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La croissance aujourd’hui : ralentissement prolongé et accentuation des cycles

La croissance du PIB qui se définit par l’augmentation de la somme des VA produites


par un pays est essentielle à l’économie puisqu’elle détermine les revenus des agents, l’emploi
et l’ivt. Si cette croissance avait semblé presque naturelle à la fin des années 60, au point que
certains économistes dans le rapport de Meadows de 1972 en étaient venus à recommander
une croissance zéro plus respectueuse de l’environnement, la faiblesse de la croissance dans
les pays industrialisés depuis 1970 incite au contraire à rechercher les moyens d’en augmenter
le niveau.

1. Un ralentissement prolongé

A. Un plein emploi des facteurs de production qui a longtemps paru assuré

i. une croissance aux facteurs nombreux et complexes

La croissance a été longtemps expliquée par une fonction de production fondamentale


(fonction de Cobb-Douglas) liant Q dont la variation constitue la croissance à deux facteurs,
le travail et le capital. Q = F (K,L)
Les économistes Carré Dubois et Malinvaud ont montré en 1972 que l’augmentation
de ces deux facteurs de production ne rendait compte que d’une partie de la croissance et que
le résidu s’expliquait par l’accroissement de la productivité globale des facteurs, assimilée au
progrès technique. Au modèle keynésien d’Harrod et Domar a donc succédé le modèle néo-
classique de Solow intégrant l’impact du progrès technique.

ii. le modèle keynésien : Harrod-Domar

A la suite des travaux de Keynes (Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la


monnaie, 1936), les économistes Domar en 1946 et Harrod en 1948 ont essayé de définit les
conditions d’une croissance équilibrée sur longue période tout en en montrant l’instabilité
intrinsèque.
Selon leurs analyses, le taux de croissance effectif de l’économie évolue entre un taux
de croissance garanti qui assure une progression parallèle et équilibrée de la demande et de
l’offre de biens et un taux de croissance naturel qui assure le plein emploi du facteur travail.
Ces deux taux ne sont pas forcément identiques et même s’ils l’étaient il y aurait très peu de
chances pour que la croissance effective se situe spontanément à ce niveau. Tout le problème
de la pol économique consiste donc à rapprocher au maximum le taux de croissance naturel et
le taux de croissance garanti et à faire en sorte que la croissance effective se situe à leur
niveau.

¤ les conditions d’une croissance garantie ou croissance équilibrée


Conditionné par l’évolution de l’ivt compte tenu de la double influence de ce dernier sur
l’économie. D’une part, la variation de l’ivt augmente le niveau de revenu des agents et la
demande, si on excepte la part du revenu qui est affectée à l’épargne. #demande = #I/s
D’autre part, l’ivt détermine le stock de capital et la production, compte tenu du coefficient de
capital ou rapport du capital sur le produit (K/Q). #offre = I/v
Pour assurer l’équilibre entre l’évolution de la demande et celle de l’offre, le taux de
croissance de l’ivt doit donc être toujours égal au rapport du taux d’épargne sur le coefficient
de capital : #I/I = s/v
Dans cette hypothèse, le taux de croissance de l’ivt est le même que celui de la production.

¤ la différence entre croissance effective et croissance garantie : l’instabilité


intrinsèque de la croissance
Il n’y a a priori aucune raison pour que l’ivt des entreprises qui dépend surtout de leurs
anticipations de demande soit précisément égal à la valeur qui assure l’équilibre de la
croissance.
Or, toute divergence de l’ivt par rapport au taux d’équilibre conduit à des fluctuations
durables de l’activité économique :
- un ivt supérieur au taux d’équilibre déclenche un accroissement de la demande bien
supérieur à celui de l’offre, l’effet multiplicateur de l’ivt sur la demande étant plus important
que son effet sur les capacités de production. Cela conduit à terme à une croissance
inflationniste.
- un ivt trop faible n’augmente pas le revenu dans des proportions suffisantes. De façon
paradoxale, l’économie se trouve alors en situation de surcapacité.

¤ la différence entre croissance naturelle et croissance garantie : l’improbabilité


du plein emploi
Le taux de croissance naturel qui assure le plein emploi du facteur travail n’est atteint que si la
production croît au même rythme que la population active augmentée des gains de
productivité : taux de croissance naturel = # population + # productivité
Or, le taux de croissance garanti qui assure l’équilibre entre l’offre et la demande de biens
n’est obtenu que pour une valeur particulière du taux d’ivt des entreprises et du taux
d’épargne des ménages. Il a donc de faibles chances de s’établir spontanément au taux de
croissance naturel compte tenu de la multiplicité et de l’indépendance des conditions requises.

¤ la nécessité d’une intervention de l’Etat pour parvenir à une croissance


optimale
Sans intervention de l’Etat, l’économie connaît des périodes prolongées de sous-emploi.
Quand le taux de croissance garanti est inférieur au taux naturel, il faut un effort supplé
d’épargne pour augmenter l’ivt et pour rattraper le taux de croissance naturel qui assure le
plein emploi. Quand le taux de croissance garanti est supérieur au taux naturel, il faut à
l’inverse diminuer le volume d’épargne pour ajuster l’ivt à l’augmentation moins rapide de la
pop et du progrès technique et maintenir une conso suffisante.
Mais cet ajustement de l’épargne aux besoins d’investissement n’est pas spontané et comme
Keynes Harrod conteste que le taux d’intérêt puisse assurer un tel rôle régulateur. Il revient
donc à l’Etat d’assurer par la dépense publique les conditions d’une croissance optimale.

iii. le modèle néo-classique de la croissance : Solow

La théorie néoclassique de la croissance de Solow en 1956 apporte une réponse aux


inquiétudes d’Harrod et de Domar et permet de comprendre pourquoi en pratique l’économie
connaît rarement des alternances d’expansion et de récession aussi prolongées.
Solow part d’une fonction de production simple où le produit dépend de 2 facteurs :
le capital et le travail qui sont substituables entre eux. La croissance de la production
s’explique toutefois non seulement par l’accroissement quantitatif de ces facteurs mais
également par l’accroissement de leur productivité globale qui renvoie essentiellement au PT,
conçu dans ce modèle comme exogène, ie qu’il ne résulte ni de l’accumulation du capital ni
de l’effort des agents.
Q = a K + (1-a) L + g
Les évolutions démographiques et le PT sont dans ce modèle les seules variables
qui permettent de modifier le niveau d’activité de l’économie. Les caractéristiques du
modèle de Solow (rendements décroissants du capital) impliquent qu’il existe pour un niveau
de pop active et un état des techniques données un niveau de capital optimal au-delà duquel la
production n’augmente plus. A ce niveau d’équilibre, l’économie est stationnaire et les
fluctuations sont provisoires. La production ne peut en fait retrouver la croissance que si la
population ou si le progrès techniques sont modifiés ce qui permet au capital d’augmenter à
nouveau sans perdre de son efficacité.
Le modèle de Solow induit donc les enchaînements suivants entre le taux
d’épargne et le taux de croissance :
- la hausse du taux d’épargne permet d’augmenter la production par le biais d’une
augmentation du capital.
- mais la hausse du taux d’épargne ne modifie pas fondamentalement le taux de
croissance à LT puisque ce taux de croissance dépend des évolutions démographiques et
techniques. La hausse du taux d’épargne n’entraîne donc qu’une accélération provisoire du
taux de croissance et permet simplement à l’économie de rejoindre un sentier de croissance
plus riche en capital.
- enfin, l’augmentation du produit et de la conso grâce à l’épargne n’est pas non plus
illimitée en raison des rendements décroissants du capital.
Il existe donc un seul niveau d’épargne et de capital qui permet de maximiser la prod
et la conso par tête. Ce niveau est atteint lorsque le taux de profit est égal au taux de
croissance (règle d’or dégagée par Phelps et Desrousseaux). En deça de ce niveau, le capital
peut encore être augmenté. Au-delà de ce niveau, il y a suraccumulation de capital.

Le sentier de croissance correspond pour Solow à une succession d’états équilibrés. Ce


cheminement est de plus stable, ce qui veut dire que l’économie retourne naturellement à ce
sentier si elle s’en écarte à un moment donné.

¤ le sentier de croissance : une succession d’états équilibrés


La production a une valeur maximale si on suppose constants le niveau de la pop active
et l’état des techniques. Solow suppose en effet que le rendement marginal du capital
(quantité supplé de produit induite par l’augmentation d’une unité du facteur capital) est
décroissant. Si le nb de travailleurs est constant et si le capital est le seul facteur de production
qui se modifie, l’accumulation du capital va réduire sa rentabilité et rendre son remplacement
plus difficile à financer.
Il existe en fait une et une seule valeur du stock de capital qui permet de maximiser la
production :
- à un niveau de capital inférieur, il est rentable d’investir puisque le produit supplé apporté
par l’investissement est supérieur au montant du capital mis au rebut
- à un niveau de capital supérieur, il n’est plus rentable d’investir puisque le produit supplé
apporté par l’ivt est inférieur au montant du capital mis au rebut.
L’économie ne peut donc croître que si la pop ou le PT sont modifiés.
Si la pop active augmente, le stock de capital requis s’établit à un niveau supérieur car pour
employer une quantité de travail supplé, il faut également une quantité de capital supplé.
Si l’état des techniques s’améliore, alors il faut également plus de capital pour occuper la
même quantité de travail car celui-ci est devenu plus efficace.

¤ le sentier de croissance : des déséquilibres provisoires


Deux mécanismes permettent à Solow d’exclure la possibilité de situations de déséquilibres
durables :
- la coordination des décisions d’épargne et d’ivt par le biais du taux d’intérêt. Si l’épargne
est trop élevée par rapport aux besoins d’ivt et au niveau du capital requis, le taux d’intérêt
chute et les agents diminuent leur effort d’épargne ce qui rétablit l’équilibre.
- la substituabilité des facteurs de production. Contrairement à Harrod et à Domar, Solow
pense que les techniques de production ne sont pas rigides à CT et que les facteurs de
production peuvent être indifféremment substitués les uns aux autres en fonction de simples
considérations de prix. Si le stock de capital dépasse la valeur d’équilibre, sa rentabilité
devient insuffisante ce qui pousse les producteurs à ralentir leurs efforts d’ivt et à accroître en
contrepartie l’emploi du facteur travail. Le stock de capital retrouve alors au bout d’un certain
temps sa valeur d’équilibre, compte tenu du vieillissement naturel des équipements.

B. Un sentier de croissance qui n’est plus optimal

i. la rupture de 1974

a. une croissance sans précédent : les 30 Glorieuses (1950-


1973)

De 1 % par an en moyenne de 1860 à 1950, le taux de croissance est passé en France


et dans les pays industrialisés à 5 % par an. Ce dynamisme exceptionnel est généralement
expliqué par la conjonction de plusieurs facteurs :
- l’existence d’une coopération internationale, qu’elle soit économique (OECE pour
gérer les aides du plan Marshall à partir de 1948 puis OCDE à partir de 1961), commerciale
(GATT) ou monétaire (FMI).
- des politiques nationales attachées à la promotion d’une demande forte et de
niveaux d’emplois élevés : instauration de la Sécu dans la plupart des pays européens,
création du salaire minimum en France.
- une croissance naturelle de l’offre, soutenue par la reconstruction et stimulée par
l’accélération du PT et par la croissance démographique (baby-boom) ; cette croissance a été
en France plus qu’ailleurs complétée par une action volontaire des pouvoirs publics, au
moyen de la planification et de l’extension du secteur public.
- une nette accélération des échanges internationaux, avec l’abaissement progressif
des barrières douanières et la création de la CEE en 1957.

b. un ralentissement prolongé depuis les deux chocs pétroliers


(1973 et 1979)

Le début des années 70 a correspondu à une situation d’instabilité pour


l’ensemble des économies :
- les gvts ont dû faire face à une forte pression inflationniste et celle-ci s’est accompagnée
dès 1967 au RU d’une augmentation importante du chômage (stagflation).
- le dérèglement du système monétaire international et l’effondrement du système de
changes fixes ont porté atteinte à la stabilité des échanges entre les différentes économies.
- l’accélération des échanges internationaux a entraîné des avantages mais aussi des
inconvénients pour les pays industrialisés en accroissant la contrainte extérieure.
- le prix du pétrole a été brutalement relevé en 1973 d’abord (quadruplement du prix du
baril) en 1979 ensuite (prix du baril porté de 13 à 34 $) ainsi que par l’augmentation plus
limitée du prix de la plupart des matières 1ères. Cette hausse du prix des conso intermédiaires
a en effet entraîné une hausse des coûts de production qui s’est répercutée dans les marges
mais également dans les prix de vente des entreprises, accélérant l’inflation et contribuant à
terme à l’augmentation du chômage. Rôle à relativiser : la guerre du Golfe de 1990 n’a joué
qu’un rôle de déclencheur dans la crise qu’ont connue les pays industrialisés de 1991 à 1996,
les véritables facteurs se trouvant ailleurs (assainissement consécutif à la crise financière aux
USA, manque de coopération des pol éco en Europe).

La réalité indéniable du ralentissement du rythme moyen de la croissance depuis


bientôt 30 ans ne doit pas faire oublier qu’en période de reprise les éco des pays industrialisés
ont retrouvé un rythme de croissance élevé (cf. 1986-1990 et 1997-2000). Ce constate tend à
accréditer la thèse suivant laquelle le ralentissement prolongé de la croissance s’explique
ppalement par une accentuation des cycles et par une incapacité des pol éco à piloter de façon
fine les évolutions conjoncturelles.

ii. des explications multiples

Quatre causes expliquent le ralentissement à LT de la croissance des éco développées.

- le ralentissement des gains de productivité : une des ppales causes du ralentissement de la


croissance compte tenu de leur rôle pendant les 30 glorieuses où ils contribuaient à
l’augmentation de plus de la moitié du PIB (Carré, Dubois, Malinvaud, 1972). Plusieurs
explications ont été avancées :
Certains mettent l’accent sur le carac structurel de ce ralentissement. La diminution de la
prodté serait due à la fin du processus de rattrapage technologique des Usa par l’Europe et le
Japon. La montée de la part des services dans le PIB conduirait également à un ralentissement
naturel de la prodté. Enfin, on assisterait à un essoufflement du processus d’innovation et à un
retour à un rythme de découvertes technologiques comparable à celui de l’entre deux guerres
après une période d’accélération du PT. La prodté globale des facteurs a cru selon Angus
Maddison de 0,6 % par an en France de 1913 à 1950, de O,8 % au RU et de 1,5 % aux USA.
La plupart des efforts d’innovation seraient désormais consacrés à des activités comme la
différenciation des produits ou l’amélioration de la qualité qui concourent peu à la prodté.
D’autres insistent au contraire sur le carac transitoire de cet affaiblissement. Les chocs sur le
niveau et la structure des coûts de production intervenus depuis 1973 auraient entraîné un
ralentissement de l’accumulation du capital préjudiciable au devt des innovations. Surtout,
l’émergence de techniques de production radicalement nouvelles (électronique, informatique)
poserait des pbs d’apprentissage et d’assimilation aux entreprises. L’existence de délais de
mise en œuvre entre les découvertes technologiques et leur application expliquerait le
paradoxe de Solow qui s’interrogeait sur le décalage entre le renouvellement continu des
techniques et le ralentissement de la prodté dans les pays industrialisés : « les ordinateurs sont
partout, sauf dans les statistiques du PIB ».

- la progression du chômage : les salaires réels se seraient peu adaptés au ralentissement des
gains de productivité entraînant une hausse du chômage d’équilibre et un ralentissement du
potentiel de croissance.

- le ralentissement de l’accumulation du capital : la diminution des taux d’ivt dans les


principaux pays industrialisés aurait affaibli les capacités de production et freiné la croissance.
Cette diminution résulterait de la détérioration continue de la profitabilité des entreprises de
1970 à 1986, liée à la baisse de rentabilité des ivts et à la hausse des taux d’intérêt réels. Ces
explications sont toutefois moins valables aujourd’hui.
- le manque de dynamisme de la demande : l’importance de la demande peut être mise en
évidence à partir du calcul d’un taux de croissance potentielle défini comme le niveau
maximal de production durablement soutenable sans tensions excessives dans l’économie et
sans accélération de l’inflation. L’écart entre cette croissance potentielle et la croissance
effective signale s’il est durable une insuffisance prolongée de la demande. Cet écart est
relativement important en Europe (taux de croissance potentielle de 2,3 % pour un taux de
croissance effective de 1,5 %). Pour Sterdyniak, hormis une brève phase de tension sur les
capacités de production à la fin des années 80, l’Europe serait ainsi depuis le début des années
70 « davantage la victime de son incapacité à maintenir la croissance effective au niveau de la
croissance potentielle que du ralentissement de cette croissance potentielle ». Ce manque de
dynamisme de la demande s’expliquerait par des pol éco restrictives ou peu coordonnées.

2. Une croissance plus cyclique

A. La croissance, processus naturellement instable

i. la théorie traditionnelle des cycles

a. les cycles longs (50 ans en moyenne)

Analysés par Kondratieff en 1920. La rupture entre les cycles coïncide selon lui avec
l’apparition de découvertes et d’innovations technologiques majeures. Schumpeter a
systématisé en 1939 cette explication en montrant que le PT entraîne une adaptation
nécessairement lente des structures productives, ce qui se traduit dans un 1 er temps par une
diminution de la croissance et de l’emploi. Dans un 2e temps en revanche, les innovations
techniques aboutissent à une hausse de la prodté et créent de nouveaux marchés ce qui permet
de relancer la production et de créer de nouveaux emplois selon un processus de « destruction
créatrice » (cycle réel technologique).

b. les cycles moyens (entre 5 et 10 ans)

Mis en évidence en 1946 par les économistes Burns et Mitchell à partir d’une étude
des variations de la conjoncture US. Les cycles d’activité économique ou « cycles d‘affaires »
(business cycle) sont caractérisés par l’alternance de phases d’expansion et de phases de
récession dans tous les secteurs d’activité autour d’une tendance de LT. La nature de ces
fluctuations périodiques e fait l’objet d’interprétations diverses :

- les économistes keynésiens évoquent les désajustements entre l’offre et la demande


de biens pour rendre compte des fluctuations économiques.
- d’autres à la suite du fçs Juglar (1860) mettent davantage l’accent sur le rôle des
phénomènes monétaires dans les oscillations de l’économie. Pour ce dernier, la croissance
s’analyse comme une suite de phases de prospérité où les banques distribuent largement du
crédit et de phases de liquidation lorsque les banques doivent reconstituer leur réserves et que
les agents liquident leurs actifs pour les rembourser. La diminution des prix qui en résulte
constitue alors comme une purge qui permet à l’activité de repartir.
- certaines théories insistent par ailleurs sur l’influence des variables politiques de
l’économie (Kalecki, Ackerman). A l’approches des élections, les gvts privilégient des
mesures de relance de la croissance et de soutien des revenus, afin d’obtenir l’adhésion des
électeurs. Mais sitôt les élections passées la pol économique se réoriente dans un sens moins
expansionniste.
- enfin, l’hyp de chocs technologiques ponctuels abaissant de façon provisoire la
productivité et la croissance a été avancée par Kydland et Prescott en 1982 dans leur théorie
du « cycle réel des affaires » (real business cycle). Pour ces économistes, la baisse de la
prodté engendrerait une baisse du salaire et une hausse du chômage consécutive au refus de
travailler pour un salaire plus bas. La diminution du revenu entraînerait celle de la conso et de
la production nationale.

c. les cycles courts

Cycles de 1 à 3 ans liés à des variations de stock des entreprises (Kitchin,


Abramovitz). L’anticipation d’une croissance forte de la demande engendre une augmentation
des stocks. Si la demande se ralentit, les entreprises puisent d’abord dans leurs stocks et ne
sollicitent pas l’appareil de production, ce qui conduit à une baisse de l’activité économique.
Celle-ci ne s’arrête que lorsque les excédents de stocks ont été complètement éliminés. Les
comportements de déstockage en 1993 ont ainsi joué un rôle important dans la croissance de
l’économie.

ii. les facteurs économiques des cycles

a. le processus d’accumulation du capital

L’accumulation du capital joue un rôle fondamental dans l’apparition des


déséquilibres, puisque l’ivt est la composante la plus volatile de le demande et l’élément
essentiel de l’offre. Cette dynamique de l’ivt a été décrite par Keynes puis par Hicks et
Samuelson dans les modèles d’accélérateur-multiplicateur.
- la croissance de l’ivt rendue nécessaire par une augmentation de la demande entraîne
une accélération de la production. En effet, le montant d’ivt exigé pour répondre à cette conso
supplé est toujours supérieur à cette dernière. Cet effet d’accélération sur la demande
s’inverse toutefois quand les capacités de production sont trop fortes par rapport à la demande
réelle. L’ivt diminue alors, ce qui accentue encore la baisse de la demande.
- un mécanisme analogue se met en œuvre lorsque l’Etat décide d’augmenter le niveau
de la demande par des ivts publics autonomes ou par une distribution supplé de revenu. Le
supplé de demande qui en résulte aboutit en effet à une augmentation de l’ivt privé, qui
relance à son tour la production nationale.

b. les déséquilibres des marchés

Les délais d’ajustement des prix sur les différents marchés (biens, travail, marchés
financiers) expliquent également l’apparition des déséquilibres :
- sur le marché des biens, la production vendue peut ne pas correspondre à la
demande des ménages en raison d’anticipations erronées notamment. Le rééquilibrage du
marché s’obtient alors à travers une série de corrections successives qui affectent les prix et
les quantités : le « tâtonnement walrasien ».
Le prix fixé P1 pour l’offre de biens initiale Q1 est trop élevé et supérieur au prix
d’équilibre P0. Toutefois, le prix qui ajuste l’offre à la demande P2 est trop faible et va
engendrer une offre inférieure à la demande Q2. il s’ensuit alors une augmentation du prix et
ainsi de suite jusqu’à atteindre le prix d’équilibre.
Le cycle prix-quantité sur le marché des biens : la toile d’araignée (cobweb)

quantité
offre de biens
Q1

Q0

Q2
demande de biens

prix
P2 P0 P1

- sur le marché du travail, le salaire exigé par les travailleurs peut également être
trop élevé par rapport au salaire d’équilibre et à celui qui assure un niveau optimal de profit.
L’augmentation du chômage qui en résulte pousse alors les salaires à la baisse et ce faisant
réduit l’inflation (courbe de Phillips). Cette stabilisation ou cette baisse des salaires dure
jusqu’à ce que l’offre de travail soit redevenue rentable pour l’entreprise et que celle-ci puisse
embaucher des effectifs tout en conservant un bon niveau de profit.
- sur les marchés financiers, la hausse de la demande de monnaie en période de forte
croissance entraîne une augmentation des taux d’intérêt (si l’offre de monnaie est inchangée)
qui exerce un effet dépressif sur l’ivt et sur l’activité. D’une part, le taux d’intérêt devient
supérieur à la prodté marginale du capital ce qui pousse les entreprises à désinvestir jusqu’à ce
qu’elles aient rétabli leur rentabilité. D’autre part, les ménages sont alors incités à accroître
leur effort d’épargne et ils diminuent leur consommation.
Il convient également d’ajouter les effets sur la richesse des ménages et sur leur
consommation d’une variation brutale de la valeur des actifs financiers en cas d’apparition
puis d’éclatement d’une bulle spéculative.

Au total, les fluctuations qui résultent des déséquilibres des marchés sont largement
dominées à CT et MT par le multiplicateur-accélérateur selon Muet.

B. Des économies plus cycliques depuis le 1er choc pétrolier

i. une accentuation des cycles

- l’économie française est devenue plus cyclique depuis une 20 aine d’années
L croissance française était traditionnellement plus régulière et cela s’expliquait par des pol de
stabilisation importantes, une absence de flexibilité du marché du travail ainsi que par une
sensibilité moindre à la concurrence et aux marchés extérieurs. Cette exception française
semble avoir disparu : de 1983 à 1989, le PIB a crû de façon quasi continue, le taux de
croissance atteignant 4 % en 1989, son niveau le plus élevé depuis 1976 ; puis, de 1990 à
1993 le PIB a connu un ralentissement régulier qui s’est achevé en récession avec une baisse
du PIB de 1,3 % en 1993. Ces fluctuations importantes contrastent avec la stabilité de la
croissance autour d’une tendance de LT telle qu’on pouvait l’observer jusqu’au début des
années 70.
- cette accentuation des cycles s’explique par des facteurs conjoncturels (pétrole) mais
aussi structurels (devt d’une épargne de précaution d’où une sensibilité à la restriction du
crédit bancaire et à une variation brutale du prix des actifs type éclatement de bulle
financière).

ii. une répercussion possible sur la croissance à LT

Traditionnellement, la théorie économique considère que les cycles sont


nécessaires pour rester sur le sentier de croissance équilibrée. D’une part, le cycle
d’affaires dépend de déséquilibres provisoires qui n’ont pas d’incidence sur le sentier de
croissance de LT, pourvu qu’ils soient corrigés par des pol de stabilisation conjoncturelle ou
par le simple jeu des mécanismes de marché. D’autre part, ces cycles peuvent être aussi la csq
de mutations technologiques dans le cas où un processus de destruction créatrice se met en
œuvre. L’alternance de phases de récession (où les entreprises éliminent les activités obsolètes
et se réorganisent afin d’augmenter leur prodté) et de phases de reprise (où les entreprises
touchent les dividendes de cette réorganisation) joue alors un rôle positif à cause de
l’augmentation de la prodté globale à LT.

Toutefois, plusieurs éléments laissent à penser que des cycles trop accentués
peuvent avoir un impact négatif sur la croissance à LT :
- les pertes de capital humain induites par l’augmentation brutale du chômage rendent
difficiles la réinsertion des perso concernées sur le marché du travail à un même niveau de
qualif tout au moins.
- la diminution des ivts en période de récession peut si elle se prolonge entraîner une
obsolescence du capital productif. Ainsi, le retard pris dans l’accumulation du capital en
France au début des années 80 a probablement empêché les entreprises de tirer totalement
parti de l’amélioration de la conjoncture et du renforcement de leur compétitivité dans la 2 e
moitié des années 80.
Des études récentes montrent que des fluctuations importantes de la croissance vont de pair
avec un rythme de croissance plus faible. Sur la période 1960-1990, les pays de l’OCDE qui
ont connu une volatilité très forte de leur taux de croissance (Irlande, Nouvelle Zélande,
Espagne) ont en effet enregistré une croissance nettement plus faible, alors que des taux de
croissance élevés ont été atteints par des pays connaissant de faibles variations conjoncturelles
(Japon, Italie, France). Cette influence de l’amplitude des cycles sur le niveau de la croissance
ne signifie évidemment pas que le lien de causalité soit exclusif, car d’autres déterminants
peuvent également expliquer ces différences (l’investissement notamment).

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