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Oscar
Peterson
Les
années
Du swing à l’électro MPS
La saga NUMERO
SPECIAL
des pionniers
du clavier
F : 6.00€ - DOM : 7 € - BEL/LUX : 7 € - D : 7.50 € - CH : 12 FS - CAN : 10.99 $CA - ESP/GR/ITA/PORT CONT : 7 € - MAR : 70 DH - TOM : 1790 XPF
JEUDI 5 MAI
• David Sanborn « Electric Band » (USA)
• Charles Lloyd - Jason Moran duo (USA)
• Nguyên Lê « Dark Side Nine » (F)
• Erik Truffaz 4tet (F/Suisse)
• Edward Perraud Synaesthetic Trip (F)
• Romengo & MÓnika Lakatos (Hongrie)
• Hyphen (F) CRÉATION
• Ray Lema « Nzimbu » (RD Congo)
• Mbongwana Star (RD Congo)
• Red Line Crossers (F)
• Laurent Courthaliac trio + Luigi Grasso (F)
• Dj Balafon « Super Afro Party » (F)
VENDREDI 6 MAI
• Airelle Besson - Daniel Herskedal trio (F/Norvège)
• Henri Texier « Sky Dancers » 6 (F) CRÉATION
• Sébastien Texier « Dreamers » 4tet (F)
• Belmondo Big Band « Around Coltrane » + Archie Shepp (F+USA)
• Michael Wollny trio (D)
• The N.E.Q (Corée du Sud)
• Fabrice Devienne « Dipenda » (F)
SAMEDI 30 AVRIL • Laurent Coulondre trio (F)
• Airelle Besson & L’Orchestre Régional de Normandie +Youn Sun Nah • Julien Lourau « Groove Retrievers » (F)
(F/Corée du Sud) CRÉATION • Pat Thomas & Kwashibu Area Band (Ghana)
• Aram Lee - Joce Mienniel trio (F/Corée du sud) • Jef Neve solo (B)
• Géraldine Laurent «At Work» 4tet (F) • Leyla McCalla trio + Raphaël Imbert et Pascal Danae (USA/F)
• Chris Potter 4tet (USA) • Big Band Cosmique (F)
• Eric Bibb & Habib Koité (USA/ Mali) • Samba de la Muerte Dj Set (F)
• David Georgelet – Yoni Zelnik – François Chesnel trio (F)
• Riot Jazz Brass Band (GB) SAMEDI 7 MAI
• Scratchophone Orchestra (F) • Sarah McKenzie « We Could Be Lovers » + Stéphane Belmondo (Australie/
USA/F)
DIMANCHE 1ER MAI • Brotherhood Heritage (F/GB) CRÉATION
• Ping Pang 4tet (F) • « 1,2,3 Piano ! » avec Thomas Enhco solo (F) / Bojan Z & Julien Lourau
• Céline Bonacina trio & le Megapulse Orchestra (F) CRÉATION duo (F) / René Urtreger trio (F)
• Bande à pied Follow Jah (Haïti) • Ana Carla Maza (Cuba)
• Riot Jazz Brass Band (GB) • Schwab Soro (F)
• Pomelé (F) • Edouard Ferlet - Violaine Cochard « Bach Plucked Unplucked » (F)
• Haïdouti Orkestar (F/Balkans) • Black String (Corée du Sud)
• Chico Trujillo (Chili) • United Vibrations (GB)
• Cie Dodeka + Airelle Besson « Boris Vian ! Un cabaret » (F) CRÉATION • Baraji + Nguyen Lê (Corée du Sud/F)
• Osaka Monaurail (Japon)
• Rodolphe Lauretta 5tet (F)
MARDI 3 MAI • Phuncky Doyen (F)
• Bettye LaVette (USA)
• Taj Mahal (USA)
Programmés dans le cadre de l’année
• Vincent Peirani 5tet « Visions of Living Being » (F) France-Corée 2015-2016
• Reverend Shine Snake Oil Co (USA)
• [su:m] (Corée du sud)
• Les Tontons souffleurs (F) Billetterie en ligne sur www.jazzsouslespommiers.com
• Hélène Vouhé – Bastien Ferrez « Charlot festival » (F) à partir du 26 mars pour les abonnements,
• La Cie Silence & Songe « Linon » (F)
à partir du 9 avril pour la billetterie hors abonnement.
MERCREDI 4 MAI
• Dee Dee Bridgewater - Irvin Mayfield & The New Orleans 7 (USA) Points de vente habituels : E. Leclerc, Auchan, Cultura, Cora,
• Hugh Coltman (GB) www.ticketmaster.fr
• Christian Scott aTunde Adjuah « Stretch Music » (USA) à partir du 9 avril
• Tiganá Santana (Brésil/Sénégal)
• Blick Bassy (Cameroun/F)
• Carte blanche à Vincent Tortiller 5tet (F)
• DJ Fweep (F)
Visuel : Loïc Gosset
des pionniers
du clavier
songé à me sauver du studio. Je n’ai jamais eu autant
le trac de ma vie » Qui pouvait impressionner à ce point
feu Keith Emerson en 1976 ? Oscar Peterson bien Julien Lourau & Bojan Z À deux c’est mieux
F : 6.00€ - DOM : 7 € - BEL/LUX : 7 € - D : 7.50 € - CH : 12 FS - CAN : 10.99 $CA - ESP/GR/ITA/PORT CONT : 7 € - MAR : 70 DH - TOM : 1790 XPF
son nom, l’Oscar Peterson’s Piano Party. Le face à face À la une, oscar Peterson
entre le keyboard hero du rock symphonique et le géant photographié par Giuseppe Pino.
Illustration : PrinceofLove/
canadien du piano tourna rapidement à la leçon Shutterstock
de swing, donnée par un virtuose débonnaire sûr de
son art à un “fou des claviers” certes en surchauffe,
mais sans doute ravi de pouvoir rencontrer son idole. N° 682
avril 2016
Avec une passion pas moins contagieuse que
celle d’Antoine Hervé pour Oscar Peterson (lire p. 16), 8 Passe à Table
Bojan Z & Julien Lourau
SyLvAIN GRIPoIx
Jazz Magazine Jazzman N° 682 – AVRIL 2016 Imprimé en France. ce numéro comporte :
est édité par Jazz & Cie, Prix de vente au numéro : 6,00 € Imprimeries Léonce Déprez, - un dépliant « Jazz sous
15, rue Duphot, 75001 Paris Jazz Magazine Jazzman est une Z. I. Le Moulin, 62620 RUITZ. les Pommiers » dans
Principaux associés publication mensuelle Jazz & Cie les exemplaires destinés
Pierre Bastid, Laurent SAS au capital de 350 000 euros à la diffusion kiosques France
Guillemain, Christophe Gouju, R. C. S. Paris B 802 298 588. et dans les exemplaires
Edouard Rencker, ML Sylvain Représentant légal : Edouard Rencker destinés aux abonnés France.
Administration Dépôt légal : 2e trimestre 2016 - un cd « cinq pionniers
Fatima Drut Jasic Diffusion MLP de l’électro » dans les
Tél. : 01 56 88 17 62 N° de commission paritaire : exemplaires destinés aux
1116 K 90618 abonnés avec option cd.
N° ISSN : 2425-7869
© 2016 Jazz & Cie
Directeur
de la publication
Ils en parlent
Edouard Rencker
Directeur
de la rédaction
Frédéric Goaty
(fredericgoaty
@jazzmagazine.com)
Rédacteur
SyLvAIN GRIPoIx
en chef
Franck Bergerot
(franckbergerot
x/DR
@jazzmagazine.com)
Laurent Antoine
Publicité,
partenariats, de Wilde Hervé
événements Pianiste Pianiste
Tristan Bastid
(01 56 88 16 69, J’aime le jazz, j’aime l’électricité, j’aime le Oscar Peterson, mon premier maître par le
tristan.bastid son, j’aime l’électronique, j’aime la musique biais de ses enregistrements. Une synthèse
@jazzmagazine.com)
sous tous ses aspects, sous forme d’onde parfaite à l’époque de tout ce qui pouvait
Directrice sonore ou de neuvième augmentée. C’est me séduire au piano et dans le jazz. Puis il
artistique grave, docteur ? Difficile à dire. En tout y en eut beaucoup d’autres, mais lui, ce fut
Claude Gentiletti
cas, j’ai le sentiment de ne pas être le seul, le premier et il compta vraiment pour moi
Responsable et j’espère que mon dossier spécial saura comme un initiateur, un père musical. Je lui
diffusion kiosques vous en convaincre. Inventeurs, musiciens, suis redevable à jamais de m’avoir ouvert
Maureen Richy-Dureteste programmeurs, tous y sont obsédés par cette les portes d’un monde magnifique, d’une
(01 60 71 55 12,
maureen.boisguerin@lva.fr)
matière unique, fuyante, précieuse, aussi richesse stupéfiante. Son swing transporte la
mystérieuse qu’évidente, par cet océan fertile vie et recèle une énergie inépuisable. L’amour
Best man dans lequel nous baignons : le son. procède de la musique de Oscar Peterson.
Philippe Carles
Pervulgateur
inamovible
Frank Ténot
Chairman
emeritus
Daniel Filipacchi
Bas-Rabérin, Bertrand
Bouard, Peter Cato, Pierre de David Noadya
Chocqueuse, Vincent Cotro,
David Cristol, Lionel Eskenazi, Cristol Arnoux
Julien Ferté, Ludovic
Florin, Jonathan Glusman,
Pigiste Pigiste
Christophe Geudin, Giuseppe
Pino Sylvain Gripoix,
Cinéphile autant que jazzophile, j’ai le plaisir J’ai beau écouter en boucle Lou Tavano,
Antoine Hervé, Jean-Louis de voir ces deux passions réunies dans les Jameszoo et Jaimeo Brown, les grands
Lemarchand, Félix Marciano, pages de votre journal préféré via la rubrique anciens ne me quittent jamais (cf. la
François Marinot, Philippe Jazz au ciné, à laquelle je participe pour la photo de mon arrière-grand-mère en lieu
Méziat, Jean-Baptiste Millot,
Jean-François Mondot,
première fois. Apparus à l’orée du XXe siècle, et place de la mienne, qu’on pardonne
Stéphane Ollivier, Thierry le jazz et le cinéma ont grandi ensemble et ma pudeur). Alan Shorter par exemple,
Quénum, Christian Rose, entretenu des relations parfois heureuses, feu le grand frère de Wayne, trompettiste
Pascal Rozat, François-René souvent compliquées. Outre les concerts et les maudit dont l’“Orgasm” fait partie de
Simon, Alfred Sordoillet,
Katia Touré, Philippe Vincent,
disques, aborder le jazz à travers sa présence mes innombrables “Disques à moi” (lire
Jean-Pierre Vidal, dans les films de fiction permet de découvrir p. 61). Rien que pour partager avec vous
Laurent de Wilde. des aspects surprenants ou méconnus de son ce disque de chair et de sens, je suis
histoire… heureuse de pouvoir m’exprimer dans les
pages de ce précieux magazine.
La rédaction n’est pas responsable des textes, illustrations, photos et dessins publiés qui engagent la seule responsabilité de leurs auteurs. Les documents reçus
ne sont pas rendus et leur envoi implique l’accord de l’auteur pour leur libre publication. Les prix peuvent être soumis à de légères variations. Les indications
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UALITÉS
L’opus exaltant du pianiste Enfin les retrouvailles d’un Joachim Kühn en état de L’un des tous meilleurs
complice d’Ibrahim Maalouf, trio d’exception. grâce, revigoré par la trios européens capté sur
invité sur l’album avec Italie-France-Suède : un présence de deux jeunes le vif en Allemagne. Au
Youn Sun Nah. jazz de chambre poétique, complices, pour un album programme : inventivité,
émouvant, sans frontières foisonnant de vie et de fougue, mystère et
richesses. élégance.
facebook.com/actmusic | www.actmusic.com
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Chet Baker
Un casting des vocalistes trois
étoiles (José James, Sandra Nkaké,
Hugh Coltman...) et un aréopage
de trompettistes majeurs
(Erik Truffaz, Stéphane Belmondo,
Airelle Besson, Alex Tassel...)
font entrer la musique de
Chet Baker dans le XXIe siècle.
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(1)
Les CD Collection sont des compilations thématiques réalisées par la rédaction. (2) Tarif kiosque. accéder aux informations vous concernant, les rectifier et vous opposer à leur transmission éventuelle en nous écrivant.
passe à table
texte Pascal Anquetil photos Jean-Baptiste Millot
“On a eu la chance
de se rencontrer très
tôt et très jeunes”
Depuis vingt-cinq ans, Bojan Z et Julien Lourau partagent plus qu’une
complicité générationnelle : une amitié ouverte et joyeuse fondée sur de
multiples aventures. Débriefing d’un long compagnonnage musical dans un
restaurant japonais, avant leur concert très attendu à Jazz Sous Les Pommiers.
C
x/DR
repères Comment vous êtes-vous C’est en 1990 qu’en même temps que le Bojan Z Quartet, vous
connus ? vous lancez avec Erick Borelva, Christophe Minck, Daniel Casi-
Bojan Zulfikarpašić Julien Lourau Notre première rencontre a eu mir et Dom Farkas dans l’aventure free funk de Trash Corporation…
1968 Naissance le 2 lieu au Sunset à l’automne 1989. J’avais 18 J.L. Avec comme modèle celui de l’improvisation collective “harmolo-
février à Belgrade. ans, Bojan 21. C’était une époque où nous dique”, Trash Corporation a été pour nous une expérience de catharsis
1988 S’installe à travaillions beaucoup les standards. En ce qui quelque peu schizophrène. Toutes nos connaissances de jazzman orthodoxe
Paris. me concerne, au sein du quartette de Marc ont été bousculées par une pratique sauvage de “gai savoir”. Après une pé-
Buronfosse avec Pierre Christophe et Fran- riode d’apprentissage du jazz et de son langage, nous avions tous besoin de
1990 1er prix de
soliste au Concours çois Merville par exemple, mais aussi avec désapprendre et de nous retrouver à jouer ensemble une musique généra-
de la Défense et Noël Akchoté au Baragouin, à Rambouillet, tionnelle sans limites ni œillères. On a finalement beaucoup plus répété que
création du Bojan Z où j’habitais alors. Noël nous avait rédigé un joué sur scène. Trois répétitions par semaine ! Des cassettes démo de notre
Quartet. mini Real Book de relevés de compositions musique ont alors vite circulé par la bande, je ne sais trop comment. C’est
1994 “Bojan Z écrites par des musiciens français – Daniel ainsi qu’on s’est retrouvé au New Morning devant cinq cents personnes qui,
Quartet” (Label Bleu). Humair, François Jeanneau, Henri Texier – à notre grande surprise, connaissaient par cœur tous nos morceaux. Selon la
2001 “Solobsession” mais aussi par Steve Swallow, Don Cherry, théorie de mon père, le sociologue René Lourau, pour rester une avant-garde,
(Label Bleu) Paul et Carla Bley. Quand Bojan a débarqué tout collectif est condamné à s’auto-dissoudre. C’est ce que nous avons
au Sunset, c’était ce répertoire que je jouais choisi de faire à la suite de dissensions au sein du groupe pour savoir s’il
2002 Prix Django
Reinhardt de sur scène avec Noël… fallait enregistrer pour un label indépendant ou une major. On a procédé à un
l’Académie du jazz. Bojan Zulfikarpašić Je me souviens d’avoir vote qui a donné la majorité à ceux qui souhaitaient attendre les propositions
2005 Lauréat du joué The Peacocks de Jimmy Rowles avec d’une major. Du coup, Trash Corporation a implosé en vol sans enregistrer
Prix Hans Koller Julien ce soir-là, lors de la jam finale. J’ai le moindre disque.
(meilleur artiste été tout de suite impressionné par sa sono-
européen de jazz). rité pleine et généreuse. Par hasard, en juin Comment avez-vous rencontré Henri Texier ? Il a joué un rôle
2007 Victoires 1990, j’ai participé au Concours de jazz de important dans votre initiation au jazz et à son monde ?
du jazz avec la Défense pour remplacer Pierre Christophe J.L. Il était venu nous entendre au Sunset alors que nous jouions avec
“Xenophonia » dans le quartette de Marc Buronfosse. Coup Noël Akchoté. Il avait été très étonné que des jeunes gens jouent sa
(Label Bleu). de chance, je gagne le premier prix de soliste musique comme celle de ses amis. Henri nous a alors proposé des séances
et, en prime, un concert offert par André Fran- de travail chez Noël. Ces cours particuliers furent une expérience très enri-
cis à Radio France. Cela nous a encouragés, chissante. Il y a dans le jazz quelque chose d’essentiel qu’il faut à tout prix
Julien et moi, à travailler un nouveau réper- préserver : sa dimension africaine, à savoir la transmission orale.
toire. C’est ainsi que, tout naturellement, le C’est aussi grâce à Henri qu’après le succès de son disque “An In-
B.Z.
quartette de Marc Buronfosse est devenu à dian’s Week”, auquel j’avais participé, que j’ai osé appeler Michel Orier
l’occasion de ce concert de la Maison de la pour savoir si cela l’intéressait d’enregistrer notre quartette avec Julien chez
Radio le Bojan Z Quartet. Label Bleu. Il a accepté. Nous avons choisi d’enregistrer l’album à New York
‘‘
Le choix du crowdfunding est un test
grandeur nature pour vérifier s’il y avait,
au-delà de la crise du disque, une crise
de confiance entre nous et notre public.”
dans le studio de David Baker. Souffrant, Michel Orier a délégué ses pouvoirs de directeur artistique pagnonnage, je ne retrouve rien, ni le goût ni l’obligation,
à Dave Liebman, qui a supervisé toute la séance avec beaucoup de bienveillance et de profession- qui pourrait ressembler à une relation de couple comme
nalisme. On a beaucoup appris à son contact. A la fin, il nous a dit : « Je crois que nous tenons là j’ai pu le lire. Il n’y a qu’une amitié forte, libre et complice.
un great album. » C’est déjà quelque chose d’extraordinaire. Il faut
B.Z.
dire qu’on a eu la chance de se rencontrer très
En 1995, après l’enregistrement de “Yopla !”, tôt et très jeunes. Cela aide à sceller une amitié solide
vos routes se séparent… et solidaire.
C’est l’année où je crée le Groove Gang… Avec Bojan, nous nous retrouverons pour l’enregis-
J.L.
trement de “Koreni”, dans lequel nous avons signé notre première plage en duo, Gradino Kolo. C’est pourquoi, dans l’exercice si fragile du
Mais notre premier duo “officiel” aura lieu en 1997 de façon impromptue, au Pannonica de Nantes. duo, vous n’êtes jamais dans la lutte d’ego,
mais dans l’entraide. Votre tête-à-tête musical est
En 2001, Julien, vous invitez Bojan pour jouer dans “The Rise”, puis en 2005 dans un corps à corps intense qui ne trouve sa pleine
le diptyque “Fire & Forget”… expression que sur scène…
L’inversion s’est faite naturellement, sans préméditation. Dans les années 1990, c’est Julien Quand on répète chez nous, sans pression, on
B.Z. qui jouait dans mes groupes. Dans les années 2000, c’est moi qui le rejoignais dans ses J.L.
ne sait jamais si on joue pour soi ou pour l’autre.
nouvelles aventures. C’est important qu’il y ait une libre circulation des rôles. II n’y a jamais eu entre C’est d’ailleurs pourquoi les essais en studio pour l’en-
nous de relation de leader. C’est là qu’intervient le fait que nous sommes de la même génération. registrement de notre duo n’ont pas été concluants. Il
Voilà des années qu’on partage beaucoup de moments ensemble. Julien aime à dire que le point nous manquait un autre récepteur. On a donc décidé de
fort de notre relation est qu’on sait tous les deux ce que l’on ne veut pas faire. l’enregistrer live au Triton, le club des Lilas. Dès qu’il y a
C’est vrai, je passais souvent chez Bojan – ou lui chez moi – pour écouter en sa compa- un public en face de nous, il y a plein de questions qui
J.L.
gnie toutes sortes de musiques. Je n’avais jamais connu auparavant une telle complicité ne se posent plus. La scène, c’est quand même notre
d’écoute. Ce sont des moments fondateurs dans notre relation. Précision : dans notre long com- meilleure manière de “fonctionner” ensemble depuis
‘‘
un malade. Avec le magnétophone de Bojan,
on enregistrait à double vitesse. En ralentis-
sant, on descendait tout d’une octave. C’est
de cette manière que j’écoutais le clarinettiste
bulgare Ivo Papasov pour essayer de lui pi-
La musique quer ses “trucs” quand il jouait des trilles infer-
peut donner nales. Tout cet apprentissage m’a ouvert de
nouvelles portes sur le saxophone dans son
aux gens approche rythmique. Ce qui explique qu’on
l’impression ait pu développer avec le temps un langage
que tout est commun qui nous permet de réagir au quart
de tour à chaque proposition de l’un ou de
possible.” l’autre. Ensemble, on n’a vraiment plus besoin
de batteur ni de bassiste.
B.Z. Avec Julien, on pense tous les deux de
la même façon rythmiquement. Cela
explique qu’il nous a été facile de dialoguer,
parce qu’on connaît et qu’on entend ensemble
les lignes de basse et les motifs de batterie.
des années, avec toujours en tête le désir de tout y donner. On est alors
obligé de faire équipe pour emmener le public le plus loin possible, voire le Vous êtes tous deux des grands
x/DR
bluffer, si l’on peut. Je me souviens d’un concert à Quimper devant mille voyageurs. Comment réagissez-
personnes. Ces mille personnes, on les a retournées à nous deux, comme si vous aujourd’hui à cette vague de peur
repères
on nous étions six, dix, cent. Un grand moment de bonheur partagé ! de l’étranger qui déferle un peu partout ?
Julien Lourau J’ai toujours beaucoup voyagé. Même
J.L.
Est-ce en raison de cette relation forte avec votre public que à Paris. Quand j’ai monté le Groove
1970 Naissance
le 2 mars à Paris. vous avez choisi pour l’enregistrement de votre duo de mon- Gang, j’habitais Belleville, un quartier multico-
ter, avec l’aide de Jeff Sharel, le label 2Birds1Stone sur le mode du lore où je pouvais rencontrer des musiciens
1989 Rencontre financement participatif ? qui venaient de tous les coins du monde. Cela
avec Bojan lors d’un
bœuf au Sunset. Le choix du crowdfunding est le fruit d’un souhait commun : celui de m’a nourri et fasciné. Je sais, rien n’est perma-
J.L.
pouvoir redéfinir la relation qui nous lie à notre public en l’incluant dans nent. Il faut que ça change. Mais ça bouge au-
1990 Création avec le processus de création de cet album, et sûrement de beaucoup d’autres jourd’hui dans un sens qui est plutôt flippant.
Bojan Z et Noël
Akchoté de Trash à venir. C’est un test grandeur nature pour vérifier s’il y avait, au-delà de la Cela fait vingt-sept ans que je vis en
B.Z.
Corporation. crise du disque, une crise de confiance entre nous et notre public. A notre France. Un pays que j’aime et que j’ai
grande surprise, en trente jours, on avait dépassé la barre des 8 500 euros ! choisi. Mon envie de venir y vivre a été nourri
1992 1er prix de
soliste au Concours Cela fait chaud au cœur ! par une idée d’excellence, le désir de donner à
de la Défense Il faut aussi dire que, depuis nos débuts, Julien et moi, chacun de mon existence une dimension qui me pousse
B.Z.
notre côté, on a toujours fait, en aval comme en amont, tout le travail toujours vers le haut. Ce qui me chagrine
1994 Création du
julien Lourau Groove de préparation, production et promotion pour la réalisation de nos disques. aujourd’hui, c’est l’impression que la médio-
Gang On n’en a eu marre que ce soient toujours les agents ou les producteurs qui crité gagne partout du terrain, surtout à la télé.
récupèrent au bout du compte le fruit de cet investissement. Il était temps Cette médiocrité commercialisée va de pair
1994 Enregistre
avec Abbey Lincoln de prendre notre indépendance. avec une vulgarité galopante. Comment s’en
(“A Turtle’s Dream”). protéger ? Je ne vois que la culture comme
2000 “Gambit” En vingt-cinq ans de fréquentation musicale, qu’avez-vous rempart. Donc aussi la musique. A l’issue de
avec jeff Sharel : appris l’un et l’autre en jouant ensemble ? nos concerts, je ne peux que constater cette
début d’une longue J.L. Beaucoup de choses. Moi qui suis un amoureux du piano, j’aime soif d’ailleurs, ce besoin d’horizons nouveaux
collaboration que Bojan cherche à chaque instant à trouver la couleur juste au que manifestent toutes les personnes venues
2009 “Quartet niveau harmonique. Cela correspondant au sens dans lequel je veux moi- nous entendre. À la fin, ils nous disent « merci »
Saïgon” (Naïve) même aller. Et puis, bien sûr, rythmiquement, Bojan m’a beaucoup apporté. pour les avoir, le temps d’un concert, fait voya-
Quand j’allais chez lui dans les années 1990, il me donnait à déchiffrer des ger. Ce n’est pas anodin. Cela prouve que la
partitions pleine de trilles et de mordants. Quand il a fallu les jouer avec mon musique peut donner aux gens l’impression
sax, j’avais l’impression d’apprendre un nouvel instrument. Cette découverte que tout est possible. •
CD “Duo” (2Birds1bird des rythmes asymétriques des Balkans m’a tout de suite donné envie de
/ fr.ulule.com/le-duo,
Choc Jazz Magazine).
Concerts Le 4 avril
à Lille (Aéronef), le 14 à
Cully Jazz (Suisse), le 7
mai à Coutances (Jazz Bojan Zulfikarpašić, Julien Lourau et Pascal Anquetil ont déjeuné au restaurant japonais Bizan (56 rue Sainte
Sous Les Pommiers),
le 18 à Nantes (Salle Anne, 75002 Paris – 01 42 96 6 76). Au menu, le “Bento Bizan” : tempura de crevettes et légumes, lieu noir aux
Paul Faure). légumes, petit udon et blanc-manger en dessert, le tout accompagné, bien sûr, de saké.
Oscar Peterson
Comme
à la
maison
Ed Thigpen, Ray Brown
et oscar Peterson
dans le salon de hans
Georg Brunner-Schwer.
E
En cette fin de soirée de mars 1963, le trio d’Oscar
Peterson éprouve un petit frisson de plaisir incrédule
à la vue du rutilant carrosse qui leur est destiné : une
limousine… Ils venaient de donner un concert à Zürich
et devaient se rendre à Villingen, à quelques kilomètres
de là, pour un petit extra bien rémunéré. Une invitation
qu’on ne refuse pas puisqu’elle émanait d’un allemand
richissime au nom aussi long que sa limousine : Hans
Georg Brunner-Schwer. Peterson ne savait pas que
cette invitation ponctuelle allait se transformer en pierre
blanche dans sa triomphale carrière. Pendant six ans, il
revint à Villingen. Il y donna des prestations enregistrées
qui comptent parmi les plus ébouriffantes de sa carrière.
‘‘
caisse enregistreuse.
JoSEF WERKMEISTER
les micros Neumann du dernier cri. Depuis son home
studio du troisième étage, Brunner-Schwer est relié au
salon par un circuit de télévision interne. Tout cela frappe
Peterson. Mais il est surtout sensible à l’accueil qui lui est hans Georg Brunner-
fait. À une époque où les musiciens noirs, notamment Schwer et son héros
quand ils voyagent dans le sud des États-Unis, ne savent oscar en train de
peaufiner le mixage
pas s’ils vont trouver un hôtel pour les recevoir, voici que d’un 33-tours MPS.
ce millionnaire allemand et sa femme Marlies les traitent
à la fois en princes et en frères. Avec le temps une amitié
profonde s’établira entre Peterson et le futur producteur
du label MPS. Pourtant, Peterson ne parle pas l’allemand
ni Brunner-Schwer l’anglais. Mais les deux hommes se
retrouvent sur l’amour du piano, de la famille, de la nature
(le chalet de Villingen se trouve dans la somptueuse Forêt
Noire) et mille choses imperceptibles qui construisent
une amitié. Bref, ils ne se comprennent pas, mais parlent
la même langue. Toute cette alchimie humaine explique dans les ballades. Le coffret fait bien entendre la facette
l’incroyable qualité de la musique réalisée dans ce petit tendre et mélancolique du géant canadien. Sa version
chalet de bois perdu dans la Forêt Noire. bouleversante de Little Girl Blue est un des sommets de
Cette musique nous est donc restituée aujourd’hui sous cette série de disques.
forme d’un coffret de huit CD (dont deux d’inédits, écar- Deuxième constatation : Peterson est l’héritier direct
tés parce que Peterson venait juste d’enregistrer ces de toute l’histoire du piano jazz. Il en a assimilé tous les
mêmes titres pour Verve). “Exclusively For My Friends” styles : le ragtime, le stride furieux de Willie “The Lion”
permet d’écouter Peterson au sommet de sa forme, et Smith, le boogie-woogie, Erroll Garner, le bop le plus vif
dans la meilleure captation possible compte tenu des argent, Ahmad Jamal et Red Garland (cf. Stella By Star-
techniques de l’époque. On a l’impression d’être à côté light sur “The Lost Tapes 1”), jusqu’à Bill Evans et Herbie
de lui, sur le tabouret de son piano. La réédition de ces Hancock. À partir de tous ces éléments, Oscar Peterson
albums miraculeux fournit l’occasion idéale de faire le a forgé une synthèse très personnelle où ancien et mo-
point sur le pianiste canadien décédé en 2007. derne trouvent un équilibre idéal. Tout ceci est porté par
une qualité en voie d’extinction : une irrésistible jubilation
Première constatation : Oscar Peterson est un show- (le meilleur exemple en étant peut-être l’extraordinaire
man. Héritier de la grande tradition du jazz, il sait l’art Walking Is Hip dans le CD volume III) qui vise à faire vivre
de l’entertainment. C’est d’ailleurs ce qui le différencie au public une extase musicale au sens fort du terme.
fondamentalement de Bill Evans. Cependant, comme ce
dernier, Oscar Peterson souffre souvent d’une écoute Troisième constatation : comme tout jazzman digne de
superficielle de son art. Car sous le clinquant d’une ce nom, dans ses interprétations (pas uniquement au
bonne humeur perpétuelle se développe une maîtrise moment de l’improvisation) Peterson s’avère un narra-
ChRISTIAN RoSE
incomparable de tous les paramètres musicaux. Elle lui teur hors pair. Dans ce cadre, il a affûté des stratégies et
permet d’atteindre une rare profondeur d’expression des outils d’une efficacité à toute épreuve. Mille surprises
attendent l’auditeur à chacune de ses interprétations.
Celle par exemple des contrastes extrêmes et subits
(l’enchaînement de Waltzing Is Hip à Satin Doll dans le
CD volume III), passant en un quart de seconde de la ru-
desse la plus mâle à la plus extrême délicatesse (voir par
d’écouter Peterson au sommet exemple l’introduction solo à Love Is Here To Stay, tou-
jours dans le CD volume III). Bien qu’il ne semble pas né-
tion possible compte tenu des cessaire de s’attarder sur sa virtuosité digitale légendaire,
il faut pourtant signaler la technique d’attaque d’accords
répétée (double ou triple), à la manière des saxophones
ou des trompettes (Three O’Clock In The Morning sur
“The Lost Tapes 1”), ou l’art après lui indépassable des
block chords sur les tempos les plus élevés (en double Le coffret
time sur le fantastique Sandy’s Blues). Signalons pour les
plus experts de nos lecteurs, la technique de pédale de chOc
résonance grâce à laquelle il fait ressortir telle ou telle voix magazine
Si cela chante tout le temps, y compris lors des pyro- “Exclusively For My
Antoine Hervé
Friends” (1 coffret
technies les plus folles, cela est dû autant au fait que 8 CD MPS / Harmonia
Peterson est un vocaliste plus qu’honorable (proche de Mundi). [CHOC]
Nat King Cole) qu’au tapis déployé par ses partenaires Volume I “Action” (trio)
“Un
au swing et au drive parfaits. Si Ray Brown est à la hau- Volume II “Girl Talk” (trio)
teur de sa grandeur sur ces enregistrements-ci, dans le Volume III “The Way I
Really Play” (trio)
jeu extrêmement ferme de Sam Jones (présent sur deux
Volume IV “My Favorite
volumes) Oscar Peterson avait trouvé une contrebasse Instrument” (solo)
Oscar
à même de le pousser dans ses avant-derniers retran- Volume V “Mellow Mood”
chements ! Pour preuve le duo qu’il forme au début de (trio)
In A Mellotone (dans le cd volume V). Quant au batteur Volume VI “Travelin’
On” (trio)
Bob Durham, il ressort grandi de cette série de disques.
Enregistré entre 1963
pour
Il faut entendre comment son tic-tac brûlant et inlassable
et 1968 à Villingen
porte Peterson à ébullition sur Never Say Yes (dans le cd (Allemagne) chez Hans
volume VII). Au total, avec ses blues, ses ballades, ses Georg Brunner-Schwer.
Oscar”
cavalcades vertigineuses, ses morceaux latins, le coffret “The Lost Tapes 1 –
offre une belle vision satellitaire de la planète Oscar Peter- Exclusively
son. Neuf ans après sa mort, elle brille toujours d’un éclat For My Friends”
incomparable. • “The Lost Tapes 2 –
A Lovely Way
To Spend An Evening”
Idem, novembre
1963-juillet 1971.
Avec Oscar Peterson (p), L’auteur des “Leçons de jazz”,
Ray Brown ou Sam Jones dont l’une des plus spectaculaires
(b), Ed Thigpen ou Bob
Durham (dm). est consacrée à Oscar Peterson,
NB : “Exclusively a lui aussi écouté le coffret MPS,
For My Friends” a et redécouvert les faces à l’origine
également paru en coffret
de sa vocation. Il jubile comme
L
six vinyles l’an dernier,
sans les “Lost Tapes”. son maître, et nous dit pourquoi.
repères
1925 Naissance à paraissent à partir de
Montréal le 15 août de 1968 sur MPS, avec le
x/DR
parents émigrés des trio ou Bobby Durham
Antilles. remplace Louis Hayes
1931 La tuberculose,
à laquelle succombe
(“Action”, 1963 ; “Girl
Talk”, 1966-68, etc.), PETERSoN,
en solo (“My Favorite
BIEN BRANché
1955-1957 Les faces d’un concert privé en relation privilégiée avec Ikutaro
Clef commencent à 1961 chez l’ingénieur L’arthrite qui affecte Kakehashi, le fondateur de Roland,
Avec Norman Granz être regroupées en du son Hans Georg Oscar Peterson depuis pour qui il posa au début des
albums 30cm sous Brunner-Schwer son plus jeune âge années 1980 sur des publicités
le nouveau label à Villingen (Forêt devient un handicap vantant les mérites du PianoPlus,
1945 Professionnel
depuis 1940, il Verve. Le trio donne le noire) et par son croissant. ainsi que de la boîte à rythme TB
enregistre ses meilleur de lui-même Bösendorfer, Peterson 606 et le séquenceur de basse TB
y entame une série de 1990 “Live au Blue
premiers disques dans la spontanéité 303, dont les sons allaient bientôt
des enregistrements concerts périodiques. Note” avec Herb Ellis,
en trio pour Victor Ray Brown et Bobby envahir les dance floors !
au Canada qui “live” tels “At The
1964 “Oscar Peterson Durham, premier Dans son studio personnel,
font deviner une Shakespearean
Trio + One” avec Clark disque pour Telarc. il possédait de nombreux
fascination pour Art Festival” ou “At The
Terry, “The Canadian claviers, ainsi qu’un équipement
Tatum encore mal Concertgebouw”. Suite”, “We Get 1993 Accident
Albums avec Stan d’enregistrement professionnel.
assumée. Requests” paraissent vasculaire cérébral
Getz, Harry Edison, Après son décès, une association
sous label Mercury (AVC).
1949 Remarquée dès Coleman Hawkins, de charité canadienne obtint de
et ses sous-marques
1945 par Coleman Ben Webster, Sonny 1995 Retour sur mettre aux enchères ses dernières
Limelight et Verve.
Hawkins, sa technique Stitt, Louis Armstrong, scène handicapé de possessions électroniques, au
exceptionnelle attire Ella Fitzgerald, Anita 1965-1966 Ed la main gauche. Il ne nombre desquelles figurait un
Norman Granz qui le O’Day… Thigpen, puis Ray tournera plus qu’un magnifique Korg Oasys, dont les
fait venir à New York Brown sont remplacés
1958 – 1959 mois par an, avec Ulf superbes échantillons de piano
pour se produire au respectivement par
Carnegie Hall avec le Installation en Wakenius ou Lorne côtoyaient des sons de nappes
Sam jones et Louis
jATP dont il devient Californie et adoption Hayes. Hommage Lofstky, NHOP ou envoûtantes... • LAurent de WiLde
l’un des membres du trio piano- chanté à Nat King Cole David Young et Martin
réguliers. Il y est basse-batterie avec en trio ou arrangé par Drew ou Alvin Queen
enregistré en duo avec Ray Brown et Ed Manny Albam (“With (“A Summer Night In
Ray Brown. Thigpen. Réengistre Respect to Nat”, 1965) Munich”, 1998 ; “A
les “Songbooks” Night in Vienna”, 2003)
1950 Installation à consacrés aux grands 1967-1970 Les
New York, premières compositeurs de disques enregistrés 2007 Décès le
faces pour Clef, le standards sur le depuis 1963 23 décembre.
Alors que Laurent de Wilde publie ces jours-ci Les Fous du son,
déjà considéré comme une bible de la lutherie électronique, de sa genèse
à ses nouveaux testaments (lire aussi p. 45), nous lui avons confié les clés
d’un dossier faisant écho à son fabuleux récit. De l’orgue Hammond
à l’échantillonneur en passant par le Fender Rhodes, le Minimoog,
le Prophet 5, le DX7 et la boîte à rythmes TR 808, ces grands inventeurs
et leurs drôles de machines ont non seulement changé le son du jazz,
mais aussi son langage. Invités spéciaux : jason Miles, qui œuvra
à l’ombre de Miles Davis et de Marcus Miller dans les années 1980,
et deux instrumentistes résolument “branchés”, le saxophoniste
Les fous
Guillaume Perret et le cornettiste Médéric Collignon. Musique !
claviers
20 Jazz Magazine Numéro 682 Avril 2016
sommaire
P. 22 L’orgue
Hammond :
l’inusable ancêtre
P. 24 Et le Fender
Rhodes devint star…
des
P. 28 La guerre
des boutons
P. 30 Médéric
Collignon et
Guillaume Perret
Ils chantent le corps
électrique
L
’orgue va chercher ses racines très loin dans le passé : dès le IIIe siècle n’est pas musicien, ni particulièrement
avant Jésus Christ, le mécanicien Ktesibios invente un système pour mélomane, mais il lui faut trouver quelque
alimenter en air comprimé des auloï (l’aulos était un instrument à anche chose d’ingénieux, sinon il met sa centaine
double de l’Antiquité très difficile à jouer) plantés verticalement dans une d’employés sur le trottoir. C’est ainsi qu’il
seule pièce de bois (le sommier de nos orgues à tuyaux), et dont on pouvait s’intéresse à l’idée d’un orgue électrique qui
contrôler le son avec des clapets actionnés par des tirettes (l’ancêtre du clavier reproduirait le son de l’original, mais sans les
moderne). Considéré comme profane par les premiers chrétiens, l’instrument tuyaux. Il s’appuie pour ça sur une invention
s’exila en Asie pendant quelques siècles avant de revenir sous forme d’un de Thaddeus Cahill – dont le gigantesque
cadeau de l’Empereur Constantin à Pépin le Bref en 757. Redécouvrant cet Telharmonium présenté en 1902 avait le
instrument magnifique, l’Église ne tarda pas à adopter l’orgue pour ses céré- défaut d’avoir été conçu trop tôt pour son
monies et, à partir du XIIIe siècle, il s’installa un peu partout en Europe. Après temps – reposant sur le principe de la roue
avoir connu une période étincelante au XVIIIe siècle, il tomba en désuétude au phonique*. En faisant tourner la tranche
profit du piano et de l’orchestre symphonique, pour renaître une nouvelle fois dentelée d’une roue d’horlogerie devant un
de ses cendres au XXe avec l’apparition du cinéma. micro de guitare, il est possible de créer un
x/DR
suivi par Count Basie et quelques autres pointures de l’époque. Mais l’instru-
Laurens hammond
et son bel organ. ment conserve un gros défaut : comme il fonctionne à l’air soufflé, le son est Pendant vingt ans, celui-ci s’imposera
dépourvu d’attaque, et pour le swing, il pose un problème. C’est là qu’intervient comme un modèle indispensable dans les
Laurens Hammond. églises ou les théâtres qui n’ont pas les
moyens ou la place de s’offrir un modèle à
Son premier orgue sort en 1935. Il s’agit là d’un effort désespéré pour sauver tuyaux. La ressemblance avec le son origi-
sa société d’horlogerie, très secouée par la crise de 1929. Laurens Hammond nal est très réussie, on dirait un vrai. Mais
‘‘L’orgue
Hammond
B-3 attire
immédiatement
les jazzmen
qui se Jimmy Smith, le
premier à avoir
précipitent sur exploité « toutes
ce nouveau les finesses, tous
les grondements,
terrain de jeu.” tout le swing qui,
dans ce meuble de
deux cents kilos,
attendaient qu’on
x/DR
L
Joe Zawinul, I Heard It Through The Grape-
son style au Fender
e piano électrique est un rêve aussi vieux que l’électricité elle-même. Dès vine avec Marvin Gaye, jusqu’à Supertramp
Rhodes.
l’apparition du courant, une foule d’inventeurs se précipite pour trouver et leur Logical Song, ou Steely Dan sur Do
un moyen de transformer ce meuble de bois en vaisseau pour le futur. It Again.
Un homme se distingue, dont le nom demeure inconnu du grand public
et qui jouera cependant un rôle décisif dans la naissance de cet instrument : Avec dix ans de retard, un autre inventeur,
Benjamin Miessner. Inventeur précoce, il assemble à 22 ans un Electric Dog, allemand cette fois, suivait la même piste,
robot à quatre roues qui, grâce à ses capteurs photoélectriques, se dirige tout et, pour la marque Hohner, Ernst Zacharias
seul vers une source de lumière. Nous sommes en 1912, et l’armée américaine perfectionne le système. Quand on appuie
‘‘
ne tarde pas à appliquer cet ingénieux système à un guidage de torpilles sous- sur la touche de son Pianet, l’extrémité
marines, mais c’est une bascule vers le haut,
autre histoire. Benjamin et
son frère Otto, qui devien-
On peut faire tout un “aspirant” un instant la
lamelle qui est légère-
dra un chef d’orchestre concert avec seulement un ment collée en dessous
et pédagogue très connu
aux Etats-Unis, sont pas-
Rhodes, surtout quand on le pour la relâcher tout
de suite après. C’est
sionnés de musique, et relie à des pédales d’effets.” une façon originale de
Benjamin se lance dans contourner le problème
l’ingénierie sonore. Il passe les années 1920 à travailler sur la radio, dépose de de l’attaque du son avec un marteau, qui
multiples brevets dans ce domaine, s’installe officiellement comme inventeur et constitue le moment délicat de l’opération
se penche alors sérieusement sur son rêve : fabriquer un piano électrique qu’on d’amplification. Deux ans après la sortie du
peut transporter sous le bras et même jouer au casque – c’est dire si l’idée du Pianet (qu’on peut notamment entendre sur
Clavinova traînait depuis longtemps. I Am The Walrus des Beatles), Hohner met
sur le marché en 1964 la dernière trouvaille
Son intuition de départ consiste à poser un micro devant chaque corde. Pour de Zacharias : le Clavinet. Cette fois-ci, le
cela, il invente un système génial : une petite bobine de fil de cuivre au centre son est produit en écrasant la corde sur une
de laquelle se trouve un aimant. Les vibrations de la corde métallique devant tablette, exactement comme le fait un gui-
ce dispositif permettent en effet de créer un courant électrique qui retranscrit tariste lorsqu’il joue une note uniquement
fidèlement les mouvements et le son de la corde – il venait tout simplement avec sa main gauche sur le manche. Le
d’inventer le micro de guitare tel qu’il est utilisé encore aujourd’hui ! résultat est un son électrique proche du
C’était un pas décisif, mais ça ne réglait pas le problème du poids des cordes, clavecin (dont le système de pincement
de cordes avait été imité sur le Cembalet,
mais avec moins de succès), qui trouvera
quelques années plus tard ses années de
x/DR
branchée Rhodes
gloire avec la musique funk et psychédélique : Have A Cigar des Pink Floyd, 20 disques essentiels
Superstition de Stevie Wonder, Mothership Connection de Parliament, tous les Miles Davis (avec Herbie Hancock,
groupes dignes de ce nom le font figurer sur des enregistrements mythiques. Joe Zawinul et Chick Corea) :
“In A Silent Way” (Columbia) 1969
Joe Henderson (avec Herbie Hancock) :
Mais celui qui éclipsera tous les autres est sans conteste le Rhodes. Du nom de “Power To The People” (Milestone) 1969
son inventeur, cet instrument a mis du temps à percer puisque ce n’est qu’en The Cannonball Adderley Quintet
x/DR
(avec Joe Zawinul) : “Country Preacher”
1969 avec son Mark I que les premiers modèles commencent à trouver leur (Capitol Records) 1969
clientèle. Une année auparavant, Miles Davis avait enregistré Stuff avec Herbie The Jean-Luc Ponty Experience :
Hancock sur ce clavier, c’était la première incursion de l’électricité dans le réper- “With The George Duke Trio”
(Word Pacific Jazz) 1969
toire du trompettiste, et elle ne passa pas inaperçue. De fait, quelques années Woody Shaw (avec George Cables) :
plus tard, tout le monde en avait un. Harold Rhodes était sur le coup depuis plus “Blackstone Legacy” (Contemporary
Records) 1970
de vingt ans, mais il s’en était passé des choses !
x/DR
Bayeté (Todd Cochran) : “Worlds Around The Sun”
Il y avait eu les débuts pendant la deuxième guerre mondiale où il conçut (Prestige / Omnivore Recordings) 1972 harold Rhodes et son joujou
pour les blessés de l’US Air Force un petit piano à monter et à jouer sur son lit Chick Corea And Return To Forever : extra, Benjamin Miessner
“Light As A Feather” (Polydor) 1972 et son Electric dog, sans sa
d’hôpital, la tentative ratée de commercialiser le modèle après la guerre, une Les McCann : “Talk To The People” laisse.
littérale traversée du désert (comme vendeur de tracteurs dans le Texas), un (Atlantic) 1972
retour à Los Angeles où il rencontra Leo Fender, l’inventeur de guitares dont il Lonnie Liston Smith : “Astral Traveling”
(Flying Dutchman) 1973
devint l’ami et l’associé, donnant ainsi naissance à la marque Fender Rhodes, The Crusaders (avec Joe Sample) :
il y eut ensuite en 1965 le rachat de la boîte par CBS et enfin la reconnaissance “Unsung Heroes” (MCA) 1973
The Tony Williams New Lifetime
dans les années 1970... (avec Alan Pasqua) : “Believe It” (Columbia) 1975
Passport (avec Kristian Schultze) :
Les raisons de ce succès ? Outre son obstination, le mode de production du “Cross-Collateral” (Atlantic) 1975
Brand X (avec Robin Lumley) : “Unorthodox
son. Sa solution à lui repose sur le principe d’un diapason dont on ne frapperait Behaviour” (Charisma) 1976
qu’une branche. Celle-ci est très fine et vibre beaucoup, comme une corde, Tom Grant : “Mystified” (Timeless) 1976
on peut donc l’enregistrer facilement, mais elle est solidaire d’un résonateur Stuff (avec Richard Tee) : “Stuff”
(Warner Bros.) 1976
plus épais qui donne du corps à la note jouée. Couplé à une mécanique de Bill Evans : “New Conversations”
piano merveilleusement simplifiée, ce système permet d’avoir une maîtrise et une (Warner Bros.) 1978
Marc Cary : “Rhodes Ahead” (Jazzeteria) 1999
finesse d’expression au clavier qui est infiniment plus grande que ses concurrents Chris Potter (avec Craig Taborn) :
le Pianet et le Wurly. De plus, le son métallique est plaisant sur tous les registres “Underground” (ArtistShare) 2009
et le hisse au rang des instruments parfaitement autonomes : on peut faire tout Médéric Collignon Jus de Bocse
(avec Frank Woeste) : “Shangri Tunkashi La”
(Plus Loin Music) 2009
Vincent Peirani (avec Tony Paeleman) :
“Living Being” (ACT) 2015
*glossaire
Dynamique
Niveau relatif d’intensité
sonore produite par un
B
ien que le mot n’ait été utilisé qu’à partir de la fin des années 1950, le
synthétiseur voit sans doute sa naissance avec l’invention du Termenvox
par Leon Theremin (ou Lev Termen). Ingénieur russe affecté par son
armée pendant la première guerre mondiale aux nouvelles techniques
de la radio fraîchement découverte, il constate que les interférences produites
par le corps devant un poste récepteur peuvent être contrôlées pour exprimer
Pendant une petite décennie et malgré de
nombreux déboires personnels, il y plantera
les graines qui, en germant, feront plus tard
de l’Amérique un laboratoire passionnant
pour la synthèse du son.
instrument. Importante, elle
comprendra une grande des notes continues : en 1922, lorsqu’il présente à Lénine son premier proto- Avec cinq ans d’écart, le Français Maurice
différence entre les niveaux type, c’est la première fois qu’un son entièrement électronique est produit puis Martenot concevait un instrument analogue,
inférieur et supérieur
possibles : du pianissimo maîtrisé par l’homme pour en faire de la musique. Pas de pièces mécaniques mais dont l’évolution allait le conduire à une
au fortissimo. qui vibrent ou qui tournent, que de l’électricité, donc des fréquences, donc du solution de jeu assis au clavier, lui conférant,
son. L’instrument, totalement futuriste, se présente sous la forme d’un lutrin de sous le nom d’Ondes Martenot, les hon-
Lampe
Dénomination courante bois dont sortent deux antennes. Celle de droite, verticale, détermine la hauteur neurs de nombreux compositeurs (Honeg-
du tube électronique du son produit lorsqu’on en approche la main. Celle de gauche, horizontale ger, Messiaen, Varèse...) et instrumentistes
ayant l’aspect d’une
‘‘
ampoule. Ayant des à hauteur de la hanche, contrôle le volume. Si la main est posée sur cette (Pierre Boulez débutera sa carrière comme
fonctions d’amplification, antenne, aucun son n’est ondiste pour la Com-
de redressement ou
produit. Plus on l’en éloigne, pagnie Renaud-Bar-
d’interruption d’un signal
électrique, elle sera plus le volume augmente, Les sons sont nouveaux, rault !). Ce fut alors
remplacée par le transistor. permettant ainsi d’articuler épais, excitants, l’instrument des deux côtés de
Microprocesseur
Composant électronique
les notes d’une mélodie et
de lui donner une vraie vie.
est compact, idéal pour les l’Atlantique le début
d’une recherche
comportant de
multiples processeurs Le son qui s’en échappe tournées.” qu’un nombre crois-
miniaturisés, permettant ressemble à celui d’une scie sant d’inventeurs
l’accomplissement de musicale et permet d’interpréter toutes sortes d’airs connus, à condition qu’ils reprirent sans tarder à leur compte. La
tâches logiques complexes.
ne soient pas trop rapides. Mais c’est la position de jeu qui est révolutionnaire, borne suivante est posée par la maison
Midi car le musicien joue de l’air ! La main droite pincée comme s’il tenait une Hammond, dont l’ingénieur John Hanert
Acronyme de Musical
Instrument Digital baguette de chef d’orchestre, la main gauche en coupelle qui monte et descend conçoit le stupéfiant Novachord en 1939,
Interface. Langage comme pour contrôler les dynamiques* d’une section de cordes, le geste un synthétiseur à lampes polyphonique*
informatique universel créatif du thereministe est à la fois familier et novateur, car il fait chanter non (c’est-à-dire pouvant jouer plusieurs notes
permettant de relier entre
eux plusieurs instruments des instruments mais l’éther lui-même... À la fin des années 1920, après une en même temps, en l’occurrence soixante-
électroniques et d’en tournée triomphale en URSS, puis en Europe, il s’embarque pour les Etats-Unis. douze) dont on peut modifier l’attaque et
mutualiser les ressources.
la longueur de chaque note jouée : c’est
Module le début de la synthèse moderne du son.
Unité de production ou de Malgré son aspect novateur, l’instrument,
traitement du son.
sorti au mauvais moment et aussi volu-
Molette mineux qu’un orgue, ne trouvera pas son
Contrôleur en forme de
roue utilisée sur certains public. Il inspirera cependant de nombreux
synthétiseurs pour autres inventeurs dans les années 1940, tel
moduler un paramètre
du son émis : hauteur,
Constant Martin (père de Denis-Constant
enveloppe, filtre, etc. Martin de Jazz Magazine) avec son déli-
cieux Clavioline. Viennent les années 1950,
Polyphonique
Qui exprime plusieurs qui consacrent l’avènement de l’orgue dont
notes en même temps. on prédit qu’on en trouvera bientôt un dans
On désigne par “voix” le
nombre de notes jouables tous les foyers, installant de façon irréver-
simultanément : une sible la présence d’un instrument électrique
polyphonie à deux voix, à la maison. Les grandes heures du syn-
quatre voix, etc.
Avec Jean-Luc thétiseur ne sont pas encore arrivées, mais
Transistor Ponty, cannonball
l’invention puis la généralisation du transis-
Contraction de transfer Adderley, Frank
resistor, il remplace le Zappa et Stanley tor* facilite beaucoup la tâche, lorsqu’on
tube, ou lampe, sous clarke, entre le compare aux fragiles et encombrantes
forme d’un petit dispositif autres, George lampes* à tube.
composé d’éléments semi- duke a donné
ChRISTIAN RoSE
ChRISTIAN RoSE
type de fréquences désiré, une enveloppe
pour donner au son une attaque, une tenue
et un relâchement qui lui font raconter une
histoire... On commence à connecter les herbie hancock : prince du piano acoustique dans les sixties, roi des synthés dans les seventies.
uns aux autres dans tous les sens et c’est
parti pour la synthèse modulaire telle qu’elle
se pratique encore aujourd’hui. Un incon- de la profession, ce qui, conséquence non négligeable, permettra de développer
vénient cependant : ces premiers modules un langage commun à tous les instruments électroniques reliés entre eux selon ce
prennent de la place, il ont la taille d’une qu’on appelle depuis 1983 le protocole MIDI. En faisant figurer cette option dans
armoire une fois montés et connectés en- ses circuits (et en utilisant une méthode de synthèse très originale), le Yamaha
x/DR
semble - en fait ils sont conçus comme des DX 7 sera le premier synthé portable à se vendre à grande échelle : plus de deux
outils de recherche de studio, pas du tout cent mille exemplaires ! C’est également le signe de l’introduction définitive du
comme de possibles instruments de scène. Japon dans l’arène de la lutherie électronique mondiale, avec bien sûr Yamaha,
C’est Bob Moog – prononcez “Mogue”, mais aussi Roland, Korg ou Akai, dont les produits de qualité se plient à merveille Le Minimoog, maxi-pratique.
merci pour lui –, grand admirateur de The- aux nouvelles exigences de leurs utilisateurs.
remin, qui franchira ce dernier obstacle. En À la fin des années 1980, la digitalisation du son arrive à un degré de sophis-
1970, il lance son légendaire Minimoog qui tication suffisant pour basculer dans l’ordinateur, les synthés proposés depuis
assemble de façon compacte et ludique ne faisant que combiner les découvertes des trente années passées. Mais
x/DR
ses modules, remplace les fastidieux câ- leurs inventeurs sont toujours vivants et continuent de fabriquer des instru- Le révolutionnaire Prophet 5.
blages à la main par d’élégants boutons ments merveilleux. La plupart habitent en Californie, ils s’appellent Dave Rossum
et propose à gauche de son clavier deux (fondateur d’E-mu), Tom Oberheim, Don Buchla, Dave Smith (fondateur de
molettes*, dont l’une permet de tordre la Sequential Circuits) ou Roger Linn (MPC) et continuent de vivre au quotidien
justesse des notes comme il n’avait jamais leur émerveillement : faire sortir un son d’une petite boîte avec de l’électricité. •
été possible avant pour un pianiste. Les LAurent de WiLde
sons qui en sortent sont nouveaux, épais,
excitants, l’instrument est étonnamment
compact, idéal pour les tournées. Les pia- Bande-son 100 % Hubert Eaves : “Esoteric Funk”
(East Wind) 1977
nistes se ruent dessus, Jan Hammer avec le synthétique Sun Ra : “Lanquidity”
Mahavishnu Orchestra, George Duke chez 20 disques essentiels (Evidence) 1978
David Sancious : “Just As I Thought”
Frank Zappa, Chick Corea dans Return The Mahavishnu Orchestra With (Arista) 1979
To Forever... Mais Moog n’est pas seul en John McLaughlin (avec Jan Hammer) : Azymuth (avec José Roberto
course, loin de là, et peu de temps après il “The Inner Mounting Flame” Bertrami) : “Light As A Feather”
(Columbia) 1971 (Fantasy) 1979
voit naître son concurrent direct, l’Odyssey Herbie Hancock : “Head Hunters” The Jeff Lorber Fusion : Avec Le Mahavishnu orchestra,
de la marque ARP dont les modèles suc- (Columbia) 1973 “Water Sign” (Arista) 1979 Billy cobham, Jeff Beck, Stanley
cessifs vont régner sur la décennie. Billy Cobham (avec Jan Hammer) : Pat Metheny & Lyle Mays : clarke et Tony Williams, entre
“Spectrum” (Atlantic) 1973 “As Falls Wichita Falls, So Falls
Celle-ci s’achève sur une nouvelle révolution Wichita Falls” (ECM) 1981 autres, Jan hammer a donné au
Bob James : “One” (CTI) 1974
Herbie Hancock : “Dedication” Yellowjackets (avec Russell Ferrante) : Moog ses lettres de noblesse...
lorsqu’en 1978 sort le Prophet 5 de Sequen-
(Sony Records) 1974 “Yellowjackets” (Warner Bros.) 1981
tial Circuits, le premier à intégrer un micro- George Duke : “The Aura Mitchel Forman : “Train Of Thought”
processeur* sur un synthé grand public. Will Prevail” (MPS) 1975 (Windham Hill Records) 1985
Cette incursion du digital dans le monde Patrice Rushen : “Before The Chick Corea Elektric Band :
The Dawn” (Prestige) 1975 “The Chick Corea Elektric
exclusivement analogique de la synthèse so- Cannonball Adderley (avec George Band” (GRP) 1986
nore sera rapidement suivie par l’ensemble Duke) : “Phenix” (Fantasy) 1975 Brad Mehldau & Mark Guiliana /
Jan Hammer Group : “Oh, Yeah ?” Mehliana : “Taming The Dragon”
(Columbia) 1976 (Nonesuch) 2013
Return To Forever : “Romantic
Warrior” (Columbia) 1976
L
eux grands réservoirs d’eau, une pompe, un dédale de tuyaux, des ou Milton Babbitt à l’Université de Colum-
valves, des tirettes à clapet, ce complexe et volumineux ensemble bia progressent dans la connaissance grâce
paraît plus conçu pour envoyer de la mitraille dans le camp adverse à d’énormes ordinateurs – c’est l’époque
que pour produire des sons harmonieux, et pourtant : contemporain fertile où, dans son coin, la machine pense
d’Archimède, c’est l’orgue hydraulique de Ktesibios, la première machine à le son. Pendant ce temps, Peter Zinovieff,
La Linn drum de Roger Linn. faire de la musique. Depuis, c’est une obsession constante pour l’homme que compositeur britannique passionné de
d’inventer des mécanismes complexes ayant pour but de produire des sons. musique contemporaine, finance ses re-
S’associant dès le moyen-âge au clavier qui naissait à peine, ces machines cherches en fondant à Londres la société
très vite frappent des cordes (comme avec le piano), les pincent (le clavecin), EMS qui se met à vendre des petits bijoux
*
les frottent (la vielle à roue), tapent sur des lames (le célesta) ou des cloches (le d’électronique, dont on entendra vite les
carillon)... Ce sont les précurseurs des pianos électriques, orgues ou synthés splendides couleurs dans les disques de
que nous connaissons aujourd’hui. Pink Floyd ou de Brian Eno. Ce ne sont
Mais cette obsession des machines connut un nouvelle forme lorsqu’à la fin pas des synthétiseurs classiques, ils n’ont
glossaire
de la seconde guerre mondiale, le monde ébahi s’empara d’une invention alle- pas de clavier, ce sont plutôt des machines
Echantillonnage / mande qui allait tout changer : le magnétophone. Alors qu’auparavant il fallait se à créer de nouvelles sonorités. Mais Zino-
sampler contenter des phonographes qui gravaient un disque une fois pour toutes, on vieff s’intéresse aussi à la numérisation du
Instrument permettant de pouvait désormais enregistrer ce qu’on voulait sur une bande, le couper, le recol- son, c’est-a-dire à la passerelle entre son
rejouer des échantillons.
Son utilisation massive ler ou l’effacer comme on le désirait, et accomplir enfin ce rêve inespéré : tenir lit- expression analogique (des vibrations dans
‘‘
en hip-hop puis en rap a téralement le son entre ses doigts. L’autre conséquence de cette découverte fut l’air) et digitale (sa traduction en bits).
généralisé l’utilisation de
boucles rythmiques ou
que cette même bande Après maintes aventures,
instrumentales. magnétique arrivait fort toutes ces recherches vont
Pad
opportunément au tout C’est une obsession aboutir à la fin des années
Petite surface sensible,
habituellement
début de l’informatique,
à un moment où celle-
constante pour l’homme que 1970 à une technique maî-
trisée de l’échantillonnage,
rectangulaire, servant de
contrôleur MIDI alternatif
ci cherchait un support d’inventer des mécanismes jetant du même coup un
au clavier. Il est utilisé
notamment sur les drum
fiable pour graver et
stocker des distances
complexes ayant pour but de nouvel instrument sur la
scène musicale : le sampler*,
machines pour composer
des rythmes complexes.
interminables de don- produire des sons. qui permet de s’approprier
Il se joue au doigt ou à la nées numériques. Ces n’importe quel son pour le
baguette, ce qui en fait une deux utilisations (n’ayant rien à voir avec l’usage initial, qui était de retransmettre soumettre à son imagination musicale. Il va
interface particulièrement
appréciée des batteurs. des discours d’Adolf Hitler) donneront naissance à deux écoles qui auront une trouver son usage immédiat en fusionnant
Le touch pad est une importance déterminante dans la musique du XXe siècle. avec cette autre machine qui mijotait depuis
application spécialisée de une bonne décennie : la boîte à rythme.
ce contrôleur permettant
de moduler, avec le L’une sera celle de la Tape Music, que l’on connaît mieux en France sous le Pressentie très tôt par Ikutaro Kakehashi, le
mouvement ou la pression nom de musique concrète, souvent associée aux noms de Pierre Schaeffer et futur fondateur de Roland, et Tsutomu Katoh
du doigt sur le dispositif,
deux ou trois paramètres
Pierre Henry co-fondateurs du Groupe de Recherche de Musique Concrète en de Korg, cette merveilleuse invention avait eu
de traitement du son 1951, rebaptisé en 1958 Groupe de Recherches Musicales, le GRM. En tripa- toutes les années 1970 pour évoluer d’un
simultanément. touillant les bandes magnétiques, ils montraient qu’on pouvait composer de la simple gadget répétant à l’envi les mêmes
Rack musique de façon originale, fabriquer des boucles, des effets d’écho vertigineux, présélections à un instrument de composi-
Assemblage sous une inventer des machines pour piloter tout ça. C’était une approche très créative tion rythmique moderne et passionnant. Et
forme rectangulaire dont l’un des effets les plus inattendus fut sans doute, en 1968, la conception c’est en 1980 que sortent simultanément
standard de différents
modules de production des Shadoks au sein du Service de Recherche de la RTF. L’autre école, plus deux drum machines historiques : la Roland
ou de traitement du son. scientifique, va poursuivre deux pistes : contrôler intégralement grâce à un ordi- TR 808 et la Linn LM1 Drum Computer. La
Grâce à la connectique
MIDI, ce format s’est
nateur des modules de synthèse analogiques (c’est le début des séquenceurs) première produit des sons percussifs électro-
étendu à un très grand et, plus ardu, créer ou imiter un son de façon exclusivement digitale, juste avec niques originaux qui peuvent se programmer
nombre d’instruments des 1 et des 0. Ces communautés échangent souvent entre elles, ce sont des en temps réel, se mémoriser et se monter
électroniques. Un
synthétiseur peut ainsi musiciens bricoleurs et des scientifiques mélomanes, mais ils sont beaucoup les uns aux autres pour faire une piste de
exister sous forme de plus préoccupés par la recherche fondamentale que par les groupes pop, rock batterie complète sur tout un morceau. C’est
clavier intégré ou «en rack» ou psychédéliques qui vont pourtant en devenir les utilisateurs à grande échelle. un succès immédiat et l’instrument devien-
et sera alors commandé
par un clavier distant. Aux Etats-Unis durant les années 1960, Max Mathews aux Laboratoires Bell dra l’outil favori de la génération techno. La
seconde est l’œuvre d’un jeune guitariste ca-
lifornien, Roger Linn, qui propose les mêmes
fonctions, mais avec un plus : au lieu des
ChRISTIAN RoSE
musicales des laboratoires de
d’une simple pression du doigt. Le premier composition “acousmatique”
modèle est cher, mais Prince en tapisse ses afin de les faire improviser en Richard Teitelbaum
fameux albums “1999” et “Purple Rain” et, public. c’est ainsi qu’à Rome
en 1966, dans le sillage du des plus rudimentaires aux plus
les prix baissant au fil du temps, c’est le hip- Gruppo di improvvisazione
hop qui va s’en emparer définitivement pour sophistiqués, ces outils furent
Nuova consonanza de Franco complétés au fil des années
la quasi-totalité de ses productions. Evangelisti, Egisto Macchi et par le sequencer puis par le
En s’associant avec la marque Akaï, le Ennio Morricone, inspiré tout à la sampling. Ainsi, passé l’âge des
même Linn sort en 1988 la MPC 60 qui fois du free jazz et des musiques pionniers, à l’écoute de l’électro
standardise l’apparence définitive de la La bande-son dites “contemporaines”, surgit
Musica Elettronica Viva (MEV)
et du hip-hop, la souplesse
plupart des drum machines : rectangulaire, qui fait de l’effet regroupant Frederic Rzewski,
d’utilisation du numérique
moderne et la virtuosité acquise
seize pads* carrés sensibles à la pres- 20 disques Alvin curran, Richard Teitelbaum sur l’analogique vintage, voire
sion, un écran pour se promener dans les essentiels et Steve Lacy. Pouvait-on sur les platines, ainsi que la
menus informatiques, des petits contac- qualifier de jazz ces expériences capacité à combiner les usages
Herbie Hancock :
teurs qu’on active avec le gras du doigt “Future Schock” (Columbia) 1983 de live electronic music qui ou à les transposer sur les
et enfin quelques curseurs et gros bou- Steps Ahead : “Modern Times” fleurissaient au même moment instruments acoustiques,
(Elektra Musician) 1984 en Angleterre et aux Etats- ont rendu très perméables
tons multifonctions à pousser ou tourner. Joe Zawinul : “Dialects” unis ? Pas exactement. La raison les frontières esthétiques
Ce nouvel instrument va progressivement (Columbia) 1986 de recourir à l’électronique
s’imposer sur scène, et aujourd’hui il fait Peter Erskine : “Transition” qui tenaient à distance
(Denon) 1987
n’était pas d’orchestrer avec la live electronic music. •
partie intégrante d’un très grand nombre Jon Hassell And Bluescreen : de nouvelles couleurs des FrAnCk Bergerot
d’orchestres. Notons qu’il est la seule alter- “Dressing For Pleasure” fonctions et des vocabulaires
native au clavier qui se soit imposée dans la (Warner Bros.) 1994 anciens, mais d’émanciper À éCOUTER
David Torn : “What Means Solid, l’improvisation des rigidités du Musica Elettronica Viva :
lutherie électronique moderne. Traveller ?” (CMP Records) 1996 clavier. Reléguant le paramètre “The Sound Pool”
Qu’entend-on alors par “machine” dans ce Dj Shadow : “Entroducing…”
mélodique à la dimension (The Sound Pool) 1969
(Mo Wax) 1996 Evan Parker / Paul Lytton : “Two
qu’on peut voir aujourd’hui ? Pour aller vite, Nils Petter Molvær : “Khmer” décorative, elle s’affranchissait Octobers, 1972-1975” (Emanem)
tout instrument électronique concertant qui (ECM) 1997 des conventions harmoniques Richard Teitelbaum / Anthony Braxton :
produit un son sans l’interface d’un clavier de DJ Logic : “Project Logic” et rythmiques. ouvrant de “Time Zones” (Freedom) 1976
(Ropeadope Records) 1999 nouvelles perspectives aux Evan Parker Electro-Acoustic
type piano. Cela comprend la drum machine Laurent de Wilde : “Time 4
musiques bruitistes, aléatoires Ensemble : “Drawn Inward”
bien sûr, mais aussi l’ordinateur, dont la place Change” (Warner Music) 2000 (ECM) 1998
Yvinek : “Recycling The Future” et répétitives, elles en offraient
sur scène et dans les studios est devenue Supersilent : “4”
(RCA Victor / BMG) 2000 aussi au free jazz et aux (Runne Grammofon) 1998
prépondérante, les pédales d’effets, d’une Herbie Hancock : “Future 2 nouvelles musiques improvisées Benoît Delbecq 5 : “Pursuit”
sophistication remarquable aujourd’hui et qui Future” (Transparent Music) 2001 qui en découlèrent dans les (Songlines) 1999
Laurent de Wilde : Wolfgang Reisinger (avec Wolfgang
se présentent souvent en forme de rack*, “Organics” (Gazebo) 2004
années 1970, notamment à
travers les collaborations de Mitterer) : “Refusion”
sans oublier l’unité de mixage pour centrali- Marc Moulin : “Entertainment” (Universal Austria) 2004
ser tout ça. Ainsi a-t-on vu récemment émer- (Blue Note) 2005 Richard Teitelbaum avec Anthony Craig Taborn : “Junk Magic”
ger un nouveau membre dans la grande
Monk Hughes & The Outer Braxton et George Lewis, qui (Thirsty Ear) 2004
Realm (Madlib) : “A Tribute fut un des premiers jazzmen à Magic Malik / Octurn (avec Gilbert
famille orchestrale : le machiniste, qui joue To Brother Weldon” (Stones pousser la porte de l’Ircam. Nouno) : “XPs [Live]”
des machines. Ses gestes ? Toucher des Throw Records) 2004 (octurn.com) 2007
Michel Benita : “Drastic” Flying Lotus : “You’re Dead !”
pads, tourner des boutons, monter et des- (Disques Deluxe) 2005 Parallèlement au principe (Warp Records)2014
cendre des curseurs, cliquer sur une sou- J Dilla : “Donuts” (Stones de génération sonore
Throw Records) 2005 purement électronique, la free
ris, ce sont maintenant les réflexes de notre Jozef Dumoulin & The Red Hill
temps – qui sait lesquels nous aurons dans music réinventa le principe
Orchestra : “Trust” (Yolk) 2014
Eivind Aarset : “Dream d’improvisation interactive en
vingt ans ? • LAurent de WiLde
Logic” (ECM) 2012 recourant au traitement des
Jaimeo Brown : “Transcendence - sonorités acoustiques par le
Work Song” (Motéma) 2016 synthé, mais aussi par les effets.
rencontre
Médéric Collignon, Laurent de Wilde et Guillaume Perret
Ils chantent le corps électrique
Pour eux, les effets n’ont pas de secret et Guillaume Perret Et en troisième je mettrai Eddie Qu’est-ce que vous utilisez comme interface
Fée electricité est leur amie. réunis par Harris, que j’ai découvert super tard. Quand j’ai pour contrôler vos effets ?
commencé à mettre des effets sur le sax, je ne Médéric Collignon J’ai juste besoin d’un clavier.
Laurent de Wilde, le trompettiste Médéric me suis pas préoccupé de qui faisait quoi, je Comme ça, j’ai le vocoder. Si j’y relie mon micro
Collignon et le saxophoniste guillaume galérais dans mon coin avec mes deux pédales : (et que j’accorde le clavier en si bémol, sinon j’ai
Perret incarnent ces instrumentistes d’un ma Whammy et ma wah-wah… Et quand j’ai la tête qui explose), je peux jouer des phrases qui
nouveau genre qui n’ont pas peur de découvert les trucs qu’il faisait, il chante dans son d’un coup sont doublées à la quinte par exemple,
mettre les doigts dans la prise. bec avec une wah-wah, on dirait Billie Holiday, j’ai ou à des endroits où je suis susceptible de me
halluciné ! Ses effets sont super vivants, j’adore planter, de glisser…
J’étais très impatient de discuter en profondeur ça. Je l’explique souvent quand je fais des mas- Guillaume Perret Moi je joue les deux mains
avec Médéric Colignon et Guillaume Perret, deux terclasses : quand on joue avec un octaveur, on sur le sax, et j’en utilise déjà une pour mixer mes
immenses musiciens qui pratiquent l’électronique ne peut pas jouer comme un saxophoniste, avec deux micros sur le corps de mon instrument, c’est
au quotidien. Dix ans les séparent, et autant pour les phrases habituelles. C’est un autre instrument, vraiment le nœud vital de mon expression. Sinon,
Médéric le jazz-rock évoque Miles Davis et “Bitches un autre rôle, une autre démarche… Tu dois j’ai toujours voulu que mes effets soient efficaces.
Brew”, autant pour Guillaume il signifie souvent la t’écouter, tu dois écouter ce qui sort de ton putain Lorsque j’arrive, je me branche en deux secondes
virtuosité parfois gratuite dans laquelle cette mu- d’ampli pour jouer avec, sinon il ne se passe rien. et il faut que ça marche, que le système soit silen-
sique allait basculer une décennie plus tard. Au Médéric Collignon Moi, j’ai toujours gardé mon cieux, qu’il n’y ait pas de buzz. Le fait de devoir se
cours de cet entretien croisé, j’ai découvert un premier effet, c’est un Zoom Superplayer 80. Le baisser tout le temps, ça casse l’énergie, alors je
cornettiste aimant chercher dans l’électricité des nom est horrible mais c’est une boîte géniale, m’arrange avec les pieds. J’ai certaines pédales
couleurs et des sensations magnifiées par leur ça fait vingt ans que j’en ai. C’est quand même qui commandent d’autres pédales, et j’ai vraiment
aspect fragile ou aléatoire, et un saxophoniste solide : combien de fois j’étais debout dessus travaillé le jeu de pied comme un organiste, sur
déterminé à en dompter la délicate puissance pour faire des reggae, un pied sur chaque pédale ! les effets où les boutons ne sont pas trop petits,
pour mieux la chevaucher dans sa musique. Mais à force de le piétiner comme ça, les axes de je les ajuste du bout du pied en live. J’arrive à
Passionnant. pédales se voilaient progressivement et ça faisait être vraiment précis ! Ce n’est pas la perfection,
des effets non répertoriés extrêmement intéres- mais j’aime bien avoir des contraintes physiques,
Laurent de Wilde Qui sont vos idoles élec- sants. Du coup, tu as une partie de ton cerveau plutôt qu’un ordi où tout est possible au risque
triques ? Allez, trois… qui essaie de maîtriser l’effet, et le reste, c’est… de se trouver paralysé. C’est aussi pour ça que je
Médéric Collignon George Duke, je ne sais pas aléatoire ! J’adore me faire violer par les effets. Il n’aime pas trop les multi-effets où tout est intégré,
pourquoi. C’est le premier qui me vient à l’esprit. La faut absolument que je sois en mesure de réagir paramétré, avec des menus. Je trouve plus inté-
façon de jouer de la molette au synthé, de rendre sur l’instant, parce que je vais mourir demain, il ne ressant d’avoir quelques effets, d’apprivoiser leur
l’électrique aussi sensuel… C’est un des maîtres. faut pas que j’aie une habitude, il faut que l’effet interaction, d’apprendre à jouer avec…
Zawinul aussi j’aime beaucoup, tout son travail. me surprenne, et qu’on puisse entrer dedans. Et Médéric Collignon Je suis comme toi, mais j’uti-
Il avait fait une masterclass à Nancy, il racontait effectivement à ce moment-là, ce n’est plus du lise aussi un multi-effet que je tripote en temps
comment c’était d’avoir vingt ans et de jouer avec tout le même instrument, et ton cerveau n’est plus réel. Je ne veux pas être aux commandes d’une
les frères Adderley, comment il jouait des phrases le même non plus. Quand grâce à un octaveur je usine à gaz, mais pour moi c’est un effet comme
répétées, qu’il concevait déjà comme des boucles. suis bassiste, je ne suis plus cornettiste. un autre, tant qu’il y a des potards… Vieux potard
En fait, en acoustique ou en électrique, il était tou-
jours au même endroit…
‘‘
Guillaume Perret Sans réfléchir, il y a Jimi Hendrix
qui m’a sauté à la gueule, tout simplement parce
que c’est super basique, super essentiel. Et puis
Mike Patton, un chanteur incroyable…
George Duke… Sa façon de jouer
Médéric Collignon Il est génial, c’est un pote ! de la molette au synthé, de rendre
Il a fait des groupes avec John Zorn notamment, l’électrique aussi sensuel… C’est un
mais ses propres groupes, Mister Bungle, Fanto-
mas, c’est monstrueux !
des maîtres.”
rencontre
‘‘
Pendant
la balance
il faut être
super calme,
prendre le
temps de
Quelle est la prochaine pièce de matos que
vous allez acheter ?
Guillaume Perret Des ear monitors [des écou-
teurs intra auriculaires diffusant le mix général
comme le font habituellement les retours sur
faire une scène, NDR]. Pour mon projet en solo, c’est hyper
soudure si agréable.
SyLvAIN GRIPoIx
Médéric Collignon Moi, je veux acheter un truc
nécessaire.” que tu tapes avec le pied, c’est fait pour les gui-
taristes de country, un genre de morceau en bois,
tu fous un jack dedans et ça fait poum poum,
comme une grosse caisse. Assigné à des effets,
Vous souvenez-vous du moment où vous avez compte qu’il y avait beaucoup à apprendre. Mais je suis très curieux de voir ce que ça fait !
compris l’importance du son dans vos pro- c’est vraiment quand j’ai enregistré mon premier
ductions ? disque que j’ai mis les mains dans le moteur. J’ai C’est quoi pour vous l’instrument électro-
Médéric Collignon Quand j’ai réalisé que j’étais passé neuf mois à faire des édits, à réaffecter des nique parfait ?
mauvais. J’avais une vingtaine d’années, je sau- effets qui n’étaient pas sur la piste, etc. En ce qui Médéric Collignon Celui où il y aura une véri-
tais du classique au jazz et à l’impro, au funk, au concerne le son de groupe, au début, je me préoc- table alliance avec le corps. Il y a des gars qui se
reggae et j’avais un mauvais son. Je me sentais cupais surtout de l’interaction musicale, mais main- mettent des puces partout pour commander du
un peu comme une tache sur une feuille. Donc, tenant je fais attention au son de chaque musicien son dans l’espace. Ça j’aimerais bien, je trouverais
à un moment, j’ai commencé à donner plus d’im- ça parfait si, en surimpression avec le reste, je me
portance au micro et j’ai pu lui demander, vas-y, Est-ce que vous avez envie d’enregistrer un mettais à danser et que ça fasse de la musique…
transforme-moi en loup-garou, ha ha ha ! Tout le disque acoustique ? Guillaume Perret Moi, je verrais bien un instru-
monde triche, pourquoi pas moi ? Mais trouver le Médéric Collignon Oh ouais ! Ce ne serait pas ment flexible, que tu peux tordre dans plusieurs
son, c’est bien entendu à l’intérieur du groupe, avec le Jus de Bocse. Plus dans une direction or- positions. J’imagine forcément un sax, puisque
même si ça dépend au départ du micro et du son chestre de chambre, avec des bois, flûte traversière j’ai grandi avec ça, mais que je pourrais vraiment
qu’on envoie dedans. alto, plein de timbres. Le même plaisir qu’on a avec tordre pour changer le son, ou utiliser les doigts
Guillaume Perret En ce qui me concerne, c’est l’électronique, parce que c’est l’alliage, l’alchimie pour d’autres choses, bref un instrument plus…
quand j’ai commencé à utiliser des effets que j’ai des éléments qui me touche. En fait, je sais que organique.
été sensibilisé à la question. Il y a des équalisations, si je reviens à l’acoustique, je resterai toujours le Un genre de grosse limace électronique ?
des gains à régler sur chaque pédale. J’ai un ampli même. Guillaume Perret Exactement ! [Rires.] •
basse. C’est jamais deux fois le même en concert, Guillaume Perret Pour reprendre ta question de
donc je suis obligé de retrouver à chaque fois un tout à l’heure à propos du fardeau qu’on doit trim- CD Médéric Collignon Jus de Bocse : “MoOvies”
(Just Looking Productions / Harmonia Mundi,
son qui me convienne. J’ai mis vraiment longtemps baler en électro, je ne l’ai jamais regretté une seule [CHOC] Jazz Magazine). Guillaume Perret & The Electric
à apprendre à me servir d’une EQ. Mais je dois dire seconde. Mais à chaque fois que je me retrouve Epic : “Open Me” (Kakoum ! Records / Harmonia Mundi,
que la question avait commencé à se poser un peu en acoustique, quel bonheur, quelle liberté… Des [CHOC] Jazz Magazine).
avant, quand je jouais encore en acoustique et que, possibilités partout, tout le temps, l’air, la gestion de CONCERTS Guillaume Perret le 1er avril à Voiron (Voiron
Jazz festival), le 2 à Massy (Centre Paul Braillart), le 14
d’un concert à l’autre, j’avais des sons très diffé- la distance avec le micro, tout le contrôle du son, ça à Montpellier (Zénith), le 20 à Rennes (Le Liberté), le 21
rents. Parfois je devais encadrer un ingénieur du restera toujours dix mille fois plus fin et plus vivant à Saint-Herblain (Zénith Nantes), le 22 à Saint-Nazaire
son qui n’était pas bon. Quand je tombais sur un qu’avec des pédales. C’est magnifique ! Donc si (Le VIP), le 29 à Villefranche-Sur-Saône (Théâtre) et le 30
à Yverdon-Les-Bains (L’Amalgrame). Médéric Collignon
bon, je lui demandais des conseils, je me rendais j’enregistrais un disque acoustique, je serais instinc- avec Yvan Robillard le 13 mai à Aix-En-Provence (Petit Duc)
tivement tenté par l’écrin classique, piano, basse, et le 26 à Thourote.
batterie. Mais, en réalité, je pense que j’irais chercher
de la proximité avec des instruments comme le oud
ou les percussions, quelque chose de très intime.
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“Une ode à New York avec la section rythmique Avec Kiyoshi Kitagawa (contrebasse) et Johnathan
désormais emblématique : Peter Washington Blake (batterie)
(contrebasse) et Kenny Washington (batterie)” “La consécration d’un vrai maître du piano à la
carrière exemplaire”
DÉJÀ PARU
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entretien
Jason Miles
L’homme qui Laurent de Wilde Où et quand es-tu né ?
Jason Miles À Brooklyn, New York, en 1951. Une
murmure à l’oreille
époque très intéressante pour y grandir. Mon voisin,
devenu l’un de mes meilleurs amis, était Bob Berg.
des synthés
Tu te souviens de quand et comment tu as dé-
couvert la musique ?
Comme beaucoup de familles de cette génération,
mes parents ont acheté une chaîne hi-fi. Et plein de
Sans lui, de nombreux instrumentistes n’auraient peut-être pas su tirer 33-tours. Jackie Gleason chantant des standards,
Terry Gibbs et son vibraphone… Mon père avait un
le meilleur de leurs synthétiseurs. dans l’ombre des studios, il a fait
album, je l’ai encore, où il n’y a que des versions
le son de “tutu”, parmi tant d’autres. Laurent de Wilde a rencontré ce très différentes de Lullaby Of Birdland…
demandé programmateur.
Comment s’est passée ton adolescence ? es en train de jouer. – Quoi ? Mais c’est pas pos- comme on fait maintenant, je préfère l’élasticité
Grandir à New York était vraiment un privilège. sible sur un clavier ! » Bref, c’était ça le vrai début originale : quand on joue un son de Clavinet par
Les groupes de doo-wap de Brooklyn, le jazz, pour moi. Tout le monde a commencé à en jouer exemple, ça n’a aucun sens d’avoir l’impression
puis tous les clubs de rock des années 1960… à ce moment-là. Et plus rien n’était pareil après. de jouer du piano ! Et un système de program-
Comme apprenti musicien, on croulait sous les mation qui soit inspirant, parce que c’est ça toute
opportunités, il y avait des fêtes sans arrêt, et S’il y a une inondation dans ton studio et si la question : trouver l’inspiration pour atteindre ce
puis ce qu’on entendait dans les clubs était ab- tu as le temps de sauver cinq synthés de ton son qui n’existe pas encore… Quand je travaillais
solument phénoménal. J’en reviens toujours pas incroyable collection : lesquels choisis-tu ? avec Marcus, j’avais rapidement huit synthés qui
d’avoir vu ça. Ma copine de l’époque – qui est de- Facile. Le Matrix 12 d’Oberheim en premier, sans jouaient en même temps, et il fallait que chacun ait
venue ma femme – travaillait chez Columbia. Tous hésiter. C’est l’un des plus beaux synthés jamais sa personnalité distincte, aboutie. C’est à ce mo-
les mois, il y avait des ventes de disques pour le conçus, incroyablement en avance sur son temps. ment-là qu’on a besoin d’être inspiré, et que la pro-
personnel, un dollar pièce. C’est comme ça que Ensuite, le Prophet 5, parce qu’il a changé ma vie. grammation doit être la plus intuitive possible. Et
j’ai commencé ma collection : “In A Silent Way”, Quand il est sorti, tout le monde en voulait dans je ne parle pas des sons uniques qui sont produits
“Kind Of Blue” et “Miles Smiles” de Miles Davis, ses productions. Il y avait tellement de bons pia- par un empilement de synthés différents, comme
les albums de Stanley Turrentine chez CTI… nistes à New York que je n’imaginais même pas ce que j’ai fait avec Luther Vandross. Pour son
J’en achetais tous les mois une vingtaine, que je travailler dans les studios. Mais soudain, il a fallu
passais des heures à écouter. C’est ainsi que j’ai d’urgence des gars pour le programmer, et moi
j’adorais ça. Mon premier job de programmeur
était, je pense, en 1979 avec Kenny Kirkland, pour
un label japonais. Ils lui avaient demandé de jouer
entretien
‘‘Il faut
vraiment du
temps avant
d’être capable
de faire
d’un simple
enregistrement
JEAN-BAPTISTE MILLoT
un véritable
album.”
Power Of Love, il avait besoin de grosses nappes gio Moroder, mais surtout Creed Taylor, le fondateur Que dirais-tu à ceux qui objectent que le jazz
de son sur lesquelles il se sentait à l’aise pour chan- du label CTI : il avait réussi à créer une ambiance électrique n’est pas du jazz ?
ter. Je lui ai concocté quelque chose avec neuf syn- particulière au label qui était très réussie. Trevor Horn Je leur réponds que sans “Bitches Brew”, et je
thés les uns par dessus les autres, et il m’a dit : aussi, avec Art Of Noise, savait vraiment utiliser le suis très ferme sur ce point, le jazz serait mort.
« Comment ça se fait que lorsqu’on écoute ça, on son du studio. Et ça commence toujours par un bon Cet album a réveillé toute une génération qui s’est
a l’impression que tous les autres synthés sonnent enregistrement au départ, ce qui est capital. mise à l’unisson de cette atmosphère créative.
comme des accordéons géants ? ». Weather Report, Mahavishnu Orchestra, Return To
Qu’est-ce qui est le plus important dans l’en- Forever, les Jazz Crusaders, les Meters, Jan Ham-
Quel est ton rapport aux bopites à rythmes et registrement d’un disque de jazz acoustique ? mer, Bob James, c’est parti dans tous les sens. Et
aux séquenceurs ? Le piano. Il faut que l’instrument sonne bien. Il y pour moi c’est ça le jazz : plein d’ambiances et de
J’en fais beaucoup moins qu’avant, et je n’aime aussi le son de la pièce, l’emplacement des micros. musiques très différentes, chacune exprimant une
pas trop ce qui en est fait aujourd’hui. Mais j’ai Et puis ça dépend de la musique. Mais avant tout personnalité, une expérience. Mais maintenant les
beaucoup utilisé la MPC 60 de Akaï, qui pour moi il faut faire entendre l’espace de la pièce. La façon choses vont beaucoup plus vite, on n’a plus le
fut la première pure réussite dans le domaine. Mais dont Manfred Eicher a inventé un espace à lui pour temps d’apprendre, tout est disponible en boîte
je crois beaucoup à l’avenir des synthés virtuels, son label ECM en est la parfaite illustration. Du immédiatement. C’est dommage, je trouve qu’il
entièrement digitalisés dans l’ordinateur. coup, la musique s’adapte à ce son et ça donne manque un truc. •
tous ces albums merveilleux avec John Abercrom-
Que recherches-tu dans un Rhodes ? bie, les solos de Keith Jarrett… Chick Corea est je * Le coin des geeks : voici la chaîne d’effets qu’utilisait Zawinul
sur son Rhodes et qui explique, selon Jason Miles, son succès :
Une bonne mécanique, l’égalité du son, il faut que pense le seul qui ait réussi à mettre un instrument Wah-wah – Mutron Phase Shifter – Ring Modulator – Echoplex
le clavier ne soit ni trop lourd ni trop léger, qu’on électronique sur un de ses albums chez lui !
puisse avoir une vraie sensation de dynamique
repères
quand on le joue. Pour moi, les deux qui en font Est-ce que tu vois émerger dans la nouvelle
ressortir le meilleur sont Richard Tee et Joe Zawinul*. génération des producteurs qui te semblent 1952 Naissance le 30 juin
Mais le son de George Duke, c’était de la dynamite innovants ? à Brooklyn, New York.
aussi, et j’adore le Rhodes de Jan Hammer, surtout Hum… Tout le monde a maintenant la culture in 1972 Etudes à l’Université
quand il est saturé… the box, on enregistre tout dans l’ordi, et on a un d’Indiana. Rencontre avec
peu oublié comment faire pour avoir un bon son Bob Moog.
Est-ce que, plus jeune, tu avais des idoles en en studio. Ça ne s’apprend pas en deux minutes. 1979 Premiers jobs de
matière de production ? Il faut vraiment du temps avant d’être capable de programmateur.
Non, je ne savais pas très bien à quoi ça res- faire d’un simple enregistrement un véritable album,
1986 Travaille avec Miles
semblait comme métier. Mais je voyais des noms qui ait un son d’ensemble, dans une vraie pièce. Et Davis et Marcus Miller sur
revenir régulièrement sur les pochettes de ce que j’ai l’impression que c’est une expérience qui est en “Tutu”.
j’aimais : Orrin Keepnews, Teo Macero... J’étais très train de se perdre. En Europe c’est différent, mais
1990 Enregistre avec Michael
impressionné par George Martin et ce qu’il a fait pour la pop aux Etats-Unis, je pense que cette Brecker (“Now You See It,
avec les Beatles, surtout dans “Sgt. Pepper’s Lonely expérience va disparaître avec nous. Quincy Jones, Now You Don’t”, GRP).
Hearts Club Band”. Mais en grandissant, j’ai décou- quand on lui demandait les raisons du succès de 2008 Forme le groupe Global
vert David Rubenstein avec Herbie Hancock, Gior- “Thriller”, a répondu : « C’est la rencontre de la Noize avec Dj Logic.
jeunesse et de l’expérience. » Et c’est absolument
vrai ! Il faut les deux pour que ça marche ! Une
bonne musique, un bon son, c’est ça la clé !
j 19
texte Franck Bergerot
février À ce
moment-là
1963 dans
le monde
ANNIE-CLAIRE ABoUET
PhoToS : x/DR
à son tour et les mobiles de de l’oRFtF, deviendra en 1975 la première PDG de Radio France. enthousiaste. Il chante,
l’assassinat ne seront élucidés. joue de l’harmonica
et des bongos.
‘‘
Duke Ellington sort de la cabine :
“Ce sont mes morceaux, c’est à moi
d’accompagner.”
apprend que le Duke Ellington Orchestra joue au Palais des Congrès, et s’y introduit par
l’entrée des artistes. L’ayant remarquée, le chef l’accueille dans sa loge, écoute son histoire,
puis lui fait installer une chaise dans les coulisses pour écouter le concert. Après quoi, il lui
offre son bras et se laisse entraîner vers l’Africana Club. En kiosque
N° 91 février 1963
À leur arrivée, le patron est sur le point de fermer,
mais il autorise le trio à donner un nouveau set. Pen-
Johnny parle sans organisation,
dant qu’ils jouent, Duke demande à la jeune femme de Sonny ça ne m’accroche
de chanter, ce qu’elle fait en interprétant I’m Glad Dans une longue pas. Et je n’ai jamais
There Is You. Puis le Duke prend congé en les invi- interview recueillie par entendu Cecil Taylor
tant à lui rendre visite le lendemain matin à son hôtel. Jean-Louis Ginibre et swinguer – Ornette
Jean Wagner, Johnny swingue, lui… – Oui,
Là, il leur apprend qu’il est directeur artistique pour incontestablement,
Griffin est interrogé sur
Reprise Records, le label de Frank Sinatra, et leur Sonny Rollins : « La c’est ce qui manque
donne rendez-vous à Paris, au studio Hoche d’Eddie dernière fois que je tant dans la musique
Barclay, où il les retrouve le dimanche 24 février ac- l’ai entendu, je n’y ai de Cecil Taylor. Il joue
rien compris. J’aimais comme un pianiste
compagné de Billy Strayhorn et du violoniste danois classique qui viendrait
énormément ce qu’il
Svend Asmussen. faisait juste après son de découvrir le jazz. »
retour. Il y a deux mois,
C’est à Sathima que revient l’honneur de commen- il a joué devant des Palmes
cer d’enregistrer, accompagnée par un contrechant peintures : il avait l’air académiques
très sérieux. On en a Dans la rubrique de
de violon pizzicati de Svend Asmussen et le trio de Jean-Louis Ginibre,
parlé. J’ai l’impression
Dollar Brand. Lorsque la chanteuse attaque I Got It qu’il devient “Sonny Jazz Informations, on
Bad et Solitude, Duke Ellington sort de la cabine : Rollins”. Il a peut- découvre le palmarès
« Ce sont mes morceaux. C’est à moi d’accompa- être été infecté par de l’Académie du
cet altiste, comment jazz proclamé le 14
gner. » Puis Billy Strayhorn accompagne à son tour décembre 1962 au
s’appelle-t-il déjà ? Ah,
ses propres compositions, Your Love Has Faded et oui, c’est ça, Ornette Club Saint-Germain.
A Nightingale Sang In Berkley Square. Huit autres Coleman. » oscar : “John Coltrane
chansons sont gravées avec le Dollar Brand Trio et At The village
chantées de cette douce voix de contralto voilée. Taylor, pas vanguard” (devant
assez riche ? “Jazz à Gaveau” de
Mais Reprise Records décide cependant de ne pas Martial Solal et “Piano
Interrogé à New york
les sortir... Ce n’est que trente-quatre ans plus tard, en 1997, que le label Enja les publiera, par le contrebassiste In The Background” de
après que Sathima Bea Benjamin ait retrouvé les bandes entre les mains du biographe de Benoît Quersin, Duke Ellington). Prix
Billy Strayhorn, David Hajdu, qui les tenait de l’ingénieur du studio Hoche, Gehard Lehner. George Russell dit Fats Waller : la réédition
en substance de en deux 45-tours RCA
Cecil Taylor : « Il a le de “Rex Stewart And
Si Duke Ellington témoigne dans cet épisode de son attrait pour “l’éternel féminin”, il ne The Ellingtonians”.
droit de jouer selon
manqua pas d’être séduit par les instrumentaux du trio de Dollar Brand. L’influence de ses idées… mais je Prix Django Reinhardt :
Thelonious Monk, à qui il avait chaleureusement cédé le piano de son big band lors du pré- n’en suis pas fan. Pierre Michelot.
cédent Newport Jazz Festival, n’était pas pour lui déplaire. Mais le compositeur de Fleurette Ce qu’il fait n’est
Africaine fut plus encore interpellé par l’autre influence ici dominante, celle du Continent noir, pas particulièrement
nouveau. Cette idée
annonciatrice d’une œuvre dont il parraina les vrais débuts en faisant publier à la fin de l’été de liberté totale, cette
1963 “Duke Ellington Presents Dollar Brand”. Entre temps, Dollar Brand et sa compagne façon de jouer tout
s’étaient fait connaître du public d’Antibes-Juan-les-Pins... • ce que vous voulez
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gaz
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Portez sur vous les couleurs
de Jazz Magazine
1 N° 1 - Décembre 1954 Lionel Hampton
2 N° 78 - Janvier 1962 John Coltrane
3 N° 119 - Juin 1965 Avant-Garde
4 N° 486 - Novembre 1998 Miles Davis
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le guide
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Thad Jones /
Mel Lewis Orchestra
All My Yesterdays
L’actualité du jazz ne va pas sans son flot de nouveautés
discographiques. Mais il est aussi des labels qui
continuent d’entretenir la mémoire de cette musique de
façon remarquable. Resonance en fait partie, qui publie
ce mois-ci un formidable doube cd d’inédits enregistrés
au Village Vanguard en 1966 par un orchestre dont
l’importance historique n’est plus à démontrer.
Astiquez soigneusement vos magique initiale entrer en ébullition. Car new-yorkais et donc idéal pour réunir
zygomatiques : croyez-moi, ils vont qu’ont réalisé Thad Jones et Mel les meilleurs –, c’est le jeu de Hank
être à la besogne ! Car penser pouvoir Lewis à part rassembler une cohorte Jones qui suscite nos éloges, lui qui n’a
écouter ces deux CD inédits sans de tueurs patibulaires capables de jamais enregistré en big band ! C’est
arborer un large sourire d’une oreille manier le swing le plus pulpeux et de Richard Davis dont nous admirons
jusqu’à l’autre, c’est être un grand dégainer les solos les plus affûtés ? la sonorité charnue et le walking
rêveur, voire un mythomane. On est en Les deux compères ont, dans leur majestueux, nous qui avions peut-
effet ici au cœur de la quintessence du laboratoire secret, réalisé la synthèse être oublié qu’il avait tenu le poste de
big band moderne. Que dis-je ? Dans le du bon vieux blues à la Count Basie contrebasse de cet orchestre six ans
(pour lequel Jones a naguère travaillé durant – après ou avant de brèves
creuset d’icelui, au sein de sa matrice,
comme souffleur et comme arrangeur), incursions chez Bruce Springsteen,
dans le chaudron qui vit la potion
d’une pincée de délire mingusien aux Pierre Boulez ou Eric Dolphy. Et nous
harmonies abruptes, et d’un art à la savourons la densité moelleuse de cette
fois rugueux et subtil de la mise en rythmique menée par l’impeccable
commun des sons qui n’appartient qu’à Mel Lewis, dont chaque batteur de big
Thad Jones. Qu’on ne s’étonne pas si, band d’aujourd’hui devrait connaître la
quelques lustres plus tard, ce même discographie par cœur… au risque d’y
orchestre voyait se côtoyer sur ses perdre son âme.
bancs Steve Coleman et Bob Mintzer
en culottes courtes. Mais vous voulez un peu de détails,
j’imagine. Vous êtes vorace, insatiable !
En cette fin d’hiver 1966, alors que Eh bien ça commence par le blues.
l’orchestre fait ses débuts au Village Ce bon vieux blues tempo médium
Vanguard – inaugurant dès lors la et tellurique qui ne semble jamais
x/DR
hoRS
PISTE
SyLvAIN GRIPoIx
magazine
James Blake
par Anne Paceo
Les jazzmen n’écoutent pas que du jazz ! Ce
Anakronic mois-ci, la batteuse Anne Paceo nous présente Omer Avital Jon Balke
David Krakauer “Overgrown” du chanteur James Blake. Abutbul Music Warp
Anakronic / krakauer 1 CD ou LP Jazz village / harmonia Mundi 1 CD ECM / Universal
1 CD Caramba / L’Autre Distribution ✪✪✪✪ ✪✪✪✪
✪✪✪✪
« À l’époque où cet Nouveauté. Né en Israël d’un Nouveauté. Cofondateur de
Nouveauté. voilà plus de vingt album est sorti, père marocain et d’une mère Masqualero (Arild Andersen, Jon
ans que David Krakauer fait sortir j’étais en tournée yéménite, omer Avital s’est Christensen, Nils Peter Molvaer,
avec brio le klezmer de son carcan avec la chanteuse installé à New york il y a plus Tore Brunborg), le pianiste
originel pour le mettre au goût du Mélissa Laveaux et de vingt ans. Rien d’étonnant norvégien poursuit, avec ce faux
jour en le confrontant aux musiques à ce que les deux influences solo de piano, un partenariat plus
j’ai découvert plein
actuelles, notamment le jazz, le majeures de la musique de ce que tridécennal avec ECM (oslo
rock, le funk et l’électro. C’est de musique à cette
occasion. James contrebassiste se partagent 13 et Magnetic North orchestra).
au cours d’une de ces multiples
James Blake Blake a été une entre sa terre natale et son Les seize pièces dont les titres ne
expériences combinatoires qu’il a
rencontré, au milieu des années “overgrown” révélation pour moi. pays d’accueil. D’un côté les nous sont révélés qu’à l’intérieur
2013, Atlas/A&M/ senteurs orientales parfument du livret (souvent en contradiction
2000, le jeune multi-instrumentiste Polydor Au-delà des mélodies,
toulousain Mikaël Charry, fondateur qui me touchent, il chacune de ses compositions avec le contenu musical, comme
du collectif electro Anakronic avec s’agit d’un disque et, de l’autre, la pulsation du Bucolic ou Bolid), sont unifiées
son complice Ludovic Kierasinski. particulièrement intéressant du point de vue jazz est présente d’un bout à par le principe d’un arrière-plan
Après de multiples collaborations, des arrangements. c’est très électro, avec un l’autre de cet album qui doit être changeant d’où se détache la
ces défricheurs nous livrent un vrai travail sur le son : le choix de mettre telle le dixième qu’il signe comme voix d’un piano cristallin. La
album explosif et jouissif qui réverbération sur tel morceau, tel autre type leader. L’intention d’omer Avital déformation (warp) se traduit par
les entraîne vers des territoires n’est pas de proposer une world de subtils traitements du piano
de traitement ailleurs… J’adore cette manière
résolument festifs où leurs univers music plus ou moins jazzifiée comme des sons enregistrés à
se mêlent dans une féérie sonore. de sculpter la matière sonore. Les rythmiques
électroniques sont assez simples, mais mais d’exprimer dans le langage l’extérieur (éléments naturels,
Clarinette, guitare, basse, batterie, du jazz une culture mélodique et voix) ou de nappes synthétiques
synthés et effets électroniques de l’ajout de différentes parties de claviers et de
synthétiseurs crée tout un petit monde autour, harmonique qui vient d’un autre variées. Ainsi dans Heliolatry,
toutes sortes, et même accordéon monde, et l’on sait combien est un fin déphasage est entretenu
– dont celui, lumineux, de vincent avec la voix qui vole par-dessus l’ensemble.
grande la capacité de la musique entre les deux mains, et l’arrière-
Peirani – fusionnent ainsi dans un c’est comme un tableau, avec différents plans.
afro-américaine à intégrer ce qui plan grouille d’une mystérieuse
magma organique et dynamique À chaque réécoute, on découvre de nouvelles
qui respire à la fois les grooves vient d’ailleurs. Le contrebassiste et bruissante activité. Deux
choses, on se pose de nouvelles questions.
urbains et les tourneries folkloriques, n’a aucun problème à gagner ce mondes inégaux par leur
c’est incroyable d’être à la fois aussi jeune
englobant mélodies ancestrales, pari fusionnel vu son parcours aux présence semblent tantôt évoluer
et aussi visionnaire [James Blake a 27 ans,
rythmiques hip-hop et textures côtés de l’ancienne génération séparément, tantôt chercher
NDR], je suis vraiment très curieuse de voir (Roy haynes, Nat Adderley, Al à s’unir. Ici ça crépite en fond
techno. Curieusement, l’écriture n’a ce qu’il va faire par la suite. Pour moi, c’est
rien de fondamentalement neuf, les Foster) comme à ceux de la sonore comme une flambée ou un
pièces s’articulant de façon presque
un artiste du même calibre que Jeff Buckley nouvelle (Mark Turner, Brad vieux vinyle, là semble se préparer
classique : c’est “l’assaisonnement” ou Björk, de ceux qui changent la musique : Mehldau, Joshua Redman). la tempête. Des voix apparaissent,
qui fait toute la magie de l’ensemble. ce rapport entre cette voix très organique Les rythmiques sont pleines de assourdies en écho, jeux
on retrouve bien des thèmes – dont et la manière dont il traite le son avec ses groove, le son du quintette à d’enfants ou véritables chants.
certains traditionnels réarrangés –, machines, je pense que ça va influencer tout deux saxophones est puissant Dans Slow Spin, le contraste et
des ponts et des chorus, mais avec une génération. » • Au MiCro : PASCAL roZAt (et magnifié par la prise de son le mixage sont très réussis entre
un “habillage” fourmillant d’idées de Philippe Tessier du Cros) nappes cotonneuses (clavier/voix)
et de trouvailles, le tout dans une DERNIER ALBUM Anne Paceo, “Circles” et la durée des morceaux (7 et jaillissement d’une main droite
ambiance “positive” qui s’appuie (Laborie Jazz / Socadisc [CHOC] Jazz Magazine)
à 8 minutes pour la plupart) tristanienne. Le silence apparent
sur les traits communs à de
CONCERTS Anne Paceo Circle le 3 avril à Ris-Orangis laisse aux solistes la place pour derrière le piano de Dragoman
nombreuses musiques populaires :
(Le Plan), le 8 avril à Rosny-sous-Bois (Conservatoire) et s’exprimer. Une musique tonique est trahi par les résonances
la danse et la transe. Et c’est toute le 15 mai à Colmar (Festival Musiques Métisses).
l’intelligence d’Anakronic et de et ensoleillée que ne renieraient harmoniques en filigrane. Cette
Krakauer de parvenir à marier ni Art Blakey ni Coltrane, à écologie du sonore nous invite à la
tradition et modernité en maintenant découvrir live à yseure, La Ferté- perception du détail, du silence, et
un discours lisible et accessible. Une Saint-Aubin, Paris (New Morning), prône une relation nouvelle entre
belle réussite ! • FéLix MArCiAno La Rochelle et Nice (voir notre la musique et son environnement.
david krakauer (cl, voc), Mikaël agenda). • PHiLiPPe vinCent • vinCent Cotro
Charry (elg, cla, elec, prog), Asaf Yuria (ts, ss), Alexander Levin Jon Balke (p, sound images,
Ludovic kierasinski (elb, elg, (ts), Yonathan Avishai (p), omer enregistrements de terrain). oslo,
elec), Pierre Bertrand du Chazaud
(cl, elec), ghislain rivera (dm) + Avital (b), ofri nehemya (dm). rainbow Studio, septembre 2014.
vincent Peirani, Simon Barbe (acc), villetaneuse, Studios Midlive, Lugano, rSi Studio, septembre
taron Benson (voc). date et lieu novembre 2015. 2015.
d’enregistrement non précisés.
céline Bonacina
(je le cite) donne à son jazz soft
et cool un feeling unique. Mais
soyons honnête : ce sont avant
climat bienvenu, c’est finalement
lorsqu’il ose laisser davantage
d’espace que Fernandes convainc
Baryton sur ton
tout les aficionados des groupes vraiment, comme dans la section
et des défricheurs cités plus haut finale de Snakes and Lizards ou
qui risquent de succomber aux
dans un Abarat qui respire de
charmes de “Dr. Um”. Borges
Buenos Aires est une composition belle manière. • PASCAL roZAt
inédite de Zawinul, Speechless André Fernandes (elg), Perico
le remake d’un morceau de Sambeat (as, ss, fl), Alexi
Weather Report (vo dans l’album tuomarila (p), demian Cabaud (b),
iago Fernandez (dm). Lisbonne, 6
éponyme du groupe paru en et 7 mai 2015.
1982), Northern Cross le seul
morceau composé par Erskine
dans le premier album de Steps
Ahead paru en 1983... Quant
à Okraphilia, et plus encore
Little Fun K, les oreilles les plus
affûtées devraient y déceler un
petit quelque chose de Stuff, le
légendaire combo new-yorkais.
Mais “Dr. Um” n’est pas pour
autant un disque à l’ancienne, car
ceux qui l’ont enregistré parlent
Anat Fort
sans nostalgie le langage de la Gianluigi Trovesi
fusion en 2016. Chapeau bas Birdwatching
Docteur Um. • JuLien Ferté
NAThALIE-LADy MILLIoNS
1 CD ECM / Universal
Peter erskine (dm, perc), John
Beasley (cla), Janek gwizdala (elb) Nouuveauté. Pour ce troisième
+ Bob Sheppard (ts), Jeff Parker, enregistrement chez ECM, la
Larry koonse (elg), Aaron Serfaty
(perc), Jack Fletcher (voc). pianiste israélienne Anat Fort
a choisi de compléter son trio
en invitant le clarinettiste italien
Gianluigi Trovesi. Tous deux
se sont produits ensemble à
toujours aussi audacieuse au baryton, Céline Bonacina mêle
plusieurs reprises, mais cela fougue et énergie à un éventail de compositions qui donnent une
suffit-il pour forger un univers nouvelle direction à sa musique. en témoigne son nouvel album,
commun ? Surtout quand Trovesi
n’intervient que sur quelques
“Crystal rain”.
titres. Ici, ce qui manque le plus
André Fernandes c’est l’improvisation et le lâcher- dans “crystal Rain”, céline s’offre le pianiste Gwilym Simcock.
dream keeper prise dont on sait que le souffleur Bonacina change donc de dimension Suit la fureur de Cyclone, avant
1 CD Edition Records / harmonia Mundi est capable. Et quand cela stylistique. Le groove électrisant l’accalmie de Child’s Mood, une
survient (vers le milieu du disque), a toujours été son fort. Ses deux composition rêveuse, délicate et
Nouveauté. Le compliment de
David Binney figurant dans le la musique confine effectivement précédents albums, “Way of Life” allègre. « Smiles For Serious People
dossier de presse témoigne que à la magie. Pour le reste, les et “open heart”, en témoignaient est un peu le pont que je construis
le Lisboète André Fernandes compositions de la pianiste, largement. Elle ne met pas un entre mon précédent album et
doit davantage à une certaine souvent proches de la joliesse sur holà définitif à cette empreinte celui-ci, explique céline Bonacina.
scène new-yorkaise qu’à un le plan mélodique, sont servies jazzistique mais, avec son crystal Le cyclone arrive ensuite pour tout
quelconque “jazz portugais”. par un beau toucher et un sens Quartet, la saxophoniste opère ravager afin que la reconstruction
Aussi ne sera-t-on pas surpris des contrastes remarquable, mais une émouvante mutation vers une s’opère avec du neuf. La quiétude
d’apprendre que ce guitariste insouciance et une légèreté presque devient donc possible avec child’s
elles semblent trop souvent viser,
qu’on pourrait situer dans la enfantine. « Un jour, un musicien m’a Mood qui apporte un éclairage
lignée de Kurt Rosenwinkel a fait par des harmonies convenues,
une perfection éloignée du qualifiée de saxophoniste fusion, nouveau. » un remarquable triptyque
ses armes au Berklee College
of Music à la fin des années 90. “son de la surprise”. Anat Fort s’amuse-t-elle. Les étiquettes sont introductif pour une narration
Entouré d’un quintette où figurent a un monde à elle, c’est une légion… Avec “Crystal Rain”, je autour de l’idée de transition,
notamment le saxophoniste et évidence – pas très éloigné du choisis justement de décoller les à laquelle la saxophoniste est
flûtiste espagnol Perico Sambeat Keith Jarrett le plus accrocheur, étiquettes en cherchant une sorte farouchement attachée. Les titres
(doyen du groupe) et le pianiste d’ailleurs –, mais pour y entrer il d’apaisement. » des morceaux n’ont d’ailleurs pas
finlandais Alexi Tuomarila, il place faut en quelque sorte renoncer à été choisis au hasard. « Je voulais
d’emblée la barre très haut en quelques-uns des éléments qui Le processus est d’une évidence véritablement raconter une histoire,
proposant une musique fluide, folle et tient de l’architecture exprimer un passage, une ouverture
font la force et la dynamique du
dense et sophistiquée, où manque
jazz. • tHierrY QuénuM poétique. Sur le premier titre, Smiles sur quelque chose de serein et
néanmoins parfois ce petit rien
qui accroche l’oreille, malgré de Anat Fort (p), gary Wang (b), For Serious People, la saxophoniste d’harmonieux », insiste-t-elle. d’où
belles idées mélodiques dans les roland Schneider (dm). embouche tour à tour alto, soprano le caractère lumineux du disque.
thèmes (Rabbit Hole). Si l’énergie Lugano, Auditorio Stelio Molo, et baryton pour une envolée presque comme le cristal de roche, cette
5 au 7 novembre 2013. “bigbandesque” accentuée par pierre transparente qui réfracte la
rock de Jack ou de Dream Keeper
apporte un changement de les embardées percussives que lumière et véhicule des énergies
SONNY
ROLLINS
Holding The Stage
ROAD SHOWS VOL. 4
Sortie le 8 avril
NOUVEL OPUS LIVE
DE LA LEGENDE
DU SAXOPHONE TENOR
FocuS
Snarky Puppy
devine qui vient dîner...
PhILIPPE LEvy-STAB
Fox
FéLix MArCiAno
Léo tardin (elp, cla), dom
Burkhalte (dm), Black Cracker
(voc), date et lieu d’enregistrement
non précisés.
Question d’affinités
Pierre Perchaud, nicolas Moreaux et Jorge rossy, alias Fox :
ils étaient faits pour s’entendre et ils nous ont parlé, tandis
ERIC GARAULT
n’est pas le cas, Guy en donne Joshua Redman. Autant dire que comme soliste essentiel, précise CD “Fox” (Jazz & People / Harmonia
l’illusion, illustrant la maîtrise le batteur d’origine catalane était Nicolas Moreaux, nous avons Mundi, 4 étoiles Jazz Magazine)
et la cohérence de son langage emblématique de la génération composé des thèmes assez
de musiciens qu’admirent Pierre simples et très mélodiques. CONCERTS Les 29 et 30 mars à Paris
orchestral. De même, la façon (Duc des Lombards), le 2 avril à
dont l’élan de l’improvisation et la Perchaud et Nicolas Moreaux. On ne voulait pas passer trop Bruxelles (Club Bravo) le 3 au festival Au
préméditation de l’écriture Suite page 54 Si l’on ajoute l’extraordinaire de temps sur des structures Sud du Nord (Essonne).
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(1)
Tarif kiosque. accéder aux informations vous concernant, les rectifier et vous opposer à leur transmission éventuelle en nous écrivant.
les ch cs chOc
magazine
each Stroke propos de la littérature, le jazz est une Red Toucan, Jean-Marc Foussat nous Nouveauté. Le répertoire comme
donne à nouveau accès à l’un des corps et substance de la musique :
1 CD ECM / Universal drôle de loterie dont le gros lot est
albums solo les plus accomplis de la c’est ainsi que dave Liebman
d’être écouté trente ans après la mort
Nouveauté. Plus qu’un dialogue contrebassiste Joëlle Léandre. définit ce que l’on nomme plus
du musicien. Le baryton suédois fait
intergénérationnel ou une relation de communément standards, et c’est
partie des heureux gagnants.
mentor à disciple, ce duo traduit une Composé de neuf improvisations extraites l’inusable songbook des Beatles
authentique rencontre entre deux de deux concerts enregistrés au Canada que le saxophoniste explore ici avec
Ce précieux coffret qui balise avec
des personnalités les plus créatives et en Italie, “No Comment” synthétise passion…
toutes ses master takes son parcours
du jazz d’aujourd’hui. phonographique de décembre 1951 (il en effet de manière saisissante toutes
les dimensions du génie langagier si … et qui lui donne l’occasion de
avait 23 ans) à juin 1955 en est la preuve
voilà une décennie, Wadada Leo Smith particulier de cette musicienne majeure poursuivre sa quête de renouvellement,
éclatante. heureux ? L’adjectif est sans
invitait vijay Iyer – de trente ans son qui aura voué sa vie à répéter sans à la tête d’un trio inédit que l’on pourrait
doute abusif tant sa vie fut gangrénée
cadet – à rejoindre son Golden Quartet. cesse ce grand saut dans le vide qu’est ponctuellement sous-titrer “duo + 2”, tant
par la drogue. Il mourut à 48 ans dans
Une expérience fondatrice pour le l’improvisation totale et auto-générative. la remarquable présence du saxophoniste
la dèche, empêché de jouer par ses
pianiste indo-américain : « La musique Toute en éveil des sens, elle est branchée invité John Ruocco y est importante et
problèmes dentaires. Souvenons-nous :
que nous faisions était traversée de à l’esprit des lieux. Engagée, corps, décisive. Chacun se répartit et double
dans les années 1950, les musiciens
différentes identités (…) : elle pouvait âme et intelligence connectés, dans le les vents, flute soprano et ténor sax pour
de jazz européens voulaient presque
être fondée sur une pulsation ou bien geste qui soudain fera surgir la musique Liebman, ténor sax et clarinettes pour
tous sonner comme leurs idoles d’outre-
sur un mouvement d’un autre ordre, elle du néant, Joëlle Léandre éblouit par Ruocco. L’album s’oriente en partie sur
Atlantique. Le public réclamait d’ailleurs
pouvait être très libre ou au contraire l’extrême diversité des stratégies mises des compositions de George harrison
d’eux l’imitation la plus fidèle tout en
très ordonnée, mais toujours dans une en œuvre dans cette série de pièces dont Liebman apprécie particulièrement
leur reprochant de ne pas égaler leurs
approche compositionnelle. » Une citation denses, afin de tirer de cette impulsion la touchante profondeur harmonique
modèles, au risque d’asphyxier la
qui pourrait parfaitement s’appliquer à initiale un discours toujours surprenant et l’ingénuité émotionnelle. Chaque
personnalité de beaucoup de jazzmen de
ces retrouvailles en duo, où chaque son, et inventif. Sa science de l’archet donne interprétation nous donne à découvrir
l’époque. Ce ne fut pas le cas pour Lars
chaque note semblent répondre à une parfois à ses improvisations des accents une passionnante « recherche de la
Gullin qui sut très tôt imprimer à son jeu
impérieuse nécessité musicale, dont la de rêveries métaphysiques évoquant note juste » comme Liebman le décrit
une profonde originalité en développant
logique s’impose à l’auditeur sans qu’il quelques “leçons de ténèbres” échappées dans les liner notes. Nos deux soufflants
son idée de Fabodjazz – contraction de
en saisisse tout à fait les ressorts. Au du Grand Siècle tandis qu’un grand rire s’adonnent alors à un dialogue improvisé
folklore suédois et jazz – associant la
fil d’une longue suite dédiée à l’artiste orgiaque et barbare s’exprime sans en chant, contrechant, unisson et
mélancolie scandinave au raffinement
indienne Nasreen Mohamedi (1937- retenue par une poussée irrésistible du décalages raffinés, laissant libre cours
du jazz cool. Chet Baker avec qui il joua
1990) – précédée d’un prologue et corps à travers la voix. Joëlle Léandre au rayonnement de chacun. Chaque
à Paris en octobre 1955 avait été frappé
conclue d’un épilogue – Wadada Leo atteint là un équilibre miraculeux entre thème est exposé puis exploré, tout
d’emblée par l’originalité de son phrasé :
Smith déploie un lyrisme rauque et félin rigueur formelle, sens de l’éphémère, en retenue et sobriété, sans jamais en
« Quand j’ai entendu Lars la première
qui n’appartient qu’à lui, se détachant humour pataphysicien et lyrisme pur. • perdre la trame mélodique, en particulier
fois, je me suis dit : Jésus ! Voilà une
sur les paysages ondulants brossés par StéPHAne oLLivier un Within You Without You marqué d’une
autre façon de jouer du baryton, d’une
le piano et le Fender Rhodes, subtilement Joëlle Léandre (b). vancouver Jazz rythmique aux faux airs de All Blues.
manière très fluide et mélodique, avec
rehaussés ici et là de discrètes touches Festival, juin 1995. ibleo Jazz festival, Sur deux thèmes, Liebman délaisse ses
beaucoup plus d’autorité et de flamme octobre 1994.
d’électronique. Magnifiée par une prise saxes pour le piano, en trio (magnifique
que Gerry. » Avec qui on a eu trop
de son qui laisse s’exprimer à plein les version de Fool On The Hill) et solo, où sa
tendance à le comparer, alors que c’est
dynamiques, cette musique chambriste remarquable sensibilité nous subjugue.
du côté de Zoot Sims et Stan Getz qu’il
semble à la fois toujours égale à elle- L’album s’écoute sans lassitude grâce
faut chercher ses principales influences.
même et constamment en mouvement. aussi à une variété d’arrangements et
A preuve, cette sonorité pulpeuse avec
Une certaine idée de l’éternité ? • de tempos qui surprend constamment.
ce merveilleux duvet de pêche. Une
Un très beau disque qui prouve combien
PASCAL roZAt sonorité ronde et cotonneuse qui ne
Wadada Leo Smith (tp), vijay iyer (p, elp,
l’inspiration de Liebman reste fraîche et
cesse de s’alléger de toute gravité au
électronique). new York, Avatar Studios, sa curiosité intacte. • JeAn-Pierre vidAL
fil des plages et des enregistrements. •
du 17 au 19 octobre 2015. dave Liebman (ts, ss, fl, p), John ruocco
PASCAL AnQuetiL
(ts, cl, bcl), Marius Beets (b), eric ineke
Lars gullin (bars, as, bcl, p) + personnel (dm). Zeist (Pays-Bas), Studio de Smederij,
varié, précisé dans le livret. avril 2012.
52 Jazz MagazineNuméro
JazzMagazine Numéro682
682 Avril
Avril2016
2016
Patrick Molard Michael
ceol Mor Formanek
Light & Shade
1 CD Innacor / L’Autre Distribution Ensemble
Nouveauté. un disque de cornemuse
a-t-il sa place dans Jazz Magazine ?
Kolossus
Ni plus ni moins qu’un disque de the distance
Magma. La comparaison ne me vient 1 CD ECM / Universal
Gato Barbieri
pas seulement parce que Simon
Goubert, batteur de ce disque, n’est Nouveauté. Entouré des fidèles
pas tout à fait étranger à la galaxie soufflants de son quartette, Formanek
Last tango in Paris - expanded original Magma… étend son groupe à la taille d’un big
MgM Motion Picture Soundtrack band. craig Taborn est remplacé
Mais il y a ici quelque chose de sauvage par Kris davis ? on ne perd pas au
2 CD Quartet Records / quartetrecords.com
et grandiose qui m’y invite, même si change !
Réédition. du dernier Tango à Paris, on se souvient surtout je ne retrouve ici pas le kitsch qui me
du scandale qu’il fit à sa sortie, en 1972. La musique de Gato tient à distance du célèbre groupe, mais En prélude à une suite en huit parties,
Barbieri, elle, n’a rien perdu de son pouvoir de séduction. à l’inverse une qualité du geste chez corps de l’album titrée Exoskeleton, le
Goubert que je n’entends pas chez contrebassiste ouvre en douceur, avec
« Gato et sa femme Michelle étaient des amis. Mon film s’appelait Christian vander. Au fait ! Spécialiste du une mélodie à l’atmosphère ambiguë,
Le Dernier Tango à Paris, Gato était argentin, mais pour moi il était biniou, le Breton Patrick Molard est aussi ni tout à fait mélancolique, ni vraiment
avant tout un musicien free jazz, le seul saxophoniste ténor blanc spécialiste du bagpipe et du pibroch apaisée. Il semble qu’un équilibre
avec un son noir », confie Bernardo Bertolucci à Tim Greiving dans écossais, également appelé ceol mor à plusieurs niveaux soit la quête de
les liner notes. La nature improvisée et sexuellement incorrecte (ce qui signifie grande musique). Un art Michael Formanek. Contemporaine
– pour l’époque – de son film poussa donc le réalisateur italien à séculaire d’une âpreté qui n’a d’égal que dans son expression, elle n’oublie pas
faire appel à son ami saxophoniste, avec l’espoir, cependant, qu’il le rude climat des highlands, mais qui par la grande tradition du swing (Part II,
puisse imaginer « la plus belle mélodie ». Bingo : celle du Dernier l’agencement de ses mouvements et son Beneath The Shell, proche de l’esprit du
Tango à Paris est d’une rare beauté. Sensuelle et plaintive, elle art de la variation (certes plus corseté par dernier Ellington). Si les partitions sont
souligne le caractère à la fois romantique et torride du film. Cette une codification tyrannique et minimaliste) conséquentes, elles disséminent de
nouvelle réédition propose pour la première fois l’intégralité de évoque le raga indien. Le frère de Patrick belle manière, comme en filigrane, des
la musique que l’on entend dans le long-métrage (quarante-neuf Molard, Jacky le violoniste, s’en est empreintes d’improvisations libertaires.
variations sur le même thème, ou presque, des plus orchestrales emparé, non pour en édulcorer le propos, L’énergie des big bands est mise à profit
aux plus intimistes, des plus jazz aux plus “stravinskiennes”), mais pour interroger son actualité, tout (Part I) sans verser dans les facilités
couplée à celle que Gato Barbieri avait ré-enregistrée pour le en respectant l’essence, voire la lettre. unanimistes du genre. S’agit-il alors
33-tours. Dans les deux cas, oliver Nelson est l’arrangeur, et son Car tant les Parisiens invités, Eric Daniel d’une tiède succession d’émotions
savoir-faire est nourri par le feu intérieur qui anime chaque phrase et Simon Goubert, que leurs hôtes consensuelles se neutralisant l’une
jouée par Barbieri. Mais plus encore que le 33-tours original, ce bretons – yannick Jory, déjà armé d’une l’autre ? Au contraire ! Les ingrédients
sont les cinquante-sept minutes enfin révélées de la Bo qui font connaissance approfondie du genre et assemblés exhaussent continûment le
surgir des images sur l’écran noir de nos nuits blanches. • hélène Labarrière – ont accepté de se goût du tout : délices de la forme, du
noAdYA Arnoux soumettre à l’examen de cet exigeant son et du groove satisfaisant tout à la
gato Barbieri (ts, fl, voc), Franco goldani, Wolmer Beltrani (acc), vocabulaire et de cette austère syntaxe fois le corps et l’esprit comme un grand
Franco d’Andrea (p), Jean-François Jenny-Clark, giovanni tommaso avant d’y introduire leurs logiques de plat s’adresse autant aux papilles qu’ à
(b), Piero Munari (dm), Alfonso vieira (perc), oliver nelson (arr, cond). jazzmen et de soumettre en retour cet l’imaginaire. Cette musique ne saurait se
rome, 20-25 novembre 1972. satisfaire d’une écoute distraite : qui pour
art de la boucle et de l’infime à leurs
contrepoints improvisés ou arrangés et à dire que c’est un défaut ? • LudoviC FLorin
leur élan rythmique. Ce qui en fait l’une dave Ballou, ralph Alessi, Shane endsley,
kirk knuffle (tp, cnt), Alan Ferber, Jacob
des plus exemplaires rencontres du jazz garchick, Ben gerstein, Jeff nelson
avec les musiques dites “du monde”. Sur (tb), Loren Stillman, oscar noriega,
scène à Rennes le 26 avril. • Chris Speed, Brian Settles, tim Berne
FrAnCk Bergerot (bois), Patricia Brennan (marimba), Mary
Halvorson (g), kris davis (p), Michael
Patrick Molard (cornemuse), Jacky Molard Formanek (b), tomas Fujiwara (dm),
(vln, arr), Yannick Jory (saxes), eric daniel Mark Helias (dir). Brooklyn, Systems two,
(elg), Hélène Labarrière (b), Simon goubert décembre 2015.
(dm). Langonet, grande Boutique,
octobre 2015.
Avril 2016 Numéro 682 Jazz Magazine 53
le guide
FocuS
Suite de la page 50
se confondent devrait transporter
ceux de nos lecteurs qui
Le Collectif du Lion
considèrent encore Barry Guy La parution d’un ouvrage consacré à l’histoire du Collectif du
comme l’un des nôtres. •
FrAnCk Bergerot Lion et son berceau liégeois s’accompagne de la publication de
Barry guy (b, dir), Savina Yannatou
(voc), Anja Pöche (voc soprano),
deux Cd d’orchestres qui en sont issus, rêve d’éléphant et le
Matthew Brook (voc baryton), trio grande.
cordes de la Camerata Zürich.
Huddersfield Contemporary Music
Festival, 17 novembre 2013.
Jazz At Berlin
notamment au sein du collectif du Philharmonic V
Lion. c’est cette « Aventure plus que Lost Hero – tears for esbjörn
musicale » que raconte le n° 5 de 1 CD Act / harmonia Mundi
la revue Les Voies de la création
Nouveauté. Le 14 juin 2008,
culturelle intitulé Sur la Piste du Esbjörn Svensson disparaissait
Collectif du Lion, ouvrage collectif dans un accident de plongée,
comme seul le monde du jazz belge laissant orphelins ses deux
sait en concevoir, kaléidoscope aux amis du trio EST avec lequel il
vertus surréalistes d’une multitude avait renouvelé le jazz européen
Stéphane “Stuch” de textes et coupures illustrée d’une au point de lui offrir un succès
huchard iconographie foisonnante. Au cœur international auprès du grand
tranches de tronches de cette galaxie, le saltimbanque- public. Mais l’empreinte du
1 CD Such / harmonia Mundi
batteur Michel debrulle figure pianiste suédois s’étendait au-
également au centre des deux delà du cercle des proches, et
Nouveauté. Depuis que le disques qui nous sont nombreux sont les musiciens
jazz existe, les musiciens ont et mélomanes du monde entier
envoyés avec cet
souvent voulu, un jour ou l’autre, à pleurer encore sa disparition
être chanteur. Nouvelle carrière ouvrage. Le premier
est l’“Odyssey 14” et à prolonger son héritage
pour certains, comme Nat King musical. C’est notamment le
Cole, expérience plus ou moins Liège, capitale européenne du jazz ? du bien nommé
de cette réalité, il reste une maison Rêve d’éléphant, cas du pianiste finlandais Iiro
anecdotique pour d’autres (oscar Rantala qui lui rend ici hommage
Peterson, Buddy Rich...). À son de mémoire, La Maison du jazz, et septette à trois
en concert aux côtés, entre
tour, Stéphane huchard cède à le souvenir d’une ville où naquirent percussionnistes créé
autres, de la chanteuse viktoria
l’envie, lui qui a fait sonner ses Bobby Jaspar et René Thomas, où par debrulle et qui doit beaucoup
Tolstoy – que Svensson avait prise
toms et ses cymbales derrière le domicile de Jacques Pelzer fut à deux autres historiques du Lion sous son aile – et du guitariste
des grands noms de la chanson un carrefour pour les Américains s’envoile, le flûtiste Pierre Bernard Ulf Wakenius. hormis Imagine
française (Jonasz, Maurane, en tournée et où, sous la direction et le tubiste-tromboniste Michel de Lennon et Tears for Esbjörn,
Sanseverino). Mais loin de du compositeur henri Pousseur Massot. Rejoint, dans une sorte de de Rantala, le répertoire se
confesser un talent caché de et au retour de la Berklee School cabaret pop-folk décalé, par deux compose de thèmes de Svensson
crooner, c’est aux textes que de Steve houben, le conservatoire chanteurs-récitants d’après des
“Stuch” accorde la priorité dans et d’EST, tous (ré)interprétés
accueillit un séminaire de jazz à textes littéraires (Shakespeare, avec une grande douceur. Car,
cette aventure. Passionné de
cinéma, c’est en pensant à
partir de 1979. Puis une classe Rimbaud, Picasso…) et musicaux on s’en doute, c’est avant tout
certains dialogues de Michel permanente, où enseignèrent Michel (Marin Marais) remontant au XIVe le recueillement et l’émotion qui
Audiard que lui est venue l’idée herr, Serge Lazarévitch, Jean-Louis siècle, l’iconoclasme du groupe dominent ici, avec des passages
de ces “Tranches de tronches”, Rassinfosse… plus les Américains qui a pu nous séduire par le passé délicats, tout en retenue, mais
autant de portraits que son Bill Frisell, dennis Luxion, Kermit nous laisse ici intéressés, mais sans aussi des moments plus intenses,
imagination a croqués à partir discoll, Alan Silva, Steve Lacy, Butch argument. “hold The Line !” [✪✪ quand Tolstoy donne de la voix
d’un quotidien où le loufoque n’est Morris et Garrett ✪✪] nous fait entendre la version ou que Wakenius s’envole avec
jamais loin. La musique est venue List, qui en prit la élargie du Trio Grande qui s’intitula un joli phrasé sur une rythmique
ensuite se poser sur les textes et direction en 1980. Sur Trio Bravo du temps ou Fabrizio énergique. Rien de bien nouveau
l’interprète fut vite trouvé. on ne les bancs, une scène cassol en était le saxophoniste et dans le fond, certes, mais un
connaissait pas chez huchard cet témoignage sincère et sensible
belge émergeante fut rebaptisé lorsque Laurent dehors
amour des mots dont il aime faire qui prouve que l’esprit d’EST
portant les noms de remplaça ce dernier auprès de
danser le sens et le son, souvent soufflera longtemps encore sur le
Pierre Vaiana, Michel debrulle et Massot depuis quelque jazz. • FéLix MArCiAno
avec humour, laissant avec debrulle, Pierre temps rejoint par l’Anglais Matthew
humilité la poésie à Baudelaire iiro rantala (p), viktoria tolstoy
Bernard, Fabrizio cassol, Michel Bourne (p, voc). Iconoclasme (voc), ulf Wakenius (elg), Lars
dont il met superbement en
musique L’homme et la mer. Une Massot, Kris defoort… qui élirent facétieux, où insolence voisine avec danielsson (b), Morten Lund (dm).
domicile au cabaret Le cirque divers tendresse pour un projet incisif et Concert à la Berlin Philharmonie,
jolie surprise réalisée avec la 1er octobre 2015.
complicité d’une dizaine de ses et au jazz club du Lion s’envoile. ensorcelant, où l’orphéon populaire
amis musiciens invités au fil des Leur fermeture en 1999 signera et l’onirisme doux-amer aux accents
plages. • PHiLiPPe vinCent le déclin de la scène liégeoise, chambristes laissent le champ libre
Stéphane Huchard (voc, dm), trop étroite pour contenir pareille à de belles échappées polyphoniques
Laurent Coulondre (p, cla), Laurent créativité appelée à s’épanouir ou solistes. • FrAnCk Bergerot
vernerey (b), edouard Coquard plus largement mais à laquelle
(perc, back voc) + Sylvain gontard 1 livre Pac / pac-g.be, 189 p., 25 €. 2 CD De
(tp), Stéphane guillaume (sax, fl), survécurent mille complicités, Werf / dewerf.be
Louis Winsberg (g), noé Huchard
(cla, p), Marian Badoi (acc). Studio
de Meudon.
livre
Arrivals / Departures :
New horizons in Jazz
Stuart Broomer, Brian Morton & Bill
Shoemaker
Ed. Gulbenkian Musica, 240 p, 20 € (en anglais)
FocuS
Parco della
End) ou d’enfourcher la lourde
jamais cela prête à confusion. Au
rythmique (Eric Schaefer), presque
contraire, l’excitation est alors
walkyrienne, des Riders On The
portée à son comble ! La musique
Storm des mêmes Doors, des
Musica
d’Angelika, élaborée aussi par son
exquises arabesques judéo-
pianiste Florian Weber, est quant à
andalouses de Because Of
elle d’une lumineuse beauté, avec
Mouloud, ou, tout simplement
un allant affirmé et une vibration
(?), d’oser effleurer et caresser
Angelika Niescier
ici rome
dont Ralph Alessi sait s’emparer.
encore l’irrésistible palimpseste
qu’est devenue la complainte Florian Weber Ce jazz nerveux, impatient et vif,
vous prend tout de suite au corps
de Summertime au fil de nYC Five
et ne vous lâche plus. •
huit décennies de reprises et 1 CD Intakt / harmonia Mundi PHiLiPPe MéZiAt
relectures par des improvisateurs
de tous bords, sans parler de
✪✪✪✪ ralph Alessi (tp), Angelika niescier
(as), Florian Weber (p),
equivalent à rome de notre Cité
l’angoissante berceuse Sleep Nouveauté. Par plus d’un trait, Christopher tordini (b), tyshawn
Sorey (dm). Brooklyn, Systems
de la musique, Parco della Musica
Safe And Warm, ciselée par le à mon sens, le son et le style
regretté (1931-1969) Krzysztof d’Angelika Niescier peuvent être two, 6 janvier 2014. est aussi le nom d’un label qui
se veut le reflet de ses activités
musicales. Paolo damiani, roberto
livre gatto, Francesco Bearzatti et Franco
Music Is My Mistress d’Andrea en sont les représentants.
Par duke ellington
Slatkine & Cie, 589 p., 25 € “Seven Sketches Of Music” de Paolo
Publiée en 1973, un an avant la mort de son auteur, Damiani est, comme souvent, un “projet ”,
l’autobiographie de duke Ellington n’avait jamais été traduite c’est à dire plus pensé que senti. L’idée :
en français ! Voilà qui est enfin chose faite, par les bons soins rendre hommage à des œuvres de l’archi-
de clément Bosqué et Françoise Jackson, avec la participation tecte Renzo Piano et travailler le thème du
de christian Bonnet et donc avec la bénédiction de la Maison du double (d’où deux anches et deux basses,
duke. ceux qui fréquentaient déjà le texte original, le picorant que soudent les percussions). on pourrait
plutôt que de s’y livrer à une lecture intégrale continue, y trouvèrent toujours leur se demander ce que fait ici Rosario Guiliani,
bonheur tout en s’interrogeant sur son caractère discontinu. dans une préface mais c’est lui qui apporte – par la fluidité
inédite, claude carrière en compare la rédaction aux méthodes de composition du vivace de son jeu – la légèreté manquant
duke, idées jetées au cours des tournées sur le support à disposition (jusqu’à la à cet ensemble… qu’il ne sauve pas de sa
manche de chemise d’un compagnon de voyage !) puis assemblées sur le mode de pesanteur intrinsèque.
la suite plutôt que du développement. Mais derrière la spontanéité de ces bribes Il y a, chez Roberto Gatto une claire volonté
mises en forme par son ami journaliste Stanley dance, on retrouve l’observation de devenir leader. Volonté légitime après
perspicace des “portraits”, des “tone parallels” et autres “meditations”, où le tant d’années à jouer les sidemen de luxe.
quotidien du musicien voisine avec la réflexion, à l’ombre du souvenir qui, en cette Mais entre vouloir et pouvoir… d’une part,
année 1973, englobe la quasi-totalité de la vie et de l’œuvre, même si la mémoire du Gatto a tendance à passer d’un quintette en
duke est sélective, parce qu’humaine. d’une humanité qui rend ce texte si précieux. hommage à Shelly Manne (voici quelques
Les annexes originales ont été conservées en l’état, dont un inventaire chronologique années) à un quartette ornettien, ce dont té-
des compositions. L’iconographie a disparu, mais on se réjouira de l’apparition d’un moigne “Sixth Sense” avec Avishai cohen
index. À quand une réédition du Duke Ellington de Stanley Dance ? • FrAnCk Bergerot (tp), Francesco Bearzatti (ts, cl) et doug
Phil Woods
musique provient ici de la bande
sonore d’un film d’animation, d’où
peut-être son évidente qualité
naissance
visuelle. Même en éloignant
les clichés – pas toujours
herlin Riley infondés – sur le jazz d’Europe
new direction du Nord, on est pris d’emblée
d’un style
1 CD MacAvenue / harmonia Mundi par une sensation, sinon de
✪✪✪✪ froideur, du moins de contrôle
rigoureux. Le déroulement d’une
Nouveauté. A l’actif d’herlin Riley, mécanique de précision (Pulsar)
des collaborations prestigieuses, est souligné par la netteté des
avec Wynton Marsalis, avec Ahmad entre 1954 et 1957, d’abord typiquement bop sur ses contours mélodiques, et nourri
Jamal, entre autres. Elles lui ont
valu une réputation justifiée, celle premiers disques sous son nom, l’altiste Phil Woods de techniques minimalistes
ou répétitives (Paysages pas
de figurer parmi les tout meilleurs s’éloigne du nid du Bird, son père musical, aux côtés sages). Dans For Rainbows, les
batteurs de La Nouvelle-orléans,
si ce n’est le meilleur. Ce qui aurait de Jim Chapin et george Wallington. contrastes de climat ne masquent
pas le travail d’un motif principal
pu être une confortable rente de et de ses multiples reflets et
situation, sans le goût du risque comme Sonny Stitt ou Jackie McLean, auquel rebonds. La deuxième moitié de
et la curiosité qui le caractérisent. il succéda d’ailleurs chez George Wallington, l’album infléchit sensiblement
Car cet explorateur s’aventure, bien le saxophoniste Phil Woods eut droit aux cette direction esthétique. Plus
au-delà du style “traditionnel”, en mehldien par l’inspiration,
comparaisons avec charlie Parker au début
des contrées où les rythmes latins Signettes est de facture aussi
voisinent avec une polyrythmie
des années 1950, avant de se démarquer
progressivement de ce pesant héritage. Si, dans délicate que l’étonnant For
digne d’un Elvin Jones. Il se révèle, Jimmy Giuffre, mais la pièce
de surcroît, compositeur inspiré, “New Jazz Quintet & Quartet, 1954-55”, ses
premières faces en leader s’appuient encore sur éponyme réaffirme en un long
nourri à diverses sources. C’est dire crescendo final la temporalité des
si cet album porte bien son titre. Il un idiome typiquement bop, quoique étonnamment “chantant”
premières pièces. on écoutera
y est entouré de jeunes musiciens dans les morceaux plus funky en quartette, voire en trio (l’album l’ensemble sans déplaisir et on
dont la plupart n’ont pas encore original “Woodlore” réédité sur le même volume), les formations lira l’intéressante réflexion de
atteint la trentaine, à l’exception de étendues du batteur Jim chapin (“Sextet & Octet Featuring Phil Rissanen dans les liner notes,
l’excellent Mark Whitfield, invité sur le Woods”) lui offrent à la même époque quelques alternatives, sur la difficulté opposée par
morceau éponyme, et du trompettiste notamment grâce aux complexes structures rythmiques notre époque à toute espèce de
newyorkais Bruce harris, élève de proposées par le meneur et aux arrangements contrapuntiques focalisation sur une esthétique
Jon Faddis et membre du Lincoln du tromboniste Billy Byers ou, plus “old school”, particulière. • vinCent Cotro
Center. La plupart des pièces, dues
au leader, exploitent des rythmes
du saxophoniste Bob Wilber. Mais c’est bien aux Aki rissanen (p), Antti Lötjönen (b),
côtés du pianiste George Wallington (“complete teppo Mäkynen (dm). Järvenpää
et des ambiances contrastés, de (Finlande), kallio-kunninkala
A Spring Fantasy, au parfum latin, 1956-57”) qu’il va réellement affirmer son style, Studios, 29-30 juin 2015.
jusqu’au Tootie Ma de Danny son inventivité, en tirant profit d’une stimulante
Barker, caractérisé par les cadences complicité avec donald Byrd, évidente sur les
second line de La Nouvelle-orléans contrepoints de Together We Wail et les chases de
et où Riley fait valoir ses talents But George, mais également sur des compositions
de vocaliste. Ces croisements et moins strictes, comme ces blues mineurs (Dis Mornin’) ou ces
successions de couleurs sonores, thèmes vaguement orientaux (In Salah) si chers aux premiers
sensibles, notamment, dans hard boppers. Bien entendu, cela ne l’empêchait pas de revenir
Connection To Congo Square ou aux fondamentaux, à travers une série de classiques bop, dans le
The Crossbar, pimentent un album bien nommé “52nd Street” inclus dans ce double cd. •
chatoyant, captivant de bout en bout.
• JACQueS ABouCAYA
JonAtHAn gLuSMAn Roswell Rudd
Fresh Sound / Socadisc.
Strength & Power
Bruce Harris (tp), godwin Louis (as,
ss), Mark Whitfield (g), ernest Cohen 1 CD RareNoiseRecords / rarenoiserecords.com
(p), russell Hall (b), Herlin riley (dm, ✪✪✪✪
voc), Pedrito Martinez (conga). new
York, Avatar Studio, 2016.
ERRATuM Nouveauté. Si on a eu peur de
voir (d’entendre) Roswell Rudd
Aki Rissanen En lisant “un Américain à Paris”, l’article de Jean
tomber dans la guimauve avec
son précédent album (“Trombone
Amorandom
Levin consacré à Larry Young dans notre précédent for Lovers”), celui-ci est des
1 CD Edition Records / harmonia Mundi numéro (p. 58), nos lecteurs auront sans doute plus rassurants. Le récemment
Nouveauté. Le pianiste finlandais, rectifié d’eux-mêmes : ce n’est évidemment pas le octogénaire va bien. Et sa
ancien élève saxophoniste ténor Sam Rivers qui avait remplacé soixantaine d’années de carrière
d’hervé Sellin au Nathan davis dans l’album “unity” (Blue Note, 1965) l’a poussé au gré de mille et une
CNSMP (primé de l’organiste, mais bien son confrère Joe henderson – Sam Rivers courses diverses, du dixieland
au festival de a enregistré avec Larry young, mais un an plus tôt, dans “Into au free jusqu’à ce “Strength &
La Défense Power” dont le titre dit tout. Je
Somethin’” (Blue Note, 1964). Merci à l’attentif Philippe G. •
en 2006), a pourrais donc m’arrêter là, mais
livre
Zazous
Par gérard de Cortanze
Albin Michel, 534 p., 22,50 €,
+ Coffret de 2 CD EPM Musique (www.epmmusique.fr), 15 €. « Pour tous ceux qui souffrent
des tympans, qui sont en quête
un coup de projecteur sur la période de musique et de création, qui
sentent l’aridité auditive, Jazz oïl,
noire de l’occupation allemande, tel que son nom l’indique,
huilera et comblera tout ce vide,
subie par beaucoup de Parisiens avec avec des rythmes mélangés
résignation, tandis que d’autres rivalisaient entre Jazz et Fusion qui vous
emportent loin, très loin ! »
d’ingéniosité et d’audace. Tels les zazous,
tunisiescoop.com : le 10/03/2009
jeunes gens rebelles, insolents, épris de liberté autant que de
swing. Lequel leur sera signe de ralliement, avec une tenue
vestimentaire provocante inspirée de cab calloway (dont ils
reprirent aussi l’onomatopée zaz-zuh-zaz). Issus de tous les SORTIE D’ALBUM LE
milieux sociaux, ils vont peu à peu passer de leur insouciance 25 MARS 2016
d’adolescents farceurs à une prise de conscience plus politique
qui fera d’eux des adultes. Gérard de cortanze brosse une
fresque de ces héros du quotidien à travers les aventures
d’une bande de copains férus de danse, de bière et de jazz.
CONCERT LE
Mais plus encore que l’intrigue romanesque assez convenue, 14 AVRIL 2016 AU STUDIO DE
ce qui retient ici demeure l’évocation magistrale de Paris sous
la botte où la musique, omniprésente, sert de soupape de L’ERMITAGE
sécurité. Popularisés par les chanteurs et musiciens français,
charles Trenet, Ray Ventura, Jo Bouillon, Alix combelle ou HTTP://WWW.STUDIO-ERMITAGE.COM
django Reinhardt, les rythmes venus d’Amérique se mêlent HTTP://WWW.JAZZOIL.FR
à d’autres tombés dans l’oubli mais qui eurent leur heure de
gloire, dans une “bande son” de l’ouvrage. un coffret de deux
CD paru chez EPM s’en fait le reflet sonore. • JACQueS ABouCAYA
5 QuESTIoNS À
Manu Katché
Star people
il y a onze ans, dans Muziq, Manu katché se souvenait de
ses débuts en studio et des nombreuses stars qui avaient
fait appel à lui. Le 7 avril, à L’olympia, c’est lui qui, cette
ETIENNE DE vILLARS
Vous rappelez-vous votre première séance d’enregistrement ? de venir en Angleterre pour participer aux séances de
Manu Katché Non. ce dont je me souviens, c’est du “métier”. J’arrivais en studio “So”. on s’est retrouvés dans une vieille grange – c’était
sans savoir pour qui j’allais jouer, j’installais ma batterie et je déchiffrais les avant qu’il crée le studio Real World –, son producteur
partitions. Il fallait que ça aille vite, trois titres en trois heures. Je sortais du daniel Lanois était là aussi. Le premier morceau sur
conservatoire, j’avais besoin de gagner ma vie, et “faire le métier” m’a permis de me lequel j’ai joué, c’était Don Give Up. J’ai tout de suite été
constituer un bon carnet d’adresses. Plus tard, j’ai joué avec Zao, un groupe qui a à l’aise avec sa musique, parce qu’elle avait beaucoup de
connu son heure de gloire en pleine vague jazz-rock. on a commencé à m’appeler de consonances africaines.
plus en plus souvent. À la fin des années 1970, André ceccarelli occupait largement
le terrain, et j’étais le petit jeune qui montait. J’avais aussi un groupe avec Francis c’est à cette époque que votre carrière a pris une autre
Lockwood, Sylvin Marc et Jean-Michel Kadjan. on a fait pas mal de séances dimension...
J’ai fait deux tournées mondiales avec Peter Gabriel, puis
ensemble, pour Michel Jonasz notamment. c’est lors d’une séance avec catherine
j’ai enchaîné avec Robbie Robertson, Joni Mitchell, Tracy
Lara que j’ai rencontré le bassiste Tony Levin, qui m’a confié que Peter Gabriel
chapman, les Bee Gees et plein d’autres. Je ne suis pas
cherchait un nouveau batteur. Plus tard, j’étais aux sports d’hiver avec des potes et
calculateur, ni ce qu’on appelle un “requin de studio”. Si
j’ai reçu un coup de téléphone de... Peter Gabriel ! on était en pleine montagne, j’ai j’avais vraiment été hypnotisé par l’argent et que j’avais
cru que c’était une blague : j’ai raccroché. Mais c’était vraiment lui ! Il m’a proposé accepté toutes les propositions qu’on me faisait à cette
présente
Esperanza
qui sortent dans
la rue pour la première fois
après avoir adopté leur nouvelle
Spalding
apparence. Ils ne vous envoient
pas un faire-part la veille en
vous disant : “Au fait, demain je
vais sortir de chez moi habillée
emily folie ?
en homme !” » [Rires.]
À l’intersection de la poésie, du
théâtre, de l’improvisation et
de la performance live, “Emily
Avec “emily d + evolution”, d + Evolution“ sonde avec
audace les facettes immergées
la bassiste-chanteuse remise sa d’une créativité hirsute. une
sophistication jazz au profit d’un prise de risques assumée,
concept-album transgenres à forte mais l’émancipation artistique
d’Esperanza Spalding ne risque-
teneur autobiographique. une prise de t-elle pas de l’éloigner de la
risque assumée, quitte à froisser les famille jazz qui l’a vu éclore ?
« Non, car je fais toujours partie
aficionados de la première heure. de cette famille. Imaginons
x/DR
haïti Vodou :
Ritual Music
From The First
Black Republic
Folk trance Posession
(1937 - 1962)
John Zorn
Flaga Plays Masada Book two
1 CD Tzadik / orkhêstra
3 CD Frémeaux & Associés / Socadisc
✪✪✪✪
Nouveauté. Nous voilà plongés
Le glaive et la balance
✪✪✪✪ en haïti, à une époque où Le jazz à l’écran n’est pas toujours là où on l’attend. exemple :
Nouveauté. Après avoir mis en l’esprit d’une Afrique de l’ouest quand Anthony Perkins avoue sa passion pour Lou Bennett
ancestrale, du Bénin au Sénégal
lumière divers big bands (The
Spike orchestra, Klezmerson, Zion en passant par le Nigeria ou dans Le glaive et la Balance (1963) d’André Cayatte.
80), Zorn suscite un trio inédit le Ghana, est encore le point
pour ce 27e volume de la série. d’orgue de la culture vaudou. Générique : le Lou Bennett & Kenny méfaits d’une jeunesse délinquante,
Si Tyshawn Sorey compte parmi Cette compilation réunit cantiques, clarke Jazz combo, filmé dans le feu le film déroule des dialogues d’une
les collaborateurs réguliers du prières et chansons cultuelles de l’action et dont le swing ardent crudité étonnante pour l’époque.
compositeur, et si Craig Taborn sur des rythmes tribaux aux contribue à installer l’ambiance Sur fond de dolce vita sur la côte
n’est pas sans liens avec la “famille religions animistes africaines caniculaire du film. on rencontre d’Azur, les turpitudes des uns le
Tzadik”, la présence de Christian qui ont parcouru l’Atlantique ensuite un peintre incarné par disputent au mal-être des autres.
McBride peut surprendre, mais elle au cours de la traite négrière. Anthony Perkins, Jean-claude
Anthony Perkins, tardivement alité
fait sens. En effet, la raison d’être de D’abord une centaine de rythmes Brialy et Renato Salvatori sont
vaudou parmi les rites aux trois après une soirée arrosée. « Qu’as-tu
la session est que cette musique, encore fait hier soir ? » demande sa soupçonnés de l’enlèvement et du
inscrite dans la généalogie d’une tambours, la musique de l’haïti
Danse orchestra, le carnaval, ou compagne, qui entre dans la chambre meurtre d’un enfant de la jet set,
culture juive aux racines revivifiées, mais ont pour alibi d’avoir passé
les chants de possession, parfois et le réveille. « Je suis allé entendre
soit interprétée par des artistes – la soirée au club le Tam-Tam. Il est
certes plus ou moins modernistes surprenants, dans les années Lou Bennett », répond-il en roulant
40 et 50. Puis, au début des hors du lit. « Fantastique ! Toute la établi que deux sont coupables
selon le cas – ancrés dans la
années 60, place au chorégraphe, salle hurlait. J’étais dans un tel état et que le troisième est innocent.
tradition afro-américaine. C’est cette
collision des héritages qui intéresse danseur et musicien mais aussi que je suis rentré tout de suite, pour Mais lequel ? L’intrigue tourne
Zorn, amateur de déséquilibres journaliste, feu Jean-Léon Destiné, ne pas perdre le tempo. » Plus tard, autour de cette énigme. chantage,
constructifs devant l’Eternel. Le gardien des danses haïtiennes se frayant un chemin à travers une prostitution, arnaques, jalousies,
matériau thématique entretient donc aux Etats-Unis. En créole haïtien, violences, racisme : derrière la fête
Destiné donne à entendre, avec
assemblée cosmopolite d’adolescents
avec “le jazz” un rapport dialectique avachis sous l’emprise de quelque permanente, les travers et les vices
et offre – dans la continuité du son orchestre, des invocations par de chacun se dévoilent à mesure
un chœur d’hommes, avec flûte et ivresse, l’inspecteur chargé de
quartette Masada créé en 1993 l’enquête grommelle, les dents que l’enquête progresse. Entre
percussions. L’exploration continue
– une combinatoire opérationnelle
serrées, un désapprobateur : épicurisme mondain, détestation
de leitmotivs aux accents levantins avec la voix ensorcelante de la
intergénérationnelle et citoyens
et de rythmes impairs férocement chanteuse et danseuse Emerante « Celui qui a inventé le jazz... »
de Pradines, membre d’une prompts à lyncher leur prochain,
swingués. McBride, magistral à le film s’achemine vers un procès
l’archet sur Harbonah, fend les flots dynastie d’artistes émérites parmi En ce temps-là, écouter du jazz
lesquels son père, le chanteur Ti tendu. Et dire que l’on se plaint que
avec une aisance prodigieuse ; le pouvait mener au pire, et vous
Candio. Soit un admirable travail les jeunes n’écoutent plus de jazz de
bassiste n’a pas volé son Grammy transformer en coupable idéal aux
de recherche signé Bruno Blum. nos jours ! • dAvid CriStoL
Award obtenu au titre de « meilleur yeux de la bonne société. Moulé dans
solo improvisé de l’année ». Si Transcendant ! • kAtiA touré DVD Le Glaive et la Balance (Gaumont).
une tradition cinématographique
Taborn fait son miel des pièces Plus de détails dans le livret
utilisant le jazz comme bande-son aux
christophe Phronesis
Monniot Parallax
Bruno chevillon 1 CD Edition Records / harmonia Mundi
Bettye
attirée par l’atmosphère des night-clubs.
A 16 ans, on lui fait graver un single (My
Man – He’s A Lovin’ Man) distribué par
coronado
Lavette
Atlantic et qui figurera dans les meilleures
ventes R&B.
Au pire, un bien Les labels se succèdent (calla, Silver Fox,
1 CD Label La Buissonne / harmonia Mundi SSS, Atco, Epic, Motown...) en produisant
La longue
Nouveauté. Tout commence par un çà et là un titre-fétiche : le lancinant He
crescendo de plus de cinq minutes Made A Woman Out Of Me, la ballade
Let Me Down Easy ou, plus grave, un
marche
basé sur une idée unique. une
concision où résident sans doute succès disco. Mais les ratages sont
la force de Gilles coronado, et la dus tantôt à une partie, tantôt à l’autre.
raison d’être du groupe qui porte Lavette quitte une première fois Atlantic
son nom. parce que les compositeurs Jerry Leiber
Grâce à l’énergie et l’excellence du
Attendue le 3 mai à Jazz Sous et Mike Stoller s’en vont ailleurs, alors
qu’on lui offre les services du jeune Burt
son d’ensemble, l’intérêt ne faiblit Les Pommiers, elle a tenu son Bacharach. En 1973, Atlantic/Atco enterre
à aucun moment. L’attitude est très
rock : choix de la pièce d’ouverture (La
art à bout de voix durant quatre un album que tirera de l’oubli – en 2000
Traque), présence de Franck vaillant décennies où abondèrent les – le collectionneur français Gilles Pétard.
Motown tentera de lui faire endosser la
et de Matthieu Metzger, acteur central rendez-vous manqués, avant de toilette musicale de diana Ross... Pendant
du très métal Killing Spree. Cette
quête d’efficacité n’exclue nullement s’inscrire au premier rang des six ans, Lavette participe à un grand
le raffinement, et la première partie de artistes soul de sa génération. spectacle de Broadway, apprend les
la plage suivante (Des bas débits des claquettes et côtoie cab calloway. Son
eaux) rappelle que Gilles Coronado, Bettye Lavette est un phénomène vocal jeu de scène d’aujourd’hui en est parfois
membre fondateur du collectif hask, l’écho.
dont le métier s’est forgé en un temps
a souvent fréquenté des territoires où
l’élaboration musicale était aussi intense où l’industrie du disque ne misait pas
assez sur elle pour que sa carrière prenne une autre carrière s’ouvre à elle en 2003
qu’approfondie. Chacun, ici, apporte sa avec “A Woman Like Me”, qui confirme
pierre à l’édifice. Matthieu Metzger est une forme arrêtée. Elle a dû changer de
siècle et dépasser la soixantaine pour que que l’on a aussi affaire à une voix du
un saxophoniste “augmenté”, des effets
s’ajoutant souvent à son souffle ; Franck ses aficionados aillent se fondre dans blues. Le vrai tournant survient en 2005
vaillant possède un drive implacable une audience internationale et que ses avec l’entrée de Lavette dans la maison
et un sens de la rupture fort à propos ; enregistrements se mettent enfin à lui Anti – et “I’ve Got My own hell To Raise”,
quant à Antonin Rayon, apparemment ressembler. dont le producteur Joe henry donne une
discret – il prend peu de solos –, il est Mais la lenteur du processus lui a fait empreinte onirique aux enregistrements
en fait la clé de voûte de l’ensemble, le développer des qualités toutes personnelles à teneur traditionnelle. Suivront des
liant de ce groupe qui se distingue par et une liberté artistique que seul peut-être réussites comme “Thankful N’Thoughtful”
sa singulière alchimie sonore. • (2012) et “Worthy” (2015).
ce début de 21e siècle pouvait couronner.
LudoviC FLorin
« Je chantais du R&B en 1962, quand vous Aucune chanteuse n’a eu d’influence
Matthieu Metzger (as, effets), gilles réelle sur Bettye Lavette, dont les
Coronado (g), Antonin rayon (Hammond n’étiez pas nés », lance-t-elle en 2007
B3, claviers), Franck vaillant (dm). dans Before The Money Came (The Battle inspirateurs furent Ray charles, Bobby
Pernes-les-Fontaines, Studios La Of Bettye Lavette). « J’ai gardé mon style Bland, Frank Sinatra... Elle rappelle que
Buissonne, 9-11 mars 2015. son ancien manager Jim Lewis, qui avait
toutes ces années sans changer de bord, il
m’a donc fallu attendre… pour que l’argent été musicien de big band, l’initia aux
vienne. » dans le domaine de la soul, meilleurs vocalistes du jazz en lui faisant
plusieurs chanteuses de sa classe d’âge pratiquer Sophisticated Lady ou Lush
ont refait surface après une éclipse ou un Life. Mais son identité ne fait aucun doute :
détour par le gospel, Betty harris et candi « Si je chantais un aria, ce serait celui d’une
Staton entre autres. Lavette, elle, est allée soul singer. » • PHiLiPPe BAS-rABérin
de demi-succès en sévères échecs tout en CD “Worthy” (Cherry Red Records).
cultivant une manière unique de traduire les
CONCERT Le 3 mai à Coutances (Jazz Sous Les
émotions. on aurait peine à citer une autre Pommiers).
soul woman qui allie autant de conviction à
la faculté de s’approprier entièrement une
Antonin Rayon,
Gilles coronado,
Franck Vaillant et
Matthieu Metzger
kronik express
117 Elements Larry Browne Pierre Fenichel God Save Bob James christophe
Dark Flow Leap Year Trio The Swing ! Nathan East Laborde Quartet
117elements. Black & Blue / Socadisc Breitenfeld The Biggest Little The New cool heart Of Things
bandcamp.com on avait déjà remarqué Label Durance / Orkhêstra Band In The Flat 1 cD concord Records / VLF Production /
Dix-huit mois après ce chanteur (également En compagnie d’Alain Land Socadisc L’Autre Distribution
leur revigorant premier trompettiste) dans les Soler (g) et Cedrick Bec Autoproduction / Ça commence bien : Dès les premières
cd, “Flash Memory”, voice Messengers (dm), le contrebassiste godsavetheswing James au piano, East phrases, la cohésion
le groupe codirigé par de Thierry Lalo. Cet Pierre Fenichel (entendu Transposant au Plat à la contrebasse. Ça est manifeste entre le
l’omniprésent claviériste “Américain à Paris” récemment dans, entre Pays la définition de change. Ça ne swingue leader-compositeur
Tony Paeleman et installé dans la capitale autres, divers “projets” l’orchestre de John Kirby pas des masses, mais Christophe Laborde, et
le bassiste Julien depuis plus d’une de Raphaël Imbert) (“The Biggest Little Big c’est effectivement cool, ses trois comparses,
herné revient avec un quinzaine d’années propose une relecture Band In The Land”), sinon new. hélas, ça se Giovanni Mirabassi
mini-album (quatre présente ici son trio inspirée de thèmes de Jean-Paul Estiévenart gâte assez vite, la faute (p), Mauro Gargano
titres et 17:26 au habituel (yves Brouqui à Dave Brubeck et de Paul (tp), Edouard Wallyn à des arrangements de (b) et Louis Moutin
compteur) uniquement la guitare et Jack Gregg Desmond (Breitenfeld de (tb), Kenny Jeanney (ss, cordes façon Les feux (dm). L’album ne vaut
disponible en vinyle ou à la basse) auquel vient son vrai nom). Au fil des ts, ts), Matteo Carola de l’amour qui cassent pas seulement par les
en téléchargement – se joindre l’excellent morceaux savamment (g), victor Foulon (b) l’ambiance. Ce n’est qualités intrinsèques
soyons modernes ! Leur batteur Mourad choisis (les “tubes” ont et Armando Luongo pas avec ce genre de de son initiateur qui
mélange savamment Benhammou. Standards été écartés au profit de (dm) s’approprient avec disque que ces deux domine avec maestria le
dosé de grooves et swing au programme pièces moins connues une séduisante unité remarquables musiciens saxophone soprano dont
pop, d’arabesques et... étonnamment, et connotées), le trio de ton les partitions vont faire oublier – en une belle prise de son
électroniques et de l’un des deux titres explore avec bonheur la de Charlie Shavers France – leur réputation donne à entendre toutes
culture jazz séduira instrumentaux est signé complexité et la richesse et John Kirby, Manny de smooth jazzeux. les couleurs. Chacun
toujours autant les ornette Coleman (The d’une musique qui parut Albam, Benny Goodman Dommage ! • de ses partenaires,
aficionados de Kneebody Blessing). • souvent si “facile”... • et Lionel hampton, Al FrédériC goAtY interprètes aguerris s’il
et de Mehliana. • PHiLiPPe vinCent PHiLiPPe vinCent Cohn et Ernie Wilkins. Et en est, se montre à son
JuLien Ferté même si Luongo n’est avantage, bénéficiant
pas o’Neil Spencer, d’une réelle liberté
je remercie le hasard d’expression. •
qui a fait atterrir cette JeAn-LouiS LeMArCHAnd
autoproduction dans
ma poche. •
ALFred SordoiLLet
Les tribulations
christophe
Lampidecchia
Douce Joie
Florence Melnotte
Whynotmelnotte
Unit Records /
Nadja
Sextet de clarinettes
basses
du Tricollectif
Marianne Mélodie /
Disques Dom
unitrecords.com Arbre canapas /
arbre-canapas.com
Les musiciens du tricollectif figurent parmi les
Remarquée voici plus de
Christophe dix ans à la Défense, elle À l’ombre littérairement plus actifs de la nouvelle scène jazz hexagonale.
Lampidecchia (acc), nous revient, son piano incontestable et lyrique
Diego Imbert (b) et entouré de drôles de d’André Breton, et en témoignent les nouveaux disques de théo et
Minino Garay (perc)
s’entendent à donner
machines : “keyboard”
lambda qu’elle fait
convaincus que La
beauté sera convulsive
valentin Ceccaldi et de roberto negro.
une version nerveuse et drôlement sonner et ou ne sera pas, six
affranchie de la valse Kaossilator, petit écran clarinettistes basse s’en Le violoniste Théo ceccaldi est
swing, ici incarnée par dont on joue en en donnent à cœur joie. A
quelques-unes des caressant la surface. coups de langue et de probablement le plus en vue de
plus belles partitions de La profondeur de sons filés, Jean-Paul la bande, qui en plus de l’oNJ
Gus viseur (Jeannette, l’attaque et l’économie Autin, Samuel Chagnard, d’olivier Benoit, du Quatuor
Flambée, Ombrages, de geste sur le piano Clément Gibert, Michel IXI ou du tentette de Joëlle
etc., sans oublier la évoquent Paul Bley, Mandel, Sylvain Nallet
troublante Douce Joie) plus une sorte d’ironie et Emmanuelle Saby Léandre, mutiplie initiatives
sous le parrainage de et de minimalisme que nous régalent d’une et collaborations, de sa Petite
Christian Escoudé qui prolonge un recours série de pièces à la fois Moutarde à La Scala en passant par
cosigne quelques-uns iconoclaste et discontinu écrites et improvisées Toons et deux Maisons. Il apparaît
des originaux du leader à l’électronique donnant qui s’écoutent avec
émancipé du genre à chacune des courtes ravissement tout du aujourd’hui dans deux nouveaux
valsé et contribue aux pièces de son récital long, qui n’est d’ailleurs projets bien distincts d’un point de
couleurs contrastées une insolite dimension pas si long que ça ! vue esthétique mais également passionnants. En compagnie
de ce “Tribute to Gus plastique narquoise. • Bravo ! •
Viseur”. • FrAnCk Bergerot PHiLiPPe MéZiAt
de son frère Valentin (cello) d’abord, au sein du trio “In Love
ALFred SordoiLLet With” [✪✪✪✪] (1) du batteur Sylvain darrifourq, au groove sec
et abrupt, pour une musique virtuose, à la fois narrative et
abstraite, quasi cartoonesque dans
ses ruptures de ton et son sens
aigu du rythme et de la précision
formelle. Au sein du duo “Babies”
(2) ensuite avec son vieux complice
NEWS le pianiste Roberto Negro, pour
une conversation “chambriste”
Les gagnants du concours “Florian Pélisser - Les Biches Bleues”, résolument lyrique, traçant sa
Alexandre Bresson, Bruno Vesco, charlie Guillou, daniel Pensec, route sinueuse entre improvisation
Francois Quinodon, Francois Bonicel, Francois Molina, Kevin et composition pour s’aventurer
Levoivenel, olivier Le strat et Pierre Perez sont invités au concert dans des zones d’une grande
au New Morning, le 5 avril 2016. Alain claverie, dominique catiau, richesse de timbres ou animées de
Eric Le Bailly, Marc Esposito et Philippe Boudeau recevront leur frénésies rythmiques dignes des sonates de Prokofiev [✪✪✪
✪]. on retrouve enfin Negro sur “happy Meal” (3) du quintette
exemplaire dédicacé du 33-tours “cap de Bonne Espérance”.
Quant à Fabrice clairet, Jacques Guyot, christian Schott, Jean-louis italo-portugais WAS? (What About
Morin, Jean-luc Lazare, Jean Bihan, Michel Berard, Philippe Simonci, Sam ?) porté par le trompettiste
Alexis Grammatopoulos et Jacques Vidal, ils Luis Vicente, pour une musique
recevront leur exemplaire du cd “cap de Bonne qui là encore trouve l’essentiel
Espérance”. Pour le concours “Manu Katché de sa singularité dans un souci
And Friends”, Bruno Vesco, Gregoire casseleux, constant de la dramaturgie,
Jean Philippe Burgos, Thierry champré et Vincent chaque morceau développant des
Gervat sont invités à l’olympia le vendredi 7 avril solutions innovantes pour faire
2016. Félécitations à tous les vaiqnueurs! • Déjà évoluer sa forme et ses humeurs à
dans les bacs : “Gainsbourg in Jazz” (Wagram travers des interventions solistes
Music), une double compilation imaginée par souvent inspirées, le lyrisme
notre pigiste Lionel Eskenazi. Vingt-quatre chansons originales sur mélancolique et languissant du
le cd 1 (“Gainsbourg Meets Jazz”, avec, entre autres classiques saxophoniste ténor Federico Pascucci se révélant comme un
impérissables, Le Poinçonneur Des Lilas, Du Jazz Dans Le Ravin, des atouts de cette formation. • StéPHAne oLLivier
Black Trombone, Le Claqueur De Doigts...) et dix-huit reprises sur (1) BeCoq Records / becoq.bandcamp.com. (2) Le Triton / L’Autre Distribution.
le cd 2 (“Jazz Meets gainsbourg”) : Couleur Café par Musica Nuda, (3) Jacc Records / Jacc-records.com
Valse de Melody / Je T’Aime Moi Non Plus par Aldo Romano, Rémi
Vignolo et Baptiste Trotignon, Manon par le Banjamin Moussay trio,
Sorry Angel par Jef Lee Johnson (avec Nathalie Richard)... •
1975
David
en coulisse. Six ans plus tard, au
Sanborn commence à collectionner sein de l’orchestre d’un ses plus
les disques d’or et les Grammy grands admirateurs du Voodoo Child,
Awards, et on lui colle souvent Gil Evans, il signe un émouvant
solo dans le sublime Little Wing.
– à tort –, l’infamante étiquette
A cette époque, la musique du
Sanborn
smooth jazz. Entre 1988 et 1990, génial arrangeur est fièvreusement
il présente le show télévisé Night électrique et passionnément
Music, où jamment, souvent en sa libertaire. Dans le mémorable So
compagnie, des artistes du calibre Long en hommage à John Coltrane,
Sanborn et son alto, en état de grâce,
de Sonny Rollins, Miles Davis, rivalisent d’invention avec le ténor de
Joe Sample ou Pharoah Sanders. Billy Harper.
A l’occasion de son passage à Jazz Sous Les Pommiers
En décembre 1998, il présente le
le 5 mai, retour sur le parcours discographique du
saxophoniste à travers ses propres albums, mais aussi show David Sanborn & Friends et
ceux de Gil Evans, Mike Stern ou encore Tim Berne. fait jouer ensemble d’Angelo, Eric 1985
Clapton, Cassandra Wilson, Marcus
Miller, Steve Gadd et Don Alias...
Récemment, “Time And The River”
Depuis la mort de David Bowie, le concert du quintette d’Horace Silver, marquait ses retrouvailles avec
nom de David Sanborn a souvent en 1961, qu’il eut la révélation : Marcus Miller (c’est le répertoire de
été cité. Logique, puisqu’il joue « C’était l’époque de “Doin’ The ce disque qu’il jouera à Coutances).
magnifiquement sur “Young Thing”, qui venait de sortir sur Blue
Americans” (1975), l’un des meilleurs Note. Je jouais du sax depuis quatre Parmi ses saxophoniste favoris,
disques du chanteur anglais, alors ans environ, je n’étais qu’un petit outre ceux avec qui il a étudié (J.R.
en pleine extase soul. Dans les débutant. J’ai été assommé. La Montrose et George Coleman), harvie Swartz
seventies, David Sanborn était l’un musique était géniale, et je me suis figurent Charlie Parker, Gene Urban Earth
des saxophonistes de studio les dit que si je pouvais avoir le même Ammons, Hank Crawford, Jimmy Gramavision
plus demandés. Mais ses lucratives job que Junior Cook, ce serait Forrest, Cannonball Adderley, Où l’on retrouve Mike Stern et David
activités de session man ne l’ont fantastique. » Maceo Parker, Jackie McLean et Sanborn, mais cette fois sous la
jamais empêché de se produire Phil Woods. Citer tous les albums direction d’un contrebassiste raffiné
live avec Bowie, Stevie Wonder À 30 ans, David Sanborn enregistre auxquels il a participé est une et élégant connu pour ses duos avec
Sheila Jordan. Dès le premier titre,
et James Taylor, mais aussi avec son premier 33-tours, “Takin’ Off”, tâche quasiment insurmontable,
Sweet Walk, le son d’alto donne tout
l’orchestre de Gil Evans et, quelques tout en prenant une part active au mais Mose Allison, Paul Simon, Al son cachet à la musique, volontiers
années plus tôt, avec Albert King, groupe des Brecker Brothers. À Jarreau, James Brown, Bob James, soft et mélodique. Dans Falling,
Little Milton et le Paul Butterfield la même époque, il partage aussi Jaco Pastorius, Fontella Bass, Todd Sanborn impose tout en douceur son
Blues Band – qui lui permit de son temps entre David Bowie et Gil Rundgren, Michael Franks, Tommy phrasé chantant. Sa complicité avec
Stern fait tout le sel d’Until Tomorrow,
participer au festival de Woodstock. Evans. « Je me souviens avoir joué Bolin, Steve Khan, Esther Phillips, relevé par les subtiles épices
avec Bowie au Madison Square John McLaughlin, Eddie Palmieri, percussives de Manolo Badrena.
Né le 30 juillet 1945 à Saint-Louis, Garden, à New York. A peine le Bill LaBounty, Chaka Khan ou Claus
David Sanborn s’est toujours situé concert terminé, je prenais un vol de Ogerman savent l’irrésistible attrait
au carrefour du jazz, de la soul et nuit pour Florence, avec une escale de ce son d’alto unique. •
de la pop. C’est en assistant à un à Rome, pour jouer avec Gil... » FrédériC goAtY
GAGNEZ
10 PLACES DE
CONCERT
présente Date
limite du
jeu
8 avril
2016
le live
S.DELhoMME
x/DR
Gardot, les Freaks de Théo Ceccaldi, Jan
Garbarek et Trilok Gurtu (photo ci-dessus), Mats Lisa live
Banlieues Bleues, Gustafson, le White Desert orchestra d’Eve
Risser, Jozef Dumoulin, Lisa Simone, le Rhoda
Lisa Simone sera à l’affiche de l’Olympia le 14 avril
entre 9.3 et 7.5 Scott Lady Quartet, l’Europa Berlin de l’onj, le
à Paris et du festival Jazz or Jazz le 16 à Orléans.
On pourra également l’entendre le 1er à Six Fours,
trio d’Alexandra Grimal, le photo-concert de
Banlieues Bleues poursuit sa route, l’Œil de l’éléphant de Guy Le Querrec avec le le 23 à Pennmarch et le 30 à Schiltigheim. Au
toujours tangentielle, entre musiques quartette Portal-Sclavis-Texier-Marguet, Kenny programme : les nouvelles chansons de “My World”,
du monde et musiques actuelles, avec Garrett… (voir p. 75.) récompensé par quatre étoiles dans ce numéro.
quelques belles incarnations des mondes
du jazz et de son actualité comme les
doubles plateaux de La Dynamo à Pantin,
le 7 avril avec le Spring Roll de Sylvaine
hélary et le tentet de Joëlle Léandre, le
9 avec les montages audio-vidéo de la La tournée de
saxophoniste chicagoane Matana Roberts Terence
(photo) et le groupe Novembre d’Antonin- De retour du festival de Carthage
Tri hoang. Le 17 avril, les Banlieues et en route pour le Gateshead
Bleues entreront dans Paris pour le Int’l Festival outre-Manche,
concert d’olivier Lété, Philippe Lemoine et l’E-Collective du trompettiste
Aymeric Avice à l’Atelier du Plateau. Terence Blanchard s’arrêtera le
14 avril au bord du Lac Léman
au Cully Jazz Festival et le 15 à
Paris (New Morning).
x/DR
x/DR
de Sylvain Darrifourcq (le 1er à
Strasbourg, le 29 à à Paris) ou sa carte
JACKy LEhMANN
Tremplins FESTIVALS
Les tremplins et
concours fleurissent Logan nous JAZZ DE MARS, Eure-
et-Loir, jusqu’au 3 avril
Le 12 Ala.Ni, Meshell
Ndegeocello 4tet
LAROchEMILLAY JAZZ
FESTIVAL, Larochemillay
avec les beaux jours : épate sans Pat (jazzdemars.com)
Le 1er olivier Temime
Les 13, 14 Calypso Rose
Le 14 olivier Lété / Philippe
et environs, du 15 au
17 avril (03 86 30 43 99,
Jazz en ville (ex-Jazz Découvrant nos réserves à propos volunteered Slaves Lemoine / Aymeric Avice larochemillayjazzfestival.com)
à Vannes) du 26 au de la participation de Pat Metheny Le 3 Dixie Fellows Le 15 Roger Damawuzan Le 15 Les sourdines à l’huile,
29 juillet (candidature au disque de Logan Richardson & vaudou Game, Danialou Alipsir Trio, The White Butchers
VOIRON JAZZ FESTIVAL, Sagbohan, Batida Le 16 Pascal Borron, yez
jusqu’au 27 mai, dans le débat de notre numéro de Voiron, jusqu’au 10 avril Ensemble, Ze Tribu Brass Band,
festivaljazzenville. mars (« cela justifie-t-il d’embaucher (jazzavoiron.fr) chORUS, hauts-de-Seine, du Blended Peppers, Around Jaco
com), Tremplin Jazz Pat Metheny dès qu’on a le budget Le 1er Guillaume Perret Electric 1er au 10 avril (chorus.hauts- Le 17 yez Ensemble, Liane
adéquat ? »), des musiciens proches Epic de-seine.fr) Edwards
d’Avignon les 1er et Le 2 Le Polyswing Band, Avec entre autres :
2 août (candidature du saxophoniste se sont étonnés : Spring Trio Le 3 Robert Glasper Experiment JAZZ BAT LA cAMPAGNE,
jusqu’au 30 avril, « Mais il n’y a pas de budget… Pat Le 3 Michel Mandel / yves Le 7 Eliane Elias Parthenay, du 15 avril au 17
Metheny est venu jouer sur ce disque Gerbelot, Charlier / Sourisse Le 9 Sylvaine helary et Noémie juillet (lejazzbatlacampagne.
tremplinjazzavignon. parce qu’il le voulait ». Au Duc des European New 4tet (Perico Boutin, Raul Midon com)
fr), Jazz au phare Lombards les 8 et 9 avril, et tout au Sambeat / Massimo Cavalli) Le 15 Jazz à New Parth’, Lou
(Ile de Ré) du 15 au long de sa tournée européenne (sept Le 5 Rencontre Big Bands JAZZ OR JAZZ, orléans, Tavano 6tet
18 août (candidature Le 6 Arfi “Bobines Mélodies” du 13 au 17 avril Le 29 Geoffrey Chartre 4tet
dates de Londres à Rome), la question Le 7 Malcolm Potter Trio (02 38 62 75 30, jazzorjazz.fr)
jusqu’au 30 avril, ne se posera plus, puisque c’est Nir Le 8 Richard Galliano / Sylvain du 13 au 16 Tremplin jazz au RENcONTRES KOA JAZZ,
production@ Felder qui tiendra la guitare, auprès Luc Théâtre Montpellier, du 25 avril au
cristalprod.com). d’autres comparses réguliers (John Le 10 Raphaël Guyot 5tet Le 13 Melody Gardot, Will 08 mai (rencontreskoajazz.
Guthrie, tremplin jazz wordpress.com)
Escrett, Max Mucha et Tommy Crane). BANLIEUES BLEUES, Le 14 Théo Ceccaldi Freaks Programme non communiqué
Seine-Saint-denis, jusqu’au (Quentin Biardeau / Gianni
15 avril (01 49 22 10 10, Caseroto / valentin Ceccaldi SOIRÉES TRIcOT
L’AKBB et les kids L’Union fait la force banlieuesbleues.org) / Etienne Zienmiak), Mats voir Paris / La Générale /
L’UMJ (Union des Musiciens de Jazz), Le 1er Sorg & Napoleon Gustafsson Du 26 au 30
L’Amazing Keystone Big Band Maddox, Rayess Bek & La Mirza Le 15 Jan Garbarek Group
portée par une nouvelle équipe, a
poursuit sa conquête du jeune lancé en mars dernier un programme Le 2 David Krakauer (Trilok Gurtu / Rainer FESTIVAL ATELIERS JAZZ
public (entre fin de matinée et Le 5 Whahay (Robin Fincker Brüninghaus / yuri Daniel), Eve DE MESLAY-GREZ, Meslay-
de concerts mensuels dans ses / Paul Rogers / Fabien Risser White Desert orchestra, Du-Maine, du 30 avril au 7 mai
début de soirée, plus nocturnes locaux, aux anciens Frigos (quartier Duscombs), Norberto Lobo Jozef Dumoulin (festivaljazz-meslay.com)
pour les grands) avec son de la Grande Bibliothèque à Paris). Il And João Lobo 6tet avec Lynn Le 16 Lisa Simone (hervé Le 30 Mieko Miyazaki & Franck
Carnaval jazz des animaux le 3 se poursuivra le dimanche 17 avril à Cassiers Samb / Reggie Washington / Wolf
avril à Paris (Théâtre des Champs Le 6 King Biscuit & Matthias Sonny Troupé), Rhoda Scott
17h30 avec le trio du pianiste Rémy Lehmann, Francesco Bearzatti Lady 4tet (sophie Alour / JAZZ SOUS LES POMMIERS,
Elysées), du 7 au 9 à Blagnac Toulon. Tinissima 4et avec Giovanni Lisa Cat-Berro / Julie Saury), coutances, du 30 avril au 7
(odysud où est également Falzone olivier Benoît oNJ “Europa mai (jazzsouslespommiers.com)
annoncée sa version de West
Side Story) et du 21 au 23 à
Bel équilibre dans Le 7 Spring Roll (Sylvaine
hélary / hugues Mayot /
Berlin”, Alexandra Grimal
Kanku Trio (Sylvain Daniel / Eric
Le 30 David Georgelet / yoni
Zelnik / François Chesnel,
Lorient (Théâtre). À vitrolles, le bocage Antonin Rayon / Sylvain
Lemêtre), Joëlle Léandre 10tet
Echampard), Luis Lopes, The
Magic Shookheads
Géraldine Laurent 4tet (Paul
Lay / yoni Zelnik / Donald
le 29 (salle Guy obino), c’est Le 29 avril, c’est le sextette de la Le 8 Tiganá Santana, Chucho Le 17 Guy Le Querrec “L’Œil Kontomanou), Aram Lee / Joce
l’adaptation de Pierre et le Loup pianiste Anne Quillier et le Melquiades valdés big band de l’éléphant” (Louis Sclavis Mienniel, Airelle Besson / youn
Quartet qui ouvriront Jazz Dans Le Le 9 Matana Roberts Solo, / Michel Portal / henri Texier Sun Nah / l’orchestre Régional
qui sera donnée en soirée. Novembre (Antonin-Tri hoang / / Christophe Marguet), Kenny de Normandie, Chris Potter
Bocage, festival itinérant dans quatre 4tet (Pablo held / Joe Martin
Romain Clerc-Renaud / Thibault Garrett 5t (vernell Brown /
communes, à mi-chemin entre
Out of the cool Montluçon et Moulins. Bel équilibre,
Cellier / Elie Duris)
Le 10 Fred Pallem Sacre du
Corcoran holt / McClenty
hunter / Rudy Bird), Kaja
/ Marcus Gilmore), Eric Bibb
/ habib Koité, Riot Jazz Brass
Le 2 avril, le Gil Evans Paris jusqu’au 7 mai, entre découvertes et Tympan 5tet “Cartoons” Draksler Band, Scratchophone orchestra
Workshop de Laurent Cugny sera confirmations : Grégory Privat & Sonny
à l’affiche du programme Jazz à Troupé, Magic Malik, Eric Truffaz…
Sorano de l’Espace Jazz à Sorano PARIS
de vincennes. La musique du Laurent unplugged
grand arrangeur sera revivifiée, Il aime les claviers électroniques VENDREDI 1ER Gérard Naulet and Friends duc des Lombards
relue et prolongée par l’un des (voir notre dossier dans ce numéro), Atelier du Plateau Les Renaissance Sean Gourley Lou Tavano 6tet
grands spécialistes de son œuvre Cachalots (comédiens Group Petit Journal Montparnasse
mais il n’en dédaigne pas pour improvisateurs + Leïla Martial Sunset Lew Tabackin Trio Millésime Big Band
et la fine fleur du jazz français autant le vieux piano en bois, fonte / Guillaume Roy / Pierre (Raphaël Dever / Mourad Petit Journal Saint-Michel
(Quentin Ghomari, olivier Laisney, et ivoire : Laurent de Wilde jouera en Tereygeol / François Merville) Benhammou) Les Rois du Fox Trot de Nicolas
Bastien Ballaz, Antonin-Tri hoang, trio avec Bruno Rousselet et Donald Baiser Salé Tangorra 5tet Sunside Charlie Sourisse 4tet Montier
Adrien Sanchez, Joachim Govin, Kontomanou le 8 avril à Paris au avec Annick Tangorra et Mario (Perico Sambeat / Massimo Sunset Lew Tabackin Trio
Canonge Cavalli) (Raphaël Dever / Mourad
Gautier Garrigue…). Sunside. café universel Alma viva campus clignancourt Benhammou) / Alain Jean-
avec Cecilia Recchia Conférence “Jaco Pastorius : Marie
cave du 38 Riv’ Sarah Wassef Grooves et Tourbillons” avec Sunside Faby Médina 6tet
Trio Frédéric Monino, François avec Irving Acao et Leonardo
caveau de la huchette Laizeau et Laurent Cugny Montana, Paul Lay Trio
Al Copley Trio (Clemens van der Feen /
caveau des oubliettes SAMEDI 2 Dré Pallemaerts)
Tribute To The Meters avec Baiser Salé Meddy Gerville /
Julien herné Michel Alibo / Damien Schmitt DIMANchE 3
cépage Montmartrois café universel Monica Shaka caveau de la huchette
Georges Locatelli / Pablo Trio Al Copley Trio
Campos / Dominique Lemerle / cave du 38 Riv’ Juliana olm caveau des oubliettes
Umberto Pagnini & Sambarilo’’w Trio Jam Session animée par Phil
LEo ANDRES
“hommage à Bill Evans, l’art 4tet (Giovanni Mirabassi / Trio (hugues Rousé / Sébastien
du trio” Mauro Gagano / Louis Moutin) Dochy) PARIS, LES ADRESSES, LES SITES…
Théâtre des champs- Sunside Eyot 4tet
élysées The Amazing Keystone MERcREDI 6 Théâtre du Châtelet Dhafer ATELIER chARoNNE cAFé uNIVERSEL GoEThE INSTITuT LA REINE BLANchE
Big Band Baiser Salé Mario Canonge youssef 21, rue Charonne (11e) 267, rue Saint Jacques (5e) 17, avenue de Iéna (16e) (ThEATRE)
Sunside Bill Evans et l’art / Michel Zenino, Anthony 01 40 21 83 35 01 43 25 74 20 01 44 43 92 30 2b, passage Ruelle (18e)
du trio présenté par Lionel Jambon Group VENDREDI 8 ateliercharonne.com cafe-universel.com goethe.de 01 40 05 06 96
reineblanche.com
Eskenazi avec Richard café universel Anne Baiser Salé Elle & Elles, Mario ATELIERS du cARREAu du TEMPLE LA JAVA
Turegano / Jacques vidal / Straquartz 4tet Canonge & Michel Zenino 5tet chAudRoN 4, rue Eugène Spuller (3e) 105, rue du faubourg du RENAISSANcE
Philippe Soirat caveau de la huchette Ellen (Josiah Woodson / Ricardo 31, passage de 01 83 81 93 30 Temple (10e) (hÔTEL PARIS VENdÔME)
Birath Band Izquierdo / Arnaud Dolmen) Ménilmontant (11e) carreaudutemple.eu 01 42 02 20 52 4, rue du Mont Tabor (1er)
café universel Jean Tucoulat 01 43 61 17 17 la-java.fr 01 40 20 20 00
LUNDI 4 duc des Lombards Daniel ateliersduchaudron.free.fr cAVEAu
caveau de la huchette Jean- humair Trio (vincent Lê Quang / Trio dE LA huchETTE MARcouNET (PéNIchE) SoRBoNNE (cAMPuS
Paul Amouroux Boogie Woogie Stéphane Kerecki) cave du 38 Riv’ Pierre Marcus L’ATELIER du PLATEAu 5, rue de la huchette (5e) Quai de l’hôtel de ville (4e) cLIGNANcouRT)
Machine olympia Marcus Miller 4tet (Irving Acao / Karim Blal / 5, rue du Plateau (19e) 01 43 26 65 05 06 60 47 38 52 2, rue Francis de Groisset
Giorgos Klountos) 01 42 41 28 22 caveaudelahuchette.fr peniche-marcounet.fr (18e)
duc des Lombards Charenee Petit Journal Montparnasse atelierduplateau.free.fr 01 40 46 22 11
Wade 4tet Ronald Tulle caveau de la huchette Ellen cAVEAu dES LéGENdES NEW MoRNING
New Morning omer Avital Petit Journal Saint-Michel 3 Birath Band AuTouR dE MIdI 22, rue Jacob (6e) 7, rue des Petites STudIo dE L’ERMITAGE
(yonathan Avishai / Asaf yuria / For Swing caveau des oubliettes 11, rue Lepic (18e) 01 43 26 36 26 Ecuries (10e) 8, rue de l’Ermitage (20e)
Alexander Levin / ofri Nehemya) Sunset Plumes 4tet Jonathan Chabbey / Boris 01 55 79 16 48 caveaudeslegendes.fr newmorning.com 01 44 62 02 86
Trouchaud / Clément Brajtman autourdemidi.fr studio-ermitage.com
Petit Journal Saint-Michel Sunside Laura David 4tet cAVEAu dES oLyMPIA
Pierre-yves Plat (Laurent Coulondre / Jérémy / Rémi Jeanin AuX PETITS JouEuRS ouBLIETTES 28, bd des Capucines (9e) SuNSET/SuNSIdE
Bruyère / Artur Alard) cinéma Le Balzac projection 59, rue Mouzaïa (19e) 52, rue Galande (5e) 08 92 68 33 68 60, rue des Lombards
MARDI 5 du concert de Duke Ellington 01 42 41 23 80 01 46 34 23 09 olympiahall.com (1er)
Baiser Salé Cynthia Abraham JEUDI 7 en 1958 à la Salle Pleyel et auxpetitsjoueurs.com caveaudesoubliettes.com 01 40 26 46 60/21 65
concert de l’Ellington Small PETIT JouRNAL sunset-sunside.com
Project, vincent verger 5tet Baiser Salé Noé huchard Trio, BAB ILo cAVE du 38 RIV’ MoNTPARNASSE
Band du CNSM dirigé par ThéÂTRE dES
avec Leonardo Montana Laurent Maur 4tet (Laurent 9, rue du baigneur (18e) 38, rue de Rivoli (4e) 13, rue du Cmdt
Pascal Mabit 01 42 23 99 19 01 48 87 56 30 Mouchotte (14e) chAMPS-éLySéES
cave du 38 Riv’ Parc x Trio Maur / Tiss Rodriguez / Felipe duc des Lombards Logan babilo.lautre.net 38riv.com 01 43 21 56 70 15, avenue de Montaigne
caveau de la huchette olivier Cabrera) Richardson 5tet (Nir Felder / petitjournalmontparnasse. 01 53 23 99 19
Defays invite Leslie Lewis café universel Universel John Escreet / Max Mucha / LE BAISER SALé LE céPAGE com theatrechampselysees.fr
caveau des oubliettes Connection voices Tommy Crane) 58, rue des Lombards (1er) MoNTMARTRoIS
Bassam caveau de la huchette Ellen 01 42 33 37 71 65, rue Caulaincourt (18e) PETIT JouRNAL SAINT- ThéÂTRE du chÂTELET
New Morning Cyrille Aimée lebaisersale.com 01 46 06 95 15 MIchEL 1, Place du Châtelet (1er)
New Morning Florian Pellissier Birath Band 5tet avec Adrien Moignard cepagemontmartrois.fr 71, bd Saint Michel (5e) 01 40 28 28 00
5tet (yoni Zelnik / David duc des Lombards Daniel Petit Journal Saint-Michel LE BALZAc (cINéMA) 01 43 26 28 59 chatelet-theatre.com
Georgelet / Christophe Panzani humair Trio (voir au 6) Paris Washboard 1 rue Balzac (8e) duc dES LoMBARdS claude.philips.
/ yoann Loustalot + Guests) New Morning Lionel Loueke 01 45 61 10 60 42, rue des Lombards (1er) pagesperso-orange.fr LES TRoIS ARTS
Renaissance Sterelle / Daniel cinemabalzac.com 01 42 33 22 88 21, rue des Rigoles (20e)
olympia Marcus Miller Trio (Massimo Biolcati / Ferenc Pines ducdeslombards.fr PhILARMoNIE 01 43 49 36 27
Petit Journal Montparnasse Nemeth) Sunset Rodolphe Raffalli Trio cAFé dE LA dANSE Parc de la villette (19e) les3arts.free.fr
Babysound olympia Manu Katché And (David Gastine / Sébastien 5, passage Louis-Philippe L’ENTREPÔT 01 44 84 44 84
Petit Journal Saint-Michel Friends avec Sting, Stephan Gastine) (11e) 7, rue Francis de philharmoniedeparis.fr uMJ
olivier Franc 4tet Eicher, Richard Bona, Raul 01 47 00 57 59 Pressensé (14e) 19, rue des Frigos (13e)
Sunside David.C Trio Jazz, cafedeladanse.com 01 45 40 07 50 RAdIo FRANcE 01 45 83 22 71
Studio de l’Ermitage Midon, Noa Laurent de Wilde Monk Trio lentrepot.fr 116, av. du Président umj-asso.com
Coronado (Matthieu Metzger / Petit Journal Montparnasse (Bruno Rousselet / Donald cAFé LAuRENT Kennedy (16e)
Antonin Rayon / Gilles Coronado yvan Le Bolloc’h Kontomanou) 33, rue Dauphine (6e) LA GéNéRALE 01 56 40 15 16
/ Franck vaillant) Petit Journal Saint-Michel 01 43 29 43 43 14, av. Parmentier (11e) radio-france.fr
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Sunset Lydia Martinico 5tet Didier Burgaud Swing orchestra
Sunside Christophe Laborde Sunset Bertrand Renaudin New
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Direction musicale, arrangements et saxophone alto :
Jean-Marc Fritz
Avec, par ordre d’apparition :
Gilles Naturel, contrebasse, Armel Amiot, guitare et
vocal, Jean-Michel Proust, saxophone baryton, François
Laudet, batterie, Philippe Laudet, bugle et trompette, Pierre
Christophe, piano, Guy Figlionlos, trombone, René Gervat,
clarinette, Vincent Cordelette, percussions, Philippe Chagne,
saxophone ténor, Lionel Segui, tuba et Patricia Bonner, vocal.
RéGION
GRoS PLAN
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(detoursdebabel.fr) (03 85 39 08 45, lecrescent.
chALoN-SuR-SAÔNE, Le 7 Andy Emler / Laurent wix.com/crescent)
AVRIL
Le 28 Meshes of Times (04 77 34 46 40, le-fil.com)
Le 24 Kevin Seddiki / Bijan SEIGNoSSE, Salle des CES CONCERTS SE DÉROULENT DANS LE CADRE DU
PoNTchARRA, Le Coléo Chamirani, Ewerton oliveira / Bourdaines
(ville-pontcharra.fr) Le 10 Marcus Miller 33E FESTIVAL BANLIEUES BLEUES
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chARTREuSE, Musée Napoleon (04 94 09 47 18) LUN 04 I 20H30_TARIF UNIQUE 3€*
PRESLES, Auberge de Presles, d’Art Sacré Contemporain Le 15 house of Echo 4tet
Chez Ezio’ (04 76 36 04 75, (detoursdebabel.fr) (Marc-Antoine Perrio / Enzo LYCÉENS À LA DYNAMO 4e édition
auberge-presles.com) Le 3 Joëlle Léandre / vincent Carniel / Simon Tailleu / Ariel
Le 9 honey Jungle Trio Courtois Tessier) MAR 05 I 20H30_16€ I 12€ I 10€
Le 16 Jean-François Baez / Le 22 Romain Thivolle 6tet
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hoMMAGE DANS LA NEF À 20H15: Folk imaginary workshop
band-direction Whahay. En partenariat avec le Maad93
Batteur, chanteur, Jacques Mahieux fit son SPRING ROLL Big Apple’s Flavor
apparition en 1970 sur le premier disque + JOËLLE LÉANDRE TENTET Can You Hear Me
du dharma Quintet, “Mr. Robinson”. Puis il
s’imposa auprès de claude Barthélemy, henri SAM 09 I 20H30_16€ I 12€ I 10€
Texier, Philippe deschepper, Sylvain Kassap… MATANA ROBERTS Coin Coin Chapter 3
chez cet admirateur de Pete LaRoca, Roy + NOVEMBRE Ornette/Apparitions
haynes et Paul Motian, on appréciait le drive,
le toucher, la musicalité, mais aussi le bon DIM 10 I 16H_10€ I 8€ I 5€ (ABONNÉS)_3€* À PARTIR DE 6 ANS
camarade à l’humour un rien désespéré. Son LE SACRE DU TYMPAN Cartoons
jeu de batterie fit merveille sur “Paris Musette”,
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revint au micro en 1991, mêlant ses chansons à avec le
celles de Kevin coyne, Randy Newman et Nick CONCERTS DE 10€ À 16€ I * EXCEPTÉ LES 4 ET 10 AVRIL Dynamo*
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INFOS ET RÉSAS 9, RUE GABRIELLE JOSSERAND 93500 PANTIN
drake. Attaché au Nord-Pas-de-calais qui l’avait vu grandir, il avait BUS 170-249-330 / RER E PANTIN • M LIGNE 7 AUBERVILLIERS - PANTIN -
QUATRE CHEMINS • VÉLIB’ STATION RUE GABRIELLE JOSSERAND
passé le relais à son fils Nicolas, contrebassiste, en 1999 sur l’album
“Franche Musique”. “Mahieux Family Life Quartet”, en 2011, prouva qu’il
BelleVille 2016
n’avait rien perdu. Mais ce cœur qu’il avait si grand l’a lâché le 10 mars.
Il aurait eu 70 ans le 24 juin prochain (lire aussi l’hommage de Franck
Bergerot sur jazzmagazine.com).
18 MARS
15 AVRIL
2016
AVRIL
1er | LA COURNEUVE 8 | MONTREUIL
SORG & TIGANÁ SANTANA**
NAPOLEON
FRANCE, ÉTATS-UNIS
MADDOX + CHUCHO VALDÉS
BRÉSIL, CUBA, SUÈDE
LYCÉENS 10 | PANTIN
À LA DYNAMO LE SACRE
5 | PANTIN DU TYMPAN
WHAHAY TRIBUTE CARTOONS
FRANCE / POUR PETITS ET GRANDS
TO AN IMAGINARY
FOLK BAND* 12 | SAINT-OUEN
FRANCE, GRANDE-BRETAGNE
ALA.NI
+ OBA LOBA** GRANDE-BRETAGNE
BELLEVILLE 2016 – ILLUSTRATION BLUTCH
+ FRANCESCO 14 | PARIS
BEARZATTI TINISSIMA - ION
QUARTET FRANCE
En concert
13 mai · Strasbourg
(Vijay Iyer Trio)