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Savez-vous faire la différence entre

"Art nouveau" et "Art déco" ?


Aussi étonnant que cela puisse paraître à d’aussi éminents lecteurs que ceux de ce carnet, j’ai
récemment réalisé que quelques personnes de mon entourage confondaient allègrement « Art
nouveau » et « Art déco ». Un petit tour sur internet me confirma que cette confusion était
suffisamment commune pour que je m’astreigne à griffonner un petit billet sur le sujet (et à
l'illustrer d'un florilège d'images).
Voici donc quelques lignes simples qui vous permettront de faire définitivement la différence
entre ces deux grands mouvements artistiques, proches dans le temps mais totalement opposés
dans le style.

L’Art nouveau est l’art de la fin du XIXe siècle et du tout début du XXe. C’est « l’art de la belle
époque ». Ce mouvement artistique qui accompagna le changement de siècle naquit en réaction
à la révolution industrielle qui transformait l’Europe en société industrielle. Il prônait donc le
retour de la nature au centre de l’Art (et de la ville).
L'Art nouveau se caractérise donc par des formes ondoyantes et enchevêtrées, des volutes,
des enroulements, des arabesques, et privilégie l’esthétiques des courbes et des asymétries.
C’est l’art de l’ornementation, des plantes, des fleurs. Cet art de l’émotion et de la sensualité
s’exprima dans tous les domaines, de l’architecture au mobilier, de la sculpture à la mode, de la
calligraphie à la joaillerie. Bien souvent, on le retrouve dans des travaux de ferronneries, des
mosaïques, des fresques ou des vitraux. Enfin, quelques-uns de ses plus célèbres représentants
furent Hector Guimard (les célèbres entrées du métro parisien), Alfons Mucha, Emile Gallé,
Louis Majorelle ou Antoni Gaudi.
Bref, si vous ne deviez retenir qu’un adjectif caractérisant cet art de la nature, retenez celui de «
pittoresque ».

L’Art déco succéda à l’Art nouveau, et vit son apogée dans les années vingt, autour de
« l’exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes » (Paris, 1925) qui lui
donna son nom. C’est « l’art des années folles ». Il naquit justement en réaction à l’Art nouveau,
en rupture avec cet art des circonvolutions que ces nouveaux artistes moquaient comme « l’art
nouille ».
Par essence, l’Art déco est donc l’art du modernisme, du propos direct et droit. C’est l’art de la
géométrie, de l’ordre, de la symétrie, de la sobriété. C’est l’art des angles, des pans coupés, des
cercles, des arrondis et des octogones, qui dans la peinture, trouva son écho dans le cubisme.
L’Art déco est l’art du retour en grâce de la technique : c’est l’art de la science, des découvertes,
des voyages (trains, paquebots, hôtels), de l’automobile, de l’aviation. Cet art « stylisé » est
souvent caractérisé par des socles, de la marqueterie, ou des luxueux matériaux de l’époque, en
provenance des colonies : des bois exotiques (l’ébène de macassar), du galuchat, de l’ivoire, de
la laque. Enfin, notez que l’Art déco, né comme un mouvement extrêmement luxueux, devint
aussi un art de crise, suite à la crise de 29. L’Art déco devint donc un art de masse au début des
années 30, utilisant un tout nouveau matériaux : le plastique. A ce titre, l’Art déco marqua
d’ailleurs la naissance du design.
L'Art déco, art de la modernité, colle avec son époque : là où l’Art nouveau vantait une femme
arrondie, bucolique et poète, l’Art déco révèle une toute nouvelle femme, longiligne, mince,
élancée, habillées à la mode, voire androgyne, en totale rupture avec la représentation artistique
classique de la femme. C’est l’art de la femme moderne, précurseur de la femme actuelle. Parmi
les artistes les plus célèbres de l’Art déco, citons Jacques-Emile Ruhlmann, Jules Leleu ou René
Lalique.
Bref, si vous ne deviez retenir qu’un adjectif caractérisant l’art déco, retenez celui que j’ai dû
répéter 10 fois : « moderne ».

Vous l’aurez compris, s’ils se sont succédé, ces 2 mouvements sont radicalement différents.
Etonnamment, un siècle plus tard, on retrouve aujourd'hui encore des centaines d'exemples de
ces deux mouvements dans notre vie courante, il suffit d'y être attentif. Certaines œuvres d’Art
nouveau ou d’Art déco sont magnifiques et s’arrachent à prix d’or. Imaginez que la semaine
dernière, justement, le bureau de Louis Majorelle à lampes Daum qui figurent ci-dessous (le 3e
exemple) s’est vendu 330 000 euros à Paris, chez Sotheby’s !

Passons aux illustrations. Si d’aventure mes modestes explications n’étaient pas claires, je gage
que cette petite sélection d’images lèvera toutes ambiguïtés. La règle est simple : à gauche, l’Art
nouveau, à droite l’Art déco ! J’ai pour ma part une large préférence pour l’un de ces deux
mouvements artistiques. Saurez-vous deviner lequel ?

(si vous le souhaitez, vous pouvez cliquer sur les photos pour les agrandir)

Calligraphie

Mobilier
Sculpture (et représentation de la femme)
Verres, vases et luminaires
Architecture
Arts graphiques
J'espère que vous y voyez dorénavant beaucoup plus clair ! La différence est flagrante, n'est-ce
pas ? Au fait, maintenant que vous êtes devenu un expert chevronné, préférez-vous l'Art
nouveau ou l'Art déco ?

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