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|
Bibliotheek Universi
K
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4 / "-
D E L A 25 Y ,
".
DEs vERs
DANS LE CORPS
D E L’ H O M M E.
De la nature&des eſpeces de cettema
ladie, de ſes effets, de fes ſignes, de
íes prognoſtics: Des moyens de s’en
préſerver, des remedes pour la gué
rir, &c.
Par Mr. Nicol. As ANDRY, Dodeur -
||
4
|
*
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1:5 BE RING DER
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A M E S S I R E
GUY CR ES CENT
F A G O N ,
CONSEILLER D'ESTAT ORDINAIRE,
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P R E M I E R M E D E C IN
D U R o Y.
o vsrev R,
D E Mr. L E P R E MI E R M E DECIN.
Mossieur, *
MONSIEUR,
|
|
Comme cette réponſe fi digne de la générofité de
| de la modestie de fon illustre Auteur , luy rend
avec ufire les justes Eloges qu'il refufe, ở qu'elle
marque en même tems le foin qu'il prend d'encou
rager ceux qui tâchent de contribuer en quelque
chofe à l'avantage du Public; on n'a pas refisté à
la tentation de la rapporter icy , pour fuppléer à
tout ce que les bornes d'une Epistre n'ont pú per
mettre de dire.
A P P R O B A T I O N
A P P R O B A T I O N
De Monsteur Dodart, Dočteur en Mede
cine de la Faculte de Paris, & de l'A
cademie Royale des Sciences.
’Ay vû avec beaucoup de fatisfaction le Livre,
Jiaie de la génération*des vers dans le corpsde
z ~* * * *. 6
de l'homme ; non ſeulement parce que le ſujet
principal de ce Livre y est tres-bien traité, mais
auſſi parce qu'on y trouve en pluſieurs endroits
des ouvertures confiderables pour l'augmenta
tion de la Phyſique Historique & de la Medeci
ne Pratique. Je croy donc que la publication
de ce Livre fera tres-utile au Public , & que la
lećture en fera agréable à proportion que les
Lećteurs auront plus de connoiffance de la Phy
fique & de la Medecine experimentale. Fait à
Paris ce premier de l'An mil ſept cens. D O
D A R T.
JiAygénération
trouvé le Livre que M. Andry, a fait für
des vers dans le corps de l'homme,
*.
A la
La fin de ce Volume font trois
Lettres, qui m’ont été écrites
fur le ſujet des Kers; les deux pre
mieres d’Amsterdam par M. Hart
foeker, & la derniere de Rome par
M. Baglivi, Auteur du Livre de
Prax. Med. &c. Comme ces trois
Lettres font recommandables, non
feulement par le merite de leurs Au
teurs, mais par la maniere dont el
les font écrites, & par le fond des
chofes qu'elles contiennent, j’ay crú
que je devois les donner au Public.
je me fuis fervy de celles de M.
Hartfoeker, pour confirmer quel
ques endroits de mon Livre. Že n'ay
pú tirer le même avantage de la
Lettre de M. Baglivi, parce qu'el
le n'est venuë qu'aprés l'impreſſion
de mon Traité je n'aurois pas man
qué fans cela d'en parler au Chapi
ire VIII, où je rapporte des expe
riences qu'il a miſes dans fon Livre,
é qu’il m'explique en détail dans
fa
fa Lettre. . }'aurois eu pluſieurs re
flexions à faire fur des faits curieux
qn'il me mande, auffi bien que fur
la maniere naturelle, dont il expli
ue la génération des inſečtes, fur
es raiſons claires qu’il donne de la
longueur du ver plat, fur ce qu'il
dit touchant la formation de cet ani
mal dans le fetus, & fur pluſieurs
autres points importans , qui ren
dent cette Lettre tres-digne d'être
lúe. Comme elle m’a este écrite en
Latin, je l'ay mife en François avec
l'Original à costé.
Ooca
6FFD FRÈćFH5) (FFB6FH5)ćFH5)so
KASRA, SÄGA) KA&è9 TA' 29 QC 29G kèj So
Occaſion (> deffein de l'Ouvrage.
ET Ouvrage eſt dû à une occaſion que
je ne puis me diſpenſer de rapporter icy.
Le quatriéme jour de Juin de l'année 1698.
je fůs appellé dans la ruë S. Denis à Paris,
en la maiſon de M. Chaillou, Marchand, pour
voir un jeune homme de vingt neuf à trente
ans, nommé M. Jacques Fréquet, attaqué
depuis ce jour-là d'une forte fiévre, accom
pagnée d'une preſſante douleur de côté,
d'un crachement de fang , & d’une grande
difficulté de reſpirer. Je commençay d'a
bord par la faignée , que je fis réiterer le
lendemain, . Le troifiéme jour je procuray
à mon malade une fueur , qui le foulagea
confiderablement. Le quatriéme il parut
beaucoup mieux; mais la nuit du quatriéme
au cinquiéme , il eut un tranſport au cer
veau, qui finit ſur les ſept heures du matin.
Je remarquay que ce tranſport n'avoit été
précédé par aucun des fignes qui ont coù
tume d'annoncer ce ſymptome dans les au
tres maladies. Cela m'obligea à examiner
s'il n'y avoit point en cette rencontre quel
ques fignes de vers. J'en trouvay pluſieurs
dans les déjećtions : ce qui fut cauſe que le
lendemain, qui étoit le fixiéme jour de l'ac
cident , au lieu de recourir encore à la fai
gnée ,
Occaſion c” deffein de l'Ouvrage.
gnée , comme il ſembloit qu'il le falloit,
puiſque c'étoit icy une pleuréfie , & ſans
m'arrêter à la pratique dangereuſe de ceux
qui ne veulent jamais purger dans le com
meņcement des maladies , j'ordonnay con
tre l'avis de quelques perſonnes, que je ne
cherche point à cenſurer * icy, une potion
purgative , avec laquelle j'avois déja fait
fortir pluſieurs fois des vers extraordinai
TCS,
T A2
sszzaszsszs
T A B L E
D E S C H A P I T R E S.
CHAP. I. CP Mae c'est que ver en general.
- Pag. 1
CHAP. II. Comment les vers s'engendrent an,
le corps de l’homme. 7
CHAP. III. Des differentes eſpeces de vers qui
'engendrent dans le corps humain. 2. 2.
ztr-verse***
#-# Ees
N * §
|
| Planē423.
–
D E L A
G EN E RAT IO N
D E S V E R S
D A NS LE CORPS
DE L’HOMME.
C H A P1T R E PR E MíE R.
Ce que c'est que Ver.
iš OM M e le Ver est dans le genre
des Infectes, il est à propos pour
faire entendre ce que c'eſt que
Ver , d'expliquer auparavant ca
B que c'est qu'Infećte. L'Infe&te eft
un animal complet entrecoupé de
pluſieurs incifions faites en forme de cercles &
d'anneaux par le moyen deſquelles il reſpire, &
d'où il a tiré le nom d'Infećte. Tels font le fcor
pion, la fourmi, la mouche , la chenille & u
ne infinité d'autres. De ces Infećtes les uns ont
les incifions fous le ventre, les autres fur ledos,
les autres à l'un & à l'autre tout enſemble: aux
uns il s'en trouve plus , aux autres moins , &
IOuh
2. Ce que c'est que Wer. CH. I.
tout cela felon la diverſité des-eſpeces. On en
remarque douze à la fourmi, ſept au ſcorpion ».
autant au ver à foye, ſeize & quelquefois da
vantage à la chenille, &c. -
–
dans le corps de l’homme. CH. II. 21
deux , dont l'un avoit plus de 45. aulnes de
France.
Nous pouvons obſerverícique l'opinion d'Hip
pocrate, que ce Ver s'engendre fouvent dés İ
ventre de la Mere, paroît tres vray-ſemblable ,
en ce que l'on voit des enfans nouveaux nez ,
Cn de cette forte, qui font cxtrémement
longs, & cela dés la premiere fois que ces enfans
vont du ventre, # que l'experience l'a fait
voir pluſieurs fois, & que l'a remarqué le mê
me Hippocrate. Or il n'y a pas lieu de croire
qu'un animal d'une grandeur fi extraordinaire
pût croître en auffi peu de tems qu'il le faudroit,
pour fortir fi long du eorps d'un enfant nouveau
né, fans y avoir été produit dés le ventre de la
Mere ; c'eſt l'argument d'Hippocrate a & cela
paroît tres-conforme à la raiſon. On a vů des
enfans tres-jeunes en rendre, qui avoient plus
de 4. aulnes de long, & Gaſpard Wolpius dans
fes obſervations, cite l'exemple d'une petite fille
à la mammelle qui en renditun de cette longueur,
ar le moyen d'un purgatif qu'il lui fit prendre
à ce deffein. 4. -
C H A P I T R E III.
24 Des differentes
la ronge, & que les eaux fortes rongent les me
taux; car le vinaigre, par exemple, pour nous
en tenir-là, comment ronge-t'il la pierre que par
le mouvement de pluſieurs petites parties, dont
il est compoſé , leſquelles heurtant contre la
pierre , & étant d'une figure proportionnée aux
pores de ce corps s'introduiſent dedans, comme
de petites aiguilles, & en ſeparent les parcelles?
Or quelle raiſon y a-t'il pour ne pas vouloir que
ce que les petites aiguilles du vinaigre font fur
un corps, les dents fines & pointues d'un Verne
I'y puiſſent faire? qu'y a-t'il de plus foible en
apparence qu'une petite goutte de liqueur à l'é
gard d'un corps folide comme la pierre ? Or
pourquoy ce qu'une goutte de liqueur eſt capable
de faire fur un corps dur, une petite machine
animée comme le ver, ne l'y pourra-t'elle pas
faire, ſuppoſé que cette machine ait des dents d’une
delicateffe & d'une figure propre à s'infinuer en
tre les parties de ce corps?
Pour ce qui eſt des vegetaux, il n'y a gueres
de plante qui n'ait fon ver, fa chenille,
pillon, comme l'a obſervé pendant pluſieursan
nées un fameux fleuriste. On remarque que l'ar
bre, qui produit la cochenille, nourrir en même
tems dans cette coque de petits vermiſſeaux
d'une eſpece particuliere, leſquels en fortent en
forme de moucherons quand elle eſt féche, &
qui luy ont fait donner le nom de vermillon. On
trouve des vers à la pimprenelle, à l'abſynthe ,
& à pluſieurs autres herbes, leſquels font tous
differens ; & parmy ces vers, qui viennent aux
plantes, les uns font particuliers à la tige, les
autres aux feüilles, les autres à la fleur, les au
tres à la racine, les autres à la graine; & font
tous aurant d'eſpeces à part. Les ſucs des fruits,
comme
eſpeces de Vers. CH. III. zỹ
comme le vin éventé, le vinaigre, le cidre, font
quelquefois fi pleins de petits animaux, qu'on y en
découvre des milliers avec le microſcope, tous dif
ferens en eſpeces, felon la diverſité des fucs où ils
s'engendrent.Le bois le plus dur est auffi mangé de
vers, & il s'en produit dans les planches des navi
res de plus gros que des vers à foye, leſquels font
tendres & luifans d'humidité, ont la teſte noire &
dure, & troüent les pieces de bois les plus épaiffcs.
Quant aux animaux, il n'en eſt preſque point
où l'on ne trouve des vers , & tous d'autant
d'eſpeces differentes, que les animaux où ils naiſ
fent font differens; il y en a dans preſque tous
les poiffons, & on en découvre dans les huitres
de luifans, qui font d'un rouge blancheâtre ,
longs de cinq à fix lignes, & gros comme de pe
tits fers d'aiguillette. Ils ont cinquante pieds,
vingt-cinq de chaque côté, & le dos comme une
anguille écorchée. Les coquillages mêmes les
plus durs font percez de vers: il s'en forme d'un
eſpece ſur la peau des animaux, d'une autre en
tre chair & cuir, d'une autre au dedans du corps;
& parmi ces derniers, les uns s'engendrent dans
une partie, & les autres dans une autre, & font
autant d'eſpeces particulieres. Il en naît dans les
inteſtins, dans le foye , dans les reins & ail
leurs, & il y en a au foye des moutons, dont on
voit une deſcription curieuſe dans le Journal des
Sçavans de l'année 1668. Pour les reins, c'est
· une choſe tres-ordinaire que d'y en trouver, &
M. Mery de l'Academie des Sciences , m'en fit
voir un il y a quelques mois de demi aûne, de
long, & de la groffeur du petit doigt, qui avoit
été tiré du rein d'un chien. Kerckring *dit auſſi
qu'en diffequant un chien de chaffe, il trouva
B dans
* Obſervat. 57, ở 79,
26 ART. I. Des vers qui naiffent
dans un des reins un ver d'une aûne & un quart,
il ajoûte pluſieurs autres exemples femblables. .
Je ne dis rienicy des vers, qui ſe trouvent quel
quefois dans la teſte, dans la poitrine &ailleurs:
Nous allons voir par ordre toutes ces fortes d'in
fećtes. Nous ne parlerons que de ceux qui vien
nent dans l'homme, lequel de tous les animaux
en eſt le plus attaqué, n'y ayant preſque pas de
partie dans fon corps qui n'y ſoit ſujette: en for
te que celuy qui commande aux bêtes les plus
énormes en groffeur, qui aſſujettit à ſes uſages le
cheval, le , & l'élephant, qui dompte
la ferocité du lion & du tigre, fe trouve fouvent
reduit à perir par les dents, ou par le venin d'un
petit animal, dont il ne peut ſe défendre.
Les vers, qui viennent dans le corps humain,
naiffent ou dans les inteſtins, entre leſquels je
comprends l'eſtomach, eu hors des inteſtins. Nous
parlerons premierement de ceux qui naiffent hors
des inteſtins, puis de ceux qui viennent dans les in
teſtins. Et comme les uns & les autres prennent
quelquefois en vieilliffant des figures differentes,
nous traiterons dans un troifiéme Article des dif
ferens changemens de ces vers. -
A R T I C L E P R e M I E R.
Des vers qui naiffent hors des intestins.
Es vers, qui naiffent hors des inteſtins ,
font de diverſes eſpeces, ou plûtôt fe re
duifent fous differentes claſſes, felon les lieux où
ils naiffent. J'en compte de dix fortes, qui font,
les Encephales, les Pulmonaires, les Hepatiques,
les Cardiaires , les Sanguins, les Veficulaires,
les Spermatiques, les , les Cutanez, |
& les Umbilicaux. -
Les
hors des intestins. CH. III. 27
Les Encephales naiffent dans la tête , où ils
font fentir de fi violentes douleurs, qu'ils cauſent
quelquefois la fureur : ce qui les a fait nommer
furieux par quelques-uns. On les appelle Ence
phales du nom, qui en Grec fignifie tête. Il y
en a de quatre fortes, les Encephales, propre
ment dits, qui viennent dans le cerveau, les Ri
naires, qui viennent dans le nés, les Auriculai
res, qui viennent dans les oreilles, & les Dentai
res, qui viennent aux dents, *
-- -*
34 ART. I. Des vers qui naiffent
de la maladie n'avoit point gâté les parties no--
bles. Emilien de Champ-long, que nous venons,
de nommer, voulut s'en éclaircir par ſes yeux,
& pour cela fit ouvrir le Corps. Comme on vifi
toit le foye, on trouva dans les rameaux de la vene
porte, & dans les propres rameaux du foye un
grand nombre de vers les uns vivaas & les autres.
morts. Ces vers étoient rouges, ronds, un peu
longs, & affez mollets au toucher; les Medecins,
ui affifterent à l'ouverture , furent de differens
fur le lieu où ces vers s'étoient en
gendrez; les uns foûtenoient qu'ils avoient été
formez dans les intestins, de-là conduits par les
venes mezeraiques juſques dans la vene porte ,
& de la vene porte dans les autres vaiſſeaux du
foye; d'autres qu'ils s'étoient veritablement for
mez dans le foye, mais que ce n'avoit été qu'aprés
la mort du malade; & d'autres qu'iľne falloit pas,
douter qu'ils n'euffentété formez dans le foye, du:
vivant même de l'enfant: ce qui fut l'avis de Bau-,
hin. Ce dernier fentiment me paroît affez vray
femblable, veu qu'il y a des occafions où la bile :
du foye s'altere fi fort, que perdant preſque tou
te fon amertume, elle devient propre à faire é
clorre des vers, lors qu'il s'y en rencontre des fe
IIICI)CCS. -
A R T 1 c L E II. . . .
Des vers des intestins.
L Vers des inteſtins font de trois förtes, les
ronds & longs , les ronds & courts, & les
plats. Les ronds & longs s'engendrent dans les
intestins greles, & dans l'eſtomach,
les ronds & courts dans le rettum , & s'appel
lent afcarides d'un terme Grec, qui fignifie ba
gile & remuant, parce que ces petits vers font
dans un mouvement continuel.
Les plats fe nourriffent ou dans le pylore
de l'Estomach , ou dans les inteſtins greles,
& s'appellent Tania, à cauſe qu'ils reſſemblent
à un ruban , ce mot fignifiant en Grec toute
forte de cordon , plat & long : le Tænia eſt
blanc, fort long, & a le corps tout articulé,
il y eņ a de deux fortes : l'un qui retient le
nom du genre , & qui s'appelle proprement
Tenia, lequel n'a point de mouvement ny de
tête formée ; & l’autre , qui fe nomme So
C 2 lium,
a Ettmall. de merb. infant, b drxapíĝa falio , tri
pudio. **** * -- *, |
52 ART. II. Des vers des intest. CH. III.
lium, a parce qu'il est toûjours feul de ſon eſpe
ce dans les corps où il fe trouve , & qui a du
mouvement & une tête ronde fort bien formée,
faite comme un poireau. /*
- p: o- |
a Spigs’, de lumbi late, cap. 3- b Sennert. lib. 3. part.2 °
féi. 1. cap. } - -
ART. II. Der vers des intest. CH. III, 6;
proportions, qui ne permettent pas de douter:
que ce ne foit un feul animal.
Lufitanus rapporte l'Histoire d'une Dame, qui
rendit un ver affez ſemblable à celuy-ci. Une
Dame, dit-il, qui ſe portoit bien d'ailleurs, fe
fentit tourmentée d'une petite toux, & peu aprés.
rendit par la bouche un ver tout vivant, mais
fi extraordinaire, pourſuit-il, que je n'en avois.
jamais vû un pareil; il étoit long de quatre cou
dées, large de la moitié de l'ongle, fort blanc,
femblable à la ſubſtance des inteſtins, & tenantz
quelque choſe de la depoüille d'une couleuvre; ,
il avoit une tête en forme de poireau, & de--
puis cette tête un corps tout plat, qui alloit ens
étréciffant vers la queuë. Ce ver, ajoûte-t-il, -
n’étoit qu'un feul corps, ayant pluſieurs articles.
femblables à des graines dè citroüille , a & cess
portions, qui le compofoient, ne renfermoient:
rien au dedans, parce que ce ver étoit extréme--
ment plat. Cette peinture repreſente affez bien
nôtre ver, dans lequel nous n'avons rien pů.
découvrir non plus , comme nous l'avons dit
plus haut; celuy-ci, dont parle Lufitanus, for
tit par la bouche : ce qui arrive rarement ; car:
il fort preſque toûjours par le bas,
Rondelet fait mention d'un ver fëmblable , .
que la femme d'un Soldat rendit estant au Camps
de Perpignan , b & qu'il fit fécher, pour le
conferver. Thaddæus Dunus écrit qu'une jeu
ne femme c ayant été malade trois ans d'un ver
plat, luy en envoya un morceau, qu'elle avoit
rendu, lequel avoit plus de cinq aulnes de long, .
que cela luy fit d'autant plus de plaifir , qu'il
- - , - n'avoiť:
a Amat. Luft curat. medicin, cent. 6. curat. 74.
b Rondel. lib, dignost, morb, cap. 17, . c. Thadai, Ditour ,
cap, i 5. Milfell. medic.- e
64 ART. II. Des vers des intest. CH. III:
m'avoit encore jamais vû de ces fortes de vers.
Il ajoûte qu'en 1571. cette femme mourut, &
rendit quelques jours auparavant- un autre mor
ceau de ver , qui avoit plus de vingt aulnes:
u'on le luy montra, aprés l'avoir fait fécher
un four, pour le conferver. .
Gefner dit en avoir luy-même rendu , quí
avoient'treize coudées de long a. Pierre Quen- -
zius rapporte dans fes Obſervations, qu'ayant
purge un gouteux par precaution 2 pour preve- -
nir douleurs de fa goute , il luy fit rendre
un ver plat, à la vůe duquel il ne pût s'empê--
cher d'admirer l'ignorance & la temerité de ceux :
d'entre les Medecins Modernes , qui ofent ac- -
cufer Pline h de mcnſonge , pour avoir écrit
qu'il s’étoit vû des vers plats de trente pieds de
long, & davantage. M. Hartfoeker, comme je :
l'ay déja dit dans le Chapitre fecond, m'a écrit.
en avoir vů un à Amſterdam, qui avoit plus de
quarante-cinq aûnes de France : ce qui juſtifie :
bien Pline. .
Quelques Auteurs , en décrivant ce ver, di
fent qu'il eſt fquameux, fquamofus, non qu'ef--
fećtivement ceux qu'ils ont vůs euffent des écail
les; mais c'eſt qu'ils étoient tout articulez , &
c'eſt ce qu'il faut entendre par le mot fquamo--
fus, dont ils fe fervent. Auffi Thaddæus Du-
nus, en décrivant cette même forte de ver, dit |
qu'il eſt fquaineux , ou plůtôt , continue-t-il,
tout articulé , Squamofus nust rediùs geniculatus
dicatur. . -
|
ART. II. Des vers des intest.CH III. 67
que Mercurialis n'eſt pas le feul Auteur, qui en
ait uſé de la forte.
Spigelius & Sennert penſent mieux fur ce
fujet que Mercurialis , qui a , pour le remar
quer en paffant, fe contredit viſiblement quel
ques Chapitres aprés. On ne fçauroit douter,
» dit Sennert b , que cette forte de Tenia ne
» ſoit un animal ; cela paroit par fon mou
» vement, qui quoique plus lent , dit-il, que
» celuy des Lumbrics ordinaires, ne laiffe pas
» d’être un veritable mouvement , ainſi que
,, l'ont obſervé pluſieurs Auteurs : On a vů
même ce ver s'être mis quelquefois tout en une
boule, étant chaſſé par quelque medicament;.
& c'eſt fans doute en faveur de ce mouvement,
que la nature luy a donné ces incifions , ces
noeuds , & ces interſtices , par leſquels il eſt
distingué en travers à la maniere des autres in
fećtes, & que certaines perſonnes fe font ima
ginées être des vers cucurbitaires. Hippocrate
a remarqué le mouvement de ce ver : fi on.
traite , dit-il , un malade qui ait ce ver plat,.
& qu'on luy donne quelque medicament, pour
l'en delivrer , le ver fe met quelquefois en
rond , & fort tout en une boule , aprés quoy.
le malade recouvre la fanté c. Schenckius
dans le troifiéme Livre de fes Obſervations au
Traité des Lumbrics , dit en avoir vů un en
Core tOut palpitant ; qu'une Dame venoit de
rendre par la bouche , lequel étoit ainfi tout
en une boule ; il ajoûte qu'on developpa ce
- ver ,
A R
ART. III. Des differentes S’c. CH. III. 7z
A R T I c L E III.
- C H A P 1 T R E I V.
A R r 1 c L E II.
-
88° ART. II. Der effets des vers ·
de cette humeur étoit entretenu par celuy du ver, .
& voicy comment. . Rien n'eſt plus capable de
refoudre une humeur arrêtée , que l'abondance
& la vivacité des eſprits animaux ; ces eſprits
fe produiſent par le moyen de la distribution,
qui fe fait d'un bon fang à tout le corps, ce
bon fang ſe fait du bon chyle; or le bon chyle
eſt devoré par ce ver , qui en confume la par
tie la plus ſubtile & la plus delicate , comme
il est facile de le juger par la ſtructure de fon
cou, qui eſt preſque auffi mince que du
il ne restoit donc dans le malade qu'un chyle
épais & groffier , peu propre d'ailleurs à fe di
ftribuer. Ce chyle faiſoit un fang épais , & ce
fang épais des eſprits grofiers , qui n'étoient
pas affez ſubtils, refoudre les parties du
fang arrêtées dans la plevre , & pour leur don
ner la ſubtilité , afin d'être repriſes
par les vaiſſeaux , & de rentrer dans le com
merce de la Circulation ; • lors donc que ce ver
est forti, le bon chyle , au lieu d'être employé.
à la nourriture de fỂ , l'a été à celle du.
malade, il s'en est fait un fang plus delié, des
eſprits animaux plus vifs & plus abondans ,
l'humeur amaffée dans la płevre - a été par.
conſequent . penetrée par des , parties ſubtiles.
& infinuantes., qui l'ont rendu propre à être
repriſe par les vaiſſeaux, en forte que cette hu-,
meur étant diffipée , la guerifon a dû s'enfuí
Vre.
A U
qui naiffent dans les intest, CH. IV. 91
A U TR E o B S E R VA TI o N. .
M. Hartfoeker m'a mandé d'Amsterdam, qu'il
avoit il n'y a pas long tems un de fes enfans
fort malade , & hors d'eſperance de guerifon;
qu'il luy donna quelques de Tartre Eme
tique, qui ce jour-là ne fit, en apparence, au
cun effet , mais que le lendemain l'enfant ren
dit trois gros vers morts, & fut gueri auſſitôt.
A U T'R E O B S E R V „A TI O N.
|
–—-----
C H A P 1 T R E V.
-
A R T I C L E P R E M I E R.
| AR
des intestins. CH. V. -93
A R T 1 c L E II.
*
C H A- -
*
C H A P 1 T R E V I.
Des moyens de Je garantir des Wers.
N ne peut être préſervé des Vers aprés fa
mort, & celuy qui meurt au milieu de l a
bondance , plein de force & de richeſſes, dont
le corps eſt rempli du meilleur fuc * , & dont
les os font comme penetrez de la močlle qui
les a nourris, fera mangé de ces infećtes dans le
tombeau, comme le plus malheureux & le plus
pauvre , tout ce que l'homme peut prétendre:
est de s'en garantir pendant fa vie ; c'est de
quoy nous allons tâcher de donner quelques
moyens. .
Trois chofes nous rendent ſujets aux vers, le:
mauvais air , les mauvais alimens , & le mau
vais uſage des bons ; c'eſt-à-dire, que pour fe
préſerver des vers , il faut reſpirer un bon air, ,
éviter certains alimens ; & avec regle de
ceux que l'on a choiſis. La qualité que l'air
doit avoir par rapport à ce que nous nous pro--
pofons icy, c'eſt d'être pur & ſubtil; un air de
cette forte eſt moins rempli de femences de ·
vers , il réveille la chaleur naturelle , favori
fe le cours du , empêche les humeurs de:
fe corrompre par le repos, & ôte aux femences
vermineuſes , qui font dans le corps , , ce qui
pourroit faire éclorre les vers qu'elles renfer
ment. L'air épais & impur au contraire, outre :
qu'il eſt tout chargé de femences de vers , cor--
E 6. rompt
* Ifte məritur robuſtus, dives & felix, vifcera ejus
plena funt adipe, & medullis offa illius irrigantur, alius
vero moritur in amaritudine animæ, abſque ullis opibuss
& tanen fimul in pulvere dormient, & vermes operioav
eos, joá, cap. 21 • v. 24."
A
–
122 Des prognostics des vers. CH. VII.
pourroit apprendre ; car fi l'on fe donnoit un
peu la peine de lire les Anciens , & fur tout
Hippocrate , on verroit dans leurs Livres tous
ces remedes familiers , que la Tradition ap
prend aux plus fimples , & dont l'ignoran
ce est affûrément tres-honteuſe à ceux qui
en doivent fçavoir là-deſſus plus que le vul
gaire. *
C H A PIT R E vII.
De la fortie des Versês des prognostics qu'on
en doit tirer.
Entiers ou rompus.
Il n'arrive gueres qu'aux vers plats de fortir
rompus, & même ils ne viennent preſque ja
mais autrement , mais pourvû que la tête ne
reſte pas dans le corps, il n'en faut point tirer
de mauvais augure, parce que ce qui est reſté
meurt bientôt, & est enfuite entraîné par les
matieres, ou par quelque leger purgatif, au lieu
que quand la tête demeure , le ver reprend de
nouvelles forces, & croit toüjours. `
-
* – -- "
Fondus ou entiers.. |
Les vers du corps fe fondent quelquefois de ?
telle maniere aprés être fortis , qu'il n'en reste
pas la ,moindre
caufe remarque: deceMonardus
felon laapparence qui est fouvent
*, que Ä
|
La Couleur.
a. Matt. cap. V.
k draat. Luft, cent, 5, carat, 46,
Des prognostics des vers. CH. VII. 135
avec le pied, & du ventre duquel fortirent auffi
tót pluſieurs autres vers, il ajoûte que la fille ne
vécut pas long-tems aprés.
| Panarolus rapporte deux exemples de la mê--
me nature, l'un d'un jeune homme de feize ans,
& l'autre d'un jeune homme de trente , il dit
que le premier devint hectique, & mourut aprés.
avoir rendu quatre mois auparavantun ver, dans.
le ventre duquel s'en trouva un autre enfermé:
que le fecond tomba dans une fiévre tierce, &
mourut au bout de dix-ſept jours , aprés avoir
été délivré d'un femblable ver. J'ay vů cepen
dant quelques malades rendre de ces fortes de vers.
& échaper.
En grande ou en petite quantité.
Quand ils fortent en grand nombre le figne
eſt bon & mauvais tout enſemble, il eſt bon en
ce que c'eſt toujours autant de corruption de for
tie, & mauvais en ce que ce grand nombre de
vers ne peut avoir été dans un corps , fans que
quelques-uns n'ayent fait érofion aux inteſtins:
ce qui ne peut avoir que de facheuſes fuites: je
dis, fans que quelques-uns n'ayent fait érofion,
parce que quand les vers font en fi grand nom
bre , ils s'affament les uns les autres , & que :
les plus affamez ne manquent gueres de s'en'.
prendre au lieu qui les renferme.
Aprés avoir parlé des moyens de fe garantir
des vers, & avoir rapporté les prognoſtics qu'on
peut tirer de la fortie de ces animaux, il nous
reſte à marquer les remedes propres pour s'en.
délivrer. Nous obſerverons que parmy ceux qu'on
a coûtume d'employer pour cela , il y en a de
bons, & d'autres qui font dangereux, c'eſt Pour
quoy,
- T
C H A P 1 T R E VII I.
| deux dans du
remedes à viter. CH. VIII.
de limon , où ils vécurent
deux jours ; deux dans du vin de Champagne,
où je les trouvay encore vivans le lendemain:
j de ces deux j'en tiray un , que je mis dans de
bon vin de Bourgogne , où il mourut auſſitôt;
pour l'autre, que je laiſſay dans le vin de Cham
pagne , il y vécut encore 4. heures ; j’en mis
un dans de l'huile de noix , où il mourut d'a
bord; un dans de l'huile d'amandes douces, où
il vécut dix heures, mais languiſſants un dans
de l'eau, où j’avois diffout de l'extrait d'aloes,
& il y vécut huit heures ; un dans une fiole à
moitié pleine de mercure, où il fit beaucoup de
mouvement, pour s'échaper, mais où il vécut
dix heures.
Le 21. du même mois je réiteray ces expe
riences fur des vers, que rendit un jeune hom
me de vingt ans , malade d'une fiévre tierce,
& elles ne me réüſſirent pas tout-à-fait de la
même maniere pour les eſpaces de tems que j'ay
marquez : ceux-cy eurent moins de vie , mais
toûjours les mêmes chofes, où les autres vécu
rent plus , furent les mêmes où ceux
cy vécurent davantage ,, & celles où les autres
vécurent moins, les mêmes où ceux-cy mouru
rent plûtôt.
Je concluds de-là que fi de ces remedes, qui
touchoient immediatement les vers , quelques
uns n'ont pû les tuer, il n’en faut pas attendre
un grand effet, lors qu’étant pris interieurement
ils fe mêlent avec d'autres matieres , qui ne
peuvent qu'en alterer la force. Il n'y a que le
mercure que j'en exceptcrois , parce que les
mouvemens extraordinaires que fit le ver ,
que je mis dans le mercure , & que firent
auſſi ceux que Baglivi y mit , marquent affez
• quc
-4
C H A P I T R E IX.
Des remedes propres contre toutes les fortes de
Vers qui s'engendrent dans le corps humain.
C? M M E les Vers du corps humain ne naif
fent pas tous dans les intestins , , ainſi que
nous l'avons obſervé , mais que pluſieurs s'en
gendrent dans le foye , pluſieurs dans la tê
te, pluſieurs dans le coeur , &c. nous parta
gerons ce Chapitre en deux. Articles. Dans le
premier, nous marquerons les remedes propres
contre les vers engendrez hors des intestins; &
dans le fecond, les remedes propres contre ceux
des inteſtins. -
A R T 1 c L E P R E M I E R.
A R T I c L E II.
Autre maniere.
L E T T R E
D E G. F A B R I CI U S
A PHILIBERT SARRAZENUS,
Traduite du Latin.
A Mo N retour de Lyon, je vis icyun ver plat
* d'une longueur ſurprenante ; comme le fait
est curieux, je me feray un plaifir de vous le
rapporter. Une Dame de cette ville, âgée d'en
viron 2 o. ans, d'une complexion affez delica
te , avoit de grandes douleurs de ventre , des
foibleſſes d'eſtomach, des nauſées, des rapports,
& un dégout general pour tous les aliméns; el
le me fit appeller fur la fin du mois d'Avril de
cette année 16o9. je luy fis prendre le premier
jour de May d'une poudre compoſée de
e , de turbith , . & de fené , à quoy j'ajoûtay
du fyrop de roſe laxatif compoſé de rheubarbe,
d'agaric , & de fené. Ce remede luy fit ren
dre par le bas un ver plat, qu'elle me montra,
& dont je fus étonné , car il avoit vingt pal
mes de long, étoit large de fix grains, & épais
de deux; maintenant qu'il eſt defléché, il n'eſt
pas fi large, il a des interſtices tout le long du
H 4 corps ».
- R E
des intestin? CH. Ix. 177
R E P O N S E
D E
PHIL I B E R T SARRAZENUS
A G. F A B R I C I U S.
Trois
des intestins. Ch. IX, 179
Trois heures aprés avoir pris de cet apozeme,je
luy faifois mettre fur le ventre bien chaudement,
un peu de l'onguent ſuivant.
Onguent d'Âgrippa , trois onces ; pulpe de
coloquinte pulverifée , fix gros ; ſcammonée,
demi once ; myrrhe, aloes, de chacun trois
gros; fiel de boeuf tout recent, deux gros; aga
ric blanc, cinq gros ; poudre de racine de cy
clamen, un gros & demi; fafran , autant; hui
le d'amandes ameres , fix onces ; ſuc d'ail &
de fcordium , de chacun demi once ; mêler
le tout fur le feu juſqu'à confomption des
fucs, y ajoûtant une once de petroloeum, avec
une fuffiſante quantité de cire, & en faire un
onguent. -
AU T R E L ET T R E
D E G. F A B R I C I Us
A C R A F F T I U S.
H 7 T R O I
182 ART. II. Remedes contre les vers
zº
i.
T R o Is I EM E L E T T R e
D E G. F A B R I C I US
A C R A F F T I U S.
- P Ou R ne pas vous écrire fans wous rien man
- der de particulier , il faut que je vous faffe:
part à preſent de ce que je n’eus pas le tems de
vous marquer dans ma derniere Lettre , au fu
jet des vers plats. Je vous diray donc qu’une
Dame, nommée Madame Mace, à preſent veu
ve de M. Rohault , qui étoit un celebre Apoti
caire de Laufanne , fut fort ſujette pendant ſa
jeuneſſe à des palpitations de coeur , à des foi
bleſſes d'eſtomach, & à des obſtrućtions de vif.
ceres ; elle fit divers remedes par l'ordonnance
des Medecins, & de tems en tems aprés un cer
tain purgatif, qu'elle prenoit quelquefois, elle
rendoit des morceaux de vers plats affez longs.
Quand elle fut mariée, & qu'elle eût commen
cé à avoir des enfans, fes palpitations cefferent,
fon viſage devint meilleur , mais elle demeura
incosqmodée d'une lienterie , pendant laquelle :
elle rendoit qu'elquefois par le bas des mor
ceaux de vers rompus, qui étoient longs, les
uns de fix palmes, les autres de neuf, les au
tres de dix. Or, ce qui est à remarquer, c’eſt
que toutes les fois qu’elle en rendoit , elle les
femtoit fe rompre dans fes intestins. Cela ne
l'empêcha pas d'avoir pluſieurs enfans, & fure
tout des garçons , dont pluſieurs vivent. Un :
CCT=
des intestins. CH. IX. 183
certain jour aprés avoir pris une Medecine, elle
rendit un morceau de ver qui avoit ſept aûnes,
meſure de Laufanne, c'eſt-à-dire fix palmes, le
reste du ver demeura dans le corps, mais peu
de jours aprés elle en rendit la plus grande par
tie fans comme auparavant que rien fe
rompit: ce qui luy fit juger qu'elle étoit entie
rement délivrée de ce ver ; en effet, il ne luy
est plus rien arrivé de femblable depuis ce
tems-là, & même le flux de ventre , dont elle
avoit toûjours été incommodée , s'arréta: en
forte que depuis douze ans , elle a toûjours été
en fanté. J'ay appris cela de fon mary même,
qui me le dit en prefence de fa femme ; ils
m'ajoûterent l'un & l'autre, que fi tous les mor
ceaux qu’elle avoit rendus étoient joints enfem
ble, ils feroient plus de vingt aûnes.
Chez M. Villadin le Gouverneur, il y a une
Servante , âgée de trente-un ans, laquelle eft
tourmentée depuis long-tems par cette forte de
ver plat: & ce qui eſt digne de remarque, c'est
que depuis quelques années elle ne manque
point tous les ans vers la S. Jean-Baptiste, d'en
rendre des morceaux fort longs.
Madame Marguerite de Mullinen, femme de
M. de Villadin , que je viens de nommer, me
montra en 16o7. trois de ces morceaux de vers
plats , que cette Servante avoit rendus, lef:
quels avoient plus de fix aủnes ; je n'oublie
ray pas de vous dire que cette Servante fent
continuellement dans le ventre un certain froid
qui l'incommode beaucoup , fouvent auffi elle
est attaquée de Diarrhée, & quelquefois elle
eſt trop refferrée, à cela prés elle eſt d'une
affez bonne fanté, elle est robuste, & ne s'in
quiete pas beaucoup de ſon mal ; je l'ay pur
- gCC
184 ART. II. Remedes contre les vers
gée quelquefois avec des pilules faites d'aloes,
de rheubarbe, d'agaric, & d'extrait de coloquin
te; je luy ay fait prendre auſſi d'une poudre,
pour tuer & pour chaffer les vers : mais une
choſe furprenante, c'est qu'un certain Empiri
que luy ayant fait prendre trois ou quatre fois
d'une ptifanne faite avec la feule coloquinte,
elle fut purgée violemment fans rendre aucun
ver; & cependant lorſque la S. Jean approche,
ces morceaux de ver fortent d'eux-mêmes com
me par un mouvement critique de la nature.
Adieu.
R E M A R Q U E
Sur ce que dit Fabricius, qu'il n'a jamais vá
de tête aux Vers plats.
A B R 1 c1 u s dit qu'il n'a jamais vû de tête
à ces fortes de vers , c'eſt que cette partie
s'en fépare ordinairement, & reſte dans le corps.
Quand cela arrive, il faut avoir foin de réite
rer le remede, dont on s'est fervy pour chaffer
le ver, & la tête ne manque jamais de
fortir. Il y a deux mois que je délivray une De
moiſelle de condition d'un ver folitaire , qui
luy cauſoit des incommoditez confiderables , ce
ver fortit en trois morceaux , qui faiſoient en
femble la valeur d'une aûne & demie; le len
demain je réiteray le remede que j'avois fait
prendre, & la malade rendit un quatriéme mor
ceau de la longueur d'un tiers, où étoit la tête,
aprés quoy elle fe trouva guerie. Il m’est arri
vé pluſieurs cas femblables, que je paffe à def
fein, pour n'être pas long. -
C H A
Precautions dans les remedes. CH.X. 18;
CH A P 1T R e X.
Det précautions qu'il faut obſerver quand on
fait des remedes contre les vers.
L ne ſuffit pas, pour tuer & pour chaffer les
vers , de faire les remedes que nous avons
marquez dans le Chapitre précedent , il pour
roit y avoir du danger de s'en tenir à ces ſeuls
fecours , parce que les vers attaquez ne mou
rant pas d'abord , ou ne mourant pas tous à la
fois du même coup, il arrive fouvent que ceux
qui ont refifté à l'effort des medicamens, étant
ainfi contrariez , mordent les inteſtins , & les
percent; il y a une précaution à prendre contre
ce danger , c'est de nc point demeurer long
tems fans manger. Bien des meres ont beſoin
de cet avis , elles qui croyent la plûpart , que
quand leurs enfans ont des vers , il faut les
faire jeûner , pour éviter , difent-elles , la
corruption ; ne prenant pas garde qu'en vou
lant ainfi éviter un mal, elles expoſent leurs en
fans à être devorez des vers. Ces animaux ,
lorſqu'ils font trop affamez, ne manquent point
de percer tôt ou tard le lieu qui les renferme.
Il y a quelques années qu'une bonne Dame
prés de Verſailles, à qui on avoit donné un en
fant à fevrer , me dit qu'elle croyoit que fon
enfant avoit des vers, & me demanda quel re
mede on luy pourroit faire ; j’examinay le viſage
de l'enfant, fes yeux, fon poulx , fon ventre 5
& ayant jugé qu'il avoit effectivement des
vers, je confeillay à cette Dame de luy donner
quel
r86 Précautions dans les remedes
quelque peu de coraline de tems en tems dans
fa bouillie; ce remede ayant réüffi, & l'enfant
rendant tous les jours des vers , cette Dame
crût que c'est qu'il s'en engendroit tous les
jours de nouveaux, & qu'afin de prévenir cela,
il n'y avoit qu’à donner moins à manger à ſon
enfant. Elle le fit jeûner fi fort, qu’elle ne luy
accordoit préciſément que ce qui luy étoit ne
cestaire pour vivre; l'enfant n'eut pas jeûné qua
tre jours de la forte , qu'il ceffa de rendre des
vers, la Dame prenant alors cela pour une bon
ne marque , continua à faire jeûner cet enfant
encore quelques jours, mais l'enfant ſe plaignit
bientôt d'une grande douleur dans le ventre.
Comme cette douleur alloit tous les jours en
augmentant , & que l'enfant poufſoit quelque
fois de grands cris, on le purgea, on luy don
na des lavemens, on luy fit boire pluſieurs for
tes d'eaux propres contre la colique, &tout ce
la ne fervant de rien, on m'amena l'enfant ic
à Paris, dés que je le vis , je demanday
tôt comment on l'avoit gouverné depuis que je
l'avois vû , & j’appris tout ce que je viens de
rapporter. Je ne půs m’empêcher alors de dé
plorer l'estat de ce pauvre enfant , qui avoit
été fi mal conduit , & de dire qu'il y avoit à
craindre que les vers , affamez par le jeûne
qu'on luy avoit fait endurer , n'euffent déja
percé les inteſtins , l’évenement le fit bientôt
voir , car l'enfant mourut au bout de quelques
jours; il fut ouvert, & on luy trouva les inte
ftint tous remplis de vermine & fi percez de
vers, qu'ils en étoient comme criblez.
Il faut donc tenir pour certain que ceux qui
ont des vers, ont beſoin d'être plus nourris que
les autres, il faut faire alors ce qu'on fait quand
OIA.
contre les vers. CH. X. 187
on a des rats dans un Cabinet, où ſont des pa
piers de conſequence , qu'on veut garantir de
la dent de ces animaux. On y laiffe du pain
& de l'eau , les rats s'en raffafient , & on les
empêche par ce moyen de faire leur proye d'au
tre chofe. Mais autant qu'il eſt avantageux de
eaucoup manger lorſque l'on a des vers , au
tant eft-il dangereux de le faire lorſqu'on en est
délivré ; car il faut en cette occaſion vivre le
plus ſobrement & le plus frugalement qu'il eſt
poſſible, pour éviter toute forte de corruption,
fans quoy ce feroit s'expoſer de nouveau à la
même maladie ; - cette ſobrieté cependant doit
avoir ſes regles, & il ne faut point la faire pra
tiquer avec trop d'exaćtitude aux enfans, parce
qu'ayant plus de chaleur naturelle que les au
tres , & avec cela un corps qui prend fon ac
croiſſement tous les ils ont beſoin d’être
foûtenus par une plus abondante & plus fré
quente nourriture ; auffi remarqugton que les
jeunes gens portent le jeûne avec bien plus de
peine que ne font les perſonnes d'un âge avan
cé ; c'est pourquoy Hippocrate dit dans un A
phoriſme exprés, que les enfans, & tous ceux
dont le corps n'a pas encore fait fon accroiffe
ment , doivent être plus nourris , fans quoy,
dit-il, il faut qu'ils deſſéchent, parce qu'ils ont
une chaleur plus grande.
Il y a une autre précaution à obſerver quand,
on fait des remedes contre les vers , c'eſt d'in
terrompre ces remedes de tems en tems, & ce
la de peur que les vers, trop obſtinement atta
quez, ne fe cantonnent dans les cavitez de l'in
teſtin colon, aufquelles les medicamens ne par
viennent que difficilement , ou qu'ils ne tour
nent leur corps d'une maniere qui les
OIS
188 Précautions dans les remedes
hors d'atteinte à l'aćtion des remedes ; car l'un
ou l'autre arrive quelquefois , & je l'ay recon
nu par experience. En 1694. au mois d'Août;
un jeune homme de trente deux ans , lequel
rendoit quelquefois des vers, me vint conſulter
fur fa maladie, je luy ordonnay un remede qui
luy fit faire d'abord deux gros vers , & qui
étant réiteré deux jours aprés , en chaſſa en
core trois autres ; le malade fentant qu'il
n’étoit pas délivré de toute fa vermine , &
connoiffant par ſon experience la bonté du re
mede qu'il venoit de faire, crût qu'au lieu d'en
interrompre l'uſage de tems en tems , car je
le luy avois recommandé , , il étoit plus à
propos de le continuer tous les jours ; mais
il fut bien trompé ; car au lieu de rendre un
grand nombre de vers, comme il l'eſperoit, il
n'en rendit plus ; il me vint dire le ſujet de fa
furpriſe , , & je luy répondis qu'il n'avoit qu'à
laiffer paffer deux jours fans faire ce remede,
& enſuite lể réiterer , & qu'il rendroit des
vers ; il ſuivit mon avis , & il en rendit
neuf deux jours aprés , il laifa encore paffer
deux autres jours , aprés quoy il fit le reme
de, & il rendit fix autres vers : Je le tins dans
cette alternative pendant trois Semaines , & il
fut gueri abſolument. Cet exemple fait voir
comme ce n'eſt pas toûjours de l'uſage opiniä
tre des medicamens , que dépend la gueri
fon ; le point eſt de fçavoir prendre fon tems,
& dans le traitement d'une maladie comme
dans le gouvernement d'une affaire , , la trop
grande précipitation eſt fouvent cauſe qu'on
échoüe. - -
C H A P 1 T R E XI.
C H A
zoỹ
I.
II.
IV.
XII.
XIII.
XIV.
XV [. .
XV ( I , .
zo8. Aphoriſmes fur les vers
XV I I.
XIX. .
XXI.
XXIII.
XXV.
XXVI.
IIa
v.
Les Afcarides cauſent fouvent desteneſmes &
des défaillances. Ceux qui ayant des Afcarides
font tourmentez de maux de tête, & qui enſui
te deviennent fourds & aſſoupis, ont à craindre
quelque abfcés à l'une des oreilles..
VI.
IX.
XI
XX.
S E c r I o N III.
I.
IV.
VI.
V II.
V III.
IX.
9 ,
XIV.
. -
XV
du corps de l’homme. CH. XII. 217
XV.
XIX.
XX.
X X I.
- K XXII°
218 Aphoriſmes fur les vers
XXII.
', : -
I.
III.
X II.
XIV.
XV.
S E C T I o N V.
I. *
I II. . 1
I V.
V,
»,
*
VI.
V III.
I X.
\
Le jus d'oignon, la vieille urine mêlée avec
un peu de miel, le fuc de calamenthe, le lait
de femme rayé dans l’oreille, tout cela font de
bons remedes contre les vers auriculaires.
X. |
X X
- K. 5 XXIII.
226 - Aphoriſmes ſur les vers
XXIII.
XXIV.
- xxv III.
du corps de l'homme. CH, XII. · 227
XXVIII.
|
Ceux qui fans avoir fait de fréquens excés,
ni de tabac, ni d'eau de vie , ni d'autres fem
blables choſes, font ſujets au mal, que l'on ap
pelle vulgairement vapeurs, ont été pendant
leur jeuneſſe plus ſujets aux vers que les au
TICS.
S E C T I o N V I.
I.
I V. >
k 6: V. [..
228 Concluſion de l'Ouvrage.
V I.
VI I I.
IX.
Concluſion de l'Ouvrage.
V9 A ce que je m'étois propoſé d'écrire fur
les vers qui s'engendrent dans le corps hu
main ; j’aurois pû rapporter un grand nombre
de remedes , qui font répandus dans la plûpart
des Livres de Medecine , & remplir ce Traité
de pluſieurs formules differentes, que je n'; ay
point mifes ; mais j’ay crü qu’il valloit mieux
rapporter peu de remedes , & en rapporter de
bons » que de faire un amas de receptes , qui
au--
Concluſion de l'Ouvrage. 229.
auroient rendu ce Livre plus gros fans le ren
dre meilleur. D'ailleurs, comme le remarque
fi bien M. Hecquet dans une Theſe, qu'on ne
fçauroit trop lirea, ce n’eſt pas la quantité des
remedes qui fait la richeffe de la Medecine , il
vaut mieux s'attacher au choix qu'à l'abondance
des choſes ; & l'on ne peut affez loüer la ſage
fimplicité d'Hippocrate, qui avec un petit nom
bre de remedes qu’il connoiſſoit à fond , ne
trompoit jamais l'attente de fes malades, & n'é
toit mai trompé par les accidens des mala
dies b .
Les remedes que j’ay rapportez font feurs,
& la connoiſſance que j’ay de leur vertu , n’eſt
point l'effet de mon raiſonnement , mais de
mes obſervations ; ainſi j’eſpere que ceux qui
les pratiqueront en auront un ſuccés heureux.
Je dis que cette connoiſſance n'eſt point le
fruit de mon raiſonnement , parce qu'en effet
elle ne l'eſt pas, & que de plus , à bien pren
dre les chofes , elle ne fçauroit l'être ; car en
fait de remedes nous n'avons pas d'autre che
min à ſuivre, que la voye des obſervations, &
vouloir découvrir par la raiſon ſeule la vertu
des medicamens, c'eſt ne vouloir jamais trouver
ce qu'on cherche. Attachons-nous donc à l'ex
perience , & lailfons ces chicanes & ces vai
nes ſubtilitez, qui , felon la penſée de Quinti
K 7 Îien
LE T- -
23x
LETTRE DE M. NICOLAS
| H A R T S O E K E R,
Ecrite d'Amsterdam à l’Auteur fur
le fujet des Pers.
Monsieur,
Il faut fans doute que le ver, dont vous m'a
vez envoyé l'Eſtampe, foit plus rare chez vous,
qu'il ne dans ce climat; car je connois plu
| fieurs perſonnes qui ont été icy attaquées de cet
te maladie , & qui ont rendu des vers d'une
prodigieuſe longueur , & femblables au vôtre.
M. Tulp , autrefois tres-fameux Medecin d'icy,
en fait mention dans fes Obſervations. Un Me
decin de nos amis en a tiré un du corps d'un
homme il n'y a pas encore quinze jours , & ce
ver excede la longueur du vôtre. Mais M.
Ruiſch , Profeffeur d'Anatomie en cette Ville
d’Amſterdam , m'en a fait voir deux , dont
l'un a plus de quatre-vingt aulnes de ce Pays,
qui font plus de quarante cinq aúnes de Frai -
ce , ce que j'aurois de la peine à croire , ſi
je ne l'avois vů ; car cela paife toute croyar
ce : & pour vous dire la verité ; Monſieur,
| cela me dérange entierement dans les penſées
f que j’ay toűjours euës , & que je ne faurois
encore rejetter, que tout ce qui a vie, foit ani
mal , foit plante, vient par femence , & que
rien
132 Lettre de M. Hartfoeker.
rien ne s'engendre jamais de pourriture ; car fi
ces penſées ſont vrayes, où voit-on fur terre des
vers de cette eſpece, qui ayent une longueur fi
démeſurée? On aura beau dire que les alimens
copieux qu'ils trouvent dans les boyaux, où ils.
ont pris leur demeure , font changer leur figu
re, & les allongent fi exceſſivement , cela ne
contente pas. On pourroit croire que ce ver,
puiſqu'il eſt moins commun chez vous, & plus
ordinaire dans ce Pays aquatique & bourbeux,
reſide au fond des eaux bien avant dans le li
mon, & qu’ainfi il peut arriver qu'on avale de
fes oeufs par la ou autrement ; mais ſi
cela étoit, n'en auroit-on jamais trouvé dans la
boue ? Pour moy , Monſieur , je crois qu'ils
font créez avec les hommes , & que peut-être
leur eſpece eſt auſſi ancienne que la race hu
maine; de même que cette forte de poux , qui
ne fe trouve que fur l'homme , & dont fans
doute la race fe perdroit ; fi celle de l'homme
venoit à manquer. Je penſe que ces vers s'en
par mále & par femelle dans les
oyaux , & que quelques-uns de leurs oeufs ve
nant à fortir avec les excremens, & à tomber
Gur quelque herbe , ou ſur quelque autre cho
fe, font avalez par un autre , dans les entrail
les duquel les vers renfermez en ces oeufs éclo
fent & fe nourriffent. On trouve des infectes
par tout, dont quelques-uns ne s'attachent qu’à
un ſeul animai, pour y prendre leur nourriture,
& d'autres à pluſieurs , comme la puce, qui fe
trouve fur l'homme, fur les chiens, & fur beau
coup d'autres animaux ; on trouve quelquefois
des millions de vers dans les moules ; le fray
de la moruë en eſt parfemé ; on en a trou--
*ć dans toutes les parties du corps de l'homme,
mêmes
Lettre de M. Hrıstir. 233
même juſques dans la glande pineale , s'il eft
vray ce qu'on m'en a affuré. Enfin il femble
que tous les animaux ayent été faits , pour fe
fervir de nourriture les uns aux autres , les
grands mangent les petits & en font mangez.
J'eſpere avoir bientôt l'honneur de vous entrete
nir plus amplement de bouche ſur cette matic
re, & de vous affürer que je ſuis avec reſpcct,
MONSIEUR,
Vótre tres-humble & tres
obéiſſant Serviteur , NI
coLas HARTsoEKER.
•A Amsterdam ce 26,
de Frvrier 1699.
S E C O N D E LE 'I" T R E
DE M. HARTSOEKER
A L’AUTEUR.
*
Monsieur,
Je crois que tout ce qui est amer & purgatif,
eft bon pour faire fortir les vers des entrailles;
de forte que la rheubarbe ſeule pourroit être
employée avec effet ; quand on la donne à
mácher aux enfans , on dit que c'eſt pour
fortifier leur estomach ; mais je penſe qu'elle
11C
234 Seconde Lettre de M. Hartfoeker.
ne fert à autre chofe qu'à tuer les vers qui s'y
trouvent. On peut auſſi donner avec ſuccés le
mercure doux ; car ce n'est pas un poiſon affez
violent, pour tuer le malade, mais il l'eſt pour
tant affez pour tuer les vers, pour peu qu’ils en
avalent. Mon enfant étant dangereuſement ma
lade, & fans eſperance de guerifon, je luy don
nay quelques grains de tartre emetique, ce qui
en apparence ne fit ce jour-là aucun effet fur
luy, mais le lendemain il rendit deux ou trois
gros vers morts , & fut guerri austi-tôt. Pour
vous dire ma penſée, Monfieur, je crois que les
vers cauſent la plûpart des maladies , dont le
genre humain eſt attaqué , & même que ceux
qui ont les maux , que l'on appelle veneriens,
nourriffent dans leur corps une infinité d'infećtes
inviſibles, qui rongent & mordent tout ce qu'ils
trouvent, & font tous les ravages que l'on fçait,
auffi ne ſçauroit-on bien les en chaffer que par
le mercure, qui devient dans nôtre corps un poi
fon qui les tuë. M. Ruiſch ne m'a fçû dire du
ver, dont je vous ay déja écrit , aucune parti
cularité , qui merite que je vous en entretien
ne; mais il m'en a offert un morceau , que je
vous envoyeray fi vous fouhaitez, afin que vous
puiſfiez voir s'il reffemble au vôtre. Je ſuis avec
tout le zele & toute la paſſion imaginable,
M ON SIEUR, i
J’AY
235
Q_ U E S T I O N
*Agitée le 26. de Mars de l'année 1699. aux
Ecoles de Medecine de Paris, fous la Préfi
dence de M. Fagon , Conſeiller d: Rey èä
* tous fes Confeils d'Estat, Premier Medecin
de Sa Majesté. -
V. . -
E T
L E T T R E
D E
M. GEORGES BAGLIVI.
De la Societé Royale de Londres, de
l’Académie des Sciences d'Allema
ne, Doćteur en Medecine & Pro
effeur d’Anatomie dans la Sapience,
écrite de Rome à l'Auteur fur le fu
jet des Vers. -
N -
256 Lettre de M. Baglivi.
NICO LA O ANDR Y
V I R O E X I M I O
S. F. P. M. .
GEORGI U S BAGLIVUS
S. P.
Valdè i e
Lettre de M. Baglivi. 257
y G EO RG ES BAGLIV I
A
M. NICOLAS ANDRY ,
Doćieur de la Faculté de Medecine de
Paris.
- -- Quæ
Lettre de M. Baglivi. 26 r
croître peu à peu juſqu'à l'étendue qui leur est
preſcrite par la nature, felon les differentes eſpe
ces des plantes.
Si tous les Philoſophes & tous les Medecins
çonyiennent ſur ce point à l'égard des vegetaux,
à plus forte raiſon doit-on penſer la même cho
fe des animaux, tant de ceux que l'on appelle
imparfaits , que de ceux que l'on appelle par
faits : Car outre qu'en toutes choſes il y a un
ordre toújours égal, toûjours femblable à luy
même, que tout vient d'un même principe, &
aprés un certain circuit de mouvement, retour
ne au même terme ; on remarque dans les in
fećtes une strućture, une liaifon d'organes, des
OPerations & des mouvemens qui IllCttÇInt
fort au deſſus des plantes.
Ainſi , puiſque les vegetaux ne s'engendrent
point de pourriture, c'eſt une confequence que
les infectes n'en viennent point non plus. Il
feroit honteux à un Philoſophe, à un Medecin,
dans un Siecle auſſi éclairé que celuy-cy , où
l'experience & les folides préceptcs des Ma
thematiques , ont apporté tant de lumiere
pour la découverte des cauſes, d'attribuer à un
arrangement fortuit de matiere corrompuë, ce
que la loi invariable de la nature fait d'une
maniere fi constante & fi reglée dans toutes les
femences. -
• k- Opi
Lettre de M. Baglivi. 263
fait le même effet que celle du Soleil, ou que
celle d'une poule qui couve.
Ce que nous difons des infectes en general,
fe peut dire en particulier des vers qui s'engen
drent dans le corps humain , ils ne viennent
oint d'un fuc corrompu, comme fe l'imaginent
es faux Galeniſtes , mais un fuc corrompu é
chauffe & réveille les oeufs de ces vers , qui
éclofent par ce moyen.
Le ver plat tire donc ſon origine d'un oeufde
fon eſpece ; & comme tous les eſtres ont des
proprietez, qui ne les abandonnent jamais , à
cauſe des loix immuables de la nature , le ver
plat a cecy de particulier , s'eſtre en
gendré dans les enfans , lorſqu'ils font encore
au ventre de leurs meres , il croit peu à peu
dans la circonvolution des inteſtins, juſqu'à ce
que, femblable à un ruban, il ait atteint toute
l'étendue des boyaux. Il ne parvient à cette
longueur qu'aprés pluſieurs années, parce qu'il
faut que ſes parties commencent premierement
à fe déveloper & à croître peu à peu , avant
que de pouvoir fe manifeſter d'une maniere fi
fenſible.
On ne doit point s'étonner qu'un filongeſpa
ce de tems foit neceffaire pour l'accroiſſement
parfait de cet animal, veu que c'eſt la coûtume
de la nature, ainſi qu'on le voit dans le germe
de l'oeuf, dans les graines des plantes, & dans
l'accroiſſement des vegetaux, de tracer d'abord
les premiers lineamens de ce qu'elle veut met
tre au jour; c'est-à-dire de former premierement
de petits facs membraneux, qu'elle remplit d'une
humeur delicate, & qu'elle manifeſte aprés dans
le tems arrêté. L'humeur ainſi renfermée fe
trouve défendue contre les injures etia : Cl•
264 Lettre de M. Baglivi.
Sed
Lettre de M. Baglivi. 265
elle s'épaiſfit & reçoit enfin , par le moyen des
envelopes qui la refferrent , la figure qu'elle
doit avoir. C’eſt ainſi que tous les animaux &
tous les vegetaux, felon les differentes eſpeces
qui les diſtinguent , & felon l'ordre étably
par la nature , arrivent chacun en plus ou en
moins de tems, à la grandeur qui leur eſt pro
pre. *
|
Eademque de cauſa factum effe puto ut hic vermis epi
demice grastetur in Hollandia præ aliis regionibus, ni
mium
Lettre de M. Baglivi. 267.
Vons me demandez icy, fi je crois que ces
infećte s'engendre en l'homme dés le ventre de
la mere; Hippocrate le penſe de la forte dans
- le 4. Livre des Maladies nombre 27. ainſi que
vous le remarquez dans vôtre Lettre. Or, com
mc les paroles de ce grandhomme font preſque
toüjours l'écho de la nature, je nc voudrois pas
m'écarter facilement de fon opinion, ou fi je
m’en éloignois, ce ne feroit point pour me laiſ:
fer aller aux frivoles ſubtilitez du raiſonnement,
ni aux vaines fictions des Hypotheſes , que je
fais gloire de mépriſer ; ce feroit pour m'atta-
cher à quelque experience conſtante , qu'une
longue fuite d'obſervations m'auroit fait connoî
tre infaillible. Il y a pluſieurs maladies qu'on
apporte du ventre de la mere, comme font cel
les que nous appellons hereditaires ; pourquoy
ne penſerons-nous pas que le ver plat ſoit de
ce nombre , fur tout lorſque nous avons pour
nous l'autorité d'un homme austi éclairé qu’Hip
pocrate?
Cet Auteur , au même endroit que nous ve
nons de citer, dit que ce ver s'engendre dans le
foetus, lorſque le fang & le lait de la mere étant
trop abondans viennent à fe corrompre, & il ne
paroît pas avancer cela fans raiſon ; car en ef
fet, comme on l'a découvert certainement par
pluſieurs obſervations modernes , l'enfant dans
le ventre de la mere, ſucce & tire par la bou
che une lymphe, qui tient de la nature du lait,
& dont, fans doute, la corruption & la fermen
tation reveille les oeufs des vers plats, & les dif
poſe à la vie , ce que la corruption des autres
choſes n'eſt peut-être pas capable de faire.
Je crois que c'est la raiſon pourquoy ce genre.
de ver eſt plus commun en Hollande, parce
M 2 qu'on
268 Lettre de M. Baglivi.
mium abundante lacticiniis i cujuſque incolæ la&te &
cafeo fere perpetuò faginantur. Cognovi Romæ anno
1696. juvenem viginti annorum, pallidum, macie affe
&tum, fputatorem, & in omni laĉticiniorum uſu intem
perantem, hic cum mane cæpam cultro refecaret, ejus
odore ita vehementer commotus eſt, & adeo ingenti
fuffocatione correptus, ut brevi ſe moriturum putaret,
niſi fuperveniente vomitu, ejeciffet lumbricum teretem
triginta pedes longum , & rotundam in pilam congloba
rum, quo excluſo ſtatiin convaluit.
Miri
Lettre de M. Baglivi. - 273
& Sennert ont écrit au long du ver plat , ce
dernier fait auffi mention du ver umbilical; il y
a des vers qu'on appelle crinons , dont parlent
quelques Auteurs. Panarolus rapporte l'hiſtoire
d'un malade, qui dans le tems d’une fiévre ma
ligne épidemique, rendit des milliers de vers
vivans, dont les uns avoient des becs , les au
tres étoient velus, & les autres reffembloient à
des vers cucurbitaires. -
|
Lettre de M. Baglivi, 275
dans de l'eau de fleurs d'oranges , & dans de
l'eau de roſe, huit heures aprés ils y moururent
avec des convulſions. Voilà pour se qui regar
de les vers.
Je fuis ravy, Monſieur, de voir par vôtre Let
tre qu'en ce tems , où la Medecine eſt comme
fur le point de perir par les Speculations & les
Hypotheſes, dont on l'accable, il fe trouve en
France des eſprits éclairez , qui voyent le dan
ger qu'elle court , qui reconnoiffent que l'uni
que moyen de la conferver, c'eſt de fuir le faste
des opinions, & de recourirà Hippocrate, pour
apprendre de luy, comme de l'Interprête de la
nature, le chemin de la verité. Je ne ſuis point
furpris qu'il y ait ainſi en France des Genies éle
vez , que l'erreur ne fçauroit ſurprendre ; car
quand eft-ce que cette illustre Nation n'a pas
esté fertile en grands hommes?
Vous voyez par le programme que je vous
envoye , que j’ay esté reçú depuis l'année der
niere dans la Societé Royale de Londres. Je le
fuis à preſent dans l'Academie d'Allemagne: Je
crois que cette nouvelle vous fera plaiſir. Je
viens d'écrire à nổtre cher amy l'Illustre Antonio
Alberti , je vous prie de l'en avertir. Adieu ,
Monfieur , conſervez vous pour l'intereſt du
public.
De Rome, ce 14. Juillet 1699.
276
0bſervations particulieres.
UR la fin du mois d'Août de l'année 1699
je fus appellé chez M...... pour voir une peti
te Demoiſelle malade d'épilepſie depuis fix mois.
Son mal , felon ce que me raconterent fes Pa
rens , étoit venu d'une peur qu'on luy avoir
faite. Aprés avoir tout examiné , je crús
que l'unique moyen de la guerir étoit de luy
donner contre les vers , & je mis par écrit ce
qu'il falloit faire pour cela. Ce fentiment é
tonna d'abord les Parens , qui trouverent bi
zarre que jordonnaffe un remede contre les
vers, pour guerir un mal, dont la peur étoit la
cauſe. Un Charlatan , qui avoit promis de
guerir la malade , ne manqua pas de déclamer
contre ce procedé , & perfuada aux Parens de
mener leur enfant à la Campagne avec luy 3,
mais cọmme l'enfant s'y trouva plus mal , on
congedia le Charlatan , & on s'avifa de faire
mon remede, plutôt fans doute , pour n'avoir
rien à fe reprocher , que par aucune eſperance
qu'on en eût. La malade , aprés l'avoir pris ,
rendit beaucoup de vers, pluſieurs jours ſe paf
ferent fans accés d'épilepſie ; le Pere m'écrivit
une Lettre, où il me marquoit ſon étonnement,
qu'une maladie de peur eut été cauſée par des .
vers : . Je luy en écrivis une autre en réponſe,
où je luy faifois voir que ce n'étoit pas une
choſe fans exemples. Comme ces deux Let--
tres confirment un fait important , dont la
connoiſſance me paroît d'une tres-grande utili
té dans la Pratique , j’ay crû à propos de les
inferer icy. Au reſte, j'avertis que l'enfant est guery
à preſent, & n'a eu beſoin d'aucun autre remede.
- - Let
--
Lettre à l'Auteur.
Réponſe de l’Auteur.
J medeuneait extrême joye, Monfieur, que le re
bien réüſſi, il faut le réiterer dés le
lendemain du jour que vous aurez reçû cette
Lettre ; on laiffera enfuite paffer trois jours ,
aprés quoy on recommencera. Il est important
de continuer le regime ordinaire , & fur tout
d'empêcher qu'on ne faffe peur à la malade.
On croit par ces frayeurs tenir en bride les en
fans , & on leur fait un tort extrême , &
pour le corps & pour l'eſprit ; car fi en les in
timidant de la forte on ne leur cauſe pas toû
jours des maladies, on leur gáte infailliblement
| raiſon ; il faut outre cela laiffer jouer Ma
demoiſelle vôtre fille , avertir ſa Gouver
nante de ne la point tant menacer quand el
le aura fait quelque faute en lifant , mais de
la traiter alors avec douceur , de la repren
dre
28o 0bſervations particulieres.
dre fans emportement , de rire même quelque--
fois de fes fautes, fur tout d'interrompre ſes pe
tites Leçons par quelques relâches , lorſqu'elle
s'ennuyera , & puis de l'y ramener infenſible
ment, en un mot de luy faire un jeu de fes de
voirs. Avec cette adreſſe on anime les enfans,
& on les inſtruit fans les attriſter. Si vous avez
foin, Monfieur, que la petite malade ſoit ainfi
gouvernée, vous ne devez point douter que nos
remedes ne la gueriffent abſolument.
La furpriſe où vous étes qu'un mal , dont
l'occafion vient de peur, ait pû être cauſé par
des vers , eſt bien fondée , fi vous
comment cela peut arriver ; car la raiſon n’en
eft pas facile à trouver; mais fi vous n'êtes fur
pris de la choſe que parce que vous la croyez
fans exemple , il faut revenir de vôtre fur-
priſe. ,
Thomas Cornelius, de la Ville de Confence :
en Calabre, homme tres-doćte, rapporte * avoir
vů une petite fille, qui aprés un faififſement de
peur, dont elle mourir fur l'heure, tom--
ba infenſiblement en langueur, prit un reint pâ
le, devint fujette à des dans la poitri--
ne , fut enſuite attaquée de fréquens aecés d'é
pilepſie, & mourut aprés avoir cruellement fouf :
fert ; il raconte qu’on ouvrit le corps de cette
fille , & qu'aprés avoir bien cherché, l'on n'y
découvrit d'autre caufe de fa mort que des vers,
qui luy avoient rongé les vaiſſeaux du coeur.
Cet Auteur remarque que la peur produit dans
les animaux le même effet. Un étourneau que
l'on nourriſſoit dans une baffe cour , & que des
enfans effarouchoient fans ceffe en courant aprés,
devint
pr *
rog o.
-- Cornelii-Conſentini ». Progymne de natricat.
0bfervations particulieres. . . 281
devint ſujet à des convulſions, qui le firent tom;
ber du haut mal. Thomas Cornelius dit qu'i
eut la curiofité d'ouvrir cet oiſeau , , & qu'il y
trouva la bafe du coeur toute entrelaflée de vers.
Il ajoûte que cela le porta à effayer fi en épou
ventant fouvent des poules , fe produiroit
auffi des vers dans ces animaux , & il dit qu'il
fe mit à en effaroucher pluſieurs pendant quel
ques jours, qu’il les ouvrit enfuite, & qu'il leur
trouva dans chacune de grands vers à la region
du coeur.
Voilà, Monſieur, de quoy faire bien des re
flexions, & en même tems de quoy vous confo
ler, puiſque ces obſervations font un grandpré
jugé, que la maladie de Mademoiſelle vôtre fille
eft venue de vers , & qu’ainfi nous avons été à
la cauſe du mal : ce qui doit vous donner lieu
d'eſperer une entiere guerifon. ,
M o N s 1 x u x ,
T A
M A T I E R E S.
A.
B. *
C.
D.
E.
N 3 - Eſprit
294 T A B L E
Eſprit de nitre, eſprit de fel dulcifié , eſprit de
fouphre, bons contre les vers. I55
Etenduë , que nôtre corps n'est pas une meſure
certaine, fur laquelle il faille juger de l'éten
due des autres corps. 2O4
Estomach , s'il s'engendre des vers dans l'esto
mach. 68, 69, & 7o. Que les cruditez d'eſto
mach font preſque toute la corruption qui rend
les corps ſujets aux vers. I I6
Ethique, guery pour avoir pris de la poudre d'o
range amere. I 63
Excremens blancs, figne de vers. 99
Excremens jaunes, quel figne c'est quand on rend
des vers. - I 26°
H.
I.
N. 6- - Ma-3
zoo T A B L E
M.
M4 de la: mer.
, fi elles s'engendrent de l'écume
IO
, N 7 Nau
30* T A B L E
N4usta,
-
font fouvent cauſées par des vers..
8os
Demangeaifom de nez, figne de vers. , 1oz
Nége, vers engendrez de la nége, qu'il n'y en
a point; erreur de Pline là-deſſus. 23
Noix, eau où ont trempé des écorces vertes de
noix, remede inutile contre les vers. 142-.
Que cette eau jettée ſur la terre en fait fortir
tous les vers. - ibid. -
Noix de galle, vient de la piqueure d'un ver, &
n'eſt point un fruit.- - 2 I 3.
O.
!
-- 1
394 T A B L E
Pignons, leurs qualitez , bonnes & mauvaifes.
11o. Hiſtoire ſur ce fujet. Ibid.
Pilules contre les vers plats. I 8o
Pimprenelle, à des vers. 24
Les pituiteux font plus ſujets aux vers que les
autTCS. - I O2.
D E S M A T I E R E S. 3o;
quelqu'une en eux. I 24. Erreur de Levinus
Lemnius ſur ce ſujet. ibid.
Prognostics à tirer dans la fortie des vers. I 22, 123
& fuiv.
Quand une perſonne enfanté rend des vers, cir
constances à confiderer pour en connoître le
prognostie. I 23
Si les vers fortent ſur le declin de la maladie,
quel prognostic il en faut tirer. ibid.
Quel prognostic il faut tirer quand les vers for
tent par le haut ou par le bas. I 24, 125, &
I 26
3o6 T A B L E
te & de Pline ſur ce ſujet. 22:
Q.
Q , quel prognoſtic c'eſt , lorſque les
vers fortent en grande quantité. I35
Quinquina ne tuë pas toûjours les vers, quoiqu'il
foit amer. 9o. Exemple digne de remarque
fur ce ſujet. 89, 9o
R,
31o T" A B L E
Solitaire, que le folitaire s'engendre dés leven
tre de la mere. · 2 O, 2 I
Queendre
sennert prouve
à tout âge. mal que le Solitaire s'en: 2. I
elle est la longueur du Solitaire. ibid.
Leplus
Solitaire produit dans les femmes des effets
facheux que dans les hommes. 86
Remede contre le ver Solitaire. 175, I76
Solitaire , la deſcription qu'en fait Fabricius.
- ibid.
ue le Solitaire n'est point un monſtre. - 176
Effets ſurprenans du Solitaire dans une femme:
178
Erreur de Vander Linden dans un endroit de la
Traduction d'Hippocrate au ſujet du Solitai
re. 86
Vers nommez foyes , ou petits dragons , ce que
c'est. Obſervations curieuſes fur ce fujet. 43,
44, 45, 46. Erreur d'Ettmuller là-deſſus. 46.
Åutre erreur d'Ambroiſe Paré. 46, 47
Sort , que fouvent l'on attribue à des forts des
maladies qui n’en viennent point. 42. Que
la plûpart des maladies, attribuées à des forts,
viennent des vers. 2 I3
Ce qu'il faut examiner dans la fortie des vers.
I22, I23, &c.
Vers Spermatiques, ce que c'eſt. 39
Des vers Spermatiques. 19o, &c.
Que les vers Spermatiques font les uns mâles &
Îes autres femelles. I 96
Vers Spermatiques , que l'humeur ſpermatique
de tous les animaux mâles en eſt remplie. 19I.
Experiences qui le confirment. I 9 I, &c.
Que les vers Spermatiques ne cauſent pointexcés les
D E S M A T I E R E S. 311
excés des mouvemens veneriens. 77
Que ce n'est qu'un développement des parties
qui fait prendre au ver Spermatique la nature
de foetus. 2. O
T.
Q - - F. J-a
3 14 T A B L E
- V.
Y.
Ğ
–- (& 2\ /A\//)2ff7
ZÉ Ü =
Llyt\ -2 - 222
N
C A
C A T A L OGU E
D E S
L I V R E S,
Qui ſe trouvent chez
T H o M A s L o M B R A 1 L.
voll.
Du Mareſchal de Matignon. fol.
Paris.
Naturelle des Iſles Antilles. 4s.
avec fig. -
/
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|- ,
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