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LA FIN DES TEMPS MODERNES

Certes l'erreur est un mal, un mal qui s'est répandu depuis quelques siècles dans toutes les
parties du monde au point de donner l'impression qu'il n'y a plus rien hors de lui. C'est bien là
le signe extrême que quelque chose a été caché.

vendredi 16 mai 2014


CALLIGRAPHIE KOUFIQUE DU NOM MOHAMMAD

CALLIGRAPHIE KOUFIQUE EN CROIX


DU NOM MOHAMMAD
Le Nom Mohammad
Le dessin de cette calligraphie est formé par le nom du Prophète
Muhammad qui s’inscrit dans les quatre directions à partir du centre comme les
quatre fleuves du « Paradis terrestre »*. Chacun des côtés de cette calligraphie a
pour valeur 19, nombre qui multiplié par lui-même, est égal à 361, c’est-à-dire
une somme équivalente aux 360° du cercle auxquels s’ajoute l’unité de son
centre**.

* On distingue également le nom du calife Siyyidî ‘Alî dans la continuité du nom


Muhammad.
**Cette équivalence numérique symbolise la perfection de la Totalité universelle. Guénon
précise la correspondance entre le commencement et la fin d’un cycle en indiquant que le
cercle remplacé par le carré exprime « la réalisation de ce que les hermétistes désignaient
symboliquement comme la “quadrature du cercle” » ; et concernant les formes circulaire et
carrée : elles « se rapportent respectivement au symbolisme du Paradis terrestre et à celui de
la Jérusalem céleste (…) ».

Cliquer sur l'image pour l'agrandir


Les quatre droites partant du centre forment la croix polaire du swastika
(figure 1) relient ensemble trois « enceintes » nettement visibles dans la
décomposition en trois stases des figures ci-dessus.
Dans la première figure, les quatre mîm disposés en quartiers, entre les
droites en croix qui ordonnent la composition du Nom Muhammad, sont
assimilables aux
« canaux, par lesquels, l’enseignement de la doctrine traditionnelle se
communique de haut en bas, à partir du grade suprême qui en est le dépositaire,
et se répartie hiérarchiquement aux autres degrés » (R. G.).

Cette disposition en croix évoque les états multiples de l’être et correspondant à


autant de degrés d’initiation. Par sa composition en trois enceintes, elle évoque
également les “trois mondes” (trimurti) ; les trois cercles célestes** ; les degrés
hiérarchiques de l’Existence, etc.
**« les trois cercles célestes sont parfois représentés comme autant d’enceintes concentriques
entourant le Mêru, c’est-à-dire la Montagne sacrée qui symbolise le “Pôle” ou l’“Axe du
Monde” » (R. G.).

Le nombre 19 exprime le rapport existant entre l’unité et le dernier


nombre de la série décimale qui est celui de la périphérie dont la mesure définit
le cercle à partir du point central.
En outre, 19 est la valeur des termes Wâhad et Wujûd qui servent à
désigner l’Unité de l’être (Wahdât al-wujûd). Par conséquent, il exprime
également l’immanence des attributs divins par les 7 planètes auxquelles doivent
s’ajouter les 12 Signes du Zodiaque (7+12). C’est aussi le nombre des lettres de
la formule bismillah ar-Rahman ar-Rahîm, et celui des 19 gardiens du Paradis,
de ce bas-monde et de l’enfer, comme le signale une étude intitulée « Quelques
aspects de la matrice miraculeuse des attributs divins » dans laquelle, M.
Abdelbaqi Meftah analyse un “carré magique” (dont la valeur de chacun des
côtés est 10) contenant les 99 Noms d’Allâh et celui de Son Prophète*.
* La somme des valeurs numériques des noms contenus dans chaque ligne, colonne ou
diagonale de ce “carré magique” est égale à 3394, nombre dont l’addition de ses quatre
chiffres est égal à 19 (3+3+9+4=19) ; voir la revue Horizons maghrébins, numéro de janvier
1999.
Le Nom ‘Alî
Les quatre mîm de la première figure figurant sur chacun des quatre côtés
de l’enceinte extérieure* se prolongent par le nom de Sayyidina ‘Alî, le
quatrième calife rashidûn qui fut désigné pour succéder au califat de ‘Uthmân.
Ce prolongement s’accorde avec la légitimité de S. ‘Alî mentionné par le
Prophète (‘a s) selon ces termes :
« Désormais, celui qui me reconnait pour son maître (mawlâhu), pour lui,
‘Alî est son maître »**.

Nous arrêterons là notre commentaire en faisant remarquer avec Fulan ***


que la dix-neuvième lettre de l’alphabet arabe est le qâf, initiale de Qutb, qui
signifie « Pôle » en arabe, ce qui vient encore souligner le caractère polaire de
cette calligraphie mis en évidence par les figures de notre décomposition
graphique.

* la seconde lettre mîm de mohammad est une lettre redoublée.


** La désignation (nass) de S. ‘Alî comme son représentant (khalife) ne fut jamais révoquée.
Voir aussi le chapitre de la traduction du ( ) de Deladrière ; La Profession de foi, Ed.
Sinbad, Paris 19
***Voir le numéro 116 de VLT dans lequel Fulan prolonge ce commentaire selon le
symbolisme maçonnique (le texte de Fulan est mis en ligne sur ce blog dans le "message" du
10/01/2016).

***
Salat al-mashashîyyah,

Voir la traduction annotée de la Salat al-mashashîyyah par Titus


Burckhardt, insérée dans Symbole Recueil d’essais, ouvrage posthume publié
aux éditions ARCHÈ Milano en 1980.

Le soufi marocain ‘Abd al-Salâm Ibn Machîch vécut isolé sur une
montagne au Maroc. Son renon s’était répandu, de son vivant, dans le monde
islamique tout entier. A cette époque, Abû al-Hasan al-Shâdhilî, dans le but de
trouver le Qutb, suivait les enseignements d’un Shaykh nommé Abû al-Fath al-
Wâsitî. Ce dernier lui conseille de se rendre au Maroc pour rencontrer ‘Abd al-
salâm Ibn Machîsh de Fès qui était retiré dans le Rif sur la montagne « Jabal
‘Alâm ». Lors de leur première rencontre, le maître lui demanda d’accomplir le
Ghusl (la grande ablution) ; quand Abû al-Hasan se fut exécuté, il lui demanda
de recommencer ; la troisième fois, Al-Shâdhilî dit : « Je me purifie de toutes les
connaissances que j’ai acquis auparavant ».

‘Abd al-Salâm Ibn Machîch « mourut en l’an 1228 de l’ère chrétienne,


dans son ermitage sur le mont al-‘Alam, du massif rifain ; son tombeau sur la
cime de cette montagne est un des lieux de pèlerinage les plus vénérés de tout le
Maghreb.
On ne possède de lui qu’un seul texte, sa célèbre prière sur le Prophète
que l’on récite dans toutes les confréries de filiation shâdhilite, et qui est comme
un résumé de la doctrine soufique de l’Homme universel (al-insân al-kâmil).
Rappelons que toute prière sur le Prophète se réfère implicitement à cette
in jonction coranique : « Dieu et Ses Anges bénissent le Prophète ; ô qui croyez,
bénissez-le et souhaitez lui la paix » (XXXIII, 55) » (T. Burckhardt).

Silsilah de la tariqah shâdhiliyyah

L’Imâm Abû-al-Hasan al-Shâdhilî, le fondateur de la tariqah


Shâdhiliyyah, occupe le 19ème rang dans la silsilah :
JIBRÎL – 1 Mawlânâ sayyidinâ MOHAMMAD (‘as), H. 11 ; 632* – 2
‘Alî, H. 30 – 3 Hasan, H. 60 – 4 Hassan al-Basrî, H. 110 – 5 Habîb al ‘Ajamî, H.
157 – 6 Dâwûd al-Tâ’î, H. 162 – 7 Ma‘rûf al-Karkhî, H. 199 – 8 Sarî al-Saqatî,
H. 253 – 9 Abû Qâsim al-Junayd, H. 298 – 10 Abû Bakr al-Shiblî, H. 334 – 11
Abû Faraj al-Tamîmî – 12 Abû Faraj al- tarasûsî – 13 Abû ‘Alî bin Yûsuf al-
Hikkârî – 14 Sa‘id al-Mubârak – 15 ‘Abd al-Qâdir al-Jîlânî, H. 571 – 16
Shu‘ayb Abû Madyan, H. 589 – 17 ‘Abd al-Rahmân al-Madanî – 18 ‘Abd al-
Salâm Ibn Machîsh, H 625 – 19 Abû al-Hasan al-Shâdhilî, H. 656 ; 1258*.

*Selon l’ère chrétienne.

Publié par Mahdi Rouge à 01:32


Libellés : Cosmologie musulmane

mardi 13 mai 2014


SHÂ’A BAHÂ AD-DÎN NAQSHABANDÎ

LE SHAYKH
SHÂ’A BAHÂ AD-DÎN NAQSHABANDÎ
Extrait traduit de l’ouvrage : JAILLISSEMENT DE LA SOURCE DE VIE (Rishahât al-
‘ayn al-hayât)* du Sheykh ‘Alî bin Usîn al-Wâ’idh al-Hurwy.
Sa naissance eut lieu au mois de muharram de l’année 718 de l’Hégire du
vivant de Khawâja Alî Ramatâni dit Hazrat Azîzân. Selon certains biographes,
ce dernier disparait en 721.
À propos de Bahâ ad-dîn, il est dit que la lumière de la guidance et de la
proximité divine émanait de son front dés son enfance. Sa mère relate que
lorsqu’il eut quatre ans, il pointa son doigt en direction de l’une des vaches de
la ferme et prédit que celle-ci aurait un veau au front brillant, ce qui fut le cas.
Khawâja Bahâ ad-dîn eut, dés sa naissance, le privilège d’être regardé et accepté
comme son fils spirituel par Bâbâ as-Samâssî ; son éducation dans la voie, du
point de vue formel, fut l’œuvre d’Amîr Kulâl (le khalif de Bâbâ as-Samâssî).
Pour ce qui est de la réalité spirituelle (haqîqah), il fut un Uwaysî (1) ,
instruit par l’esprit d’Abd al-Khâliq al-Ghujdawânî, comme cela est bien
connu, de la vision dont il fut gratifié dans les débuts de sa voie et dont le livre
des Mâqâmat donne les détails. Il n’échappe à personne que plusieurs Shuyûkh
de la silsilah des Khawâjagan pratiquaient aussi bien le dhikr khafî (2) que le
dhikr à voix haute, cela depuis l’établissement du Khawâja Mahmûd al-Angîr
Faghnawî jusqu’à l’époque d’Amîr Kulâl. On les appelle dans cette noble
chaîne, ceux qui pratiquent le dhikr à voix haute.
Lorsque vint le temps de la manifestation du khawâjah Bahâ ad-dîn –
qadas Allâh sirra hu – lequel reçut de la Rûhâniyah (de l’esprit) du Khawâjah
Abd al-Khâliq l’ordre d’agir selon la « décision ferme » (bi -l-’azimah) (3)
dans les œuvres. Par conséquent, il choisi le dhikr al-khafî et s’écarta du
dhikr à voix haute (dhikr al-‘alâniyah). Ainsi, chaque fois que les disciples
(ashâb) d’Amîr Kulâl pratiquaient le dhikr jahrî (à voix haute), il se levait et
sortait. Ce comportement gênait Emîr Kulâl. Mais le Khawâjah ne se
préoccupait pas de ce fait et ne cherchait pas à se justifier. Par contre, il ne
négligeait rien pour ce qui concernait le service à l’égard de son maître. Il
travaillait et restait toujours près de lui, ne sortant jamais du taslîm (4) ni de
l’acceptation du joug de la servitude envers le shaykh.
Chaque jour, Amîr Kulâl se tournait davantage vers le khawâjah.
Certains disciples se sont laissés aller à critiquer Bahâ ad-Dîn en exposant
quelques uns de ses états pour en souligner l’imperfection. Cependant Amîr ne
leur répondit rien en cette circonstance jusqu’à ce que soient rassemblés
dans le village de Sûkhâr tous les disciples anciens et nouveaux, c’est à dire à
peu près cinq cent personnes, remplissant de la sorte la mosquée et d’autres
demeures.
Une fois réunis autour d’Amîr, celui-ci s’est tourné en direction de ceux
qui médisaient sur le Khawâjah et dit : « Vous avez eu de mauvaises pensées
concernant mon fils Bahâ ad-Dîn et vous vous êtes égarés en assimilant ses états
à l’imperfection, alors que vous ignorez tout de son cas spirituel (amr). Vous
n’avez pas pris la juste mesure de sa valeur car le regard du Vrai (haqq)
enveloppe constamment tout son être et le regard de l’élite des serviteurs
d’Allâh se conforme au regard du Vrai. Ainsi, c’est sans effort ni choix de ma
part que je maintiens mon regard sur lui ».
À ce moment là, le Khawâjah était occupé. Amîr le fait demander et
s’adressant à lui, il dit : « Ô mon fils, Bahâ ad-Dîn, j’ai rempli mon devoir
concernant l’ordre de Bâbâ as-Sammassi à ton sujet, lorsqu’il m’a dit “J’ai fait
tout mon possible pour t’éduquer, de même toi, ne sois pas défaillant quant à
l’éducation de mon fils Bahâ ad-Dîn. J’ai accompli ce qu’il m’a ordonné” ».
Puis, pointant son doigt vers sa noble poitrine, il a dit : « J’ai vidé les seins de la
connaissance pour toi et ainsi a été délivré l’oiseau de ta nature spirituelle
(ruhânîya) de l’œuf de la nature humaine (basharîya). Mais le faucon de ta
himmah (ferveur spirituelle), évolue dans les hauteurs et je t’autorise à présent
à visiter les contrées. Si te parviens le goût des connaissances venant des turcs
et des tadjiques, prends-le et n’hésite pas à le demander par le moyen de ta
himmah ». Le khawâjah a dit : « Ces paroles, venant de la présence d’Amîr
Kulâl, ont été la cause de mon épreuve, car si j’étais resté dans l’obéissance
convenue à son égard, je me serais tenu éloigné de l’épreuve et rapproché de la
sérénité ».
Après cela, il fréquenta Mawlana Arifân durant sept années puis s’astreignit à
la compagnie du Sheykh Qatham et de Khalîl Atâ (durant douze ans pour ce qui
concerne ce dernier). Il se rendit à la Mecque deux fois, la deuxième fois en
compagnie de Mohammad Parsâ.
Arrivé au Khorasan, il envoya Mohammad Parsâ et ses disciples (âsahâbu
hu) par la route de Bawrad vers Nishapur tandis que lui-même se rendit à Hérat
afin de rencontrer Mawlânâ Zîn ad-Dîn Abu Bakr at-Tâ’îbâdî auprès duquel il
resta trois jours. Il se dirigea ensuite vers le Hijaz et retrouva les disciples à
Nîchâpûr. Il demeura un temps à Merv et rentra enfin à Boukhara pour y rester
jusqu’à la fin de sa vie. Le détail de ses états est mentionné dans ses Mâqâmat.
Lorsqu’Amîr Kulâl, durant la maladie qui lui fut fatale, fit une allusion et
indiqua aux disciples de suivre Bahâ ad-Dîn, ceux-ci dirent : « Il ne t’a pas
suivi dans le dhikr à voix haute, comment pourrions-nous le suivre ? ». Amîr
Kulâl leur répondit : « Tout acte venant de lui est fondé sur la Sagesse
divine (5), sans aucun choix individuel de sa part ». Puis il déclara, citant un
vers de poésie persane : « Ô Toi dont j’exécute toutes les actions en conformité
avec ce que Tu sais ! ».
Parmi les aphorismes des Khawâjagân, il y a celui-ci : « Si Il te fait
paraître sur la scène publique sans ta volonté propre, ne crains rien ; mais si tu
décides de te manifester selon une initiative individuelle, alors, soit dans la
crainte ».
Evocation de la disparition de Bahâ ad-Dîn par notre maître
mawlânâ Muskîn (pauvre) qui fut l’un des grands de ce temps là.

« Le sheykh Nûr ad-Dîn al-Khalwatî mourut à Boukhara et, alors que


Bahâ ad-Dîn Naqshaband assistait à la réunion prévue pour les «
condoléances », les pleurs ont augmentés et les plus faibles se sont mis à crier
d’une manière peu convenable, ce qui a provoqué en lui la réprobation. Il leur a
interdit de se lamenter (6) et chacun alors a parlé selon son état en exprimant
ses doléances.
Le sheykh Bahâ ad-Dîn a dit : « Lorsque ma vie arrivera à son terme,
informez les derviches de ma mort ». A son tour Mawlânâ Muskîn déclara : «
Ces paroles sont toujours restées dans mon cœur jusqu’à ce que la maladie du
Khawâjah l’emporte. Il était alors parti pour Kârwân Sarây’nî. L’élite de ses
compagnons resta auprès de lui durant sa maladie. Il leur prêtait une attention
particulière en se tournant vers chacun d’eux. Lorsque l’heure arriva, il leva
les mains et dans un dernier souffle, fit une longue prière (du’â), puis essuya
son noble visage avec ses deux mains bénies. Il quitta ce monde dans cet état ».
Notre sheykh rapporte (7) que Mawlânâ ‘Alâ ad-Dîn Ghujduwânî a dit :
« J’étais en présence de Bahâ ad-Dîn durant sa maladie et à ses derniers moments,
alors que l’âme allait sortir. Lorsqu’il m’a vu, il dit “Ô ’Alâ, mets toi à table (8) et
mange !”, il m’appelait toujours ‘Alâ. Il me convia ainsi et j’ai mangé deux ou
trois bouchés afin de lui obéir, mais je ne ressentais aucune faim dans cet état.
J’ai alors replié la nappe, mais il a rouvert les yeux. Me voyant faire, il a
réaffirmé “mets-toi à table et mange !”, j’ai avalé encore deux bouchées et
lorsque je repliais de nouveau la nappe, il me dit “Prends de la nourriture ! Il
faut qu’il mange beaucoup et qu’il s’occupe beaucoup (9)”, répétant ceci quatre
fois ! A ce moment, les disciples en étaient à se demander à qui le khawâjah
allait transmettre la guidance, à qui allait-il confier cette charge et les affaires des
foqarah. Le Khawâjah perçut leurs pensées et dit “Pourquoi me perturbez-vous ?
Allâh est celui qui décrète ; ces choses là ne dépendent pas de moi. S’il veut
vous faire l’honneur de cette fonction, il vous sera manifesté des signes”. Le
Khawâjah’Alî Dâmâd, lequel faisait parti des serviteurs du Khawâjah, a
dit : « Au moment de sa dernière maladie, le Khawâjah m’ordonna de creuser la
tombe à l’endroit illuminé où il reposera. Lorsque j’eus terminé, je revins auprès
de lui et pensai intérieurement - qui sera le murshîd après ? vers qui se
déplacera l’Irshâd ? (10) - . Il leva sa tête bénie et dit “ La parole est celle que
j’ai prononcé de manière définitive durant mon voyage dans le Hijaz ;
quiconque désire me voir, qu’il regarde le Khawâjah Mohammad Pârsâ” ».
Deux jours après avoir prononcé ces paroles, il partit vers la miséricorde
de Dieu. Le khawâjah ‘Alâ ad-Dîn al-‘Attâr a dit : « J’ai récité la sourate Yâ Sîn
pendant le départ du Khawâjah, et, arrivé au milieu de la sourate, les lumières ont
commencé à se manifester. J’ai invoqué la parole du Tawhîd (11), et le souffle
du Khawâjah s’est ensuite arrêté ».
Il avait atteint sa soixante treizième années et entamé la soixante
quatorzième. Il disparut le 3 Rabi’a al-awwal, dans la nuit du dimanche au lundi
en l’année 791 de l’Hégire.

Traduit et annoté par


R. G.

NOTES

*Litt. : « Suintements perlant de la source de vie ».

(1) D’après le nom du célèbre contemporain du Prophète qui fut éduqué par ce dernier sans
jamais l’avoir rencontré dans ce monde. Ce terme désigne ceux qui bénéficient d’une
éducation spirituelle prodiguée par l’esprit d’un maître qui n’est plus dans le monde sensible.
(2) C’est à dire caché ou silencieux. Le dhikr khafî est spécifique à la tarîqah
Naqshabandiyyah.
(3) La’azimah consiste à ne pas choisir la facilité dans l’accomplissement des œuvres, mais à
s’astreindre au maintient du niveau demandant le plus d’exigence.
(4) Taslîm : acceptation joyeuse et volontaire de la Volonté divine
(5) Nous avons ici l’expression de « sagesse divine » (al-hikmah al-ilâhiyyah) que René
Guénon avait signalé comme étant l’équivalent numérique du mot sûfî (valeur 186). Le
Sheykh indique de cette manière indirecte la réalisation de son disciple.
(6) Il est intéressant de noter le commentaire d’A. K. Coomaraswamy à propos d’un texte
hindou sur le voyage posthume de l’être vers l’immortalité : «...“ Partant d’ici avec le Soi
Prescient (prajnâtmanâ), il est re-né (samabhavat) immortel ” ; en général, il est admis
qu’une pleine vie ici-bas, comprise de manière sacramentelle, doit impliquer une pleine vie là-
bas ; et pour cette raison la mort est traditionnellement une occasion de réjouissance plutôt
que de doléance. Pour ceux qui connaissent leur Soi, il ne peut y avoir aucune peur de la
mort. La manifestation d’un chagrin lors des funérailles (crémation) indienne est
exceptionnelle ; lorsque a lieu une telle manifestation, même un paysan dira ; “ pauvre homme,
il ne connaît pas mieux” ». [notes du traducteur]
(7) Il s’agit du maître de l’auteur, à savoir Mawlânâ Naçîr ad-Dîn Khawâjâh ‘Ubaîdul-Llâh.
(8) La « table » est ici une simple nappe sur laquelle on dispose les mets.
(9) Remarquons comment par un simple passage du pronom personnel au pronom
impersonnel, le sheykh assiste efficacement son disciple…exemple d’un enseignement très
direct.
(10) i.e., la fonction de guide spirituel.
(11) « Al-kalimatu-tayba », Litt. : « Il n’y a pas de dieu si ce n’est Dieu » .
Silsilah al-tariqah al-Naqshabandiyyah

ALLÂH – ta‘alâ –
MOHAMMAD – ‘alayhi al-salâm –
al-Siddîq ; Salmân; Qâsim ; Ja‘far ; Tayfûr ; Abû-l-Hassan ; Abû ‘Alî ; Abû-l-
‘Abbas ; ‘Abdu-l-Khâliq ; Ârif ; Mahmûd ;’Alî ; Mohammad Bâbâ al-Samâsî ;
Sayyid Amîr kulâl ; Kwawâjakî Mohammad Bahâ’al-Dîn Naqshaband.
***

Les neufs règles élémentaires de l’adâb, lorsqu’on assiste au khatm


khawajagan, selon Shah Baha al-dîn Naqshaband*.
La règle pour le murîd est :

1) D’être dans le même état de crainte que s’il se rendait chez un sultan
tyrannique dont l’injustice est telle que tuer devient licite.

2) Ne parler à personne depuis le moment où il se prépare à partir vers le


lieu de réunion du khatm khawajagan.

3) Pratiquer la grande ablution rituelle, s’habiller de lamanière adéquate et


éviter expressément toute pensée négative envers autrui même si cela nous pèse
terriblement.

4) Ne laisser venir à l’esprit aucune pensée qui irait à l’encontre des


devoirs de la shari‘ah, et si ce genre de pensée lui vient à l’esprit, il doit veiller à
ne la laisser s’installer dans son cœur.

5) Se mettre dans la condition de ne pas savoir qui est à sa droite et à sa


gauche (pendant la séance).

6) Être persuadé qu’il est en compagnie des plus grandes personnalités


spirituelles pendant le khatm.

7) Rendre présent en son cœur les significations de ce qu’il récite.

8) Être convaincu, et le reconnaître ouvertement, qu’il n’est pas capable


de réaliser un tel adâb.

9) Être convaincu qu’il ne pourra jamais atteindre les réalités profondes


(de l’adâb), si ce n’est par ce khatm, et ce même si son adoration et son service
équivalaient à ceux des hommes et des jinn réunis.

* Extrait d’un écrit du Shaykh sayyid Sharaf al-dîn al-Dâghastânî (le shaykh de Mawlâna
‘Abdu-Llâh al-Fâ‘iz al-Dâghastânî, le shaykh de Mawlana shaykh M. Nâzim Adil al-Haqqânî
al-Qubrusî al-Naqshabandî).

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