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Alberto PATRON-SOLARES
Ingénieur d e Génie civil
Universidad Autónoma Metropolitana d e Mexico
Doctorant a u service Modélisation pour I ingénieur
Bruno GODART
Ingénieur divisionnaire des Travaux publics de I Etat
Chef d e la division Fonctionnement
et durabilite des ouvrages d art
Robert EYMARD
Ingénieur des Ponts et Chaussées
Chef d u service Modélisation pour I ingénieur
Introduction
Si les premiers ponts en béton précontraint construits par
encorbellements successifs sont apparus en Allemagne
(ponts de Balduinstein et de Neckarrens édifiés en 1950-
RÉSUMÉ 1951 par le Docteur Finsterwalder, puis ponts de Worms
Le pont de Savines appartient à la première sur le Rhin et de Coblence sur la Moselle en 1952-1953,
génération d e ponts e n béton précontraint [1]), ils se sont développés en France à partir de 1955 :
construits, e n France, par encorbellements
successifs. L'inconvénient majeur de ce type - 1955 : construction du pont de Chazey sur l ' A i n (trois
de ponts, qui sont articulés en c l é , est travées de 41,2, 57,6 et 41,2 m de portée),
rabaissement progressif d e s extrémités d e s
consoles d û , e n grande partie, à la sous-esti- - 1957-1958 : édification du pont de Beaucaire (deux
mation des déformations différées d u béton. travées de rive de 83,70 m et trois travées intermédiaires
L'objectif de cette étude est donc d'apporter
une contribution à l'explication d e c e phéno- de 86,2 m de portée),
mène, e n s'aidant des nouveaux codes d e - 1958-1960 : réalisation du pont de Savines, ainsi que
calcul du béton précontraint aux états limites
de celle du pont du Riou-Bourdou (ouvrage de m ê m e
(BPEL 91 et CEB-FIP 9 0 ) qui intègrent d e
nouvelles lois relatives aux déformations dif- conception et situé juste à côté de celui-ci).
férées des matériaux.
Ils ont été construits par la Société des Grands Travaux
L'analyse de l'influence relative d e s différents de Marseille ( G T M ) , sur la base d'une précontrainte par
paramètres qui interviennent dans le phéno-
mène montrent que l'augmentation des flèches câbles et d'un coulage en place des voussoirs.
à long terme est amplifiée par la différence
importante existant entre les quantités d'aciers Ces quatre ponts, qui comportaient une articulation sans
passifs d e s hourdis supérieur et inférieur, et poussée disposée à l a clé de chaque travée, sont à notre
par les pertes de précontrainte due à la relaxa-
tion des armatures actives. Pour c e type d e connaissance les seuls qui aient été réalisés, en France, sur
ponts, on note également que le code-modèle la base de ce schéma statique de fonctionnement. E n effet,
CEB-FIP semble faire une meilleure prédiction
des déformations à long terme et de leur ciné-
à partir de 1962, les tabliers de ponts construits, en France,
tique que le BPEL. par encorbellements successifs furent rendus continus
avec l a suppression de l'articulation. C'est également à
M O T S C L É S : 24 - Pont - Béton précontraint -
France - Déformation - Long terme - Fluage - partir de cette date que la préfabrication fut utilisée dans la
Retrait - Encorbellement - Flèche - Relaxation - construction par encorbellement, avec l'assemblage de
Armature - Précontrainte - Calcul - Recomman- voussoirs à joints conjugués et collés : le premier ouvrage
dation - État limite /armature passive.
réalisé fut le pont de Choisy-le-Roi sur la Seine.
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E n 1970, la première alerte sérieuse de patho- • U n logiciel de calcul à barres avec prise en
logie fut d o n n é e avec le pont de Chazey qui pré- compte des déformations du béton par la
sentait alors, dans une travée de rive, plusieurs m é t h o d e dite incrémentale : le logiciel ST1 du
fissures de flexion dont l'ouverture dépassait le Service d'études techniques des routes et auto-
millimètre. Après expertise, i l apparut que les routes ( S E T R A ) .
causes de ces désordres provenaient d'une
• U n logiciel de calcul aux éléments finis avec
sous-estimation des actions appliquées sur l'ou-
prise en compte des déformations différées dans
vrage, d'une sous-évaluation des déformations
différées et de la corrosion de quelques câbles de le béton par m o d è l e incrémental : le logiciel
précontrainte. Cet ouvrage fut démoli en 1972, F I E F du Laboratoire central des Ponts et
puis reconstruit. Chaussées ( L C P C ) .
• U n logiciel de calcul à barres avec prise en
S i les ponts de Beaucaire et de Savines ont
compte des déformations différées du béton par
é c h a p p é à une corrosion substantielle de leurs
la m é t h o d e de superposition : le logiciel P C P du
câbles, ces ponts ont cependant m o n t r é assez
SETRA.
rapidement, après leur construction, un abaisse-
ment significatif de leurs clés, abaissement qui
s'est poursuivi pendant une trentaine d ' a n n é e s .
De ces deux ouvrages, le pont de Beaucaire fut Description du pont
celui qui e x p é r i m e n t a les déformations les plus
importantes ; en effet, en 1987, la moyenne des L e pont de Savines permet à la R N 94 de fran-
flèches était d'environ 21 cm, et la flèche maxi- chir la retenue du barrage de Serre-Ponçon dans
male atteignait 25 c m . L e pont de Beaucaire fut le département des Hautes-Alpes. Il a été
démoli en 1993 [2]. construit de 1958 à 1960 par G T M (fig. 1), sous
la maîtrise d'ouvrage d'Électricité de France
Cela n'est pas propre à la France, puisque des ( E D F ) , afin de rétablir les communications rou-
ouvrages de ce type ont aussi été construits en tières interrompues par la création de la retenue
Suisse, avec des désordres semblables [3], [7]. du barrage de Serre-Ponçon sur la Durance.
A i n s i , le pont de Lutrive, achevé en 1973, com- Cette création s'était a c c o m p a g n é e de l'immer-
porte des travées intermédiaires de 112 et 132 m sion du vieux village de Savines et de la dévia-
qui ont accusé, une quinzaine d ' a n n é e s après sa tion de la voie ferrée G a p - B r i a n ç o n qui suivait le
construction, des flèches respectives de 14 et 16 fond de la vallée de la Durance. Cet ouvrage fut
cm. C e pont fut d'ailleurs renforcé par précon- ensuite remis à l'État, en 1984, par E D F .
trainte additionnelle en 1988.
• L e pont de Savines a une longueur totale de
Tous les ouvrages conçus comme une succession 924 m et comporte treize travées (deux travées de
de fléaux encastrés sur les piles (pont de Beau- rive de 38,50 m et onze travées centrales de 77 m)
caire, pont de Savines, pont du Riou-Bourdou, (fig. 2). Son profil en travers est constitué d'une
etc.) ont donc d o n n é lieu, du fait de leur isostati- chaussée de 7 m de large encadrée par deux trot-
cité et de leur grand élancement, à des déforma- toirs de 1 m de largeur.
tions importantes. S i ces déformations ont été
• Les piles ont une hauteur variant de 16 à 46 m
partiellement anticipées par les ingénieurs de
et reposent sur des semelles en béton a r m é encas-
l ' é p o q u e , qui ont appliqué des contreflèches de
trées dans les alluvions de la Durance. L a partie
construction, force est de reconnaître que la
basse des piles est composée, sur une hauteur de 3 m,
majeure partie de ces déformations a été sous-es-
d'un tube carré de 5,60 m de côté et de 1 m d ' é p a i s -
timée et q u ' i l est nécessaire, à la lueur des
seur. E n partie courante, les piles sont constituées
connaissances acquises depuis une trentaine
d'un caisson carré de 5 m de côté et de 0,40 m
d ' a n n é e s , d'en comprendre les raisons.
d'épaisseur. Les piles sont précontraintes par des
L'objectif de cette étude est donc d'apporter une armatures G T M de type F13 de. 65 t de tension
contribution à l'explication de ce p h é n o m è n e , en initiale.
s'aidant des outils modernes de calcul et des nou-
• Les culées reposent, par l'intermédiaire d'une
veaux règlements de calcul du béton précontraint
semelle en béton armé, sur le remblai c o m p a c t é
aux états limites ( B P E L 83 et 91 [12] ; C E B - F I P
de la plate-forme d ' a c c è s de la R N 94.
78 et 90 [13]), qui intègrent de nouvelles lois rela-
tives aux déformations différées des matériaux, • L e tablier du pont en béton précontraint est
en particulier en matière de fluage « scientifique » constitué de consoles de 36 m de portée encastrées
du béton. Pour compléter cette approche, une de part et d'autre des piles et reliées en milieu de
étude paramétrique à été conduite de façon à travée par deux articulations qui ne transmettent
mettre en valeur les paramètres qui influent le que les réactions verticales (fig. 3). L e tablier se
plus sur l'importance de la flèche permanente. D u compose d'une poutre-caisson de 5 m de largeur
point de vue du calcul, le pont est modélisé avec extérieure et de hauteur variant de 4,15 m sur pile
trois types d'outils de calcul différents. à 1,15 m à la clé ; cependant, à 9 m de la clé, le
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BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 2 0 3 - MAI-JUIN 1996 - RÉF. 4 0 4 3 - PP. 9 1 - 1 0 3
I
Le pont de Savines
Rive droite
|3B,5
t i 11 j 77 J 77
Ij 77
ï T
| 77
Rive gauche |
Articulation
I 77 J 77 J 77 I /'/ f
J 77
I 38,5
J
F/g. 2 - Schéma général.
Fig. 1 - À la fin de sa construction.
Coupe DD
1 Raccordement parabolique
2
1,2 1,9
Coupe EE
9,2
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hourdis inférieur est progressivement supprimé trainte à l'intérieur du caisson dans les fléaux
pour ne plus obtenir, au niveau des articulations, situés de part et d'autre de certaines articulations
que deux â m e s solidarisées par une entretoise en (quatre câbles S E E E de 0,6 M N ont été placés
béton a r m é de 0,30 m d'épaisseur. E n partie cou- dans les fléaux P3c, P4c, PI l j , P l l k et P I 2 k ,
rante, les â m e s du caisson ont une épaisseur tandis que deux câbles ont été placés dans les
constante de 0,40 m. L e hourdis inférieur a une consoles P6f et P7f) (cf. fig. 2).
épaisseur variable de 0,45 m sur pile à 0,18 m
• avril 1974. Une inspection réalisée par le
vers son extrémité.
Centre d ' é t u d e s techniques de l ' é q u i p e m e n t
• L a construction a été réalisée par encorbelle- ( C E T E ) d'Aix-en-Provence met en évidence la
ments successifs avec voussoirs coulés en place, rupture d'un câble de précontrainte additionnelle ;
le coffrage de chaque voussoir étant suspendu à il s'agit d'un câble de la console P12k.
un équipage mobile roulant sur les parties déjà L'expertise a montré que la rupture du câble
construites. Les joints entre voussoirs comportent résultait d'une corrosion importante p r o v o q u é e
des aciers passifs, et les voussoirs sont assemblés par la pénétration d'une eau chargée en sel de
par une précontrainte longitudinale ancrée à déverglaçage dans la gaine métallique du câble.
l'about de chaque voussoir et c o m p o s é e de câbles Cette eau s'était introduite par l'ancrage actif du
de type C 0 2 (système S E E E breveté par G T M : câble, cet ancrage étant situé sous un regard de
sept torons de sept fils de 3,6 m m fournissant une visite non étanche.
2
section nominale de 500 m m ; ancrage par enfon- • mars 1975. U n nouvel examen effectué par le
cement d'une bague venant enserrer torons et cla- C E T E permet de découvrir la rupture d'un
vettes ; gaine constituée d'un tube laminé à chaud second câble de précontrainte additionnelle dans
de 1,5 m m d ' é p a i s s e u r et 42 mm de diamètre inté- le fléau P4c, cette rupture s'étant produite dans
rieur). L e matériau e m p l o y é pour la fabrication de des conditions similaires.
ces câbles est un acier clair de nuance 160/180,
avec une contrainte de rupture garantie R g = • juin 1976. Une nouvelle intervention du
1 800 M P a . Les câbles étaient initialement tendus C E T E permet de constater un fonctionnement
avec une force de 0,65 M N . anormal des articulations des clés g, i et j . Les
articulations en acier m o u l é sont constituées par
Jean Courbon, alors directeur des études de une rotule coulissant à l'intérieur d'un tube
G T M et qui a assuré la conception de cet cylindrique. L e passage répété des charges a pro-
ouvrage, a disposé la précontrainte pour que : voqué un matage des zones sphériques de
— chaque section du pont soit uniformément contact de la rotule, entraînant alors un jeu, puis
c o m p r i m é e sous l'action de la précontrainte et un choc au passage des véhicules.
du poids propre,
• 1978. L a précontrainte additionnelle mise en
- les déformations différées soient essentielle-
place en 1966 est remplacée par une nouvelle
ment un raccourcissememnt de l'ouvrage sous
précontrainte constituée de vingt-quatre unités
l'effet d'un effort de compression uniforme,
F U 4600 du procédé de précontrainte S E E E
et en évitant que des efforts de flexion ne vien- (quatre torons T15). Les articulations des clés g, i
nent provoquer une flèche à long terme en milieu et j sont doublées par de nouvelles articulations.
de travée.
• 1979. Des investigations c o m p l é m e n t a i r e s du
C E T E montrent que les nouvelles articulations
présentent un certain nombre de défauts, que les
Vie et pathologie du pont anciennes articulations continuent à se dégrader et
que les joints de chaussées sont en mauvais état.
L e pont de Savines a été mis en service le 15 mai
• novembre 1984. Toutes les articulations sont
1960. D è s l'été 1961, les mesures de contrôle de
remplacées par de nouvelles articulations à base
nivellement ont m o n t r é l'existence de déforma-
d'appareils d'appui en élastomère fretté, et après
tions importantes dans toutes les travées de l ' o u -
que des essais de fatigue réalisés au L C P C
vrage (jusqu'à 8 cm de déflection au milieu de la
eurent d é m o n t r é que celles-ci pouvaient sup-
travée la plus déformée). Ces déformations ont
porter un nombre suffisant de sollicitations de
entraîné l'exécution de travaux de rectification
fatigue.
du profil en long et de renforcement par précon-
trainte additionnelle, travaux qui ont été réalisés B i e n que le pont de Savines ait eu j u s q u ' à présent
en plusieurs phases, et avec deux campagnes une vie relativement m o u v e m e n t é e , i l reste cepen-
importantes : dant l'ouvrage sur lequel nous avons le plus
d'informations, que ce soit pendant sa construc-
• avril-juin 1963. Reprofilage des clés A l à A 5
tion ou pendant son existence, grâce à une surveil-
sur une épaisseur variant de 35 à 100 millimètres,
lance régulière opérée par les deux gestionnaires
• mai-septembre 1966. Reprofilage des autres qui se sont succédés et grâce à l'assistance tech-
clés A 6 à A l 1 et adjonction de câbles de précon- nique du C E T E d'Aix-en-Provence [6].
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Modèle à barres - Fluage et retrait Ces valeurs ont été choisies pour leur vraisem-
avec les hypothèses du BPEL 91 blance : elles ne résultent pas de mesures spécifi-
ques pendant ou après la construction.
Description du modèle
L e calcul est fait à l'aide du programme de calcul Étude de la sensibilité du phénomène de fluage
ST1 du S E T R A . C e logiciel permet l ' é t u d e de par rapport à différents paramètres
l'évolution de la structure dans les différentes Compte tenu de toutes les incertitudes sur la des-
phases de construction (mise en place de chaque cription du pont, les caractéristiques des maté-
voussoir, mise en tension de chaque câble) et le riaux et les conditions climatiques du site, nous
calcul des déformations différées dans le béton avons décidé de réaliser une étude paramétrique
par la m é t h o d e incrémentale (méthode du temps des différents facteurs qui peuvent avoir une
équivalent) [8], [9]. influence sur le fluage des fléaux.
Dans le cas du pont de Savines, étant d o n n é la Les paramètres étudiés sont les suivants :
symétrie du pont et l'existence d'une articulation
- la valeur de la précontrainte,
à la clé, le m o d è l e choisi se r é s u m e à une
- la résistance à 28 j du béton du tablier,
console constituée de onze éléments de poutre et
- l'hygrométrie ambiante,
de douze noeuds, comme le montre la figute 5.
- le rayon moyen de séchage,
L e cycle de construction proposé pour chaque - la relaxation des aciers de précontrainte,
voussoir est le suivant : - la durée du cycle de construction des voussoirs.
• construction de la barre représentative du Pour chaque étude de la variation d'un p a r a m è t r e
voussoir ; donné, tous les autres paramètres restent constants.
• mise en tension de câbles de précontrainte Son influence est observée sur la flèche, celle-ci
lorsque le béton a un âge de trois jours (six étant définie pour la valeur du d é p l a c e m e n t ver-
câbles par voussoir) ; tical de l'extrémité du fléau (noeud 12 du m o d è l e ) ,
relatif à l'état de l'ouvrage juste après l'applica-
• début d'un nouveau cycle ; la durée de chaque tion du poids des superstructures.
cycle de construction de voussoir est de sept
jours ; • L a valeur de la précontrainte. Compte tenu du
système de mise en tension utilisé à l ' é p o q u e de la
• À la fin de la construction du voussoir 10, on construction, i l est possible que la précontrainte
applique le poids des superstructures. réelle soit inférieure à celle considérée comme
vraisemblable. C'est pourquoi la contrainte dans
Une charge répartie de 0,01 M N / m est appliquée
les aciers à la mise en tension a été prise entre 900
sur les trois derniers voussoirs pour représenter
et 1300 M P a .
le poids du renformis placé pour le reprofilage
du pont. O n applique ce poids trois ans après On constate que l'influence de la force de précon-
l ' a c h è v e m e n t de l'ouvrage. trainte sur les déformations à long terme est fon-
damentale (fig. 6a). Une diminution de 10 % de
Les lois de fluage et de retrait du béton sont celles
cette force engendre une augmentation de 12 %
que propose le B P E L 91. Les paramètres du
de la flèche. Il convient, cependant, de noter
calcul, avec les notations du B P E L , sont alors :
qu'une contrainte initiale dans les aciers infé-
• pour le béton : rieure à 1200 M P a provoquerait des tractions en
- résistance en compression du béton à 28 j (f g) = c 2
fibre supérieure de la section sur pile sous charges
35 M P a , permanentes, alors que, j u s q u ' à présent, aucune
- pourcentage d'armatures passives ( p ) = fissure ni ouverture de joint n'ont été décelées
s
dans cette zone.
0,5 %,
- hygrométrie (p ) = 55 %,
h • La résistance caractéristique du béton du
- rayon moyen de séchage (r ) = 20 c m ;
m tablier. D ' a p r è s les résultats des épreuves de
contrôle effectuées pendant la construction, i l
• pour la précontrainte :
2
apparaît que les résistances obtenues étaient tout à
- section - 500 m m , fait satisfaisantes. L e béton du tablier, dosé à 370 kg
- tension initiale = 1 300 M P a , de ciment H R I Vicat 315-400, devait avoir une
- pertes : résistance minimale à 90 j de 40 M P a . E n réalité,
coefficient de friction par frottement (f) = les épreuves de contrôle montrent que les résis-
0,100, tances à la compression mesurées sur cube attei-
coefficient de friction par déviation angu- gnaient 45 M P a à 28 j et 50 M P a à 90 jours.
laire (cp) = 0,002,
relaxation à 1 000 h (p) = 6%, Malgré les bonnes performances du béton qui a
recul d'ancrage = 0,006 m, servi à la construction du tablier, nous avons
- module d ' Y o u n g (E) = 190 000 M P a . volontairement abaissé les caractéristiques du b é -
Flèche (mm)
Flèche (mm)
90
80
70
60
50
40
30 _
20 _
10 _
0
900 1000 1100 1200 1300 0 5 10 15 20 25 30
Contrainte des aciers à la mise en tension (MPa) Rayon moyen (cm)
i , , , , , , , , u 1 1 1 1 1 1
0 10 20 30 40 50 60 70 80 0 2 4 6 8 10
Humidité (%) Cycle de construction (j)
97
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ton, ne serait-ce que pour tenir compte du coeffi- • La durée du cycle de construction des vous-
cient de réduction permettant de passer de la soirs. L a figure 6f montre que la durée du cycle
résistance sur cube à la résistance sur cylindre de construction des voussoirs a une influence
d ' é l a n c e m e n t 2, cette dernière étant actuellement importante sur les déformations. Cette influence
considérée dans les calculs. D ' a p r è s les résultats diminue lorsque la durée du cycle augmente et,
de la figure 6b, et contrairement à ce que l ' o n par voie de conséquence, lorsque l ' â g e du béton
pourrait en penser, on s'aperçoit que la résis- lors du chargement est plus grand. Dans notre
tance à 28 j n'a pas beaucoup d'importance sur cas, on considère une durée de 10 j qui corres-
les déformations à long terme du pont ; en effet, pond aux cadences de construction observées sur
une baisse de 1 0 % de la résistance n'induit le site.
qu'une augmentation de la flèche de 3,5 %. Nous
conserverons donc, par la suite, la valeur de f = c 2 8
Fig. 7 - Modèle
utilisé. Axe de la pile
1,15m
2,5 m 36 m
9,6 m
D J . 0,22 m
A
Idéalisation de la 0 8m
section transversale
5 m
Variation du pourcentage des armatures passives fois, de tenir compte du phasage et de la pré-
sence d'aciers passifs longitudinaux dans le
L a figure 8 présente l'évolution des déforma-
hourdis supérieur.
tions verticales en extrémité du fléau en fonction
du temps. L a courbe inférieure est obtenue avec
des pourcentages identiques d'armatures pas- Modèle à barres modifié - Fiuage et retrait
sives dans le hourdis supérieur, le hourdis infé-
avec les hypothèses du BPEL 91
rieur et les â m e s : p = 0,5 %.
s
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99
Modèle à barres modifié
1
1
1
•
1t
.z
Aciers en hourdis supérieur
m
2
%
3
••• • ••
4 5
36 m
6 7 8 9
Barre rigide
m
10
.•
.\ i
11
F/g, 9 - Modèle utilisé.
X
0
0 1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000 9000 10 000
Temps (j)
Flèche (mm)
100
80
Contrainte (MPa)
60 10 ,_ Fibre supérieure
40
20
0 2000 4000 6000 8000 10000 12000
0,5 1,5 2 2,5
Fibre inférieure Temps (j)
Pourcentage d'armatures
Fig. 11 - Influence du pourcentage d'armatures passives Fig. 13 - Evolution des contraintes dans la section
sur la flèche à 10 000 jours. sur pile en fonction du temps (hypothèse moyenne).
Flèche (mm)
140
Hypothèse extrême
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I
Fig. 15 - Évolution des flèches des clavages. O n peut alors conclure que les flèches « mesu-
rées » sur le pont de Savines peuvent être mieux
expliquées à l'aide des m é t h o d e s modernes de
Conclusions calcul, en prenant des hypothèses raisonnables
sur les valeurs des paramètres qui interviennent
Avant toute chose, i l est important de rappeler dans le p h é n o m è n e , en modélisant correctement
l'existence de quelques incertitudes sur la des- les aciers passifs et en admettant les hypothèses
cription du pont et les caractéristiques de ses du C E B - F I P pour le fluage et le retrait.
matériaux.
De plus, la graphique qui présente l'évolution
des flèches moyennes des clavages en fonction R E F E R E N C E S BIBLIOGRAPHIQUES
du temps est une courbe « probable », qui résulte
[1] MATH1VAT J. (1979), Construction par encor-
de la meilleure interprétation possible des diffé-
bellement des ponts en béton précontraint,
rentes campagnes de mesures topographiques qui Eyrolles.
se sont succédées sur le pont de Savines.
[2] JEHAN J.-C, BERNARD J.-L. (1994), Pont de
Les principaux résultats de l'étude sont les Beaucaire sur le Rhône : démolition, Bulletin de
suivants. liaison du CTOA, SETRA, 19, nov., pp. 29-33.
O L a différence importante entre les quantités [3] FAVRE R., M A R K E Y I. (1990), Long-term moni-
d'aciers passifs longitudinaux des hourdis supé- toring of bridge déformation. Bridge Evaluation,
rieur et inférieur entraîne une augmentation des Repair and Rehabilitation, Edited by Andrzej
rotations, et donc des flèches à long terme en Nowak, N A T O ASI Séries, V o l . 187, Kluwer
Académie Publishers, pp. 85-100.
extrémité du fléau. O n peut expliquer ce phéno-
m è n e ainsi. Une quantité importante d'armatures [4] GRANGER L., L E ROY R. (1995), Le problème
passives en hourdis supérieur limite les déforma- des déformations différées du béton précontraint
tions longitudinales de celui-ci sous l'effet du et du béton armé. Fluage combiné du couple
acier-béton. Bulletin de liaison des Laboratoires
retrait et du fluage du béton. Par contre, le des Ponts et Chaussées, 197, mai-juin, pp. 13-18.
hourdis inférieur, moins a r m é , présente une
déformation plus grande, ce qui produit une [5] FOURE B., NUNG Z.T. (1988), Redistribution des
déformation relative plus importante entre les efforts dus au fluage du béton dans une poutre
précontrainte à deux travées. Étude expérimen-
deux fibres (ou hourdis). Cette déformation rela-
tale, Annales de l'ITBTP, 461, janv., pp. 118-156.
tive se traduit par une rotation, et donc par un
d é p l a c e m e n t vertical plus important. [6] OJEDA V. (1992), Évaluation sommaire de la
pérennité du pont de Savines, C E T E Méditerra-
© O n constate que les pertes par relaxation des née, mars.
aciers de précontrainte jouent un rôle essentiel
[7] FAVRE R. (1994), Critères pour le choix d'une
dans la déformation à long terme : ces pertes ont précontrainte ; application au cas d'un renfor-
probablement été sous-estimées lors du calcul de cement, Colloque sur la gestion des ouvrages
conception. d'art, ENPC, oct., pp. 213-225.
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[8] E Y M A R D R. (1994), Allowing for the creep of [11] F A V R E R. et al. (1995), Enseignements tirés
concrete in a finite-element structural calcula- d'essais de charge et d'observations à long
tion, Computers and Structures, V o l . 53,4, pp. 921 - terme pour l'évaluation des ponts en béton et le
928. choix de la précontrainte, Mandat de recherche
83/90, 514, Union suisse des professionnels de
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fluage du béton dans les ouvrages d'art
[12] BPEL 83 et 91 (1983, 1991), Règles techniques
construits par phases, Journées des sciences de
de conception et calcul des ouvrages et construc-
l'ingénieur du réseau des Laboratoires des Ponts
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béton dans les enceintes de centrales nucléaires, ternational du béton, Code modèle pour struc-
Thèse de doctorat, E N P C , 397 p. tures en béton.
ABSTRACT
Analysis of the relative influence of the different parameteis involved in the phenomenon showed that the long term
incredbe in deflection is amplified by the considerable difference between the quantities of remfoicements in the
upper a n d lower slabs a n d by prestressing losses due to the relaxation of the tendons It w a s also shown that for
this type of bridge the C E B FIP code model s e e m s to predict long term deformations a n d their kynotics bcttei than
the B P E L code
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