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10.

LE COMPLEMENT D’OBJET INDIRECT ET L’OBJET PREPOSITIONNEL

I. LE GN3 / CI (complément d’objet indirect, au datif)

Définition et caractérisation
A. Du point de vue syntaxique, le GN3 se définit par la position qu’il occupe dans l’indicateur
syntagmatique de base (le schéma arborescent) et par les relations d’interdépendance qu’il
entretient avec le verbe (membre verbal -MV) et avec le GN2 dans le contexte d’un verbe
transitif.

Cette maison appartient à mon oncle.


Mes grand- parents ont légué cette maison à mon oncle.

Le GN3 est un constituant immédiat du GV de rection indirecte: il est rattaché au verbe


par la préposition à. Il est obligatoire et se place à droite du verbe. Le GN3 est un CI de rang
inférieur (dominé par le GV.)

Comme il y a plusieurs constituants immédiats de rection indirecte introduits par la


préposition à, pour l’identifier le GN3, il s’impose de recourir au test de la pronominalisation
qui permet de distinguer le GN3 du complément prépositionnel et du complément circonstanciel
introduits par la même préposition.

A comparer: Pierre parle à Marie. Pierre pense à Marie. Pierre va à l’Université.

Le GN3 se laisse pronominaliser par les formes lui, leur tandis que les deux compléments
prépositionnel et circonstanciel se laissent pronominaliser par les formes à lui, à elle, à eux, à
elles, y et respectivement y:
GN3 GPrép. GAdv.
Pierre parle à Marie. Pierre pense à Marie. Pierre va à l’Université
 Pierre lui parle.  Pierre pense à elle.  Pierre y va.

Pierre obéit à ses parents.  Pierre leur obéit.


Pierre s’adresse à ses amis.  Pierre s’adresse à eux.
Pierre pense à un projet de réforme.Pierre y pense.
Pierre vous attend dans le hall. Pierre vous y attend.

Dans la représentation en structure profonde, le GN3 et le GPrép. apparaissent sous la


dépendance du GV tandis que le complément circonstanciel apparait sous la dépendance du
GAdv.
 Le GN3 est obligatoire en structure profonde. En structure de surface, il peut s’effacer:
Le peintre a vendu tous ses tableaux (à des acheteurs).
Des volontaires ont distribué tous les dépliants (aux passants).

B. Du point de vue logico-sémantique, le GN3 se présente comme un constituant qui


cache plusieurs relations1.
Ces relations sont toutes réunies sous l’étiquette d’Expérimentateur - le cas de la
personne qui reçoit, accepte, expérimente ou subit l’action/ l’état dénotés par le verbe. Le
nominal qui réalise le GN3 renvoie à une personne qui se présente tantôt comme destinataire,
tantôt comme personne affectée, tantôt comme possesseur ou comme agent (sujet monté). Ces
relations sont:

 le Datif du destinataire, appelé aussi le Datif de la cible abstraite


– les verbes qui introduisent ces relations casuelles sont des verbes marqués par les traits
[ ± psychologique], du type:
[+ psychologique] : attribuer, inspirer, être reconnaissant, savoir gré,
[-psychologique] : accorder, adresser, apprendre, apprendre, envoyer, enseigner, expédier,
donner, proposer, prêter.

 Le Datif du perdant - Source du procès. Cette relation est actualisée dans le cas des verbes
qui distribuent différemment les rôles, à savoir le Destinataire est actualisé par l’Agentif (le sujet
syntaxique) et la Source par le Datif. Ce sont les verbes du type: arracher, éviter, emprunter,
prendre, épargner, voler

Quelqu’un a volé le sac de Marie. On lui a volé son sac.


Pierre a emprunté des livres à Marie. Il lui a emprunté plusieurs livres.
Par son geste, Pierre a épargné des efforts inutiles à Marie. Il lui a épargné beaucoup d’efforts.

Le Datif /-Cible concrète, spatiale le Datif locatif) est réalisé dans le contexte des verbes
présentant les traits [+ directionnel], [±mouvement], type: amener, revenir, arriver, venir,
parvenir.

La lettre lui est arrivée en temps utile.  La lettre est arrivée à lui.
La nouvelle lui est parvenue à temps.  La nouvelle est parvenue à lui.
On lui a amené le coupable.  On a amené le coupable devant lui.
 Le Datif de la personne affectée (qui ressent ou subit l’effet de l’action /l’état dénotés par le
verbe). Ce sont des verbes qui comportent les traits
[+ expérience subjective] [+ apparence],

1
Voir T. Cristea, Grammaire structurale du français contemporain, EDP, 1979, pag. 262-268 ; Al. Cunita, Le verbe
et ses arguments, CUMB, Bucuresti, 1979, pag. 112-139
agréer plaire paraître
convenir déplaire apparaître
coûter suffire sembler

Notre proposition lui déplait. Ce livre me paraît intéressant.


La nouvelle situation lui convient. La jeune fille lui apparaissait comme une ombre.
Cette somme nous suffira. Ce projet leur semblait faisable.

Le Datif du Possesseur. Cette relation est actualisée dans le contexte de plusieurs sous-classes
de verbes et, dans certains cas, le datif entre en variation avec les constructions à prédéterminant
possessif ou à pronom réfléchi.
La construction à Datif possesseur est actualisée par les verbes comportant le trait
[+expérience subjective], type: attribuer, connaître, reconnaître, prêter, soupçonner,
supposer, trouver, voir.
On lui attribue des qualités exceptionnelles. On ne lui connaît pas d’amis parmi ses camarades.
On lui trouve un air bizarre.

Les verbes du type: blesser, casser, déchirer, prendre, tacher, toucher, salir, dans le
contexte d’un GN2, réalisé par un nom comportant le trait [+possession inaliénable], admettent la
construction à datif possessif en variation avec celle à prédéterminant possessif ou à pronom
réfléchi:

Il lui a blessé la jambe. Il a blessé sa jambe.  (Pierre a blessé la jambe de son ami.)
Pierre lui a cassé le bras. Il a cassé son bras.
Le policier lui a touché l’épaule. Il a touché son épaule.
Pierre s’est cassé le bras.
Marie s’est taché la robe. Elle a taché sa (propre) robe.

Il en est de même lorsque le nominal- objet possédé est distribué en position de sujet, la
construction à datif possessif est en variation avec la construction à prédéterminant possessif:

La main lui tremble. Sa main tremble.


Le coeur lui palpite. Son coeur palpite.
La voix lui tremble. Sa voix tremble.
Les yeux lui brillaient de joie. Ses yeux brillaient de joie.

Lorsque le nominal agent et le nominal objet direct sont en relation de co référentialité,


la construction à datif possessif est remplacée par la construction pronominale. La présence d’un
déterminant auprès du nominal-objet possédé entraîne le remplacement de la construction
pronominale avec la construction à prédéterminant possessif:
Pierre s’est blessé la jambe. Pierre a blessé sa jambe malade.
Pierre se caressait la barbe. Pierre caressait sa barbe blanche.
L’enfant se rongeait les ongles. L’enfant rongeait ses ongles sales.

Le Datif -Sujet monté dans des constructions complexes où le Datif peut être:
– Expérimentateur, dans le contexte des verbes [+expérience subjective]:
On lui a fait croire qu’il est coupable. Il croit qu’il est coupable.

Les verbes de conformité, verbes symétriques du type: correspondre, se comparer,


équivaloir, ressembler admettent la même construction à datif expérimentateur:

Marie ressemble à sa mère. Elle lui ressemble.

– Agentif et Expérimentateur en même temps, dans le contexte des verbes [+dynamique] ou des
verbes factitifs faire, laisser, demander:

Le professeur lui a fait corriger sa copie. → Il a corrigé sa copie.


Il lui arrive de sortir seul. → Il sort seul.
On lui a demandé de partir. → Il partira.

Réalisateurs du GN3
Le GN3 est réalisé par un GN introduit par la préposition à à GN) ou par un pronom personnel
au datif (lui, leur).
(1) le GN3 réalisé par un GN est placé toujours après le verbe: La maison appartient à mes
parents.

Il se laisse séparer du verbe par un adverbe modalisant ou par certains circonstants temporels:

La maison reviendra sans doute à mon frère.


La maison appartient depuis quelque temps à mes parents.

(2) le GN3 réalisé par un pronom est placé devant le verbe: Pierre m’a parlé de son projet de
vacances.

Si le verbe est transitif et que les deux compléments d’objet direct (GN2) et d’objet
indirect au datif (GN3) sont placés devant le verbe, l’ordre des deux pronoms complément étant
déterminé par plusieurs facteurs:
– le type de phrase (assertive ou impérative)
– le statut de la phrase (affirmatif ou négatif)
– la personne du pronom qui réalise le GN3

(a) la phrase est assertive affirmative ou négative ou impérative négative;


– le GN3 est réalisé par un pronom de la 1-ère, 2-ème, 4-ème ou 5-ème personnes (me, te,
nous, vous);
– le GN2 est réalisé par un pronom de la 3-ème personne (le, la, les, en);
– l’ordre des deux pronoms compléments placés devant le verbe sera: GN3 + GN2+ V;
– la phrase a la structure: Ph = GN1 + GN3 + GN2 + V

Pierre me le donnera. Pierre ne me le donnera pas. Pierre m’en donnera. Pierre ne m’en
donnera pas.
Ne me le donne pas! Ne m’en donne pas! Ne te le demande plus! Ne nous le donnez pas!
Ne vous le reprochez plus!

– le GN3 est réalisé par un pronom de la 3-ème personne (lui, leur); Le GN2 est toujours
de la 3-ème personne (le, la , les);
– l’ordre des deux pronoms complément est inversé: GN2 + GN3 + V;
– la phrase a la structure: Ph = GN1 + GN2+ GN3 + V

Pierre le lui donnera. Pierre ne le lui donnera pas. Pierre le leur donnera. Pierre ne le leur
donnera pas.

(b)  la phrase est impérative affirmative;


– le GN3 est réalisé par un pronom de la 1-ère, 3-ème, 4-ème, 5-ème ou 6-ème
personnes (moi, lui, nous, leur);
– le GN2 par un pronom de la 3-ème personne (le, la, les, en);
– l’ordre des deux pronoms compléments placés après le verbe sera :V + GN2 + GN3;
– si le GN3 est de la 4-ème ou de la 5-ème personnes, les formes le, la, les à statut de
GN2 peuvent être placées après le GN3;
– la deuxième position sera occupée par une forme de pronom susceptible de recevoir
l’accent
– la phrase aura la structure: Ph = V + GN2 + GN3 :

Demandez-le moi! Demandez-le nous! Demandez-nous-le!


Demandez-le-lui! Demandez-le leur! Demandez-vous-le!

II. L’OBJET PREPOSITIONNEL

L’objet prépositionnel accompagne, dans la plupart des cas, des verbes dont le sens
demande à être précisé dans le discours. Bien que de rection indirecte, il doit être distingué aussi
bien de l’objet indirect (objet au datif) que du complément circonstanciel. La rection est établie,
le plus souvent, par les prépositions à et de :
Pierre pense à Marie. Pierre parle de Marie.
Mais l’objet prépositionnel peut être introduit aussi par d’autres prépositions :
Appuyez sur la dernière syllabe. J’ai buté contre une pierre.
a) L’objet prépositionnel introduit par la préposition à

Le déterminant prépositionnel peut être pronominalisé par le pronom personnel précédé par
la préposition à si l’objet a le trait /+humain/ : Pierre pense à elle.
La pronominalisation peut se faire par y si l’objet porte le trait /-humain/ : Il s’attendait à cette
visite. → Il s’y attendait.
On peut quelquefois employer y comme substitut des déterminant /+humain/ surtout avec des
verbes comme : penser, se fier, croire, s’intéresser etc.
C’est un homme équivoque, ne vous y fiez pas.
Par contre, le tour à + pron. personnel pour le Dt /-animé/.

b) Les déterminant prépositionnels introduits par la préposition de expriment un objet ou dans


certains cas un instrument idéalisé (un moyen)

La presse du soir s’empara de l’affaire. Il manque de courage. Il a hérité d’une maison à la


campagne.
Pour certains verbes la construction à objet direct et la construction prépositionnelle avec de
sont en variation libre :

Il a hérité une maison à la campagne. // Il a hérité d’une maison à la campagne.

Parfois l’opposition objet direct/objet prépositionnel correspond à une sensible


différence de sens : rêver = désirer vivement // rêver de = voir en rêve.
La pronominalisation de l’objet prépositionnel par de+pronom personnel ou par en
correspond en général à l’opposition objet /+personne/ /vs/ objet /-personne/, mais alors que la
substitution par de+pronom personnel peut s’opérer por des Dt /+animé/ ou /-animé/, il est plutôt
rare l’emploi de en pour désigner un Dt /+personne/.

EXERCICES
I. Analysez les constituants des phrases suivantes :

Pierre va à l’école. Pierre se dirige vers l’école.


Pierre vit heureux à la campagne.
Pierre est devenu insupportable.
Cette coiffure la fait vieille.
Pierre a l’air triste. Marie a l’air intelligente.
Le problème est de continuer les recherches.
Le problème est qu’il ne pourra pas continuer seul les recherches.
Cette épreuve est l’étape finale de l’examen.

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