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O r gues

ORGANISTES & MUSICIENS EN EUROPE


Orgues Nouvelles O No 2
• Automne
1 2008
Trimestriel
Septembre 2008
20 € TTC
CD compris
Ne peuvent
être vendus
séparément.

No velle u s

Boëly

FESTIVALS
Avignon, Aix...
PARTITIONS

CREATION
Betsy Jolas
Bruce Mather
977-2-204-50060-0

FORMATION
Rentrée 2008
Orgues
Nouvelles
CD mixte
De la Lorraine
inclus au Pérou
Code SODIS
8362858
Comité d’honneur
Orgues Nouvelles s’honore du soutien de
personnalités musicales de premier plan,
qui conforte notre ambitieux projet de revue
musicale avec l’Orgue pour fondamentale.
Malgré – ou à cause de son titre – Orgues Nouvelles
Marie-Claire Alain
Edith Canat de Chizy
est une revue singulière, à plus d’un titre…et compte
compositeur, membre de l’Institut bien le rester (mais chut ! pas un mot à Edvige).
Marie-Louise Girod Cette revue musicale, à fondamentale d’orgue,
organiste de l’Oratoire du Louvre
Gilbert Amy compositeur
ne parle d’orgue(s) que s’il y a de la musique à la clef !
Philippe Beaussant de l’Académie française Et l’actualité lui en fournit heureusement l’occasion.
Gilles Cantagrel musicologue Le 150e anniversaire de la mort de Boëly va peut-être
Christophe Coin violoncelliste, sonner la re-naissance d’un vrai et grand musicien.
directeur de l’Ensemble baroque de Limoges
Orgues Nouvelles a sollicité de prestigieuses signatures
Bernard Foccroulle
organiste, directeur du Festival d’Aix-en-Provence à cet effet. Mieux même : le cahier de musique central
Henri Dutilleux compositeur vous offre quelques pages significatives de Boëly
Pasteur Alain Joly (orgue, mais aussi piano et chant). Comme promis,
directeur du Centre culturel des Billettes à Paris certaines d’entre elles vous sont proposées à l’écoute
Jean-Pierre Leguay du CD, en compagnie de Schumann et Berlioz.
organiste de Notre-Dame de Paris
Gustav Leonhardt organiste et claveciniste Ce numéro sacrifie naturellement à la “rentrée”,
Jacques Taddei membre de l’Institut, mais en vous ouvrant des pistes originales. Il y a celle,
organiste de Sainte-Clotilde à Paris réjouissante et prometteuse, empruntée par les petits
élèves de Pascale Rouet aux prises avec la musique de
Bruce Mather. Il y a l’aventure collective de ces maîtrises
qui, à Sainte-Anne d’Auray ou à Paris, promettent des
lendemains qui chantent, solides et exaltants. Il y a enfin,
Orgues Nouvelles à l’autre bout de l’échelle scolaire et dans la perspective
Revue trimestrielle
européenne, les étudiants en cycle pré-professionnel
www.orgues-nouvelles.org
d’Erasmus, ou les organistes diplômés qui profitent
Rédaction des ouvertures d’E.C.H.O. Ah ! que la rentrée est belle !
Directeur de la rédaction Georges Guillard
redac@orgues-nouvelles.org Vous ne resterez pas non plus insensibles au sérieux
Secrétariat de rédaction Alain Cartayrade et à la générosité de ces lycéens lorrains qui tendent la
secred@orgues-nouvelles.org
Production sonore / Site Internet Michel Trémoulhac
main aux jeunes ouvriers et paysans d’ Andahuaylillas.
internet@orgues-nouvelles.org Mais où diable se trouve Andahuaylillas ? Très simple,
Production graphique Roland Deleplace soit à 8000 km, soit en pages 44 et 45.
prod@orgues-nouvelles.org
Comité de rédaction Orgues Nouvelles tend aussi l’oreille à ces musiciens
François Espinasse, Henri de Rohan-Csermak, qui, aujourd’hui, écrivent pour notre vieil instrument :
Jean-Michel Dieuaide, Rémy Fombon, Bruce Mather, Valéry Aubertin, Betsy Jolas…
Florence Leyssieux
Ont également participé à la rédaction de ce numéro Allons ! l’orgue mérite bien de la Musique.
Luc Antonini, Valéry Aubertin, Bruno Belliot,
Annie Bentéjac, Nanon Bertrand, Laurent Blaise, GEORGES GUILLARD
Michel Bouvard, Nicolas Bucher, René Delosme,
Michel Dieterlen, Pierre Dumoulin, Joël-Marie Fauquet,
Brigitte François-Sappey, Scott Gabriel, Olivier Guillard,
Betsy Jolas, Eric Lebrun, Bruno Marq, Pascale Rouet
Courrier des lecteurs et infos info@orgues-nouvelles.org
Tous droits réservés. Toute reproduction même partielle
est soumise à autorisation.
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Directeur Rémy Fombon
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Abonnements Roméo Bingue
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Vous avez lu Orgues Nouvelles ? Orgues
Prix de vente au numéro 20 euros. ouvelles
N

Abonnement annuel France (4 numéros) 60 euros Mais avez-vous écouté Orgues Nouvelles ?
Ce numéro comprend un Cahier de musique folioté de I à XVI Vous trouverez dans le CD (indiqué par >>>) voir p.51
et un CD mixte qui ne peuvent être vendus séparément.
CPPAP en cours - ISBN 977-2-204-50059-4 - Dépôt légal à parution tout ce qui ne se trouve pas dans la revue !
Orgues Nouvelles est édité par Editions Voix Nouvelles
et bien plus encore ! C’est positivement
Président du conseil d’administration incroyable ce que l’on peut trouver dans cette galette !
et Directeur de la publication Paul Souchal
GIE au capital de 36 587,76 euros
Les sommaires (magazine et CD mixte)
RCS Lyon C 410 141 360 00017 - APE 221E sont en avant-dernière page de la revue.
O

Production Artimedia, Paris-Avignon


Imprimerie Leclerc - 163 rue de Menchecourt - 80100 Abbeville Automne 2008 Orgues Nouvelles 3
Boëly, 150 ans après... le
La leçon de musique :
Boëly et Mathilde,
l’une de ses petites-nièces,
huile d’Alexandrine Boëly. “Dans l’éloignement, on ne connaît que les des classiques viennois, il compose à
grands artistes mais lorsqu’on s’approche différentes périodes de son parcours neuf
de plus près de cette voûte étoilée et que vastes partitions pour trio et quatuor à
Quelques dates les étoiles de deuxième et de troisième
grandeur se mettent à scintiller et font leur
cordes. L’organiste de la paroisse royale
de Saint-Germain-l’Auxerrois laisse, enfin,
1785 Naissance le 19 avril à Versailles apparition parmi les constellations, c’est l’une des plus vastes et des plus dignes
dans une famille de musiciens du roi,
alors que le monde et l’art sont enrichis”, productions jamais composées en France.
chantres de la Chapelle royale.
Jean-François Boëly, son père, est assurait Goethe. Vraie en Allemagne, cette Boëly est un maître, une figure exemplaire
de surcroît compositeur, théoricien maxime l’est plus encore en France où le dans la France cosmopolite de Rossini,
d’obédience ramiste, maître de harpe goût des mélomanes pour l’opéra et la Meyerbeer et Berlioz. Saint-Saëns en est
de la comtesse d’Artois et de Madame musique descriptive a longtemps éloigné si convaincu que, invité en mai 1880 à
Elisabeth. Pierre Levesque, son grand- les beaux esprits de la musique instru- Baden-Baden par l’Association profes-
père maternel est coauteur des célèbres mentale pure.
Solfèges d’Italie et gouverneur des Pages. sionnelle des musiciens allemands,
Dernier fleuron d’une dynastie de musi- l’Allgemeiner Deutscher Musikverein,
1792 (env.) Installation à Paris.
ciens des rois de France, Alexandre Boëly dont Liszt est le président d’honneur, il
1796 Entrée au Conservatoire
enfonce ses racines dans le XVIIIe siècle présente aussi les Préludes avec pédale
national : Guérillot en violon, Madame
de Montgeroult puis Ladurner en piano. versaillais et accomplit sa carrière dans le obligée sur des cantiques de Denizot op. 15
1797 Jeanne-Georgette Boëly, sa sœur,
Paris romantique. Après des études trop de son ancien maître, recueil traité à la
obtient le 2e prix de chant au Conservatoire. éphémères au nouveau Conservatoire, il manière des Choralvorspiele, qu’il estime
1802 env. Interruption de ses propres se nourrit de partitions allemandes “œuvre hors ligne” dans laquelle “l’élève
études au Conservatoire due à une violente encore peu connues et s’affirme comme un de J.-S. Bach a égalé son modèle”.
opposition entre J.-F. Boëly et Gossec au beethovénien d’avant-garde tandis qu’à BRIGITTE FRANÇOIS-SAPPEY,
sujet de l’enseignement de l’harmonie. l’orgue on le proclamera “Bach ressus- juin 2008
1808 Trois Trios à cordes. cité”. Entravé à plusieurs reprises par
1810 Première publication avec les Deux les événements politiques et une certaine
Sonates op. 1. Gagne sa vie frivolité ambiante, ce parcours singulier
comme professeur de piano. et altier se révèle fécond.
1814 Mort de Jean-François Boëly. Son vaste corpus instrumental, de “deuxiè-
A la faveur de la restauration des Bourbons, me grandeur” peut-être en Europe, mais
Pierre Baillot lance ses concerts par de “première grandeur” en France,
abonnement de musique
de chambre qui dureront jusqu’en 1840. mérite de scintiller et d’enrichir le monde.
Professeur de piano réputé, “le meilleur
1820-1840 Pionnier en France,
il s’adonne au piano à pédalier. de Paris”, selon le violoniste Pierre
Remplacements à Saint-Gervais de Paris, Baillot, Boëly compose pour son instru-
premières œuvres pour orgue. ment quotidien des partitions dédiées à
28 juillet 1830 Etude pour piano Ladurner, Marie Bigot, Kalkbrenner et
1833 Achève le dernier Contrepoint Cramer, pédagogues de renom ayant à
de L’Art de la Fugue de Bach. voir avec le monde germanique. Altiste
1840 Organiste de Saint-Germain non moins aguerri, interprète infatigable
-l’Auxerrois à Paris.
1845 Professeur de piano à pédalier
à la maîtrise de Notre-Dame de Paris. C’est ici le lieu d’évoquer une initiative trop rare, un ouvrage
1848 La révolution brise l’essor écrit à quatre mains. Musiciens tous deux par nature,
nouveau de ses publications Brigitte François-Sappey et Eric Lebrun, musicologue et interprète
1851 Il perd ses emplois à Saint-Germain- par fonction, ont produit le remarquable ouvrage qui donne,
l’Auxerrois et à Notre-Dame et renoue toutes affaires cessantes, l’envie d’écouter ou jouer Boëly. Je ne sais
avec la vie difficile de professeur de plus bel hommage. A.P.F. Boëly, Ed. Bleu Nuit, Paris, 2008, 175 p. >
piano privé. Orgues Nouvelles tient aussi à rendre hommage au très important
1858 Meurt pauvre et méconnu travail éditorial de Nanon Bertrand (voir p.8) et la remercie
le 27 décembre à Paris. B.F.S. chaleureusement de sa généreuse mise à disposition de partitions. G.G.
O

4 Orgues Nouvelles Automne 2008


temps de la re-naissance
Anniversaire Ses dons le prédisposaient pourtant au
succès et à la gloire : il lui suffisait de
Orgues Nouvelles se réjouit de naître
sacrifier aux feux du théâtre comme
avec un anniversaire emblématique :
Boieldieu ou Rossini, aux ruisselle-
celui de la disparition d’un grand
ments de la harpe Joséphinienne
musicien, Alexandre-Pierre-François
comme son propre père ou aux pasto-
Boëly (1785-1858).
rales et autres Jugements derniers de
J’ai bien dit un musicien, alors que la l’orgue Restauration. Rien à faire :
mémoire collective, basée sur le notre homme paiera son intransigeance
copier-coller de musicographes qui se – douloureuse pour lui, sympathique
recopient studieusement et vainement, au sens fort du terme pour nous –
ne fait guère état que de l’organiste. d’une audience certes prestigieuse
C’est à mon sens une grande myopie mais affreusement restreinte, de projets
(à moins que ce ne soit de la surdité !) éditoriaux certes réels mais éparpillés
que de passer à la trappe une œuvre et sans retombées financières appré-
plurielle, et ainsi d’invalider une ciables, d’une réputation fragile et
personnalité d’une grande richesse. condescendante qui autorisait les
A contrario, imaginons le paysage pires avanies (cf. son éviction de
musical parisien entre 1785 et 1858 Saint-Germain-l’Auxerrois).
sans Boëly ! Il y manquerait, non
Ensuite, l’édition de ses œuvres était
seulement le veilleur vigilant de Bach
si anarchique qu’elle avait de quoi A.P.F. Boëly, peint par Paul Delaroche
et du grand style contrapuntique, mais
décourager musicologues et inter-
aussi le passeur actif des trois Viennois fallu un trio Pasquier ou un quatuor
prètes. Ce n’est que depuis peu que
(Haydn, Mozart et surtout Beethoven Amadeus pour défendre un corpus
la lumière se fait, conduisant fort
avec qui il partage tant d’affinités élec- mince mais exigeant. Il faut donc appe-
heureusement à une appréciation
tives), le pianiste qui anticipait tout ler de nos vœux des interprètes conquis
beaucoup plus juste du musicien.
autant la “romance sans paroles” men- et engagés envers notre musicien.
delssohnienne que l’étude de Enfin, notre époque n’a pas encore
mesuré la qualité d’une œuvre, la frilo- Orgues Nouvelles apporte sa contribu-
bravoure lisztienne... Alkan, autre
sité des interprètes faisant le reste. Il tion en sollicitant des plumes expertes
misanthrope, se serait senti bien seul
aurait fallu un Alfred Cortot ou un afin de réhabiliter un musicien com-
avec son piano-pédalier, et il eût fallu
Sviatoslav Richter pour imposer, après plet que nos lecteurs auront plaisir à
attendre l’avènement d’un Franck
leurs fabuleux Franck, certains chefs- partager.
(dont on sait la lenteur à éclore !)
d’œuvre de Boëly, même s’il est vrai Et notre CD propose une mise en appé-
Réhabilitation que celui-ci n’a jamais atteint le souf- tit : il n’appartient qu’à toi, ô lecteur, de
Mais sur quoi repose donc le discrédit fle de Prélude, choral et fugue. Il aurait devenir auditeur – et plus, si affinités.
dont souffre Boëly ? – sauf envers les GEORGES GUILLARD
organistes qui, d’ailleurs, la plupart du
temps, ne jouent qu’un dixième de la
production !
La voie étroite
de la musique pure
D’une part, parce que notre musicien a,
comme le dit Brigitte François-Sappey,
choisi “la voie étroite de la musique
pure”. “Il passera en quelque sorte,
poursuit-elle, du classicisme finissant
au romantisme finissant, sans trouver
à s’inscrire avantageusement dans
l’époustouflante décennie 1830 de la
“Jeune France” et des “lions roman- Manuscrit de
tiques”. Jehan Alain
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Automne 2008 Orgues Nouvelles 5


Le souffle
Tableau de Claude Monet (1867).
A gauche , le beffroi et la mairie.

L’orgue
Chapeau

Il existe au cœur de Paris, face à la Grande


Colonnade du Louvre, une église prestigieuse,
l’une des plus anciennes de la cité et qui fut
paroisse royale durant tout l’Ancien Régime :
Saint-Germain-l’Auxerrois.
L’ensemble architectural qu’elle forme, depuis la
seconde moitié du XIXe siècle, avec son pendant
laïc, la mairie du Ier arrondissement, dont un
beffroi néogothique la sépare et impose aux
façades une rigoureuse symétrie, est bien connu
des Parisiens comme des innombrables visiteurs
qui se pressent aux abords du plus grand musée
du monde.
Mais, véritable cœur de Paris, l’édifice lui-même
est plus secret, bien que chargé d’histoire1, et
bien peu portent leur regard sur la vaste boiserie
blanche et or qui occupe la totalité de la largeur
de la nef au revers de la façade du monument et
abrite le grand orgue.
Une histoire bien mouvementée
On sait que l’orgue fut construit en 1770 par
François-Henri Clicquot (1728-1790), facteur
d’orgues du Roi, et son associé Pierre Dallery (1735-
1812), “conduisant les travaux du dit Clicquot”. Il
était initialement destiné à la Sainte-Chapelle du
Palais où il fut inauguré solennellement le 25 mars
1771 par Daquin et Balbastre. C’était un grand huit
pieds en montre, comportant 35 jeux répartis sur 4
claviers manuels et un pédalier.
Après la suppression du chapitre de la Sainte-
Chapelle et la fermeture de l’édifice royal le
12 juillet 1790, l’orgue fut heureusement racheté
par la paroisse de Saint-Germain-l’Auxerrois où
il fut remonté, un an plus tard exactement, par
Claude-François Clicquot (1762-1800), fils du
précédent, et le même Pierre Dallery. On crut
nécessaire, alors, d’y incorporer des tuyaux
provenant de deux autres instruments parisiens
récupérés de tribunes supprimées par la
Révolution2. L’organiste Lacodre, dit “Blin”,
fut nommé titulaire d’un instrument quasiment
neuf mais déjà refait en partie, de 36 jeux dont
la composition est connue grâce à deux rapports
établis en 1794 et 1795, notamment celui du
“citoyen Molard”, rapporteur de la Commission
temporaire des Arts.
Soit par manque d’argent, soit aussi parce que
l’installation à Saint-Germain fut faite avec hâte
– c’est vraisemblable3 –, soit enfin en raison des
vicissitudes liées à un édifice très malmené par

6 Orgues Nouvelles Automne 2008


de Boëly
l’histoire, s’engagent alors de nombreux petits
travaux destinés à remédier aux défaillances de
l’instrument prestigieux. Les années 1801, 1809,
1814, 1827 enfin, voient les Dallery intervenir sur
l’instrument pour des réparations urgentes ou
des transformations mineures. Louis-Paul Dallery
(1797-1875) entretiendra jusqu’en 1831 un orgue
encore représentatif de la grande facture pari-

de Saint-Germain-l’Auxerrois
sienne de la seconde moitié du XVIIIe siècle, avec
ses 2 209 tuyaux pour 36 jeux ordonnancés sur
4 claviers manuels, dont les deux principaux de
54 notes, et un pédalier de probablement 28
marches avec un ravalement au La0 pour les
anches.
En 1831, l’église est mise à sac et pillée. Fermée
jus-qu’en 1837, sa restauration complète ne sera
achevée qu’en 1855. Durant ces années sombres, le
grand orgue n’est pas épargné. Le 9 août 1838, une
commission est créée et chargée de “procéder à
l’examen dudit orgue et constater son état actuel”.
Membre de cette commission, Alexandre-Pierre-
François Boëly apparaît alors pour la première fois
autour de cette tribune4. Après mise en concurrence
des facteurs Abbey5, Callinet, Dallery et Daublaine,
de nouveaux travaux sont confiés à Louis-Paul
Dallery qui les terminera en 1840.
Ces travaux sont importants, puisqu’une nouvelle
soufflerie est construite à l’abri – enfin ! – des com-
bles du pavillon nord-ouest de la façade de l’église,
qu’un nouveau pédalier “à l’allemande”, demandé
expressément par Boëly, est posé en remplacement
de l’ancien, “à la française”, qui ne faisait alors plus
parler que 21 notes, que le Récit est augmenté de
deux notes au ténor, et que de nouvelles substitu-
tions de jeux interviennent dans la composition.
Mais la structure générale de l’instrument est tou-
jours la même, celle d’un grand huit pieds classique
de Clicquot, avec sa console en fenêtre commandant
notes et registres à la manière habituelle. Sur le plan
sonore, les mises au goût du jour successives ont été
faites avec des moyens limités, certains jeux étant
simplement complétés, d’autres fournis à neuf ou
encore récupérés d’un fond d’atelier.
Boëly est nommé officiellement titulaire, le 1er août
1840, à l’âge de 35 ans, et assure aussitôt la récep-
tion des travaux.
La période de 1840 à nos jours sera traitée dans le N° 3.
PIERRE DUMOULIN
Ancien chargé de mission pour les orgues à l’ARIAM Ile-de-France
Ancien expert organier auprès du ministère de la Culture-DMDTS
Membre de la Commission diocésaine des orgues de Paris

1 Dans le clocher subsiste notamment la cloche qui donna le signal


des massacres de la Saint-Barthélemy, la nuit du 23 au 24 août 1572.
Prénommée Marie, elle avait été bénite par François Ier en 1527.
2 Des tuyaux de Clicquot (église Saint-Honoré du Louvre, 1779), ou
d’Adrien II Lépine, son beau-frère (chapelle de l’École Militaire,
1773) ! On reste dans la famille…
3 La soufflerie fut longtemps installée à l’extérieur de l’église, dans
un appentis en bois placé sur la terrasse du porche !
4 Au cours des années précédentes, il avait fréquenté, assez régu-
lièrement semble-t-il, la tribune de Saint-Gervais, à Paris, où il
suppléait souvent l’organiste, Mlle Bigot, nommée en 1834 à la mort
de Marrigues, autre musicien versaillais comme lui. L’instrument
célèbre des Couperin possédait alors également 36 jeux.
5 La paroisse confiera à ce facteur la construction de l’orgue de
chœur de 9 jeux, par marché du 5 juin 1838 et réceptionné en 1839.
Automne 2008 Orgues Nouvelles 7
L’ Intégrale des partitions
Le point de vue de l’éditeur
Historique pas remarqué qu’il existait plusieurs ver- l’œuvre par types – ce qui conduit à terme
Publimuses (sous label Société de sions d’une même pièce. à “casser” certains opus.
Musique Française du XIXe siècle) s’est • Tout un ensemble de pièces demeurées La recherche systématique des sources et
spécialisée dans la résurrection du réper- à l’état de manuscrit, pièces sur le plain- leur description sont effectuées pour
toire français du XIXe siècle : claviers, chant, versets... chaque pièce, les provenances étant
petits ensembles, musique religieuse, Une partie des sources se trouve à la ensuite reportées lors de la présentation
priorité étant donnée à l’orgue. Elle a Bibliothèque nationale de France (majo- du volume.
rendu accessible l’œuvre d’orgue de rité des sources imprimées, de rares Toutes les variantes, manuscrites ou édi-
Benoist, qui a formé nombre d’orga- manuscrits) ou à la Bibliothèque munici- tées, sont proposées au “lecteur”, ce der-
nistes-compositeurs (Alkan, Franck, pale de Versailles, à qui la famille de nier pouvant ensuite opérer son propre
Saint-Saëns, Dubois...), celle d’A. Chauvet, Boëly fit don des manuscrits et esquisses choix en connaissance de cause. Afin de
les pièces de Louis Niedermeyer, dont le du compositeur en 1860. Malgré cela, il y ne pas surcharger le texte musical par
nom reste attaché à son école fondée en a de part et d’autre des lacunes majeures, des ossias, des notes, si deux sources
1853, les Études de Sigismond Neukomm, soit que le dépôt légal ait été omis, soit contradictoires existent, avantage est
qui constituent, dans les années 1830, une que certaines partitions aient disparu des donné à la version éditée (pour celle
fonds des bibliothèques, soit encore que publiée du vivant de Boëly, partant du
entreprise originale dans un genre qui,
certains manuscrits aient sombré corps et principe qu’il a donné sa caution), les
contrairement au piano, ne fait guère
biens après la gravure ou lors des rachats autres textes étant donnés à la suite, dans
recette à l’orgue... un corps inférieur. Lorsque les manus-
successifs de fonds éditoriaux (Richault ?
Forte de son expérience, Publimuses s’est Costallat ? Billaudot…). Les sources man- crits sont accessibles, ils sont également
attelée à un ouvrage incontournable : quantes doivent être cherchées ailleurs : présentés.
l’édition critique de l’œuvre pour clavier les collections privées ou publiques en L’éditeur n’opère donc aucun choix, il
d’A.P.F. Boëly, entreprise gigantesque par France (Dieppe), à l’étranger (Londres, montre, il donne.
la diversité et le déclassement des sources. British Library ; Boston, Public Library). Ainsi qu’il est dit plus haut, le principe du
Un tel projet exige réflexion. De plus, depuis l’anthologie rassemblée classement par genres a été adopté :
Car au-delà de la personnalité de Boëly – par Guilmant ou l’édition des Préludes sur offertoires, pièces pour le temps de Noël,
parfois qualifié de “Bach ressuscité” –, de des cantiques de Denizot par Saint-Saëns, pièces pour harmonium, messes et ver-
sa place dans l’histoire de la musique jusqu’à l’ébauche d’édition dirigée par sets, hymnes et versets, etc. En outre, afin
française, de son parcours singulier, il y a Norbert Dufourcq, en passant par des d’être en harmonie avec l’évolution de
sa musique de chambre et de clavier, petits recueils à usage liturgique restreint l’interprétation, on a renforcé les textes
nourrie par l’étude des classiques et les (harmonia, Willemsen, Dover) ou des en restituant mélodies et plains-chants :
influences de ses contemporains, lui pièces présentées isolément dans des Denizot, Messe de Noël, chorals, hymnes.
conférant une grande originalité, mélan- périodiques (Le Journal des organistes, La Conclusion
ge subtil de classique et précurseur. Maîtrise, L’Organiste), il n’existe aucune
édition complète, et aucune démarche Avec ce travail, exigeant discernement et
Et force est de constater qu’il n’existe détermination, nous proposons une lec-
aucune édition “définitive” de son œuvre. critique n’a même été tentée. Aucune
remise en question n’ayant été effectuée, ture ininterrompue d’une œuvre mal
Les sources les textes ont toujours été réimprimés comprise en son temps, excepté de
avec les mêmes erreurs ! quelques connaisseurs.
Que trouve-t-on ? Pour ne citer que la
musique d’orgue, on peut isoler trois Reste ensuite le problème des manuscrits C’est à ces derniers que revient la faveur
grands ensembles : encore inédits à ce jour. d’exposer la nécessité d’une publication
exhaustive : “M. Boëly résume en lui, sous
• Les opus parus du vivant de Boëly, 9 à 12, Principes d’édition le double rapport de la composition et de
14, 15, qui regroupent les pièces destinées Afin de ne pas répéter une fois de plus les l’exécution, la science et le talent de J.S.
à la liturgie et l’op. 18, qui contient les mêmes erreurs et faire connaître les Bach, de Haendel et de Couperin le
grandes pièces les plus fréquemment sources inédites, il a été décidé de classer Grand.” , “Boëly […] harmonisait dans
jouées à l’orgue, mais probablement desti- son exécution et dans les ouvrages qu’il
nées au piano-pédalier. publiait, le style de l’école française par le
• Un grand nombre de pièces assez brèves
Alexandre Pierre François Boëly
(1785-1858)

Œuvres complètes pour orgue


choix des jeux […] et le style allemand,
déclassées et publiées dans le désordre par Vo l u m e I I

Les Pièces de Noël


par un travail contrapuntique et un déve-
Richault après la mort de Boëly. Pour
Édition Nanon Bertrand-Tourneur et Henri de Rohan-Csermak
Avec la participation de Georges Lartigau
Avant-propos de Brigitte François-Sappey loppement de l’idée musicale dont ses
preuve, les doublons que l’on trouve dans contemporains offraient de trop rares
certains de ces opus “factices” constitués exemples.”
par Richault, ce dernier n’ayant sans doute PBM 33.01 Éditions Publimuses ™

NANON BERTRAND
O

8 Orgues Nouvelles Automne 2008


L’art de la fugue... et de la surprise
Un manuscrit extraordinaire
J’ai déjà raconté1 la bienheureuse trou-
vaille et l’intérêt qui se rapporte à ces
nique rudimentaire de l’organiste fran-
çais classique (Marchand excepté).
Ma rencontre avec Boëly
C’est en 1983 dans une brocante en
deux rescapés de la bibliothèque de Exemple musical ci-dessous.
Boëly, signalés fort heureusement par la région parisienne que je devais faire la
petite-fille d’Eugène Sauzay, gendre de
La terminaison connaissance de Boëly. En effet, deux
Baillot. Afin que mon lecteur reste sur le de L’Art de la Fugue gros volumes manuscrits rectangulaires
qui-vive, qu’il sache que dans le 2e volume Surprise éblouissante : “dans le dernier gravés sur la tranche “J.S. Bach”, atti-
se trouve la mention de la main même de contrepoint inachevé, Boëly clôt sa copie, rent mon attention. Je les acquière pour
Boëly : “La 6e suite (dite Anglaise) se mes.233, sur la demi-cadence de l’édition la modique somme de 50 francs !
trouve dans un de mes livres Marqué C”. originale, ignorant manifestement l’ultime Jeune étudiant en musicologie,
Il reste ainsi à découvrir un volume C – combinaison contrapuntique proposée par j'admire alors l’écriture précise et
d’autres même, pourquoi pas ? ! Bach en six mesures supplémentaires. Puis soignée de celui qui, encore inconnu
Détectives amateurs, à vos brocantes ! il change de plume (timidité ? scrupule ?), de moi, a recopié des œuvres du
J’évoquerai simplement ici les deux et d’une belle encre rouge, il noue en Maître, dont L'Art de la Fugue.
richesses offertes par ces volumes. 67 mesures l’écheveau de sa propre A la fin de celle-ci, je découvre avec
conclusion”.2 émotion, deux pages écrites à l'encre
Les mentions organistiques
Surprise si éblouissante que le Bach- rouge et ces indications : en haut à
Le premier volume est donc une copie Jahrbuch se refuse toujours à en faire gauche “Bach n'a pas été plus loin”
manuscrite par Boëly de Six préludes et état dans sa publication. Il est vrai que le et en bas à droite “Terminé par
fugues (BWV 543-548), de la toccata Parisien anticipe de quelque cinquante A.P.F. Boëly en l'année 1833”.
dorienne (538) et des Six sonates en trio années la plus ancienne connue, alle-
(525-530). La datation de cette copie est Mes quelques histoires de la musique,
mande n’est-ce pas, celle de Gustav encore neuves, m'apprennent l’homme,
heureusement avérée par la mention Nottebohm (1880) ! D’ailleurs il n’est pas
concluant l’achèvement de L’Art de la ce fils de musicien, l'organiste et com-
tenté, comme ce dernier, par la superpo-
Fugue “Terminée par A.P.F. Boëly en l’an- positeur, et par ces présents recueils
sition des quatre sujets. Il s’en tient aux
née 1833”. L’exceptionnelle propreté de trois sujets noués avec adresse, au prix qu'il est comme beaucoup “un enfant
la copie n’en rend les ajouts de Boëly que de quelques anachronismes d’écriture de Bach”. Mes entretiens successifs
plus précieux. Ils sont de deux ordres : (nous sommes en 1833 !) et de quelques avec Georges Guillard (qui publiera
• tempi métronomiques pour 3 pièces jolies contorsions (le thème B.A.C.H. perd plus tard un article de référence
- Prélude en la mineur (543, noire = 63), toute relation avec l’alphabet allemand dans la revue L’Orgue) et Brigitte
- Fugue en la mineur (543, croche = 92 ), pour ne plus devenir qu’un contour François-Sappey, spécialiste de Boëly,
- Prélude en mi mineur (548, noire = 72). mélodique expressif). me conduisent à en faire don à la
Grâces soient rendues à Bruno Marq qui bibliothèque de Versailles afin qu'ils
Tout organiste qui essaiera ces tempi ne
a sauvé ces touchants documents. puissent revivre et sortir de l'oubli.
manquera pas d’être surpris ! Mais si l’on
estime l’emploi plausible du métronome GEORGES GUILLARD BRUNO MARQ
de Maelzel, ces indications (encore une 1 Revue Internationale de musique Française Flûtiste à l'Orchestre Régional Bayonne-Côte basque,
fois écrites au début des années 1830) (R.I.M.F), n° 20, juin 1986, pp.77-88 professeur au conservatoire de Dax et membre du
sont fort instructives et donnent à penser 2 id., art.cité, p.87 trio Aquilon (flûte, saxophone et orgue)
aux interprètes modernes – en particulier
celle concernant la fugue en la mineur !
On comparera avec intérêt les proposi-
tions de Griepenkerl (premier éditeur
chez Peters de l’œuvre d’orgue en 1844) :
- Prélude en la mineur (noire = 60),
- Fugue en la mineur (croche = 120),
- Prélude en mi mineur (noire = 60).
• des doigtés de pédale inscrits dans le
Prélude et fugue en si mineur (BWV 544) et
dans le Prélude en ut majeur (BWV 545)
montrent à l’évidence un jeu moderne,
rationnel, utilisant pointe et talon, ainsi
que la substitution des deux pieds sur
une même note, bien éloigné de la tech-
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Automne 2008 Orgues Nouvelles 9


Du clavecin au piano...
Le passeur Boëly
En 1985, pour le bicentenaire de Du monde des idées à celui de la musique, Boëly put déployer les aspects très divers
la naissance de Boëly, l'Institut de comment se traduisit le passage de l'idéal de son génie. On redécouvrait que Boëly
Musique et de Danse Anciennes “baroque” à l'idéal “classique”, puis ne fut pas seulement “le plus savant
d'Ile-de-France publia un numéro romantique ? A quelles sources s'abreuve organiste de Paris”, mais que sa musique
spécial de sa revue Les Goûts-réünis. le remarquable éclectisme de Boëly, capa- de piano, sa musique de chambre, ont un
D'éminents spécialistes (Brigitte ble d’assimiler avec un égal bonheur des intérêt au moins égal à celui de son
styles en apparence si dissemblables? œuvre d’orgue. Les Trente Caprices op. 2
François-Sappey, Jean Mongrédien,
Comment évoluèrent les formes musicales, paraissaient en fac-similé chez Minkoff,
Joël-Marie Fauquet) y parlèrent de en même temps que l'instrument à clavier
Boëly et de son temps. Pour ma part, les Sonates étaient enregistrées par Arion
lui-même, sa facture, sa technique? Quelle sous les doigts de Jacqueline Robin-
je tentai de tracer une brève histoire fut l'importance de Paris, capitale de l'édi- Bonneau au piano, de Pierre Bouyer au
de la musique de clavier en France, tion et de la facture instrumentale, lieu de piano-forte (lui-même vint les jouer
des derniers feux du clavecin jusqu'au passage obligé – ou résidence – des grands à Versailles l’année du bicentenaire, à
triomphe du piano, afin de situer virtuoses internationaux? l’invitation de Philippe Beaussant).
l'environnement dans lequel a pu Orgues Nouvelles me fait aujourd’hui Orgues Nouvelles ayant décidé de repro-
s'épanouir le génie de ce grand l’honneur de rééditer ce texte. On remar- duire cet article in extenso1 le texte n’en
pianiste-organiste-compositeur. quera d’emblée qu’il n’y est pratiquement
a pas été modifié. La conclusion serait à
pas question d'orgue : fait inattendu, alors
réviser, au moins sur un point : on ne
qu’on rend hommage à un organiste de
grande réputation. Mais ce n'est ni un pourrait plus, aujourd’hui, “ne voir dans
hasard ni un oubli. La partie du travail l'orgue romantique qu'une grande paren-
concernant l’orgue eût été instructive thèse dans l’histoire de l'instrument à
et passionnante, mais Les Goûts-réünis tuyaux”. Notre connaissance, notre vision
réservaient cette contribution à l’un de nos de l’orgue romantique, puis sympho-
collègues, et le projet ne se réalisa pas nique, ont considérablement changé en
(seule parut une brève note technique vingt ans, avec les progrès de la facture,
sur l’orgue de Boëly à Saint-Germain- la restauration de nombreux instruments,
l’Auxerrois). et l’intérêt croissant des jeunes généra-
A l’époque – 1985 –, ce texte souhaitait tions pour cette esthétique. L’importance
attirer l'attention sur un monde musical de la révolution romantique-symphonique,
extraordinairement vivant, au sein duquel quelles qu’en soient par ailleurs les consé-
quences désastreuses pour le patrimoine
des orgues “baroques”, est aujourd'hui
pleinement reconnue.
N’étant qu’une toute première approche
– un survol, pourrait-on dire – d’un très
vaste sujet, cet article ne visait nullement
à serrer de près l’actualité musicolo-
gique. La plupart des références ren-
voient à des ouvrages anciens, et nombre
d’entre elles permettent d'apprécier, une
fois de plus, l'excellence des travaux
parus dans la première moitié du XXe siè-
cle, véritable âge d’or de la musicologie
française. A ce titre, j'espère qu’il sup-
portera d’être relu plus de vingt ans
après sa parution. Je remercie Philippe
Beaussant d’en avoir suscité la publica-
tion lorsqu’il dirigeait l'Institut de
Orgues 1 Le
Musique et de Danse Anciennes qu'il
Nouvelles lecteur est invité à
découvrir l’intégralité de avait fondé, et Georges Guillard qui lui
ce texte passionnant dans Clavecin fin XVIIIe s. donne aujourd’hui une nouvelle jeunesse.
voir p.51 le CD joint à ce numéro. Musée d’Auch
RENÉ DELOSME
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10 Orgues Nouvelles Automne 2008


...et à l’harmonium et l’orgue expressif
En quête d’expression et l’harmonium
Couperin déjà, reconnaissant l’incapa- Alexandre, sans oublier le Poïkilorgue de
cité du clavecin à “enfler ny diminuer ses Cavaillé-Coll.
sons”, admirait “ceux qui par un art • Avec pression constante de l’alimenta-
infini, soutenu par le goût, pouront ariver tion initiale, variation de la pression lors
[sic] à rendre cet instrument susceptible de l’introduction du vent dans le tuyau.
d’expression”. Cet “art infini, soutenu par L’expression se fait ainsi, comme au piano,
le goût”, ne suffira plus avec le dévelop- par la pression du doigt sur la touche.
pement du pianoforte à ceux qui, comme C’est le système de Sébastien Erard (brevet
Rousseau, pensent que “la musique, en du 7 mai 1830 “pour un sommier avec les
imitant la variété des accens et des tons, soupapes applicables à l’orgue afin de le
doit donc imiter aussi les degrés intenses
rendre susceptible d’enfler ou de dimi-
ou remisses de la parole, et parler tantôt
nuer le son au simple toucher” – on
doux, tantôt fort, tantôt à mi-voix”. Alexandre-Pierre-François Boëly étant
remarquera le réemploi des termes
Dès la fin du XVIIIe siècle, quelques fac- mêmes de Couperin). mort en 1858, a donc pu être au cou-
teurs d’orgue tenteront de vaincre ou de rant des prototypes de Grenié, Erard,
• A pression constante, enfermement des ainsi que du Poïkilorgue de Cavaillé-
déguiser l’inertie foncière du son de l’ins-
tuyaux dans une boîte ouverte par des Coll. Il avait dû connaître les orgues
trument pour le rendre “expressif”. On
peut distinguer le recours à trois procédés : jalousies laissant plus ou moins passer le expressifs, puis l’harmonium de
son. C’est la “boîte expressive” promue Debain sous sa forme la plus musi-
• Variation de la pression de l’alimen- par Cavaillé-Coll, et actionnée par une
tation en vent et, pour ce faire, emploi cale, celle de salon. Il avait pu enten-
pédale à cuiller. dre l’Orgue-Melodium d’Alexandre
des anches libres, seul moyen d’éviter
l’altération du timbre avec la variation de • On devrait ajouter, pour être exhaustif, en 1843, dans les salons de la com-
l’alimentation. C’est le système de Grenié la Walze (“rouleau”) de l’orgue allemand, tesse de Ségur, et il ne pouvait pro-
(brevets du 23 juin 1810 et du 22 janvier qui ajoute progressivement les jeux, si bablement pas ignorer les écrits
1816), qui donne naissance à l’instrument l’on n’avait décidé de se cantonner ici à d’Hector Berlioz vantant cet instru-
répandu sous le nom d’Harmonium, l’orgue français. ment d’Alexandre dès 1844.
développé par les maisons Debain et HENRI DE ROHAN-CSERMAK En tout cas, Boëly a signé1 le 3 juillet
1846, à 61 ans, en tant qu’organiste
de Saint-Germain-l’Auxerrois – ainsi
Ci-dessous, le célèbre Poïkilorgue de Extrait de l’édition des œuvres complètes pour qu’un aréopage de musiciens dont rien
Cavaillé Coll (1833), et en haut à droite, orgue de Boëly (vol. IV, p.13) par Publimuses et moins que six membres de l’Institut,
un harmonium Alexandre (1844) la Société de Musique Française du XIXe siècle.
Voir page 9.
et des personnages connaissant bien
l’orgue expressif et l’harmonium
Cet article n’eût pas été possible sans (H. Berlioz, L.J.A. Lefébure-Wély, A.
les recherches capitales de Michel Cavaillé-Coll) – un témoignage d’ap-
Dieterlen et, en particulier, sans son préciation de l’Anti-phonel-Harmonium
étude sur “L’Orgue expressif
de la maison d’éducation de Debain, mécanisme à manivelle
de la Légion et à planchette à ergots, permettant,
d’Honneur de posé sur un clavier, la reproduction
Saint-Denis”, fidèle des accompagnements de
in La Flûte
harmonique
plain-chant. Ce procédé devait ren-
n° 17, 1981. dre de fameux services aux
paroisses rurales dépourvues d’or-
ganistes !
A ce titre, A.P.F. Boëly doit être admis
comme un des plus anciens au
Panthéon des compositeurs pour
Alerte ! Ne l’oubliez pas ! Il dort peut-être
dans une chapelle de votre église. C’est l’har-
orgue expressif et/ou harmonium,
monium, qui a connu ses heures de notoriété même si les partitions ont été
au XIXe s. et dont les qualités (solidité, fiabi- publiées à titre posthume.
lité de l’accord, expression) en font un instru- MICHEL DIETERLEN, 2003
ment attachant, à préserver à tout prix. J.L.P. 1 La France Musicale, N° 7, 15 février 1846, p. 54
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Automne 2008 Orgues Nouvelles 11


Entretien avec Eric Lebrun
L’orgue de Boëly au disque
O.N. – Anniversaire oblige, une intégrale de petits trésors de notre patrimoine. Boëly tions réalisées par Kern, Cattiaux et Villard.
son œuvre d’orgue par vos soins est naturel- est un jalon indispensable de notre école – Vous avez inclus l’harmonium dans votre
lement la bienvenue. Comment se présentait d’orgue française. Songez que des opus enregistrement. N’avez-vous pas été tenté
la discographie avant votre production ? entiers comme les Cantiques de Denizot par le piano-pédalier ?
E.L. Evoquons d’abord l’Andante con moto opus 15 ou les Douze pièces opus 18
Bien sûr que si. Nous avons tous deux prati-
en sol mineur par Eugène Gigout, puis n’étaient toujours pas enregistrés : c’était
qué le piano avec enthousiasme, il y a une
longtemps après, le disque de Daniel Roth une injustice criante !*
vingtaine d’années. Mais pour enregistrer
à St-Merry, premier microsillon consacré à Par ailleurs, Boëly a écrit son œuvre sur sur un tel instrument, il faut être avant tout
Boëly. Suivent, en 1974, l’étonnant disque une période fascinante : le premier essai, un vrai pianiste, doublé d’un organiste
de Jean Boyer sur le Clicquot de N.D.-des- d’abord sous forme de quatuor à cordes habile…
Champs à Paris, puis une petite anthologie date de 1804, le dernier de quelques – En faisant abstraction du contexte histo-
au sein du Livre d’or de l’orgue français semaines avant sa disparition en 1858. Il rique dans lequel vivait Boëly, quels traits
d’André Isoir. Plus récemment Thomas fut le témoin privilégié de l’évolution de vous paraissent le mieux caractériser ce créa-
Schmögner a signé sur l’orgue de St- notre facture d’orgues, des plus beaux ins- teur ?
Maximin une sélection d’œuvres souvent truments de Clicquot, aux grandes
peu jouées, cependant que François “machines” de Cavaillé-Coll. Son œuvre En plus des qualités déjà citées, j’en cite-
Ménissier a réalisé dans les mêmes années d’orgue porte, de manière un peu disper- rais volontiers cinq : la haute conscience
un disque somptueux alternant plain- sée, mais patente, les traces de ce parcours de son art, le raffinement de l’écriture, le
chant et deux orgues (N.D.-de-la-Daurade étonnant. Précisons que la moitié de ses refus de compromis, la grande connais-
à Toulouse et Dole). Enfin, il y a deux ans, partitions a été éditée dans le désordre le sance des classiques, la discrétion enfin.
la Messe du Jour de Noël a été enregistrée plus complet, juste après sa mort. – Boëly pianiste et chambriste vous paraît-il
intégralement par Jean-Christophe Revel – Justement, l’édition de Boëly est encore sujette inférieur à l’organiste ?
et Josep Cabré (plain-chant) à l’orgue de à discussion. Quels ont été vos priorités ? Pas du tout ! Certaines pièces pour piano,
Rivesaltes. comme les Sonates op. 1 sont très proches
Nous avons tout réuni (éditions d’époque,
– Compte tenu de la disparité de l’œuvre copies des manuscrits, versions pour le des sonates de Beethoven, d’autres, à peine
d’orgue de Boëly, une “intégrale” se justi- piano, anthologie de Guilmant, toutes les plus tardives, évoquent le style à venir de
fiait-elle et pourquoi ? éditions modernes), et comparé systémati- Chopin et Mendelssohn. Beaucoup de
C’était une nécessité absolue ! D’abord, quement tout ce que nous avions réuni pièces pour piano ont été arrangées pour
sur 250 partitions, aucune n’est négligea- grâce à Brigitte François-Sappey. Grâces l’orgue plus de trente ans plus tard. Sa
ble, car chacune possède un charme parti- lui soient rendues ! Il y des erreurs même musique de chambre est superbe : n’ou-
culier, une élégance harmonique et mélo- dans les éditions d’époque. Il suffit de se blions jamais qu’il était altiste, et qu’il a col-
dique, un sens de l’orgue, qui en font des pencher sur les versions pianistiques pour laboré avec Baillot à la création en France
s’en persuader. Les magnifiques des quatuors de Beethoven !
recherches de Nanon Bertrand pour la – Quels conseils donneriez-vous aux orga-
Société Française de Musicologie nous ont nistes souhaitant inclure du Boëly dans
été précieuses. leurs programmes ?
– Les registrations souvent proposées par De se laisser guider d’abord par leurs pen-
Boëly, ne simplifient pas les problèmes chants personnels. Ce coffret permettra
d’exécution. Qu’est-ce qui a guidé vos choix peut-être à de nombreux confrères de
d’instruments ? découvrir des aspects inattendus de ce
Compte tenu du parcours atypique de ce grand musicien. Il y a chez lui de nom-
compositeur, nous sommes donc partis breuses influences (Couperin, Scarlatti,
d’un orgue classique français avec grand Bach, Haydn, Clementi, Beethoven,
ravalement (cathédrale de Sarlat), pour Schubert, Mendelssohn) qui troublent
aboutir à un Cavaillé-Coll à la palette certes son identité, mais permettent d’in-
sérer facilement cette musique dans des
variée, en passant par plusieurs instru-
programmes variés et sur des instruments
ments de la période 1830-1850, sans
très différents. L’écriture de Boëly “sonne”
oublier la présence discrète du bel harmo-
toujours, que l’instrument soit grand ou
nium de l’église d’Auvers-sur-Oise. Nous
petit, classique ou romantique, allemand
avons enfin sollicité deux orgues récents
Marie-Ange Leurent et ou français.
Eric Lebrun interprètent d’Yves Fossaert, l’un classique (Claye-Souilly), Orgues
Nouvelles

Boëly à l’orgue l’autre dans l’esthétique 1840 (Rocheser-


de Saint-Antoine vière). D’une manière générale, ce coffret * A ce sujet, voir la
des Quinze-Vingt voir p.51
Photo Bayard Musique est aussi un hommage aux belles restaura- discographie Boëly sur le CD
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12 Orgues Nouvelles Automne 2008


Texte extrait de Les Goûts-réünis, A.P.F. Boëly 1785-1985. Texte intégral inclus dans le CD mixte.
Orgues
Nouvelles
Paris 1800-1860
voir p.51 Aperçus de la musique de chambre
Le nom de Boëly est intimement associé au le violoniste Pierre Baillot1, entouré de quatre Le piano triomphant
violoniste Baillot. Il convient ainsi de ne jamais musiciens de métier, créait des séances L’autre cause de cette mutation de la consomma-
oublier que l’organiste Boëly avait plusieurs payantes de musique de chambre. tion musicale, c’est l’extension spectaculaire,
cordes à son arc, et singulièrement celles de L’essor du professionnalisme amorcée dès avant 1830, d’un instrument nou-
l’alto, en compagnie du célèbre violoniste ! veau : le piano. Pour l’amateur de 1830 qui n’est
grâce à Pierre Baillot
Les histoires de la musique oublient malheu- ni un virtuose ni un compositeur, le piano offre
reusement trop souvent, durant la première Cette date historique marque le moment où, d’abord des possibilités de réduction et d’adapta-
moitié du XIXe siècle, la musique de chambre, d’une façon irréversible, le professionnalisme tion mettant à la portée d’un seul exécutant tous
domaine privilégié où des amateurs exercent musical prend le pas sur l’amateurisme, au les genres de musique qui en exigent plusieurs.
leur talent, souvent épaulés par un musicien sens le plus complet du terme. Ainsi les ama- Brisant le cercle élitiste du quatuor ou du quin-
de métier. Et la base du répertoire est essen- teurs vont cesser progressivement de jouer et tette à cordes, le piano symbolise les aspirations
tiellement le quatuor ou le quintette à cordes. vont payer pour écouter des œuvres exécutées de la bourgeoisie en plein essor. “Il y a trente
avec une perfection à laquelle ils ne peuvent
Le quatuor à cordes ans, écrit Maurice de Vaines en 1846, on appre-
plus prétendre.
nait la musique : aujourd’hui on apprend le
comme métaphore de la société Cette inversion de la relation avec la musique piano. [...] Dans les salons, le piano est resté maî-
Dans ses Lettres sur Haydn (1814), Stendhal est due à plusieurs causes dont la principale tre de la place. La musique de chambre [...] est
écrit qu’une femme d’esprit, en entendant les est la difficulté technique, constatée par plu- morte d’épuisement”. Pour cet amateur, c’est
quatuors de ce musicien, “croyait assister à la sieurs contemporains, des œuvres de chez Eugène Sauzay, le gendre de Baillot, que
conversation de quatre personnes aimables. Beethoven notamment, dont la diffusion s’élar- survivent les traditions de la musique d’ensemble
Elle trouvait que le premier violon avait l’air git à cette époque. Il en résulte une évolution et l’art des anciens maîtres : “...A la fin de la soi-
d’un homme de beaucoup d’esprit, de moyen sensible de la notion de répertoire. En effet, rée, quelques initiés prient bien fort M. Boëly, le
âge, beau parleur, qui soutenait la conversa- l’exécution répétée d’un certain nombre de plus savant organiste de Paris. Il joue Bachet
tion dont il donnait le sujet. Dans le second vio- partitions appartenant à un passé plus ou Couperin”4. Le piano est absent par exemple des
lon, elle reconnaissait un ami du premier, qui moins récent, reconnues comme ayant valeur séances de Baillot qui reste fidèle à la conception
cherchait par tous les moyens possibles à le d’archétypes, va contribuer à enraciner germanique de la “musique pure”. Mais le piano,
faire briller, s’occupait très rarement de soi, et l’image référentielle du classicisme qui retar- énergiquement soutenu par les facteurs Erard,
soutenait la conversation plutôt en approuvant dera la diffusion des musiques nouvelles. En se Pleyel ou Herz, envahira promptement la littéra-
ce que disaient les autres qu’en avançant des constituant en 1828, la Société des concerts du ture et les salons.
idées particulières. L’alto était un homme Conservatoire, formée de musiciens profes- Que ce soit par l’origine sociale de son public,
sionnels, entendra offrir à ses abonnés une par les conditions de son exécution, par son
solide, savant et sentencieux. Il appuyait les
exécution fidèle et exemplaire des symphonies répertoire même, la musique de chambre à
discours du premier violon par des maximes
classiques et, particulièrement, de celles de Paris, face au théâtre lyrique ou au piano, reste
laconiques mais frappantes de vérité. Quant à
Beethoven. Elle sera le modèle reconnu des donc assez marginale. Mais elle jouira cepen-
la basse, c’était une bonne femme un peu
futures sociétés de quatuors. dant d’une splendide résurgence après 1870.
bavarde, qui ne disait pas grand-chose, et
cependant voulait toujours se mêler de la Baillot, véritable initiateur de la musique d’en- JOËL-MARIE FAUQUET, 1985
conversation. Mais elle y portait de la grâce et, semble en France2, donna 154 séances
1 Brigitte François-Sappey Pierre Marie François de
pendant qu’elle parlait, les autres interlocu- publiques de quatuors et de quintettes de 1814
à 1840 (avec une préférence pour Boccherini, Sales Baillot (1771-1842) par lui-même in Recherches sur
teurs avaient le temps de respirer.[...]”. la Musique française classique, XVIII, 1978, p.127 et suiv.
Haydn et Mozart). Nombre de ses élèves crée-
Ce jeu dialectique fait ainsi percevoir le qua- ront, à son exemple, des sociétés de quatuors.
2 Joël-Marie Fauquet, Les sociétés de musique de

tuor où chaque instrument représente un com- chambre à Paris de la restauration à 1870, Paris,
portement ou un type social, comme l’image A la mort de Boëly en 1858, Paris possède qua- Aux amateurs de Livres (1985)
d’une société en miniature, avec sa hiérarchie, tre sociétés de quatuors à cordes qui jouent de 3 Maurice de Vaines, Du goût musical en France in
janvier à avril. Il faut y ajouter les artistes qui, La Revue nouvelle, juillet 1846, p.108.
ses préséances. en assez grand nombre, donnent dans leur 4 Sauf pour les séances du 31 janvier et du 7 février
Le 12 décembre 1814 exactement, alors que salon des matinées ou des soirées hebdoma- 1835, où Baillot joua les sonates BWV 1016 et 1014 de
les Bourbons venaient de reprendre le pouvoir, daires de musique de chambre. Bach, accompagné par Ferdinand Hiller.

Pierre Baillot
dessiné par Ingres

Soirée de musique, Achille Duveria, Paris vers 1850


Haydn joue avec un quatuor à cordes.
O

Lithographie XIXe siècle.


Automne 2008 Orgues Nouvelles 13
Eléments de langage musical
I observe that there is a good deal of éloignée est une manière de créer une sur- ou cinq claviers. François Ménissier et
German music on the programme, which prise à l’endroit de la forme où il est le plus Vincent Genvrin (actes du colloque de la Sor-
is rather more to my taste than Italian or French. difficile de moduler : le pont de la réexposi- bonne) ont détaillé la pratique de registration
It is introspective, and I want to introspect.
tion. Cette haine de la platitude se traduira en de Boëly sur ce type d’instruments, conforme
Sir Arthur Conan Doyle, The Red-Headed League d’autres termes dans son harmonisation chro- aux habitudes de sa jeunesse et fort proche de
Dès son vivant, et tout particu- matique du cantique de Denizot op.15 n°10. celle de Lasceux. Mais à partir des 14 Préludes
lièrement comme organiste, op.15, Boëly abandonne subitement toute
Boëly a été enfermé dans une Vers une musique “pure”
indication de registration, sauf très vague
dialectique tradition/modernité Sous l’influence sans doute des retrouvailles (“Péd. de trompette ou de Clairon une 8ve plus
qui, comme Schönberg l’a avec Bach et Haendel, Boëly évolue vers un bas” dans le Cantique VII, “à deux Claviers”
démontré pour Brahms et monothématisme bien compréhensible dans
pour le cantique X, qui suggère une registra-
Mozart, relève du poncif. Il les pièces courtes (études ou versets), plus
tion de quatuor à la française, et le mystérieux
serait dommage que l’identifica- étonnant dans les grands mouvements de
“Organo pieno” pour le dernier) : au point
tion de ses sources stylistiques l’op.18. Néanmoins, l’emprise de la forme
sonate demeure jusque dans le plan tonal des qu’il supprime de l’op.18, en le préparant
(Beethoven, Bach, les Couperin)
autres formes. Ainsi, les ABA’ de la Fantaisie pour l’édition, toute indication de registration
et de son rôle dans l’esthétique
de la musique d’orgue occultent ce que son n°8 et de la célèbre Fantaisie et fugue n°6 de ce qui fut, dans le manuscrit antérieur, un
langage a de singulier, dans ses fondements et montrent-elles une première partie modu- cromorne en taille. Attribuer cet abandon de
dans son évolution. On pardonnera aux lante tonique-dominante, une partie centrale la registration au piano-pédalier serait léger :
quelques pistes qui suivent de s’exprimer dans une tonalité éloignée, mais qui ramène de nombreux croisements dans l’op.18 entre
dans des termes forcément quelque peu tech- progressivement vers le ton principal – B tient main gauche et pédale suggèrent que Boëly
niques. donc lieu de développement – et un faux avait en tête le 16’ de l’orgue. En revanche,
Da capo qui présente les éléments sur le ton des passages tassés dans le grave (Toccata)
Un Viennois en France ou les accords “jetés” de l’Allegro op.18 n°7
principal, entrecoupés de modulations passa-
Brigitte François-Sappey l’a bien montré, les gères. Dans ces œuvres, les thèmes des par- appellent la percussivité du piano : mais le
bases de Boëly sont viennoises. Dès les pre- ties centrales ne sont pas contrastants, mais piano des Etudes opp. 2, 6 et 13, et non plus
miers opus, les maîtres qu’il se choisit ne sont au contraire des variations du thème princi- le pianoforte de Ladurner, dont on sent les
autres que Haydn et Beethoven : dramatisa- pal de la partie A. effluves dans les Offertoires op.9.
tion de la thématique, périodisation des car- Le désir de se rapprocher de l’orgue germa-
rures, soin apporté au développement, travail La théâtralisation des contrastes thématiques
et tonals, soulignée par un rôle structurel et nique, le sentiment de l’émergence en France
du motif. Du point de vue formel, comme
expressif du silence qui, dans les sonates op.1 d’une nouvelle esthétique – à laquelle lui-
j’ai eu l’occasion de le démontrer pour les
et les trios à cordes op.5 (1808), anticipe sur le même a contribué – et un parti pris d’écriture
Offertoires op.9 (préface de l’éd. Publimuses,
vol.1), il s’installe dans la forme bi-thématique dernier Beethoven, s’accompagnait aussi ambivalente sont autant d’explications qui
que Reicha dénomme “grande coupe binaire”, d’une rhétorique du geste musical, que révèle convergent vers une plus grande abstraction,
avec ses libertés et contraintes, qui nous Christine Schornsheim dans son enregistre- à l’instar de Bach dans la Clavierübung III,
paraît souvent s’écarter de la doctrine, définie ment récent des Sonates op.1. Elle fait place, L’Offrance musicale et L’Art de la fugue.
postérieurement, de ce que nous appelons dans les opus plus tardifs, à une logique inté- Comme Bach d’ailleurs, et comme Mozart,
aujourd’hui la “forme sonate” : primauté du gratrice, à un jeu ambigu entre les processus Boëly manipule les éléments de son propre
premier thème et résolution de la “dissonance de développement et de variation et à un tra- langage et jongle avec ses références stylis-
structurelle” (Rosen), et surtout une grande vail subtil de la phrase, dont les carrures tiques de plus en plus consciemment (cf.
liberté dans l’emplacement des développe- deviennent de plus en plus asymétriques. Fantaisie op.18 n°8, avec ses parties extrêmes
ments. Jusque dans le moto perpetuo, le discours en “style lié” sévère, et son trio haydnien
n’est cependant pas uniforme : ce sera donc à “galant”).
Boëly, donc, n’est pas un grand novateur l’interprète de faire ressortir les repères struc-
structurel dans sa première période ; en Au terme de cette évolution, l’écriture de
turels et les séquences cadencielles, souvent
revanche, il se montre d’une rare audace dans Boëly, depuis toujours exigeante, prend une
répétitives, qui jalonnent les étapes du plan
le plan tonal. Dans la réexposition de l’allegro part d’hermétisme qui, pour moi, ne la rend
tonal (Allegros op. 18 n°7 et 12, Toccata). Le
initial de la première Sonate, op.1 n°1 (1810), que plus attachante. On pourrait bien lui
drame existe toujours, il est simplement
le premier thème, sitôt réexposé dans le ton adresser la critique que Paul Dukas fera de la
intellectualisé : “Toute musique pure, écrit
principal (ut mineur), est immédiatement ré- musique de Brahms : “une œuvre de musique
F. Schlegel en 1801, doit être intellectuelle
énoncé, sans transition, en fa dièse mineur : dans le sens le plus restrictif du mot [...] avec,
et instrumentale (une musique pour la
un rapport de triton incroyable en cette toujours, les mêmes brillantes qualités de
pensée)”. D’où l’écriture de tant de pièces
période de forte logique du ton principal. combinaison et la même habileté à tirer des
d’orgue qui relèvent du quatuor à cordes.
D’autant que ce changement d’armure, de développements ingénieux d’idées d’une
trois bémols à trois dièses, n’est là que pour De l’instrument français importance pour le moins conventionnelles”.
mieux ramener à l’ut majeur du second à l’instrument abstrait Dukas se voulait dépréciateur : pouvait-il, en
thème. Procédé similaire dans l’offertoire en la fait, adresser plus beau compliment ?
majeur op.9 n°3 (3e th. en si bémol M./sol m.). Car les sources du langage instrumental de
Ce choix de l’évasion vers une tonalité (très) l’orgue boëlien sont également identifiables : HENRI DE ROHAN-CSERMAK
c’est l’orgue du dernier classicisme, à quatre Organiste à Saint-Germain-l’Auxerrois, Paris
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14 Orgues Nouvelles Automne 2008 Cette page conclut le dossier A.P.F. Boëly des pages 4 à 14
Orgues
Nouvelles
Regardez et écoutez
sur le CD les études
pour orgue de Bruce
Musique contemporaine
voir p.51
Mather interprétés
par des élèves de
Charleville-Mézières. La jeune classe Rentrée 2008
On perçoit souvent le compositeur comme un créateur solitaire, qui se suffit à
lui-même, qui attend d’être entré dans l’histoire (c’est-à-dire d’être mort) pour que
soit (enfin) reconnu son travail… Cela n’est pas ma conception : seuls les aventures
collectives, le rapport au travail des interprètes, et donc aussi la transmission aux Christophe Marchand Bruce Mather
jeunes qui découvrent l’instrument m’intéressent. CHRISTOPHE MARCHAND et Pascale Rouet et deux “élèves”

Il est frappant de constater que, dans la plu- ce que l’on peut attendre de simples exer- portrait ; voir et entendre un compositeur
part des écoles de musique et conservatoires cices. Gérard Garcin, Christian Villeneuve, parler de ses pièces, sans la médiation de
actuels, l’âge moyen des élèves inscrits en Alain Mabit, Christophe Marchand, Jean- quiconque, prend une tout autre dimension
classe d’orgue est beaucoup moins élevé Pierre Leguay, Anthony Girard, Jean-Claude qu’un enseignement par “procuration”, aussi
qu’il y a une vingtaine d’années. L’obligation, Henry, Jacques Pichard, Laurent Carle, riche et inspiré soit-il... De nombreuses ques-
longtemps de mise, d’étudier le piano avant Bruce Mather et tions touchantes de naïveté enfantine en sont
de pouvoir approcher l’orgue ayant été consi- bien d’autres se sont ainsi attachés à le témoignage. “Pourquoi es-tu devenu com-
dérablement assouplie, voire abandonnée, il apporter leur contribution musicale à cette positeur ?”, “Comment le devient-on ?”, “As-
n’est pas rare d’amener à nos instruments de entreprise éducative. tu fait du solfège lorsque tu étais petit ?”,
jeunes enfants à peine âgés de six ou sept Depuis maintenant plus de dix ans, le CRD de “Combien de temps as-tu mis pour écrire ces
ans. Quel répertoire proposer alors à nos Charleville-Mézières, grâce au soutien enthou- pièces ?”, “Composes-tu plutôt le matin ou
“apprentis organistes” aux mains encore siaste de son directeur Dan Mercureanu, a plutôt le soir ?”: les questions fusent,
petites, aux jambes trop courtes pour attein- accepté de mettre en place des projets visant curieuses, indiscrètes parfois, mais si sponta-
dre le pédalier et qui ne parviennent souvent à développer ce mouvement : commandes, nées et si inattendues...
à se hisser seul sur le banc qu’au prix de travail avec les compositeurs, concerts... Les
spectaculaires acrobaties ? Bruce Mather, compositeur canadien inter-
organistes sont ainsi, dès leur plus jeune âge,
nationalement salué, était en mai dernier à
Si les œuvres pour orgue, instrument plus immergés dans le monde sonore de leur
Charleville-Mézières pour présenter ses
que deux fois millénaire, sont évidemment temps, s’épanouissant aux côtés de Bach,
d’une prodigieuse diversité et d’une incroya- Buxtehude, Leguay et Mather avec une Dix-neuf études faciles pour orgue et les faire
ble richesse, relativement peu d’entre elles même évidence et une même conviction. travailler aux jeunes élèves. Le jeune
semblent s’adresser à de très jeunes élèves, Cette fréquentation régulière de la musique Antoine se met au clavier et joue conscien-
pour des raisons aussi bien techniques que contemporaine semble combattre l’idée, sou- cieusement deux de ces pièces. Ayant réalisé
de maturité musicale. Le professeur d’orgue vent admise, que ce répertoire ne pourrait que “c’est lui le monsieur qui a écrit cette
se tourne alors généralement vers les être abordé qu’en fin de cursus scolaire, soit musique”, Antoine s’informe :
œuvres pour clavecin, ce qui, au regard après l’assimilation de la plupart des tech- – C’est toi qui a écrit aussi l’autre morceau ?
d’une tradition qui pratiquait couramment ce niques et langages antérieurs. Les difficultés (lequel morceau était en fait un petit Prélude
genre de permutation instrumentale, reste techniques par exemple, parfois mises en de Bach, dont le nom, évidemment déjà évo-
parfaitement licite. Aucun problème donc avant pour repousser l’accès aux musiques qué à maintes reprises, figurait d’ailleurs en
pour la Renaissance et la période Baroque d’aujourd’hui, sont souvent surestimées : toutes lettres sur la partition ! La logique et
qui regorgent l’une comme l’autre de ces quoi de plus difficile pour une petite main l’imaginaire d’un enfant ne relient pas forcé-
charmantes miniatures souvent très prisées d’enfant que l’intervalle d’octave sur un cla- ment ce genre d’information, et un nom doc-
par nos jeunes musiciens. Les choses se vier, cette empreinte pourtant si consubstan- tement énoncé et régulièrement lu en haut
compliquent pourtant pour les siècles sui- tielle du langage tonal ! Et à l’inverse quoi de d’une partition finit par perdre toute consis-
vants et, en particulier, pour la musique de plus ergonomique que cette quarte augmen- tance et toute réalité...).
notre époque où les pièces pour orgue, la tée, ou cette septième majeure, très souvent Réponse amusée de Bruce :
plupart monumentales, restent généra- utilisées dans le langage post-tonal, et qui – Non, ce n’est pas moi, c’est J.-S. Bach.
lement difficilement abordables dès les n’engendrent l’une comme l’autre, ni fatigue – Tu le connais ?
premières années d’étude. ni crispation... Et si la main est “contente”, – Oui, un peu...
De nombreux compositeurs, sensibilisés à ce l’oreille le devient très vite également, la – Est-ce qu’il va venir aussi ?
problème, ont alors accepté d’écrire des notion de dissonance étant alors facilement
– Hélas non, il ne pourra pas !
œuvres pour orgue adaptées à de jeunes intégrée et devenant, comme à toutes les
époques, relative. – Pourquoi ?
élèves afin de leur permettre de prendre – C’est un très vieux monsieur, il y a longtemps
contact, dès le début de leurs études, avec la Mais ce qui frappe et convainc peut-être qu’il nous a quittés...
musique de leur époque. Sans renier ou avant tout est l’enrichissement aussi bien
contourner le moins du monde leur propre humain que musical qui résulte de ces Un peu déçu, Arthur a joué son prélude en se
style et leur propre langage, ces musiciens échanges : le contact direct, les liens qui se disant peut-être que, dans quelques siècles,
ont eu à cœur d’offrir des pièces courtes, nouent inévitablement entre les élèves et des des petits enfants qui lui ressembleront
techniquement faciles, parfois ludiques, et qui compositeurs enthousiastes, attentifs aux regretteront sans doute que Bruce Mather ou
prenaient en compte et la sensibilité de l’en- souhaits et aux problèmes de chacun, consti- Jean-Pierre Leguay ne puissent plus venir
fant et la morphologie de sa main ; des pièces tuent une expérience inoubliable et infini- leur prendre la main pour les guider dans la
par essence “pédagogiques” mais dont la ment stimulante. Rencontrer une personne découverte de leur monde musical...
teneur musicale va bien souvent au-delà de est bien plus enrichissant que contempler un PASCALE ROUET
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Partitions de quatre études et courte biographie de Bruce Mather pp. XII à XIV du Cahier de musiques Automne 2008 Orgues Nouvelles 15
Saint-Louis-de-Gonzague, Paris
Rentrée 2008 avec Maîtrise...
La Maîtrise Saint-Louis-de-Gonzague de La méthode Il s’agit de tenter d’être juste et efficace. La
Paris est un chœur attaché au Collège Forte d’une centaine de membres, la Maîtrise musique mène au bien, car c’est dans sa
Lycée du même nom (Franklin). comprend plusieurs chœurs. Les membres de nature d’être en vérité, une et belle. Le beau,
Il a pour but la formation d’amateurs chaque chœur poursuivent un parcours péda- le vrai et le bien sont indissociables”.
éclairés, au sens plénier de celui qui gogique propre. Au travail collectif, s’ajoute On ne peut omettre l’aspect ignatien du chœur.
aime. Elle est dirigée depuis huit ans un apprentissage individuel ou par petits Nous sommes bien dans un collège jésuite. Il
groupes. La finalité de toutes ces séances de n’y a pas de sélection a priori, mais apprentis-
par Rémi Gousseau. L'esprit de travail
travail est l’interprétation du répertoire cho- sage long et patient à partir de la personnalité
se situe dans la lignée des grandes de chacun. Ce qui compte est le progrès
ral, mais aussi l’interprétation des solos d’ora-
maîtrises françaises et européennes. torios, de la mélodie et même de l’opéra. accompli en vue du bien commun qui est le
La manière de travailler de la Maîtrise Saint- chœur, et de son bien propre qui est l’épa-
Louis-de-Gonzague est fort originale. Il n’y pas nouissement par l’effort.
Lycée Saint-Louis-de-Gonzague
12 rue Benjamin Franklin d’aménagement d’horaires, encore moins Les résultats
75116 Paris Tél. 01 44 30 45 50 d’horaires aménagés. C’est chaque midi, à Le répertoire de la Maîtrise est très vaste. On
l’heure de la récréation, qu’enfants et adoles-
peut retenir, parmi bien d’autres, Mozart
cents travaillent le répertoire ; le chant propre-
(Requiem, Grand messe en ut mineur, etc.),
ment dit, est dévolu aux séances d’après-midi,
à la sortie des cours. L’apprentissage se fait au Requiem de Fauré et Duruflé, Bach (Passion
contact du seul chef de chœur. Pas de cours de selon saint Jean et Oratorio de Noël), Haendel
solfège ou de culture vocale, ou encore de ces (Le Messie...), Pergolèse (Stabat Mater), Rossini
pédagogies particulières et séparées comme il (Petite messe molennelle), mais aussi Bastien et
est maintenant coutume de faire. Bastienne de Mozart, Didon et Énée de Purcell,
La Vie Parisienne et La Grande Duchesse de
Les chanteurs “mangent” de la musique à
Gérolstein d’Offenbach. Elle a créé l’oratorio Les
l’heure du déjeuner. Le déchiffrage direct est
Larmes de Pierre ou l’opéra Une Jeune Parque,
au centre de l’apprentissage. Les voix sont
de Rémi Gousseau (livret de Michel Déon).
surveillées dans le même temps que le style
est enseigné. Tous les répertoires sont abor- Les concerts, les auditions, la participation
dés. L’été, lors du festival dont ils sont les invi- aux offices (en particulier les messes diffusées
tés d’honneur, les maîtrisiens peuvent chan- sur France Culture) ou encore les enregistre-
ter, en chœur ou en soliste, un opéra, deux ou ments, favorisent le développement de la
trois oratorios, des mélodies, ou des motets personnalité de chacun, suivant ses moyens
dans un laps de temps extrêmement court. propres et dans des conditions maximales
Le niveau scolaire de l’établissement Franklin d’épanouissement. L’apprentissage choral alors
oblige les jeunes à un travail très dur. Mais ils prend tout son sens : communiquer. La
s’organisent avec intelligence et sens des prio- Maîtrise participe à de nombreuses manifesta-
Le directeur musical rités. Certes, cela demande aussi au chef de tions musicales, en France et dans le monde :
Rémi Gousseau a étudié la direction d’or- chœur une disponibilité quotidienne ! Il est L’Alpe-d’Huez, Angoulême, Quimper, Liban,
chestre avec J.-S. Béreau et reçu les presti- courant qu’un jeune chanteur téléphone au Rome, Prague, Sofia... Elle est chaque été l’invi-
gieux conseils de Seiiji Ozawa et Maurice chef pour lui demander s’il peut se rendre tée d’honneur des Estivales en Puisaye-Forterre.
Ohana. Par ailleurs, au contact du Chanoine libre pour une heure, car tel professeur étant Des artistes renommés prêtent leur concours
Roussel et du R.P. Émile Martin, il assume absent, il dispose d’un peu de temps pour tra- tels M.-C. Alain, V. Warnier, Th. Escaich, Gaëtane
l'héritage d'une tradition de musique sacrée vailler la voix ! Prouvost, l’orchestre Dvorak de Kralupy, l’en-
qui lui tient à cœur : son grand-père, maître
Les séances de répétitions sont aussi un lieu semble Obsidienne... Elle a enregistré le
de chapelle, avait été élève de l'école
Niedermeyer. de culture générale. A l’occasion de telle ou Requiem de Gabriel Fauré (CD Rejoyce), et en
telle œuvre, des notions d’histoire ou de reli- 1ère mondiale l'œuvre intégrale pour voix et
Il a dirigé les formations chorales de Saint-
Eustache, de Radio-France, de la cathédrale gion peuvent être dispensées. On est loin de la orgue de Joseph Bonnet (CD Skarbo) ainsi que
de Digne, avant sa nomination à la tête de la division du travail. Selon R. Gousseau, “Il ne les Vingt Motets de Camille Saint-Saëns (CD
Maîtrise Saint-Louis-de-Gonzague. Directeur s’agit pas de savoir si cela est moderne ou non. Éclypse).
musical de l'orchestre philharmonique de
France (1986-1989), son large répertoire lui
permet d’aborder tous les genres : opéra,
musique symphonique, oratorio... Il a été
reconnu aussi bien dans l'interprétation des
Concertos Brandebourgeois de J. S. Bach
(Grand Prix du Disque), que dans celle de la
9e Symphonie de Beethoven, ou la direction du
2e Concerto pour violoncelle de Penderecki à
Cracovie. Il est aussi l'un des compositeurs
les plus créatifs de sa génération dans le
domaine de la musique sacrée et de l’opéra.
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16 Orgues Nouvelles Automne 2008


Sainte-Anne d’Auray
Le Centre de musique sacrée Rentrée 2008

Dans les années 1980, à la suite des L’an 2000 marque la re-création d’une maî- Sainte-Anne-d’Auray, petite ville du
stages d’orgues organisés à Rennes par le trise à Sainte-Anne d’Auray et l’arrivée d’un Morbihan entre Auray et Vannes,
Père Yves Legrand, le Père André jeune chef de chœur britannique Richard d’un peu plus de 2000 habitants,
Guillevic a souhaité accueillir des ses- Quesnel, formé à Cambridge et ancien doit sa renommée à l’apparition
sions d’organistes durant l’été autour de assistant de Robert Weddle à Caen. Cette de sainte Anne au XVIIe siècle et à
l’orgue Cavaillé-Coll de la Basilique et les formation musique-études, intégrée de l’affluence du plus grand Pardon
orgues environnantes (orgue historiques l’école primaire au lycée, permet de Bretagne, qui a lieu le 26 juillet.
de Carnac, orgue ancien d’Auray, orgues aujourd’hui de former 300 élèves au chant
romantiques de Vannes...). choral. Fortement soutenue par l’Education
Le succès fut au rendez-vous, mais il nationale, la maîtrise donne un acquis en
manquait une formation de l’orgue sur chant (chant choral, technique vocale) mais
l’année, en milieu rural. également une culture musicale plus glo-
En 1999, sous l’impulsion de Mgr François- bale avec des cours de formation musicale
Mathurin Gourvès, évêque de Vannes, le et d’histoire de la musique et des arts adap-
Père André Guillevic, Bruno Belliot (frai- tés à chaque âge du cursus. La maîtrise se
chement diplômé du Conservatoire de produit en concert dans le Morbihan, au
Strasbourg), Simon Cnockaert (diplômé niveau régional et même européen (pro-
de Sciences Po et du Conservatoire de vince de Pescara en 2006, Grande-Bretagne
Strasbourg), Michel Jézo, organiste van- en 2007). Mais d’abord elle participe, tout
netais et co-titulaire de la tribune de la au long de l’année, à la vie liturgique du
Cathédrale de Vannes ainsi qu’une sanctuaire et plus particulièrement lors du
équipe de bénévoles, se lancèrent dans Grand Pardon, à certaines fêtes ou
un projet de Centre de musique sacrée : pèlerinages (Pâques, Pentecôte...) et tous les
un centre de ressources dans le Grand vendredis en période scolaire lors de
Ouest pour l’enseignement de l’orgue, la l’office de vêpres en musique.
renaissance d’un chœur d’enfants et une Echanges et intégration
saison musicale. De nombreux échanges sont mis en place
Un concept original avec des ensembles professionnels tels
adapté à l’orgue l’ensemble baroque de Nantes Stradivaria
(dir. D. Cuiller), l’ensemble vocal Jachet Orgues
Dès septembre 1999, l’Ecole d’Orgue en Vous pourrez écouter sur le CD Nouvelles

de Mantoue (en résidence au Centre le Kyrie (Messe de la Trinité)


Morbihan se mettait en place autour d’un de Musique Sacrée), les Musiciens de de Richard Quesnel par la
concept original et particulièrement Mademoiselle de Guise (dir. L. Pottier). Maîtrise de Sainte-Anne-d’Auray voir p.51
adapté à l’instrument orgue. Ce ne sont
pas les élèves qui se déplacent pour ren- Situé au cœur de la Bretagne spirituelle,
contrer leur professeur hebdomadaire- le Centre de Musique Sacrée ne peut
oublier la culture traditionnelle bretonne Centre de Musique Sacrée
ment, mais les professeurs vont dans les 9 rue de Vannes - 56400 Sainte-Anne d’Auray
églises du département pour faire vivre et a créé des liens avec des groupes Tél. 02 97 57 55 23 - cms.steanne@wanadoo.fr
les instruments à tuyaux. emblématiques de la région. Ainsi, la www.sainteanne-sanctuaire.com/droite04-02.html
Kevrenn Alre (bagad d’Auray, arrivé
Evidemment, une attention particulière second au championnat des bagadou
est donnée au patrimoine des instru-
cette année) a participé au Pardon de
ments : les besoins de restauration ou
Sainte-Anne d’Auray ces deux dernières
d’accord sont soulignés auprès des res-
années, et son chef, Fabrice Lothodé,
ponsables ecclésiaux et culturels... Ce
vient de commencer des cours de bom-
projet de mise en valeur du territoire et
barde afin de former des talabarders
de son patrimoine n’a pas laissé indiffé-
pouvant travailler avec des organistes
rent les partenaires publics, notamment
pour le duo bombarde et orgue.
le Conseil général du Morbihan, la région
Bretagne, un cercle de mécènes et L’année 2009-2010 marquera le dixième
quelques communes aux orgues intéres- anniversaire du Centre… et le retour du
santes comme Josselin. Aujourd’hui, grand orgue Cavaillé-Coll, actuellement
l’école d’orgue, avec six professeurs sala- en restauration dans les ateliers de
riés, est présente dans douze centres de Nicolas Toussaint à Nantes.
formation en Morbihan. BRUNO BELLIOT
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Automne 2008 Orgues Nouvelles 17


Pyxis
Rentrée 2008 ou le dialogue des arts...

En musique, au-delà des signes clairement Forte de ce constat, j’ai recruté une douzaine contribuent vigoureusement à la stimula-
écrits par le compositeur, il faut que de jeunes artistes à l’orée d’une carrière tion générale. Imagination et concentration,
l’interprète entre dans la peau du professionnelle, maîtrisant la technique de font grandir harmonieusement la sensibilité
compositeur, raconte cette histoire, avec sa leur art. J’en ai retenu six qui m’ont paru, artistique. D’ailleurs, je les laisse évoquer
propre sensibilité, sans négliger le contexte par leur nature ouverte, capables d’entrer eux-mêmes les bienfaits du collectif,
historique afin de respecter le style. dans l’univers des autres. Autrement dit, lorsqu’il est construit sur un respect mutuel,
De même, un peintre veut-il traduire créer et écouter, ce qui n’est pas forcément une vraie admiration dénuée de jalousie et
un paysage avec cette douce vibration de compatible ! un désir commun de faire grandir son propre
l’air quand la chaleur commence à tomber La boussole Pyxis art en bâtissant quelque chose ensemble.
et que la lumière devient dorée ? Turner L’expérience dure depuis un an et demi. Melina, pianiste et organiste :
créera un “flou savant” où la lumière vrille, Le groupe s’appelle Pyxis (boussole, en grec). – J’ai appris à oser suivre mon imagination
bien que le soleil ne soit qu’une pastille Ils sont âgés de moins de trente ans : une créatrice, à me donner au travers de la
ronde brouillée par la brume. Mais Van scénographe, un photographe argentique et musique pour me laisser entraîner dans l’uni-
Gogh ou Miro emploieront bien d’autres vidéo, une pianiste et organiste, un comé- vers de l’autre.
moyens qui toucheront également. dien et metteur en scène, une comédienne Jean, comédien et metteur en scène :
Pour un poète, la poésie n’existe que chez et musicienne, une percussionniste. – C’est une histoire de prolongement. Quand
celui qui est habité par l’Art. Le photographe Des mentors – artistes professionnels recon- nous lisons une page et, quand fermant les
a la même démarche que le peintre ou le nus – supervisent et conseillent chacun yeux, nous prolongeons cette page par
sculpteur. L’acteur, comme le musicien- dans sa discipline propre. Les mentors trou- quelques images qui sont en nous, alors le
interprète, doit entrer dans la peau de vent l’expérience intéressante et regardent romancier fait office d’accoucheur de notre
son personnage et le vivre de l’intérieur. les jeunes évoluer, grandissant individuelle- propre imaginaire...
Le scénographe va choisir ou inventer des ment par le collectif, et s’en inspirent sans Pasquale photographe argentique et vidéo :
objets qui, par leur perspective, éveilleront intervenir. On n’est pas loin des salons ou – Une boussole pour me perdre : voilà Pyxis,
dans le public l’illusion d’une ambiance qui des cafés autrefois… l’expérience de l’autre. Le corps est en voix,
confère au spectacle force et vérité. Dialogue ? la musique est en images, le mouvement
Ainsi donc les artistes, créateurs ou mais comment et pourquoi ? devient force plastique. “Je” est un “autre” :
interprètes, ont en commun la recherche Les rencontres ont lieu deux fois par mois l’autre trajet, l’autre richesse, l’autre peur,
d’une sorte de vérité qu’ils cherchent tous durant plusieurs heures. En se présentant, l’autre limite, l’autre univers, l’autre art...
à partager avec un public. On sait que les chacun a démontré ce qu’il savait faire : les l’art de l’autre.
Arts cohabitent avec bonheur depuis des musiciens et plasticiens ont écouté les textes Coralie, scénographe :
décennies, mais dans ce cas, pourquoi ne proposés par les comédiens, ceux-ci ont – Cette conquête réflexive qui consiste à aller
dialogueraient-ils pas ? regardé les vidéos, photos et objets réalisés vers l’autre pour puiser en soi-même de
par les autres, sont entrés dans les œuvres nouvelles ressources est devenue pour moi
jouées par les musiciennes. Ils ont compris un besoin essentiel à la création.
que des univers parallèles au leur existent, Vassilena, percussionniste :
et ils en ont senti la force d’attraction. – En jouant pour les autres, j’ai compris qu’il
Cette phase a duré six mois : période de faut penser à divers caractères avant de fixer
co-naissance, traversée de doutes. celui d’un personnage. Cela m’a montré
Une improvisation sur une base commune : comment le public reçoit une œuvre.
un vers, une musique, une photo, un Emilie, comédienne, musicienne, poète :
rouleau de papier kraft... stimulait en – On ne s’est pas choisis ; alors comment
chacun une créativité individuelle. Elle entrer dans l’univers de l’autre, le compren-
amenait souplement à un commencement dre, l’apprivoiser, et éventuellement s’y
de dialogue interactif. inscrire avec son propre imaginaire ; puis
La musique possède cette immense Le jeu consiste à se rajouter les uns aux soudain, c’est le déclic ; il y a symbiose tout
vertu d’apprendre à la fois à s’exprimer autres, et soudain la scénographe suggère d’un coup, on ne pense plus seulement avec
personnellement et à écouter l’autre. des univers fantastiques, qui déclenchent des mots, mais avec des sons et des images;
une improvisation verbale du comédien, un vers de René Char devient une sensation
Avec Pyxis,
la pianiste
reprise en miroir par Emilie qui va déve- musicale ; un choral de Bach est une couleur
Chantal Stigliani lopper un lien poétique entre les deux, bleue. Je me suis moi-même envisagée,
entreprend de entraînant une intervention musicale de la non plus seulement comme interprète, mais
prolonger et pianiste... Comme une fugue, les person- comme artiste ; une artiste inscrite dans le
enrichir cette nages se parlent et construisent une histoire. monde. Quel meilleur cadeau ? Quel meilleur
belle maxime de En conclusion, la proximité des arts et leur investissement ?
Daniel Barenboïm. approfondissement par les uns et les autres CHANTAL STIGLIANI
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18 Orgues Nouvelles Automne 2008 Le texte intégral de Chantal Stigliani est disponible sur lesite www.orgues-nouvelles.org.
Formation
Le programme Erasmus
A Lyon, Gilbert Amy et Henry Fourès ont des professeurs réticents à alourdir leur Dans les CNSMD
lancé et développé ce domaine, en créant classe d’un “Erasmus”, en leur expliquant (Conservatoires Nationaux
un service des relations internationales le dynamisme, la curiosité et, paradoxale- Supérieurs de Musique et de Danse),
sous la responsabilité d'Isabelle Replumaz. ment, la cohésion que cet accueil provoque l'Europe est sans conteste une réalité
A Paris, c'est l'organiste Gretchen Amussen, au sein de la classe qui en sort enrichie quotidienne depuis une quinzaine d'années.
aujourd'hui sous-directrice aux affaires humainement et musicalement. Cette
extérieures et à la communication du
Le programme Erasmus, à l'œuvre depuis
tâche m’est d’autant plus facile qu'il me 1987, qui permet aux étudiants de plus
CNMSD. L’accueil et l’envoi d'étudiants en suffit de me rappeler mes études au sein de
séjour Erasmus constituent un pan non de trente pays, dont plus de vingt mille
ce même conservatoire, il y a dix ans, français, de faire une partie de leurs études
négligeable de cette internationalisation. lorsque Jean Boyer accueillait chaque dans une université ou grande école
Le principe année un étudiant de ce type. Chacun d’en- étrangère, s'est maintenant durablement
Ce programme de mobilité étudiante est tre eux a amené, pendant trois, six mois, un installé dans les CNSMD français, ainsi que
d’une simplicité enfantine : pendant une an, sa touche et sa culture au sein de la dans quelques CRR (Boulogne-Billancourt,
durée déterminée (un semestre, un an) et classe d'orgue, qu’il vienne d'Allemagne, Paris, Rennes, Strasbourg...).
pour une unique fois durant son cursus, un de République tchèque ou de Pologne...
étudiant part dans un conservatoire de son Pour les enseignants
choix, obligatoirement partenaire de son
établissement d’origine, après l’acceptation Erasmus touche également les ensei-
préalable des professeurs et des adminis- gnants, qui peuvent, pour une semaine ou
trations concernés. Il est alors établi, entre plus, échanger leur classe avec un collègue
l’étudiant et les deux structures, un “lear- étranger. Le programme, très souple, per-
ning-agreement” qui définit le cursus à met plusieurs formules : un véritable
suivre et à valider par l'étudiant lors de son échange pour une durée précise, mais éga-
séjour à l'étranger. La période d’étude lement, et souvent plus enrichissant, un
Erasmus se substitue ainsi à celle que l'étu- voyage dans un conservatoire puis l’accueil
diant aurait du vivre au même moment dans du collègue quelques semaines plus tard. Il
son conservatoire d’origine. Financièrement, est fréquent de voir des professeurs très
une bourse européenne, peu généreuse, peu enclins à briser la routine devenir les
vient en aide à l’étudiant pour ce voyage qui promoteurs de ce programme européen !
peut s’avérer parfois très coûteux.
En conclusion, je dirai combien il est por-
Bienfaits pour les étudiants teur d’espoir de côtoyer quotidiennement
Les bienfaits d'un séjour Erasmus sont ces étudiants qui osent ce voyage initia-
immenses et dépassent largement ceux tique et culturel, pas si éloigné de ceux que
que l'on imagine au premier abord. Si les faisaient les Flamands ou les Allemands
étudiants conçoivent souvent Erasmus vers l’Italie, ou des pérégrinations d’un
comme l'opportunité de prendre six mois Johann Jakob Froberger. On espère, bien
ou un an de cours avec un professeur entendu, que le programme touchera de
renommé, ils s’aperçoivent très rapide- plus en plus d’étudiants et d’enseignants,
ment que le principal enrichissement ne qu’il pourra se répandre dans les conserva-
réside pas dans cet enseignement, mais
toires régionaux et dans les futurs pôles
dans la découverte d’un pays, d’une nation,
d'une langue, et, évidemment, d'une d’enseignement supérieur. On se prend à
manière de concevoir la musique, de la rêver qu'une curiosité à l'égard de nos voi-
jouer et de l'enseigner. Autrement dit, ces sins de l'est et du nord viendra équilibrer la
séjours dépassent toujours la rencontre vague est-ouest, constante Erasmus à
d'un maître, pour permettre aux étudiants l'évolution lente... Mais, en ces heures où
de vivre réellement l’Europe d'aujourd'hui. l'Europe patine et peine à trouver un sens,
Un autre aspect bénéfique, souvent sous- je ne peux m'empêcher de croire que cette
estimé, concerne ceux qui accueillent jeune génération, qui aura réellement fré-
l'étudiant. Un “Erasmus” dans une classe quenté l'Europe dès son plus jeune âge,
de composition, d’érudition ou d’instru- saura redonner à ce rêve ambitieux l'élan
ment, c'est une fenêtre qui s’ouvre soudai- et la richesse du partage avec nos voisins,
nement sur l’extérieur, et qui touche proches ou éloignés.
jusqu’aux plus frileux ! Dans le cadre de NICOLAS BUCHER
mes fonctions de directeur des études au Directeur des études musicales au CNSMD de Lyon
CNSMD de Lyon, j’ai déjà eu à convaincre Organiste titulaire de l'orgue de St-Séverin (Paris)
O

Automne 2008 Orgues Nouvelles 35


Europa De Toulouse-les-Orgues
Je ne sache pas que l’écho soit plus
flatteur à Toulouse qu’à Lutèce ou
ailleurs. Mais il est incontestable que
le big-bang des orgues européennes
s’est produit dans la ville rose, grâce
à un toulousain de bonne souche,
Xavier Darasse. Une fois le patrimoine
“à l’accent étranger” ancré à Toulouse,
l’idée ne pouvait que fleurir et essaimer.
C’est ainsi qu’ECHO (European Cities
of Historical Organs) a propagé
ses ondes bénéfiques dans
toute l’Europe. G.G.

La basilique Saint-Sernin vue par


le photographe toulousain Julien Bastide.
www.jotabe-photographe.com

Ci-dessous le célèbre plafond “palmier” (1292)


de l’église du couvent des Jacobins Toulouse et Xavier Darasse de l’Eglise-Musée des Augustins dès 1980,
et la maquette de l’orgue ibérique à l’étude. unique en France, et qui devint presque
Si la vocation internationale de Toulouse de facto un orgue “historique”.
en matière d’orgue ne date pas d’hier
(cf. le célèbre instrument de la basilique Poussant sa logique jusqu’au bout, Xavier
Saint-Sernin), c’est vraiment à Xavier va alors faire venir à Toulouse les grands
Darasse que l’on doit une véritable organistes hollandais, allemands, italiens
“ouverture sur l’Europe”, rare à l’époque, etc, et faire profiter ses élèves de leur
et qui était l’expression de sa philosophie enseignement spécifique en des Acadé-
musicale et humaniste. Nommé en 1991 mies d’été renommées. Jeune étudiant, je
directeur du CNSMD Paris, ne créa-t-il pas me souviens ainsi des “chocs” salutaires
aussitôt un poste important de “relations au contact des Vogel, Radulescu, Kooiman,
extérieures” confié à Gretchen Amussen ? Tagliavini, Leonhardt, Koopman, plus
tard, Ghielmi, Zerer, Foccroulle, Van Dijk,
Darasse, concertiste international, avait Bryndorf et autres ; sans parler de tout
attiré de nombreux étudiants étrangers ce que nous a apporté Willem Jansen,
dans la ville rose. Ensuite, il eut l’éton- installé à Toulouse depuis 35 ans, syn-
nante idée de compléter le beau patri- thétisant à merveille dans son jeu la
moine “français” restauré de la Région rigueur nordique et la fantaisie latine.
par des instruments de haute qualité “à Quelle bénédiction dans un pays encore si
l’accent étranger”, afin de pouvoir de la “cocorico” à l’époque !
même façon jouer Bach, Buxtehude, ou
Frescobaldi à Toulouse, dans des couleurs Toulouse-les-Orgues*
qui se rapprochent le plus possible de Les premiers festivals d’orgue de Darasse,
leurs esthétiques instrumentales respec- ainsi que le Concours international, spé-
tives, c’est à dire en s’adressant aux meil- cialisé en fonction des instruments,
leurs facteurs des pays concernés. Ainsi créaient une nouvelle façon d’aborder la
© Chamada Tolosa fût construit le merveilleux orgue Ahrend diffusion de l’orgue et de sa musique, en
O

36 Orgues Nouvelles Automne 2008 * www.toulouse-les-orgues.org


Orgues
Nouvelles

European Cities of Historical Organs Protocole de coopération culturelle


passé le 11 octobre 1997 entre les
villes d’Alkmaar, Innsbrück, Lisbonne, voir p.51

à la création d’ECHO Saragosse, Roskilde,Toulouse et Trévise.


L’Orgue : l’instrument de musique reflet
de la diversité des cultures européennes
Les villes citées ci-dessus reconnaissent que dans
l’histoire de la culture musicale européenne, il existe
un instrument qui, à la différence de tous les autres,
a un langage propre qui s’est identifié avec chacun
la resituant dans son contexte. Cantates des lauréats des concours internationaux des pays où il a été utilisé : l’orgue. L’ensemble des
orgues d’Europe constitue donc un patrimoine d’une
et Messe en si surgissaient au milieu de respectifs. richesse spécifique exceptionnelle. Depuis plus de
l’intégrale pour orgue de Bach. La com- Par ailleurs, suite à la journée “Jean Boyer”, 600 ans, les facteurs d’orgue et les musiciens ont su
munication n’était pas moins audacieuse : le 4 octobre 2008, les facteurs d’orgue donner les caractéristiques sonores et architectu-
l’incroyable affiche “Bach est à Toulouse !” rales qui font de chacun de leurs instruments un
français sont invités à présenter leur tra- reflet unique dune époque et d’une région de
en 1981, où un vulgus pecum emperruqué vail, en particulier aux membres d’ECHO. l’Europe.
trônait devant un mur de brique rose, Nous contribuons ainsi à la promotion à Ce patrimoine est demeuré vivant jusqu’à nos jours
a été placardée dans tout Paris, mais aussi grâce à des compositeurs, des interprètes et des
l’étranger, si importante pour l’avenir, de improvisateurs mais aussi à la passion constante
à l’étranger ! nos meilleures entreprises. Parallèlement, d’un public nombreux.
Après le décès prématuré de Xavier “Chamada Tolosa” s’est donné pour but de Les villes d’orgues historiques
Darasse en 1992, Willem Jansen et moi- doter la ville rose d’un instrument ibé- Les villes signataires du présent protocole disposent
même reprîmes le flambeau. Profitant de rique haut de gamme, construit en nid chacune d’un certain nombre d’orgues historiques
dont la qualité, la diversité et l’unicité les rendent
la restauration de l’orgue de Saint-Sernin d’hirondelle aux Jacobins, à l’emplacement dignes de représenter le patrimoine organistique de
en 1996, nous créâmes un véritable du vieil orgue renaissance disparu, dont leur pays. Par ailleurs, chacune de ces villes a foca-
Festival européen (Toulouse-les-Orgues), subsiste encore la pièce des soufflets. lisé depuis plusieurs dizaines d’années l’intérêt des
décision que nous devons à Dominique (www.chamada-tolosa.org) facteurs, des musiciens et du public grâce à une forte
politique en matière de construction et de restaura-
Baudis, alors maire de Toulouse, qui nous Ainsi Toulouse-les-Orgues poursuit depuis tions d’instruments, d’enseignement (conservatoires,
accorda un soutien sans faille. Cette voca- 12 ans sa vocation initiale : faire vivre non académies internationales, concours internationaux…)
tion européenne, nous lui consacrions le et de diffusion (festival, disques, publications…).
pas une série de concerts d’orgue, mais un Intérêt et utilité d’une action commune
festival 1998 avec les musiques ibériques. véritable “Festival de musiques autour des Les villes citées ci-dessus décident de s’associer en
A cette occasion, nous contribuâmes d’ail- orgues”, en valorisant sa contribution dans un “comité des villes européennes à orgues histo-
leurs à la création du Festival de l’histoire de la musique occidentale. Les riques”, à raison d’une ville par pays, dans le but que
Lisbonne, en allant rencontrer sur place programmations souvent originales de cette union soit fédératrice de projets d’envergure
le maire Soarès, accompagnés de Joao européenne. L’esprit de ce comité est aussi de promou-
Willem Jansen et le travail intelligent de voir l’échange des cultures organistiques spécifiques à
Vaz, et Antonio Duarte, trop heureux de toute l’équipe présidée par Jean-Jacques chaque pays et de coopérer sur les thèmes suivants :
s’entendre interpeller par le maire, à la Germain ont permis d’attirer un public de • financement en commun de projets culturels :
suite de notre exposé : “Et nous, nous mélomanes non spécialiste, et petit à petit coproduction de concerts ou événements musicaux
n’avons pas d’orgues historiques ? importants, commandes d’œuvres contemporaines aux
de séduire des jeunes. Les événements grands compositeurs de notre temps (créations dans
Pouvons-nous aussi lancer un festival ?”. concentrés sur 15 jours , les “journées- différentes villes), publication d’un guide-programme
C’est dans cet esprit que le comité ECHO région”, les aspects architecturaux, gastro- annuel des Festivals d’orgues des différentes cités,
naquit très naturellement en 1996. Andrea nomiques, ou simplement la promenade à • organisation et promotion d’un Concours européen
itinérant sur les orgues historiques,
Marcon, directeur artistique de Trévise, la travers la ville rose, contribuent à faire de • publication et présentation de livres, de documents
célèbre cité d’orgues italiennes, eut l’idée Toulouse-les-Orgues une vraie fête. sonores ou multimédia sur le patrimoine organistique
de créer, à raison d’une ville spécifique Et la nouvelle municipalité conduite par des villes membres du comité,
par pays, un organisme pour mener des Pierre Cohen semble avoir pris la mesure • restauration d’instruments historiques
actions communes. Et c’est à la Mairie de d’importance européenne,
de l’atout fantastique que représente • construction d’orgues neufs venant d’autres cultures,
Toulouse que fût signé en 1997, en pré- Toulouse-les-Orgues pour • organisation, dans le cadre des festivals, de master-
sence des maires et directeurs artistiques la ville et la région. classes publiques, en lien avec les établissements
respectifs, le premier protocole de coopé- d’enseignement,
MICHEL BOUVARD
ration culturelle entre sept villes. Par la • échanges d’étudiants, d’idées, de publics.
suite, ECHO s’élargira à onze pays, avec Les 11 villes
La reconnaissance de la
un secrétariat permanent à Trévise. Communauté Européenne
participantes au
Le comité vise à être reconnu par les institutions
Depuis plus de 10 ans, au gré d’une prési- Comité ECHO
européennes et à prendre part à l’attribution de fonds
dence et d’une direction artistique tour- en 2008.
Gote- alloués pour les initiatives d’intérêt européens (projet
nantes, les réunions deux fois par an, borg Kaleidoscope etc.). Le comité informera la Commis-
objet d’échanges très riches, débouchent S sion européenne de son existence dès la signature du
protocole de coopération afin d’obtenir de sa part une
sur des actions concrètes : “Journée de reconnaissance officielle. Une contribution sera de-
l’ECHO” en octobre, où tous les orgues Alkmaar NL mandée à la Commission européenne pour chacune
jouent, échanges d’artistes entre les Bruxelles B des actions spécifiques par les membres concernés,
dont l’un sera choisi comme coordinateur.
Festivals, création d’un site Internet, Freiberg D
Innsbruck A Les représentants du Comité se réuniront selon un
publication en 2002 du très beau livre de calendrier et des projets précis définis d’un commun
l’ECHO, d’un double CD et d’un calen- Toulouse Fribourg CH accord, chaque membre demeurant libre de partici-
drier d’orgues, commandes et édition F Trévise Umag per à telle ou telle action spécifique en fonction de
Saragosse E I CR
ses contraintes artistiques, financières et techniques.
d’œuvres à de jeunes compositeurs des Lisbonne P Les villes signataires du présent protocole
onze pays (à paraître), invitations croisées soutiendront ce projet et les personnes qui seront
désignées pour le prendre en charge.
O

www.echo-organs.org Automne 2008 Orgues Nouvelles 37


Orgues
oubliées De Sarrebourg à
Il n’est pas de baroque qu’européen. Les
Latins, par le truchement des infatigables
jésuites, l’ont acclimaté en Amérique dite
“latine”. Et l’orgue – instrument baroque
par excellence – a fleuri dans les Andes.
Que de jeunes lycéens mosellans tendent
la main à leurs camarades andins pour
restaurer leur patrimoine, est bien le signe
que notre planète bleue est devenue un
village. Puisse la musique refleurir avec
autant d’ardeur ! G.G.

Un groupe d’élèves du lycée professionnel de


Sarrebourg, devant l’orgue en construction
désormais installé dans l’auditorium du
Couvent Saint-Ulrich et inauguré au cours Le Couvent Saint-Ulrich à Sarrebourg L’église San Pedro à Andahuaylillas
du Festival international de Musique.
En passant par la Lorraine… Et pourquoi pas ? le Pérou...
La Moselle, le département français le Dès 2005, l’Ambassade de France au Pérou
plus riche en orgues (avant même le fait appel aux “Chemins du Baroque”. Il
Haut-Rhin et le Bas-Rhin) compte un ins- s’agit de restaurer simultanément les
trument de plus depuis le mois de juillet deux orgues historiques de la cathédrale
dernier ; celui édifié par le facteur Jean- de Cusco, haut lieu mythique de la chré-
François Dupont dans l’auditorium du tienté au Nouveau Monde et le budget
Couvent de Saint-Ulrich, non loin de la disponible au départ était... de 1500 euros !
ville de Sarrebourg, siège du Centre Un tel projet ne pouvait cependant que
International des Chemins du Baroque réveiller et fédérer les énergies et en
que dirige Alain Pacquier. juillet 2007, un millier d’auditeurs avait
Fruit d’une aventure entamée au fin fond pris place dans le vénérable sanctuaire
du Pérou, cet instrument symbolise une pour entendre renaître ces deux instru-
splendide coopération culturelle avec ments datés de la moitié du XVIIe siècle.
l’Amérique latine. Aux claviers, les organistes Uriel Valadeau
et Francis Chapelet, ce dernier stimulant
“Cela fait plus de vingt ans qu’à la faveur
depuis l’origine les efforts des “Chemins
des programmes successifs des “Chemins
du Baroque”, en pionnier reconnu des
du Baroque” en Amérique latine, nous
orgues historiques espagnols.
avons pris conscience de la désastreuse
situation des orgues dans la plupart des Or à 30 km de l’ancienne capitale de l’Inca,
pays concernés, et avons tout fait pour dans l’église San Pedro de Andahuaylillas,
sensibiliser les autorités locales et l’église sublime village perdu dans une vallée
à ce réel abandon” explique Alain Pacquier. de la cordillère des Andes, les orgues
Mais comme la meilleure façon était encore faisaient l’objet d’une garde attentive et
de donner l’exemple, les “Chemins du scrupuleuse de la part du père (jésuite)
Baroque” ont, avec l’aide du Ministère Luis Herrera, animateur de la paroisse et,
français des Affaires étrangères, réussi à surtout, promoteur de remarquables pro-
financer la restauration de nombreux jets locaux de développement durable. Et
instruments historiques. Ce fut d’abord même si ses préoccupations immédiates
l’orgue de Cholula (Mexique), puis ceux étaient ailleurs, “Lucho” Herrera savait
du couvent de Santa Clara dans la ville de parfaitement qu’il portait la responsabi-
Sucre, de Santa Ana et de Tarija (Bolivie), lité des deux orgues considérées, à juste
de Cordoba (Argentine) et, enfin, de titre, comme les plus anciennes du conti-
Valparaiso (Chili) avec la contribution des nent américain.
facteurs d’orgue Pascal Quoirin, Bertrand “C’est pourtant lui qui est venu spontané-
Cattiaux ou Jean-François Dupont. ment vers nous, témoigne Jean-François
O

38 Orgues Nouvelles Automne 2008


Andahuaylillas...
Dupont, alors que nous étions en plein Ferré au cours du Festival International
chantier de restauration des deux instru- de Musique de Sarrebourg, il servira dé-
ments de Cusco”. Et c’est alors que naquit sormais pour la formation à l’interpréta-
ce qui restera sans doute la plus belle tion du répertoire pré-baroque dispensée
aventure des “Chemins du Baroque dans aux jeunes organistes de la région.
le Nouveau Monde”, balisée à ses deux Quant à « l’original », dont la restauration
extrémités pourtant distantes d’une aura simultanément été menée à bien par
dizaine de milliers de kilomètres par J.-F. Dupont et son équipe (Christophe
ces deux signes patrimoniaux forts : la Leprou et Jean-François Besnault), il
renaissance des orgues historiques à attend sagement que son “grand frère”
Andahuaylillas, et la construction de la qui lui fait face dans le coro alto de
“réplique” de l’un des deux instruments à l’église d’Andahuaylillas soit également
Sarrebourg. restauré, pour que tous deux chantent en
Un lycée en Montre... chœur lors d’une grande fête qui aura
lieu les 31 octobre et 1er novembre 2008.
Sarrebourg dispose d’un lycée profes-
Nous raconterons la fin de cette belle his-
sionnel régional dont la direction et les
toire dans une prochaine édition d’Orgues
professeurs accordent une large place
Nouvelles. Et nous pourrons mieux pré- Le plafond
aux actions éducatives dans le domaine “Sixtine”
ciser les principales caractéristiques de
culturel. Après y avoir mis en place un de San Pedro
ce gigantesque patrimoine organologique
programme consacré à la revalorisation
d’Amérique latine, trop souvent ignoré Orgues
des métiers manuels par la musique, Un dossier photo sur cette Nouvelles
des organistes européens.
Alain Pacquier proposa d’associer cet éta- aventure humaine est
blissement, non seulement au relevage LAURENT BLAISE disponible sur le CD joint. voir p.51
de l’un des orgues, en contribuant aux
travaux de gros œuvre sous la direction L’orgue restauré de Andahuaylillas
de Jean-François Dupont, mais égale- (présenté fermé en médaillon)
ment pour relever les cotes et les pig-
ments anciens de son buffet. A partir de
ces éléments, tous les élèves allaient
construire et décorer “à l’identique” cette
réplique de l’orgue, aujourd’hui placée
dans l’auditorium du Centre international
des Chemins du Baroque. Cela devait
constituer l’essentiel du programme péda-
gogique de l’année scolaire 2007-2008, la
dizaine de représentants du lycée profes-
sionnel devenant ensuite “chefs de projet”
pour guider la construction d’un magni-
fique buffet destiné à accueillir la partie
instrumentale réalisée par J.-F. Dupont.
L’orgue “Andahuaylillas” matérialise
donc désormais la volonté d’une petite
ville française de venir au secours du
patrimoine des orgues oubliées du Pérou.
Reprenant la composition de l’original
(avec le seul ajout d’un huit pieds destiné
à permettre l’interprétation d’un plus large
répertoire), ses moyens sonores sont
ceux d’un orgue d’esthétique ibérique du
XVIIe siècle, doté de l’octave courte et de
registres coupés en basses et dessus.
Inauguré par Francis Chapelet, Jérôme
Mondésert, Christophe Durant et Thierry
O

Automne 2008 Orgues Nouvelles 39


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• Intégrale de l’œuvre d’orgue de 127 pages, Ed. Symétrie
L. VIERNE
Jeanne Demessieux par Maxime www.symetrie.com - Messe basse pour les défunts Op.62 13,50 €
Patel à l’orgue Jann de Waldsassen Ce livre album présente au public le - Improvisation 7,95 €
DVD Fugatto 025, 2006 catalogue des œuvres du compositeur
- Symphonie N°4 Op.32 22,90 €
www.cddiffusion.fr J.-L. Florentz (1947-2004) sous forme
DVD à paraître photographique et textuelle. Chacune - Symphonie N°6 Op.59 22,90 €
de ses œuvres est née d’une imagination
• Décembre 2008. Chronique poétique et mystique, nourrie de voyages,
d’Anna Magdalena Bach, film essentiellement africains – occasions de
de Danièle Huillet et Jean-Marie rencontres humaines, musicales, de
Straube (1967) avec Gustav récoltes ornithologiques et visuelles –,
Leonhardt dans le rôle de J.S. Bach et des explorations littéraires de contes,
DVD Ed. Montparnasse textes apocryphes et mystiques
www.editionsmontparnasse.fr orientaux, chrétiens, juifs et arabes.
• Octobre 2008. Firmin Decerf Olivier Messiaen, l’œuvre d’orgue
20 Méditations symphoniques - œuvres d’avant guerre
improvisées sur les Mystères du par Olivier Latry et Loïc Mallié
Rosaire à Bastogne St-Pierre Ed. Carus Verlag, 2008.
(Belgique), avec les peintures www.carus-verlag.com
du Rosaire du Père dominicain Les auteursont bien connu Messiaen : l’un
Kim en Joong à Chartres... a travaillé avec lui ses œuvres d’orgue,
DVD Le Chant de Linos, 2008 l’autre a été son élève au Conserva-toire
de Paris. Par leur rapport privilégié avec
Partitions le compositeur, ils ont pu collecter des
• Louis Archimbaud, transcription et informations inédites qui apportent un
analyse d’un choix important d’œuvres, regard nouveau sur sa musique.
par Marie-Bernadette Dufourcet- Dom Bedos,
Hakim et le Pr Joseph Scherpereel. entre orgues et cadrans solaires
Éd. Combre, automne 2008 par Heins Steinhaus et Guilhem
• Maurice Ravel, Le Tombeau de Beugnon. XXe Cahier de la Société
Couperin (prélude, fugue, forlane, archéologique, scientifique et litté-
rigaudon, menuet, toccata), transcrit raire de Béziers (BP 4009, F-34545
pour orgue par Erwin Wiersinga, Béziers cedex), 200 p., 21x29,7 cm,
Boeijenga Music Publications 2008. 25 euros en souscription.
BE 1024, 56 pages, 2008 Sortie en novembre 2008.
O

Notre coup de cœur “livre”de l’automne,


le Journal d’Hélène Berr, vous est présenté en page 47. Automne 2008 Orgues Nouvelles 41
Trimestriel, Orgues Nouvelles vous propose Orgues
Nouvelles
une sélection succincte d’événements. Le CD mixte
et le site www.orgues-nouvelles.org vous donneront
des informations plus complètes et mises à jour. voir p.51

Info en
Montre
Festivals • 3-19 octobre, Toulouse Inaugurations
13e Festival Toulouse-les-Orgues
• 16 sept.-18 oct., Roquevaire (13) 70 rendez-vous à Toulouse et en • 19 septembre, Clermond-Ferrand
Académies, stages 12e Festival international Midi-Pyrénées. Voir page 36 temple, avec François Clément,
(Bouches du Rhône) avec restauration de l’orgue Muhleisen
• 13-15 novembre, Amsterdam Citons entre autres un hommage
Dong-Ill Shin, G. Bessonnet, (1969)
Orgelpark avec Jean Guillou à Jean Boyer (samedi 4 octobre)
P. Marsault, B. Mathieu, D. Briggs, • 20 septembre, Versailles
Transcriptions de Guillou, Liszt, avec G. Guillard, A. Heurtematte,
Schumann (www.orgelpark.nl). S. Pluyaut, P. Oreni, J-L. Thellin Ste-Jeanne d’Arc, avec Thierry
04 42 04 05 33 L. Schlumberger, Ph. Lefebvre,
www.ORGANpromotion.org la finale du Concours d’orgue Escaich, ancien orgue Muller du
www.orgue-roquevaire.fr studio 103 de la Maison de la
Concours internationaux X. Darasse (7 et 8 octobre),
• Evreux, automne 2008 l’inauguration de l’orgue rénové de Radio remonté par Pierre Maciet
• 3-8 octobre, Toulouse, 10e Festival Orgue et Musique Sacrée
concours d’orgue Xavier Darasse. la Basilique N.-D.-de-la-Dalbade, • 21 septembre, Pithiviers
21 septembre : récital M.-Cl. Alain dimanche 19 octobre... avec François-Henri Houbart,
Finales les 7 et 8 octobre à 16 h. 3 octobre, 20h30 : Le Puy neuf
www.toulouse-les-orgues.org et du 30 sept. au 19 oct., expo créée travaux de Bertrand Cattiaux
d'Evreux par l'ensemble vocal par J.-Cl.Guidarini : Les Puget :
• 8-17 octobre, Montréal, Ludus Modalis (dir. Bruno Boterf) • 28 septembre, Le Touquet
une dynastie de facteurs d’orgues avec Olivier Latry, orgue Quoirin
Concours international d’orgue et l'organiste Pascale Rouet. En à Toulouse (entrée libre)
présidé par Marie-Claire Alain alternance, musiques de la fin du • 5 octobre, Lyon, St-Bruno des
www.ciocm.org XVIe siècle (période du fameux Tél. 05 61 33 76 87 Chartreux avec Pierre Perdigon
•21-25 avril 2009, Lyon, Premier Concours du Puy de Musicque en la www.toulouse-les-orgues.org
cathédrale d'Evreux) et actuelles. • 12 octobre, 16 h : Paris 15e
concours d’interprétation d’orgue • 4-19 octobre, Lyon, Orgue en jeu
19 octobre, 15 h : groupe vocal Saint-Antoine-de-Padoue,
Ce concours aura lieu tous www.orguenjeu.com
Arthur Honegger du Havre (dir. Mutin, 1910 env., reconstruction,
les deux ans. 2009 sera consacré • 19-26 octobre, Bruxelles, 29e
à l’interprétation, 2011 à J. Legoupil) œuvres de Duruflé, mécanique suspendue et buffet
semaine internationale de l’orgue neuf par Olivier Chevron.
l’improvisation(orgue et piano). Delibes, Legoupil), puis ensemble Cathédrale Ste-Gudule avec J.Sluys,
www.orguenjeu.com instrumental et chœurs Monteverdi Eric Lebrun.
M.Haselböck, J.W. Jansen, S.Preston,
• Avril 2009, Genève Concours (dir. M. Dubois), Vêpres de Noël F. Decerf, Th. Nowak, S. Bleicher • 19 octobre, Toulouse
de composition de Psaumes http://orgues.evreux.free.fr http://home.scarlet.be/~tsc83172/ N.-D. de la Dalbade (Gérard
A l'occasion du Jubilé du • 26 sept.-5 oct., Montréal programmes/prgafr.htm Bancells) avec Jan Willem Jansen,
500e anniversaire de la naissance 10e Festival d’Automne Orgue M. Bouvard, G. Desrochers,
de Jean Calvin, l’Eglise protestante • 13 novembre, dans le cadre du J.-Cl. Guidarini, Y. Rechsteiner
et couleurs de Montréal Festival Paris de la Musique
de Genève lance ce concours. www.orgueetcouleurs.com/f.f/10/ • 1er novembre, St-Benoit-sur-Loire
Inscription avant le 12 janvier 2009 à l église St-Etienne-du-Mont
• 26 sept.-12 oct., Mougins Accords tremblés (dériver-altérer) (A. Sals, Y. Fossaert)
karolina.roguski@protestant.ch par F.-H. Houbart
0041 (0)22 311 2009 Festival d’orgue pour orgue seul de Mickäel Levinas,
B.Alard, A.G.Chanon, M.Gratton et Concerto N° 2 pour orgue et • 16 novembre, Boulogne-
Lauréats internationaux www.mougins-coteazur.org orchestre de Thierry Escaich par Billancourt Notre-Dame (orgue
• juin 2008, Dublin T. Escaich et l'orchestre de Bretagne. neuf d’Yves Fossaert) par A. Isoir,
• 26 sept.-12 oct., Pas-de-Calais,
- Joseph Ripka, USA, 1er prix • 16 novembre, Avignon, temple J. Grellety-Bosviel, P. Farago
3e Festival Contrepoints
• juillet 2008, Concours A Aire-sur-la-Lys, Auxi-le-Château, St-Martial, Automnales d’orgue • du 23 au 30 novembre, Brunoy
d’improvisation de Haarlem (NL) Béthune, Nielles-lès-Ardres, Saint- Création de la pièce de Betsy Jolas (Essonne), orgue neuf de
- Gerben Mourik, NL, 1er prix Omer, Tournehem, Le Touquet Leçons du petit jour par L. Antonini et B. Cattiaux, avec F. Espinasse
- David Franke, D, prix du public (Finale du concours F. Espinasse www.orgueenavignon.org
• 8 septembre 2008, Chartres Le centenaire Olivier Messiaen
P. de Manchicourt) avec O. Latry, • Leçons du petit jour de Betsy Jolas se poursuit à travers le monde.
Interprétation R. Muraro, M.C. Alain, S. Landale... sera aussi interprété au CNSMD de
- Saki Aoki, Japon : Grand Prix, Prix Pour être informé, consulter le site
www.domaine-musiques.com Lyon le 25 novembre. Voir p. 45 www.messiaen2008.com
du Public et Prix Gaston Litaize
- Jean Willy Kunz, France : 2nd prix
Improvisation
- David Franke, Allem. : Grand Prix
• 26 août-7 septembre 2008 A propos de l’Orgue (CD, DVD,
Erfurt, Weimar, Merseburg concerts, master-classes, concours...)
1er concours international nous suggérons de visiter le site
d’orgue Bach / Liszt régulièrement mis à jour par notre
- Ulrich Walter , D, 1er prix collaborateur Alain Cartayrade
et prix Messiaen www.france-orgue.fr/disque
- Andrew Dewar, GB, 2e prix et vous invitons à y inscrire vous-même
et prix Reubke l’annonce des concerts, que vous
- Lukas Stollhof, D, 3e prix soyez organistes ou organisateurs
www.erfurt-weimar-merseburg.de (page “concert” puis “annoncer”).
O

42 Orgues Nouvelles Automne 2008


Digne... de confiance Dénonciation
Par exception, notre première “victime” ignore cathédrale Saint-Jérôme de Digne. Ce musi- La dénonciation est un péché véniel...
tout de la conspiration et en découvrira le cien autodidacte a commencé l’orgue à l’âge lorsqu’elle révèle au grand jour la
résultat en même temps que vous, ô lecteur ! de 12 ans à la tribune de La Mure dans l’Isère. belle action d’un acteur trop modeste.
Mais notre principe reste cependant que : C’est ainsi que bon an mal an, il compte Orgues Nouvelles espère que vous serez
1. Vous dénoncez. aujourd’hui 60 années d’orgue liturgique ! nombreux à pécher véniellement !
2. Nous prenons contact avec la “victime”. Non content d’assurer un service astrei-
3. Nous l’invitons à expliciter son action gnant, il a dirigé une chorale A Cœur Joie
bienfaisante. pendant 12 ans, puis la chorale de l’archi-
Orgues Nouvelles espère ainsi renforcer le prêtré et reste organiste titulaire des orgues
moral des sans-grade, des humbles qui des trois lieux de culte de Digne. Quand on
sèment le bonheur autour d’eux, avec téna- aime, on ne compte pas !
cité et simplicité. Il importe que nous nous Maître de chapelle, il a également composé
reconnaissions dans ces anonymes courageux. quelques pièces liturgiques. Jean-Luc Petiot a
Notre premier “cafteur” – Bernard Michaud reçu en octobre 2006, une bénédiction papale
– habite fort heureusement un lieu où a sévi de Benoît XVI pour ses 60 ans de service
par la grâce de Victor Hugo, la personne la liturgique. Il est à espérer que les autorités
plus capable de lui donner l’absolution : ecclésiastiques de Digne, à défaut de lui déli-
Mgr Myriel, le saint prélat de Digne (deve- vrer (en latin) une bénédiction papale, ont su
nue Digne-les-Bains). Lieu fort catholique et savent toujours reconnaître (en français)
au demeurant puisqu’il abrite deux cathé- un tel dévouement. Car l’on croit volontiers
drales ! Autant dire que les serviteurs du le “cafteur” qui affirme que sa motivation
culte ont fort à faire. première est de favoriser la beauté litur-
C’est ainsi qu’il nous a présenté Jean-Luc gique et l’atmosphère de prière.
Petiot, titulaire de l’orgue Cavaillé-Coll de la G.G.

Premiers enregistrements
de l’orgue Quoirin-Decaris
à la cathédrale Notre-Dame
à Evreux
CD 1. Classiques d’hier
De la Renaissance
à Olivier Messiaen
par Odile Jutten
A. de Cabezon, J. P. Sweelinck,
H. Scheidemann, D. Buxtehude,
J. S. Bach : Sonate BWV 529, DVD. Architecture des Vents
P. Dandrieu : Noël varié Joseph Construction du grand Orgue
est bien marié, F. Mendelssohn : Un temoignage passionnant.
4e Sonate, C. Tournemire : Final Film de 58 min + Interviews 91 min
de l’Office n°26, O. Messiaen : Une réalisation du CRDP de Haute-Normandie

Extraits de L'Ascension Offre jusqu’au 20 octobre 2008


CD 2. Classiques de demain L’étui 2 CD + DVD : 30 €
Musiques pour orgue franco de port jusqu’au 20 octobre 2008
de notre temps A commander (paiement sécurisé) sur
en premières mondiales www.disques-triton.com ou par courrier
par Pascale Rouet (avec votre règlement) à Disques Triton
G. Finzi : Architecture 214 place de l’église - 45320 Courtemaux
F. Delor : Toccata Tél. 33(0)238 895 895
J.-L. Etienne : Incandescence avec le soutien de l’AM.OR.C.E et de
J. Pichard :
Fantaisie sur mi do si mi la
A. Mabit : Night Song
J.-P. Leguay : Sonate III
O

Automne 2008 Orgues Nouvelles 43


Buffet Le chef
d’organistes Michel Sarran
“Ce qui m’excite dans ce métier, Quel rapport avec l’orgue ? En 1995, Willem un cachet (165 euros le soir pour le grand
c’est l’accord insolite qui sonne Jansen et moi-même réfléchissons très fort menu dégustation avec vins assortis), mais
comme l’accord parfait”. à la création prochaine du Festival vous ne regretterez rien, ni surtout ce der-
Toulouse-les-Orgues, et nous apprenons nier menu incroyable ! Qu’est-ce qu’on joue
Qui parle ainsi en 2008 ? l’ouverture d’un nouveau restaurant haut de mieux de l’orgue après ça!
Le centenaire Messiaen ? gamme. Comme il faut toujours se tenir Gersois d’origine, initié par sa mère
Debussy, qui aurait dit cela de sa informé des grandes choses, et que rien ne Pierrette, qui cuisinait les meilleurs foies
“sixte ajoutée” ? Non, un maître vaut l’expérience personnelle, nous profi- gras poêlés du sud-ouest à l’Auberge du
-artisan : Michel Sarran, 47 ans, tons du passage de Jean Boyer pour aller Bergerayre de Saint-Martin d’Armagnac,
chef cuisinier à Toulouse dont le tester tous les trois, incognito, la manière Michel a été formé entre autres chez
restaurant a été récemment auréolé dont ce nouveau chef-compositeur, débar- Ducasse, Guérard, et Lorrain, avant de
d’une deuxième étoile au Michelin… qué à Toulouse, conçoit les dissonances, devenir chef au Mas du Langoustier sur la
leur résolution et autre valeur ajoutée… magnifique île de Porquerolles (où je
Coup de foudre immédiat, contact itou, d’où navigue chaque été en voilier, snif…), puis
naîtra une amitié. Car Michel Sarran, comme de revenir au pays créer son propre label.
tous les grands créateurs, s’intéresse à tout. “La cuisine est un moyen d’expression,
“Vous créez un festival d’orgue ? C’est super, confie-t-il. Un cuisinier mémorise toute une
expliquez-moi !”.Et le voilà-t-y pas quelques palette de goûts. Il faut ensuite raconter sa
semaines plus tard, avec son épouse propre histoire. Mais je n’ai pas la préten-
Françoise, à la tribune de Saint-Sernin, pour tion de faire une cuisine qui plaise à tout le
visiter de près le fabuleux instrument ? monde”. Elle a plu à deux des plus forts
La visite de son “piano” à lui, vaut le voyage ! symboles de la ville rose, puisque Michel
Heureux organistes et musiciens de passage Sarran est aussi le chef du restaurant VIP
à Toulouse, qui avez régalé votre ouïe des d’Airbus-Industrie (comment croyez-vous
beaux fonds de Saint-Sernin, vos doigts du tou- qu’on vend des avions ?), et chef de la Bras-
cher suave des Augustins, pour un bonheur serie du Stade toulousain, où se croise la fine
parfait, il vous reste trois sens à combler. fleur du rugby (champion de France 2008,
Pour les goûts et les couleurs, pour l’extase rappelons-le sans chauvinisme aucun !).
du nez et du palais, c’est... Sarran ! Dans un Sans oublier le troisième symbole de la ville
cadre plein de gaieté, retrouvez la délica- rose : les organistes, con ! Amis organistes, le
tesse de la flûte harmonique de Saint-Sernin “bon goût” vient en dînant ! La preuve, Georg
dans la Soupe tiède de foie gras à l’huître de Baker, fin amateur de grande cuisine, m’a
Belon. Tel la Dulzian du Rückpositiv étonné l’an dernier, en plein milieu de son
d’Ahrend, le Pigeon fermier du mont Royal enregistrement à Saint-Sernin, s’écriant :
en kadaïf vous paraîtra sans défaut. Le “Allons chez Sarran !”. Attablés confortable-
Saint-pierre en croûte de champignons avec ment, le voilà qui refuse la carte qu’on lui
zeste de citron vert et crème d’oseille forme tend, et commande d’autorité les meilleurs
ma foi, une bien jolie mixture ; quant au plats en les récitant devant le serveur
Chocolat Guanaja et Araguani à la badiane médusé ! Depuis sa maison de Dallas, aux
et granité cacao, il pourrait s’appeler tout USA, Georg avait composé et appris son
simplement Voix céleste… menu par cœur sur le web, avant de venir !
Certes, il vous faudra dépenser un cacheton Il a eu droit au champagne !
Sarran, 21 bd Armand-Duportal, Toulouse
(48 euros le midi, vin compris), voire même MICHEL BOUVARD
O

44 Orgues Nouvelles Automne 2008


Leçons du petit jour
Betsy Jolas, 2007

Je n’aime pas la nuit Une démarche originale Une histoire naturelle


par Betsy Jolas par Luc Antonini par François Espinasse
Nightaway, Diurnes, Points d’aube, Sur une idée de François Espinasse, j’ai J’avais joué, il y a quelques années,
Musique de jour… ces titres, semés tout proposé à l’association Orgue Hommage à Musique de jour de Betsy Jolas, belle
au long de ma production l’auront fait Messiaen de commander une œuvre “fugue”, hommage à Bach et Monteverdi.
comprendre : je suis “du matin”. d’orgue à Betsy Jolas. Cette pièce de 1976, venait après Musique
Je n’aime pas la nuit. Cette œuvre serait alors créée à Avignon d’hiver pour orgue et ensemble instru-
Levée ainsi depuis toujours dès potron- dans le cadre des célébrations du mental (1971) qui ouvrait un cycle d’œu-
minet, l’esprit et l’oreille aux aguets, je centenaire de la naissance d’Olivier vres explorant les instruments à clavier
prends chaque jour plaisir à capter les sons Messiaen. (piano et clavecin). Et voici Leçons du
de la grande ville endormie : appels loin- petit jour.
Betsy Jolas, qui succéda à Messiaen
tains, chats en amour, voiture solitaire, frô- comme professeur de la fameuse classe Les oiseaux donc... Arrive cette histoire
lements, craquements… sons rares et cer- d’analyse du Conservatoire de Paris, était de pigeons... j’allais dire, une “Histoire
nés de silences, se détachant étrangement tout particulièrement désignée pour cette Naturelle” un peu à la Ravel. Les orga-
d’un fond de sourde rumeur. commande. nistes connaissent bien les pigeons. Nous
J’écoute, attentive. Je réfléchis. Que faire pestons souvent contre eux, tant les
La création mondiale de Leçons du petit vieille pierres de nos églises, et même les
de tout cela ? jour pour orgue à 2 ou 3 claviers aura lieu
Avant tout, bien apprendre ces leçons ; du buffets d’orgue sont les réceptacles de
le 16 novembre 2008 sur l’orgue Pascal leurs “oublis”. Tantôt amoureux, tantôt
petit jour, non de ténèbres ! Quoirin du Temple Saint-Martial querelleurs pour une belle justement ou
Puis les réciter, les chanter… d’Avignon dans le cadre des 16es quelque grain de riz laissé par des mariés
Il me semble qu’à cette méditation soli- Automnales de l’Orgue organisées par sur un parvis, ils font partie de notre quo-
taire l’orgue, instrument bien-aimé de Orgue en Avignon. tidien d’organiste d’église. Ils ne sont pas
mon enfance, se prête tout particulière- Une démarche originale dans l’élabora- très musiciens eux-mêmes, mais Betsy en
ment. Ce sera, je le sais très vite, un orgue tion du programme permettra d’entendre dresse un portrait saisissant dans leur
baroque aux sonorités rares, soulignées deux fois au cours du même concert la environnement citadin.
elles aussi, de bruissants silences. création de l’œuvre. Un grand homme serait content d’enten-
Je commence à composer. C’est ainsi qu’avec François Espinasse, dre cette pièce, lui qui venait assidûment
Je songe à Bach. j’aurai l’immense plaisir et l’honneur de et discrètement entendre Betsy, alors étu-
A Messiaen, mon maître. créer dans la ville natale d’Olivier diante, prendre ses leçons d’orgue à la
A 64 durées peuplées d’oiseaux ! Messiaen, une œuvre de Betsy Jolas, dont chapelle de l’Université de Princeton :
Car il y a aussi des oiseaux dans mon petit nous avons été tous deux élèves au Albert Einstein.
jour. Non pas tous ces beaux oiseaux qu’il Conservatoire de Paris.
aimait et dont il disait avoir tant appris, Le programme sera enrichi d’œuvres
mais seulement de vilains pigeons pari- extrêmement variées à deux et quatre
siens et leurs tristes et interminables rou- mains, de compositeurs proposés par
coulements. Je me dis que de les évoquer Betsy Jolas elle-même.
là en bonne place me donnera au moins Ce choix, de Dufay à Messiaen en passant
l’illusion de les avoir matés. De les exorci- par Buxtehude, Pachelbel, Bach, Mozart
ser le temps de l’œuvre, mais pas plus ! et Hindemith, l’a été dans un souci de
Les voilà donc immortalisés en ce sol- grande liberté afin d’illustrer les diffé-
obsession de toutes mes œuvres de clavier. rentes passions musicales qui l’ont tou-
Et tout est parti alors de ce presque-rien ! jours animée.

Double création :
• Avignon, dimanche 16 novembre,
temple St-Martial à 17h (deux
interprétations par Luc Antonini
et François Espinasse)
• Lyon, mardi 25 novembre à 19h30,
CNSM, salle Darasse (F. Espinasse seul)

Automne 2008 Orgues Nouvelles 45


L’œuvre d’orgue de Orgues
Nouvelles

Voix humaine Valéry Aubertin voir p.51

plus...” ) ; d’autres, comme Improvisation-


Première partie Il y renonça dans les années 1990, préférant
“une certaine concentration”. Plusieurs pièces, Kandinsky 1914, Vincent Van Gogh ou La nuit
pourtant d’une singulière beauté, ont donc été
par Eric Lebrun écartées.
remue sont des poèmes symphoniques assez
développés mais dont la durée n’excède jamais
Un ordre ouvert un petit quart d’heure. Huit d’entre elles sont
“Tout a un centre, même invisible. […] La publiées en 2 cahiers de 4 pièces remarquable-
Le Livre Ouvert (1990-1997) ment réalisés (Ed. Billaudot).
Après avoir rappelé le contexte dans lequel pièce Van Gogh tient idéalement ce rôle
sont nées les œuvres de Valéry Aubertin (cf. stratégique central”. Autour de cet axe L’orgue idéal ?
Orgues Nouvelles N°1), je présente aujourd’hui émotionnel gravitent les différentes pièces du “Il n’y a pas d’orgue idéal pour ma musique.
son premier livre d’orgue, sans cesse remis en livre ouvert, les pièces les plus intenses se J’aime les principaux et les flûtes des orgues
question. L’auteur écrivait en 2002 : rapprochant du centre. classiques français mais aussi ceux de
“Aujourd’hui, [le livre] est de nouveau ouvert, Il n’est donc plus question d’un ordre vertical, Cavaillé-Coll ; j’aime les mixtures brillantes,
donnant l’impression d’un work in progress ni d’une obligation d’enchaînement, à l’instar tranchantes sans agressivité des instruments
impossible à achever, un livre ouvert sur le d’une suite. Les pièces vivent leur destin pro- baroques nord-allemands, néerlandais ou de
néant que la dernière pièce ne pourra donc pre, dans un ensemble articulé d’une manière certains instruments modernes ; j’aime leurs
pas conclure.” Puis plus loin : “Le problème de profondément originale. Les pièces les plus anches si riches de personnalité des classiques
la forme, de son invention permanente, est le proches du centre appartiennent à la seconde français et évidemment leurs cornets, leurs
sujet périlleux qui révèle douloureusement la partie de l’œuvre, ce sont la Sonatine pour les poétiques jeux de mutations…
faible proportion d’inconnu dans l’orgue étoiles de 1994, l’Improvisation-Kandinsky de Cela donne des fragments réalistes pour un
moderne. […] Le Livre Ouvert est donc un des 1993 et La nuit remue de 1995. orgue absurde fait de bric et de broc. Aucun
rares work in progress actuels : son hyper- Pour le lecteur, on proposera un ordre linéaire élément ne pourrait en parfaire la synthèse. Je
structure est entièrement liée à l’image men- qui ne rend pas compte de la réalité de préfère donc me fier à mon “orgue mental” car
tale que j’ai de son visage idéal. Il n’existe pas l’œuvre, mais revêt un intérêt pratique : il est plus riche en contrastes et, paradoxale-
comme monde réel mais plutôt comme voyage I. Messe ment, paraît plus homogène. De toute façon,
dans l’incertain : il évolue au gré du temps qui Miserere (1990), Triptyque pénitentiel : c’est l’écriture qui unifie l’ensemble des élé-
passe, il s’efface un jour et réapparaît certains Kyrie I – Christe – Kyrie II (1996) ments d’une œuvre pour orgue : c’est elle qui
autres. C’est un ouvrage spécifiquement ina- Passion (1995), Te lucis ante terminum (1997) rend cohérente une registration proposée ; et
chevable. Je ressens quelquefois trop vivement c’est au talent de l’organiste de décupler la jus-
cet état béant qui lui est naturel, car il est II. Sons – Espace – Temps – Couleurs
tesse de l’idée sonore contenue dans l’écriture.
conçu comme un gigantesque ensemble émo- Lunaire (1990), Variations (1991), La nuit remue […] Ma fascination pour l’orgue est entretenue
tionnel aux nombreuses ramifications concen- (1995), Improvisation-Kandinsky 1914 (1993), en permanence par l’écoute attentive de ses
triques.” Sonatine pour les étoiles (1994), Vincent Van registres les plus simples.”
Un projet écrasant Gogh – Les Fresques, lamento (1991)
De fait, cette musique trouvera sa place sur les
Au départ, Valéry Aubertin s’était fixé un III. Le temps déborde instruments les plus divers. Le dernier mouve-
objectif à vrai dire, écrasant en se proposant La Nuit des Nuits (1992), Liebeslied (1991), ment de la Sonatine pour les étoiles n’est-il pas
de composer 343 pièces pour orgue (7 x 7 x 7) Cadran lunaire (1998) confié à un ou deux jeux de 8’ seuls, l’écriture
réparties au sein de trois ensembles : Le temps déborde (1995), Il n’y a plus de pro- modelant une nouvelle sonorité ? Les diffé-
I. Messe : Vocation spirituelle, avec, comme fondeurs ni de surfaces (1991) rences de densité mises en œuvre dans
centre d’intérêt principal, la Passion du Christ. Quinze pièces d’une rare perfection, sans Improvisation-Kandinsky 1914 créent des
II. Sons. Espace. Temps. Couleurs : Vocation cesse remises sur le métier, composent finale- contrastes aussi saisissants sur un orgue
plus “décorative” au sens d’un “embellisse- ment ce Livre Ouvert. “Le temps organise d’une quinzaine de jeux que sur un grand
ment”. C’est le lieu des visions et des rencon- lentement les travaux de ce type : il y a un Cavaillé-Coll.
tres imaginaires, ainsi que la mise en valeur temps pour l’idée de l’œuvre, un temps pour Un Art de toucher l’orgue
des quatre éléments circonscrits par le titre. l’écriture, puis viennent les doutes, l’abandon
Outre l’intense poésie, la finesse harmonique,
et parfois la destruction.”
III. Le temps déborde : Vocation poétique, la subtilité, la force et la grâce d’une musique
tributaire de nombreuses réactions psycholo- Certaines pièces, très courtes, tiennent en écrite par un musicien d’une vingtaine d’an-
giques et esthétiques. Il s’agit d’une traduction deux pages manuscrites (Lunaire, “Il n’y a nées, j’ajouterais que cette musique est idéale-
personnelle des zones d’ombres de notre vie ment pensée pour la main. Pendant des
intérieure. Comme à la fin de la deuxième années, j’ai éprouvé combien elle prenait en
partie, cette traduction doit mener à la clarté et compte l’intelligence du geste instrumental ;
la libération de toute attraction, de toute et cette sensation m’a été confirmée par
pesanteur. C’est de cette façon qu’il faut com- plusieurs de mes collègues. C’est la marque
prendre les vers de Paul Eluard apposés sur la de Couperin, de Chopin, de Debussy. Je suis
dernière pièce : “Il n’y a plus de profondeurs ni touché par cette adéquation parfaite, qui joint
de surfaces.” aux perceptions émotionnelles et formelles le
L’auteur aurait pu réaliser raisonnablement plaisir sensible : Le Livre Ouvert constitue bien
ce projet titanesque en quelque 35 années ! un Art de toucher l’orgue !
Cette étude sera poursuivie
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46 Orgues Nouvelles Automne 2008 dans le prochain numéro.


Leur musique vibre encore Eternités...

Cyd Charisse trielle et dépersonnalisée, à la sauvegarde et un instrument construit en 1758 par le fac-
(1921-2008) à la mise en valeur des orgues historiques. teur vénitien Antonio Barbini et qui, grâce à
s’est éteinte On était au début de la prise de conscience Elsa Bolzonello, et devenu le protagoniste de
le 16 juin 2008. des exigences stylistiques que les instru- séries annuelles de concerts.
Certes, ce n’était pas ments et leur littérature imposent aux inter- Mais tout le monde ne se rappelle peut-être
une organiste, mais prètes. J’encourageai immédiatement Elsa pas de la lutte acharnée qu’elle mena victo-
elle chantait si bien Bolzonello à élargir ses horizons et l’exhortai rieusement avec courage et persévérance
sous la pluie ; et quel à fréquenter l’Académie internationale
joli jeu de jambes ! pour sauver cet instrument, menacé de des-
d’orgue de Haarlem aux Pays-Bas, où j’ensei- truction, et pour lui donner une nouvelle
Jacques Roussel, chef d’orchestre, formé gnais depuis 1959, aux cotés de Marie-Claire splendeur. A la restauration de l’orgue
à Innsbruck et Paris, s’est éteint le 30 juin. Alain, Anton Heiller, Gustav Leonhardt, Cor Barbini, effectué en 1985, elle a consacré un
A la tête de l’ensemble Antiqua Musica Kee. Elle y resta fidèle pendant plusieurs article détaillé, écrit avec la collaboration du
fondé en 1961, il s’était dévoué à la défense années, en s’enrichissant de la lymphe vitale regretté musicologue Oscar Mischiati
de la musique des XVIIe et XVIIIe siècles. que ces maîtres lui transmettaient et qui (L’organo Barbini della Parrocchiale di
Il avait créé et animé le festival Les Belles appréciaient à leur tour sa sensibilité, son Caselle d’Altivole (Treviso) in L’Organo V
heures musicales du Mont-Saint-Michel. sens du style, son intelligence. (1967), pp. 225-236).
Parmi mes souvenirs les plus vifs il y a celui Tous les amis de l’orgue qui ont pu apprécier
Elsa Bolzonello Zoja d’un récital qu’elle donna sur un petit orgue
(19 mars 1937-26 mars 2007) son travail garderont d’Elsa Bolzonello un
historique dans les environs de Haarlem, où souvenir plein de gratitude.
La douleur qu’on éprouve pour la dispari- elle eut le privilège d’avoir Anton Heiller en
tion d’un être cher est encore plus profonde LUIGI FERDINANDO TAGLIAVINI, 27 mai 2008
qualité d’ “assistant aux jeux”. A la fin du
pour qui l’a eu parmi ses disciples et a par-
concert, l’inoubliable grand maître était plus A l’hommage du grand organiste italien,
couru avec lui pendant de longues années le
même chemin. L’effarement et l’incrédulité rayonnant que sa disciple. j’aimerais ajouter ma reconnaissance per-
augmentent lorsque la mort, telle que celle De l’expérience et du savoir acquis ont pro- sonnelle envers l’énergique professeur qui
d’Elsa Bolzonello, a été soudaine et tra- fité plusieurs jeunes organistes qui ont fré- dota son Conservatoire B. Marcello à Venise
gique. quenté ses classes d’orgue aux du “plus bel orgue de conservatoire du
Conservatoires de Parme et de Venise, où elle monde” (dixit G. Leonhardt !), envers
C’était vers la fin des années 50 qu’Elsa,
après avoir obtenu le diplôme d’orgue au enseigna pendant nombre d’années. l’Inspectrice des Orgues de la région véni-
Conservatoire de Padoue, sous le guide En Italie, elle fut parmi les pionniers du mou- tienne qui soutint avec opiniâtreté les magni-
excellent de Wolfango Dalla Vecchia, vement du renouveau de la facture d’orgue et fiques restaurations de Franz Zanin, enfin
s’adressa à moi pour la continuation de ses de la croisade pour la sauvegarde du patri- l’infatigable propagatrice de l’orgue français
études. Le monde italien de l’orgue était moine dont les orgues historiques enrichis- en Italie. Sa forte personnalité a marqué sa
encore à cette époque-là assez isolé, éloigné sent le Péninsule. Tous connaissent son acti- Région en inscrivant dans le paysage musical
de ces ferments qui, au-delà des Alpes, ame- vité infatigable pour la mise en valeur de les vecteurs d’une musique de qualité.
naient au rejet de la facture d’orgue indus- l’orgue de Caselle d’Altivole, près de Trévise, GEORGES GUILLARD

Coup de cœur être oublié : “une vieille dame de 80 ans... m’a dit : “Allez, vous êtes encore plus
morte à Drancy... à la morgue sans une che- gentille comme ça qu’avant”, j’ai cru que
Pour ne pas oublier mise ou un drap sur elle... Maman s’est excla-
mée : “il faudrait tout de même noter ces
j’allais fondre en larmes.” (p.62)
Hélène est morte à Bergen-Belsen en avril
Il était une fois... Hélène Berr, douce jeune choses-là, pour s’en souvenir après. » Sait- 1945.
fille de 21 ans, l’âge où l’on aime – dans le elle que je le fais, et que je tâche d’en oublier
désordre – les fous rires, les goûters chez ...E lou matin, lou loup la mangiei.2
le moins possible.” (p.274)
bonne-maman, travailler le violon avec A.B.
madame Jourdan1, la littérature anglaise Les amis, la musique de chambre,
Hélène Berr, Journal,
(tout particulièrement Keats et Shelley), la Beethoven, Mozart, n’aident plus à supporter
préface de
cueillette des framboises à Aubergenville, les rafles, les disparitions des proches, l’ab- Patrick Modiano,
les longues balades au Quartier Latin avec surdité complète de ce Mal triomphant, et éd. Tallandier,
Jean, l’ami de cœur... En fait l’âge où l’on surtout l’incompréhension des “autres” Paris, 2008, 302 p.
aime tout, et surtout la vie ! (essentiellement les catholiques…).
1 Hélène Jourdan-Morhange,
Oui mais... Hélène (comment aurait-elle pu Au détour d’une page, une fugitive éclaircie, la dédicataire de la Sonate
l’oublier ?) a 21 ans en 1942, et elle est juive. cette anecdote qui crève le cœur – Hélène, piano et violon de M. Ravel
courageux petit soldat, arbore désormais et auteur d’un délicieux
Dans le journal qu’elle tient de 1942 à 1944, Ravel et nous
au fil des pages le ton, tout d’abord retenu, l’étoile jaune : « j’ai passé à la poste acheter 2 Alphonse Daudet,
se fait de plus en âpre, car Hélène veut un timbre, de nouveau j’avais la gorge Lettres de mon moulin, La
désormais témoigner de ce qui ne doit pas serrée, et lorsque l’employé m’a souri et chèvre de Monsieur Seguin.
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Automne 2008 Orgues Nouvelles 47


Organists and Musicians in Europe...
Abstracts and beyond

A.P.F. Boëly La rentrée musicale among all the journeys of the Baroque in
the New World, marked at each end by
pp.4-14 pp. 15-18 & 35
Students will enthusiastically embrace signposts of hope and heritage thousands
Alexandre-Pierre-François Boëly (1785- of kilometres apart: the renaissance of
new and varied musical structure when
1858). The last jewel of a dynasty of the historical organs at Andahuaylillas,
presented with them. Orgues Nouvelles
French royal musicians, Alexandre P. F. and the construction of a “replica” of
has chosen to highlight five original
Boëly is a child of eighteenth century one the two instruments in Sarrebourg
pieces of different levels aimed at trai-
Versailles and made his career in the instruments. The Andahuaylillas organ
ning professional musicians, or bringing
Paris of the Romantic era. ignites the good will of a small French
good amateurs to a new level. For the last
town to come to the rescue of the history
His vast instrumental corpus, perhaps of two decades, children have been able to
of the forgotten organs of Peru.
second order in Europe, but top-notch in enrol in music schools whose objectives
France, merits being heard. Deemed by are both to provide a basic musical edu- Le chef Michel Sarran
the violinist Pierre Baillot to be the best cation in the context of regular schoo- p. 44
piano instructor in Paris, Boëly composed ling, and to strive to detect and nurture No organist can be considered complete
music for his own instrument dedicated special talent from an early age. Orgues without an education in taste… culinary
to Ladurner, Marie Bigot, Kalkbrenner Nouvelles has chosen two schools pur- taste. A visit to Michel Sarran’s restaurant
and Cramer, pedagogues of renown in suing the same goals but in different in Toulouse is the high point of an organ
ways. P.18: Universities and major tour in the “Pink City”!
German-speaking Europe.
European conservatories can finally avail
No less talented a violist, and a tireless themselves of a network of particularly Valéry Aubertin
interpreter of the Viennese classics, he appealing and successful exchanges p. 45
composed large scores for trio and for (Erasmus). P.43-44: And advanced young Eric Lebrun continues his analysis of the
string quartet. Organist of the royal European organists can now take advan- work of Valéry Aubertin (which will
parish of Saint-Germain-l’Auxerrois, tage of the E.C.H.O. system (European conclude in the third issue). Valéry
Boëly’s œuvre remains one of the largest Organs of Historical Cities). Aubertin is certainly one of the most
and most worthy ever produced in unknown, but also the most admired in
De Sarrebourg à Andahuaylillas French organ music.
France. Boëly is a master, an exemplary
pp. 40-41
figure in the cosmopolitan France of
Thanks to Alain Pacquier, expert on the Betsy Jolas
Rossini, Meyerbeer and Berlioz. By solici- p. 46
forgotten organs of South America, a fan-
ting fine writers, Orgues Nouvelles is
tastic idea has germinated in Lorraine. A At the initiative of two of its alumni
contributing to the rehabilitation of a
technical high school in Sarrebourg has (François Espinasse and Luc Antonini),
complete musician that our readers will begun the construction of an historical Betsy Jolas has just written a work for
be pleased to discover. instrument identical one in need of resto- organ (Leçons du petit jour) to be perfor-
ration in a lost village near Cuzco, in the med by these two musicians in Avignon
Andes. And thus was born what will and Lyon. Orgues Nouvelles salutes an
The Abstracts are translated by Scott Gabriel undoubtedly be the greatest adventure initiative of the sort that is all too rare.
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48 Orgues Nouvelles Automne 2008


Elle vous livre elle-même quelques pistes :
...J’ai même voyagé en chemin de fer.
“FAITES VOS CONDITIONS”. Je répondais en
demandant des cachets exorbitants. Dans Qui suis-je ?
la même journée, un deuxième télégramme
En allant au Mexique, huit bandits qui me répondait : “VOUS ATTENDONS D'URGENCE,
croyaient le Président dans un de nos SOMMES D'ACCORD”.
wagons firent dérailler le convoi et nous
attaquèrent l'arme à la main. Mais comme C'est ainsi que je fus la vedette du Bluffeur.
tout le monde a là-bas dans sa poche des Le film fut tourné en vingt-trois jours. Nous
revolvers longs comme ça, il y eut une vive travaillions de six heures du matin à deux
heures du matin. Je perdis seize kilos.
riposte et cinq morts restèrent sur le rem-
Pendant la dernière semaine, on me faisait
blai ! Conclusion, dix-sept heures de retard,
une piqûre toutes les deux heures pour me
mais je jouais quand même à Mexico,
soutenir. Luguet qui est pourtant résistant
comme il avait été prévu. Pendant mon avait perdu exactement une livre par jour.
concert, on volait trois voitures, plusieurs
roues de secours, quelques poignées de por- Que vous raconterai-je encore ? Mes courses
tières. Le Mexique est un charmant pays... dans le Rallye de Paris-Juan-les-Pins, où,
à condition d'y venir les mains vides. sans capote, sans pare-brise, à bord d'une
grosse huit cylindres, je fus obligée de
En passant à Hollywood quelques jours plus dépasser sous une pluie battante cent dix-
tard, je dînais avec André Luguet, Jacques sept concurrents entre la porte d'Orléans et
Feyder et Maurice Chevalier. Je prenais un Vichy.
train à 21 heures. Vers 19 heures, Luguet me Qui est cette musicienne dont la vie fut un
Vous raconterai-je comment un jour l'avion roman palpitant, et dont l’énergie, le talent
dit : “II faut absolument que vous tourniez
de l'Aéropostale, à bord duquel je me ren- et la beauté firent une artiste adulée, une
mon dernier film avec moi. Vous ferez dans dais en Espagne, eut une aile brisée ? Nous vedette de cinéma, une sportive chevronnée ?
Le Bluffeur, version française, le même rôle tombâmes et je restais prise, pendant vingt – ce qui ne l’empêcha pas de mourir dans
qu’Evelyn Brent dans la version américaine”. minutes, sous les débris de l'appareil, sans son lit à 98 ans !
Question subsidiaire : Jouait-elle du violon,
Naturellement, je refusais. J'avais mes une blessure, avec toute ma connaissance, et du violoncelle, de l’orgue ou du... bandonéon ?
concerts, contrats, engagements, dédits, etc. craignant à chaque seconde que l'appareil L’un d’entre vous, tiré au sort parmi les dix
Je partis donc. Une semaine après, au ne s'enflamme. Heureusement [...] je pus, ce premières bonnes réponses reçues par poste
moment de m'embarquer pour Cuba, je rece- soir-là encore, donner mon concert à l'heure gagnera un abonnement d’un an à Orgues
vais un télégramme de la Warner Bros : dite... Nouvelles pour la personne de son choix.

Éditions SARL JURINE MICHEL


PUBLIMUSES
publication et vente de partitions de musique pour orgue
de compositeurs français du XIXe siècle

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Allegro ma non troppo

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Alexandre Pierre François BOËLY (1785-1858)
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Oeuvres de :

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Op. 18 nº 7

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Déjà parus : 5 volumes de l’œuvre
pour orgue ; Messe solennelle ex-
traite de plusieurs auteurs anciens.
d’ Orgues
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À paraître à l’occasion du 150e an-
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niversaire de sa mort : motets pour

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chœur et orgue, Les transcriptions notre site Internet
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‰ ≈ l Boëly-Boëly. micheljurine.com

Également, œuvres de :
François BENOIST (1794-1878) ; Léon BOËLLMANN (1862-1897) ;
TÉL./FAX Orgue Aristide Cavaillé-Coll
Alexis CHAUVET (1837-1871) ; Sigismond NEUKOMM (1778-1858) ; +33 (0)4 78 81 93 84 EGLISE SANTA MARIA DEL JUNCAL / IRUN - ESPAGNE
Louis NIEDERMEYER (1778-1858) ; René VIERNE (1878-1918) (restauration achevée en 2007)
PORTABLE
+33(0)6 08 82 09 54
PUBLIMUSES ® est le nom des collections E-MAIL
de la Société de Musique Française du XIXe siècle,
directrice d’édition et de collections Nanon Bertrand
michel.jurine@wanadoo.fr Orgues neufs
www.orgues-micheljurine.com
17 rue Béranger 92100 Boulogne (France)
Tél. : 33 (0)1 48 25 38 15 – Mail : smf19@nerim.net Zone Artisanale -
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Route de Fondrieu F 69510 RONTALON
FRANCE Maintenance
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Eté 2008 Orgues Nouvelles 49


Orgue mystère N°1
Cet orgue construit en 1802

ssaert
par les facteurs d'orgues
marseillais Borme, père et fils,

gues
pour l'église N.-D.-du-Mont
à Marseille, a été joué par
F. Chopin en 1839. Il a été
acheté par la paroisse
N.-D.-d'Eyguières en 1844.

Manufacture d’Or
Yves Fo
Cet instrument de 26 jeux
(dont 9 jeux d’anche en fer
blanc) sur 3 claviers et
pédalier vient d’être
entièrement restauré.
Son buffet napoléonien est
l’un des rares en France.
Parmi les 9 réponses exactes, le gagnant (tiré au sort)
Patrick Geel, reçoit un abonnement d’un an à Orgues Nouvelles,
pour la personne de son choix.
Dans ce N° 2, la photo mystère est en page précédente.
L’un d’entre vous, tiré au sort parmi les dix premières bonnes
réponses reçues par poste gagnera un abonnement d’un an
à Orgues Nouvelles pour la personne de son choix.
La réponse paraîtra dans le numéro 3, et dès la fin novembre
sur le site www.orgues-nouvelles.org

Orgues Nouvelles
www.orgues-nouvelles.org
www.orgues-fossaert.com info@orgues-nouvelles.org

Précisions à propos du N°1


- en page IX du Cahier de musiques (Partition Voluntary in G
de Purcell), à la dernière mesure, il manque SI à l’alto.
- en page 40, une imprécision pouvait prêter à confusion à la rubrique
“D’autres questionnaires...” : Toutes les réponses de la page sont bien
de Michel Bouvard. Seules les questions sont de Bernard Pivot et de
Georges Guillard... bien incapable de ponctuer ses phrases de façon
aussi énergiquement toulousaine !
Plusieurs correspondants régionaux, par leurs informations
et réactions, nous permettent déjà de refléter avec authenticité
la symphonie des orgues en Europe.
Pour les rejoindre : info@orgues-nouvelles.org

N° de lancement N° 1 - Eté 2008 N° 2 - Automne 2008

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De la Lorraine
inclus Le nouvel orgue de Cayenne inclus au Pérou
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Bientôt dans le N°3 (mi-décembre 2008)


Des dossiers sur les musiciens Jean-Pierre Leguay
et Olivier Greif, des musiques à lire et à entendre
de Louis Vierne ou A.P.F. Boëly (fin d’anniversaire !),
une visite au Québec ou en Alsace (le suspense est
insoutenable...), des infos etc.
O

50 Vivement le n° 3 !
Orgues
CD mixte N°2 CD mixte et magazine
Sur une chaîne hi-fi ou lecteur CD,
seules les pistes audio sont lisibles.
sont complémentaires
Ils constituent un tout
et ne peuvent être
Nouvelles

Sommaires

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Septembre 2008
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Configuration minimum Mode d’emploi Revue N°2


• Ordinateur PC (MS Windows XP ou ultérieur) Insérer le CD mixte dans le lecteur. Boë
Boëly
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ou Mac (OS X) Si la page d’accueil n’apparaît pas automatiquement
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13• Le vermeil du Soleil, Le souffle de Boëly, l’orgue
A.P.F. Boëly Cantique de Denizot op.15, n°9 1’50 de Saint-Germain-l’Auxerrois 6-7
Quatuor sur deux claviers et pédale obligée Orgue François-Henri Clicquot de l’église par Pierre Dumoulin
1• Version à l’orgue 3’17 N.-D.-des-Champs à Paris, par Jean Boyer,
Orgue historique Cavaillé-Coll-Haerpfer-Hermann ●P disque Stil, n° 1405 573, pl.16 (1973)
L’Intégrale des partitions 9
(1838) de l’église N.-D.-de-Lorette à Paris © Stil éditions Paris 1973 Partition p.VII par Nanon Bertrand
Extrait de l’Intégrale Boëly, par Marie-Ange Richard Quesnel Un manuscrit extraordinaire 9
Leurent et Eric Lebrun, Bayard Musique 14• Kyrie (Messe de la Trinité) 1’43 par Bruno Marq et Georges Guillard
2• Mise en quintette à cordes 2’35 Maîtrise de Sainte-Anne d’Auray dirigé par
par Georges Guillardavec Marie-Hélène Du clavecin au piano... 10
R. Quesnel (enregistré en 2005) Revue p.17 par René Delosme
Clausse, 1er violon, Stéphane Catalano,
2e violon, Alice Courchay, alto, Laura Tavernier, Partie Cédérom et de l’harmonium à l’orgue expressif 11
violoncelle, Pascale Guillard, contrebasse Infos en Montre
Enregistré en l’église des Blancs-Manteaux à Paris,
par Henri de Rohan-Csermak et Michel Dieterlen
Texte interactif, photos et hyperliens divers
le 5 septembre 2008. Prise de son : David Chiarandini L’orgue de Boëly au disque 12
3• Fantaisie et fugue
Partitions d’AP.F. Boëly Entretien avec Eric Lebrun
Pièces pour orgue (et harmonium)
en si bémol mineur op.18,6 5’12
1. Quatuor op.12 n°10 La musique de chambre (1800-1860) 13
Orgue Cavaillé-Coll, cathédrale de Bayeux,
par Daniel Roth (2003), CD Aeolus AE 10381 2. Cantique I op.15 n°1 par Joël-Marie Fauquet
3. Pièce sans titre Eléments de langage musical 14
Choral Bin ich gleich von dir gewichen 4. Pastorale op.14 n°11
(26 juillet 1847) Deux versions : Partition p.II 5. Canone all’ ottava op.18 n°11
par Henri de Rohan-Csermak
4• à l’Orgue Yves Fossaert (2007) 2’11 6. Marche des Pèlerins Rentrée 2008
de l’église St-Etienne de Claye-Souilly (77) Avec l’aimable autorisation des éditions Publimuses
Extrait de l’Intégrale Boëly, par Marie-Ange Pièces pour piano Musique comptemporaine...
Leurent et Eric Lebrun, Bayard Musique Caprice op.2 n°9 et Caprice op.2 n°19 La jeune classe (Bruce Mather) 15
5• à l’Orgue François-Henri Clicquot 1’40 Avec l’aimable autorisation des Editions Minkoff par Pascale Rouet
de l’église N.-D.-des-Champs à Paris Etude op.13 n°9 et Etude n°10 op.13
par Jean Boyer, ●P Stil éditions n° 1405 573, pl. 3 Avec l’aimable autorisation des éditions Lemoine* St-Louis-de-Gonzague... avec Maîtrise 16
(1973) © Stil éditions Paris 1973 Vidéos Ste-Anne-d’Auray
6• Prélude d’orgue avec pédale obligée Etudes pour orgue de Bruce Mather, Le Centre de musique sacrée 17
op.18 n°4 (27 avril 1840) 5’54 jouées par de jeunes organistes... par Bruno Belliot
Orgue François-Henri Clicquot de l’église de Classe de Pascale Rouet (CRD Charleville-Mézières)
N.-D.-des-Champs à Paris, par Jean Boyer, 1. Etude n°1 par Juliette Partitions p.XII Pyxis ou le dialogue des arts 18
●P disque Stil, n° 1405 573, pl.15 (1973) 2. Etude n°18 par Clémence par Chantal Stigliani
© Stil éditions Paris 1973 3 et 4. Etudes n°10 et 11 par Antoine
7 • Caprice op.2 n°9 1’05 Avec l'aimable autorisation de Bruce Mather Cahier de musiques I à XVI (19 à 34)
(œuvres à paraître aux éditions Delatour)
8 • Caprice op.2 n°19 0’52
9 • Etude op.13 n°10 1’55 Jean-Pierre Leguay Formation - Le programme Erasmus 35
par Jacqueline Robin, piano Bösendorfer 5 et 6. Spicilège n°2 et Spicilège n°5 De Toulouse-les-Orgues à l’ECHO 36-37
Avec l'aimable autorisation de J.-P. Leguay
Boëly, un versaillais à Paris et des éditions Lemoine* par Michel Bouvard
© Arion 1978, 1981, 2008 - ARN268778
Schumann DOSSIERS De Sarrebourg à Andahuaylillas 38-39
10 • Esquisse op.58 n° 3 4’35 Boëly par Laurent Blaise
pour piano-pédalier, piano Pleyel (1847), • Catalogue des œuvres Brigitte François-Sappey Boîte expressive 40-41
pédalier Pleyel (1890), par Martin Schmeding • Discographie
© Ars Produktion, 2005 • Trois articles Revue pp. 6, 10 et 13 Infos en montre 42
Berlioz 1. L’Orgue de l'église St-Germain-l'Auxerrois Dénonciation : Jean-Luc Petiot 43
Hymne pour l’Elévation Partition p.IX à Paris, au temps de Boëly (Pierre Dumoulin)
11 • pour harmonium 4’53 2. Du clavecin au piano, la musique de clavier Le chef Michel Sarran 44
à l’harmonium Debain de l’église prieurale en France entre Rameau et Boëly (René Delosme) par Michel Bouvard
de Pommiers-en-Forez (Loire), par Jean-Luc 3. Aperçus de la musique de chambre à Paris Leçons du petit jour 45
Perrot, titulaire des Orgues Callinet (1837) entre 1800 et 1860 (Joël-Marie Fauquet) par Betsy Jolas, Luc Antonini et François Espinasse
de l’église N.-D. à St-Etienne. St-Maximin (suite)
Enregistrement à Pommiers le 28 août 2008
• Collection Orgues Historiques Cf. N°1 p.13 L’œuvre d’orgue de V. Aubertin 46
Prise de son : Michel Trémoulhac Avec l'aimable autorisation des éditions Harmonia Mundi Première partie par Eric Lebrun
12• Mise en quintette à cordes 4’52 • Petite nostalgie provençale...
par Georges Guillard avec Marie-Hélène Eternités... Pour ne pas oublier 47
Clausse, 1er violon, Stéphane Catalano, Dossier Photos Abstracts 48
2e violon, Alice Courchay, alto, Laura Tavernier, 1. ECHO : Le protocole original signé par les
violoncelle, Pascale Guillard, contrebasse maires de 7 villes d’Europe Revue p.37 Qui suis-je ? (Photo mystère) 49
Enregistré en l’église des Blancs-Manteaux à Paris, 2. La Maîtrise d’Auray et l’orgue de Ste-Anne p.17
O

le 5 septembre 2008. Prise de son : David Chiarandini 3. De Sarrebourg à Andahuaylillas (Pérou) p. 38


Automne 2008 Orgues Nouvelles 51
* © Editions Henry Lemoine - www.henry-lemoine.com

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