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martyr
Figures de l’antisionisme selon «Témoignage
chrétien»
par Meïr Waintrater
Dans ces deux phrases, tout est dit. La Pâque juive, et les
Pâques chrétiennes. L’arrogance du peuple élu qui depuis deux
millénaires annonce son prochain retour à Jérusalem, et les
souffrances des témoins du Christ. Entre les deux, le même
rapport de causalité qu’établit le mythe du meurtre rituel. Le
Juif est le bourreau, le chrétien est la victime. La destruction
(annoncée? fantasmée?) des églises palestiniennes réédite
l’autre variante du mythe pascal antisémite: la profanation des
hosties. Seul le châtiment du coupable, dans un autodafé
salvateur, mettra un terme au scandale. Et ce châtiment effacera
les traces mémorielles du crime de la Shoah dont le Juif est
accusé d’avoir voulu tirer vengeance. «Massacrer d’abord et,
par crainte d’une vengeance, accuser ensuite, prêter aux
victimes ses propres intentions agressives, leur imputer sa
propre cruauté»: le mécanisme décrit par Poliakov à partir du
Moyen Âge conserve, on le voit, toute sa pertinence.
NOTES
1. Des miliciens palestiniens étrangers à Beth Jala avaient
utilisé le village comme poste avancé pour le harcèlement de
Guilo, ce qui avait entraîné de vives protestations de la part des
responsables locaux – et le départ de nombreuses familles
chrétiennes, prises sous le feu. C’est cet exode chrétien,
ofciellement démenti mais bien réel, qui a inquiété le
patriarche et qui explique la tonalité de son message. Lorsqu’il
évoque des «ordres», Mgr Sabbah fait allusion aux assurances
données par les miliciens palestiniens, mais non respectées,
selon lesquelles ils cesseraient de tirer sur les Israéliens depuis
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