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La recherche de la compétitivité : stratégies de change et intégration régionale

Le taux de change est une variable fondamentale pour la compétitivité d’un pays.
Celle-ci se décompose en un élément de prix, incluant d’une part le prix du produit et le cours
de change, et un élément hors prix tenant aux autres déterminants de la compétitivité
(positionnement, qualité, services) et à la qualité de l’intégration dans le commerce régional.
A cet égard, les gains obtenus par l’abaissement progressif des droits de douane peuvent
sembler tout à fait négligeables lorsqu’un pas dévalue brutalement sa monnaie.

1. Dévaluation ou désinflation compétitive : quelle stratégie gagnante ?

A. Désinflation compétitive : à la recherche du cercle vertueux de la


compétitivité

La France a fait depuis 1983 le choix de la désinflation compétitive. Elle est fondée
sur la fixité du taux de change nominal et une inflation moindre que ses concurrents ce qui
contraint l’industrie à une amélioration constante de sa compétitivité en termes réels. Elle
s’inspire ainsi du modèle allemand alliant monnaie forte et excédents commerciaux élevés.

i. le modèle allemand suppose une spécialisation porteuse et des


investissements importants

L’All présente la particularité d’avoir réussi à allier une monnaie forte avec des
excédents commerciaux structurels à la grande différence des stratégies de dévaluation
compétitive. En cela l’ALL se distingue du Japon dont la monnaie a pu connaître de longues
périodes de sous-évaluation notamment à l’égard du dollar facilitant la pénétration des
produits japonais sur les marchés internationaux.

Cette particularité s’explique par une très forte spécialisation de l’ind sur un nb de
secteurs limités. Ainsi sur les 30 1ères entreprises europ par le CA, 12 sont allemandes mais
n’appartiennent qu’à trois secteurs (auto, chimie et biens d’équipement). Au contraire de la
France où seules 7 entreprises se classent parmi les 30 et elles appartiennent à 6 secteurs très
différents. Cette spécialisation permet aux industriels allds d’être en position de price maker,
de pouvoir imposer leurs prix sur les marchés internationaux alors que les autres industriels
sont en position de price taker contraints de s’aligner sur les prix pratiqués par les concurrents
allemands.

Cette position n’est cepdt tenable que si la qualité des produits est irréprochable et que
l’avance technologique liée à cette spécialisation industrielle est effectivement maintenue. Ce
système exige par csqt un taux d’ivt élevé afin de maintenir la compétitivité des produits qui
doivent être capables de concurrencer des produits moins chers mais réputés de moins bonne
qualité.

Ce n’est qu’à cette condition que le cercle vertueux allemand peut s’enclencher : la spé
industrielle et le taux d’ivt élevé favorisent les exports malgré la force du DM. Comme les
imports sont peu coûteux compte tenu de la faiblesse relative des autres monnaies, les
excédents commerciaux sont importants, ce qui renforce le mark.

ii. Le choix du renforcement de la compétitivité


L’arrimage du franc au DM emporte des csq monétaires importantes : tant que les
anticipations d’inflation sont demeurées supérieures en France à celles prévalant en All, la
France a du supporté une prime de risque rendant les taux d’intérêt élevés, pénalisant la
croissance. La stratégie de désinflation compétitive impliquait une maîtrise des coûts
notamment salariaux (compétitivité coût + marge = compétitivité prix) permettant d’exporter
malgré un franc fort. Elle a été critiquée d’un double point de vue :
- ces résultats ont tout d’abord été obtenus par un ajustement sur les quantités grâce à
un effort de productivité des entreprises mais en provoquant aussi une réduction du nb des
emplois et sur les prix, les évolutions salariales ayant été limitées. Ces contraintes ont
fortement pesé sur la demande intérieure.
- elle n’est par déf pas coopérative car fondée sur un rythme d’inflation < à celui de
nos partenaires. A être étendue, la compétition risquerait de se transformer en déflation
généralisée (baisse auto-entretenue de l’ensemble des prix).
L’autre voie, soit la dévaluation compétitive, a donc été pratiquée par l’Italie, l’Esp et
le RU.

B. Dévaluation compétitive : le retour de la courbe en J

i. la dévaluation compétitive a été critiquée

La dévaluation d’une devise provoque d’abord une dégradation de son solde


commercial du fait du renchérissement immédiat des importations. Ultérieurement, le solde se
résorbe du fait d’une compétitivité prix accrue de ces exports et permet le rééquilibrage de ses
échanges commerciaux.

Solde commercial

0 Temps

Les limites théoriques de ce dispositif ont été établies par Marshall, Lerner et
Robinson au travers du théorème des élasticités critiques. L’accroissement du solde
commercial est donné par la formule suivante :
K Eq (ef + eh – 1)
où K est le % de baisse du change
E le volumes des exportations
q le prix en monnaie nationale des exportations
ef l’élasticité de la demande nationale d’importations
eh l’élasticité de la demande étrangère d’importations.

L’élasticité mesure la sensibilité du volume des importations à une variation du prix


des importations. Volume des importations/prix des importations.

La dévaluation n’est efficace que si la somme des élasticités prix de la demande


nationale pour les imports et de la demande étrangère pour les exportations est supérieure à 1.
ce théorème traduit donc les conditions de redressement du solde commercial : l’effet de
substitution (augmentation du volume des exportations et diminution du volume des
importations) doit dépasser l’effet valorisation (renchérissement des importations et
diminution du prix des exportations).

De façon pratique, les dévaluations compétitives en France n’ont pas été couronnées
de succès. Outre le caractère difficilement compressible d’une part de nos importations
libellées en $, les entreprises exportatrices ont pu être tentées par une reconstitution de leurs
marges plutôt que par une baisse de leur prix à l’export. Ensuite, la conjoncture internationale
n’a pas tjrs été favorable à ce type de dévaluation : si l’environnement international est
dépressif, les possibilités d’augmentation des exportations sont limitées et si en revanche la
demande intérieure est soutenue les importations continueront de croître comme cela a été le
cas pour les dévaluations de 1982 et 1983. Enfin, les dévaluations étaient source d’une
inflation importée par la hausse des prix des produits achetés, qui rendaient artificiels et
temporaires les gains de compétitivité obtenus.

ii. cependant, les dévaluations récentes ont connu un relatif succès

Entre l’été 92 et la mi 95, la lire italienne a chuté de 33 % par rapport au franc, la


peseta espagnole de 24 % et la £ de 20 % contribuant à déstabiliser le système monétaire
européen dont les marges de fluctuation ont du être élargies. Ces dévaluations ne se sont pas
traduites par une inflation importée. Elles sont en effet advenues dans un contexte de pol
salariale rigoureuse et d’assainissement des fipu. Le mécanisme de la boucle prix-salaire n’a
pu se produire à la suite de la désindexation des coûts salariaux sur les prix.
En 1995 les balances commerciales des 3 pays s’étaient redressées mais la croissance
est demeurée faible en Espagne et en Italie. Taux d’intérêt réels élevés pénalisant fortement
l’investissement. Progression du taux de chômage.
En revanche, la situation de la GB se distingue par la croissance durant cette période et
la baisse durable des taux d’intérêt malgré la dévaluation. La situation sur le marché du travail
s’est améliorée.
Ce dernier succès a contribué à relancer le débat sur la dévaluation compétitive
au sein de l’UE. Toutefois, parmi les pays qui ont dévalué seul l’Italie dégage un solde
commercial positif, l’Esp et le RU accusant encore de lours déficits.
Parti de plus de 10 F en 1985, le $ est passé sous la barre des 5 francs en 1995. Etant
donné la place et le rôle du $ dans les échanges internationaux, inquiétude quant 1 euro pour
1,3 $. Selon la théorie de la parité de pouvoir d’achat, 1 pour 1.

2. La régionalisation du commerce international : le cas français dans le marché


unique

A. Les accords de commerce régionaux favorisent le devt

Les accords de commerce régionaux (Union Douanière et Economique d’Afrique


Centrale : UDEAC, ASEAN, Mercosur, pacte andin) ne constituent pas néct un obstacle à la
libéralisation des échanges.

i. les accords de commerce régionaux correspondent à des


réalités variables
Le commerce intrarégional représente 60 % du commerce mondial. Les facteurs de la
régionalisation du commerce sont avant tout la proximité géographique mais ils tiennent aussi
à la proximité des niveaux de développement. Plus les revenus par habitant sont élevés, plus
la demande de produits différenciés est forte, ce qui suscite des échanges croisés de produits
globalement similaires ; plus les écarts entre revenus par hbt sont faibles, plus les
comportement de demande entre les pays partenaires sont proches, ce qui favorise les
échanges croisés de biens à carac proches.

ZLE (suppression des droits de douane et barrières non tarifaires entre pays
signataires d’où préservation de l’indépendance des pol douanières extérieures :
ALENA/MERCOSUR jusqu’à janvier 1995.
Union douanière (ZLE accompagnée d’un tarif extérieur douanier commun : UDEAC
avec Cameroun, Congo, Gabon, Guinée, République centrafricaine, Tchad et MERCSOUR
depuis janvier 1995)
Marché commun (union douanière complétée d’une LC des facteurs de production
supposant l’établissement de règles de concu commune : marché commun d’Amérique
centrale regroupant l Costa Rica, le Salvador, le Guatemala, le Honduras et le Nicaragua).
L’union économique est un marché commun accompagné d’une harmonisation des
pol éco, fi, sociales et monétaires (UE).
Le dernier stade correspond à l’intégration économique du type fédéral.

ii. les accords régionaux peuvent favoriser le commerce sans nuire


au multilatéralisme

Les accords régionaux permettent une meilleure diffusion des techniques et des éco
d’échelle dans un marché local devenu plus large ce qui permet une meilleure compétitivité au
niveau international. En développant la concurrence, ils incitent à une meilleure productivité.
Ils contribuent enfin à créer un climat favorable aux ivts étrangers.

Ces accords sont cependant proscrits par l’art XXIV du GATT. Ces accords
préférentiels peuvent en effet conduire à des détournements de flux commerciaux. La
réalisation d’une union douanière est en effet un pas vers le libre-échange et un obstacle au
libre-échange mondial du faut de l’institution d’un tarif extérieur commun. Selon Viner
(1950), l’union douanière a simultanément deux effets :
- des effets positifs de création de trafic lorsqu’il y a remplacement d’une source de
production intérieure chère par une source de production moins chère trouvée auprès du
partenaire.
- des effets négatifs de détournement de trafic quand en raison de l’union douanière
l’un des partenaires achète à l’autre partenaire un bien que ce partenaire produit plus cher que
ne le produit un pays ne participant pas à l’accord régional. Les courants commerciaux sont
alors artificiellement déplacés sans amélioration du bien-être pour le pays qui importe. Ce pb
a par ex pu se poser pour le RU important de la viande ovine bon marché des pays membres
du commonwealth tels qu’Australie et Nouvelle Zélande et qui aurait du y substituer des
importations provenant de l’UE.
L’économiste Meade (1951) a défini un série de règles pour déterminer quels sont les
effets prédominants pour une union douanière :
-elle sera d’autant plus avantageuse (créations de trafic > aux détournements) que le
tarif extérieur sera plus bas, limitant ainsi la perte du reste du monde en termes de bien-être ;
- de même, elle sera d’autant plus avantageuse qu’elle sera plus large, parce qu’elle se
rapprochera ainsi du libre-échange mondial qui constitue l’optimum de 1er rang ;
- enfin, elle sera aussi d’autant plus porteuse de richesses que le niveau initial des
droits entre les pays membres était plus élevé.
Le régionalisme peut ainsi constituer une alternative réaliste à un multi meilleur mais
difficile à mettre en œuvre. En effet, en favorisant l’émergence de blocs commerciaux d’une
part il réduit le nb de partenaires et facilite la négociation d’autre part il les rend plus
homogènes et plus disposés à l’ouverture internationale. Bénédiction lors de la conf OMC de
Singapour en 1996 : « complément aux règles du système commercial multilatéral ».

B. Le rééquilibrage du commerce extérieur français

En 20 ans de 1975 à 1995 les échanges (import + export) ont été multipliés par 6.
Accroissement annuel moyen de 12 % l’an.

i. après le choc pétrolier de 1973, la France a mis pratiquement


20 ans pour renouer avec des excédents durables

En 1982, le taux de couverture (ratio export/import) atteint son point bas à 87 % ; en


1997 le solde commercial atteint le niveau record de 173 milliards de F.
Le redressement français est dû à des facteurs plus structurels que conjoncturels :
- l’excédent français a déjà résisté à des circ défavorables (fluctuations monétaires)
- l’excédent a été maintenu et amplifié malgré des situations économiques très
différentes.

ii. une spécialisation sectorielle conforme à nos avantages


comparatifs

- une amélioration des soldes de l’énergie et des biens d’équipement : pendant


longtemps, le 1er déficit sectoriel a porté sur l’énergie. La part des importations
énergétiques dans les importations totales est passée de 28 % en 1990 à 7 % en 2000.
Accélération du prog nucléaire, devt d’une pol de maîtrise de l’énergie et encouragement de
l’export d’électricité (3 milliards d’euro d’exportation d’électricité soit 17 % du total des
importations d’énergie) ont permis de réduire la dépendance énergétique. Baisse du $ et du
pétrole ont toutefois été des éléments déterminants.
Apparition d’un excédent durable du secteur des biens d’équipement professionnel,
traditionnellement faiblement bénéficiaire ou déficitaire. Doublement de l’excédent en 10 ans
de 1992 à 2002 pour atteindre 10 milliards d’euros.
Le renforcement de la compétitivité s’explique en partie par une spécialisation plus poussée
dans les produits de haute technologie. La France apparaît au 1er rang européen avec 15 % de
produits de haute technologie au sein de ses exportations selon une étude du CEPII.

Sur les autres secteurs, la structure des échanges a peu évolué :


- l’agriculture reste un point fort : 1er exportateur de produits agroalimentaires et 2e
exportateur de produits agricoles derrière les USA.
- les biens de conso courante restent un point faible même si la situation est contrastée avec
des excédents dans la pharmacie mais d’importants déficits dans l’électronique grand public,
l’électroménager, le textile.
- enfin, l’automobile et les matériels militaires demeurent des secteurs largement
contributeurs au solde positif de la balance commerciale.

- les services apportent une large contribution à la balance des transactions courantes :
elle comprend la balance commerciale retraçant les échanges des biens et la balance des
services. Traditionnellement largement excédentaire en France (40 milliards d’euros) du fait
de l’excédent du poste tourisme dépassant 12 milliards d’euro.

iii. des résultats géographiques encore insuffisants

Longtemps, la structure géographique de nos échanges a privilégié une forte


intégration européenne et des grands contrats conclus avec des PVD peu solvables. Le
commerce extérieur de la France se concentre à 65 % sur l’UE (5 1ers partenaires : All, Italie,
RU, Bénélux et Espagne). Solde global positif de 85 milliards de F. Le déficit est marqué avec
le reste de l’OCDE (-25 milliards de F), les USA et le Japon étant les 1ers déficits bilatéraux,
la Suisse constituant notre bénéfice bilatéral le plus important avec 24 milliards de F. L’Asie
reste le point faible : à peine 5 % de nos exportations, alors que le taux moyen annuel de
croissance des échanges de l’Asie atteint 12 %.

Autant l’Etat est plutôt démuni pour réorienter sectoriellement les échanges, ceci ayant
été plutôt obtenu par une stratégie économique générale, la désinflation compétitive, autant il
dispose d’outils pour accélérer la réorientation géographique :
- proc fi de soutien des exportations et des ivts : les entreprises bénéficient d’une
assurance pour le recouvrement des créances garanties par la COFACE. Recrutement de VIE.
Elles peuvent enfin bénéficier de subvention directe sous la forme de fit sur protocole lorsque
la France accorde une aide à un PVD pour financer ses infra ou ses équipts.
- action de promotion (foires, salons) et renforcement de la présence française dans les
pays prioritaires (visites ministérielles, redéploiement des PEE). UBIFRANCE s’inscrit dans
une perspective de mutualisation des moyens.

Avec le devt des marchés financiers, la forte croissance du commerce international est
l’aspect dominant du processus de mondialisation que connaît l’ensemble des économies.
Afin de maîtriser ce processus, les Etats ont pu trouver des moyens pour réguler les échanges
sans recourir à un protectionnisme aux effets pervers. Dans le cadre du grand marché
européen, la France a réussi à modifier profondément la structure de ses échanges par une
stratégie de désinflation compétitive aux résultats positifs. Il lui reste à améliorer la structure
géographique de ses échanges en veillant à positionner ses entreprises dans les pays qui ont le
plus fort potentiel de croissance.

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