Dossier ❘ MOULES

MOULES
La qualité au rendez-vous
Après des années difficiles pour certains bassins français, le cru 2018 s’annonçait
de belle qualité à l’ouverture de la saison, pour la bouchot comme pour la moule de corde.
Pour ne pas décevoir les consommateurs et valoriser des volumes parfois restreints,
les producteurs scrutent les taux de chair.

Dossier : Anne- Caroline RENARD

Ventes décalées pour taux Initiatives marketing Il y a toujours une Tout valoriser :
de chair au rendez-vous bienvenues à la marée moule pour vous des sous-tailles aux filets

P rédation, mortalités, fermetures

administratives… : depuis 2014, la
production mytilicole française est
soumise à rude épreuve. Au point
de voir ses volumes annuels dégringoler de
74 000 tonnes à moins de 57 000 tonnes,
avant de remonter péniblement. L’an der-
Cap à l’Ouest, au Vivier-sur-Mer (Ille-et-
Vilaine), qui veut cependant rester positif.
« Mais globalement, la production de bou-
chot a été plutôt bonne. »
En Poitou-Charentes, Benoît Durivaud,
vice-président moules du comité régional
de la conchyliculture (CRC), fait état, à l’in-
62 330
de moules d’élevage
en 2017.
 t
la production française

Source : Comité national

nier, elle dépassait à peine les 62 000 tonnes
selon les données du Comité national de la
conchyliculture (CNC). « Il y a eu moins de
mortalités en 2017, même si des secteurs
comme la Bretagne sud ou Charron ont
encore été impactés. Par ailleurs, à Brest,
la production est désormais très faible en
raison de la prédation par les daurades »,
commente Stéphane Hesry, dirigeant de
de la conchyliculture
verse, d’une saison moyenne en volumes
et passable en qualité. «  Jusqu’en sep-
tembre, nous avons eu du mal à avoir un
taux de chair suffisant pour répondre au
cahier des charges de la spécialité tradition-
nelle garantie (STG) bouchot. Nous étions
sur une moyenne en taux de chair de 21 à
22 % et 24 à 25 % à partir de septembre,
précise le professionnel. Le contexte était
similaire à Charron, Boyard, en Bretagne,
Normandie… même si c’était un peu
mieux à Pénestin. » Un phénomène attri-
bué à un déficit en plancton lié à la séche-
resse et à la chaleur. Résultat  : même en
l’absence de fortes mortalités, la bouchot,
assez légère, s’est faite relativement rare au
cours de l’été. La demande des consom-
mateurs, peu soutenue, n’a pas incité les
acheteurs à augmenter les prix.
Loïc Maine, vice-président moules du
CRC Normandie, bassin quasi exclusive-
ment producteur de bouchot, confirme
ce constat. «  Dans le secteur d’Agon, le
taux de chair était bas en début de saison.
Beaucoup de professionnels ont donc pré-
féré attendre pour vendre, quitte à entrer
en concurrence avec d’autres produits après

Barfleur : la grande absente l’été. Ils ont vendu jusqu’en décembre. »

En Charente-Maritime, les producteurs
de moules de filière, quant à eux, n’ont

P our la troisième année consécutive, la campagne de prospective menée par le comité régional
des pêches avec l’Ifremer et Normandie Fraîcheur Mer (NFM) a conclu à l’absence de moules
sur les gisements de l’est Cotentin et de Haute-Normandie. La pêche restera fermée, à l’exception
pas voulu prendre de risque, d’autant plus
que les aides faisant suite aux mortalités
n’étaient toujours pas versées. « La plupart
du gisement de Ravenoville, ouvert en juillet-août à des bateaux de moins de 8 mètres. ont vendu rapidement, sans attendre que le
Mauvaise nouvelle pour les pêcheurs de l’est Cotentin et de Haute-Normandie qui, en 2015, cap- produit corresponde au cahier des charges
turaient 80 à 90 % de la moule de pêche en France. Dont 5 000 à 10 000 tonnes, selon les années, du label Rouge », indique Benoît Durivaud.
sur le seul gisement de Barfleur ouvert de juin à fin novembre. Une moule dont les profession- Mais qu’en est-il cette année ? « Nous
nels ont su valoriser la qualité et la couleur crème en travaillant sur un cahier des charges avec avons eu de très fortes prédations des
NFM comprenant des taux de chair minimum et le dessablage. macreuses qui sont arrivées un mois plus
L’an passé, la moule de pêche était encore présente vers Dieppe et Le Tréport. Cette année elle tôt, en octobre, pour rester jusqu’en
a disparu là aussi. « Nous avons assisté à des épisodes similaires par le passé, mais ils n’ont jamais avril, soit un mois plus tard. C’est aussi le
duré aussi longtemps », indique Dominique Lamort, responsable qualité chez NFM. cas en baie du Mont-Saint-Michel et en

❘  44 ❘ PRODUITS DE LA MER N°185 SEPTEMBRE 2018

 Dossier ❘ MOULES

Bretagne nord  », répondait Loïc Maine
en juin. Résultat  : des pertes impor-
tantes sur les bouchots les plus acces-
sibles, soit les moules qui sont aussi les
plus grosses. « Cela va sans doute déca-
ler les ventes. Il faut attendre que les plus
petites poussent. Mais selon les premiers
constats, le taux de remplissage devrait
être bon », indiquait-il.
En Charente-Maritime, au même
moment, certaines zones étaient fermées
du fait de la présence de dynophisis, alors
que les moules étaient déjà bien pleines. En
juin, le taux de chair atteignait déjà 24 à
28 % sur les moules de bouchot, qui repré-
sentent les trois quarts de la production du
bassin, et 28 à 34 % sur les celles de filière.
Mais l’inquiétude demeurait pour les pro-
ducteurs de bouchot. En cause : un captage
abondant en avance d’un mois. « Il faut arri-
ver à vider les pieux pour y mettre les cordes
captées avant qu’elles ne rompent. Sinon,
cela risque de compromettre la saison pro-
chaine », expliquait Benoît Durivaud.
«  La Charente devrait retrouver un
volume normal », anticipe Didier Bezançon,
directeur de Cultimer, à Dol-de-Bretagne
(Ille-et-Vilaine). Mais l’incertitude demeure
en baie du Mont-Saint-Michel, du fait de
la prédation par les macreuses. Quant à
Saint-Brieuc, le produit est plutôt joli, mais
il y aura 15 à 20 % de volumes en moins
DR
DR
L.F.
44 574  t
en raison d’un ensemencement tardif et
des conditions environnementales. Enfin,
la normande s’annonce bien, en taille
de moules vivantes
importées en 2017. comme en remplissage.
Source : FranceAgriMer Axel Brière, président du syndicat
conchylicole de Pénestin, précisait pour
sa part : « Nous avons vraiment un très
beau produit, en termes de taille comme
de taux de chair.  » Autre bonne nou-
velle : si la saison dernière avait été miti-
gée du fait de la prédation par des étoiles
de mer, ces dernières sont moins pré-
sentes cette année. Les mytiliculteurs,
qui ont mis en place un plan de lutte, en
ont pêché seulement 30 tonnes, contre
100 tonnes l’an dernier. n

Initiatives méditerranéennes
❯ Florent Tarbouriech, dirigeant de Médithau, a obtenu les autorisations ❯ À Mèze, la Perle de Thau a choisi d’éle-
nécessaires pour implanter ses dix premières filières en mer au large de Sète. ver, dans l’étang de Thau, des moules cap-
Elles pourraient produire une centaine de tonnes en 2018. Mais le potentiel tées sur ses tables ostréicoles. Très appré-
de l’élevage de moules de corde en mer ouverte au large de Sète serait ciées, elles sont vendues de juin à octobre
de 1 000 à 2 000 tonnes. auprès de grossistes en restauration. « Nous
L’exemple fera-t-il des émules  ? L’élevage en mer a existé dans les sommes peu nombreux à procéder ainsi  »,
années 1980-1990, mais la prédation croissante par les dorades, les précise Philippe Cambon, son cogérant, qui
tempêtes et les investissements dans des équipements spécifiques ont estime la production totale de moules 100 %
conduit les producteurs à abandonner. Thau à 500  tonnes. Certains l’évaluent à
2 000 tonnes, en comptant les moules d’Ita-
Pour lutter contre la prédation des dorades en mer, l’usage du filet chaussette espagnol, lie ou de Grèce achetées sur corde et repar-
L.F
. au-dessus du filet de catinage, s’avère plutôt efficace quées dans l’étang.

PRODUITS DE LA MER N°185 SEPTEMBRE 2018 ❘  45 ❘

 Dossier ❘ MOULES

Quand les marques

animent le marché
Pour relancer les ventes, Tous les acteurs du marché
les producteurs misent sur la qualité s’accordent d’ailleurs sur ce
et la segmentation de l’offre point : il faut vendre les bonnes
par des marques qui communiquent origines au bon moment.
«  Plus que l’origine, c’est le
davantage, et la mise en avant
mot bouchot, par rapport à corde
de nouveaux moments ou pêche, qui est porteur, juge tou-
de consommation. tefois Didier Bezançon, directeur de
Cultimer. Ensuite, la mention AOP a un
impact positif sur les ventes. » Et quid

L.F.
du label Rouge  ? «  Les volumes propo-
La Morisseau, une marque pour les poissonniers. sés étaient trop faibles l’an dernier pour

E
n deux ans, les achats de moules
vivantes des ménages ont baissé
de 4  500  tonnes. L’an dernier,
le savoir. »
Mais force est de constater que les
« Désormais, pour les Français,
enseignes cherchent à monter en gamme.
la saison des moules dure de
Pour la bouchot, les critères de qualité
mai à août, ajoute Loïc Maine,

elles dépassaient à peine les
39  000  tonnes selon Kantar Worldpanel.
Les Français se détourneraient-ils du pro-
duit  ? Du côté des professionnels, on
constate plutôt une forte demande de juin
à septembre. « Mais le manque de moules
s’est traduit par une hausse des prix en
2016. Sur ce produit abordable, cela a un
impact important sur les achats  », sou-
ligne l’un d’eux. «  La consommation a
peut-être été plus forte en restauration
et réduite d’autant à domicile  », avance
Stéphane Hesry, dirigeant de Cap à l’Ouest.
N’oubliez pas le surgelé
vice-président moules du CRC
Normandie. Alors que mes
grands-parents commençaient
en septembre, à la braderie de Lille,
pour terminer en décembre. Les moules
étaient de belle taille et bien pleines. » Mais
aujourd’hui, la concurrence de Hollande se
fait sentir dès septembre, puis vient d’Ir-
lande,  du Danemark… Les mytiliculteurs
français sont contraints de vendre plus tôt.
«  Or, un produit qui n’est pas à maturité
est souvent décevant. Cela peut conduire
à s’en détourner  », reprend Loïc Maine.
DR
DR
des cahiers des charges pour les marques
de distributeurs se situent au minimum
au niveau d’une spécialité traditionnelle
Arrivée en 2015, garantie (STG) et atteignent parfois les
La Cancalaise niveaux exigés pour l’appellation d’origine
commence à protégée (AOP) ou le label Rouge.
se faire une place Elles accueillent de façon plutôt bienveil-
au LS. lante les initiatives marketing de leurs four-
nisseurs. Ainsi, la moule de corde Krystale,
élevée comme l’huître du même nom en
Bretagne sud et lancée par Cultimer, est
très demandée. Certes, les volumes sont
confidentiels. Mais le choix a été de jouer la
faible densité de production pour aboutir
à une moule haut de gamme, par sa taille
qui oscille entre 4,8 et 5,4 cm et son taux
de chair compris entre 33 et 40 %.
De son côté, Mytilimer capitalise sur
La Cancalaise, lancée en 2015, avec

D écortiquées, cuites et surgelées IQF, les moules constituent un ingrédient culi-

naire apprécié des restaurateurs, traiteurs et consommateurs. « Environ 10 %
des Français achètent de la moule surgelée pour la cuisiner », note Alexia Muller,
l’ambition d’en faire la marque de réfé-
rence au rayon marée LS. «  Il s’agit d’un
repère pour le consommateur  », indique
d’Escal, qui en propose d’origine Chili, certifiée MSC. Céline Lefaucheux, responsable marke-
Mais le créneau de la chair est peu investi par les moules françaises. Le prix est ting. Moules de bouchot AOP de la baie du
élevé par rapport à la moule du Chili, du Danemark ou de Hollande. Mais pour Mont-Saint-Michel, bio de Chausey et de
Didier Bezançon, directeur de Cultimer, « la bouchot, très appréciée en France, la côte d’Opale ou STG se déclinent en bar-
DR

au goût distinctif, pourrait, en surgelé, capter une autre clientèle  ». Depuis quettes sous atmosphère protectrice, mais
2016, l’entreprise a lancé, en sus de sa chair de moules de bouchot surgelé, une aussi en sachets sous vide sous étui carton,
moule de bouchot entière précuite et surgelée. Elle espère en vendre 300 pour des opérations spéciales en GMS.
à 500 tonnes d’ici cinq ans. Le créneau de la moule entière cuite surgelée Cette année, la gamme s’élargit avec les
est déjà exploré, notamment par Davigel. « Cuite sous vide, elle garde son moules de sélection. Des moules porteuses
eau et son moelleux. D’où un résultat au réchauffage proche d’une moule de l’AOP, mais dont le cahier des charges
vivante cuite  », explique Laurent Froget, chef de groupe. La restauration défini en interne va encore plus loin, en
commerciale comme les collectivités l’apprécient, qu’il s’agisse de la moule de termes de taille comme de taux de chair.
pleine eau du Chili ou de la moule d’Irlande bio. Sur les barquettes, les producteurs seront
DR

•••
❘  46 ❘ PRODUITS DE LA MER N°185 SEPTEMBRE 2018
LA CANCALAISE
TIRE L’OFFRE BOUCHOT
VERS LE HAUT !
M A R ÉE
A U R AYO N
EZ
I N N OV

NOUVEAU
PACK
LES MOULES
D’EXCEPTION
Une sélection d’exigence de moules
calibrées par des producteurs engagés
et partenaires pour garantir à vos
lients un produit
clients p charnu et gourmand. MOULES PRÊTES À CUIRE
IRE
Barquette 1 k
Barquett kg

NOUVEAU

LE
ES MOULES BIO
Mou ules cultivées dans les eaux
plus pures de France en respectant
les p

060818
nvironnement et en garantissant
l’en
unee traçabilité parfaite.
La référence indispensable !

MOULES PRÊTES À CUIRE

Barquette 1 kg

Groupe Mytilimer – 11 rue de l’huîtrier 35 260 Cancale – Tél : +33 (0)2 99 80 83 83 – contact@mytilimer.com
 27/28 NOVEMBRE 2018
Le Quartz - BREST

#AEM2018

I N S C R I V E Z - VO U S M A I N T E N A N T
Et découvrez les grands thèmes du programme

UN ÉVÉNEMENT EN PARTENARIAT AVEC AVEC LE SOUTIEN DE


•••
mis en avant sur une photo. Pour faire
connaître la marque, La Cancalaise mise
sur l’animation dans les rayons marée,
avec l’organisation chaque année au mois
d’août du jeu concours « La Moule d’or »,
à Auchan. La marque devrait d’ailleurs pro-
poser à tous les distributeurs, dès octobre,
d’autres jeux concours sur ses différentes
références. Enfin, La Cancalaise sponsori-
sera le skipper cancalais Gilles Lamiré pour
la Route du rhum 2018.
Hors des circuits de la GMS, Cap
à l’Ouest avait lancé, dès 2013, la
marque La  Morisseau, dont le cahier
des charges repose lui aussi sur des
moules de bouchot de belle taille à fort
taux de chair. La marque s’adresse avant
tout aux poissonniers. «  Notre force est
de leur offrir une régularité dans la qualité
et un produit différent des rayons marées
des GMS. Faute de volumes, nous ne pou-
vons pas toujours répondre à la demande,
souligne toutefois Stéphane Hesry. Il s’agit
d’un marché de niche. » Avantage d’une
marque, elle permet aussi de s’affran-
chir de la question de l’origine. Ainsi,
La Morisseau ne vient pas toujours de la
seule baie du Mont-Saint-Michel. « Il y a
aussi de bons producteurs ailleurs. »
Si elle reste confidentielle, la marque
s’installe et innove, se fait connaître via
des supports originaux, tel un condition-
nement dans un sac de jute avec un film
intérieur assurant l’hygiène et la tenue du
produit. Fin juin, une dégustation célé-
brait conjointement le lancement de la
saison Morisseau 2018 et les deux ans de
la poissonnerie la Marée Montalbanaise,
tenue par les meilleurs ouvriers de France
Sophie et Jean-Pierre Fernandez. Sur son
site web, des films courts tournés grâce à
une caméra portée par ses pêcheurs per-
mettent aux consommateurs de se mettre
à la place des producteurs.
Sur la façade méditerranéenne, «  nous
réfléchissons depuis longtemps à la création
d’une marque, confie Florent Tarbouriech,
dirigeant de Médithau. Pour ce faire, les
différences organoleptiques du produit
doivent être significatives. Notre équipe
R & D a donc travaillé sur de nouvelles tech-
niques d’élevage. Les résultats sont là. La
moule Tarbouriech sera bientôt présente
sur les meilleures tables, les plus beaux pla-
teaux de fruits de mer. » Et l’entreprise, qui
inaugurait en 2016 sa nouvelle usine de
Frontignan, entend poursuivre son dévelop-
pement et sa diversification en agritourisme
en l’ouvrant au public d’ici un ou deux ans. n
Dossier ❘ MOULES
Varier les occasions
de consommation
À l’apéro !
Classique des tapas, « la moule cuite pasteurisée en bocal ne
vieillit pas », témoigne Laurent Padox, dirigeant de Cipal, qui
propose avec la marque Délicemer des moules provençales
ou catalanes d’origine danoise. Au rayon conserves, les
moules se déclinent aussi à l’escabèche ou au piment
d’Espelette dans la gamme Apéritapas de Connétable.
Préparées en Galice, « les moules retenues sont
DR
généreuses en taille, de bonne tenue, faciles à piquer »,
DR
note Magali Coroller, chef de produit.
Depuis quelques années, le rayon marée LS les met aussi en avant avec
des offres comme celles de Miti. Ses moules du Chili, ail et persil ou au piment
d’Espelette, biopréservées, ont l’avantage « de ne pas être farineuses. Elles sont moins
sèches et ne contiennent aucun conservateur », précise le dirigeant de Miti,
Pierre Roffino.
Enfin, pour l’apéritif, Escal propose des moules à croquer au rayon
surgelé. « Un produit ludique qui rajeunit la cible des moules
farcies », note Alexia Muller, responsable marketing.
Et à l’approche de l’hiver, pourquoi ne pas tenter une verrine
de velouté de moules Morisseau, au chorizo et à la saint-jacques
selon les recettes imaginées par le chef Christophe Wasser.
DR
Au-delà du moules-frites
Pour stimuler l’imagination des consommateurs européens, le néerlandais
Delta Mossel lance un kit de moules à cuisiner au wok. Vivantes, en barquette,
elles sont proposées avec un mélange de légumes et une dosette de sauce,
façon thaïe ou espagnole. « La note exotique peut attirer les jeunes. Mais pour
recruter des consommateurs, il faut simplifier la préparation », explique
Olivier Camelot, directeur des ventes.
Krijn Verwijs, connue pour sa marque Premier, avait ouvert
la voie l’an dernier sans aller jusqu’à offrir les légumes. Cette
année, l’entreprise suggère une cuisson au barbecue,
en ajoutant à ses packs une barquette en
aluminium adaptée et un sachet de sauce
huile citron. « Ciblant une clientèle plus jeune
en quête de rapidité, ces innovations visent aussi
la restauration commerciale », confie Ineke Nijssen,
DR
directrice des ventes.
Au rayon saurisserie, les moules en barquettes micro-
ondables de Cipal, des moules « cuites fraîches et flash
pasteurisées », précise Laurent Padox, sont proposées
classiquement à la marinière. Mais « nous pourrions
envisager des recettes au curry, à la provençale… ».
DR
PRODUITS DE LA MER N°185 SEPTEMBRE 2018 ❘  49 ❘
 Dossier ❘ MOULES

Vers la valorisation
des coproduits et déchets
Moules sous-taille, byssus, mais aussi filets
en plastique et pieux usagés : tous les bassins mytilicoles
cherchent aujourd’hui des solutions pour valoriser
ces coproduits et déchets.

L e problème des déchets  ? «  Cela

fait plus de dix ans que nous plan-
chons sur le sujet. Nous avons
trouvé beaucoup de solutions.
Mais aucune n’est économiquement
viable », répond Loïc Maine, vice-président
moules du CRC Normandie, citant notam-
lier et au stockage en chambre froide pour
éviter les odeurs, reprend Loïc Maine. Et
puis, les petites moules nous servent en
début de saison pour éloigner les goélands
des bouchots.  » Toutefois, «  les pouvoirs
publics visent à interdire ces dépôts sur l’es-
tran », précise Cultimer. Dans le cadre d’une
ment le cas des moules sous-taille. « Nous convention Cifre (1), l’entreprise a d’ail-

avons essayé de les donner à un industriel
pour les décoquiller, mais les volumes sont
insuffisants pour intéresser une filière.  »
Même si le goût de la bouchot est un
atout. « La plupart des fabricants de plats
cuisinés utilisent de la moule du Chili pour
C.A.
leurs embauché un doctorant pour valider
des solutions expérimentées en laboratoire La variété des déchets et coproduits est large.
et passer à l’industrialisation. Le principe :
éliminer la matière organique des moules
sous-taille.
Le problème est moins sensible ailleurs.

30
son prix accessible. » « Les petites moules, rejetées à l’eau tout environnement du CRC. La phase test de
Didier Bezançon, directeur de Cultimer, comme les coquilles vides, permettent un collecte est en cours. Pour l’heure, les pro-
à Dol-de-Bretagne, pointe plusieurs diffi- réensemencement naturel des moulières », à ducteurs volontaires stockent le byssus en

cultés : la nécessité de conserver le produit
intact jusqu’à son traitement, les coûts de
collecte et la complexité du décorticage
sur des petites tailles (microbrisures…).
«  Quant aux moules décoquillées, trop
petites (600 à 700 pièces/kg), elles n’inté-
ressent guère que le pet food. »
Le compostage alors ? Cela fonctionne,
mais là aussi « au prix d’une dépense éner-
gétique élevée, liée au ramassage journa-
Mussella monte en puissance
note Benoît Durivaud, vice-président
moules du CRC Poitou-Charentes. Plusieurs
études, majoritairement financées par les
pouvoirs publics locaux, ont cependant été
menées. « Parmi les coproduits de la mytili-
culture, le byssus a été identifié comme pré-
sentant une valeur ajoutée pour l’alimenta-
tion animale en raison de son appétence et
de sa composition minérale et protéique »,
explique Charlotte Rhone, responsable
50 %
bacs ajourés pour un préséchage à l’air
libre. Il devrait ensuite être séché industriel-
lement et livré à une entreprise d’alimenta-
la part des coproduits tion animale pour l’élevage de poules pon-
de moules sur les parcs. deuses bio. « Nous avons choisi la voie de
valorisation la plus rapide à mettre en place
auprès de tous les producteurs pour créer
une filière », reprend Charlotte Rhone. Par
la suite, l’objectif sera de travailler sur la
nutrition humaine, la pharmacie, la cosmé-
tique… Mais ces débouchés ne sont pas
pour tout de suite, durée des études cli-
niques oblige.
Parallèlement, des efforts restent à faire
sur les filets, difficilement recyclables du fait

A ssociés au sein de Mussella, des mytiliculteurs de Pénestin ont développé,

en partenariat avec IDmer, un procédé innovant pour l’obtention de moules
sous-taille décortiquées et précuites à la vapeur. L’ouverture récente du capital de
des restes de moules. Des prototypes de
filets biodégradables, fournis par la société
Intermas, sont actuellement en test. Quant
l’entreprise a permis à d’autres producteurs de les rejoindre. « Nous disposons aux pieux, recyclés en bois de chauffage ou
désormais de 2 500 tonnes de coproduits à valoriser », se félicite Axel Brière, son en poteaux pour l’agriculture, «  ils pour-
cofondateur. Largement de quoi remplir ses objectifs. raient être transformés en pellets pour les
Mussella pourra commercialiser 30 à 40 tonnes de chair de moule de bouchot chaufferies ou en paillage  », note Benoît
en barquettes réfrigérées, dans les magasins Leclerc, mais aussi chez Metro. Durivaud. Voire servir à fabriquer de nou-
« À 3 euros les 100 grammes en GMS, elle est deux fois plus chère que celle du veaux bouchots. n
Chili. Mais le consommateur est prêt », note Axel Brière. Celui-ci entend bien,
DR

toutefois, concrétiser aussi l’objectif initial : fournir une chair de moules fran- (1) Convention industrielle de formation
çaises aux industries agroalimentaires. par la recherche

❘  50 ❘ PRODUITS DE LA MER N°185 SEPTEMBRE 2018

 Petit teqruraoilrite,!
grande

Groupement de Producteurs Mytilicoles de Pénestin

2, route de Tréhiguier - Le Logo - 56760 PENESTIN
Tel. : 02 99 90 36 92 - mail : lapenestin @ orange.fr