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La perestroïka (« перестройка » en russe ) est le nom donné aux réformes économiques et sociales menées par le président de
l'URSS Mikhaïl Gorbatchev en Union soviétique d'avril 1985 à décembre 1991, selon trois axes prioritaires respectivement
économique, social et éthique : l'accélération, la démocratisation et la transparence.
Sommaire
Les origines : compétition avec les États-Unis
Le contexte interne
Critique trotskyste
Critique selon les économistes libéraux Propagande en faveur de laperestroïka sur
un timbre postal de l'URSS de 1988.
Le contexte externe
« La cause de la révolution d'Octobre se
Le remède poursuit avec la Perestroïka. Accélération
Les causes de l’échec (Ouskoreniye), Démocratisation
L'absence d'État de droit (Demokratizatsiya), Transparence
La dérive mafieuse des structures du pouvoir (Glasnost) ».
La crise politique
Notes et références
Notes
Références
Voir aussi
Bibliographie
Articles connexes
Ainsi, le gouvernement soviétique, en voulant à tout prix être considéré par les États-Unis comme son égal, met en évidence ses
faiblesses technologiques ; sur le plan médiatique, la multiplication des témoignages sur son système répressif (dans le sillage de
celui, solidement étayé, d’Alexandre Soljenitsyne) finit par décrédibiliser la propagande officielle dépeignant un « paradis des
travailleurs » : le prestige du pays en pâtit. À la fin du XXe siècle, l’Union soviétique apparaît de plus en plus comme un « dinosaure
politique » et perd la compétition face à l’Occident dans trois domaines-clés : l’informatique, l’espace et la biochimie. L’accident
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nucléaire de Tchernobyl de 1986, qui coûte 18 milliards de roubles (18 milliards de dollars) au pays est l’un des effets les plus
apparents de cet échec.
Le contexte interne
Si la nomenklatura (bureaucratie), très minoritaire, peut rivaliser avec la petite bourgeoisie américaine blanche, la majorité de la
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population, elle, n’a guère plus de droits et de pouvoir d’achat que les afro-américains soumis à ségrégation
la :
la position constitutionnelle de jure du parti communiste local en tant que «parti unique et organe dirigeant de
l’État », interdit en effet de facto la constitution d’associations, syndicats ou autres structures sociales
indépendantes du pouvoir, et impose un courant de l’autorité et de légitimité » s( ouveraineté), allant du sommet (le
Comité Central) vers la base (les autres structures du Parti, les institutions, les entreprises, les citoyens)… ;
une logistique policière massive de surveillance et répression de la société civile, articulée autour de lapolice
politique, fait régner un climat de crainte permanente par lacensure, l’écoute aléatoire et sans aucun contrôle
juridique des conversations téléphoniques, l’ouverture du courrier, le quadrillage territorial, institutionnel et
professionnel systématique du pays, la pratique courante d’arrestations arbitraires, de tortures en cours
d’interrogatoire et d’internement psychiatrique et dedéportation des citoyens arrêtés, avec ou sans « jugement »,
dans les réseaux de camps detravail forcé du Goulag… ;
la stricte planification d’État sur le plan économique, ne touche pas seulement les orientations macro-
économiques et le commerce international, mais aussi tous les aspects de la production, de la distribution et de la
consommation, au mépris des ressources disponibles, des possibilités techniques, de l’environnement et des
besoins de la population, interdisant toute forme d’ autogestion et induisant des inégalités entre labureaucratie du
parti, de l'État, de l'armée et du KGBqui dispose d’un niveau de vie satisfaisant, et le reste de la population
confronté à une pénurie permanente d’énergie, de denrées, de produits finis et de services (ce qui encourage le
développement d’une économie informelle, mais spéculative)… ;
enfin un strict contrôle des activités culturelles, des média et des droits des citoyens à l’opinion, à l’expression et
au déplacement (nécessitant des autorisations et divers visas préalables pour changer d’emploi, de domicile, de
résidence à l’intérieur du pays, et encore plus pour voyager hors du pays, et surtout dans les pays non-
communistes) assèche toute pensée créative et empêche toute initiative et toute expression critique susceptibles
d’améliorer la société, l’économie, les institutions.
Les auteurs trotskystes comme Boris Souvarine ou David Rousset furent parmi les premiers à décrire ces dérives, également
dénoncées par divers témoignages comme ceux d’André Gide dans Retour de l'U.R.S.S., Panaït Istrati dans Vers l'autre flamme, ou
Victor Kravtchenko dans J'ai choisi la liberté, tous combattus avec véhémence par la propagande soviétique et ses supporters,
généralement efficaces comme en témoignent de nombreux visiteurs occidentaux, certains prestigieux, qui reviennent d’URSS sans
avoir rien vu d’inquiétant.
Critique trotskyste
La cause profonde de ce retard a pour origine, selon Trotsky, le processus de bureaucratisation du système soviétique. La
nomenklatura a commencé à se former dès 1918, sous Lénine, avec la fondation et le rapide développement de la Tchéka, que les
défenseurs du pouvoir bolchevik (qu’ils pensent être l’État ouvrier de leurs vœux) attribuent à l’agression des forces réactionnaires.
Selon eux, la bureaucratisation aurait commencé à partir de la prise du pouvoir par Staline en 1924 et s’expliquerait par les échecs
des révolutions communistes en Europe, comme en Hongrie en 1919 ou en Allemagne en 1923, qui justifieraient la théorie du
« socialisme dans un seul pays ». Quoi qu’il en soit, la caste dirigeante de l’appareil d’État, de l’armée et de la police politique,
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détachée des travailleurs, s’appropria l’ensemble des leviers de l’État et de l’économie dans son propre intérêt . Pour maintenir et
élargir ses privilèges au détriment de la majorité des travailleurs, cette caste exerça un contrôle de plus en plus strict sur l’ensemble
de la société jusqu’autotalitarisme, par un dense quadrillage policier territorial et social touchant toutes les localités, les quartiers, les
immeubles, les entreprises et institutions civiles et militaires, ce qui mena à la destruction de toutes les organisations de démocratie
ouvrière ou paysanne mises en place pendant la révolution russe. Parallèlement à ce contrôle politique et social, s’exerça également
un contrôle toujours plus étroit dans le domaine économique. L’extrême centralisme de l’économie de l’URSS qui en découla, dans
un contexte autoritaire supprimant toutes les formes d’autogestion et de démocratie ouvrière, annihila de plus en plus toute capacité
d’initiative personnelle et d’inventivité, car tout échec était aussitôt qualifié de « sabotage » par le NKVD et envoyait ses auteurs au
Goulag. La nomenklatura bureaucratique au pouvoir devint ainsi un frein de plus en plus important au développement du pays : ses
directives donnant systématiquement priorité à l’industrie lourde empêchèrent une production suffisante de biens de consommation
courante, d’électro-ménager et de moyens de transport familiaux, plaçant ainsi la masse des travailleurs, à l’exception des rares
stakhanovistes, dans une situation depénurie chronique, et parfois aigüe («famines soviétiques »).
En mars 1921, dans un contexte économique difficile à la suite de la guerre civile russe, Lénine lui-même avait pourtant anticipé le
risque d’une centralisation excessive de l’économie, c’est-à-dire ne reposant pas sur la prospérité économique et le développement
culturel dans une société démocratique. C’est pour cela qu’il lança sa Nouvelle politique économique(NEP). La NEP s’accompagna
de mesures comme l’autosuffisance des entreprises d’État, la libéralisation du commerce intérieur, la distribution des terres agricoles
aux paysans, etc.
Alexis Kossyguine, élu président du conseil des ministres en 1964, devait mettre cette réforme en application. Mais, sous prétexte
qu’elle risquait de provoquer le déclin accéléré de l’URSS, elle est abandonnée dans les années 1970 ; mise en application, elle aurait
privé les oligarques de leurs pouvoirs, au profit des gestionnaires et destechniciens.
À la fin des années 1970, devant ces déconvenues, le KGB, dirigé par Iouri Andropov, diligente une enquête confidentielle pour
évaluer le PNB soviétique, selon les critères qualitatifs occidentaux, c’est-à-dire en y intégrant le concept de « valeur ajoutée », et
non plus seulement en se fiant à la production en volume (en nombre d’unités produites), comme le voulait la tradition communiste.
Le résultat est très défavorable et apporte la preuve du déclin de l’Union soviétique, qui voit son économie dépassée par celles du
Japon et de la RFA.
Andropov décida donc de créer une institution, l’Institut de l'Économie Mondiale et des Relations Internationales de Moscou dit
Imemo. Sa vocation était de forger une nouvelle élite, sur le modèle des énarques français et des diplômés de Harvard, où l’étude des
économistes occidentaux (Keynes, Milton Friedman, Hayek) serait permise. Diplomate et journaliste, spécialiste du monde arabe,
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Ievgueni Primakov en prit la direction .
Le contexte externe
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Sur la scène internationale, vers le début desannées 1980, l’URSS est confrontée à une situationgéopolitique nouvelle :
la transparence nouvelle des statistiques révèle que despays industrialisés comme le Japon et la RFA disposent
d’une économie plus puissante que celle de l’URSS ;
la Chine commence une croissance économique rapide ; à partir de 1978,Deng Xiaoping entreprend une
véritable « révolution structurelle » en permettant économie
l’ de marché qui insuffle un dynamisme considérable à
l’économie chinoise ;
l’accélération des échanges et des informations permise par le développement des réseaux informatiques, creuse
l’écart avec les États-Unis, dont la domination économique et militaire s’accroît.
N’étant pas en mesure de soutenir financièrement le rythme de la compétition économique internationale et de la course aux
armements, et dans un contexte de stagnation économique et d’une baisse des cours du pétrole, l’URSS n’a pas d’autre choix que de
songer à une nouvelledétente et au désarmement.
Le remède
Le 11 mars 1985, la direction vieillissante du Parti unique, consciente du danger, porte alors au pouvoir Mikhaïl Gorbatchev, le jeune
représentant de la nouvelle génération de dirigeants, réputé « pur produit » de l’ère soviétique, qui n’a alors que 54 ans.
Soutenu par des instituts de recherche tel l’Institut d'études des États-Unis et du
Canada, le nouveau secrétaire général du Parti communiste s’efforce de sauver le
système par d’importantes réformes structurelles qui reprennent partiellement les
idées du socialisme à visage humain et du professeur Evseï Liberman formulées
vingt-cinq ans auparavant, et rompent dans une certaine mesure avec les principes
léninistes tels qu’ils avaient étéappliqués jusqu’alors :
Le manque d’un climat de confiance, garanti par une législation précise respectée par l’État, indispensable pour la réussite des
réformes, est le principal obstacle politique, et la toute-puissance des dirigeants du parti et du KGB sur l’État et la société demeure
intacte. D’autre part, le système de planification économique centralisée est démantelé sans qu’une autre structure de régulation du
marché ne soit mise en place, ce qui de fait revient à officialiser l’économie parallèle. Contrairement à la Chine, l’élaboration d’une
législation clairementlibérale (droit de l’entreprise, droit des faillites, droit des contrats, droit bancaire, droit de la propriété foncière,
droit du travail, etc.) n’est pas voulue par le régime de Gorbatchev, attaché aux bases du communisme, ce qui le fait paraître hésitant.
Cette réforme bute sur le même obstacle : l’autonomie des entreprises et des travailleurs entre en conflit avec l’appareil du Parti et de
la police politique.
La crise politique
Gorbatchev entre en conflit avec Boris Eltsine, ancien secrétaire du Parti pour la région de Moscou, qui exige la fin du monopole du
Parti communiste sur le pouvoir et le pluripartisme dans les élections. À la fin de la décennie 1980 et à la faveur de la transparence,
les identités nationales des pays non-russes de l’Union, jusque-là étouffées et victimes de la russification, s’organisent contre le
pouvoir central en mouvements autonomistes, puis indépendantistes, et finissent par l’emporter d’abord dans les pays baltes, puis en
Ukraine, en Moldavie, dans le Caucase et dans certaines républiques d’Asie centrale comme le Tadjikistan. Les autres soutiennent la
nouvelle fédération promue par Gorbatchev. Le mouvement centrifuge n’est pas unanime : dans les républiques indépendantistes, des
régions pro-russes exigent de rester soviétiques (Crimée en Ukraine, Transnistrie et Gagaouzie en Moldavie, Abkhazie et Ossétie du
Sud en Géorgie) : pour y parvenir, elles font sécession contre leur République.
Cette situation chaotique provoque la rupture entre Gorbatchev et l’opinion publique russe : le tout nouveau président de l’Union
soviétique doit affronter les conservateurs, dirigés par Egor Ligatchev, secrétaire du Comité Central et membre du Politburo, et les
partisans de la liquidation du régime, dirigés par Boris Eltsine. La dynamique centrifuge ne peut plus être arrêtée. Le résultat est
l’effondrement de toute l’économie soviétique dans une pénurie aggravée, le déclenchement de plusieurs conflits armés notamment
dans le Caucase, un coup d’état raté des conservateurs, et la dislocation de l'URSS.
Notes et références
Notes
a. Ce qui signifie : « reconstruction », « restructuration », avec un élément novateur de péré-
« » = re-, et « stroïka » =
construction
Références
1. Mikhaïl Gorbatchev dansLa bataille de Tchernobyl, documentaire français (100 min), ProductionPlay Film, 2005.
2. Alexandre Zinoviev, Le Communisme comme réalité, Julliard, 1981, pages 58 et suivantes ; Archie Brown,The Rise
and Fall of communism, Vintage Books, 2009, page 105 etJean-François Soulet, Histoire comparée des États
communistes de 1945 à nos jours, Armand Colin, coll. « U », 1996, pages 11-42
3. Trotsky, La révolution trahie, 1936
4. Vladimir Fédorovski, Poutine, l'itinéraire secret, Le Livre de Poche, juin 2017, 261 p., P.112
5. Revue Hérodote 4e trimestre 1989, Éditions La Découverte.
6. Catherine Durandin, Ceauşescu, vérités et mensonges d'un roi communiste , Albin Michel, 1990.
7. Mikhaïl Voslenski, Nomenklatura: The Soviet Ruling Class, éd. Doubleday, 1984, ISBN 0-385-17657-0
8. Le moment Gorbatchevde Françoise Thom, Hachette 1989.
Voir aussi
Articles connexes
Glasnost
Chute des régimes communistes en Europe
Histoire du communisme
Mikhaïl Gorbatchev
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