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de Boüard Michel. Un camp Viking : Trelleborg. In: Annales de Normandie, 1ᵉ année, n°2, 1951. pp. 118-124;
doi : https://doi.org/10.3406/annor.1951.6485
https://www.persee.fr/doc/annor_0003-4134_1951_num_1_2_6485
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(Reproduction autorisée par le Musée National de Copenhague)
(1) Poul Norlund, Trelleborg. Copenhague, 194S, in-4° ; 296 pages, 57 planches.
[Nordiske Fortidaminder, IV Bind, I Hefte]. ?
TRELLEBORG 119
dans le sens longitudinal et le sens transversal, par des poutres de bois destinées
à stabiliser l'importante masse de terre. L'épaisseur moyenne en est de 17 m. 60 ;
la hauteur actuelle, de 5 m. à peine, au point le plus élevé ; mais lors de sa
construction, le rempart devait s'élever à 7 m. environ.
Il ne semble pas que cette levée de terre ait été "construite en plusieurs fois
La grosse épaisseur des remparts est une des caractéristiques de l'architecture
militaire des Vikings au Xe siècle ; conséquence peut-être de la puissance des
machines de siège qu'ils employaient. (On sait, par exemple, que le
retranchement circulaire qui entourait la célèbre place commerciale de Hedeby, dans le
S. E. du Jutland, n'avait que 4 mètres d'épaisseur quand il fut construit au
début du IXe siècle ; cette épaisseur fut accrue à plusieurs reprises ; elle était,
à la fin du Xe siècle, d'environ 15 m.).
Sur la face interne, la palissade était simple, faite de pieux juxtaposés ;
on voit encore aujourd'hui dans le sol les trous dans lesquels ils étaient fichés ;
il y en a deux par -mètre.
La face extérieure du rempart avait une structure beaucoup plus complexe.
La base était faite de pierres de petite taille, empilées sans liant jusqu'à une
hauteur d'environ 1 m. 40 ; l'épaisseur de ce mur atteignait à peu près la même
dimension. Il était maintenu, à l'intrados et à l'extrados, par une palissade. Peut-
être ce mur extérieur portait-il une galerie de circulation, protégée par une autre
palissade.
Au sommet du rempart courait probablement une galerie semblable.
Enfin, à l'intérieur et à l'extérieur du rempart courait un double fossé
atteignant une profondeur d'environ 4 mètres.
Les portes, situées aux quatre points cardinaux, n'avaient que trois mètres
de largeur ; les côtés en étaient garnis d'une palissade, continuant celle de la
face interne du rempart. Chacune de ces portes était fermée par deux vantaux
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PJan de Trelleborg.
(Reproduction autorisée par le Musée National de Copenhague)
120 ANNALES DE NORMANDIE
de bois de chêne, bardés de fer. Il semble que, dans les derniers temps, seul»
demeurait en usage la porte Sud, les trois autres étant obstruées par des murs
transversaux.
Dans l'intérieur de l'enceinte, les rues étaient pavées, si l'on peut dire, de
planches portées par des poutres reposant elles-mêmes sur des pieux enfoncés
dans le sol. Ce sont les traces de ces pieux que l'on a retrouvées ,1e plus souvent ;
cependant, les passages des portes nord et sud présentent encore des planches.
On sait, d'ailleurs, que ce système de dallage était assez commun dans les villes
ou places fortes de la même époque.
En plus, des deux grandes voies perpendiculaires, il y avait des rues secon-
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forme d'un bateau. Mais jamais encore on n'avait découvert de construction aux
formes strictement symétriques, avec galerie extérieure, portes multiples, grande
salle médiane entièrement dégagée.
Or, M. Norlund fait remarquer que ces caractères se retrouvent dans des
objets qui imitent la forme d'une maison : coffrets, écrins, reliquaires. Il cite
notamment le fameux coffret du Trésor de la cathédrale de Kammin en Pomé-
ranie, fabriqué dans l'ancien Danemark aux environs de l'an 1000. Les parois,
en corne d'élan assemblées au moyen de bronze doré, sont incurvées et
surmontées d'un toit cintré ; dépassant les extrémités de ce toit, des têtes d'animaux
figurent les bouts saillants des pannes de la charpente.
C'est encore la maison de Trelleborg qu'évoque un type de sarcophage très-
répandu dans les parties des Iles Britanniques où fut le plus intense la
colonisation Scandinave. En Suède, d'ailleurs, cette forme de sarcophage était encore
commune au XIIe siècle.
Mais ce qui intéresse au plus haut point l'histoire de la Normandie, c'est que
'
le même type de maison figure à plusieurs reprises dans la Tapisserie de Bayeux.
(Voir, en particulier, la scène de la réception des messagers du comte de Ponthieu
à la Cour de Guillaume ; le siège de Dinan ; le serment de Harold ; R'ineendieJ
de la maison).
On n'a pas découvert, à Trelleborg, de trésor ; mais on y a fait des
trouvailles riches et variées, typiques d'un établissement habité. La plupart d'entre
elles sont reproduites dans les planches qui accompagnent l'ouvrage de M.
Norlund (voir, en particulier, les planches IX à LIV). De ces trouvailles, l'auteur a
pu conclure que Trelleborg était habité en permanence. Les habitants
pratiquaient l'agriculture ; et ceei ne laisse pas d'être intéressant : guerriers, ils
eussent pu se consacrer exclusivement aux -armes et se faire ravitailler en vivres
par les paysans du voisinage.
Toutefois, à côté d'outils agricoles, on a trouvé beaucoup d'armes. Quant
aux objets féminins, ils ne sont pas tout à fait absents. Il y a donc eu des
femmes â Trelleborg. Peut-être, suggère M. Norlund, y furent-elles admises vers la
fin, quand se fut assouplie la discipline du camp. Sans doute logeaient-elles dans
les couloirs couverts qui franchissaient les remparts et conduisaient aux trois
portes condamnées du. nord, de l'est et de l'ouest. Ce qui est, en tous cas,
certain, c'est que les grandes maisons du camp n'étaient nullement adaptées à la
vie familiale.
Pour dater Trelleborg, il faut tenir grand compte des trouvailles faites dans
plusieurs fosses-dépotoirs. Dans deux d'entre elles, en particulier, qu'il fallut
fermer pour construire les maisons, on a trouvé des objets du Xe siècle,
notamment une broche d'écaillé de la seconde moitié de ce siècle et une paire de petites
clés dont la fabrication ne saurait guère être antérieure à Fan 1000. D'autre
part, la seule monnaie que l'on ait trouvée dans le camp est d'un type que l'on
estime avoir été frappé à Heddby durant la période 965-985, et que l'on a
trouvée ailleurs dans des cachettes de monnaies enfouies durant les années 990-1010.
Il apparait ainsi fort probable que Trelleborg fut construite juste avant
1000, durant la première partie du règne de Sven. La forteresse dut rester en
service jusqu'au milieu du XIe siècle.
Ces dates se trouvent confirmées par les fouilles opérées dans le çimetière>
qui se trouve à l'est de l'enceinte. Les tombes, où l'on ne relève aucune traêe de
crémation, sont orientées Est-Ouest, avec la tête à l'Ouest ; tel était d'ailleurs
l'usage général du Danemark païen. Les corps sont le plus souvent sur le dos,
les bras tendus le long des eôtés ou légèrement courbés. Les a vanteras croisés.
critère distinctif des tombes chrétiennes, ne se voient que rarement. Parfois, le
TRELLEBORG 123
«orps repose sur le côté, autre mode de sépulture commun chez les païens. vC
Le mobilier funéraire est rare — comme il est de règle dans les derniers
temps du paganisme — . Les tombes des chefs faisaient sans doute exception à
cette règle ; mais on n'en trouve pas dans le cimetière de Trelleborg : peut-être
les chefs furent-ils enterrés en d'autres lieux, où leurs sépultures étaient visibles
de loin.
.
On estime qu'il fallut, pour construire ce camp, abattre plus de 8000 grands |î
arbres, soit, tous les arbres adultes sur 85 hectares de forêt. Quant à l'élaboration 1 1
et à l'exécution du plan, elles témoignent chez le constructeur d'une expérience II
consommée. Il ne s'agit manifestement pas là d'une première tentative. •
De fait, Trelleborg peut-être considéré comme le produit d'une tradition
architecturale Danoise et Nordique. Maison galbée, aux murs de planches plantées
d'ans le sol, cercle fortifié, sont assez communs en Scandinavie au Xe siècle. Peut-
être des influences romaines s'y manifestent-elles — venues on ne sait trop par
•quels canaux : si les Vikings ont beaucoup appris dans leurs contacts avec le
monde anglo-saxon, il ne semble pas que personne ait pu là les initier à la techni-
-que romaine de construction des camps.
D'autre part, les trouvailles faites à Trelleborg fournissent très peu
d'indices d'échanges avec l'Europe Occidentale \ aucun objet provenant du monde
TTrandk ; un fermoir avec un médaillon, copie d'une monnaie anglo-saxonne j
124 ANNALES DE NORMANDIE
Michel de Bouakd.