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DE LA CINQUANTAINE PA SC A LE
AU COURS
DES CINQ PREMIERS SIÈCLES
BIBLIOTHÈQUE DE LITURGIE
ROBERT CAB1É
LA PENTECÔTE
L ’évolution de la Cinquantaine pascale
au cours des cinq premiers siècles
DESCLÉE
Bibliothèque de Liturgie
sous la direction de
A.-G. MARTIMORT
N ih il obstat :
A. G . M a r tim o r t
prof, in Facultate theol, Tolosan,
I m prim atur :
Prlnted in Belgium
INTRODUCTION
1 L e Deutêronome prescrit les trois solennités qu'il nomme fête des Azymes,
fête des Semaines et fête des Tentes. L e livre a connu des rédactions successives;
la mention de Jérusalem, par exemple, «lieu choisi par le Seigneur pour y faire habiter
son nom », manifeste une intention centraliste qui ne peut venir du document primitif
C'est cependant à la couche la plus ancienne qu'il faut attribuer, semble-t-il, la mention
des trois grandes solennités.
* H. C a z e lle s , Études sur le Code de VAlliancey Paris, Letouzey et Ané, 1946,
p. 99 »
* Il est possible que la fête ait une origine chananéenne, mais elle a pris en
Israël un sens proprement yahwiste.
* * Peut-être aussi les incertitudes du calendrier ont-elles joué un rôle avec le
décalage qu’il produit entre le cours des étoiles et le temps de la moisson, proprement
solaire » (H. C a z e lle s , ibid.).
La Pentecôte juive, fête de la moisson 17
1 Bikkurim, III, trad. M . Sch w ab, Le Talmud de Jérusalem, II, Paris, Maison-
neuve, i960, p. 382-390. Pour toutes les indications concernant la tradition rabbinique,
nous sommes tributaires de K . Hrubi, d’après des notes polycopiées du cours qu’il
a donné à l’Institut Supérieur de Liturgie en 1963 sur « Les Cycles des fêtes de l’année
juive. »
* P h ilo n , De Decalogo, 160, éd. L . C o h n , Berlin, 1906, p. 304. « ...x a l t?)v
ànb TaÔT7)ç xaTapiO[xoi)(jLévrjv èrera êpSopuxatv 7revr/)xooT^v 7)|iépav èv 7upoaàyeiv
à'prouç ëOoç, ol xaXouvTai 7rp<0T0yevve|iàTG>v êrùpMDç, è7uei8r)7rep elatv àTcapx*?}
ysvvepuÉTaiv x a l xap^ôv fjfxépou Tpo<pyjç, ■
Jjv àv 0 ptù7rCî> ^[zepcoTaTCp Çcjxov arcévetpiev
ô 0e6ç... *
La Pentecôte juive, fête de la moisson 19
1 Notons que ce terme devait être d'un usage récent ou du moins peu généralisé,
puisqu’il est expliqué en Tob.y II, i (èv tj} 7revT/)xocnrïj êopTjj, ècmv à y la
ércrà êpSofxà&cov) et en quelque sorte excusé en 2 M a c c X II, 32 (Mexà XeyoïAévTQV
7rev'n)xoaT7)v).
1 F. Josèphe, La Guerre des Juifs, I I , iii, 15 éd. B. N iese, Berlin, 1887, t. 6,
p. 162. « ...èvcTàcnjç 8k TÎjç TrevrrçxoaTÎjç, oütg> xaXoualv tlvûc èopr^v 'Iou&aïot
Trap' èirvà yivo|x£vy]v êp8op.à8aç xal t 6v àpiôp.6v t û v ^(xepcov TrpoarjYoplav ë^oucav... »
* Antiquités Judaïques, III, x, 65 op. cit., t. I, p. 208. « 'Ep86fx7)ç èpBojxàBoç
SieYeYsvTjfxévrçç p,erà vaérqv r?)v Oualav, aQxat 8'elalv al tg>v épBojxàSwv ^[xépat
Tcaaapàxovra xal èwéa, [vf) 7uevT7)xoaTfl], ‘Eppatoi àaapOà xaXouaiv, <T7jfxalvei
8è touto 7revT7)xoaT7)V, xaô’vjv repodayouat t ü Oeqî fipTOv àXçtTOV... »
4 H. L . S t r a c k et P. B ille r b e c k , Kommentar zur neuen Testament aus Taîmud
und Midraschy II, München, 1924, p. 597.
8 Notons que les Septante traduisent le terme par des mots différents. Cf. :
,
Jer.y IX , 1 (aévoBoç), Am.y V, 21 (7wcvY)yéptç), 4 Rois X , 20 (lepeta), Lev.y X X III, 36,
Nomb.y X IX , 35 (èÇéStov), etc...
6 Josèphe, op. cit.y X V II, x , 2; t. 4, p. 118 « ... 7ràvu rcoXXal TaXiXalwv t c x a l
TBoufzalwv, Tepixotmlow t s 9jv 7tX7)0ùç x al ôtt6coi 7repàaavTi 'Iop&àvrjv TCOTafièv
otxoücriv, aÛT<ov Te TouBalov ttXyJOoç Trpèç 7càvTaç auveiXéxavo... » cf. aussi 1 La
Guerre des JuifsyII, iii, 1, op. d t ., t. 6, p. 162.
20 La Pentecôte juive au temps du Christ
2 . LA PENTECÔTE JUIVE,
COMMÉMORAISON DE L ’ALLIANCE DU SINAÏ
C’est donc à une institution divine que la solennité est ici attribuée,
avec sa signification de fête du renouvellement de l’alliance, puisque
depuis toujours elle est inscrite sur les «tablettes du ciel », c’est-à-dire
sur le texte original de la Loi que Moïse a reçue du Seigneur. Mais,
avant même la théophanie du Sinaï, Dieu avait révélé aux hommes ce
qui concerne la Pentecôte, y compris la date de sa célébration. C’est
après le déluge, en effet, que Noé avait entendu, pour ses «fils », cet
ordre du ciel, le jour où le Seigneur avait conclu avec lui son
«alliance éternelle », qui allait être renouvelée plusieurs fois, au cours
de l’histoire d’Israël, et devait trouver dans le don de la Loi son
expression la plus solennelle.
Ce lien étroit entre la fête de la Moisson et une fête de l’Alliance
renouvelée chaque année, qui était l’occasion des serments solennels,
a amené certains exégètes à y voir la signification primitive de
la Pentecôte. Selon ces auteurs, il faudrait même y chercher l’origine
du nom sous lequel la solennité est le plus connue : c’était
la «fête des serments» (ni»atf in) qui serait devenue la «fête des
semaines » (ni»ntf in), la même racine hébraïque ayant une double
acception. Mais, sans prétendre trancher la question encore controversée
mais aussi son carré : ils savent que c’est le nom bre de la pureté et de la
virginité perpétuelle. C ’est le prélude à une très grande fête* qui a lieu tous
les cinquante jours, car c’est le plus saint de tous les nom bres et le plus
important dans la nature : il est obtenu en faisant la somme des carrés des
côtés du triangle rectangle, somme qui est le principe de la génération
u n iversellel. »
1 Règle* I* 16-18; trad. A, D upont-Som m er* Les Écrits essêniens découverts près
de la Mer Morte, Paris, Payot, 1959* p. 89-90.
* Ibid., I, 18-II* 18; p. 90-91. La cérémonie comporte une louange de Dieu
par les prêtres et les lévites, l’Amen répété de la communauté* la proclamation par
les prêtres des hauts-faits du Seigneur* l’annonce par les lévites des péchés d’Israël*
la confession des péchés de la communauté, la bénédiction des prêtres sur « les hommes
du lot de Dieu » avec l’Amen de la communauté* la malédiction des lévites sur « les
hommes du lot de Bélial » avec l’Amen de la communauté* la malédiction des prêtres
et des lévites sur les apostats, avec l’Amen de la communauté.
8 J. T . M ilik* Dix ans de découvertes dans le désert de Juda, Paris* Cerf* 1957*
P. 77 *
4 A . Dupont-Som m er* op. cit., p. 176.
6 Ibid., p. 245-246.
6 A. Arens* op. cit., p. 104.
La Pentecôte juive, commémoraison de Valliance du Sinaï 27
Les études en cours sur les manuscrits qui ont été découverts
nous réservent sans doute d’autres attributions à la liturgie essénienne
de la Pentecôte.
Au temps du Christ, la fête du cinquantième jour après la Pâque
était donc célébrée dans le judaïsme officiel comme une fête de la
moisson, mais elle avait déjà pris, dans certains cercles religieux,
le sens d’une commémoraison de la théophanie du Sinaï. L ’accent
était d’ailleurs mis sur l’alliance entre Dieu et son peuple, beaucoup
plus que sur le don de la Loi. Cette conception, semble-t-il, s’est
développée dans une ambiance sacerdotale. Ex., XIX appartient au
Priesterschrift, I I Chron. se rattache à la même tradition et les
Esséniens constituaient une assemblée de prêtres. La secte de Qumran
et les Thérapeutes d’Ëgypte sont pour nous les témoins d’un courant
de pensée qui devait sans doute dépasser les frontières étroites de leurs
communautés, puisque le rabbinisme tardif en a recueilli l’héritage.
3. LA PENTECÔTE JUIVE
Ces mots ont une résonance assez étrange. Outre la façon même
dont l’événement est daté (lorsque le centième et le vingtième seront
accomplis), il est remarquable que la Parousie, si elle est présentée
dans un autre passage du livre comme le retour du Christ, est ici
désignée comme le jour de l’avènement du Père. D ’autre part,
l’expression « entre la Pentecôte et la fête des azymes » n’est guère
compréhensible, à moins d’admettre que les termes ont été inversés.
Mais le problème le plus important pour nous est de savoir ce que
recouvre exactement le mot de Pentecôte. Si l’on pouvait établir
qu’il désigne, comme aujourd’hui, une fête chrétienne célébrée au
cinquantième jour après Pâques, nous aurions un précieux témoignage
de la haute antiquité de cette institution. Malheureusement, YEpistula
Apostolorum ne semble pas nous permettre une telle conclusion.
En parlant de la «fête des azymes », ne nous place-t-elle pas plutôt
dans un contexte juif, où le mot irevTrçxoa-nj aurait la même signification
que dans le livre de Tobie ou celui des Maccabées?
1 II n ’est pas impossible que certains textes nous aient échappé, bien que
nous nous soyons efforcé de parcourir cette littérature et tout particulièrement les
Actes apocryphes publiés par R. A . Lipsius-M . B o n n e t, Acta Apocrypha, Leipzig,
1891.
2 C . S ch m id t, Gespràche Jesu mit seinen Jùngern nach der Auferstehnng, (T U 43),
Leipzig, 1919, p. 361-402 (Ort und Zeit der Epistula); cf. J. Q u a ste n , Initiation aux
Pères de VÉglise (trad. J. L a p o rte ), Paris, Cerf, 1955, p. 171-172.
8 Epistula Apostolorum nach dem âthiopischen und koptischen Text herausgegeben,
éd. H. D u en sin g , (Kleine Texte 152), Bonn, 1925, p. 14. « Und wir sprachen aber
zu ihm : Herr, nach noch wieviel Jahren wird dies geschehen? Er sprach zu uns :
Wenn das Hundertstel und das Zwanzigstel vollendet sein wird, zwischen Pfingsten
und dem Fest der Ungesaüerten, wird stattfinden die Ankunft meines Vaters. »
(La traduction a été faite sur l’allemand, mais nous l ’avons fait vérifier sur le texte
copte donné par C. S ch m id t, op. cit., p. 6*.)
30 La Pentecôte juive au temps du Christ
Notons que le texte nous est aussi parvenu dans une seconde
recension qui est assez différente sur ce point. Il s’agit de la version
éthiopienne, publiée par L. Guerrier en 1913 :
« E t nous lui dîmes : « Seigneur, com bien d ’années encore [attendra-
t-on] ? E t il nous dit : « Quand sera écoulée la cent cinquantièm e année.
entre la Pentecôte et la Pâque *. »
LE TEMPS DE LA JOIE
(Laetissimum Spatium)
« Cum complerentur dies pentecostes... » Ce sont les premiers mots
du chapitre II des Actes, selon la version de la Vulgate qui nous est
familière. Bède le Vénérable1 avait déjà remarqué, au début du
vin® siècle, que la traduction latine emploie le pluriel, alors que le
texte grec est au singulier : Kal èv tÇ> aufijtXrçpoOcôai tvjv •Jjjjiépav TTjç
tovt7)xoctt7)ç. C’est déjà poser un des principaux problèmes de Thistoire
de la Pentecôte chrétienne. Cette modification d’ordre grammatical
a certainement une signification plus profonde; pour mieux en voir
la portée, il est bon de regarder de plus près la tradition littéraire de ce
verset de la Bible latine. On peut trouver dans l’ouvrage de
Wordsworth-White * les principales variantes de ce qu’on a coutume
d’appeler la Vêtus latina. Notons que saint Augustin emploie toujours
le singulier dans les citations de ce verset : tempore quo supletus est
dies pentecostesa. Il y a cependant une exception dans VEpistula ad
catholicos4, mais l’authenticité de cette œuvre est très controversée
et il faut peut-être voir là une nouvelle raison de la rejeter. C’est aussi
le singulier que nous trouvons dans le Liber de promissionïbus attribué
à Quodvultdeus, un disciple de l’évêque d’Hippone : die autem pen
tecostes 6. Malheureusement, nous ne pouvons pas remonter plus
haut; les œuvres de saint Cyprien permettent de reconstituer une
grande partie de la Bible qu’il utilisait, mais on n’y trouve pas ce verset ®.
S’il est permis d’estimer —• comme c’est probable — que le texte le
plus ancien est au singulier, nous pouvons dire que Grégoire d’Elvire
est le premier témoin du pluriel. G’est à lui en effet qu’il semble légitime
d’attribuer les X X Tractatus du pseudo-Origène, où le verset est cité
LA «PENTECÔTE » CHRÉTIENNE
A LA FIN DU IIe SIÈCLE ET AU IIIe SIÈCLE
I. — SAINT IRÉNÉE
3. — TERTULLIEN
1 T e r t u l li e n , De Bapiismo> X V II, éd. E. D ekk ers (CC. ser. lat. I), 1954,
p. 291-292. «... quae Acta Pauli quae perperam scripta sunt [exemplum Theclae]
ad licentiam mulierum docendi tinguendique defendunt, sciant in Asia prcsbyterum
qui eam scripturam construxit quasi titulo Pauli de suo cumulans convictum atque
confessum id se amore Pauli fecisse loco decessisse... »
2 üpàÇetç IlaéXou, éd. W. S ch u b a rt et C. S ch m id t, Hambourg, 1936,27, p. 1,
30-32 du texte. « Ol pèv ouv dc&eX<p[ol o>ç ty)ç] üevTTQXoaTYjç otiaiqç, otfre &cXauaav
oùSè y6[vava &cXi]vav, àXXà aYaXXta>p.ev[o]t 7rpoa7)u^ovTO [êawTeç]. »
La Pentecôte chrétienne à la fin du I I 9 s. et au I I P s. 39
à conclure qu’il s’agit bien d’un ,temps assez long (spatium) qui,
loin de faire nombre avec une fête de la Résurrection, célèbre, dans
son unité, toute l’économie de la rédemption réalisée par le Christ
le jour de Pâques et les semaines suivantes. Les mystères du Sauveur
ressuscité n’y sont pas vécus, comme aujourd’hui, selon leur succession
chronologique et aucune journée particulière n’est consacrée à
commémorer la montée du Seigneur au ciel ou la descente du Saint-
Esprit. C’est toute la Cinquantaine qui fait revivre aux fidèles tous
les aspects à la fois du mysterium salutis et prolonge la joie pascale.
Comme l’agenouillement, le jeûne, évidemment, en est exclu :
«N ous estimons qu’il n ’est pas perm is de jeûner le dim anche n i
d ’adorer à genoux. L a m êm e exemption s’applique à la joie qui s ’étend
de Pâques à toute la Pentecôte (in Pentecosten usque) *. »
4. — HIPPOLYTE
Il s’agit donc, ici aussi, d’une période qui suit Pâques, puisqu’il
faut attendre qu’elle soit terminée pour suppléer au jeûne que l’on
n’a pu accomplir. Cela correspond bien à ce que nous savons déjà de
la Pentecôte *.
5. — ORIGÈNE
et nous n’en recevons que les arrhes, les primitia. Nous avons la réalité
et non plus seulement l’image, mais cette réalité ne sera complète
que dans le «face à face » éternel. Au fond, nous ne sommes pas dans
la perspective de la logique classique, qui se renferme star elle-même
dans la dualité «vrai » et «faux ». La réalité peut être plus ou moins
participée. Cette conception platonicienne et mystique, fondée sur une
exégèse allégorique de l’Ancien Testament, se retrouve dans maints
passages des œuvres d’Origène, notamment dans le Contra Celsum.
C’est vers le milieu du m e siècle que le docteur alexandrin
écrivit sa grande apologie, pour répondre aux attaques d’un philosophe
païen contre le christianisme. Après avoir essayé de ruiner la religion
de la Bible, Celse, le brillant adversaire de l’Église, invitait les chrétiens
à participer à la vie politique de Rome; il les exliortait en particulier
à s’associer aux fêtes publiques. Au livre VIII de son ouvrage, dans un
texte sur lequel nous reviendrons *, Origène répond qu’un fidèle de
l’Évangile n’a que faire des solennités impériales; pour lui, toute la vie
est orne fête, puisqu’il fait sans cesse son devoir et prie en tout temps.
Il est, par exemple, toujours « dans les jours de la Pentecôte », celui
qui est ressuscité avec le Christ. Le pluriel : èv tocïç tï)ç Tcevrrçxocrojç
vjjjipouçj manifeste que la Pentecôte est considérée comme orne fête
s’étendant sur plusieurs jours. Si l’homélie sur le Lévitique mentionnait
le dies Pentecostes, c’est qu’il était question de l’institution juive.
Le docteur alexandrin vient ainsi corroborer par son témoignage
la tradition qui nous est parvenue des autres Églises. Nous retrouvons
cependant dans le Contra Celsum ce qui est propre à sa théologie. La
vie entière du chrétien est orne communion aux fêtes de 1’ «Évangile
éternel ». C ’est pourquoi, pouvant se dire réellement ([ast1 àXi)0e(ocç) et
non plus seulement en ombre et en image, uni aux mystères célestes,
il est ressuscité avec le Christ, assis avec lui à la droite du Père et
dépositaire de l’Esprit. Aussi est-il toujours «dans les jours de la
Pentecôte ». La prière est d’ailleurs ce qui manifeste et renforce cette
union à la vérité invisible.
nous pouvons les interpréter les uns par les autres, pour contempler
l’universalité de la fête sur tout le pourtour de la Méditerranée.
Partout la Pâque inaugurait un temps de fête qui s’étendait sur sept
semaines. Partout cette solennité était assimilée au dimanche et on lui
donnait le nom de t o v t t j k o c t t t ).
Une telle affirmation ne peut que soulever dans un esprit moderne
une foule de points d’interrogation qui semblent autant de sérieuses
objections : Quel est l’événement du salut que commémorait cette
grande fête? Comment une appellation forgée chez les Juifs hellénisés
pour désigner le cinquantième jour peut-elle, en dépit de la grammaire,
s’appliquer à toute une période? etc... De telles questions ne peuvent
être résolues que si l’on approfondit d’abord, d’après l’ensemble des
textes que nous avons cités, la signification liturgique et la résonance
spirituelle qu’avait dans la foi et dans la vie des communautés
chrétiennes le laetissimun spatium de la solemnitas exsultationis.
CHAPITRE II
LE «GRAND D IM AN CH E1 »
Ce n’est donc qu’à la fin du IIe siècle et au début du IIIe que nous
trouvons les premiers témoignages d’une fête chrétienne de la Pentecôte.
Si le mot lui-même se trouvait dans les écrits antérieurs, sa signifi
cation, semble-t-il, demeurait encore attachée aux coutumes du rituel
mosaïque que de nombreuses communautés chrétiennes connaissaient
encore et qu’elles pouvaient même continuer à pratiquer. Mais dès
qu’apparaît la tovt/)xootŸ| nouvelle, elle présente des caractères propres :
c’est une période de cinquante jours de joie, ce qui a pu influencer
rétrospectivement la traduction latine des Actes des Apôtres, imposant
le pluriel : Cum complerentur dies pentecostes. On ne peut comprendre
la signification profonde de cette organisation liturgique qu’en la
rapportant à la célébration dominicale, à laquelle la tradition primitive
unanime la réfère explicitement. Cette perspective est donc essentielle
et elle révèle toute la nouveauté de l’Évangile par rapport à la pensée
juive : la vie chrétienne s’y manifeste tout entière comme participation
au mystère pascal.
I. — LE « HUITIÈME JOUR »
1 Pour ce chapitre, nous sommes dans une très large mesure tributaire de
J. H ild , Dimanche et vie pascale, Brepols, Turnhout-Paris, 1949.
Le « Grand Dimanche * 47
2. — LA « SEMAINE DE SEMAINES »
« Q u ’on ne prenne rien à Pâques, avant que l ’oblation n ’ait lieu ...
Cependant, si une fem m e est enceinte et (si quelqu’un) est malade et
ne peut jeûner deux jours, il jeûnera le samedi (seulement) par nécessité,
se contentant de pain et d ’eau. Si quelqu’u n ... a ignoré le jour, ...il
s’acquittera du jeûne après la cinquantaine 4. »
Et l’auteur expose que, pour celui dont toute la vie est unie au
Seigneur, tous les jours sont dimanche, comme pour celui qui renonce
à la «sagesse de la chair » tous les jours sont vendredi; de même, c’est
une Pâque perpétuelle pour celui dont l’existence n’est qu’un «passage »
à la cité de Dieu. Et il ajoute :
Dans ce texte, qui suit de très près les écrits bibliques puisque,
outre la citation de VEpître aux Éphésiensles mots mêmes des Actes
* Eph., II, 6.
Le « Grand Dimanche » 55
4. — DU DIMANCHE A LA 7TCVTY]X05TY)
★
* *
I. — SAINT ATHANASE
LETTRES F E S T A L E S D E S A IN T A T H A N A S E
1 C ’est à tort que l’on a attribué à saint Athanase un texte qui insiste sur cette
assimilation au dimanche, même dans l’horaire des synaxes. Cette pièce provient sans
doute du Panonarion de saint Épiphane (cf. infra, p. 138), auquel on pourra utilement
la comparer : « ... Kocl 8t ’ ôXoo [jtèv tou ëxouç *r) vrçaxsla (puXàxxexai èv Tyj aÙTyj à y Icl
x al xaOoXtxfj ’ExxXrjala, q>Tr}pii xexpàSt xal TCpoaappàxco ëcoç cupaç èvvàx7)ç, Slxoc
jiévrjç TTjç llevTyjxocrrrjç GXyjç tû v xevxrjxovxa Y)[xcpcovt èv alç oüte yovuxXtolat
ylvovxat, oüxe VTjaxelat TrpoaxéxaxTar àvxl xûv rcpè; x/)v èvvàxrçv ouvà;ecov
xexpaSwv xal Trpoaappàxcov à ç èv *f)(iépa xuptaxyj xaxà xàç 7rpcoïvàç al auvdcÇetç
èTTixeXouvxai. ''Ext xal èv xatç 7cevx7)xovxa ^ é p a iç , alç 7rpoet7cov xîjç xevxTf)-
xoaxîjç, oûx elolv ouxe vY)oxetat oüxe yovoxXiotai... » (Ex Sermone De Fide,
P G 26,1292).
La persistance de la « Pentecôte » en Égypte 65
9151. — 5
66 Le temps de la joie
2. — THÉOPHILE D’ALEXANDRIE
3. — CYRILLE D’ALEXANDRIE
lisons dans deux compilations coptes qui ont sûrement utilisé des
documents très anciens :
« A u x jours de la Pentecôte, il était toujours m alade; trois jours
avant son décès, il manda et réunit près de lui tous les Grands parmi
les frères... il se signa trois fois de la m ain, puis im m édiatem ent il
ouvrit la bouche et rendit l’âme, le 14 du mois de paSons, à la dixième
heure du jour K »
Si les solennités liturgiques ne sont pas ignorées des cénobites
égyptiens, elles ne tenaient pas, dans leurs monastères, la même place
que dans les Églises locales. Nous pouvons en avoir quelque idée grâce
à un texte d’Évagre le Pontique, qui passa dans le désert de Nitrie les
dernières années de sa vie, de 383 environ à 399. Dans un poème
adressé «aux moines qui vivent dans les communautés », il s’exprime
ainsi :
« N e dis pas : aujourd’hui c’est fête et je bois du v in ; demain, c’est
la Pentecôte et je mange de la viande, parce qu’il n ’y a pas de fête chez
les moines, ni de tem ps donné à l ’hom m e pour rem plir son ventre. L a
Pâque du Seigneur, c’ est le passage qui fait sortir du vice. Sa Pentecôte,
c’est la résurrection de l’âme. L a fête de D ieu , c’ est le pardon des péchés,
et la douleur sera le lot de celui qui garde rancune. L a Pentecôte du
Seigneur, c’est la résurrection de l ’am our; celui qui hait son frère fera
la pire des chutes. L a fête de D ieu est la connaissance vraie; celui qui
s’applique à la connaissance m ensongère finira honteusem ent \ »
nec necessarium, cum aliqua uel festiuitas temporum uel interueniens caritatis occasio
indulgentiam refectionis admittit, numquid possunt, inquiens, filii sponsi lugere
quamdiu cum illis est sponsus ? uenient autem dies cum ab eis auferetur sponsus, et
tune ieiunabunt, quae uerba, licet ante resurrectionem dixerit corporis sui, tamen
proprie Quinquagensimae tempus ostendunt, in quo post resurrectionem per quadra-
ginta dies domino cum discipulis epulante ieiunare illos cotidie eius praesentiae
gaudium non sinebat. » Pour la traduction des Conférences de Cassien, nous avons
suivi de près l’édition de E. P ic h e r y (SC 64), Paris, Cerf, 1959, p. 94 sq.
1 Conlatio X X I , 20, ibid., p. 594-595. « ... Et idcirco hi quoque decem dies
cum superioribus quadraginta pari sollemnitate sunt ac laetitia celebrandi. Cuius
festiuitatis traditio per apostolicos uiros ad nos usque transmissa eodem tenore
seruanda est. Ideo namque in ipsis diebus nec genua in oratione curuantur, quia
inflexio genuum uelut paenitentiae ac luctus indicium est. Unde etiam per omnia
eandem in illis sollemnitatem quam die dominica custodimus, in qua maiores nostri
nec ieiunium agendum nec genu flectendum ob reuerentiam resurrectionis dominicae
tradiderunt. »
* H. L e c le r c q , D A C L , art. Pentecôte, t. X IV , 1,1939 , c. 268.
La persistance de la « Pentecôte » en Égypte 75
* Conlatio X X I , 23, op. cit., p. 598. « ... Cibus qui hora diei nona fuerat
capiendus, paulo citius id est sexta hora pro festiuitate temporis capiatur. » Cette
pratique est aussi attestée par saint Jérôme qui écrit, à propos des moines d’Égypte :
« Pentecoste, cenae mutantur in prandia, quo et traditioni ecclesiasticae satisfaciat et
ventrem cibo non onerent duplicato » (Epist. X X I I ad Eustochium, 35, éd.
J. L a b o u r t , Paris, Belles Lettres, I, 1949, p. 152).
* Institutionum Liber II, éd. M . P e t s c h e n i g (C SEL 17), 1888, p. 22-23.
« In die uero sabbati uel dominico utrasque de nouo recitant testamento, id est unam
de apostolo uel actibus apostolorum et aliam de euangeliis. Quod edam totis Q u in q u a-
gensimae diebus faciunt hi, quibus lectio curae est... »
76 Le temps de la joie
nENTHKOSTH
I. — LE NOM DE LA CINQUANTAINE
2. — CÉLÉBRATION DE LA CINQUANTAINE
ET COMMÉMORAISON DES ÉVÉNEMENTS DU SALUT
1 Plusieurs des textes que nous avons cités font explicitement allusion au récit
des Actes, par exemple celui de Tertullien (De Bapthmo, X IX , 2) ou ceux d’Origène
(In Le v. II, 2; Contra Celsum, V III, 22).
go Le temps de la joie
les anciens, unis par le lien que nous y voyons aujourd’hui Si nous
pouvions les interroger, ils nous feraient sans doute la réponse de
l’abbé Théonas : une fête est tout simplement une période de joie,
d’où la pénitence est exclue; c’est un temps où, plus que jamais, l’Époux
est avec les siens. Le commoratus est des Actes des Apôtres applique
tout particulièrement à la «Pentecôte» cette parole de l’évangile.
Sans doute, personne n’ignore que, selon saint Luc, Jésus n’est resté
que quarante jours avec ses disciples, mais qu’importe? il ne s’agit pas
de cela; la joie du grand dimanche se développe sur cinquante jours,
accomplissant le symbolisme déjà exprimé par la Tora, dans le temps
fixé pour l’offrande des prémices. Pour les ascètes d’Égypte, la question
ne se pose pas; c’est la tradition des anciens : pendant cinquante jours,
les amis de l’Époux ne peuvent pas jeûner.
N® 9151. — 6
82 L e temps de la joie
4. — GLORIFICATION DU CHRIST
Nous voici donc amenés à une double conviction dont il faut bien
comprendre qu’elle n’a rien de contradictoire. D’une part, ce n’est pas
pour pouvoir commémorer les événements rapportés par l’Écriture
que les chrétiens des premiers siècles lisaient le Nouveau Testament.
D ’autre part, la célébration de la Cinquantaine est tout entière nourrie
des textes scripturaires, regardés comme la Parole de Dieu se réalisant
dans l’ «aujourd’hui » de la liturgie.il importe par conséquent que nous
regardions de plus près les pages de la Bible qui ont été la source dont
a jailli la «Pentecôte » nouvelle.
Ce qui frappe tout d’abord, c’est que l’effusion de l’Esprit
apparaît comme étroitement liée à la glorification du Sauveur,
manifestée surtout par son ascension vers le Père; elle en est comme le
corollaire immédiat : «Il n’y avait pas encore d’Esprit, car Jésus
n’avait pas été glorifié » (Jn., VII 39), « Si je ne m’en vais pas, le
Consolateur ne viendra pas à vous; si je m’en vais, je vous l’enverrai. »
(Jn., XVI, 7). Il faut encore citer ce verset du discours de Pierre, le
jour de la Pentecôte : « Une fois élevé à la droite de Dieu et mis par
son Père en possession du Saint-Esprit, il (Jésus) est l’auteur de ces
effusions que vous êtes en train de voir et d’entendre » (Act., II, 33).
Le don de l’Esprit est donc inséparable de l’exaltation du Seigneur
comme constituant ensemble l’achèvement de l’œuvre rédemptrice et
l’inauguration de l’ère nouvelle qui prépare la Parousie.
Mais une difficulté surgit des textes du Nouveau Testament, à
propos de la date de l’ascension. Les synoptiques, en effet, semblent
la placer au soir de la résurrection *. Saint Jean nous montre même le
Seigneur donnant alors l’Esprit a ses apôtres : «Il souffla sur eux et
leur dit : Recevez le Saint-Esprit... » (jn., XX, 22), ce qui suppose
6. — DE LA PENTECÔTE JUIVE
A LA PENTECÔTE CHRÉTIENNE
Nous avons pu constater, dans les pages de saint Luc, de saint Jean
ou de saint Paul qui ont servi de base à la tradition chrétienne de la
TOV'npccxn-if), plusieurs éléments qui semblent autant d’allusions à
l’alliance du Sinaï. Ce rapprochement n’est jamais exprimé de manière
explicite par les auteurs inspirés, mais il semble difficile de nier qu’ils
aient eu présentes à l’esprit, en rédigeant leur texte, des idées courantes
dans le milieu où ils vivaient. Nous savons, par ailleurs, que les mots
de l’Écriture sont rarement de simples dénominations; ils s’entourent
en général d’un halo d’évocation et de symbolisme servant de véhicule
aux thèmes bibliques qui s’étendent de l’Ancien sur le Nouveau
Testament. Dans ces conditions, peut-on encore penser que la solennité
chrétienne ne doit rien à celle d’Israël, sauf son nom, qui vient de
l’occurrence (qu’on pourrait penser fortuite) de la venue du Paraclet à
la date de la Pentecôte juive?
Sans doute faut-il souligner le profond hiatus qui sépare deux
conceptions absolument différentes de la célébration liturgique. La
Cinquantaine est trop différente du rite d’action de grâces pour la
moisson ou du cérémonial de renouvellement de l’Alliance pour qu’elle
90 Le temps de la joie
Sancti dcscensione conpletur : ut sicut priori populo quinquagesima die, uero iubilaeo,
et uero anno remissionis, et ueris quinquaginta et quingentis denariis, qui debitoribus
dimittuntur, lex data est : ad apostolos quoque, et qui cum eis erant, in centum
uiginti Mosaicae aetatis numéro, constitutis, descendent Spiritus Sanctus, et diuisis
linguis credentium, totus euangelica praedicatione mundus expletus sit. » Cf. aussi :
A m b ro sia ste r, infra, p. 121.
92 Le temps de la joie
1 O rigè n e, In Numéros, 23, 8 ; P G 12, c. 753. « Post hanc sequitur sexta festivi-
tas, quae dicitur Novorum, id est, cum primitiae de novis fructibus offeruntur.
Ubi enim seminatus fuerit et diligenter excultus, atque ad maturitatem pervenerit
seges, tune in fructum perfectione festivitas Domini geritur. Si ergo et tu vis Novo
rum diem festum agere cum Domino, vide quomodo semines, aut ubi seminas,
ut possis taies metere fructus, ex quibus laetari facias Deum et agere diem festum.
Quod aliter implere non poteris, nisi audias Apostolum dicentem : « Qui seminat in
spiritu, de spiritu metet vitam aeternam. » Si sic semines et sic metas, vere diem festum
âges Novorum. Propterea denique et propheta admonet dicens : Innovate vobis
novalia et nolite seminare super spinas. Qui ergo cor suum et interiorem hominem
Solution de quelques difficultés 93
rénovât de die in diem, iste sibi innovât novalia, et non seminat super spinas, sed
super terram bonam, quae reddat ei fructum tricesimum, aut sexagesimum, aut
centesimum. Iste ergo est qui in spiritu seminat, et colligit fructum spiritus. Fructus
autem spiritus, primum omnium est gaudium. Et merito diem festum novorum
fructuum agit, qui gaudium m etit; praecipue si simul metat et pacem et patientiam
et bonitatem et mansuetudinem, aliosque horum similes fructus si colligat, dignissime
novorum fructuum festivitatem Domino aget * (trad. J. M e h a t , SC 29,1951, p. 45°)*
* C f. supra, p. 43.
* In Iohannem, éd. P reu sch bn , 1 ,2 , n (G S C IV) p. 5. «”Exo|zev dpx^P6*
p é y a v , S ie X ijX u O é T a t o ù ç o ù p a v o u ç , ’ I y jo o ü v r è v u l è v t o u O so ô . *
94 Le temps de la joie
Il faut remarquer que tous les témoignages que nous avons cités
concernent une époque où la Cinquantaine avait déjà perdu son unité
primitive. Il semble cependant que la coutume de lire les Actes pendant
la «Pentecôte »remonte à une date antérieure à cette nouvelle organisa
tion du Temps pascal. L ’attribution des premiers versets du livre à la
messe de la Résurrection n’a pu se faire qu’à un moment où l’on ne
célébrait encore aucune fête de l’Ascension du Seigneur. C’est ce qui
explique qu’Augustin et Chrysostome aient pu parler d’une consuetudo
ecclesiae ou d’une tradition des anciens.
On ne saurait en conclure cependant que cette coutume vient des
origines de la solennité des cinquante jours, ni qu’il s’agit là d’un
usage universellement admis. L ’ordonnance byzantine dont nous
avons parlé suppose une synaxe quotidienne, ce qui ne peut pas être
le cas du temps où nous avons recueilli les premiers témoignages sur la'
tc£uty)xo(tty], à moins d’admettre que la lecture se faisait à un office
cathédral sans eucharistie. Et, si de nombreux lectionnaires comportent
des péricopes des Actes pendant les sept semaines qui suivent Pâques,
il n’est pas toujours possible d’y voir l’attestation d’une organisation
primitive. Il semble, par exemple, que, dans la tradition romaine,
It Cornes de Würzburg (vie siècle) ait remplacé par des péricopes tirées
de l’ouvrage de saint Luc des listes plus anciennes empruntées aux
Epîtres catholiques3. Et, sans entrer dans une étude des divers lection
naires, qui s’avère difficile en raison du caractère lacunaire et tardif
des documents que nous avons, nous pouvons signaler que le rite
syrien jacobite, tel au moins que le décrit, au XIVe siècle, le patriarche
Athanasios V, ignore totalement la lecture des Actes des Apôtres
Il semble donc que Baumstark a dépassé, dans ses conclusions,
la portée des témoignages qu’il utilisait, lorsqu’il a considéré la lectio
continua du TcevrYptocrràpiov byzantin comme un « phénomène aussi
ancien que largement répandu (eine ebsenso uralte me weitverbreitete
Erscheinung *) ». Peut-être faut-il dire plutôt, avec J. Boeckh, qu’en
se diffusant dans un grand nombre d’Ëglises, cette coutume a contribué
à donner un nouveau visage à la Cinquantaine déjà existante *. Il n’en
demeure pas moins que nous avons là une tradition bien attestée à une
certaine époque dans la plupart des Églises, nourrie à des sources
vénérables et capable d’avoir une profonde résonance dans la
conscience chrétienne; la justification que s’est efforcé d’en donner
saint Jean Chrysostome n’a rien perdu de sa valeur. C ’est ce qui lui
a permis fort heureusement de survivre au laetissimum spatium dans un
grand nombre de liturgies. Le bréviaire romain, s’il en était besoin,
serait là pour nous le rappeler.
2. — LA MI-PENTECÔTE
L ’évolution des idées a fait son œuvre en rejetant dans l’oubli les
leçons des premiers Pères2. En 567, le concile de Tours, en même
temps qu’il prescrit une semaine de jeûne après la Pentecôte, doit
rappeler la discipline monastique de la Gnquantaine, qu’il qualifie
d’antique3.
C ’est l’institution plus récente d’une octave de la Pentecôte qui
supprimera totalement le jeûne solennel qui commençait au lendemain
du cinquantième jour, ou du moins le retardera d’une semaine, selon
l’usage des Communautés byzantines, qui pratiquent ainsi le « carême
des Apôtres 4».
5. — LA CÉRÉMONIE DE LA GÉNUFLEXION
No 9151. - 8
DEU X IÈM E PA R T IE
i. — l ’ é g l is e d e c o n s t a n t in o p l e
1 C f. supray p. 51.
1 G régoire de N azianze , Oratio X L I in Pentecosteny P G 36, c. 428-452.
En plus du texte grec, nous avons de cette homélie une traduction latine de Rufin :
éd. A . E ngelbrecht (C S E L 46), 1910, p. 141-163.
8 Ibid.y c. 432 : «A l (xèv oftv t û v Tj^spcov ép8o(xdt8cç ysvvwaL t})v IIevT7]XoaT7)V
xXy)tÎ)v à yla v rcap' aÛTOiç f)[iipav... * 0 yàp êraxà êrcl êauxèv auvxiOéfjLsvoç, ysvva
xèv 7uevT7]xovTa, (j.taç 8so6ot)ç 7)|jipaç, ^v èx to u fiiXXovxoç alcovoç TCpoasiXT^a^sv,
ôy86r)v te oftaav t?jv aûrijv x a l 7tpü>x7)v, jxàXXov 8è priav x a l àxaxàXuTOv. »
4 Ibid.y c. 436 : « IIsvTy]xoaT))v êopTàÇo{j,£v, x a l IIvEÛpLaTOç ê7u87)pL(av, x a l
TrpoÔsapriav èroxyyEXlaç, x a l èX7rl8oç au|X7rXr)pcocnv. »
5 Ibid.y c.444: « AeXoï 8è 7) 7tp<ox7) x&v v6a<«>v, x a l f) x û v 7W£Ô(juxtcov xaOàpatç,
oùx àv£U IÏVEÔjxaTOç STjXaS'J} ysyopiévT)’ x a l xè (XBxà X7)V olxovopdav è{X(pûa7)[ia, aaçcoç
8v g|X7tv£uaiç 0 Eioxèpa* x a l ô vuv piEpiajxèç xû v 7uuplvo>v yXcoaaÔW, 8 x a l rcavTjyu-
plÇojxev. »
La fête du don de l ’Esprit au cinquantième jour 119
2 . — L’ ÉGLISE DE ROME
ne peut tom ber un autre jour que le dim anche, pour qu’on sache bien
que tout ce qui touche au salut de l ’hum anité a été commencé et accom pli
dim anche »
3. — l ’ é g l is e d e m i l a n
•
Nous n’avons trouvé que deux textes de saint Ambroise qui
puissent nous apporter quelques lumières sur la célébration de la fête
dans l’Église de Milan. Dans le De Apologia Prophetae David, écrit
aux environs de 384, nous lisons, à propos du psaume 50, un assez long
développement sur le symbolisme de ce nombre : dans la Loi de
Moïse déjà il signifiait le pardon puisque, tous les cinquante ans,
un jubilé remettait les dettes et redistribuait les biens.
« C e nom bre, poursuit l ’auteur, nous le célébrons dans la joie après
la passion du Seigneur. L a dette de toute faute nous a été rem ise, notre
acte d’accusation a été déchiré; nous sommes dès lors libres de toute
entrave et nous recevons la grâce du Saint-Esprit qui vient en nous
au jour de la Pentecôte. L e jeûne cesse, la louange m onte vers D ieu et
on chante l’alleluia \ »
1 Expositio Evangelii secundum Lucam, V III, 25; éd. M . Adriaen (CC ser. lat.
X IV , 4), 1957, p. 306-307 : « Quodsi Iudaei sabbatum ita célébrant, ut et mensem et
aimum totum quasi sabbatum habeant, quanto magis nos resurrectionem Domini
celebrare debemusl Et ideo maiores tradidere nobis pentecostes omnes quinquaginta
dies, ut paschae celebrandos, quia ^octavae ebdomadae initium pentecosten facit.
Vnde et apostolus... aput Corinthios hicmem agit quorum erroribus angebatur,
quod eorum circa diei cultum frigeret adfectus; cum Ephesiis pentecosten célébrât
atque his tradit mysteria, relaxat animum, quia fidei cernebat ardore feruentes.
Ergo per hos quinquaginta dies ieiunium nescit ecclesia sicut dominica, qua dominus
resurrexit, et sunt omnes dies tamquam dominica. » (trad. franc, de G.- T i s s o t ,
S C 52, Paris, Cerf, 1958, p. I i o - i n ) .
* Cf. S. A ugustin , Epist. L IV , 2 ; éd. A . G oldbacher (C SE L 34), 1895, p. 160-
161.
124 Le « Sceau » du cinquantième jour
une bonne partie tout au moins de son patrimoine littéraire. Cet auteur
espagnol a ainsi retrouvé, grâce aux travaux de A. Wilmart vérifiant
une intuition de G. Morin la paternité des Tractatus X X Origenis
publiés pour la première fois par P. Batiffol en 19002. Il s’agit de
commentaires scripturaires sous forme de prédications familières,
portant sur l’Ancien Testament, à l’exception du dernier traité con
sacré au chapitre II des Actes :
« L a lecture qui a été faite, y lisons-nous, nous apprend que le
don du Saint-Esprit, que D ieu avait autrefois prom is aux croyants par
ses prophètes, s’est rendu présent sur les apôtres le jour de la Pentecôte.
Il y est écrit, en effet : E t cum complerentur dies Pentecostes... 1 »
1 Ibid.y p. 204 : « Hic est, inquam, Spiritus qui hac die, id est Pentecosten,
a Deo Ecclesiae missus est, qui non aetates discernit, non sexus separat, non personas
accipit, sed unicuique pro fidei merito sese praestat et tribuit, non aetatem aut per-
sonam, sed animam eligit, in qua se libens inférât. « Omnia enim et in omnibus unus
atque idem operatur Spiritus » (/ Cor.y X II, n ) . »
1 De Arca Noey éd. A. W lL M A R T , dans RB 23, 1909, p. 19 : « ... Quod quin-
quaginta erant cubita latitudinis eiusdem arcae, hoc significabat quod pentecosten,
id est quinquagesima die post passionemdominicae crucis, Spiritus Sanctus descensurus
esset... longitudo autem in passione dominicae crucis qua credentes signantur;
latitudo in die Pentecosten quo Sanctus Spiritus super credentes advenit. »
3 Cf. infray p. 181-183.
126 Le « Sceau » du cinquantième jour
I. — LA CÉLÉBRATION DE L ’ ASCENSION,
AU CINQUANTIÈME JOUR
A S C E N S I O N O F O U R L O R D U N T O H IS G L O R IO U S F A T H E R
S U N D A Y O F T H E C O M P L E T IO N O F P E N T E C O S T
peuples, nations et langues (Asc; 3). Cette lecture aurait été remplacée,
à la Pentecôte, par celle, beaucoup plus terne, de l’incipit du même
livre (Pent. 2). C’est peut-être aussi le cas du passage relatif à l’Esprit
du Seigneur qui a emporté le prophète Élie (Asc. 7), mais il est plus
difficile d’affirmer qu’il n’a pas été introduit plus tard. D ’autres
péricopes, sectionnées én deux parties ou lues aux deux fêtes devaient
appartenir aussi à la solennité primitive. C’est très clair pour le
Serviteur du Seigneur (Asc. 10 (1) — Pent. 7), la naissance de Samson
(Asc. 5 (2) — Pent. 4) et l’annonce du peuple nouveau par Jérémie
(Asc. 8 — Pent. 6). En d’autres cas, on s’est contenté sans doute, lors
du dédoublement de la fête, de recourir à un passage parallèle, comme
pour la Loi au Sinaï (Asc. 12 — Pent. 9).
Notons que la péricope de saint Jean nous est confirmée par un
manuscrit des évangiles qui fut en usage dans les monastères de la
Syrie septentrionale et orientale. Ce document remonte au ve siècle,
mais il a reçu des annotations d’époques différentes. On peut en distin
guer trois couches dont la plus ancienne est de la main de l’auteur du
manuscrit; c’est celle qui fournit, pour le cinquantième jour après
Pâques, l’indication : Jean, XIV, 15 l. Il s’agit des paroles du Seigneur
annonçant qu’il enverrait «un autre Paraclet ».
En établissant une comparaison éclairante entre les deux listes
du texte conservé au British Muséum, G. Kretschmàr nous permet
d’identifier avec une grande probabilité le noyau primitif de l’ancienne
solennité clôturant la Cinquantaine. Les lectures s’y cristallisaient
autour du thème de l’alliance nouvelle comme don du Christ glorifié.
C ’est bien le sens de la 7tevrY)xo<rr/j, tel qu’il s’est déjà manifesté à nous.
2. — l ’ a s c e n s io n du s e ig n e u r
vain de nous attarder à cette question qui n’est, à notre avis, qu’un
problème mal posé. S’il existait quelque manuscrit de la Bible précisant
que Jésus est resté cinquante jours avec ses disciples avant de les
quitter, cette modification serait sans doute le fruit, plutôt que la source,
de l’usage liturgique dont nous avons parlé. Il est à peu près certain
que c’est la célébration de l’Ascension au cinquantième jour qui a
déterminé les fidèles de la région d’Édesse à fixer l’événement historique
du départ du Seigneur au matin de la Pentecôte. Il était en effet
psychologiquement inévitable qu’on en vînt à. considérer les solennités
chrétiennes comme des anniversaires, mais nous avons suffisamment
montré combien cette conception était étrangère aux générations
précédentes, à qui la Cinquantaine faisait revivre sans aucun morcel
lement l’ensemble du mystère pascal. L ’insistance de certaines
communautés sur la glorification du Kyrios, ressentie comme l’élément
essentiel de la 7tevTï)xoar/), a suffi à donner au jour de clôture les
caractères d’une fête de l’Ascension. Il est aisé de comprendre que
cela ait amené par la suite l’auteur de l’apocryphe à placer à la même
date le départ du Seigneur et la venue de l’Esprit. Cette interprétation
nous apparaît comme la seule explication satisfaisante des difficultés
soulevées. Certains documents, d’ailleurs, semblent affirmer sans
exprimer le moindre étonnement, que l’on célébrait au cinquantième
jour ce qui, historiquement, avait eu lieu au quarantième. C’est le cas
de certains des témoignages qui nous restent à exprimer.
n . — LES AUTRES T É M O IG N A G E S
2. — ÉPIPHANE DE SALAMINE
3. — MAXIME DE TURIN
1 Hom. X L , 1, p. 160 (PL 57, 375 a ) : «Nosse credo vos, fratres, quae sit ratio,
quod venerabilem hanc pentecosten diem non minore laetitia celebremus quam
sanctum paschae curavimus... Tune enim, sicut modo fecimus,ieiunavimus sabbato
vigilias celebravimus orationibus pernoctanter institimus. *
142 Le « Sceau » du cinquantième jour
1 Hom. X L I V , 4; p. 180 (PL 57,374 b ) : «Laetemur ergo in hac sancta die, sicut
in pascha laetati sumus. Est enim in utraque die similis eadem sollemnitas. *
CHAPITRE III
I. — L A P A L E S T IN E
I. — CYRILLE DE JÉRUSALEM
Cet événement nous est aussi rapporté* un siècle plus tard, par
l’historien Sozomène* qui n’en indique pas la date, mais nous apprend
que la nouvelle s’en répandit rapidement par les pèlerins se trouvant
dors dans la ville sdnte. «L ’empereur lui-même, ajoute-t-il* en fut
avisé par de nombreux rapports* et en particulier par une lettre de
l’évêque Cyrille 3»* ce qui confirme l’authenticité de notre document.
Le miracle se produisit au cours de la Cinquantaine; l’épître à
Constance ne permet pas d’en douter : èv... t o c ïç àytouç t c c ù t o u ç vjpipaiç
rijç àyiaç 7revTY)xooTÎ]ç. La difficulté vient des relations plus récentes de
l’événement* d’après lesquelles on pourrait penser que la Pentecôte
désignait le cinquantième jour 4. Mais cette opinion est facile à
TptT7)v ûpav (j.âXiaTa •rijç Tjnépaç, éopTÎjç -rijç XeYopivir)i; IIevT7)xoaTT)ç èvioT«(iévirjç »
et par la Passio Artemii, où nous lisons : « wepl Tpt-njv ûpav ftâXtoTa -f^épaç, TÎjç
XeYopivrçç IlevTrçxoo'rijç èveoTïjxutaç » (III, 26; éd. J. B idez (G CS), 1913, p. 51,
7-8). Mais d’autres documents parlent du «jour de la Pentecôte ». Ainsi, la Chronique
pascale et la Chronologie de Théophane indiquent respectivement : « 77j ïjjaspa
nev-njxooTÎjç » et « èv Tjuépa IIrv-n)xoaTrj » (Ibid., p. 221, 3 et 23-24).
1 Nous trouvons, dans le Lectionnaire arménien publié par Conybeare une
commémoraison liturgique de cet événement : M . A. C onybeare, Rituale Armenorum,
Oxford, 1905, p. 25 : «M ay 7, They assemble before holy Golgotha, on the day o f the
apparition in haeven of the fiojy Cross... »
* L ’événement est en général^daté de 351, année où, Pâques tombant le 31 mars,
le cinquantième jour était le 19 mai. Le 7 mai était le mardi de la sixième semaine.
* S. J érôme, Epist. X L V , éd. et trad. J. L abourt, Paris, Belles Lettres, II,
1951, p. 88 : «.. .non quod et per totum annum excepto pentecosten ieiunare non liceat,
sed quod aliud sit necessitate, aliud uoluntate munus offerri. »
N° 9151. — 10
146 L e « Sceau i>du cinquantième jour
1 Epist. L X X I S6, ibid.) IV, p. 13-14 : «Utinam omni tempore ieiunare possimus,
quod in Actibus Apostolorum diebus Pentecostes et die dominico apostolum Paulum
et cum eo credentes fecisse legimus... Nec hoc dico, quo festis diebus ieiunandum
putem, et contextas quinquaginta diebus ferias auferam, sed unaquaque prouincia
abundet in sensu suo... * Labourt traduit : « les fériés organisées pendant les cinquante
jours », mais nous ne l’avons pas suivi sur ce point, car il semble que ce n’est pas le
sens de « contextas ferias ».
* Commentaire de VÊpître aux Galatesy II, 4, 10-11; P L 26, c. 378 : *N ec
septem juxta morem Israël numeramus hebdomadas in Pentecoste, sed Spiritus
sancti veneramur adventum... Itaque sicut nobis licet vel jejunare semper vel semper
orare, et diem Dominicam accepto Domini corpore indesinenter celebrare gaudenti-
bus : non ita et Judaeis fas est omni tempore immolare agnum, Pentecosten agere,
tabemacula figere, jejunare quotidie... »
9 Commentaire de VÊpître aux Éphésiens, Prologue, P L 26, c. 442 : « Permansit
autem Ephesi usque ad Pentecosten, tempus laetitiae atque victoriae, quo non flecti-
mus genua, nec curvamur in tcrram : sed cum Domino résurgentes ad coelorum alta
sustollimur. Et permansit : quia apertum ei erat ostium et non ostium modicum, sed
magnum ut vincto forti atque superato, domum ejus invaderet, spoliaret, cverteret
et captivam duceret captivitatem. »
Les deux traditions dans les liturgies du I V e s. 147
1 U. H olzmeister, Der Tag der Himmelfahrt des Herm, dans Z K T 55, 1931,
p. 64.
* S. Jérôme, Commentaire du Prophète Zacharie, III, 14, 19; P L 25, c. 1528 :
« ... In Phase enim hiemis finis, veris exordium est, in Pentecoste aestatis principium...
Aquas viventes multi ad baptismum referunt, quae in vere et in aestate, hoc est in
Pascha et Pentecoste, sitientibus largiendae sunt, quando implebitur quod scriptum
est : Lavamini, mundi estote * (Le Commentaire sur Zacharie a paru en 406).
Les deux traditions dans les liturgies du I V e s. 149
* Vita sancti Pauli, 3; dans Acta Sanctorum, Janv., I, Anvers, 1653, p. 607 :
« ... diebus solemnibus Paschae et Pentecostes semper Pauli tunica vestitus est. *
(La Vie de saint Paul a été écrite entre 387 et 389; elle est donc contemporaine du
Commentaire, sur saint Matthieu.)
2 Contra johannem Hierosolymitanwri) 425 P L 23, c. 393 : «Nos scindimus
Ecclesiam, qui ante paucos menses circa dies Pentecostes, cum obscurato sole omnis
mundus jamjamque venturum judicem formidaret, quadraginta diversae aetatis et
sexus, presbyteris tuis obtulimus baptizandos ? Et certe quinque presbyteri erant in
monasterio, qui suo jure poterant baptizare. » (Le Contra johannem date de la querelle
de Jérôme avec son évêque, entre 393 et 397.)
8 II s’agit d’une tradition dont saint Jérôme lui-même se fait l’écho : Commentaire
sur saint Matthieuy 4; P L 26, c. 184-185 : «Traditio Judaeorum est, Christum media
nocte venturum... Unde reor et traditionem apostolicam permansisse, ut in die
vigiliarum paschae ante noctis dimidium populos dimittere non liceat, exspectantes
adventum ChristL »
150 Le « Sceau » du cinquantième jour
3. — JEAN CASSIEN
Seigneur n’est resté que quarante jours avec ses disciples après sa
résurrection... On ne peut s’empêcher, à la lecture de ce texte,
d’évoquer les paroles de saint Jérôme que nous avons citées : « Quand
les noces seront passées... les fils de l’époux jeûneront... C’est pourquoi,
de l’avis de quelques-uns, il faut reprendre le jeûne après les quarante
jours de la Pâque. » Est-ce que ce ne serait pas les ascètes de Bethléem
que l’on désignerait ainsi sans les nommer? C’est là une hypothèse que
nous ne pouvons pas exclure; très vraisemblablement, en effet, quand
l’auteur du Commentaire sur saint Matthieu s’établit près de la grotte
de la Nativité, en 385-386, les pèlerins de Scété venaient à peine d’en
partir ï. Toutefois, ce n’est pas autre chose qu’une conjecture et il
faut avouer que ses bases sont assez fragiles. On sait, en effet, avec
quelle liberté les historiens de cette époque faisaient les citations et
rapportaient les discours. N ’oublions pas que les Conférences n’ont été
rédigées qu’une vingtaine d’années plus tard et dans un milieu tout
différent, puisque l’auteur était alors en Gaule. Entre temps, le moine
palestinien était entré dans le clergé de Constantinople et, pendant
son séjour d a n s cette métropole, il avait sûrement visité d’autres
monastères. C ’est peut-être sa mentalité d’alors qu’il a projetée au
temps de son pèlerinage en Êgypte et, si son témoignage est intéressant,
nous ne saturions nous fier sans réserve à tous les détails qu’il contient2.
D’autre part, ne serait-ce pas forcer le texte que d’en faire le
témoin d’une fête de l’Ascension déjà instituée le jeudi de la sixième
semaine après Pâques? Cette interprétation demeure sans doute
plausible, mais Cassien et Germain peuvent vouloir dire simplement
que les versets évangéliques cités par le moine égyptien ne peuvent pas
s’appliquer à toute la Cinquantaine, puisque, selon les Actes des
Apôtres, le Christ est monté au ciel avant la fin de cette période.
Cassien peut soulever une objection contre l’argumentation de Théonas,
sans opposer à sa pratique un usage différent. Cette interprétation
est sans doute plus conforme au contexte historique des Conférences 3.
Il reste cependant, comme nous l’avons déjà noté, l’étonnement
dés pèlerins de Bethléem devant la rigueur de l’observance des
communautés de la vallée du Nil. Les réactions des cénobites pales
tiniens paraissent indiquer qu’ils avaient un peu perdu de vue la
a) La Vita Polycarpi.
Dans l’Excursus III de l’ouvrage que nous avons déjà cité, à
propos de YEpistula Apostolorum, C. Schmidt étudie l’origine d’un
apocryphe assez curieux, la Vita Polycarpi2. Nous y trouvons la
Pentecôte mentionnée avec Pâques, mais il s’agit d’un texte qui pose
bien des problèmes :
« ...P a u l, ayant réuni les fidèles, leur parla de Pâques et de la
Pentecôte, leur rappelant, à propos de l ’oblation du pain et du calice
1 C ’est en vain que nous avons parcouru les œuvres de saint Éphrem, dans
l ’espoir d’y trouver mentionnée la Cinquantaine, la fête de la Pentecôte ou celle de
l’Ascension. Il est vrai que les éditions dont nous disposons ne sont pas toujours
satisfaisantes et que de nombreux problèmes d’authenticité sont encore loin d’être
résolus. Il n’est donc pas impossible que des recherches ultérieures révèlent des
richesses que nous n’avons pas su atteindre. Nous n’avons rien trouvé non plus dans
les écrits d’Aphraate.
* C. S c h m i d t , GesprOche Jesu mit seimnjüngem nach der Auferstehung, (T U 43)>
Leipzig, 1919, p. 705-725.
154 Le « Sceau » du cinquantième jour
de la nouvelle alliance, que c’ est absolum ent pendant les jours des
azymes qu’il faut accom plir, selon ce qui est prescrit, le sacrem ent
nouveau de la Passion et de la Résurrection. P ar là, sem ble-t-il, l ’apôtre
n ’enseigne pas qu’il faut célébrer la fête en dehors du tem ps des azym es,
comme le font certains hérétiques, en particulier les Phrygiens, ni au
contraire que c’ est nécessairement à la quatorzièm e lim e. I l n ’a pas
parlé, en effet, de la quatorzièm e lim e, mais seulem ent des azym es, de
Pâques et de la Pentecôte, confirmant l ’É vangile *. »
b. Le Testamentum Domini.
Dans sa recension syriaque* le Testament de notre Seigneur*
apocryphe attribué aux apôtres Jean* Pierre et Matthieu* forme les
deux premiers livres d’une vaste collection canonique connue sous
le nom d’Octateuque de Clément. Selon le colophon qui le termine*
dans le manuscrit de Mossoul, il «fut traduit de la langue grecque
en syriaque par Jacques l’Humble* en l’an-998 des Grecs». Il s’agit
de Jacques d’Édesse qui mourut vers 708. Selon toute vraisemblance*
l’original existait déjà à la fin du IVe siècle1. La Pentecôte y est
mentionnée plusieurs fois :
« A la Pentecôte, personne ne jeûnera et ne s’agenouillera, car ce
sont des jours de repos et de joie. C eu x qui sont accablés de travail
prendront u n peu soin d ’eux-mêmes les jours de la Pentecôte et chaque
dimanche *. »
Quant aux prêtres* ils doivent instruire les fidèles sur les
sacrements :
« Cette introduction aux mystères ne sera pas dite chaque fois,
mais à Pâques, le samedi, le dimanche et aux jours de l ’Épiphanie et de
la Pentecôte \ »
Au moins dans les trois premières des mentions que nous avons
rapportées* lé terme de Pentecôte désigne incontestablement l’ensemble
des cinquante jours* et on y rappelle la vieille discipline qui interdit
le jeûne et la génuflexion. Il est remarquable que l’Ascension ne soit pas
mentionnée* non plus d’ailleurs que la fête de Noël* qui fut introduite
à Antioche en 386 ou 388x. Notre document fait donc état d’un stade
assez archaïque de l’organisation liturgique. Mais il faut bien se garder
d’y voir un témoignage authentique de la pratique syrienne; on sait
comment les collections canoniques circulaient dans les diverses
Églises et le Testamentum Domini est un simple remaniement de la
Tradition Apostolique qu’il suit pas à pas. Peut-être cependant ce qui
a été ajouté au texte d’Hippolyte représente-t-il l’usage d’Antioche.
Les indications nouvelles concernent l’invitation au repos, la discipline
des veuves et l’usage des catéchèses mystagogiques, mais elles ont été
introduites sans modifier profondément la recension primitive.
1 O. Bradn, De sancta Nicaena Synodo. Syrischt Texte des Maruta vont Mai-
pherkat nach einer Hss. der Propaganda zu Rom., Münster-i-W., 1898, p. 108. Voir le
texte syriaque dans J. B. Chabot, Synodicon Orientale, Paris, lmp. Nat., 1902.
* Ibid., p. 59.
* F. J. D ô l g e r , Sol Sàlutis, Münster, 1920, p. 129-130.
4 K . R ie d b l, Die Kirchenrechtsquellen des Patriarchats Alexandrien, Leipzig,
1900, p. 161.
158 Le « Sceau » du cinquantième jour
m — LES AUTRES É G L IS E S
N» 9151. — 11
162 Le « Sceau » du cinquantième jour
1 Sion est le sanctuaire du Cénacle. Entre 335 et 347, une grande basilique
avait remplacé la petite église anciennement construite sur l’emplacement de la
salle haute. Cf. H. V in c e n t-F . M . A b e l, op. cit.y p. 450-455.
2 Itinerarium Egeriaey X L III, 3; éd. A . F ranceschini -R . W eber, (C C Ser.
lat. 175), 1958, p. 85 : « Ubi cum uentum fuerit, legitur ille locus de actus apostolorum
ubi descendit spiritus, ut omnes linguae intelligerent quae dicebantur; postmodum
fit ordine suo missa. Nam presbyteri de hoc ipsud, quod lectum est, quia ipse est
locus in Sion, alia modo ecclesia est, ubi quondam post passionem Domini collecta
erat multitudo cum apostolis, qua hoc factum est, ut superius diximus, legunt ibi
de actibus apostolorum. Postmodum fit ordine suo missa, offertur et ibi, et iam ut
dimittatur populus mittit uocem archidiaconus et dicet : Hodie, statim post sexta
omnes in Eleona parati simus in Imbomon » (trad. H. P étré, Éthériey Journal de
Voyage, (SC 2), Paris, Cerf, 1948, p. 249).
9 Dès le dernier quart du IV e siècle, le Mont des Oliviers ou Eleona possédait
deux sanctuaires distincts : 1*Imbomon, de forme octogonale, recouvrait le lieu où
le Christ avait foulé la terre pour la dernière fois (le sol, dit-on, conservait ses
empreintes); il avait été érigé au sommet, avant 378, par une riche matrone nommée
Poemenia. L ’église de l’Eleona, au contraire, avait été bâtie au flanc de la montagne
par les soins de sainte Hélène. Cf. H. V in c e n t-F . M . A b e l, op. cit.y p. 374-392.
Évolution de la Pentecôte à Jérusalem au début du V‘ s. 165
à cette formule qui apparaît, chez Égérie, comme une sorte de cliché.
Toutefois, il faut reconnaître que l’argumentation de dom Dekkers
repose sur des bases assez fragiles, puisque le calendrier géorgien
auquel elle se réfère est beaucoup plus récent1. Les conclusions que
l’on en tire présentent elles-mêmes de graves inconvénients, car la date
de 417 semble trop tardive : Égérie, en effet, comme le remarque
G. Kretschmar2, ignore manifestement la découverte des reliques
de saint Étienne qui furent transférées, en décembre 415, dans l’église
de Sion : elle mentionne souvent ce sanctuaire et l’ensemble de son
récit ne peut la faire soupçonner de passer sous silence un tel événement.
D ’ailleurs, supposer que l’Ascension a été rapportée à l’après-midi
de la Pentecôte en raison de la solennité de Bethléem, c’est admettre
sans aucune preuve que la fête était déjà célébrée au quarantième jour,
alors que la cérémonie du Mont des Oliviers peut être expliquée
par une tradition bien attestée, dont les témoins sont sans doute plus
anciens, mais dont on peut légitimement penser qu’elle était encore
vivante au temps de VItinerarium.
A notre avis, la liturgie de Jérusalem à l’époque d’Égérie
constituait sans doute un stade intermédiaire entre la pratique antérieure
consistant à célébrer, à la fin de la Cinquantaine, le mystère global de
la glorification du Christ et de l’effusion de l’Esprit et un usage plus
récent qui en dissocie les éléments selon le développement historique
des événements du salut. La tradition palestinienne de l’Ascension
au cinquantième jour s’est heurtée, semble-t-il, dans la ville sainte,
à une conception topographique qui a dû naître vers la fin du IVe siècle.
Il était normal que les pèlerins, venus pour les fêtes de toutes les
régions de la chrétienté, aient désiré unir leur vénération des lieux
saints à la célébration du mystère liturgique se rattachant à chacun
d’eux. Cela pouvait leur paraître d’autant plus légitime que certains
solennisaient, dans leur propre Église, l’Ascension et la Pentecôte
à des jours différents. Cette conception, qui, à Jérusalem, constituait
une innovation, exigeait que l’assemblée du cinquantième jour soit
convoquée à la troisième heure, dans la basilique du Cénacle, pour
commémorer la venue du Saint-Esprit. Mais, à l’époque de VItine
rarium, ce processus d’évolution ne s’était pas encore étendu à la
2 . — LE LECTIONNAIRE ARMÉNIEN
1 On peut lire aussi bien 27 que 25. Mais l’antienne appartient au ps. 25.
« Ps. C X L II (Vulgate), 10.
Évolution de la Pentecôte à Jérusalem au début du V s. 171
Ce n’est donc pas le livre qui a été retouché; ce sont les institutions
qui se sont transformées. L ’ordonnance générale du dies sanctae
Pentecostes laisse encore paraître les modifications qu’a ! subies la
pratique antérieure : la synaxe au Mont des Oliviers s’est maintenue,
par une sorte de conservatisme assez fréquent dans les institutions
liturgiques, mais elle a perdu sa véritable signification lorsque une fête
s’est introduite au quarantième jour, à une date qui se situe entre le
voyage d’Égérie et la constitution du Lectionnaire arménien. La nouvelle
solennité a hérité, sans doute, du formulaire déjà composé pour la
synaxe du dimanche après-midi et l’on a eu recours à des répétitions
de textes utilisés le matin, pour combler les lacunes dans un office
qui n’était plus qu’un organe-témoin.
Notre document mentionne aussi la cérémonie de la génuflexion,
à la fin de la Cinquantaine, usage auquel VItinerarium ne fait aucune
3. — LE KANONARION GÉORGIEN
887. V I lectio,
5. L esu n g des Paulus : « A b e r den Paulus, Corinthiorum : Inc. « D e
geistlichen B rüdern », zu finden spiritualibus autem illis, fratres. »
6. Fastenmontag. Invenies in Quadragesimae V I feria
secunda.
H alleluia : « D u hast W ahltat er- A lléluia, modus. V : <( Placuit tibi,
wiesen, o H err, deiner E rde ». D om ine terra tua, converte » usque ad
«peccata eorum » (Ps. L X X X I V ,
2-3). A lia appositio : « Q uid boni
aut » usque ad « in aeternum ».
E v : Jo, 14, 15 -2 1, zu finden im 888. Evangelium Iohannis capitis :
Testam ent. In c. « S i diligetis m e » usque ad
« quando fiet et credetis ». Invenies in
Testam ento.
(G esang zur) H ândew aschung : « D u M an um lotionis, (modus) I V :
bist aufgefahren in dein R eich : « A scendisti, D om ine, regni tui. »
o H err. »
174 Le « Sceau » du cinquantième jour
N® 9151. — 12
178 >Le * Sceau » du cinquantième jour
L’ÉMIETTEMENT DE LA CINQUANTAINE
CHAPITRE I
I. — LA TEESAPAKOETH-
I . — LE CONCILE D’ELVIRE
L ’homélie insiste sur le fait que le Christ est entré au ciel avec sa
chair qui, selon l’image empruntée à Isaïe (Zy., LXIII, 1-3), est d’abord
passée par le pressoir de la croix, pour nous faire régner avec lui. Le
prédicateur fait plusieurs allusions au psaume 23, dont un verset est
explicitement cité 2. La péricope évangélique est celle de la Transfi
guration du Seigneur 3.
« Puis donc que dans le corps du C hrist, dit Chrom ace en term inant,
la chair de notre nature est en ce jour m ontée au ciel, c ’est avec raison
et à bon droit que nous devons célébrer la solennité d ’aujourd’h u i... 4 »
1 Ibid.y p. 249 : «Sollemnitas diei praesentis non parvam habet gratiam festivi
tatis. Hoc enim die quadragesimo post resurrectionem, ut audivit in praesenti lectione
dilectio vestra, Dominus et Salvator noster, praesentibus ac videntibus discipulis,
cum corpore ascendit in caelum. »
a Ibid.3p. 252 : « Caro nostra quam regnare in paradiso noluit, régnât in caelo...
angelorum quidem admiratio et exsultatio fuit, et totius mundi laetitia; diaboli vero
confusio et vera damnatio. Hanc admirationem angelorum de ascensione Domini
ad caelos etiam David in psalmo demonstrat, cum ita ex persona angelorum mirifice
loquitur dicens : Tollite portas, principes, vestras, et elevamini, portae aeternales,
et introibit rex gloriae. Et quid est, inquiunt, iste rex gloriae? Dominus, inquit,
fortis et potens in proeüo... »
3 Op. cit.y p. 251 : «... Cum transfiguratus in monte, ut legimus in evangelio... »
4 Ibid.y p. 254 : «Quia ergo caro naturae nostrae in corpore Christi hac die
ascendit ad caelum, iure ac merito praesemis diei sollemnitatem celebrare debemus... »
Dies quadragesimae Ascensionis 189
I. — l ’ a s c e n s io n d a n s l e s p a t r ia r c a t s o r ie n t a u x
de la ville q u ’il était chargé, mais il avait été désigné pour le sacerdoce
dans u n sanctuaire de la banlieue de Constantinople nommé E léa;
celui-ci est situé en face de la ville et c ’est là que, d ’après la coutum e,
on célèbre avec tout le peuple la fête de l ’Ascension du Sauveur *. »
3. — l ’ a s c e n s io n d a n s le s a u t r e s r é g io n s d e l ’ o c c i d e n t
par les œuvres merveilleuses q u 'il a faites; et, après q u 'il est monté
au ciel, il montre clairement aujourd'hui, comme à des hommes qui sont
devenus parfaits, la divinité de l’Esprit, le Paraclet, qui sous la form e de
langues de feu reposa et resta sur les saints apôtres, afin q u ’ils brûlent
et détruisent les épines que la transgression de notre père A dam planta
autrefois; eux qui aussi nous ont enseigné à louer D ie u un en trois
hypostases : et, l'adorant ainsi, nous disons : L ou an ge à toi *. »
apparaître comme une nouveauté, même s’il n’en était pas lui-même
l’auteur. Grégoire de Nazianze, en effet, administrait le baptême à
la Fête des Lumières, à Pâques et à la Pentecôte 1. Si la dernière de ces
solennités devait être bientôt rayée de cette liste, du moins à Constan-
tinople, c’est la première qui, de nos jours, dans le rite byzantin, bien
plus que la nuit de Pâques, se présente comme le temps où les catéchu
mènes sont introduits dans l’Eglise. La liturgie du 6 janvier comporte
une solennelle bénédiction des eaux.
Nous remarquons aussi que, dans le texte cité, le mot tcvt/jxoctt^
désigne, la première fois, le cinquantième jour et, la seconde fois, le
«temps de la Pentecôte2 ». La clôture des sept semaines retrouvait le
nom qu’elle portait dans la tradition juive, mais le même terme
continuait à désigner l’ensemble du Temps pascal, ce qui est pour
nous une source d’équivoques, puisque l’on trouve la même expression,
parfois dans la même phrase, avec deux acceptions différentes. Cela
manifeste qu’on n’a pas totalement oublié la solennité du laetissimum
spatium. C’est cependant le dernier dimanche de la Cinquantaine qui
met en lumière les acquisitions récentes de la théologie du Saint-Esprit,
ce qui l’oriente, dans certaines Églises surtout, vers la considération
de la Sainte Trinité. Nous ne savons presque rien de la manière dont on
célébrait, au Ve siècle, la «métropole de toutes les fêtes», selon le
langage emphatique de Chrysostome, ni des lectures qu’on y faisait.
De nos jours, le rite byzantin, le plus répandu dans l’Orient chrétien,
comporte les péricopes Jean XX, 19-24 à l’ÔpOpoç, Actes, II, 1-11 et
Jean, VII, 37-VIII, 12 à la « Liturgie 3».
1 De Pentecoste I, 1 5 ibid., p. 144 (c. 400) : «Nam ab illo die quo Dominus super
omnem coelorum altitudinem ad dexteram dei patris consessurus ascendit, decimus
iste est qui ab ejusdem resurrectione quinquagesimus nobis in eo a quo coepit illuxit...»
2 S. A ugustin Contra Faustum, 32, 12, éd. J. Z ych a (C SE L 25, 1), 1891,
p. 770 : «Pentecosten etiam, id est a passione et resurrectione domini quinquagesimum
diem celebramus, quo nobis sanctum spiritum paracletum, quem promiserat, misit. »
3 S. L éon , Epist. X V I, A d universos episcopos per Siciliam constitutos, P L 54,
c. 699. (Jaffe 414) : « Additur sane huic observantiae etiam Pentecostes ex adventu
Spiritus Sancti sacrata solemnitas, quae de paschalis festi pendet articulo. Et cum ad
alios dies alia festa pertineant, haec semper ad eum diem qui resurrectione Domini
est insignis occurrit... »
Le saint jour de la Pentecôte : une fête parmi d'autres 205
1 S. A ugustin , Sermo 272; P L 38, c. 1246 : « Hoc quod videtis in altare D ei,
etiam transacta nocte vidistis : sed quid esset, quid sibi vellet, quam magnae rei
sacramentum contineret, nondum audistis. Quod ergo videtis, panis est et calix... »
(Ce sermon fut prononcé entre 405 et 4 1 1 ; cf. A . K unzelm ann , Die Chronologie der
Sermones des hl. Augustinus, dans Mise. Agostiniana, 2, 1931, p. 441.)
1 Cf. E. M oeller, L'antiquité de la double messe de Pâques et de Pentecôte,
dans QLP 26, 1942, p. 26-49.
3 Sermo 266; P L 38, c. 1225-1229; A . K u nzelm ann , art. cit., p. 444.
4 Le Sermon 29 (PL 38, c. 185-192), d’après son titre, a été prononcé lui aussi
« die Pentecostes, in vigiliis », mais il commente seulement le Ps. 117, sans parler de
la fête.
3 E. M oeller, art. cit., p. 38.
• Sermo Mai 158; éd. G . M orin , op. cit., p. 380-385 ; A . K u n zelm an n , art. cit.,
p. 471 : «Audistis mane, qui fuistis intenti, cum legeretur lectio Tobiae ad memoriam
sancti Theogenis, quod in die pentecostes sibi fecerit prandium... »
L e saint jour de la Pentecôte : une fête parmi d yautres 207
1 Cf. Sermo 273, 7 ; P L 38, c. 1251 : « Quando audistis diei apud memoriam
sancti Theogenis, a me vel ab aliquo fratre et collega meo, vel aliquo presbytero :
offero tibi, santé Theogenis ? »
2 Martyrologium Hieronymianum, dans Acta Sanctorum, Novembris, 2, pars
posterior, Bruxelles, 1931, p. 64 et Martyrologium Romanum, ibid., Decembris, 1940,
p. 36; cf. H. D eleh aye , Les Origines du Culte des Martyrs, Bruxelles, 1933, P- 381.
8 G . M o r in , en note de l’édition du sermon, a recours à un saint Diogène
(al. Théogènes), diacre, « qui cum duobus fratribus die 18 kl. mai in martyr, hierony-
miano commemoratur ». On pourrait penser aussi au saint Diogène qu’on fête à Rome,
via Salaria, le 17 juin (cf. H. D eleh aye , op. cit., p. 270). Mais aucune date ne corres
pond à celle que Kunzelmann a établie pour ce sermon; en 447, en effet, la Pentecôte
était le 10 juin.
4 Les fouilles d ’Hippone n’ont pas permis de retrouver ce sanctuaire, qui
était sans doute situé en dehors de la ville, comme la plupart des memoriae, proba
blement à l ’emplacement de la tombe de Théogènes, le premier évêque d ’Hippone
connu, martyrisé en 259 (cf. E . M arec , Monuments chrétiens d yHippone, ville épiscopale
de saint Augustin, Paris, Arts et Métiers graphiques, 1958, p. 216-217).
8 Sermo M ai 158, op. cit., p. 383 : «... quod etiam mane diximus sanctitatae
vestrae : M iser ego homo, quis me liberabit de corpore mortis hujus ? Gratia Dei per
Iesum Christum Dominum nostrum. »
8 Cf. supra, p. 186 et p. 190-191.
208 Vémiettement de la cinquantaine
1 S. L éon , De Pent. II, i, éd. R. D olle , op. cit., p. 149 (PL 54, c. 404) : «Plenis-
sime quidem nobis, dilectissimi, causam atque rationem solemnitatis hodiernae
divinorum eloquiorum textus ostendit, quo sanctum Spiritum quinquagesimo post
Domini resurrectionem die, qui ab ascensione ejus est decimus, infusum Christi
discipulis, sicut promissus sperabatur agnovimus. »
8 De Pent. I I I , 5, op. cit., p. 159-160 (c. 413-414) : «Dicit quidem Dominus
Jésus discipulis suis, sicut evangelica lectione recitatum est : Si diligeritis me, gauderitis
utique, quia ad Patrem vado, quia Pater major me est. »
8 Evangéliaire tu, n° 124; éd. T h . K lauser , Das rômische Capitulare Evan-
geliorum, Münster-i-W., 1935, p. 28.
4 La Tradition apostolique de saint Hippolyte, éd. B. B otte , Miinstcr, 1963,
p. 54 - 55.
1 Cf. E. M oeller , art. cit., p. 35-36.
8 Gen.y X I, 1-9; Serm. 271, P L 38, c. 1245.
Le saint jour de la Pentecôte : une fête parmi d’autres 209
Ce texte est appelé ici par celui des Actes mentionnant l’accusation
d’ivresse portée contre les disciples (Act., I, 13). C’était là, dit le
prédicateur, une sottise et une calomnie, sous lesquelles cependant
se cachait une vérité profonde3 : l’Esprit-Saint en effet renouvelait
totalement les apôtres, afin de pouvoir verser en eux ce vin nouveau
qui n’est autre que sa grâce et qui, comme le fruit de la vigne, les
enivrait, les faisait sortir d’eux-mêmes pour parler sous l’impulsion
divine. L ’Esprit-Saint, principe de jeunesse et de renouvellement,
n’accepte d’habiter que dans les âmes prêtes à renoncer au «vieil
homme ».
Le thème cependant qui a la faveur d’Augustin, le jour de la
Pentecôte, est celui de l’imité de l’Église, opérée par l’Esprit et
manifestée par le miracle des langues 4.
Quant à la prédication de saint Léon, elle est certainement
moins vivante et moins pastorale que celle de l’évêque d’Hippone;
sauf en certains passages presque lyriques, on a l’impression qu’il
expose une doctrine, la défendant contre les hérétiques, plus qu’il
n’annonce un mystère que les fidèles ont à vivre. Il parle du Saint-Esprit
source de toute sanctification, égal au Père et au Fils dans la Trinité,
qui s’était déjà livré aux hommes, mais réservait pour les disciples
réunis au cénacle un don de lui-même plus profond et plus complet.
Mais à Rome comme en Afrique, le cinquantième jour se présente
désormais comme une fête parallèle à celle de Pâques, même s’il
garde encore certains aspects de l’ancienne clôture de la grande
solennité.
3. — LE CINQUANTIÈME JOUR
No 9151. — 14
2 io Vèmiettemmt de la cinquantaine
sur les fêtes pascales auxquelles nous avons fait appel à propos de
l’Ascension. Partout où existe cette solennité au quarantième jour,
on commémore aussi, le dernier dimanche de la C in q u a n ta in e , la venue
de l’Esprit-Saint. Nous n’avons que des renseignements épars et
sommaires sur les usages concernant cette célébration dans les diverses
communautés. Nous nous proposons d’en tirer parti en envisageant
successivement les grandes régions de l’Occident, sans affirmer pour
autant que la pratique est homogène à l’intérieur de chacune d’elles;
faute de documents plus anciens, nous serons contraints, au moins
pour la Gaule et l’Espagne, de franchir les limites que nous avions
assignées à notre étude, pour recourir à des écrits plus récents.
a) V Italie
A Ravenne, dans le deuxième quart du Ve siècle, saint Pierre
Chrysologue1 commémore, le jour de la Pentecôte, la descente du
Saint-Esprit sur les apôtres. Dix jours avant, il a célébré l’Ascension,
mais la Cinquantaine n’a pas entièrement perdu, pour lui, son caractère
de fête, puisqu’il demeure sensible au symbolisme des sept semaines,
encore qu’il cherche surtout à expliquer le nom de la solennité du
cinquantième jour. Le chiffre 7, dit-il, est celui -des dons du
Saint-Esprit, des luminaires de l’ancien tabernacle, des jours de la
création, mais il évoque surtout la rémission des péchés. Comme le
Seigneur l’a déclaré à Pierre, ce n’est pas sept fois seulement, mais
soixante-dix-sept fois sept fois que les fautes doivent être pardonnées.
Le Christ a lui-même accompli la rédemption en ajoutant l’unité à la
multiplication du nombre par lui-même :
« L e nombre quarante, poursuit le prédicateur, a élevé au ciel
notre faiblesse; le nom bre cinquante, com m e nous le voyons aujourd’hui,
a répandu la divinité sur la terre. O heureux échange donné à l ’Église
sainte dans l ’accomplissement des nombres. L e nom bre quarante, com m e
l’assure l’Écriture, abolit, par l’ascension du Christ, la captivité du genre
humain. L e nombre cinquante, par l ’avènem ent de l’E sprit, rend à tous
la liberté désirée ’ . »
1 Dans le ms. Vat. lat. 4951 (f° 163), l’homélie sur la Mi-Pentecôte dont
nous avons déjà parlé est précédée d’un autre sermon, également édité par le cardinal
Mai sous le nom de saint Augustin. C ’est encore A. Olivar qui, après l’avoir soigneuse
ment étudié, en attribue les deux derniers tiers à la plume de Chrysologue.
Cf. A. O l i v a r , L os sermones de san Pedro Crisôlogo, estudio critico, Montserrat, 1962,
p. 354-357-
* Sermo X I *Festiuitas praesens », ibid., p. 480 : 0Quadragcsimus numerus
humilitatem nostram leuauit ad caelum; quinquagesimus, sicut hodie cemimus,
diuinitatem terris infundit. O felix commercium sanctae ccclesiae numeris currentibus
datum I Quadragesimus numerus, sicut fides docet scripturae, per ascensionem domini
captiuitatem humani generis abstulit; quinquagesimus per aduentum spiritus desi-
deratam cunctis restituit libertatem. •
Le saint jour de la Pentecôte : une fête parmi d’autres 211
1 Op. cit., p. 139, (les mots entre parenthèses sont les variantes du répons, rem
plaçant les mots en capitale du sermon) : « Aduenit ignis diuinus, non comburens sed
illuminans, non consumens sed lucens et inuenit c o r d i u m (corda discipulorum) recep-
tacula munda et tribuit g r a t i s (eis) charismatum dona. »
' Cf. P. F a b r e , Essai sur la chronologie de l'œuvre de saint Paulin de Noie,
Paris, Les Belles Lettres, 1945, p. 35-39 et 113-115.
* S. P a u lin DE N ole , Carmen X X V I I , 53-134; éd. W . H artel (C S E L 30),
1894, p. 264-265.
Le saint jour de la Pentecôte : une fête parmi dyautres 213
c) La Gaule
L ’implantation de l’Église dans la plupart des régions de la Gaule
s’est faite à une époque assez tardive, ce qui explique en grande partie
la pauvreté de la documentation que nous avons recueillie. En effet, si
nous trouvons dès le milieu du second siècle des communautés
chrétiennes vivantes à Vienne et à Lyon, il a fallu attendre longtemps
d) VEspagne
La lettre du pape Sirice à Himère de Tarragone, que nous avons
citée à propos de Rome 6, nous permet de nous faire une idée de celle
de l’évêque à laquelle elle répond; dans la seconde moitié du IVe siècle,
la pratique s’était établie, dans le nord de l’Espagne, de baptiser à toutes
eux, mais lui-même comme époux, eux comme amis de l’époux, aucun
d’eux comme époux *. »
et met en nous 1’ «homme nouveau, créé selon Dieu » (Eph., IV, 24).
De même, elle nous fait vomir tout ce qui fait obstacle à la foi, afin
de nous donner la pureté parfaite des membres du Christ. C’est ainsi
que le vin nouveau brise les vieilles outres et porte en nous ses fruits
de sainteté, une fois que nous avons été renouvelés par l’Esprit. Tout
cela se trouve comme condensé dans une homélie de Grégoire de
Nysse :
«Ne voient-ils donc pas, les ennemis de la gloire de l’Esprit, que la
langue de feu des paroles divines éclaire ce qui était obscur? Ne se
moquent-ils pas de ceux qu’ils disent remplis de vin doux? Quant à
moi, bien qu’ils disent cela contre nous, je vous conseille, frères, de
ne pas craindre les injures de telles gens et de ne pas vous laisser abattre
par leur mépris. Puissent-ils en effet recevoir eux aussi ce vin doux,
ce vin nouveau, celui qui coule du pressoir que le Seigneur a foulé
par l’Évangile, afin de te donner à boire le sang de sa propre grappe.
Puissent-ils eux aussi être remplis de ce vin nouveau, qu’ils ont appelé
vin doux et qui n’a pas été détérioré par les cabaretiers en étant mélangé
avec l’eau de l’hérésie : Puissent-ils être complètement remplis de
l’Esprit, par lequel ceux qui vivent de l’Esprit rejettent hors d’eux
l’écume épaisse et limoneuse de l’incroyance. Mais ils ne peuvent pas,
les gens de cette sorte, recevoir en eux le vin doux, parce qu’ils présentent
la vieille outre qui, incapable de recevoir un tel vin, se brise dans l’hérésie.
Mais nous, frères, comme dit le Prophète, «Venez, crions de joie vers
le Seigneur », buvons les boissons douces de la piété, comme le recom
mande Esdras, et illuminés dans le chœur des apôtres et des prophètes,
réjouissons-nous du don de l’Esprit-Saint et exultons en ce jour que le
Seigneur a fait, dans le Christ. Amen \ »
Ce thème se réfère directement à la venue du Paraclet et s’avère
plus apte que celui des amis de l’Époux à suivre l’évolution de la
1 G r é g o i r e d e N y s s e , In Pentecosten, P G 46, c . 700-701: « YA p a pxéTrouaiv o l
èxG pol TTjç 86Çtjç t o u nveôjjLaTOç t t jv 7ruptvY)v y X û a a a v xcov Gelcov Xoylcov r?)v x à
x e x p u jx jiiv a cpcoxlÇouaav, ^ cbç 7ue7rXY)pco(JLévcov t o u y X e é x o u ç x a x a y e X à a o u c n v ; ’E y ck
Se x a v x a u x a X éycoai x a O ’ fjjzcov, au[ApouXeôco upu v, à8eX<pol, (rr) cpoprjOTjvat x è v
8vei8io(i.8v xœ v xotoôxcov, fjnr)8è tc o çauX iap uo a û x û v 7 )TTY]0 7 )v a i. E ÏO e y à p y e v o tx é t c o ts
x a l è x e lv o iç t o y X e u x o ç t o u t o , 6 veoOXiB^ç o ô x o ç o lv o ç , 6 èx TÎjç Xtjvou 7rpoxeGe£ç,
i^v e7ràT7)ae S tà t o u E û a y y e X lo u ô K é p io ç , ïv a a o t 7c6 tl(iov t o u i8 lou p é x p u o ç x8
ccT[i.cc x o ty a y ). E ÏG e y à p 671X7)pcoG^cav x à x e ïv o t t o u vèou t o u t o u o lv o u , Ôv y X e u x o ç
côv6(j.aaav, ôç t$jv 8 ià t o u a lp e x ix o ü tiS ax o ç è ju fju Ç la v 7capà t & v xa7T7)Xcov o û x ë n a O e '
TràvTCoç y à p x a l t o u IIv e é ^ a T O ç 7rX7)petç è y è v o v x o , 81*0 5 t 8 7raxô Te x a l iXucoSeç
TÎjç à m a x l a ç o l IL / e û ^ a x t Ç éovxeç àfp’ êauxoW è Ç a ç p lÇ o u a tv . ’ A X X ’ o ù S ô v a v x a i o l
TOtouTOt èv è a u x o iç t 6 y X e u x o ç 8 é Ç a a 0 a i , £xt t& v rcaX alov à a x è v 7uepi<pèpovxeç, ô ç
7repLXpaxeïv x è v t o io u t o v jx7) 8uvà(jLevoç o ïv o v , a lp e x tx ô jç a7u o ^ 7 )yv u T a i. ’ A X X ’ ^jj.eTç,
à8eX<pol, xaQcoç cprjaiv 6
npOfprjT^ç, A e u x e , àyaX X taacopieO a xcp K u plco, 7rivovxeç, x a l
x à x îjç e u a e p e la ç y X u x à c jx a x a , xaO coç ô " E a & p a ç S ia x e X e ô e x a t, x a l x a t ç t c o v à 7uoCTx6 Xcov
x e x a l 7rpo(p7)Tc6v x ° P 0^ v a a ( a tç èfKppat&uvéjxevot, x a x à t t jv Scopeàv t o u à y lo u I l v e ô -
(jtaxoç à ya X X taaA |xeG a x a l eû çp av O û jx e v è n l x fl ^ é p a x a ô x fl, è7toto)crev ô K é p io ç ,
è v X p taxcj). ’A p j v . »
Les thèmes traditionnels de la prédication 225
No 9151. — 15
226 Uémiettement de la cinquantaine
1 Sermo 267, In die Pentecostes 77, 2; P L 38, c. 1230 : « ... Expaverunt qui
aderant, alii admirantes, alii irridentes : ita ut dicerent : Isti ebrii sunt, musto pleni
sunt. Ridebant, et aliquid verum dicebant. Impleti enim erant utres novo vino.
Audistis cum Evangelium legeretur, Nemo mittit vinum novum in utres veteres :
spiritualia non capit carnalis. Carnalitas vetustas est, gratia novitas est. Quanto-
cumque homo in melius fuerit innovants, tanto amplius capit, quod verum sapit.
Bulliebat mustum, et musto bulliente, linguae gentium profluebant. »
2 Sermo « Perpetui tnuneris », é d . A. O l i v a r , Der 186. Sermo des Pseudo- Au-
gustinischen Anhangs, dans SE 5,1953, p. 140 : « Dum multi de tam magno arcano mi-
rarentur, alii deridentes dicebant : Quia musto repleti sunt. Bene quidem nescientes
dicebant : quia mustum ebulliendo omnes sordes proicit foras ; ut et odorem custodiat,
et suauitatem abscondat. Utres noui uinum nouum susceperunt; ut et uinum illaesum
seruarent, et ipsi in nouitate sancti Spiritus ambularent. D e isto Spiritu sancto
propheta dicebat : « Emitte Spiritum tuum, et creabuntur, et renouabis faciem terrae. »
« Renouata est faciès terrae, innouata in melius, quando lingua eucharis laudem decan-
tauit potentiae caelestis, et melos insonuit deitatis. »
228 Uêmiettement de la cinquantaine
2 . — LA TOUR DE BABEL
1 Gen., X I, 1-9. Comme nous l’avons déjà signalé (cf. supra, p. 132), ce texte se
trouve comme lecture pour le jour de la Pentecôte, dans le lectionnaire B. M . Add.
14.528.
* Vêpres de la Pentecôte. E. M ercenier, La prière des Églises de rite-byzantin,
II, 2, Chevetogne, 1948, p. 367.
Les thèmes traditionnels de la prédication 229
en elle ceux « qui sont inscrits sur le livre de vie de l’Agneau » (’Apoc.,
XXI, 27). Et c’est l’Esprit qui joint sa voix à celle de l’Église pour
supplier le Sauveur de revenir (Apoc., XXII, 17).
Célébrer la Pentecôte, c’est participer à cette victoire. de la
Jérusalem nouvelle, c’est recevoir par les sacrements des grâces d’unité,
c’est être rattaché plus étroitement à la cité de Dieu, par les mérites
de Jésus, en revivant dans son Église son Mystère pascal. En
effet, accueillir l’Esprit-Saint n’est pas autre chose, puisque la voix
de l’Épouse se mêle à la sienne. Saint Augustin lui-même insiste sur
cette idée qu’il développe longuement dans plusieurs de ses homélies,
par exemple lorsqu’il s’écrie :
« Celui qui a l’Esprit-Saint est dans l’Église qui parle les langues
de tous. Celui qui est hors de cette Église n’a pas le Saint-Esprit. En
effet, I’Esprit-Saint a daigné se révéler dans les langues de tous les
peuples, afin que celui qui est dans l’unité de l’Église qui parle toutes
les langues sache qu’il a l’Esprit-Saint. « Un seul corps, dit l’apôtre Paul,
un seul corps et un seul esprit »(Eph., IV, 4). Regardez donc les membres
de notre corps. Celui-ci est composé de nombreux membres et cependant
un seul esprit les anime... Ce qu’est notre esprit, c’est-à-dire notre
âme est à nos membres, c’est cela que le Saint-Esprit est aux membres
du Christ, au corps du Christ qu’est l’Église1. »
1 S. Augustin, Sermo 268, In die Pentecostes, P L 38, c. 1232 : « Qui ergo habet
Spiritum sanctum, in Ecclesia est, quae loquitur omnium linguis. Quicumque praeter
hanc ecclesiam est, non habet Spiritum Sanctum. Ideo enim Spiritus sanctus in
omnium linguis gentium se demonstrare dignatus est, ut ille se intelligat habere
Spiritum Sanctum, qui in unitate Ecclesiae continetur, quae linguis omnibus loquitur.
Unum corpus, Paulus dicit Apostolus, unum corpus et unus spiritus. Membra nostra
attendite. Multis membris constitutum est corpus, et végétât membra omnia unus
spiritus... Quod est spiritus noster, id est anima nostra, ad membra nostra, hoc
Spiritus sanctus ad membra Christi, ad corpus Christi, quod est Ecclesia»; voir
aussi Serm. 267, 4, P L 38, c. 1231.
232 L ’émiettement de la cinquantaine
1 Serm. 267, 3; ibid.: «Nam quod ilia Ecclesia parva linguis omnium gentium
loquebatur, quid est, nisi quod Ecclesia ista magna a solis ortu usque ad occasum
linguis omnium gentium loquitur?» (Sermon daté de 4 11; cf. A. K u n z e l m a n n ,
art. cit., p. 448.)
2 Serm. 269, 2; P L 38, c. 1235 : «Nec immerito recte intelligitur, quamvis
ipsos baptismum Christi habere fateamur, haereticos non accipere vel schismaticos
Spiritum sanctum nisi dum compagini adhaeserint unitatis per consortium charitatis. »
8 Serm. 271 ; P L 38, c. 1246 : «Vos autem,fratres mei, membra corporis Christi,
germina unitatis, filii pacis, hune diem agite laeti, celebrate securi. Hoc enim in vobis
impletur quod illis diebus quando venit Spiritus sanctus, praesignabatur. »
4 Sacramentarium Veronertse, éd. L . C. M o h l b e r g , Rome, 1956, n° 217 et 191,
p. 28 et 24.
Les thèmes traditionnels de la prédication 233
3. — LA LOI ET L'ESPRIT
1 S . A u g u s tin , op. cit, p. 383 : «Cum putant enim se viribus suis posse implere
quod iussum est, non impleuerunt quod praeceptum est. *
236 Uémiettement de la cinquantaine
Moïse a reçu sur la montagne la loi écrite par le doigt de Dieu. Lisez
l’évangile et remarquez que l’Esprit-Saint y est appelé le doigt de
Dieu l. »
Ce parallélisme entre la Loi et l’Esprit, l’évêque d’Hippone va
le dégager de la symbolique même du nombre de la Pentecôte : 4 est
le chiffre du monde, puisqu’il y a quatre points cardinaux; 10 est le
chiffre de la Loi, à cause des dix commandements; 40 (4 X 10) est
donc le chiffre du monde sanctifié par la Loi.
«Après les quarante jours, s’écoulent dix jours, le nombre dix
seulement, pur et simple, non multiplié par quatre, et le Saint-Esprit
vient, pour que la loi soit accomplie par la grâce. Car la loi sans la
grâce, c’est la lettre qui tue. « En effet, si nous avait été donnée une
loi capable de communiquer la vie, alors vraiment la justice procéderait
de la loi. Mais en fait l’Écriture a tout enfermé sous le péché, afin que
la promesse, par la foi en Jésus-Christ, appartînt à ceux qui croient. »
C ’est pourquoi «la lettre tue, mais l’Esprit vivifie »... La lettre sans
l’Esprit tue, mais avec l’Esprit, elle vivifie; il fait s’accomplir la lettre;
ainsi la science sans la charité enfle, la charité avec la science édifie.
L ’Esprit-Saint a donc été envoyé pour que la loi s’accomplisse et pour
que se réalise ce que le Seigneur lui-même avait dit : « Je ne suis pas
venu abolir la Loi, mais l’accomplir. » C ’est cela qu’il donne aux croyants,
c’est cela qu’il donne à ceux à qui il donne l’Esprit-Saint. Chacun
devient d’autant plus apte à faire les œuvres de la Loi qu’il en est rendu
par là plus capable *. »
Cette présentation très équilibrée corrige une insistance trop
exclusive sur l’action de la grâce. L ’homme n'est pas dispensé
d'accomplir les commandements de Dieu, pour être sauvé, bien au
contraire. Mais son effort dans ce sens ne peut aboutir à la justification
que s’il est animé par l’Esprit qui donne la vie.
1 S. A u g u s t i n , Contra Faustum, 32, 12, éd. J. Z y c h a (C S E L 25, i), 1891,
p. 770-771 : «Pentecosten etiam, id est a passione et resurrectione domini quinquagesi-
mum diem celebramus, quo nobis sanctum spiritum paracletum, quem promiserat,
misit. Quod futurum etiam per Iudaeorum pascha significatum est, cum quin
quagesimo die post celebrationem ouis occisae Moyses digito dei scriptam legem
accepit in monte. Legite euangelium et aduertite ibi spiritum sanctum appellatum
digitum dei. »
* S. A u g u s t i n , Sermo 270, In die Pentecostes V, 3; P L 38, c. 1240-1241 : «Imple-
tis ergo post quadraginta dies aliis decem diebus, denario numéro semel, denario
numéro simpliciter, non quadrupliciliter, venit Spiritus sanctus, ut lex impleatur per
gratiam. Lex enim sine gratia littera est occidens. Si enim data esset lex, inquit,
quae posset vivificare, omnino ex lege esset justifia. Sed conclusit Scriptura omnia sub
peccato, ut promissio ex fide Jcsu Christi daretur credentibus (Gai., III, 21-22).
Ideo, Littera occidit, Spiritus autem vivificat ( I I Cor., III, 6)... Littera sine Spiritu
occidit, cum Spiritu vivificat, et impleri litteram facit; sic scientia sine charitate inflat,
charitas cum scientia aedificat. Ergo missus est Spiritus sanctus, ut lex impleretur,
et fieret quod ipse Dominus dixerat, Non veni legem solvere, sed adimplere (Mat., V ,
17). Hoc donat credentibus, hoc donat fidelibus, hoc donat eis quibus dat Spiritum
sanctum. Quanto fit eo quisque capacior, tanto ad operandam legem fit facilior. »
Les thèmes traditionnels de la prédication 237
1 Bien qu’il n’apporte rien de nouveau, il faut citer un texte d’Isidore de Séville
qui, selon sa manière habituelle, s’inspire étroitement de ses prédécesseurs. I s i d o r e d e
SÉVILLE, De ecclesiasticis officiis, I, 24; P L 83, c. 760-769 : « 1... Pentecostes enim
dies hinc accepit exordium, quando D ei vox in Sina monte desuper intonantis audita
est, et lex data est Moisi. In novo autem Testamento Pentecoste coepit quando
advendum sancti Spiritus quem Chris tus promisit exhibuit, quem ait non esse
venturum, nisi ipse ascendisset in coelum... 3. Concordat autem haec festivitas Evan-
gelii cum festivitate legis ; illic enim posteaquam agnus immolatus est, interpositis
quinquaginta diebus, data est lex Moisi, scripta digito D ei; hic postquam occisus est
Christus, qui tanquam ovis ad immolandum ductus est, celebratur verum pascha,
et, interpositis quinquaginta diebus, datur Spiritus sanctus, qui est digitus Dei,
super centum viginti discipulos Mosaicae aetatis numéro constitutos, siquidem et haec
festivitas aliud obtinet sacramentum. »
CHAPITRE IV
OCTAVE DE PÂQUES
tur autem ipsa die dominica prima in ecclesia maiore, id est ad Martyrium, et secunda
feria et tertia feria, ubi ita tamen, ut semper missa facta de Martyrio ad Anastase
ueniatur cum ymnis. Quarta feria autem in Eleona proceditur, quinta feria ad Anastase,
sexta feria in Syon, sabbato ante Cruce, dominica autem die, id est octauis, denuo in
ecclesia maiore, id est ad Martyrium. Ipsis autem octo diebus paschalibus cotidie
post prandium episcopus cum omni clero et omnibus infantibus, id est qui baptizati
fuerint, et omnibus, qui aputactitae sunt uiri et feminae, nec non etiam et de plebe
quanti uolunt, in Eleona ascendent. Dicuntur ymni, fiunt orationes tam in ecclesia,
quae in Eleona est, in qua est spelunca, in qua docebat Iesus discipulos, tam etiam
in Imbomon, id est in eo loco, de quo Dominus ascendit in caelis. Et posteaquam
dicti fuerint psalmi et oratio facta fuerit, inde usque ad Anastase cum ymnis descen-
ditur hora lucemae; hoc per totos octo dies fit... » (cf. H. P étré , op. cit., p. 242-243).
Nous avons déjà parlé de cette procession au Mont des Oliviers pour la comparer à celle
du soir de la Pentecôte; cf. supra, p. 165-166.
1 Itinerarium Egeriae, X L V II, op. cit., p. 88-89 (cf. H. P étré , op. cit., p. 261-262).
* C y r i l l e d e Jérusalem , Catéchèses Mystagogiques, P L 33, c. 1065-1128.
8 S. Jean C hrysostomb , Discours V III , op. cit., p. 248-251.
4 Discours V I, 24, ibid., p. 227.
244 Uémiettement de la cinquantaine
considérer que, d’une certaine manière, les fêtes pascales sont déjà
terminées. C’est bien ce que nous retrouvons, au V Ie siècle, chez
Sévère d’Antioche, si du moii-s nous en jugeons par le titre d’une
homélie qui fut vraisemblablement prononcée le mercredi après
l’octave de Pâques que clôture la fête de la «Mémoire des Justes » :
« Hom élie XLIV — Su r la m ém oire des justes d ’autrefois (H-vi)(ri)
jtàvTtùv w v Sixaicov), qui se célèbre chez nous après la semaine de fête
(l’octave) de la résurrection adorable du D ieu grand et notre Seigneur
Jésus-Christ \ »
P L 38, c. i i o i : « Dies istos, quibus post passionem Domini nostri Deo cantamus
alléluia, festos habemus in laetitia usque ad Pentecosten, quando missus est de caelo
promissus Spiritus Sanctus ».
1 Liber sacramentorum Romanae ecclesiae ordinis anni circuli, éd. L . C . M ohlberg ,
Rome, Herder, i960 (Rerum eccl..., IV); P L 74, c. 1055-1244. L e sacramentaire
gélasien (Vat. Regin. Lat. 316) est celui d’un titre presbytéral au milieu du v n e siècle.
Semaine de Pâques : X L V II-L III, éd. M ohlberg , p. 77-81.
1 Sacramentarium gregorianum, éd. H. L ietzm an n , Münster-in-Westf.» 1921.
C ’est le sacramentaire que le pape Hadrien I er fit parvenir à Charlemagne. Semaine
de Pâques : n. 89-95, p. 56-60, La liste des églises stationnales ne peut évidemment
pas être antérieure au vu® siècle, puisque c’est alors que l’empereur Phocas (602-610)
donna le Panthéon au pape Boniface IV, pour en faire l’église de sancta Maria ad
Martyres.
* G. M orin , Le plus ancien Cornes ou lectionnaire de l'Église romaine, dans
RB 27, 1910, p. 46-72. L e Cornes de Wiirzburg contient une liste d’épîtres que
l’on date des années 525-530.
* Cf. A. C havasse, Les plus anciens types du lectionnaire et de Vantiphonaire
romains de la messe, dans RB 62, 1952, p. 73-75.
* Cf. supra, p. 103, n.13.
246 Uérmettement de la cinquantaine
2. — LA REPRISE DU JEÛNE
DÈS LE QUARANTIÈME JOUR APRÈS PÂQUES
3. — LES « LITANIAE »
1 Filastre exerça son activité à Milan contre l’évêque arien Auxence, prédé
cesseur d*Ambroise (cf. G audentius , X X I, De Filastrio praedecessore, éd. A. G lueck
(C S E L 68), 1936, p. 186) et Augustin le rencontra à Milan chez saint Ambroise
(cf. A ugustin , Epist. 222,2, éd. A. G oldbacher (C SE L 57), 1911, p. 446).
250 Uémieîtement de la cinquantaine
quoi les hom mes, aujourd’hui, exprim ent leu r supplication dans des
psaumes et des prières... O n choisit com m e date le présent triduum ,
entre la fête de l ’A scension sainte et le dim anche, de sorte que ces
solennités l ’entourent com m e d ’un vêtem ent qui lui convient ém inem
m en t... D ans les années qui suivirent, certaines Églises des Gaules
imitèrent une chose aussi exem plaire, sans toutefois que cette célébration
se fasse partout les mêmes joins que ceux qui avaient été fixés chez
n ous... Cependant, la concorde entre évêques augm entant avec l ’amour
pour les Rogations, on en vin t à observer universellem ent la m ême
date, c ’est-à-dire les jours où nous sommes x. »
Il semble que Mamert ait fixé ces cérémonies aux trois jours qui
suivent le cinquième dimanche après Pâques, malgré l’expression peu
claire inter Ascensionis sacrae cultum diemque dominictim (il n’y aurait
d’ailleurs que deux jours entre l’Ascension et le dimanche). Il faut
sans doute voir une certaine exagération dans l’affirmation d’un
accord unanime à l’époque de saint Avit; le concile d’Orléans
de 511 doit en effet rappeler les jours des Rogations et en étendre la
pratique à toutes les Églises des Gaules :
« Toutes les Églises doivent célébrer les Rogations, c ’est-à-dire les
Litanies, avant l ’Ascension du C hrist, de telle sorte que le jeûne de ces
trois jours se term ine à la fête de l ’Ascension du Seigneur. Pendant
ces trois jours, tous les esclaves et toutes les servantes doivent être
dispensés de tout travail, afin que tout le peuple puisse se réunir. Pendant
ces trois jours, que tous jeûnent et prennent la nourriture du carêm e a. »
1 Capitulare sancti Pauli, Mss. Vat. Reg. 9, éd. A . D old , Texte und Arbeiten,
I, 35, Beuron, 1944, p. 16. On peut s’étonner qu’il n’y ait qu’une seule péricope pour
les Litanies; peut-être faut-il l’expliquer par le fait que les autres ne seraient pas tirées
de saint Paul. Cf. P. B orella , art. cit., p. 42.
* Le Codex Forojuliensis se présente sous la même forme que le Mss. C 39 Inf.
de l’Ambrosienne, et ses indications remontent sans doute aux v ie-vii° siècles; il pro
vient d’une Église de la province d’Aquilée. Cf. D . de B ru yne , Les notes liturgiques
du Codex Forojuliensis, dans RB 30,1913, p. 298-318 (éd. du Capitulare passim).
« A Pascha usque ad Pentecosten » 253
4. — L’ OCTAVE DE LA PENTECÔTE
PERSPECTIVES PASTORALES
Christ, mais leur action, pour trouver son véritable sens et sa pleine
efficacité, exige un approfondissement de la foi dont tous n’ont pas
encore vu l’urgente nécessité : Jésus n’est pas seulement le divin
modèle, il est le Seigneur qui siège 'à la droite du Père et qui, depuis
la Pentecôte, agit lui-même dans l’Église par son Esprit, afin de
perpétuer au milieu des hommes les mirabilia Dei.
*
* *
G enèse II M acchabées
xi 1-9 132,208,228 xii 32 19
E xode Job
xii 2 22 xxii 1-30 132
XIII, 9 — XIV, 31 xxiii, 1 — xxiv, 25 132
XIX — XX
132
21-22, 24, 27, Si xxxii, 6 — xxxm , 6 132
132, 213 P saumes (V ulgate)
XXIII 14-17 1 5 -1 7
xxiv 4 22 XXII 187
XXXI 18 234
XXIII (xxiv) 132,171 n. 3, 187,
192
XXXIV 18 17 n. 1
22 16 XXVIII 88
XXXIII 171
L évitique XLVI (XLVIl) 132, 171
II 14-16
L 122,174, 219
9 3 -9 4
XXIII 1 7 ,1 9 , 20 LXIV 174
XXV 50 ,213 LXVII 54>85
LXXVII 199
N ombres XCII (XCIIl) , 132
35
XCIV 48,132,198
xix 19 n. 5
XXII 22 213 cm 57, 172, 176, 211,
XXVIII
223
17 CIV 227
D eutéronome CXVII 174
v, 6 — vi> 9 132 CXIX 140
XVI 16, 21 CXL 174, 208
XXVII — XXX 26 CXLII 169, 170, 174, 176
CXLIV 174
JOSUÉ
P roverbes
V 13 213
XI, 1 — xii, 5 132
Juges xv, 29 — xvi, 24 132
vi 1-24 13 2 ,2 13 ISAÏE
x iii 2-25 132
I 16 148
I Rois (I S amuel) v 1 sq. 213
xvi 1-13 132 xxxv 3-19 132
XLVIII, 12 — XLIX, 13 132
II Rois (II S amuel ) XLIX 1-23 132
vi 1-23 132 LVIII I3-14 48
x xi 1-14 132 LXIII I-7 225
XI I 19 n. 5
III Rois (I Rois)
XV 12 24 JÉRÉMIE
xxx, 18 — xxxi, 14 132
IV Rois (II Rois) xxxi 27-37 132
11 1-18 8 4 ,13 2 XXXVI 253
x 20 19 n. 5
E zéchiel
II C hroniques 1 1-28 132
xv 10-13 2 4 ,2 7 III 12-15 132
XXX 2 42 n. 2
D aniel
T obie 1 1-21 132
II I 19, 206, 208, 211 vu 7-18 132
264 Index des lectures et des citations bibliques
O sée R omains
xii 9-15 132 VIII 2 235
II 260
Joël 235
15
11 17 217 29 94
21-32 132 X 9 55
m 5 87
I C orinthiens
A mos V 7 53
v 21 19 n .5 XI 26 47
XII 1-27 125 n. 1, 132, 231
A ggéb XV 4-8 84
I 13-15 132 22-23 60
32 38
M atthieu XVI 8 28, 38, 12 2 ,14 6
v 17 96, 236
VII 21 96 II C orinthiens
ix 15 80 iii 3 234
17 208-209, 223 6 236
XII 28 234 VII 4 252
xv 32 251
xvi 1-7 246 G alates
19 83 n. 1 iii 21-22 236
XXI I 165 28 230
XXVI 27-29 225 IV IO -II 79
XXVIII I 47 v 4-5* 18 235
8-20 203 n. 2, 246
E phésiens
M arc h 6 5 4 * 5 5 n . 1, 57
XVI 9 246 IV 4 231
19 83 7-12 85* 139-140
24 224
L uc v 8-19 203 n. 3
v 3 4 -3 5 80
3 7 -3 8 223 P h ilippiens
VII 41 50 n. 2 h 6-11 56
XI 20 234 m 20 105
XXIV 83* I32> 191. 246
COLOSSIENS
Jean I 56
15
v ii 14 101, 104 II 16-17 46
v u , 37 — VIII, 12 83* 203 III 1 55 n. 1
XIV 132, 208, 213
xvi 7 8 3 ,1 3 5 I T imothéb
13-14 219, 225, 259 1 , 18 — m , 16 132
XX I 246
17 84 H ébreux
19-24 83* 84, 203 III 5 -6 237
XXI 1-14 246 9 199
IV 1 - 3 * 7 - ïo 49
A ctes 14 . 93
1 1-12 56, 79, 87, 132,
W> 237 APOCALYPSE
13-14 55 n. 1 I 10 47
11 1 sq. I 5 >3 5 -3 6 ,46,5511.1, IV 5 88
70*79*87,132,203, VII 9 232
passitn. 14 259
32 19 XIV 8 230
33 83 XIX 1-7 105
3 7 -3 8 230 XXI 2 230
x 45-46 88 27 231
xx 16 28 XXII 17 231
IN D E X A N A L Y T IQ U E
Actes des Apôtres (Lectio continua des), Carême des Apôtres, 110 ,15 8
,97-100. C asel (O.), 5, 6, 40, 52, 245
A damnanus , 177 n. 2 C assien , voir Jean C assien
A ddai (La Doctrina d’)> voir Doctrina C azelles (H.), 16
Apostolorum C ésaire d ’A rles, 78, 218-220
Agde (Concile d’), 220 n. 3 et 4 C hromace d ’A quilée , 187-188
A mbroise de M ilan (s.), 103, 12 1-12 3 , Clermont (Concile de), 220 n. 3
126,135 n. 43 i95j 249 Constitutions apostoliques, m , 177 n. 3,
A mbrosiaster , I2 0 -I2 I, 126 184, 190, 238-240, 254-255
Amis de VÉpoux (Parabole des), 73*743 C onybeare (F. C.), 1 7 1 ,1 7 6 , 177 n. 1
8 0 -8 3 , 147-148,150-151,181-182,197, C oquin (R.) 61 n. 1
222-223, 247, 253-254 C ureton (W .), 6 2 ,1 3 1
A mphiloque d T conium , ioo - io i C yprien (S.), 35, 211 n. 1
Antioche (Concile d*^ 104, 184 C yprien (pseudo-), 41
A phrahate , 153 n. i, 154 n. 3 C yrille d ’A lexandrie , 6 9 ,7 1 ,9 4
A rens (A.), 22 n. 2, 24 n. 2, 26 C yrille de J érusalem , 144-145,147,243;
A riald (s .), 251
A kuba (Rabbi), 88 Damas (Document de), 26 .
Alliance (fête du renouvellement de 1’), Damase (s.), 120-121
21-27, 86-87, 89 D avies (J. G .)3 167
A ribert (Sacramentaire d’), 103 D e lc o r (M .), 7, 27, 17 n. 3
Ascension (fête de 1*) — cinquante jours D ekkers (E.), 40,166-168
après Pâques, 126-142, 145, 147-1483 D enys d’A le x a n d rie , 62
159-160, 165; — quarante jours après D iadoque de P h o tik é , 191
Pâques, 75-763 126, 147-1483 1513 1573 Doctrina Apostolorum, 87, 130-131, 134-
160, 166-167, 171, 175-177, 185-195» 1353 1533 156
203, 210, 211, 214, 216, 239 , D ô lg e r (F. J.), 157
A thanase d ’A lexandrie , 52 n. 1, 62-68, D u en sin g (H.), 30
108 D upont-Som m er (A.), 26
A thanasios V (Lectionnaire d’), 100
A ugustin (s.), 35, 98, 99,106,108,123, É gérie , 10 9 -110 ,14 3 ,1 5 1 n. 3 ,16 3 -16 9 ,
193-195» 204-209, 214, 226-228, 230- 1 7 6 ,1 7 7 n. 3, 242-243
232, 234-236, 244, 249 n. 1, 259 E l ’ hazar ben P edath , 21
A ugustin (pseudo-), 102,233 Elvire (Concile d*), 12 5 ,12 6 ,18 1-18 3
A vit de V ienne , 196,216,218, 249-251 E nnodius de P avie , 213
E phrem (s .), 13 5 ,15 3 n. 1
Babel, 228-232 E piphanie de S alamine , 94-95, 137-
Baptême, 40, 57, 119, 120, 149, 202-206, 13 8 ,1 4 2 ,1 5 9
217-218, 221,232,241 Epistula Apostolorum, 29-31, 56, 5 9 ,15 3
B arnabé (pseudo-), 47,134 n. 1 Esseniens, voir Qumran
B asile de C ésarée, 5 1,118 ,119 É thérie , voir É gérie
B atiffol (PO3 124 EÎ>xoX6ytov, 112
B aumstark (A.), 6, 57 n. 1, 100, 130, Eusèbe de C ésarée, 57-58, 62, 81, 93-
169 n. 4» 172 n. 3, 176 n. 2, 178, 202 94, 95» 127-130, 133-134» 1 4 3 » 1 4 5 »
n. 2,244 n. 1 152» 1 5 9 » 16 0 ,176
B enoît (s .), iio Eusèbe d’Émèse (pseudo-), voir F au ste
Bikkurim, 18 de R ie z
Bobbio (Missel de), 78, 98, 220 n. 1 E usèbe le G allican , voir F auste de
B o eckh (J.), 6, 59 n. 1, 60 n. 1,110 R iez
B o r e lla (P.), 251-252 ÉV A G RE L E P O N T IQ U E , 72, 73
B o t te (B.), 57 n. i 3 58 n. 1, 61 n. r, Évangéliaires — I I , 208, 255 n. 3;
155 n. 1,156 n. 1 — d ’ Édesse, 133 n. 1
B rau n (O.), 156-157
B runs (H. TO3182 F auste de R iez , 78, 196, 216-218,
B u r k it t (F. C.), 130,131 250-251
F ila s t r b de B rescia, 188-189,195» 247-
Canons des Apôtres, 157-1583 254-255 249
Capitulare sancti Pauli, 251-252 Porojuliensis (Codex), 103 n. 3> 246, 252
266 Index analytique
I n t r o d u c t io n . . ............................. 5
I n t r o d u c t i o n ..........................................................................................................................35
C h a p it r e i — la Pe n t e c ô t e c h r é t ie n n e à l a f i n d u i i c s iè c l e et
a u IIIe siè c le
§ 1. S a in t Irén ée ........................................................................................... 3 7
§ 2. L e s A ctes de P a u l . ....................................................................38
§ 3. T e r t u l l i e n ..................................................... 38
§ 4. H i p p o l y t e .....................................................................................42
§ 5. O r i g è n e ................................................................. 42
C h a p i t r e h — l e « g r a n d d im a n c h e *
§ 1. Le « h u itièm e jo u r » ................................................................................46
§ 2. La « Sem ain e d e Sem ain es » ..............................................................49
§ 3. Le co n ten u litu rg iq u e de la C in q u a n t a in e ......................................52
§ 4. Du dim anche à la TcevTTjxoanQ..............................................................5 7
In tro d u ctio n . . . 61
I — L e s p atriarches d ’A lex an d rie et les lettres f e s t a l e s ................................. 62
§ 1. S a in t A t h a n a s e .................................... 62
§ 2. T h é o p h ile d ’A l e x a n d r i e ............................................................. 69
§ 3. C y r ille d ’A l e x a n d r i e ................................................................... 69
I I — L a P en tecô te ch e z les m oin es .............................. 71
C h a p it r e iv — IIE N T H K O S T H , s o l u t io n d e qu elq u es d if f ic u l t é s
e t p e r sp e c t iv e s c o m p l é m e n t a ir e s
§ 1 . L e n o m de la C i n q u a n t a i n e ................................................. 7 7
§ 2. C é léb ra tio n de la C in q u a n ta in e et co m m ém oraison des
événem en ts d u s a l u t ....................................................................78
§ 3. L e jeû n e des « A m is de l ’É p o u x » 80
270 Table des matières
I I e P A R T IE : L E « SC E A U » D U C IN Q U A N T IÈ M E JO U R
C h a p it r e i — l a f ê t e d u d o n d e l ’ e s p r i t a u c in q u a n t iè m e j o u r
III® P A R T IE : U Ê M I E T T E M E N T D E L A C IN Q U A N T A IN E
C h a p it r e i — d ie s q u a d r a g e sim a e a s c e n s io n is
I — L a TeaaapaxocTTQ.....................................................................................l8 l
§ 1. L e concile d’E l v i r e ............................................................ 181
§ 2. L e concile de N i c é e ............................................................183
II — Les premiers témoignages sur la fête de l’Ascension au qua
rantième j o u r ................................................ . ................................ 185
III — L a fête de l’Ascension au Ve s iè c le .....................................................190
§ 1. L ’Ascension dans les patriarcats o r i e n t a u x .................190
§ 2. L ’Ascension à Rom e et en A f r i q u e .................................. 192
§ 3 . L ’Ascension dans les autres régions de l’Occident . . . 195
C h a p it r e ii — le s a in t jo u r d e l a Pe n t e c ô t e : deven u u n e fê t e
p a r m i d ’a u t r e s
C h a p it r e iii — l e s a in t jo u r d e l a Pe n t e c ô t e : l e s t h è m e s t r a d i
t io n n e l s DE LA PRÉDICATION
C h a p it r e iv — a pa sc h a u sq u e ad p e n t e c o st e n