Direotrice-Fondatrice: YVONNE SARCEY
ONFERENCIA
JOURNAL ;
DE LUNIVERSITE DES ANNALES ;
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ANNEE ‘
a 1° JANVIER
19264927 1927
1 ek ee eae
M-- de Pompadour, par La Tour
SOMMAIiRE
La Société sous Louis XV: Chez M= de Pompadour
conférence ce M™ MARCELLE TINAYRE
Littérature: « Le Bourgeois Gentilhomme »)
Conférence de M, RENE BENJAMIN
Musique : L'Opérette Francaise. Offenbach
et Reynaido Hahn contéranceds M. Louis SCHNEIDER
Le Nouveau Visage del’ Art: Architecture Moderne, par M. ANDRE LAFOND
Les Villas et les Jardins Modernes, ILIANE SARCEY
La Physiognomonie (V et Vi), par M™ de THAU
lilustrations : Portraits, Estampes
ye ee ee ee ee er ee rere i
Le N° 1 Frane 50
Adonnement aux 24 N" de Année Scolaire
Tous droite paraissant le 1” of le 15 de chaque mois 5, Rue La-Bruyére
réservés 30 Francs. — Choque postal : 330-40 PARIS=9"
Etrangor: 40 ot 50 fr, salon 198 pays ¢MUSIQUE
L’OpereTTE FRANCAISE D'OFFENBACH
eT vCEuvree pe Reynatpo Hann
Conférence de M. LOUIS SCHNEIDER
Audition d'ceuvres de M. REYNALDO HAHN
avec I'éminent concours de M'* EDMEE FAVART, M!! DAVELLI, M CHEIREL, M™* M. DUBAS,
M. GUY FERRANT et M, AQUISTAPACE
faite le 11 décembre 1926 reperce le 13 décembre
HM nous a semblé amusant de donner d'abord, en maniére de préface,
la conférence trés applaudie de I’ éminent critique musical, M. Louis
Schneider, Cette belle étude sur l'opéretie et sur l'ceuvre de Reynaldo
Hahn permetira d’apprecier miewx encore les trois conférences faites
a U'Université par l'auteur de Ciboulette ef du Temps d’aimer, ct
que nous publierons prochainement.
MEsbAMES, MESDEMOISELLES, tour vets que le public coer bien,
cuvre si délicate, si gracieuse, si Aégante, si
DEEL purement francaise. Un commentaire de Rey
& N’AURAI PAS Ia fatuité de vous dire que naldo par Reynaldo, une interprétation de-
J le conférencier, présent devant vous, Reynaldo par Reynaldo, pour vous quel sé
puisse remplacer Reynaldo Hahn qui pos- gal! c’était le souper de Lucullus chez Lu-
séde le don magique de cullus! Mais il fallait
sons procurer de ver Coreen wine lalasodea?
tables fétes d’art. Vour tie du compositeur, Ei
avez été enthousiasmés c'est moi qui, grace &
par les séances qu'il Tindulgence de ia
vient de vous donner sur Yvonne Sarcey, grace
Carmen, sur Manon, sux a Lamitié du compos
Faust ; il vous a indi teur, suis chargé de ve
qué, il vous a apo nir vous parler de l'opé
comment il faut com- rette, de notre opérette.
piendre ces: chefe-d’ccu- tn gemteal, ek dos joliee
we; il a préché d’exem- ceuvres que nous devons
ple : il ne sest pas con- a Reynaldo Hahn. Au
tenté de commenter cet Neu d'un oiseau chan
musiques qui sont les teur et enchanteur, vous
véritables trésors de étes forcés d’écouter un
notre patrimoine musi- merle siffleur, un merle
cal; il les a chantées, il Qui ne sait pas chanter.
a su les faire valoir er Ne m'en yeuillez pas
artiste, cn maitre; tty de cette déconvenues
apres tout le goiit et tout vais tacher de l’atténuer
le talent qu'il a appor- de mon mieux. (Rires.
tés a l'interprétation de Applaudissements.)
cs pages consacrécs ef a
par leur beauté person
nelle et par le succes, L'opérette ! My a
| était b’en juste que pour certaines personnes
M*" Yvonne Sarcey tint Dacqives ‘opferruect, graves quelque chose
4 faire apprécier a son (iow Nader) comme une intentioni
mauvaise dans ce diminutif : l"opérette! pour
un peu on dirait : la musiguette. Eh bien!
non. [] n'y a, au contraire, rien que de fami-
Tier et d'aimable danis ce nom gentil : il scmble
que l'on tutoie une jolie femme; Mariette est
plus agréable que Marie; Jeannette est plus
tendre que Jeanne; Paulette a dégagé
we Paule; Blanckette eft plus affectueux que
anche. L’opérette, ce mot, évoque en nous
des idées de gaité, de comique; nous veyons
gir de la Pslaiae, de l'excentricité; nous
pensons & de l'anachronisme, a de la parodie:
et cela n'exclut ni le charme ni le sentiment.
Llopérette a des papiers de noblesse : elle
n'est pas née d'hier, elle a parmi ses aicux
toutes les productions oe de nos auteurs du
xvitr sitcle; comme librettistes les Sedaine,
les Anseaume, les d'Héle, sans con
Vadé, les Collé, les Favart, auteurs i
tee de la Foire: et comme musiciens les Duni,
les Monsigny, les Danican Philidor, les Gré-
try, et méme Boieldieu, Mais combien sticrées
Giaient ces ceuvres du xvi" siécle, si on les
compare aux opérettes du xix? siécle ! Les
premitves avaient la tranquillité d'un lac; les
sont de vrais torrents qui retombent
ter les
ci
Liat-on assez fait le proces de l'opérette
du second Empire? On a été jusqu’a lui attri-
buer nos malheuts de 1870. Sarcey, lui, avec
gon admirable bon sens, en une tirade su-
pre au me
iterait de ester dans les antho-
gies. a ainsi apprécié les airs d'Orphée aux
Enjers qu'on avait disposés en guadrille.
semble qu'il ait fait la synthése de I"époque :
« Ce fameux quadrille d'Orphée a em-
porté dans son eens frénétique toute
notre génération. Est-ce qu’aux premiers sons
de cet orchestre enragé il ne vous semble pas
voir tote une société se soulevant d'un bond
et se ruant & la danse? Elle réveillerait des
morts, cette musique! Comme es rythmes, tan-
Hants, tantot furieus, avaient Vai
pour communiquer une trépidation
morale aussi bien que phyrique a tout ce public
pour qui la vie n’était qu'une espice
macabre! Au_premicr coun d'archet qui met-
en brarle les d'eux de I’Olympe et des Ein-
rs, il semblait que la foule fit secouée d'un
grand choc ct aue le sitcle tout entier, gou-
‘vernements, institutions, mocurs et fois. tournat
dans une rrodigieuse et universelle sara-
bande, » (Applaudissements.)
Cette appréciation de Sarcey vous fovrnit
une idée exacte de la facon dont nox réres
jugeatent la musiqus d'Offenbach. Mate ce
Setait donner unc opinion incomp'te d'Offen-
bach ai on laisait supporer que ce
positeur. Allemand de naissance, vraiment Par
risien de tendances, n'a écrit que des airs
ouffons, peiilents de gad et de malice, f
midables d’entrain, cascadeurs, cabriolant
Offenbach préate sus. de méldie, dk
sentiment. Et Wagner, qui nétait pas toujours
tis lende pour dite tsi au In sant
tppelait Offenbach € le pet Mozart deb
Champs-Elysees 9s parce que. ke premires
pitees c'Offenbach avaient él données. dans
fon petit thédtre qui se trouvait & peu pres sur
Mien emlacenet dy Cie dd, sui
Chul déimoll, devriee L'ectuel titre des F
lies!Marigny, Et le méme Wagner a écrit em
parlant de lauteur de la Belle Heléne
¢ Cet homme Je prend aumi Iigirement
avec le contrepoint qu’avec la morale, et c'est
pourtant un des razes musiciens que fe recon-
haisse en dehors de moi, »
Ai-je besoin de vous faire remarquer que
Wagner était un modeste? (Rires.)
e
En vérité, si lopérette a triomphé sous le
second Empire, elle le doit certes a Offen-
bach et & son rival Hervé, créateurs d'un
genre, créateurs qui divertissaient prodigicuse-
ment leurs contemporain jais il ne faut pas
oublier les librettistes Meilhac et Halévy dans
cette formidable réussite. Et c'est 1a la vraie
raison qui a déchainé des distribes contre
Vopérette. Oui, Offenbach et Hervé enchan-
taient les teurs de leur temps parce
quils parodiaient dans leurs opérettes la mu-
sigue pompeuse, boursouflée et souvent vide
des .opéias en vogue et partic
opéras de Meyerbeer. (Applaudissements.)
Mais en vérité, la levée de boucliers est due
A certains critiques et surtout aux adeptes du
romantisme. L'ind gnation de Th’ophite Gau-
tier & propos de la Belle Héins n'a eu pour
motif que la peur de voir Meilhye et Halévy
s"attaguer excts du romantisme; la par
yodie qui ‘était exercée contre Homére et
Evchyle, contre toute la splendour classique
de la mythologie greeque. renarnit aux yeux
des romantiques comme Ti¢ophile et son
clan, les héros de Victor Hugo.
peut dire a neu de chow pres qu'An
gelo, tyran de Podoue. ect parodié par Cré
micux et Holévy dors le Pont dos Soupirs ob
Je doze Cornarino Cornarjni. venu chercher &
Venise ron épouse, Cotarina. dont, Ia vertu
chancelle. est un proche parent d Ange’o et
de la Tisbé, sa femme infidé'e. Dans Les Bri-7
Ne ee
gands, Faleacappa eat un band sympathique
gal quai de faire plc Faurdle d'Hmani,
i naus largissons le cercle, la Périctole, la
chanteuse protégée du gouverneur de Lima, ne
resiemble-telle pes comme une sceur a Léo-cr,
la davorite du toi Alphonse dans Topira de
Donizetti? Et la parodie musicale, vous la
tower dans le choeur des seigneurs. du
73
went trop 2ilés du pouvoir. (Applau:
‘ments,)
Dans Les Brigands, qui est bien sine des
pitces les plus audacicuses par sex altaques
contre I'Empire, Meilhac et Halévy ont mon-
tré en souriant le grand maitre de J'antllerie
M. Teynuldo Hahn,
deuxiéme acte : « Quel marché de bassesce! »,
ott Ta musique de Donizetti est bien spirituelle-
ment décalquee.
Mais si J'opérette d'Offenbach étrit d'une
délicicuse, ,d'une grsante folic, les librettistes
Meilhoc et Halévy savaient, avec un doigté
mervelleux, avec un tact impitoyable, vee ure
malice amusante et amusée, appe-er —
sur les faib'es-es du régime imp tia', Et ils
y avaient du mrite; car en ce tempsla la
censure ne plaisantait pas : elle ne s: contens
tait pas d'un modeste coup de ciseaux par-
GhyipeeSi;/elle tote: Aesit urement et
~
‘Avec Vopérette moderne, mesdames, mes-
demo'selles, messieurs, nous pénétrns dans le
magasin des marchandises frelatées. Le publi
et simpliste etn y voit pas malice; et il lui
est bien difficile de répudier ce qu'il tolérait
peedant Ja guere pour V'amusement de ses
raves poilus qui ‘llaient se distraire, un soir,
au thé-tre, et is |-main pour le
repartaient le lend.
front sans savoir si, des leur arrivée li-bas,
Ja mort ne les attendait pas. Et puis il y avat
Tes soldats des pays alliés qui, eux non
n’étaient pas tres difficiles sur le choix de leurs
plaisirs,
C'est dans ces conditions qu’est née l'opé-
retle moderne. La voila, la fille qui a, mal
tourné! La voila, la contrefagon de l'opé-
rette! Elle est faite de médiocres chansons
de café-concert; elle est fate de refrains qui
flattent les goiits les plus bas d'une foule
inapte & soupeser la valeur et a qualté d'une
euvre de ce genre. Elle est doublée dun. li-
vret plat et le plus souvent ordurier. Et ainsi
musiciens et paroliers, gui seraient tout au plus
‘capables de perpétrer une chansonnette pour
des tréteaux de province, se croient aptes a
écrire une opérette. Ils l'écrivent, ils font inter-
préter cet embryon par une ou deux vedettes.
et les isés por le succts, les voila us
croient avoir composé une opérette, Je ne vous
cite pas de noms, vous les conna'ssez aus}
bien que moi. (ifs applrndissements.)
‘Aprés la gue-re de 1870, l'opérette avait
évolué, Elle avait quité son bonnet de folie,
elle avait revétu un déguisement ancien;Gait revenue a son origine, lopéra-comique.
Elle s'était assagie et était’ méme_devenue
un peu chauvine, a La Fille du Tambour-
Major, oi elle mettait son bonnet sur Vorei le;
mais cétait un bonnet tricalore,
Avant la guerre de 1914, elle a eu des
wnces. & renaitre apres une Eclipse assez
longue. Mais e'le avait abdiqué son caractere
M, Aquistapace.
« Le Temps @aimer » au
francais. L'opérette viennoise tres langoureuse,
Topérette anglaise avec ses livrets inexi tants
ef sa musique sans caractére, l'opérette améri-
caine avec sts rythm:s bizarres, tout cela
truffé de danses, de girls, de clowns, ne res-
semblait en rien A notre opérette spirituelle et
distinguée. C’étzit V'invasion du cosmopol.tisme
dans la musique légére, c'était aussi Ia ccnfu-
sion du re musical ayec le rataqouérisme
musical.
O' aait-elle notre opérette francaise avec
ges role gitenx, avec ses teines au cosur léger,
avec ses brigands qui ne faisaient pas peur et
ses gendarmes qui arrivaient trop tard? Ceite
enfant terrible, frondeuse, moqueuse, avait
Gisparu. Plus de cencan, dans ['Olympe !
plus de fantaisie! plus d’imprévu! plus de
fiserie | fin'e cette insouciance qui déridait
Bes moroses!
fieu ces finales entrainants qui soulevaient
7
les spectateurs sur leurs fauteuils et les fai-
saient danser sur place! Au lieu desprit on a
terse du polvre dane les couplets, du pindnt
dans les refrains. L'allusion a disparu, le gros
‘mot lui a fait place. Et puisgue je parlais de
Ventrain endiablé des finales, on a templacé
le foals par la depstition clic al, dane valeay
d'un fox trott qui a été entendu au cours de
M= Jeinne Chelret
théatre de La-Michodiére,
(rh ened Merl
Ja soirée, On mache d’avance au spectateur,
le refrain soi-disant populaire, on aposte dane
la salle des fabricants de bis qui, par ordre,
chantent des refrains, Les claqueurs et leurs
battoirs sont remplacés par des chanteurs &
gages qui excitent et surexcitent le public bon
enfant, le décident a répéter un air dont les
paroles — on appelle cela les lyrics, ausjour-
d’hui — sont projetées sur un écran cinémato-
graptique. Le public n'est plus le juge : c'est
Tui le condamné, le condamné a applaudir.
(Ri Applaudissements.)
‘orchestration elle-méme a changé; le
rythme aussi, Le rag-time, le fox trott, le one
step. le blue, le shimmy, le charleston, Ie
black bottom, tous ces noms bien francais, ont
remplacé les danses d'autrefois ; et les
rythmes gracieux d'autrefois ont été supprimés,
mis au rancart.
Je vous. disais gue l'orchestration avait16
changé, Oui, mais ce me fut pas pour con
bien. Les compositeurs modemes <4 opérettes
avaient & leur disposition le jazz band, c'est-a-
dire des instruments qui apportaient du =
veau damn ta conortt, dacs los hacen=aien,
Treat pas mu 'en vervit parce quils ne connais
Seat pas suffsamment les ressources de | ins.10-
mentation, Et ils sent nrrivés ainsi 4 produire
des canvrés baaales ou: plutt'd uae enced ticle
banale, toutes & bace de anxophone, 2e restem-
Blant toutes, ‘comme ces vétements qui scrtr
ae cal Coa ws Games tanks eon
wed Ge vous 2
nous, Mnvasion et le soncte dey erchedties de
négres, Au Leu de cette musique de jazz band
(qu se fabrique en série, les négres so3t venus
avec leurs chants expressife, avec leurs instru:
fonts qui ont Vals d trgeeioes, tout oo cuivart
Ja trame harmonique et Ja ligne que tra-
cée, Il y a dana les musiques négres der mé-
lodies poignantes et dixespérées suivies de te-
tours follement gais et capricants, On retrouve
Ti la aristesse et Ia joie non mesurée qui ca-
ractérisent la musique des peuples a s2 vis, no-
tamment Ia musique russe. Et c'est ce qui peut
expliquer Ie suects momentané de celte tenta-
tive (Applaudissements.)
ils cherchent a rester class’
se méler au troupeau des barbares, a la popu-
lace des sonneurs de jazz. Ils savent que les
xvit et XVII" s aux cl
coupés du xx® siecle il y a toute la
dune époque qui pratiquait l'immobilié & une
civilisation qui s'a¢onne aux srorts. I] en est
de méme de Ja musique, ¢ En arritre vers
Mozart! » s'écriait, avant la grerre, 1’
mand Weinga-tner, effrayé de la com
tion, de Tamphigouri musical _auquel éta‘ent
en oroie ses comnitriotes. « En arritre vers
Offenbach ! Telle semble depuis toujours
@tre la deviss du parfait musicen ove nous
sommes heureux de féter avjourd' hui aux
Je dis dei
Forrs. Car Re-ra'2n Hatn
proseve enfant. live de Tn class= de Mossenet
au Conservetoire, av-t dia ces quelité: de
poésie, de ctarme, d'effusion Iyriqu> qui lui
ad de le
Jume du Journal des Concdlrt, et a joué la
snusique composée par lui sur trois ou
pitces de Verlaine; ce sont de vesitables bi-
joux podt.ques. »
Ex savez-vous 3 la suite de qu-i Goncourt
avait formulé cette opinion? I] sortait d'une
audition chez ‘Daucet gui appelait
. jeune Reynaldo « sa chére musique pré-
férée >.
Sarah Bernhardt, gui avait entendu quel-
‘ques-unes compositions de Reynaldo
Hakn, Jui commanda la musique de sctne
pour la reprised Esther, L’Opéra-Comiqie
joua ensuite L'/le du Réve, qui fut le point
de départ de sla belie carritre du jeune com-
posteur. Puis Catulle Mendés faisait mettre
fen musique par lui La Carmeiie, qae donnait
Opéra Comique avec Emma Cale et pour le
début de Muratore. Enfin Reynaldo Hahn
faisait son entrée & ‘Opera avec la parition
de La Féte chez Thérése, un ballet tout en-
anné de gr’ce et d'amour. Si & ce bagage
far ape i fam jmarecacone Naw
donné a I'Qpéra-Comigue, nous ajoutons le
secueil des Chansons Crises et ces belles
Evades Latines ot s'affirma‘ent ses dons d'ar-
tiste supérieur, chi le public et les gens de mé-
tier retrouvaient la profonde
qui s‘eppel’e Le Bal de Béatrice d'Este, dont
les concerts et les sa'ons ont fait leur régal,
ad
‘Depuis longtemps. notre charmant, compori-
teur te recurillait; i] révait une renaissance
Ja musique fran-aise ga e. Adorstear d Offen-
bach, amateur passion? d'Emmanvel Cha-
brier, l_s"était vové # leur culte. Vous con-
maiss*z Reyn-ld) Hahn, vous connaissez sa
muriqu>. vous avez e-tendu. il y a quel ves
jours, le jeme mtr. Vous avez gate
facon A la fcis enficmmée. et subtile dont i
sait transporter dons Mame d'un auditoire te
génie d'rn= p-tttion de Cormen, de Manon
ou d= Vous saver avrsi von @ofit pour
Topérette, Vous avez. entendu, les années pré-cédentes, comment il sait transfuser
Elie Nes Gaatee ( besutts as La Balle
Hinde En Crande Duchooe, da La FE
rickole, des Brigands dOffenbach ou les
cascades spirituelles de L’Etoile, de L'’Educa-
tion Manquée d’ anuel HF, OU €n-
core la Paslorale des Cochons Roses, la
Villanelle des petits Canards, ou la Ba'lade
des gros Dindons. Reynaldo Habn, la ci-
garette a la bouche, chante, fredonne, rythme,
mime, joue, commente, exalte ces petits chefs-
doeuvie de boulionnerie: du piswo if fait ux
‘orchestre; de sa voix, il campe tous les per-
sonnages, il leur donne leur accent juste; il
est le ténor, Ia diva, le baryton. le chcur lui-
méme. Et i] grise son auditoire. (Applandisse-
ments prolongés-)
Cet amour de la musique légére n'a pas
4é platonique. Depuis trois ou quatre ans
Reynaldo, nourri, a du suc des maitres
id: site, ios a) dotné. des opErettes gui: sot
de purs bijoux de finesse, pe ae
gance. Nous Jaisserons de cété Mozart oi sa
musique gracieuse et spiriuelle ne pastiche pas
celle du cygne de Sakbory et ne palit pas &
<&té d'elle, Quel plus be! éloge lui faire!
Mais il cst I'auteur de deux partitions ca-
tactéristiques = Cibouletie, Le Temps d'Ai-
mer.
Ah! que la critique musicale a été injuste
envers cette exquise partition : Le Temps
TAimerT Crest une operetie delicate et del
Geuse et méme davanlage wn opéra comique
dont Pierre Wolff et Henri Duvernois ont
fourni le prétexte au musicien, Il n'y a pas.
Dea ead ca Ges Sa ae om
nous sommes habitués a voir marée avec la
musique de l'opérette, Le Temps d'Aimer est
ce que les auteurs appellent aujourd'hui une
comédie musicale. Histoire d'un mari qui,
ayant jeté tout son feu avant le mariage,
trouve sa jeune femme wn peu trop fringante,
trop piaffante, et ven va clercher Ie_ealme
repos aup:es d'une vieille amie. Bien en-
tendu, la femme légitime est ja'ou:
comme son mari n'a été volage qu'en appa-
tence, - surtout parce quelle |'aime, tout
entre dans l'ordre et le mari est pardonné.
Faut-il considérer le mariage cemme une
oasis bienfaisante ou comme un tourb'llon?
Est-ce une tasse de tilleul. de camomille ou
bien ertce un coupe pétillante de cham-
pagne? Tel est le probléme que povent les li-
brettistes. Reynaldo Hahn s‘ett orCoccupé de
respecter la pensée de aes