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1. Un ralentissement prolongé
i. la rupture de 1974
- la progression du chômage : les salaires réels se seraient peu adaptés au ralentissement des
gains de productivité entraînant une hausse du chômage d’équilibre et un ralentissement du
potentiel de croissance.
Analysés par Kondratieff en 1920. La rupture entre les cycles coïncide selon lui avec
l’apparition de découvertes et d’innovations technologiques majeures. Schumpeter a
systématisé en 1939 cette explication en montrant que le PT entraîne une adaptation
nécessairement lente des structures productives, ce qui se traduit dans un 1 er temps par une
diminution de la croissance et de l’emploi. Dans un 2e temps en revanche, les innovations
techniques aboutissent à une hausse de la prodté et créent de nouveaux marchés ce qui permet
de relancer la production et de créer de nouveaux emplois selon un processus de « destruction
créatrice » (cycle réel technologique).
Mis en évidence en 1946 par les économistes Burns et Mitchell à partir d’une étude
des variations de la conjoncture US. Les cycles d’activité économique ou « cycles d‘affaires »
(business cycle) sont caractérisés par l’alternance de phases d’expansion et de phases de
récession dans tous les secteurs d’activité autour d’une tendance de LT. La nature de ces
fluctuations périodiques e fait l’objet d’interprétations diverses :
Les délais d’ajustement des prix sur les différents marchés (biens, travail, marchés
financiers) expliquent également l’apparition des déséquilibres :
- sur le marché des biens, la production vendue peut ne pas correspondre à la
demande des ménages en raison d’anticipations erronées notamment. Le rééquilibrage du
marché s’obtient alors à travers une série de corrections successives qui affectent les prix et
les quantités : le « tâtonnement walrasien ».
Le prix fixé P1 pour l’offre de biens initiale Q1 est trop élevé et supérieur au prix
d’équilibre P0. Toutefois, le prix qui ajuste l’offre à la demande P2 est trop faible et va
engendrer une offre inférieure à la demande Q2. il s’ensuit alors une augmentation du prix et
ainsi de suite jusqu’à atteindre le prix d’équilibre.
Le cycle prix-quantité sur le marché des biens : la toile d’araignée (cobweb)
quantité
offre de biens
Q1
Q0
Q2
demande de biens
prix
P2 P0 P1
- sur le marché du travail, le salaire exigé par les travailleurs peut également être
trop élevé par rapport au salaire d’équilibre et à celui qui assure un niveau optimal de profit.
L’augmentation du chômage qui en résulte pousse alors les salaires à la baisse et ce faisant
réduit l’inflation (courbe de Phillips). Cette stabilisation ou cette baisse des salaires dure
jusqu’à ce que l’offre de travail soit redevenue rentable pour l’entreprise et que celle-ci puisse
embaucher des effectifs tout en conservant un bon niveau de profit.
- sur les marchés financiers, la hausse de la demande de monnaie en période de forte
croissance entraîne une augmentation des taux d’intérêt (si l’offre de monnaie est inchangée)
qui exerce un effet dépressif sur l’ivt et sur l’activité. D’une part, le taux d’intérêt devient
supérieur à la prodté marginale du capital ce qui pousse les entreprises à désinvestir jusqu’à ce
qu’elles aient rétabli leur rentabilité. D’autre part, les ménages sont alors incités à accroître
leur effort d’épargne et ils diminuent leur consommation.
Il convient également d’ajouter les effets sur la richesse des ménages et sur leur
consommation d’une variation brutale de la valeur des actifs financiers en cas d’apparition
puis d’éclatement d’une bulle spéculative.
Au total, les fluctuations qui résultent des déséquilibres des marchés sont largement
dominées à CT et MT par le multiplicateur-accélérateur selon Muet.
- l’économie française est devenue plus cyclique depuis une 20 aine d’années
L croissance française était traditionnellement plus régulière et cela s’expliquait par des pol de
stabilisation importantes, une absence de flexibilité du marché du travail ainsi que par une
sensibilité moindre à la concurrence et aux marchés extérieurs. Cette exception française
semble avoir disparu : de 1983 à 1989, le PIB a crû de façon quasi continue, le taux de
croissance atteignant 4 % en 1989, son niveau le plus élevé depuis 1976 ; puis, de 1990 à
1993 le PIB a connu un ralentissement régulier qui s’est achevé en récession avec une baisse
du PIB de 1,3 % en 1993. Ces fluctuations importantes contrastent avec la stabilité de la
croissance autour d’une tendance de LT telle qu’on pouvait l’observer jusqu’au début des
années 70.
- cette accentuation des cycles s’explique par des facteurs conjoncturels (pétrole) mais
aussi structurels (devt d’une épargne de précaution d’où une sensibilité à la restriction du
crédit bancaire et à une variation brutale du prix des actifs type éclatement de bulle
financière).
Toutefois, plusieurs éléments laissent à penser que des cycles trop accentués
peuvent avoir un impact négatif sur la croissance à LT :
- les pertes de capital humain induites par l’augmentation brutale du chômage rendent
difficiles la réinsertion des perso concernées sur le marché du travail à un même niveau de
qualif tout au moins.
- la diminution des ivts en période de récession peut si elle se prolonge entraîner une
obsolescence du capital productif. Ainsi, le retard pris dans l’accumulation du capital en
France au début des années 80 a probablement empêché les entreprises de tirer totalement
parti de l’amélioration de la conjoncture et du renforcement de leur compétitivité dans la 2 e
moitié des années 80.
Des études récentes montrent que des fluctuations importantes de la croissance vont de pair
avec un rythme de croissance plus faible. Sur la période 1960-1990, les pays de l’OCDE qui
ont connu une volatilité très forte de leur taux de croissance (Irlande, Nouvelle Zélande,
Espagne) ont en effet enregistré une croissance nettement plus faible, alors que des taux de
croissance élevés ont été atteints par des pays connaissant de faibles variations conjoncturelles
(Japon, Italie, France). Cette influence de l’amplitude des cycles sur le niveau de la croissance
ne signifie évidemment pas que le lien de causalité soit exclusif, car d’autres déterminants
peuvent également expliquer ces différences (l’investissement notamment).