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Les objectifs de la politique économique :

Une croissance plus forte, plus stable et mieux répartie

Le 1er objectif que se fixe la pol économique est l’augmentation du rythme de la


croissance. Cette croissance doit également être la plus stable possible mais les
transformations importantes de l’environnement et du champ d’application des pol
conjoncturelles limitent en pratique la possibilité de réduire tout à fait l’instabilité des
économies. Aussi le 2e objectif que doit se fixer la pol économique est-il plutôt celui d’une
répartition efficace et équitable des fruits de la croissance.

1. Une croissance plus forte

Les pol destinées à rendre la croissance plus forte visent à augmenter la contribution
de ses différents facteurs : capital, travail et productivité globale.

A. La possibilité d’agir sur la productivité globale des facteurs : les


théories de la croissance endogène

A la différence du modèle néo-classique de la croissance, les théories de la croissance


endogène soutiennent que la croissance peut être auto-entretenue et qu’elle n’est bornée ni par
le niveau de la pop ni par l’état des techniques à un moment donné. Le ppal facteur de la
croissance selon Solow (le PT) est ici considéré comme endogène, id est qu’il s’explique par
des variables du modèle et qu’il ne s’impose pas de l’extérieur aux agents (exogène). Cette
représentation d’une croissance potentiellement sans limites repose essentiellement sur 3
arguments.

i. la constance des rendements du capital

Dans la fonction de prod de la croissance endogène, la prodté marginale du capital


n’est pas décroissante. Cette fonction s’écrit ainsi (modèle AK de Rebelo, 1991) :
Q (production) = A (paramètre d’échelle) * K (capital)
Avec # K = s (taux d’épargne) * Q

Le niveau d’activité de l’économie n’est donc pas donné une fois pour toutes puisqu’il
dépend du stock de capital, de sa prodté marginale (supposée ici constante et égale à A) ainsi
que du comportement des agents (par le biais du taux d’épargne).
Cette croissance est d’ailleurs potentiellement sans limites puisque l’ajout d’autres
facteurs de production à la fonction AK (le travail et les matières 1ères) transforme celle-ci en
une fonction de production à rendements d’échelle croissants.
Les rendements d’échelle sont dits croissants quand l’augmentation d’une certaine
amplitude de tous les facteurs entraîne une augmentation plus que proportionnelle de la
production.

ii. l’existence d’externalités positives ou de biens publics


importants

La croissance des rendements d’échelle est a priori difficilement compatible avec les
conditions de l’équilibre concurrentiel puisqu’elle aboutit naturellement à la constitution de
monopoles puissants. La réhabilitation de la notion d’externalités positives (Pigou, 1920) et
de biens publics (Samuelson, 1948) permet toutefois aux théoriciens de la croissance
endogène de concilier les ppes de l’économie de marché avec des rendements d’échelle
croissants :
- au niveau de l’entreprise, la prodté marginale du capital est svt décroissante : l’ivt ne
permet pas d’auto-entretenir un processus de croissance.
- au niveau macroéconomique, les rendements du capital restent en revanche constants grâce
aux effets positifs sur les autres firmes de l’investissement d’une seule entreprise.

Il en résulte que le taux de croissance issu de l’équilibre concurrentiel peut être sous
optimal puisque chaque agent est tenté de ne prendre en compte dans sa décision d’ivt que le
rendement privé de celui-ci et non ses effets positifs sur le rendement des autres agents.
Les externalités se définissent par l’existence d’un rendement social différent du
rendement privé : supérieur dans le cas d’une externalité positive (R&D) et vice-versa
(pollution).
Les biens publics sont des actifs collectifs non appropriables par des agents privés et
générateurs d’économies pour chacun d’entre eux (éco d’échelle plutôt qu’objectif de
rentabilité réducteur) : les infra de transport, les réseaux de commu mais aussi les systèmes
d’éducation et de protection sociale.
Externalités et biens publics nécessitent tous deux une intervention et un fit publics,
même si cette intervention n’est pas forcément de même nature :
- les externalités peuvent être compensées par un système public de taxation ou de
subvention (si positives) qui égalise le rendement privé au rendement social et incite
l’individu à avoir un comportement économique conforme à l’optimum social.
- les biens publics nécessitent une intervention plus directe de l’Etat par le biais d’une
entreprise publique jouissant d’un quasi-monopole (syst français) ou d’un oligopole privé
contrôlé par des agences indépendantes (système anglais). Le fit de ces biens associe à des
degrés divers le prix versé par l’usager ou la subvention financée par des PO selon la nature
concurrentielle ou non de l’activité concernée.

Les théories de la croissance endogène réhabilitent ainsi la nécessité d’une


intervention publique sous forme de subventions aux activités utiles ou de prise en charge
directe des biens collectifs, afin d’arriver à un rythme de croissance auto-entretenu.

iii. la possibilité d’agir sur le PT ou la prodté globale des facteurs

Le PT n’est pas pour les théories de la croissance endogène une donnée mais la
résultante d’une activité de recherche et d’une accumulation du savoir. Pour Guellec et Ralle
(1995), la technologie présente ainsi 4 carac qui en font le cœur de la croissance endogène :
- c’est un bien public, id est que le stock de connaissances est immédiatement
disponible pour tous à un coût très bas (accès à l’info par Internet).
- c’est un bien cumulatif, car chaque découverte s’appuie sur d’autres découvertes
faites dans le passé (émergence du secteur multimédia grâce aux avancées dans les télécoms,
l’audiovisuel et l’informatique).
- c’est un bien générateur d’externalités : même si les brevets assurent à leur
propriétaires un monopole d’exploitation de leurs inventions, ce monopole est temporaire et
l’octroi de licences permet aux autres firmes de bénéficier également de ces procédés (devt en
France des médicaments génériques).
- c’est un facteur de croissance soit parce que la qualité des produits est améliorée
(différenciation verticale de Aghion et Howitt, 1992) et que de nouveaux produits se
substituent aux anciens ; soit parce que de nouveaux biens sont inventés (différenciation
horizontale de Romer, 1990) et que de nouveaux marchés apparaissent (cas du tél mobile). En
soustrayant des fonds à l’activité productive, les dépenses de R&D dynamiseraient en fait la
croissance économique par leur effet induit sur le PT et la prodté globale des facteurs.

Il résulte des théories de la croissance endogène qu’un ralentissement durable de la


croissance a une influence sur le sentier de croissance de LT. En effet, tout ralentissement
dans l’accu du capital pèse sur la prodté globale des facteurs. Ceci amoindrit le rythme de
croissance ultérieur à cause de la réduction des rendements d’échelle et des externalités
positives. A la # du modèle néo-classique de Solow, il n’existe donc pas de phéno de
rattrapage naturel et spontané des éco qui connaissent des taux de croissance moins élevés.
Les théories de la croissance endogène insistent sur la nécessité de pol économiques adaptées
afin d’éviter l’impact de récessions trop prolongées et d’enrayer les phéno de sous-devt.

B. Les recommandations de politique économique

Les nouvelles théories de la croissance ont conduit à des recommandations


importantes pour la pol économique, visant à réhabiliter le rôle de l’Etat et l’utilité de la
dépenses publique. Toutefois, les actions envisagées s’appliquent à un champ de politiques
publiques mal défini et les résultats auxquels ces théories parviennent ne sont pas encore
suffisamment fiables.

i. accumuler le capital technologique

Le capital technologique (connaissances et capital physique) est pour Romer (1986) le


ppal facteur de la croissance endogène. Cette accumulation du capital technologique résulte
d’une pol de R&D active mais également de l’ivt privé des entreprises. Le lien entre capital
technologique, PT et croissance a été démontré par plusieurs études empiriques récentes.

De Long et Summers (1993) ont mis en évidence une corrélation positive entre la part
dans le PIB de l’ivt en biens d’équipement et les gains de productivité globale des facteurs.
- Guellec et Ralle (1995à ont montré qu’il existait un lien entre les dépenses de
recherche et la croissance des ppaux pays industrialisés de 1960 à 1990 : l’élasticité du PIB à
l’effort de recherche serait de 0,14 environ ce qui veut dire qu’une hausse de 1 % des
dépenses de recherche (soit 0,03 % du PIB en moyenne) entraînerait une hausse du PIB de
0,14 %.
- enfin l’OCDE conclut que l’informatique et les nouvelles technologies de
l’information ont un impact direct sur les performances des entreprises même si plus ou moins
prononcé selon les secteurs.

ii. accumuler le capital humain

Le capital humain (Lucas, 1988) contribue également au carac endogène de la


croissance, puisque l’état de santé de la pop et son niveau d’éducation favorisent la prodté
globale des facteurs et donc la trajectoire de croissance à LT.
Dès les années 60, Schultz et Denison avaient ainsi montré que l’accroissement de
l’éducation contribuait à la croissance économique US de 15 à 20 % environ. L’élévation du
niveau de qualif a un impact plus immédiat dans les pays sous-développés compte tenu de la
situation de départ.
iii. construire des infrastructures publiques

Pour Barro (1990), elles constituent un moyen d’entretenir la croissance éco à cause
des effets positifs de ces infrastructures sur le rendement du capital privé. Ainsi, Aschauer
(1989) a montré que l’accumulation du capital public avait exercé aux USA de 1950 à 1985
un impact significatif sur la hausse de la prodté privée : une hausse de 1 % du capital public
induirait une hausse supplé de 0,4 % de la prodté privée.

Cette efficacité de l’ivt public est ttfois conditionnée à l’existence d’un rendement
social important. Dans le cas contraire, les ivts publics concurrencent et évincent l’ivt privé
(ivts dans le secteur public industriel et commercial) ou ont des csq négatives sur le sentier de
croissance (ivts publics à l’utilité marginale très faible). Ce risque est particulièrement
important quand un haut degré d’infra a été atteint.

C. Les politiques en faveur de l’innovation et de la recherche


technologique

i. un retard français et européen

Les dépenses de R&D représentent 1,9 % du PIB de l’UE et 2,3 % en France contre
2,7 % au Japon et 2,5 % aux USA. Le nombre de brevets déposés par les Européens par
rapport à la part US et japonaise diminue.

La structure de ces dépenses est mal répartie surtout en France. D’une part, les
poids des fits publics est très important : ils représentent 1,1 % du PIB soit près de la moitié
des dépenses de R&D contre un tiers dans les pays OCDE en moyenne. Cela signifie en
contrepartie que l’effort de recherche des entreprises est par rapport à nos principaux
partenaires un peu moins élevé, ce qui entraîne des csq négatives sur le potentiel d’innovation
et de croissance.
D’autre part, au sein de ces fits publics, la part des crédits militaires reste significative
(0,3 % du PIB) : la France est ainsi le pays qui après les USA consacre la part la plus
importante de ses ressources à ce domaine. De ce fait, si le % d’aides publiques à la recherche
industrielle est l’un des plus élevés des pays de l’OCDE (0,5 % du PIB juste derrière les
USA), une part importante de cette aide va aux industries de défense.

Le transfert des résultats de la recherche se fait dans de moins bonnes conditions


qu’au Japon et aux USA. La part de la France au sein des brevets européens a baissé à 7 %
alors que la part mondiale des publications scientifiques des laboratoires français est en
progrès à 5 %. Cette détérioration de la position relative en brevets est un des facteurs qui
explique l’existence d’une balance des paiements technologiques (contrats de licence, achats
de brevets, de savoir-faire et de recherche) déséquilibrée de l’ordre de – 0,05 % du PIB (elle
est de – 0,1 % en Europe mais de 0,3 % aux USA). Elle traduit une dépendance croissante de
la France dans des secteurs de pointe comme l’informatique ou la pharmacie.

Les points forts de l’Europe dans le domaine des technologies de pointe sont
insuffisants. Les seuls gds pays spécialisés dans les industries de haute technologie sont le
RU (équipt informatique et matériel de communication) et la France (ind aérospatiale).
S’agissant des logiciels et services informatiques, l’Europe représente à peine 16 % de la
production mondiale alors que le marché européen équivaut à 40 % des ventes. Absence
d’entreprises puissantes dans ce secteur.
L’usage et le devt des technologies de l’information est bcp plus faible en Europe
et particulièrement en France qu’aux USA. Les dépenses de NTIC représentent un peu plus
de 6 % du PIB en France contre 8 % aux USA. Le taux d’équipt des ménages en ordinateurs y
est de 19 % contre 35 % en All et 50 % aux USA. L’usage professionnel est également moins
répandu puisque le nombre de PC pour 100 travailleurs non manuels est de moins de 40,
contre 70 aux USA et plus de 50 dans les pays scandinaves, aux PB ou en All. Ce sous-
équipement relatif représente un double inconvénient : le moindre développement de ces
marchés freine l’apparition d’acteurs européens puissants dans ce secteur ; il réduit les gains
de prodté et le potentiel de croissance à LT.

ii. les politiques

Face à ces lacunes, la pol menée à l’échelle europ a consisté depuis le début des
années 80 à coordonner les efforts de recherche des pays membres et à développer les
partenariats entre recherche publique et industrie privée :
- les prog cadres communautaires ont appuyé les efforts des industriels européens
par un cofinancement communautaire pour certains projets (Jessi pour les composants
électroniques). 6e prog cadre 2004-2008 doté de 15 milliards d’euros.
- le partenariat recherche-industrie a été renforcé au moyen de contrats de recherche
passés entre les entreprises et les laboratoires publics.

En France, un nouvel élan a été donné à la pol en faveur de l’innovation et du


renforcement du potentiel technologique à la suite du rapport Guillaume de 1998 :
Fonds communs de placement dans l’innovation : 500 millions d’euros collectés en
2002 : apporte des capitaux à de jeunes entreprises de pointe.
Fonds d’investissement de proximité issus de la loi sur l’initiative économique du 1 er
août 2003 : investir dans des PME régionales non cotées.
Loi d’orientation pour la recherche mise sur le métier pour fin 2004. Si l’effort de
recherche français a progressé de 3,9 % en 2004, à en retirer la partie militaire, le budget de la
recherche publique s’établit en fait autour de 9 milliards d’euro soir 2,2 % de mieux qu’en
2003. Encore cette hausse profite-t-elle d’abord aux secteurs du spatial, de l’aéronautique et
du secteur civil qui absorbent un gros tiers des crédits. Une sorte de prime à la recherche
appliquée qui génère des retombées économiques immédiates alors que la part de la recherche
dite fondamentale, moins rentable sur le CT, tend à diminuer sous l’effet des mesures de gel et
d’annulation de crédit en cours d’année.

2. Une croissance plus stable

La réduction de l’ampleur des cycles passe par un usage renouvelé des pol
conjoncturelles et par la recherche de nouvelles formes de régulation sociale.

A. La réduction difficile de l’instabilité des économies

Les pol conjoncturelles ont fait l’objet de critiques renouvelées depuis le début des
années 60. Leur efficacité a été contestée sur le plan théorique par l’école monétariste de
Friedman d’abord, par la nouvelle école classique de Lucas ensuite. Leur autonomie a été
limitée dans la pratique avec l’ouverture des économies, l’instabilité des taux de change et le
devt des marchés financiers. Aussi leurs objectifs et leurs instruments ont-ils dû être
clairement redéfinis à partir des années 80 avec la recherche d’un cadre stable et de règles
claires pour les agents économiques (réduction des déficits publics, analyse des risques
inflationnistes, annonce d’un taux de change souhaité) au lieu d’une volonté d’agir sur leurs
comportements par une action discrétionnaire non anticipée.

Les évolutions de la politiques économique française (1973-2000)


¤ une succession de plans de refroidissement et de relance (1973-1982) : restriction de l’octroi
de liquidités pour ralentir l’inflation suite au 1 er choc pétrolier néfaste à la croissance puis de
1976 à 1979 blocage temporaire des prix. 1981 : augmentations de salaire, embauches de
fonctionnaires, transferts sociaux conduisirent à l’aggravation de l’inflation et des
déséquilibres extérieurs.
¤ 1982-1990 : la rigueur (rigueur salariale et désinflation compétitive) et la reprise
¤ 1990-1997 : récession et politiques restrictives
La réunification allemande a provoqué un choc de demande important sur l’économie
de l’ensemble des pays européens : les transferts publics vers l’Est ont atteint 670 milliards de
F par an, soit 7 % du PIB allemand. Afin d’éviter l’apparition de tensions inflationnistes, la
Bundesbank a élevé ses taux d’intérêt, ce qui a contraint les pays membres du SME à faire de
même, dans le but de maintenir la discipline du système de changes fixes. Ces pol monétaires
restrictives ont déprimé l’activité et aggravé les déficits publics de façon continue de 1991 à
1993. A partir de 1994, l’effort de réduction de ces déficits qui était nécessaire a également
pesé sur la croissance en raison de la hausse des prélèvement obligatoires.
¤ 1997-2000 : un policy mix vertueux pour une croissance retrouvée

B. La recherche de nouvelles formes de régulation

La régulation (de l’école du même nom constituée en France autour de Michel


Aglietta, de Robert Boyer et de Jacques Mistral au milieu des années 70) renvoie à l’étude des
configurations institutionnelles qui soutiennent tout devt économique : le rapport salarial, les
formes de concurrence, l’Etat et le mode d’insertion dans l’économie mondiale. Ces
configurations institutionnelles ne sont pas immuables et elles doivent s’adapter aux transfo
éco et sociales. Ainsi, la crise que connaissent les pays industrialisés depuis 1973
s’expliquerait par la fin d’un mode de régulation basé sur le fordisme et par la recherche de
nouvelles formes de stabilisation encore inachevée.

i. le fordisme, mode de régulation des 30 Glorieuses

4 carac permettent de distinguer le mode de régulation des 30 Glorieuses :


- l’importances des gains de prodté, générés par une meilleure org du travail (accroissement
de la taille des unités de production, division des tâches). Cette organisation était déjà connue
aux USA dès les années 20 avec le taylorisme. La guerre en a favorisé la diffusion au
continent européen.
- la stabilité du partage entre salaires et profits. Après 1945, les garanties liées à l’emploi
des salariés ont été améliorées et le salaire réel a progressé en conformité avec
l’accroissement des gains de prodté. Cela a permis de dynamiser la demande (en donnant
naissance à la société de consommation) et de limiter l’ampleur des fluctuations
conjoncturelles grâce au maintien du revenu des ménages en période de récession. La hausse
des salaires a également profité aux entreprises, selon le cercle vertueux qu’avait dégagé Ford
au début des années 20 : salaires consommation production profits
et salaires.
- la faiblesse de la concurrence et de l’ouverture internationale : le carac relativement
protégé des marchés nationaux a empêché que la dynamique de la conso et de l’ivt ne soit
grevée par l’apparition d’importants déséquilibres extérieurs. Les producteurs nationaux ont
ainsi pu tirer pleinement parti de la hausse de la demande et ont même pu améliorer leurs
profits en n’étant pas contraints dans la fixation de leurs prix.
- l’existence de pol macroéco contracycliques. A la # de l’entre deux guerres, l’Etat a
accepté d’intervenir pour réguler l’activité économique, au moyen de la pol budgétaire et de la
pol monétaire.

ii. le fordisme, un mode de régulation en crise

L’altération des conditions qui étaient à la base du fordisme explique le ralentissement


de la croissance à partir des années 70 :
- les gains de prodté diminuent à partir de 1970 avec l’épuisement des méthodes
tayloriennes (les tâches ne peuvent être indéfiniment divisées) et la recherche de nouveaux
modes d’organisation basés davantage sur la qualité.
- les économies nationales s’ouvrent davantage à la concurrence et deviennent de plus en
plus interdépendantes. Devenues moins productives et concurrencées sur leurs marchés
intérieurs, les entreprises recherchent un supplé de croissance par les exportations. //t les
déséquilibres des balances des paiements deviennent plus sensibles forçant les pouvoirs
publics à contrôler l’augmentation de la demande des ménages.
- la stabilité du rapport salarial est rompue et les entreprises cherchent désormais plus à
maîtriser leurs coûts qu’à augmenter les salaires réels, afin d’améliorer leur compétitivité
sur les marchés extérieurs. Le marché du travail devient également plus flexible ce qui
amplifie l’impact des récessions conjoncturelles.
- les politiques économiques perdent de leur efficacité et de leur autonomie avec le devt
des marchés financiers.

Ces mutations industrielles n’ont évidemment pas affecté au même rythme les pays
industrialisés. Elles ont ainsi été plus rigides aux USA et dans les pays anglo-saxons, pays
caractérisés selon Boyer par le « capitalisme de marché » que dans les pays où le capitalisme
est traditionnellement tempéré par l’Etat (la France), par la place des syndicats (All, Suède)
ou par la puissance des grandes entreprises (Japon).

iii. la recherche de nouvelles formes de régulation

Les réflexions visant à mieux réguler la croissance ne débouchent que peu sur des pol
économiques précises (contrat d’activité entre l’individu et la société incluant périodes de
formation, de congé et de travail, évoqué par le rapport Boissonnat de 1995 Le travail dans 20
ans). En revanche, la recherche d’une meilleure répartition des fruits de la croissance paraît
plus prometteuse.

Les Pays-Bas : réformes structurelles et négociation sociale

1. Une politique budgétaire rigoureuse


Le solde financier des adm publiques a été porté de 5 % en 1990 à 2,5 % en 2004. les
dépenses publiques ont reculé de 60 % du PIB en 1982 à 50 % auj, grâce à une réduction du
nb des agents de l’Etat (de 700.000 à 600.000 en 10 ans) et à des gels de salaires pendant qq
années. Les dépenses de protection sociale ont également été maîtrisées grâce à une réforme
de l’assurance maladie (les employeurs ont pris en charge le paiement des indemnités
journalières maladie en contrepartie d’un contrôle accru) et à une baisse des allocations-
chômage.
2. Une politique monétaire stable
Le florin a été très tôt accroché au DM ce qui a permis d’éviter toute prime de risque sur les
taux d’intérêt liée à l’éventualité d’une dévaluation du taux de change.

3. Une bonne insertion dans l’économie mondiale


L’ouverture à la concurrence étrangère (taux d’ouverture de 45 %) et l’absence de barrières
très fortes aux échanges ont conduit les entreprises à améliorer leur prodté. //t, les règles de
fonctionnement du marché du travail ont été assouplies, notamment temps partiel et intérim
qui concernent 37 % de la pop.

4. Une maîtrise des coûts salariaux compensée par une réduction du temps de travail
Les accords de Wassenaar en 1982 ont scellé un consensus entre patronat et syndicats sur le
choix en faveur de l’emploi plutôt qu’en faveur des augmentations salariales. Le coût du
travail a été ramené dans la moyenne européenne grâce à une baisse de 20 % en 10 ans. //t, le
temps de travail a été réduit de 4 %.

3. Une croissance mieux répartie

A. La répartition doit tenir compte des contraintes économiques

La répartition des fruits de la croissance est liée à l’existence d’un surplus


distribuable. La croissance du PIB sert en effet d’abord à rémunérer la quantité de travail et
de capital supplé à l’origine de la hausse de la production. Seuls les gains de prodté
permettent en fait d’améliorer la rémunération unitaire de chaque facteur. Le surplus
effectivement distribué peut cependant être légèrement différent du surplus de productivité, à
cause de l’évolution des termes de l’échange (rapport du prix des exportations sur celui des
importations).

Le partage des fruits de la croissance depuis la crise a connu de fortes variations :


- de 1974 à 1982, le surplus distribuable a en majorité profité au travail et la rémunération de
ce facteur a continué à progresser fortement en dépit du ralentissement des gains de prodté.
Toutefois, l’augmentation de la rému du travail a depuis 1976 très peu profité aux salaires nets
compte tenu de la hausse des cotisations sociales patronales jusqu’en 1983 puis salariales
jusqu’en 1987. A l’inverse, la rému du capital a baissé continûment, entraînant une diminution
de la part des profits dans la VA et une réduction forte de la rentabilité des entreprises.
- de 1983 à 1990, la mise en œuvre d’une pol salariale rigoureuse (désindexation des salaires
par rapport au prix) et la montée du chômage ont ralenti l’augmentation des salaires et permis
une hausse des profits et de la rémunération du capital.
- de 1991 à 1996, le surplus distribuable est redescendu à un niveau historiquement très bas.
Dans ce contexte, la part distribuée au travail a certes davantage augmenté que la part
distribuée au capital mais sans remettre en cause le taux de marge des entreprises (30 % en
1996 contre 24 % en 1982).

Il convient de mettre en œuvre un partage efficace des gains de productivité :


- en déconcentrant le plus possible les négociations salariales afin que l’évolution des salaires
soit compatible avec la progression de la prodté au sein des entreprises.
- en développant les systèmes de flexibilisation des salaires en fonction des bénéfices, afin
que des ralentissements conjoncturels ne se traduisent pas par des déséquilibres dans la
répartition de la VA.
- en réduisant le coin fiscalo-social entre la rému du travail par l’employeur et le salaire net
perçu par le salarié par une meilleure répartition du fit de la protection sociale.

B. La répartition soulève également des problèmes d’équité

Le débat sur la répartition optimale des revenus a été récemment relancé par le
constat d’un accroissement des inégalités dans les pays industrialisés. Les inégalités de
salaires entre les travailleurs à temps plein se sont en effet accrues depuis 15 ans aux USA et
au RU par rapport à la France. Le rapport entre la limite inférieure du 9e décile de salaire et la
limite supérieure du 1er décile de salaire est passé aux USA de 3,2 en 1980 à 4,3 en 1995 et au
RU de 2,5 en 1980 à 3,3 en 1995. En France, il est resté stable à 3,5 environ. Si on prend les
salariés à temps plein du secteur privé, le salaire moyen net du 1 % le mieux payé est 20 à 25
fois plus grand que le salaire moyen net du 1 % le moins bien payé : 15.000 euros contre
635.000.

Toutefois, la dispersion des salaires des emplois à temps plein n’est pas le seul
indicateur des inégalités de revenus et il faut prendre en compte d’une part le devt du temps
partiel et des formes d’emploi précaires d’autre part l’accroissement des revenus de la
propriété. Ces 2 phéno ont accru l’écart entre les revenus des ménages en France. L’indice de
Gini est de 0,36 en France, de 0,35 au RU et de 0,41 aux USA. Plus l’indice est proche de 1,
plus les inégalités sont marquées. Les inégalités de revenus telles qu’elles sont mesurées par
l’indice de Gini seraient ainsi désormais comparables en France à celles qui existent au RU
mais elles restent ttfois < au chiffrage US.

Les rapports entre inégalités sociales et efficacité économique font l’objet


d’analyses controversées :
- pour les unes, arbitrage entre compétitivité et cohésion sociale. Les inégalités de
salaire sont le reflet de # de prodté qu’il est vain de vouloir corriger par une réglementation
sur le salaire minimum ou même par une redistribution du revenu. La baisse du salaire des
non-qualifiés est un phénomène structurel, qui s’explique tant par le devt du commerce avec
les pays à bas salaires (Thurow) que par la requalification des tâches suite à l’accélération du
PT et à l’introduction des technologies de l’information (Paul Krugman).
- pour les autres le devt des inégalités pèse sur la compétitivité économique (Fitoussi).
Des niveaux trop bas de salaires sont peu incitatifs pour les travailleurs peu qualifiés et ne
favorisent pas non plus la formation interne d’où une prodté du travail moins forte. L’analyse
de certains miracles éco co le Japon ou l’All montre un lien entre limitation des inégalités et
croissance économique. En outre, l’existence de transferts sociaux importants contribue au
maintien d’un certain niveau de revenu en période de ralentissement conjoncturel.

L’impact positif des pol redistributives dépend en fait essentiellement des


conditions de leur mise en oeuvre.
Leur étendue doit être limitée : un niveau élevé de redistribution et de protection
sociale pèse sur les salaires directs et contribue à ralentir la conso et la croissance tout en
ayant parfois une efficacité limitée dans la lutte contre la pauvreté. D’où la recherche d’un
meilleur ciblage de ses bénéficiaires et la fixation de contreparties aux aides.
Leurs instruments doivent être efficaces : la correction des inégalités est plus
efficace si elle s’opère par un système de prélèvements sur le revenu et de transferts que si
elle agit directement sur les salaires (fixation d’un salaire minimum, assujettissement à des
cotisations sociales) car elle accroît dans ce cas le coût du travail.
Leurs finalités doivent être définies : le philosophe John Rawls (1971) distingue
ainsi les inégalités injustes (mettant en cause l’égalité des chances) ou inefficaces (n’ayant
aucune incidence positive sur la situation des plus défavorisés) des inégalités justes et
efficaces (celles qui ne résultent pas d’un privilège et améliorent la situation de tous). Seules
les 1ères doivent être corrigées par les politiques sociales.

Il existe depuis plus de 20 ans un paradoxe à voir les théories explicatives de la


croissance se multiplier et s’affiner sans cesse et à constater parallèlement une impuissance au
moins apparente des pol économiques à en modifier le cours. La croissance économique,
comme le signale l’essayiste Fukuyama dans son ouvrage sur La confiance et la puissance, ne
dépend pas seulement de la qualité des pièces détachées qui sert à monter le mécanisme. Elle
renvoie avant tout au fluide qui les traverse : la confiance.

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