ORDRE DES AVOCATS

Barreau de NEVERS
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MOTION DU BARREAU DE NEVERS

L’Assemblée Générale Extraordinaire des Avocats du Barreau de NEVERS
réunie ce jour, 21 novembre 2018, à propos du projet de loi de programmation
pour la Justice :

RAPPELLE que Madame le Ministre de la Justice face aux inquiétudes du

monde de la Justice, s’était voulue rassurante sur la préservation du maillage
territorial des lieux de justice.

A cet égard, il avait été affirmé, sans relâche, qu’il n’y aurait pas de
modification de la carte judiciaire, que toutes les cours d’Appel seraient
maintenues, qu’il n’y aurait pas de départementalisation des Tribunaux de
Grande Instance.

De même, il avait été précisé que les spécialisations des Juridictions seraient
une faculté strictement encadrée et qu’elles interviendraient de manière
croisée entre les Juridictions afin de respecter l’équilibre des territoires ;

DEPLORE que ces engagements ne soient pas respectés puisque :

- l’expérimentation de la spécialisation des Cours d’Appel sur 2 régions est à
présent prévue sur 5 régions ; ce n’est donc plus une expérimentation mais le
début de la mise en œuvre de la dévitalisation de certaines Cours d’Appel ;
- l’encadrement du périmètre des spécialisations des Tribunaux de Grande
Instance est illusoire :
- aucune garantie n’est apportée sur une répartition équilibrée des
spécialisations entre les différents Tribunaux d’un même département,
- bien plus, la rapporteure du projet de Loi à l’Assemblé Nationale a fait
adopter avec l’accord de la Ministre de la Justice un amendement qui étend
le concept des spécialisations aux Tribunaux limitrophes même s’ils ne font
pas parti du même département.

CONSTATE que ce texte préfigure une Justice délibérément éloignée du

Justiciable.
Il est anormal de prétendre défendre une Justice de proximité alors même que
son approche n’est dictée que par des considérations budgétaires et
économiques, au mépris des réalités du territoire.
CONSTATE que ce texte préfigure une Justice déshumanisée.
Sous prétexte de modernité, il est prôné la dématérialisation de certaines
procédures, comme les injonctions de payer, qui seraient totalement
dématérialisées sous l’égide d’un centre de traitement national, qui n’aura de
Juridiction que le nom et qui sera éloigné des Justiciables précaires, objets de
ces procédures.

CONSTATE que ce texte préfigure une Justice automatisée et inéquitable

Sous prétexte d’efficacité, il est prévu de déjudiciariser à tout-va, en n’hésitant
pas à confier la révision des pensions alimentaires aux Directeurs des Caisses
d’Allocations Familiales, alors même qu’il s’agit d’opérateurs de droit privé,
qui appliqueront un barème et seront en conflit d’intérêt évident puisque les
prestations servies par les CAF dépendent notamment des pensions
alimentaires…

CONSTATE que ce texte préfigure la fin de la Justice pour tous

Sous prétexte de pacification des conflits, il va être imposé un préalable,
souvent illusoire, de règlement amiable des litiges hors des Tribunaux.
De telles dispositions ne sont destinées qu’à gérer les flux des dossiers
judiciaires et à dissuader les Justiciables de saisir son Juge.

CONSTATANT que ce texte en l’état actuel ne défend pas une Justice de

proximité, humaine, accessible à tous et attentive aux plus faibles,

CONSTATANT que ce texte pose les bases d’une Justice déshumanisée et

automatisée où le Juge sera éloigné du Justiciable, difficile à saisir,

DECIDE à l’unanimité d’observer une Journée « Justice morte »

le Jeudi 22 Novembre 2018 pour réaffirmer son désaccord sur le projet de
Loi et sa détermination.

En conséquence, il est décidé d’un mouvement de grève de toutes

activités juridiques et judiciaires et du renvoi de toutes les
audiences le 22 novembre 2018, en ce compris le contentieux de la
liberté, et l’absence d’Avocat aussi bien pour la permanence
pénale que pour la permanence garde à vue.