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4º,- .
<3 6 63 6625870010
Bayer. Staatsbibliothek
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DE
N. G. TCHERNICHESWKY
1875.
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Stocitsbibli-ºtº
München
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AVANT-PROPOS DU TRADUCTEUR
IV
Confèdere de Fribourg 4
VII
des défauts, comme nous le montre la réalité, tandis
que des gens mauvais possèdent en même temps quel
ques qualités, ainsi que cela se voit presque toujours, dans
la vie réelle. Ceux qui lisent le russe trouveront ces
idées clairement exposées par l'auteur dans son ouvrage
intitulé Rapports esthétiques de l'art avec la réalité.
Il est permis
d'articles d'imprimer
en toutes « toute
les langues, sorte de
excepté: ^ •
livres et
A. T.
i
-
QUE FAIR E
Un Imbécile.
º 1
2
Mais le nouveau venu ne répond pas. Le garçon frappe
plus fort , très fort. Le nouveau venu ne répond pas
davantage: il était probablement très-fatigué. Le garçon
attendit un quart d'heure, puis se mit de nouveau
à frapper, à appeler, mais sans plus de succès. Alors
il alla consulter les autres garçons et le sommelier.
— Ne serait il pas arrivé quelque chose au voyageur ?
— Il faut enfoncer la porte, conclut-il,
— Non pas, dit un autre, on ne peut enfoncer la porte
qu'en présence de la police.
Ils décidèrent d'essayer encore une fois, et avec ume
plus grande énergie, d'éveiller l'obstiné voyageur et, si
l' on ne pouvait y réussir, d'envoyer chercher la police.
Ce qu'il fallut faire. En attandant la police, on se re
gardait avec anxiété, se disant : que peut-il être arrivé ?
Le commissaire de police arriva vers dix heures ; il
commença par frapper lui même à la porte, puis or--
donna aux garçons de frapper une dernière fois. Même
succès. . º
— Vérotchka ! ...
Mais la jeune femme poussa un cri d'effroi et se levant,
comme mue par une force électrique, elle repoussa con
vulsivement le jeune homme, en s'éloignnnt de lui.
— Arrière ! Ne me touche pas. Tu es plein de sang !
laisse moi ! 4
*) Nijni Novgorod.
10
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I.
**
18
tres aventures d' un genre différent, peu nombreuses
d'ailleurs.
Un jour que Vérotchka, fillette de dix ans, acconmpa
gnait comme d'habitude sa mére à la friperie, au coin
des rues Gorokhovaïa et Sadovaïa elle reçut un coup de
poing sur la nuque, appliqué sons doute pour lui faire
tenir compte de cette observation de sa mère :
— Au lieu de badauder, pourquoi ne te signes tu pas
en passant devant l'église ; ne Vois-tu pas que tOus les
· gens comme il faut le font ?
A douze ans, Vérotchka fut mise en pension et reçut
en outre des leçons d'un maître de piano, fort ivrogne'
mais brave homme, et excellent pianiste, qui à cause
de son ivrognerie avait dû se contenter d'une rétribution
très modérée.
A quatorze ans, Vérotchka cousait les vêtements de
| toute la famille, qui, d'ailleurs n'était pas nombreuse.
Quand elle en eut quinze, elle recevait journellement
des observations comme celle-çi :
— Lave donc mieux ton museau, qui est noir comme
celui d'une bohémienne. Mais tu auras beau te laver, tu
as pour figure un épouvantail ; tu ne ressembles à per
S0IlIl6 . -
II.
*) Chanson de Nekrassoff.
**) Verka, diminutif de Véra pris en mauvaise part.
35
IV.
V.
— Parfaitement. · . -
VI.
46 º
VII.
VIII.
IX.
I.
*) Digton russe.
68
II.
-
— Parfaitement, et ensuite ?
— Je ne sais pas. -
— Maintenant, allez-vous-en ? ·
". III.
º
IV.
— Laquelle ?
— Que je danserai le premièr quadrille avec vous.
— Ah, mon Dieu ! je suis engagée; pour le deuxième
je suis à vous.
Lopoukhoff fit de nouveau un profond salut. Deux des
danseurs jouaient tour à tour. Il dansa le troisième
quadrille avec Vérotchka.
Il étudiait la jeune-fille et s'était définitivement con
vaincu qu'il avait eu tort de la croire une fille sans
cœur, épousant par intérêt un homme qu'elle méprisait,
Pourtant, il avait devant lui une jeune-fille bien or
dinaire, qui dansait et riait de bon cœur. Oui, à la
honte de Vérotchka, il faut le dire, ce n'était à cette
heure qu'une jeune-personne aimant à danser. Elle avait
insisté pour qu'on ne donnât point de soirée, mais la -
soirée s'étant organisée, une petite soirée, sans l'expo
tion qui / lui eut été pénible, elle avait oublié son cha
grin. Si donc Lopoukhoff était maintenant mieux dis
posé en sa faveur, il ne comprenait pas trop bien, et
cherchait à s'expliques l'étrangeté qu'il avait sous les
yeux. -
6
82
— Dites, dites. -
84
ganiser un ordre de justice qui ne comportera pas de
pauvres.
— Plus de pauvres ! Et moi aussi j'ai ce désir. Comment
pourra-t-il se réaliser, dites ? La réflexion ne m'a rien
fourni à ce sujet.
— Moi, je ne saurais; seule ma fiancée est à même
de vous le dire. Pour moi je ne puis que vous assurer
qu'elle est puissante, plus puissante que tout au monde
et qu'elle veut la justice. Mais revenons au point de
départ. Si je partage les espérances des pauvres sur
l'abolition de la misère, je ne saurais partager le désir
des femmes, qui n'est pas réalisable; car je ne saurais
admettre l'irréalisable. Mais j'ai un autre désir : je vou
drais que les femmes se liâssent d'amitié avec ma flancée
qui a souci d'elles aussi, comme elle a souci de beau
coup de choses, de toute chose devrais-je dire. Si les
femmes la cultivaient, je n'aurais plus à les plaindre,
et leur désir : « Ah ! pourquoi ne suis-je pas homme »,
aurait perdu sa raison d'être. Car la connaissant, elle
n'auraient pas une destinée pire que celle des hommes. .
- Monsieur Lopoukhoff! encore un quadrille ! Je le
veux absolument !
— Je vous en loue ! — Et l'étudiant serra la main de
la jeune-fille, mais d'une manière aussi tranquille et aussi
sérieuse, que si Vérotchka eut été son camarade, ou si
lui-même eut été son amie. — Lequel donc, ajouta-t-il?
— Le dernier. -
· - Bien. - -
— Je mourrais plutôt.
— Et vous dites qu'il vous aime. Amour! Cet amour
n'est qu'un sentiment, et non une passion. Qu'est-ce qui
distingue une passion d'un simple sentiment ? L'intensité.
Donc, si une simple amitié vous fait désirer de mourir
plutôt que de devoir la vie à des désagréments causés
à la personne amie ; si une simple amitié parle ainsi,
que dirait donc la passion, qui est mille fois plus forte ?
Elle dirait: plutôt mourir que de devoir le bonheur au
malheur de ce que j'aime ! ' plutôt mourir que de lui
causer le moindre désagrement, de la gêner en quelque
chose ! Une passion qui parlerait ainsi serait de l'amour
vrai. Autrement, non. Je dois maintenant Vous quitter,
je vous ai tout dit, Véra Pavlovna.
Vérotchka lui serrant la main. — Eh bien ! au revoir.
— Vous ne me félicitez pas ? C'est aujourd'hui le jour .
de ma naissance.
Lopoukhoff jeta sur elle un regard singulier. — Peut
être.... peut-être ! dit-il, si vous ne vous trompez pas,
tant mieux pour moi !
88 .
V.
VI.
*,
92
— En argent ?
— En argent aussi.
— En domaines peut-être, aussi ?
— Et en domaines aussi.
– Bientôt ? '. 4
— Bientôt.
— Et la noce, quand ?
— Bientôt.
— Vous faites bien, Dmitry Serguéitch, de l'épouser
avant qu'elle n'ait reçu l'héritage; plus tard, elle serait
assiégée de prétendants.
— Vous avez parfaitement raison. -
94
VII.
- Bayertsche
taatsbibliothek
ÎMönchen
- aº
98
voici un à qui on ne saurait faire prendre le change, »
pariez, sans hésiter, 10 roubles contre l, que bien que
vous ne soyez pas rusé, vous pourriez lui faire prendre
le change, pour peu que vous le voulliez; sans hésiter
davantage, pariez 100 roubles contre l, que pour une
chose déterminée il se laissera mener par le bout du nez,
car c'est-là le trait le plus ordinaire, un trait général
du caractère des hommes rusés, que de se laisser mener
sur quelque chose par le bout du nez. Louis Philippe et
Metternich, par exemple, qu'on dit avoir été les plus ha
biles politiques de leur temps ne s'en sont pas moins
laissés conduire à leur perte, comme moutons aux pâtu
rages ? Napoleon I était rusé, beaucoup plus rusé que
eux-là encore et avait dit-on du génie. — N'a-t-il pas
échoué proprement à l'île d'Elbe ? Il trouva que ce n'était
pas assez; il voulut aller plus loin et réussit si bien
qu'il alla cette fois jusqu'à S-te Helène. Lisez l'histoire
de la campagne de 1815 de Charras — c'est à s'attendrir
que de voir avec quel zèle Napoléon se dupait et se
détruisait lui-même ! Hélas, Maria Alexevna elle aussi,
n'était pas exempte de cette malheureuse inclination.
Il y a peu de gens qu'une grande perfection dans
l'art de tromper les autres empêche d'être trompés eux
mêmes. Il y en a d'autres, en revanche, qui sont nombreux
et que la simple honnêteté du cœur sert à garantir
d'une manière sûre. À s'en rapporter aux Vidocq et aux
Vanka Caïn de toute sorte, il n'y a rien de plus difficile
que de tromper un homme honnête et sincère, pour peu
qu'il soit spirituel et expérimenté. Les honnêtes gens
qui ne sont pas bêtes, ne se laissent pas séduire
individuellement. Mais ils ont un défaut équivalent c'est
d'être sujets à la séduction pris en bloc. Le fripon ne
saurait les prendre individuellement, mais collectivement
ils sont à sa disposition. Les fripons, au contraire, si |
faciles à tromper, individuellement, ne peuvent pas être
·
99
- e,
VIII.
Epreuve à la Hamlet.
*) 2 t13 pieds.
105
||
*) Proverbe russe, - -
111
IX.
#! - * - X. •
" aut dire aussi que cet objet qui les préoccupait,
tant et auquel ils ne pouvaient donner que si peu de
place dans leur conversation, n'était pas, comme on pour
rait le croire, l'expression de leur sentiment intime. De
ce sentiment ils ne disaient mot, depuis les vagues pa
roles de leur premier entretien et ils n'avaient pas le
temps de s'en occuper pendant les quelques minutes
qu'ils saisissaient pour causer librement, et qui étaient
consacrées tout entières à la situation de Vérotchka.
Comment pourrait elle en sortir! comment pourrait elle
aborder la scène ? Ils savaient que le théâtre présente
beaucoup de dangers pour une jeune-fille, mais que ces
#º pouvaient, être évités par la fermeté de Vérot
· chka, , - |
· Cependant un jour Lopoukhoff dit à Vérotchka :
- Je vous conseille d'abandonner la pensée de vous
faire actrice. . - | • • • , -
·
| - Pourquoit
- Il7 .
— Parcequ'il vaudrait mieux que vous épousiez votre
fiancé. » C'est-là que cessa la conversation. Cela fut dit
au moment où Vérotchka et lui prenaient leurs cahiers
de musique, lui, pour jouer, elle pour chanter. Vérotchka
devint bien triste et plus d'uné fois perdit la mesure,
bien qu'elle chantât un morceau très-connu. En cherchant
un autre morceau Vérotchka dis : j'en était si contente !
il m'est bien pénible d'apprendre que c'est impossible.
Je prendrai un autre parti, je serai gouvernante.
Deux jours après, elle Iui dit :
« Je n'ai trouvé personne qui puisse me chercher une
place de gouvernante. Voudriez-vous le faire vous-même,
Dmitry Serguéitch : je n'ai que vous ». -
XI.
- Mardi.
— Prenez patience, Véra Pavlovna, nous allons trouver.
— Mon ami, que d'embarras pour vous, que de temps
perdu ! Comment vous récompenserai-je ?
— Vous me récompenserez, mon amie, si VOus ne VOus
fâchez pas....
Lopoukhoff s'arrêta et devint confus. Vérotchka jeta un
coup d'œil sur lui; il avait bien dit ce qu'il voulait dire
et il attendait une réponse.
— Mais pourquoi me fâcherais-je, qu'avez-vous fait ?
- Lopoukhoff devint encore plus confus et parut affligé.
- Qu'avez-vous, mon ami ? - -
XII.
^
127
— J'ai choisi...
— Je n'ai pas besoin de nom, je ne les connais pas.
Mais je te le répète, ne choisis que parmi eux. Je veux
que mes sœurs et mes fiancés se choisissent exclusive
ment les uns les autres. N'étais-tu pas enfermée dans
une cave. N'étais-tu pas en paralysie ? -
-- Oui. -
XIII.
•- º
XIV.
— Quand donc ?
— Après demain, à la leçon.
— C'est trop long.
— Je viendrai exprès demain. -
— Ce soir. . . - -
XV.
XVI.
XVII.
Lui aussi, comme mon trésor, est entré dans les vignes
du seigneur, observa Matroena. Cependant, son trésor
ronflait bruyament et ce ronflement réveilla sans doute
Lopoukhoff; car il se leva dès que Matrœna, après avoir
desservi la table, se fut confinée dans sa cuisine.
XVIII.
i0 /
l46
un emploi dans mon art, je serai peu payé; mais il me
restera du temps pour soigner des clients et avec tout cela
réuni nous vivrons.
— Oui, cher ami, mous aurons bésoin de si peu, seu
lement je ne veux pas vivre de ton travail. J'ai des
leçons, que je perdrai; car maman ira crier partout que
je suis une scélérate. Mais je pourrai en trouver d'au
tres, et je vivrai moi aussi de mon travail; n'est-ce pas
juste ? Je ne dois pas vivre à tes dépens.
— Qui t'a dit cela, chère Vérotchka ?
— Oh! il demande qui m'a dit ? Est-ce que ce n'est
pas toi-même qui m'as toujours entretenue d'idées sem
blables, toi et tes livres; car tes livres sont pleins de
ces pensées. Toute une moitié de tes livres ne contient
que cela. -
XIX.
2XX.
— Certainement. -
Jeudi.
— Cher ami, plus que 66 jours !
— Oui, Vérotchka, le temps va vite.
- Vite ? Oh, mon cher ami, les jours sont devenus si
longs ! En d'autres temps, il me paraît qu'un mois entier
aurait pu passer pendant ces trois jours. Au revoir, mon
chéri, il me faut pas nous parler trop longtemps ; nous
devons ruser, n'est-ce pas ? Au revoir. Ah ! 66 jours
enCOre ! .
159
Samedi.
— Ah ! mon chéri, encore 64 jours ! Que c'est ennu
yeux ici ! Ces deux journées ont duré plus longtemps
que les trois précédentes. Ah ! quelle angoisse! Quelles
infamies m'entourent ! si tu savais, mon ami ! Au revoir,
mon chéri, mon ange, — à mardi. Ces trois jours vont
être plus longs que les cinq précédents. Au revoir ! au
reVoir !
(Hum, hum ! oui ! hum ! — Les yeux sont rougis. Elle
n'aime pas à pleurer. Ce n'est pas bien. Hum !)
Mardi. - | .
Vendredi.
— Vérotchka, où veux-tu aller ?
– Moi, maman ? — Vérotchka rougit, — vers la Per
spective Nevsky.
- Eh bien, j'y vais avec toi ;je dois aller à Gostinoy
Dvor. Mais qu'est ce que c'est ? tu dis que tu vas à la
Nevsky, et tu as mis une pareille robe ! Mets en une
plus belle ; à la Nevsky, il y a beaucoup de monde.
- Cette robe me plaît. Attendez un instant, maman,
je dois prendre un objet dans ma chambre.
Elles vont, Elles ont atteint Gostinoy Dvor. Elles sui
, vent ce rang de magasins qui longe Sadovaïa, près de
l'angle de la Nevsky, — voilà déjà la parfumerie de
ROusanoff. - º
- Ilpas,
Voulez viendra
maman.vous voir ce soir, maman. Ne m'en - a "
-
º
161
XXI.
a°
l63
même un fiacre.
Mertzaloff, qu'il trouva seul ehez lui, lisait je ne
sais quel ouvrage nouveau, — était ce de Louis XIV,
ou de quelque autre de la même dynastie ?
164
*) C'est ainsi que nous traduisons le mot metschanine. C'est-là une classe
sociale à part, et qui est au dessus des paysans et au dessous des marchands.
169
XXII.
— Cocher !
— Où ordonnez-vous de vous conduire, madame ?
Où aller ? Elle croit avoir entendu sa fille dire rue
Karavannaïa; mais elle avait tourné à gauche le long
de la Nevsky. Où ordonnera-t-elle d'aller ?
— Rattraper cette scélérate !
— Rattraper, madame ? Mais dites où il faut aller.
Quelle course à faire ? Le prix enfin.
Maria Alexevna complétement hors d'elle-même, in
sulta le cocher.
— Je vois que tu es ivre, maîtresse, dit celui-ci et il
s'éloigna.
Maria Alexevna le poursuivait de ses injures, appelait
d'autres cochers, se jetait tantôt d'un côtè, tantôt de
l'autre, agitant les bras ; enfin , elle se dirigea sous la
colonnade en trépignant et furieuse. Une demi-douzaine de
jeunes gens, marchands de toute sorte de comestibles
et de brimborions s'attroupèrent autour d'elle, près des
colonnes de Gostinoy Dvor. Ils l'admiraient fort; ils
échangeaient des remarques, plus ou moins épicées, et
171
XXIII.
XXIV.
-
º * - GHAPITRE III.
et le second amour.
I.
II.
— Les détails.
- Quels sont ces détails, mais tu as déjà probablement
pensé à tout, et tu saura te confermer aux circonstances,
Ge qui importe le plus ici, c'est le principe, le carac
tère et le savoir-faire. Les détails se determinent d'eux
mêmes, suivant les conditions particulières de chaque
milieu. -
· — Je le sais, néanmoins, je serai plus sûre quand tu
m'aurais donné raison.
| Ils parlèrent longtemps. Lopoukhoff ne trouva , rien
à corriger dans le plan de sa femme, mais pour elle
même ce plan s'était dévéloppé et éclairé par là, qu'elle
le racontait. .
Le lendemain Lopoukhoff porta au Journal de la
Police, une annonce, portant : Véra Pavlovna Lopou
khoff fait à pria modéré la couture et la lingerie.
Dans la même matinée, Véra Pavlovna s'était rendu
chez Julie. « Elle ne connaît pas, mon nom actuel —
dites : Melle Rosalsky dit-elle au valet. º,
pas elle seule qui le dit; il est vrai, moi aussi, j'en ré
ponds : elles les a vues. Nous savons, qu'il n'y en avait
point; mais l'aspect de Serge était tel, qu'en se plaçant
au point de vue de Pétrovna, il était impossible de ne
pas voir sur lui deux plaques. Pétrovna les avait vues.
Je vous l'affirme sérieusement. -
— Et quelle livrée avait leur valet, Danilytch ! Du
drap anglais à 5 roubles l'archine. Et ce valet si grave
est néanmoins poli; il répond quand on le questionne ;
il a même permis qu'on touchât le drap de sa manche.
Quel bon drap ! On voit qu'ils ont beaucoup d'argent à
jeter par la fenêtre. Ils sont restés, environ deux heu
res, et nos locataires parlaient avec eux tout simple
ment, comme par exemple, moi avec toi, et ne les
saluaient pas, et riaient avec eux; notre locataire et le
général, se sont tout simplemeut étendus sur des fau
teuils, et se sont mis à fumer. À un moment, la ciga
rette de notre locataire s'étant éteinte, il a pris celle
du général pour rallumer la sienne. Et avec quel respect
le général a baisé la main à notre belle locataire ! C'est
ce qu'on ne saurait décrire. Que pensez-vous de tout
cela, Danilytch ?
— Tout vient de Dieu, c'est ainsi que je pense; les
connaissances de toutes sortes et les parents, tout vient
de Dieu. • -
III.
Le second songe de Véra Pavlovna.
— Oh ! Non.
— Chantons-la.
— Chantons.
— Vérotchka ! Mais, il paraît, que je t'ai réveillée. Du
reste, le thé est déjà prêt. Tu m'as bien effrayé: je t'en
tendais gémir; j'entre, et tu chantes déjà.
— Non, mon chéri, tu ne m'as pas réveillée, je me serais
éveillée sans cela. Quel rêve je viens de faire ! je te le
raconterai en prenant le thé. Laisse-moi, je vais m'ha
biller. Mais comment avez-vous osé entrer dans ma
chambre, sans permission, Dmitry Serguéitch? Vous vous
oubliez. Tu t'es effrayé pour moi, mon chéril Approche
toi, que je t'embrasse. Et maintenant, laisse-moi vite, il
faut que je m'habille.
- Tu es si en retard qu'il faut bien que je te serve
aujourd'hui de femme de chambre; le veux-tu ?
- Soit, mon chéri, mais que j'en suis honteuse !
IV.
V.
, •,
229
VI. .
VII.
VIII.
avec ses bras, serrés contre ses côtes comme d'une cein
ture de fer par la main droite de Kirsanoff, et il sentit
la main gauche qui après l'avoir tiré par les cheveux
le tenait à la gorge et Kirsanoff disait :
— Vois-tu comme il m'est facile de t'étrangler ?
Il lui serra une fois la gorge; et Nicolas comprit qu'en
effet il était très-facile de l'étrangler. L'étau se desserra.
Nicolas s'aperçut qu'il pouvait respirer, mais il restait
à la discrétion de son vainqueur. Aux Goliaths qui pa
rurent, Kirsanoff dit :
— Halte-là, ou je l'étrangle. Loin de moi, ou je l'é
trangle. -
243
IX.
X.
XI.
25l
XII.
XIII.
e
254
•,
255
XIII.
-,
• .
259
— C'est peut-être qu'au fond, vous étiez timide et que
vous faisiez effort.
— Oui, cela se peut. Du moins, je l'ai remarqué sur
les autres, — non à cette époque-là, bien entendu , mais
c'est après que je l'ai compris. Ainsi, quand je lui avais
dit que je voulais absolument aller avec lui, il sourit
et me dit : « allez, si vous le voulez, mais seulement ce
sera en vain ». — Il voulait me morigéner, comme il
me l'a dit plus tard; il s'impatientait de mon insistance.
Ainsij'allais, lui debitant toutes sortes de fadaises : mais
lui, il ne disait mot. Nous arrivons. Pour un étudiant,
il vivait très-bien, il recevait de ses leçons environ
20 roubles par mois et il vivait seul. Je m'étendis sur
le divan et je dis : Du vin ! « Non dit-il, du vin je ne
vous en donnerai pas, mais seulement du thé, si vous Vou
".
lez ». — Avec du punch, dis-je. — « Non, sans punch ».
Je me mis à faire des folies, il resta tranquille et me
• regarda, mais sans prêter la moindre attention : cela
m'offensait beaucoup. Maintenant on rencontre des jeunes
gens comme cela, Véra Pavlovna, — les jeunes gens
| sont devenus beaucoup meilleurs depuis ce temps-là,
mais alors c'était une rareté. Je me sentais donc offensée
• et je me mis à l'injurier: si tu es de bois — et j'ajoutais
une injure, — alors je m'en vais. « — Pourquoi donc
partir maintenant, dit-il, prenez d'abord le thé: la pro
priétaire apporte à l'instant le Samovar. Mais seulement
point d'injures » Et il me disait toujours « vous » —
· « Racontez-moi plutôt qui vous êtes et comment vous
en êtes venu là ». — Je me mis à lui raconter une
histoire de mon invention : nous inventons toute sorte
d'histoires et c'est pourquoi personne ne nous croit; mais
pourtant il arrive que ces histoires ne sont pas inven
tées: parmi nous on rencontre des nobles, et des personnes
instruites, Il écouta un peu et me dit : « Non, ce n'est
pas bien inventé; je voudrais bien vous croire, mais je
260
XIV.
XV.
273
a- XVI.
XVII.
Mais comment se retirer. ? Rejouer l'ancienne gomedie, .
feindre d'être offensé, montrer un vilain côté de son
caractère, pour s'y appuyer, cela ne convenait pas :
on ne saurait donner le change deux fois sur une
seule et même chose, une seconde histoire du même
genre n'aurait fait qu'expliquer le sens de la première,
et aurait posé Kirsanoff en héros non seulement des
temps nouveaux, mais aussi des temps anciens. En
général toute suspension brusque de relations devait
être écartée, non pas qu'un tel éloignement n'eut été
plus facile, mais il aurait été à effet, aurait excité l'at
tention, c'est-à-dire, aurait été une chose vilaine et
basse (d'après la théorie egoïste de Kirsanoff). Donc, il
ne restait qu'un seul moyen, le plus difficile et le plus
douloureux, c'était de battre en retraite d'une manière
lente, imperceptible, de façon à ce qu'on ne remarquât
même pas qu'il se retirait. C'était-là une chose délicate
et assez pénible : en aller sans qu'on s'en aperçoive quand
on ne cesse pas d'avoir l'œil sur vous est difficile. Mais
il fallait bongré, malgré agir de cette manière. Du reste
d'après la théorie de Kirsanoff, non seulement cela n'est
point douloreux, c'est même agréable; plus l'affaire est
difficile, plus on se rejouit (par amour-propre) de sa
forge et de son habileté, si on l'execute bien. " .
Et en effet, il l'avait bien exécutée : il ne s'était pas
trahi, ni par un mot, ni par un silence déplacé, ni par
· un regard; il était toujours resté libre en ses manières
",
2T7
XVIII.
288
XIX.
19 •
290
* --
ce, qui est dans toute autre, joie personnelle, une rare
et passagère intensité est ici le niveau ordinaire de
tous les jours sans distinction. . Mais ceci est encore
dans l'avenir pour Véra Pavlovna. '
XX.
XXI.
XXII. ,
L'absence temporaire de Kirsanoff s'expliquait d'une
manière bien naturelle. Pendant cinq mois il avait ne
gligé beaucoup de travaux et il avait dû pendant près
de six semaines s'astreindre à un travail assidu ; main
tenant il s'était ratrappé , et pouvait par conséquent
disposer : plus lihrement de son temps. C'était si clair
que toute explication était presque inutile. C'était, en
effet, si plausible qu'aucun doute ne pénétra à ce sujet
en Véra Pavlovna.
Kirsanoff soutint son rôle d'une manière artistique,
irréprochable, comme autrefois. Il craignait de manquer
de tact en entrant chez les Lopoukhoff, après la con
versation scientifique avec son ami, il craignait soit de
rougir d'émotion au premier regard jeté sur Véra
Pavlovna, soit d'éviter trop visiblement de la regarder,
Ou quelque chose de semblable; mais non, il était content
de lui et il avait le droit de l'être; la première rencontre
310
elle n'y avait pas songé, pas plus que Lopoukhoff alors,
mais maintenant ses pensées prenaient cette direction
à son insu.
* XXIIl.
| XXIV.
XXV.
xxvI.
Lorsque le lendemain Véra Pavlovna sortit de sa
çhambre, son mari et Macha remplissaient d'effets deux
valises. Macha était fort occupée. Lopoukhoff lui donnait
tant de choses à serrer que Macha n'y pouvait suffire.
— Aide-nous, Vérotchka.
Ils prirent le thé tous trois ensemble, tout en embal
lant les effets. à peine Véra Pavlovna commença-t-elle
à revenir à elle, que le mari dit :
-- Dix heures et demie, il est temps d'aller à la
gaTe. -
XXVIII.
s'écria :
« Le voilà, le voilà ! » Observations on the-Prophe
dies of Daniel and the Apocalypse of St. John » c'est
à-dire : Observations sur les prophéties de Daniel et
•l'Anocalype de S. Jean ».
« Oui, je connais peu ces sortes de choses. Newton
écrivit ce commentaire dans son extrème vieillesse
lorsqu'il était à moité fou. C'est-là une source classique
pour qui étudie la question du mélange de l'esprit et
de la folie. C'est une question universellement historique :
ce mélange se trouve dans tous les événements, sans
exception: presque dans tous les livres, presque dans toutes
les têtes. Mais ici il doit y avoir une forme typique.D'abord
il s'agit du plus grand génie connu. Ensuite, la folie qui
s'est mêlée à cet esprit, est une folie reconnue, inconte
stable. Donc, c'est-là un livre capital en son genre. Les traits
les plus fins du phénomène général doivent y ressortir .
d'une manière plus frappante, que dans n'importe quel
individu, et personne ne saurait mettre en doute que
ce sont bien là des traits, ayant rapport aux phéno
mènes concernant le mélange de la folie avec de l'esprit.
Enfin, un livre digne d'être étudié ».
Il se mit donc à lire le livre et avec plaisir ! — ce
livre que depuis un siècle personne ne lisait, sauf, peut
être, ceux qu'en corrigeaient les épreuves. Lire ce livre
330
*) Diminutif de Nikita.
334
Sur ce point je n'en sais pas plus que ses autres amis.
Trois ou quatre mois après sa disparition de Moscou,
sans avoir reçu aucune nouvelle de lui, nous supposâmes
qu'il voyageait en Europe. Cette conjecture parait être
juste. Du moins, elle est confirmée par ce temoignage.
Un an après la disparition de Rakhmétoff, une des con
naissance de Kirsanoff rencontra dans un Waggon du
chemin de fer entre Vienne et Munich un jeune Russe,
qui disait qu'il avait parcouru tous les pays slaves, fré
quentant toutes les classes de la société et ne rertant
dans chaque pays que le temps qu'il fallait pour se,
faire une idée juste des notions des mœurs, de la ma
nière de vivre, des institutions communales du degré
du bien-être et des diverses branches de - la popu
lation; qu'il habitait dans ce but les villes et les vil
lages, allait à pied d'un village à un autre ; qu'il avait
étudié de la même manière, les Roumains et les Hon
grois, qu'il avait parcouru tantôt à pied tantôt en chemin
de fer l'Allemagne du Nord, qu'ensuite il avait visité
en détail l'Allemegne du Sud, les provinces allemandes
de l'Autriche; que maintenant il allait en Bavière et
de là en Suisse, par le Wurtemberg et le Bade; qu'après
il parcourrait de la même façon la France et l'Angleterre,
ce qu'il comptait faire en une année ; si de cette année
il lui restait du temps, il verrait aussi l'Espagne et l'I
talie, si non, il n'irai pas. Pourquoi ? — pour prendre en
considération. Dans un an il fallait qu'il fut absolument
aux États Unis qu'il devait étudier plus qu'aucun autre
pays. Là il resterait longtemps, peut-être, plus d'un an
et peut-être toujours, s'il y trouvait une occupation,
mais il était plus probable, que dans trois ans il vien
drait en Russie, il lui paraissait qu'à cette époque-là il
fallait y être. Tout cela ressemble beaucoup à Rakhmé
toff, y compris ces « il faut » imprimés dans la mémoire
du conteur. L'âge, la voix, les traits du visagée du
352
XXIX.^
#
· • 355
— Certainement nOn. -
— Dans le buffet. •
. D. L.
,
XXX.
dont je n'ai pas besoin, les autres n'ont pas besoin non
plus, — ainsi se manifeste notre individualité. Il faut
plus que l'évidence pour me rappeler au sentiment con
traire. Là, où je suis bien, là, selon moi, doivent être
bien les autres. Cette disposition des pensées étant na
turelle, c'est là mon excuse pour avoir trop tard re
marqué la différence entre sa nature et la mienne. Ceci
est important. Lorsque nous commencâmes à vivre en
t . semble, elle me plaçait trop haut : alors il n'y avait pas
encore d'égalité parmi nous; elle avait trop d'estime
pour moi; ma manière de vivre lui paraissait être exem
plaire, elle considérait comme un trait propre à tous les
hommes, ce qui était ma particularité personnelle, et .
pour un temps elle se laissa entraîner. Il y avait, de
plus, une raison autrement concluante. -
º
393
— Et moi, je sais....
Qu'est ce ? la voix m'est connue..., Je regarde derrière
moi, — c'est lui, c'est bien lui, le lecteur à l'œil péné
trant; expulsé dernièrement, pour n'avoir su ni A, ni
B, sur une question d'art, il est de nouveau là et avec
sa pénétration habituelle, il sait de nouveau quelque
chose. -
II.
- 4oi
c'est du reste l'habitude communé à tout notre cércle.
Mon Alexandre aime aussi à s'analyser dans cé sens.
Si vous entendiez comment il èxplique sa manière d'agir
envers moi et Dmitry Serguéitch pendant trois ans ! à
l'entendre, il faisait tout par calcul égoïste, pour son
propre plaisir. Moi aussi, j'ai depuis longtemps acquis
cette habitude. Seulement, cela nous occupe, moi et
Alexandré, un peu moins que Dmitry Serguéitch; nous
avons là même inclination, seulement la sienne est plus
forte. Oui, à nous entendre, nous sommes tous trois
- les plus grands égoïstes que le monde ait vu jusqu'à
présent. Et c'est, peut-être, la vérité ? C'est possible,
après tout. - - -
A toi, . | .
• . ALExANDRE KIRSANOFF.
- III.
IV.
V. -
4i6 - -
VI. •s
VII.
#
. . - • - - · · · .. ! • -
3 , · · · · · · · , 4, " . " * 4 ,
" - VIII. · ·
- Mais tu ne m'as pas laissée parler affait, Sacha,
commença Véra Pavlovna lorsque, deux heures après, ils
· se mirent à prendre le thé. , • "
- IX. - s
— Sacha, achevons donc-notre conversation d'hier.
C'est indispensable, parce que je me dispose à aller
avec toi, et il faut que tu saches pourquoi, dit Véra
Pavlovna le lendemain matin.
- Tu Viens avec moi ?
- #
- 43l
· — Certainement. Tu m'as demandé, Sacha, pourquoi
, j'avais besoin d'une occupation, dont ma vie dépendrait
réellement, et dont je ferais autant de cas que toi de
la tienne, qui serait aussi attachante et me demande
rait autant d'attention que la tienne t'en demande.
J'ai besoin de cette occupation, mon cher ami, parce
que je suis très-fière. Quand je pense que pendant mes
jours d'épreuve mes sentiments se sont tellement ré
fléchis sur ma personne qu'on a pu les analyser, je
suis toute honteuse. Je ne parle pas de mes soüffrances.
Tu n'avais pas moins que moi à lutter et à souffrir, et
tu as triomphé quand j'ai été vaincue. Je veux être
aussi forte que toi, ton égale en tout. Et j'en ai trouvé
le moyen, j'y ai beaucoup réfléchi depuis que nous nous
sommes quittés hier et j'ai trouvé, toute seule ; tu n'as
pas voulu m'aider de tes conseils, tant pis pour toi.
C'est trop tard, maintenant Oui, Sacha, tu auras beau
coup de tintouin avec moi, mon cher ami, mais que
nous serons heureux, si je me vois capable de réussir
dans ce que je veux ! · # -
º-
:º - *. '
482 · -
. : X. -
XI.
XII.
XIII.
XIV.
XV.
443
XVI.
--
") Les magasins de modes les plus renommés et les plus connus, sont
tenus par des Françaises,
445
VII.
I.
$
*
450
II. *.
· - III.
|
457
IV.
votre avis ». Certes, elle n'aurait pas agi ainsi, et, con
formément à son caractère – ne pas mentir — elle
n'aurait pas parlé ainsi, si elle l'eût aimé; mais son
attachement pour Solovtzoff n'était alors que très-faible
et n'existait presque pas : il ne lui paraissait que plus
intéressant que les autres. Elle devint froide avec lui et,
peut-être, tout se serait bien passé, si le père, dans son
ardeur, n'était allé un peu trop loin, juste assez pour
l'habile Solovtzoff. Il voyait qu'il lui fallait jouer le rôle
de victime, mais où en trouver le prétexte ? Il arriva
qu'un jour Polosoff lui lança une raillerie amère. So
lovtzoff avec dignité et douleur, prit congé de lui et
cessa ses visites. Une semaine après, Katérina Vassi
lievna reçut de lui une lettre passionnée, mais ex
trêmement humble. Il n'espérait pas être aimé d'elle :
il lui suffisait pour être heureux de la voir (quelque
fois sans même lui parler. Et pourtant il sacrifiait cet
immense bonheur au repos de sa divinité. Il était, après
tout, heureux de l'aimer même sans espoir, et ainsi de
suite; mais point de prières ni de désirs. Il ne deman
dait même pas de réponse. D'autres lettres du même
style arrivèrent de temps à autre et finirent par pro
duire de l'effet sur la jeune fille.
Pas très-vite, cependant. Après la retraite de Solovt
zoff, Katérina Vassilievna ne fut d'abord ni triste, ni
pensive, et avant sa retraite elle était déjà froide
avec lui, et, d'ailleurs, elle avait accepté avec tant de
calme le conseil de son père ! — Aussi quand deux
mois plus tard, elle devint triste, comment le père pou
Vait-il s'imaginer que Solovtzoff, qu'il avait déja oublié,
y fût pour quelque chose ? -
V.
cou
' Le vieillard fut fort étonné quand il apprit de Kir
483
sanoff que c'était l'amour pour Solovtzoff qui était la
cause de la maladie de sa fille. Comment cela ? Katia
avait autrefois si froidement accepté son conseil de s'en
éloigner, elle avait été si indifférente lorsqu'il avait
cessé de les fréquenter ! Comment s'était-elle mise à
mourir d'amour pour lui ? Est-ce que même on meurt
d'amour? Une telle exaltation ne parut nullement vrai
semblable à un homme si calculateur et si pratique. Il
donna bien des soucis à Kirsanoff et ne cessait de lui
répliquer : « C'est là une fantaisie d'enfant qui pas
sera » Kirsanoff expliquait, expliquait encore, et lui fit
enfin comprendre que c'était précisément parce qu'elle
était une enfant que Katia n'oublierait pas, mais mour
rait. Polosoff fut convaincu, mais au lieu de cèder, il
frappa du poing sur la table et dit avec une inébranlable
résolution: « Eh bien, qu'elle meure !...... qu'elle meure ;
ça vaudra mieux que d'être malheureuse. Pour elle
autant que pour moi, ce sera moins pénible ! » C'étaient
là les paroles qu'il avait dites, il y avait six mois, à sa
fille. Katérina Vassilievna avait donc raison de croire
qu'il était inutile de parler à son père. '
— Mais pourquoi persistez-vous à ce point ? Je veux
croire que l'amant soit mauvais, mais l'est-il autant
que la mort ? - - -
est digne d'être aimé. Qu'il soit son fiancé et dans peu pâS
de temps elle le refusera. - « | Une
Une telle manière d'envisager les choses était par | jenn
trop neuve pour Polosoff. Il répondit d'un ton acerbe, - d'ell
qu'il ne croyait pas à ces fadaises, qu'il connaissait | 0i
trop la Vie, qu'il voyait trop d'exemples des folies hu
| maines pour croire au bon sens dans l'humanité Il - lºl l
465
VI.
- - VII.
-
474
— J'ajournerais le mariage ?
— Pourquoi donc ne pas le faire, si vous trouvez que
ce serait mieux.
— Mais comment accepterait-il cela ?
— I.orsque vous verrez de quelle manière il l'accep
tera, vous songerez encore à ce qui serait le mieux.
— Mais il me serait pénible de le lui dire.
— S'il en est ainsi, chargez-en votre père, qui le lui
dira.
— Je ne veux pas me cacher derrière un autre. Je
le lui dirai moi-même.
— Si vous vous sentez en état de le dire vous-même,
cela vaut, certainement, beaucoup mieux.
Il est évident qu'avec d'autres personnes, avec Véra
*
476
VIII.
- IX.
|
X,
XI.
--,
483
- 5 • r
XII.
XIII.
XIV.
XV.
XVI.
xVII.
Est-ce que c'est ainsi que se font les visites des jeunes
filles amoureuses ? D'abord, aucune jeune fille bien élevée
ne se permettrait jamáis quelque chose de semblable ;
mais si elle se le permettait il en sortirait évidemment
autre chose. Si l'acte de Katérina Vassilievna est con
traire à la morale, le contenu de cet acte pour ainsi
dire immoral, est encore plus contraire à toutes les
idées admises. N'est-il pas clair que Katérina Vassilievna
et Beaumont étaient non pas des hommes, mais des
poissons, ou, s'ils étaient des hommes, du moins ils avaient
du sang de poisson dans les veines ? Et quant elle le
voyait chez elle, elle le traitait d'une manière tout-à
497
XVIII.
pu êtr
D'après tous les exemples des temps passés, et même
d'après l'exigence de la politesse vulgaire, Beaumont
ainsi,
aurait dû l'embrasser et la baiser sur la bouche ; mais
pas ce
il ne le fit pas, il serra seulement la main qui l'avait
déûnit
-
tennk
— Qu'y a-t-il de curieux ? Si vous lui avez parlé de
moi avec la millième partie de l'enthousiasme que vous
avez mis à me parler de lui, cela va de soi... Sais
— Vous croyez qu'il vous connaît par moi ? C'est jus et en
tement là que gît le lièvre, ce n'est pas par moi, il
vous connaît par lui-même, et beaucoup plus que moi.
— Voilà une nouveauté ! Comment ça ? -
tab
507
XX.
- 509
XXII.
Véra Pavlovna, C'est heureux que ton père ait encore aNa\!
quelque chose. tomb
« — Oui, Vérotchka, on est plus tranquille pour son légè
enfant » (elle a donc un enfant). « — Mais tu m'a fait, qu'ê
songer je ne sais à quoi. Notre vie se passera d'une On r
manière douce et tranquille ». Katérina Vassilievna ne
répond rien. « Oui, dis donc oui pour moi », Katérina
Vassilievna sourit : « Cela ne dépend pas de mon « oui » Var
XXIII.
-
515
- · *
. . .. Gémissait
Gémissait la nuit et le jour
Il appelait son cher a,,...
*) Villages du Caucase.
524 .
Plus loin vient une sottise, mes enfants; ceci aussi est
une sottise, si vous le Voulez: On peut, mes enfants, et
devenir amoureux et se marier, mais seulement avec
, choix, et sans tromperie, sans tromperie, mes enfants. Je
vais vous chanter comment je me suis mariée, la romance
est ancienne, mais moi aussi, je suis vieille. Je suis as
sise sur un balcon, dans notre château de Dalton, je
suis une Ecossaisse à la peau blanche ; la forêt et la ri
vière Bringale sont devant moi, on s'approche du balcon,
en cachette, c'est, certainement, mon fiancé; il est pauvre,
et moi je suis riche, fille d'un baron, d'un lord ; mais
je l'aime beaucoup et je lui chante :
La lune se lève
Lente et tranquille
Et le jeune guerrier
Se prépare au combat
ll charge son fusil
Et la vierge lui dit : -
- • ^ •
Je suis devenue tout-à-fait gaie avec vous; or, où est
la gaieté, là on doit boire *
Hé! ma cabaretière
Verse-moi de l'hydromel et du vin,
Hé! ma cabaretière
Verse-moi de l'hydromel et du vin '
Pour que ma tête
Soit gaie !
Et il volera
Changement de décors
FIN.
- _ -→
UM INBÉCILE - e
PRÉFACE. e e
*.
CHAPITRE I. ©. e e © e © e - - e X>
•
X> II. - © ©. ©. - e - e - 9 Y>
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4 .
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ERRATA
–P-M-4
A- TU J 1L 1E C "T" IE TU J 1ER.
Pages.
· VII de l'Avant-propos du traducteur, l. 11 et 12, au
lieu de : Ce n'est pas la municipalité qui sanctionne
les unions, lisez : La municipalité n'y sanctionne pas les
UlIllOIlS.
» , l. 9. Trantene.... trentaine.
» , l. 24. Elle avuit.... elle avait.
530, l. 1. Quà eu lieu.... qui a eu lieu. .