction choses impures et qui salissent l'ima-
de sexes (3o). Faber d'Étaples a cru gination. Cela est inévitable. Tout ce
que, dans l'état d'innocence, Adam qu'ils peuvent éviter , c'est le détail
aurait engendré de lui-même son sem- et les phrases trop grossières. Or, c'est
blable , sans l'aide d'aucune femme ce que j'ai évité. Ceux qui font l'his-
(3i). La Bourignon n'a donc pas été toire des sectes dont les dogmes ou les
la première qui ait enseigné ces cho- actions ont été impures , se trouvent
ses j mais elle y a mis beaucoup du dans la même nécessité. Les plus
sien comme vous diriez cette perpé-
, grands scrupules de style ne pour-
tuelle propagation qui se fera dit- ,
, ront jamais empêcher qu'ils ne pré-
elle dans le paradis , de la manière
, sentent des images sales et obscènes
que les hommes auraient multiplié à leurs lecteurs. Ce qui me justifie ici
sur la terre s'ils avaient conservé leur en particulier est que je rapporte des
,
(3i) Apud. Cornel. à Lajiide in Gènes. , cap. (33) Vie continuée de Mlle. Bourignon ,
pag.
11 . V. 24- 3i7-
,
AD A M. 2u5
phrodites de la Terre Australe. Voyez dis-je , du neuvième jour entrant au
l'article de Sadeur. dixième qui est à Z'Àsser toutes les
, ,
autres hommes, et quant au corps et quelle ( qui est fort bus comme de ,
quant à l'âme (34) ; mais les Thalmu- ces monts de terre qui se trouvent seuls
distes vont infiniment ])lus loin ils as- : au piilieu des plaines ) ils croient
surent qu'Adam s'étendait depuis l'un qu'Eve avait la télé appuyée lorsque
des bouts du monde jusqu'à l'autre Adam la connut la première fois , et
quandDieule forma; qu'après qu'il eut qu'elle avait ses deux genoux bien
péché , Dieu appesantit sa main sur lui loin dans le bas de la plaine sur deux
et lui réduisit la taille à la mesure de autres distans l'un de l'autre de deux ,
que Dieu fit cela à la requête des An- desquels on ajait mettre une colonne
ges qui avaient peur de ce géant; mais entre lesquelles il faut pour être bon ,
ils supposent que Dieu laissa au pre- Agi , c'est-à-dire pèlerin passer en ,
Barcepha fait mention de quelques (4o). Je vois qu'on cite un Jean Lucidus
auteurs qui disaient que le paradis ter- qui a cru qu'Adam était le plus grand
restre était séparé de notre monde par de tous les géans (4^), et qu'il l'a vou-
l'Océan et qu'Adam
; chassé de ce lu prouver par ces paroles de rÉcri-
,
paradis, traversa la mer à pied pour ture selon la Vulgate nomen Hebron ,
trouva partout guéable tant sa taille , maximus ibi inter Enacim situs est
était énorme (36). Voilà justement (42). Saint Jérôme s'imagine
en vei- ,
(35) In llbro SanheJnm. (44) Pererius in Gènes. Ub. IV, quœU. III. ,
206 ADAM.
cette montagne quelques monumens nière opinion est meilleure per lapre-
des pleurs qui furent verse's sur la dica ; car elle est beaucoup plus fé-
mort d'Abeljmais d'autres disentqu'A- conde en allusions , en antithèses , en
dam et Eve pleurèrent cette mortdans moralités, et en toutes sortes de belles
une caverne qui est en Jude'e , où l'on figures de rhétorique mais une sem- :
voit leurs lits de pierre longs de trente blable raison n'est guère propre qu'à
pieds (47). servir de preuve envers ceux qui de-
(K) De ses libres. ] Les Juifs jire'- manderaient pourquoi le sentiment
tendent (ju'Adam fit un livre sur la de saint Jérôme a eu moins de secta-
Création du monde et un autre sur
,
teurs que l'autre. Concurrence à part
la Divinité (48j. Masius parle du pre- qu'il nous suflise de savoir que les pè-
mier (49)- Un auteur mahométan ,
res ont cru fort communément que le
nommé Kissœ,us , rapporte qu'Abra- premier homme mourut au lieu où
ham, étant allé au pays des Sabéens ,
Jérusalem fut bâtie depuis et qu'on ,
femme récitèrent après leur péché. d'Adam qu'après qu'il en fut sorti
5
(L) De son sépulcre. ] Nous avons il l^s partagea à ses trois fils j qu'il
déjà vu que saint Jérôme s'est imaginé donna le crâne à Sem , et que les des-
sans nul fondement qu'Adam avaitété cendans de Sem, s'étant mis en posses-
enterré à Hebron ; mais on n'aurait sion de la Judée, enterrèrent ce crâne
pas moins de droit de croire cela au même lieu où avait été le tombeau
avec lui , que de penser avec tant d'Adam.
d'autres qu'Adam fut enterré sur le (M) D'un arbre planté sur ce sépul-
Calvaire (54)- J'avoue que cette der- cre. ] Cornélius àLapide dit que les
Saldenum Otiorum Tlieolog.
Hébreux content que Seth par le
(4') j^pud ,
,
(50) ^pud .Stanleium , Philosoph. Orient. , OH il montre que saint Jérôme même adopte en
lib. III, cap. III. quelques endroits l'opinion commune.
(5i) Hotting. Hist. Orient. pag. 22, citante
, (55) Tertulliani Carm. contra Marcion. , lih.
Lysero in Polygamiâ Iriumph. pag. i45. ,
II, vs. 100.
(5ï) Gaspar. Scbottus, Techn. Curiosse, pn^. (56) Doininus Jacobus Orrobaita (sive Edf <-
S56. senus). Saint Ephrem qui a vécu au 4^. siècle ,
,
(53) Lib. II, cap. XIII, de Orig. sacrae a été son disciple, ^oj'ez Salian. Annal. , tom. I,
Script, apud Scbottuni , ibid. ,
pag. 556. pag. 226; Corn«I. à Lapide in Gcnesim pag. ,
ADAM. 20-
bouche d'Adam déjà enterre et que les autres grands auteurs delà Sociél-
,
tiré la verge qui lui servit à faire tant soin qu'il put. Il avait porté avec
de prodiges il en tira le bois qu'il
, lui un écrit oiiil prétendait allier
jeta dans les eaux amères pour les la foi desOrientaux avec celle de
adoucir et celui où il attacha le ser-
,
l'Egliseromaine, et faire voir que
pent d'airain. Quelques - uns disent
qu'Adam envoya Seth à la porte du leurs difFérens n'étaient qu'une
jardin d'Eden pour prier les anges
,
dispute de mots (A). Il avait d'a-
qui en défendaient l'entrée de lui bord montré cet
,
écrit à son pa-
accorder une branche de l'arbre de
triarche , et puis par son ordre
vie , ce qu'ils firent (59). ,
gues.l C'est au père Salian que j'en avait été un an entier à aller de
veux. Non content de la harangue, il ville en ville pour le faire ap-
a fait une longue épitaphe pour Adam prouver à ces évéques. Pierre
où il a désigné son nom par ces trois
Strozza, secrétaire de Paul V,
lettres J. S. P. (60). Il a fait aussi des
épitaphes pour Abel, pour Abraham, fut chargé de répondre à cet écrit.
pour Sara, etc. En vérité, cela n'est La réponse approcha plus de la
guère pardonnable qu'à des auteurs dureté que de la condescendance :
irais émoulus d'une régence de rhétori-
il n'expliqua rien favorablement,
que ; et je suis fort persuadéque les Sir-
monds, lesPétaux, les Hardouins, et et il fallut que le légat du pa-
triarche se soumît , non-seule-
(57) Cornel. à Lapide in Genesim cap. Il
•"• 9/pa^- 'A-
,
,
ment aux dogmes , mais aussi
(58) VojeT,, louchant ce rabbin et son ouvra- aux expressions de Rome. Il si-
ge, les Nouvelles He la République îles Lettres ,
juillet1686, art. III pa^. 770 et suit'., lire' de
,
gna tout ce qui lui fut proposé
Alœbius, de œneo Serpenle. de la part du pape et , ne se con- ;
(ôg) foyez Saldeni Otia Tbeolog., pag. 608.
tentant pas d'abjurer toutes les
(60) Elles veulent dire , Jacobus Saliaaus po-
suil. erreurs de sa nation, il fit de* li-
,
2o8 AD AM.
vres , et les adressa à sescompa- résie de IVeslorius , il était ce scm~
triotes pour leur communiquer ble nécessaire qu'on fit voir k Rome
que le nestorianisme était une i/érita-
les lumières qu'il avait acquises ble hérésie puisqu'elle aidait été con-
,
Elie avait raison de soutenir qu'il n'y a et s'est fait ouïr dans les princi-
qu'une pure question de nom entre les pales villes de France et au Lou- ,
re , toute cette dii'ersilé desentiniens ne ces ; mais lorsqu'il s'y fut suffi-
consiste qu'en des équivoques , d'au- samment sigaalé on l'envoya sur ,
qu'il se soit servi d'expressions un peu qu'il prêcha à Paris , dans l'église
moins développées. Comme les conci- de Saint-Paul , en l'année i65o
,
les a-t-il dit (2), ont condamné l'hé-
,
fit du fracas. Le prédicateur pous-
{*) Moni est le pseudonyme de B. Simon.
(i) Moni Hisloire Critique de la Créance et
, (a) Sotuel, Bibliotli. Societatis Jesu, pag.
des Coutumes des Nations du Levant, pag. gS. 397-
(3) Moni , Histoire Critique, etc. pag. 93, 94. [ù) Idem , ibid.
ADAM. 209
àa les choses si loin, que, s'il lui que fort peu de temps. Ses
n'eût pas eu de puissans patrons, écrits commencèrent en i6";o et
on lui eût interdit la chaire (B). finirent en i65i (G). Apparem—
Il eut assez de bonne foi (C) pour ment on trouva qu'il rendait plus
reconnaître que saint Augustin de services à l'I^glise et à sa so-
n'était nullement favorable au ciété par ses autres dons que par
molinisme; et il s'échauffa bien sa plume. Il fut envoyé à Sedan
fort contre cet ancien docteur, un collège de ié-
afin d'y établir
Les jansénistes ne laissèrent pas en serait difficilement
suites. Il
tomber cette incartade (D). Ils venu à bout pendant la vie du
publièrent un écrit contre son maréchal de Fabert, l'homme du
sermon, et ne se contentèrent monde le moins bigot, et le plus
pas de faire l'apologie de saint ferme sur le principe de la bonne
Augustin ils réfutèrent quel-: foi. Ceux de la religion se tron-
ques autres propositions de ce je- vaient fort à leur aise sous son
suite et nommément celle qui se
, gouvernement les choses chan-
;
rapportait à l'inspiration des écri- gèrent après sa mort (<•). Ils fu-
vains canoniques (E). Le père rent inquiétés en mille manières
Adam n'eut point d'égard aux par ce jésuite, et obligésde paver
plaintes que l'on fit de son ser- des sommes et de céder des fonds
mon et d'un livre oli il avait dé-
, qui lui donnèrent moyen d'éta—
bité beaucoup de choses choquan- blir le collège qu'il méditait. Il
tes contre le même saint Augus- publia un projet auquel M. de
tin. Il ne se rétracta de rien, et Saint-Maurice professeur en
,
aïo ADAM.
voyé à Loudun pour y prêcher en quelle année le père Aciam fui
pendant que ceux de la religion le procureur de la province de
y tinrent un synode national Champagne à Rome la Biblio- :
l'écrit de M. Daillé (H), l'an i6(ïo. Je n'en parle que par ouï-dire.
M. Daillé leur répondit à tous Le père Adam passa par les mains
deux dans un même livre. Il n'a du père Jarrige mais beaucoup ,
lui-là , ni qui ait été tant lu par marché (K). Au reste il ne fut ,
toutes sortes de gens parmi ceux pas le premier qui parla peu obli-
,
le père Adam qui s'y trouve pres- et qui tâcha de persuader que
,
que à chaque période , et souvent saint Paul outrait les choses* par
sous un caractère d'esprit qui fait son tempérament trop vif (M).
impression leur est plus connu
,
(g) Pexit collegium Sednnense in prot'in-
que cent auteurs qui le surpas- ciâ Campanice à f/iiâ electiis est Prvciira- ,
ADAM. 211
avoir lu les (fiiinze sermons qiie ce je- saint Augustin marquait
clairement
suife lui avait envoyés. qu 11 voulait bien que l'on sOt qu'il
(B) On
lui eilt interdit la chaire.^ ne tenait pas saint Augustin
pour un
C'est ce que nous apprenons d une dans ces matières. "'''^ de foi
lettre de Guy
Patin écrite le 13 d'a- .
Tn^
ne laissèrent
r
{D) Les jansénistes
Notre archet'cque dit-il , a
vril i65o. pas tomber cette incartade.
] Peu de
,
et point du tout mazarin pour a^'oir tre les erreurs les calomnies , les in-
,
,
prêché depuis trois jours un peu trop ^ectives scandaleuses que le père y4 dam
hardiment. Le père Adam jésuite etit jésuite a prêchéts dans léglist deSaint-
éprout'é la même rigueur pour avoir J^aul le second jeudi du carême sur ,
des capucins qui en ont détourné l'ar- « saint Augustin était embarrassé""
, et
chevêque (3). » obscur en ses écrits qu'étant un ,
'Cj // eut assez de bonne foi etc.] » esprit africain , ardent et plein
, de
Il faut entendre ceci cum grano salis
" chaleur il s'était souvent trop em-
,
que saint Augustin n'est favorable, ni » homme qui a dessein de frapper son
aux calvinistes, ni aux jansénistes » ennemi , le frappe avec tant de vio-
5
car dans le même sermon qui excita » lence, qu'il le jette contre un ar-
que Jescs-Chbist était mort pour tous « tre les pélagiensle péchéoriginel, s"é-
les hommes sans en excepter aucun ; » tait emporté jusqu'à l'excès de l'er-
j
et il avait déjà publié un livre intitu- » reur, en disant que le péché origi-
lé Citlvin défait par soi-même et par ,
•n nel était puni dans les enfans qui
les armes de saint Augustin qu'il
') mouraient sans baptême de la ,
,
avait injustement usurpées sur les ma- » peine du feu et du dam. 3°. Que
tières de la grâce de la liberté de la " saint Augustin n'était pas bien assu-
, ,
pondit peu de jours après son sermon et quelques autres de cette nature
soutenir Calvin ('4)- Qu'est-ce donc que veux dire dans les f^indiciœ Aitgus-
l'on doit entendre par la bonne foi tinianœ où le père Adam est le pre-
,
212 ADAM.
» d'erreurs (*) , que celte faiblesse souffre, dirent-ils (6)quelquefaiblesse
,
» n'est pas si criminelle que Dieu ne dans les auteurs canoniques qu'il in-
» la souffre en la personne des auteurs spire ; s'ily a un feu naturel en saint
i) qu'il inspire,et que nous appelons Paul, qui ne soit point celui de Dieu,
i> canoniques et que le Jeu naturel tout ce qu'un libertin ou un hérétique
» de saint Paul était bien capable Je trouvera dans les livres saints contre
» le porter dans des expressions de cet- son sentiment il dira que c'est ce qui
,
» foi est éteinte dans le cœur de tous plutôt de la faiblesse de l'homme que
» les hommes, et qu'il est resté seul de de l'esprit de Dieu.... Le libertin dira
» tous ceux qui l'adoraient sur la que le feu de l'enfer ne durera pas
» terre... David assure que l'on n'a toujours, et que lorsque saint Matthieu
» jamais uu plus de désordre et plus a dit allez maudits au feu éternel ,
,
)> de corruption que de son temps , cest une expression excessive pour ,
tenr unique de la première mais qu'il ; bleraient dures et contraires h ses sen-
laissait l'autre à l'imagination de ce- timens et pour enseigner l'art de se
,
lui qu'il inspirait, et qu'il n'empê- jouer de la force invincible des paroles
cliait pas que cette imagination n'al- du docteur des nations sur la grâce et
lât plus loinque le Saint-Esprit. C'é- sur la prédestination divine, aussi-bien
taitsans doute la pensée du père Adam ; que celles de saint Augustin, S'il se
car l'exemp'e d'Élie et de David , voit pressé par le chapitre neuvième de
qu'il allègue, ne servirait de rien à l'épîlre aux Romains , où saint Paul
un homme qui serait persuadé que dit, que Dieu fait miséricorde à celui
Dieu révéla qu'Elie était le seul ado- qu'il veut, etendurcit celui qu'il veut
rateur du vrai Dieu , et qu'au temps il pourra répondre que c'est le feu natu-
de David il n'y avait pas un seul hon- rel de saint Paul qui l'a porté dans des
nête homme sur la terre. 11 faut donc expressionsde cettenature^ que cest la
que celui qui emploie ces exemples faiblesse que Dieu souffre dans les au-
soit persuadé que Dieu n'avait point teurs canoniques ; que c^est l'expression
révélé cela , mais seulement que le d'une chose révélée suivant l'imagina-
nombre des gens de bien était petit. tion , le naturel et le tempérament de
Sur ce pied-là , l'imagination de l'in- saint Paul (8). Je ne rapporte point
spiré rend universel ce qu'on lui donne ce qu'ils repondaient sur ce qui avait
avec restriction : elle tombe dans le été cité d'Élie et de David je dirai :
Là même.
(*) Troisième partie, chap. Vn,pag. 622. 7) Là même pag. i6.
f6) ,
(5) DéTeDsc de saint Augustin contre le père (8) Conférex ce qui esl dit page Î74 '^^ ''Avis
Adnm ,
pag^. 11. aun Réfugiés.
,,
ADAM. 2l3
trompait, et à qui Dieu reve'la qu'il se " comme il dit quecela arrivait à d'au-
trompait. Ainsi cet auteur, en rappor- « très inspirés, en qui Dieu produit
tant une fausse plainte d'Elie ne , « ces moui'emens extraordinaires pour
s'est nullement ëcarle' de Tesactitude 3) signe et pour prodige et qui uont ,
la plus historique. Ces messieurs fi- » soutient plus loin qu'ils ne de-
rent souvenir le public que « eutre ,
J> fiaient. A
quelle marque veut-il que
» les propositions extraites des leçons » l'on reconnaisse ces gens là que Dieu
i) publiques des jésuites de Louvain , )» envoie pour signes, si leur imagi-
i> reconnues par eux, et censurées par » nation une fois remuée confond
}> les facultés de Louvain et de Douai » ce qui vient de Dieu avec leur folie,
i> id88, l'on voit les deux sui-
l'an }> et s'ils débitent le vrai et le faux
3) vantes i°. -^Jin que quelque chose
: » avec l'extérieur de gens hors du
» soit écriture sainte il n'est pas né- , 3> sens et qui sont dans un mouue-
,
» cessaire que toutes les paroles soient }> ment déréglé. Ce mélange d'inspira-
i' inspirées du Saint-Esprit, 2°. // î) tion divine et d'extravagance ca-
» n'est pas nécessaire que toutes les » chéessouslemêmeextérieurqui res-
» i>érités et toutes les sentences soient semble à la manie, blesse l'idée que
))
» Esprit à l'auteur sacre. « Mais ces « (12) )). 11 y a des gens d'une imagi-
deux propositions-là quelque quali- nation si ardente qu'ils ne rapportent
, ,
Je me suis e'tendu sur ceci parce stituent d autres, qui sont revêtues de
,
que j'ai remarque' que c'était un fait tout leur feu et par conséquent une ,
qui a été ignore de ceux qui, à l'occa- image peu fidèle de ce qu'on leur avait
sion des sentimens de quelques théolo- dit. Ces gens-là croient aisément que
giens de Hollande, ont tant écrit pen- les prophètes et les apôtres ont ainsi
dant ces dernières années sur l'inspi- traité les idées que le Saint Esprit leur
ration des livres sacrés. Au reste, tou- communiquait.
tes les communions ont
leur père (1) La faite des
i'ersion qu'il ai'ait
Adam il se trouve partout des écri-
:
hymnes en i>ersfrançais {ii) Ce qu'on ."]
» uue autre profanation. Car, s'il ne •f> tant de jalousie aux jésuites, qu'il
» l'a point appliquée aux grands pro- » n'y a rien qu'ils n'ayent fait pour
» phètes cela y va de plein droit
, : )) les décrier. Ils y firent de méchantes
» ou bien il devait montrer que leur r> objections, qui furent aussitost re-
» imagination ébranlée ne roulait pas i> poussées. Ilsy op[)osèrent les Heures
» au-delà de l'impression, par sa pro- » du père Adam, sous le nom d'Heures
» pre impétuosité , de même que la » catholiques comme si les autres
,
i) loue que l'on a mise en branle, w eussent esté hérétiques. Les hymnes
Ùi) y^oiei'/rt XX^. Lettre pastotaledc 1689. II pa'^.' ig pari. III , pa§. ï34 el 4j4-
, ;
2i4 ADAM.
» que relever l'e'clat de celles de Port- Charenton nomme' M. AUix , croi-
» Koyal. Enfin ils les déférèrent
, raient, sans hésiter, que le père Adam a
» l'inquisition àf home, et einployè- fait un livre contre lui s'ils n'avaient ,
)) rent tout leur crédit pour les y faire point d'autres lumières que celles que
n condamner (i4)- " Le cardinal Spa- l'article de ce jésuite fournit dans le
da lit entendre à M. de Saint-Amour, continuateur d'Alegambe et voilà :
que si Ton accusaitautribunal de Fln- comment les moindres fautes sur les
quisition cet ouvrage du père Adam, noms propres sont capables de faire
elle le condamnerait. M. de Saint- illusion aux lecteurs. Un homme qui
Amour répondit que si tes Heures aurait pris une fois M. Allix pour
,
geoii pas qu'il fallust accoutumer ces car il le croirait imprimé dès l'année
pères a composer un méchant lii're 1660 et réfuté par un jésuite fa , ,
1660; et voici les titres des précé- d'une façon fort capable de les in-
deris Cali'inus a seipso et à sancto struire
: et notre religion justifiée de ,
j4ugustina projligalus Parisiis, i65o, tous les blâmes dont ses ennemis la
,
licè cum canticis undecim quibus peut tirer quelque avantage du silence
, ,
et sanrtis Patrihus deprompta Pari- que jusqu'à présent ils n'y ont rien op-
,
siis ifiSi
, in-12; Prêtes cathalicœ
, posé ni l'un ni l'autre quoiqu'ils ,
,
,
lœus ? Tous ceux qui savent confu- de plus, comme si sa cause n'eût J)
AD AM. 2i5
» jesiiife , de qui quelqu'un de sa dans son Anatomie
Le second (21).
» communion a dit qu'il n'est le pre- contient ces paroles Tous ceux qui, :
j) mier homme du monde que de nom l'an \Q\Q estoient dans le collège de ,
)' seulement. On entend assez par Poitiers, scawent les querelles de Jean
)) là que c'est le père Adam qui Adani et de Jacques Biroat deux
, ,
«pour soutenir SON PROSÉLYTE fit pa- personnes les plus considérables de
,
» raître en m^me temps que lui une l'ordre. Ils se sont si hostilement atta
5) seconde réponse à peu près de quez, qu'ils ont fait paroistre, par un
,
vient de lire m'a fourni dans la pre- Le troisième porte que le plus excel-
mière e'dition de ce dictionnaire une lent de leurs hommes de chaire, nommé
note marginale, qui fera présentement Jean Adam, estfi!s d'un couturier {^i).
une partie du corps de cette colonne. De ces trois passages, il n'y a que le
Voici ce que c'est « J'ai ouï dire que premier qui puisse faire du tort à la
:
>' la reine mère, ayant demandé à un mémoire du père Adam; car le second
« grand seigneur, qui l'avait accom- fait tombersur la tête du seul biroat les
» pagnée à un sermon du père Adam orduies (jui se découvrirent en consé-
,
vous y apprendrez que le grand sei- réflexion sur le caractère de son ou-
gneur qui répondit cela à la reine vrage. Si cet auteur nous avait dit
était le prince de Guémené, et que le l'ilge de la religieuse, nous pourrions
sermon qui donna lieu à ce bon mot plus sûrement juger de la faute. Parler
,
comparaison fort odieuse des Pari- cause qu'il est moralement impossible
siens ai'ec les Juifs qui aidaient cru- qu'une telle conversation n'excite des
cifie IVotre- Seigneur. Il compara la sentimens impurs; mais je voudrais
reine h la P^ierge, et le cardinal Maza- bien qu'un casuiste de bon sens, qui
rin a saint Jean l'euangélisle. Notez ne fût ni trop relâché, ni trop rigide,
f[ue d'autres donnent ce bon mot à examinât cette question Une reli- ;
de la dernière édition de ses OEu- coûterait une leçon d'anatomie sur les
vres (ao). organes de la génération avec la même
(K) Il en fut quitte a bon marché-l indifférence que l'e.rplication des par-
Je trouve trois passages qui le concer- tiesde l'oreille, pècherait-elle par la
nent, dans les libelles de l'ex-jésuite curiosité d'entendre cette leçon ? Je
Jarrige. Voici le premier Le père : crois qu^on m'avouera qu'il est fort
Jean Adam l'un des meilleurs pré-
,
permis à une femme, de quelque con-
dicateurs qu'ils ayent interprétait a ,
dition qu'elle soit de savoir tout ce
,
i6 ADAM.
ment dans réservoir de Pe'qiiet ,
le Le père Adam, quatre jours après son
dans le canal tliorachiqne , dans la sermon avoua à une personne qui lui
,
veine soiiclaviôre, dans la veine cave, représentait !e préjudice que cette pré-
dans le ventricule droit du cœur, dication pouvait causer. Que Gabriel
dans l'artère du poumon dans la , à Porta jésuite disait souvent qu'il
, ,
veine du poumon, dans le ventricule serait a désirer que jamais saint y4u-
gauche du cœur dans l'aorte. Elle , ffuslin n'eût écrit de la Grâce (aS).
peut savoir sans pe'clië le jeu des val- Long-temps avant la naissance du jan-
vules qui sont aux extre'raite's des vei- sénisme, il y avait eu des théologiens
nes et des artères, les anastomoses, la qui avaient déclaré fort librement que
sécrétion de l'urine, etc. Pourquoi se- saint Augustin poussait les choses trop
rait-elle donc criminelle d'achever loin et que, quand il avait en tête
,
dier exactement tout ce quisedit sur leur erreur si ardemment, qu'il sem-
les parties tant intérieures qu'exté-
,
blait passer jusqu'à l'extrémité op-
rieures, qui sont destinées à la pro- posée par exemple, qu'en combattant
:
cre'ation des enfans ? Le crime ne sau- l'erreur des pélagiens, il semblait s'a-
rait consister dans la simple connais- vancer trop vers celle des manichéens,
sance de ces choses il faudrait donc : et qu'en combattant les manichéens ,
qu'il consistât dans lespense'es impures il semblait adopter l'hérésie de Pelage.
mais j'ai suppose' qu'on fût dans le nélius Mussus, évêque de Bitonte Ca- ,
même calme que si l'on e'tudiait l'a- jetan, et Sixte de Sienne (a6). Mais le
natomie de l'oreille. Voilà le cas et père Annat en cite bien d'autres, dans
l'espèce sur quoi il faut raisonner. Ne le même livre où il s'eftbrce de prou-
m'èrigeant point en casuiste, je donne ver que saint Angustin n'est point du
la chose à décider à qui il appartien- sentiment de .Tansénius (ay). Voyez ce
dra et je dis seulement <pie pour
j ,
que le père Noris a répondu à cette
]"ouer au plus sur, il vaut mieux que grandi' nuée de témoin";, produite con-
es personnes qui ne sont pas de tre ce grand évêque d'Hippone. Quel-
profession à devoir connaître ces cho- ques protestans ne s'éloignent pas de
ses , et surtout celles qui ont fait cette pensée, que saint Augustin ou-
vœu de continence n'aient jamais , trait les choses. Je ne parle pas du
une telle curiosité, et ne la conten- Commentaire Philosophique (aSj, où
tent jamais de sorte que le père
: l'on approuve en quelque manière le
Adam n'aurait pu convenir du fait ,
jugement du père Adam ni de la Bi- ;
pnris , milita libérais et inconsidera- Ç28) Pari. III , pag. 4. Vo^ez aussi le Sup-
pléinpul pag. 2,
tiiis dixit, quibus non tenemiir
.,
trop bas. Ce milieu pacifierait les trou- tans saint Pierre comme un esprit ex-
bles, si l'on voulait être bien raison- cellent, censuraient saint Paul comme
nable. Parla, il serait permis d'être personne de cerveau bouillant et fou-
janséniste ou moliniste, selon que le gueux qui s'estoit laissé emporter en
,
ment trop t^if.'} Il y a dans la censure catholiques romains plus d'une fois
,
du sermon du père Adam (33) un pas- qu'on a j'a souvent et par plusieurs
sage du père Caussin où saint Paul fois consulté bien à certes entr'eux île
,
impétuosité d'esprit tellement en une qu'a dire ce que j'en pense je n'y ,
rii-e ,
qiCils semblent uouloir laisser puisse presterfoy tant est l'entreprise. ;
Dieu {*). Voilà cette roue qui fait plus saint apostre n'avoit autre assurance
de tours qu'on ne lui commande à de sa prédication que la conférence
,
,
laquelle nous avons vu qu'un ministre qu'il en fit avec saint Pierre et qu'il ;
a comparé l'esprit prophétique (34). n'osa publier ses épistres, que tout pre-
Saint Paul et saint Augustin se débor- mier saint Pierre ne les eust approu-
dent de temps en temps mais ils re- vées. Noûà des gens bien maladroits;
;
tournent ensuite comme la marée dans car si les épîtres de saint Paul fu-
,
les bornes que Dieu leur marque. rent approuvées par saint Pierre, elles
le beau moyen de répondre à tous les ont toute l'authenticité qu'on peut
passages de saint Paul, qui incommo- souhaiter.
dent! On n'a qu'à dire qu'il avait alors
inondé toute la campagne , et qu'il ADAM ( Melchior) a vécu dans
faut l'attendre à son retour dans le
lit que Dieu lui avait donné. Le che-
le XVIP. siècle. Les soins infati-
valier Edwin Sandis m'apprend une gables qu'il a pris de recueillir,
chose qui vient trop bien ici pour d'ajuster et de publier les Vies
n'y être pas insérée. Je scay de très- d'un très-grand nombre de sa-
bonne part , dit-il (35) , qu'en Italie
vans , méritaient que quelqu'un
(32) En 1653. Voyet le Mémorial liistorique lui rendit un semblable office ;
touchant les cinq Propositions, pag. 82.
(ii)Pag. I-. et cependant je ne pense pas que
(*) De la Cour Sainte, torn. III, maxime VI personne le lui ait rendu. M. Mo-
de la pre'deslination «uni. a.
,
2l8 ADAM.
promesse lorsque le temps de imprimé l'an iGrç) : celui des ju-
l'exécuter se présenta L'en- risconsultes vint ensuite et enfin
(a). ,
nant un long détail de sa vie tre auteur publia les Vies séparé- ;
mais je n'ai su trouver nulle part ment, en l'année i6i8 *^. Tous
les matériaux nécessaires. Voici ses théologiens sont pro tes tans.
ce que j'ai trouvé. Meixhior Adam Quoiqu'il n'ait composé que peu
naquit dans le territoire deGrot- de ces Vies il n'a pas laissé de ,
soin de faire fleurir les belles- en abrégé les écrits qui lui four-
lettres et surtout la religion ré- nissaient les matériaux , soit que
,
réformé. Il eut part pour con- famille. Je ne dis rien des som-
,
tinuer ses études aux libéralités maires qu'il a mis aux marges en
,
fut suivi de trois autres celui ne serait pas plus exact, puisqu'il y en a un
:
dit XIII^. siècle un du XIV^. et quatorze , ,
(b) On a écrit ceci en Juin it)g8. réimprimés en i653 in-S"., l'ont été aussi en
,
(e) Henn. Witle , Diuriiim Biogijjih. (§) MorhofiiTS, Pol)liistor.,p«5-. 192, 209.
, ,,
,
ADAMITES
Il mourut 1622. Il a fait l'an ADAMITES (a)
, secte ridicule
après quoi l'on reprenait ses ha- pain leur tombât du ciel, iusqu'à
bits et l'on retournait chez soi. ce qu'ils tombèrent eux-mêmes à
,
défendu , il devait être chassé (i) Dans la remarque (B) de l'article Pi-
comme lui du pai-adis ; c'est ainsi cards.
{h) Lambertus Ilortensius, in Hist. Tu-
que ces gens-lk nommaient leur
mult. ADabaptist.
église. Yoilà ce que saint Epipha-
ne en rapporte (D) non pas pour ,
(A) Théodorct lui donne un certain
Prodicus pour fondateur (i).] Baro-
l'avoir lu dans quelques livres ,
niiis le place sous l'anne'e 120, et lo
ou pour l'avoir appris de quel- fait antérieur à Valentin ce qui l'o- ;
qu'il eu avait ouï dire à plusieurs (2) ceux qui le mettent entre les disci-
ples de Valentin. Selon cela, Lam-
autres personnes. Il ne sait point
bert Daneau que j'ai cite' ne serait pas
si de son temps cette secte était digne de créance. Je parlerai à part
sistait encore. Évagrius fait men- (B) Ils ne V obsen^alenl que lorsqu'ils
leur corps , s'en allaient , tant les rues. Oportere christianos homines
hommes que femmes , dans des i>ersari in Publico in cœtu Kcclesiœ , ,
ils pas plus de raison les uns que sassent de leurs assemblées ceux qui
les autres de se le reprocher. Si
commettaient cette faute. Et il esta
je n'avais pas d'autre caution que (i) Tbeodoret. Hieiel. Fabul. , Ub. I.
(2) Hatoaius ad an. 1^5, num. 33.
Lindanus {h), je ne croirais pas f3) D.inaius , in Augustin, de Hœres. , cap.
XXXr,fuUo83.
(» Evagr. Hist. Eccl., lih. I. rnp. YV/. (/|) lîpiphij. in Synopsi , tom. I, Lb.II,
[h] Liudan.Dul)iUiilii/>ifl/. If,png. 171. pas- 397-
, ,.
ADAMITES. 211
remarquer, qu'encore que cet ancien de cela; car ce sont des choses que la
père ne veuille pas convenir de ce que renommée ne laissepoint périr, lors-
disaient les adamites savoir , qu'ils ;
qu'une fois elle s'en trouve saisie, à
se dépouillaient à cause qu'ils n'avaient moins que la fausseté n'en devienne
point de honte de leur nudité non , tout-a-fait palpable. Encore n'arrive-
plus qu'Adam il est, dis-je, à remar-
:
t-d pas toujours, en ce cas-là, que la
craer qu'encore que saint Épiphane renommée lâche prise. Voyez dans la
àime mieux attribuer leur conduite à remarque suivante le moyen d'accor-
une lasciveté insatiable, qui voulait der ces deux pères avec Clément d'A-
procurer des amorces à la vue (5) il lexandrie. ,
ne dit pas néanmoins qu'il se fît des (D) f^oilh ce que saint Épiphane en
actions impures dans leurs assemblées. rapporte.^ Il ne dit point que chacun
C'est donc faussement que Baronius se ruât sur sa chacune dans leurs as- ,
lui impute de les avoir appelées des semblées: c'est ce qui acte touché dans
bordels lupanaria
, il s'est servi du
: la remarque précédente. 11 leur impute
terme de i^mKio; latibuluni, et de celui encore moins les hérésies de Prodicus
,
de cr-TrMxuyya,, caferna (6) et cela dans dont le père Gaultier donne la liste
;
maison de Dieu une caverne de bri- stitution. Cet auteur ajoute qu'ils re- ,
gands {•j). La notion d'impureté cor- jetaient la prière. Daneau le dit aussi
})orelle ou de commerce charnel en- sur la foi de Clément d'Alexandrie
, :
tre les deux sexes, n'a point lieu ici. Deum a nobis precanduni et orandutn
Le père Gaultier a donc grand tort de esse negant, quia scit ipte per se qui-
dire en citant saint Épiphane, que bus egeamus. Clemens hoc de illis
,
laient indifiéremment avec les fem- sent le contraire: T-jy.vù yà.i aJç Ik /jl»'
mes qui leur tombaient sous la main, Tfoç... crt/vsfj/OVTou, xa.( cutcdc; tÀç dvxyvd-
mulieribus promiscuè ulentes (S). Pour
la citation d'Alphonse de Castro qu'on Ils s'assemblent tout aussi nus qu'ils
,
peut que multiplier le nombre des tures leurs Or.usoss et leurs au- , ,
par Théodoret: Exstinclis in siio cœtu JYudi itaque mares fominœque conve-
lucernis promiscuè coëunt quemad- niunt , midi lectiones audiunl nudi
, ,
Joretus (9). On verra bientôt que ce Le moyen d'accorder ces deux derniers
passage n'a pas été bien allégué. Il est pères avec Clément d'Alexandrie se-
assez étrange que saint Epiphane et rait de supposer que les adamites
saint Augustin n'aient rien ouï dire auxquels celui-ci donne Prodicus pour
fondateur, ne suivaient pas toutes les
(Sy'Evêxst à.x.if'içau (SJovîc xô/jaiç èxfSstX- erreurs de Prodicus. Cette supposition
fAMl iy-TTOioÙTHç TMV ^îh^iv. Id insatUUœ li- n'a rien d'extraordinaire il ne faut ;
bidini tnbuunt qute ejusinodi ocults illecebras
tjuelquefois que trente ou quarante
objUil. Epiphan. Hxresi LI[ pag. 4G0. ,
cap. XXXIII.
(8) Ganlter. Tabul. Chronogr. , seculo II ,
cap. XXXIII. (il) Daiiœus, iu August. île Ha;res. , cap.
(9) DanKus , in Âugastin. de Haeres. , cap. XXXI, fuUo 83.
XXXI, foUo 83. (12J Augtist. de liserés. , cap. XXXI.
ADAMITES.
ans , pour rendre une secte fuit dis- témoigner plus de mépris jiour la gloi-
semblable à celui qui l'a fondée. Ainsi re, lis allaient manger dans les caba-
l'on n'est point exact lorsqu'on attri- rets ,ils entraient dans les bains pu-
bue aux adamites toutes les extrava- blics ils conversaient et ils se lavaient
,
gances deProdicus, sous prétexte qu'il avec l'autre sexe mais avec tant d'in- ;
d'Alexandrie , bien loin de dire rien voulaient être de tous les deux sexes :
de semblable des sectateurs de Prodi- MïTat à.vJ'pôov j'i à.vé'pa.ç ùvoLi , y.iTO. yu-
cus, observe qu'avant que d'en venir VctluSv Ti a,Ù yilVa.lKa,ç, iKltTipcLÇ Tê fA.i-
aux prises , ils faisaient ôter les chan- Tê^V^êlV i^iXilV <^ÙTiCtlÇKa.l fJ.» fAi5.Ç. jîvc(,((l5).
delles qui leur auraient donne de la hon- Cum i>iris quidem l'iri sunt,feniinœ
te To KOL'raiKT-X.^vvjv olÔtUov tjiv îropvi)£«v
: uero cumjeniinis, nontninmnius sed
Tst^THV ifino-ioa-ûvrii 'iKTroéoov 7ront7-at.jtAÎyouç utriusque iiniul sexUs este cuyiunt. Il y
^£ç ail Tov xi^^vot/ TTiptTfOTr^ jiy.iyvua-Ôcti a de l'apparence qu'ils n'avaient pas
(i3). Liimine aniolo quod eorum J'nr- beaucouj) de peine à contrefaire les
nicatoriant hanc justiliam pudnre ajji- fous et qu'ils l'étaient eiî'ectivement ;
,
ciebal aveisâ lucernâ coïre. Ainsi Da- c'est à eux pour le moins qu'on peut
neau n'a pas eu raison d'appliquer appliquer ce que Fvutilius Numatianus
aux adamites ce que ce père avait dit n'a pas eu raison de dire de toutes
des sectateurs de Pi'odicus. En uu mot, sortes de solitaires :
quand je considère les calomnies des Quœnain perverti rahïes lam stulta cerebri^
païens contre les premiers chrétiens Diim mala jormides , nec bona passe
pâli (i6)
et celles des catholiques contre les ?
ADONIS. 223
des adamites de Bohème qui allaient stent ('î\). Voir nager une personne
toujours nus à ce qu'on prétend. Il
,
nue de diflérent sexe est selon lui un , ,
faut donc que M. Moreri, s'il a enten- péché mortel. Deux hommes d'un ca-
du ce qu'il disait, assure qu'il y a ractère grave, comme deuxprélats qui
encore aujourd'hui en Angleterre des s'entrevoient nus, commettent dit- ,
ministre qui dit qu'il y a des moines cipe d'Anacharsis (2.^). Cet ancien phi-
en Italie, nommes adamites, qui vont losopheétait le sévère Xénocrate Aris- :
sacrées de leur ordre yJc ne niinc qui- admoueret maniim, inquit, « Purœ qui-
:
dem, dit-il (17), nomen ejus (haeresis dem nianns, at inquinatamens (aS). » >/
quidam, qui se Julso pielatis et l'ilœ de l'article Hadrien VI, que la Mothp-le-
austeritatis prœte.xlu comniendârunl Vayer n'a j)oint dù prendre au pied de,
que alid niald intentione et periculo Adonis fut le fruit de cet inceste ; ;
(17) Lanib. Danseus , in August. de Hœres., qu'elle quitta toutpour être avec
cap. XXXI.
(18) Àpiid Socraf. Hist. Eccles.
lui. Le ciel même lui sembla un
, lib. IK, cap.
XXIII ; et Sozomen. , lib. I, cap. XII f. séjour peu agréable en compa- ,
les poètes n'ont pas distillé tou- et en tant que femelle, se dou-
tes les figures de leur art (^) pour naità Apollon (i). D'autres, sans
représenter la douleur inexpri— lui donner les deux sexes , n'ont
mable qui saisit le cœur de cette pas laissé de dire qu'il était le fa-
déesse lorsqu'un sanglier lui eut vori de Vénus et de Bacchus
tué son cher Adonis (D). Jamais (F). Il y a un scoliaste qui as-
deuil n'a été plus célébré ni plus sure qu'Adonis fut aimé de Ju-
immortalisé que celui-là près- ;
piter (k) , et que Proserpine en
<jue tous les peuples du monde en devint amoureuse dans les enfers
perpétuèrent le souvenir par un (G). Elle ne laissa pas d'avoir
grand de cérémonies an- quelque compassion pour sa ri-
attirail
niversaires (E). Quelques auteurs vale désolée qui demandait avec ,
me de cette bête, qui tua Adonis, sentir à s'en passer pendant six
Ce fut Mars selon quelques- mois en faveur de Vénus. Il fut
,
uns (e) ce fut Apollon , selon donc dit qu'Adonis passerait six
;
quelques autres (f). Mars , di— mois avec Vénus et six mois avec
sent ceux-là , fit le coup afin de Proserpine. Le scoliaste que j'ai
satisfaire sa jalousie, et pour se cité nous dit là-dessus le blanc et
venger de Vénus qui lui préfé- le noir (H), et quelques-uns ne
rait ce rival. Apollon, disent parlent pas si avantageusement de
ceux-ci se porta à cet excès de la complaisance de Proserpine
,
cT^Ax. tt. Voytz aussi Théocnte, EicTi^xA. toire d'Osiris [p). Les anciens ne
xi et entre les modernes M. Ménage dans convenaient Uas du paVS OÎl était
; ,
sum ciim Adontdelavantem Venerem yidis- (") Scboliast. Theocriti Eidyll. Xy. ,
(/() Triuc aper insequitur, tolosque sub ip^ l'ojez le IJI". volume de lu Bi)pliollié-
inguine dentés, queUDivtrselle, pag.'] Berkr!jus. inStepba-
Abdidil Ovid. Melam., hh.X, vs. 7i5- num B^iaot. Vojez' hy.(t.h<iZç.
, ,
,
ADONIS. 225
lascène d'Adonis ; les uns la met- Il y
avait auprès de Byblos une
taient dans la Syrie; les autres rivière nommée Adonis qui des-
,
il est difficile de comprendre pays des Sabe'ens (3). Il n'eût pas mal
fait de remarquer en quatre mots
pourquoi les anciens ont feint que Cinyras était passé de l'île de Cy-
que Vénus cacha ou même qu'elle pre dans l'Arabie, ou que Myrrha s'é-
enterra ce sien mignon sous des tait embarquée dans celte île. Lorsque
laitues (K), puisqu'ils observaient Adonis naquit, sa mère avait déjà été
métamorphoséeen l'arbre d'où coule la
que cette plante rend inhabile à myrrhe. Nous apprenons de Ptolomée
l'acte vénérien. On compren- fils d'Héphestion, que Vénus, cher-
drait peut-être leur allégorie s'ils chant Adonis dont elle avait su la
,
avaient entendu par-là que Vé- mort, le trouva à Argos, ville de Cypre,
dans le temple d'Apollon Ery thien. 11
nus avait m.is sur les dents son
y avait donc des gens qui disaient qu'il
favori , et qu'elle l'avait fait tel- avait été tué dans cette île. Properce
lement passer par l'alambic, qu'il est de ce nombre, lorsqu'il dit dans la
terra damnata , et qu'au caput TesUs, qui niveum quondain percussii Ad»-
nim
mortuum des chimistes; mais ils Kenanteni Idalio vertice , durus ttper,
qu'il soit mort de sa blessure (L). Vénus (4). Strabon dit que Byblos
était le séjour du roi Cinyras, et qu'on
{q) Plolem. Hepiixst. apud Photium
pag. 473. (i) Voyez Meursiust^e Insulâ Cypro, lib. II,
(r) Scholiasl. Theocrifi, advs. 21 Eidyll.
, cap. IX.
y . Zenobius et Aposlolius in Proverb. (2) Âpollodor. , lib. III ,
pag. 338.
[s) Val. Prob. in Ecl. X. Virgil. ex Pbilc- (3) Ovid. Metam., lib. X, vs. 480 et 5iî.
stepliano. (4) Paosan. in Breoticit.
TOME I. i5
2a6 AUOÎ^ IS.
y voyait des temples d'Adonis à Vénus de ce qu'elle avait (5). du mal ,
Notez qu'Antouius Liberalis conte que inspiré à plusieurs d'entre elles de Fa-
Myrrha, qu^il appelle Srayrna était mour pour les mortels Afin d en tirer ,
ne'e au mont Liban et que son père vengeance , elles chantèrent devant ,
s'appelait Theias (6). Apparemment Adonis quelques airs qui lui donnè-
Panyasislui avait donné le même nom, rent une passion violente pour la
et non pas celui de Tlioas, qu'on lit chasse. C'est peut être par-là qu'il de-
aujourd'hui dans Apollodore (7). On vint odieux à Diane car gens de j
le lit aussi dans Probus sur la X*. églo- même métier ne s'aiment pas trop.
gue de Virgile avec cette circon- Quelques-uns ont dit que la colère de
,
stance, que ce Thoas étai t roi de Syrie Diane fut cause qu'un sanglier tua ce
et d'Arabie c'est d'Antimaclius que jeune homme(i2).
:
n'a été guère remarqué par les an- Vénus s'étant fait amener ce sanglier,
ciens écrivains je m'en étonne car le querella rudement j mais qu'il lui
:
,
il était connu d'un chacun. Les pein- fît ses excuses sur la passion violente
tres en faisaient la matière de leurs qui l'avait saisi à la vue d'une si belle
tableaux, tout comme du ravissement cuisse. 11 la voulut baiser, et le fît
de Ganymède c'est ce que Plaute: d'une manière trop emportée. H en
nous apprend : eut tant de regret, qu'il trouva que
Ms. Die mihi: numrfuà vtdhti tabulait! pictam
ses défenses méritaient d'être coupées,
in parietSy lui-même (i3;. C'est
et qu'il les brûla
Ubi atjuila catamiluni raperel , aul ubi ainsi qu'un écrivain docteet poli (i4)
Venus Adoiieum ?
a expliqué le dernier vers de cette
Pï. Scep'e (8). idylle de Théocrite. Les éditions por-
tent Ïkxii Tcèç ipcDTtiç, cxcussit atiiores;
(C) Le ciel lui sembla un séjour peu
mais croit qu'il faudrait lire hJ^ôvrcti
il
agréable en comparaison.,., des bois
dentés, au lieu d'êpoiTitç- Ce terrible bai-
où. elle suii^ait Adonis qui était un ,
ser me fait souvenir d'une pensée du
grand chasseur.'] Lisez ce passage d'O- cavalier Marin il introduit le dieu
:
vide :
Pan , qui se vante que les taches qu'on
j4bslinet et cœloi cœlo pitsferlur Adonis. voit sur la lune sont les impressions
Hune tenet: huic cornes est : assuetatjue sem~ des baisers qu'il lui a donnés. II fallait
perin uinbrd
Indulgere sibi formainque augere cûlendo, qu'il y allât d'une grande force. Quelles
,
ADONIS. 127
xréritable explication lïe ce i^e/'i, dit-il, tus essetjuturus in luctu
(20) ? Saint
est que le sanglier Tm Truft yrpuTikBait , Augustin approuve cette raillerie :
en se jetant dans le Jeu, Ïkxh tocç 'îpai- Sacra sunt f^eneris, dit-il (21;, ubi
1*5 , brilla en même temps ses amours. amatus ejiis Adonis aprino dente ex-
Il Y a non-seulement de la rai son y stinclus jui'enis Jnrmosissimus plangi-
mais de la finesse , à dire que ce san- liir. Les peuples de
Syrie étaient en-
glier, briilé auparat'ant parsonamour, core plus fous à cet égard-là que les
aidait trouvé a son tour le secret de le Grecs , puisqu'ils ne se contentaient
briller. Politien a bienfait valoir cette pas de gémir et de pleurer ils se
,
donis pour Tune des principales fêtes qu'Adonis avait recouvré la vie. Lu-
des Athéniens. Presque tous les peu- cien , qui nous apprend ces circon-
ples de la Grèce la célébraient les : stances , dit aussi que les Syriens pré-
femmes y jouaient le principal per- tendaient qu'Adonis avait été tué par
sonnage en pleurant la mort de ce
, un sanglier dans leur pays (22). Voyez
falant, ou de ce mari (16) de Vénus : la remarque (/), où nous dirons entre ,
''émince miser abili planctuinprirnœi'O autres choses , que cette fête se célé-
flore succisani spem gentis solitisfle- brait encore à Alexandrie, au temps de
tibus conclamabant, ut lacrymare cul- saint Cyrille. La procession était pom-
trices T^eneris sœpè speclantur in so- peuse puisque la reine même y portait
,
Diphilus, rapporté par Athénée fiS). dans des fontaines. Voyez Hesychius,
On n'oubliait pas de dresser deux lits, Zenobius , Suidas , le Scoliaste de
dans l'un desquels on couchait la fi- Théocrite , cités par Fasoldus , aux
gure de Vénus, et dans l'autre celle pages ^5 et 76 de sou lérologie des
d'Adonis. C'est ce qu'on apprend de anciens Grecs. Les jardins d'Adonis
ïhéocrite (19). Les esprits forts se ont passé en proverbe, pour signifier
moquaient d'un culte de religion qui une chose de passade, et qui n'est pas
consistait à pleurer : Çuid absurdius faite pour durer. C'est manifestement
qu'am. homines jam morte deletos
. . .
en ce sens-là que Platon, que Plular-
reponere in Deos, qu&rum omnis cul- que, et que l'empereur Julien, se sont
servis de ce proverbe, dont l'origine
(16) Fenus, dam l Idylle XXX'. de TLéo-
crite , le nomme son mari. venait de ces pots et de ces corbeilles
de fleurs qu'on portait en procession
'SU //.OU TOV a.vé'p' «Tw^stç-
Tun' meuin virum percussisti?
pendant la fête d'Adonis. Voyez Eras-
me à l;i page 23 de ses Adages. Au res-
Bion dans Vldjlle sur la mort d''.4donis repré-
te, il y a de l'apparence que la célé-
,
(!•;) Amm. Marcel. lib. XIX, cap. I , (22; Luciaous, de Deâ SvrlS.
(i8) Alben. , lib. , pag. 392. VU (23) Theocrit. Eidyll. XV. Voyet U sommaire
^»9> Tlieocnt. Eidyl). XF. dt celle lùflte
,
ADONIS,
brafion tle cette fête n'a pas moins religion et de la mythologie païennes.
duré à Antioclie qu'à AlexanJrie. Ju- Un des interlocuteurs de Piufarque
lien TApostat fit son entrée clans la soutient fort sérieusement et fort gra-
première de ces deux vilKs, l'an 36i ,
vement qu'Adonis ,
et Bacchus sont la
lorsqu'on y célébrait la fête d'Adonis, même divinité, et que les Juifs s'abs-
Athénée ajoute que cela signifiait Vé- voulut point des vacances que Jupiter
lui avait données iJ y renonça en fa-
nus et Bacchus; car tous deux l'aimè- :
ayant vu le bel Adonis dans l'île de mois à Vénus et six mois à Proser-
,
Cypre, en devint amoureux , et l'en- pine. 2°. Que Vénus indignée qu'on ,
leva (28). Ce que Plutarque ajoute ne lui donnât qu'à moitié ce qu'elle
voulait avoir tout entier elle seule
est curieux, et pourrait en un besoin
inspira à toutes les femmes de Thracn
faire leçon à ceux qui nous donnent
tant de généalogies orientales de la
un tel amour pour Orphée, fils de Cal-
liope , que chacune le voulant ôter
(24) Amm. Marcell. , lib. XXII, cap. IX. aux autres, elles le mirent en cent
(a5; Plutarcl.. in Alcib. ,
pag. 100 ; in Niciâ ,
ADONIS. ooy
pièces. L'une des plaintes que Venus mois que les jours sont si courts et les
fait de son fils dans les Dialogues de iniin si Ioniques.Dans les pa^'s dont je
Lucien, est qu'il Tenvoie courir tantôt parle, la drUercnce du plus lon^ jour
sur le muit Ida pour Anchise, tantôt de l'année, et du plus court, netlonnc
sur le inont Liban pour le bel Assy- point lieu à celte expression. Il y au-
rien, dont il lui enlevait la moitié , rait bieu d'autres choses à corri 'er
*'
par le soin qu'il avait pris de le faire dans l'Adonis de cet auteur.
aimer de Proserpine. (33 Arnobe(34) (I) Que le prophète Ézéchiel a
et Cleini;n{ Alexandrin (35) ont parle' parlé de la Jttc d'^4donis.'\ Saint Jé-
des amours de celte dernière déesse rôme a cru que le Thamraus de cts
pour Adonis : et c'est sans raison que paroles d'Ézcchiel HtneJ.t entrer par
:
ziriac est l'auteur de cette dernière bord on pleurait Adonis comme mort;
remarque. Voyez la page ^o3 de son et puis on le chantait et on le louait ,
achever l'année chez Cérès. Les an- de f^énus l'y recevant , cessaient de
ciens n'étaient point assez féconds , pleurer, après avoir ouvert la lettre
ils appliquaient à trop de sujets le comme si f^énuseiit letraurc srm Ado-
denoOlment de leurs fables. D'ailleurs, nis. Lucien dit qu'il a vu à Byblos la
l'Egypte la Phénicie l'île de Cypie
, , , tète de carton que les Egyptiens y
qui ont été la scène d'Adonis, ne sont envo3'aient tous les ans, sans autre cé-
pas assez éloignées du soleil depuis ,
rémonie que de la jeter dans la mer.
le mois de septembre jusqu'au mois
Les vents portaient tout droit à By-
la
de mars, pour qu'on puisse dire qu'A- blos dans sep t jours, qui était le temps
donis est alors dans le sépulcre ou ,
200 ADONIS.
ordinaire qu'on employait pour pas- plus raisonnable dépenser que Nicanr
ser d'Egypte à celte -ville. Procope de der a parlé de cette laitue comme
Gaze raconte ceci tout de même que d'un aliment d'Adonis, que de croire
saint Cyrille (44)- Selon ce dernier qu'il en ait parlé comme d'un asile
les Grecs croyaient que Vénus était qu'Adonis chercha contre le sanglier.
descendue dans les enfers, pour le re- J'avertirai mon lecteur, que M. de
couvrement d'Adonis et comme ils la Monnaie n'est pas de ce sentiment.
:
disaient qu'à son retour on avait su Voici une remarque qu'il a bien ,
lait que les commencemens tristes et » (fuyeiv des manuscrits est préférable
lugubres delafête se terminassent par » de beaucoup au noiTiK^u.'yctiv des im-
_.':...; J.._
primes. at: i'
-1 1 _ .1 1 ;«. : .'_
de grandes réjouissances Nicandre dans l'endroit .
j) ,
{K) Sous des laitues.^ C'est Calli- » que cite Athénée, parle d'une sorte
machus qui a dit que Vénus cacha » de laitue sous laquelle dit - il , ,
Adonis sous des laitues (46). Selon » Adonis s'était réfugié lorsque le ,
Cratinus, elle en fit autant à Phaon, » sanglier le tua. Cela fait un fort
pour qui elle avait beaucoup d'amour. >) bon sens au lieu qu'il y en aurait ;
Qu'avait fait Athénée de son bon sens » trop peu à dire que c'est de cette
lorsqu'il avança que les poètes ont 3) laitue qu'Adonis avait trop mangé
voulu signifier par une semblable al- )) lorsque le sanglier le tua l'expres- :
légorie , que les laitues causent une )) sion ne serait ni claire ni suivie,
espèce d'impuissance à ceux qui )) et ce ne serait qu'un mélange con-
çu mangent ordinairement? Si elles » fus de l'allégorie et de la fable. Il
avaient cette vertu , Vénus les aurait- » faut prendre garde de plus queÙpUtt^
elle choisies, pour en faire une cou- » étant du féminin, il faudrait «cou
verture à ses mignons? Ne les eût-elle « îh Ka.'rçt^etyèv, parce que aloi's cî/ se
pas abhorrées jusqu'aunom et à lavue? » prend adverbialement pour quo.^ »
ii'eût-elle pas craint que leur simple II est certain que Casaubon a préféré
Vénus l'enterra sous des laitues d'où : nfù-^cti (5o), in pulchris /actuels abdi-
il infère que cette plante n'est bonne disse mais il aurait dû prendre garde
;
que pour les morts (47). L'origine de qu'Athénée ne les rapporte qu'après
tous ces contes pourrait bien être ce avoir cité un long passage d'un poète
que l'on disait ,
qu'Adonis , ayant bien qui a dit que si quelqu'un mange de
mangé d'une certaine laitue qui crois- ces laitues il ne peut rien faire avec
sait dans de Cypre fut tué par
l'île , une femme (5i). Remarquez bien que
lin sanglier.Ceux qui feront rétlexion les paroles de ce poète suivent immé-
sur l'endroit où le sanglier le blessa diatement ce qu'a dit Nicander. Or
trouveront sans peine le dénoûment c'est un signe qu'Athénée n'a point
de tout ceci. Adonis était devenu im- écrit oS na.Tct.i^uyei]/, mais mv ou iiç xctT*-
puissant pour avoir trop mangé de <fa,yùv. C'en est un signe d'autant plus
ces laitues voilà pourquoi on a feint
: clair, que nous voyons que cet auteur
qu'après cela il reçut à l'aine une bles- ayant cité Callimaque ,
qui a dit que
sure mortelle. Il ne faut donc point Vénus cacha Adonis sous des laitues ,
préférer le mot xaTi»<^!/yav à celui de observe que c'est une allégorie desti-
xa.Tai<^a.yciv (48) ; et il est beaucoup née à montrer que ceux qui mangent
ordinairement cette herbe devien- ,
^44) Pfocop. Gaj. Comment, in Esaï. , cap.
XVIII. nent lâches et invalides par rapport
(45) 'Av«x6ot'3->)c i'i i^ AJût/ x.a,i [j.n\ «.cti à cette déesse : Axxn-j/o/ic.t/vTûiv Tâvwoix-
l<n tla-ÔiVÙs ÀifpoS'io-ict OJ
iiupi^Bctt KiyoÔTKç tÔv ^yirovy.iiov a-ouvii- 'Tûëv ilO-ï TTfOi
ADRASTK. 23i
«ri/v«;t^c XtStîy'jt èfîSu.^t, Ed quidem " incommodes. On eu trouve un exem-
allegoi id fioëiis iniiuentibus , qui assi- » f'ie dans le I*"". livre de Samuel ch. ,
due l'ictucd l'cscuiitur , ad ytnerem » VI, vs. 4. Adonis, ayant été blessé
eue iiifa/idos. 11 ne faut point se faire " dans l'aine, et étant guéri de sa bles-
une atiaire de ce que Nicander aurait >' sure, il consacra un phallus d'or....
mêlé fort confusément l'allegone avec » L'on avait un très -grand rcï^pect
la fable ^caries poètes sont tout pleins » pour cette ligure dans les mystères
de ce mélange. Remar^iuons de plus « d'Osiris ,5-;). » Nous trouvons ici la
qu'il a entendu très-mal le mot qu'il contirmation de la remarque précé-
a voulu expliquer: Bcév&iv xé'jîs-Sstf ^vo-i dente les nuages se dissipent^ on
:
çrapi Kî/Tf/oiç fif.Uxx.x (Si). Liclucam commence à voir le jour. Vénus crut
h Cyprtis dicit vacari Brenthui 11 a avoir perdu pour jamais , non pas la
pris un sapin pour une laitue (53). vie mais
, le sexe de son mari soit ;
disciple de Chiron, avait guéri Ado- remontant aux supérieures son san-f :
nis de la blessure du sanglier. Les cé- glier l'image du froid et par consé-
, ,
» crer des figures d'or des parties du fille de Polybe , roi de Sicyone ,
« corps dans lesquelles ils avaient été
g'^cquit une grande réputation
{5i)Mheosui,iib. ri,cap. xxriii,p.6g. daus la fameuse guerre de Thè-
f53) Vorei !a Bibliolhéijue Universelle tom
Iir^pa^'.iS. bes où il s'engagea pour sou-
,
aSa ADRASTE.
gendre (A) , qui avait été exclus vieillesse qu'il en mourut de ,
stant les conventions passées en- qui avait pris la ville de Thèbes.
tre eux. Adraste, suivi de Poly- C'est une marque qu'il fut en per-
nice et de Tydée son autre gen- sonne à la seconde expédition
dre , de Capanée et d'Hipponié- (D) de quoi pourtant il n^j a ,
don , fils de ses sœurs , d'Am- guère d'écrivains qui aient parlé.
phiaraiis son beau frère , et de Ceux de Mégare honorèrent beau-
Parthenopée (c) , marcha contre coup sa mémoire mais ce n'é- ;
cette expédition des sept Preuxy que firent ceux de Sicyone (E).
qui a été tant chantée par les Ceux-ci lui dressèrent un tom-
poètes. Ils y périrent tous , à la beau au milieu de leur grande
réserve d' Adraste que son cheval place, et lui instituèrent des fêtes
sauva. C'était un cheval d'impor- et des sacrifices qu'ils célébraient
tance nommé Arion il en fau- ; chaque année pompeuseinent. On
dra parler en son lieu. Cette pre- peut voir dans Hérodote com-
mière guerre fut suivie de quel- ment Callisthène , tyran de Si-
ques autres; car Adraste, n'ayant cyone fit cesser ces choses en
,
pu obtenir les corps des Argiens haine des Argiens (/). Il faut sa-
qui avaient été tués devant Thè- voir qu' Adraste avait été roi de
bes , eut recours aux Athéniens Sicyone (k) , en vertu du testa-
{d) qui , sous la conduite de
,
ment de Polybe son aïeul mater-
Thésée , contraignirent le nou- nel chez qui il se réfugia une
,
dare (o) et dans son vieux sco- fut retiré chez Adraste. Ils content que
femme de Tydée (p) mais il eut cause qu'Adraste leur fit épouser ses
;
mésis , et que de là vient qu'elle léagre qui avait tué ce furieux san-
glier. On rapporte mal dans le même
a eu le nom d'Adrastée (H). Mais Supplément l'oracle qui avait été ren-
jene doute pas qu'ils ne le con- du à Adraste.
fondent avec un autre Adraste. (B) La guerre des Epigones.] Si l'on
Celui qui bâtit le premier autel avait bien pris garde en composant
le III*. volume de Moréri que cette
à cette déesse , le bâtit sur la ri- guerre n'est postérieure à la précé-
vière d'^Esèpe , dans la Phrygie deute que de dix ans on n'aurait pas ,
(q). On ne
trouve point que no- traduit le mot à^ Epigones , par ceux
qui naquirent après le siège de Thè-
tre Adraste ait jamais été en Asie
bes on se serait contenté de dire :
:
(n) Horaer. Iliad. , lib. II , es. 79. Jit un bon accueil et lui donna sa fille
(o) Pindar. Nera., Ode IX. Amphitée en mariage; mais cela même
(p) Stat. Theb., lib. I, i's.3g3. est fort éloigné d'Hérodote, qui dit que
Antimachus
{ç) apiicl Strabonem , lib. Polybe laissa son royaume par testa-
XIII pag. 4o5.
,
(i) Paasan., lib. IX, pag. 286.
(r) Homer. Iliad. , lib. II, i>s, 337- (2) Il est dans le Scoliaste d'Euripide
ad
(5) Herod., lib. I , cap. XXXV , et sei/. Ptœniss. , fs. .'(iS. yo/ei aussi Stace , Thfb. ,
l. I, vs. 390.
234 ADRASÏE.
ment à Adraste fils de sa fille. Voyez plus la souveraine puissance (8). Ce
]a remarque suivante. La citation poète ajoute qu'Adraste arrêta le cours
d'Hysin est encore plus mauvaise ; de ce mal , et que le mariage d'Eri-
car nygin ne parle point là de notre phyle avec Amphiaraiis fut le lien qui
Adraste , mais d'un autre qui fut père réunit les esprits par la pacitication
d'HippoDoiis , et qui se jeta dans le des troubles. Ampliiaraii>! n'étaitdonc
feu pour obéir à un ordre d'Apollon. pas beau frère d'Adraste quand ce
, par le même
Hipponoiis principe en dernier fut obligé de se retirer à Si-
fit tout autant. L'auteur de VIndtx cyone. Pindare ne dit point que ce
d'Hygin, dans l'édition d'Amsterdam prince fugitif ait épousé la fille du roi
en itiSi donne pour fils à Hercule
,
Poiybe ni que Talaiis ait été tué par
,
moins il prétend que le même Adraste ces deux laits dont le premier est si
,
Pindare qui dit positivement qu'A- fût. Eriphyle fut choisie l'arbitre de
draste ayant recueilli les os de son
,
tous leurs démêlés , et donna gain de
fils , ramena heureusement l'armëe cause à son frère. Apollodore dit en
à Argos (5). Il ne le fait donc point partie la même chose quoique assez
mourir en chemin à Me'gare comme confusément (10). Barthius a mal rap-
fait Pausanias mais ne'anraoins , voilà
\
porté ce que dit Diodore de Sicile
;
deux autorités uniformes sur ce point- car il suppose qu'Ériphyle était fille
ci, qu'Adraste se trouva à la seconde d'Adraste (11). La version latine de
guerre de Thèbes. cet historien , imprimée à Bâle en
(E) En comparaison de ce quejirent i548 dit faussement qu'Eriphyle ad-
,
véritable tombeau était à Me'gare (7). quatre ans de règne quitta la l'ille de ,
en la ville de Sicyone mais par une traires sur les deux royaumes d'A-
;
,
négligence peu excusable on n'a cité draste i je veux dire sur l'ordre et le
personne qui ait dit cela c'est donner tilre de la possession. Voyez l'article
:
cyone à cause des attentats d'Ampliia- compensation dont j'ai parlé. Adraste
raiis et à cause du renversement de la
(8) Pindar. Nem. Od. IX.
famille de Talaiis laquelle n'avait
,
In Slat.
m
,
,
la gloire d'en avoir ramené l'armée prince d'un esprit vaste et d'une
victorieuse , supposent nécessaire-
prudence consommée avait com- ,
ment qu'il y commandait. C'était donc
afin que la balance
muniqué ses mémoires à l'au-
à lui à y périr ,
devînt égale entre lui et les six collè- teur (B). M. de Thon de qui ,
gues qu'il avait eus la première fois. j'emprunte ce qu'on vient de li-
(l) Est assez bon dans le Diction- re, reconnaît ingénument qu'il
naire de Moréri. ] Je n'y ai trouvé
a pris beaucoup de choses dans
que les petites fautes suivantes i°. On :
de le faire fils de Midas et * , petit-fils a point qui lui ait fourni plus
de Gordius conformément
, à la tra- de matériaux que celle-là (a). Il
duction latine d'Hérodote. Je sais bien
trouve étrange que les Italiens ne
ue le texte grec porte qu'il était fils
3 e Gordius, et petit-fils dtf Midas(î3): considèrent pas Adriani à pro-
mais je sais aussi d'une part, que , portion de son mérite. Outre
M. Morérin'étaitpas homme à rectifier cette histoire , on a six Haran-
les versions par les originaux grecs
et de l'autre qu'il y a une leçon
j
gues de la façon de cet auteur ;
,
Muses donnés aux livres d'Hérodote crois aussi auteur d'une longue
ne servent de rien dans les citations ,
Lettre touchant les anciens pein-
et principalement lorsqu'on fait un li-
vre français dun usage aussi populaire tres et sculpteurs ,
qui est à la
que le Dictionnaire de Moréri ; mais tête du troisième volume du Va-
en tout cas il fallait achever l'éva- sari (*).
luation de Clio à lii^re premier.
Il était fils du docte Marcel
* Diaprés celle critique de Barle tes
teurs de More'ri firent la correction qu'il de-
, e'di-
Virgile (c) secrétaire de la répu-
,
:î36 ADRICHOMIÂ.
aux belles-lettres dans l'acadé- Florence avaient fourni bien des cho-
ses (4) a de'bifé qu'on avait conclu
mie. Il lui succéda dans cette ,
mais j'avertis mon lecteur que, selon une chose apparente ? Ne parie-t-il
SI. de Sponde (i) notre Adriani a , pas des chiflres et des secrets du grand-
commencé son histoire à l'an i53^ , et dur de quoi M. de Thou n'avait rien
,
l'a finie à l'an iS-^^. Elle comprend dit ? car commentarii ne signifie point
vingt-deux livres , et fut imprime'e à une accusation
chiffres et secrets. Plus
Florence chez les Ginnfi l'an i583
, ,
, est atroce plus doit-on s'aiTeter aux
,
au flilli
, p«g. 49- vers les Psaumes de David et
,
(3) Genut hominum xuspicax. Tliuan. Hist.
ib. XXXyiI ,
pag. ^49i <"^ ann. i565.
,
composa plusieurs autres Poèmes
A FEU. 23^
sacrés. Jacques Faber d'Étaples prenait quelquefois Je titre de
admirait l'esprit et l'érudition Chrislianus Crucius, et il pu-
de cette fille. Cornélius Musius bJia sous ce nom , à Anvers (a)
eut de grandes liaisons de bonne la Via de. Jésus-Christ, scvec une
et chaste amitié avec elle. harangue de Christiand beatitu-
C'est
ce que François Swert nous en dine , qui avait été prononcée
apprend {a). Je m'étonne que dans un chapitre général [b]. li
Valère André, dont le recueil des mourut à Cologne au mois de ,
pouvait pas ignorer ce que l'au- teur pendant quelque temps (c).
tre en avait dit. («) £„ ,5^,8.
ADRICHOMIUS ChrisTIE?? )
( (A) En Brabant. L'auteur que M,
3
naquit à Delft en Hollande, l'an Morëri et moi citons, sVsprime ainsi:
i533. Ce fut un prêtre zélé pour ^'"^^ C""l?-^«'^^«""* z^'/'-
,- • * ,. * . • , . , sus, V/'Tr
Machliniœ , J rajecli , et Colo'
sa re igion , et qui s appliquait a «^^ „,-^ie (,). j^ „^ joute nullement
l'étude. Il fut assez long-temps que M. Moreri ne se soit trompe eu
directeur des religieuses de Sain- prenant ici Tmjecium pour Utreclit
;
primé avec des cartes géographi- ^'^. lançais comme s ils commen-
ques , à Cologne, l'an i5q3 , in- pi^"^ P^,!; ^- ?" '^^ trouvera à
^^ ^^"re h , selon leur rang,
folio. Cet ouvrage contient, ou-
tre ce que j'ai déjà marqué , une ^RODIUS , savant juriscon-
chronique du Vieux et du Nou- suite du seizième siècle. Cher-
veau Testament. On en fait assez chez Atrault.
de cas et on l'estimerait davan-
,
AFER (Domitius ), célèbre ora-
tage si l'auteur ne s'était pas trop teur sous Tibère et sous les trois
fié au Manethon au Berose, et ,
empereurs suivans , était de Nî-
à tels autres écrits chimériques mes (a). Peu après sa préture ,
du moine Auuius de Viterbe. Il („) Eus^j,. cbroDic, num. 2060.
238 A F ER.
ne se trouvant pas dans une gran- 812 (e). L'on dit que ce fut à ta-
(b) Taciti Annal. , lib. ir , cap. LU. (e) Tacit. Annal. , lib. XIF, cap. XIX.
(c) Nisi quodœtas extrema mulliim etiam if) EuseL. Chronic. , num. 2o6o.
floqiicnliœ dempsit , tl'um fessa meute letinet (^) Quintil. , lib. V, cap. Vil, et lib.
silentii iinpatientiam. Taciti Annal., lib. IF, VI, cap. III. Vide eliam PJin. Epist. XIV,
cap. LU. Voyez dans la remarque (Cj le lib. II, et i^iCatanœuni pag. I2I- ,
passage du chap. XI du XII'. livre de Quin- (h) Dio Cassius lib. LIX, ad anmtm 792.
,
(ilien.
(il // lut son plaidoyer.
{d) Tacit. Annal. , lib. IV, cap, LXVl. (k) Dio. lib. LIX.
,
,
A FER.
et vous en dira des circonstances posèrent qu'après un certain âge il ne
fallait plus songer à procréer des eu-
curieuses (E). L'abbé Faydit ,
fans soit à cause de l'extinction soit ,
dans ses Remarques sur Virgile, à cause de ,
être les plus diligens à se retirer , naire des fruits insipides {6). Je dis ,
parce qu'ils ont plus de besoin que pour l'ordinaire; car sur toutes sorte*
les autres d'un grand feu d'imagina- de sujets on a de fort excellens ou-
tion cependant il ne leur arrive que
:
vrages composés par des vieillards.
trop de se tenir dans la carrière jus- (C) Quintilien.. s'etaitjort attaché
qu'au dernier déclin de l'âge. Il leur à lui. ] Cliarles Etienne , Lloyd et
semble qu'on a condamné le public à Hofman dans leurs dictionnaires, Glan-
boire jusques à la lie tout leur pré- dorp à la page 3o6 de son Onomasli-
tendu nectar. Mais si autrefois les lé- con et plusieurs autres remarquent
, ,
gislateurs renfermèrent dans certai- que Quintilien nous apprend cette
nes bornes le temps où on se pouvait I
particularité au livre V Confitetur :
marier (car ils défendirent aux fem- senem Domitium sibi adolescc/ilulo
mes de cinquante ans el aux hommes , culium ; mais ils disent tous qu'il
de soixante de le faire (3) et s'ils sup- ,
ajoute que l'autorité que Domitius
(i) Dio CbssÎus ad ann, 792, avait eue était fort diminuée Sed :
, P(t§. ''Sa.
(2) Horal. Epist. /, lib. l\\s. 7. priore autoritnte multiirn imminutâ.
(3) Çuid est quare npud Poëlm fallacissimus Je n'ai point trouvé cela dans cet ea-
Jupiter dfsierit librros lutlere ? Utrwn sexnge-
ciariHs factus eu et dit lex Papta fibuiam iin-
^ (4) Virgil. Georg. , lib. III, vs. oS.
posuit? Laclant. Ub. I , cap. XVl. CapUi
, (5; Plin., hb. rill, cap. XLII.
PapicB Pofjpeœ legis n Tibeito Cœsaie, quasi (6) Vu-iei. Baillel, Jug. sur les Poètes, lom.
sexageiiani generare non pussent^ addito obro- III, pag. 246- Voyei. aussi ce qu^U dit des e'crits
gavii. Suelon. in Ciaiid. eap. II, et ibi
, XXI co'uposés en vieillesse , iom. /*^. det Jugcn*.
GommemaWrtt. de» Savens, pag. 383.
9.f\0 AFER.
droit de Quintilien. Siifficiebaiit , dit- nous reste de lui , parle de Domitiu8
il (^)aiioqui lihri duo a Domiiio
, Afer. Ainsi , lorsque Scaliger avance
-Afro in hanc rem compositi , quent dans ses notes sur la Ciironique d'Eu-
ado/escentulus seiiern colni , ut non scbe , que ce qui a été dit de cet ora-
lecla mihi tanlùm eu , sed plernque teur par saint Jérôme a été pris de
ex ipso sint cognita. l\ aurait fallu Suétone il faut nécessairement qu'il
,
citer le chapitre XI du Xli^. livre de ait égard à des livres qui se sont per-
Quintilien. CV-st là qu'on trouve la dus depuis la mort cfe ce ])ère. M.
décadence de l'autorité de notre Do- Hofman nous donne deux Domitius
mitius , et l'on y trouve comme la Afer au lieu d'un, et tombe dans la
confirmation du précepte que l'au- mauvaise citation que l'on vient de
teur venait de donner touchant la re- censurer à iVl. Moréri.
traite que les orateuis doivent faire Le plaidoyer de ce prince,^ Ca-
(J))
quand l'âge ne leur permet plus de Hgula était si charmé de cette pièce ,
soutenir leur première gloire. JVon que lorsqu'un de es affranchis qui
quia prodesse unquam salis sit, dit-il avait fort contribué à l'apaiser, lui
(8) , et iltâ menle , atque illd Jacul- voulut faire des reproches touchant
tate prœdito non confeniat opnis pul- le procès intenté à Domitius , il lui
cherrimi quitm longissimum tenipus ; répondit Je ne devais pas supprimer :
sed quia docet hoc quoque pfospicere , ^n discours de cette importance. C'est
ne quid pejus quarn fecerit Jaciat. Ne- autant que s'il avait dit Quoi ! j'au- :
que enim scientiâ modo constat orator, rais tra^'aillé inutilement h ce plai-
quœ augetur annis , sed i'oce , late- doyer? j'aurais mieux aimé renoncer
rum firmitate quibus J'ractis aul im- aux louanges que ma rhétorique méri-
;
minulis cetate seu laleludine , ca- tait , que d'exposer la lue de Domi-
,
uenJum est , ne quid in oratore sum- tins? Il n'y a que trop de grands qui
mo (lesideretur,neintersistatjatigatus, prendraient cela pour un grand dés-
ne quœ dicat pariim audiri sentiat, ne ordre ils croient que tout doit être :
5e queratur priorem. f^uli ego longé sacinfié à leurs passions. Ceux qui ont
omnium quos mihi cognoscere con- dit que le cardmal de Lori'aine aima
,
(7) Quintil. Instit. , lib. V, cap. Vil. (9) Vorei la remarque (0) de VarUcle de
'.%) Ibidem . lib. XII , cap. XI , inUio. CharUs Je Louraihe.
,
A FER. 241
Domifins Lucanus eut part à Tlieri- ac ne in lectnlo quidem, nisi ab aliis
tage de Mantia quoique celui-ci eût mot'ebiUur. Quincùam, jœdum mise-
,
pris bien des pre'cautions pour Ten ramlumque dictu dentés loi'andos , ,
mourir (i i). Les paroles de Pline, qui sordide ! quelles ruses C'étaient de !
nous apprennent tout cela, et qui semblables gens qui trouvaient leur
contiennent tant de caractères des compte auprès de ceux qui briguaient
mœurs , méritent d'être rapportées : des successions.
ylccepit ( uxor ) amœnissimas rilfas ^
oniinus tanien et tiotnini rex
accepit magnaui, pecuniani uxor opti- Si vis tujieri^ nuUus tibi par^'ttlus aida
rna et paùentissima : ac tanto meltiis Liiseril yEneas , nec filia duhtor illo.
de uiro mérita, quanta ntagis est re- Jucundwn et carum sterilis fuctl uxor aini-
cutn (i4).
prehensa ,
qubd mulier nupsit. Nam
nalalibus clara mnribus proba œta- , , Mais si cette avarice était lâche ,
te dccUwis diii l'idua mater olim,
, , celle des gens qu'elle dupa ne l'était
pariirn decoiè iequuta niatrimonium pas moins. Ils eussent été moins blâ-
videhatur dii'itis senis ita perditi mables s'ils eussent brigué la faveur
niorùo ut esse tœJio posset iixnri
, , d'un homme qui n'aurait point eu
quant jui'enis sanusqiie duxiaset. d'enfans, et s'ils n'eussent point crié
Quippè omnibus nienibris extoi tus et contre Domitius Tullus après sa mort.
Jraclus Lanlas opes solis oculis obibat :
On se moqua de leurs plaintes qui fai-
(10) Fuil fralrilius Mis quasi Jaio âaltim ut (12) piinius, Epist. xyiii, lib. Vin.
divites Jierent invitissimis à qnihiit facti fssent. (i3) Dans l'une des remarques de l'article de
Piioii Kpisioia xriii, iih. Vin', p,ig. 492.
(11) Ibidem ,
pag. IjÇi'i i4) Juvenal., Sat. V, ivr. 137.
TOiME I, 16
AGAR.
saient connaître leur honte on loua j depuis long-lemps (B) pria son ,
proauo, quasi orbi querantur : alii succès que sa femme s'en pouvait
contra hoc ipsum hmdibus feriint , promettre sa femme dis-je, car ,
;
ouod sit frustralus impiobas spes ho-
c'était pour son compte qu'elle
iiLinum , quos sic decipere pro mori-
bus temporuni piudentia est (i5). souhaitait que sa servante fît des
XVIII, Ub. FUI. eufans et n'en pouvant donner
; ,
(,5) Plinii Episiola
par elle-même à son mari elle ,
Rome 8i8. Il avait une raison choses et surtout que ces prières ,
comme font les Juifs (A), qu'A- rent ing redore ad ancillam nieatn
,
sij'ortè ,
sait que Sara , se voyant stérile m'a empeschée d'enfanter; viens je te prie , ,
élevé chez son père jusqu'à l'âge égyptienne, dont il eut une dou-
de quinze ou seize ans pour le zaine d'enfaus qui s'emparèrent
moins (F). On ne sait pas si la de l'Arabie et la partagèrent en- ,
concorde des deux femmes fut tre eux cf;. Les rabbins ont avan-
bien grande pendant ce temps- cé une autre fable , savoir qu'Is-
là; mais on sait qu'enfin Agar maël ressuscita avant que de naî-
fut obligée de décamper avec son tre; car, disent-ils, sa mère per-
fils. Sara le voulut absolument, dit son fruit en jninilion de sa
et cela pour avoir vu qu'Ismaël vanité et par les fatigues du
se moquait de quelque chose (G). vojage;mais sa déférence pour
Abraham congédia la mère et Vange , qui lui conseilla de s'hu-
l'enfant avec un très-petit via- milier sous sa mattresse, obligea
,
superstition des Sarrasins , qui ayant enlevé Sara lui donna sa pro- ,
rapport très-éloigné entre Agar jy/a fille il uaul mieux que tu sois
,
autres présensqu'il lui fit, il lui donna OBTEMPERANTER Tiullâ inteiupei aliter
,
des servantes (5). S'il lui donna celle- (il) 11 s'était déjà servi de cette ex-
!
sît entre les personnes dont la condi- non ad expleadani libidinem , nec
tion était de servir. Je croirais volon- insultans sed potliis obediens con-
,
dant dix ans il l'a éprouvée stérile mains d'un chacun seront contre lui.
(8) j absurde conséquence, tant parce S'il était permis de cherclier ici des
qu'il y avait plus de dix ans qu'A- types à la saint Augustin, ne dirait-
braham était marié avec Sara lors- on pas qu'Ismaël a été l'emblème de
,
ille acquiesceret deprecanti ; et la ver- tous les pays fournissent de ces copies
sion de Genève Et Abraliani obéit h d'ismaè'i. 11 y a même de ces co})ies
:
preuve. Ismaël avait quatorze ans lors- passe-temps l'idolâtrie le jeu d'a- , ,
que Isaac naquit; car il était né lors- mour, et un combat à outrance. Pour
qu' Abraham avait quatre-vingt-six ans prouver la troisième signification, on
(i5), et Abraham était âge de cent se sert du chapitre XXVI de la Ge-
ans lorsque Sara enfanta Isaac (16). nèse où il est dit ([u' Abimelech re- ,
Or celui-ci était sevré avant que l'on gardant par la fenêtre fit Isaac se
chassât Ismaél donc etc. Je ne jouant auec Rébecca sa femme. Mais
; ,
j'aurais donné une plus longue durée de le prendre pour une certaine pri-
au séjour d'Jsmaèl chez Abraham que vauté qui prouve entre honnêtes gens
celle qu'on vient de lire. Voyez la re- qu'on n'est point frère et sœur, mais
marque (H). mari et femme car c'est la conclusion ;
le fih d'Agar se moqua de Sara ou d"I- Sara fut si choquée se passa à l'occa-
saac, ou du festin qui fut fait quand sion du festin qui fut donné lorsque
On sevra Isaac, ou de telles autres l'on sevra Isaac il faudrait qu'Ismaèl ,
clioses ou bien s'il fit trop le fami- eût été chassé à l'âge d'environ seize
;
lier et le supérieur avec Isaac, ou enfin ans. Que si l'on suppose que celte
s'il le voulut battre. Il y a des inter- mofjucrie fut de beaucoup postérieure
prètes qui ont là-dessus bien des pen- au festin, on augmentera d'autant
sr'es frivoles car ils croient que Sara l'âge qu'il avait en sortant de chez
;
vit, ou quismaél faisait des actes d"i- son père. Mais prenons la chose au
dolAtrie, ou qu'il poussait le jeu à des pis ne lui donnons que seize ans , ;
impudicités, ou qu'il voulait battre n'est-il pas bien étrange qu'à cet âge-
Isaac Hebrœi nonnuUi accipiunt
: de là sa mère soit contrainte de le porter
lusu idololalriœ , quasi widelicet idoln sur ses épaules, de le mettre sous un
f ingénient et colentem Isniaëlem 1^1-
arbrisseau de le lever, de le prendre ,
disset Sara .Aid i^enereum hune dans ses mains, et de lui donner à
Jiiisse lusum statuunt et detectio- boire ? Qu'on lise cet endroit de l'E-
nem turpitudinis. IVeque desunt qui criture, tout y porte , par rapport à
Isniaëlem fralri neceni molitum esse Ismaél l'image d'un eufant qui est ,
battre, car ils prétendent qu'il lui tira sant que ce fait n'a pas été mis à sa
un coup de flèche pour le tuer (19)- place; car il est expressément déclaré
que Sara fit chasser Ismaël parce ,
(i5) Gen{!se,XKA, 16.
qu'elle ne voulait point qu'il partageât
(16) Gen«e, X.X/, 5.
(17) Àpnd Hieronymnm cnp. XXI in Tra- ,
l'héritage avec
,
Isaac. Ismaël ne fut
dit. Hfbtaïcis. f^ide Salian. Annal., tom. I donc chassé qu'après la naissance d'I-
,
pag. 474* Cornélius à LapiJe, in Gènes., pag. saac; et par conséquent il devait être
iqq
, tient pour certain qu Isaac ne Jut set^re
qnà cinq ans Salian pag. 4^4 <^''* pour la aussi propre que sa mère à chercher
:
,
'
34^ AGAR.
sur les épaules, etc. (21). Je pre'vois sa vie. Quoi qu'il en soit nous ap- ,
que Ton me dira que la version des prenons d'Euthymius Zigabenus que
Si^ptantc , ni la Vulgate , ne diseat pas les Sarrasins honoraient et baisaient
qu'lsmaè'l ait été mis sur le dos d'A- une pierre qu'ils nommaient Brach-
gar , et qu'ainsi l'on doit conclure que than et que quand on leur en de-
, ,
le texte hébreu ne favorise pas nette- mandait la raison, les uns répondaient
ment ma supposition. Hé bien , aban- que c'était à cause qu'Abraham avait
donnons-la le reste du narré me suf-
: connu Agar sur cette pierre les au- ;
fit, et je m'en rapporte au jugement tres que c'était à cause qu'il y avait
de tous les lecteurs qui considéreront attaché son chameau en allant immo-
la chose sans préjugé. La meilleure ler Isaac (24)- 1^6 même auteur dit
solution serait peut-être de dire que que cette pierre était la tête de la sta-
comme Ton vivait plus long-temps en tue de Vénus, la divinité que les an-
ces siècles-là , on ne sortait pas de ciens Ismaélites avaient adorée. Le
l'enfance aussitôt que nous en sortons. formulaire des ana thèmes que doit
Voilà qui serait fort bien, s'il n'en ré- réciter un Sarrasin qui embrasse le
sultait qu'Ismaè'l avait vingt ans lors- christianisme confirme tout ce que
qu'il fut chassé; car il faut que, selon dit cet auteur; car il marque que cette
cette réponse , Isaac ait tété plus long- pien-e est une figure de Vénus (25) ,
temps que l'on ne tétait au siècle des et que les Sarrasins en parlaient com-
Machabées. Or dans ce siècle on tétait me d'une chose qui avait servi à Abra-
trois ans (aa) faudrait donc croire
: il ham pour ce que dessus. Par occasion,
avec saint Jérôme et avec plusieurs je dirai que la pierre qui était adorée
modernes la vieille tradition hébraï- par les Arabes , et qu'ils prenaient
que dont j'ai parlé; savoir que l'on ne pour le dieu Mars était toute noire et ,
sevra Isaac qu'à cinq ans. Je m'étonne toute brute To J'i a.yat.xy.et xi'Soç èç-J
:
que ceux qui la suivent (^S) ne sen- //.iKctç, TiTpii.yoi>voç , à.T!J7ra>T(tç. Stmula-
tent pas la difficulté ; car elle ne laisse cruni auteni est lapis niger quadra- ,
pas d'être grande , quoique l'on sup- tus nullam Jîgurani incisam hnbens
,
pose comme je fais qu'lsaac téta moins (26). Itidciis temporibus priscis Persas
de temps que les Machabées- Jlui'iuni coluisse... Informem .Arabas
(I) pierre sur laquelle ^gar. ]
La lapidem (27). Maxime de Tyr qui ,
raient obligé à faire sou coup à la dé- (24) Euthymius Zigabenas, iV. Panopliâ, apud
robée partout où il en aurait trouvé Vossium Ae iOrig. Idol. Ub. II, cap. XXXI , ,
ainsi dire, avec Dieu tant les songes , puits Zanzani et d'avoir pris garde
,
et les visions qui recoupèrent repré- que la trace du pied droit est plus en-
sentèrent les choses célestes. Les Sar- foncée que celle du gauche , et que
rasins n'auraient osé en dire autant les doigts y sont aiwsi longs que ceux
par rapport à leur prétendue pierre de la main (37). On cacha cette pierre
d'Agar. Scaliger a ramassé une éru- dans une des montagnes de la Mec-
dition très -curieuse touchant cette que lorsque les karmatiens firent mille
pierre de Jacob (3i) ; mais ce que le profanations dans le temple et eu en- ,
savant Pocock a dit touchant celle que levèrent la pierre noire (38). Or, puis-
les Sarrasins honoraient nest pas que Euthymius et le Catéchisme à l'u-
moins considérable. J'en vais rappor- sage des Sarrasins convertis remar-
ter quelque chose. quent que la pierre sur laquelle on
(K) Qu'un rapport très-éloigné en- prétendait qu'Abraham avait eu af-
tre Agar et celte pierre. ] Pour savoir faire avec Agar , ou à laquelle il avait
exactement leur religion là-dessus, il lié le chameau , était au milieu de l'o-
faut consulter Pocock (32). La pierre ratoire , in Ttiedio "oixou tÎç st//^JÏc ; ce
noire qu'ils vénèrent est au temple n'est point de la pierre noire qu'il
de la Mecque à l'un des coins, à deux
, faut entendre cela , car elle est fichée
coudées et im tiers de terre. Ils sup- dans un coin du temple mais de la :
posent que c'était l'une des pierres pierre où se voit la trace des pieds
précieuses du paradis , et quelle en d'Abraham. De plus , encore qu'au-
descendit avec Adam ; qu'elle y fut cun écrivain arabe ne dise que la
reportée au temps du déluge ; qu'elle raison pourquoi on vénère cette pier-
fut renvoyée au monde lorsque Abra- re est qu'elle a fourni à ce patriarche
ham bâtissait le temple ^ et que ce fut les usages dont Euthymius a parlé , il
l'ange Gabriel qui la mit entre les est à croire que la tradition rapportée
mains de cet architecte (33). Elle par Euthymius regarde plutôt la pier-
avait été au commencement plus blan- re où les pieds d'Abraham sont impri-
che que la neige et plus brillante que
, més que la pierre noire ; d'où l'on
le soleil ; mais elle devint noire pour doit conclure deux choses 1°. Qu'Eu- :
avoir été touchée par une femme qui thymius et le catéchiste des Sarrasins
avait ses mois. D'autres disent que les n'ont guère connu distinctement les
péchés des hommes lui flrent perdre erreurs de ces gens-là , par rapport
sa blancheur et son éclat d'autres : au culte des pierres; 2". Que les écri-
avouent qu'on l'a salie à force de la vains arabes ne reconnaissent point
baiser et de la toucher. Ce que saint de rapport prochain et direct entre
Jean Damascène et Euthjmius assu- Agar et la vénérable pierre de la Mec-
rent qu'on y a gravé une tète qui est
,
que. Agar n'y a que voir, qu'en tant
cellede Vénus serait fort difllcile à
, qu'Abraham y posa ses pieds, pen-
prouver par les livres des Arabes. Il dant que la femme d'Ismaèl lui lavait
y a une autre pierre qu'ils estiment la létc. 11 y a une troisième piei're
sacrée , et sur laquelle ils prétendent considérable à la Mecque elle e«.t :
que se voit une figure mais c'est une j blanche , et passe pour être le sépul-
figure de pied et non pas une figure
, cre dismaël ; elle est dans une espèce
de tète c'est la trace des pieds d'A-
: de parquet , proche les fondemens du
braham qui s'appuyait sur cette pierre, temple. De toutes ces choses ,on peut
ou en bâtissant le temple (34) ou pen- , recueillir qu'il est très-facile de trom-
dant que sa bru (35) lui lavait la tête per l'homme en matière de religion .
decipiatur. Ils y trouvent leur comp- garde que vous arrachez Aga-
te et quant à l'autorité et quant au ,
Dialogues de Platon (c) , oii d'ail- livre de son Histoire diverse. J'ai
leurs on lui attribue un bon na- dit ailleurs (m) ce que l'on conte
turel [d). Il y a quelques auteurs de la passion d'Euripide pour Aga-
qui rapportent qu'il était fort thon. La réponse de celui-là est
honnête homme et que sa table ,
mal rapportée dans les diction-
était magnifique (e). Ils se fon-
naires historiques (B). Il semble
dent peut-être sur les festins qu'il que le scoliaste d'Aristophane
donna après que sa première tra- nous apprenne qu'Agathon mou-
gédie eut remporté la victoire fy), rut à la cour d'Archelaiis (C) et :
et qu'il eut été couronné en pré- l'on pourrait conclure des paro-
sence de plus de trente mille hom- les d'Aristophane qu'il ne vivait
mes (g-) l'an 4 de la 90^. olym- plus lorsque la comédie des Gre-
,
piade (h). Platon suppose que les nouilles fut jouée (D) c'est-à- ,
ture de l'amour, dans l'un de ses Il ne nous reste d' Agathon (n).
livres (i) furent tenus le jour
,
que ce qu'on en trouve dans Aris-
d'après ce couronnement au se- tote dans Athénée etc. qui l'a- ,
, .
,
(e) 'Aynioç tÔv TpoTov x.!ti tjiv rp ÀTric^tti (l) Plato in Protagorâ, pag. 220; Athen.,
Scholiast. Aristoph. in Rauas, act. I, se. IT. X pag. Iû6 jEliani Var. Hist., lib. II,
, ;
cap. XXI.
Voyez aussi Suidas in 'A'^â.Sav.
{m) Dans la remarque (O) de l'article Eu-
(_/") Plato in Gonvivio , init. ,
pag. II74-
pag. ripide. Voyez aussi Sclioliast. in Ranas
(g) Id. ibid. ,
1 176.
V Aristophanis, act. I , scen. II.
(h) Voyez Athénée, liv. ,
pag. 217; et
Casaubon. sur Albén. pag. i'^. ,
in, Voyez Saniiic-1. Petiti Miscell. , lib. I,
(j, Dans son Convivium. cap. XIV pag ,
. 5o.
A G A T HON. 249
Aristophane beaucoup arle tragicus est esse quoque comi-
le satirise ,
Agathon que le philosophe Platon tre. C'est ce qu'ont fait Vossius (4) ,
(o) In Thesmophoriazuzis.
mus , interrogatusque ab eo , tiimjam
esset annoruni octoginta , si robur ad-
(A) Poète tragique , et poète comi- huc uUuin seri'arei? Sanè, inquit <(
,
que. ] Personne ne doute qu'il n'ait » non soliim fer sed autumnus snlet
,
topiiane sur la 11*^. ^*ène du I*'". acte cour d'Archelaiis n'était point py- ,
est l'un des interlocuteurs de Platon Euripide qui fit la réponse. 4°- La
dans le qui très certaine-
Festin , et question ne roulait point sur la force,
ment composa des tragédies. Je cite mais sur la beauté et la réponse ne ;
aussi ces paroles de Philostrate , Ksti roulait pas sur les biens de la fortune.
^A-j-itSajv (Tê Tïiç Tfo-yaiSictç TTotinriiç 5°. Ce serait une absurdité que de
, ôv
« Kce/ucifiA trocfijvri x.a.i n^tWiiTt» cTcTê , prendre pour l'automne de la vie l'âge
7rt,K>.etX^'J TûJV lu/^.Silccv TopyiÂi^ii (i). de quatre-vingts ans. 6°. Je ne pense
Enimuerà etiam ^galho tragicus point qu'aucun philosophe de la secte
,
sljluni imitaiur. Je sais bien que ces se rencontrent dans la seconde édi-
paroles peuvent signifier qu'on le loua tion de Lloyd , et l'on y voit même
dans les comédies^ mais elles peuvent plus exactement marqué le prétendu
aussi être prises en ce sens: c'est qu'il témoignage dElien (8). Cette exacti-
fit paraître son habileté et son élé- tude nuit à l'auteur ^ car puisqu'il ,
gance dans les comédies qu'il com- n'ignorait pas en quel chapitre se pou-
posa. Un docte critique conjecture vait trouver la chose , il est plus inex-
que c'est en faveur de notre Agathon cusable d'avoir copié tous les menson-
que Socrace dit qu il appartient à un ges du dictionnaire qu'il corrigeait.
même liomme de composer des tragé- M. Hofman l'a suivi lettre pour lettre,
dies et des comédies et que si quel- et a distingué de cet Agathon celui
5
qu'un ))ossède l'art des tragédies il qui alla à la cour d'Archelaiis. M. Mo-
,
est dès là poè'te comique {•!) Tou o-Ùti^u réri a parlé aussi d'un Agathon philo-
ivéf,oç eivoti Kccy.Cf>Si<tv Kett Tpa.yaiSia.v ÎTri- sophe pythagoricien qui à l'îige de ,
,
ç-ctî-âcti 7r(jlHt , Kttt TOV T£/^V>l Tpa') Cixf'o- quatre-vingts ans , répondit à ce mo-
5T0I6V ovTat Kxi Kceuaié'oTrrAO)/ eîvsti (3).
(4) Vossius, de Poetis Grœcis, pag. Sf), 5o.
£jusdem ojjicium esse tragœdiam
l'iri
(5) Dans la remarque (O) de l'article Eom-
comœdicwujue componere , euvique qui PIDE.
Agatbo, p. 117.
(6) Caroliis .Stcplianus in l'oce
(i) Pliilostr. de Viiis Sophist. , Itb. I. (7) Vo^ei la remarque (0) de l'article Euri-
(2) Kulinius, m
^liani Var. Hislor. , lib. II, pide.
cnp. \XI,
/Jig, 104. (8) -îlian. Var. Histor., Ub. XIII, cap. IF,
(J) Plato m
Convivio , in fine , pag. 1207. Lla,>d, t'oce ÀcATUO.
,
aSo AGATHON.
qu'il soit certain qu'Agathon poète
narque que l'automne donne des fleurs
et des fruits aussi-bien que le prin-
tragique diffère d'Agathon poète co-
temps. Il parle ensuite d'A gathon poète mique. M. Moréri, selon sa coutume,
tragique, et d'Agathon poètecomique. a copié Vossius. Je m'étonne que M,
d'Agathon dans la vue de faire sentir mum est miniis inlerdiim ordinale ,
ce goût (11). Les deux premières ont fieri c'est-à-dire , il est tout-à-
(19) :
point; et si je vous plais., je ne vous di- pensée d'Agathon qu'il fait d'une ,
rai pas la vérité {j-i). Celles qu'Aris- très-belle maxime un mensonge af-
tote allégua signifient l'une que la freux. Combien que les affaires du
, ,
seule chose qui est impos.sible à Dieu , monde dit-il (20) changent quelque- , ,
est de faire que ce qui a été fait n'ait prenant un autre che-
fois de cours ,
été fait (i3) l'autre que la fortune min que le leur accoustumé
:
, et que ,
(il) Guflnm anlilketorum Agathonir dare (ir) Vossins , Institut. Poetic. , lib. /, p. 16.
lib. XIV, cap. f i8) AsatVi. apud Arist. Rlietoric. lib. II,
pov.tumuî. Kuhnius iu JLliani ,
,
(i5) Vossius, (le Poëtis Giacis , pag. Sg. qiiil j a des gasconitmes ou seulement signijie
,
,
AGATIION. 25r
m'étonneraisqir lin correcteur d'impri- ditm non est meliora proponc... nihil
merie n'en eût pas été épouvanté. Car tam ceitum est ex his (jucv timentur ut ,
qu'y a-t-il de plus énorme que de sou- non certius su et formldota sitbsidere
,
tenir qu'il n'est jamais vraisemblable et spernta decipt-.re {i'i). Le cardinal
qu'une chose arrive conformément à Pallavicin s'est fort emporté contre
la vraîlemblance ? Voilà le bel axiome Fra-Paolo qui a pris la réception de
,
que l'on prête à notre Agatlion dans ladoctrine de Zuingle par les cantons
le Prince de Balzac; mais la suite du evangéliqurs comme une preuve ma
,
M espérances et leurs craintes. Ils dé- raétan et scélérat ; donc il est pré-
» tournent quelquefois des évënemens destiné à la damnation. Conséquences
« que tout le moude attendait ; et, ou- téméraires, puisqu'elles trompent quel-
le vrant des passages et des chemins quefois. C'est le cardinal Pallavicin
» inconnus , font réussir des desseins qui le remarque; voici le passage tout
)) apparemment impossibles. » Séné- entier Per tanto chi ascrive le pres-
:
que s'est très-bien servi de cette pen- perita délia nùglinr causa ad una uo-
sée pour rassurer ceux qui s'étonnent lonta die Dio habbia difarla slnhil-
des approches a[)parentes et très-pro- mente prevalere alla rea ; discorre cou
bables de la raaiivaise fortune Com- : pieta probabile e saggia quantunque :
(22) r.oslar, suite de la Défense de Voiture, caution , s'ils veulent faire honneur a
pag. 406. la médecine. Il veut qu'ils ne promel-
(*) no?vXà <r' àsATTaiç KpttîvoiiiTt ètol.
Ka.1 T«t J'oKMÔévT' oÙk niKîa-Oït t*v «T' «(To-
(iT.) Seneca , Epist. XXI^,
pag. 187.
(2/j) Pallavicini, Istor. dfl Concilio, lib- III,
HilTW» -TrifOV iÙflV èidç. C(J/'. y/Il pag. 3o3.
,
, ,
552 AGATHON.
tcnt point trop, qu'ils n'époui^antent que eodem tempore faciendis prcelu-
pas aussi excessii'ement, et qu'ils par- deret :
philosophi offirniant, quibus ille ado- auteur. Les histoires de ces temps
lescens luserit, quiim tragœdiis quo- si reculés {a) ne se sont pas con-
avec Agésilaiis II
silaiis car : ils nageait bien ses avantages , il pro-
disent de ce dernier qu'il fut le fitait bien des occurrences , il en-
sixième roi de Lacédémone. tendait toutes les ruses de la guer-
(b) Pausan. lib. III pag. 82.
re , et il s'était mis sur un pied
, ,
quarante-quatre au règne du fils. Cal- ses nouvelles qu'il recevait une re-
visius cite Pausanias pour cette du-
c'est bien choisir ses témoins.
lation supposée d'un grand triom-
rée :
(B.) Que Lycurgue ait donné des phe (c). Cela vaut la peine d'être
lois a Lacédémone.'] Meursius prouve remarqué afin de désabuser ceux ,
vie eut tout le succès qu'il pou- mes victorieuses jusqu'au cen-
vait attendre; car on fit l'injus- de la monarchie des Perses. tre
tice à Léotychide (A) fils d'Agis renonça de bonne grâce à tous
, Il
de l'exclure de la couronne en ces triomphes pour venir au se-
faveur d'Agésilaiis (a). Celui-ci cours de la patrie, et il la tira
répara , par un grand nombre de d'affaire très-heureusement par
belles actions , ce qu'il y eut d'ir- la bataille qu'il gagna sur les al-
régulier dans cette première dé-
marche; et tout petit qu'il était (i) Plut, in Agesilao pag. 617, E- ,
bien des gens; mais après tout , régné quarante-un (h). M. Mo—
ils n'obscurcirent point sa gloire. réri a fait ici quelques fautes (F).
Il avait été malade pendant les Nous verrons dans l'article de
premiers avantages que l'ennemi CoxoN si Cornélius Népos et Jus-
remporta (f); et lorsqu'il fut en tin ont fait leur devoir sur l'his-
état d'agir, il arrêta par sa va- toire d'Agésilaùs. Ce prince ne
leur et par sa prudence les suites voulut jamais souffrir que l'on fît
des dernières victoires des Thé- son effigie, soit en bosse, soit en
bains de sorte qu'on crut que,
: plate peinture (/), et il le dé-
s'il avait été en bonne santé au fendit même par son testament.
commencement, on n'aurait pas Quelques-uns ont cru qu'il en
eu du pire, et que sans lui tout avait usé de la sorte parce qu'il
aurait été perdu à la fin {g). On n'ignorait pas sa laideur , dijjfi-
ne peut nier qu'il n'aimât la guer- dens formœ suce (m). Jamais per-
re plus que l'intérêt de ses sujets sonne n'a vécu dans une plus gran-
ne le demandait (A); car, s'il eût de simplicité que lui (G). Mais il
pu vivre en paix, il eût épargné savait très-bien loger l'esprit , le
à sa patrie beaucoup de pertes , cœur d'un souve-
et la religion
et ne l'eût point engagée à des rain (H) sous cet extérieur de re-
entreprises qui ne se terminèrent forme et sous cette frugalité phi-
,
vée (^'). Il avait plus de quatre- quer le peu de cas qu'il faisait de
vingts ans lorsqu'il entrejjrit de ceux qui tiraient beaucoup de
mener des troupes en Egyptepour gloire de nourrir et de dresser des
soutenir Tachus qui s'était soule- chevaux pour la dispute du prix
vé contre les Perses. N'étant pas aux jeux olympiques. Il voulut
content de ce Tachus il l'aban- leur faire voir que ce n'était pas
,
Wep. , in Agesil. Vitâ, cap. VI. (/] Plut, in Agesil. circa init. Voyez aussi
(h) Plul. in A^esilao pag, 611 B-
,
, Ciceronis Epislol. ad Famil. XII , lib. V.
(ij IJ ibiJ. 'C.
, , (m) Apuleius in Apulogiâ , pag. 282.
,
fait ce que fit Plutarque (L). ner des rois à Lacédémone (4). Cent
raisons comme ne devaient
celles-là
(n) Plutarclx. in Agesilao , peig^. 6of>, D.
point balancer l'acte Agis j)ar lequel
(o) Pausaa., lib.III ^ P"g- 88 et 96.
au lit de la mort, et en présence de
bons témoins avait reconnu Léoty-
(A) Onjîl l'injustice a Léotychide ,
,
quelque ombrage de voir son épouse (2) Duris,apud Plularcli., in Agesilao, p. Sq'j.
sensible aux visites et aux tête-à-tête (3) Selon les maximes du droit, le léiaoi-
d'un étranger, il fallait exclure de la gnage qu'une personne porte contre elle-mém*
n''eft point reçu.
succession lesenfans qui naissent vers
(4) Plut, in Agesilao, pag. 214.
ce temps-là, où en serait-on? Ainsi, (5) Notez que les anciens donnaient dix mois
»[uand même ce qu'a dit un historien au terme de l'accouchement,
serait vrai,que Timéa ne faisait point Matri longa decemtulerunt fastidia menses.
de scrupule devant ses femmes de don- rorez Virgile, Ecl. I T, vs. 61 et La Cerda sur
,
cet endroit.
(i) Ejc Plut, in Agesilao, pag. 597; el Xe- pa^. $97; Xenophor,
(6) Plut, in Agesilao, irÉ
u.i.h. de Rrb. Graec. , l,b. III, pa^. Ï14, de Ûebus Gra:cis, lib. III pag. 3i4-
,
256 AGESILAUS.
lleguez-leur la loi divine, ils Texpli- minuit prœsentia famnm r\t fat plus
[uent à leur mode. C'est ce que fit
qu vrai qu'à son égard. Sa renommée l'a-
.ysander quand il eut appris
Ly -
qu'un -
vait préce'dé en Egypte , et l'y avait
. , , - . .
prophète de Lacédémone voulait faire représente' sous les idtrs les plus pom-
valoir en faveur de Léotychide un penses. Dès qu'on sut son débarque-
oracle qui défendait aux Lacédémo- ment, on courut en foule pour le voir :
dicacem, menioriœ proditum est. In ciasset. Itaque ciiin ilte Snrdis se itu-
pedes suos ipse plurinia dicebat et in ,-y„j dixuset Tissaphernes eamdem
,
fuisse pusillus et specie aspernandd chemin, ceux (pu cherchent les détours
(10). Les éphores avaient mis à l'amen- et les faux-fuy ans ne le rencontrent
de le roi Archidamus son père, parce point en leurs routes (16). La compa-
qu'il avait épousé une petite femme maison entre un tel ministre et notre
(11)5 d'où ils conclurent qu'il ne ^gesilaiis clocherait beaucoup car ce ;
leur voulait donner que des roitelets, j-qj j^. Lacédémone, en publiantes
Cornélius Népos parle plus expressé- qu'il voulait faire ne trompa ses en-
,
ment que Plutarque de la mauvaise nemis que parce qu'en d'autres ren-
mine d'Agésilaiis : Atque hic tantus contres il avait caché ses desseins. Un
vir, àil-'il {1-2), ut naturamfautricem ^(5^:^31 qui s'est établi sur ce pied-
habuerat in tnbuendis animi i'irlulibus ]à ^g saurait guère se servir d'un stra-
sic maleficam nactus est in corpore , ta^ème plus sûr que de faire courir
exiguus et claudus altero pede quœ , ^^ bruit sincère de ses marches. La
res etiam nonnuUam afferebat dejor- i.„se est alors très-bonne, parce qu'elle
milatem atque ignoti Jacievt ejus cum
, ^^^ ^-^^^ ^Q^^J. nouveau, et que les en-
intuerentur contemnebant. Jamais le nemis n'y outpas été encore attrapés.
{7) Plut, in Agesilao, p«g. 5g6 , E. Voyez Var-
cap. (i3) Plut, in Agesilao, pag- 616.
(H) Seneca de Constantiâ bapientis
, ,
ticle de Tachus.
XFII, pag. 692.
(i4)Corn. Nrpos, in VilâAge.silai, cap. VIII.
(g) Plut, in Agesilao, jjag. 5(jfJ.
(12) Cortt. Nepos in Vitâ Agesil. , cap. FUI. ( 16) Wlcquef. Mémoires
des Aiiil)aii5ad.,p 170.
, ,
AGÉSILAUS. 257
Lisez ce passage de Xe'oophou c'est : citus decessit (22). Ce fut l'an 3 de
Cambyses qui parle à Cyrus son fils la 104*=. olympiade, selon Calvisius
;
et qui compare les nouvelles ruses de mais on voit par là que son calcul
guerre avec les nouveaux airs de mu- ne vaut rien car depuis la 3«. année
;
tent qu'on ne les trompe. 2°. que Lysander ait soutenu avec
(D) Qu'il gagna sur
les alliés dans chaleur les prétentions deLéotychide
la Bcotie.^ La bataille se donna à (23) j
3°. qu'Agésilaiis ait jamais cam-
Coronëe. Xe'oophon , qui y servit sous pé auprès de la ville d'Héronce , dans
le roi Age'silaùs le témoigne (19), et
, la Béotie (24) ; 4°- qu'il ait eu l'air
Plutarque le dit aussi (20J. Lambin , noble et plein de majesté (25) j 5".
dans son Commentaire sur ces paro- qu'il ait dit que l'oracle qui excluait
les de Cornélius Népos , apud Coro- de la couronne les boiteux se devait
neam, quos orunes grawi prœlio ficit, entendre des défauts de l'âme ou de
a voulu corriger sans nécessite' le mot celui de la naissance. Ces deux der-
XAipû)vs<*v de Plutarque par celui de ,
nières fautes appartiennent au Sup-
Kopa)v«ia.v. Plutarque a fait mention de plément de Moréri. Je ne remarquerai
ces deux lieux sans prétendre que la
, pas qu'on nomme mal l'Egyptien a
bataille se soit donnée au premier. qui Agésilaiis rendit du service il ne ;
les Etienne a erré encore plus grossière-comme aurait fait un bon Lacédémo-
ment lorsqu'il a mis Coronée dans nien du vieux temps. Il ne changea
. le Péloponnèse. MM. Lloyd et Uofman rien dans ses habits, dans ses bains,
l'ont Suivi dans cette faute. dans ses repas et ce qui était peut- ;
mourut (21). Rie ciim ex Mgypto 11 ne fit aucune réparation aux portes
rei>erteretur.... uenisselque in porlum de son logis , quoiqu'elles fussent si
qui Menelai uocatur, jacens inter Cy- vieilles, et si délabrées, qu'il semblait
renas et jEgypium in morbum impli- que c'étaient les mêmes qu'Aristodème
,
(ir) Xenophon , Cyropaed. , llb. I , circa fin. (22) Corn.Nepos in Vità Agesil. , sub fin.
,
pag. 21.
(23)Sur ces deux premières fautes, voyet la
(18) Dans la remarque (L) de l'article SiMO-
remarque (A).
MDE.
(19) Xenopbon. de Reb. Grac. lib. IV (24) Je ne crois pas que ni dans la Béotie ni
ailleurs il y ait eu une ville nommée Héroace.
,
pag. 225.
(20) Plut, in Agesilao ,
pag. 6«ï. (23) Voyez la remarque (B).
(21) Plut. , pag. 618. (26) Plut, i/i Agesilao ,
pag- 6o3 , C.
TOME I. ^7
258 AGÉSILAUS.
y avait mises (27). Notez qu'Aristo- (33). C'était parmi eux la règle et la
dème était celui des Héraclides qui mesure du droit et de l'honnête si :
eut pour sa part la ville de Sparte , une chose était utile au public elle ,
et duquel descendirent les rois de La- passait dès là pour légitime. Je crois
céde'mone divise's en deux familles à , que Plutarque dit la vérité mais il ;
cause des deux (ils qu'il laissa. In hoc ne devait pas mettre en jeu la seule
(Agesilao) illud in primis fuLl admi- ville de Sparte. Celle d'Athènes (34),
rabile, , cùm viaxima muneia ei ab re- et celle de Thèbes n'avaient point de ,
vestitu Laconum mutai il. Domo eâ- n'est que du plus au moins 5 les uns
fjem fuit contentus qud Eurysthenes sauvent mieux les apparences que les
(aS) progenitor majorimt suorumfue- autres. Quoi qu'il en soit, Agésilaiis
rat usus , quant qui intrdrat nulluni était tout pénétré de cette méchante
signum Ubidinis , nullum luxuiiœ l'i- morale. Se voyant soupçonné d'avoir
dere poterat contra plurima patientiœ
: induit Phebidas à surprendre la cita-
atque abstinentiœ. Sic enim erat in- delle de Thèbes en pleine paix, et par
structa, ut nullâ in re diff'erret a cu- une fraude qui faisait crier toute la
jusi^is inopis atque priwati (29). Quand Grèce, il leprésenta qu'il fallait, avant
on eut su qu'Agesilaiis était arrive' en toutes choses, examiner si cette action
Egypte, on lui envoya de toutes sortes était profitable à la patrie , et que
de provisions : il ne choisit que les chacun devait faire de son propre
plus communes, et laissa à ses valets mouvement ce qui tendait à l'avan-
les parfums, les confitures , et tout ce tage de l'état (35). 11 obtint que Phe-
qui s'y trouvait de plus délicieux (3o). bidas serait disculpé, et qu'on enver-
Les Égyptiens, au lieud'admirercela, se raitune garnison dans la citadelle.
moquèrent de ce prince, et le prirent Dans son expédition d'Egypte, n'a-
pour un niais qui ne savait pas en- bandonna-t-il point Tachus, qui l'a-
core ce qu'il y avait de bon au monde. vait pris à sa solde, et n'embrassa-t-il
llle prœter t'ilulina et hujusmodi gê- pas les intérêts de Nectabane , par la
nera obsonii , quœ prœsens tenipus de- seule raison qu'il était plus important
siderabat , nihil accepit , unguenta ,
aux Lacédémoniens de soutenir celui-
coronas secundanique niensam serais
,
ci que celui-là ? Action qui, sous le
dispertiit, cœtera rejerri jussit. Quo masque du bien public , était une
facto eum barbari magis etiam con- trahison toute pure, comme Plutarque
temserunt, qubd eum ignoranliâ bona- l'a remarqué. 'ATÔîrot/ ko.) «.axoxotoo
rum rerum illa polissimiim sumpsisse vpa.yjuxTciç Tra.pa.KttKvjuf/.XTi tZ a-u/u^î-
arbitrabantur (3i). Vous trouverez pOVTi T«ç TTATplJ'oç ;tf "^^/^^f^?. 'Evit Tul/-
dans Plutarque 1°. que ce prince se
,
comporta de la même sorte quand les Koi.i'd'ra.Tov ovo/na, t«ç Trpa^^iceç «v TrpoS'otrîct.
offrirent les honneurs divins (Sa). hoc quidem velamento detracto nonien
(H) Le cœur l'esprit et la religion
,
istius facti l'erissiniuni erat proditio.
d'un souverain, ] Plutarque te'moigne En conversation, ne parlait
Agésilaiis
que ceux qui gouvernaient dans La- que de justice c'étaient les plus beaux
:
(2';) Idem, ibid. , pag. 606. (33) Plut, in Agesilao , pag. 617. Idem in
(28) Oneût mieux jait de dire, comme Plu- Alcibiad.
tarque, Aristodemus ; car ^gésilaiis ne descen- (34) Voyez la remarque (^C) de l'article Aris-
dait pas d'Eurjstkènes , mais de Proclès ^e , TiDir.
second Jîls d^Aristodème. (35) Plut, in Agesilao, pag. 608.
(ag) Corn. Ncpos in Agesilao cap. VII.
, ,
(36) Id. ibid., pag. 617.
(3o) Plut, in k^esWào, pag. 616. (37) Id. ibid. , pag. 608.
(3i) Corncl. Nepos, in Agesil. , cap.VIII. (38) Les Grecs parlaient ainsi du roi de
(32) Plut, in Apophll)., pflg. 210- Vojex ausii Perse. Voyez la remarque (A) de l'article Ar-
Atliénée, /ji'. XIV. , pag, 65';'. TiOAN IV.
AGÉSILAUS.
où plus grand roi que tnni, s'il
est-il profanât leurs temples, ni en Grèce
n'est plus juste? demanda-t-il. Voilà m aux pays des Barbares; et il met-
,
rait jias facilement contrevenu à ses loger dans les temples les plus
sacrés,
lumières; et c'est par-là que je pré- ahn d avoir les dieux pour témoins
tends qu'il avait l'esprit et la religion des actions les plus secrètes de son do-
d'un souverain. Combien y a-t-il de mestique. 'Es-xiivo:/ f^h yip ÀTTcS^n/uâv
rois et de princes zélés pour leur re- xui' cturov «V Toù âT-iaTÎToïc
l'sfoiV. i
ligion, équitables et honnêtes de leur
personne ? Mais * s'agit-il de nuire à ToÛTaiV SiOtJç TTOIC^MtVOÇ 'iTrLTTTCt; HCtipLÂû-
leurs ennemis , ils suivent tous , ou Tupa.ç. Tendebat enim ciim ilerface- ,
J'ai oui dire depuis deux jours à un roi, le bien et l'avantage de son royau-
homme de mérite qu'un prince ita-
, me était sa Divinité principale à la- ,
narque lui répondit JMais quelle as- : yiolandumesl : aliis rébus pietatemcolas{t{i);
surance voulez-vous que le roi mon
en comprennent toute l'énergie on
maître puisse prendre s'il vous rend ,
y :
(*) Les éiluions de 1697 el l'joa portent : (40) Plut, in Agesilao , pag. 6o3.
Mais de leur grandeur ou de l'utilité pu-
s'agit-il (40 Cicer. Officier. , iib. III , cap. XXI.
blique, s'agit-il de nuire etc. , (4'} Corncl. Xep»5 in Agesil. cap. II. ,
,,
26o AGÉSILAUS.
bien vêtu, et eût fait bonne chère,
s'il l^cev jUiTÀ AetfATT^ox-Xioui; 'inrt V)tTiot/ (47)-
ne se faisait nul scrupule d'être l'u- Sacrâtes etium nliquando deprehensus
surpateur d'un royaume. C'est ainsi est ab Alcibiade ludere cum Lampro-
que certains casuistes damnent sans cle adhuc infante. Mais je ne me sou-
rémission les femmes qui s'ajustent viens pas d avoir lu que d'autres y
trop miguonnementj ils ne peuvent aient surpris Alcibiade. 6°. Ces deu.\
soufi'rir ni leurs rubans ni leurs , auteurs observent que c'était avec se.^
pierreries mais non-seulement ils
: propres enfans que Socrate folâtrait.
permettent aux hommesde se soulever (K) Je ne crois pas que Dicéarque
et de s'engager à une guerre civile , ail ignoré le nomde la fille d' Agé-
ils les y exhortent aussi. silaûs. ]Cynisca fut non-seulement la
(I) ^tix exercices plus puériles,']
les première femme qui gagna aux jeux
Un jou;- qu'on le surprit à cheval sur olympiques le prix de la course de
un bâton avec ses enfans , il se con- chevaux, mais aussi la plus illustre de
tenta de dire à celui qui l'avait vu en toutes celles qui dans la suite rempor-
cette posture, attendez henparlerque tèrent une semblable victoire (48).
fous soyez père (43). On ne pourrait Le poète Simonide l'honora d'une
pas citer ici ces vers d'Horace :
épigramme (49)- Elle consacra, pour
^dificare casas , plotlello adjungere muret un monument de sa victoire , des
Ludeie par iinpar, equitare in arundink chevaux d'airain qui furent placés à
LONGA ï l'entrée du temple de Jupiter Olym-
Si quein deleclelbarbaluin, amenda cer/et (44)-
pien (5o). Sa figure, faite par Apelle
Car ce poëte n'entend point parler et ornée de plusieurs inscriptions, se
de ceux qui', par complaisance pour voyait au temple de Junon, à Elide
leurs propres enfans, s'amuseraient à (5i).Les Lacédémoniens lui érigèrent
de telles choses dans leur logis. La un monument de héros Upûov (Sa). ,
Mothe-le- Vayer n'est point exact Il n'y a donc point d'apparence que
lorsqu'il dit que le roi Agésilaiis le nom de la sœur d'Agésilaiis ait été
aussi-bien qu Alcibiade , J'urent sur- inconnu à aucun historien grec.
pris folâtrant au milieu des petits (L) Il aurait su le de la fille nom
garçons , et que le philosophe Socrate d'Agésilaiis s'il aidait fait ce que fil
en faisait gloire (45)- On cite Sénèque Plutarque. ] Ce dernier historien nous
au dernier chapitre du \" livre De . apprend que Dicéarque s'était mis
Trarujuillitale. Il y a plusieurs choses fort en colère de ce qu'on ne savait
qui manquent d'exactitude. i°. Il au- pas le nom ni delà fille d'Agésilaiis,
rait fallu spécifier qu'Agésilaiis ne fo- ni de la mère d'Epaminondas. 'O Ai-
lâtrait qu'avec ses enfans. 2°. LeTraité Ko.la.pX'^^ iTryiyàLMMTmriv. Stomachatur
De Tranquillitate ne contient qu'un Dicœarchus etc. (53). Pour moi ,con-
,
livre. 3°. Il n'est rien dit , ni d'Alci- tinue-t-il fai trompe dans les regis-
,
biade , ni d' Agésilaiis dans le chapitre tres des Lacédémoniens que la femme
cité. \°. Il n'y est point dit que So- d'Agésilaiis se nommait Cléore et ,
crate faisait gloire de folâtrer avec que l'une de ses deux filles s'appelait
les enfans. On se contente de dire Apolia et l'autre Prolyta. On ne doit
qu'il n'en avait point de honte. Cum pas trouver mauvais que Dicéarque se
pueris S ocrâtes ludere non erubescebat. soit fâché de la négligence des histo-
5°. Valère Maxime et Elien , qui rap- riens car nous aimons naturellement
5
Agesilao, nag. 6io (47) JF-lian. Var. Hist., lib. XII, cap. XV
(43) Plut, in ; jElianiis
Var. Hist. lib. , XII , cap. XF. (48) Paus. , Ub. III, pag. 88.
(44) Horat. Sal. ///, Ub. IT, vs. 247. (49) Id. ibid.
(45) La Motlie-le-Vayer, tom. /, pag. 217, (50) Idem, lib. V, pag. iSg.
r'dit. in-ii. (Si) Idem , lib. VI, pag. 178.
(46) Valer. Maximus, lib. VIII, cap. VIII, (52) Idem, lib. III, pag. 96.
sitbjin. (53) Piularch. in Agesilao, pag. ÙhU
AGÉSIPOLIS. 261
AGÉSIPOLIS, premier du pour mieux prendre ses précau-
nom, roi de Lacédémone suc- tions, courut aussitôt à Delphes, ,
s'était réfugié dans un temple {a) fils (f) serait conforme à celui du
dès qu'il avait su qu'on désap- père (g) (A). La réponse d'Apol-
prouvait la conduite qu'il avait Ion fut toute semblable à celle de
tenue en concluant une paix avec Jupiter; et alors Agésipolis ne ba-
ies Thébains. On le laissa dans cet lança plus , et fit marcher sonar-
asile, et l'on éleva sur le trône niée du côté d'Argos. Les Argiens
Agésipolis, sous la tutelle d'Aris- lui envoyèrent deux hérauts pour
todémus Ce fut la 3". année lui demander la paix il leur ré-
(b). :
de la g6*. olympiade (c). 11 était pondit que les dieux avaient trou-
majeur lorsque les Lacédémo- vé bon qu'il n'acceptât point ces
niens résolurent d'attaquer tout offres, et continua sa marche. Il
à la fois les Athéniens et les Thé- y eut un tremblement de terre
bains; mais, comme ils jugèrent le premier jour qu'il campa dans
qu'il ne serait pas de la prudence leurs états et comme une partie , ;
pendant une telle guerre , de n'é- des troupes jugea que c'était un
tre pas assurés des Argiens , ce signe qu'il fallait s'en retourner,
fut par ceux-ci qu'ils commencé- ildissipa leur superstition par la
rent(rf). Agésipolis, chargé de les remai-que que ce prodige était
attaquer, se fit un scrupule sur arrivé après leur entrée dans le
ce qu'ils lui demandèrent une trc- pays ennemi. 11 marcha donc
ve. Il voulut donc s'éclaircir avec plus avant s'approcha de la ville,
naient très -mal leur temps, vu pays des Argiens, il s'informa jus-
qu'ils avaient attendu à parler de qu'oii Agésilaiis l'avait ravagé
paix que les troupes de Lacédé- quelque temps auparavant et il ;
mone fussent à la veille de les at- n'eut cette curiosité que pour ren-
taquer. L'oracle répondit que les chérir sur les exploits de ceprin-
demandes des Argiens étaient in- ce , qu'il tâchait de surpasser ,
justes, et qu'on pouvait les refu- comme s'il avait été un athlète
ser saintement (e). Agésipolis , apparié avec lui (z). La paix gé-
(a) Dans celui de Minerve, à Te'ge'e. Pau- cias non rite oblatas respuere. XenopK. de
sanias, lih. III, pag. 86. Reb. Gra;c. lib. ir , pag. 3l2.
,
fut Agésipolis qui marcha contre qui les apophthegmes ont été
l'ennemi. Il ravagea le territoire plus mémorables que les actions.
de Mantinée, et il subjugua en- Personne ne parle de celles-ci et ,
iin cette ville. L'expédient dont l'on trouve dans Plutarque {t) un
il se servit est trop curieux pour petit recueil de ceux—là.
n'être pas rapporté (B). Il y a
[p) Voyez la remarque (F).
quelque apparence que ce fut dans (17) Pausan., lib. II , pag. 86.
cette guerre que Pélojiidas et Epa- (r) Pausan. , lib. II pag. 86.
,
minondas furent dégagés du pé- [s) Diod. , lib. XV, cap. LX.
[t^ Plut, in Apopblh. Lacon., pag. 2l5.
ril (C) à quoi leur courage et
leur amitié les exposèrent. Il fut
(A) Si le sentiment d'Apollon serait
envoyé quelques années après(D), conforme a celui de Jupiter.] Recueil-
nvec une bonne armée , contre lous de ceci une vérité qui est d'ailleurs
les Olynthiens (/}. Amyntas , roi assez manifeste ; c'est que la religion
des païens était fondée sur des idées
de Macédoine, et Derdas, prince de Dieu aussi fausses que l'athéisme.
d'Élimée fm), le secondèrent vi- Je ne parle point des sentimens du
goureusement. Il s'approcha d'O- commun peuple ; je ne parle point de
lynthe et , ne voyant point pa-
;
l'abus de quelques particuliers , je
parle du culte public pi'atiqué par
raître l'armée ennemie qu'il vou-
les personnes les plus éminentes et ,
réponse de cet avocat n'assure pas les dit que celui de Delphes... car, ni en
plaideurs prudens ils sont bien aises
: durée, ni en estime, ils n'ont jamais
d'avoir l'avis de quelques autres ju- égalé ce dernier. Et cela se prouve
,
risconsultes et il y a tel homme qui
;
outre le consentement de la plus part
fait consulter son aflàire dans toutes des auteurs qui en ont parle par ce ,
les cours du royaume aux plus habi- que rapporte Xénophon de Agésipolis
les docteurs. Les païens en usaient {*), qui, après avoir consulté Jupiter
ainsi à Tegard de leurs oracles ils en ; olympien et reçu sa réponse fut à ,
consultaient plusieurs sur les mêmes Delphes trouver Apollon , lui deman-
cas afin de voir si les dieux se con-
, dant, comme a un juge de dernier res-
trediraient les uns les autres et afin , sort , s'il estait du mesme avis que son
de prendre mieux leurs mesures par père. Aristote attribue cette espèce de
la comparaison des re'ponses. Ainsi raillerie dévole a un Uégésippus au ,
leurs dieux c'taient aussi chime'rlques second livre de ses Rhétoriques. Ce pas-
que la divinité' de Spinoza car il est ; sage fournit la matière de deux notes.
aussi impossible qu'une nature bornée La première que les idées de l'é-
est
soit Dieu qu'il est impossible que le
, glise gallicane touchant le concile, et
monde soit l'Eti'e suprême qui gou- sur le pape parlant même ex cathe-
,
verne toutes choses par une sage pro- dra peuvent être comparées à celles
,
pendant que celles que l'on offrait à enfin son jugement quand même il ,
une autre faisaient craindre. Apollon aurait été rendu ex cathedra, ou plu-
et Diane, enfans jumeaux de Jupiter, tôt e.r tripnde ne passait pas pour ir-
,
du bien mais enfin il ne croyait pas eut point dans son fait une raillerie
:
que la nature divine donnât l'exclu- dévote. Pour ce qui est d'Hégésippus,
sion à l'ignorance, au caprice, à la je n'en réponds point. 11 fut peut-être
discorde il acquiesçait donc à cela
; assez malin pour vouloir tendre des
comme à des effets inévitables de la pièges aux oracles, afin de les insulter
nature des choses. Ne croyez pas que s'ils ne s'entre-accordaient pas. C'esl
les objections de Cicéron aient des- une honte, aurait-il pu dire, que vous
sillé les yeux à beaucoup de gens. répondiez le oui et le non.'Hyns-tTrTroçh
Quid quiiin pluribus dits iminola- AiK^-Àç ÎTntfcérttTov âsov, xêJ^pdy.Évoç ^fô-
tnr ,
qui tandem ei'enlt ut litetur aliis , TêpOV 'OhllfA.7ria,Tlt 3 il ctÙTO) TctZia. Sokh
aliis non litetur ? Quœ auleni in- a.Tip TOù TTXTfi, liç cLiirXpoy bv Tetyctyrix
rOJistantia deorum est ut primis mi- ,
oraculum Ofympiœ , num ipsi eadem rent ayant plié , ils ne reculèrent
vlderentur quœ patri, quasi turpe esset point. Pélopidas reçut sept blessures,
contraria dicere. Si notre Agësipolis et tomba sur un monceau de corps
avait eu un mauvais dessein contre morts. Epaminondas courut à lui, et
Apollon , à l'exemple de ce malin per- s'opposa seul à plusieurs , bien résolu
sonnage dont Esope a fait Thistoire de mourir plutôt que d'abandonner son
(5) , il y aurait été attrapé ; car la ré- ami. Il fut blesséen deux endroits, et se
ponse de Delphes fut semblable à celle défendait néanmoins vigoureusement,
d'Olympe. lorsque Agésipolis, menant des troupes
(B) L'expédient dont il se sériait est de l'autre aile de l'armée , les dégagea
trop curieux pour n'être pas rapporié.'\ l'un et l'autre (8). Vous me direz que
11 boucha le cours de la rivière qui Xénophon ne parle d'aucune bataille
passait par le milieu de la ville cela quand il raconte ce qui se passa dans
:
telle sorte les fondemens des maisons et vous répondrai que Pausanias observe
des murailles, que les habitans crai- qu'Agésipolis avait gagné une bataille
gnirent qu'elles ne tombassent; et com- avant que de mettre le siège devant
me ils virent que , si quelque pan de la ville , 'Clç éi ix.fâ.Tyicriv h 'A^/itr/w-oXiç
muraille se renversait , leur ville serait
emportée d'assaut, ils capitulèrent. Ils To:/ç MAVTivsotç (9). Cùm x'cro Agési-
n'obtinrent que des conditions très-du- polis Mantinenses prœlio superatos in-
res ; car on les força d'aller demeurer tra mœnia compulisset; et j'ajouteiHii
à la campagne divisés en quatre can- que Xénophon même remarque qu'il
,
tons, et l'on démantela leur ville on y avait des troupes auxiliaires dans
:
qu'elle ne se brisait pas et ne se dé- colère contre les Olynthiens. OSto) /L/.iv
rangeait pas lorsqu'on battait les mu- Jjî in THÇ ApytiKlSoç àvêÇêt/^êV StXûJV , iTTt
Agésipolis n'inventa point ce «Ts'Oxi/vôi'ouç iTroiiÏTO a.uQtç çpa.Tlsiv. (12)
railles.
stratagème il ne s'en servit qu'après Invitissimus itaque ille ex j4rgii^oruni
;
avoir su que Ciraon l'avait employé Jinibus castra moi'it , et contra Olyn-
pour se rendre maître de la ville impetum convertit. Qui ne
thios bellL
d'Eione sur le Strymon (7)., croirait en lisant cela que l'expédition
(C) Que Pélopidas et Epaminon- d'Olynthe fut une suite immédiate de
das furent dégagés du péril.'] Plutar- celled'Argos Qui ne s'imaginerait
!
liait à VOracle : Ce que je tiens vit-il, ou non? (8) Plutarclius Pelopidœ pag. aSo.
,
Son dessein était à^'éioujffer le moineau en cas , (g) Pansan. , lib. VIII pag. il^i.
^
AGÉSIPOLIS. 265
celle d'Ar^os, et précéda de six ans leseptième jour de sa fièvre {i^). En
celle d'Olynthe. Notons ici une faute second lieu c'est une glose chimëri-
que que de^
,
mourut ce Pausanias (i4); et parce Pour n'en faire pas à deux fois, criti-
qu'il était mineur, on le mit sous la quons ici la faute que M. Moréri a
tutelle d'Aristodémus CiS). Il faudrait faite dans l'article d'Agésipolis II. Il
donc . si Calvisius était exact , que la assure que ce prince ayant été en ota- ,
c'est qu'il met la première année de otage avec les principaux de la jeu-
son règne à l'an "i de la 96"^. olym- nesse de Lacédemone ; vos femmes et
piade et la guerre d'Argos trop peu
, vos enfans n'y ont point été. C'est
a)>rès la mort de Pausanias , roi de Ma- parce qu'il était juste répondit-il que , ,
jours à la fraîcheur des eaux d'un Xénophon nous porte à croire qu'il
certain temple de Bacchus qui était régnait entre ces deux princes une
à Aphite; il s'y fit porter, et mourut émulation fort propre à produire l'ini-
le septième jour de sa fièvre après , mitié. Mais Plutarque nous les repré-
être sorti de ce temple , pour ne le sente comme fort unis. Il observe
les paroles de M. Moréri. Il y aurait s'intrigaut peu dans les .nifaires pu-
de l'injustice à critiquer l'expression bliques se laissa gagner par son collè-
,
est aisé de voir que les imprimeurs decomplexion amoureuse, lui parlait
ont mis revint a.i\ lieu de rêvant (18). toujours de beaux garçons et le pous- ,
Mais on peut dire deux choses. L'une, saitde ce côté-là , et l'y servait même.
qu'il aurait fallu s'exprimer ainsi Se :
avait vu à Aphite, il souhaita de jouir y}j-^w Vifi tSv h «pot* ksli Trfcttyi tov
de l'ombre et de la fraîcheur des eaux vfaviVxov ih toÎ/to, ko.) (t^vhco. khi <r!/-
claires de cet endroit-là- Il jr fut porté véTfstTTê (23). Qui autem teneri sci-
en fie , mais il mourut hors du temple, let Agesipolim, sicut se, amoribus
sermoneru assidue de forinosis ado-
(i3) Sethi Calvisli Clironol. ad ann. mundi,
lesceutibus inferebat eodcni iUurn ini- ,
5557 pag. 162.
pellebat sociusque erat ei in amore
,
IV ,
pag. 3oi. (20) //,
Ho'rat. Epl5t. lib. I, vs. 14.
(17) Colvisins, Cbronol. , pag- 160. (21) Plalarcb. in Apopbtli. Laconic. , p. 2i>-
Plut, in Agesilao, pag- 607 , A.
(j8) On a mis rêvant dans les e'dilions de (22)
JloUande. (23) Plut, in Agesilao, pag. Po- /. .
,
2G6 AGIS.
Lacédëmone. Voici un passage grec à son projet que ceux qui avaient
qui nous apprend qu'Aarésilaûs regret- i^„; J,., „„ia^i,^
loui du relâchement+j j- i- •
.'
j 11' 'A ^ de discipline
^ 1"""=
'
ta la perte de ce collègue. Aytta-tKetoç Si
I , -"
.
t i , '
TodTo âKoÔTAç oôx M T. etv â'sTo I<|.mV9m plusicurs anuccs. La plus grande
, ,
ce; ÀvTtTrâLKa) , ÀKKÔ, Kn) îj'â.K.pva-i itcii îttû- clifiiculte paraissait devoir venir
6»a-4 TMv cruvo-jcriAv ^gesilaûs his
la part des femmes (B). Elles
(24). de
nnn, ut quidam existimassent „,,„:„.^* „]„„„ „1 „ J
r.udilis, 'j-.
,,' ,
„, aiwersaru avaient alors plus de crédit aue
o& / , .
casuni lœlatus ,
est, sed7 l
^
Tl ^ . . ,
huinnniter mortem illiiis lachijmatus jamais; Car leur règne n est ja-
e$t et consueludinem desideraint.
, mais plus grand que lorsque le
(a4) Xenophon , de Gest. Graec. , lib. V, p. luxe cst à la modc. La mère d'A-
'^°'
gésilaiis ne trouvait nullement
AGIS , roi de Lace'de'mone , son compte à cette réformation ;
issu d'Agésilaiis II en droite li- elle y aurait perdu ses richesses,
gne (a) eut une fin trës-malheu-
, qui la faisaient entrer de part
reuse. Il s'était mis en tète de ré- dans mille sortes d'intrigues ;
former son royaume par le ré— au des- ainsi elle s'opposa d'abord
tablissement des lois de Lycur- de vision, sein d'Agis , et le traita
gue mais il succomba sous le
; Mais Agésilalls son frère , qu'A- ,
poids d'une entreprise qui ne gis avait engagé dans ses intérêts,
pouvait être que désagréable à la sut tellement manier qu'elle ,
AGIS. 26-
le mit en justice, allégua les si- exiler son gendre, après quoi il
gnes célestes (C), et poussa un s'appliqua tout entier à la ruine
prince du sang royal , qui s'ap- d'Agis. Un des éphores , qui sou-
pelait Cléombrotus et qui était ,
haitait de ne point rendre ce
gendre de Léouidas à s'assurer , qu'Agésistrata lui avait prêté
du royaume. Léonidas transi de ,
fut le principal instrument de
peur, se réfugia dans un temple, l'infortune de cette famille. Agis
oïl sa fille femme de Cléombro-
,
ne sortait de son asile que pour
tus , l'alla joindre. On le cita ; jour qu'il
et aller se baigner. Un
parce qu'il ne comparut point, retournait du bain à son temple ,
on le déclara décliu de sa digni- cet éphore l'entraîna dans la pri-
té , et on la conféra à Cléombro- son. On lui fit son procès, on le
tus. Il obtint la permission de se condamna à mort , et on le livra
retirer à Tégée. Les nouveaux à l'exécuteur. Sa mère et sa
éphores firent un procès d'inno- grand'mère demandaient avec
vation à Lysander et à Mandro- instance que pour le moins on , ,
268 A G IS.
lait Cléomène {f). M. Moréri ne raient été l'opulence d'Agis et celle
rapporte pas comme il faut ce des rois de Syrie ?
(B) De la part des femmes."] Les
que dit Agis (E) à ceux qui plai- Lacédémoniens étaient les meilleurs
gnaient sa destinée. Les autres maris du monde comrauniquaieut
: ils
à la disposition du
sexe; et c'est ce
il est ici question perdit la vie ([ui fit échouer dessein du prince.
le
dans la i35*. olympiade. Les Les dames craignirent de perdre tout
considérations de Plutarque sur à la fois leurs richesses leurs plai- ,
trata fit voir à son préjudicefils le les , pour n'avoir pas cognoissance du
qu'il se ferait à lui-même par son vray bien , elles constituaient leur fé-
plan de rëformation, vu les grands licité; mais ausii parce quelles voyaient
par ma tempérance par la grandeur jugeaient que les rois avaient péché
et
de mon âme je m'élève au-dessus du contre Dieu, et ils les suspendaient de
luxe de ces princes et si je puis intro- leur dignité jusqu'à ce qu'il vînt un
,
ceux qui vous mettront en balance des (5) de faire des enfans à une fem-
avec d'autres pourront soutenir qu'en me étrangère. Quelle bizarrerie qu'un
son genre votre mérite ne cède point gouvernement comme celui-là où la ,
à celui d'autrui. Mais, l'oserait-on fortune des rois n'était attachée qu'au
dire, si la dispute roulait sur des
(2) Idem ibid. ,
AGREDA. 269
bon plaisir d'un éphore qui avait vu très-fautifs sur cet article. ] Charles
tomber une étoile, ait subsisté si long- Etienne confond cet Agis avec un au-
temps ? tre plus ancien , et le distingue de ce-
(Dj II acquit beaucoup de réputa- luique les Laccdémoniens pendirent.
tion dans cette campasne.'] Ayant M. Hofman ne commet que la pre-
joint, auprès de Corinthe, Aratus , mitre de ces deux fautes. Lloyd n'eu
général des Achéens il fut d'a\is de ,
corrige aucune,
donner bataille à Tennemi au delà de
Tisthme ; mais il soumit son senti- AGRED4 (a) ( AIapif, d' ) re-
ment à celui de ce général, qui trou- Hgieuse visionnaire Vt^xauxcuac
va plus propos de ne point donner
a ^ fameuse ,
'
bataille. Aratus l'avoue lui-même dans P^^ "^ ouvrage que la borbonne
son livre. XJn certain Bâton de Si- ,
a censuré , a vécu au dix-septième
nope ne laissa pas de publier qu'Agis
, siècle. François Coronel son père,
dissuada le combat, auquel Aratus „i
'1-1 ^^\ A-5
' 1 il u- '.
était résolu 1^6). ^ est-il pas bien etran-
ge qu'un historien débite des choses
*-'' fatliPrinT
<î^i
. ,
Ac Areua
v^ainerma ae A»-û,to sa
^'
auteur? On peut souôrir cette har- culiere les y poussa. INotre Ma-
diesse pendant quelques mois, et pour ne y prit l'habit de religieuse le
cause mais quand les événemens ont
; même jour que sa mère et que sa
passé ce terme, il ne faut plus contre- «11^ ,/^^
o^,,^ elle „f„- •
j- 1
dire les grands j acteurs.
. sœur y iitproiession avecsa
"-^^"
,
-i"^ r'
'
r
(E) Moréri ne rapporte pas comme
^^^e le 2 de février lb2o{b). Elle
il faut ce que dit ^gis. ] Voici ce que fut élue supérieure l'an 1627 , et
dit Agis en voyant pleurer un des pendant
sergens
gens ^- me
Ne — - pleure
-
:
-' '—
point car — ,
— '
les dix premières années
....--
^^ ^^ supériorité elle reçut de
squ onmejaitviourir avec une in-
puisqu -p.- .11
nr
^}^^ ^^ «^ la vierge Marie plu-
•
,
•"'
1
lice si criante
justice je suis d'un plus
,
(F) Les autres dictionnaires sont {b) La profession de sa sœur fut différée
parce qu'elle n'avait pas l âs^e. Journal de^
(6) Plutarcli. in Agide, pag. 802 Savans du 16 de janvier 1696, pag;. 5i, 32.
(7) Plut, in Agide ,
pag. 804. Edit. de Hollande.
>r!0 AGREDA.
Vierge. Dieu et la Vierge lui la remarque (C) , au commen-
réitérèrent le même commande— cement.
ment. Elle commença d'obéir le
(A) Il y
n tant de folies dans cet
8 de décembre i655. Elle di-
(c) otiurage.'\ « On y
voit qu'aussitôt que
visa cet ouvrage en trois parties » la Vierge fut venue au monde le ,
sainte Vierge ,
que de
la faculté )) tête le prince de la milice céleste ,
théologie de Paris jugea à propos « saint Micliel. Que la première con-
» ception du corps de la très-sainte
de le censurer (B). Elle en vint » Vierge se fit en un jour de diman-
à bout , malgré les oppositions et n che correspondant à Cflui de la créa-
les vacarmes épouvantables d'une » tion des anges. Que si la Vierge ne
» parla pas dès sa naissance ce n'est
partie des docteurs qui la com- ,
tion. N'oublions pas que le père décrets qu'il Jit de créer toutes cho-
ses... que, dans le vingtième chapitre
de Marie d'Agreda se fit moine
(3) elle fait le récit de ce qui arriva
,
dans un couvent de l'ordre de a la sainte f^ierge , pendant les neuf
Saint-François , ou deux de ses mois qu'elle fut dans le sein de sainte
fils étaient déjà religieux , et Anne ; qu'elle vient ensuite à la nais-
sance lie la sainte f^ierge au nom qui
quilj vécut avec un grand exem- ,
(B) La faculté de théologie de Paris propre sens et ceux oii il assure que
,
3< esté immaculée et pleine de grâce sence locale quant à la bonté , quant
,
j> en sa conception de sorte que, sans ^ la justice , etc. Ils enseignent cora-
^
j) ce privilège , tous les autres paroî- munément que par la puissance obé-
» troient défectueux , ou comme un dientielle créatures sont suscep-
, les
j) superbe édifice sans un fondement bibles de la faculté d'opérer tous les
j) solide et proportionné
(6). » 3°. Que miracles, et même de la vertu de
créer. Si donc Dieu a conféré effecti-
(4) Journal des Savans du 16 de janvier 1696,
pa^. 53. Là même, pag.
(7) 718.
(5) Journal des Savans du 26 de novembre (8) Là même, pag. 71g.
1696, pag. -17. (9) Là même pag, 720.
,
C6) Joarnal des Savans du 26 de novembre (10) C'est-à-dire, qu^elle n^ait ni commer.çer-
1696,^(1^. 71-. ment ni fin.
,
aya AGREDA.
vement à la sainte Vierge touf ce qu'il et plusieurs nonains qui ont tant
a pu lui conférer il s'ensuit selon cherché à raffiner, il n'y ait eu encore
, ,
les dogmes de l'école dont la sœur personne qui ait dit que la sainte
,
Marie de Jésus faisait grand cas que Vierge gouvernait seule le monde,,
la sainteVierge a existé de tout temps, D'où vient que l'Espagne n'a point
qu'elle peut tout qu'elle sait tout
,
, encore produit des écrivains qui se
qu'elle remplit tous les lieux , et qu'à soient vantés de connaître par révéla-
tous égards elle est infinie. Je n'ai que tion qu'une longue expérience ayant
,
faire de supposer que notre abbesse fait connaître à Dieu le père la capa-
d'Agreda s'est réglée sur les dogmes delà sainteVierge, et le bon
cité infinie
des scolastiques espagnols j car peu usage qu'elle avait fait de la puissance
m'importe qu'elle dont il l'avait l'evétue il avait résolu
les ait sus ou qu'elle ,
pu lui donner tous ses attributs hor- suivi la même résolution de sorte que
, :
suffit pour tirer la conclusion que j'ai aux volontés des deux personnes dont
tirée; et, cela étant, ne doit-on pas il procède approuvant ce beau des- ,
s'étonner que la Sorbonne ait seule- sein toute la Trinité avait remis le ,
vaeat dit c{ue cette proposition estJaiis- gouvernement du monde entre les
se, tf-méraire, etcontraire h la doctrine mains de la sainte Vierge et que la ,
met régnent les rois, et les puissansde posait de tout sur la vigilance de Ma-
la terre administrent la justice (12) ? rie ;
que les ordres avaient été expé-
Voici ma deuxième réfiexion. *
11.
diés à plusieurs anges d'aller notifier
Ceux qui ont examiné attentivement sur la terre ce changement de gouver-
tout ce qui s'est dit de la puissance nement afin que les hommes sussent
,
de la flatterie. Mais comme les raisons à une reine subordonnée mais com- ,
coup de gens qui veulent vivre à leur vagance est encore à naître ? En avez-
aise , il la faut réveiller , et la rani- ^ous jamais ouï parler? me demanda-
mer de temps en temps par des râ- t-on un jour. JYon, répondis-je; mais
goûts d'une nouvelle invention com- :
je ne t^oudrois pas jurer que cette pen-
me cela fait qu'il est utile de
dis-je sée^ n'ait jamais paru et encore moins ,
, ,
rière et qu'entre plusieurs religieux être que si Mprie d'Agreda eût t^ccu
,
encore dix ans elle eût enfanté ce,
(11) Journal des Savans , novembre 16961 TO0«4tre (l3) , et nous eilt donné une
p. -ji:-
AGREDA.
copie de l'acte de l'abdication , où (C) Malgré les oppositions... d'une
nous eussions l'u que la 'J'rinité , i^ou- partie des docteurs qui la composent.']
lant désormais viure en repos et re- , Voici quelques extraits dun imprimé
connoîlre les obligations qu'elle afoit qui a pour litre L'affaire de Marie
:
dre cela de nos jours que cela nous : condamnation (17). « En voici toute
suffise ; ne nous tourmentons point de » l'intrigue , continue-t-il (18). Mon-
ce que l'on pourra voir dans cent » seigneur prélat plus attaché
ans d'ici nostros maneat ea cura ne-
: » aux sentimens de saint Thomas
potes. )) qu'un jeune jacobin qui ne doit ju-
III. Je dis, en troisième lieu, qu'il n"y » rer qu'w verba magistri , n'a pu
a rien de plus vrai que la remarque )) souflrir jusqu'à présent que la fa-
de la Sorbonne que le livre de l'ab-
,
» culte ait donné avec tant de préci-
besse d'Agreda contient plusieurs cho- » pitation dans l'immaculée Concep-
ses qui exposent l'Eglise romaine au )> tion de la Vierge. La haine qu'il
mépris des impies et des hérétiques. )' portoit au F. Thomas Croset, récol-
Bien a valu à la religion chrétienne ,
» let et traducteur de ce livre , causée
que les Celsus et les Porphyres n'aient » par le rapport qu'on lui avoit fait
pas pu la combattre par les armes que j) de ce que le traducteur avoit dit con-
de tels écrits infinis en nombre peu- » tre lui, après le refus qu'il lui avoit
vent fournir aujourd'hui. Que n'eût » fait d'une station dans son diocèse ;
point dit en ce temps-là contre l'E- » et l'envie de dédommager A... im- ,
TOME I. 18
,
274 AGREDA.
modérez du royaume fous deux se : l'assemblée , d'une telle manière, qu il
5)
j) syndic de Sorbonne,» qui proposa à par aucun acte {16). Depuis ce temps
la faculté le 20 mai le liure de Ma- le syndic et les députez se sont assem-
, ,
rie d'^greda. On nomma des députes blez et ont fait une autre censure ,
pour Texaminer. Us rapportèrent (19) qui fut lue le premier octobre mais ;
h la première assemblée ("il). Le pèi'e que monsieur l'abbé du Mas s'y estait
IMéron , cordelier , dont nous aidons de laissé aller , et qu'il estait sur que
très-beaux ouvrages , tant de philoso- lorsque monsieur du Fias aurait ouy
phie que de chronologie supplia la ,
la lecture de la censure comme elle
faculté de vouloir ne pas se précipiter estait, il y donnerait les mains. L'on
dans la condamnation d'un lit're, dont lut donc l'ouvrage du syndic et l'on ,
le souuerain pontife s'éloit réservé la fut surpris qu'il y avait des proposi-
connaissance et avoit député des car-
, tions nouvelles et censurées dont on ,
(23) Affaire de Marie d'Agreda, pag. 3l. (28) Jouroal des Savans novembre 1696, p-
,
AGREDA. 2t5
que corps de la faculté eut mis la
le qu'ils sont tous demeurés muefs jus-
dernière main au jugement (29). Cela qu à présent , si je ne me trompe
,
montre que Ton n'eut pas le courage eux qui sont si alertes à condamner
de publier la censure de la faculté , lesouvrages qui s'opposent tant soit
sans y joindre des préservatifs ^ et par- peu aux traditions les plus douteuses,
là , nous pouvons connaître à quels mais favorables à l'augmenlation du
périls on s'expose quand on désap- ,
culte des saints (33).
prouve les erreurs les plus palpables Notez qu'il y a une raison parti-
qui amplifient les honneurs de la culière qui peut obliger la Sorbonne
sainte Vierge. On s'espose , non-seu- à quelque ménagement, et l'exposer
lement à l'indignation des peuples , aux oppositions de plusieurs docteurs.
mais aussi à celle des moines et de C'est qu'on a tiré tant de conséquen-
plusieurs autres ecclésiastiques. On ces de l'épithète de Mère de Dieu
,
cherche donc des moyens de parer le qu'il n'y a presque point de pensée
coup par des préfaces étudiées (3o). outrée touchant l'excellence et le pou-
Quelle servitude! et qu'elle fait voir voir de la Vierge qui ne puisse être ,
que le mal est incurable Ce que Tite- ! en quelque façon soutenue par les
Live disait de la république romaine argumens ad hominem que ces consé-
convient aujourd'hui à l'Église de ce 3uences fournissent. On vous mène de
nom Labente deindè paulathn disci-
: egré en degré presque partout où.
plina Inclut desidentes primo mores
, l'on veut les subtilités des scolasti-
:
sequatur animo deindè ut m'igis ma- : ques vous désolent si vous reculez ; ,
que l'on veut avoir de la dignité émi- -Vfarie au sens littéral ; pui=;que selon ,
tes sortes de machines pour venir à ture que son ûls. Elle le serait, si l'on
bout de le censurer dans Paris. L'au- voulait adopter l'imagination du ca-
teur de la lettre (Sa) fait plus de tort valier Borri (34); mais on l'a condam-
qu'il ne pense à son église et à sa née. Un jour viendra peut être qu'on
nation lorsqu'il étale les brigues qui
, en connaîtra la nécessité et qu'on ,
ont été employées par ceux qui vou- carrera par ce moyen la figure irré-
laient faire censurer la Cité mystique gulière. C'est le vœu croit -on de , ,
de cette abbesse espagnole. 11 n'eût beaucoup de gens (35). Tout est pos-
point fallucabaler, si les esprits n'eus- sible en ce genre-là , sous certaines
sent été dans un endurcissement pro- circonstances comme vous diriez la
,
Au lecteur qu'il ennuie a beau demander grâce. de Cendroil auquel se rapporte cette remarque.
(35) O si angulus ille
(3i) Livius, Hlstoriar. lib. I , initia. Proximus accédai , qui nunc déformât
(32) Dont on n rapporté le titre au commen- (tsellunu
ciment de la remarque ^C] Horat. Sat, VI , Ub. II , os. S.
,, ,
.
AGRICOLA.
de théologie de Paris a espéré que sa Maurice, duc de Saxe mais aussi ,
édifier. Outre que leur grand sujet examina ce que Budé , Léonard
de scandale est tout entier dans la Porcins et Alciat avaient observé
pi'éface de cette censure préface qui :
veux dire d'un culte dont les excès tes. Alciat se voulut défendre et
ont excité quelques curieux à philo- n'y trouva point son compte.
sopher pour en découvrir l'origine
Bodin soutient qu'en comparai-
(36).
son d'Agricola les Aristote et les
(36) Voyeila remarque (N) de l'article Nes-
TORIOS. Pline n'ont été que des aveugles
sur les questions métalliques {b).
AGRICOLA. Un nombre près- i\ ^e faut pas oublier que lorsque
que infini d'auteurs portent ce jg j^. Maurice et le duc Auguste
nom mais comme il n'y en a allèrent joindre en Bohème l'ar-
;
fond tout ce qui concerne les mé- le rendit si odieux aux luthériens,
taux , que lors même que par le qu'ils le laissèrent cinq jours sans
conseil de ses amis il se fut en- sépulture (C). 11 fallut qu'on al-
gagé à pratiquer la médecine à lât tirer de Chemnits ce cada-
Joachimstal {a) il donnait le vre , pour le transporter à Zeits
,
plus de temps qu'il pouvait à l'é- oii il fut enterré dans la princi-
tude des fossiles. Pour mieux sa-
{b) Bodin. in Metliod. Hisl. Voyez dans
tisfaire cette passion, il se trans-
Pope Blount, Censura celebrior. Authorum.
porta à Chemnits , oii il s'appli- pag. ^i3 rin grand nombre d'éloges très-
,
pension qu'on lui avait obtenue de posthabitis ciim jiisjurandum , r/uo eis erat
,
AGRICOLA. irjrj
tres choses. Voici quatre vers de sa tre à cet office d'humanité mais je ;
façon, qu'on afficha en l'an 1 5 19 dans n'y vois aucune apparence la mé- :
les rues de Zwickaw (2); ils regardent moire de Scaliger ou celle de ses pen-
les indulgences de Rome sionnaires ont confondu apparem-
;
Si nos injecto salvabil cistuia nuintno ment les objets. 11 y a une lettre de
,
Heu nimi'uin infelix tu miki pauper eris Matthiole , où il fait ses doléances de
'.
rent entièrement Erasme du parti des ne s'étonne point que je fasse peu de
protestans. Un grand nombre d'autres cas de ce que dit ici le grand Scali-
personnes c[ui avaient soupiré après la ger ; car quel fond pourrais-js faire
ré'formation de l'Eglise, s'achoppèrent sur lui concernant Agricola puis- ,
(1) Imprime' à Baie , Cait i538. (4) Korez son Histoire des Eglises.
12) Ilj- enseignait le grec. (.5) In Scaligeraois, pag. 5.
(ï; Mcfcli. Adam, Vit. Medicor. pag. 80. (G)iileli.'u. Adam, Vit. Medicor. ,
pag. Sa.
,
post junrteni mix sepeliri meruerit (7). ne fit ces deux voyages qu'en
(Dj f^oila des fruits du zèle ai'eu-
qualité de ministre du comte de
gle. 1 II n'y a point aujourd'hui de
avant la fin du procès. Cette pro- choix que l'on fit de sa personne
messe fut violée Agricola se re— pour la composition d'un ouvra-
;
tira tout doucement à Berlin (J"), ge qui fit grand bruit. Je parle
sans attendre la réponse à la de- de Vlntéritn qu'il dressa avec Ju-
mande qu'il avait faite de son les Phlug et avec Michel Heldin-
congé. L'électeur de Brandebourg gus (/) l'an i548. On prétend ,
rences que l'on tenait sur ces ma- mée de Luther; les papistes tireraient
trop d'avantage de sa flétrissure. N'a-
tières le don de langue dont il
vons-nous pas vu des gens qui ne sont
était pourvu miais il n'accom- ; que des pygmées en comparaison de
modait rien. Il mourut à Berlin Luther, se dérober par cette voie aux
en i566. Il avait été surinten- peines canoniques qu'ils méritaient ?
La seconde raison dAgricola fut ap-
dant (/) de la Marche de Bran-
paremment qu'il craignait de perdre,
debourg {m). On dit qu'il aurait en ne se soumettant pas le quartier ,
voulu ramener l'usage des sain- de gages qui lui était dû. Lisez ce qui
malades , et
tes huiles envers les suit JVetfue taincn hoc scripto stattm,
:
(A) Luther auait été son bon (C) Il ne fit que peu de litres. ]
ami. ] Ils étaient de la même ville. L'explication de trois cents prouerbes
jYous trouvons qu'Agricola servit de allemands fut un des premiers. Il y
secrétaire à Luther dans la conférence maltraita beaucoup Ulric , duc de
de Leipsick , en i5i9(i), et qu'il fut Wirtemberg (5). On en fit des plain-
envoyé à Francfort en iSaS (a) , avec tes qui obligèrent l'auteur à recon-
une lettre de Luther aux magistrats, naître sa faute dans une lettre fort
pour y être l'un des ministres de l'É- soumise. Cela n'empêcha point que
vangile. L'auteur que je cite (3) cen- le duc Ulric n'alléguât, entre autres
sure M. Varillas , qui a dit que Luther griefs à la diète de Francfort
, l'an ,
trop loin , et l'on ne saurait donner dont il avait été maltraité par des mé-
des preuves de ce fait-là. disances publiques (6). L'auteur aug-
(B) // choiiit ce dernier parti. ] Il menta de plus de quatre cents pro-
y verbes son ouvrage , dans la seconde
a quelque a|)parence qu'il se porta à
cette bassesse par ces deux raisons. édition. Il fit des Commentaires sur
Premièrement il ne voyait rien à es- saint Luc ; il réfuta l'explication du
,
de dire, comme font Melchior Adam basse naissance (A) il naquit en- :
le bien de la paix ,
(8) Seckendorf, Hist. Lather., lib. III pag. là qu'un tel homme ne fut pas
,
234 el seq.
(9) Micraelius Syntagm. Hist. Ecelesjie pag.
,
né en Italie. Il n'eût tenu qu'à
,
tait avoir le goût bon. Après avoir lait faire il abandonna ce des- ,
mené une vie fort ambulatoire sein non pas tant par la crainte
, ,
tout le reste de sa vie (D) tan- homme aussi enfoncé que lui
,
AGRICOLA. 283
assez tôt des médecins (L). Reu- s'endurcissaient au travail et s'abste- ,
ningue , on assure qu'il e'tait d'une des l'égard de l'autre point. Car, à la honte
plus conside'rables familles de Frise : du christianisme et des lettres on ne ,
de celle qu'on trouve dans Melchior tonnerais qu'on n'et\( pas mis en pro-
Adam elle ne saurait balancer le té-
,
verbe, sine f^enere et Baccho J'rigent
moignage d'Ubbo Emmius. Or, voici Musœ comme l'on y mit , sine Ce-
,
ce que dit Ubbo Emmius, l'homme rere etBaccho friget f^enus. Il sem-
du monde qui connaissait le mieux ble que depuis long-temps la jeunesse
son pays de Frise Obscuris natalibus :
qui étudie se conduit comme si la pre-
apud Ba/lnos ortus ( Rodolphus Agri- mière de ces deux maximes était vé-
cola ) tantum sibi in literis jiomen pa- ritable.
ravit per oninem Europant, ut., etc. (1). (C) Et s'arrêta deux ans (5) à Fer"
On m'a indiqué deux preuves
(2)
rare. ] Il y apprit
grec , et y ensei-
le
du sentiment d'Emraius dans les let- gna le latin il disputait avec Guarin,
:
tres d'Agricola. L'une est que sa sœur à qui écrirait le mieux en prose ; et
utérine fut envoyée à Groningue avec les Strozza , à qui ferait mieux
,
cent florins des deniers de cette re- hoc (Joanne Camerario Dalburgio) ab
cette f^enit ad me nudius tertius pa-
:
a?ino xl^^i parlhn Heidelbergœ , par-
ter tuHs turbatus et geniens et propè ,
thn Wormatiae, ad ultinium vitœ ac-,
cuni lacrimis questus est mihi Henri- ,
tum usque l'ixit conjunctissimè (^).
cum fralrem nostrum pridiè ejus diei Mais M. de la Monnoie l'a trouvé en
clam sibi abstulisse centum, ftorenos faute ^ car voici ce qu'il me marque :
cela à Jean son frère utérin, » dans une autre de même date à Jean
,
(B) Comme un athlète je feux dire » son frère , dit qu'en un voyage qu'il
;
au travail. ]
teté et d'application Les » il donna sa parole à Jean d'Alburg ^
anciens remarquent que les athlètes (3) Horat. deArle Poët., vs. 412 el seq.
(4) Melch. Adami Vitffi Pbilosoph. pag. i5. ,
(i) Ubbo Emmius , Histor. Fris. Ub. XXX, (5) En 1476, et 1477.
ad ann. 1490 pag- h^'r , (6) Valerii Andreae Bibl. Belg. pag. 798.
,
lai. touchant les trois ans de la ré- latin, au grec et à l'hébreu d'Agricola,
gence de Rodolphe à Heidelberg (8), indifféremment; mais voici comment
n'est point juste. Sigismond de Fo- Gesner s'est exprimé : Grœci et latini
ligni autrement Sigismundus Ful-
, serinonis peritus Hehraïcce linguœ
, et
ginas se trompe aussi
, quand il ,
non ignarus (i3). 11 emprunte de Tri-
dit que Rodolphe mourut en che- thème ces paroles. Konig enchérit sur
i^ min , au retour de Rome en son Vossius ; car il se sert du superlatif
pays. Rodolphe partit de Rome en eflZ/e«ù.ssiffiHi. Voyez ci-dessous la troi-
i48o et mourut cinq ans après à
, sième faute de Varillas. Remarquons
Heidelberg. On ne voit point par la aussi que Trithème ne parle point
lecture de ses OEuvres ,
qu'il ait fait exactement lorsqu'il assure qu Agrico-
) àVormes fonction de professeur.»
la la avait fait une traduction du psautier
Ou a une lettre de Pierre Schottus , sur l'original hébreu (i4) car on ne ;
datée du i8 de février i484 , dans la- met point parmi les ouvrages d'un au-
quelle il témoigne qu'il avait appris teur les thèmes qu'il fait en apprenant
avec beaucoup de plaisir qu'Agi'icola une langue. Or, il est manifeste que la
avait commencé de faire des leçons à traduction que faisait Agricola de
la jeunesse dans Heidelberg. Argen- quelques psaumes de David était un ,
tinam reuersus , cUm intellexissem thème que son Juif lui corrigeait. Ce
te Heidelbergœ cœpisse purgare et lin- Juif s'était converti à la religion chré-
guas juvenum et aures , ut illce nil tienne. Jean d'Albuig évêque de ,
scelerosuiu balbutiant , hce uerb luis Worms (i5), ne l'entretenait chez lui
tam perilis et dulcibus elegantiis deli- que pour l'amour d'Agricola si nous ,
batœ , omnes illas sciolorum insulsas en croyons Valère André Primus ex- :
de mois jusqu'à pouvoir traduire sans quain duxit quanquam in priore œtate
•'
dire avec Vossius qu'Agricola était Ti tÎÎç 4>y3-ia)ç (^verha sunt ipsius , epis-
,
286 AGRÏCOLA.
l'histoirede ce grand homme, encore c'estune apostrophe à Agricola, he
que l'on s'y soit fort étendu sur ses braïcas ,grœcasque litteras usque adeà
talens. Aurait-on oublié celui-là, qui stupendâ celeritate , ut nequaquam
est le plus extraordinaire qui se puisse Gruningiœ in ultimâ Frisid, sed Hie-
voir? 2°. // deuint sat^anljui qu'au pro- rosolymis Athenisque natus ac edu-
dige, arec des liures d'emprunt, et sans catus à doclissimis crederêre. Lalinas
maître. L'hyperbole est ici accompa- porro tantdjélicitate didicisti, docuis-
,'
gnée d'une fausseté palpable : car tique ut , etc. (3o). Voilà pourquoi
,
nous lisons dans sa vie, qu'il fut en- ce me semble , M. Varillas s'est ima-
voyé de très-bonne heure au collège giné qu'Agricola apprit d'abord la
(27) , et qu'après l'étude de la gram- langue hébraïque , puis la grecque ,
maire, il alla étudier à Louvain, où il et enfin la latine , et qu'il composait
logea au collège du Faucon , et y fît et parlait souvent en hébreu 4°- ^^
toutes les fonctions d'un écolier de fit un progrès si surprenant dans le
philosophie et il s'attacha d'ailleurs latin, qu'Erasme , si peu accoutumé à
:
à quelques personnes qui avaient du louer en autrui les richesses qu'il pos-
goût pour la belle latinité. A Ferrare , sédait , ne se pouvait lasser de l'ad-
il fut un auditeur assidu de Théodore mirer , principalement après qu'il eut
de Gaza Ibi Theodorum Gazant Aris- donné au public ses Commentaires , si
:
pore ad liUeras Ilebraïcas..- totuin aniinum ap- (3o) Paul. Jovius,Elegiorum cap. XXXII-
puierai. Erasm. Adaglor. Cbiliad. /, cent- IV , (3i) Erasm. Adaglor. Chil. /, cent. IV, num.
num. 39 -ipag. i/JS. -9 1 P<^S- ^45.
,,
» vres que l'édition de Louvain. C'é- à l'épée qu'à la plume, il prit en-
)> tait un mensonge. Alard qui ,
alla armes et servit
suite le parti des ,
)> trouver exprès ce le Febvre à De- sept ans cet empereur dans l'ar-
» venter, ayant vu son manuscrit ne ,
mée d'Italie (C). Il se signala
}> le trouva ni plus ample, ni plus cor-
» rect que celui sur lequel l'édition
,
dans plusieurs rencontres et il ,
j) style ( 32 ) et du raisonnement. »
affaires , et ,
pour comble d'infor-
Ceci vient du même lieu que l'obser- tune il s'attira par ses écrits la
,
Léon X
(G) et d'oii nous pou-
, tiers une ville que ces inquisi-
vons conclure qu'il changea de teurs séditieux avaient rendue
sentiment. Il enseigna depuis pu- l'ennemie des belles-lettres et du
bliquement la théologie à Pavie véritable mérite (p). C'est la des-
AGRIPPA. 289
tinée de tous les pays où pareil- des clio^es plus importantes. La
les gens s'inipatronisent, de ([uel- dame prit en mauvaise part cette
que religion qu'ils soient. Il sor- leçon [y) mais elle fut encore
;
tit de sa patrie l'an 1021 , et s'en plus irritée lorsqu'elle sut que
alla à Genève {q) il n'y gagnait l'astrologie d' Agrippa promettait
;
l'an 15^3 {t), pour y pratiquer Paris , après une infinité de lou-
la médecine comme il avait fait gueurs, le passe-port qui lui était
à Genève. L'année suivante, il nécessaire, il arriva à Anvers au
s'en alla à Lyon , et obtint une mois de juillet iSsS (z). Une des
pension de François I*"^ Il en- causes de ces longueurs fut la
tra chez la mère de ce prince en brusquerie du duc de Vendôme
qualité de médecin mais il n'y qui au lieu de signer le passe-
; ,
(7) Epist.
^IJ v r///,6W//f,pag>.
r o 784. ''T/., 'T^^'^'^v rr/A ir ^, •
/ -t
'
,
Agrippa, tpist. Zi /(orj ^, pûj». QJ2.
^ '" r '
•» /»-t (^^ Conspeclo sive aiidito nomme meo ,
,
{s)Etnonj>as en Brisgaw ,
comme dit
prœcipiti ira repente dirupil papynim totam,
JMelcb. Adam. inquiens se ,
nequaquàm signaiurum in fa-
(t) Agrippa, Epist. XLI libri III, et seq. ^,orem divinatoris. Epist. XXX libri V , p.
(u) Epist. LXXIX Itbri III, pa^. 828. 920.
(a-) Epist. LU libri ir ,
pag. 809, 'bh) Epist. LXXXir libri ?' , pa». 9a,
TOHE I. 19
,
lui rendit les mêmes mauvais of- Il se tint à Bonn jusqu'en l'an-
fices auprès de sa majesté impé- née i535. Alors il eut envie de
riale (ce). Le Traité de retourner à Lyon. On l'empri-
la Ina-
nité des Sciences impri- sonna en France pour quelque
,
qu'il fit
aux inquisiteurs qui avaient fait cun en croie ce qu'il voudra. Une
arrêter l'impression de sa Philo- chose sais-je bien c'est que les ,
(drfj Kpist. XX lihri VI pnf^. ^-j^. Ses accusateurs n'ont pas été bien
,
Epist. XXIII libri VI, pag. 980. {mm) Joh. Wierus de Magis , , cap. V , p»
iii)Epist. VI libri VII.
(Ik) Epist. / libri VII. {nn) Naudé Âpolog.
, des grande Hommes ,
AGRIPPA. agi
On aura lieu d'être surpris âe II ne faut pas oublier la clef
leurs bévues et de l'effet qu'ils , de sa Philosophie occulte. Il la
ont produit nonobstant la né- , gardait uniquement pour ses
gligence avec laquelle ils ont re- amis du premier ordre, et il l'ex-
cherché les faits. Après tout, s'il pliquait d'une manière qui
n'est
a été magicien il est une forte , guère différente des spéculations
preuve de l'impuissance de la de nos quiétistes (V). Disons aussi
magie; car jamais homme n'a que l'édition de ses œuvres faite
échoué plus de fois que lui , ni à Lyon , en deux volumes in-
né s'est vu plus souvent que lui 8°., est mutilée dans un endroit*
dans la crainte de manquer de qui pouvait déplaire aux gens d'é-
pain. Les financiers de Fran— glise (X).
çois I*"^. et ceux de Charles-Quint
^^"'^''^^^1^ de saiote Anne, Operum tom. II,
étaient sans doute très-persuadés
j i . j . ' P^S- io53.
de son innocence a Cet^ égard , . Ce n'est pas dan,, m
endroit seulement
vu la manière dont ils le jouaient 7"^ ''^"<' édition d'.4«:rippa est mutilée.
quand il s'adressait à eux pour
-l^Mho'-nJans ses kmœr.Ks.r^^^^^^^
1 1 i>2l a restitue beaucoup d autres passages.
,
tOUclier ses gages. Il y a des er- Joly pense fjue ce fut Agrippa lui même qui.
"^"/'"' <''' reiranchemens. il s'appuie sur
reurs de fait dans les moyens dont "'
, • . une édition posthume df Cologne i575 ,
faire son apologie (Q). M. Mo- Postremâ authorù recognitione. Jolj- re-
' • j . j' 1 P, '. . pousse l idée que cette annonce ne soit nu une
ren s hautement pour
est déclare fourberie de librairie.
lui , qu'on ne de-
et c'est ce
Cet article Agrippa a fourni, au reste,
de treize pages de remarques à m/,
vait pas attendre de sa plume. P^",'
c P* ^ ^1 f" y rei-ient encore dans ses additions et
bes tautes ne sont pas nombreu- corrections mais c'est pour mettre des res- ,
ses dans cet article (R). ISOUS 'dictions à léloge qu'il a fait d'igrippa.
parla avec plus de force que lui "?"^ renvoie à une lettre d'Agnppa
1
1 j
contre 1 audace des légendaires
ni 1 ' • ou on lit ces propres paroles adres-
sées aux magistrats de Cologne P05- :
dus, et prima puerilid apud vos enu- n'appréhendons pas de lui faire tort
tritus^i). Thevet, par une pliisgrande en l'estimant selon le prix où il se met.
faute , a débité qu'Agrippa naquit a Octo linguarum mediocriter doctus ,
la i'il/e de JVestre (3). Je ne sais rien sed illaruin sex adeo peritus , ut sin-
du père de notre Agrippa, sinon qu'il gulis non loqui modo et intelligere >
servit la maison d'Autriche (4), et seil et eleganter orare , dictare , et
qu'il mourut vers le commencement transferre nouerim, tiim prœter niul-
de l'année i5i8 (5). timodam etiam abstrusnrum rerum
(C) Il sériait sept ans dans l'année cognitionem, periliam, et cyclicam eru-
d'Italie. ] Le sieur Freher, qui ne se dilionem , utriusque juris et medici-
hasarde que rarement à sortir des naruni doctor et^asi (7). Il travailla de
bornes de ceux qu'il copie, a voulu fort bonne heure à la pierre philoso-
ici agir en maître, et faire voir qu'il phale, et il paraît qu'on l'avait vanté
pouvait dire ce que Melchior Adam à quelques princes comme un excel-
n'avait point dit. Mal lui en a pris ;
lent sujet pour le grand œuvre ;
'''
car il fait commencer ces sept années ce qui mit quelquefois en risque sa
à l'an i5o8, et finir à l'an iSi.*). S'il liberté (8). il est sûr qu'un homme
avait bien su son Agrippa, il n'aurait qu'on croirait capable de faire de
pas ignoré que cet auteur était en Es- l'or, aurait à craindre que quelque
pagne l'an i5o8; à Dole l'an iSog; en prince ne l'emprisonnât. On vou-
Angleterre l'an 1 5 10. Il faut que cette drait se servir de lui , et empêcher
semaine d'années ait commencé en que d'autres princes ne s'en servis-
i5i I, et qu'Agrippa ait prétendu avoir sent.
passé au service militaire de l'empe- (F) leçons publiques à
// Jît des
reur tout le temps qu'il demeura en Dufe.] Il semble
se contredire lui-
Italie. Mais ses propres lettres l'eussent même sur ce sujet ; car tantôt il as-
trahi, si l'on se fi\t mis à compter. On sure qu'il les fit sans avoir de gages
ne voit point que depuis qu'il monta et tantôt qu'il avait des gages Publi- :
AGRIPPA. 293
de Léon X (n)] Elle est datée de fût enterrée à ne demeu-
Metz, où
rait plus (i5). Il a\ait soin de recom-
il
Pelrus Bembus i\ y est loue de son mander que l'on s'acquittât de tous
apostolique les anniversaires (pi'il as ait fondés
zèle pour le saint siéî^e ;
de plusieurs années la mauvaise répu- née suivante Duos isltt mihi Jilios
:
fils: Quorsùm quœso, in tant suspecta de ses amis assure qu'elle l'était Tu :
tenipestate un'a cum. uxore fdioque ac nunc degere Gebennis illicque probâ, ,
bus ? C est ainsi qu'il parle dans la tis clarere singulariter (21) mais il ne :
XLiX^ lettre dulP. livre. 11 était fort me le persuade point; car les lettres
content de sa femme; et voici ce qu'il en d'Agrippa, depuis le second mariage,
dit en un autre lieu Ego quideni Deo ne prêchent pas moins la
:
misère qu'au-
qu'il eut de
omnipotenli innumeram habeo gra- paravant. Le troisième fils
ttant qui uxorem mihi conjunxit se- son second
mariage eut le cardinal
,
cundùni cor meum, l'irgineni nobilem, de Loiraioe pour parrain (22). Lors-
bené ntoratam adolescentulam Jor- qu'il partit de Paris pour
Anvers, au
, ,
ntosam quce ita ad nieam viidt con- mois de juillet 1628, il laissa sa
,
bum inter nos intercidat atque quà cha de son cinquième fils à Anvers
,
semper œquè mihi benigna a/fabiUs mement regrettée de son mari comme
, ,
,
n'y a qu'une chose qu'il ne dit pas ans accomplis. Je n'ai point remarqué ;
c'est si elle était riche ou non car qu'il fasse mention de son troisième
j ,
mi celles (i^Agrippa.
(19J Ibid.
(i2)0per. Agrippas, tom. II , pag- 710. (so) Epia. LXXIVUbri III, pag. 826.
(i3) On l'emploie à cet usage , en quelque fa- (21) Epist. XXXIII Ubri III, pag. 800.
çon , dans Crenii Aniraadv. Pliilol. et Hislor. , (22J Epist. LXXVIUbn III, pag. 827.
pan. II , pag. 1,4 et lï. (23) Epist. LV Ubri V, pas. ({.VS.
•J9 î
A G R I PP.4.
mtnsein Bonnes repudiâsset anno tiice- avec elle dans l'Italie? Ajoutez à cela ,
ral pour ie moins des deux autres ma- mémoire ou autrement exposa à Mar- ,
riages. Melchior Adam en savait plus guerite reine de Hongrie, que depuis
que Thevet car il • n'a pas ignoré la mort de Maximilien il avait fait
qu'Agrippa avait eu deux femmes : tels et tels voyages , etc. Voyez sa
i)iiwn uxoruni maritus nobiliurii et , lettre XXI du VI1<". livre. Il ferait beau
liberorum aliquot parens mais ou- ; , voir quelqu'un occupé à accorder Mel-
tre qu'il paraît avoir ignoré le troi- chior Adam avec Thevet. Selon celui-
sième mariage , il a fait plusieurs fau- ci Agrippa se marie à vingt-trois ans;
,
manque exantlatorum satur ac quietis foi à Metz voulait que l'on mît cette
,
qu'il en fut sorti pour venir à Metz d'astrologie étaient fort propres à dé- :
Remarquez aussi qu'en l'année i5i5 neat illam ne ad tant indignum artifi-
il était déjà marié (3o). Où sont donc
ces grandes fatigues essuyées par mer (*) Cette paysanne était de Vapey [l^illa fa-
et par terre depuis la mort de l'em- peya ] -village silué aux portes île Metz et ap-
,
, ,
ment a-t-il pu se fixer avec sa femme basses, et en toutes manières une si grande igno-
bonne philoso-
au pays des Allobroges, lui qu'on rance des belles-lettres et desalaLettre du 2 juin
phie, qu'à cet égard, dans
voit mener une vie fort ambulatoire jSig, Agrippa traitant la ville de Metz d'omnium
bonarum liUerarum virlulumque noveica , ce
(23) Wier. de Magis , cap. f ,
pag. iti. pourrait bien être lui qui, par ces lletnssanles
(26) Thevet, Hommes illustr. ,
j>ag. ?.î2, 2î3. paroles , aurait donné lieu au proverbe Métis
avara , scienliantm noverca. Rem. crit.
\^l) Melcli. AHami Vit. Medicor. pag. 17. ,
(28) Agrippîl. Fpist. / Uhri II, pag. 722. (:.i) Epist. XXXIX Uhri II pag. 754. ,
(2n) rpisl. XII libnll, pni;. 730. (32) Epist, XL libri II, pag. 757. Fide eliair.
(30) r.pist. XLVH el XLVHI libri t. pas- 763,
AGRIPPA. Î295
eiitm ingenio meo cfiutiùs ahutalur , ingens siquidem temanet glorice trium-
nec m has niigas ulteiiUs impins^ere phus (36,. La mort de ce connétable ,
cnqar, qui multo felicioribus stuJiis arrivée avant qu'Agrippa sortît de
lin insert'iie qiieam (33). Mais le pis Lyon, me fait songer à trois fautes de
fut que ces sottises faisaient découvrir Melchior Adam. 11 dit qu'Agrippa,
j) pis titœ gratiam concacdsti : hoc est jamais il n'avait songé à Fattirer à la
3) ulcus , hic antrax , hic carbo , hir. cour de la princesse Marguerite (37).
i> cancer quem
ille ,
noli me tangere 2°. Le chancelier Gattinara le voulut
» dicunt ,
quem tu iinprudens tetigisti bien attirer, mais ce fut à la cour de
» eliam cauterio (34)- " Ceux qui sa- Charles-Quint et c'était une voca-
;
connétable y serait tué: JtvuJ'ata illis ler et médecin , pour une cruelle et
prnpinquam slragem suamque perni- perfide Jesabel Nec ultra illam ego
:
ciem denunciant : mox illa superba pro principe med {jani enini esse de-
mœnia l'ix oppugnata corruere l'ide- siit } , sed prn atrocissimâ perjîdd et
bis. Eja ergo nunc, streniiissime prin- qundam Jesabele mihi habendam de-
ceps quem tantce l'ictoriœ duceni Jata
, crei'i (40- Q"*' n'aurail-il point fait
constiluunl , rumpe morns perge in- ,
(36) Epist. F/ Uhri V, pag. 900. CeUe lettre
trépide quo cœpisii prospère , aggre-
fui écrite de Lyon , le 3o mars 1327.
dr.re forliter , pugna constanter, habes
(3-) C^esl celle que Von entend par la Cour
eieciissim.orum militum armatas acies : lie Bourgogne.
adest cœlorum Ja^'or , aderit et justi (38) Agrippa, Epist. LXXXIVUbri V, p. gSi.
belli findex Deus; nihil formida^eris, (3q) Epist. XXV
Uhri ,
pag. 85o. IV
(40) Voyez la LU', el la LXII'.
du IV'.
(33) Epist. XXIX Uhri IV ,
pnç. 85^. livre.
(34) Agrippa, Epist. LXII Ubril F',pas.SHo. (4.) Epist. LXII Ub. , IV, pas- 884. ^OJ"
!35) Jbiil.,pag. 8S1. la LU'. Lettre du livre V, toute pleine de-Ju-
296 AGRIPPA.
dans une telle colère et clans un tel ment de ce que Luther on les sectateurs
désir de vengeance, s'il avait eu au- de Luther publiaient sur les matiè-
tant de crédit auprès des démons res de controverses mais cela ne veut j
qu'on a voulu le persuader ? Je ne sa- pas dire qu'il approuvât les dogmes
ciie point que quelqu'un ait dit que de ce réformateur. Les plus rigides pro-
cette indignation d'Agrippa devint fu- testans de la confession de Genève ne
neste à quelque personne de la cour pourraient-ils pas donner ordre qu'on
de France. Ce niallieureux homme ne leur achetât tout ce que les sectaires
fut pas plus satisfait de la cour de de Transylvanie font imprimer; et ne
Charles-Quint. 11 présenta une requê- serait-on pas bien ridicule de préten-
te au conseil privé de ce prince , dans dre sur cela qu'ils sont du sentiment
laquelle il se fît tout blanc de son de ces hérétiques Ceux qui embras- .''
( ceu quale Hermocles dédit Pausa- qu'il n'eût été un bon et franc luthé-
niœ) iili oportere.... Qiiin et riialis rien mais encore qu'on ait mis au ti-
;
artibus sœpissimè bona fortuna porta tre Agrippa ad amicum il est certain ,
est..,. Sed intere'a memineritis inter qu'elle n'est pas d'Agrippa en voici 5
s'être plaint qu'on le laissait mourir par la lettre LXXVP. du IIF. livre,
de faim Quod ad te scribani non ha- où l'on voit même que le cardinal de
:
beo aliud , nisi quod ego hic egregiè Lorraine fut parrain de cet enfant. 11
esurio ab istis aulicis diis totus prœ- est donc incontestable qu'Agrippa n'a
,
tum eiiini dictuni est mihi ; prcBi^alue- cette lettre fut écrite de Strasbourg.
ranl cuculliones illi apud Dominant , Ainsi , ceux qui voudraient procurer
sed muUebriter religiosam principem , une telle preuve à Sixte de Sienne,
ut nisi illa mox periisset jam ego , qui a dit qu'Agrippa était luthérien
,
quod maximum crimen est , monacha- (45), (*) ne lui fourniraient rien qui
lis majeslatis sacrœque cucullœ reus vaille. Quenstedt a réfuté Sixte de
tanquam in religionem chrislianam Sienne par le VP. chapitre du Traité
impius periturus J'uissem (44)- Ordi- de la Vanité des Sciences, où Agrippa
nairement une maîtresse est plus à traite Luther d'hérésiarque. Cette ré-
craindre qu'un maître quand on est
accusé d'irréligion.
,
(45) Sixti .Senensis Biblioth. Sancta , lib. , V
ytnnolat. LXXIII
, apud Quenstedt, de Patriis
(N) On n'a pas du dire qu'il a été illustr. Viroriira pai;. i44- Deirio
. Di:-quis. ,,
luthérien. ] J'avoue que je n'ai point lib. II , quarsl- XVI, et Tannerus .fur le Traité
remarqué dans ses lettres que quand de saint Thomas, de Potentiâ Angelorum, qucest.
,
III, font Agrippa protestant. Vojez Voel. Disp.
U parle de Luther, il se serve de paro- part. III , pag. 616.
les ou de réflexions injurieuses. J'avoue (') Agrippa , au ch. 19 de son Apologie parle ,
(43) CVsL-U-dire, Charles-Quml. vait pas lue si exaciement que ces lettres. Rem.
(44) Agrippa, Epist. XV Ubn FI, pa^. 968. CHIT.
AGRIPPA. 297
futalion est infiniment plus solide que l'impiété des hérétiques (48) ; et peu
celle dont s'est servi un théologien après il écrivit à Melanchfhoii le plus
d'Utrecht en alléguant la profession
, honnêtement du monde (49) il le pria '
Luther contre le pape. Si l'on me de- nam hic IVabuchodonosor (il parle de
mande pourquoi Agrippa parle plus Charles - Quint ) aliquandà ex beslid
durement de Luther dans son livre redirel in hominem aut ego relinquere ,
de la Vanité des Sciences que dans ses possem istud Ur ChaUœorum (5o) ?
Lettres je ne répondrai point que
,
Un temps a été qu'on lui recomman-
c'est un ouvrage où il se proposait de dait les frères (5i) ainsi, ce qu'on :
mais quand ils virent que les choses J'eld , qui écrivait en ce temps-la pour
ne prenaient pas le train qu'ils au- Henri VIH
a dit positivement qu'il
,
pape que Dieu purgeât son Eglise de (02) Histoire de la Réformation d'Angleterre ,
par le docteur Biirnet ( it présent é.éque de
,
édition ^Ainsterd.
^ Àjrippa, Epist. XXXVl libri FI, p. 909. Le Grand Histoire du Divorce de Heu-
('47) (53) ,
298 AGRIPPA.
dans d'Agrippa certaines comptait pour engagé à cet ouvrage
les Lettres ;
choses qui me persuadent qu'il ne fut car dans la lettre qu'il écrivit à la
point du sentiment de Crammer. L'am- reine de Hongrie après qu'il se fut ,
Londres (54) écrivit à Agrippa le 26 il donnait toutes ses veilles à son em-
de juin i53i pour Teshorter à sou- ploi d'historiographe , quoitpi'il n'en
,
tenir les intérêts de la reine (55), et le ei\t encore retiré aucun profit. Je ra-
fît souvenir d'un endroit de la Vanité masse des mémoires, dit -il, pour
des Sciences qui censure Henri Vlll l'histoire de la guerre d'Italie et de
:
Hoilik adhuc nescio cul régi persuasum Hongrie et outre cela j'ai un plus ; ,
iiudio , ut liceat sibijani plus t^ii^inti grand dessein en tête c'est d ccrirs ,
pellici (56). Agrippa fît réponse, que Voici ses propres termes Sed longe :
de bon cœur il s'engageait à cette en majus his negotium pro vestri sangui-
treprise pouvu que l'empereur lui nis décore pro lud inqunm mater-
, , , ,
détestait ces lâches théologiens qui cet multi hacteniis operam siinm col-
approuvaient le divorce ; et voici ce Incdrunl nullus alhuc noduni rei dis- ,
qu'il dit touchant la Sorbonne Non secuit (Sg). .Te ne pense pas que ce
:
tani illuin exclaniem Dicite Sorbo- il faudrait qu'il eût fait cette conquête
; ,
nici in theologiâ quid valet aurum ? pour le plus tôt en l'année i532 et si
,
:
Qaantiim pietatiset fidei illorum pec- Robert Wakfeld pub'ia son livre
tore clausum putabinius quorum ve avant l'année iSS'a (60)
,
il est sûr ,
nalis magis quam sincera conscientia que le traité qu'il réfute et qui pas- ,
est ,qui extimescendas uniferso orbi sait pour être de Vives ou d'Agrippa ,
dei et smcerilatis opinionem nunc tan- teurs qui écrivirent contre le divorce
dem extremâ ai'ariliœ infnmiâ corru- (61), ne parle point de ce dernier.
perunt {5-]) ? Il ne laisse pas de repré-
(5o) Epist. XXI libri VII , pag. 1024.
senter le péril où il s'exposerait en (*) AoRiPPi ne s'était pas encore lais-é gagner
écrivant contre un divorce que tant en i533, temps auqueV, si je ne me trompe, il
de théologiens avaient approuvé publia son Apologie contre les Docteur-; de Lou-
:
coup de mal à cause de ma f^anité des bonne. Eodem y dit-il, parl.nnt de ce corps ,
chant l'ordre d'écrire sur cette ma- indi'penrabile pro incesluoso abominabili el . , ,
temps ne devaient pas être choisis minavissenl oppoHltim. [Agrippœ Apolog., etc.,
,
cap. 2. ] Ce n'est pas, au reste, dans la seule
aussitôt que lui (58). Agrippa se
édition i536 que se trouve le passage que de ,
ri VIII , tom. II, pag. ii5. Voyez aussi toni. I, sous la Lettre X, Crénius remarque avoir élc
pag. 24Ç)-
relrancbé du Traité de la Vanité des .Sciences
(54) il est nommr dans les LeUres (Vyfgrippa, dans l'édition de Lyon. Ce passage reparaît en-
Eiistocliius Cliapusius, el dans celles d'' Érasme, core dans l'édition de iSSg, et on le trouve dans
Euslatbius Chapiisiuiî. toutes les précédentes éditions de ce Traité.
'55) Agrip. , F.pist. XlXUbri VI, pay. 978. PlEM. CRIT.
(56) Agrip. de Vanitate Scieuliar., cap. LXIII, (Go) W. le Grand, tom. I, pag. 249, du
nue Or, selon
cet Oni-rage est intitule', Cotzcr.
pag. 124.
le Cotzer /ut
(5r) AEfippa, Kpist. XX
lihri VI , pitg. çr;^. le Catalogne d'Oxford. pag._ 246 ,
(58)Fpistr XXfXWW
yi, pag. ^S6. Vide impriinr il Londres l'an iHt]. ,
rliam Epistol. XXXII f, pug- 99^- (tii) Sanderi Hist. Schismalis An|li»!.
,
AGRIPPA. 299
(P) Ses accusateurs n'ont pas été alitis familiarissimè quem nimirîim ,
bien informés de ses a-'enlures. ] J ai non raro ubi Agrippam seclarer Inro ,
la raison que vous allez voir. ^:,'a/7>o, baisait souvent , (ju'il le faisait quel-
dit-il (62) menait toujours ax'ec lui
, quefois manger à sa table qu^l le ,
un diable sous la figure d'un chien soufiVait dans son lit, et que pendant
noir. Aux approches de la mort ,
que lui Wier et Agrippa étudiaient
comme on le pressait de se repentir ,
sur la même table , ce chien se tenait
il 6ia au chien un collier garni de clous toujours couché entre eux deux au
qui formaient des inscriptions nécro- milieu d'un tas de papiers. Or, comme
niantiques et lui dit
, va-l'en, mal- Agrippa était des semaines tout en-
litureuse bète qui es cause de ma perte tières sans sortir de son poêle, et
totale. Ce chien prit tout aussitôt la qu'il ne laissait pas de savoir presque
fuite l'ers la Saône s'y jeta et n'en , , tout ce qui se passait en divers pays
sortit point. Cet auteur avait donné du monde, il y avait des badauds qui
de grands éloges à Agrippa du coté disaient que son chien était un diable
de Tesprit et de la science jusqu'à ,
qui lui apprenait tout cela. Il n'y a
dire (jue cette science lui avait pro- pas long-temps qu'un soldat réfugié
curé la dignité de chevalier que l'em- me disait fort sérieusement que ,
pereur lui avait donnée: P'ir educalus pourvu que M. de Mélac (66) eût son
inlilteris,eta Cœsare eruditionis ergo dogue, il revenait toujours victo-
equestris ordinis dignitate cohonesta- rieux.Il m'assura que dans l'opinion ,
tus (63). Commençons par-là notre générale des soldats , ce dogue était
critique. un esprit familier qui révélait à son
H est certain par le témoignage
, maître les postes des ennemis , et leur
d'Agrippa ,
que son ordre de cheva- nombre leurs desseins
,
etc. M. de ,
lerie fut la récompense de ses exploits Mélac n'était point fâché peut-être
militaires (64)- D'ailleurs il n'est pas , qu'on crût cela cette opinion pouvait
:
mort à Lyon ; et enfin, Jean Wier, faire que les soldats ne craignissent
son domestique témoigne que ce , rien sous sa conduite (67). Voilà de
chien noir était un vrai chien, et qu'il quelle nature étaient les bruits sur
l'a souvent mené avec un cordon de lesquels Paul Jove s'était fondé,
crin. Silentio involi'i , dit-il (65) ,
2°. Passons à Thevet. On ne peut
diutiiis oh verilatis prœrogatiuam non
nier , dit -il (68) , qu'Agrij)pa n'ait
patiar qiujd in dii'ersis aliquot scrip- esté misérablement ensorcelé de la
toribus {*) legerim diabolum formd plus fine et exécrable magie qu'on
,
quibus modis eranuisse. Satis equi- fession si évidente ( ainsi que le pré-
dem mirari h\c nequeo iantœ existi- sent discours le justifiera) qu'il n'est
Tuationis uiros tant insulsè aliqiunido possible de reculer en arrière par né-
loqui , sentire , et scribere ex inanis- gatires palliations ou déguisemens. ,
,
sinio l'ulgi rumore. Canem hune ni- Or voyons à quoi se réduisent les ,
griim mediocris statures , gallico no- preuves que ce présent discours ap-
mine Monsieur , quod Dominum. so-
nat , nuncupatum noi'i ego si quis (G6) Lieutenant gênerai dans les années de
"^ o « France: il servaU dans les années d Alleinaf;ne
cap. XCI. pendant la guerre qm a éle terminée l'an 1697.
(62) Paulas Jovius in Eloglis,
o r I
)- ; ,,.,., yoreilaremarque{i)del articlet,UiDt.v,alaJin.
(Oi)J't.iOui.
(f,-) rorez ce que PluUirque rapporte de la
(64; Voret ct-dessus la rémarque [D). j,,,;,^ j^ Sertorius , dans la Vie de ce général.
(65; Joann. Wier, de Magis, cap. V, p. m. ((jg) Thevet Hisl.
, «les Hommes illustres ,
(*) Jovius in Elogiis, et ex hoc .iudrcas Hou- lom. Vil pa^. 221
, , édil. de î'aris, en 1671 ,
ilurlFin libro Exemploriini Geruuo. et alii. en S vol. in-ii.
•
3oo AGRIPPA.
porlc. En premier Antoine de facultez il chercha tous les moyens
lieu , ;
nage que par son conseil adi'is et mieux qu'il pouuoit la queue du bas-
, , ,
prudence, il l'cnoit a bout des desseins ton et il gagnoit si peu qu'il mourut ,
cet Espagnol ses victoires ont dit que maudit et exécrable magicien parce ,
coup de vaillans capitaines n'eussent conte que Paul Jove a inséré dans ses
seau par le cliquetis de leurs armes et Eloges.
combats Jurieux (69). En second lieu, Il serait facile de montrer la nullité
les enseignemens d'Agrippa sont tel- de ces cinq preuves. Il n'est pas be-
lement déraisonnables que le doc- soin de réfuter la première , puisque
,
vre des Illusions et Apparitions des que pour l'asseurance qu'il ai'oit que
Esprits (71)» pour y trouver que Jean par son rneur et rassis jugement il pour-
Vuier se moque ( avec Cardan au rait suri'enir aux grandes affaires qui
XVÎIP. livre de la Subtilité' ) des res- lui étaient tombées sur les bras. Voilà
ueries d' Ag'ippa qui Jhrgeoit des donc l'accusé hors d'ailàire
,
par la ,
sième lieu, son li^'re de la Philosophie est bien plus malaisé de justifier ce-
cachée a esté condamné et censuré lui-ci d'une très-crasse ignorance. Je
par les chresliens... et pour cette oc- n'ai remarqué dans les Lettres d'A-
;
casion fut contraint Agrippa d'a- grippa aucun vestige de ses liaisons
,
estre s'^uffert faisant profession de la que, sur la foi d'un auteur comme
,
magie de manière qu'il prit la route Thevet tant d'habiles gens aient dé-
:
,
que n'eût été requis du poison ai>ec (•j5). Il ne fut jamais au service des
telle abondance que plusieurs gens Espagnols il ne servit que dans les
,
:
lui donnèrent la chasse si uife qu'il gue qu'il fit à Pavie l'an i5i5 il ait , ,
n'eut rien de plus hasif que de se reti- endossé le harnais. Voici quelques
rer h Do'e où il lent publiquement mots de cette harangue Neque mire-
, :
le Hure de Verbo mirifico (72). En qua- ris marchio illustrts Joannes Gon- , ,
(70) Là même, paf;. 225. (75) Naudé , Apologie «les grands Hommes ,
titre ni celle division dant les OKtivrcs de Jean M. (te Tliou , tom. II , pag. 99 Vojez ci-des-
Wier ,
imprimées à Amsterdam, en 1660, iiî-Zf. sous Citation (79;.
(72) Thevet, Hommes illustr. , pag. 22G. (-6) Agrippa , Oprr. , lom, II ,
pag, lo-jS.
,
AGRIPPA. 3oi
gue marquis de Monferrat à qui il
,
, draient Bodin , Martin Del Rio , le
dédia son Traite De liiplici ratlone Loyer , et la plupart des di'mouogra-
cognoscendi Deiim, l'an i5i6;77) il : phes si cette manière tle raisonner
,
vint quelque temps après si pre'venu rait-il choisi pour l'un des théologiens
,
contre Agrippa, tjue, sans les bons of- du concile de Pise ? Le pape lui aurait-
fices du cardinal Campège et du car- il écrit un bref si honnête en l'an i5i5
,
dinal delà Mark. il Taurait fait met- (81) ? Bien loin que notre Agrippa
,
tre dans un cachot. Le sieur Clavigni chassé d'Italie se soit retiré à Dole il ,
de Sainte-Honorine dit que la fin d'A- n'alla en Italie qu'après avoir* quitté
grippa n'ei\t pas ëtë moins funeste que DôIe. La quatrième raison suppose
celle de Lucilius Vaninius si le car- faux. Agrippa se fit des affaires à
,
dinal Campège , et Antoine de Lève, Dole pour avoir donné dans les hypo-
ses protecteurs n'eussent détourne thèses de Capnion dont il expliquait
, ,
point payer ses gages tant s'en faut Capnion. Le cordelier Catilinet
: ai- ,
qu'il se soit servi de ses conseils pour mant mieux prêcher contre Agrippa
se de'barrasser îles grandes affaires qui devant la princesse Marguerite que ,
lui étaient tombées sur les bras. C'est disputer ou s'éclaircir avec lui à Dùle ,
ses conseillers II avait dit dans la page la cour et le peuple contre un profes-
préce'dente (.[n Agrippa fut si bien seur absent devait l'accuser dans les
, ,
reçu h la cour de cet empereur qu'il formes devant les juges académiques, ,
à des auteurs qui entrent dans les con- rite ne lui donnât de l'emploi en ,
seils du prince aussi peu que le dernier Italie (83). La cint[uième raison de
de tous les bourgeois ? La deuxième Thevet a déjà été réfutée il n'a fait :
raison de Thevet ne prouve rien. <(ue copier Paul Jove et ils ont été \
ses meilleurs amis s'en est moqué moyen de persuader à un lecteur judi- j
donc il a été magicien. Que devien- cieux que cet homme était un grand ,
(-7) Ibid. ,
paç;. 480 et •;i8.
(81) Agrippa, Eplst. XXXVIIlLbri I, pag.
(78) Voyez tes Lettres , pag. '^28 ,
730. 710.
(:i)) Clavigni de Sainte-Honoriue , de l'Usage (82) Voyez rEiposliilalio rl'Agrippa ,
au II'.
des Livres suspects, pag. 106. tome de ses OEiivres , pag. 5o8.
(80) Thevet, Hommes illustr. ,
pag- Î22, 2î3. (83) Agrippa, Oper. , loin. II pag.,
5g6.
, , ,
3o2 AGRIPPA.
magicien Belle méthode de le per-
! La misère d'Agrippa et la peur ,
suader au peuple lorsqu'on sait d'ail- , qu'il fait paraître tantde fois dans ses
leurs que dès qu'il y a un prince ou
,
épîtres de n'avoir pas de quoi manger,
seigneur auquel l'heur rit soudain on , réfutent pleinement la première de
lui jette le chai aux jambes qu'il cour- ces histoires. Quand on a un moyen
tise agrippa (84) ! si court de payer ses créanciers , on
3°. Quant à Martin Del Rio , il ra- ne doit pas être en peine de quoi vi-
conte ou quatre choses
ces trois : vre c'est la pistole volante. Il n'est
:
1°. Agrippa en voyageant payait dans point vrai que Charles-Quint ait ja-
les hôtelleries en monnaie qui parais- mais chassé Agrippa de ses états il :
sait très-bonne mais au bout de ; , était trop habile homme pour punir
quelques jours , on s'apercevait qu'il de celte manière un magicien dispen-
avait donné des morceaux de corne sateur des trésors ; il aurait craint que
ou de coquille (85). 2°. Charles-Quint les autres princesne profitassent à son
le chassa de sa cour et de ses états dommage des secrets d'un tel banni.
et avec lai deux autres personnes de Del Rio réfute la seconde historiette
condition qui lui avaient promis de par la troisième j car il prétend dans
grands trésors par le moyen de la la troisième , que sa Majesté Impé-
magie (86). 3°. Le même empereur ne riale eût fait mourir Agrippa si elle ,
cadavre et de lui faire faire quelques les paroles On la peut nier encore :
retii-er. Cela fut fait. Le pensionnaire, qu'il l'a traduite mot pour mot d'un
après trois ou quatre tours de prome- Hure intitulé le Théâtre de la Nature,
nade tomba raide mort. On pensa divulgué en italien et en latin sous le
long-temps que ce fut de mort subite nom de Strnze Cicogna et en français ; ,
apprit tout ; et Agrippa fugitif dans que la femme qui avait prêté la clef
,
hérésies qu'il avait retenues dans le par Agrippa. 11 faut donc que ce soit
cœur (88).
(89) fide Operum ejiis volumen II , à pa^.
(R4) Tlievet, Hommes illustr. , ptig. 224.
975 , usque ad paginam 984 l'e"' pt^S- *'*''7 **
:
AGRIPPA. 3o3
la troisième ce magicien. justifier Agrippa entre aulres raisons ,
femme de ,
il faut donc que Taventiire du pen- autant de roia (()\j. C'est su|>poser
sionnaire soit postérieure à Fan iS^g ; queCliarles Quint eut de l'amitié pour
il faudrait donc qu'Agi ippa eftt pris Agrippa mais on n'a qu'à lire les ;
la fuite vers la Lorraine depuis l'an plaintes de cet auteur fgS) pour voir
i53o ou environ il faudrait que de- clairement le contraire. De plus , Nau-
:
puis qu'il fut installe' à la charge d'His- dé suppose qu'on ne s'avisa de crier
toriographe de Charles-Quint il eût ,
contre la Philosophie occulte que
été louer une maison à Louvain pour long-temps après quelle eut c(é pu-
y tenir des pensionnaires mais rien : bliée il prétend qu'on ne cria contn
;
n'est plus faux que cela j car i°. il , ce livre que pour se venger des inju-
n'alla point en Lorraine comme fugi- res qu'on croyait avoir reçues dans
tif: il y alla pour exercer une belle celui de la '^'anité des Sciences. 11 est
charge à 5Ietz laquelle lui avait été
,
fort vrai que ce dernier livre irrita
oflVrte avec tous les agrémens possi- furieusement plusieurs personnes. Les
bles pendant qu'on lui présentait
,
moines, les suppôts des académies,
ailleurs des conditions honorables les prédicateurs les théologiens s'y,
(qa 2°.
. Il n'alla en Lorraine qu'en reconnurent. Agrippa était lui esprit
iSiS et il avait encore sa première
, trop ardent. Ex ejiis libri fde Vanita-
femme. 3''. Les doctrines qu'il soutint te Scientiarum) quaUcuntjue gustude-
en ce pa}'S-là , et pour lesquelles il fut prehendi hominem esse ardentis inge-
exposé aux vexations de quelques moi- nii , fariœ lectionis et niultœ niemo- ,
tion si sainte Anne mère de , la sainte riiis quant compositd. In omni génère
plus d'honneur que l'autre à la mé- trop noires, ses traits étaient trop
moire de sainte Anne. 4"- H ne paraît marqués. On s'en f;lcha donc je l'a- ,
jioint tpi'il ait demeuré ailleurs {ju"à voue; mais il n'est pas vrai que cette
Anvers Malines , depuis qu'il fut
et à colère ait eu un ellét rétroactif sur un
fait historiographe de l'empereur , livre qu'on eût laissé en repos plusieurs
jusqu'à ce quil se retira chez l'élec- années. Naudé eût mieux fait de gar-
teur de Cologne ; et je ne pense pas der cette jiensée pour une autre appli-
que jamais il ait tenu de pensionnai- cation il ei\t trouvé où la placer tôt
:
3o4 AGRIPPA.
nouvel ouvrage vient faire des des- avait léfuté, dans son écrit de la Vani-
criptions où Ton puisse reconnaî- té des Sciences, sa Philosophie occulte
;
tre ce que Ton cache le plus soi- et néanmoins il la publia afin d'em- ,
gens; mais ceux qui ne sont point du- niiper per aliqiios Ecclesiœ prœlaLos
pes voient bien quelle est la passion et doctores sacrarum humanantmque
honteuse que Ton couvre sous le beau litleranimerudilissimos, et ex Cœsaris
masque des intérêts de la piêtê. Ren- consilio ad hoc specialiler deputatos
dons justice aux théologiens de Lou- commissarios examinatus et probatus
vain ils ne méritent pas la flétrissu- Juerit,deindè etiarn totius Cœs<\rei con-
:
re dont l'apologisfe d'Agrippa les char- sitii assenait admissus, et ejusdeni de-
ge par un tel endroit. La Philosophie sareœ majeslatis authentico diplomate
occulte ne fut imprimée qu'après la et appensd in rubid cerd Cœsaris aqui-
De'clamation de la Vanité des Sciences Id prit^ilegiatits, insuper Antverpiœ
:
il suffit de leur reprocher qu'ils usè- et postca etiam Parisiis sine contra- ,
cette Philosophie occulte. Agrippa fit vier i53i et c'est la treizième du VI*. ;
cet ouvrage dans ses jeunes ans (97) livre de ses Lettres. Ce livre parut
et le montra à l'abbé Trithème dont l'an i53i. 11 fut réimprimé d'abord à
,
il avait appris bien des choses (98). Paris. Ces deux éditions se vendirent
Trithème en fut charmé, comme il sans nul obstacle. L'auteur fit tra-
paraît par la lettre qu'il lui écrivit le vailler à une troisième à Cologne. Le
8 d'avril i5io (99); mais il lui conseil- père Conrad d'Ulra inquisiteur de la ,
est qu'il en courut diverses copies ma- culte en i533. Elle contient trois li-
nuscrites presque par toute 1 Europe. vres au lieu que les précédentes ne ,
manque jamais d'arriver en pareil cas. quatrième livie qui n'est point du
On se préparait à l'imprimer sur une même auteur. Optirno jure his iTibris
de ces mauvaises copies c'est ce qui raagicis) anniuneratur uboniinabilis li-
:
gemens dont il l'avait embelli depuis yigrippœ, rneo olim hospiti et prœcep-
qu'il l'avait montré à l'abbé Trithème. tori honorando ultra annos quadra- ,
Mclchior Adam se trompe quand il ginta jam mortuo , ut hinc falso ejus
dit qu'Agrippa, ayant corrigé et aug- manibus jam inscribi sperem, sub ti-
menté ce livre dans un âge plus avan- tulo quart i libri de occull d philosophid
cé, le fit voira l'abbé Trithème. Il seu de cerenioniis magicis qui insuper ;
» mort, et qu'asseurément il ne l'a- pas que cet auteur eût séjourné ja-
)) voit point composé (io6). » mais à Grenoble considérablement
lorsqu'il y alla mourir.
Wierus de Magis, cap.
(io3) , p. io8. V ,
(Fi) Les fautes de 3Ioréri ne sont pas
Naudé, Apologie pour les grandi Hom-
(io4)
mes, pag. 4ii. nombreuses dans cet article.'] i". On
(105; Là même, pag. 4^3.
(*) Lib. Il de Prsestigiis.
y voit Cofiori, au lieu de Gohori; Gu-
,
TOME r.
, ,,,
fallait dire Pairie. M. Teissier a été vie; il avait été à Genève, à Fribourg
trompé aussi par la ressemblance des et à Lyon. 5°. Il n'est pas vrai que
mots il a mis Paris pour Pai'ie ;
: Paul Jove, Del P>io , Thevet, et quel-
peut-être n'est-ce qu'une faute d'im- ques autres , soutiennent qu'Agrippa
pression en tout cas le lecteur doit
: ,
avait deux démons sous la forme de
être averti qu'il ne doit pas croii-e ce deux petits chiens, et qu'il en nommait
qu'il trouve dans M. Teissier, savoir , zi/zMonsieur et /'«Mtre Mademoiselle.
,
qu'Agrippa a été professeur des lettres Paul Jove Thevet , etc. parlent seule-
,
saintes à Dole et a Paris (109). 11 est ment d'un chien sans dire quel nom
,
ne ramasse tout ce qu'il trouvera épars guer le livre de la Vanité des Scien-
en plusieurs livres, et qu'il ne nous ces d'avec les autres œuvres d'Agrip-
Tienne débiter l'un de ces jours qu'A- pa, qui composent deux volumes car ;
grippa a professé les lettres saintes à ce livre est en tête du second volume.
Dole, à Paris, à Pavie, à Turin, à Je ne dis rien du désordre qui règne
Padoue, à Cologne, etc. Il est arrivé dans le narré de Moréri, par rapport à
sans doute plus d'une fois , par ime la chronologie.
semblable cause, qu'on a multiplié (S) // promettait un ouvrage contre
faussement les charges d'un homme les Dominicains.'] Comme ils étaient
avec bien desi'éflexions à son avantage les principaux directeurs de l'inquisi-
sur l'étendue de son mérite. 3°. Ces tion , il ne faut pas s'étonner qu'il
paroles iettent dans la confusion Le : leur en voulût plus particulièrement
cardinal de Sainte-Croix le i^outut en- qu'à d'autres. La patience lui échap-
gager a le suii're au concile qu'on dé- pait lorsqu'il les voyait si indulgens
liait assembler à Pise ; et, dans le mê- pour les erreurs de leurs confrères, et
me temps, le roi d' Angleterre Mar- , si durs envers les propositions équivo-
guerite d' Auslriche et Galinaria , , ques des autres gens. Cette indulgence
chancelier du même Charles f^ , Rap- aurait été moins scandaleuse si elle
pelèrent a leur sen'ice. Les règles de ne se fût trouvée qu'en eux ; mais
notre grammaire veulent qu'on rap- le mal est que les peuples sont si sots,
porte tout cela à un même temps et, :
que pendant qu'ils louent le zèle d'un
sur ce pied-là Moréri aurait débité
, inquisiteur qui trouve des hérésies
un grand mensonge car ce fut en j partout où bon lui semble, ils ne souf-
ïSag, long-temps après l'affaire de frent pas que l'on use de récrimina-
Pise, qu'Agrippa se vil recherché par tion contre lui, et qu'on étale aux
Henri VIII, par Marguerite d'Autriche yeux du public ses doctrines pernicieu-
et par le chancelier de Charles-Quint. ses. Agrippa devait là-dessus parler
Mais d'ailleurs si l'on veut bien chi-
, de la belle manièi'e aux Dominicains
caner on niera qu'on ait appliqué à
,
et sur d'autres choses aussi. lYeque ta-
la même année les offres de tous les nieii /^M^etis dit-il (no) aux magis-
,
bilité de ces chicanes; et ainsi, il ne lum apud illum reperiri hœreticum, sed
sait à quoi s'en tenir. 4°. H n'y a point alii multi, quos cîim hicnimis longum
de chicanerie à trouver en faveur de vobisque tœdiosum foret referre , enu-
ce qui suit Mais Agrippa, qui aimait
:
rnerabo alibi , in eo scilicet tibro
extrêmement la liberté , préféra le plai- quem de fratrum prœdicatorum scele-
sir de voyager à ces avantages ; et ribus et hœresibus inscripsi ubi infec-
,
AGRIPPA. 3o'
moJi heroum illorumfacinorajlagitia- duquel avait esté séparé, et non
il
que in varias transfusa Unguas ont- , plus : outre celte raison , dii-je
, il ex-
nique populo exposita dilucidè nar- plique assez ce qu'il entendait par une
ral/o. telle clef, quand il dit
en la ig^. épist.
(T) Il eut quelques opinions qui du hure 5 « Uœc est Ma vera et mi-
:
qu'il se réseri^oii la ctej des trois Uires tarum metamorphosi deque lapide illo ,
l'on pourroit respondre avec beaucoup ta œra mox omnia in aurum argent-
de probabilité , qu'il faisait mention de tumi^e permutentur ; quœ omnia com-
cette clef pour se faire courtiser par periuntur vana, Jicta , etfalsa, quo-
les curieux , comme Jacques Gohory ties ad litteram praclicantur (117). Il
(*^) et f^igenere {*^) disent qu'il se fan- ne faut point chercher hors de nous-
toita mesme dessein de sa^'oir la pra- mêmes, ajoute-t-il « le principe de ces,
Jectuum operator :
reh-
omnibus ac toli honiini animali qui
, ,
ni crimine, sine Dei offensa, sine velit ad liœc secretorum penetralia in-
gionis injuria. In nobis, inquam, est gredi non quod corpus separetur
:
,
ille mirandorum operator,
ab anima sed quod anima relinquat ,
5. tière , et mort au
monde , à la chair, p^-^^„,^ „o„ ^^ ^arne et sanguine.
•
V à tous les sens , et a tout 1 homme ^^^ ^^ ^^^ ^^^ ^^^^ -^^ „j „«!
.
AGUIRRE. 309
passas, tibi ista prœdicem , aut taie uxores forte quia ex concubinis pro-
,
quld mihi arrogare velim t'el concedi , vcntus illis est amplior. De quo legi-
passe spereni qui hactenus hurnano
,
mus gloriatura in convivioqiiemdam
sanguine sacratus miles semper ferè , episcopum, habere se undecim millia
auUcus , tiim carnis uinculo charissi- sacerdotum concubinarioram qui in
,
rnœ iixori alligalus , omnihusque in- singulos annos illi aureum pendant.
itabilis forlunœjlatibus expositus, to- Hœc nmnia et alia forte plura ne-
,
,
de
vent lire \e Prodrome qu'il publia a publiés à Rome sous le titre ,
avec la France, qui fut néan- voulait garantir pour bonnes plusieurs
moins conclu au mois d'octobre décrétâtes que tous les sa\'ans jugent
supposées.
1693. La dépense qu'il a faite
de deux volu- (D) On l'a cru l'auteurd'un ouvrage
pour l'impression
fort docte (1) contre les décisions du
mes de don Nicolas Antonio, son clergé de France del'aniGS'î.l En voici
ancien ami, est fort louable. J'en le titre Tractatus de Libertatibus :
sieur le cardinal d'A^uirre, et a mon- lecteur sache le jugement que l'on fait
signor Cazzoni. Et voici comment il en France du livre de ce cardinal :
parie dans la page i84 f^' auteur du : « A peine nos quatre articles eurent-
T/aitedeLibertatibusÈcclesiseGallica- » ils paru ajoute-t-on (5)
, qu'une ,
nae, ou plutôt les auteurs; car) apprends » foule d'écrivains s'élevèrent pour les
qu'ils sont plusieurs qui ont travaillé )) combattre ; et à peine s'est-il trouvé
a cet ouvrage , et que tous les docteurs w quelqu'un en France qui ait pris la
romains y ont épuisé toute leur scien- » plume pour les défendre. Je ne dis
ce quoique ce soit un très-médiocre
,
» pas que les ouvrages qui les com-
cuivrage ces auteurs , dis-je , sou-
; » battent soient formidables. Ils font
tiennent etc. Mais voyons un peu ce
, » pitié la plupart ; mais ils ne laisssent
que dit l'auteur delà Lettre d'un abbé » pas de faire du mal dan s les pays où
h un prélat de la cour de Rome sur le « l'on est déjà disposé en faveur de la
décret de l'inquisition du 7 décembre M doctrine qu'ils défendent Et en-
1690 contre trente-une propositions.
,
w fin les récompenses éclatantes dont
,
« Nous-mêmes (3) , daus nos assem- )' cour de Rome sait payer le zèle de
la
>> ble'es nous n'avons pas seulement
, » ceux qui se déclarent pour elle ,
» cause. Vous savez à qui il tient. j) les plus obscurs. N'est-ce pas par-là
» C'est ce qui a fait qu'un des livres » que le cardinal d'Aguirre est deve-
» qui aurait dû être plus fortement » nu ce qu'il est, de moine espagnol
)) réfute par nos théologiens, et même » qu'il était auparavant ? L'abbé de
n flétri par une censure épiscopale , » Saint-Gai n'avait-il pas été nommé
» court la France impunément et , n à un évêché , et n'avait-on pas des-
» que ceux qui en suivent les senti- » sein de le faire cardinal (6) ,
pour
3) mens le répandent et en font par- » récompense d'un ouvrage fait contre
» tout l'éloge se vantant qu'on n'a
, » lesquatre articles aussi-bien que ,
1) osé
y répondre. Il me nomma aussi- M celui du cardinal d'Aguirre ? n Au
» tôt le livre de Libertatibus Ecclesiœ reste trois ans avant que la lettre
,
')
nous tenons tous comme hérétique ;
Tractatus est un prêtre français, nom-
') car il soutient tout franc que nous mé Antoine Charlus , réfugié à Rome
» n'avons pas de droit divin notre à cause de la régale. Peut-être le fau-
» juridiction épiscopale. » L'anato- drait-il appeler Charlas * ; car appa-
mie de la sentence contre le père Ques- remment , il est de la même famille
nel m'apprend (4) que le livre de Li- qu'un religieux de ce nom , natif de
bertatibus Ecclesiœ Gallicanœ fut rile-en-Jourdain (9) , mort dans son
composé à Rome à l'instance des , exil , après avoir soufl'ert plusieurs
ministres du saint siège et imprimé , disgrâces pour les affaires de l'évêque
par leur ordre et par les soins de de Pamiers (10).
M. l'intemonce de Bruxelles , dans
Abbé an Prélat, pag. 55, 56.
Bruxelles même , quoique sous le nom (5) Lettre d'an à
là , il est toujours vi-ai qu'il a écrit Cologne Van 1688, pag. i55.
,
1682. La lettre qu'on vient de citer , *' La conjecture de Burle sur ce nom est
juste. Jolr dit que ce prêtre s'appelait Antoine
me l'apprend d'une manière qui mé-
Charlas ; qu'il était prébendier à Conserans , ci
mourut en i6gS.
(3) C'est un evéque que l'on fait parler , p. 5g« (g) j4u diocèse de Toulouse.
titude (A). Quant au jugement bonne santé chez lui (E). Les Lo-
et à la conduite , c'est une autre criens ont eu une singulière vé-
chose, et ce n'était point son fort. nération pour sa mémoire (h).
Les poètes l'ont fait si intrépide, Nous dirons dans l'article de Cas-
qu'ils ont même dit que les dieux sandre comment ils furent obli-
tombant sur lui avec leurs fou- gés d'expier son crime. II avait
dres et leurs tempêtes , ne pou- tellement apprivoisé un serpent
vaient dompter son audace , de long de quinze pieds , qu'il s'en
sorte qu'il leur fut plus facile de faisait suivre comme d'un chien.
le perdre que de l'himiilier (B). Il le faisait manger à sa table {i).
L'action qui l'exposa à cette co- (e) Pausan. lib. X pag. 347. , .
oii elle avait cru trouver un asile. (A) La promptitude. ] Homère lui
Les Grecs même furent choqués donne ordinairement l'épithète To-xiiç,
l'elox (i). Les trois mains que d'au-
d'une violence si profane, et ,
AJAX. 3!^
Dixtl vel invilis Diisfure lU effiigerel ingén-
hns ut tertiam habere putaretur (^).
,
ies Jluctus maris.
Plusieurs interprètes entendent de lui
ces mots d'Horace et celerern sequi , Neptune
, indigne de cette auda-
Ajacem (3). M. Hofman adopte leur ce fendit le rocher en deux avec
,
explication ; car il confirme par ces sou trident , de sorte que la portioa
paroles TOfAÎoc T*;tî/ç ùi'n d'Homère sur laquelle Ajax était assis tomba
Je ne savais ce qu'il voulait dire , en dans la mer. C'est ainsi qu'Homère le
confirmant par ces mots grecs ce que conte dans le IV^. livre de TOdysse'e.
le compilateur de son Dictionnaire Quintus Calaber particularise les cho-
avait dit touchant la vitesse des pieds ses avec beaucoup plus d'étendue il :
bet auihorem. Je trouvais étrange, je prend que Minerve, nou contente des
trouvais incompréhensible , que M. foudres que Jupiter lui mit en main ,
Hofman parhlt du compilateur de son voulut encore que Neptune lui prêtât
Dictionnaire comme d'un auteur dis-
,
tous ses orages. La tempête fut la
tinct de lui mais enfin j'ai ren-
; ,
plus horrible qu'on se puisse figurer :
contré la solution de cette éuigme. Minerve lançait la foudre à tous mo-
M. Hofman avait tiré mot à mot da mens; elle mit en feu et en pièces le vais-
Dictionnaire de Lloyd ce que je viens seau d'Ajax ce furieux homme ne lais-
:
de citer. Dans Lloyd la chose n'a , sa pas de sesauver au travers des ondes
point de difficulté parce que cet au- ,
les plus agitées , et de braver tous les
teur n'a donné son Dictionnaire que Dieux sur le rocher qu'il gagna.
comme une augmentation et une cor- $>ï ii xcii il //.iha. îTatvTsç 'OKÙf/.7rn>t
rection de celui d'un autre. Il y a dans ilç iV IKO^Tttl
les livres un grand nombre d'obscu- T«3-*v 6*-
Xûûôy.ivoi , x!t( «vaç-ji!rû)(S-i
ritésqui procèdent du même principe
que de ce passage de M. Hofman.
celle
'Enifti-yinv (7).
On ne change point ce qu'il faut chan- Jaclavit autem, eiiamsi cuncti cœlitesin unum
ger quandon abrège, ou quand on tran- convenirent ,
A.!tyT.//oXKK Aoxf
auiouranui iNégrepont. Un ne pour- plu
à-d.re , après la prise de Fioie
rait, sans une extrême imprudence, et
sieurs ^«-'•'^«^/'7'
sans supposer un faux principe , con- "^'V^ '
2
damnerTes poètes grecl qux ont fait Pf-:^i-P-5-.^'':^l^:^'l/::Sl
châtier par cette déesse toute une na se saiiua a peine avec A'jax et revint ,
ou, comme dit un autre poète, (i4) Rochers de la mer Ége'e. Voyei les Pein-
tures de Philostrate.
Quicquid O'dides commiserai , omnibus unus
Peccavil Danois, omnibus ira nocens (loj.
AJAX , fils de Télamon (a) ,
L'objection prouverait trop , et pour-
rait être rétorquée contre l'histoire de était après Achille le plus vail-
David. Il est vrai, non-seulement dans lant capitaine grec (A) qui fut au
les écrivains profanes, mais aussi dans siège de Troie. Il y commandait
les écrivains sacrés, que
les troupes de Salamine {h) ,
et
Quidijuid délirant reges plecluntur Achivi (i i).
plusieurs beaux exploits
il y fit
Meursius ont dit là-dessus mais ne gue qu'il fit au sujet de la dispute
:
Pausanias lui, aurait dit que la mer tant aperçu qu'il n'avait tué que
lui avait rendu malaisée l'approche des bêtes, il devint encore plus fu-
de ce tombeau mais au contraire ; ,
rieux , et se tua. On a dit que sa
,
AJ AX. 3i5
selon quelques-uns , non par les que l'Ecriture Sainte donne au
sufïrages des princes grecs , mais roi Saiil à l'égard de la taille (Ji).
d'un lion à celui d'un homme : Pindare appelle Ajax ;cpiTiç-!iv , 'A;^^lXsoç
oLTip , yi-X,^ (2) 5 strenuissimum ex- ,
tant elle détestait le genre hu-
ceptn Achille , in pugnd. Sophocle
main en se souvenant de l'injus- en dit autant (3). Horace n'en dit pas
tice qu'on lui avait faite touchant moins Ajax Héros ab Achille se-
:
les armes d'Achille. Nous dirons cundus (4). Plutarque rapporte comme
une tradition qui ne recevait point de
ailleurs {g) quelque chose de la
difficulté qu'Ajax était le plus beau ,
,
postérité qu'il laissa , d'oii sortit le plus grand et le plus vaillant de
,
3i6 AJAX.
Tœv aXXMV Aavaœv //«t à.y.iifj.^'^tt. IIm- gle après avoir cessé de prier et la
, ,
su tn
aux assiégeans.'] On aurait néanmoins Quà
,
dem licet dicere utilem l'inolentiam ad point de démêlé avec Ulysse touchant
fortitudinem , utilem etiam demen- ces armes; mais touchant le palla-
tiam , quod et insani et ebrii multa dium qu'on avait enlevé de Troie
faciunt sœpè iiehementiiis. Semper au saccagement de la place. Ces deux
Ajax fortis, forlissinius tamen in narrés sont incompatibles, vu que
furore. les armes d'Achille furent adjugées à
troie, et
Namfacinus fecit maximum, quum, Danais UljSSe avant la prise de
inclinaniibus, qu'Ajax se desespera peu après 1 ad-
Summnm rem perfecil manus, prtBlium quiim indication. Quoiqu'il en Soit, DictyS
restiiuit insaniens.
j^ raconle qu'Ulysse remporta
^.^^^^
Dicamus igilur utilem insaniam (j). le le juge-
palladium sur Ajax, par
(C) Il était ini^ulnérahle par tout le ment des chefs, et qu'Ajax, transporté
corps, à une partie près.'] Voici l'ori- de colère, menaça de tuer ceux qui
gine de cette singularité. Hercule , lui avaient fait cette injustice ; mais
voyant Télamon fâché d'être sans en- que le lendemain il fut trouvé mort
fans, pria Jupiter de lui donner un dans sa lente, transpercé d'un coup
garçon qui eût la peau aussi dure que
celle du lion de Némée , et autant de (g) Les Grecs nomment Vaigle
Auroç.
courage que ce lion (8). Il vit une ai- (10) Suidas in 'i^^'SfO.S'd.Ç'Cfi ; Scboliastes So-
ptoclis in Ajacera ; Sclioliàst. Horacri in Uiadoï
(6) Homeri Odysse» lib. XI , vs. 5!^ç^, vide lib. XXIII ! el TzeUes in Lycophr.
eliam vs.468.
(-) Cicero TqscuI. lib. IV, cap. XXIII (il) Suidas m ' AtT<Sfa.ià.çr(t,.
AJAX. 3f7
d'épce(i4)- Ulysse, soupçonne de cet -Minerve se voulut mêler un jour de
homicide, et voyant les murmures de lui donner des avis
; il lui repondit
l'armée, s'embarqua, et mit à la voile fit-rement IVe i^ous mettez point
:
en
le plus promptement Sui- qu'il put. peine de mon poste ; j'en rendrai bon
das (i5) et Sédrenus avouent bien compte ; i/OHs n'afez qu'à garder vos
qu'Ajax et Ulysse disputèrent le pal- bons offices pour les autres Grecs (ai).
ladium; mais non pas que les juges Une autre fois , elle s'offrit à conduire
aient prononcé en faveur de l'un ou le chariot d'Ajax dans la mêlée
ne
il :
de l'autre. Ils disent qu'on se sépara , le voulut point souffrir (22). 11 fit
avant qu'il y eftt rien de décidé , et même effacer de son écu la chouette
que la nuit suivante Ajax fut trouvé qu'on y avait peinte (aS). Il craignit
raido mort. 11 y en a qui veulent que apparemment que cette peinture ne
sou combat avec Paris lui ait été aussi fût prise pour un acte de dévotion
funeste qu'à son adversaire il y reçut : envers Minerve, et pour une défiance
une blessure dont il mourut (16} et , de ses propres forces. On ne serait pas
il y tua Paris (17J. D'autres disent que équitable, si l'on" n'apprenait ici aux
les Troyens , avertis par un oracle ,
lecteurs qu'il n'est pas si indévot dans
que le fer ne pouvait rien sur son Homère car , s'il n'y prie pas Jupiter
;
KcstToç Ka.Ta.x.TYiTo.i'r . 'i.ym S^e ko.) élX"- que les Troyens sachent qu'on prie
Keiyoïv , ^sToiSa. toSt ès-is-Tarêiv Dieu pour le bon succès de ses armes
;
xxtof (19). cela peut recevoir deux explications :
semblable dans le même auteur. de ces deux explications lui laisse une
vanité fort injurieuse à Dieu : la se-
hxkI; T5V xoêiVa-ova. (20). conde lui laisse beaucoup de persua-
Sed cum Deus adversalur tuuc etinm ignavi ,
sion du pouvoir
céleste. Mais , à quoi
ejlfugiuiit è manibus virorumjortium. sert cela, puisqu'il consent qu'on prie
tout haut; qu'il y consent, dis-je
(i4) Dict. Cret. , lib. V.
(i5) Soldas in voce. naÀ^iiTioy.
(2i) Ibid., pag. 8:.
(16) Dares Phryigius s£ Scholiast. Sopliocl. i«
(22; Scholiastes Sophoclis.
.Argument. Ajacis.
(17) Dares Phrygius.
(23) Idem.
(iS) Apud Sclioliast. Sophod , ibid. (24) Homeri lUad. lib. VII, vs. 196.
,
(19) Sophocles in A\iQe,pag. 80, 81. (25) Comment. inErablem. CYX^// Alciali,
("aoj Ibid., pag. 5i. pag. 547.
,,
3i8 AJAX.
par la confiance qu'il met en sa force est du premier. Il dit que Calchas dé-
et en son adresse; en nn mot, par la clara que la religion ne souffrait pas
raison qu'il ne craint rien, et qu'il se que l'on brûlât ceux qui se tuaient
soucie peu que les Troyens fassent des eux-mêmes 129). Voyez dans le même
contre-prières ou qu'ils n'en fassent
, Philostrate comment les Athéniens se
pas ? Est-ce là un exemple de piété distinguèrent à honorer ce héros. Pau-
que le coraraentateur d'Alciat doive sanias nous apprend que l'une de leurs
proposer? Un homme disait l'autre tribus portait le nom d'Aj.ix (3o) , et
jour que les princes catholiques font que les honneurs qu'ils décernèrent
fort mal de laisser mettre dans les ga- tant à lui qu'à Eurysaces, son fils,
zetres les pèlerinages de Lorette, les subsistaient encore (3i). Ceux de Sa-
offrandes les vœux
,
les prières de , laniine avaient bâti un temple à Ajax
quarante heures , qu'ils ordonnent (Sa). Toute la nation grecque l'invo-
pour obtenir une glorieuse campa- 3ua quelque temps avant la bataille
gne; car, dès que leur ennemi le sait, e Salamine (33) et lui consacia en- ,
il ordonne les mêmes choses chez lui, suite, comme une partie des prémices
et promet encore plus de largesses destinées aux Dieux, l'un des vais-
aux saints et aux saintes. On lui ré- seaux qu'on prit sur les Perses dans
pondit que cela montrait la bonne foi cette mémorable journée (34)-
de ces princes ils ne veulent pas sur-
: (G) On a conté quelques iwentures
prendre les arrêts du ciel ils ne veu- ; miraculeuses touchant son tombeau, j
lent pas, comme Ajax, ôter à leur Ulysse , ayant fait naufrage sur les
advex'se partie la connaissance de leurs côtes de la Sicile, perdit, entre autres
requêtes , et les moyens de se pour- choses , les armes d'Achille. Le bou-
voir contre ce serait vouloir qu'on
: clier sortit ensuite de dessous les ondes
prononçât sans avoir oui les deux auprès du sépulcre d'Ajax , et y fut
parties. appendu; mais, le lendemain il fut ,
(F) Les Grecs lui dressèrent un su- frappé de la foudre. Voilà ce que
perbe monument sur le promontoire de Ptoloraée fils d'Hephestion rapporte
B.hétée.'] Ce fut uu de ceux qu'Alexan- (35). Pausanias dit , en général , que
dre voulut voir et honorer (26). Nous la tempête porta sur le tombeau d'A-
disons ailleurs (27), qu'on a torl d'ac- jax les armes d'Achille , après le nau-
cuser Pline d'avoir ignoré la vraie si- frage d'Ulysse (36). La matière était
tuation de ce tombeau. Mais s'il est , trop belle et trop féconde en morali-
vrai que les Grecs aient érigé ce mo- tés pour n'être pas empaumée par les
nument que veut dire Horace, quand
,
poètes. Voyez dans l'Anthologie ce que
il censure Agamemnon d'avoir laissé les Grecs ont chanté sur ce sujet (37).
Ajax sans sépulture ? Alciat en a tiré l'un de ses emblèmes
- . . Cur Ajax héros ah Achille secundus (38). Quant aux prodiges, ou aux mer-
Pulrescit, toiles servaiis clams Achivis ^ veilles, qui firent parler d'Ajax après
Gaudcal ut populus Priami Priamusque sa mort , voyez Pausanias , à la page
iiihuniato
Per quein
,
AJ AX. 3ig
(Sq). L'homme racontait à Pau-
qui le d'Ajax et qu'Aba , fille de Ze-
;
sanias (4o) voulait qu'il jugeât par-là nophanes, l'un des tyrans, étant
quelle avait été la taille d'Ajax. Ho-
donne tout-à-fait avanta-
entrée par mariage dans celte fa-
mère la lui
geuse. mille, se rendit maîtresse du pays
'Avtif >tii( ti [xîya.ç ts après que son père l'eut gouver-
"E^o^oç 'Apyila>v Ki<fa,K»v «cT' lùpictç
né sous le titre de tuteur. Elle
eiojjiovç (4i)'
........ Kir laltisque magnusque fut confirmée dans la possession
Procerissimus Argi^'orum lurn capile tum latis
par Marc-Antoine et par Cléopà-
humeris.
tre, auxquels elle avait fait sa
(H) Ronsard crut at'oir fait une
cour habilement. Après sa mort,
Jaute touchant Ajax. ] Il avait mis
Ajax parmi les bravas qui prirent le pays revint au pouvoir de ceux
Troie ; mais il l'en ôta dans la deuxiè- qui en devaient être les posses-
me édition de sa Franciade ayant ,
seurs légitimes. C'est là tout ce
été averti par Florent Chrétien, qu'A-
que Strabon nous en apprend («).
jas se tua avant la prise de cette ville
(42). Apparemment, Recueillons de là que le Supplé-
il ne savait pas ,
que, selon quelques auteurs, ce grand ment de Moréri est tout plein de
capitaine ne mourut qu'après le sac- fautes dans cet article (A). La re-
cagement de Troie car s'il l'avait ;
Prêtrise. Voilà les noms qu'il sieurs princes aient tAché d'ôler à
Ajax le ro3 aume de Salamine. Leurs
avait du temps de Strabon , qui
attentats regardaient la Trachiotide ,
ajoute que la plupart des ponti- le patrimoine ou le domaine de l'é-
fes qu'on y avait vus avaient por-
d) yorez son Traité de Cypro, lib, II cap,
té le nom de Teucer ou celui
,
VU et seq.
,
320 AIGUILLON.
glise de Jupiter Olbien dans la Cilicie; on renouvela l'érection SOUS Je
et Strabon ne dit pas qu'on ait taché règne de Louis XIII , l'an i638
d'en dépouiller Ajax, ni même qu'A-
,
mé Zenon ,
qui était de la même 1346 au duc de Normandie qui
, ,
sagesse que lui. Ils la firent écla- depuis fut le roi Jean. On a hon-
ter d'abord , non pas dans la so- te aujourd'hui de lire cela; et nos
litude, mais dans la ville de Ga- guerriers ne sauraient assez ad—
za ; puis ils s'attachèrent à la vie mirer que l'art militaire fût alors
monastique. Ils reçurent souvent si misérable en comparaison de
trois garçons après quoi il se sé- une ville comme était alors celle-
;
maria le troisième («). res de leur ville (C) avec les con-
(a) Sozom., lib. quêtes qu'ils firent long- temps
VU, cap. XXFIII.
après .Mézerai s'embarrasse beau-
AIGUILLON , petite ville de coup à l'aflaire dont je parle (e).
Guienne , sur le confluent du Lot Aiguillon n'eut pas entièrement
et de la Garonne , à quatre lieues contre les Anglais le même avan-
au-dessous d'Agen (A) , fut érigé tage que contre le duc de Nor-
en duché-pairie , pour le duc de mandie; car, lorsqu'ils l'assiégè-
Mayenne l'an 1 699. Les lettres
,
(i) Le 19 de mai.
en furent vérifiées au parlement (c) Dans de (Marie de ) ViGNEROn.
l'article
AIGUILLON. 3j,
rent en 1480, ils ne prirent point siégea la lille d'.aiguillon tenue par
le château: ils prirent seulement ^** -anglais ; H envoya quérir à To-
la ville et ils la pillèrent (/). l^îll"/',..!"/''/" ^I^""* 9"'
,
estoient dam ladue ^'V."''
uiile ; et lorsqu'on
i>oulusl assaillir ceux
(y) Damait, Antiquités d'Agen , p. loo. d'Aiguillon , il
Jut nrrestépar les seigneurs Jrancois
,
que ceux de Tolose
(A) Au-dessous d'Agen.l^ïî^^vais Carcassonne, ,
et Beaucaire assaUliroient
voulu marquer au milieu de quelles du matin ,
Masson dit que ce sie'ge dura qua- Toulouse au mois de janvier i346
il emploie trois mois à prendre
torze mois. Acilionem (i) urhem ir- quel-
ques bicoques ensuite, il prend An-
rita Joannis postea régis Francorum
:
que sont une troisième circonstance \^) ^o^^^l^ ^^ comparaient les pre-
à considérer. Dans tout ce siècle (4), "»^/ei guerres de leur uille. ] Voyez
on ne voit point de siège plus mémo- Florus, et son style plein d'exclama-
rable, soit pour les attaques, soit pour *'0"*- '^"'^ (^"'^ credat?) et Algi-
les défenses. On y
donna trois as- 'It""
^^'''''"'tfuerunt : Satricum atque
sauts par jour, une semaine durant ; ^ornicu/um proi^inciœ. De f^erulis et
après, on en ^'inl à l'artillerie, et aux ^''^"'" triumpha^imus.
P"'^"^^ '
^^'^
machines par terre et par eau (5). ^'*"'" ^unc suburbanum et œsiivœ
Voici une citation qui embrasse les t'rœnsste deliciœ nuncupatis in Ca- ,
(i) Baudrand la nomme Âguillionum, dura pas la moitié de ce temps et celle de Jolf ,
(2) Papyr. Masso , Descript. Flnmin. GaUii qui, d'après Froissard et Me'ierai , en réduit la
(3) Mezerai , Abrégé Chron. à l'an ;n i346,
i3 durée à six mois , en observant que c'est encore
tom. III , pag. 24 edit. de HoU., en 1673. un siège assez long pour le tempt,
(4; C'était le Xiy (7) Mêlerai, Abrégé chronol. , lom, IJI
(5^ Lci même.
21
322' AILLI.
Fœsulce, qund Carrce nuper; idem plication à la science de l'école
nemus Aricinum, qund Hercynius sal- ne l'empêcha pas de devenir bon
tus : Fregellœ, quod Gesoriacuni Ti- :
liacus, etc.
(b) Tlievet et Vossius de Hist. Lat. pag., , {d) C'est l'anti-pape Clément Vil qui sié-
548; de Se Malh. ,;)a^. 182, 228, l'en font geait à Avignon.
archevêque. (e) C'était un Aragonais, nommé
Jean de
* Chaiifepié raconte quelques particula- Monteson qui niait
, la Conception im?nacu-
rités sur d^Ailli , et entre autres qu'il était lée de la l'ierge.
,
Jils d'un boucher.
{f) Selon More'ri , ce fut l'éféché de Bellei;
(c) yoyez la 1-emarque TA). mais il se trompe.
AIL LI- 323
ment de l'année suivante. Il fut un beau corps doctrine dePier- la
fort considéré de Boniface IX et ; re d'Ailli touchant la puissance
il se servit de cette faveur pour ecclésiastique. Il veut que l'on im-
faire établir un théologal dans pute cela au malheur du temps
toutes les églises épiscopales du je m'étonne qu'il ait ou- (/); mais
royaume. Il prêcha à Gênes l'an une autre tache de ce doc- blié
i4o5 sur le mystère de la Tri- teur je veux dire son entêtement
, ;
tina de grandes sommes par son {i) Dictala hujusmodi danda injuriœ tem-
testament aux services que l'on poris sunt, nœ^us in candidissimo pectore,
Launoius ibid. pag. 480.
ferait en plusieurs églises pour le
,
de regarder comme une tache sur naire an mot Vo-.sn;s, trouve cette exprès- ,
on peut donc mettre dans la liste des porté la qualité de grand aumosnier
mensonges de Thevet ce qu'il dit tou- de France ny de grand aumosnier ,
que pour avoir le moyen de vacquer a quoi s'est trompé de mesme le conti-
l'estude des lettres, il fut contraint nuateur des Annales de Bnrontus.
de servir de snus-portier au collège (D) Il mourut l'an i425.] C'est
de Navarre. Volaterran avait déjà une chose étrange qu'un homme de ,
publié que Pierre d' Ailli était Alle- ce rang et de cette distinction soit
mand (3). mort, sans qu'on sache au vrai ni ,
(B) Par des traités de logique. ] Il où ni en quelle année. Les uns di- ,
cela qu'il fut redevable de la force l'an 1416. Les autres, qu'il mourut
et de l'adresse avec quoi il soutenait à Avignon le 8 d'août 14^5 étant , ,
ses opinions, et renversait celles d'au- légat du pape en France (6;. D'autres
trui. Le célère Wesselus, de Gronin- disent bien qu'il mourut à Avignon ;
gue en parle de cette manière Quis mais ils mettent sa mort à l'année
, :
que definitionibus divisionibus, ar- page 479 de son livre mais, dans la
, j
bus ,
perveniret ? In dispuUilionibus d'Ailli était mort légat du saint siège
dico ubi discussione disertd opus est. en Allemagne, l'an i^iZ Anno post- :
nisi dis'inctione muliiplici, aut elen- sous l'an i4i8. Les registres de l'é-
chi ignnrantid antécédente vel consé- glise de Cambrai portent qu'il mourut
quente delusum docuisset? Opus igitur le 9 d'octobre i425 étant légat du ,
suam ma^istri Pétri Logicam evasit terra derrière le grand autel (8j. La
(4)? On doit remarquer que M. de diflérence de i4i6, et de 1426, est
Launoi croit que ces mots du passage venue d'une faute d'impression le :
qu'on vient de lire Rota de errore , chifi're i, mis par mégarde au lieu du
,
etc. étaient le titre d'un livre fait chitlre 2, a tonde deux sentimens.
,
par Pierre d'Ailli mais j'aimeraisj (E) Hft de grands biens au col-
mieux entendre par Rota le lieu où le lège de Navarre. Il en a été appelé '\
pape entendit les disputans. Quoi le second fondateur (9). C'est lui qui
qu'il -n soit, c'est sans doute la Dia- y fît bâtir la maison des théologiens
j
lectique qui contribua puissamment mais ce n'est point lui qui y tit bâtir la
à cet éloge de Pierre d'Ailli Aquila bibliothèque. M. de Sponde, qui l'as-
:
Voyez du Pcyrat, à la page 345 des (*) Claudius Robertus, in Galliâ Chrislianà ,
68.
Aïïtiquilés de la chapelle du roi. Il y folio
(6) Labbe , de Scriptor. Ecclesiast. , lom. II ,
(i) Apud Lounoium Hjsl. Coll. Nav. p. iS^.
,
pag. 179.
(a Thevet, Homme» ilinslres, tom. VII, (7) Vossius.de Hislor. Lat., pag. 543. Bellar-
pag. 86 del'edil. in-ji. min, de Script. Ecclesia^t. , pag. 384, met la
(3) Gesneri BiblioOi.fol. 543 verso,
,
même anne'e , mais sans marquer aucune ville.
(4) Wesselus
de Pote^tate Papse, cap.
, IX ,
(8) Apud Launoiam , Hist. Gymn. Navarrie,
apud Launoium, t.'ist. Navar. , pag. 469. pag. li'j.
id est opus Caro/i octavi régis, cujus et des conjonctions que ce cardinal a ,
tro centies def in^itur, et statua in oc- création du monde , jusqu'à l'an de
cidentali tiirbinati parietis cono erecta Jésus-Christ i385 il ne s'en trouue ,
cnnspicitur 'lo). Il est bien vrai que pas six i-ériîables (18). Ce passage de
Pierre d'Ailli voulut qu'une partie des Bodin a été ainsi changé dans l'édi-
biens qu'il laissait à ce collège servît tion latine Mirum niihi wisum est
:
magnâ cuni l'oluptate aliquando t^idi- ta sex Jouis et Saturni concursus tra-
nius. Je n'ai point vu que M. de Lau- diderit fix tamen ullus eo quo decuit
,
judiciaire (i3). ] Bellarmiia n'a point dit-il (19) prend sa racine aux gran'
,
oublié cette tache. Unum est dit-il , des conjonctions au temps de la créa-
(i4), in quo reprehenditur hic auc- tion du monde supposant h son comp- ,
tor , qu6d uidelicet sensisse i'idea- te qu'il y a ^i58 ans suii'ant l'erreur ,
tur Christi natiuitatem prœnosci po- d'yilphnns qui est réprouvé de tous
,
de Jésus-Clirist et tels autres mira- dire douze cents ans dei'ant que le
, ,
cles , et tous les prodiges , ont pu être monde fust créé. Cette manière de
devinés et prédits par l'astrologie fi 5) j combattre Pierre d'Ailli ne saurait
et qu'il a rapporté les naissances, chan- être décisive présentement, vu le poids
gemens et ruines des républiques et des hommes doctes, ([ui préfèrent le
,
548 , de
première e'dilion.
la
^
Christi 5 lo-i. His ita conslitutis totus ,
(*) De éUiaco est le nom vulgaire latin de est ineo ut ostendat quandocunquè
Pierre d'Ailli { Alliacus ) : et c'est de là que mirandum aliquid contigit in terris ,
Bodin a fait à^ Arliac par le changement de la
etiani illustrem aliquarn stellarum con-
première des deux il en r, comme en Varlet,
Merlin Merlusine , faits de Vallel MelUn ,
, , (iS) Bodin, de la République, liv. IF, p. 548.
Mellusine. Rem. crit. (19) Pag. 549.
(17) Cest ainù qu'il le nomme. {20J Vossius a voulu aire 2242.
, ,.
33.6 AILLL
junclionem apparaisse 4tqui in cœlis 1) vice duœ propositœ sunt tibl ut ex,
Jalsissimurn est quod sibi sumit de « his eligas unain : mit te offèras om.
anno wel diluvii t^el natalis Domini nino totum in potestatem et graliant
»
nec error , sed spississinius ;
lei>is est i> Concilii, ejusque decrelis super hâc
in priori guident numéro annorum » re acquiesças ; lia namque Jiet ut
penè sexcentorum , in altero auteni » Concilium ob honorem Domini nos-
paulb pauciorum (ai). Quidmirum? )) tri Régis Romanoruni nunc prœsen-
» peu mettre le nez avant dans ses » judex (25). » M. de Launoi ayant ,
AILLI. 32-
« ment ; disant qu'il a escrit un livçe zélés sectateurs après afoir troui'é ,
» sont en grand nombre , tant en thëo point qui l'arrêtait. Il mit quelque
d'Ailli. Quant au Catalogue des te- foit sur le Maître des Sentences, pour
moins de la vérité compile par Fia- /aire i^oir que ce cardinal propose l'o-
,
gent ; les prélats eussent été obligés à ont été mis dans l'appcndix du /'as-
bien vivre et à rempiirleurs fonctions; ciculiis rerum expeterularum furent ,
abolis ; le nombre des moines des , de ses Sermons. Une partie de ces
images et des temples eût été dimi- traités fut réimprimée à Douai l'an ,
nué (29). Nous pouvons croire certai- 1634, parles soins de LéandredeSaint-
nement que tous les écrits de Pierre Martin professeur en hébreu à Douai
,
inséré trois ou quatre dans l'Appendix quatre cens dix le douziesme aoust ,
s'accorde pas avec ce que Thevet avait qu'on imprima à Louvain en 1487 , 1
(I) Les cartésiens le mettent aussi ueli Daronemis Hispani. Ses Météo-
au nombre de leurs précurseurs dans res furent imprimés à Strasbourg, l'an
la question des accidens. ] Un profes- i5o4 , et à Vienne en Autriche l'an ,
seur de Louvain , des plus opposés (32) Baillet , Vie de Descartes, tom. II , p.
à M. Descartes , devint l'un de ses plus 522.
(33) Thevet , Hommes illustres , tom. VII ,
(27I Thevet, Hommes illustres , tom. VJI ,
pag. 89.
* Joly reproche à Bayle son ignorance sur
pat;. 88.
*^JoIy observer que Barle lui-même, dans
fait ce qui concerne Vori^ine de Vimprimerie , et sa
sa remarque (/), reconnaît que d'Ailli admettait date ; mais quoique le premier produit connu de
lu transsubstantiation. l'imprimerie , ayant une date certaine soit de ,
(29) Foret du Plessis , Myst. d'Iniquité , p. imprimé en ejfet cette année même à Augstourg,
.123. in-4"'.
(io) Imprime' à Londres , Pan 1690. (34) Selon Gesncr, Biblicth. ,
folio 547 ^erso,
(3i) Thevet, Hommes illiistr., piisf. 90. ce fui en i468.
.
328 AILLI.
iSog. Sa J^ie du pape Célestin /^fut Launoi en donne la liste. Il y en a qui
imprimée à Paris , l'an iSSg (35) , et contiennent la réponse à des questions
se trouve dans les Vies des Saints , bien curieuses comme , Utrùm esse :
compilées par Surius. Le titre de cet tria supposita unius naturœ sit perjec-
ouvrage fait quelque peine , parce tio Utrùm libertas creaturœ raliona-
:
3u'il donne à Pierre d'Ailli la qualité lisante et post lapsum intrinsecè sit
e confesseur de Charles V mais il j œqualis : Utrùm creaturœ rationalis
vaut incomparablement mieux, sup- conscientia erronea ejus actum excu-
poser qu'on a mis là Charles V^. , sare pnssit ? Cette dernière question
au lieu de Charles VI*. , que de dire me fait souvenir de certains écrits
qu'il y a eu un autre Pierre d'Ailli. Pos- qui ont paru en Hollande depuis quel-
scvin , qui a cru cela, s'est fort trom que temps , sur les droits de la con-
pé. Je ne vois point de mat/ère qui ait science erronée. On y a prouvé d'une
autant tenu au cœur à ce cardinal manière si démonstrative , que toute
que l'astrologie ; car, outre qu'il pré- action faite contre les lumières de la
senta au concile de Constance un écrit conscience est essentiellement mau-
sur la réforination du calendrier, il a vaise , et qu'il la faut éviter nécessai-
composé les livres suivans Tractntus : rement et indispensablement que ,
de vero Cjclo lunnri; f^igintilogiiim ceux qui ont voulu combattre cette
de Concordanlid astronomicœ t^eritatis doctrine se sont précipités dans ce
cum theologid; Tract atus de Concor- sentiment affreux qu'il ne faut pas
,
rius astronomicœ concordiœ cum theo- fait quelquefois ime bonne action en
logid et cum historicd narratione ; agissant contre les lumières de sa con-
^poiogetica Defensio astronomicœ science monstre de doctrine
: qui ,
Le sieur du Peyrat a'isure (Sg) que ce sont des fanatiques qui se sont je-
Bodin , en sa préface de la Démono- tés dans ce précipice , eux qui ont ,
manie des Sorciers fait mention d'un , plus d'intérêt que personne à travail-
livre composé parle cardinal d'Ailly, 1er pour les droits de L-ia conscience.
où il a soustenu qu'il n'y a pas une
(M) De rimailler en langue
(^) jy^ L vulgai-
seule démonstration nécessaire en j4ris-
re. ] Je cite en marge mon garant ,
tote hormis celle par laquelle il a dé-
,
qui assure que Pierre d'Ailli a escrit
monslré qu'il n'y avoit qu'un Dieu. Il
plusieurs i>ers francois en rithme usi-
,
y a là deux petites choses à reprendre ^ tée de son temps lesquels ont esté mis
,
(35) Tout ceci est tiré , ou de M. de Launoi car M. de Launoi marque positi-
,
His». Gymn. Navarr.-K, pag. 476 et suiv. , ou du vement qu'Antoine BéJard fit une
P. Labbe , de Script. Ecclesjast. , pag. i8o. version française du Traité latin de
(36) Il lefl à Bdle , l'an i4i8.
Pierre d'Ailli sur les sept Psaumes
(37) Il lajil à Cologne, au rnoix de septemb.
i4i8. Pénitentiels , et que Denvs de Harsi
(38) Faite à Cologne, au mois d^octobre i4i8.
(39) Dans ses Antiquités de la Chapelle du dans le collège d'Emmanuel. Oudin, Supplem.
lîoi de France, pag, 345. de Script. Ecclesiast., pag^. 6go.
(40) Podin, Pre'f. de la Démonomanie, p. 14.
(42) La Croix du Maine , Bibliulb. Franc. ,
(4'.' On en trouve une partie k Cambridge
, Vë- 38i.
AYRAULT. 329
imprima cette traduction à Lyoa , d'Epternacli nous apprend que ,
Fan 1544 in-i6 (43).
Voici un supplément
ippl
,
« Les vers
« français de Pierre d'Ailîi , desquels
:
Renaud l'aîné de ces quatre
t
^es a ete martyrise pour le nom
,
....
,
frè- ,
',
. ,
44) ^J- de la Blonnaie, Remarques MSS. gne (c) qu'il mourut martyr , ,
jils Aimon. Ils n'avaient qu'un covie dans ces paroles de la page 585 du ,
januar.
bles qu'ils
, .. T-
ont écrites de nos pa-
r
ladins , ont tait irruption dans le
• • 11 ,
{d^
pag. 568.
., ^^
r
-r, .-r»
oyez yoelnUisçut. ti .
iheol., tom. rrr
III . i
AYRAULT. 33i
fils aîné, qui avait pris l'habit de (A Il déteint l'un des plus célèbres
(A)
tcats du parlement. ] Antoine Loi-
"7'^
leur ordre (r). Il l'avait envoyé
,, j T) /. aci , en s-on Dialogue des Avocats du
, •
dans leur collège de Fans , alin parlement de Pans met notre Ay- ,
de le rendre plus capable de lui rault dans la liste des plus fameux,
succéder un jour , et il eut quel- et lui donne la prééminence sur Bodin.
après le chagrin " ^'^. ^' ^; ^'^'^^ remarque que Bodin
H" temps
que 1 "^^
^1 o d'ap-
i^ ne réussit pas dans le barreau. Voici
prendre qu ils lux avaient per- comme parle Loisel Maistre Pierre :
suadé d'entrer dans leur corps. Aymult fut aussi pourveu de l'estat
Il en fit ses plaintes au parle- ^e
lieutenant criminel à Angers, dont
J n j\ i J :i il estait et s y retira sur lu fin des
Pans /(rf)
•
ment de 4.
quand
et 'A. il _ •,..,. j„ p„;„,.„, j
grands jours
4.
-^
de foictiers de l an \bO'j
; , ,
,
/. ;:<;
/ '! ,
,
eut su quils lavaient tait eva- encore qu'il plaidast assez bien et doc-
der, il présenta requête au pape tentent mieux beaucoup que nefai- ,
,
et obtint des lettres de Henri III ^oit maistre Jean Bodin Angevin , ,
couronne (e) par lesquelles let- ques plaidoyers de Pierre Ayrault (2).
,
Ils furent imprimés à Rouen, en i6i4,
tres le roi demandait très -in-
avec les notes et les additions d'un
stamment qu'on sollicitât un or- jeune jurisconsulte. M. Ménage qui ,
dre du pape pour la liberté du dit cela (3) pouvait ajouter qu'on ,
jeune garçon. Tout cela fut inu- les imprimaà Paris, en i5g8, in-8°.,
avec quelques autres opuscules de
tile. Le Traité de laPuissance pa-
,, j^ ,
-
,
. Pierre Ayrault. Les curés de Paris le
ternelle * quil adressa trois ans choisirent en i564 pour plaider leur
après à ce fils désobéissant, ne cause contre les jésuites^ cependant
fut pas plus efficace. Quoique Ay- il ne la plaida pas et peut-être que ;
de S2 /euillets. Joly rem-oie aux Mémoires (1) Loisel, apud Menag. in Testim. de P. ^ro
de Kicéron pour un catalogue plus détaillé
,
diO, ejus Vilae prjiosxis , pci^. xxvj.
des oui>rages de P. Ayrault. (2) en a XXII. Le XX'. est celui
Il y
{f) Sainte Marthe s''est trompé dans /'E- quil ai'ail prépare pour les curés de Paris contre
ïoge de Pierre Ayrault , oii il ne lui a donné les jésuites en i564.
que soixante-trois ans de vie. (3)In Vitâ Pétri yErodii pag. 26. ,
Grecs et Romains ont usé en accusa tes nommé Jacob Frubert le tra-
, ,
fut imprimé pour la première fois à lin tanqu'am cum absente reo , hoc est
Paris, en iSyS, in-8°. La seconde édi- annotatione et programmate :
ris, l'an iSgS, in-]". (7). Ainsi l'on- etquœ sequuntur JVntum enim tihi :
vrage comprend quatre livres. Le qua- carmen est talis Petrus jErodius
;
trième livre, qui traite des Procès amissum filium insolabililer in scrip-
faits au cadavre, aux cendres, a la tissuis queritur. f^ide quœso.... quos
mémoire , aux bestes brutes , choses ipie qnestus fundat in libro tertio Or-
inanimées , et conlumax , avait été im- dinis jutliciarii, modo Jralrem Johan-
primé à part, à Paris, en i5gi , in-8°. nem jErodium, modo Rcnatumjilium
J'ai oublié de dire que son Traité de competlans. Quis verà tam férus ac
Decrelis Rebusi'e apud dit'ersos popu- ferreus est , qui cùm querelas ejus lé-
los nb omni antiquitate judicalis fut gat in libella illo aureo et tôt laudi-
, ,
que ce fut en 1577, ^^ qu'alors le prin- France René Ayrault , bien qu'il eust
ce qui y est loué était roi de Pologne pour le moins dix-huit ans ; mais que ,
et duc d'Anjou. C'est dire assez clai- sans leur rien découvrir, il s'en alla en
rement qu'il n'était pas roi de France :
Lettres de Pasquier.
libris et anno i.'>98 tribut auctiorem in eddem
urbe publicanit. ^'ila Pétri iErodii, pag. 17- (i4) !H. Ménage produit la Lettre Ae Bodin,
(8 Ibidem , pag. 24.
pag. 242.
(i5) Ménage, Vita iErodii pag.
(9) Ibidem , pag- 23- ,
i"].
,
RACLT, leur frère, religieux de l'ordre qu'après qu'il eut étudié deux
de Saint-Benoît, docteur de Sorbon- années en rhétorique sous le pè-
ne eut beaucoup de part à l'amitié
,
re Jacques Sinuond ils lui don- ,
de Louis Servin avocat général au ,
aux pères jésuites (a). Pierre Ay- notifier aux autres collèges cet-
rault les estimait alors et les ai-
te défense. On n'obéit pas à cet
mait (b) et n'aurait pas accepté arrêt
,
on transporte le jeune :
ibi sedem habere aliquandà k'oIuH. Vita jEro- tre nom , ne paraît pas dans le
dii pag. 35. Voyez-en aussi la page 2l\'j
oii il cite Âyraull au livre lH de son Ordre * Leclerc demande où est la preuve de ce
judiciaire. /ail.
,, .
genté les classes dans la même tait guère loin de sa dix-neuvième an-
née quand il prit l'habit de jésuite.
ville pendant quatre ans , avec
(B) On aima riiieux que Richeome..
beaucoup de succès , il en sortit réjutdl l'ouurage de Pierre yljrnidt.l
lorsque les jésuites furent bannis Sa réponse n'a pas été imprimée, non
de plusieurs villes du royaume , plus que celle de René Ayrault Quia :
na à Rome envoyé à
, d'oii il fut humanitas , misit ad me Rom cî Pet rus
Milan pour y enseigner la rhé- Possinus presbytersocietatisJesu doc-
,
voudrais pas juger du reste com- dam ; le premier en 685 le second en it)88 1 , ,
pour une chose qui n'est pas trop mier commence à la cessation de la
avantageuse aux protestans {a). trêve qui avait été conclue par les
Valère André parle d'un Léon soins de Henri-le-Grand entre l'Espa-
gne et les Provinces-Unies et s'étend ,
Aetsma, Frison , qui fit impri- depuis Tannée 1621 jusqu'à l'année
mer ses vers latins de jeunesse à 1625. Le dernier comprend l'histoire
Franeker l'an 161 7 {b). Quel-
, de l'an 1668. La seconde édition est
ques-uns croient que ce poète ne en sept volumes in-folio qui ont été ,
vius nia cela (î). Néanmoins Foppius quatre cubes aussi d'or
, avec cet-
AKA Kl A. 337
professeur en médecine , comme qu'il s'appelast auparat^ant Sans -Ma-
lice, eust mieuj fait de quitter ce
l'on va voir. Presque tous ses des-
nom féminin 'AKa.Kict, pour en prtndre
cendans ont marché dans la mê- un plus masle et qui eust du rapport
me route mais il s'en est trouvé ; a Ana.Kio;, Acacius , mots usilez par-
un qui s'est mêlé d'autre chose mjr les Grecs et les Latins. Qui est-ce
qui ne se mocqueroit de la simplicité
que de médecine (D). Ceux qui
ou bestisc de celui qui,afant pour nom
ont mis la mort de notre Martin de famille Pelé ou Vertueux
,
lour-
,
,
(A) Il était de Châlons en Cham- père Labbe ne dit rien qui vaille -
pour comble de méprise il nous est hors de propos, puisqu'il est cer-
et , ,
renvoie à Quensted qui a marque' tain que Sans-Malice n'a point la na-
,
mêla
signifie, non pas un homme éloigné
d'autre chose que de nudecine.'} Une
de toute malice; mais l'éloignement
lettre de Guy-Patin, datée du 33 juil-
de la malice. La seconde est que ce
let 1664 contient ces paroles « Le
médecin de François !*. aurait écrit
1 :
(3) A la page 4 de l'édition de Paris, en i(394, * Quoique n'*a)'anL été imprimée qu'yen i538,
in folio, [ou page 6 e'dil. de i^So] ceUe traduction est de \5i2, comme leprouic
(4) Labbe , Etymologics des mots français ,
Julr après Leclerc.
pai;. 10. (5) Gcsner. m
BibliolU. folio 5oo. ,
TOME I. ?.2
338 AKAKIA.
i)sade tle Pologne. » Tout le monde a kia , Gidlus Catalacnensis medicinœ ,
mis à la Bastille ; mais qitil n'en eut toujours porté les charlatans et son ,
qu'il avait liées que ses lettres et sa Béthune ambassadeur h Rome (9). Si
: ,
que l'afl'aire fut si avancée qu'il n'y il aurait été sans contredit le plus
, , ,
mois s'il en faut croire une personne fils du précédent , fut reçu doc-
,
les mains de Jean Martin hom- chius a cru que les deux livres
,
ler, et une fille qui fut mariée à ainsi , il lui donna les qualités de
Pierre Seguin l'un des plus doc- r Akakia de Châlons et non ijas
, ,
, qud
in publicd professione nos Ca-
viennent de la même main que rolus rex christianissimus Tristaiido ,
amis (C). Les deux livres de Mor- f^alesio régi christianissimo dictas.
(B) Les écrits de Jean Martin té-
bis muliebribus ont été insérés
moignent sa capacité.'] Fiene' Moreau a
dans le qu'un médecin
recueil eu soin de faire imprimer deux ouvra-
nommé fit im-
Israël Spachius ges de cet auteur Prœlectiones in li-
:
34o A K À KÎA.
tête du pi-emier. On voit à la tète du de prendre de nouvelles lettres l'ai'?
second quelques vers latins d'Antoine 1594. En voici la raison : pendant les
Mornac, à la louange du même Mar- guerres civiles le nombre des lecteurs
tin qui fut l'un des commissaires à
,
Toyaux se multiplia beaucoup plus
la fameuse conférence de du Perron et que la fondation ne portait j plusieurs
de du Plessis. personnes avaient obtenu subreptice-
(C) J ai recouru aux lumières de ment les provisions de cette charge.
quelques amis.'] M. le professeur Dre- Henri IV cassa une partie de ces lec-
lincourt a en la bonté de m'appren- teurs en 1594, et redonna de nouvel-
dre que Martin Akakia, auteur du les lettres à ceux qui furent retenus.
Traité de Morbis niuliebribus cite ,
Pierre Seguin fut de ceus-ci. Voilà
non-seulement Feruel et Amatus Lu- pourquoi sa promotion a été marquée
sitauus, mais aussi l'ouvrage de Scali- sous l'an iSg^ par l'auteur des Anti-
s,ex contre Cardan, et la Cosmocritice quités de Paris ; mais si cet auteur
,
de Scaliger contre Cardan ne fut im- Pierre Seguin commença alors d'être
primé qu'en 1557. ^elui de Corneille professeur royal. Or, quiconque di-
Gemma fut écrit à l'occasion de l'é- rait cela débiterait deux grands men-
toile de l'an i^'ji, et ne fut imprimé songes.
<ju'en 1575. 11 faut donc que ce Martin
Akakia ait été en vie l'an i575. Les AKAKIA (Marto) , fils du
xemarques de M. Dreliucourt que l'on ,
précédent , fut reçu docteur en
-vientde lire , le prouvent manifeste-
ment. Or, comme j'avais lu que Mar-
médecine à Paris le premier de
,
RiA : c\\st l'homme d'intrigue dont dre (c) il voulut de jîlus faire la
;
j'ai parlé ci-dessus dans la remarque fonction de son écuyer {d). Les
(D) du premier Akar.ia. 3°. Charles
troupes que l'empereur Adrien
Akaria ecclésiastique fort pieux at-
, ,
de Jabin roi de Tyr. Akiba vé- caverne, sur une montagne qui
,
près cela il sévit environné d'une une objection des chrétiens (C).
foule de disciples, comme un des Les juifs lui donnent de grands
plus grands maîtres qui eussent éloges (D) , et le regardent com-
été en Israël. Il avait jusqu'à me celui qui leur a appris toute
vingt-quatre mille écoliers. Il se
{b) Vide Joh. àLeat, Schediasma Histori-
déclara pour l'imposteur Bar-co- de Pseudo-Mes- ro-Pliilologicum Judaeoruni
chebas {a) et soutint que c'était
, siis pag. 9.
,
paroles deBalaam une étoile sor- , {e) Ibidem, pag. ït\, ex Tractalu Talmu-
Eruf., yb/. 21.
tira de Jacob et qu'on avait en ,
dico .
l'Etoile. Iranslati.
, ,
342 AK IBA.
non écrite (E). La remar-
la loi gie de la faculté de Paris, s'est rangé au
petit nombre. a débité, entre autres
Il
que que nous faisons là -dessus
choses ,
que les Juifs ont altéré le texte
contiendra quelques particulari- hébreu dans le temps qui a coulé de-
té» de sa vie. S'il fallait juger de puis la ruine de Jérusalem sous Tite ,
pense, ce ne sont pour 1 ordinaire que )) c'est sans doute la raison pour-
des savans d'élite. Le pèi'e Dom Paul » quoi il est dit dans le Talmud ,
w qu'Akiba et Samsai supputaient
Pezvon , religieux de l'étroite obser-
vance de Cîteaux, etdocteur en théolo- M les années (7) dont on tirait con- ,
de son invention qu'elles eurent cours pondit ille legis hœc arcana sunt ad
;
, ,
toutes ensemble jusqu'à la fin du V^. quœ discenda id necessariô mihi agen-
siècle, auquel temps on yen joignit dumj'uit(i'j). Voilà un merveilleux
d'autres, dont le Talmud fut com- docteur, qui, même sur sa chaise
posé; qu' Akiba (i3} se servit du rab- percée expliquait sans dire mot les
,
qui la compila, naquit le même jour qu'KV\h3 mièrCS pCllSeeS de cliangCr de TC-
H. Juda princeps
otirut, R.
motirut, illo die quo
pr.nceps natus est lUo qiio ^^ •
i i • * • '
trouvé des personnes qui mena- rait de l'objection que l'on fait
fièrent ces dispositions, et qui sur les trois jours et les trois nuits
profitèrent de telle sorte des plain- que Jésus-Christ devait être dans
tes qu'il faisait d'avoir été peu le ventre de la terre comme Jo-
avancé en Angleterre qu'il n'hé- nas au ventre de la baleine (b)- Je
,
sita plus à passer dans le papis- ne dois point oublier qu'on fai-
me, dès qu'il eut bien considéré sait un très-grand cas de ses vers,
que l'espérance d'un meilleur II fit une tragédie latine intitu- ,
ce culte des créatures, que les pro- i63o. Son Apparalus in revela-
testans sont accoutumés de regar- tionem Jesit Christi fut imprimé
der avec horreur ainsi il repassa à Anvers l'an i6o;y. Quant au
;
Hartford. Il entendait fort bien est démons Ira tio qitod non sit il-
îa langue hébraïque mais il se licitum nec impossibile compu—
,
Adam, Seth Enos ; et, après terai (B). Il ne faut pas oublier
,
jeta dans le mystique soutint lio. Je n'ai point parlé des Mo-
,
AL AB ASTER. 345
cisme : on sait assez que c'est la "forcer la tant il ufoit d'int-
t'érité,
[f',Sa réponse est intitulée. An Answer to » sa religion pour ne quitter pas ses
,
VV.Alabasler's Molives. Zonrfon, iSgQ, in-^". » grotesques dangereuses qu'il a faits
(A) Sa méthode d expliquer l'Ecri-
)> sur l'Écriture sainte (2). » Joignons
ture ne fut point du godi des catholi-
le jugement d'un jésuite du Pays-Bas
ques romains.} François Garasse, jé- à celui de ce jésuite français. Bonfre-
rius, ayant condamné ceux ([iri par
suite après avoir rapporté une opi-
,
les machines de la cabale trouvent
nioQ assez grotesque d'Isidore de
Peluse (i), continue ainsi « L'expo- tout dans chaque passage de l'Écriture,
:
>' sitiou d'Alabaster est encores plus poursuit ainsi Quod nuper fecit in-
:
« plaisantes, si elles estoient aussi so- dicam quisquiliis conalus est nohis ,
" lidement fondées, comme elles sont suam mysticam theologiam, et ( ità
" subtilement controuvées. 11 dit en ipse vocat) interiorem Scripturœ sen-
" son Apparat, ch. ix, que Jonas et sum ad medullam ( re ipsd aliud nihil
» N S ont demeuré ponctuellement quam deliramenta et somnia) expri-
" trois jours et trois niiicts, l'un dans mere. Qtid ex re malè audiit et Romœ
» le ventre de la terre , et l'autre censoriam Ecclesiœ i-'irgulam merito
» dans le ventre de la baleine , en la expertus est. Quis enim ferat quem-
» façon qui s'ensuit. Jonas , dit-il piam in re tam séria, Scripturœ in-
»yii< porté jusques au centre du mon- quam interpretatione , pro probatis
» de , comme il le dépose luj-mesme niercibus uendere qiiœ ipse pariim sano
:
» s'en est allée jusques au centre de la n'eusse rien dit d'Isidore de Peluse
» terre, afin auoir le jour d'un coslé
d""
(2) Garasse , Doctrine curieuse , imprimée à
» et la nuict de l'autre et par ainsi ,
Paris, chez Chapelel, l'an lôîS, in-4". , pag.
» accourcir le terme de sa demeure sans 5qi, 594.
(3) Bonfrerius, danr les Prole'gomènes de son
f') yous la tramerez à la fin de celle re- Commentaire sur imprime' en
le Pentatcuque ,
marque. lO-^',. i-i-Col.
, ,
34(5 ALABASTER.
ou qu'ayant marqué en général, que tionera Christi in qno profiteUir se
,
rience les fondemens et c'est pour- : et niutatis uel int^ersis mit separatis
quoi , en plusieurs autres rencontres et disjunciis Ebrœorum focabuloruin
j'ai mieux aimé joindre des queues à litterisaut syllabis , l'tl etiain in iis-
mes Commentaires qu'exciter en ,
dem l'ariorum mimerorum ratione
vain l'avidité des lecteurs. Isidore de excogitntd , noi'is eliam signijica-
Peluse pour trouver le nombre com-
,
tionibus conlra grammaticœ rationeni
plet, a supposé que les ténèbres de la assignatis , diuersis nominibus aut
passion doivent étie prises pour une omnia pen^ertit; et ipii adeb
i'erbis
nuit, et que le retour de la lumière commenluTU placet ut quanwis sœpè ,
n dies Sabbathi tîim nox Sabbathi , pag. 5"] et seqq. afferuntur à nugatore
n Dominici diei : Suyvant cette expo blasphemo , quibus syllabas unius no-
» sition, il est vray que Jésus-Christ minis et uerbi seorslm accipiens , et h
1) demeura trois jours et trois nuicts sud radiée dii'eUens , omnia sursùm
» dans les entrailles de la terre: mais deorsùm uertit. Et tarnen in regno
w ce sont des jours et des nuicts ré- Pontificio toleratur hœc noi^itas, ubi
» duictes au petit pied (5).w simplex scripturœ ex ipsâ Scripturâ
(B) On jugera de son goût par les interpretatio hœreseos insimulatur.Sed
paroles d' André Rivet, que je citerai.'] de his hacteniis. f^ideant Pontijicii
Anno 1607 , dit-il (6) , quidam Pon- an suo Alabaslro non debeant nigrum
tificius Anglus , Guilielmus Alabas- prœfigere thêta nos hominis insolen-
:
ilans le ventre de la terre trois jours et trois dont ceci est tiré parut pour la })re-
nuits.
(5) Garasse , Doctrine curieuse, p. Sgz, SgS. (j) Vun est sur le verset 9 du chap. XXXVII
(6) Riveti Isagoge ad Scripturam Sacraiu , de la Genèse , Vautre-, sur le venel 8 du chap.
cap. Xy , Operum toin. Il ,
pag. 937. XL du même livre.
ALAINS. 347
mière en 1626, et que l'édition
fois sien. Ce fut alors que Vologèses ,
in-folio, dont je me sers, imprimée roi des Parlhes fit prier cet em
,
Tan 1632 avait été revue corrigée,
, ,
2°. que le
pereur de le secourir contre les
et augmentée par l'auteur :
signifier sinon qu'en cas que ces au- battirent contre les Français ,
,
;
l'approbation du maître du sacré pa-
lais, alors serait permis
de lire cette
il
Gonderic, fils de Aodegigile que ;
nouvelle édition. Je crois que c'est le vers l'an Sog ils passèrent en
vrai sens. Samuel André, théologien Espagne; qu'ils s'y établirent, et
allemand a fait un livre (8) contre la
,
par Vallia,
Cabale de Henri Morus (9), où il rap-
qu'ils y furent défaits
ALAINS, peuples barbares qui 4i8 dans un pays oii ils sont ,
mais Josephe marque plus préci- nisme de cent ans. Les Alains
sément leur situation car il les s'avancèrent, en 4^6, des bords :
l'a) Plinius , Hist. ÎS^atur. , lib.lV , cap. Ciim Vologcses Parihonim Rex auxilia
(<'
XII , et non pas cap. XI , comme dans Mo- adversùs Àlanos ducemque allentm ex Ves-
réri. pasiani liberis depoposcissct omni ope con- ,
348 AL A INS.
dans les Gaules. Leur roi s'appe- l'antiquité avait nommés Massa-
lait Respendial celui des Vanda- gètes (A) il veut qu'ils aient ha-
: ;
tué dans la dernière bataille. Plu- nom aux nations voisines en les
sieurs autres nations barbares s'u- subjuguant , et répandu ce nom
nirent à ces deux-là, et causèrent jusqu'au Gange. Quoiqu'il les re-
une désolation prodigieuse dans présente cruels et sauvages (B)
toutes les Gaules. Une partie des il ne leur fait pas égaler à cet
Alains , sous la conduite d'Utace, égard la brutalité des Huns et ;
faits par Vallia roi des Wisi- dans Ammien 3Iarcellin (i). Le pre-
,
perdit la vie dans le combat {d). quoque natione perniptâ wiilit Cas- ,
Nous trouvons encore sous l'an pios lacus. L'autre est au IP. chapitre
,
du XXXP. livre dans un endroit où ,
464 , des Alains qui secouent le les manuscrits sont si brouillés qu'il
,
,
joug des Huns , après la mort a fallu recourir aux conjectures de la
d'Attila et qui entrent dans l'I- critique, pour y trouver ce que j'at-
,
talie pour y fixer leur demeure tribue ici à Marcellin. Ce n'est donc
, ;
que suivant la conjecture du docte
mais Ricimer marchant contre M. de Valois, que cet historien a dit
,
eux avec les troupes de l'empire là, adusque Alanos pen'enit, t^eteres ,
y avait long-temps que les Huns l'explication qu'il donne à ces paroles
,
mœurs des Alains {/) : il dit que Denys Charace'nus, Orose, et Tzetzès,
c'étaient les mêmes peuples que qui placent les Alains dans la Sarma-
tie, et au delà du Danube mais il :
raatie de l'Europe ; car qui s'aviserait épée nue fichée en terre c'était leur
:
jamais de donner pour une chose no- dieu Mars, patron des pays où ils ha-
table, que des brigands, situés en ce bitaient. Ils devinaient l'avenir, par
lieu-là , ravageassent non-seulement le moyen de quelques verges choi-
la Médie et l'Arménie, mais aussi les sies avec des enchantemens Judica-:
Marais Méotides ? Marcellin ne serait tur ibi beatus qui in prœlio profu-
,
pas le seul qui mettrait ces barbares derit animam senescentes enim et :
reste, que veut dire M. Moréri par quod elatiiis jactent , qua u homine
ces paroles Pline les met dans la quolibet occiso : proque exufiis glo-
:
(B) On les représente cruels et sau- pour une partie du genre humain.
liages. ] Ils n'avaient point d'autres Cela peut fournir bien des réflexions,
maisons que leurs chariots. C'était là tant physiques que morales, et faire
qu'ils faisaient et qu'ils nourrissaient admirer les plis infinis dont notre
leurs enfans; et ils ne s'arrêtaient en nature est susceptible, et dont pour
un même lieu, qu'autant que le pâtu- un bon l'on peut compter plus de
rage y durait. La chair et le lait cent mille mauvais.
étaient leur seul aliment; ils ne la-
(G) Amm. Marcell. lib. XXXI, cap. II.
bouraient point la terre JYec enitu :
,
(;) Ibidem.
(3) Jbidem.
(4) Ibidem. ALAIS , ville de France dans
(5; Henr. Valesiiis in MirceU. , Ub. XXXI ,
cap. II. les Seveiines , au diocèse de Ni-
,,
(a) Ex
Baudrandi Lexico Geographico. ce que dit Strabon qu'Alalco- ,
(h) C'est celui dont Gassendi parle si sou- mène quoique facile à empor-
vent, et auquel il a écrit tant de lettres, Lu-
,
;^ ^ »u •
raison: car voici ce au il dit •
^/rt/co-
AV>'>/o..£v.^qu Homère lui
.1 " I
7ie,
„,enœUsIthacœd^eno„ZatahBœo-
donne, n est pas la moins digne torum Alalcomenœo, ut Plut, in Hel-
de considération (f). Plutarque len. referlp.53']. edit. Sieph.qff'erens
TMV Si «Têl^OVTO
âêàv a-iCÔ/HiVOI TTStVTêî ad laciintCopaïdeni inter Haliartuni
TTùLTiiç 0!aç. Nunquàtn vastala est , ob re- et Coronœani, templo Mineruœ cla-
vcrenliain Deœ omnibus orniiem vint abslinen- rum. C'est multiplier les êtres sans
tibus. Strabo, lib. /A', p. 285.
nécessité. Je ne pense pas qu'aucun
(/) Homer. 11. A, vs. 8. Stat. Tliel.., lib. des auteurs cités par Moréri di.se que
VII, vs. 33o. le prince Alalcomène mit dans la ville
{g) Plutar. QuceslioD. Grsecarum ,
p. 3oi. de ce nom la statue de Vénus.
{h) Voyez l'article Tirésias.
Cette
(2) ville est tantôt du genre neutre
'AKa,KKttfAÎviov, tantôt dufe'minin au singulier,
(A) Alalcoménie nourrit Mi- 'A'^cthKOfAiVlA, tantôt au pluriel,' Ak!tKy.Cfji.l-
ncri'e.l Scaliger prétend, i°. que Pau- Vl*/. Voyez Bcrkelius sur Etienne de Byzance,
,
sanias avoue que quelques-uns ont at- pag. 8g. lia oublie' de dire que Pliilarq., Qiiœst.
tribué réducation de îlinerve à Alal- Grœc. p. 3oi , Ta nomme'e AXat^zo^sVêloV.
,
Bourguignon , comme
dé— Ion la coutume à invoquer le l'ont ,
non a fait voir dans son histoire que la tète chauve toute nue il ,
été fort loué par Enée Silvius partie de ses domestiques, et les ,
récapituler tout ce que les ora— son absence (e). II était extrême-
teurs et les disputans avaient dit ment laborieux, et si sobre, qu'il
(6). Un
jour qu'il harangua con- y eut des conclavistes qui ne pu-
tre la supériorité du pape sur le rent souffrir qu'en- diminuant
concile, il se fit admirer de telle leur ordinaire, on leur représen-
sorte que plusieurs l'allèrent bai- tât l'exemple de ce cardinal. La
ser , et que d'autres s'empresse- réponse que fit là-dessus un Fo-
rent à baiser sa robe. On élevait louais vaut la peine d'être lue
son habileté jusqu'au ciel habi- : (A). Il ne faut pas demander si
leté qui avait fait qu'encore qu'il le pape Eugène foudroya le pré-
fût Français, il avait surpassé les sidentd'un concile oii il avait été
Italiens, quelque fins qu'ils fus- déposé. Il le priva de toutes ses
sent (c). Il savait fort bien em- dignités , et le traita de fils de
ployer les machines de la dévo- la géhenne (B). Cependant Louis
tion; car un jour de session , il Alamandus ne laissa pas de mou-
fit porter par les prêtres , dans rir en odeur de sainteté (C) et ,
les fit mettre à la place des évê- noines et des céîestins d'Avi—
ques absens. Cela produisit un gnon et sur les instances du ,
f s Ti ^ j C
'. „ et se
(a) Il était duc de Savoie
é ^^,^.„„i, cardinal de Clermont
o„ nommait /
légat à la- ,
,
ttït -i ? i , '
de septembre i45o (/). Les uns M travers le rideau qui nous se'pare
disent que ce fut en Savoie à ,
» tout ce qu'il fait je ne Tai jamais ;
Laun. Epistolar pag. 79, 80. )> tus oniniu qucefacit perlustris mihi
,
,
apprend que Von conserva à Baie unv Pièce (i) ^neas Silvius, de Gestis Basileeasis Coo-
du Cardinal. cilii, Ub. IT.
TOME I. a3
345 ALAMANDUS.
dans plus grandes affaires sont
les les et ils observent ensuite
,
qu't^ ,
laborieux et détaches des plaisirs des l'an i45o «. 20 que Dieu a fait re-
, ,
^olentem potiùs cum ^itœ periculo sal- mauvais pas continuent-ils , est tout-
,
uare concilium quant cum periculo h-J'ait horrible, « et ne peut estre fon-
,
quoniam se recedente pauci remansu- j> cicuse qui est que des gens coupa-
,
mourir en odeur de sainteté. ] Cet » lors même que les pères du concile
exemple et celui de Pierre de Luxem- » de Basle , où
présidoit se réuni-
il ,
point uni au pape , est hors de l'E- » traire, en protestant qu'ils n'avoient
glise , comment se peut-il faire que
)) rien fait que our le bien de l'E- '
» j s'unissoienl à Ni-
non-seulement on se soit sauvé dans glise, et qu'ils .
meilleure réponse qu'on puisse faire j> et l'union se fit sans qu'on les obli-
est de dire que la distinction du vrai )) geast à rien désavouer de tout ce
,
vait point préjudicier à ceux qui » cardinal d'Arles dans le concile avoit
étaient dans la bonne foi quant à la M esté criminel jamais homme n'au- ,
schismatis auclorem , propagatorem pour faire voir qu'on leur attribue les
hœreseos qui ex erroned conscien- Remarques que je leur ai attribuées.
,
indexerai , ac tôt annoruni cursu in pétuité de la Foi défendue, pag. xxviij, xxix.
pertinacid obfirmnlus prnfanai^erat
sacramenta pœnitentem ac rei>er-
,
(Balthasar) naquit ALAMOS
suni in greitiiuni Evclesiœ ad sanctl- à Mediiia-del-Campo , dans la
talis cidrnen brei^i ei^exit. Si cet au-
Castille. Ayant étudié en droit à
theur s'esfoit contente de dire que
le grand zèle qu'avoit ce saint hom- Salamanque , il entra au service
me pour la réformation de l'Eglise d'Antoine Ferez , secrétaire d'é-
l'avoit emporté à des actions trop tat sous le roi Philippe II et il
,
violentes quoy qu'il les fist par un
eut beaucoup de part à l'estime
,
'
bon motif cela auroit esté
, suppor-
'
table , et ne seroit pas si contraire et à la confidence de son maître :
'
aux témoignages c{ue Dieu a rendus de là vint que l'on s'assura de sa
'
de sa sainteté. Mais de le faire passer personne , après la disgrâce de ce
pour méchant homme, pour un hé-
ministre. On le détint en prison
<
I
rétique et pour un schismatique
,
I
opiniastre qui auroit profané les onze ans. Philippe III, parvenu
I
sacremens par une infinité de sacri- à la couronne, le mit en liberté ,
< loges et vouloir qu'ensuite en un
,
suivant les ordres que son père
an ou deux il soit devenu Saint à
lui en donna dans son testament.
canoniser, sans avoir donné aucune
preuve de son repentir de tant de Alamos mena une vie privée ,
crimes qu'on luy impute, c'est avoir jusqu'à ce que le comte duc d'O-
une estrange idée de la sainteté, ou livarez favori de Philippe IV ,
,
plustost c'est aimer mieux allier
l'appelât aux emplois publics. Ou
,
356 AL A MOS.
politiques en borda les
, dont il » la délicatesse. Cela supposé , je ne
)) de dire (|ue la traduction
feins point
marges lui ont acquis beaucoup
,
» d'AJaraos est beaucoup meilleure
de réputation mais non pas sans
; » que les Aforismes^ et c'est un juge-
que les sentimens soient partagés » ment qu'a fait avant moi l'auteur
» de la Bibliografie Hislorique-Politi-
là-dessus (A). Cet ouvrage, pu-
)) que dans l'article des historiens la-
(A) Les sentimens sont parta^^e's tou- l'année i683 M. Amelot n'avait pas ,
chant son travail sur TacUe, ] Ce par- la même opinion là-dessus qu'il a lait ,
tage concerne beaucoup plus les Apho- paraître en 1686 et en 1690. Consul-
risraes que la traduction , comme on tons la préface de son Tibère (2). Il
le va voir par les citations suivantes : est bien urai dit-il , qu Alamos n'a ,
<c Quant aux Aforismes d'Alamos , ce pas seulement traduit Tacite mais ,
y
» rvest point ce que l'on pense car : a fait encore un grand nombre de Re-
» vous n'y trouvez presque rien qui marques qu'il appelle ytjorismes et
,
,
ÀLAMOS. 357
duction qui est aussi claire que l'o-
,
plus étrange ne parie pas même
, il
riginal est obscur snit pour Its Afo- ,
de la traduction: il dit seulement
rismes qui sont a toutes les marges ,
,
qu'Alamos fit des Aphorismes sur les
dont la plupart sont proprement des OEuvres de Tacite.
parafrases et des l'ersions des senten- (C) H
avait travaillé en prison a
ces de Tacite et les autres des con-
,
obtenir unpriuHége pour l'impression.'}
clusions morales ou politiques , tirées Je ne remarque pas cela afin d'allon-
des évenemens qu'il raconte; mais ger l'article comme quelques lecteurs
quelque applaudissement que ce lii're accoutumés à précipiter leurs \^iS,e-
ait eu dans le monde je ne laisse pas ,
mens se pourront imaginer. .Te me
d'espérer que le mien jr sera très-bien propose l'instruction d'un petit pro-
reçu de ceux qui sont capables d'être ces qu'on a intenté à Don Antonio
,
juges en cette sorte de matière, et a\ e<; beaucoup d'apparence de raison.
même d'autant mieux que ce que j'ai II prétend qu'Emanuel Sueiro tradui-
fait était beaucoup plus dijficile a sit les OEuvres de Tacite en espagnol,
faire que ce qu Alamos a fait. Car après qu'Antoine de Herrera en eut
tous ses Af'orisrnes sont autant de — traduit quelque partie et après que ,
pièces etde morceaux, et, comme dit le Balthasarde Alamos, et Carlos Coloma,
proverbe , du sable sans chaux et sans 1rs eurent traduites toutes entières;
ciment ; au lieu que dans mes chjpi- Post Antonii de Herrera aliqualem ,
très , je fais un discours continu de Balthasarisde Alamns , et Caroli Co-
toules les citations latines qui sont loma , illustrium l'irorum , integmm
aux marges , et même un corps uni- operam hujusmet Autoris interpréta-
in
forme de toutes pièces différentes. A tione positam f3). Or il reconnaît que
quoi Jiiste Lipse dit qu'il faut avoir la version de Sueiro fut imprimée à
travaillé, pour savoir combien cela Anvers en i6i3 et il est certain que;
est difficile. Voici les paroles de Lipse celle d'Alamos fut imprimée à Madrid,
telles qu'elles sont citées par M. Ame- en i6r4. C'est la date que Don Nicolas
lot IVec veto nudas aut sparsas sen-
; Antonio a donnée aux Aphorismes
tentias dedimus ne diffluerent , et
, d'Alamos (4). D'ailleurs Alamos a ex-
eiset, quod dicitur, wena sine calce : posé dans sa préface les raisons qui
sed eus aut inter se haitd indecenter ne l'avaient pas empêché de publier
finxinius , aut interdiim vcli.t cœmen- son Tacite depuis que la traduction
,
per hœc aliéna vestigia sic iverim , \iens de citer , que Don IVicotas An-
tanqu'am in liberrimo ingenii cursu{*) tonio s'est mépris quand il fait la ver-
(B) Cet ouvrage devait être suivi E
sion d' manuel Sueiro postérieure à
d'un Commentaire. ] Le privilège du «^«^''e d'Alamos (6). Je ne vois que ce
roi fait expressément mention de ce seul rayon d'excuse c'est de dire que :
mot11.
,„, «-i dcxa^se de publicarse e\ mio elc.
pas un seulI petit ;
et ce qui est ,
1.
nu-de^m de la
,
^ _ _
Morale de Tacite, et de la version de ses An-
( ) Lipsius, prœfatione Doclr. Civilis, nalcs.
358 ALBERT.
donné ordre à ce Covarruvias d'exa- pour les sa-
sieurs instructions
miner tout ce travail d'Alamos; et dès
ges-femmes et tant de connais- ,
l'an i6o3 , Piiilippe III avait accorde'
la permission de l'imprimer. Alamos sance de leur art , qu'il semble ,
conte tout cela dans son avis an lec- qu'afin d'y être si habile, il a
teur ce qui pour le dire en passant,
: , fallu l'exercer. Mais les apologis-
renverse la conjecture de ceux qui se tes d'Albert-le-Grand soutien-
voudraient imaginer qu'il ne borda
d'Aphorismes sa traduction qu'afin nent qu'il n'est point l'auteur de
,
d'enchérir sur celle de Sueiro (7). Les ce livre (B), non plus que de celui
Aphorismes étaient l'une des parties de Secretis Miilierum (C) oii il ,
même.
les et vilains ; ce qui a bien fait
(j) Amelot , là
crier contre celui qui a passé
ALBERT-LE-GRAND pour l'avoir écrit. Ses apologis- *', reli-
bres docteurs du XIII*. siècle, avouent que l'on trouve dans son
naquit à Lawingen , sur le Danu- Commentaire sur le Maître des
be dans la Suabe l'an i \cp ou
, , Sentences quelques questions tou-
l'an i2o5 *^ (A). On pourra voir chant la pratique du devoir con-
dans le Dictionnaire de Moréri jugal (D) , dans lesquelles il a fal-
les diverses charges qu'on lui con- lu se servir des mots qui choquent
fera , et le succès avec lequel il le plus les chastes oreilles (c) ;
enseigna dans plusieurs villes (a), mais ils allèguent ce qu'il obser-
Je m'arrêterai principalement à va lui-même pour sa justifica-
quelques mensonges qu'on a fait tion que l'on apprenait tant de
,
cite pas, remarquent que le nom de Grand, même qu'il était un insigne ma-
donné à Albert, ne lui vient pas de son sai'oir,
mais qu'il est la traduction de son nom de
gicien (F) , et qu'il avait fabri-
famille Groot qui en allemand signifie
,
qué une machine semblable à un
Grand. Mais M. Siapfcr, dans la Biographie
universelle, dit que c'est une supposition gra-
homme , laquelle lui servait d'o-
tuite ; que jamais les comtes de Bollstcsdt ,
racle , et lui expliquait toutes les
de la j'amille desquels était Albert n'ont difficultés qu'il lui proposait.
,
Je
porté le nom de Grot oii Grool.
*^ Leclerc doute qu'il fadle dire hqS et
,
croirais facilement que comme ,
est certain qu'on ne peut dire l2o5. Il serait il savait les mathématiques il ,
pour 1200 environ.
[a) Voyez aussi BuUart Académie des , (c) Idem , ibid.
Sciences, tom. II pag. i!\b , et ci-dessous la
,
* Ces mots donné prise sur lui, parais-
,
qu'il fût aussi capable qu'un au- jugent autrement ils ne chan- ,
\ierge lui apparut et lui de- Pierre Jammy l'a procurée **.
, ,
Vierge l'assura qu'il y devien- faux par Pierre de Prusse qui en i483 avait
drait incomparable, et qu'en pu- assisté à l'ouverture du tombeau d'Albert, et
mesuré ses os,
nition de n'avoir point choisi la *^ Joly ajoute que le père de Monifaucon ,
tres mais que trois ans avant sa d'Albert à l'an 1293, et la mort à l'an
;
mort , il oublia tout d'un coup ce i382 c'est avoir commence son livre :
ché en vain de rappeler ses idées, Elogia sua auspicatur (i). Voilà com-
il comprit que c'était là l'accom-
ment parle Vossius, sans se souvenir
qu'ù la page 62 par une faute qui
plissement de la prédiction. On n'est pas moindre que celle-là il
,
a donc dit que, par des voies mi- avait mis l'état florissant d'Albert à
raculeuses il avait été métamor- Tan 1160, et sa mort à Tan 87 de sa
,
36o ALBERT.
tempoi-ain d'Urbain IV, et de l'empe- Ces deux preuves ne valent rien et la ^
ture, c'est la sensualité humaine qui sur des sujets remplis d'ordure car, :
a sali ces objets (a) Admodù,in suc- sans cela les confesseurs ne seraient
: ,
censet in blaterones illos, qui Alberto pas en état de remédier aux désor-
imposuerunt, quod egissetobstelrivem dres de leurs pénitens Qualia item : :
que de voir Albert-le-Grand entre- cinœ quam facere debent adeo fre-
prendre sur le métier des sages-fem- quenlibus morbis justum censuit Al- ,
(C) Non plus que de celui de Se- seurs qui nourrissent leur esprit de ces
cretis Mulierum.] Naudé se sert de puantes écritures mais il faut qu'il ^
a uescu quelque temps après lui (4). Albertus, qui proindè reprehensione
*' Ces raisonnemens de Bajle contre ceux de
(2) Petrns de Prussià , in Albeiti Magni Vjtâ,
cap. XVIII. Naudé ne sont pas du goût de Leclerc. Dans
^espèce , cependant les uns valent les autres.
(3) Tteoph. Rayoaudi Hoplolh. , secl. Il, ,
ALBERT. 36 1
vacat etiamsi illum ueluti scriptionis
,
thème l'a voulu justifier de cette ac-
putorem suis commentariis imrniserit cusation. Cela paraît par ces paroles:
(7). Mais il serait encore plus néces- IVon surrexit post eum uir similis ei,
saire d'abolir ce qui rend nécessaires qui in omnibus litleris scientiis et ,
ces sortes d'écrits; car, quelque bonne rébus tant doctus , eruditus, et exper-
que puisse être l'intention des au- tusfuerit. Çuod autem de Necro-
teurs , c'est à des livres de cette na- mantiâaccusalur, injuriam patitur uir
ture qu'on peut appliquer mieux qu'à Deo dilectus {lï ). Naudé prétend
cent autres le peccare docentes his- qu'on ne peut fonder cette accusa-
torias (8). tion que sur deux ouvrages qui ont
(E) On a dit qu'il traînaillait à la couru sous le nom d'Albert-le-Grand,
pierre philo sr>phale.'\ Naudé nous ap- et sur FAndroïde. Voilà donc deux
prend que Mayer le grand fauteur
,
preuves j voyons ce qu'il dira de cha-
des alchimistes n'a point eu honte
,
cune :
d'asseurer en ses Symboles de la table 1°. Le premier des deux écrits est
d or des douze nations (*') , que saint celui de Mirabilibus , Pautre est le
Dominique aidait eu premièrement la Miroir d' .Astrologie , oit il est traicté
connaissance de la pierre philoso- des autheurs , licites et défendus , qui
phale ; et que ceux à qui il l'aidait ont escrit de cette science (12). Fran-
laissée la communiquèrent à ^Ibert- çois Pic {*•) , et Martin Del Rio (*')
le- Grand, qui acquitta, par le moyen conviennent que c'est faire un grand
d'icelle, en moins de trois ans, toutes tort à Albert-le-Grand de le croire
les debtes de son éi'esctié de Ratis- autheur de celuy de Mirabilibus et ;
honne (9). Mayer se fonde sur trois qu'ainsi ne soit, le dernier le descharge
livres de chimie, qu'il attribue à Al- en ces propres termes Alberto Magno :
tort de les lui attribuer (io)j et on le tate et superstitione refertus est sed ,
prouve , tant parce qu'il n'y en a pas magno doctori partus supposititius.
un qui soit recueilli dans ses œui^res Le Miroir d'Astrologie a esté con-
ou spécifié par Trithème que parce ,
demné par Gerson (*') et agrippa ,
(8) Horat. Od. Fil, lib. III, vs. 19. (") Lib. VII de Prœnot. , cap. VII.
(") Disquisit. M.ig. , lib. I , cap. III.
(") VI.
Lxb.
('5) Libro de Libris Astrolog. non tolerandis,
(9) Naudé , Apologie des grands Hommes , proposil. III.
yag. 519. (•*;/« Epistolis.
(10) L'a même, pag. Szo. {") Lib. VII de Prajnot. , , cap. II.
l*') Lib. III àe Auro. (i3) Naudé Apologie pour
, les grands Hom-
<*') Lib. III Physie.
XIII., cap. mes , pag. SaS.
(**) Alchym. jmpugnalae lib. Il cap. VII. , (•6) Part. I, quœst. II, art. III, dispul. XX,
(*') TractaCu I, cap. IX. cap. IV, in princip.
,
362 ALBERT.
sont nécessaires , et les magiciens images , anneaux et cachets planétai-
permis de Dieu, afin que les libertins res estant en grande vogue, l'on a
soient aucunement relirez de l'a- tousjours creu depuis... que telles fi-
théisme (i4)- D'ailleurs, Naiidé pose gures ai'oient esté faites de cuiure, ou
en fait que Roger Baccon est l'auteur de quelque autre métail, sur lequel on
de cet ouvrage , comme François Fi- ai'oit travaillé avec la faiseur du ciel
cus le soutient dans son premier livre et des planètes (18). C'est sur ce pied-
contre les astrologues (i5). Voilà là que Naudé réfute les accusateurs
pour la première preuve de l'accusa- d'Albert ; c'est-à-dire, qu'il suppose
tion. Voyons maintenant ce qu'on ré- que la prétendue Androïde était com-
pond à la seconde : posée de métal. Il montre par de très-
2°. Il y a des gens qui ont cru fortes raisons qu'elle ne pouvait
,
qu'on pouvait faire des testes d'ai- ni entendre, ni parler, ni servir d'in-
rain sous certaines constellations et , strument au diable pour la parole ;
en tirer des re'ponses qui servaient de et que si le diable avait parlé dans
guide dans toutes les affaires que l'on cette machine , il l'aurait fait sans le
avait. Un certain Yepes rapporte {^) concours des organes métalliques qui
qu'Henri de Villeine en avait fait la composaient. Il n'aurait donc pas
une à Madrid , qui fut brisée par le été nécessaire d'employer tant de
commandement de Jean II roi de , temps et tant de cérémonies pour for-
Castille.Virgile, le pape Silvestre , ger cette machine une bouteille , ou :
cuisses et les jambes, Jaconnez en di- Boece dont Cassiodore a dit (*)
, :
solution de toutes ses principales dif- quœ propnam vocem nesciunt ab cere
ficultez (17). C'est ce qu'on appelle du/.cedinem probanlur emittere can~
FAndroïde d'Albert-le-Grand. Elle fut tilence.
brisée , dit-on , par Thomas d'Aquin , (G) Un grand miracle a parlé
qui ne put supporter avec patience pour sa justification. ] Selon le père
son trop grand caquet. Henri de As- Théophile Raynauld, les accusateurs
sia et Barlhétemi Sibille asseurent d'Albert disent qu'un jour des rois
qu'elle était composée de chair et d'os ; il traita Guillaume comte de Hol- ,
Pliais par art , non par nature : ce que lande et roi des Romains , qui pas-
,
toutefois estant jugé impossible par sait par la ville de Cologne ; et que,
les aulheurs modernes, et la i^ertu des pour rendre remarquable son repas,
il changea l'hiver en un été tout
(i4) Naudé, Apologie pour les grands Hom-
plein de fleurs et de fruits. Ilorridum
mes, pag. 527.
(i5) I-à même pag. 526.
,
hyenien in florigeram fructiferamque
(*) Àpud Einanuel de Monra secl. II cap.
, ,
(17) La même, pag. S29, 53o. (*) Lib. / Variarum Kpisl. XLV.
,
ALEERT. 363
œstateni i^ertit , ut scrihil Tiilhemius jésuite Radérus a fait quelques vers
in Chron. Spanh. anno 1254 (^o)- latins sur Fincorruption de ce corps
Trithème le rapporte en efl'et. On (23). Ils finissent ainsi :
Jalsh jactata de tanto l'iro... Libri au- 3) par un chimiste, lequel, au juge-
tem Magicicfui Alberto njfmgebantur 33 ment de Cornazanus auteur assez ,
l'on y sonfllait y ait pu prendre les réfute son Jean Matthieu de Luna. La
modifications requises pour former la dernière chose qu'il affirme est fausse;
voix humaine. Quant à l'exemption car ceux qui ont fait l'histoire d'Al-
de pouriture voici ce que j'en ai lu
,
bert le-Grand disent qu'il entra dans
dans Thevet « Nostre Albert, après
: l'ordre de saintDominiquel'an 1222* ;
3) avoir vécu
87 ans mourut l'an de ,
(23) Bullart les rapporte , Académie des
» notre salut 1280 à Cologne où il , , Scienc. , tom. II , pag. 149.
3) s'estoit retiré pour estudier et là ; (2^) C'esi-a-dire , d'Aristote.
,
3) au milieu du chœur du couvent des {*) Libro de Rerum Inventorib. , cap. XII ,
foiio 10.
3> jacobins son corps est enterré, et
,
(25) C'est Naudé qui parle , pag. 5i8 de
i) ses entrailles furent portées à Ra- TApologie des grands Hommes , imprimée à
3) tisbonne lequel du temps de l'em-
, ,
Paris , l'an lôsS , «n-S".
i> pereur Charles-le-Quint
26) Moréri , au lieu de cela , ne parle que de
;
estoit en- ,
la poudre à canon, de quoi !Vaudé ne dit rien.
)) core entier et fut déterré par son
, foici , dit Leclerc , comme il faut arran-
X commandement, et après remis en ger le tout , suivant le pire Echard , qui e^t
exact. « Jlberl prit l'habit en Italie à la fin de
3) son premier monument. (22) » Le
' 122a , ou en 1223. Après avoir demeuré dans
(20) Theophil. RaynauJi Uophlotb. , seet. II, - son couvent pendant un an , il fut envoyé' pour
lerm. I , cap. XIV, pog. 149- » étudier à Padoue ou à Boulogne. De là il
(*) /// Contra Cent., cap. CIV. - passa en Allemagne , et > fut préfet des élu-
(ai) Th Raynaudi Hopbloth. , pag. i5o. • des , à Htldesheiin , et puis successivement
364 ALBRET.
qu'après que ses supérieurs l'eurent » sus ses pieds (28).» On conto la
envoyé à Cologne pour y enseigner ,
même chose de quelques autres per
la théologie et la philosophie et , sonnes. Voyez la remarque (H) de
qu'il se fut acquitté de cet emploi l'article de Jean André : et souvenez-
avec l'étonneraent de ses auditeurs ,
vous de distinction des logiciens
la
il alla se faire admirer à Hildesheim , entre quantitas ntolis , et quanlitas
à Fribourg , à Ratisbonne , et à Stras- i'irtiitis. Le petit Albert-le-Grand
y
bourg ^ qu'il retourna à Cologne, Tan fait penser (29).
1240 j qu'il y eut , entre autres dis- (K) On verra ci-dessous quelques
ciples , Thomas d'Aquin auquel il , particularités.'] k Le livre de Set-retis
laissa sa chaire *' , lorsqu'il s'en alla Mulierum, attribué mal à propos
professer dans la ville de Paris; qu'a- à Albert-le-Grand est l'ouvrage ,
près avoir enseigné trois ans dans Pa- d'un de ses disciples nommé Uenri-
ris , il retourna à Cologne 5 qu'il fut cus de Saronia sous le nom du- ,
fait provincial de son ordre , l'an quel il a été imprimé plus d'une fois.
ia54 *'; qu'il fit les visites des pro- Voici les termes de Simler Henrici :
vinces à pied; qu'il alla à Rome par de Saxonia , Alberti ma^ni discipu-
ordre d'Alexandre IV ; qu'il y exerça li , liber de Secrelis Mulierum im- ,
quis d'Albret (a) fut tué en Pi- France ceux qui ont dit qu'il
:
qui fut envoyé sur les frontières gne (e). Il a été l'un des héros de
de Champagne au commence- , Scarron cela paraît clairement
:
bret lui demanda congé pour {d) Voyez les OEuvres diverses de Saint-
Evremont totn. II, pag. ^i, nn et suiv.
quelques jours. On n'a point édition de
,
Hollande en lÔgS.
douté que ce ne fût pour une af- {e) Voyez le père Anselme tom.
, II, p. 285.
faire de galanterie. Quoi qu'il en
soit il fut tué chez le gentil-
, ALBUNEA, lieu célèbre pro-
homme ci-dessus nommé qui se ,
che de Tibur (o), en Italie. Voyez
tira fort bien d'affaire, en justi- la dernière remarque de l'article
fiant sou alibi {b). Voilà le lit TiBUR.
d'honneur oti périt le seul reje— (a) Aujourd'hui Tivoli.
:i(>6 ALBUTIUS.
et il avancé jusqu'à la
s'y ôtait (A) Il lui arriva quelques disgrâces
chareo "d'édile; mais il en sortit rf«'« ^e Wre«//1 II croyait un jour ne
" 1, 1. r pousser (lu un beau lieu commun, en
• \ A.
cause d une insulte qui lin fut [y^^.^^^ ^'^„ ^j^^,,^^ ^^^^5^ j^,^, ^^^
,-, •
.
faite par d<'s gens qui avaient les cendres cl par la niemnire de
ncrdii hriir procès. C'était lui qui t^otre père, et uous ffa°nercz votre
qu'il eut enlumine et ac-
avait été Irnr ium'et qui leur 'f"»e.A,„^s
-, 1 tionne celte pensée le mieux nu il put,
' .
,„,,M<.n.;ait la sentence dans ce l'avocat nui lui
était opposé se mit
:
d(; son Irilumal en le; tirant par All>utius ré|)liqua qu'il n'avait point ,
-.*. 1
'.
. (luc comme une figure de rhétorique,
. ,
sortir tout aussitôt de sa patrie, ^'^ ,,^„ bannirait les figures ,|„^ si
et à s'en aller à Rome , oii il s'as- l'on prenait ainsi les choses au pied
socia avec l'orateur Munacius tlf Uaufre avocat répliqua
la lettre.
q'"'»" pouvait vivre sans ces figures ,
Vlancu». I/éinulation les avant
... -, T.-
brouilles , il dressa un auditoire
,
,
et <|u elles n avaient qu a périr si elles
^«..i^icnt. Les jugesdonnérent lieu au
à part, et eiidii il se hasarda à serment; et ainsi Albutius perdit sa
plaider des causes. Il lui arriva cause pour s'entre amusé à de faux
Ij'iUans de déclamation. Il en eut tant
(luclnues disivrAces dans le bar-
' ' .
^ I' I 1- ' . •" »'«'pit, (ju il renonça au métier (1).
reau (A),, qui obligèrent a y re- 1
y,^;^; ^^ ^^,,^,,, dit Suétone Ciim in :
qu.' le |)eu])le,
, I
il représenta dans „ irUque cineresquiinconditijacent, »
une bnigue harangue les raisons et alla in hune modum, arripiente eo
,. ,,, ,
irnlil ^ KA^ItutCti/n \ Quiulil. lusUt. . itC>. Il, <^a> Cieero in Bruto cap. 26 et 35.
.
ALBUTIUS. 367
butius était un épicurien pas- Quem quidem locum cum multd fenus-
sionné (c) et qu'il aurait été
tate et omni sale idem Lucilius , upud
,
quem prœclarè Scœfoia:
meilleur orateur s'il avait eu
Grœcum te Àlbulî quàm Romanum atque
moins d'attachement à la secte Sabitiuin
, ,
cussion (C) et banni (D) et qu'il mi de Scévola. N'est-il pas clair com-
;
satire du IP. livre. On ne trou- on n'ait pas corrigé la faute qui s'est
glissée dans les éditions. Il faudrait
ve rien de ce médecin Albutius ,
lire lit à S cœuolâ estprœtore salutatus
,
bonas l'erbis electis grai'iter ornatèque sont du même sentiment. Vojez le Cicéron de
dictalas quis non légat ? nisi qui se M. Gronovius.
(3) Dacier sur Horace Satire // , liv. II
plané grœcum dici t'elit , ut a Scœfold pag , ,
368 ALBUTIUS.
tur etiam T. Alhulio supplicationem vaient prié d'accuser Albutius (g). Il
hune ordinem denegdsse, qubd est pri- fut jugé que Pompée ne serait pas l'ac-
mùm dissimile : res in Sardiniâ cum cusateur. On peut donc conclure que
mastrucatis latrunculis à proprœtore ,
cette fonctio^n demeura à Caïus Julius.
unâ cohorte auxiliariiigesta , et bellum Le lecteur, qui ne le savait pas , ap-
cum marimis Syriœ gentibns ac tyran- prendra ici , en chemin faisant , qu'on
nis consulari exercitu imperioque con- n'approuvait point à Rome qu'un ma-
fectum. Deindè Albutius, quoda se- gistrat supérieur fût accusé par soq
natu petebat, ipse sibi in Sardiniâ antè subalterne JVeque ferè unquam i^enit
:
negatd notai'it (5). On croit qu' Albu- que M.Aurelio Scauro in L. Flac-
tius commandait dans laSardaignel'aa cum neque Cn. Pompejo in T. Albu-
,
(C) Ilfut accusé de concussion.'] On teni répudiants est sed ne libido t>io-
,
n'en peut douter après avoir lu ces landœ necessitudinis autoritate judi-
paroles : Mutins auieni augur, quod cum comprobaretur Apulée vient (10).
pro se opus erat ipse dicebat , ut de pe- troubler ce que j'ai tâché d'établir j
cuniis repetundis contra T. Albutium. car il dit dans sa seconde apologie
Is oratoruni in numéro non fuit juris ,
que C. Mutius accusa A. Albutius.
civilis inteUigentid , atque onini pru- Mais il est facile de répondre à cette
dentiœ génère prœstitit (7). Il n'est pas objection puisque, d'un côté, les per-
;
si certain que Mutius Scëvola ait été' sonnes dont parle Apulée ne s'appel-
l'accusateur ;
j'aimerais mieux dire lent point comme celles dont il s'agit
qu'il se trouva seulement mêle' dans ici , et que , de l'autre, on ne saurait
cette cause et oblige' d'e'claircir ou de
, appliquer au Scévola dont il est ici
soutenir quelque cbose qui le concer- question ce qu'Apulée remarque de
nait, et qui allait à la charge de l'ac- son C. Mutius. Il est certain que notre
cusé. Il avait assez d'éloquence pour Albutius s'appelait Titus, et non pas
un coup de cette nature mais d'ail- \
Aulus; et que notre Scévola se nom-
leurs il n'était point orateur c'est ce mait Quintus Mucius
: et, comme il :
que nous lisons clairement dans les était augure on le désignait souvent ,
paroles que j'ai citées. Quelques cri- par cette charge Quintus Mucius ,
Mutius autem augur, qubd opus erat, parle Apulée était un jeune homme
per se ipse dicebat (8) peu m'impor- qui faisait son coup d'essai pour se
:
pas d'avoir lieu de conjecturer que Scé- naître dans le barreau Neque autem :
vola ne fit qu'intervenir dans cette glorhe causa nie accusai ut M. Anto-
cause, et parler sur quelque incident. nius Cn. Carboneni C. Mutius A. ,
avait été le questeur d'Albutius; l'au- fut consul l'an 636 de Rome (12) il :
tre, que les habitans de Sardaigne l'a- était vieux quand Cicéron n'avait que
dix-huit ans; c'est-à-dire, l'an de
(5) Cicero de Provinc. Coosular. d. 1. Rome 665 : et Albutius ne fut accusé
(6) Proust ,
Comraentar'io i;j usum Delphini,
in Ciceronem de Claris Oratorib.
(q) Cicero , Divinatione in Verrem, cav, iq.
(7) Ciciro in Briito, d. I. <\o) Idem, ibid.
(8) Corrad. in Brutum CiceroDÎs ,
pag. 18g. (11) Apul. Apolog. //.
Douza in Lucilium , pag. 99. (13^ Cicero , in LkUo , inil.
ALBUTILS. 36
qu'après son retour de Sardaigne où , T. ALbutius , nonne animo cequissimo
il était propréteur en Tannét; 649. ^thenisexsulpliilosophabatui?cuita-
Voyez la remarque suivante. Peut être nien illud ipsum non accidisset si
in
que les copistes d'Apulée ont peu à repubUcâquiescens Epicurilegihuspa-
Ytea , en passant de faute en faute, ruistet (i6j. M. Gassendi a
très-mal
couverti C. Julius , en C. MiUius. 11 cité ce passage, puisqu'au lieu
de si
est certain que € Julius a été l'accu- in republicd.... paruisset , il a dit nisi
sateur d'Aibutius; et si Apulée l'avait in republicd.... paruisset [i-]).
Ceux qui
nommé , il serait à cet égard dans voudront quelque preuve de ce que
l'exactitude maison ne saurait le jus-
;
j'ai ditqu'Albutius fut accusé à la
"''
titier en ce qu'il avance '
que "tous les
' '
,
' requête des habitans de Sjrdaigne
accusateurs qu'il a nommés étaient n'auront qu'à lire ceci Julius hoc sè- :
(D; Il fut banni."} Nous ne trouvons vant homme a cru qu'ils étaient sou-
point cela aux mêmes endroits de Ci- vent appointés contraires, et qu'ils le
céron où il est parlé du procès d' Ai- furent nommément dans la cause de
butius , et ilne faut point s'enétonner; Graiiius accusé par Aibutius , et dé-
,
car, quand on ne fait point la vie d'un fendu par llutius. 11 dit que pour le
homme , on se contente de dire de moins Mutins eut beaucoup de joie
lui ce qui concerne le sujet présent. de l'absolution de Granius. Il prouve
Lorsque Cicéron a dit quelque chose cela par un passage de Cicéron au- ,
lait donc pas qu'il remarquiU pourquoi t'idebis quamuis aliter alii i'erba illa ,
Aibutius avait été exilé. C'est à nous sint interpretati , et putdrint ipsum
à faire un tissu de ces diflerens passa- Scœi'olain ab Albutio de pecuniis re-
ges jet, parce moyen nous trouve- pelundis accusatum fuisse , quàd ut
,
l'ons qu'Albutius, ayant été accusé de nos de uiro tali credamus adduci non
concussion, à la requête des habitans possumus (20). Je ne saurais m'accom-
deSardaigne, fut condamné et banni moder, ni du sens que ce critique re-
:
(i5} Cicero i>i PisOD, , cap. 38. (30) Corradns in Brutum Ciccr., p^g- iSq.
TOME I. 24
— . ,
370 ALBUTIUS.
voulu dire que Scévola fut mêle dans sunt libelli dicehat in Albano fun-
,
le procès de concussion
qui fut inten- dum situm pasiionibus semper vinci a
te à Albutitis ; et tellement raèlé que , villa agrum enim miniis dena millia
,
selon cette conjecture , que Scévola moqué d'Albutius, comme d'un hom-
plaida sa cause à la charge d'Albutius, me qui mêlait des mots grecs avec son
et que de là est venu qu'il a passé latin Charles Etienne n'a pas pris le
:
pose , outre cela , que ce dernier se qu'il le faut donner. Messieurs Lloyd
servit des registres du crieur Gra- et Hofman n'ont point corrigé ces
nius pour convaincre Scévola , et
,
deux fautes. Prenez bien garde que je
que sa preuve fut Jugée insuffisante. ne prétends pas nier qu' Albutius ne
Granius fut très-aise de l'absolution mêlât du grec à son latin. 3°. Ce que
de Scévola , et en fut raillé , comme Charles Etienne Lloyd et Hofman ,
butius (22). Je voudrais bien savoir même que celui dont il fait mention
d'où le père Proust a pris que la colère au 1". livre de la Nature des Dieux ,
de Lucilius contre notre Scévola ve- et au V*. livre des Questions Tuscu-
nait de l'amitié qu'il avait pour Albu- lanes. 6°. Il n'est pas vrai qu'Horace
tius contre lequel Scévola avait plai-
, dise qu'il y avait un Albutius, le plus
dé (23) ? Si Lucilius était ami d'Al- avare de tous les hommes qui avait ,
ici exempts de fautes. ] 1°. Charles tout ce discours à Horace, a été trom-
Etienne prétend que Varron a parlé pé par Charles Etienne encore que ,
unclatn
Convivis prœbebil aquam (27).
(31) r.icero, lib. //, de Oratore, cap. 70.
(22) Voyei ci-déssous la remarque (G).
(i3) Proust. Comment, in usum Delphini ia (25) Varro de Ke Rusticâ , lib. III, cap. II
Cicéron. de Orat. lib. /, num. 72. ,
Horalii Sat. IF, lib. /, vs. 34. (27) Horal. Salir. // , lib. II, vs. 65.
ALCA SAR. 37,
Il établit que la véritable propreté qu'il voulait passer pour Grec
(32) ,
n'est point outrée , et qu'elle s'éloigne, était justement taillé pour fournir
non -s uleinent de la saleté, mais l'exemple dont Horace avait besoin
5
aussi d'une exactitude trop scrupu- car tout homme qui affecte les maniè-
leuse et 'rnp recherchée (28). S'il avait res des pays étrangers
y mêle je ne ,
Ce dernier défaut est joint quelquefois d'ailleurs par les railleries de Lu-
,
meubles , et en repas qui cependant , et struere verba , sic ut neue asper eo-
ne passent point pour se mettre bien , rum concursus neque hiulcus sit sed , ,
cîim peccdssent cœdere tune ci non , (32) Voyez M. Dacier , Remarques sur la
vacaret (Si). Satire I''. du II'. livre d'Horace.
(33; Mutius l'augure : d ou nous apprenant
(G) Je ne crois pas que ce soit le que Lucilius le faisait quelquefois parler dans
même que celui dont Horace parle. ] ses Satires.
(34; Cicer. de Oratore, lib. III, cap. 43.
Nous venons de voir que l'Albutius Vojez aussi son Orator. , cap. 43 et seq.
d'Horace était d'une exactitude ou-
trée qu'il ne pardonnait rien à ses
,
duits sur l'Apocalypse (A). Il est (e) Alegambe lui avait donné soixante-trois
intitulé Vestigatio arcani sensûs ans : le pèi-e Sotuel a corrigé cette faute.
{/) A la /'^. et à la II'. Dissertation.
in Apocaljpsi , et il a été impri-
mé diverses fois (B). On prétend
(A) Son Commentaire est un des
que Grotius y a pris beaucoup meilleurs que les catholiques romains
de ses idées{c). L'auteur soutient aientproduits sur V Apocalypse.']'S oici
ce qu'en dit Nicolas Antonio Insig-
que l'Apocalypse est parfaitement
:
sans parler d'Élie ni d'Enoch {d). nes suas ad ipsum , itigeniosas guident,
difficulté d'a- eruditas , elaboratasque , ut censet
Il ne fait aucune
Cornélius a Lapide. Sed quisnam
bandonner anciens pères
les et
sponsor erit telo eum quanwis acuto
;
,
comme toutes ses principales étu- etforli scopum tetigisse (1) Je suis ."*
des n'avaient pour but que l'ex- sûr qu'il n'y a point de banquerou-
tier ni de prisonnier pour dettes
plication de ce livre , l'autre ou- , ,
Teslamenti partes quas respi- dule mais pour les cautions que Don
:
donc deux volumes in-folio qui i6i4i ettout aussitôt, il dit que l'autre
,
volume fut posthume. Si le premier n'a-
ne sont à proprement parler vait été imprimé qu'en «6i4 il aurait ,
(i) Sotuel , Biblioth. Script. Societ. Jesu, Draudius cote ces deux dernières édi-
pag. 557. tions et outre cela
,
une d'Anvers , ,
(c) M. de Mcaux , préf. de ^'Apocalypse
pag- 33, édilion de Hollande. (i) Nicol. Antonii Biblioth. Script. Hi-p, ,
AL CEE, 373
chez Keerberge en 161 1 (2). Le P., toire (e). Alcée n'oublia point
Sotuel, avec l'editioa de "6,4 ne ,
^^^^^ circonstance dans les vers
marque que les deux dernières de ,., . •
1 -
plus grands poètes lyriques de " ^*'y^^"^. Vi^P ^^"^ ^'^^^ «e°^-
^'^^'^ ^, '^" ^9 \'^ ^^^«
l'antiquité. Il y en a qui veulent ^^^H^, '
Barbite carmen ,
ij") Horace Je rapporte ses paroles
; ci-
gens. Il ne nous reste que des sauvé du combat en jetant ses armes
,
ejusinodi novandarum reritm. Stiabo lib. bliquement (4). Horace n'aurait pas
,
©Iàû) tIv iiTriiv. ÀXKo. y-i ncexmt mauvaise action d'Alcée (6).
AÎJœç , (C) La personne qu'il aimait n'était
que trop une aide semblable a lui. ]
et celte réponse de Sappho Horace nous apprend que la maîtresse
:
Al cT' ÎKÎ cr iThùêv «//tïf oç , h XctXœv , d'Alcée était un garçon qui se nom-
K«ti yUM Tl IITTIIV yKÔiiTa^ inuKO. kclkov , mait Lycus et qui avait les yeux et ,
(1) Aristot. RVietoric, lib. J , cap. IX. No- (4) Voyez la remarque (H) de son article.
Ifz ijue je range et ijue f accentue ce grec comme (H) Chabor. in Horat. Od. XIII , lib. II.
Scaligcr iurJLufihK ,
png, 85, c'cUtion de iG58. {(>) Flutaic. de P-Ialign. Heiodoti , pag. 858.
, ,,
ALC
El Lrcwn nigris oculis nigroqiie
Crine décorum {•)).
,
Quintilien Alcœus in parle operis
:
JVcefus in articula pueri delectat Al- res descendit major ibus tamen
aptior
,
cœum , at est corporis macula nœfus (13). Joignez à cela l'épithète de me-
illi tamen hoc lumen viJebatur (8). naçantes, qui a été donnée à ses muses.
Cice'ron dit en un autre lieu qu'en- ,
Et Àlcœi MIHACES
core qu'Alce'e eût témoigné beaucoup Slesichorique graves
,
Camocnœ (i3).
de courage , il avait rempli ses vers
d'une excessive pédérastie Fortis t^ir : (E) Ilfut aux prises avec Pittacus.'\
in sud republicd cognitus , quœ de Il vomit contre lui des injures fort
jut^enum amore Alcœus (g) ?
scriptit grossières iH'appelaptetf-p/at grosse
:
,
C'est ce qui a fait dire à Horace : (li) Horat. OJ. IX, lib. , vs. 7. IV
(14) Valer. Haxim. , Ub. IV, cap.I, ext.
Et te sonantem plenius aureo ,
Alcœe, plectro dura naris ,
,
Nec plus Alcœus consors palriœque Lyrœque qui était la ville de Mitylène et ,
Laudis habet, quamvis grandius illesonel.' se dit Athénien (b). Il laissa dix
2°, Qu'Horace lui donne le plectre d'or, pièces dont l'une était intitulée
parce qu'il parle de cette partie de ses Pasiphaé : ce fut celle qu'il pro-
Ouvrages, où il décrit^ait les guerres
duisit lorsqu'il disputa avec Aris-
cifiles qui étaient arrii'ées a Mitjlène,
et les diverses factions des tyrans Pit-
tophane, eula4^. année de la 97*.
tacus , Myrsilus , Megalagyrus , les olympiade (c). Athénée cite quel-
Cléanactides et de quelques autres
, ques-unes des autres. On ne sait
(i i) et que ces poésies étaient appe-
,
pas bien si l'Endymion cité par
lées <rt;toç-st3-i*ç-fità, 'TTwÀy.a.^a. ,
poésies
sur les séditions. Il cite ce passage de
Pollux appartient à Alcée le tra-
gique ou à Alcée le comique ;
(:) Horat. Orl. XXXII
lib. I, vs. 6,
l'an de Rome 555 , comme il pa- Sans feuille aucune et sans escorce aussi, ,
sur la bataille que Philippe , roi Expressément pour Âlcœus y pendre (i).
fuir Philippe plus vite qu'un sius rapporte {11 cette épitaplie tirée
d'une Anthologie qui n'est encore
cerf, et amplifiait le nombre des qu'en manuscrit :
,
principal honneur de cette vic- poisson, qui avait la tète fort grosse,
toire. Philippe se défendit con- comme nous l'apprend le scoliaste
tre la chanson d' Alcée par une de Juvénal sur ces paroles de la X*^. Sa-
tire , quosdatn mœchos et mugilis in-
autre chanson (A). Il faut avouer
trat.Par-là on comprend cette me-
,
que Plutarque donne au consul nace de Catulle :
trée. On parle aussi d'un Alcée Queiii aUraclis pedibus , patente porta ,
Percurrenl raphanitjue mugilesque (3)i
messénien qui vivait sous l'em-
pire de Vespasien et sous celui Lucien parle de cette sorte de puni-
de Titus (g). Il y a quelques-unes tion mais il ne décide pas si le crimi- ;
(^) Tzelzes in Lycoplir. apiul Gyrald. de (3) Caliil. Epigr. XVI , vs. 17. Voyez sur ce
l'nct. Dial. A', pag. 5l2, edit. anni lôgô. passage Partbenius , Muret , Achille Stalius.
ALCHINDUS. 377
deux qu'on battait bien le paillard j en i52i avec les corrections
,
mais le scoliaste dit qu'on ne lui
d'Antoine de Fantis, médecin de
fichait la rave que lorsqu'il éfait près
d'expirer sous les coups qu'il avait Trévise en Italie {h). On ne sait
,
reçus. Lucien nous insinue tout le pas bien en quel temps a vécu
contraire car le rutîen dont il parle,
; Alchabitius.
ayant été' bien battu , sauta en bas du
toit, et s'enfuit avec la rave qui lui
{h) Gesner. in Biblioth. et ex po Vossius de
Scient. Mathem., pag. 354 «' ^ftg.
bouchait le derrière Ka.Tst toS Tîy-juç :
qui écrit fort librement ce qu'il croit être de Jacques Alkindus, quoi-
que le nomde Jacques n'y soit pas joint
pense; 2°. qu'il n'y aurait nulle à celui d'Alkindus.
On jugerait par le
apparence de l'accuser de magie titre seul qu'il appartient à celui qui
uisque, bien loin de s'amuser à a été' suspect de magie.
a magie théurgique ou goétique,
r= (i) Àpud MercUiDum in Lindenio renovalo. ,
ALCIAT. 379
cle*'. Il était d'unriche mar- fils sion qui avait été d'abord de six
chand de Milan (A), et il naquit cents ëcus. Alciat professa cinq
en cette ville au mois de mai ans à Bourges , et il acquit de la
le nom de J'amille. Mais, dans ses Correc- lèbre son académie. Elle reprit
tioQS et Additions , Joly déclare que cette
conjecture de la Monnaie eslfausse,
son éclat sous un professeur si
(a) Voyez la remarque (E). couru ; mais au bout de quatre
\b') Pauzir. de Claris Legum Interpret.
lib. II cap. CLXIX, pag. 353.
,
ans, Alciat la quitta pour retour-
,
sant par Ferrare , et lui offrit de lèbre à Pavie par ses leçons de
l'avancement dans les dignités jurisprudence. Le cardinal Bor—
ecclésiastiques. Alciat se conten- romée , qui avait été son disci-
ta de celle de protonotaire, et ne pie , le fit venir à Rome et lui ,
que par 1 abdication de l'empereur son père, lui firent bien Sentir IcurS deutS
en 1 556 Si M. Bayle avait fait cette ré-
^^ Je^^S OUgleS iq). ScS Emblè-
flexion, il aurait dit prince a tspagne et , Pp ^-''
, . ,
non pas roi d'Espagne. Du reste cette pe- meS Ont ete lort estimeS , et OUt
,
tite inadvertance est proprement de Panzi- mérité OUe trois OU quatre SavaUS
rôle que M. Bayle ne fait ici que copier. ^ , ^^ . , , -, .
Panzir. de Claris Legum Inttrpretibus, /iô, aurait fallu d'ailleurs qu'il eût été fort
II cap. CLXIX. M. Teissier, tom. II pag.
, , vieux.
.I94 de ses Eloges lui donne pourtant une
, [n) More'ri la fait de l'oncle au nei'eit.
taille mrdiocre. (o) Panzir.de Claris Leg. Inlerprel., lib.
(;n) // n'est donc pas vrai >/u'il eut à y II cap. CLXIX.
,
Naples en l6(î6
, ,un pelit-lils du j^raud {p) C'est laXVII'. du II", tome. Voyez
Alciat. l'oYCZ Voyage du Docteur lîurnel,
/(,' aussi Bodini Meth. Hist-, cap. IV p. 85. .^
ALCIAT. 38i
finement au tome III des Ju- composé dans quatre jours : on
gemens sur les poëtes numéro ,
le trouva dans cabinet deScri-
le
vérius(v^). Il est daté du 7 de juin
Il de ceux qui ont i553 (N).
n'est pas
persisté dans leurs premiers sen- {v) Voyez l'Epître dédicatoire de M. Mat-
ttisus.
timens car on trouve dans ses
;
Parerga, qui est un ouvrage qu'il (A) // était fils d'un riche marchand
publia sur ses vieux jours la ré- de Milan.'\ J'ai suivi Panzirole, le seul
,
des auteurs que j'aie consulte's qui le
tractation de plusieurs choses que
fasse Gis d'un homme de cette profes-
le feu de la jeunesse lui avait fait sion Ex Joanne pecunioso negotia- :
omis par Bayle , et qui ne sont mentionnés n'était jamais monté en chaire Ai^e- :
que par J. de Nevizan, à lajin du l"'. livre nioni ciim nunqu'ani ad eam diem ca-
de sa Sjlva nuptialis. Nevizan parle de six thedram ascendisseru slipendium sex-
ouvrages et tous les sijc sont énume'rés par
,
dans la bibliothèque publique de Sainte-Eli- * Leclfrc dit qu'il fallait écrire Mignault :
383 ÂLCIAT.
ziroleest d'ailleurs suspect de faussetej » ans après l'avoir compose' (7). »
livre ne fut plus absurde que l'en- diés au chancelier Antoine Du Prat
droit où ce dernier écrivain a parlé de environ l'an i5\-j C9 11 publii
.
l'édition des Paradoxes d'Alciat. Duo ron le même temps ses Dispuncliones
devint post annos dit-il (5) , ,
cùm ci- dédiées à Jean de Selve président du
,
j) douze ans après l'avoir publié dans écus, et quelques autres gratifications j
» son pays, en prenant le bonnet de et que son auditoire était composé de
« docteur y mais dix-sept ou dix-huit plus de huit cents personnes , parmi
lesquelles on pouvait compter des pré-
(5) Minos , in Viiâ Àlciati. lats , des abbés , des comtes (12^. Il
* » Si, dit Jolf,Bayle avait su que MignauU quitta cette profession , et s'en re-
« traduisit lui-même la vie d'Alciat.... il aurait
tourna à Milan vers la fin d'octobre
,
1. voir f/ue MignauU a effectivement voulu
pu
> dire qu^ Alciat mit au jour ses Paradoxes douze
i522*. Entre plusieurs choses qui l'en-
» ans après qu^U eut reçu te bonnet de docteur.-
Joly , pour discuter l' lige d^ Alciat, s^appuie en- (7) Baillet , Enfans célèbres , pag. 126.
suite siirJ. de JMevizan qui parle de cet auteur à (8; Dans les Recherclie* de Pasquier, liv. IX,
la fin du premier livre de jaSylva nuptialis, mais chap. XXXIX ,
pag. 901.
l'édition de iSig quU elle de ce livre est toul- (9) f^oyez la préface des Paradoxes , au-de-
k-fait inconnue ; la plus ancienne paraît être vaut de Ve'dilion de iSîç).
de 1^11. Alciat avait alors vingt-neuf ans. (10) Acommencer l'année au mois de janvier.
de Jur. PrimigeD., pag. i58 , cite (11) Epist. Gudii, etc., pag. 76.
(6) Tiraci-
Enfans célèbres , pag. 126, o« vous (i2j Kpist. Gudii , etc. , pag. 78.
par Baillet ,
* Leclere prouve qu'il y était dès te 5 avril
trouvera aussi cités Ghilini,Theatrum LiUerat.,
pag. I, et Pieinell. Athen. Milan., pag. a6, 28. l52I.
,
ALCTAT 383
gagèrent à cette retraite , celle-ci fut Puis donc qu'au dire de Panzirole il y
la principale qu'on ne lui payait
,
avait été appelé l'an iSaS, il faut qu'il
point ses gages assez promptement ne l'ait quittée qu'en i533. Comment
depuis que la ville d'Avignon s'était aurait-il donc pu enseigner quelfjues
endettée à cause de la maladie con- années à Pavie depuis sa sortie de
tagieuse outre qu'on lui fit entendre
:
Bourges , et aller ensuite à Bologne
que si la peste revenait
,
il faudrait ,
l'an i532 ? Sa Dissertation du Duel,
qu'il consentît à une diminution de dédiée à François F' , est datée d'A- .
gages. Il rejeta cette condition (i3). vignon le i*^"^. de mars iSag. La pré-
Il s'appliqua au barreau dans sa pa- face de ses Paradoxes est datée de
trie et trouva cet emploi plus lucratif
,
Bourges le 24 d'août iSag. Voilà qui
qu'il ne l'avait espéré (i4)' I' s'arrêta est décisif contre Panzirole. Il nous
en Italie jusqu'à ce qu'il eût accepté reste deux faussetés à relever l'une :
la profession qui lui fut offerte dans de M. Moréri , l'autre de Paul Frelier.
l'académie de Bourges (i5) *' Celui - là dit que la libéralité de
(C) François I"... l'attira a Bour- François I" attira Alciat en France ,
.
ges en iSag.] J'ai mieux aimé sui- où il enseigna à Ai^ignon : selon ce-
vre Minos et M. Catherinot (i6) que ,
lui-ci, Alciat alla enseigner dans cette
Pauzirole. Ce dernier anticipe d'un ville lorsqu'il ne faisait que de sortir
,
Francisco est conductus (17). Je n'ob- et qui ne sait que depuis qu'Alciat
,
l'année suivante , on la porta à la qu'il fit imprimer des livres avant que
somme qu'il a marquée ]'ai de plus : de professer dans Avignon ?
grands repi'oches d'inexactitude à lui (D) Il se sentit d'une ruse pour ob-
faire. 11 dit 1°. qu'Alciat ne put de- tenir une augmentation de gages.'] Ce
meurer en France que peu d'années , fut de faire par ses intrigues qu'on lui
parce que François Marie duc de , adressât une vocation de la part de
Milan lui ordonna de revenir et le
, , l'académie de Padoue. Vossius qui ,
biens en cas de désobéissance 2°, ; férant de répondre à ceux qui lui of-
qu'Alciat , étant retourné chez lui fraient une profession dans l'académie
enseigna quelques années à Pavie , de Cambrige il ne se fût rendu sus-
,
s'en allât à Bologne l'an i532. Il , t-il, la plupart des gens en usent
est certain qu'Alciat séjourna cinq ans ainsi Quis rerum meuruni ignarus ,
:
Quinque per œstates terra habilata mihi (18). glicand aliquid mihi apud Batauos
lucelli acquiram ? Scinius id plerisque
(i3) Ibid., pag. 96.
(i4) Ibidem. vioris esse. Nec notant hanc ejftigit
(i5) Ibid., pag. 106. sumnius jurisconsultus Anilreas A.I- ,
*' JLeclerc prouve encore que, lorsque Alciat
ciatus Biturigibus Pata^ium
, ciim
quitta r Italie ou il se trouvait mal, il n'avait
d'autre intention que de venir à Avignon , dans i^ocarelur. El ille qiiidem callidè hoc
Vespoir d'y trouver un poste, egerat ipse , ut l'ocaretur. Mihi , ut
(16) Il dit, dans la première page de son Cal- scis , ne per somnium taie quid cogi-
vinisme de Berri o«'Alciat_/îr sa première leçon
tanti spontè apud i^ns professio obluta
,
384 ALCIAT.
quicquam accessionis ( quant quidem mandée (22). Bembus lui fait voir
scio mihi minime im^ideres) consequar que pour une si petite différence il ,
ne disais ici que M. de la Monnaie m'a en peu de temps toute la somme que
indique ce passage de Vossius. Outre t^ous auez indiquée et bien d'autres ,
cela il m'a fait savoir les particula- avantages. Il lui écrivit encore le 21
,
3; dolet qu'Alciat
,
dès la première bus lui déclare que , quant à lui
, il ,
3) année de son séjour à Bourges, avoit acquiesce à ses excuses ^ mais que les
i> ou feignoit avoir dessein d'aller pro- curateurs de l'académie de Padoue ne
3) fesser le Droit à Bologne Deux let- s'en payaient pas , et qu'ils étaient per-
3) très italiennes du Bembe l'une du suadés que la demande d'une chaire
,
}> ae fe'vrier i533 apprennent beau- été fondée sur un motif d'intérêt 5
,
3) d'un tel collègue faisoil courir le tendijus ciwile hdc in urbe locum pos-
,
» cois Sforce , mal nomme François isluni tuum ulerere ad largius atque
3) Marie par Pancirole lui avoit dé- uberius ab eo slipendium promeren-'
,
ne pas trouver ici un peu d'embarras II chargea l'un de ses amis (24) de
il faut , ce me semble que nous sup- faire en sorte qu'on l'appelât
, ou ,
la lettre de Pierre Bembus est de l'an point dessein d'accepter ces vocationsj
1534 , à commencer l'année au mois mais il s'en voulait servir pour faire
de janvier car sans cela
\
nous ne augmenter ses gages. Nous savons ce-
, ,
datée lui qui avait professé cinq ans Utrecht, l'an 1697
:
,
Si mille mihi :
à y professer qu'en iSag. En consul- non irem et satis non possum non :
tant les lettres latines du même Bem- mirari qui tibi in mentem uenerit , ,
bus j'ai trouvé qu'il écrivit à notre hanc coni^entionem cuni eo tractare ;
,
de la chaire qui lui avait été ofl'erte rim quamvis nec mihi displiceant :
dans l'académie de Padoue. Il lui lève tua ista consitia non quod in has ;
ALCIÂT. 385
semines, quos conjectabis idoneos esse; ce que Luc Gauric marque au-dessous
ut in Avenionensem Academiam lit- de la ligure de nativité de notre ju-
teras harum rerum indices dent ("iS). risconsulte. Il le fait naîfre le 8 de
Son ami faisait des cabales à Padoue mai 1492,
à une heure 3o minutes
pour obliger les écoliers allemands à après le lever du soleil. Ne voilà-t-il
demander république de Venise
à la pas un bel art il a des règles , selon !
que Ton fît venir Alciat (26). Celui-ci lesquelles un homme devait mourir
le pria de s'abstenir de cette peine ,
plusieurs années avant sa mort. J'ai
vu qu'il s'était engagé pour deux ans lu une lettre d'Alciat datée du 3 de ,
(E) M. de Thou... était mal instruit sept ans P^ix trigesimum etseptimuvt :
de son histoire.'\ Il suppose 1°. qu'Al- annum attingenti i32). Cela prouverait
ciat, après avoir enseigné long-temps qu'il naquit en i494' ou en i493.
à Bourges, fut professeur à Avignon ; (F) Il fit sur- Le-chanip une haran-
c'est tout le contraire 2°. qu' Alciat gue a François l^^ ., quittait entré dans
:
sortit de France sur le déclin de son âge^ son auditoire.] Minos rapporte ce lait :
il n'avait qu'une quarantaine d'an- Panzirole n'en dit rien ^ mais , au lieu
nées plus ou moins
,
3°. qu'Alciat , décela, il assure que le dauphin,
;
ment à Bologne et puis à Ferrare ; lui fît présent d'une médaille qui va-
,
il lut à Pavie, avant que d'aller à lait quatre cents écus. C'était celle
Bologne 4°- qu'Alciat mourut l'an
:
que les habitans avaient donnée au
ï55i ^ son épitaphe marque le 12 de dauphin. Je l'ai déjà dit en d'autres
janvier i55o. Il est vrai que quelques rencontres, dès qu'un fait de la na-
auteurs rapportent qu'elle donne cin- ture de celui-ci varie dans les auteurs,
quante-huit ans , huit mois , et quatre ou ne paraît point dans la plupart
jours à Alciat
, ce qui prouverait de ceux qui font l'éloge d'une per-
:
de .M. de Thou est moindre que celle cours qu'il Ot quand François !•'. as-
de Forsterus , adoptée par M. Doujat sista à une de ses leçons.
(28) , et que celle d'Imperialis. Ce- (G) Le frai remède de son humeur
lui-ci met la mort d' Alciat à l'année inconstante. ] Sij'avais voulu me pré-
1 559 (29). Forsterus la met à l'année valoir de tout ce que j'ai rencontré
1548 (3o). Mais remarquons principa- dans les auteurs sur les divers démé-
lement la fausseté d'un astrologue nagemens d'Alciat , j'aurais pu le
qui , ayant dit qu'Alciat mourut à faire paraître encore plus inconstant
Ferrare l'an i546, ajoute que ce fut qu'il ne l'a été ; mais j'eusse fait con-
d'une blessure de Saturae et du So- science de le charger davantage. C'est
leil: Andréas Ald$flus didicit litteras bien assez que d'Avignon il se soit
grcecas a Poniponio Gaurico Patauii... transporté à Bourges de Bourges à ,
TOME I.
,
386 ALCIAT
à Orléans d'Orléans à Padoue.
, et son centre , et illuminer de là tous
M. Teissier le fait professeur à Milan ceux qui s'en approcheraient. II y a
bien \A\\s de gloire à faire venir où
(34). 11 cite Pasquier au
chapitre
l'on demeure un grand nombre d'é-
XXIX du IX«. livre des Recherches :
cestui que de l'autre. Ivoire que ceux ne verrait pas tant de gens frappés
qui plaidaient, pour s'asseurerdeleurs de la maladie d'André Alciat. L'idée
causes ,
recherclwient plus le Socin , de la belle gloiie inspirerait à un
pour ceste seule considération ( di- homme la résolution , non pas d'aller
que jamais Un' avait perdu chercher les grands théâtres mais ,
soient-ils)
te temps en l'estude des lettres hu-
de convertir en un grand théâtre ce-
maines , comme A
Iciat. M. Teissier, lui où l'on se trouve placé , quelque
à proportion de
sonne ne trouve mauvais que le so- bas et mercenaire ,
leil parcoure toute la terre afin d'a- l'augmentation de gages que l'on ex-
,
et par ses rayons il ajoutait: que arts les plus mécaniques la profession
,
plus payer de sa
pas dessein de condamner les pla- chapelier qui se fait
nètes (35). Il y avait une vanité in- besogne
qu'un autre se fait par cela ,
me une source de lumière qui devait l'on vousdonne une plus grosse pension
successivement parcourir toute la ré- pour ce que vous direz en chaire, c'est
publique des lettres, afin que par sa une preuve qu'on vous estime un plus
présence les ténèbres de la barbarie grand prédicateur ou un plus savant
fussent chassées de tous les endroits professeur, ne jugez-vous pas de votre
où elles voudraient se cantonner. métier comme l'on juge de celui d'un
Mais accordons-lui sa comparaison cordonnier ou d'un chapelier? Cela
,
loin, il,pag. 395, édition de Genève, en i683. (36) Kojet la remarque (A) de Vaflicle Foul-
(35) f^oyeita Harangue qii\l récita à Ferrare, ques.
Van 1543. Operum toin. iV pag. 86a, ei , (37) Plutarch. i'n Apopbth. Laconicis, l'nit.
ALCIAT. 387
joint à ordinairomeat
l'avarice est cours bien eloigae' de l'offre d'un
est
cause du défaut que Ton blâmait dans chapeau de cardinal.
Alciat je veux dire de cette passion
: (I) // était non-seulement
fort a^are,
de faire bientôt tout le tour des aca- mais aussi un grand mangeur.'] Panzi-
de'naies, de laquelle j'ai déjà parle en role s'exprime ainsi /U'arior habi-
:
un autre endroit (38). C'est assuré- tas est et cibi ai'idior. Il ajoute
,
qu'AI-
ment mettre son érudition à l'encan ciat ayant reçu trois cents écus
pour
, ,
tife, qui, sous la promesse d'une grande L'un que sa méthode ressentoit je
,
astûs sene principe ) me decipi non qui plus lui donnoient d'escus. Et
sim. passas, quiim me, uti scis, mag- mesme je me souviens qu'aux Parer-
nis propositis prœmiis Ticino , Fer- ges, parlant de Jason , il vueille
rarid, atque Bononid, in Urbem ac- prescher pour l'argent, le prisant
cerseret. Tum enim ex jure meo magis de ce qu'à lui ont esté augmentez
cautusjui, quant tu ex sapientiœ prœ- les gages des docteurs. D'où Alciat
ceptis prudens philosophas. Car enim a bien sceu faire son profit ayant ,
pro innni aut incertd spe purpurœ, hos tiré de l'université de Bourges douze
tantes primi suggeslàs honores relin- cens escus d'estat outre ses licences
,
388 ALCIAT.
3)son , il se plaind des princes et sei- Dulcia sunt , pwa sunt elegantia ,
cerumnis patriâ excessisse , uxoreni f i- vail n'a pas été fort estimé Sebastia- :
cariL nmneni conservasse. In prœsentiâ tiis et fabulis additis ; ad hœc ui.r me-
qjffirmare àictionem ejus prœ illd Pauli j4nulus ) se servit. Le voici Les Eni- :
Jovii esse senticeta {\^) Dans une au- blesmes d'André Alciat traduits vers
. ,
tre rencontre il avait parlé bien au- pour vers jouxte la diction latine et ,
(M) Ses Emblèmes ont été fort esti- lon l'allégorie naturelle morale ou , ,
ALCIAT. 389
hisioriale. Les éditions de cet ouvrage baud auxquels Valentin Genti-
,
d'Alciat sont innombrables : dans i;_ ^' „„ / t • . \ •
V a deux cent douze Emblèmes ainsi : S["6 'on prit contre eux et les ,
son épit^phe (55). Mais on s'est trom- assez de succès. Ils attirèrent
pé en datant cet écrit-là et je pense ^
Gentilis (A), qui ne manqua
qu'il fut composé avant l'année iSao, pas de les aller joindre (c). Il
et que c'est la même pièce qu'Alciat
avait l'obligation à Alciat qu'à
eut peur qu'Erasme ne fît imprimer :
,
Emblèmes i mais
,
tenait que Jésus-Christ n'a com-
Freher ne cite pas Gesner. mencé d'être qu'à sa naissance
(54) Paul. Freher. in Thealro.
f^oyez la remarque (E).
(5,^) de la sainte Vierge {d). On a
(56) EpUt. Gudii etc., pag. 80. Voyez aussi
,
nité ,
formèrent un nou-
qu'ils qui donna lieu au bruit qui a
veau parti , non moins odieux tant couru et qui court encore ,
aux protestans qu'aux catholi-
* A -. I
• .
ûCjO ALCIAT.
Paulus Pedemontanus n'est autre
de son prétendu mahométisrae. nés
que notre Alciat. Si Calvin ne disait
Calvin et Bèze ont parlé de lui
pas expressément que tous ces hétéro-
comme d'un fou à lier (F). doxes Italiens, et nommément Jean
Paul Alciat, signèrent le formulaire,
(A) Ils atlirèrent Gentilis.'] J'ai suivi on serait fort tenté de penser que ceux
Aietius et Théodore de Bèze , qui s'ac- dont parle Pierre Martyr refusèrent
cordent à débiter que Gentilis n'alla d'y souscrire. Quoi qu'il en soit , ils
en Pologne qu'après que Blandrata et n'étaient plus à Genève peu après la
Alciaty eurent dogmatisé (i)j et j'a- signature; car elle se fit le 18 de mai
bandonne l'auteur de la Bibliothèque 1 558, et ils étaient à Zuiich le onzième
des Antitrinitaircs, qui affirme qu'Al- de juillet suivant. Gentilis ne fut mis
ciat et Gentilis allèrent ensemble en à mort qu'en i566. 11 était sorti de Ge-
Pologne, environ l'an !562 (2). Sta- nève quelques mois après la signa-
nlslaûs Lubienietzki a dit à peu près ture et s'était retiré au pays de Gex,
,
sistere non passent, anno i563 in Po- y demeura peu Voyez l'article Blan-
loniam ueneranl (3). Mais ces auteurs drata où je tâche de déhrouiller l'or-
,
ne sont point assez exacts pour méri- dre des temps par rapport à ces
ter la préférence. Hornius la mérite gens-là.
encore moins lui qui a dit que Geor-
, (B) A
sa prière , le bailli de Gex
ge Blandrata et Paul Alciat tous deux , auail mis Gentilis hors de prison (5).]
médecins (il se trompe à l'égard d' Al- On ne sait si les prières suflirent. San-
ciat) , se sauvèrent de .Suisse en Polo- dius insinue qu'il fallut donner de
gne, épouvantés par le supplice de l'argent In oppido nnniine Gajum in
:
ville ;
que le médecin
qu'ils le firent ;
)) sait familièrement et qui assista à sa
dit qu'il s'en allait en Transylvanie , M mort, l'a souvent dit à David Wer-
et que Jean Paul se retira à Chiaven- » ner Buttel son mari, qui est encore
ne. 11 faut lire dans Pierre Martyr, non » en vie, et il n'y a que trois ans
pas Gregnrium medicum mais Geor- , » qu'elle est morte. Ma belle-mère me
gium niediciim, qui n'est autre que » dit encore hier qu'elle avait souvent
George Blandrata tout comme Joan-
,
cause qu'il passait pour arien éluda , clésiastiques ; et c'est de là sans doute
leurs mauvaises intentions en leur di- que le père Maimbourg l'avait copié
sant qu'il croyait en Jésus-Christ fils (11), quoiqu'il ne cite point cet au-
du Dieu vivant et de Marie ce nom : teur, comme M. Moréri le cite. Le fa-
de Marie le sauvaRidicido schemate
: meux Calovius Tarait débité Ruarus :
evasisse , ciim se non Arianuni, sed lui écrivit ce que l'on a vu. Il y avait
Marianum esse cliceret ,
qubd cùm deux ans que sa lettre était imprimée
illi quid sibi ^ellet qucererent, respon- lorsqu'on fît une nouvelle édition de
disse ,
Jeswn Christuni Dei
credere se l'Histoire Ecclésiastique de Micrœlius:
t'hn et 3IariœJiUum. Illi non minore cependant celui qui a pris la peine d'y
slupore quam malilid obsessi , audito ajouter beaucoup de choses n'en a pas
l'endando Mariœ nomine incolumem ôté le mensonge pour leqiiel Calovius
,
dimiserunt. Voilà un cas oii la maxi- avait été censuré. Je ne sais si Ruarus
me des dévots outrés de la sainte découvert l'origine de cette fa- a bien
Vierge se trouva véritable Que l'on qu'une lettre de Théodore
: ble. 11 croit
est quelquefois sautée afec plus de de Bèze (12) en a été le fondement.
promptitude en in^'oquant le nom de: Cette lettre rapporte que Valeutin
Marie qu'en im^oquant le nom de Jé- Gentilis interrogé sur son camarade ,
Turc.'] On vient d'en lire les preuves je n'ai eu aucun commerce at^ec lui. \
et, sur cela , qui peut s'empêcher de Les deux conjectures de Ruarus ne
dire qu'il serait à souhaiter que ceux sont pas mauvaises 1°. Gentilis crut :
qui soutiennent la bonne cause ne faire plaisir par-là aux juges qui lui
fussent point sujets à certains défauts faisaient son procès. Nous apprenons
qui régnent éternellement parmi les tous les jours (i3) par nos gazettes
persécuteurs de l'orthodoxie? Un excès quelque chose de semblable c'est-à- ,
comprend pas moins la personne de ceux qui les questionnent 2°. Genti- 5
l'hérétique que son hérésie même lis, qui reconnaissait en Kotre -Sei- ,
nous font avaler tous les contes que gneur une génération ou une filialioa
l'on débite au désavantage d'uu héré- fort singulière, était bientôt disposé
siarque. Court-il quelque bruit qu'il à mettre dans la même catégorie
s'est tué, que le diable l'a emporté, les samosaténiens et les mahométans.
qu'il est mort enragé et en blasphé- Deux sectaires qui se brouillent s'en-
mant on le croit sans attendre que trehaïssent plus au commencement
,
la chose soit avérée on l'écrit à ses qu'ils ne haïssent le tronc duquel ils
,
amis partout oîi l'on a commerce on se sont séparés de sorte que Gentilis , :
bonne terre. Le premier qui le publie gne. Voëfius (i4) et Laetus (i5) n'ont
n'est pas long-temps le seul qui l'ait cité que cette lettre de Théodore de
publié on ne chôme pas à le faire Bèze quand ils ont dit qu'Alciat s'é-
:
passer de livre en livre, comme un tait fait raahométan. Homius n'a cité
grand motif de zèle ou comme un ob-
(10; Horat. Epist.//, lib. /, vs. 16.
jet de réflexions. (11) Maimbourg Histoire de rAri^oismC ,
,
Les protestans n'ont pas été moins toin.III , pag. .^44 . fàiiion de Hollande.
trompés que les catholiques au pré- (15) C'en la LXXXI'.
(i3) Or. écrit ceci l'an iGq^.
(9) Velocior est nonnunqu'ain salin invocalo (i4) Voet. Disputa!., tom. III. p. 7S1.
nomine Mariœ quam invocalo nomine Jesu- S. (i5) Joh. Lœtas . Corappn'.l. Rifl. univ. f p-
Anselmus de Exccllenliâ Virjiois, cap. VI.
, 436.
392 ALC lAT.
personne, quoiqu'il avance cela avec exstiterit antequàm ex Maria nascere'
la deinière confiance. Alciatus dit- , tur, et acerrimè dogmati pulgari de
il (16), transiit adTurcas ac muham- , Trinitate restitisse , ità ut mahometis-
medismum amplexus , inter eos imitant mum
primordio reforma- consilii in
trois fois qu'Alciat embrassa le maho- necino iri eum et alios veritalis
aman-
métisme Dignam pœnam dédit quart- tes Jlagranlibus (20).
:
ner que cette fable n'a pas eu la lettre d'aller chercher un asile aux pays des
de Théodore de Bèze pour son fonde- infidèles contre les agens ou les pro- ,
ma tion polonaise car, quand on y qu'un autre j car toutes les fois qu i!
5
voit que l'auteur, ayant parlé d'un entendait dire qu'il se ferait bientôt
certain Adam Neusserus (18), qui en- une assemblée d'ecclésiastiques il s'i- ,
fin se vit contraint de s'enfuir à Con- maginait que c'était pour le condam-
stantinople ajoute qu'Alciat avait eu ner. D'ailleurs
, il avait éprouvé le ,
guère penser sinon que la chose est pas facile de leur échapper sous des
véritable, puisqu'un tel historien la princes de leur parti. Ils écrivent par-
débite. Mais, en examinant de près tout et avant que leur ennemi soit 5
que son témoignage se réduit à rien. ses erreurs y fait déjà peur et y sou- ,
Voici comme il parle dans la page 200 lève tous les esprits. Un temps a été ,
:
Exacto trimestri necesse habebat ( Ada- que ceux qui avaient l'oreille des pa-
mus Neusserus), periculo sibi ah explo- pes pouvaient rendre la meilleure par-
raloribus Cœsaris imminente , solum tie de l'Europe un pays inhabitable ,
t^ertere et Constantinopolin {quant et à l'égai-d d'un homme qu'ils se seraient
,
Alciati fortunam fuisse supra uidi- mis fortement en tête de faire passer
mus, adeoTurcœ unie christianos œqui- pour hérétique et ce pauvre miséra- ;
tate et humanitate longà sunt ! ) con- ble pouvait en quelque façon leur ap-
fugere. Ces paroles nous renvoient à pliquer quelques endroits du psaume
un endroit précédent je crois que CXXXIX (21). 11 ne faut donc pas s'é-
:
c'est à la page 109. Or, si d'un côlé tonner que Pierre Abélard ait eu en-
l'on trouve dans cette page que quel- vie d'aller chercher du repos au rai-
ques-uns ont écrit que Gentilis s'était lieu des mahoraétans ou des païens :
malgré les fautes d'impression qui dé- se trouverait toujours enfermé dans
figurent misérablement son livre. De cette sphère. Voici ses paroles Deus :
Alciato scriptum accepi dit-il (19), ipse mihi testis est quotiens aliquem
,
ce lii're est tout plein defiiutes, et surtout quant fagiara ?.. . Si sumpsero pennas mcas diluculo
uux noms propres. rt habitavero in extremis i&ans,... , illuc lenc>
guère de sûreté dans les pays oi!i les vincial. Il n'était pas dans une
autres chrétiens étaient les maîtres,
moindre considération hors de la
TenenlDanai qu'a déficit ignis (li),
société car outre qu'il fut long-
;
minlus (b) Tacitus l'a traduite ce que le père Paul affirmait. Quand
,
eu italien du latin de Nicolas Or- on a les rieurs contre soi il faut avoir ,
quegli non uoUe negare senzn hai'er avec lui. Mais, pendant le voya-
la prova délia falsita dal che ogni
ge elle fit des réflexions sur sa
;
,
legge il disnbliga\'a. Quindi fu che
spese moUissimianni in cercarmeviorie conduite elle en pleura elle se
; ;
ALC I NOUS. 395
souvint avec cris et larmes de son proverbes (D) qui étaient en usa-
jeune mari et de ses enfans en- ; ge parmi les anciens. Quoiqu'il
fin, toutes les bonnes paroles de en soit le royaume d'Alcinoiis
,
dans la mer (a). Grand exploit qui n'empêchait pas que les gens
et bien digne de la déesse Miner- n'y fussent agiles et fort bons
ve Voyez la remarque (C) de hommes de mer (c) et qu'Alci-
! ,
ALCINOUS, roi des Ph^aques, (c) Homer. Odyss. , lib.VI, vs. 270 lib. ;
dans l'île qu'on nomme aujovir- VII , i's. 35, 107 ; lib. VIII , i>s. 247, 253,
et passim alibi.
Corfou était fils de Nausitlioiis
,
(d) Orplieus.
{a), et petit-fils de Neptune et de
Péribée (A). Il épousa Arête , sa Neptune
(A) Il était petil-JUs de et
nièce, fille unique de Rhexenor, de Péribée. Britannicus nous assure
]
fils de Nausithoiis , et en eut cinq qu'Alcinoiis était fils de Phaeax , et
fils et une fille nommée Nausi—
que Phœax Tétait de Neptune et de
Corcyre (i). Je vois bien dans Etienne
caa de laquelle Homère dit beau-
,
de Byzance le dernier de ces deux
coup de bien {b). Il loue encore faits mais non pas que ce fils de
^
mois de l'année. C'est sans doute Qualia perpeuius Phœncum aulummts habe-
bal (2)/
par ses jardins qu'Alcinoûs a
principalement immortalisé sa et joignons-y ce témoignage d'un au-
mémoire (B). Il reçut avec beau- teur en prose Antiquilas nihil priits :
39(> ALCINOUS.
ces paroles de saint Grégoire de Na- par une interrogation il déclare sim- :
zianze :
plement qu'il ne dira point l'apologue
d'Alcinoiis C8). 11 est encore plus faux
'H Jï TpiTTêfi* )i*i i'XtTêOÇ 'Axxi-
. . .
que ce qu'il dit soit en d'autres termes
la même chose que la table d'Alcinoiis.
vàoio
TêjSTTVOTjpH (5).
Ilestcertain qu'on trouvedans l'Indice
Tua Alcinoi mensa est jucundior korlo.
des Adages d'Érasme , Alcinoi Men-
Je n'ai point remarqué que les poètes sa , et Alcinoi Apologus comme ,
aient feint que ce prince filt leeardien deux proverbes différens. Le premier
des vergers , comme M. More'ri le débi- n'est point en titre dans le corps du
te. Chai'les Etienne l'a jeté dans celte livre il n'est
: rapporté que comme
erreur^ car on voit dans son Diction- un petit accessoire de l'adage Syba-
naire un Alcinoiis difiérent du roi des ritica Mensa (9^ et il est tiré de ces ^
culior.
(C) // reçut auec beaucoup de ci^'i-
/itéf//yssc.] Plusieurs auteurs, comme Non si inarmoreuin dederis lectum Alcinoïque
Ravisius Textor (6), et Decimatoi (7), mensam.
attribuent cette réception à Nausicaa, un autre passage où ce
Lloyd cite
fille d'Alcinoiis, sans en faire aucune
saint docteur emploie la même phra-
part au père. ne considèrent pas
Ils
se. Y Alcinoi Apologus Eras-
Quant à ,
ALCYOINIUS. 397
on par quelque autre moyer:. Je ne ALCYONIUS (PiERBE) a été un
vois prcst|ne personne qui fasse atten de ces doctes Italiens qui culti-
tion à ce dernier passage d'Erasme.
vèrent les belles-lettres dans le
On s'arrête au premier comme si c'é-
tait là que l'on trouve le vrai sens :
X\ P. siècle. Il acquit une intel-
il qu'on l'y rencontre^
s'en faut bien du grec ligence fort raisonnable*
car pour peu qu'on voie ce que dit et du latin, et
quelques /j/^ce* fit
Érasme sur les paroles d'Aristote on ,
d'éloquence qui ont mérité l'ap-
se de'fîe entièrement de l'explication
qu'il avait donne'e en un autre en- probation des connaisseurs. Il fut
droit. J'avoue que ce passage d'Aris- correcteur d'imprimerie pendant
tote est obscur qu'on le lit difié-
,
long-temps à Venise chez Aide ,
remment et qu'il n'est pas peut-être
,
sans quelque lacune mais il n'y a Manuce (A) et il doit par con-
;
;
nulle apparence que par l'apologie séquent avoir part aux éloges que
d'Alcinoiis on s'y doive figurer des
, l'on donne aux éditions de ce sa-
contes de Ma Mèi'e l'Oie. Gilbert Cou- vant imprimeur. Il a traduit en
sin qui a fait un recueil de prover-
,
latin plusieurs Traités d' Aristo-
bes depuis Érasme se figure néan- ,
chose que selon la citation d'Aristote pulvéda écrivit contre ces ver-
(14). Il y a un passage d'Élien où sions et y remarqua tant de fau- ,
,
yllcinoi j4pnloffi 'Axxi'voou ÎTrôxo^oi ,
ne se peut prendre que pour les dis- tes, qu'Alcyonius ne trouva point
courr. qu'Ulysse fait à ce prince dans de meilleur remède à sa disgrâce
rOdyssée (i5). que d'acheter autant d'exemplai-
(E) On aimait dans son royaume la
res qu'il lui fut possible de l'é-
bonne chère et les commodités de la
,
crit de Sépulvéda pour les jeter
i'ie. ] C'est de quoi Alcinoiis ne fit ,
_
point mystère à Ulysse: Nous ai- dans le feu (B). Paul Jove l'accuse '
comme Erasme, le IV^, livre de la Kbétorique homme que peu de Cicéroniens ont égalé.
d'Ari-tote.
t'oj Voyez-en la liste dans la Bibliothèque
(i.î) ^lian. Var. Histor. , lib. XIII , cap.
xni. de Gesner.
(16) Homeri Odysse» lib. VIII , vs. 248. (i) Voyet ^e«£pî(r<s de.s Princes, yb/ 92.
(17) Horat. Epist. // Ubri I , vs. i8, «177. vcrsQ.
398 ALCYONIUS.
ceaux d'un Traité de Cicéron de mourut de maladie , au bout de
Gloria et qu'ensuite , pour em-
, quelques mois (h). Sa vanité l'em-
pêcher qu'on ne le convainquît pécha de devenir plus habile (F),
de ce vol , il jeta au feu ce ma- et sa médisance lui attira beau-
iiuscrit de Cicéron (E) l'unique , coup d'ennemis (G). Le Supplé-
({ui fût au monde (c). Les deux ment de Moréri ne vaut rien sur
Marangues qu'il fit après la prise cet article (H) : ce n'est qu'une
de Rome où représenta fort copie fidèle des fautes énormes
, il
pension dix ducats par mois du Aide M.anuce.'X Paul Jove n'en dit
Ciim. ddi in chalcographo'
cardinal de Médicis jîour tra- pas tant.
rum qfficinis dit-il (1), corrigendis
,
,
pas d'aller à Rome plein d'espé- nombre de fautes que cet écrivain a
rance de s'y avancer (g). Il per- commises touchant les beaux-esprits
dont il a parlé dans ses Anecdotes de
dit tout son bien pendant les
Florence. Le public lui est redevable ,
troubles que les Colonnes excitè- dit-il
(2) de l'exactitude dont usait ,
rent dans Rome et quelque jild'i Manuce dans l' impression des
;
temjjs après lorsque les troupes meilleurs auteurs grecs et latins que
,
car il a
de l'empereur prirent la ville , nous admirons
aujourd'hui ;
ment VII. Il se rendit coupable versions d' Aristote pour les jeter ,
d'une noire ingratitude envers ce <i'ins le /eu.] Paul Jove remarque cela
perperàm
pape car dès que le siège fut ^""'" '^"''"'^ ^^ Anstotele
; ,
insolenterque uertissel, in eum Sepul-
levé , il s'alla rendre au cardinal veda i'ir Hispanus egregiè de litteris ,
ALCYOJNIUS. 399
niœ dolore miserè consternntus , His- ;e<eaM^eM.] Paul Joven'eslpas le seul*
j)ani hostis llbros in labernis ul con- , qui raconte cette supercherie funeste.
cremaiet, f^rat^i pietio coëmere coge- Paul Manuce dans son Commentaire
,
returi^). Voyez jcs Epîtres des Princes sur ces paroles de Ciceron Librunitibi :
du de Longolius. Si benè te
III*. livre noslrorum œtatem peruenerunt. IVam
noi't ipse tudenunciabis ; c'est-à-dire,
, Bernardus Justinianus in indice li- ,
perè inuideo. IVunquam enini is ex tus cura, neutiqu'am est im^entus. Ne-
oculis labnrai'il, quitùm ejus jronteni mini dubiumj'uit qitin Petrus Alcyo-
spectdrit (4^- nius, cui nionachcn niedicosunejus trac-
(C) On
l'accusa.... d'avoir été un tandœ BibLiothecœ potestalem fece-
impudent parasite.'] Rapportons les raat,homo improbus furto auerierit.Et
termes de Paul Jove Cùm nulld ex : sanè in ejus Opusculo de E.rsHio as-
parle ingenuis sed plané plebeis et
, pcrsa nonnulla depi ehenduntur quœ ,
demiim in lecti limine per i'omitum ipso qu'il l'a été d'un couvent de religieu-
crapulœ onere lei'aretur (B). M. Varillas ses il ne saurait être vrai, ce me sem- ,
ne parle que de l'ivrognerie d'Alcyo- ble, qu'il ait passé toute sa vie dans
nius il ne Taccuse que de s'être enii'ré l'imprimerie de Manuce C'est une nou-
;
toutes les J'ois qu'il en trnui^ait l'occa- velle preuve de l'erreur de Varillas.
sion. Latomus,dont Paul Jove rapporte J'ai deux choses à remarquer contre
les vers, fait mention des deux excès cet historien. La première est que,
de ce personnage, de celui de boire et dans le Fragment de son Louis XI, il
de celui de manger imputait à Philelphe le plagiat et la
(D) Paul Jove le crut son rii'al dans destructiondu Traité Je G/or/<ï, et ci-
In commission d'écrire Chisloire.'] Celui tait les petits Éloges de Paul Jove. On
qui nous apprend cela ajoute qu'il l'avertit (9) que cela n'y était point. 11
n'était point vrai qu'Alcyonius dût a profité sans doute de cet avis en pu-
composer une histoire, et qu'on ne biiantsonLouisXI; car, après avoir ob-
l'avait dit à Paul Jove qu'aOn de les servé, touchant Philelphe. les mêmes
brouiller ensemble i,6). Le cardinal de choses que dans le Fragment, il ajoute :
Me'dicis se divertissait à ces querelles // n'est pourtant pas certain qu'il ait
des savans il se faisait un plaisir des
:
été coupable de ce crime, qui passe
inquiétudes où il jetait Alcyonius en pour un des plus grands qui se com-
protégeant Se'pulve'da (7). Notez qu'Ai mettent en matière de littérature ; et il
cyonius loua magnifiquement la pre- j- a des auteurs qui l'imputent h un
njière Décade de THistoire de Paul sax'ani du même temps nommé Alcyo ,
Jove , dans la 11*. partie de son Traité nius , et soutiennent qu'il s appropria
de Exilio. ce Hure de Cicéron après en afoir
(E) On l'accusa de s'être approprié changé le titre qui était de la Gloire
,
plusieurs morceaux d'un traité de Ci- en celui de l'Exil (10). Il applique à ce
ceron, de Gloria , et ensuite de l'a^'oir
* Outre let auteurs cites par Sarle Joly en ,
tiré de tout embarras; car où trouve- jet et l'occasion. Je puis dire seulement
rait-il que l'on ait aocuse' Philelphe de que le titre qu'il lui donne n'est point
cette supercherie? D'ailleurs, on n'ac- conforme à celui que Gesner a marqué,
cuse pas Alcyonius d'avoir publié le Medices Legatus ,sive de Exilio liber ;
cyonius seul qu'il accuse de ce for- » le titre de mot à mot Pétri Alcyo- :
fait. Il dit (i3) que ce misérable pla- )) nii Medices Legatus, seu de Exi-
giaire fut obligé de consoler le prové- » lio ad JVicolaiim Schonbergium ,
sant ta guerre aux Turcs , quoie/u'il » qui a été depuis Léon X, Jules de
rCy eût point de sa faute. Jilgionus j) Médicis , et Laurent de Médicis ,
(i4) lui eni^oja le iwre intitulé De ;> sont les interlocuteurs. Voilà pour-
foriiter tolerandâ Exilii fortunâ : et » quoi on a mis Medices au titre
j
comme ce traité n'était composé que » et parce que l'auteur suppose que
de'-
peutir quelque vestige d'amende ho- bite les raisons et les exemples-
,
c'est
norable au sujet du iiwre de Gloiid? à lui, en un mot, que l'auteur iirê'teson
PaulJove a-t-ii quelque autre dessein érudition et son style assezéléi^ant No-
qu'de faire voir que les harangues tez qu'on réimprima cet ouvrage d' Al-
d'Alcyoniusfurent trouvées si bonnes, cyonius à Genève l'an iGa4 *'in-8" ,
'
qu on crut Deaucoup
u'on qu'aupa- avec deus traités de Cardan (22).
beaucoup moins qu'aupa faa)
ravant qu'il fût incapable d'avoir pro- (F) Sa Inanité l'empêcha de dt
venir
duit de sa tête ce que le livre de Exi- plus habile.'] C'est le sentiment de
lio contenait de beau ? Il me paraît Pierius Valerianus Non displicuisset :
très-faus que ces harangues aient été mihi, dit-il [l'i] Alcjonius, si quan- ,
TOME I. a6
,
402 ALCYONIUS.
lologicœ de M. Almeloveen. 2°. Il de se souvenir de lui quand il com-
fullait considérer que selon M. Va-
, posa les dialogues de Interpretalionc.
rillas, ce prétendu Algionus, ayant Joignons aujourd'hui à Léon de Noie
déploré les ravages que l'armée de un autre témoin. Je trouve que Ga-
Charles-Quint fît à Rome sous Clément briel Naudé loue beaucoup les versions
VII , devait être donné au XVI*^. siè- d' Alcyonius. dans son traité de
C'est
cle. 3°. Ce qu'on a tiré des Anecdotes Fato et Kitœ Termina. Il dit que ce
n'a été purgé d'aucune faute. traducteur, ajant discuté trois objec-
(I) De sai'ans Immmes ont fort loué tions que l'on pein faire contre ceux
Alcyonius et ses traductions. ] Je me qui disent que le traité de 3Iundo est
contenterai de rapporter ce qui fut un ouvrage d'Aristote, se tourne en-
écrit à Erasme par Ambroise Léon suite de toutes parts pour n'être pas
de Noie l'an i5i8. Cet ami , qui était
,
obligé de convenir que c'est un ou-
un fort habile médecin , lui apprit vrage supposé Dijficultates ejusmodi:
que le sénat de Venise avait fait pu- amoliri ientet ; alque ne supposititium
blier, à son de trompe, que tous ceux hune J'œtum queni una cum legitimis
,
ter, et qu'on destinait deux mois à concludit sed morositatem ejus geue- :
traductions admirables. Il vaut mieux nius, partit sans la prendre; sur quoi
exprimer la chose selon l'oiùginal In- l'on fît cette réflexion JVôsti hominis
: :
ter eorum elegantiores anus Petrus Al- ingenium ille enim et cœnœ quam ei :
savant M. Huet lui eiU fait l'honneur (26) Gabriel IVaudaïas , de FatO et Vila; Ter-
mino ,
pag. 82.
(24) Eiasml Episiol. XXFIIl lib. X, pag. (2'^) Dans la remarque (B).
S3o. (28) Chrislopl). Longolius, Epistol. XXI lil/ii
(25) Idem, pag. 53i. II, foUa 2o3, verso.
,
qu'on avoue qu'il avait fait de bons tre. Il mourut d'une maladie as-
vers lyriques et ïambiques , et qu'il se sez singulière; car il fut mangé
vantait d'avoir composé une tragé- des poux (/). Il ne faut pas le
die excellente sur la mort de Jésus-
distinguer du poëte Alcmœon
Christ 1,33).
(D) et je ne vois point la néces-
;
(29) Idem, ibid. folio 2o4-
(30) C'est la XX'. du II'. livre. sité de reconnaître deux Alc-
(3i) M. de la Monnoie c'est lui qui m'a in-
:
I, cap. XX yII
Les uns disent qu'il était de La- (yj Aristotel. de Histor. Anim. , lib. V
cap. XXXI; Ptin., lib. XI, cap. XXXIII
cédémone , les autres qu'il était Plutarch. in Sjllâ pag. 474-
;
nous reste que peu de chose, cité citoyen de Lacédémone, bien instruit
par Athénée, oupar quelque autre aux lettres grecques ce qui le reiid ,
4o4 ALCMAN.
premier ment; mais il s'est fondé sur une
prête latin a mal traduit le
epigramme mauvaise raison. Ei^n dit -il (8), .,
vers de cette
Laconeni fuisse aibitror, quùm Laco-
,
. ^âpiTêiÇ àifX.a.W Trcfrépaii vô//oç. nicd dialecto usus sit. S'il se fût sou-
Ol mea majorumque meorum palria
Sardes
venu de l'épigramme que Plutarque a
il n'eût pas manqué de
;
rapportée,
car il faudrait conclure de cette
ver- voir la fausseté de cette raison. Alc-
sion qu'Alcman était né à Sardes man n'ayant pas été élevé dans la
,
conclure des Lydie mais en Grèce et demeurant
(2) ce que l'on ne peut , ,
de
paroles grecques et voilà comment dû
: à Lacédémone , a se servir la
qui était celle de
un traducteur est quelquefois un se- dialecte dorique ,
Suidas affirme. A quoi sert l'épigram- xcLi ix.é'auvan TrpœTov /rnhoç , à-KiiKcLçnv ov-
me pour terminer ce procès puis- , TO, KCtt TTift T*Ç yUVeLÏKCLÇ KCtl TilV TOlCtV-
qu'elle ne nous apprend pas oii est né THv Moi/3-5tv êiç Tctç (TistTfiCstç. Anhy-
Alcman , mais seulement qu'il n'a pas tasHarmoniacus scribil ut ait Chu- ,
été élevé dans Sardes , la patrie de ses mœleon amatoriis ç'ersibus condendis
,
SuiHam in' Ah.x.y.iv (10) Stal. Sylv. ///, lib- F, vs. i53.
(5) //;)U(i ,
ALCMENE. 4o5
premier passage Alcmœon
mari d'AIcmène(B), fut ad- par Me- tre le
ma/i. Il est visible, par le
1
dys roi de Lydie
, sous
111*
lequelir»'
Crates
„^- „„„, „,i ^„
^^^^ sans nul scrupule
,
i--""- ""^
r
aux ^"u»-
lonc-
I
reene a Ar-
. .
i
sait environ la 3o*. olympiade temps plut de telle sorte qu'il fit durer ,
,
auquel on niet Alcmaeon dansla Chro- cette nuit-là trois fois plus qu'à
nique dEusèbe. Si cette raison ne suf- Tordinaire (C). Voilà d'où sortit
fit pas pour montrer qu'il faut ré-
duire ces deux noms à une même pei'- Hercule. La plupart des auteurs
sonne on vous prouvera invincible-
, modernesdisentqu'Alcmène était
ment qu'AIcmaeon AK>if/.a.ia>v et , '
, du fait d'Amphitryon
déj à grosse ,-
par Ù.TO Mss-s-h'vmç. Scaliger rejette avec traversa le plus qu'elle put les
raison cette conjecture (i3j.
couches de cette femme ; et ce
(i3J Scalig. Animadv. in Euseb. num. i36o.
,
ne fut que par l'adresse d'une
ALCMÈNE , fille d'Électryon servante que l'on éluda les mau-
(A) , roi de Mycènes , fut femme vaises intentions de Lucine (E)
d'Amphitryon, et mère d'Hercu- qui empêchait Alcmène de se
le. Elle accoucha de ce fils pen- délivrer. Elle accoucha de deux
dant la vie de son mari et ce- ;
garçons celui dont Jupiter était
:
D'autres disent qu'elle fut enter- bains lui rendirent les honneurs
rée à Mégare et que l'oracle l'or- , divins (/). Ils montraient encore
donna ainsi lorsque les enfans , sa chambre du temps de Pausa-
d'Hercule le consultèrent sur le nias {k). On voyait son autel à
différent oii ils étaient : les uns Athènes en ce même temps (/).
voulant qu'elle fût portée à Ar- Le présent qu'elle reçut de Ju-
gos , les autres soutenant qu'il piter pour la longue nuit qu'elle
fallait la porter à Thèbes {d). Elle avait passée avec lui, était mon-
mourut en chemin sur les fron- tré dans Lacédémone plusieurs
tières de Mégare comme elle siècles , , après comme une rareté
s'en retournait d'Argos à Thè- singulière {j7i). On a raconté des
bes (e). Hercule était déjà mort choses bien merveilleuses tou- :
cher les yeux (F). On a conté enuiron i5o ans après la naissance de Jéstis-
,
dans son lit {/) C'est ce qui fait (A) Fille d' Electryon. ] Le poète
dire à Pausanias qu'elle fut con- Asius la fait naître d'Amphiaraùs et
vertie en pierre {g). Antonin Li- d'Eriphyle (i). D'autres disent bien
qu'Electryon était son père mais ils
beralis raconte que, pendant que ^
ALCMÈNE. 407
mène (5). Le même historien observe en repos pendant trois jours , afin
que Jupiter , en cette rencontre ne , que Jupiter eût le temps qui lui' était
fut point agité de cette passion las- nécessaire pour produire Hercule
cive qu'il avait tant de fois sentie
,
une nuit ne sufBsant pas à la produc-
pour d'autres femmes , et qu'il n'eut tion d'un si grand guerrier.
euerri Towtov
pour but que de procréer un illustre OC/V êV //li Vt/;cTi à7roTï>.€3-6»vsti àcfyv«T0V.
car , puisque Jupiter avait pris la fi doublée seulement (12). D'autres di-
gure du mari, il n'était pas néces- sent qu'elle dura neuf fois plus que de
"
saire d'user de force et nous v enons :
coutume. Saint Jérôme, qui avait pu
lire cela dans les écrits de deux pères
d'entendre qu'il ne prit cette figure
f(ue parce qu'il ne voulait point em- de l'Église (i3) ne s'en servit point,
beaux vers de Molière (5). Il y a mille Alcmène fut la dernière des mortelles
choses à dire sur cela c'est un grand :
avec laquelle il coucha. Niobé avait
été la* première il y avait eu seize
sujet de réflexions. Notez qu'il y a des ^
contrainte de nie laisser jouir d'elle , piter pour les femmes. Or , comme le
parce que j'ai eu la force de prendre divertissement avec Alcmène était en
i^otre figure. Si cela est, il faut dire que
ce genre-là le dernier qu'il devait
l'intention de ce poète a été beaucoup
prendre dans ce monde n'était-il pas ,
qui aurait mu Lycnphron d'appeler contre elle un distique tel que celui-ci :
Hercule Tfurî^Tîp'jç Km'/ de , le lion Cum longas nocles MoreUi {\-) ab amore ro-
trois nuits comme fait aussi Lucien
, garet ,
(8). On a eu peut-être en vue ces pa- Favit ainor vous, perpeUiasque dédit.
duas noctes congeminaret (g). Le Dia- (11) Ovid. Metam. lib. IX, vs. 28-.
,
logue de Lucien où il est parlé de la , (12) Idem , Amor. lib. I Eleg. Xlîl .
; Pro-
longue nuit que Jupiter eut d'Alc- pr-rt.. lib. Il, Eleg. XXII; Capella, lib. II, cap.
mènc nous apprend que Mercure
,
(i3)_ Clem. Alpxandr. in Prolrepl.
, pag. 10
alla porter au soleil l'ordre de se tenir Arnobius, Vib. IV
pag. i45 cu\us hœc sunl
;
, ,
4o8 ALCMÈNE.
Sosie , valet d'Amphitryon , s'avisa d'Amphitryon (i-î). Dans la comédie
«î'une remarque digne de lui quand , de Plante, les choses vont autrement.
il s'aperçut que la nuit durait plus Amphitryon y laisse sa femme grosse
qu'à l'ordinaire. 11 félicita les palans en s'en allant à la guerre [l'i]. Grand
qui n'avaient pas eu bon marché de ragoût pour Jupiter ! Ce serait bien
leur proie. pis si Plaute avait observé l'unité de
,
Vbi sunt isti scortatores, qui soli inviti cubant? temps comme le veut mademoiselle
Hœc nox scitasl exercendo scorto conducto le Fèvre II faudrait dire , en ce cas-
maté (i8J. là , qu'en arrêtant le soleil Jupiter
(D) EUe était encore fille. ] Apol- interrompit tout le cours de la nature,
lodore raconte qu'Electryon , allant afin de se divertir plus long -temps
venger la mort de ses fils , mit soq avec une femme grnsse de deux en-
royaume et sa fîUe Alcmène entre les fans , et si proche de son terme , que
mains d'Amphitryon , après l'avoir pour peu qu'il eût difléré sa retraite ,
et, s'associant avec d'autres, il porta que ce maître des Dieux et des hom-
la guerre chez les Téléboes qui avaient
mes a déjà produit l'un de ces ju-
tué les frères d' Alcmène (20). De re- meaux. Prenez bien garde que ce poè-
tour à Thèbes victorieux et triom- te ne feint pas que Jupiter se déguisa
,
avait couché avec cette dame. Il est mari au secours d'Alcmène pendant
visible que ce ne fut point lui qui eut le travail d'enfant : c'était la visite
la première faveur Alcmène avait :
d'unhomme bien amoureux. Voici
difléré sans doute la cérémonie des comme parle Mercure dans le prologue :
tryon eût vaincu les Téléboes. Jupiter Dhm ille qud cum volt voluplalem capil.
et fit avant l'arrivée du mari ce qu'il Meus paier nunc pro hujus verbis rectè et sa-
pienler facil
y avait à faire. ApoUodore ajoute Qui complexus cum Àlcumend cubai amans
,
ALCMÈNE. 409
Amovi à foribui maximnm molestiam , femmes grosses, ou quand l'on médica-
Palri ut licerel lulo illam amplexaner.
mente quelqu'un les doit^ls enlrelassez
Errons ambo ego illos et demenliœ en jormsile pigne, c'est un charme nui-
Complebo aique omnem Ainphiliuonis fami-
, sible et dit-nn que décela L'expé-
,
jointes sur ses genoux (^) elle lui (33) la liberté que Piaule a prise de
,
Dixtt et incœplos leiiuerunl cannina partus. lui coupa la fête, et la donna à Alc-
,
Vna minislrarum mediâ de plèbe Galanthis A^JtyUHVH {TieTaiî-IV. » (Ts KilKlTl TOt/Ç ô.^Ôa>.-
Flava contas, aderat Jaciendis slrenua jussis,
O0ictts dUecia suis. sensit iniqua Ea /jLiùi 'i^cefu^iv cLÙ^'Âi (34j. /^jusque ca-
JPfescto quidJu'iOne geri, duinque exil et inirat put aniputatum Alcmenœ dedit. Hœc
Scepè fores , Divatn residentem vidu in ard, autein illitexloriis radiis oculos ejfudit.
Brac/tiaque in genibus dtgiiis connexa le~
nentein ;
, ,
(G) On
a raconté des choses bien
Et quœcunque es , ait , domina gralare : le- meri'eilleuses touchant son tombeau.']
,
i-aia est Agésilaiis , roi de Sparte , voulant
Ar§oUs Alcmene politurque puerpera ,
voto.
faire transporter les reliques d' Alc-
Exsiluit , junctasque inanus patejncta remisit
Diva potens uieri; vinclis ievor ipsa remis- mène à Lacédémone envoya des gens ,
avec les mêmes circonstances. II dit et une table de cuivre sur laquelle il
qu'on voyait à Thèbesia figure de cer-
y avait des lettres gravées, que per-
taines femmes (28; que Junon avait , sonne ne connaissait. Comme elles
envovées empêcher les couches d'Alc- étaient semblables à l'écriture des
méne. LafilledeTirésias (29) les trom- Egyptiens, Agésilaiis les fit copier, et
pa en criant (ju'Alcmène était déli-
,
envoya cette copie au roi d'Egypte^
vrée (3o). Du temps de Pline, on pre- et le pria de faire expliquer à ses prê-
nait encore pour un maléfice la posture tres ce que c'était, s'ils le savaient (35).
dont j'ai parlé. S'asseoir aupiès des Plularque ajoute qu'Agétoridas , dé-
(25) Plaut. Amphit., act. T, se. II, vs- i,
puté d'Agésilaiis, alla à Mensphis, où
2,
3 , 5 et seq. le prophète Chonuphis déchiffra cette
(26J Ce'init la déesse des accouchemens inscription. Elle contenait un ordre
(*) Rabehis,
I. 3, cb. 48, a fort bien rendu
le texte d'Ovide et de Pline. Si M. Bayle l'avait (3i) Vigénère sur Philostrale, tom.II,fol. 17.
su , un pa.^sa^^e à alléguer ici. Rem. crit.
c^êtait
(il Plinius, /ifr. XXriII .cap. VI, p. 579.
(27) Ovid. Metam. , Itb. IX, vs. 298 et seqq^ (33) Dans la remarque (E) de l'article Tele-
(28 On les appelait tlitfy.a.x.ii'i;. Nous les BOES.
appellpiions aujourd'hui sorcières. (34 Apollodoii Bibliolh. , lib. II, pag. i5i.
129) Elle s'appelait Hi.storis. (?5) Plutarch. in libro de Socratis Genio, p.
(io) Païuan. , l:b. IX, png. 290. 571» et seqq.
4'0 ALCMÉON.
adressé aux Grecs, qu'ils eussent à vi- nie que Pisistrate et ses fils tâ-
vre en paix, à honorer les Muscs, et
chèrent en vain de perpétuer. Je
à terminer leurs difTérens selon les
règles de Téquité. Les lettres de l'in- crois que cet Alcméon est le mê-
scription étaient conformes à l'écriture me que celui qui fut général des
qu'Hercule apprit sous le règne du roi Athéniens dans la guerre qu'on
Protée. Ce qu'il y a de plus singulier,
entreprit pour la protection du
c'est que les habitans d'Haliarte, ayant
eu une très-mauvaise récolte temple de Delphes , à la sollici-
et de ,
rendit mille bons offices aux am- ron à l'année 353o selon le père Pé-
,
sors tout autant d'or qu'il pour- mière année du règne de ce monar-
rait porter. On jieutlire dans Hé- que. 4°- La dernière année de ce règne
répond à l'an 206 de Rome. 5°. Héro-
rodote les expédiens dont Alc- dote , que l'on cite , ne dit point
méon se servit pour se donner qu'Alcméon ait succédé à Megaclès
une charge bien pesante. Crésus son père en la charge d'archonte an-
lui fit encore d'autres présens nuel; nique les ambassadeurs de Cré-
;
sus aient demandé à Alcméon s'il ,
de sorte qu'il le mit en état de voulait se joindre ai'ec leur maître
donner un très-grand lustre à sa pour aller h Delphes; ni qu'après leur
famille dans Athènes. Elle y a ai'oir promis de le faire , ceroiUùJit
été une des plus considérables, présent d'autant d'or qu'il en pourrait
TA
Les Alcmeonides
-
(
, - - porter ; mnu ayant aperçu qu Aie-
^^^^^ s'était chargé d'or au delà de
l'on appelait les descendansd'Alc- ses forces, il le fit porter auec ce far -
méon ) s'y distinguèrent en plu— deau dans sa maison , parce qu'il ne
sieurs rencontres et surtout en /^""^"'^ P«^ marcher à cause do sa
,
c7i«ri/e. Je ne saurais deviner par quel
opposant^r
, . , 1
s rortement a la tyran-
{\)Onle dilpourlantdansl'e'dil.delTollnnde.
[a) Euselni Chronicon. x^ Supplém. de Moréri n'avait dit , .<inon qur
{b) llerod. lib. VI, cap.
, CXXF. cet Alcméon availôlé archonle annueld' Alhines.
.
ALCMÉON. 4ii
esprit on Hérodote lorsqu'on a
cite , avant que les ennemis entrassent dans
falsifie si étrangement ce qu'il raconte cette ville, la". Ils ne firent pas un
6°. Alcméon, fils d'Amphiaraiis n'é- , grand butin ,
pour venger te déshon-
pousa point Caliirhoé après la mort neur de leurs pères. 11 fallait dire
d'AlpIiésibée sa première femme : que , pour venger le déshonneur de
celle-ci était en vie pendant le second leurs pères ils entreprirent une se-
,
mariage (a). 7". Plutarque ne dit point conde expédition. i3°. Il n'est pas
que la fable d'Alcmèon signifie c/u'il vrai que le philosophe Alcméon ait
tua sa mère , c'est-à-dire ia partie , fait voir que la lune a une pro-
pour aller iàvre a la campagne , qui priété particulière, qui nefinit jamais :
quer ce que la fable a dit d'Alcméon j ront à montrer comment les copistes
car à quoi peut servir, pour l'explica- précipités s'abîment dans les bévues
tion de cette fable, de dire que la les plus grossières Où //.«'vtoi ç-çxTuyo; :
ville de Thèbes fut pillée, que Tiré- iTTl TO^/TOV àiTriiii'xfiVt T5V TTOXêMOV , ffiÇ
sias fut fait prisonnier , que sa fille Xê'j.êiv <Ç/)5-iv 'Efy.iTTToç 'EfivQn tÔv 2«-
Manto fut consacrée au service d'Apol- //»ov. OÙTi-^HLf hio-^itïii i f «Tap toI/t' iif»-
lon ? 9°. Il n'est pas vrai qu'Eusèbe jtsv , 'evTi TOK TûJv AsÂt^Mv ÙTTr.y.x i\y.a.<n\
rapporte ces choses en l'an 817 d'A- AKic//.xia!v , où Sôxaiv , 'AÔhvaiûiv ç-fitTH-
braham. Il ne dit rien de ce pillage de yoç àva.yîypa.:TTa.t (5j. JYonJuit ille ta-
Thèbes il parle en général des sept men ad bellum hoc designalus dux ,
:
l'an 823. En dixième lieu, ni Eusèbe, Hofman ont trouvé le prétendu histo-
ni aucun autre historien , ne remar- rien Alcméon dans et endroit de <
pris la fuite, avec les autres Thébains, tendent avoir été cité par Plutarque.
tua sa mère pour obéir au coin— ans après d'aller venger cet af-
mandement de son père. Vous front et ils choisirent Alcméon ,
point aller à la guerre contre les lui avait donné un collier (c) et une
Tliébains car, comme il était robe {d). Alcméon, quelque envie
;
grand devin , il avait prévu que qu'il eût de tuer sa mère avant
s'il y allait il
y périrait. D'ail- d'accepter le généralat , marcha
,
leurs il avait promis avec ser- contre Thèbes sans avoir exé-
,
ment que pour ce qui regarde- cuté l'ordre d' Amphiaraiis. Cette
,
après avoir été gagnée par le beau uns soutiennent que son frère
collier (a) que Polynice lui offrit Amphilochus l'assista dans ce par-
(b) , et qu'elle accepta sans avoir ricide; mais le plus grand nombre
égard aux défenses que son mari des auteurs nient cela. Alcméon,
lui avait faites de rien prendre persécuté par les furies à cause
de Polynice. Elle est devenue par- de cette action se retira à Pso— ,
muns et de pensées morales entre son crime entre les mains de Phé-
les mains des censeurs du sexe. On géus , selon les cérémonies ordi-
sait qu'Ampliiaraùs , ayant pris naires en pareils cas et se maria ,
donna le collier , et iju'Eriphyle découvrit le {e) Pausan. lii'. VIll P"S- 255,
, ^
la-
lieu oii Amphiaraiis s^étail caché. nomme Alpliésibee.
,
4i4 ALCMÉON.
d rapportes dans l'un de ses livres ne , opinions très-hétérodoxes COm- ,
méon reproche à Adraste qu'il est gligence n est-ce pas que de choi-
frère d'une femme qui ajtuë son mari: gir entre tous les astres auxquels
Adraste lui répond Et t^ous ^'ous : ,
Alcméon attribuait une nature
ai'ez tué votre propre mère. 11 ne faut
éternelle , celui dont les altéra-
point faire le Caton et le censeur
lorsqu'on est tout plein de défauts. tions paraissent le plus , je veux
dire la lune? Il fallait donc dire,
Mme' aa-aiTov àutoç œv Àvi- Cicéron a fait {b) que ce
7raiiSc/uia,vȍ.
comme ,
MÔèipOÇ,
philosophe attribue la divinité à
i^m
tous les astres , et même à notre
'
'AvS'coKTQVn^ yuva.Moç oi/.oyiv»i
cap. XI.
ALCMÉON , natif de Crotone, (c) Laert. in Alcmaeon. , lib. VIII.
et disciple dePythagore. On croit
qu'il fut le premier qui écrivit (A) // n'est pas vrai qu'il soit mort
physique [a). Il avait des
dune maladie pédiculaird .] Antigonus
sur la
pris l'ua pouf l'autre Cavystius a
(a) Phavorin. in onininiodâ Histor. apud quand il a dit qu' Alcméon le physi-
ALDRINGER. ^,5
clen a\ait eu cette maladie; ii a pns, p^t
ij le parti des armes,
dis-ie , A cmeoii
gori,pourlepoëteAlcman(O.Char-
le disciple de Pytlia- c'on^AU
«
•
ii ^
enrôla simple soldat. i
11 devint
ni- et
les Etienne ne se contente pas de dire sergent peu après et comjue il ;
T>i -
1 V . mort
'
\ Ade la maladie
j- 1 I
capitaine, qui ilui ouvrirent
>>'icin, itt
la
l'herccydes était ^
J' i
dont il s'agit ici (2), il lui aurait sans P»'"^^ ^ "'^ P'^i^ grand emploi,
doute accordé la primauté sur vVlc- Cet avancement fut cause que le
raéon s"il avait parlé de ce dernier,
, lieutenant de la compagnie de-
par rapport à cette sorte de maladie.
^'"* ramtnino
*•
ot a J
et /,.,'
•
^^^V^r j V n
• / î^s rudes attaques de l'ennemi
^m^iy.xjj.i.
(3) In Cicer. de .
Natnra Deorum , pag. ^i. T.,
Des lors , la réputation de son
ALDRINGER , fameux gêné- courage ne fut pas moins répan-
ral d'armée sous l'empereur Fer- due que celle de son habileté :
dinand II , s'était poussé par la plusieurs colonels lui offrirent
seule recommandation de son mé- une compagnie ; le neveu de l'ar-
rite. Il était du pays de Luxem- chevêque de Saltzbourg fut de ce
bourg, et d'une naissance tout-à- nombre. Il avait besoin à cause ,
4i6 ALDRINGER.
de Tilli avait attendu à donner motif secret pourquoi Aldringer
bataille que ces troupes fussent ne voulait jamais consentir à li—
arrivées, comme on le lui conseil- vrerbataille. Il ne faut pas croire
lait, l'événement n'eiit pas été si néanmoins qu'il entrât dans tous
funeste aux Impériaux. Aldrin- les complots de Wallestein il :
mencement de suivante. Le
la suivante,
,
(rf) Le Blanc, llùtoire de Bavière, lom. prendront pas que cela veut dire, buvear d'eau
ir, pag. 374. (S) 1,1. ibid.
, ,
ALDROVANDUS. 417
llte en Allemagne dans un homme de (Dj II était d'une avarice et d'une
guerre. cruauté excessives. ] il était sans mi-
(B) On croit que Wallestein lui séricorde pour les peuples, et il exi-
auait donné des ordres secrets de ren - geait les contributions a\ec la der-
dre inutiles les desseins du duc de Fé- nière rigueur il n'avait nul égard :
l'ennemi ; mais jamais il ne put rien connu étant fort bonne. Fu colpilo e
obtenir d'un homme qui était sous la fatto coder morto non senza sospetlo ,
férule de ff^allestein et les Suédois ; cio dit^enisse dalla parte de' suoi per ,
s'élant retirés comme en triomphe sur , vendetta d'alcune ingiurie faite loro ,
la fin d'octobre le mauvais procédé , essendo egli per la sua severith piu te-
d'-Aldringer, qui coûta bon 'a l'union mulo che amato dalla militia (7).
caûiolique déplut tant au duc de Fé-
,
(6) Là
ria que bientôt après il en mourut
,
rait que tandis que fFalleslein man- a ete un des plus Curieux hoiU-
da'it à l'empereur qu'il envoyait Al- rnes du monde par rapport à l'his-
dringer au duc de Bavière pour en
t^j^e naturelle. Ses soins, ses tra-
aisposer entièrement il lui don- , .. j ' .
TOME t. 27
^,g ALDROVANDUS.
l'hôpital de Boulogne , chargé (/) , et qu'il n'ait point su beau-
d'années (b) et aveugle , l'an coup de grec (g). Un
poëte qui a
i6o5 (c). C'est un exemple bien été pape l'a loué d'une manière
parlant contre l'ingratitude du très-bien tournée (E).
public (B) , et contre l'ex- même ^y, Vossius de Origine Idololatr., lib. Tir,
cap. XCl, pag. 1227.
cessive curiosité des particuliers Spanhem. apud Konig. Bi-
{g) Ezecli.
Il y aurait raille réflexions et bliotii. ,
png. 24-
mille beaux lieux communs à
(A) U employa pour auoir des fi- ,
les laisse à quiconque s'en voudra excellens artistes de l' Europe, Voici "l
maximo
rer 11 ne u^
ICI .: i'i dit que peu de mots 'ioquè ususest ut quo fieri ,
faut pas lui en attribuer toute la (B) C'est un exemple bien parlant
pour des vers ce qui était très- d'argent considérable à Jean Corneille
contraire aux règles de la poésie Uter\^erius, natif de Delft enHollande,
profosseur en cette unit^ersilc , et de-
{b) Bullart, Académie des Scienc, tom. II
puis encore à Thomas Demster , gen-
,
ALDROVANDUS. 4,q
sous la presse des livres si dignes de ') livre (8),non plus que de beaucoup
voir le jour (2). » d'autres qui ont néanmoins été pu-
(C) // ne faut pas lui attribuer » bliés sous son nom mais il est ar- :
de médecine , que la plupart des vo- » comme à ces grands fleuves qui con-,
lumes de l'Histoire naturelle d'Aldro- » servent pendant tout leur cours le
vandus ont e'te imprimes après sa » noni qu'ils avaient à leur source
,
mnrl (3). L'Ornithologie (4) en trois , » quoiqu'à la fin la plus grande partie
volumes in-folio et les sept livres , » des eaux qu'ils portent à la mer ne
des Insectes en un volume de même
,
w leur appartienne pas mais ;\ dau- ,
taille ,sont les seuls qu'il ait donnes » très rivières qu'ils Car, reçoivent.
au public. Le volume des Serpens les , » comme les six premiers volumes de
trois volumes des Bêtes à quatre pieds, » ce grand ouvrage étaient d'Aldro-'
le volume des Poissons, celui des Ani- » yandus quoique les autres aient
,
maux qui n'ont point de sang, THis- ') été composés depuis sa mort par
toire des Jlonstres avec les Supple'- , » dilTérens auteurs, on n'a pas laissé
mens de celle des Animaux, en douze M de les lui attribuer, soit parce que
volumes , le Traité des Métaux , la » c'était la continuation de son des-
Dendrologie (5) ont paru en divers ,
M sein ou parce qu'on s'était servi
,
vandus. En efî'et , le volume des Ser- » être afin que ces derniers volumes
pens a été mis en ordre, et sous la w fussent mieux reçus sous un nom si
presse, par Barthélerai Ambrosin (6). )> célèbre (9). » Ceux qui voudront
Celui des Quadrupèdes au pied four- savoir le plan de cette compilation
,
chu fut mis en ordre premièrement ,
n'auront qu'à jeter les yeux sur les
par Jean Corneille Uterverius et puis , paroles suivantes j c'est M. l'abbé
par Thomas Demsterus et publié par , Gallois qui continue de parler « On :
Mai'c- Antoine Bernia et par Je'rùme y>n'a presque rien écrit de ces ar-
Taraburin. Celui des Quadrupèdes au » bres, qu'il ne se trouve ramassé dans
pied continu et celui des Poissons
, ,
)jce volume. Car cet auteur ne se
ont été mis en état par Utei-verius , » contente pas de rapporter tout ce
et publiés par Tamburin. Celui des » qu'il en a lu dans les naturalistes ,
Quadrupèdes à doigts ou à grifl'es a » il remarque encore, suivant la mé-
été compilé par Ambrosin. L'Histoire ))thode d'AIdrovandu» ce que les ,
<{u'on me saurait plus de gré de la j)de quantité d'autres choses qui re-
copie que de l'abrégé de ce qu'il a dit. n gardent ce sujet (10). » 11 n'avait
Voici donc ses propres termes « Al- : pas négligé de consulter les médailles,
j) drovandus n'est pas l'auteur de ce et d'en tirer ce qui pouvait lui ser-
vir (11).
(2) Bnllart, Académie des Scienc. , tom. II , (E) t/n poète qui a été pape , l'a
,
pag. iio.
(3) MercWinns , in Lindenio renovato, }>ag. loué d'une manière bien tournée. ] Je
420 ALÉANDRE.
parle <ie Mapbée Barberin ou d'Ur- , secrétaire î il eut ensuite la
bain VIII. Voici l'une des épigrammes charge de bibliothécaire du Va-
qu'il a faites à la louange d'Aldro-
tican *' , après la mort d Ac-
vandus
ciaioli. Mais le grand théâtre oii
Multipliées reruin formas quas ponlus et ,
merie grecque à Paris. {d^ Pallavic. Hist. Conc. Trid., lib. I, cap.
{a) Qui fut. le pape Clément VU* XXria, nuin. 5.
ALEANDRE. 421
Rome , et de s'enrichir des biens l'en a accusé. Érasme fait sou-
d'Église , comme
vent mention de lui dans ses let-
avaient fait les
protestans. Le changement de
tres et presque toujours en mal ,
gat du pape l'an 53b. Cette lé- dues toutes les réflexions qu'on a fai-
, 1
tes au désavantage d'Aléandre en ,
gation dura un an. Sa mort vertu de la pernicieuse école d'A- ,
sent quil mourut par la betise Aleandrum qui paulà antè Cancel- {
de son médecin (D). Je n'ai point larius Leodiensis et olim jamosissimi ,
parlé de toutes ses nonciatures. Çœsaris iUius Borgiae seu ducis Fa-
M. Moréri fournira ce que j'ai lenlini secretarius fuerat famulus ,
133 num. 3-
,
pelé auprès de lui Aléandre cjui était nonce
lie Venise depuis i533.
(2) In Nomenclatore Cardinaliom pag- ifiz, ,
45'-i ÂLÉANDRE.
gligence des auteurs de son epitaphe. (D) Quelques-uns disent qu'il mou-
ils y metteut qu'il naquit à La Hotte, rut par la bêtise de son médecin (5). '\
dans la Carnlole , l'an 1479 et rtfil , Cela ne s'accorde guère avec son epi-
mourut à home , l'an i543 âge de , taphe , qui témoigne qu'une maladie
soixante deux ans moins treize jours. de langueur , contractée par les tra-
Cela ne peut être vrai que dans la vaux de ses ambassades, le fit mourir:
supposition que l'année i479 ne com- Mox , Legationibus pro sum-
dii'ersis
mença pas au mois de janvier, et que mis Pontificibus ad omnes Jerè chris-
l'année 1642 y commença or il est : tianos Principes fideliter et diligenter
ri<liciile de supposer dans une epita- perjiincto, et ideÔ intaeem delapso. Un
phe une manièi'e de marquer le temps passage de Paul Jove mal compris ,
point aperçu de cette fausse supposi- peut-être donné lieu à cette bêtise du
tion Ji dit une chose incompatiblea vec médecin d'Aléandre. Quoi qu'il en
le prre Pallavicini savoir, qu'Aléan- : soit , nous apprenons de Paul Jove ,
dre n'avait que vingt ans lorsqu'il en- qu'Aléandre ruina lui-même sa santé
seignait dans l'université de Paris. par le trop de soin qu'il en prit , et
(C) // tomba entre les mains de quel- lui-même un très-méchant
qu'il fut à
ques soldats qui le maltraitèrent. ] médecin pour s'être servi de trop de
,
Voici ce qu'on trouve là-dessus dans remèdes non nécessaires Lœtatus est :
une lettre d'Iliérome Négro à Marc- ed purpura per annos quinque (6) ,
Antoine Michieii datée de Rome le , pen^asurus Jiaud dubiè ad exactam
ao de mars iSaS « L'archevesque de : œtateni nisi nimiâ tuendœ valetudi-
,
}> Capue nous a racompté un cas es- nis sollicitudine intempestiris medica-
i>trange d'Aléandre , évesque esleu mentis , sibi herclè insanus et inj'elix
j)de Brindes , et nonce de sa Sainteté medicus , l'iscera corrupisset (7).
» près le roy très-Chrestien c'est qu'en : (E) Il ai'ait publié quelques ouvra-
M la plus grande fureur du combat , ges, ] M. de la Rochepozai ( 8 ) me
3> et en celle confusion telle que la donne encore un petit sujet de me
» pouvez imaginer le pauvre gentil- , plaindre de son manque d'exactitude.
V homme s'etifuj'ant vestu d'accous- Il dit r|u'Aléandre , quoique très-ca-
3> trement digne de son estât d'éves- pable de traiter les plus sublimes ma-
)> que , il tomba es mains de trois tières , n'avait pas dédaigné d'écrire
j) Espagnols lesquels le prenans et
, , sur les humanités et de publier quel-
,
» con'raignirent par menaces et bra- était fort mince Dere... litterarid li-
:
« vades ,de se tailler à trois mille cet infcriori benè mereri non dedigna-
i> ducats de rançon , et le menèrent tus est, exilis argutnentioperulis editis
» en cest équipage par le camp se quœ tamen autoris nomen et J'amam
,
» paroles de les suy vre. L'eff'royé éves- cela, ne se prépare à ne voir que de
» que couroit après eux comme un forts petits livrets dans le catalogue des
J> laquay sans oser dire qu'il fust OEuvres d'Aléandre qui est à la suite
,
,
w dans Pavie il fut recogneu par le pendant, voici le début de cette suite
, :
') quis de Pesrare qui avec grande los disciplinarum prnj essores, in quos
, ,
tifissintns quorum aller Cicero lele- assuré en prose. C'est qu'Aléandre re-
,
gatus inscribitur, aller i^erà Cicero re- tenait tout ce qu'il lisait , et qu'il le
l'ocatus (lo); Carmina quœJam illus- pouvait réciter long- temps après sans
triuni poëlarum Italoruin carminibus se méprendre en rien , ni quant aux
imlila ; Epiilolas multas quarum 4 ,
choses ni quant aux paroles Delur :
t^alas. Si Ton est choqué de voir un vero depici a faciès uel in pudendâ in-
grand et immense oinrage où l'on genii sterilitate inter Jecuiulissimas
,
de'goût en ne trouvant dans le cata- tem uel rerum wel i'erborum omnino
,
logue des écrits d'un bouiaie aucune sublerfiigerit , quin singula memori-
marque qui fasse la distinction de ce ter uel a mullis annis longo sepulta
qui a été imprimé et de ce qui ne silt-ntio recitaret (i3;. On a de la peine
,
l'est point. Voilà un défaut (jui règne à croire cela si Ton ne le voit; mais
dans le N^nmenclalor dans Vylthe- comme une mémoire ne laisse pas
,
piendo una faslissinia opéra contra i guarum exoticarum ita exacte dodo ,
projessori di lutte le scienze ,Ju assa- ut eas rectè et apte loqueretur et scri-
lito in Rnma dalla morte ( ii). C'est beret.
ce que M. .Moréri a voulu dire par ces (G) Je ne crois pas qu'on ait eu rai-
paroles // mourut le i'^''. février i543, son de dire
: qu'il était né juif. ]
dans le temps qu'il allait publier un Luther et ses disciples donnèrent cela
cuivrage considérable. Paul Jove a été pour un fait certain *^ pendant la ,
t'astd illd memorid ad^ersiis singulos sons dans les œuvres de Luther (i.'j) :
n a pas même connu cela. Le catalo- luit Latinam autem didicit diutind. ,
gue d'Oxford ne contient qu'un petit proj'essione sed etiam mirabilis suis ,
(il) Lor. Crasso, Islor. de' Poeti Greci , p. rindc atque eum corpore sit tolus pe-
277.
(12) Jovias in Elogiis, cap. XCVIII, p. aSi. {i3) Id. ibid. , pag. aSo.
*^ C^esl dit Leclerc , une pièce de 22 vers^ *' leclerc combat longuement cette opinion
^
424 ALÉANDRE.
ritums , adeo nullum a se prauum » immortalem ! dixit , multi hic sunt
affectum abstinens. U sque ad insaniam » boni quibus notas sum ego et
l'iri ,
plebilis , nejandœ libidinis et immo- » in Istrid fuisse (17) quod vero pa- :
et pejnr quam qui uel conelur in argu- )» diensem receptus sim, quod Jactum
menlo hontsto. At ne nesciamus , ces- » non foret , nisi orlus essem ex fa-
sit felicissimè simulata defectio ad 5) jjiilid illustre i'el spectabili. « Ce qui
Chriitianns. Voilà un portrait qui me fait croire que ce reproche de
nous représente Ale'andre non-seule- ,
naissance judaïque était injuste n'est ,
ment comnae un juif qui faisait sem- pas une petite raison. Hulric Hutten
blant d'être chrétien , et dont le bap- publia contre Aléandre une invective,
tême était une chose douteuse ; mais où il se mit si en colère qu'il le me-
aussi comme un homme qui ne
croyait naça de le tuer Omnem advertam :
plongeait dans les plus infâmes vo- omnia tentabo conaborque ul quifu- ,
qu'il était devenu chanoine de Liège. s'était vanté de descendre d'une mai-
Il prit à témoin plusieurs personnes son très-illustre mais tant s'en faut ;
composé un grand nombre d'ouvrages dès sa mores fremebant infensè mnlti. Et po-
jeiineise mais qu^il en est peu d'imprimés ;
,
3°. la Gnomologia qu'il fit imprimer en i5i2 illïcpotissimiim expurgalione opus es-
;
3°. la Préface du dictionnaire grec et latin
, set, mullis tractabas locum eum ad
i5i2 ; 4°- 'O" épiinphe en deux vers grecs, rap'
portés parBai le, remarque(ff), etlepetit Poème fastidium usque audientium ; sed lan-
Inlin dont Bai le a parlé remarque (£);5°. quatre tâ cumjîducid ut plané certns tibi esse
Lettres dans le recueilde Nauséa, en i55o , ain- l'idereris neminem intelligere quam
,
sique Bajle Va encore dit remarque(E); 6°. les
Tabiilaein grammaticani gra:cam , citées par
(17) On
assure dans son épilaphe qu^il étaU
Barle au même endroit.^
issu e comitibus Landri iu Carniâ Petra:piIos;ti
(i6) Seckendorf, de Lulheran., pag. i4g, in Istriâ.
!((. h. (i8j Hulricus HuHenius in Alcindrum,
.
ALEANDRE. 4^5
impudenter ibi mentireris omnia. Illo riox^ûv, Svirif Ut7y àx^iov >iv 6a-
enimpost multa erupisti,ut ad nobiliss. v«.Tot/.
comitum, qui te penitùs ignorant et ,
i- j • •
ginem tuam referres {iç)\ Or, comme *«"« les hommes, si la réflexion , si
en pas- la raison , si le bon sens , étaient ca-
il n'y a si petite chose qui ,
que le livre de Paul Jove ait donné sitôt il ajoute qu Aleandre ordonna
lieu à la médisance ma pensée est par «on testament qu'on mit dans
:
,
^«'^^"^,"
.> on en peut croire Josse Gentin se- ,
<=h°^,« ^e cïepit d Aleandre contre
^ crétaire de ce cardinal, dans une ^^.
son destin Fu assalito in Roma dalla :
5) lettre à Nauséa évêque de Vienne ,
morte , conlro la quale mostrossi an-
5) (*). 11 meilleure
lui dit foi du de la
che negli ultimi snspiri sdegnato (23).
3) monde, après lui avoir mandé la
Paul Jove est tombé dans une autre
«mort d'Aléandre, qu'il ne sait où
j) prendre parti , après la mort de son
erreur à l'égard d'Aléandre. 11 l'ac-
cuse d'avoir présagé de nouveaux
3' maître
, dans l'appréhension où il
» est d'en trouver encore un plus em-
malheurs prêts à foudre sur nos têtes :
3) cenatem Jiomœ non quœsiui , eo mais rien n'est plus faux que cela.
y> quod immodestia etfuror hujus mei
Aleandre ne regardait à l'avenir que
par accident toutes ses vues se por-,
3) dejuncti inculcat mihi timoreni ne ,
taient sur le passé il s'imaginait
iijaciam Glauci cum Diomede per- ;
3) niutationem (21). »
seulement que l'avenir ne vaudrait
pas mieux en ce monde. Voilà donc
(H) Il fit lui-même son épitaphe ,
une seconde erreur de Paul Jove.
qui témoigne qu'il ne se dépitait pas
j^.,^ vers
deux
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J,«_<„„ son destin.
contre
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^ „.
ordonnait ..
liv iTTIf/.a.fiTVÇ
(32) Jovias Elogior , cap. XCVIII , p. 281.
(i^) Idem, ibid. * Joiy , dans i« Additions et Correciions ,
(20) Jovius, Elogiorum cap. XCVIII, p. aSi. rapporte une autre traduction latine , sans doute
(*) Lib. VIII , Epist. ad Nau5eain à variis de sa façon et qu'il donne comme meilleure que
,
43.6 ALÉANDRE.
regret. Lorenzo Crasso rapporte que tereacjucitndissimdnecessitudinecon-
Scraderus a insère dans ses 3Ionu- juncliirn, miris mendaciis in me co-
mens d'Italie l'inscription sépulcrale nati sunt irritare... Quid multis ? per-
d'Ale'andre , avec la version latine suaserant homini, ut acri siniplicique
des deux vers jurées (24). Cette ver- in^enio prœdito , ita credulo, me pa-
sion est la même que Paul Jove a rùm
ainicè de ipso et sentire el loqui.
rapporte'e elle n'est guère moins
: IVec dejuerunt, qui coatescenlem ami-
mauvaise que celle-ci: /Vo/i itifitus citiam nouis iubindè delationibusdis-
obii ; quia quiei>co , testis mullorum cinderent ("iG). C^est parler bien fai-
quœ i'idere pejus est morte ( 25 ). blement des mauvaises dispositions
Voilà ce qu'on gagne quand on se d'Aléandre, s'il est vrai, comme on
sert d'une langue peu connue toute n'en peut guère douter, que ce soit
:
la force et toute la grâce du distique lui que l'on ait désigné ailleurs (27)
grec ont échappé aux traducteurs. par le titre de porteur de bulles ,
Mettons ici une remarque qui m'a Aittacb/zato^Ô/ioç ; car ce porteur de
cte communiquée par un habile hom- bulles fît tout ce qu'il put pour per-
rae Josse Qentin
: dans sa lettre à dre Erasme ; et bien en prit à ce der-
,
JVauséa , dit qu'Alénndre , trois jours nier , que l'empereur ne voulut pas
ai'ant sa mort , ayant mis ordre à faire tout ce qu'on lui demandait :
que Gentin a voulu dire que son mai- ansam Aie andro jampr idem iniquo in
tre renferma dans ce distique toute nie animo ut me perditum iret , co-
l'inscription qu'il ordonna que l'on nalus Leonis aninium irritare in me
mît sur son tombeau. simul Leodiensis episcopi qui priiis
(I) Erasme fait soutient mention de penè deperibat ut ita loquar , in ,
qualité de nonce envoyé en Alleraa- que les hérétiques avaient trouvé dans
gne pour étouffer ce parti dans le les ouvrages d'Érasrae le fondement
berceau .n'avait pu soufirir la mode- de toutes leurs fausses doctrines Jant :
ration d'Erasme*. Ce ne fut pas tout audio multis persuasum ex meis scrip-
:
les ennemis d'Erasme ne cessèrent de *'* exstitisse totam hanc ecclesiœ pro-
ie diffamer, comme fauteur du lu- cellam. Cujus l'anissimi rumoris prœ-
théranisme 5 ainsi l'amitié et l'estime cipuus aMto/y«j7 Hieronymus Alean-
réciproques qui avaient été entre lui der, homo, ut nihil aliud dicam, non
,
A LÉ ANDRE. 427
(3o) , où il lui décharge son cœur. Il En un autre endroit désigne , il le
le regardait comme un ennemi si ir- sous le nom de Vtiipns (36) ; ce qui
rite ,
pour Tun des prin-
qu'il le prit témoigne qu'il n'était point desabusé
cipaux promoteurs des censures que delà médisance qui avait couru que ,
la Sorbonne avait publiées contre ses cet homme-là était né juif. Si Aléan-
livres, et pour lauteiir véritable de dre avait fait ce livre, il avait eu des
l'invective qui avait couru sous le liaisons très -étroites avec Érasme:
nom de Jules-César Scaliger Non ta- :
même table, même chambre et même
nien erant proditurœ censurée, nisi qui- avec lui, et il en avait reçu de lit
dam oleum camino addidissent. Lu- bons offices ; car voici ce qu'Érasme
îetiœ fuit Eccnis, etut suspicor Alean- nous apprend Cum aliero fuit mihi :
der, tjuem suspicor hdc de causd prœ- oiim non leclum modo ac mensa l'e- ,
exiiium. Julii Scaligeri Libellum tum nis (3^), adeoque a me nulld lœsus est
scio illius esse quant sein me l'iuere. injuria , ut quiim illi res essent anaus-
,
gis insaniat prodito fuco ,(3i). J'ai nonnihiletiani adjutus sit, nec usquhni
montré ailleurs (32) qu'Érasme se illius in scriplis meis nisi honorifica
,
portant, et ignorer la nature des em- lectuli quoquè contubernio totuni intiis
plois que le pape donnait à ce nonce, et in cule noi^i , tam scio esse ovum
Kous verrons ailleurs (33) si Érasme illius [^o), quam scio me uii^ere.Ymi-
a eu raison d'attribuer à Aleandre un sons la relation désavantageuse par un
livre qui portait le nom de Dolet. Il passage qui concerne les mœurs d'A-
veut parler de ce nonce dans la lettre léandie. Il vivait en épicurien à Ve-
XXIV du XXV*. livre. Il faut donc que nise Tau i533 si nous en croyons , ,
la passion d'Aléandre ait été extrême; Érasme Nunc f^tnetiœ plane t'ii^it ;
car celui dont Erasme se plaint avait epicureum non sine dignitale tamen ,
fait ourir à la cour de Rome un (4i)- ^^"s doute par cette dignité, il
écrit (34) où il disait au pape qu'il entend la double mitre dont il avait
, , ,
dans une autre lettre /// me inipu- signifier l'emploi de nonce apostoli-
:
docere laborans me fuisse nccasiu- mal fait d'avertir dans une note mar-
,
tolius hujus negoiii. Quod idem agit deur du roi d'Angleterre auprès de
Aleander in suo Kacha demirans me ,
adhuc spirare quitm in Germani.1 tôt '"^^ -^"^ "' datée dn Bdle, le aï de décembre
,
hominum millia sint trucidata (35). '^(1é) DanWa Lettre XLIV rf„XAX<. W., p.
,, , ,,,, ..-,., , . .
'9^'- f^ojez aussi ta LXXiy. LtUre du même
LJJI^. du WlII'. livre.
^
(3o)La li^re.
(3i)Erasmus, Epistola LVl Wri AAX, po^. (3-) Ce fui apparemment à Venise lors- ,
(35) Erasm. Epist. XCIX libri XX. pag. (42) Erasm. Episi. LX XXX
libri
/aS ALEA NDRE.
l'empereur Charles-Quint car c'est car s'étant agrégé des pre-
; Rome ;
Aleander (44)-
vailla lui-même à le tirer du ser-
(43) Epistola IV libri XXI ,
pag. io65. Vitle vice du cardinal Bandini , pour
eliam pag. 8i4.
(44) Erasmi Epistola LI libri XX, pag. loii. l'attacher à celui des Barberins ;
ALÉANDRE. 429
bons mets de manger plus qu'il
,
5e piquent d'éloquence, je trouve me
tres-ignorant ; car je n'y entends rien.
ne fallait eu égard à un estomac
,
Qu il y a peu il'auteurs latins aujour-
aussi débile que le sien c'est ; d'hui auxquels on puisse faire ce com-
pourquoi il tomba malade et ne pliment Je ne parle point de ceux
!
qu'un de ses amis lui en fit mé- tias de l'auteur. Quoi qu'il en soit ,
je m'imagine qu'on sera bien aise de
rite une réflexion (B). voir ici la jolie pensée de Nicius Ery-
(c) M. Jugem. sur les Poët., niim.
Bailltt, thrœus en original Scnbendi ejusdem :
I ^20, et Witte, dans son Diarium Biograph., ratio tuni in soluld oralione tum in
II'. part. pag. l\o , mettent sa mort à l'an
, versibus adeô erat pura, adeb elegans,
l63l. Witte le nomme Alexander. adeà perspicua, ut sœpèex meaudiret,
id) Tiré de Nicius Erythnrus Pinacoth. ,
tum deniîim me mihimet doclum eru-
/. f^o_/ez aussi Allalius in Apibus Urbanis,
ditumque videri , ciim sua legerem ;
pag. 123, 124 '25. 1
ciim aiiteni in alioruni scripta qui se ,
statue e'tait entoure'e d'une ceinture gerem (2). Cela devait lui être un
toute pleine de gravures. Voici le motif puissant, pour ne laisser nulle
titre de l'ouvrage d'Aléandre Expli- :
obscurité dans ses éloges, et néan-
cettioantiquœ tabulœ niarmoreœ snlis moins on y en trouve. Quelques-uns
effigie symbolisque exsculptœ : Ex- ne voient pas qu'il ait exprimé clai-
plicatio sigitlorum zonce i^eterent sta- rement, si ce fut à Rome ou à Paris
tuant Tiiarnioreani cingentis. C'est un 3ue la bonne chère fut fatale à Aléan-
re ils croient que ce fut à Çaris (3)
in-quarto iraprimii à Rome, l'an 1616, :
le commerce du père Morin. 11 paraît tour à tour deux ou trois fois la se-
par le livre intitulé, Ecc/esiœ Orie/i- maine sentent mieux des gens qui
talis Antiquitates (i) qu'ils s'écri- sont en repos chez eux, que des voya-
,
(B) Sa
nianièred' écrire lui attira un légat François Barberiu tit en France
compliment. ..quime'rite une reyiexion.}
{2) Nicii Erythrœt Pinacolt. / pag. 46.
Nicius Erythraeus lui disait souvent :
,
die est réimprimé dans le lom. IV des oeuvres l'opinion de Baillet contre celle de Bayle. C'est
du père Sirmond colonne 597 à 600. , aussi l'avis de Leclerc- et de Joty qui n'a pas
(i) Imprimé à Londres, l'an 1682, et à manqué cette occasion de relever le philosophe
Francfort, Van 163 j, iH-12. dfi lioUerdam.
,
43o ALEGAMBE.
Tan 1623, ne dura que peu de mois, dans ses voyages fut nommé par'
etqu'Aléandre ne mourul qu'en i63i *. l'empereur Ferdinand III à l'am-
* L,e Crescim Béni mft la mort de J. Aléan- bassade d'obédience auprès du
dre au 11 mars 1629. Celle date conte':te'e par
,
torat l'an 162g. Sur ces entrefai-écrivains de son ordre est en son
tes , le prince d'Eggemberg , fa- genre un bon livre , et surpasse
vori de l'empereur Ferdinand II, de beaucoup tout ce qui avait
voulut faire voyager son fils et paru d'ouvrages de cette nature
,
ALEGAMBE. 43 1
tenu de l'avidité ardente avec la- Sotuel lui donne BihlioOieca Scrip~ :
432 ALEGAMBE.
snie qui ont publié quelque chose
,
tromper avec lui , parce que non-seulc'
* sans confusion, et qu'il ne
depuis Tan 1675 nient il est
père Sotuel, voulant éviter le détail l'ans et de leurs saints, ont mis au
supérieurs par rapport aux écrivains par Scioppius*, Marc Antoine de Do~
anonymes ou pseudonymes, mettent minis Chrestien Franchen, etc.; on
,
en cela son ouvrage fort au-dessous que, si on les y voit, c'est seulement
du précédent, où l'on trouve la dé- par rapport aux livres qui ont précédé
couverte de tant d'écrivains cachés, leur sortie: que c'est ainsi qiie l'on y
(C) Nous rapporterons le bien et le iroave François de Macédo, Portugais,
mal qu'on a dit de sa Bibliothèque qui de jésuite sefit cordelier, et Claude
Jes;esMtte5.] M. Baillet nous fournira Dausquey Flamand , qui quitta la
,
de quoi commenter le texte de cette re- société pour prendre l'aumuse à Tour-
marque.Commençons parle beau côté. nai. Enfin, M. Baillet remarque que.
d^un noui'eau continuateur qu'il ne nomme pas, nettement. Qu'on ne saurait lire sans dépit, et
et dont Vouvrage n'a pas paru. Barle , nu sans se plaindre de la négligence de Tliislorien ,
surplus , avait cite' son autorité. la Vie de plusieurs empereurs de Rome ; qui ne
(3) Baillel , Jugerarns des Savans , tom. II , nous apprend ni le lieu de leur naissance , ni
num. 112 pa)^. i3o. . leur famille, ni leur âge ni la maniire dont ils
,
en toutes sortes d'écrii^ains (^hors sur révéler certaines choses qu'il était très-
la médecine) ,
on doit juger par-là important à la société de tenir cachées
de l'ai'antage qu'on peut tirer de celte et assoupies, comme, par exemple,
lors-
riche Bibliothèque , qui est assez bien qu'il assure (7MerAmi)hithéâtre d'hon-
écrite, sans affectation de style parti- neur {'^),fait contre l'autorité royale
culier et sans ornement trop recher- par un nommé Bonarscius, est d'un
chés.... disposée dans une très-belle célèbre jésuite , contre l'assurance que
méthode et embellie d'un très-grand
, le père Colon avait donme du con-
nombre de tables très-laborieuses et traire au roi Henri-le-Grand ; et que
très-utiles. Voilà pour le bien pas- ;
d'autres livres , faits contre l'épis-
sons au mal. copat et la hiérarchie en général et
M. Baillet dit (7) que commeles corps contre le clergé de France et la
les mieux jaits ne sont pas toujours Sorbonne en particulier, ont été com-
exempts de taches et de défauts ,
posés par des pères de la société
quand leur beauté ne consiste que dans quoique les principaux d'entre les
la tadle et dans la proportion des par- jésuites de France , qui gouvernaient
ties, on ne sera pas surpris d'ap- les maisons de Pari> , ayant été
prendre que cette belle Bibliothèque a appelés pour cet effet , eussent pro-
rencontré ses censeurs comme les au- ,
testé, même par écrit signé de leur
tres que les uns ont cru y trouver un
: main, que les jésuites n'étaient pas
peu de cet amour de société qui fait ,
les auteurs de ces libelles. M. Baillet
qu'on ne repre'sente presque jamais ajoute, que Sotuel a été plus discret
les e'crivains que par le bel endroit; qu' Alegambe en ce point : car on ne
qu'ils ajoutent qu'en effet on n'a- lit pas dans son édition lef écrits du
perçoit dans tout ce gros i'olume que faux Smith, et du faux Of-Jesu, qui
des éloges, et que, parmi une si ont causé tant de scandale non plus ;
TOME I. 28
,, ,,,
434 ALEGAMBE.
dans un entretien de quelques per- qui est le sujet unique de ce que
sonnes de lettres , l'an 1697.] Quelques vous appelez décadence de l'érudi-
messieurs, qui étaient venus à Delft, i)
tion. L'étude de la critique est
avec les plénipotentiaires de France » tombée 5 on s'est tourné vers la
se trouvèrent un jour avec des Fran- > justesse du raisonnement (9) ; on a
çais réfugiés et avec des eens du
, ) cultivé l'esprit beaucoup plus qiie
pays; et, selon la coutume des gens > la mémoire j on a voulu penser dé-
de lettres, ils parlèrent fort de livres licatement et s'exprimer poliment.
,
et de savans. Ils convinrent presque > Cette application ne fait pas pro-
tous de la décadence de l'érudition , duire de ces gros volumes qui im-
et ils remarquèrent plus d'une fois posent au public , et qui élèvent
avec un grand air de joie, que la aux grandes réputations mais ;
société des jésuites n'a presque plus réellement , elle fait naître plus de
aujourd'hui d'habiles gens. Les Bel- lumières et une habileté plus
,
» toutes les communautés de l'Eu- nomme pas. » Voilà quel fut le dis-
5) rope c'est le défaut du siècle, et cours de M.***, si la personne à qui
:
A LES. 4'.5
peu après à la dispute verbale que par Thomas Cromwel qui étaient ,
gner sur lui et il ne fit qu'en- logie à Francfort sur l'Oder, l'an
,
être aucune suite si on l'eût lais- tentement fut cause qu'il sortit
,
lence ,
qu'il fut contraint de se versité de Wittemberg pour le ,
acquit enfin une plénitude de lu- avait pour Mélanchthon avait fait
mière. Il flotta d'abord un peu croire qu'il s'était retiré à Wit-
entre les deux religions comme temberg (E) cependant il avait
, ;
sa mort. II est vrai que dans les voulait ériger à Konisberg, et qui
divers partis qui s'y formèrent fut érigée l'année suivante. On
il se rangea quelquefois du côté ne sait pas bien si dès lors il avait
(a) Voyez la remarque 'C" une profession dans l'université
, ,,
436 AL ES.
de Leipsick ,
seulement on de cet aveu, le traita de méchant
ou si
Patricius Hatiiilton ai^ec les ecclé- semblée avec des gens bien armés
siastiques.} Bèze a fait en peu de et ordonna qu'on lui saisît Aies qui ,
qui était d'une famille alliée aux rois il mit même l'épée à la main pour
d'Ecosse. Il met son martyre à l'an répondre à cette juste remontrance.
i53o (1). Buchanan le met à Tannée Ce pauvre chanoine fut saisi de tant
iSaS (2), et lui donne pour père le de peur qu'il se jeta aux pieds du ,
frère du comte d'Aran et pour mère prévôt, et lui demanda la vie fort
,
été son délateur consterna fort les après quoi il fut conduit en prison.
,
ture, et lui avait avoué qu'il recon- demeura vingt jours. Sa liberté ne fut
naissait pour vraies la plupart des pas de longue durée. 11 n'avait pas
doctrines qui passaient alors pour cru devoir taire aux magistrats le
paradoxes. Hamilton se souvenant mal qu'il avait souffert là-dessus , le
, :
ALES. 437
lait im homme
qui avait fait éclater dit Thomasius (6) inler ipsum et
,
son herësie dans le sermon synodal alium quendam exorla esset contro-
et qui méritait cette peine. Il se fiicha l'ersiade quœstlone , possilne ac de-
tellement de ce que pendant un ,
beat magistratus polilicus scortalio-
voyage qu'il avait fait , on avait mis nem piinire? l'eramque Melancliihonis
Aies hors de prison , qu'il voulait à calcula approbalam (*') , defendente
toute force l'y renvoyer, sans lui pei-- ^lesio, ndiilominùs hujus dUpiitatio-
mettre d'achever une messe com- nis decisio juberetur dijjerri
offensas,
:
mencée. Mais enfin les prières des , ut apparet, liâc bonce causœ pi ocrasli-
chanoines le fléchirent il attendit : natione Alesius, non exspectato Prin-
jusqu'à la fin de la messe à le ren- cipis adi'entu , discessit {*'). L'indi-
Aoyer en prison. Or, comme on sa- gnation ne sied pas mal dans un tel
vait qu'il le ferait mettre au cachot cas à un professeur en théologie qui
dès le lendemain, on conseilla au pri- avait vu la naissance de la réforma-
sonnier de prendre la fuite toute la tion , et qui devait naturellement es-
nuit, et d'abandonner rÉcosse. 11 crut pérer qu'il ne vivrait pas assez pour-
ce conseil et s'en alla en Allemagne
, voir revenir la morale au premier re-
,
qui lui soutint que le magistrat ne familles qui ont dérogé à leur no-
peut ni ne doit punir la fornication. blesse; et s'il était permis de rire dans
On différa de prononcer sur cette dis- une matière de cette importance , on
pute ; et il y a beaucoup d'apparence dirait que les magistrats de Stras-
({u'Ales, indigné de ce délai , ne vou-
lut plus demeurer parmi des gtnis qui (6) Ibidem png. 3i8. ,
438 ALES.
bourg ont dû nommément penser vu que l'avantage de se pro-
stipuler la ,
due ce serait
: combattre le vrai sens de mère quelque somme de deniers. L'or-
mais, moralement parlant,
l'axiome 5 dre de pourvoir à la nourriture de
puisqu'ils
ils prétendent la restituer , l'enfant ne peut point passer pour une
prennent sous leur protection la renom- peine , puisque le droit naturel a éta-
mée d'une malhonnête fille, et qu'ils la bli clairement cette obligation. On ne
mettent à couvert de la médisance, ,de peut donc compter pour peine que
sorte qu'elle peut aller partout la tête l'^rgent qui est donné à la fille mais :
levée aussi sûrement qu'une honnête Q^fj-e que c'est un châtiment fort lé-
,
fdle. On dit même que l'efficace de ^^^ ^ l'égard du père c'est à propre- ,
leur sentence est telle que les filles mgj,t parler une récompense à l'égard
,
qui ont eu des enfans, et qui en payant de la mère. « Or, c'est une chose bien
l'amende ont obtenu la réhabilitation, » étrange disaient ces messieurs-là , ,
si elles n'avaient point fait cette faute. )) pour avoir perdu leur honneur en
Mais j'attribuerais plutôt cela au peu » scandalisant le public. » Quelqu'un
de délicatesse des hommes qui les
leur répliqua que la perte qu'elles ,
épousent , qu'à leur persuasion de avaient faite , qui leur rendait à l'a-
l'efficace de la sentence (8). Quoi qu'il
venir plus difficile la rencontre d'un
en soit nous pourrions dire à ceux mari demandait comme un acte de
,
,
qui supposent que le paiement d'une justice qu'on leur procurât quelque
amende répare les crimes de cette dédommagement « Non répondirent- . ,
s'imaginaient qu'un peu d'eau claire c'est une faveur c'est une grâce :
)) ,
Ah nimiuin faciles, qui tristia crimina cœdis » personnes qui ont souflért du dom-
!
Flumtned tolli passe puiatis aijud (9). » mage par la transgression volon-
» laire des lois de Dieu et des lois de
Ce même honnête homme m'assura w l'honneur humain clairement con-
que ce qu'il savait très-certainement des » nues obtiennent un dédommage- ,
dont je fais ici l'article; car tant s'en w ser une fille qui en commettant ,
,
faut que ce soit punir la fornication , un vol pour l'amour d'eux et à
)> ,
(-) Voyez le Mercure liistoricjue du mois de » ou d'un bras ou d'une jambe ? Tant
,
A LE S. 439
» en exécutant d'un hotn- les conseils fortifieraient la crainte de l'infamie
» nie. Il n'y a que la fornication qui au lieu de la faire évanouir : ils fe-
» soit exceptée de cette règle appe- : raient payer de grosses amendes ap-
» lons-la donc le délict commun et le plicables, non pas aux filles qui au-
1) cas prifiléffié , termes consacrez sé- raient forfait mais aux hôpitaux
, ils :
3> sur quoi il parut un livre à Paris , celui ({ui aurait été le tentateur qu'à
,
» l'an 1611 (11) ». (Quelqu'un alle'gua celle qui aurait mal résisté à la ten-
là-dessus ,
que les magistrats d'Am- tation et comme le déshonneur par
:
est toujours certain que cela prouve son ouvrage plutôt que celui d'un
qu'on n'ignore pas que la conduite autre. Le seul moyen de venir à bout
ordinaire des tribunaux est trop fa- de lui fut la menace que s'il n'épou- ,
excite beaucoup plus les filles à se dé- 3u'il avait en Angleterre. Il l'épousa
baucher qu'à se contenir ; et il pa- onc ; et , par ce moyen il conserva ,
raît clairement que les souverains , son bénéfice. Voilà comment la co-
qui font punir les transgresseurs du quetterie fut récompensée la coquet- :
Décalogue , ne se règlent point sur ce terie dis-je qui avait été poussée , ,
que Dieu est oflensé , mais sur le jusqu'à l'excès le plus scandaleux.
préjudice temporel de létat. C'est Que diraient les anciens pères , s'ils
pour cela qu'ils punissent les voleurs revenaient aujourd'hui au monde ?
et les homicides ; mais , parce que la Quel sujet n'auraient-ils pas de s'é-
fornication semble plus utile que pré- crier en jetant les yeux sur la face de
judiciable au bien temporel de l'état, l'église domus antiqua quant dis- : O ,
bunaux de l'Eglise ; et Cas piivilégié les fautes naissantes et toutes neuves (i3). Les
d'un ecclésiastique ,
qui sont soumises à la ju-
ridiction se'culière. (12) On écrit ceci l'an i6g8.
(11) Il est compose' par Bénigne Mlllelot, (tS) f'oyez la remarquf (M) de l'article XïS-
conseiller au parlement de Dijon. TOBius, nu commencement.
44o ^^ ES.
lois sont comme pain et les œufs , vrir les nouvelles brèches les fautes
le
,
et le péché quotidien.
pan d'un di, owo d'un hora. L'ëtat courantes ,
Notons qu'il y a encore quelques est de dix ans et ainsi elle est plus
;
pays protestans (i6) où l'on a gardé considérable. Aies écrivit lui -même,
quelques restes de sévérité contre la sur la matricule de l'université de
fornication , tant à l'égard des tilles Leipsick, qu'il était né l'an i5oo.
qu'à l'égard des hommes. Mais je suis Bucholcer (18; et Reusnerus (19) lui
sûr que notre Alexandre Aies en de- donnent tout autant de vie que Paul
manderait davantage. Que dirait -il Eber. Toute cette remarque a été
des autres pays ? prise de Thomasius. On eût pu re-
Ke finissons pas sans dire que les prendre Bucholcer en une autre chose ;
tribunaux , qui adjugent un profit c'est qu'il a dit qu'Aies vécut et en-
pécuniaire aux fornicatrices, ou qui seigna en Allemagne depuis son arri-
condamnent même à les épouser ceux vée à Wittemberg, c'est-à-dire, de-
qui les ont débauchées font cela pour ,
puis l'an i533.
éviter plusieurs inconvéniens; mais, (G) Il avait été préservé de la mort
quoi qu'il en soit ils fomentent par ,
par miracle dans sa jeunesse.^ Il dit
cette conduite les désordres de l'im- dans l'un de ses livres (20) qu'il se ,
(i5) Horat. Od. XV, lib. II, vs. lo. * Il e'iail important , dit Leclerc , de faire
(16) A Genève, et plus encore au canton de remarquer que le.r parens d' Aies e'iaient catho-
Berne, liques. Quel argument en faveur de VEglise
(17) Voyez la remarque { h ) de l'article romaine qu'un protestant reconnaissant le pou-
ASIOST». voir de la foi'.
,
quldern et paratus erat et cupidus con- aucun qui fasse mention de lui
jflictùs sed huic obstitit jussum prœ-
• (D). Nous saurions très-peu de
sidis qui et Alesiuni ad pugnam in-
, chose de sa vie s'il n'en avait ,
était plus exacte que les autres était Alexandre. On prétend qu'elle ,
et que Gérard Morrhius de Cam- avait déjà produit des gens illustres,
pen qui la corrigea avait colla- comme M. Moréri le rapporte après
, ,
,
L'exactitude n'y est point dans notre auteur , en parlant des calami-
tés du royaume de Naples les a con- ,
sa perfection (F). Je ne crois pas
duites jusqu'à la mort de Frédéric ,
if) Panzir. de Claris Leg. Inlerp., lib. II,
cap. CXXII. (i) Simon Goulart l'a fait dans la version de
Philip. Camerarius.
{g) Leand. Albert. Descript. Ital,, p- 277.
* Leclcrc pense que ce n^est point plaisante-
(A) Barclaius, de RegDO , lib. VI cap. ; , V mais fausse idée, c'est-à-dire , ignorance
rie ,
CyprsEus, de Sponsal. , cap. XIII nuin. 61 ,
;
de Balzac.
Vossius, de Hist. Lat., pag. fiog Meilio- ;
Clirétieo.
(1) Bihac ,pre'face du Socrate
mius , de Vitâ Mœccnatis , pag. i38. , il eût fallu dire
(?,) Pour parler exactement
(() Soits le titre de Semestria in Gcnialiiiin
qu'Alexandre e'tait son nom de baptême et son
Dierum Alexandri ab Alexandre libros VI. nom de f'timdle. Une pareille chose .t'est lue era
C'est lin in-folio. On le reimprima à Franc- d'auiri-s personnes. Voyez Mollerns au Traite
Jort , en iSg^, in-folio. De Scriploribus Homonymis.
,. ,
,
jusqu'à Tan i5o4i outre qu'il parle de son cœur (8). Un de ses amis,
de Jovien Pontan comme d'une per- , voyant qu'il ne poussait point sa for-
sonne qui n'est plus (5). Or Jovien , tune lui conseilla de se servir des
,
Pontan n'est mort qu'en l'année 1 5o5*' expédiens qui avaient si bien réussi
C'est à quoi n'ont pas pris garde ceux à tels et à tels qu'il lui nommait ^ c'é-
qui ont placé la mort de notre Alexan- taient toutes personnes que la faveur
der à l'an i494 en quoi M. More'ri ;
avait élevées aux honneurs et aux pré-
leur donne beaucoup plus de témoi- latures , malgré le mérite de leurs
gnages de son approbation , que de concurrens et qui étaient parvenues ,
la rapporter dans les propres termes en grec, qui n'ayant fait que lutter ,
de l'auteur. Quce cùm viderem dit- contre une extrême pauvreté pendant ,
tiorum aut grattant nihil prœsidiiesse se résolut de tenter une autre voie :
nihil npis frustra nos in leguni con- il se jeta dans un si vilain métier
,
sais l'un de ces jours qu'un avocat meo vacuumque his molestiis modico
, ,
des plus fameux de ce siècle *' à civilique cultu contentum esse neque , ,
ses , leur répondit en riant que c'é- sibi homo studio et labore paravit ea
, ,
bandonner (7). J'ai trouvé un autre Si vis esse aliquis. Probitas laudalur et al-
endroit dans le livre â^Alexander ab get(ii).
C4) Alex, ab Alex. Gen. Dier. lib. III, cap. Il dédia son livre au duc d'Atri. Ce
-V^, subjîn. ,
png. '•j'iQ. duc était fort savant, comme nous le
C5) Id. ibid. , lib. I , cap. I.
dirons sous Aqcaviva.
' Leclerc , d'aprèx Paul Jove , Jtxe au mois
d'août i5o3 la mort de ce personnage. (Q) Ilnya presque aucun auteur de
*^ Le Duchat, diaprés la Bibl. latina de Fa- son temps qui fasse mention de lui. J
bricius , dit qu Alexander mourut à Home le 2
octobre i523, à soixante-deux ans. (8) Alex, ab Alex. Gen. Dier. lib. FI, cao.
(6) Id. ibid., Ub. VI, cap. VII. XVI.
*' Cet avocat était, dit Leclerc Bonaven-
, (9) Id. ibid.
tnre Fourcror. (10) Alex. ab. Alex. Gen. Dier. lib- VI ,
cap,
(7) Journal des Savans, 1690, pag. 3oi, édil. XVI.
ds Hollande. (11) Juven. Sat. / , vs. ^3.
,
étaient ses amis et ses admirateurs. dro j'aurais pu donner plus de lu- ,
Tout ce que l'on peut recueillir du mière sur cet auteur et sur son livre.
livre même diAlexander ab ^lexan- (G) L'auteur de la Bibliothèque Na-
dro , est qu'il ouït en sa jeunesse les politaine n'a nullement réussi dans
leçons que Philelphe, déjà vieux , fai- l'articlede notre Alexander. ] Il s'est
sait à Rome (i'2J, et qu'il mangeait contenté de renvoyer ses lecteurs à
quelquefois avec plusieurs person- trois ou quatre autres livres (21)^ et
nes de lettres chez Jovianus Pontanus il n'a point su qu Alexander juris-
,
que certaines gens admirent certaines qu'il parle deux fois du même homme,
gens. Voyez la remarque suivante. sans savoir que ce ne sont pas deux
(E) // était a Rome lorsque IVicolas écrivains. Voici le titre des quatre
Pérot et Domitius Calderinus fai- Dissertations Alexandri,jurisconsulti
y :
dit cela à vue de pays , et sur la foi infâmes sunt , oh frequentissimos lé-
de sa mémoire , sans prendre garde mures et terrificas imagines quas
,
,
que la mémoire est un moule où les ob- aulhor ipse singulis ferè noctibus in
jets changent de forme très-aisément. urbe expertus est ; Romœ , in-l^°. ,
(F) L'exactitude de son ouvrage absque anno , nec apud quem. On n'a
n'est point dans sa perfection,'] J'aime marqué , ni le nom de 1 imprimeur ,
mieux le dire par le témoignage de ^^i l'année de l'impression. Nous vex-
" ^^ commentateurs , que de
l'un des
'
mon rons dans la remarque suivante que ,
chef. Voici donc ce que dit Nicolas ce sont des pièces qui ont été incor-
Mercerus Est profecto , mi Lino-
:
porées au volume des Jours Géniaux.
ceri (18) , uerum quod aïunt. Fuit (H) Les additions de Léonard I\i-
Alexander eruditus et multce lec-
v'ir codème , sont très-curieuses sur son
tionis : multa ad utilitatem publicani sujet. ] On y prouve qu' Alexander ab
scripsit eleganter , multa tamen , ut Alexandro est l'auteur des quatre Dis-
hominum est infirmitas , minîis ac- sertations ,
parce que la plupart des
curatè i^el menioriœ uitio t^el impru- ,
choses qu'elles contiennent se lisent
dentiâ lapsus. Quœ
lectoribus indicari dans les Jours Géniaux par exemple , :
magni interfuit. Je ne suis pas le seul ce qui concerne les louanges de Ju-
qui ti'ouve mauvais que ceux qui nous nianus Majus, elles présages des soa-
(12) Alex. abAlex. , l,b. I, cap. XXIII. (19) Voyez M. Crenius , au chapitre I'". de
(i3) Id. ibid , lib. I cap. I. Voyez aussi la I^^. partie des Anîmadversiones Philologie»
liv. III , chap. rill. et Historica; , et la remarque (R) de l'article
(i4) Ibid. , t,b. III , cap. I. Marot , à lajin.
(i5) Ibid., lib. II, cap. I. (20) Celle d' Amsterdam , en 1692 : on y
ri6) Ibid. , cap. I.
lib. V , trouve la plupart des Préfaces , etc. , des e'di-
(l'j) Admodiim familiaris fuit. Panzirol. de tions précédentes.
f.lai is Lfg. Inlerpr. lib. II, cap. CXXI I p. 6»
, .
(21) N'icolo Toppi , Biblioth. Napolet. ,
(jS) C'est celui à qui il dc'die ses Noies. (22) Là même pag. 7.
,
, ,
ALEXIS. 445
ges (23) voit au chapitre XI du
, se sisti d'digenter legi. f^ir est doctus
,
1*"^. livre
, où ce Junianus est repre'- et diligent , et non pariirn studiosos
sentë comme im homme qui avait adjufabil suspicor tumen eum quan-
:
tous les jours chez lui une foule de doquefalli Si is altquâ lecum fa-
songeurs , auxquels il donnait l'expli- miliaritate junctus est velim ab eo ,
et les lutins qui tourmentaient le lo- picor enim nescio quid Parrhasianum
gis même de l'auteur. On nous donne quem sois eos authores plernmque ad~
dans les additions de Nicodème Je ducere solitum, quos nunqukm viderai.
titre d'une e'dition in-folio des Jours
Géniaux, que je prendrais pour la pre- ALEXANDRE-LE-GR.iND ,
mière si un passage d'Alciat
, (25) roi de Macédoine. Cherchez Ma-
ne m'en empêchait. Voici ce titre :
cédoine.
Alexandrl de Alexandro Dies Génia-
les. IVe quis opus excudat denuo infra ALEXANDRE VII , pape.
ieptenniuni siib diris imprecationibus
,
Cherchez Chigi.
Apostolicd autoritate interdictum est.
On lit à la fin Romœ, in œdibiis Ja-
:
ALEXANDRE VIII , pape.
cobi IMazQchii Rom. Academiœ bi- , Cherchez Ottoboni.
bliopolœ. Anno P'irginei partus i522,
Kalend. April. Pontif. S. D. IV. de
ALEXIS
Piémontais. Il y a ,
Alexandro. ] Je les tire d'une lettre trême passion pour les secrets de
qu'il écrivit de Milan le 6 de Mai eu a rathassé autant la nature, il
446 AL F É NU S VARUS.
à Milan un pauvre malade qui fait l'abrégé des livres d' Alfénus
était mort lequel il eût pu gué- (c). S'il était vrai que jjarmi les
,
,
un fort habile homme en ma- d'un Alfénus (E) qui , avec quel-
tière de jurisprudence (A). Ses
quelques autres , exempta les ter-
res de ce poète du sort oii celles
funérailles furent faites aux dé-
pens du public. Voilà tout ce que du voisinage furent exposées ,
nous dit de lui l'un des vieux lorsqu'après la défaite de Brutus
elles furent assignées aux sol-
scoliastes d'Horace, dans ses no-
dats. De fort habiles gens croient
tes sur un passage qui regarde
notre Alfénus (B) dont on veut que celui qui rendit ce bon office
,
pas jurer. Alfénus avait écrit qua- même Alfénus dont parle Catulle
rante livres de Digestes (e). Cela n'est pas sans difficulté
, dont il
deux ouvrages; et, quoiqu'il ré- (d) Tacit. Histoiiar. lib. Il, cap. XXTX
et XLItl lib. ///, cap. XXXVI, LV et
fute ce qu'il en cite il ne laisse ,
;
F,
et Pomponius in I. 2, D. de Orig. Juris. deanlurjura callere, Trcbntium.loquun-
(b) Voyez Cruquius in Horat. , Sat. /// tur, et Cuscellium, et .Alfenum, et Au-
libri T. runcorum Sicanonuntjue jamdiii leges
,
ces paroles (4) ; et, s'il fallait juger passage de Lampridius, de la manière
par-là des lumières de ce jurisconsulte qu'il est imprimé , est si faux à cer-
on le ferait bien descendre des premiers tains égards , qu'on ne peut en rien
rangs. Il croyait que purum putum conclure pour l'existence d'un Alfé-
avait été formé de purus, comme no- nus sous Alexandre Sévère. Voyez Ca-
i^icius et propicius ont été formés de saubon sur ce passage. Mais , en tout
noi'us et de proprius , afin de donner cas , M. Moréri ne devait point nous
plus de force à la signiûcation du citer Horace, ni Aulu-Gelle, pour son
mot primitif. Aulu-Gelle le réfute so- Alfénius surnommé le jeune , qui t'j-
lidement et montre que putum si- l'flit , dit-il sous le règne de l'em-
,
,
dans l'édition de Henri Etienne; mais leures éditions (7) portent Alphénus ,
je vois que Bertrand et Guillaume f^arius comme deux personnes , et
,
mieux aux passages des Pandectes ces vers de la IX*. Eglogue de Vir-
,
gile, V. 26
où Servius est cité sur le témoignage :
(i) Amm. Marcellin. , lib. XX.X , cap. IV, (3) Aulas Gellius , lib. VI , cap. V.
pas- 594. Alfenus jurisconsullus , Servie Sulpicii
(6)
(2) fag. 56, 57 , edit. Lugd. Bal. ann. 1675. disciputus , rerunique antiquaruin non incurio.-
(3 Horat. Sat. /// libri I vs. i3o. ,
sus. Aulus Gellius lib. VI , cap. V, ,
(4; Aulus GelUus, lib. FI , cap. V. C:; CeUe d'Hackius à Leide , en 1680.
, ,
448 ALYPIUS.
Vare, tuum nomen ( superet modo Manlua l'on a fondé la censure sur ce qu'il
nobis
y
^
a pour le moins Sy ans entre la dé-
jManiua vue misera! nimium vicina Cremonœ)
Cantantes sublime Jerenl ad sidéra cjgni; faite des trois légions de Varus et la
visite dont parle Catulle (11). Je me
sont appliques par le grammairien sers de cette raison. Il y aurait entre
Servius à un Alfénus Variis qui fut , cettemême visite et le consulat d' Al-
envoyé par Auguste au-delà du Pô fénus (i2j 5o ans plus ou moins il :
a eu des gens qui ont applique' au ju- une si étioite liaison de plaisirs et de
risconsulte Alfénus Varus successeur ,
débauche avec Catulle 5o ans aupa-
de Servius Sulpitius ces autres vers ,
ravant car un cordonnier de pro-
;
de Virgile :
vince, qui renonce à son métier, pour
Wam neque adhuc Varo videor , nec dicere aller étudier dans la capitale n'est ,
gile , celui de Catulle et le cordon- car il est rare qu'un homme parvienne
nier , sont le même. Cela n'est pas aux grandes dignités , lorsque la sai-
sans difficulté. ] homme qui Un son ordinaire de les obtenir est pas-
s'applique au droit avec tant d'ar- sée depuis fort long-temps. Voilà le
deur que non - seulement il efface
,
cas où étaient à Rome ceux qui
par ses progrès la honte du métier après un gouvernement de province,
mécanique qu'il avait exercé au pays passaient quarante ans sans obtenir
natal mais qu'il succède aussi au
, la dignité consulaire.
plus grand maître de jurisprudence
qui fftt alors dans la république de (11) Scalig. in Catalli Epigr. X.
Kome, est selon toutes les apparences (12) On le met a Van 754 de Rome.
(i3) Servius in Ecl. IX, vs. 29.
assez grave pour ne point entrer dans
,
le Varus qui avait mené Catulle chez tait l'ouvrage avec une grande
son amie était Quintilius Varus ; et
force , et se trouvait secondé par
(8) Virgil. Eclog. IX, vs. 35. le gouverneur de la province («).
(9) Catiill. Eplj;ramm. XXVIII. M. Dacier
suj Horat. , Sat. /// , liv. I , cite i'Épieramrae Il fallut néanmoins qu'il aban-
XXVII de Catulle.
(10) Catul. Epigr. X. (a) Voyez la remarque (A).
ALYPIUS. 449
donnât l'entreprise ;
les feux qui mieuxfait d'oublier entièrement
sortaient de dessous la terre ren- cet article (C^. Voyez ses fautes
dirent le lieu impraticable. Huit dans la première édition de mon
ans après il se trouva enveloppé dictionnaire (e).
dans l'horrible persécution qui (e) On a cru qu'on ferait mieux de les
fit périr une infinité de person- remettre ci-dessous dans la remarque [C).
pas bien cet Alypius qui fit un duite de grec en latin. ] Cette Des-
'Traité de Musique intitulé Ei- cription est un ouvrage anonyme ,
{c\ Voyez comment , dans l'article d'HiÉ- pag. 35o ad ann. 363.
,
liOCLÈS.
(3) Idem, lib. XXIX , cap. I^pag. 55G, ad
{d) Vossius, de Scient. Malhem., j)ag. 9^. ann. i'i.
TOJIE I. 29
A5ù ALYPIUS.
tir de dessous la presse , avec le texte douceur, et tantôt de fermeté, riifî Si
grec et avec une nouvelle version
, THV «fioJXJKTiv Tû)V TrpoLyy.ArcDy , sti /iaç-Ji-
accompagnée de notes (4). Vossius ne plonç ky-ct Ktti Trpctcoç enrctVTa. TnpoLtvnv
s'éloigne pas de croire que l'auteur 7rpo9u//>ï truvKSoy.ièa. , /ui^cti yà.p TrpçtoTH-
de cette Description est le même Aly- Tst ncti trcetfpda-uvtlV OLvépiia. xsLi pûjuK ,
pius qui envoya à Julien TApostat aa.!TM f/.h Xfn<rbct.i TTfoç Tot/ç tTrtîtKiç â.~
comme témoin oculaire. Il n'est donc sure.M. Hofman ne dit que cela il :
parle de cette île que sur la foi de ceux qu'il dit est tout plein de fautes de
qui y avaient voyagé. Qu'on ne me commission.
dise point qu'il a fait deux livres ,
l'un avant que d'aller en Angleterre, ALYPIUS, philosophe d'A-
l'autre sous Julien l'Apostat ; et cpie lexandrie contemporain de Jam-
,
d'apparence que s'il eût fait cette Des- dialecticiens de son temps était ,
ALYPIUS 45t
mourut fort âgé , dans la ville tés à lui faire cette violence.
Dès
d'Alexandrie (a). le lendemain il sortit d'Hippone
,
ciim legisset petitionem tuain qud de- * Jolj- nomme ff^afier, auteur de /'Enthou-
per epistolam jussit. Cita ergà si , (A) Baronius dit qu'on a plusieurs
Dominas adjui^erit, totum Atypium lettresde Symmaque à cet Alypius.^
inserayn prœcordiis tuis nam hoc sum : Voici ses paroles eundem quoque : Ad
ego maxime ueritus , ne ille t'ereretur Alypium complures extant epistolœ
aperire omnia quœ in eum Dominus Sjmmachi deque eo meminit in epis-
,
ALLATIUS. 453
Uim sacrum visere atque adiré cu- homme, et un talent tout particulier
pienti. de devinerlespensees.il attenditdonc
(B) Saint Alniachiusfut tué par les jusqu'à ce que le gouverneur se re-
gladiateurs sous la préfecture d'Aly- tirât, après quoi l'anachorète fit ses
pius.'\ Il avait voulu faire cesser le excuses.
culte des fausses divinités le jour de (D) Saint A
Imachius est un saint
l'octave de Noël (c'est le premier jour imaginaire, et le litre de lalmanack
de l'an), et il lui en coûta la vie. a produit celte men'eilleuse canonisa-
Voici les paroles du martyrologe, sous tion.'\ Ceux qui ne pourront pas se ser-
le i^''. de janvier: Romœ sancti Al- vir du livre anglais, imprimé à Londres
machii martyris, qui, juhente Alvpio en 1688, et intitulé The Enthusiani
,
occisus est (2). Théodoret , au chapi- page iSg. Ils y verront que, suivant
tre XXVI du V^. livre de son Histoire les conjectures de l'auteur anglais ,
Ecclésiastique, parle d'un moine nom- quelque moine ignorant du f^Il''. ou
mé Télémachus, qui , du fond de l'O- T'^lll'^. siècle, voyant au haut du calen-
rient , vint à Rome , pour travailler à drier S. Almanachum, écrit par ahré-
l'abolition des jeux des gladiateurs. Il l'iation, selon la coutume de ce temps-
eut le courage d'aller catéchiser ces là, S, Almâchum, pi'it ce mot peu usité
gens-là, au plus fort de leurs exer- alors pour le nom de quelque saint ,
cices sanguinaires; mais les specta- lui donna une terminaison en us et le ,
et commanda qu'on abolît ces sortes qu'il trouwa des martymlogistes qui
de jeux. On (3) voudrait réduire à un lejirent tuer dans l'amphithéâtre de
seul fait ce que vous venez de lire, et Rome sous le préfet Alypius, par les
ce que j'ai cité du martyrologe. On se- gladiateurs qu'il voulait empêcher de
rait bien aise que nous crussions que combattre. Aucun ancien auteur ne
Théodoret a nommé Télémachus ce- fait mention de celte sainte hardiesse
lui qu'il fallait nommer Alinachius ; (5). Alcuin {*) est le premier qui en a
qu'il a transporté à l'empire d'Hono- parlé d'une manière assez douteuse.
rius ce qui s'était fait sous celui de
(5) Il est pourtant vrai que Théodoret la
Théodose; et qu'il a imputé aux spec- donne au moine Télémachus : voyez la remar-
tateurs l'action des gladiateurs. Sur que (B).
ce pied-là , il se tromperait en trois (*) De divin. Oflic. , cap. ÏF.
choses.
(C) Baronius prétend que ce fut ALKINDE, ou ALKINDUS.
ai'ec Alypîits , que Jean l Anachorète Cherchez Alchivdus.
eut une cont^ersation.'] Baronius cite
sur cela un long passage (4) où l'on ,
ALLATIUS ( Léon) garde de ,
fort mauvais que l'anachorète l'eût tif de l'île de Chic est un des
,
quitté, pour aller entretenir Alypius,
plus fameux écrivains du XVIF.
gouverneur de la province. Le dépit
qu'il en conçut lui donna quelque mé- siècle. Il était laborieux et infa-
pris pour l'anachorète, et lui inspira tigable , avide de manuscrits ,
la résolution de se retirer. Il aurait doué d'une grande mémoire ,
exécuté celte pensée si l'anachoi^ète
,
très-propre à rassembler des ma-
ne lui eût fait dire d'attendre encore.
Palladius connut alors qu'il y avait un tériaux et digue par conséquent
,
soit en traduisant des auteurs que neuf ans lorsqu'il fut porte de
grecs , soit en composant de son l'île de Chio dans la Calahre, où il
propre fonds. La liste qu'on trouva la protection d'une puissante
famille (2). Au bout d'un certain temps
voit dans le Dictionnaire de Mo-
, . j. . il fut envoyé à Rome
. où il étudia ,
prend pas tout ce qu'Allatius a ^.^ Lorenz» Crasso Istorla de- Poe.i Greci
, .
publie. On peut remarquer dans p"»- ^°^- ^ojez aussi ses Eiogii d'Huomiin
j -• 1 , Letlerati, tom. I, pas. 3q7 el suiv.
,
ses productions beaucoup plus de (,) cdu des Spindu.
, ,,
ALLATIUS. 455
Ilfut élu à Naples grand-vicaire de Quand poudrait errer, il ne le
il
Bernard Justiniani ëvêque d'An- , peut ; car il n'y a ni infidélité
glona. Il retourna dans sa patrie ; et ni illusion , qui puisse aller jusqu'à
n^ trouvant rien à faire selon ses dé- lui ; et quand un ange dirait autre-
sirs, revint à Rome où il étudia en
il ment , étant muni comme il est de
médecine sous Jules César Lagalla l'autorité de Jésus -Christ il ne ,
avait eue, de faire transporter à Rome la simple lecture de ses écrits cha- :
Crasso ne dit que cela dans le livre esprit extrêmement modéré. Pour
que j'ai ajoute qu'Allatius
cité, j'y nous prouver la conformité de l'É-
avait été long-temps bibliothécaire du glise grecque avec la romaine dans
cardinal Barberiu. les choses essentielles, il prend pour
(Bj M. Claude enfait une peinture principe de ne reconnaître pour la
très-peu honorable. ] Allatius « était véritable église grecque , que le
» un Grec qui avait quitté sa religion parti soumis au siège de Rome ; et
« pour embrasser la Romaine ; un à l'égard des autres Grecs qu'il ap- ,
» trats , il détermine les choses de la que Caucus n'a point imputé aux
1) Joi , ordonne comme bon lui sem-
il Grecs des opinions ou des pratiques ,
456 ALLATIUS.
sein de réunir les Grecs afec l'église une plainte de Ja Vierge. « Celfe
romaine , par des voies d'adoucisse- w plainte , composée
dit-il (9) , a été
ment a adouci beaucoup de choses
,
)) par Métaphraste d'où Léo Alla- ,
d'être sue. ] Le pape Alexandre VII M aux Simonides 5 entin de ces der- ,
lui demanda un jour pourcpioi il n'em- w niers il est venu aux Simonacti-
,
brassait pas le sacerdoce. Cest afin , » des. Ce genre d'écrire est du goût de
lui rcpondit-il, d'être toujours prêt a » Léo Allatius car il a déjà fait d'au-
;
me mnner. Mais pourquoi donc , re- i> très dissertations sur la vie et les
prit le pape ne uous mariez-uous
,
» ouvrages de quelques auteurs qui
pas ? Cest afin répondit Allatius , ,
)) ont porté des noms équivoques ,
d ai'oir toujours pleine liberté de me » commecelui de George , celui de
faire prêtre passa ainsi toute
(5) . Il » Méthodius
, celui de Nicetas , celui
sa vie à délibérer entre une paroisse » de Philon,
et celui de Psellus , sur
et une femme il se repentit peut-être :
» tous lesquels il a fait divers écrits.
en mourant de n'avoir choisi ni l'une » Ces sortes de desseins sont d'une in-
ni l'aulie ; mais il se serait peut-être ))vention nouvelle au moins, ne nous :
savoir de Jean Pastricius, bon ami C/./OVl'//CCV CTOIHTûlV T{ KCLt ci/yy fa.<fîa>v y
pour écrire en grec , et l'ayant en- publié divers traités de cette nature.
tin perdue en pensa pleurer de dou-
,
Voyez M. Teissier, dans sa Bibliothè-
leur. 11 écrivait avec une extrême vi- que des bibliothèques où il donne la ,
tesse car il copia dans une nuit le liste des auteurs qui ont exercé leur
5
Diariuni Romanorum Pontificum , plume sur ce sujet (i •)• i' '^'' appelle
qu'Hilarion Fiancalus moine de Ci- ,
Scriplores de Uomonymis. Selon M. de
teaux lui avait prêté (8> On ne vou-
,
Sallo, il faudrait traduire Homonjmi
lut point permettre à Allatius de le par ceux qui portent des noms équi-
donner au public. l'oques ; mais , ne lui en déplaise , ce
serait mal traduire. On n'a jamais dit
(F) // sautait d'une matière à une
autre... On ne l'a pas admiré en cela.'] que les princes de même nom , les
Voici comme M. de Sallo eu parle Charles, les Louis les Henris , aient
,
,
après avoir observé que la principale eu des noms équivoques. Les noms de
pièce d'un ouvrage d'Aliatius était cette nature sont ceux qui se peuvent
prendre en diflerens sens 5 c'est là
(5) Mabillon, Musœum liai. , tom. /, p. 61. leur espèce et leur usage tant en lo- ,
* Joly du quAllalius avait pris les ordres gique que dans le langage ordinaire.
tnineurs.
(6) Ibidem. (g) Journal des Savans , du ig janvier i665.
(') Voyez ce qui sera dit dans l'article de'Ljm- (10) Diog. Laërt. in Epimenide, Lib. I , nuin.
ttioT, muine Olivelan. [Cet article n'existe pas.] 112.
(8j Mabillon, Musa;uai liai. ,
pag. 7-. (11) Teisserii Calai, catalogor. , p.^g. 35j.
ALMAIN. 457
Mais ,
pour revenir à Léon Allatius ,
" gens peuvent être emportes vio- ,
dresser des listes ou des catalogues. Il » qu'oQ ait droit pour cela de croire
le fit paraître lorsqu'il publia ses « que les passages qu'ils citent soient
u!4pes urbanœ c'est un livre qui de-
: » supposés. L'on a mohis encore de
vient rare , et qui est déjà bien cher » sujet de le croire d'Ailatius que
en Hollande (12). Il contient une liste » d'un autre parce que des livres ,
de tous les hommes de lettres qui pa- » qu'il a cittjs , lorsqu'ils n'étaieut
rurent à Rome depuis l'an i63o »,
encore que manuscrits , ayant été
jusqu'à i63i , et une liste de leurs )) imprimés depuis ont justifié sa fi- ,
3) n'ont nulle liaison entre eux ^ ils sont l'année i5o8 , à la maison de Na-
3; même souvent contraires et des varre , et il publia des Traités
:
édition , qui est la deuxième, il faut chercher pOUr l'autOrite dcS COnCllcS COll-
à la page â^ el aux suivantes et qui concerne , j- '<^ ;,,i,^,, . -i 1
458 ALPAIDE.
Le concile de Pise avait envoyé à soit parle d'Almain. J'y ai bien trouve
la facultéde théologie de Paris un Deneaictin nomme
"° bénédictin nommé Almannus .•
qu'elle le fit réfuter. Elle choisit est fort vrai qu'il a dit que Jacques
Almain pour cette corvée *'*, et Almain moine a fait un livre contre
, ,
sez jeune, l'an i5i5. On fit une commencement du Xf^l^ siècle. Dites
édition de toutes ses OEuvres (A) plutôt qu'il ne commença à fleurir
à Paris deux ans ajirès {a). Ceux qu'en ce temps -là.
,
6ii.
Lambert , évêquede Liège, n'eut
(A) On fit une édition de toutes
ses OEuures. ] Ce fut Olivier Lugdu-
jamais la lâcheté d'approuver les
neus qui prit cette peine et qui y amours de Pépin pour cette maî-
,
(2) De
Script. Eccl., (cm. /, pag. 488. Fiance, tom. /, pag. 38 1.
(3) Launoii Kist. Gymnas. Pfavar. , pag. 6i\. {b) Moréri dit que ce monastère a^'oit e'îe
,
,
sans beaucoup de fondement , que violence avait été faite par ordre de
Pépin l'épousa , après ai^oir répudié la cour, et que comme Pépin en était
Plectrude.l M. de Cordemoi (i) re- le maître ceux qui ont écrit depuis
,
marque qu'ils ne s'appuient que sur ont cru devoir expliquer au désavan-
le second continuateur de Fredegaire, tage de ce prince et d' Alpaïde ce
qui dit que Pépin épousa Alpaïde. qui est en paroles couvertes dans ces
a Mais outre que cet auteur, qui e'cri- martyrologes (4) Le plus sûr, à mon .
»vait (comme tout le monde sait) avis, e>t de renvoyer ceci au nombre
» par les ordres du frère et du neveu des faits douteux. Ceux qui disent
3) de Charles Martel , n'avait garde de que le seul Lambert, évêque de Liège,
» parler des amours de Pépin et d'Al- osa 'reprendre Pépin et parler hau- ,
» trudeaitété répudiée. Il reste même ler ni par les promesses ni par les ,
"plusieurs actes, qui font voir que menaces de Dodon, frère d'Alpaïde(5),
3) Plectrude n'a jamais vécu séparée n'ont écrit que long-temps depuis (6) :
)) d'avec Pépin de sorte que ni se-
; ,
cela les éloigne un peu de la qualité
))Ion les lois ecclésiastiques, ni selon d'un témoin certain. D'ailleurs le fils
« les lois civiles Alpaïde n'a pu être ,
d'Alpaide était un sujet si redoutable ,
» regardée comme sa femme légitime :
qu on ne peut rieu inférer du silence
w et s'il l'a épousée
, il a eu deux ,
des auteurs contemporains.
3' femmes à la fois. » (C) Lambert fut le seul prélat qui
(B) Indignée contre Lambert, éuê- osa dire ses vérités a Pépin."} L'au-
que de Liège,... qui censurait ses teur d'un dictionnaire historique au-
amours, elle forma un dessein contre rait raille et mille occasions de re-
la i'ie de ce prélat. ] Il ne faut pas marquer qu'il n'y a point de plus
s'étonner que le second continuateur grands flatteurs des puissances que
de Fredegaire ne dise rien de cette les gens d'église. Leurs prédications
conduite de Lambert ni des suites , leurs prières leurs harangues
, leurs ,
cune force 5 mais l'auteur des Gestes rnihi pelvim. Pépin me dira-t-on ,
n'en dit rien non plus (2:. Un auteur, n'était point roi. Pépin, répondrai-je,
qui vivait alors, dit seulement , Que avait en sa main la clef des bouches
saint Lambert fut tué par un seigneur et des plumes les peines et les ré-
,
mort de deux de ses parens , que les titre de souverain il en avait la réa- j
gens de ce saint évéque cwaient tués lité, il en faisait les fonctions. Les
sans qu'il le sût {i). Si nous savions de flatteurs ne s'arrêtent pas à un vain
quel parti était cet auteur , s'il tenait titre ils adorent plus dévotement
:
(i) Cordemoi , Hist. de France , vol. I p. (5) Anselm. Laodicem. Canonicus , Si^iber-
,
ALSTEDIUS. 46 r
les hommesjugement der- «sues; mais il donne les principes
, et le
» des sciences et des arts avec beau-
nier. 11 prétendit que ce règne ,
s'est trompé. Son gendre Bister- «les autres, et qu'il s'en trouve même
^*'^"t rien, comme son His-
feldius suivit la opinion
r même
(e).
^ ^
"
» f'}°''
toire, sa Chronologie etc.. Il faut ,
(c) Heidegger! Dissertalio de Cliiliasmo, » avouer qu'il s'est souvent trop em-
pag". 652. « barrasse , pour avoir voulu se ren-
» dre trop clair qu'il est trop charge'
(A) Son Encyclope'die iroui'a grdcc » de divisions et de
sous-divisions , et
devant les callioltques roniftinsjho- qu'il affecte une méthode trop >'
gê-
renzo Crasso a mis Alstedius eatre les » née (3j. » Lorenzo
Crasso rapporte
pporie
grands hommes dont il a publié l'é- aue quoiqu il
y ait plus de sueur que
loge. C'est de là très -apparemment de géuie dans les ouvrages
d'Alstedius,
que M. Moréri a tiré l'encens qu'il on n'a pas laissé de les estimer,
et
donne à Alstedius. Je vois qu'on ren- d'avoir pour ses fatigues une
admira-
voie les lecteurs à un ouvrage de Sorel tion qui le fait entrer au
temple de
(t) pour apprendre des nouvelles de la gloire
, Cnn gloria dpi suo nome :
462 ALTAEMPS.
(E) Moréri n'a point su Vannée de coup à ce cardinal. Il fut d'avis
la mortd'Alstedius.'] Alstedius, dit-il, qu'on y fit une réponse vigou-
mourut fers tan i645 ou 46; d'au-
tres disent l'an 1 6/^n âge de cinquante-
,
reuse ; et il dit même qu il fal-
,
(b] Fra-Paolo, Hist. du Concile de Trente, (g) Eh 635 Voyez son Musieum
1 Italicuni,
pag 648 de la version t/'Araelot.
.
tom. I . uag. 78 , 79.
, ,,
ALTHAMÉRUS. 463
publié la Vie de saint Chrj'sos- {a) publia non-seulement quel-
,
m
paroles (a) :
ALTHAMERUS.
» Scriptura ? Credidit Abraham Deo^
Gaudeo D. Riuetum non
accedere iis qui Jacobi Epislolam re- )) fidelicet promissioni dii'inœ de se-
jecerunt , quorum quidam hoc am- 1) mine ; et reputatum, scilicet quia
pliiis dixére n Menliris Jacobe in ca-
: » credidit, illi ad justitiam. JYon quod
put tuum ; » cVst-à-dire, a Je suis bien )) exJiUi ititmolatione justificalum di-
5> aise que M. Rivet ne suive pas ceux )) cit, rectè mentitus est in caput suuvi.
» qui rejettent l'Epître de saint Jac- » Quindecim enim annos anlè immola-
j)ques, parmi lescjuels quelques-uns tum IsaachumjustiJicatusfuilAbra-
it
» ont dit de plus, Jacques, tu mens par ham , etiam nondiim nato Isaacho ;
i>
)) qui Jacobum accusavit mendacii , gnit que Grotius n'eût pas déclaré
3) fuit Andréas Althamérus (6j. Liber que ce n'était pas un calviniste. Il
» editus est Argentorati , anno ciD prouve que c'était un luthérien ; et il
» lOxxvu.Verba ejusinter caetera sunt : lui attribue de s'être chargé aux con-
}) f^uU nunc probaresuam sentenliam, férences de Berne de parler pour le
V sed directe contra Scripturani agit. parti des papistes, et de soutenir le
» Non possunius hïc dejendere Jaco- dogme de la présence réelle Qui ciun :
» bum. Citât enim Scripturas Jalso ; in diputatione Bernensi (8), quam se-
)) et solus Spiritui Sancto , Legi
, quuta est Rcformatio anni i528, /i-
» Prophelis , Cliristo ytpnstoliique , bcra eijacta esset dispuîandi copia,
» omnibus, conlradicit. Testimonium wolens passus est se à parte pontificid
5) ipsius vanum est. Uni ipsi tesli non deligi ut oratoris munere in sug- ,
I) Sanctus et tôt testes ueritatis dissen- jure qu'il fait à saint Jacques con-
;> ,
j) tractât. Si.Airahamex operihus jus- ). sur les Y)apistes , et sur les luthé-
» tijîcatus habe.t quod glorietur, sed
, )) dont il a plaidé la cause.
riens , 3)
>i non apud Deuni quid enim dicit ; Sur ces productions il est aisé de ,
dem ,
png. 1054. (;) Riveti Grotianœ Discnssionis AfaXl/iriç ,
(5) Riveti Apologet. ibidem, pag. 1100. pag. 1201 tomi III Operum ejus.
(6) Grotii Discussio Apoloset. Kivrtiaiii , p. (8) Il .'e teil, sans le citer des propres pa- ,
^22 Opusculoruni Grotii , editionis Amsiploda- roles fi'Hospinien, liistoria: S.icramenl.Tr., pari.
niensis , apud DIaeu , anno 1679 , in-Jvlio, II ,
pag. 84.
, ,
,
ALTHUSIUS. 465
sa cause; et de lui deman-
il suffisait premières éditions ,
qu'il était de
der le nom de ceux qui avaient eu y^ religionprotestante ; qu'après
>^>^«j^ic>
1 audace de traiter un apôtre SI itidi-
^^ „ S ,
pleinement d'affaire ,
quoique l'au- finis et félicitas et tranquitlilas obti-
teur qu'il citait ne fût pas calviniste, neri debeat , sed quibus viodis omne
mais luthérien ; et c'est vainement l'inculum societatis ac salutis ciuilis
que Rivet allègue ce qui se passa aux dissoif i ac ei'erti possit. Demai^ogica
conférences de Berne. Cela ne prouve appelles merito; et tamen quia juris- ,
J' oubliai
11- -11-
de dire, dans
1 11deux
les
(2) Conring. de Civ. Prudent.
(3) Mfver. m AnaWs., m. m , cap.
Poi.i
Xlf.
ArUt.
TOME r. 3o
,
466 ALTILIUS.
parlé de la puissance royale.] Voici les pour précepteur du jeune prince
paroles de celui qui présenta à la reine Ferdinand (A). Il paraît même
mère une réponse apologétique à l'An-
qu'il fut employé à des affaires
ti-Coton « Après Hotoman , dit-il
:
» chapitre des Ephores, où, pour ne VIII (6). Il eut beaucoup de part
)) rien dire du surplus , il escrit en- à l'amitié et à l'estime du même
)) tre autres choses , qu'il est loisible Pontanus : on en a des marques
» (l'oster le tyran de sa charge , le
publiques dans les écrits de ce
qui lui a
)> prii^er de l'administration
privare , imo etiain , si aliter contra des plus beaux poèmes de Ga-
uim se defendere non possunt , inter-
briel Altilius est celui qu'il com-
ficere , et alium in ejus locum substi-
le mariage d'Isabelleposa sur
tuere possunt.
d'Aragon (C). On ne croirait pas
(4'» Réponse Apologétique à l'Anli-Coton
pas. i85, i86.
aisément que des vers latins l'eus-
(5) Il fallait dire Althusius.^ ,
sent élevé à la prélature mais il ;
(6/ Allhusii Politica melhodicè
digesta cap. ,
ALTILIUS. 467
Gruterus et dans celui de Jean- premier état qu'à la dignité episco-
Matthieu Toscan , que l'épitha— pale dont il était alors revêtu
il n'a- :
plupart des autres vers d'Atilius tretien roula sur quelques vers de
sont péris. Martial qui avaient été chantés
,
par
un jeune musicien.
(A) Il fut choisi p'yur précepteur
j>^^} F^"' ^^^ P^^^ beaux poèmes
du jeune prince Ferdinand, ] C'est ce d Altilius eu celui qu'il composa sur
qu'a voulu dire Paul Jove, en se ser- le mariage d Isabelle
d'Aragon. '\Ç.' est
vant de cette expression, yiiniom Fer- par-la , et par ses élégies,
qu'il acquit
dinandi re^is(i): Ughelli s'en sert aussi sa réputation Usque adeo :
molUterac
(2).LeToppi est d'un autre sentiment: admirandè in elegis et heroïco car-
Fu maestro, dit-il, di Rè Ferdinando I mine excelluit, sicuti ex
Epiihalamio
d'Aragona , e P^escoi'o di Policas- Isabellœ Aragomœ pcrspici potest
tro, nel \\-ji (3). Je crois qu'il se ut Pontani atque Actu testimnnlo ari-
trompe. Ferdinand F'', mourut l'an tiquis i'atibus œquaretur (8;. Iules
Sca-
i494t âge' de plus de soixante-dix ans : liger a trouvé trop de profusion
dans
donc né environ l'an 1424 il
il e'tait j
l'épithalame voici le jugement qu'il
:
faudrait donc qu'Altilius eût été son en a fait Gabriel Aliilius epithala-
:
précepteur en^^ron l'an 144"' Le pré- mium cecinit longé optimum excel- ,
cepteur d'un ûls de roi n'est pas or- lentissimum verà futurum , si sibi ille
dinairement fort jeune il faut qu'il : temperdsset. Diim enim uult omnia
ait eu le temps de faire paraître son dicere, ajflcit auditorem aliquandàfas-
érudition et sans doute le roi Al- tidio tanto quanta in aliis ^oluptate.
: , ,
ronné de savans n'aurait pas choisi genti est peculiare. Est enim lotis illis
,
Altilius, sans avoir examiné les preu- Italiœ tractibus perpétua loque ndi
fa-
ves de sa noblesse littéraire. On peut més (9). Cela n'est guère obligeant
donc supposer qu'en 1 44» , Altilius pour ceux de Naples (10).
,
aurait eu trente ans. Or, à peine était- (D) On lui a reproché d'ai^oir né-
il né :il ne vécut qu'un peu plus de gligé les Muses, qui lui avaient été
soixante ans ;4) ^t il mourut l'an SI utiles. 2 On a de la peine à digérer
>
vent dans les Délices des poètes d'I- cessit , MAGNo herclè ingrati animi pu-
talie. Jean-Matthieu Toscan dit beau- CCLO nisi ad spem non injustes ueniœ ,
(1) Pauli Jovii Elog. cap. CXXV., (8 Jovius , Elogior. cap. CXXV.
(2) Ughelli Italia sacra , lom. VII p. 'ifi. , (9) Jul. Cssar. Scalig. Poëtices lib. VI , p.
(3) Toppi , Bibliotheca Napoletana pas. lOi. . 736.
(4) Jovius , in Elogiis cap. CXXV. , (10) f'oret la remarque (H) de l'article
(5) Voyez ci-dessous , citation Çj"^). Alexandek ab Alexasdeo, vers lafin.
(6; /n'Peplo llaliae. (11) Paul JoTius Elogiorum ta/>- CYX'J''".
,
l'ouvrage qu'on intitule Deliciœ CC. voya de fort bonne heure aux
Ilalorum PoëLarum , collectore Ra- écoles ; et après qu'il eut fait à
(i3) Salluste a dit que , Imperium facile iis Groningue ses humanités et son
arlibiis relinetur , quibus initio partiim est.
(i4)Jovius, Elogiorum cap. CXXV.
cours de philosophie, on le fit al-
{iS) M. de la Monnaie m'a communiqué celle ler en Allemagne , l'an 1602. Il
remarque.
(16) Uglielli Ital. Sacra, tom. VII, pag. 796. s'arrêta trois ans à Herborn, et y
(17) Jovian. Pontanus, in Dialogo cui tilu- fit de grands progrès sous le cé-
si
lus jÉgidius, pag. 1471, i^^"]. M. delà Mounaie
nCa indiqué cela. lèbre Piscator, sous Matthias Mar-
, 3
ALT IN G. 469
tinius et sous Guillaume Zeppe- eut même
l'honneur de parler
rus , qu'il obtint la permission avec le roi Jacques. Les noces de
d'enseigner la philosophie et la l'électeur et de la princesse d' An-
théologie. Il se préparait à voya- gleterre ayant été célébrées à
ger en Suisse et en France lors- , Londres au mois de février 161
qu'il fut choisi pour être précep- (b) Alting prit les devans avec
,
{d] Le comte de Nassau , le comte de Solms dernier fut député du sénat ecclésiusiique y
el le comte d'Isenberg. les deux autres, de l'académie.
, ,
4^0 ALT IN G.
ses collègues. Alting conçut sans or c'est ce qu'ils ne fi-
tiraient ; ,
doute bien des espérances peu rent pas. Il est vrai encore qu'il
après son retour à Heidelberg. Les avait prêté l'oreille aux proposi-
troubles de Bohème valurent une tions que le prince Louis Phi-
couronne à l'électeur palatin lippe (e) lui fit faire en i634, de
;
mie de Franeker , qui , en 1625, Cent combats livrés par les mé-
lui offrit la place de professeur decins à ce mal l'avaient à peine
en théologie , que la mort de Si- chassé qu'il survint une afflic- ,
brant Lubbert avait fait vaquer. tion domestique qui ramena plus
Ce prince consentit avec peine , que jamais l'infirmité corporelle.
l'année suivante , qu'il acceptât Altingperdit sa femme l'an i643,
une profession en théologie à et en conçut tant de chagrin ,
Groningue. Alting en prit pos- qu'il ne fut plus capable de sur-
session le 16 de juin 1627 et ne monter la mélancolie. Il ne fit
,
allait voir tous les ans le roi de 1614 et avait eu sept enfans. Il ,
seul inspecteur général dans la fut le premier, qui avec deux autres, ,
l'ayant fait venir pour informer i566, pendant les violences du duc
contre le socinianisme qui mena- d'Albe sub ipsâ Alhani ducis gras- ,
sed ex Jontibus Siloë et Scripturanim dcii.- teur de la Vie de Henri Alling na pas été ici.
i-iitam ; ut glorice sibi diiccrel se ab imreritis af<cz exact.
472 ALTING.
proximi (Scultetus œgrè dres que les maux qui suivent néces-
et Altingius),
tandem totn corpore madentes salui sairement une rupture. Nous aurons
,
tamen dwinâ cleme.ntid in proximam lieu de rapporter plus d'une fois les
ripam evaserunl (3). Sa vie ample- angoisses où de grands capitaines se
,
menl écrite par Ubbo Emmiiis , est sont vus réduits , lorsque leur con-
entre les papiers de ses héritiers f4)- scienceleur reprochait les ravages dont
(B) // a étii précepteur du prince ils ovaient été cause.
électoral palatin on en peut trouver
: (D) Il échappa comme par miracle
des preuves dans la Bibliothèque Va- à la fureur du soldat.] Les circonstan-
ticane?^ On y conserve les thèmes du ces de son évasion méritent d'être
roi de Bohème , corriges de la main rapportées. 11 était dans son cabinet
d'Alting j et on les montre aux voya- lorsqu'il apprit que l'ennemi maître ,
plupart des reliques qu'on leur mon- fut l'avertir de se retirer par la porte
tre Hujus magisterii ejus ne unquani de derrière chez le chancelier dont
:
,
apud posteras intestala queat esse in- la maison^ avait été mise sous une
dustria , i^el Roma , quod niiremur, bonne sauvegarde , parce que le comte
faciet, quœ in Bibliothecâ f^aticand de Tilli voulait avoir en leur entier
inter Heidelbergensia cimelia , dicani tous les papiers qui y étaient. Le
an spolia ostentat themata et exerci- lieutenant colonel du régiment de Ho-
,
tla slyli régis Bohemiœ , Altingii ma- ht'nzollern gardait cette maison, yivec
nu emendala , eruditis peregrinatori- cette hache disait-il j'ai tue aujour-
, ,
du soldat , anime'e par le faux zèle de pience. L'auteur de son Eloge compare
religion , est capable de commettre : cette réponse à celle que fît saint
Urbs. . .impetu et ui capta , omnia- Athanase Sanè, dit-il, ille vultus y
. :
que dira exempla passa direptionis ille hahitus , ille sermo^ is rerum ar-
,
lanienœ , libidinis, quce militaris li- ticulas quemuis alium percellere pote-
centia , uictoris insolentia , odium re- rat : at nosler iniperterritus , solerti
ligionis, barbarorum Croatarum feri- tamen usus responso , nec aperlè se
tas comminisci potuére aut patrare.... negai^it Altingium nec tamen intem-
,
Ed nocte imomni et mœstn inter la- pestii'è se prodidit, eâdem ferè quâ
menta et ejulatus quibus omnia undi- olim in casu simili sanclus y4thanasius
qtie perstrepebant , aut sequioris sexûs dexteritale usus, « Ego inquit , lu-
,
rum , etc. (6). Voilà les fruits ordinai- jésuites prirent possession de la mai-
res de la guerre voilà de quoi faire son, et eu firent décamper si vite
:
trembler ceux qui l'entreprennent, cet officier, qu'il n'eut pas le temps
ou qui la conseillent, pour remédier de s'informer de son régent du col-
à des maux qui peut-être n'arrive- lège de la Sapience. Alting se trou-
raient jamais, et qui, au pis aller, va donc entre les mains des jésuites
j
seraient quelquefois beaucoup moin- mais il s'était sauvé dans un galetas
j
et, par bonheur, un cuisinier delà
(3) Vita Hcnr. Alting.
cour électorale fut employé par le
(4) Vita Jacobi Alting.
(5) Vita Henr. Alting. comte de Tilli , dont la cuisine fut
(6) Ex Vitâ Heur. Alling. logée dans la maison du chancelier.
, ,,
ALTING. 4^3
€et homme nourrit en secret Alting le duc lui avait donne'e le fondement :
dans le galetas et lui fournit même de leur chagrin e'tait qu'Alting était
,
d'un capitaine, qui lui dit, ou par Axeni accolœ, aut aves Dioruedœ
moquerie, ou par courtoisie qu'il lui c/uœ solos sncios gratenter eyclpiunt
,
contenta de lui répondre , que si ces efl'et qu'ils eussent mieux observé les
,
n'avait pas craint d'exposer son pro- choquaient de temps en temps par des
pre bien et de passer pour plagiaire
, thèses et par des écrits polémiques.
,
passer pour plagiaire, il ne transporta lui avait faite lui devait servir d'une
point dans son cabinet aucun livre de puissante recommandation; sa foi
la bibliothèque électorale pourquoi ne différait de celle de Wirtemberg
,
dites-vous qu'il en avait retiré plu- qu'en deschoses non essentielles. Si l'on
sieurs au collège de la Sapience , et avait à se haïr et à se persécuter pour
qu'il aurait pu en sauver plusieurs ? la religion, on devrait attendre que
Outre que, selon l'auteur de sa Vie l'on flit, comme les peuples d'Egypte,
,
il n'eut permission que d'emporter un les uns au service d'un dieu et les ,
volume. Lisez pourtant ce qui suit autres au service d'un tout autre dieu :
:
uirinque
dia bauarico eripuisset , nisi suis recu- Inde furor vulgo qubd nitmina vicinorum
,
lis timuisset, et ne plagiarius habere- Odit uterque locus quitm solos credat ha-
,
474 ALT IN G.
communes , cum didactici, tum
dent à leurs disciples de s'éloigner de
elenc-
tici:Problemnta, tant theoretica, quant cet esprit d'innovation. Il ne faut pas
practica : Ex plicalio catecheseos Pala- se rebuter sous prétexte qu'en re- ,
i65o. Ceux qu'on n'a point pub'ie's attendait à se servir d'une raison jus-
sonten plus grand nombre :1a dernière qu'à ce qu'elle fût à couvert de
main manque à quelques-uns. On en toute difliculté on serait trop long- ,
voit la liste à la fin delà Vie de l'auteur. temps sans rien faire.
J'y ai vu que la Medulla historiée pro- (H) Les minisires deiraient régler
Jianœ, publie'e par Daniel Pareiis est leur domestique comme le sien était
,
plagiat qui n'a pas éle remarque par sonne ne savait ce qui s'y passait
Thomasius, ni yar M. Almeloveen (i o). hormis qu'on n'ignorait pas que toutes
\J Histoire ecclésiastique du Palatinat, choses y étaient dans la bienséance
depuis la réformation, jusqu'aVadmi- et selon la crainte de Dieu Hinc in :
niitrateur Jean Casimir, est parmi les familiâ ejus omnia semper pacata ,
ouvrages manuscrits d'Alting l'un des omnia ordinata de qud hnc solum. ,
nombreux ouvrages d'Alling n'ont plus qu'un vixit (i5). Peu de gens se peuvent
intérêt historique. vanter d'une telle chose , et se plain-
(10) // a publie' un Catalogue des Plagiaires
h lajin de ses Amœnitales Tlieologico-Philolo- {i3) Vita Jacobi AUiag.
gicœ, Amstelod. 1694 , in-8°. (i4) Conférez avec ceci la remarque {\) de
(11) Vita Jacobl Alling. l'article de Grutercs.
( \;j On écrit ceci en 169S. (i5) Vila Jacobi AUinjii.
,
Amanlium irte amoris integralio est (i6). tement. Il se brouilla dans peu
(ifi) Terenl. Andr., acU III, se. III vs. î4- de temps avec son collègue Sa-
,
grande passion était pour les lan- ni d'érudition pour soutenir ses
gues orientales , il s'en alla à sentimens. Les premières leçons
Embden , l'an de pro- i638 , afin qu'il fit chez lui sur le catéchis-
fiter des lumières du rabbin Gum- me attirèrent tant d'auditeurs ,
precht Ben-Abraham. Il alla en que, faute de place dans sa cham-
Angleterre l'an 1640 , s'y fit con- bre ,il fallut qu'il se servît de
naître aux plus grands liommes , l'auditoire académique. Il avait
y prêcha et y fut reçu prêtre de
, plupart des étudians pour lui la
l'église anglicane par le docte étrangers. Son collègue était ha-
Jean Prideaux , évêque de Wor- bitué à se servir des distinctions
cester. Il avait résolu d'y passer et de la méthode des scolasti-
toute sa vie mais il accepta la ques son nom faisait du bi'uit
; :
exercée. Les titres et les charges étaient servies par des ministres
d'Alting augmentèrent avec le qui avaient étudié selon sa mé-
temps il fut reçu docteur en thode. En voilà plus qu'il n'en
:
1 645
;
prédicateur académique , tenir la division quand même ,
476 ALTING.
gendamier tout le monde
de mourut à Groningue (c) avant
, et
réveiller les préjugés les plus vé- que de prendre possession de cet
nérables c'était de dire qu'Al- emploi. Il se fit une manière de
;
partent, fut supprimé. Cette que- cet état et se maria (G). S'il
,
relle fit un grand bruit , et eût avait encore vécu quelque temps,
pu avoir de fâcheuses suites par il aurait composé deux livres ,
,
ALTING. i177
longue suite de chagrins {d) (H). faire particulière dont il s'agit en cette
rencontre je me contente de dire
Voilà cequei'ai extrait de sa Vie,
:
que je ne me rends point caution dans leur fait car c'est être téméraire
j
Operum, edUor. Àinslelodami , an. 1687. équitables. Ils seront même aussi im-
prudens que leurs adversaires ils ne :
(A) Toute son enfance fut un per- prennent pas garde qu'une nouvelle
pétuel changement de lieu^ Car, à méthode dont on ne fait pas semblant
l'âge de deux ans, on l'envoya chez
de s'apercevoir tombe d'elle-même ;
Chrétien Chytrœus ministre de Bret- ,
au lieu que, si on la choque de droit
ten. L'année suivante , sa mère , non- front, elle dégénère en parti. Le nou-
obstant sa grossesse , fui obligée de veau méthodiste aura des parens dans
se retirer à Heilbron, où elle le mena la régence qui le soutiendront de
et de là, au bout d'un an il fallut se
,
tous leurs cliens j et ainsi , vous ver-
retirer à Schorndorf : Sequente mox rez bientôt la combinaison du droit
anno propter iniminenleni Heidelbergœ civil et du droit canon , les factions
obsidionem niatre eliani comité eâ-
, ,
d'état et les factions d'église , appa-
que tum gravidd Hailbronnam , in-
,
riées ensemble. Que n'a-t-on point à
dequè exacto anno Schorndorfium craindre de ce conflit ? Qu'on épar-
niissus est (i). Henri Alting son ,
gnerait de maux à la religion et à l'é-
père, l'amena ensuite, avec toute sa tat si on se contentait
de s'opposer
,
famille à Embden par des chemins
, ,
aux innovations fondamentales !
4^8 ALÏING.
ditions raisonnables ; maistegrari expetiit. Etenim quotiescun-
qu'il de-
mandait réparation des injures qui que uei'unt illud est ac sincerum ^'o-
avaient été publiées contre s^ n hon- tum non tantùin uerbis pax inilur ,
neur et qu'il ne voyait pas qu'on pût sedetiam aboltnlur onmia monunienta
;
tira sans proposer autre chose. Peu nauit atque ex sud memorid abolitum
après , il se l'épandit un bruit par uoluit unii^ersorum notitiœ ac memo- ,
toute la ville , que M. Alting avait eu rice infixum dederit , editis conlume-
la dureté de refuser tout à plat la paix liosis charlis per unb^ersum orbem dis-
à un collègue mourant tant il est vrai seuiinalis. S'il m'est permis dédire un
:
que les bruits de ville sont peu con- peu franchement ma pensée , il ne me
formes à l'état naturel des faits Le ! semble pas qu'on ait eu raison de pré-
médiateur, accompagné d'un autre tendre que Des-Marets supprimât tout
ministre retourna chez M. Alling ,
,
un gros livre il eût fallu dédomma-
^
et tira de lui un formulaire de salis- ger le libraire et ainsi les frais de la:
que les conditions fussent égales de assez qu'il déclarât dans un écrit si-
part et d'autre on en vint aux signa-
,
gné de sa main , qu'il rétractait tout
tures; et ce fut là toute la réconcilia- ce qu'il pourrait avoir dit ou publié
tion. Notez que les parties ne révo- contre la réputation de son adversaire.
quèrent que les injures personnelles ; Ilà ut indicta i'elit Cl, D. Maresius
car pour ce qui est des accusations siquce in dictis et scriplis ipsius in
doctrinales, l'accusateur en remit le Jamam Cl- D. Altingii incurrere fi-
jugement à l'église (2). deantur (5). Avec cela seul , il a pi
(D) Alting fut obligé de se plaindre mourir dans les formes è niorto cano- ,
quàm autem ad plures abiit ( Mare- tatur. Quiescente Maresio , non sic ta-
sius).... monitus fui ego (3) de Sjrs- ,„e„ quiescendum sibi du.rerunt qui
iematis nofi perpetuis annotalioni- ipsius parlium fuerant. Niliil autem
bus , quce infandis malediclis cùm in adeo dédisse opérant widentur , quam
alios tum in me consiarenl. Liber ut i'iâ quasi ecclesiasticâ per synodos ,
ille paucis ante morlem ipsius diebus classes, et quas dicimus correspon-
uendi quidem cœperat , sed nondiim dentias , Altingii opinionibus obsiste-
in meas œdesfuerat Hiatus.... Curavi rent. Ilà i^ariis quidem fluctibus pos-
ergo afferri , atque indè didici quan- tea jactntus i'ir optimus , suœ autem
toperè D. Maresius mihi illusisset sententice tenacissimus tandem ferè
quando in speciem concordiam redin- enatui'it ; siquidem quotiescunque ali-
(2) Tiré d'une LeUre de Jacques Alting ,
Idem ibidem.
inséréeau V^. volume de ses OEuvres. (4) ,
ALTING. 479
quid jjroponerel ecclesiasticorum ordo, médecin, un autre était avocat
, et
illud rnox procertim edicto vel con- l'autre avait pris le parti des armes.
sulta rejectum est. Imo exauctoralio- Le premier et le dernier moururent
nis etiam pœna in eos constituta qui ,
peu d'années après leur père.
de conlroversiis Maresio- Altingianis (HJ On
lui ajait injustice, en lui
in cœtu aliquo paslorum quidquam suscitant une longue suite de cha-
mo^'erent. Ita J'aclum sœpiùs est ut grins. ] Ceux qui aimeront mieux les
generalibus etiam i>erbis conceptagra- paroles de l'original que mon abrégé
vamina de pei'iculosis novitatibus in trouveront ici de quoi satisfaire leur
spongiam incubuerint (6). D'où paraît envie Dixit inter alia (Altingius) si
:
,
que Jacques Alting eût eu tout à crain- Deui sibi vivim viresque concederet ,
dre de la part des théologiens, s'il slare sibi animuni duos libellos in lu-
n'eût été' protégé par les magistrats. cem mittendi alterum quidem quem
,
Il est sûr que la puissance séculière orsus etiam est quo se purgaret co-
,
Altéra poscit opem res, et conjurai amicè (7). quâ injuria tantiim ipsi molestiarum
creatum fuissel Prce cœteris au-
(F) Ses œuvres ont été imprimées tem conquerebatur a malevolorum in-
en cinq volumes in-folio.'] Feu M. Bek- sidiis atque inimicitiis stetisse quo ,
ker , alors ministre d'Amsterdam minus ut vellet publico inservire po-
qui avait été disciple et bon ami de tuisset (lo). C'est assurément une
l'auteur , prit un soin particulier de chose bien déplorable que par des ,
cette édition. Elle parut à Amsterdam, guerres civiles, on empêche plusieurs
en l'année 1687 et contient plusieurs
,
excellens ouvriers de faire valoir leur
sortes de Traites analytiques exégé- ,
talent au service de leur communion
tiques pratiques problématiques et
, , ,
et contre les ennemis de dehors
philosophiques , qui font foi non- ,
gens contre lesquels il faudrait tou-
seulement de la vie laborieuse de jours tenir toutes les forces du parti
Jacques Alting, mais aussi de son bien réunies. Je ne parle point du
grand savoir. On peut connaître sa scandale que cela cause; car, au con-
diligence par un autre endroit. La traire, il faut être scandalisé du peu
plupart des gens d'étude deviennent de scandale que cela cause. Est-ce
enfin paresseux à écrire des lettres il :
que pour se scandaliser à propos il
n'a jamais connu ce défaut. Il en avait faut un degré d'esprit à quoi peu de
écrit cinq mille mais on n'a pu en
;
gens parviennent ? Est-ce que la cou-
publier qu'un petit nombre Loquun- :
tume endurcit enfin à tout et que ab , ,
tur epistolœ quorum tant paucas ex
, assuetis non Jit passio ? D'où que cela
5ooo publicari potuisse, id equidem do- vienne, il est certain que les peuples
lenduni. Erat autem ad scribendas ont une indulgence excessive pour
litteras impiger (8) Le nom seul des ceux qui entretiennent la discorde par
théologiens à qui elles sont écrites des écrits violens, injurieux, remplis
montre qu'il n'était point P^oetien. de chicaneries sous le faux prétexte ,
vit ti-aite' de demi-juif, d'homme qui c'est ainsi que cet historien s'ex-
ne différait presque d'un juif que
par le prépuce ; enfin d'homme qui
prime mais il dépose sur un
;
cient uti scribitur (ii). Etait-ce un tout chanoine qu'il est dans la
sujet légitime de se mettre si fort en ville dont saint Amable est pa-
colère, et ne voit-on pas bien ici un
tron (d) , ne laisse pas d'avouer,
exemple de ce qu'un philosophe
païen a remarqué judicieusement? qu'il ne croit pas tous les mira-
Crede niihi, leuia sunt propter quce cles qui sont rajjportés de lui
non lei'iler excandescimus
qualia ,
dans la Vie des Saints (î Au-
quce pueros in rixam et jurgiuni con-
vergne , ni dans plusieurs autres
cilant. Nihil ex his quce tant tristes
agimus serium est nihil magnum.
,
{a) Grégoire de Tours , de la Gloire des
Indè, inquam, uobis ira et inj'unlia Confess. chap. XXXIII.
,
derait son apostasie et qui n'atten- , donne comme un fait , sur le pouvoir qu'a-
drait à se faire juif que la solution vait contre les serpens un ruban de saint
de trois ou quatre petites difficultés ? Amable, c'est-à-dire, qui avait touché à ses
ossemens sacrés. Il a extrait cela d'une
(II) Oper. Altingii , tom. V, in Mantissa , p. traduction de la Vie de saint Amable par ,
(12) Senec.de Ira , lib. III, cap. XXXIV. en 1702, et qu'il reproche à Saj-le de n'a-
voir pas connue.
AMABLE ,
prêtre de Riom eu (c ! Voyez l'abbé Faydit , Supple'ment ù
la Dissertât, sur le Serm. de saint Polycarpe,
Auvergne, clans le V^. siècle, est pag. 3o.
loué par Grégoire de Tours , {d) Rioni
AMAMA. 48,
légendes (e) cet auteur , dis-je, : il est assez évident qu'elles signifient
déclare d'autre côté, qu'il croit JI"''I '-'^^it parvenu à l'âge d'homme
court
X
„„ ^..^ u «„.,„..„
ce cas-la
siècle et en
on ne peut^ pas dire qu un
,
•
savoir, que, quand il alla à Rome ait vécu cinquante ou soixante ans
Judœus Apelles [h) dit-il no« frant des avantages plus consi-
, ,
ego. Cela suffit, sans aucune ré- dérables que ceux qu'ils
possè-
flexion de ma part pour donner dent , tâcha de l'ôler à
, l'académie
à cet article la forme que ce dic- de Franeker {a). C'était pour
tionnaire semble demander. Un remplir la place d'Erpenius
qui ,
simple récit de semblables choses avait été l'un des jilus habiles
est un recueil d'erreurs. hommes de son siècle dans les
(e)Faydit, Suppl. à la Dissertât, sur le langues orientales. Amama ne
Sermon de saiat Polycarpe pag. 102. , refusa point cette vocation mais ;
dans la Satire V du iiv. /, vs. 100, dit mains quc pourvu que SCS supé-
''' ^^'" '''"" ''' "'^'^ '^^ '"
9^1;/"' rieurs de Frise lui accordassent
son congé. Or c'est ce qu'ils ne
{k) Son pouvoir som'erain sur les
firent pas :^') et sans doute ils
;
..erpe/is connu depuis ijoo ans.]
est n- j•
11
Ce calcul ne s'accorde pas exactement améliorèrent de telle sorte sa con-
avec ce qu'on dit dans la page sui- dition ,
qu'il n'eut pas sujet de se
vante , que saint Grégoire de Tours repentir de n'être pas professeur
n'a uecu qu'environ cinquante ou soi-
^ j^^j^^ Le *premier livre qu'il'
xante ans après saint Amable. 11 n est
pas besoin de prouver que ces paroles (a) En 1626.
ne veulent pas dire qu'il est né cin- «(i) royez l'Épître dédicatoire de l'Anû-
quante ou soixante ans après ce saint : Barbarns BiMicn^.
,,
ASy. AMAMA.
publia fut un
d'un très-beau
essai seur. Sa réponse est une de»
dessein qu'il avait conçu. Il avait pièces dont X Anti-Barb ar us Bi-
entrepris de censurer la version bliciis
,
qu'il publia l'an 1628,
Vulgate que le concile de Trente
,
est composé. Les autres pièces
a déclarée authentique; et sans sont la Critique de la Vulgate
attendre que tout sou dessein fut sur les livres historiques duVieux
exécuté il publia la Critique de la
, Testament , sur Job sur les ,
AMAMA. 483
de l'Écriture (E). Il ne faut pas Uuduclion. Sixtinus Amama composn
pour ce sujet en flamand un livre inti^
oublier parmi ses éloges le zèle
lulë Bybelsche Conlerentie, où il fait
qu'iltémoigna pour faire cesser voir fort au long les raisons qu'on
dans l'académie de Franeker un avait de publier une nouvelle Bible
désordre qui n'y régnait pas avec P""»" '«* églises flamandes. Il assure
- -
- """
que la
'-
'
moins de débordement qu'aux 7 . ,
versie>n
,
flamande qu'ils
-. j»»ii
'
T 1^ ii^a^ent dans leur église, et qui avait
universités d Allemagne. Je parle ^^é prise de celle de Luther contenait
,
in poster um
'
theologiœ ...
candidat i simi facinoris sicuti inuidiam apud
• ,
prœdiclis linguis eos saltem progressas débauche qui régnait dans quelques
fecisse ut originalem f^eteris JVo
,
académies. Tous les nouveaux venus
uique Testamenli textuni mediocriter s'y enrôlaient au service de Bacchus
,
possint intelligere utqiie in classe avec certaines cérémonies solennelles^
,
istd, cujus examini se offerunt, ejus et on les faisait jurer par un saint.
quoque rei spécimen edere leneantur. Etienne de bois qu'ils dépenseraient ,
11 paraît par le même acte, que ce '^^"'^ 1^"/" argent. Si quelqu'un avait
AMASEUS. 485
^«"« l'"°i- l^elle que V italienne
î'^'f^^Tf 'i'^'-'iT^
versite de Louvain -^ «^ ,
>
ils
^'^ n uml
n'ont
(7). , , . .
Ttre du XXT'.
.
Thoa, p.
432 , etdes Additions de m. Tei^sier.
]a langue grecque par la Tra- ,
i^^' ^""="l''"s, Wte>flr Baillet, Jugemens
duCllOnde Pausanias, et par if) c'est le jugement de C^s^nUa. Voyez
celle d un ouvrage de Xéno- Kaillet, /« /«emc.
(a) Voyez la remarque (B). '' "^ fallait donc pas la changer
* Lederc dit qu'd
avait quelque rcpxUa- ^^^'^^^ O" » fait dans l'édition "de
iiun à Borne dès i3i3. Hollande, où, au lieu du seizième
b; El non par son neveu comme Du siècle, on a mis le quatorzième. Il y
,
Rier a traduit le mot nepos de M. deTliou. avait trois choses à Corriger dans cet
{c)i'E.xpë-Jiiion du jeune Cvrus. article, que l'on n'aurait pas dA
.
486 AMBOISE.
laisser en rtpos : trop sec
i°. 11 clait Vous y trouverez aussi la ville
et trop décharné. 2°. 11 devait être d'ÀMASTRis , fondée par celte
sous Amaseus , et non pas sous Ro-
non pas princesse.
mulus. 3°. Il fallait dire ,
600 aureos. M. de Thou ignorait cela. quelques p/èce^' latines , qui sans
(C) Les traductions de Pompilius doute ne lui semblaient pas des
Amaseus se bornèrent a deux fragmens
endroits fort honorables*, quand
du f^I^. litre de Pofybe.] Pompilius
Amaseus, ayant traduit ces fragineus il se vit élevé aux dignités; car
qui traitent de la discipline miiilaire ces sortes d'ouvrages sentent un
des Romains, les éclaircit par un Com- homme qui court après les ma-
vienlaire qui est parmi les manuscrits
tières du temps , et qui envoie
de la Bibliothèque de M. de Thou (2).
Ce manuscrit est en italien. L'auteur ses muses à la quête de part et
a traduit tant en latin qu'eu sa lan- d'autre tantôt par des compli—
,
AMBOISE, 48^
des félicitations ; un homme , en marque que François d'Amboise/ett à
un mot, qui aurait été pourvu ^j'j^^'^'^'^^oe Descriptionduroyaume
en titre d'office de la charge de '!:'^''Ml^,^Jorsquemonse
rr,fluc d Anjou, a présent my de
1
porteur des compUmens r J
du D.„
Far- France, fut esleu roy de PoLn'-ne
nasse chez les grands seigneurs. (2). Voilà l'un de ses voyages. Oifne
h peme
1 •
qu »i j w
il a prise de recueillir
,
**"^^™ier Vau-Privas eût PU la r-nn
...^^
, 1 ^ ^ 1 r>- il '
^ 'ïcrire t..v
"^""^ rl'pVrirp .
très-exactement,
les manuscrits de Pierre Abe- Voyez le TVajie rfe^ Z>eMjse5 de Fran-
lard (C, et d'y joindre une Pré-
, cois d'Amboise , où l'on trouve (3)
<ï"'''" ^^i^PS *le cette élection
face Apologétique qui se voit ,
il était
P^^'"^^ chez l'ëvêque de Va-
à la tête de l'édition de l'an
f,°„^^,'
1616 (D). Cette préface m'ap- Ce Traité des Devises est posthume.
prend une chose que je n'avais II fut imprimé
à Paris, l'an 1620 "^
point trouvée dans l'histoire du P^i" Adrien d'Amboise , fils de l'auteur,
^.^ ^'^ publia l'année suivante , à Pa-
collège de Navarre savoir qu'il :
p ?. • . ,
,
"S, un petit Traite de sa façon , mti-
a publie un petit /ra//e du ton- tulé Devises morales,
*'
cile et une Préface
, sur l'His- (B) On verra ci-dessous les titres de
toire de Grégoire de Tours (E) , quelques-uns de ses ouvrages.] Les
^oic.-El^S^e sur le trespas d'Anne
dans laquelle il justifie cet histo-
^ > ,
J "^ ^riontniorency pair et connétable
. ,
sur le sujet des deux Denys , l'A- Fiance en i568 (4). Panégyrique sur
de monsieur le duc de Guise,
réopagite et celui de Corinthe*\ ^^"'«'"'«f
,
i. O,
'
c Henry de Lorraine, et de madame 1
J'ai une addition à donner tou- duite du latin d'Antoine f^alel qu'en
,
/jflj. 8G.
488 AMB OISE.
duction d'une comédie italienne. Il se OEuures de Abajelard, ayants été
cet
nomme à la tête de celte version, Thier- imprimez ,auraient passé par l'in-
ils
ry de Timophile, G
Picard ; et il prit dice expurgatnire de Rome , je crois
aussi le même masque à la tête desife- quelajaulte n'en doïht tant eslre im-
grets funèbres de quelques animaux, putée a l'auteur qu'à celui qui aurait
qu'il traduisit de l'italien en iS^ô, et à fait la préface ; en laquelle , au lieu
la tête du Dialogue et Dei^isdes ûamoi- d'auertir le lecteur d'eslre snbre en la
selles qu'il publia l'an i583. La Croix
, lecture de tels et tels passages d'Aba-
du Maine, qui m'apprend cela, dit jelaFlD , il se serait ingéré de le uou~
que cet auteur auoit connaissance de loir deffendre : et de là le désordre.
beaucoup de langues et qu'il auoit , C'est ainsi que parle l'auteur des Anti-
publié plusieurs ouvrages en langue 3uités de Melun , avocat au parlement
latine.Son recueil de Devises fut e Paris (9). On ne peut pas dire dans
publié à Paris après sa mort, l'an la bonne exactitude qu'il ait fait la
1620. Vie de Pierre Abélard (10) il n'a
:
(C) Il a recueilli les manuscrits de donné qu'un court l'écit des principa-
Pierre Abélard.'] Il fit ses diligences les aventures de ce personnage. Ce
là-dessus d'une manière à mériter la récit contient un assez bon nombre
gratitude du public c'est à ses soins : d'erreurs ce n'est pas ici le lieu de
:
que nous devons une fort bonne édi- les critiquer ; mais, sans sortir du vé-
tion des écrits de ce fameux dialecti- ritable sujet de cette remarque , je
cien. Elle comprend , i"^. les lettres puis fort bien dire que François d'Am-
qu' Abélard et Héloïse s'écrivirent, qui boise n'a pas procuré à Pierre Abélard
sont précédées de la relation qu'il fit toute la gloire qu'il croyait lui procu-
lui-même de ses infortunes; 2°. les rer par l'édition de ses OEuvres. Le
lettres qu'il écrivit à quelques autres public n'a point trouvé dans les écrits
personnes, et celles que saint Bernard, de cet auteur cette grande subtilité ,
l'abbé de Clugni, etc. , écrivii'ent au cette grande force qui le rendirent si
sujet de ses erreurs , ou de sa condam- célèbre durant sa vie. Ecoutons en-
nation , ou de sa mort , avec quelques
core une fois Sébastien Roulliard :
traités qu'un de ses disciples publia Quant aux escripts de cet Abajelard ,
pour lui ;
3°. quelques traités dog- dit-il (i 1) certainement ils ne m'ont
,
débité qu'elle fut cause de ce que l'on (9) Sebast. Roulliard,;)»^. 35o. Son livre fut
imprimu à Paris, Van 1628, in-!\''.
fit à Rome contre l'ouvrage qu'il pu-
(10) On le dit pourtant dans le Calalugiis
blia. Et ce que depuis naguères les Aulorura Calalogoium, etc. de M. Tei.'sier
, p.
290.
(S) Pag- 4i3. (11} liist. de Melun, png. 318.
,,
AMBOISE. 489
meurs y font mille fautes que les cor- avec ce titrePétri Abœlardi, Sanc-
:
multiplie furieusement les êtres sans Hclo'issœ conjuqis ejus , quœ post-
nécessite. Nous en avons ici un exem- mnduTu prima Cœnobii Paruclitensis
j)le. Quelques-uns mettent cette ëdi- Abbatissa fuit, opéra, nunc priiniim
«iition d'Abélard en Tannée 1606(12), eruta ex MM^\ Codd et in lucern
L't quelques autres en Tan 1626 (i3). édita studio ac diligentid Andreœ
Ne doutez point que cela ne fasse dire Quercetani , Tiirone/isis. Parisiis ,
(E) // a publié une préface sur V His- manqué d'y dire que ces OEuvres
toire de Grégoire de Tours. ] Je ne étaient imprimées par les soins d'An-
doute point que ce ne soit celle dont dré du Chesne, édita studio Andreœ
M. l'abbé de Marolles a parlé ainsi Quercetani; au lieu que dans l'exem-
(i5) Son Histoire des François (il
: plaire qui a le nom d'Amboise le ,
dans les propres termes de celui qui Laon et abbé de Sainte -Geneviève.
,
me l'a fournie (17). « Il y a des exem- Cette épître manque dans la préten-
)) plaires des OEuvres d'Abélard qui due édition de M. d'Amboise, aussi-
>j portent à la tête le nom de M. d'Am- bien que la Préface que du Chesne
» boise ^ mais on en trouve d'autres ajouta où après avoir dit en géné-
, ,
dans les premières Jeuilles de Pandectar. Bran- et avoue devoir à M. d'Amboise les
Jenburg.
lettres et quelques autres petites piè-
(lâ) Préface sur Grégoire de Tours.
ces. Après cette préface suivent les
(16) Il n'est point dans la Bibliotbéqae de ,
Traité ou Discours sur l'Histoire Sacrée de saint d'état a une préface apologétique
Grégoire 1614. ,
pour Abélard qui mantjue dans l'é-
(17) Mémoire manuscrit, communiqué par
,
49"^ AMBOISE.
V exemplaires se repondent page pour St. -André à Paris et enfin eu ; ,
» partie des exemplaires porterait le nom d^Am- Adrien les ]Napoli(aiuKs comédie qui est de
,
ça pas moins que lui puisqu'il tre soiti d'une très-noblefamille.']. Néan-
,
AMBOISE. 49^
lité tieboursier et celle de régent de qu'ilne faudrait pas nier absolument
seconde que ce quelqu'un aurait eue
,
que quelque branche de l'illustre mai-
dans le collège de Navarre , il est sûr
qu'on ne songerait pas à ce qu'on di- °»>'é Hu nom qu'elle est une branche de l'illus-
,
ensemble. 11 me vient une pensée que de l'an 1S89 , le roi Henri III le créa cbevalier,
en considération des services que son père avait
je donnerai pour ce qu'elle me coûte :
rendus à quatre des prédécesseurs de ce prince:
c'est que peut-être les prédécesseurs et voici la copie de ces lettres de cbevalerle.
de François d'Amboise ayant dérogé ,
Lettres de chevalerie , donnr'es par le roi Hen-
il obtint la réhabilitation de sa fa-
ri III , an mois de juillet i58[) à François
,
lai'd , et qu'il y fut très-bien reçu par » courage et désir aux autres de parvenir par
•>vertu à telle ou plus grande dignité ou su-
l'abbesse , Marie de la Rochefoucaut > blimalion ; savoir faisons que nous, dûment
sa parente, donl l'aïeule paternelle ' acertenés des notables, louables , et vertueuses
dit-il , Anloiiiette d'ylniboi'se J'cninie » œuvres, actions et coraportemens de notre cher
,
« et bien araé M. François d'Amboise , sieur de
du seigneur de Barbesieux chei'aHer ,
» Vezeul, notre conseiller et avocat général en
de l'ordre, était Jille unique de Guy i>notre grand eon-eil, et président au parlement
d' Arnboise , et petite-Jille et héritière " de Bretaigne remémorant les services que feu
,
de Charles, seigneur de Chaumont ••son père a faits aux quatre rois nos predéces- ,
,
» seurs , et à nous, et considérant les grands ,
r.iaréchal de France de sorte qu'elle
agréables et fidèles services que le lit d'Am-
:
>'
recueillit toute la succession de celte » boise nous a faits tant en plusieurs charges
,
49^ AMB0I8E.
son d'Amhoise ne soit demeurée ou chirurgien de Charles ÏX était peut-
ne soit tombée dans l'obscurité. Le être de cette branche.
(B) Son épitaphe lui donne de grands
" et antres grands et notables personnages étant
éloi^es. ] je ne crois pas que l'on soit
" près de nous pour par lui jouir et doresnc-
;
" vant user dudit titre de chevalier, en tous fâché de la voir ici. Je la copie sur
" droits de noblesse , honneurs , autorités , pri- M. de Launoi
' viléges , exemptions , prérogatives et préénii-
'• nences en toutes et honorables assemblées , j4mboesi ,
paler erudilionum ,
" autres clievaliers créés , tant de notre main Idemque hcereseos severe censor ,
• mandement à nos amez et féaux les gens tenans AnUstes pie pauperum palrone,
,
>• qu'en tel cas est accoutumé. Car tel et notre ment qu'il ne 1 a fait beaucoup de faits généalo-
» plaisir. Et afin que notre présent don et octroi
giques qu'il a av;;ncésdans son ouvrage, et qu'on
n'a pas recliliés depuis , et qui resteront contre
» soit et demeure à jamais valable à la décora-
la vérité dans toutes les éditions que l'on fera de
'•tion dudit d'Amboise et de ses successeurs et
cet excellent livre. [ Tire d^un Mémoire commu-
,
Et 5°. que de ce mariage est sorti Giles-An- composé en 'Sgy touchant les
TOINE d'Amboisf vivant et demeurant dans la
,
marques de virginité , qu'alors
ville d'Amboise en Touraine, ou il épousa le l'J
de janvier 1700 Paule Guichard fille du maire , Jacques d'Amboise était docteur
de ladite ville, de laquelle il a un fils et deux
lilles vivans en 1716.
,
en médecine mais qu'il n'était ;
On .suppose dans un petit livre, intitulé /n- ^.^q maître ès-arts et bachcHer
dex fuiiereus Chirurgorum Parisiensium ab J-
, .
,
.irmo iBiSfliidiuiKm 1714, imprimé à Trévoux, en chiTurgie , lorsqu avec Deau-
chez Estienne Ganeaii , en I7i4i ui-12 que
.François, Adrien et Jacques d'Amboise (*') fils
,
in suo quisque statu percelebres Franciscus, Mich. Tliirioli Laudat. Hadr. Amlioc-
[b]
AMBOISE. 493
deciiie et médecin du roi , l'an tju'avec le grand nombre de ses
lorsqu'il fut élu recteur poésies, il ne soit tombé dans les
1
594 ,
teur en médecine.^ Cela paraît par ces voir être un grand attrait ; et
deux passages l'un est de Thiriot ( i )
: :
néanmoins ont subi la des-
elles
IValu minimus paternam, hoc est ulce-
tinée des autres poésies de Michel
ribus medendi artemamplexatus niul-
d'Amboise. On ne sait plus ce que
,
(1) Àpud Launoium, Hist. Gymnas. Navarr., nio Phileremo Fregoso, intitulé
Ris de Démocrite et Pleur d'He-
(2) Pinaas , de Virginit. N'otis , Ub. Il , cap.
VIII. raclite (y). Il a écrit en vers héroï-
ques la Défloration de la mort
AMBOISE (Michel écuyer de mes s ire Guillaume du Bellai^
d' ),
et seigneur de Chevillon
seigneur de Langey (g) et en *, vivait ;
vint une de ces villes que les Ro- Joscane sous la conduite d'Améroe ,
,
ti <,„„„„,„
Il suppose que ni- jf quelle
Plme a dit n cfutl -^
_,. , ^ , / ,
Liceron le conhrme dans le beau bâtie 964 ans avant la guerre de Per-
plaidoyer qu'il fit pour Roscius sée et il fait de Caton et de Plin
,
prend. La chrono-
(6). Elle est située dans un ter- logie de l'un comnent assez ai'ec la
roir fertile , et les coteaux qui chronologie de l'autre dit-il (3). Ca- ,
l'environnent ont de beaux vi- ton parle de plus de 900 ans a^ant la
guerre de Persée Pline en marque :
gnobles [c). Il n'est pas certain
964 aidant cette même guerre. Il est
qu'anciennement on estimât les donc aisé de les mettre d'accord en-
vignes d'Améria. Comme je ne semble. Que si l'un d'eux emploie le
fais cet article que pour rectifier terme de rebâtir et l'autre le terme ,
point plaide' pour un comédien ne en (4) Pllnius, Ub. III, cap. , in fine. XIV
cette ville le Roscius Amérinus pour
qui il plaida
:
qu'il avait appris d'un certain naître l'estime que Plotin avait
Lysimachus'^6); mais, par son ap- pour Amélius. Comme Plotin se
plication au travail il devança souciait peu d'étaler ses forces
,
,
posa de ces recueils une centaine que nos idées sont hors de notre
de Traités qu'il donna à son fils entendement {d). Voilà ce que le
adoptif. Il n'avait encore osé pro- père Mallebranche a renouvelé
duire que cela , lorsque Porphyre de nos jours. Plotin ayaut lu ces
vint à Rome (c) c'est-à-dire ,
,
objections les donna à réfuter
après avoir profité des instruc- à Amélius. L'opposant répliqua :
tions de Plotin pendant l'espace Amélius dupliqua; et enfin Por-
de dix-huit ans. Depuis il com- phyre comprenant la doctrine de
posa XL livres contre Zostria- Plotin y donna les mains et lut
, ,
(e) (C). Il avait cité dans l'un de va même plus loin ; car il est visible
par la Vie de Plotin à laquelle il ,
ses livres le commencement de nous renvoie touchant Castricius ,
contre autel.
(e^ Tiré de la Vie de Plotin composée
par Porphyre.
,
(B) Longin le mettait au petit —
nombre des philosophes dont les ou-
(_/) Dans sa Ptseparat. Evangel., lib, XI,
eap. XIX. trages lui semblaient dignes de con-
(g) Graec. Affection. , lib. II p. 5oo. ,
sidération. ] Ce nombre était si petit
(h) In Julian. lib. FUI., qu'ilne comprenait que deux auteurs,
Plotin et Amélius. La gloire de ce der-
(A) Suidas assure que Porphyre nier en était d'autant plus grande :
fut disciple d'Amélius. ] Porphyre dit cependant cela ne fit pas que ses écrits
lui-même que lorsqu'il commença ne déchussent assez tôt de leur pre-
d'être disciple de Plotin, il y avait dix- mière réputation. Eunapius les met
huit ans qu'Améliu3 étudiait sous ce dans la même catégorie que ceux
philosophe (i). Il ajoute qu'il fut le de deux autres condisciples de Por-
condiscipled'Amélius pendant six ans; phyre et prononce cet arrêt contre
,
lui pour aller en Sicile et l'autre , ÇêTai' ?.ô').oç Si mÙTùëv ouSs l'iç (5). Quo-
pour aller à Apamée. Ils demeurèrent rum extanl quidem i^olumina, sed exis-
pour le moins jusqu'à la mort de timatio prnpè nulla est (6). Il en donne
Plotin au lieu où ils s'étaient retirés. pour raison qu'ils étaient destitués des
Or, comme Porphyre avait alors envi- ornemens du langage , et purement
ron trente-huit ans, et qu'il avait eu à dogmatiques.
Rome plus de réputation qu' Amélius, (C) Jl était grand observateur des
il n'y a nulle apparence qu'il soit de-
nouvelles lunes et des fêles. ] Je n'i-
venu son disciple. Joignez à cela
qu'Amélius en lui dédiant son Apo-
, (3) Theodor. Grsecar. Affect. , fag. 5oo.
logie de Plotin le prie d'en excuser (4) Tillemonl, llist. des
Emper., tom. III,
,
pag. 1084, édition de Bruxelles.
et d'en corriger les défauts {•?.). En-
(5) Eunap. in Vitis Sopbislarum , pag. 20-
''i) Porpbyr. in Vilâ Piolini. (6 Je rapporte la version (i'Hadrianns Juiiin^,
(2) Ibidem. où il me semble que propè est supeijlu.
AMÉSIUS. 497
gnore pas qu'au lieu des noui^elles
, Henning Witte l'assure dans son
lune-' il serait plus sûr de tlire ties
, ,
Diarium biographicum. L'épî-
premiers jours du mois , comme a
tre dédicatoire de ses Leçons sur
fait Marsile Ficia ^7) j mais j'ai cru
que mon expression serait plus faci- les psaumes , en i635 témoi- ,"
lement entendue. Voici les termes de gne qu'il était déjà mort. On voit
Porphyre <fiXo8iiTou (Tj yiyovrjro; tou
:
dans cette même épitre qu'après
xa/ Ta. lê^ot xatT-à vo:/jM«v<*v ,
'A//êAi'ot/ , ,
que^ et pour lepuritanisme, dont que, selon lui il n'y avait pas d'au-
,
TOME I. 32
, ,
498 AMYOT.
copat ou de faire revenir de l'enfer ce , et Oronce Fine qui ensei-
,
,
l'église romaine Ui scilicet soli inter
:
turpes, et omnes Jilii Belial Adeà- précepteur de ses enfans *-^. Les
queuel è medio tollenduni ementitum progrès qu'ils firent sous ce pré-
nunc episcoporura ordinera Tel de- ,
cepteur engagèrent leur père à
nuô papam revocandum ab orco (2).
le recommander fortement à la
(2) Grevincliovii prœf. Dissert, de duabas princesse Marguerite , duchesse
*"*' iij-
Qusest. , fol.
de Berry, sœur unique de Fran-
AMESTRIS, femme de Xerxès, çois I*"^. Cette recommandation
roi de Perse. premiè- fut cause qu' Amyot obtint une
Voyez la
mais de fort petite condition (A), pourvoir d'un bénéfice celui qui
employèrent toute leur industrie "' Tl n'en avait quevingt-deux, ditLeclcrc;
pour le faire subsister à Paris et c'était en i535.
a été lecteur de François 7"".
cil il humanités et son
fit ses (a) //
*'
Ce ne fut pas avec Colin remarqtie ,
des sous les professeurs royaux traductions II avait d'abord traduit en vers
que François F', avait établis. quelques tragédies d'Euripide. Elles n'onl
jamais paru.
Il ouït Jacques Tusan qui ex-
,
(c; On appelle ordinairement ce livre /'His-
pliquait les poètes grecs , Pierre toire Etliiopique d Héliodore.
*' Ce ne fut pas pour cette traduction
Uanès , qui professait l'éloquen- ,
guerres civiles et l'esprit rebelle 6o5 et suif. C'est de son Extrait que j'ai tiré
de ses diocésains lui causèrent cet article. [Cette Vie avait été imprimée ,
mille chagrins (G) : il fut volé en comme le dit Leclerc , dans la Nova BiLlio-
lliecadu pèremaiiuscriptorum Li))rorum
revenant des de Blois , l'an Labbe 165^, in-J'olio pag.b7.l et suif.
états ,
,
dix-neuvième année (H). II avait ses Additions aux Eloges tirés deM. deïhou,
prêché quelquefois le jour des tom. II, pag. i52.
* Bayle comme tous ceux qui ont
fêtes solennelles. Il employait la
« ,
tume fort particulière en prê- » Galliarum régis, Caroli noni, piissimi, jus-
• tissimiquepnncipis tumiilus Paris, iHerel,
chant : il tournait du côté du • iSj^i in-l{°. ' Cette pièce, mentionnée
peuple l'ouverture de la chaire , dans la Biblioth. bistor. de la France, (e'ilit.
de Fontette a io8 fers. Nicéron parle d'un
et se tenait assis au milieu sur un
)
n'y réussit pas (I). Voilà ce que critique et Complément des Dict. bistori-
ques pense que ce volume, que personne n'a
J'ai extrait d'une Vie d' Amyot , pu voir ne peut être que les OEuvres mo-
)
achevée par sou secrétaire (h). Paul Frellon, 1611, 2 vo/. in-è°. qui ont
(g-) A la première institution de cet ordre pu un vol. in-8°. mais dont lo
être reliés en ;
* // afait, dit Jo/j', soixante et dix-neiif braire, aura induit en erreur le père Niceron.
ans, trois mois et huit jours. On a. il y a quinze ans, imprimé pour la
(h) Elle est en latin, et n'a pas été impri- première/ois un ouvrage d' Amyot, intitule:
mée ; mais Sebastien RouUiard
avocat au, Projet de l'Éloquence royale, composé pour
parlement de Paris qui l'a lue, en a publié
,
Heuri III, roi d^France, Paris, l8o5, in 4».
nn extrait dans les Aatiiuiles de Melua p. ,
,,
AMYOT. Soi
Les choses que M. Varillas rap- » geast de
viande qu'il avoit veu
la
porte touchant Amyot sont plei- » appresterà son père: osté cette ava-
)) rice c'était un grand et savant
,
nes de faussetés (0). Il en faudra » personnage en grec et latin tes- ,
faire la critique cela peut servir : » moin les belles et éloquentes tra-
à débrouiller le chaos. » ductions qu'il a faites de Plutarque,
)' qu'aucuns pourtant ses envieux ont
(A) Son père et sa mère.... étaient » voulu dire qu'il ne les avoit pas
de fort petite condition. ] Quelques- )) faites mais un certain grand per-
,
nns disent que le père d'Amyot était » sonnage et fort savant en grec, qui
vn courrojreur de Melun (i) selon : » se trouva , par bon cas pour lui
d'autres , il fnisoil et vendoil des » prisonnier dans la conciergerie du
bourses et aiguillettes (2) ] enfin, selon » palais de Paris , et en nécessité ;
d'autres , il était boucher. Je trouve » il le sceut-là , le retira et le prit à
trois bons auteurs pour cette dernière » son service et eux deux en ca-
, ,
ignorée ,
quand même elle serait )'savoir et discouru avec lui dira ,
dit d'une audace brave et menaçante : » rit très-bien cebrave roi , et surtout
« C'est à vous autres d'obéir à mes » fort catholiquement. m Si j'avais à
i» ordonnances
, sans disputer ni con- mettre en doute les trois basses pro-
» tester quelles; elles sont 5 car je sai fessions qu'on attribue au père de no-
5' mieus que vous ce qui est propre tre Amyot ce ne serait point par
,
" et convenable pour le bien et profit la raison que son fils n'en a désigné
» de mon royaume; » ajoute: «N'ayant aucune dans le manuscrit de sa vie :
" de bons et beaux bénéfices , et fait détail les importune sur ce sujet.
» évêque de Lizieux (5j , et l'appeloit Ils vous avoueront en général , tant
5)toujours son maître et se jouant : qu'ilvous plaira qu'ils n'étaient pas ,
« son avarice , et qu'il ne se nour- tendez pas qu'ils vous donnent des
» rissoit que de langues de bœuf 5 mémoires où vous puissiez lire que
» aussi étoit-il fils d'un boucher de leur père était boucher savetier , ,
(3) Thuanus , Histor. lib. C, ad ann. iSgi, bien qu'on les place dans leur éloge,
pag. 4o5.
Meloduno oppido sont si rares qu'encore qu'il fût vrai
(4) Laniijilius eral, orlus, ,
vtr excellenli in^enio^ latine grcecè doctis' que et qu'Amyot gueusa quelque temps par
simus. Carolu! Magistrwn eum appellabal, inter les rues de Paris je ne m'étonnerais ,
jocos (ivaritiain objtciens et sordes , qubd lin-
pas qu'il n'eût point chargé de cela
guis bubulis ulerelur. Papyr. Masso, in Hislor.
\itaE Caroli IX.
(5) // se trompe ; il fallait dire Auierre , et {&) Roulliard , Hist. de l'Aniiijuil. de Melnii
«on Lisieax. pas- ^"^-
,
502 AMYOT.
les Mémoires de sa vie. Ainsi je ne gie chez un gentilhomme de ses amis ,
re'fiife point par son silence ce que et que M. de l'Hôpital, qui ne le con-
l'on conte de sa gueuserie , et de sa naissait point, l'ait uniquement re-
condition de laquais , et de son séjour commandé à cause d'une épigramrae
à l'hôpital d'Orléans (7). Il est vrai grecque qui avait été présentée à
que je ne saurais accorder avec ce si- ce monarque (js). Cela ne saurait
lence , l'endroit de son testament , n'être point faux , s'il est vrai , comme
où lègue douze cents ecus à cet hô-
il porte manuscrit de la Vie d'Amyot,
le
pital * , en reconnaissance de la cha- que ce docte personnage avait été
rité qu'il y avait éprouve'e (8). On a plusieurs années professeur à Bourges,
observe que , dans ses OEmies, il avant la mort de François 1*^"". et que ,
son pays, et que, pendant son bon- que, avaient valu à leur auteur une
heur il a eujbrt peu d'habitude avec
, fort bonne abbaye. Serait-il possible
sa patrie (9). 11 avait sans doute la que M. de l'Hôpital n'eût pas connu
faiblesse de regarder cette ville comme un Français dont le public avait ,
moins , qu'il avança quelques per- fait avant la première édition des
sonnes de sa famille. // est mort ho- Amours de Théagène ? Ajoutons que
noré de grands estais, et riche de plus la Vie maïuiscrite d'Amyot le fait al-
de deux cent mille escus , sans infinis ler en Italie peu après Ja mort de
autres moyens qu'il aucit d'ai^aucer François F'. Accordez cela si vous ,
que l'abbé le jugeant digne d'une vie d'Amyot qui contient la relation de ,
plus éclatante que celte du cloistre son voyage de Trente. Il écrivit peu
,
ne cite personne qui ait laisse' par bien loin de dire que M. de Morvil-
écrit une particularité si peu connue. lier ambassadeur de France à Ve- ,
(C) François I^''. lui donna l'(dj- nise l'eût envoyé porter les lettres ,
François J^atable t^enait défaire t>a- pressément qu'il fut choisi pour cette
quer. ~\ Ceci est entièrement incom- affaire par le cardinal de Tournon,
patible avec le narré de M. de Saint- et par l'ambassadeur de Selve. C'est
Réal. Cet auteur veut que sous le ré- une preuve convaincante que Mor-
,
gne de Henri II Amyot ait été encore villier n'était pas alors ambassadeur
,
dans l'obscurité d'une petite pédago- à Venise et cela paraît encore plus :
AMYOT. 5o3
car elle est adresse'e à M. de Morvil- fait avéré. Or on fait tomber par-là
lier en cour. Remarquez bien ces pa- plus de la moitié de l'iiistoire que l'ab-
roles d'Arnyot : Ha
pieu a M. le car- bé de Saint-Réal raconte touchant la
dinal de T'jurnon et a M. l'ambas- fortune de ceprélat. Ildit qu'Amyot,
,
sadeur de Sel^e, de m
élire pour faire sous le règne de ses disciples François
cesle commission , sans que je pen- II et Charles IX, n'avait que l'abbaye
sasse à rien moins qu'a cela njr à de Bellosane , avec la gloire d'avoir
,
chose semblable.... (l5). Il faut noter prononcé dei^ant tout le concile l3i judi-
que non'- seulement je n estais point cieuse et hardie Protestation de Henri
nommé en celle lettre (i6) ni près ni II et que sa fortune était apparem- ,
loin ; mais qui pis est, on n'en afoit ment pour en demeurer là , sans une
pas seulement envoyé la coppie par rencontre fortuite qui le porta plus , ,
laquelle nous peussions scafoir ce qu'il haut qu'il n'aidait jamais espéré et ,
avait reconnu la vérité du bon témoi- règne de Charles IX. D'ailleurs Fran- ,
gnage que M. de l'Hôpital avait rendu, çois II ne fut pas disciple d'Amyot
quand il avait dit au roi qu'Amyot mais de Pierre Danès, Poursuivons :
mt^rilait d'être précepteur des enfans M. deSaint-Kéal suppose que la reine-
de France. Tout cela est réfuté invin- mère ayant su bientôt ce que Char- ,
ciblement par la lettre d'Amyot à les IX avait fait pour son précepteur,
Morvillier. Corrigez sans crainte ce fit appeler celui-ci dans son cabinet,
mensonge dans du Saussai Cœterùm, où, elle le reçut d'abord avec ces ef-
.•
5o4 AMYOÏ.
qu'il donna
cette charge à son précep- élèves l'avaient comblé , et d'avoir eu
teur^ mais rien n'est plus faux il la : trop de complaisance pour la fureur
lui donna le lendemain de son ave'- séditieuse et ligueuse de ceux d'Auxer-
neraent à la couronne avant que , re. L'amour de l'étude et la vieil-
Catuerine de Me'dicis eût goûte de la lesse luiavaient fait prendre le parti
re'gence , et qu'elle eût fait bmiquer de résidence , et il n'eut pas la force
la
bien des gens. Tout le monde sait que de résister au torrent de la rébellion
sou pouvoir fut assez petit sous Fran- (24)- Sébastien Roulliard n'en parle
çois 11. Je ne laisse pas de dire que pas de la sorte il insinue qu'on le :
sont belles et bonnes. Quant à Tévê- à la sortie des estais de Bloisl'an 1 689,
ché d'Auxerre il fut donné à Amyot, pource que par la fureur des troubles
, ,
non Tan i568, comme l'assure Du qui pour lors s' echaiiff èrent il fut ,
Peyrat (20), mais l'an iSyo (21; tout volé et destrousse a my-cheviin re-
après la mort du cardinal Philibert tournant a yluxerre, et qu'estant arrivé
Babou qui le possédait. lui fut baillé beaucoup de peine
(F; Henri
,
m l'a
\jouIuI qu'en saconsi- par les habitans voire par son clergé
Jératinn tous les aumôniers de France pour les causes du temps Enfin pe-
,
grand aumosnier serait associé au avoue bien les mauvais bruits qui
mesme ordre en titre de commandeur avaient couru mais il ne les croit pas ,
toutes Jois (dit-il) ne seront tenus J aire (H) Il mourut en iSgS, courant sa
preuve de noblesse ce qu'il adjousta soixante-dix -neuvième année. ^ M. de
,
pour gratifier ledit Amiot lequel Thou s'était adressé à des gens bien
,
n'estoit pas de noble extraction mais mal instruits sur le chapitre d'Amyot ,
qu'Amyot dressa les statuts et les li- cum tertium detestabili parricidarum
tanies , ou plutôt l'oflice de l'Ordre coitione sublatum è vii'is excessitip.']]. :
Hujus statula et horarias preces scitè (Ij 11 se mêla de poésie, et n'y réus-
et scienter composuit. sit pas.'} Sébastien Roulliard, son
(G) L' esprit rebelle de ses diocésains compatriote, l'épargnerait sans doute
lui causa mille chagrins. ] M. de sur ce sujet, si cela était possible.
Thou fait une remarque bien flétris- Voici ce qu'il en dit Quant au poème :
sante pour la mémoire de notre latin qu'il fit sur le sacre du roi
''
les bienfaits dont les deux princes ses qu'il s' estait fort addonnéh la lecture
il' Horace mais auroit esté peu adroit ;
(20) Hist. Ecoles, de la Coar, etc. p. 48 1.
(21) On s''est donc trompé dans la table de la
en son génie poétique (28). La version
,
Version de Fra-Paolo où Von a dit çu'Arayot des vers grecs en vers français, à la-
,
alla ambassadeur à Rome sous le nom d'évêque quelle Amyot se voulut assujettir dans
,
Fra-Paolo par/»", n'était point Jacques Amyot. son Plutarque est affreuse. Charles ,
AMYOT. 5o5
son opinion ha esté suivie de beau- du magasin d'un libraire. On s'en
coup d'aulires (29). Roulliard apporte consolera aisément, dit-il pendant ,
(Kj Ses traductions ont été son plus Plutarcho licet majore plerumquè ele-
bel endroit.^ La première de toutes a gantid quamfide gallicè redditis (34).
c'te' celle des amours de Théagène et de il a oublié un autre passage de M. de
vant point dans Plutarque la Vie d'E- » dans Amyot, au lieu que dans le
paminondas ni celle de Scipion le, , '>texte grec ce n'est que son cheval,
pria de les composer. Il le fit mais j
» j'aime mieux croire que ce fameux
elles n'ont pas été publiées. La pre'- J> s'est servi d'exemplaires
interprète
face était déjà toute prêle Pierre : w différens de ceux que nous avons
Mathieu l'a vue '3ij;ilfautdonccroire » que de dire avec .M. de Thou que
, ,
qu'Amyot avait mis la dernière main » ses versions sont bien plus polies
à cet ouvrage. Il n'osa dit-on (Sa) , )) quefidèies, et qu'il ne recherchait
entreprendre la traduction de Phi- )) pas tant la vérité qu'il affectait de ,
lostrate, quoique le Roi Henri III la » plaire aux oreilles délicates (*'). Je
lui eiit souvent demandée il s'en ex- : » sais qu'un savant et sage juriscon-
cusa sur l'impossibilité et quand ce ; » suite (*^) l'accuse de n'avoir pas sea
prince, ayant vu la version de Vigé- M comprendre une belle antiquité
nère dit à Amyot Hé bien , i^ous di-
, : » touchant une loi de Solon ; car au
siez que Philostrate estoit hors de )> lieu d'écrire que ce législateur s'é-
traduction? Amyot lui répondit qu'il » toit vanté quelque part dans ses
l'avait cru jusqu'à celte heure. » poésies qu'il avoil délivré les Athé-
(L) Tous les critiques ne lui sont » niens de toutes les dettes qu'ils
pas favorables. ] M. Bailleta Irès-heu- » avoient contractées, et osté les
reusement recueilli les éloges que l'on » brandons ou pannonceaux qui étaient
a donnés au Plutarque d'Amyot (33). » posez en beaucoup de lieux sur les
Ils sont beaux et glorieux. J'y ajoute » terres hypothéqiuies , il avoil tra-
ce que j'entendis dire à M. Conrart, ') duit d'avoir asté les bornes qui
,
5o6 AMYOT.
» droits où le bon Amyot a pris le à son précepteur. Un autre livre m'ap-
,
)) dans un discours qu'il a fait de la prince lui dit lih quoi mon maistre , : ,
» traduction après avoir loué l'es- t>ous disiez que si vous aviez mille
,
» éloquent traducteur en sa l'ersion de crois que vous les avez et plus. Sire ,
)) Plutarc/ue, prétend montrer qu'en repondit-il, l'appétit vient en mangeant;
i> dii^ers passages qu'il a remarquez , et loutejois obtint ce qu'il désiroit {^o).
3'jusques au nombre de deux mille, On prendra veut pour une
si l'on
» il a fait des fautes très-grnsiières. » preuve équivoque de son avarice les
(M) On veut qu'il ait été plagiaire.'] deux cent raille écus de bien qu'il
On a vu (36) ce que dit Brantôme sur amassa (4<)>
ce sujet. Voyons maintenant ce que (()) Les choses que M. de f^arillas
d'autres en ont dit. J'ai ouï dire rapporte touchant Amyot sont pleines
c'est M. Colomiés qui parle (87) h , de faussetés. ] 11 dit que la cour de
M. Patin quil avait appris du bon
,
François V^. s'étant arrêtée durant
homme Laurens Bochel (qui ajail quelques heures dans le chdleau d'un
imprimer les Décrets de l'Eglise Gal- gentilhomme de Berry Amyot, qui ,
licane , etc. ) ,
qu Amyot avoil traduit était précepteur chez ce gentilhomme,
les f^ies de P lutarque sur une vieille en prit occasion de présenter a sa ma-
t'ersion italienne de la bibliothèque jesté une épigramme de quatre vers
du roi , cause des fau-
et qu'elle était grecs qu'il venait de composer. Les
,
tes qu'il avait faites. Je ne sai si celte savons ,qui suivaient samajesté, trou-
t-'ersion n'est point celle que fit sur le vèrent l'epigramme si belle, que l'on
latin l'an \^%i Baptiste Alexandre
, , ne jugea pas à propos de laisser plus
Jaconel de Itielé qui est dans la ,
long-temps son auteur dans une pro-
même bibliothtquc * La Popelinicre . vince trop éloignée de Paris. Le roi
accuse Amyot de n'avoir pas rendu à l'attacha à son service par une pen-
Turnebe l'honneur qui lui était dû, sion considérable (42) Tout ceci est
puisqu'il n'a point publié les secours plein de transpositions de circon-
qu'il avait tirés de lui pour l'intelli- stances; car nous avons vu (43) que
gence des passages difficiles (38;. Il pré- l'on attribue à Michel de l'Hôpital le
tend que Turnebe lui envoyai! les bon eflét que produisirent quelques
passages tout entiers tournez en Fran- vers grecs d'Amyot présentés à Hen-
çois sur lesquels Amyot était en peine, ri II. M. Varillas raconte dans un autre
et que plusieurs autres gens doctes livre (44)? qu'Amyot , professeur en
l'aidèrent de leurs bons avis (Sg). grec à Bourges , se fit connaître à la
(N) Quelques-uns l'ont accuse d'a- cour par sa politesse a écrire en fran-
varice. ] J'ai cité dans la remarque (A) çais et qu'alors Bouchetel et Morvil-
,
A M Y R AUX 5oj
devant les pères du concile ilen donne :
(5o) :, par conséquent, ce ne fut
et
le pre'cis cl il cite la Harangue d'A-
, point lui qui le fît connaître à cet
myot. Mais cette harangue est une chi- abbé. On trouve dans les mêmes Mé-
mère Amyot ne fit que lire la protes-
: moires, qu'Amyot remplit la charge
tation du roi. Quelle hardiesse n'est- de professeur l'espace de dix ans et ,
ce pas de citer des manuscrits qui que soiii'enles fois on lui ha ouï dire
n existèrent jamais ? M. Varillas as- entre ses amis qu'il a^'oit un honneste
,
sure qu'Amyot , âge' de dix ans , fut appoinclement que jamais en sa i'ie
;
trouvé malade , sur le chemin de Pa- n'eut meilleur temps que celui - là ,
ris , au bord d'un fosse , et qu'«« gen- et ai'oit pris un fort grand plaisir à
tilliomme passant.... le mit sur son , faire cet exercice à cause qu'il jouis-
cheval, et le conduisit en le soute- , soitd'un extrême repns {5i).l\nes'en-
nant , dans une maison proche , où il nuya donc pas Ijientôt d'enseigner pu-
guérit , et reçut charitablement pour bliquement. M. Varillas observe que
passer chemin seize sous , qu'il rendit Bouchetel et Morvillier lui représen-
depuis avec usure en laissant aux hé- tèrent l'obstacle que son hérésie ap-
ritiers de son bienfaiteur seize cents porlnit h son salut et à sa fortune et ,
écus de rente (45). La Vie d'A myot qu il profita de leur aduis. Bouchetel
orte qu'il légua douze cents écus à le connaissait donc pour calviniste
;
F'hôpital d'Orléans (46). C'était là mais en ce cas-là, aurait-il voulu le
qu'il avait été mené par le gentil- faire précepteur de ses enfans, comme
homme c'était là qu'il avait été gué- il avait fait (Sî) ?
:
jM'abbédeSaint-Ambroise,enqua-
3) lité de précepteur de ses neveux, septembre 1596. Ayant fait son
» et le choisit depuis pour son suc- cours de philosophie il fut ,
rien de tout cela avec les Mémoires science , avec tant d'assiduité ,
meuré dix-huit mois, il fut appelé fait les députés du dernier synode
à Saumur pour y succéder à M.
,
national; et il ménagea cette af-
Daillé qui sortait de ce poste ,
,
faire avec tant d'adresse et de
afin d'aller être ministre de Cha- fermeté , qu'il fut enfin admis à
renton {b). En même temps que l'audience selon l'ancien usage ,
de Saïunur le souhaita
l'église et selon le désir de la compa-
pour ministre, le conseil acadé- gnie (c). Cette députation le fit
mique jeta les yeux sur lui pour connaître au cardinal de Riche-
la profession en théologie. C'est lieu , qui s'étonna de lui trouver
pour cela que l'église de Rouen , tant de qualités qui ne sentaient
et celle de Tours, qui le deman- point son homme d'étude. Quel-
dèrent en même temjjs au synode, que temps après il publia un écrit,
ne l'obtinrent pas car les syno- ; oii il expliqua le mystère de la
des nationaux avaient réglé que prédestination et de la grâce, selou
les intérêts des académies seraient les hypothèses de Cameron (D).
préférés à ceux des églises. Sa Cet écrit excita une espèce de
réception au professorat en i633, guerre civile parmi les théolo-
l'examen qui la précéda, et la giens protestans de France (E).
thèse inaugurale de Sacerdolio Ceux qui n'étaient point dans ces
Chris ti , lui attirèrent beaucoup hypothèses crièrent à la nou-
d'applaudissemens. On reçut avec veauté , et surtout lorsqu'ils vi-
lui deux autres excellens profes- rent le grand du Moulin en cam-
seurs Louis Cappel et Josué de
, , pagne , qui ne cessait d'accuser
la Place si bien que l'on donna
: M. Amyraut de contravention
tout à la fois à l'académie de Sau- au synode de Dordrecht et de ,
[b) La Vie de M. Daillé tious apprend (c) La Harangue qu'ilfit au roi esUnsèrée
qu'il fut appelé à Paris L'an 1626. d'ins lu M<.TCure frauçaii de l'an. l63l.
AMYRAUT. 509
une telle impression surplusieurs livres (g). Pendant
synode na- le
iDinistres,qu'encorequeM. Aray- tionalde l'année i645,M. Aniy-
raut eût publié un écrit (<f), oii il raut fut prié par la compa-
soutenait que Calvin avait ensei- gaie d'entrer en conférence avec
gné la grâce universelle , on vit M. de la Milletière afiu de tâ- ,
qu'ils ne parlaient que de dépo- dans les livres qu'ils avaient déjà
ser (F). Les députés des provinces publiés l'un contre l'autre. La
de delà la Loire furent ceux qui doctrine de M. de la Place sur le
témoignèrent le plus de chaleur, péché originel fut attaquée dans
INéanmoins la compagnie ayant ce synode. M. Amy raut , en
,
venu aux reglemens qui concer- l'intérêt de son collègue : car son
naient ce silence et il se plai- sentiment là-dessus n'était point
;
que le synode d'Anjou trouve- à vue d'oeil après la mort de ces il-
rait bon. Ce synode lui permit lustres professeurs (h). M. Amy-
de publier une réponse aux trois rautsurvécutà ses deux collègues,
volumes de M. Spanheim sur la etaeule temps de publier un très-
grâce universelle (G); ce qui fut grand nombre de livres (H). Il
la source de quantité d'autres avait autant de facilité pour la
plume
»
que pour la langue
o et c'est :
huit mois après avoir été ma- ne TAmyrault *, son bisaïeul, e'tait
riée («). La douleur oii cette échevin â'Orléans lorsqu'on y reforma
la coutume, en iSog. Le |irocès verbal
perte plongea sa femme fut cause
de la coutume en fait foi. On prétend
qu'il composa un Traité de l'état que le chef de la famille est un l'Amy-
des Fidèles après la Mort et , rault dont le touibeau est de Tannée
,
Bosc écrivit de sa propre main au son épitaphe. Cette famille est bien-
bas de l'estampe de Amyraut: M faitrice du couvent et de l'église des
Minimes d'Orléans , et en cette qua-
,
5l2 AMYilAUT.
minister salmuriemis , homo saltem et la cour ayant trouve à propos de
nomine (nescio an et progenie) judœo- ne pas accorder cette demande, M. de
turca. Dans les pages suivantes il l'ap- la Vrillière eut ordre de le déclarer
pelle Amyrath. aux députés. M. Amyraut lui repré-
Ces paroles du père Bartolocci sont senta fort adroitement et fort respec- ,
quant apud Patres, expllcatur. Pars conférer avec lui sur ce sujet et ,
M. Amyraut que par une pièce adop plaintes, et goûta extrêmement l'es-
tive de M. Wagenseil Ta pris bonne- prit et les manières de ce ministre.
,
de\e parler point à genoux.] M. Amy- tle Chartres de qui ce ministre était
ne par ,
AMYRAUT. 13
Voilà ce que portent mes ine'moires milles, ou qu'il se forme deux paviis.
manuscrits. JI. Amyraut ne débite N'achevez pas de réveiller mille mau-
point ce sujet de son ouvrage, mais vaises passions, qu'il faut tenir en-
un autre assez diflërent (6). chaînées comme autant de bctes fé-
(E) Son écrit excita une espèce de roces et malheur à vous , si vous êtes
5
suene civile parmi les théologiens cause qu'elles brisent leurs fers. Grâ-
protcslans de France.l Cette dispute ce à Dieu la guerre civile de la grâce
,
ont les premiers remué cette question, Des taureaux furieux dont la gueule béante
Elit transi de Jrajeur le grand cheval d'Al-
r(ue de soutenir qu'ils n'auraient pas lante j
laissé de le faire, encore qu'ils eussent Un char que des dragons étincelans d'e'clairs
prévu tous les maux qui en devaient Promenaient en sifflant par le vide des a,rs
De'mogorgon encore à la trine figure
résulter car où est l'utilité et le oui
:
,
(G) Prœfat. Speciminis Animadvers. de Gra- Voyez les Actes authentiques de David Blondel,
tiâ Ùniversali. pag. 85. Ce M. de Champvernou s^appetait
(7) Joannes Qiiick , ministre a Londres : son Guillaume Rivet et e'titit frère d'A.Bdrè Uivet,
,
TOME I. 33
,, , ,
Dl/i AMYRAUT.
excité de tempêtes contre un dogme et que les livres coup sur coup volent
qu'ils ont reconnu enfin innocent, et en foule de lieu en lieu laissez-les :
point morts sans s'être couverts de Hi motus animorum , atque hœc cerlamina
confusion pour le moins au pied
, lanla ,
du trône de la Majesté divine à la , Pulveris exiguijaclu compressa quieseent( 1 3) •
en l'année 1686, n'ont point été sou- temps. Son livre de l' Elévation de la
mis à quelque déclaration qui donnât J'oi et l'Abaissement de la raison ,
AMYRAUT. 5i5
raer l'an 1662. Son livre de la f^oca- » cette mauvaise opinion , et peut-
tion des paUeurs , parut en 1649. Il » être même que vous vous éfoune-
avait proche sur cette matière devant » riezde l'illusion que les préjugés
M. le prince de Tarente, pendant la » de votre passion ont causée dans
tenue d'un synode provincial dont il » votre esprit, lui faisant prendre,
fut modérateur. Ce prince souliaita » comme contre votre trans-
dites ,
que ce sermon ft\t imprime, et que la » substantiation des choses qui n'a-
,
matière fût traitée plus amplement ; » vaient été écrites que contre les
car c'était un grand lieu commun en- » extravagances de l'idolâtrie des
tre les mains des missionnaires. C'est » païens (i6j. i>
pourquoi .M. Amyraut ne se contenta (I) Ze cardinal de Richelieu lui
fit
pas de faire imprimer son sermon, il parler de son grand dessein de réunir
publia aussi un Traité complet sur les deux Eglises. ] Le jésuite qui
cette importante controverse, et dédia s'entretint là-dessus avec .\I. Amyraut
le tout à M. le prince de Tarente. Sa s'appelait le père Audebert *. M. de
Morale Chrétienne en six volumes , Villeneuve, qui était alors lieutenant
in-8°. dont le premier fut imprimé
, de roi à Saumur les ayant fait dîner ,
l'an i652, est le fruit des conversa- ensemble et cela avec tant de com-
, ,
tions qu'il avait souvent avec M. de plaisance pour le ministre qu'il lui ,
Villarnoul , seigneur d'un mérite ex- donna le haut bout sur le jésuite, et
traordinaire , et l'un des plus savans qu'il n'y eut point pour le coup de
gentilshommes de l'Europe, héritier, Benedicite à sa table fit en sorte que ,
il voulut avoir toujours auprès de lui lui recommandant le silence. Cet en-
M. Amyraut. Il en reçut plusieurs droit de ses Mémoires n'a pas été em-
visites durant sa dernière maladie , et ployé dans la vie de M. de la Ber-
il se recommanda même à ses prières , chèi-e qui a été donnée au public. ,
et vouhit que l'on priât Dieu pour lui Il dédia en 1648 son livre des Droits , ,
cette ancienne connaissance et, dès tous sa visite, et lui marquaient une
,
ler faire la révérence tout aussitôt , et vince. Il ne tint qu'à lui d'aller loger
d'en être reçu comme à l'ordinaire chez cet intendant qui l'en pria et
,
, ,
entre eux une gi-ande liaison. Ils se (17) Dans la remarque (D).
voyaient ordinairement deux fois la (18) Elle en dans l'église des pères de l'Ora-
semaine ; ainsi l'on ne doit pas s'é- toire , au bout d'un faubourg de Saumur.
,
AMYRAUT.
reçut deus visites de ce ministre il lui parla d'affaires d'etal , il lui
s'entretint avec lui près de deux heu- elala tous les efforts que Ton faisait
res chaque fois , et le traita fort ci- en Xainton{;e pour entraîner ceux de
vilement. On parla entre autres cho- la religion au parti des princes et le ,
même temps qu'il fallait qu'ils inter- même c'aurait été une grâce au com-
rompissent leurs assemblées les trois mencement l'observation en serait,
raut prêcha le dimanche sur ces pa- lui cita cette maxime du droit Quod :
roi , dès qu'ils furent sortis du tem- Eminence est chez le minisire Amy-
ple, mais aussi le soir pendant le sou- raut ce sont deux ecclésiastiques en~
:
per de la reine. Ce fut alors que le semble ; mais je suis sûr qu'ils ne par-
cardinal .Mazarin ouït parler de ce leront point de religion ; son Emi-
sermon , et qu'il apprit de la bouche nence n'y trouverait pas son compte.
de M. de Comminges le zèle que Pendant les cinq semaines que le roi
M. Amyraut et tous ceux de la re-
, fut à Saumur , 51. Amyraut fit plu-
ligion de ces quartiers-là avaient té- ,
sieurs visites au cardinal et en fut ,
moigné pour le service du roi dans les toujours bien reçu ; et lorsqu'il prit
derniers troubles. L'envie qu'eut le congé de son Eminence, elle lui dit
cardinal de voir ce ministre fut si de lui écrire directement foutes les
grande qu'il la lui fit témoigner dès
,
fois qu'il aurait à demander quelque
le lendemain matin par le juge de la chose soit pour le parti en général,
,
rons besoin df_ i'olre intercession au- fit beaucoup de civilités. 11 lui parla
5i8 AMYRAUT.
lut qtieM. Amyraut lui en écrivît. On toujours aux peuples , par ses prédi-
se donna l'honneur de lui en écrire cations le parti de l'obéissance ; et ,
main ^ et depuis toutes les fois qu'il dont on se devait conduire il ré-
, ,
lui réponse
fit il se servit à la vé-
,
pondit qu'il n'y avait pas d'autre
rité de la main d'un secrétaire , mais parti a prendre que de se tenir au gros
il signa proprio pugno. de l'arbre. Apparemment , les person-
{Q) IL témoigna en diverses occa- nes qui le de consultèrent y allaient
sions que l'obéissance des sujets était bonne
ne pénétraient pas l'ar-
foi , et
son dogme favori. ] Dans V Apologie tifice perpétuel qui règne dans ces
qu'il Y>vih\Ï3. pour ceux de la religion, sortes de confusions. Les rebelles ne
l'an 1647 '' excuse le mieux qu'il
)
manquent jamais de soutenir qu'ils
peut leurs guerres civiles de France j ne veulent que remédier aux abus
mais il déclare néanmoins qu'il ne et chasser d'auprès du maître les mau-
,
recours à autres armes qu'à la pa- chargea pleinement son cœur dans
tience aux larmes et aux priè- l'épître dédicatoire de sa Paraphrase
,
res.... (20). Et à toutes les fois dit- latine des Psaumes. C'est là qu'il sou-
,
il (ai) , que je repasse les yeux de tient et qu'il établit que par les vé- ,
ans après fait voir comment il sou- un chapelain de ce même prince, l'an
,
tint cette cause contre les plaintes i658. Deux ans après, il lui témoigna
d'un ministre de la Rochelle qui au- sa joie du rétablissement du roi
,
et ,
moigne encore avec plus de force les monarque en serait bien aise.
sentimens de notre M. Amyraut sur (R) En ce qui regardait la con-
,
la prise d'armes des sujets contre leurs science il exhortait a désobéir.'^ Cela,
et d'en tirer mille conséquences odieu- ligion de tendre devant leurs maisons
ses contre les protestans de France. le jour de la Fêle-Dieu. 11 le lui com-
31. Amyraut ne crut pas devoir laisser muniqua la veille de cette fête , et le
sans réponse l'injustice de ces repro- pria de donner ordre qu'on s'y con-
ches. Pendant les troubles de la der- forraAt , de peur que la désobéissance
nière minorité , ce ministre inspira ne fît soulever le peuple contre ceux
de la religion. M. Amyraut lui répon-
(20) Apologie pour ceux de la Religion p. rS.
dit qu'au contraire il s'en allait ex-
,
ceux qui liront ce livre étaient des bien certain que l'Apologie pour les
Français de la religion, cette remar- protestans a été mise sous la presse
que serait superflue mais elle ne le ; plus d'une fois ; que le Traité de la
sera pas à l'égard des autres lecteurs. Prédestination , imprimé eu i634 ,
Il y avait ordinairement dans nos sy- fut réimprimé à Saumur, l'an i658,
nodes de France quatre personnes avec l'échantillon de la doctrine de
qui formaient ce qu'on appelait la Calvin et avec la réplique à M. de
,
table. L'une de ces quatre personnes la Milletière sur son offre d'une con-
était le président de la compagnie férence amiable pour l'examen de ses
( on l'appelait le modérateur ) les ;
moyens de réunion que ces deux ;
trois autres étaient l'adjoint au mo- derniers traités avaient paru l'an
dérateur le secrétaire , et celui qui , i638 et que le libraire t|ui les réim-
,
que et de quelque autre petite méprise.^ redonne ces trois livres au public ,
Patin dans sa Lettre CXIII de la pre-
, parce que l'on ne les trouvait plus.
mière édition, dit (28) qu'il y ai' oit Je sais aussi qu'on réimprima onze
en i663 un médecin de Niort, nommé Sermons d'Amyraut sur divers textes
jM. Lussand qui vouloit faire impri- , de l'Ecriture l'an i653 ; que la Vie
,
decin entendait parler et ai'oil princi- primées à Genève ; et que son 1 raité
palement en l'eue ISl. Amyraud , mi- de l'état des fidèles après la mort a
nistre de Saumur , qui en a ainsi parlé été imprimé à Londres en anglais ,
520 AMYRUTZES.
avait signalé sa plume en faveur lui-même (f). C'est dans la re-
des Grecs contre les décisions du lation qu'il composa de ce qui
concile de Florence {b) mais il ; s'était passéau concile de Flo-
ternit toute sa gloire par l'apos- rence , Dénié—
et qu'il adressa à
tasieou il tomba. Il fut un de trius gouverneur de Napoli de
,
quelquefois sur les sciences et sur avait envo3'ë de Tile de Chio l'ou-
des matières de religion avec lui, même puis il dit que Doro-
Y^^^ ^«"embase
;
'*'"*=,'?^^'%\"? ^^
ou avec Mehemet-fceg {c). De la JT ' ,
j ^ Ail ,- ^, -
lait connaître (*) la condition de cet
manière dont Allatius s est expri- homme , cujusnnm condainnis uir
mé on prendrait ce philosophe
, i^te fuerit. Il rapporte le passage de
AMIMONIUS. 521
la TurcoGrœcia de Crusius dit que , impossible que le même Ammo-
le protovestiaire de Tempereur de nius ait abjuré la foi chrétienne
Trébizonde s'appelait George j
qu'il
et qu'il ait succédé à Aristarque
était d'une raine avantageuse , et
d'une si grande adresse à tirer de dans l'école d'Alexandrie avant ,
l'arc, qu'il y surpassait tous les Grecs l'empire d'Auguste. Voilà lesdeux
et tous les Turcs; qu'il était tils d'une choses que l'on trouve dans Sui-
ûUe d'un prince chrétien appelé la-
das sur le chapitre d'Ammonius.
grus qui avait marié son autre fille
,
crifices (a) l'autre traite des été précepteur, fait souvent men-
;
rien ni sur la patrie ni sur le siè- tout sur lajin de la Vie d'Aris-
cle de cet auteur. On sait par tote (C). M. Moréri n'est pas plus
ime autre voie la patrie de celui heureux par rapport à Ammo-
qui a composé l'ouvrage des au- nius, fils d'Herméas (D), auquel il
tels et des sacrifices (B). 11 était donne entre autres livres un , ,
sou Dictionnaire nepeut pas avoir sans faire paraître (ju^il en ait senti l'absur-
été dit d'un seul homme. Il est dité.
((' Euaapius , Procemio Vitar. Sophist.
(al Atlieu., lib. XI pag. 476.
,
(^f) Suidas, in 'Ecfjiiixç. Voyez ci-dcssouS
(p) C'était une \>illc de VAUique. l'aiti.'.:- IlEnjIlAS.
,
posé les Commentaires que nous faite à Gainas roi des Goths et , ;
{k). Cela fait croire à quelques- meures par les chemins. 11 n'en est
uns qu'il lui faut attribuer le parvenu aucun jusqu'à nous.
Traité qu'on a de la Différence (B) On sait par une autre foi'e la
patrie de celui qui a composé i'oufrage
des mots grecs (Z) mais M. Mé- :
des Autels et des Sacrijices.^ On ne la
nage le donne à Hérennius Phi- sait point par la voie d'Harpocration ,
Ion (m). Le même Ammonius du- comme M. Lloyd l'assure mais par 5
quel Photius a dit ce qu'on vient la voie de celui qui a composé le livre
Vossius, et plu-
de rapporter avait un âne d'un de Differentiis ^ocmwi.
sieurs autres l'appellent Ammonius.
goût merveilleux pour la poésie Si M. Lloyd avait bien copié Vossius , ;
car il aimait mieux ne point tou- il n'aurait pas dit Ammonius histori-
cher à la nourriture qu'il avait de- CUS iV TU TTlfl ^CDfAWV Hetl ât/JTICDV citOtUr
Harpocratione in 'A//st(^ôviov , uti et
vant lui, et souffrir la faim , que ab
in uoce "EiT-xâ-fo.. Ex quo etiam dis-
d'interrompre son attention à la cimus Lampriensem fuisse ut Gesne- ,
lecture d'un poème {n). Le troi- rus falsb Alexandrinum vocet. Voilà
sième Ammonius dont je veux de ces fautes d'abréviateur , dont je
parle souvent. Vossius après avoir
si ,
ig) Vossius, de Philosoph. Sectis , pag. 90 dit jusqu'au mot "Ea-X^f!*- t-Ç que je
et Il3. Labbe , de Script. Ecclesiast. , tom. viens de citer de Lloyd , ajoute h
TTCcircf) Tsp/ ùua-iùëv ab Ammonio lib. de
{h) Joasius , Hist. Pbilos. ,
pag. 3oo. Di^èr, Voc. in fia>/j.U.Ubi et A*^7rp(sz/ç
(i) Id. ibicl.
fuisse dicilurGesnerus falsb
, ut
(A-) Pliolii Biblioth., mon. 2,^2, p. io4o. alexandrinum (2). Parce que
l'oce.t
(/) JoDsius Hist. Philos. , pag. 3oo.
,
Lloyd n'a pas voulu rapporter tout le
(m) Menagius in Diogenem Laërtiiim , lib.
passage de Vossius , et qu'il en a sauté
II , nnm. 5.
(n) Pliolius , Biblioth. , niini. 2^2 , ex Da- (1) Atlien., lib. XIII, pag- 5G7.
uiascio ,
in Vitâ Isidori Pliilosophi. (2) Vossius, de Histor. Grœcis, pag. 5o2.
AMMONIUS. 523
une ligne il est tombe dans un grand après ^ car, s'il l'avait su, aurait-il
,
pocration nous apprenne que l'Ammo- clus fit un livre sous l'empire de ,
nius qu'il cite fût de Lampria. Si l'on y^alentinien? Aurait-il été un copiste
voulait sauter quelque chose c'est à si fidèle des erreurs du père Rapin (6)?
,
la dernière ligne que l'on devait s'a- 2°. Quelle manière de marquer les em-
dresser dans laquelle Vossius a
, dit pereurs? Ily en a eu trois de ce nom j
un mensonge. Gesner ne dit pas et c'est le premier que l'on entend ,
««(^Q Ammonius
^.\ notre
où A,»,™ ;.,,. „o» ^;f„' .' 4 .,.,,.'„,,,
est cité 'Ay.y.mvioç : py écrire sous cet empereur. 3". Si
iv TiTcLfrij TTift fia)y.oùi yfa.i^n tcluto. j M. lloréri avait entendu l'aUteur dont
Ammonius libre quarto de aris ista il se servait , je veux dire le père
scribit. C'est ainsi que le docte Maus- Labbe , il aurait appris qu'Ammo-
sac a corrigé le texte d'Barpocration : nius , disciple de Proclus et fils d'Her-
il met fiaijuéiv au lieu de K.âiy.001 , per- méas , a fleuri sous l'empereur Anas-
sonne qu'on sache n'ayant jamais tase , qui ne commença de régner que
dit que cet auteur ait fait un livre de plus de 35 ans après la mort de Va-
oppidis l'el pagis. M. de Valois ap- lentinien troisième. 4° Le père Labbe
prouve cette correction (4). On aurait a observé qu'il est souvent fait men-
pu soupçonner que puisque Ammonius tion d'un Ammonius dans les Chaîner
fit tm livre touchant les courtisanes des pères grecs sur l'Évangile de saint
d'Athènes , il en fit un aussi sur les Jean et sur d'autres livres de l'Ecri-
,
(Ç.) On avance
très-faussement dans ,^. ^ ,^.
y^^ ^^^ .^^ ^^1^.
le mnreri , que Plutarque a parle , ^ /., , ,
^
ti
d' Ammonius ai^ec éloge a la fin de ,
bres philosophes de son temps. Il
bien ni mal.
be , rapportant cela , accuse Por-
(D) Moréri n'est pas plus heureux
évidente
par rapport h Ammonius ,fils d'Her- phyre d'une fausseté
méas. ] Il s'y embarrasse dans trois (a), pour avoir dit qu'Amnionius
ou quatre grosses fautes pour le moins. abandonna le christianisme au-
1°. 11 ignore que Proclus a fleuri sous
quel on l'avait élevé , et passa
Théodose le jeune, et long -temps
dans la religion publique dèsque
(3) Au mol QoXoç. l'âge lui permit de philosopher
(4) Heur. Valesius , Nolis in Notas Maussaci
nU Harpocration, pcig. m. lib. VI, cap.
(ô) H. Valcs.us, ^^otis iu Notas Maussaci ad (a^ Euseb., Hist. Eccles. ,
Harpocrat. ,
pfij. m. XIX
524 AMMONIUS.
(B). Ce grand philosophe donna trompé lorsqu'on a dit qu'Am-
merveilleux éclat à l'école monius enseignait à ses disciples
d'Alexandrie, et mit sur un pied les mystères de l'Évangile sous
honorable la science dont il fai- le sceau du secret (Fj. 11 y a des
sait profession. Il la trouva mi- gens qui ont confondu ses ou-
sérablement dépravée par les vai- vrages de théologie avec ceux de
nes subtilités des disputeurs. On quelques autres auteurs (G) mais ;
ses des thomistes et des scotistes, rut environ l'an 280 [b). Je crois
des réaux et des nominaux. Ils qu'on le doit distinguer du péri-
faisaient tous profession de sui- patéticien Ammomus (H)qui était,
vre Aristote , et néanmoins ils selon Philostrate plus savant , le
multiplièrent les disputes à l'in- homme de son siècle, et celui qui
fini. Quelle idée ne doit-on pas avait le plus de lecture.
donc se former des disputes qui J'ai trouvé une grosse faute
régnaient anciennement , lors- dans l'un des commentateurs de
que les philosophes , partagés en Eoëce. Il impute à notre Ammo-
plusieurs sectes sous difîerens nius d'avoir été le principal cor-
chefs , condamnaient les uns Pla- rupteur de la doctrine de Platon
ton , et les autres Aristote , etc. ? sur l'éternité du monde (I). Rien
C'était un chaos de chicaneries n'est plus faux que cela
qui déshonorait la profession. Le [b] Selon Cave, Histor. Litterar, , p. 72.
véritable moyen de réhabiliter
cette science était de bannir les Ammonius iu/rto/w/we Sarcas.]
(A) ,
M^CtTO
homme enseigné de Dieu (D) ,
Ttjl/
iilbuç
(^povaiv KO.)
TTpOÇ TilV
TtiÇ
KOLTO.
<^lKOiTO<^la.ç
vÔ//Ot/Ç •TTOMTêfCtH
,
d'un homme qu'un instinct cé- pi-iTiC â.Ki'To (4). Simul atque per œta-
leste avait mis dans cette route.
(t) Amm. Marcellin. lib. XXII circafin.
M. Moréri et bien d'autres ont (2) Suidas in P.ftyhnÇ. '
, ,
XX II.
louange (E). On ue s'est pas moins (')) Porph. Itb. advcTSiis Oiristianos,
, m ,
AMMO^MUS. )25
iem sûpere potitit, philosophiœ li-
et philosophique pénétra le fond des
, il
nien attingere ,
stallni ad vivendi ra- deux sectes et les accorda enseml)le,
,
des extraits dans la Bibliothèque de T*iv <f iXoff-oi^ia.v TTttpa.iiS'otix.i TstJ-i Torc ctô-
Photius. 11 n'y avait selon cet au- , Tau yioùftf/.oiç, [/.eLhiça. Si tîuç Àplçoiç tSv
teur, que des gens dominés par l'en- O-ÙtSi <7-vyyiy':jvâ'ro6i TlKeeTivai x.a.i 'Viùiyi-
vie de contredire par la manie de ,
v«( K.dLi Toiç Usque
s^«ç aiTo t'jÔtcov (^).
disputer, ou par la force des préjugés ad difinilùs edoctum Ammonium, nie
et par les ténèbres de leur esprit, qui enim primus œstu quodam raplus ad
trouvassent de la discorde entre les philosophiœ feritalein multorumque ,
XI \
(5) Photius, Bibliott. num. 2i4 pig- , , Sijg.
ifi) Hierocles apud Photium ibidem. , (9) Ibidem , num. aSi, pag- i3Si.
.
526 AMMONIUS.
Porphyre à débiterqu'Amraonius était vi'û) (9). Ciim uerb Erennius et Orige-
sorti du christianisme dès qu'il avait nés et Plotinus olim inter se consti-
pu manier la philosophie. 11 était con- tuissenl ne Ammonii dogmata ede-
nu pour chrétien parmi ses frères, et rent quœ audila ab eo tanquam in
,
il témoigna sa foi par des écrits qui primis purgata prœcipuè coniproba^'e-
apparemment ne furent guère connus rant; Plotinus quidem stetitpromissis,
aux païens. Plotin se serait-il attaché J'amiliariter quidem nonnuLlos exci-
pendant si long-temps à la discipline piens salutantes, instituta uerô Am-
d'Ammonius, s'il l'eût cru ennemi de monii sécréta inlegraque conseruans
la religion dominante ? Les chrétiens Erennius aulem primus pacta dissot-
n'étaient pas encore si considérés. uit , et Origenes anticipantem Eran-
(F) On s'est trompé en disant qu'il nium est deindè sequutus. Autre sujet
enseii^nait h ses disciples les mystères d'étonnement: les deux fautes du père
de Evangile sons te sceau du secret.']
l' Labbe se trouvent dans Luc d'HoI-
J'ai étéétonné de trouver ici le père stein (10).
Labbe en flagrant délit. Idem Porphy- (G) On a confondu ses ouvrages de
rius dit-il (8), in f^itd Plotini Pla-
, , théologie ai^ec ceux de quelques autres
tonicce sectœ philosophi , narrât Am- auteurs.'] Saint Jérôme met Ammonius
monium religionis christianœ arcana au nombre des écrivains ecclésiasti-
discipuUs suis sub silentii religione ques, et lui attribue, entre autres ou-
communicdsse et Hercnnium Orige-, , vrages, l'invention des canons évangé-
nem atque Plolinum obstrinxisse ;
, liques(ii). 11 ajoute qu'Eusèbe s'est
cùmque Herennius primus eam fregis- servi de ce modèle en faisant un pa-
set , nec Origenetn nec Plotinum pro- reil ouvrage. Si cela était vrai , Eu-
missis stetisse. Il y a là deux très- sèbe serait un grand fourbe, puisque,
grandes fautes premièrement il: , dans une lettre (12) où il explique la
n'est pas vrai qu'Ammonius ait fait nature et les usages de ses dix canons
jurer ses disciples qu'ils ne communi- sur la concorde des Évangiles, il as-
queraient à personne ce qu'ils appren- sure qu'il les a inventés à l'occasion
draient de lui. En second lieu, il est d'un ouvrage d'Ammonius. Cet ou-
faux que Porphyre parle d'autre chose vrage est intitulé Manotessaron , ou
que des dogmes de philosophie. Tout Dialessaron. Voici comment il diffère
ce qu'il dit se peut réduiie à ceci. des canons évangéliques. Ces canons
Erennius, Origène et Plotin étaient ne sont que des indices des endroits
convenus de ne point rendre publi- des Et^angiles qui sont contenus dans
»[ues les choses qu'ils avaient ouï dire un deux trois ou quatre éuangélis-
, ,
cet Origène n'est pas celui qui a tant rapportaient à cette Concorde et qui ,
tion à la lettre d'Eusèbe que j'ai citée cela dans la seconde édition a fait ,
,
font Am
nonius l'inventeur des Ca- assez connaître sa conformité avec son
nons Evangéliques. Voici une autre frère.
confusion. 11 y a dans la Bibliothèque (H) Je crois qu'on le doit distinguer
des Pères deux Harmonies des quatre du peripatciicicn Ammonius.'] Un fort
Evangiles. L'une fut attribuée à Ta- savant homme ne penche pas à l'en
tien par Victor, évêque de Capoue distinguer. Hic esse i>idctur , dit-il ,
qui, vers l'an 545, la traduisit en la- (20) Ammonius peripateticus phi- ,
De là est venu que l'autre Harmonie a fuisie sœculi sui testatur PhUnstialus
été donnée à Ammonius. Mais on a fait in Sophistœ Hipptdromi f^ilâ, quo
tout le contraire de ce qu'il fallait. qui plura legisset neminem se t^idisse.
L'Harmonie que l'évêque de Capoue
,
Mais, s'il avait pris garde aux paroles
a donnée à Tatien ne peut pas être de Longin rapportées dans la Vie de
,
giles qui prouvent que Jésus-Christ est qui n'ont instruit que de vive voix. 11
issu de David (16). D'autre côté , en nomme quelques-uns de chacune
l'Harmonie qu'on attribue à Ammo- de ces deux espèces les uns sont pla- ;
nius est mutilée de ces passages (17). toniciens, les autres sont stoïciens ou
Sixte de Sienne George Ederus et plu- , péripatéticiens. la seconde Il met dans
sieurs autres, ont suivi l'erreur de classe Ammonius
Origène et il les et ,
Victor. Mais il y a plus de cinq cents donne pour des sectateurs de Platon.
ans que Zacharie , évèque de Chryso- 11 dit qu'il les a connus, et qu'ils ont
pie, a fait voir qu'Ammonius est l'au- surpassé en intelligence tous les phi-
teur de cette Harmonie (18). Baro- losophes de leur siècle "Oic >iy,iiç to :
bien une chose dont le père Oudin «rpis-iv ot/x. akiyce Tûë]/ v-aJi êstfTouç tiç a-u-
nous avertit, c'est que l'Harmonie, vês-iv <r(êvï").)cot/î-i (21). Ç)uibuscum nos
qui est sous le nom d'Ammonius dans diù uersali sumus , finis projecto in-
la Bibliothèque des Pères imprimée , ten'allo non pari'o sui sœculi philoso-
l'an 1575, laquelle Harmonie a été plms intelligentiâ superantibus. Après
traduite en latin par Ottomarus Lus- cela il nomme quelques stoïciens qui
cinius, n'est ni ni de d'Ammonius, ont été aussi de cette seconde classe
Tatien (19). On
perdu l'ouvrage a de philosophes je veux dire de ceux :
d'Ammonius de Consensu Mnsis et qui n'ont point écrit ou qui ont peu
Jesu. Si l'on s'en rapporte à Henri écrit. Enlin il nomme deux péripaté-
de Valois, on a aussi perdu tous les ticiens de la même classe, qui sont
autres Hujus Animonii quod sciam
:
, , Ammonius qu'en et Ptolomée. 11 dit
hodiè nihil exstat, dit-il dans son Com- matière de philologie ils ont surpassé
mentaire sur le dernier chapitre du tous les savans de leur siècle il :
(17J Cave, Hist. Litlerar. , pag. 72. (20) Hadr. Vale>iiis in Ammlau Marcellin. ,
(18^ Commentar. in eam Harmoniam apud lib.XXII , pag. 344 1 édition m- folio.
T^abbe de Script. Ecclesiast.
, ,
pag. r. (il) Loa^inas , apud Porpbyr. in Vitâ Plolia.
128 AMMONIUS.
omnium suo temporepleni, prœsertim seraient toujours coe'terneîs. Cet oir-
^mmonius nullus enim ad discipli-
:
vrage de Zacharie a été traduit de
naruui illius copiant propè accessisse grec en latin par Génebrard,et in-
fidelur. Voilà donc l'Anamoniiis dont séré dans la Bibliothèque des Pèrea
Philoslrate a parlé; il est donc très- (24). Possevin remarque que Canisius
diffërent de celui qui philosophait à censure Gesner , d'avoir dit que l'ou-
Alexandrie , et qui a été le maître de vrage de Zacharie de Mundi ceterni-
Plotin et d'Origène. Nous apprenons tate était différent de celui qui a pour
dans de Longin que ces péri-
la lettre titre Ammoniwi (îS). Cette censure
,
patéticiens si savans n'ont écrit que qui serait très-bien fondée à l'égard
des poèmes et des harangues. Ce grand de Simler, abréviateur de Gesner .
critique suppose qu'ils n'avaient point est injuste par rapport à Gesner
prétendu que ces ouvrages fussent même, qui a déclaré expressément
conservés; car, s'ils avaient eu ce qu'il lui semblait que le Dialogue in-
dessein , dit-il ils auraient écrit avec
, titulé Ainmonius ne diitërait point du
plus d'exactitude. Traité Je Rerum œlernitale. Je ne pas-
(I) On l'a accusé a tort d'être leprin serai point sous silence la surprise où
cipal comipteur de la doctrine; de Pla- j'ai étéen remarquant que l'on souf-
ton sur l'éternité du monde,] Afin frait au Vl*^. siècle qu'un philosophe
qu'on voie clairement toute la faute païen fût professeur dans Alexandrie, et
je rapporterai un peu au long les ter- qu'ildogmatisât hautement sur l'éter-
mes du commentateur lYulla autem : nité du monde, contre l'opinion des
Platonis sententia est quam fœdihs ,
chrétiens. Ilcachaitsipeu sa croyance,
corruperint et obstinatiùs defenderint
,
qu'il la soutenait publiquement dans
t'élèves Platonis interprètes seu quia : ses leçons, et l'onne pouvait pas igno-
eorum alii ita sentirent , seu ut cfiris- rer qu'il ne la persuadât à plusieurs
tianamjidem impugnarent. Eorum sii^- de ses disciples. L'un d'eux (26), étant
nifer Amnionius fuit, Jîdus alioquin devenu le principal professeur en mé-
ac illustris doctrince platonicœ asser- decine dans la même ville disputait ,
tor; queni Zacharias dialogo cui Am- avec chaleur pour le même sentiment.
monius titulus est confutni'it. Mox,
Tout cela paraît par le Traité de Za-
ejus discipuli , Plotinus passïni libris charie de ftlitylène.
suis ; et quod mirum est , ne à magis-
(24) Il ^sl dans le onzième volume de la Bi-
tro dissentiret fax illa fidei , (Jri- bliothèque des Pères, pag^, 33i
, et suiv. de l'édi-
genes;cujus errorem sanctus Methodius tion de Paris ^ en i644-
lib. TTift TON "j/ïvHTœv, Ut cst apud Pho- (20) Possevin. Appar. lom. Il pag 552. , ,
tium, redarguit (23). Vous voyez clai- C26) Il s'appelait Gessius. Voyez \a Biblio-
rement qu'il parle de l'Ammonius thèque des Pères lom. XI pag. 33g. , ,
posa, vivait encore, et enseignait dans s'il eût vécu plus long-temps (A).
Alexandrie avec un grand faste, après Il cultivait les belles-lettres et la
avoir été à Athènes disciple de Pro-
poésie latine. C'est par ses vers
clus. L'auteur, je veux dire Zacharie
,
siècle; car il assista au concile de ment d'être mis au rana; des au-
Constantinople l'an 536. 11 est donc teurs (B). Il
,
A M MO NI US. 529
collège de Saint-Thomas {b) envoyer de
; car dit à Érasme fut de lui
il n'avait pas assez d'argent pour temps en temps à Cambridge, pro-
louer une maison et tenir ména- vision du meilleur vin (F). U y a
ge. Il témoignait à Érasme qu'il de l'hyperbole dans la lettre oiiil
se repentait d'avoir quitté Ro- lui marque qu'on brûlait tous les
me , peu content de jours tant d'hérétiques que cela
et qu'il était ,
dans nos remarques la gloire de il en raiinèe i524 (2) lue ex l'etere so-
son ami. La fortune diminua ses d.ililio desidfrn Primwn Andreani !
était à l'armée l'an 1 5 1 3 (^), lors- jus equidem decrssum non possurn non
dolere quolies in mentem venit quant
que les Anglais gagnèrent la ba- ,
anglaise (D) , l'an i5i7 (E). L'un Rébus nihili, lib. I; Panegyricus qui-
dam lib. I ; Epigrammata, lib. I;
des principaux services qu'il ren- ,
TOJIE I. H
,
53o AMMONIUS.
Érasme donne son jugement sur ce (D) Il mourut de la sueur anglaise.^
poème dans une lettre ("3) qu'on a da- Consultez l'Histoire du divorce de
tée du jour de Saint-Thomas i5io. Henri VllI, composée par M. le Grand,
C'est une preuve incontestable qu'on a vous y trouverez ce que c'est que cette
quelquefois ajoute la date à ses lettres sorte de maladie. On la nommait « la
sans nulle attention on les a d'ail-
:
)) suée ou le sutin
,
parce qu'on mou-
)) rait en suant. Cette espèce de peste
leurs mal rangées. La réponse précède
quelquefois de plusieurs pages la let- 3) commença à se faire sentir pour la
tre qui est le sujet de la réponse (4). 3) première fois en i486. Auparavant,
(C) Les conseils qu' Erasme lui don- 3) on ne la connaissait point. Tous les
33 remèdes y étaient inutiles
na sont très-conformes aux manières et elle ,
» débusquez qui vous pourrez ; re'- 3) qui ils vivaient en fussent incom-
» glez votre haine et votre amitié 3) modes (8). 33 Parmi les preuves que
j) sur votre profit ; ne donnez qu'à M. le Grand a produites (9), il y a des
)> ceux qui vous le rendront avec lettres de l'évêque de Bayonne am- ,
» tez des gens qui vous recherchent fut attaqué aussi. Il y avait déjà quel-
•
cubito. Dfendnem nec anies nec ode- à-dire parmi le grand nombre de gens
ris ex animo sed omnia tuo com-
, qui étaient morts { qund tibi quoque
pendio metiare. Ad hune scopum om- dolori esse doleo ) Andréa nostro Ani-
nis uitœ ratio spectet. iVe quid des nisi monio in quo et litterœ et omnes boni
,
consilium , sed heus in aurem. IVosli tai'it ut quiini in nullum penè incide-
,
T/iv BfiT«vviJcî)V i^rixoTUTrlcLv, hdc in tuum ret cujus non tnta familia laboraue-
bonum abutere. Duabus sedeto sellis. rat , neniinem adhuc è suis id nialuni
Suborna procos qui te am-
dii^ersos attigerit, id quodet mihi et multis prce-
biant. Minare etappara discessum. Os- tere'a jactawit non admodùm multis
tende litteras quibus magnis polUcitis horis antequam exstinclus est; nam hoc
ai'ocaris. Subducito te nunnunquani ,
sudore nemo nisi primo die périt. Ego
ut subtracta copia desiderium acuat(ô). uxorque ac liberi adhuc intacti reli- ,
Alciat se servait de cette ruse (7). qua familia tola rei'aluit. Hoc tibi af-
firmo miniis periculi in acie quant in
,
(3) C'est la XX'. du rill'. livre.
(4) Voye^ Varticle Carmilianus.
urbe esse (10).
(5) C'est un vers de Molière , dans son Re- mourut l'an iSi^. ] La lettre
(E) //
mercîment au roi. V^oici tout le passage :
de Thomas Morus dont je viens de ci-
Jelez-vousdans la foule, et tranctiez du notable;
Coudoyez un chacun , point iln tout de quartier
(8) Le Grand, du Divorce de Hen-
Histoir.
Pressez, poussez, faites le diable,
ri VIII , c)4 il cite Godewin.
ioin. /, pag. ;
Pour vous mettre le premier.
(9) Voyez tome de son Histoire du
le III'' .
(6) Erasmi Epist. XIII libri VIII , -p. ^14. Divorce de Henri VIII, pag. i37, i52.
(7) Vanei. la remarque (D) de Varticle Al- (10) Mori Epist. ir Ub. VII, inler Erat-
,
AMMONIUS. 53 1
ter un grand du 19
passaj;e , est datée ducem Jeserere noluerls {\f\). C'est ce
d'aoiU i52o. Il semble donc qu'Am- qu'Ammonius lui écrivit,
monius ne soit point mort l'an \^\']\ {^) Hy a de l'hyperbole dans ce
car quelle apparence que Morus ait qu'il a dit qu'on biûlail tous les jours
laissé passer trois années sans en rien tnnl d'hérétiques (*) , que cela at'ail
dire à Erasme? Je réponds que cette enchéri le bois. ] Ces gens-là n'étaient
ne balance point les lettres
difficulté ni de ces papistes ni de ces protestaiis
où Erasme même a parlé de la mort qui couraient également risque d'être
d'Am monius. 11 remarque dans la let- punis en Angleterre sons Henri VIII, de-
tre XXIV*. du 11*^. livre, et dans la puis (p^il eut renoncé à la primatie du
XX®. du IIF. livre, toutes deux datées pape. C'étaient d'autres gens, puisque
de l'an i5i8, que cette année-là fut la lettre qui fait mention de ces sup-
fatale aux hommes doctes, à Musurus, plices est datée du mois de novembre
à Paleottus , à Faustus Andrelinus , à i5i I. Les bûchers n'extirpaient point
Ammonius. Dans XXXl". lettre du la ces dévoyés. Lisez ceci Lignoruiu pre- :
III''. livre, datée du 9 de septembre liant auctujn esse non miror , jnulti
1017, il parle de la mort d'Ammonius quotidiè hœrelici holocuustum nohis
(n). Cette lettre est bien datée ^ car prœbent , plures tamen succrescunl.
Erasme y fait mention du départ du Quln eljraler ^erriianus niei Thoinœ,
roi d'Espagne comme d'une chose nou- stipes feriùs quant homo , sectatn ( si
velle. Or, on sait que ce monarque fit diis placet ) et ipss instiluit et discipu-
voile au commencement de septembre los habet (i5).
iSi^. Disons donc que Baleus se trom- Ci4) [ AmmoTiiiis , Kpist. ail Erasm. inter
pe d'un an lorsqu'il met la mort
, Erasmian.
] Epist. libri VIÎI. XL
d'Ammonius à l'année i5i8 (12). Eras- (*) C'étaient des reites des Wiclejîles Voyez
Burnet , Hist. de la Kéf. d'Anal. Rem. crit.
me a pu dire en 1 5 8 qu'on avait perdu
1
(i5) Ammonius, Epist. Fl'll libri VIII, in-
cette année-là plusieurs grands hom- ler Etasmianas , pat;. 410.
mes. L'une des lettres où il le dit est
du mois de mars: il entendait par cet/e AMMONIUS ( Livmus ) (a) se
année les dix ou douze mois précédens. distingua parmi chartreux tle les
Ceci se confirme par une lettre de Bom-
Flandre , non-seulement par le
basius («3), bien datée du 6 de dérem-
bre i5i7, où l'on trouve que Musurus caractère de dom procureur, dont
était mort a Rome pendant le dernier honore a Gand
„.,*
automne, „i.
et
n„i i..,.-
que Paleottus
1'
l'avait pré-
:« — il se Vit
. -
Les lettres réciproques de ces deux lettres (c) qu'il lui écrivit, qu'il
amis font souvent mention de l'envoi le tenait pour bien guéri despré-
du vin ; mais voici un endroit bien
.^^«^r.. „o„,^ »,o et des mauvaises 1passions
ii'ffés
propre a prouver qu 'c u.,v~ o
'
..
Erasme ne nais- j
532 AMPHARÈS.
faire de bonnes éludes ses supé- quand il retoui'nait au temple,
:
de cela ils aimaient mieux qu'il Arapharès mit la main sur lui
;
sonnes de son rang.] Sans cela il n'eût pied queLycurgue les avait mises,
,
pas pris la liberté de lui dire qne l'en- et qu'il ne se repentirait jamais
nemi du genre humain avait eu part d'un si beau dessein. Là-dessus on
à Tinstitution des cloîtres; mais il au-
bien pu lui avouer que les i;^uo-
lecondamna à la mort et l'on or- ,
rait
rans y acquièrent pîiis de considéra- donna aux sergens de le conduire
tion en ëtal)lissant le vrai mérite dans au lieu du supplice {b). Les sergens
l'observation e?:acte du cérémoniel :
trouvèrent si étrange et si inouï
Quiim interdùni mtcuni rtpiilo Am- ,
que l'on mît les mains sur la per-
nioni charissime cnjusmodi ingénia ,
cet asile pour aller au bain , et fariinn et insoleiis ut corpori régis fjitis ad- ,
AMPHIARAUS. ;33
7 j,j
trop srande debonnairete.
\
r
, Am-
il n'y eut (|u un seul roi de Sparte qui
,.{ n„
^
^ p ,
lut {tue (i). On n ' accordait
.,^
pas aus
<
la conduite d'Agis, elle serait ment qu'il l'avait blessé. Agis est le
iÀ^ tout premier roi de Lacédémone (lui ait
'
•
4 .
traitée 4 t
comme 1lui. Aeesis-
A
K.. ,
^^^ "^i^ ^ mort dans la ville
•,, * ,•
prince„ . . -,
:
, j 1
trata , sans s étonner, tendit le qi,; ^vait eu un très-beau dessein et
cou au bourreau, pour être pen- très-digne de son pays dans un iige ,
due , et se contenta de dire qu'elle q"'i t'i'it que l'on excuse ceux qui f^nt
1 •. •. ^ ^1 . des fautes. Ses amis le blâmaient plus
souhaitait que toutes ces cho.es
j,,^,,^,^^ ^^e ,,3 ennemis ses amis, :
cle , nous apprend ce qui fut dit bons et trop faibles, que parce qu'ils
surle sujjplice du roi Agis (A). Je étaient trop méchans. Ceux-ci trouvent
plus de ressources dans leur propre
m'en vais le rapporter, comme je rac'chancelé contre les machinations
m'y suis engagé (e). de leurs ennemis, que ceux-là dans la
tm justice de leur cause et dans la fidélité
(d) Alôvov, i^ii , truvivîyKtti Tttwrit,
'XttÂp'TYi' Tanlum sint hac, inquit, ex iisu rei. de leurs peuples.. Voyez la remarque
publicaspartanœ. PIutarcli.!/i kgiàe,p.^!\. (F) de l'article d'ÉnouASD IV.
(e) Ci-dessus à lajin. de l'article Agis.
, (i) Savoir : CU'ombrotus à la bataille de
Leuclres.
(A) Plutarque nous apprend ce qui
fut dit sur le supplice qu'A nipharès fit AMPHIARAUS , l'un dc.^ plus
fniijfrir au rui yîgis. ] Ces trois exécu-
grands prophètes du paganisme ,
tions ne consternèrent pas tellement
était filsd'Oiclès etarrière-petit-
le peupU- , qu'il n'osât faire paraître ,
534 A M PHI ARAUS.
de Mélampus (A) qui avait
fiis ,
lui arriva le jour inêiue que l'ar-
reçu en don une partie du royau- mée s'approcha de Thèbes {f) se
me d'Argos pour avoir rendu ,
trompent : il ne mourut que le
un grand service aux femmes de jour de la retraite; et le siège avait
ce pays-là {a). Ce partage du duré quelque temps. Cette fu-
royaume fut une semence de neste aventure a servi de thème
discorde dont on remarqua les
, à quantité d'écrivains; d'oii il est
grands effets au temps d'Adraste, venu que les circonstances n'en
roi d'Argos qui se vit contraint ,
ont pas été rapportées uniformé-
d'abandonner ses états , ne se pou- ment. Il y a eu des réflexions
vant maintenir contre la faction assez mauvaises sur cette espèce
d'AmphiaraïiS {b). Celui-ci avait de mort (C). On a cru qu'Am-
faitmourirTalaiis, père d'Adras- phiaraïis sortit des enfers (D) , et
te , de la couronne
et s'était saisi l'on a marqué la scène de sa résur-
(c) On jiacifia cette querelle par le
. rection {g). Il fut mis au nom-
mariage d'Ampluaraiis avec Eri- bre des dieux on lui consacra :
phyle, sœur d'Adraste; de sorte des temples son oracle fut très-
:
que ce dernier fut rétabli. J'en célèbre (E) : les jeux qu'on in-
parle ailleurs {d) et cela sans ou- ;
stitua en son honneur {h) firent
blier les nouvelles brouilleries oii du bruit. On croit qu'il excella
Eripliyle qui fut choisie pour ar-
,
principalement à deviner par les
bitre, décida en faveur d'Adras- songes (F); mais il ne se borna
te, au préjudice de son mari. Le point à cela il fut l'inventeur
:
tour qu'elle fit à son époux pen- des divinations qu'on fait par le
dant les préparatifs de l'expédi- feu. Il conçut un ressentiment
tion deThèbes fut une vilaine ac- si vif contre sa femme qu'il or- ,
tion. Amphiaraiis , averti par son donna aux enfans qu'il avait eus
esprit prophétique qu'il périrait d'elle de la tuer dès que l'âge le ,
(") ^ojez l'article r?c"MÉLAMPUS. Dictionnaires: Olivier sur Val. Max., lii>.
(ù) Od. IX Nemcor. p. 608.
Pindarus ,
P'JII vers lajîn et plusieurs autres.
,
,
AMPHIARAUS. 535
le malheur d'être engagés à des chyle que Créthéus e'tait llls d'yole
,
entreprises dirigées par des étour- (7). Il était donc frère de Salmonée,
de Sisyphe etc. Avant qu'il épousât
,
dis (I). C'est sansdoute un sort Tyro sa nièce elle avait eu de Nep-
,
déplorable , et qui n'est que trop tune deux jumeaux Pélias et Néleiis ,
commun. La manière dont il (8;. Ileut d'elle trois fils ylvson, Amy- :
comptait Deucalion pour son bisaïeul Vous voyez là et dans un autre passa-
,
d\Eole fils d'Hellcn , fils de Jupiter qu'à cause de son chariot. Ils pré-
,
tendaient que le temple fut bâti où le
(3) Souvenons-nous qu'Hypermnestra
.
(S) Scliol. ^scli. in Septem ad Thebas, vs. 5^5. («21 Voyez, Diodore de Sicile , /iV- IV, chofi.
(^) Pausan., lib. II, pag. 63. Lxviir
(5) Hygio , cap. LXX. (i3) Sirabo, lib. IX ,
pag. 2:8.
(6) /./. ibid. (i4) Id. Cbid.
,
536 AMPHIARAUS.
^e nom cle ville , et marque preci- //*vTt7ov , éVro^ ^r/^ôvr* tôv 'A^<fiat/i««v,
dait que la terre avait englouti Am- 'eJ^J^t^o f *y{(Vat 0»?ai('* xôv»ç,
phiaraiis et son chariot (i5). C était .
- .
beaux miracles l'un que les oiseaux: u Thehanus hausil pulvis hialu prapele
, ,
même qu'il cite (17); car il assure phocle, qui témoignent que la terre
que cette ville fut ainsi nommée, se fendit dans le territoire de Thèbes ,
parce qu'on disait qu'Amphiaraùs pour engloutir Amphiaraiis et son ,
monté sur son chariot s'y retira et chariot. Saumaise critique cela avec
, ,
que les habitans ne voulurent pas le beaucoup de raison (aB). Isaac Vossius
livrer à ceux qui le poursuivaient a pris le parti de Strabon mais en 5 ,
peut confirmer par un passage de ment, et pour tous les temps, n'est
Strabon, où il est dit que les habi- point vraie. Orope fut un long sujet
— —
tans de Harma, dans la Béotie, sau-
vèrent1 Adraste
• ^ .1\„
1_ après ^
que son -,i,„,.:^f
chariot
,
— de dispute entre les Athéniens et les
Xhébains. Ceux-là en acquirent enfin
eut été brisé en ce lieu-là (20). On ne pleinement la possession après que ,
peut point faire une semblable con- Phihppe de Macédoine eut pris la
jecture en faveur d'Eustathius. On ville de Thèbes (25). En second lieu,
doit dire sans hésiter, qu'il a écrit de ce qu'Orope apparteuait aux Thé-
(21) que celui que les habitans de bains, il ne s'ensuit pas qu'elle fût
Harma sauvèrent était Amphiaraiis, au territoire de Thèbes in agro ,
(21) Eastalliius in Iliad., Ub. II, pag- 26G. bibus, opuA Plutarch. iv. PartiUglis pag. la'. ,
, 3
,
AMPRTARAUS. 537
une faute de géographie mais l>c;ui- dam conjectnrani {etciis aânotatoris
,
coup moins ritlicule (jue ce que conte propnnere per hune casiiui altudi à ,
portée bien haut il la laissa re- Deus omnipntens coram onini illu
,
tomber elle se ticha dans la terre et gente wii'os ad injeros per hiatum terra:
: ,
Ae\ int un arbre. To (Ts tta-j sv £v 7 « Jâ<|)- subitum deje.ceril. Ei rei respondere
TJi iyîviTa. En terra injixa in lauruni nonnihil etiam posleriiis dicti woca-
estmutata (27). Voici des paroles du bulum ; facile enim ex Abirarao gen-
rien de semblable dans le livre de selon lequel les parties d'un composé
l'Odyssée où il est parlé d'Amphia- qui se dissipe doivent retourner cha-
raiis (39). Il ajoute, que peut-être le cune en son lieu: par exemple, quand
nom d'Homère est entre Jà par !a l'homme meurt son âme doit s'en- ,
faute des copistes, et que si l'on ne voler vers le ciel, d'où elle a été tirée,
suppose point cela il faut dire que et son corps pris de la terre, y doit
, ,
qui fut bâtie où Amphiaraiis périt iVc râpe tain subilis spiranlia. coipora bustis.
s appelait Uarma, et non Amphiarma.
Ne propera: veniemus enim qtto limite cuncU
Qud licet ire vid (33).
Secondement, qu'Homère s'est con-
tenté de la nommer, .sans faire au- Un commentateur dit là-dessus Ini- :
Finissons cette remarque par un avait été fait par l'assemblage de deux
passage de Barfhius , qui nous ap- parties elles se séparent, et chacune
:
prendra qu'on prétend que les païens retourne d'où elle était l'enue , la terre
ont fait allusion à l'aventure de Coré a la terre , et l'esprit en haut il n'y a .
538 AMPHIARAUS.
tùéih. Prœclarè igitur Epiclmnnus ,
un })eu avant que d'être englouti ,
concretum inquit, fuit et discretuin
, rendit à Phœbus les enseignes pro-
est , reditquc undè i-'enerat , terra deor- phétiques , comme une chose qui ne
sitm , spiritus sursiim. Qidd ex hls pouvait pas être portée au royaume
omnibus iniquum est ? JVihiL (35). On de Plu ton :
trouve cette pensée dans les écrits de Àccipe commissum capiti decus, accipe laurus
plusieurs païens (36) et même d.ms , Quas Erebo dejerre nefas (4o).
les poésies de Lucrèce, comme je Tai
dit ailleurs (37). C'était pour le moins Ailleurs, il suppose que Phœbus avoue
connaître en gros la vérité : mais ceux que son prophète descendit dans les
qui s'imaginaient que l'âme d'Am- enfers avec toutes les enseignes de sa
pliiaraiis n'avait pas joui de la liberté charge :
sont trop éloignées du sérieux , pour ;t*V!)i/3->tç T«ç yviç îjUTriiTôov To X^'^y-'*-
i'iç
mériter que l'on s'y arrête , et je IJ.iTo. Tw ap^stTûç at^iîiVJK syîviTo (43).
crains que mes lecteurs ne trouvent Amphiar.ms wero déhiscente terrd ca-
mauvais que je copie ceci : dens in hiatum cum curru inconspi-
cuus euasit. ApoUodore ajoute cette
. . Eece
allé prœceps humut, ore profundo
DissilU inque vicein tiinuerunt sidéra , et
,
raison c'est que Jupiter lui donna
:
(iS) Statiiis , Thebaïd.. lib. VU vs. 81G. (441 Apollocloni'i lib. III pag. iç)3.
nu ,
, ,
(3yj Id. ibid., lib. ,vs. XI. (4'i) Vdle silw'e entre V jtllique el la Be'otie»
AMPHIARAUS.
ni aux purifications , ni à se laver C'était lui donner beaucoup de reliefj
les mains seulf ment ceux qui £;ue'ris-
: car Ton était prévenu de cette opi-
saient d'une maladif par le moyen de nion qu'anciennement il n'y avait
,
roracle jetaient une pièce de monnaie que les personnes inspirées d'Apollon
d'or ou d'argent dans cette fontaine. qui répondissent de vive voix aux
°Eç-» cTs flfCDTr/oiç TTinyii TrKna-iov tov vxoû , consultans je veux dire en forme
,
«V ' hy.<^ia.^tt.rju xa,A.oi/9-iv , oùVe St/ovTeç d'oracle. Les autres devins ne s'oc-
ot/tTtV êç cii/Tiiv , où <r' iTTiKet^a-ptrlotç « X.h~ cupaient qu'à expliquer , ou les pré-
riSi Xf'*'"'^^' vo//i^ovTêc. Nôa-ou ifs «Kas-- sages des oiseaux et des victimes, ou
8Ù3->iç À^S'fi y.a.vTiùfj.dLTdçytvnfjii'iov , kcl- les songes. Mais quelque avantage
âsç-M^êV Àpyufoi tki^itveti x.a.1 ;^pï/î-iv S/T/- que cela donnât à notre Amphiaraiis
0-i)//OV êÇ T/IV OTH'JiJV TotUTM •} *p ÀVÈ?.9{?V sur ses confrères, on ne demeura
•riv 'A//t<f)âf5iov xé^oj/a-iv mJ"» 6êôv (4(»)- point persuadé que sa véritable fonc-
jFif etiam apuil Ompios jons teniplo tion dût être semblable à celle de la
proxintus qiiem Ampliinraï nuncu-
, divinité de Delphes ; car on ne le con-
panl ad quevi nequa diuinarn remj'a~
: sulta que pour recevoir en songe
ciunltipque aut ad
, lustrttndiini , aitt la réponse qu'il avait à faire. C'est une
nd manus lavandas aqiid ed uti jas
, marque que, pendant sa vie, il s'a-
putant : solùm ,
qui tiiorbo oraculi tno- donna principalement à l'explication
nilti lei^ati fueririt , signatum aurum des songes. Voilà , ce me semble, le
(irgentunwe more niajorum in fonteni précis de la narration de Pausanias
abjicmnl. Hinc enimjam deum Arn- (5i). Je ne trouve point que Pvomulus
phiaraum adscendisse tradiint. Notez Àmasaeus l'ait bien traduite, et j'ai-
que tout le monde ne croyait pas la merais mieux m'en fier à la version
résurrection d'Amphiaraiis, et qu'on de Vigénère quoi qu'elle ne soif pas
osait la nier en plein the'âtre j témoin assez exacte. La voici Jophon Cno- :
ce vers allégué par Cicéron sien, l'un des interpréteurs des oracles,
:
son oracle fut très-celèhre-'] Les habi- un des det'ins hors mis ceux qu'an- ,
tans d'Orope furent les premiers qui ciennement la J'ureurd' Apollon esmou-
déifièrent Amphiaraits. Ils lui bâti- uoit ne rendait les oracles ; mais ,
tr'ouvrit et l'engloutit et lui et son fol des ojseaux ou par les entrailles
, ,
au temple qu'ils lui bâtirent qu'il l'ont a L'oracle a lui soient bien et ,
mètres contribua fort à donner aux les cérémonies requises tant envers lui
peuples une grande idée d'Ami>hia- que tous les autres dont les noms
raiis parce que l'auteur de ce Recueil sont là escrits. Cela fait, et ayant
,
xxy.
(48) Paiisanias, lib. I , pag. 33- (51) Idem , ibidem.
(49) Dans la reman/ue (B). (52) Vigénère surl'Ampliiaraùs de Philosirate,
(50) Pansan. , Itb. I ,
pa^. 33. pag. 400 du /". tome.
,,
54o AMPHIARAUS.
va Jions apprendre quelques autres me'ment de celui d'Amphiaraiis (07) :
< ëreinonies que l'on observait en ce voilà donc un second témoin contre le
!icu-ià. Les dieux dit-il (53), sont héros de Philostrate. Disons en passant
,
une fois en Gière un prophète appelle voici "H Tov 'A^<|)iotpeov tÔv crùv toiçctt- :
^mphiaraiis. J'estime (interrompt le TO. TOfç tvn 0/fé'a.ç ç^a.Ti'ja-a.a-t ptiâ. yiviS
rny ) que uous voulez dire celuy qui
J ut fils d'Ioclée et en s'en retournant Aut jiniphiaraiim qui cuni septem
,
,
lonius lequel jusqu'au) ourd'huj rend fuisse posterior il fallait dire wrtor
, :
eni^oye a ceux qui l'en requièrent des Hérodote nous peut apprendre com-
,
songes sur ce qu'ils luy demandent. bien cet oracle était estimé car il dit j
Mais les près très du lieu enjoignent à que de tons ceux que Crœsus roi de ,
ceux qui viennent là se conseiller , de Lydie, fit consulter, il n'y eut que
s'abstenir un jour entier de toute celui-là et celui de Delphes qui firent
fiande et trois jours de fin; à celle de bonnes réponses, et qui recurent
,
Jin qu'ils puissent mieux en leur pen- des dons maf;nifi(jues de la part de ce
sées pures et nelt<]yéc.s concevoir et monarque (5q). Je m'étonne de ce
l'accueillir les raisons des choses qui qu'il observe que les dons envoyés
leur seront manifestées en songe. L'a par Crœsiis à l'oracle d'Amphiaraiis
oh si le l'in estoit un médicament furent mis au temple d'Apollon Ismé-
propre a dormir ce sage Amphiaraiis nien , dans la ville de Thèbes (60). ,
sans double l'auroit ordonne aux son- Pourquoi ne furent-ils pas consacrés
geurs ,et que remplis jusqu'au re- dans le temple même d'Amphiaraiis ?
,
l'age comme une bouteille, ils des- rent-ils pas portés dans toute autre
cendissent en la plus secrette partie du ville, plutôt qu'à Thèbes, dont les
temple où se rendaient de tels oracles. habitans avaient encouru une note
Prenez garde que Pliiloslrate assure désavantageuse par rapport à cet
qu'au temps d'ApoHonius l'oracle oracle ? Car il leur était défendu de
d'Amphiariiùs conservait encore sa s'endormir dans le temple d'Amphia-
réputation cependant Plutarque con- raiis et c'était le seul moyen de con-
:
;
fesse que tous les oracles de la Beotie sulter l'avenir en ce lieu-là. La raison
(54) entre lesquels il met celui-là
, pourquoi cette défense leur fut faite
,
avaient cesse (55). Ne faisons point était qu'Amphiaraiis ayant offert aux
d'incident sur ce qu'Apollonius met Thébains, ou de leur servir de devin,
cet oracle dans l'Attique et non pas ou d'être leur compagnon d'armes
,
dans la Beotie, comme Plutarque. Ils ils choisirent le dernier parti. Vous
parlent du niéme lieu mais comme trouvez toutes ces choses dans Héro-
5
là est venu que certains auteurs ont Au reste, Hérodote raconte cela en
pu dire que le temple d'Amphiaraiis parlant d'un Européen qui fut em-
était dans la Beotie et les autres qu'il ployé par Mardonius pour consulter
,
était dans l'Attique. Clément d'A- les oracles de la Grèce. Il n'a point su
lexandrie reprochant aux païens la
,
cessation de leurs oracles parle nom- (57) Clemens Alexandrin. inProtreptico, ;>. g.
(58) Idem, Stromat.
,
,l,b. I, pag. 334 , CT-
(53) Pliilostrate , Vie d'Apollonius, liv. II , Bailhius sur Stace , tom. II pag. liS, adopte
,
AMPHIARAUS. 54 I
par quel songe Amphiaraiis fit con- avium Tireiias Thebanus inlerpreCa- ,
n'était pas moins révère que celui de C'est ainsi qu'il exprime les regrets
Delphes, ou que celui de Dodone, ou de toute l'armée sur la mort de ce
que celui de Jupiter Hamraon ^ c'est devin. Il dit dans un autre lieu :
Valère Maxime qui le dit Eadem gens :
(63) Plotarcb. de Oraciilorum defecta , pag. (70) Plin. ,;,*. Fil, cap. LVÎ.
(71) Statlus, Tlieb., lib. , l's. FUI
177,
(64) Arislides , Orat. in Asclepiadas , apud (72) Id. , ibid, lib. Fil, vs. 706.
Bartbîum in Statium , tom. II, pag. i38. Dans la remarque
(73) (E).
(65) Valer. Maximus , lib. yill , sub fin. (74 ^oyet la remarque (l) de l'article P»-
(66) Cicero, de Divinat. , lib. I , cap. XL. TBACORAS.
(6-) Paiisan. Ub II pag. G5.
, , (75 Geoponicor. lib. II apud Barlliioqt in
,
542 AMPHIARAUS.
raiis se fit à Phthie (97). "Oots-Ssv <r« l'avenir. Stace le nomme le roi pro-
phète :
o-ioj 4)«,s-iv , Mp|*TO' Tsa)Ç <f'« »v 'hy.^iu.- Talia f/ltidico peragunlsolennia Rf.oi(82).
oatoç Tcù ïxêivœv XÔ'J.û) , kTiûitmc Tê KSti ow
Pour ce qui est de l'adresse dans les
/xivTiC x*i TO oltcKf/.a, Àtto toutou cruy-
exercices où les Grecs se piquaient
KÎK\nça.i Tov TTAvro. ««Jji ;tpôvûv (78).
tant de remporter la victoire, il me
/rt posticaf'ori parle domus est , quant
sullira de remarquer que notre Am-
Phllasil Fatidlcamnuncupant. In eam
enim ingressus Amphiarnus ( queniad- phiaraùs gagna le prix de la course et
modiim ipsi narrant Pfdiasii) cùm celui du disque aux jeux Néniéens ,
noctem unam obdnrniisset staûm di- que les généraux célébrèrent pendant ,
(G) On
lui a donné.... entre autres "Ajcovt; (Tr vlK-cta-iv MiXia,yf)OÇ (84)-
éloges, qu'il travaillait à être honnête Saltu quidem me Amphiaraiis ,
Jaculo ver'o superat Meleager.
homme, et non pas à le paraître.']
Adraste, dans ses complaintes pour Quant aux
belles qualités de son âme ,
la mort d' Amphiaraûs déclara qu'il voyez le VIII*. livre de la Tbébaïde
,
En effet, ce n'était pas un devin qui portons d'abord le fait Aristide « ja- :
n'agît que de l'esprit : son bras était « mais pour honneur qu'on lui iîst ,
jiul jubar adversi grave sideris immolât um- « tre certains vers de l'une des tragé-
brii )) dies d'jEschylus faits en la louange ,
(80) Ce qui manque ici a été cité dans la re- (84) Aihen., lib. IF, cap. XXI, pap. 172,
viarque précédente ^ citation ("tï). (85) A
la page 3o3 des Olîuvres de Julien^
(Si) Stalius , Theb. ,
lib. Fil , vs. 703. édition de Leipsick , en j6g(î.
,, ,
AMPIIIARAUS. 543
y> tout le monde jeta incontinent les ne le seront point. Voici la morale
» yeux sur Aristiues , comme sur ce- de ce philosophe il répond à celle j
» lui à qui véritablement , plus qu'à objection « Quoi! celui à qui j'aurai
:
» nul autre appartenoit la louange )> lait du bien ne saura pas de qui il
» d'une si grande vertu car il n'es- : » l'aura reçu ? » Quid ergà! ille ne-
3» toit pas seulemeat ainsi ferme et sciet à quo acceperil ? Priniuin ntscitit
w roide pour résister à faveur et à si hoc ipium beneficii pars est ihindè :
}> grâce seulement, mais aussi à ire et multa aliaj'nciam, muUa tribuam, per
» à haine semblablement ; pour ce qiiœ intp-llti^al ctillius auclnrem. De-
)» que là où il estoit question de jus- nique ille ntscial ticccpisse se e^o :
» tice , amitié ne lui eust sceu rien sciam me dédisse. Parum est, inquis,
» faire pour ses amis , ni inimitié Parum si j'œnerare cogitas ; sed si
,
» contre ses ennemis (S6). "Voilà le dare quo génère accipienti maxime
plus bel éloge du monde. Ampbiaraiis prnfutunim erit, dahis ; contenlus eris
était digne d'admiration s'il le méri- te teste, y-llioqiiin non benefacere dé-
tait Aristide qui a paru le mériter,
:
,
lectât , sed videri benef'ecisse. ^nlo ,
est un homme incomparable. Voici inquis, sciât: debitoremquceris. P^olo
les paroles d'Eschyle à la louange utique sciât : quid, si illi util iiis est
d'Amphiaraiis , dans la tragédie mli- nescire ? si honestius, si gralius ? non
tulée"E7rT* ÎTri QôCctç, Septeiu contra in ntiam partent abibis ? f^'olo sciai :
Thebas , uers. 544 • it'a lu honnnem non seri'abis in tene-
Tfon enim opliinus videvi , sed esse volet. tet , et pudet ; si quod prœslamus of-
P rofundo mentis sulco fruens , J'endit nisi abscomlilur
, beneficium
Ex quo sana germinant consilia. inacla non milto. Quidni? ego illinon
Faisons quelques réflexions sur un sum indicaturus me dédisse : ciini inter
ne faites que porter une chaîne plus grossier. La réputation toute seule
nes. Appliquez à toutes les vertus la font bientôt servir la louange et l'ap-
belle règle que Sénèque vous a pres- probation à s'acquérir du crédit auj>rés
crite par rapport à la libéralité; elles de ceux qui distribuent les charges, et
seront véritables maissanscela elles :
puis ils se servent de ce crédit pour
s'enrichir ou pour contenter toutes
(86) Plutarchus m
Vitâ Arislidis , pag. iio.
leurs passions. Ainsi la pljis sûre voie
3*' me sers de la version (i'Amyot. ^o>"es le même
qualis haberi uelles talis esses quam : nête homme que de passer pour hon-
fiant ad gloriam proximam et cfuasi nête homme, et qu'il n'y a point de
cfinipendiariam Socfalcs esse dicebat conséquence nécessaire de l'une de ces
(88). Voici les paroles mêmes de So- deux choses à l'autre, par quelque
crate 2l/VTÛ^a)T«.T« Tê KO.) à.!r<^U.\tçi.'TV\
: bout que vous commenciez. Vous n'a-
Kcù jc«,\M's->t ôJoc , ce KfiTÔCot/Xe , Ôti «!v vez besoin, pour être honnête hom-
jioùxii (Toxîfv à.ya.boç sivai, touto hcjli yi- me, que de vaincre vos passions 5
vîtÔai oLyndov 7riipû.ça,i (89). f^elim , ô mais, pour le paraître , il faut com-
Crilobuîe , scias hanc esse bret^issi- battre les passions d'autrui , et en
mam securissimani , oplimamcjue ad
, triompher. Vous avez des ennemis
hœc omnia fiant, in quocunqae vn- artificieux et vlolens qui répandent
lueris bonus apparere, in eodcin effici contre vous cent sortes de médisances.
quoque bonus conari. Ce conseil est Ceux qui les écoutent sont crédules,
fort sensë; car la passion de jouir et deviennent de nouveaux distribu-
d'une glorieuse apparence et d'obtenir teurs de calomnies s'ils sont incrédu-
:
l'applaudissement public est si forte les , ils forment des difficultés , et ils
et si commune parmi les gens même apprennent par-là à vos ennemis com-
qui n'ont pas beaucoup d'envie d'être ment il faut proposer les calomnies ,
vertueux inte'rieurement qu'on peut , afin de les rendre plus vraisemblables.
promettre de grands progrès dans la Vous ignorez quelquefois toutes ces
vertu à toute personne qui s'efforcera machinations ^ et quand vous les sau-
de mettre une parfaite conformité' riez, ou en tout, ou en partie , pour-
entre l'état réel de son âme et l'opi- riez-vous aller de lieu en lieu vou»
nion qu'elle veut que l'on ait d'elle. justifier? Étant honnête homme, com-
Mais il faut avouer qu'il y a moins me je suppose que vous l'êtes , pouvez-
de désintéressement dans cette route vous savoir les fourberies de vos en-
que dans celle d'Amphiaraiis: Parais- nemis , et les biais obliques par où il
sez honnête homme, soyez-le ; jouissez faut prendre les esprits vulgaires ?
d'une belle réputation , mais soyez-en N'aimez-vous pas mieux laisser une
digne n'usurpez point l'estime de vo-
: populace dans l'erreur que d'employer
tre prochain, Voiià ce que conseillait tout votre loisir à disputer le terrain
Socrate il ne voulait point priver de
: à des calomniateurs ? Votre vigilance
la fumée des éloges. Amphiaraiis vous su dirait-elle jamais à renverser ce que
aurait dit Soyez honnête homme et
: , leur malignité biitit sur des cœurs cré-
ne fous mettez point en peine si on le dules, mal tournés, et infiniment plus
saura , si on vous en louera. flexibles au procédé de ces gens -là
4°. Vous me direz que l'un ne va qu'à toute vot:e éloquence et à tou-
tes vos raisons ?
(88) Pelnis Alcyonius in Medice Legato
priore , circajinein.
,
On verra dans la remarque (L) de
l'article de César, que la même louante
(89) Xenophontis Memorab., lib. II, p. 474i
et de la traduction de Charpentier, jiag. i6o. qu'Eschyle donne à notre Amphiaraiis
Voyez aussi Plalon Epîtrc IV, pag. ii';!\; les
, a été donnée par Salluste à Catoa
Offices de Cicéron liv. II , cliap. XII p. -it-i;
,_ ,
d'Utique.
ce qu'a dit Postal dans l'Epîlre dedicaluire de
ses Histoires Orientales sur ce vers de la XVI', (1) On le compte parmi les gens sa-
ïpîlre du I'^. litre «i'Horace : ges qui ont eu le malheur d^éire enga-
Tu reclè vivis, si curas ess: quod audis. gés à des entreprises dirigées par des
,,
AMPHIAllAUS. 545
étourdis.] Peu importe que ce soit » tout sens et entendement , qui s'ef-
moi ou ua autre (jiii fournisse les pa- ^' forcent de t'enir contre nous h tout
rolesdu comnaenlaire de ce texte, il » un grand équippage ( Jupiter le
ne de style , mais de
s'agit point ici » permettant ainsi) sera attiré quand et
faitsou de pensées. Employons donc
, V eux aune finale perdition et ruine. »
hardiment le vieux gaulois d'un com- Voilà co que Vigénère dit. Il ne faut
mentateur de Philostrate (90) Iiy pas s'imaginer qu'Amphiaraùs espé-
:
jjoui'nns nous remarquer et aoperce- rât que les fautes des directeurs se-
volr l'un des eschaniiUons de nostre raient reparées par la justice de la
paui'retéet misère, qu'ilj'ai/le que les cause (91) il e»ait trop' habile hom- :
deus accariastre querelleux et es- cours humains qui font réussir (92) ,
, ,
,
ceruellé perturbateur du repos public et que, ne les ayant pas au même point ,
nonobstant qu'il snit estranger non- à peu près que les défenseurs de l'in-
,
i^oix en chapitre et soit creu pour faire tres considérations , en quelques ren-
entreprendre une guerre non aucune- contres. Lisez ces paroles de Ciccron :
péril et danger des esi^entez qui l'ont infabulis Amphiaraiis , sic ego pru-
suscitée, l'oire en ayent leur première dens et sciens ad pestem ante oculos
part tant a tousjours accoustumé d'a- positam sum profectus (gS) A u reste
: .
» rien pire en tous les affaires du mon- ))veilleuseraent affligée et désolée pour
)> de , que la nieschante compagnie
j) dont l on ne peut jamais rappor- (91) Les Thébains avaient tout le torl dans
celleguerre ,et néanmoins ils eurent tout l'a-
» ter aucunfruict... Ce defin-cy (/e
vantage dans le combat.
» fils d' Oïcleiis , dis -je,} prudent (92) y^orei la remarque (C) de l'article Bro-
1) juste , sincère , et déi^ot personna- TCS (Marc)-
("93) Cicero, Epist. fl , lib. VI aA Famlli.i/.
)> ge grand annonciateur des choses
,
(Ô4) f^orez tf Commentaire iur la Vie tl'A-
3) adfenir, pour s'estre meslé auec des pollonius tradiite en francaii par Vigéuère ,
,
TOME I. 35
,, ,
>46 AMPHIARAUS.
» la mort de son qui lui estoit fils ,
nulli in mœrore
,
quiim de hâc com-
3> décède en son enfance fort loin de Ttiuni omnium
conditione audii^issent,
» maturité j car il dit : eâ lege nos esse nalos , ut nenio in
perpeluum esse posset expers niali ,
» Il ne fui onc homme de mère ne
» Qui n ail esté en ses jours fortuné grai'iùs etiam tulisse. Quocircà Car-
1. Diversement : il met ores sur terre neades , ut video noslrum scribere
» De ses enfans ores il en enterre
,
yintiochum. , reprehendere , Chrysip-
» Lui-mesme après enfin s'en va mourant :
i> Et toutes/ois les hommes vonlplorant pum solebat laudantem Euripidewn
» Ceux que dedans la bière en terre ils portent, Carmen illud :
j. V^iennent en estre , et les autres en issent, Rursus creandi moi'sque est finita omnibus.
:
» Qu est-il besoin que tes hommes gémissent Qua; generi bumano angorem nequicquam af-
» Pour tout cela , qui doit , selon le cours feriint.
.. De la nature , ainsi passer lousjours ? Reddenda est terrae terra (97). Tum vita om-
» Il n'j a rien griefà soiiffrir ou faire , , nibus
• De ce qui est à l'homme nécessaire. Metenda ut fruges : sic jtibet nécessitas.
tles épis serait absurde , s'il s'agissait Mihi p-ero longé v'idetur seciis. JVam
d'apaiser une affliction fondée sur et nécessitas fet endœ conditionis hu-
la jeunesse de la personne que l'on nianœ, quasi cuniDeopugnarecohibet,
pleurerait ; car, selon le train ordi- admonetque esse hominem co- ,
quœ
naire, la moisson des grains ne se gilaiiomagnoperè luctum et leuat :
fait que quand ils sont mûrs. Il vau- enumeralio exeniplorum , non ut
drait mieux faire faire de l'attention animuni nialet^olum oblectet, ajfertur,
à la destinée du fruit des arbres. sed ut ille qui mœret , ferendum sibi id
Comptez les pommes quand elles sont censeat, quod l'idéal riiultos moderalè
en bouton, comptez-les ensuite chaque et tranquille tulisse (99).
semaine vous trouverez que leur
, (L) Les partisans firent un procès
nombre va toujours en diminuant. h ses prêtres. ] Qu'il me soit permis
C'est beaucoup si la moitié se con- d'appeler ainsi ceux qui levaient les
serve jusqu'au temps de la cueillette. tributs de la république romaine dans
Quant au i-este les raisons d'Am- , les provinces. 11 y avait une loi qui
phiaraiis sont assez bonnes ; mais elles exemptait de la taille les biens con-
n'ont rien que de commun il con- :
sacrés aux dieux immortels. Sur cela,
clut même par une maxime qui, dans les prêtres d' Amphiaraiis prétendirent
un certain sens , est plus capable d'ir- à l'exemption, et soutinrent que les
riter le guérir (9G). Nous
mal que de le terres qui appartenaient à cette divi-
verrons bientôt de quelle manière le nité n'étaient soumises à aucune taxe.
philosophe Carnéade les critiquait. Le texte de la loi est clair et précis en
Amyot n'a pas bien traduit ce grec
de Plutarque o Tretpà. tm toihtî! 'A/x-
, (97) Le vers grec rapporté par Plutarque, de
iÇiâpêteç, par Aniphiaraiis en un poème. Consoiatione ^ p.
iio . et qui répond à ceci , est
Cette version insinue manifestement 'Eiç ywv cpsfovTêç" riiv f'Àvct.yKcLiuç s^êf.
cap- 25.
,
qu'une personne qui est morte n'est chênes .sous lesquels Tiburtus, fonda-
pas du nombre des dieux immortels. teurde Tibur et fils d'Amphiaraiis, au-
Quoique ce raisonnement leur l'i^t sug- rait été inauguré, eussent-ils pu vi-
géré par l'avarice et non par le zèle de vre jusqu'au temps de Vespasicn ? No-
la religion chose que des partisans ne
, tez que Solin prétend que Tiburtus
consultent guère quand il s'agit de était petit-fils , et non pas fils d'Am-
leurs intérêts , il était pourtant si phiaraiis. Je rapporterai ses paroles
démonstratif, qu'il devait faire gagner dans l'article Tibck.
leur cause. Je crois néanmoins qu'ils (io3) Plinius, lib. Xri, cap. XLIV.
la perdirent. C'est dommage que toutes
les pièces ne s'en soient pas conservées.
Nous n'en connaissons que ceci yin :
AMPHILOCHUS , fils d'Am-
y4mphiaraûs deus erit,et Trophonius ? phiaraiis d'Ériphyle (a) , fut
et
JVostri guident publicani , cùm essent un célèbre devin. 11 accompagna
agri in Bœotid deorum immorlalium Alcméon son frère à la seconde
excepti les;e censorid , negabant ini-
guerre de Thèbes(Z'), et quelques-
mortales esse ullos , qui , aliqiiandô
homine s fuissent (100). Si on lesavait uns disent qu'il l'aida à se dé-
laissés faire, ils auraient mis à la taille faire d'Eriphyle (c) mais la plu- ;
la plupart des dieux , et en roture part des auteurs sont d'un autre
une infinité de terres sacrées ; car sentiment. L'autel qu'on lui ,
quels titres de divinité , ou d'im-
mortalité , eût-on pu produire à l'é- consacra dans Athènes {d) con- ,
une bonne réduction. Mais de tels guerre de Troie (e). Ils se que-
partisans , où pourraient-ils être en
rellèrent, et s'entre-tuèrent en
sûreté ? Nous verrons ailleurs (101)
combien a paru solide à plusieurs duel , comme je l'ai dit ailleurs (f)
païens ce raisonnement // est mort ; :
Quelques-uns assurent qu'Am—
donc il ne doit pas être adoré comme philochus fut tué par Apollon [g).
un dieu.
II joignit ensemble la royauté et
(M) // laissa bien des enfans. ] J'ai
fait l'article d'Alcméon et d'Amphilo- la prophétie (h) ; car il fut roi
chus, qtii étaient ses fils. Je ne trouve d'Argos. Il est vrai qu'il ne put
pas que les auteurs grecs qui nous res- pas se maintenir dans ce royau-
tent aient parlé de Tiburtus qui était
me. Il en sortit mécontent , et
,
te urbeni liontam habent. ^pud eos (a) Pausanias lib. V pag, l65. , ,
apud quas ,
(rf) Pausanias, lib. I pag. 33. ,
,
(loij Dans la remarque (A) de l'article Tao- yf) Dans l'article Mopsis.
Ig) Strabo, lib. XIV pag 465.
pHOMif s, [Cet article n'existe pas.^ ,
548 AMPHILOCHUS.
citerai (C). On aura quelque chose
dare ,
ut ad ve rhum respondeat Us ,
r>,
1 a rapportée c est qu on proposait par
:
marque ce que Pline et quelques ^^^^^ jgg choses sur lesquelles on de-
autres anciens auteurs en ont dit. mandait la réponse d'Amphilochus.
Qu'on ne dise pas que Lucien a forgé
(A) // aidait un oracle à Mallus , lui-même les contes qu'il a débites
dans la CUicie.'] Pausanias assure que tlans cet ouvrage car cela n'affaiblit :
de son temps il n'y avait point d'ora- point notre preuve puisqu'il est sûr ,
cle aussi fidèle que celui-là. D'où nous qu'il n'eût pas feint que cet oracle
pouvons inférer, que tous les oracles ^tait célèbre, cent ans si depuis
du paganisme ne cessèrent point par personne consulter.
n'avait été le
l'établissement de la foi chrétienne :
C'est ainsi que M. Van Dale satisfait à
TçÔ «Tê ' «*' 'J'i^P 'AÔnvctioiç fç-iv
A/ui<fthoXff cette objection (5). il cite un autre
IvTMÎTClAêl Ca>[MÇ, KUt KiMJCiaÇ êV MstÂÂfi) passage tiré de l'Histoire du faux de-
jMotVTêî'ov À'~\,iv<S'îg-a.'rov twv stt' ifxou {l). vin Alexandre, dans laquelle Lucien
Amphilocho in ipsâ urbe apud Alhe- témoigne que l'oracle de Mallus était
nienses ara sua est : in Ciliciœ l'ère fameux. On eût pu citer un troisième
urbe Mallo ejusdem oraculum quod endroit ;
je le trouve si favorable à
omnium œtate med exstunt
est ,
quœ cette remarque que je le rapporterai ,
minime jnllax. Les réponses de cet tout au long Tiv Tpo<|ii»viov , à Zî:/ ,
:
oracle se donnaient en songe: 'Eç-zv h KO.) i/.k\\çct y.i a.TrQWtyn , tov 'A/n^i-
iAcLXKm TrUti TÎtç KiXtxiAC ' AfA.<^tKoX.'^u ?iO^(<V* OÇ SVaf).Ot/Ç ÀvSpéicTrOl/, KCLI [XïlTftt.-
_;^;pi)ç-«piov Kct) Xf^ ^' ôvêipaTœv. Est AOIOW VIK t£v , èia-TTiaié'il ^svv«.ioç àv K(-
Malli, quod est oppidum Ciliciœ, oia-
culum ÂmpliUochi quod per somnia , TiVOOV TOIV cTj/oVv ûfoXOlV 4VêH* (6j. Dc
consulentibus respondet (2). Les con- Troplionio , Jupiter, quodquc me po-
sultans passaient la nuit dans 1h tem tissimiim angit, de Amphilocho qui :
Voici un passage de Lucien qui nous n'titait pas le fils , mais le petit-fils
persuadera qu'Amphilochus passait d'Amphiaraùs. Disons en attendant ,
To âv M.a.h.Kûù TovTO //.ttiiTitov , i7n(^a.vîç-a.- cT' »K./^a,^«v ê/xciû crapévToç, Ktti to Ml-\w
AMPHILOCHUS.
AOKTTW , 'ofilcévVfJl.tiV Tij iXUToÛ TTIt'Tfli'l "Ap- après la prise de Troie , revint à Ar-
^oc ôvo//ta3-«.ç. K*( «v « îrÔA-iç «i/t» /Myi^)i gos , et s y chagrina de l'état des cho-
T«c 'A((/.<|)i^.o;i^i*ç , X.st/ TOi)f J'wvatTûiTiTouç ses , et s'en retourna en Cilicie , où il
si;têv Argos Aniphilo-
oiKyiTfjfiiti; \^). fut tué et enterré (i5). Voici d'autres
chicuni reliquam Amphilochiam
et brouilleries. Euripidedit qu'Alcméon,
Amphilochus Aniphiarai filius post ,
devenu furieux, coucha avec Manto ,
bellum Trojanum doinum reuersus , fille de Tirésias, et en eut un fils et
cùm reruni status ,
qui Argis erat , ei une fille ; celui-là nommé Amphilo-
nonplaceret condidit in sinu Ambra-
, chus, et celle-ci Tisiphone (16). Cet
cico , urbem de eodem palriœ suce no- Amphilochus, obéissant à un oracle ,
mine Argos nommans tt erat hœc , fut s'établir dans Argos Amphilo-
urbs omnium Amphilochiœ regionis chium. Nous avons vu (17) que Lu-
maxima et potentissimos habebat in-
, cien prétendait que l'Amphilochus
colas. Straboa allègue ce te'moignage dont l'oracle était si célèbre à Mallus,
de Thucydide mais il ajoute quelque ;
était fils d'Alcméon. Les autres disent
chose c'est qu'Amphilochus
: mal , qu'il étaitfils d'Ampliiaraiis. 11
y a
satisfait du gouvernement établi dans deux partis à prendre parmi toutes
Argos, s'en alla en Acarnanie où il , ces confusions. L'un est de dire qu'il
recueillit succession de son frère
la n'y a eu qu'un Amphilochus , dont
(9). Thucydide ne dit point ceci \ et l'histoire n'a été rapportée que par
par conse'quent Strabon a tort de le morceaux; c'est-à-dire que par des
lui attribuer. Ceux qui pre'tendent auteurs qui ont omis une partie de ses
qu'il adopte l'opinion de Thucydide aventures. L'autre est de prétendre
(10) se trompent; car il paraît lui qu'il y a eu deux Amphilochus, l'un
préférer l'historien Ephorus qui a dit ,
fils d' Amphiaraùs , et l'autre fils d Alc-
que d'Argos Amphilochiura
la ville méon que, auteurs ont quel-
et les
fut bâtie par Alcme'on et que son ,
quefois donné à l'un ce qui convenait
fondateur lui ût porter le nom de son à l'autre. On me persuaderait facile-
frère. Mstô. tTs tJiv A/L'.Cpa.Kia.v to Apyoc ment que l'Amphilochus qui eut un
ici To 'Ay.^iXo;;t^ixàv nTio-fAX 'A^x//a.i'a)voç oracle dans la Cilicie est fils d'Araphia-
KAi Tffiv Trai'ïTsDv (il). Post Ambraciani raiis ,et que celui qui fut s'établir dans
Argos sequitur Ainphilochium urbs l'Acarnanie est fils d'Alcméon. Lu ville
ab Atcmœone ejusque liberis conditn. d'Argos de ce pays-là fut bAtie par
11 ne faut pas dire qu'Apollodore n'a Alcméon et par ses fils To "Ap-)/!)?
, :
Argos après la prise de Troie et n'y , pav» qu'on nomma à cause de lui Am-
trouvant pas les chose? dans l'état philochie (20). C'est l'Argos Amphi-
qu'il aurait voulu, se retira vers le lochium et le voisinage. Or, il y a six
golfe d'Arabracie, et y bâtit une ville générations depuis Mélampus jusqu'à
( f 4) L'autre raconte qu' Amphilochus,
• cet Amphilochus : 'Atto «Tï MsAi/^^roîTof
ayaut bâti ilallus dans la Cilicie ,
yiVieti Ts i^ X.XI kyS'fiiç ictri /-ts/^aiç Aju.-
<ftxôX.'jii TijO ' Afji!fta.pci.ou (31). A Alelam-
(8) Tbiicydides Ub. II. ,
(9) Strabo, lib. f^II pag- 225. , (i.î) Strabo, lih. Xir,
pag. 484, 485.
(10) Bcrkelius , in Stepli. Byzant. , J>ag. \i!^. (16) Euripides, apud Apollodorum lib. III, ,
(12) Berlelius le dit pourtanc dans ses Notes (iSj Strabo, Itb. VII pag. 225. ,
sur Etienne de Cyunce, ptig 124. (igj Apollodorus, hb. III , png. loi.
(l'ij Apoilodoi-. , li!>. III ,
pag. 201. (20) Pausan. lib. II, pag. do.
,
ô5o AMPHILOCHUS.
pnde sex per toUdem œtates usque ad a dit seulement qu'Alcme'on et Amphi-
Amphilochuvt Amphiaraï Jilium. Il lochus furent fils d'Amphiaraiis (^5).
faut donc que celui-ci ne soit pas fils 2°. Cela étant il ne fallait pas s'ex- ,
d'Amphiaraiis, comme Pausanias l'as- primer ainsi On dit qu'il était Jils :
second fils d'Amphiaraiis, vous ne trou- philochus dont Plutarque fait men-
,
verez point les six degrés dont parle tion ne diffère point de celui d'Ho-
,
cipale divinité du temple dont cet mena une bonne vie après sa résur-
historien fait mention était Amphia- rection- Voyez Plutarque (2;j).
laiis il devait donc dire , ubi pro
: (E) // ne faut pas le conjondre ai'ec
deo tuâtes Amphiaraûs et non pas , cet Amphilochus dont une oiej'ut amou-
Amphilochus coliiur. Pausanias qni , reuse.'] Voici ce que Pline dit de cela :
non-seulement il assure que les habi- éditions , Argis dilecta J'orma pueri
tans d'Orope bâtirent un temple au nomine Oleni. On avait donc inséré
devin Araphiaraiis; mais aussi il sem- deux fautes dans le texte de Pline: l'une
ble dire qu'Amphilochus n'eut point touchant le lieu où l'oie fut amoureuse j
de part à l'autel qui fut divisé en cinq l'autre touchant le nom du garçon
portions, chacune desquelles appar- aimé. Ceci arriva, non dans Argos ,
tenait à quelque héros ou à quelque , mais dans la ville d'.'Egium (29). Ce-
dieu (aS). Nous trouvons bien dans ce lui qu'une oie aimait s'appelait Am-
partage les enfans d'Ampliilochus philochus, et non pas Olenus mais ;
mais non pas Amphilochus. J'avoue parce qu'il était natif d'Olène on lui ,
mais, après tout, ce ne sera pas don- Theophrastus hœc narrât. Athénée
ner Amphilochus pour le dieu du raconte la même histoire, et cite
temple d'Orope. Cléarque et Tliëophraste ; mais cor-
(D) On aura quelque chose à cen-
(25) Homer. Odyss., lib. XF, vs. 248.
surer à son sujet à M. Moréri.'] On a corrige' cette faute dans les éditions
(26^
1°. Amphilochus un certain
n'est pas de Hollande.
capitaine grec dont Homère fasse
, (27) Pliitarch. de sera Numinis Vindiclâ ,
p.
563 et seq.
mention dans l'Odyssée; car Homère cap. X XXII.
(28) Plin. , lib. ,
(25) Titus Livius, lib. XLF, C. 27. (2g) Situés dans l'jchdieproche de Sicjone. ,
(2j) Pausan., lib. I , pai;. 33. Voyez Pausanias pag. 23o. , liv. Vil ,
puerum amai'it anser , et dans le ^rec, lui qui voudrait être son mari
sv 'Af,yila> S^i ^akToc «fsts-Sêv X^v (Sa) ? (E). Il fallut que pour engager ,
(A), fils de Persée , est moins con- moyen de Céphale qui lui prêta ,
remettant entre les mains de leur Enfin on sut que Jupiter avait
maître, il eut le malheur d'être joué ce tour-là en prenant la fi-
la cause innocente de la mort
gure d'Amphitryon. Celui—ci ,
de ce pauvre prince (C). Comme sans se rebuter, s'approcha d'Alc-
on profita de cette occasion pour mène, et la rendit un exemple
le faire sortir du pays des Ar-
de superfétalion qui a été mille
giens (c) , il se retira avec Alc- fois cité. Elle avait déjà conçu
mène auprès de Créon , roi de Hercule , et il lui fit concevoir
un autre fils. Pour discerner ce-
(«) Exceptez-en un qui était demeuré à la
garde des vaisseaux. Apollodor. , lib. II, lui qui était à lui d'avec celui qui
P^S- 97- était à Jupiter , il jeta deux ser-
{b) Exceptez-en le bâtard Licymnius. Apol-
lodorus , ibid. pag. 99. dans le Supplément de Moréri, qii' Amphi-
,
pour la caresser plus long-temps velle invention n'a-t-il pas fallu que
(F). Il n'est pas vrai qu'Amphi- Molière ait insérés dans son ouvrage,
tryon ait appris aux hommes à pour le mettre en état d'être applau-
mettre de l'eau dans le vin (G). di comme il l'a été ! Par la seule com-
paraison des Prologues on peut con-
Alcmène survécut à son mari naître que l'avantage est du côté de
,
temps de Pausanias (e). H faut se roule; mais il n'en a point fourni les
pensées. Jamais un bon connaisseur
souvenir qu'Amphitryon était né ne dira ici :
{d) Pausan., lib. T, j)cig. Sg. Qu'on ne prenne pas ceci de travers
(e) Idem lih. IX pag. 290.
, ,
j'en supplie tout le monde je tombe
(/) Plauli Amph. Prol.
;
font fdsde Lysidice, fille de Pe'lops : temps d'Arnobe. Ponit animas Jupi-
d'autres lui donnent pour mère Lao- ter si jlmphitryo juerit actus pronun-
nome, tille de Guneus (2). Notez qu'il ciatusque Plautinus (5). Je voudrais
était oncle de sa femme car Anaxo ; ,
bien que nous eussions l'Amphitryon
sa sœur, était la mère d'Âlcraéne (3). d'Euripide, et les deux Amphitryons
(B) // est moins connu par ses ex- d'Ai'chippus.
vlnits , que par l'ai'eniure de sa fem- {C) En
remettant a Eleclryonsestrou-
me qui a scri^i de sujet aux poètes
,
peaux., il eut le malheur d'être la cause
comiques.} Une des plus belles come'- innoce/ite de la mort de cepaui^reprince.'}
dies de Plaute est l'Amphitryon. C'est Voici comment Cùm bas una aujuge-
:
le jugement qu'en fait mademoiselle ret, in ipsam Atnphitryo tum quam ma-
le Fèvre
* qui l'a traduite en fran- nibus J'ortè clai^am geslabat immisit,
,
çais, avec d'excellentes notes. Voyez quœ de bouis comibus repuisa inElec-
les dernières remarques de l'article tryonis caput resiliens ipsum uitd priva-
Téléboks. Molière a fait une corae'die uil (6). Dans le Supplément deMoréri,
du même titre. C'est une de ses meil- au lieu de massue l'on a dit pierre.
,
porte pas sur Bajle , mais sur le Supple'menl (6) Apollod. , lib. II ,
p'ig- 99.
«r» Bloréri de i';35. (7) Dans l'article TtLiEOES.
, . ,
AMPHITRYON. 553
(E) Alcniène exigeait cette condi- El d'une et d'aulreparl pour un tel compliment
Les phrases sont embarrassantes
tion (le celui qui voudrait être son
Le grand dieu Jupiter nous fait beaucoup
mari.'] Nous verrons dans Tarticle au- d'honneur ,
quel la remarque précédente a ren- Et sa bonté sans doute est pour nous sans se-
conde.
voyé le lecteur, qu'Alcmène deman-
H non < promet l'infaillible bonheur
dait principalement qu'on vengeât la D^une fortune en mille biens féconde
mort de son père. Et chez nous il doit naître unjils d'un Ira-
(F) Sa femme portait sur sa télé un srand caur ;
Tout cela va le mieux du monde :
ornement qui tcmoignait que Jupiter Mais enfin coupons aux discours,
avait triple la nuit pour ta caresser , Et que chacun chez sot doucement se retire ,-
plus long-temps. (8)] Voilà qui est sin- Sur telles affaires toujours
Le meilleur est de ne rien dire ".
gulier. Il lui devait sufiire que la tête
de son mari fût chargée du panache, Amphitryon trouve cela si judicieux,
et fortifiée d'ouvrages à cornes et à qu il y donne par son silence un en-
demi-lunes capables de l'emporter sur tier consentement.
les tours de la déesse Cybèle: (G) Il n'est pas vrai qu'il ait appris
: . Qualis Berecinthia mater
. .
aux hommes à mettre de l eau dans
InvehiluTCurru Phrygias turrita per urbes o). le vin.] Cette invention est d'un au-
Qu'était-il besoin qu'elle portât trois tre, si l'on en croit Athénée (11);
lunes entières sur son front ?
mais comme cet autre se nommait
Amphictyon , il est arrivé à un très-
Parvoque Alcmena siiperbit
Hercule
docte critique de confondre avec le le
, lergemtnd crinetn circunidata
Lund (loj. mari d'Alcmène. Je ne doute point
cpie de semblables méprises ne soient
Plusieurs interprètes veulent que ces
souvent cause de la diversité d'opi-
trois lunes aient été le monument des
nions que l'on trouve dans les au-
trois nuits que Jupiter passa avec elle.
teurs. Lisez Athénée vous direz ,
Beau tropliée portatif pour le pauvre qu'Amphiclyon roi d'Athènes, a in-,
Amphitryon Quel monument de son
!
venté le mélange de l'eau et du vin.
honneur sain et sauf! Voulait-elle que Lisez Casaubon vous attribuerez ce
,
tous ceux qui jetteraient Tœil sur sa
secret à Amphitryon roi de Thèbes 5 .
(8) Apo'Iodorns , lib. II , pag. 97 , etc. * Molière , AmpbitrjoD , acte III , scène XI.
(9) Virgil. ^neia., lib. Vl, vs. 785. (11) Athen. , lib. l'y, cap. XXVII, p. 179.
(10) Stat. Tbebaïdos lib. VI , vs. 288. (12) Casaub. in Àthen., pag. 373, 324.
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