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J'étais assis sur mon canapé, comme de nombreux dimanche. C'était une journée banale, une
parmi d'autres. La routine m'amenait à me perdre dans les vacarmes assourdissants du vide présent
en moi depuis maintenant quelques temps. Que je ne mesure plus. Pourquoi d'ailleurs ? Je ne sais
plus.
Qu'est-ce que je fous-là ? Il fait beau, il fait chaud, les gens sont anormalement beaux. J'ai besoin
de voir du beau en ce moment. Pourtant, je ne suis pas des plus joyeux. Mais tout me parait plus
Affalé, je n'avais pour élégance qu'un maigre caleçon décousu, qui me donnait des allures de
sauvage. La détente était au rendez-vous. Je me vidais progressivement de tous mes gaz, me prenant
pour un Mozart de la nuance quand le coeur y était. L'inspiration ne m'a jamais quitté. Et, dans ce
cas présent, l'expiration donnait un semblant de rythme à ma vie. Je remarquais une chose simple,
très simple, mais qui fut déterminante pour la suite : Il me fallait trouver un moyen d'expirer,
Tant que mes yeux se portaient sur autre chose que moi, la magie prenait. Le monde est mon
expiration. J'en suis venu à me demander par quel moyen je pouvais espérer être sauver de moi-
même, trouver ce flottement de quelque chose que je n'arrive définitivement pas à faire germer en
moi. Fermer les yeux fut une solution. D'un écran noir, je vis les jambes infinies d'une danseuse, la
chute de ventre gracieuse d'une sibylle, un visage chaud aux yeux glacés, un souffle dont le frisson
fit un avec le mien. Mes poils s'hérissaient, il fait pourtant chaud. Un gaz de plus. Une odeur
pestilentiel. Que voulait-elle me dire ? "Tout intellectualiser ou tout sublimer ?" dit la voix qui
chose-là. Non pas le joyau, mais la merde que je pourrais inspirer même après en avoir fini avec la
détresse de ma libido. La merde qui ne rendrait pas jalouse la mienne. J'ai toujours été déterminé,
par un sort du destin surement, à la découvrir. Pourquoi donc ? Car j'étais de ceux qui étaient
sensibles à toutes les imperfections qui rendent belles. Ces vergetures cachées par la pénombre, ces
cicatrices de l'âme imbibées de larmes qui trouvent diversion derrière un brillant sourire ou même
ce regard fuyant au loin quand le coeur de l'autre souhaite que je lui donne ce que je n'ai pas. Il y en
a tant de ces choses là, dysharmonieuses, il y en a tant dans le corps d'une femme. Plus qu'une baise
Au point où j'en suis. Cette phrase fait faire des choses désespérées. A commencer par ma sortie
de cet après-midi.
Je n'avais rien à faire, comme la majeure partie de mes journées, chose dont je suis
particulièrement fier au passage. Cela permet de créer un espace vide en moi afin d'accueillir la
nouveauté continuellement. Etre-là, le plus possible, c'est en quelque sorte mon métier à plein
temps. Je ne suis pas rémunéré conventionnellement pour ça, maaaaais, une chose est sûre, je me
Peu de gens se rendent compte à quel point l'imprévue dans leur vie tient du dur boulot que l'on
se tape au quotidien, nous, les somnambules généreux. Nous vivons avec cette impression que le
monde est un rêve éveillé, sans nous soucier des préoccupations mentales, dans l'optique de
toujours laisser naître le fortuit. C'est ainsi que les rencontres les plus improbables se produisent :
"Et ben dis donc, qui aurait cru que j'aurais pu te croiser ici, alors que, normalement, je ne prenais
pas ce chemin, puis tu sais, j'ai eu un retard de bus qui fait que". Tout ce blabla rationnel, que l'on
connait tous bien. Dans notre monde, ces explications n'ont pas de sens. Qui se soucie réellement du
fil linéaire d'un rêve ? Tout le monde s'en fout. Ce qui importe, ce sont les signes saillants, les
bizarreries, les impressions de l'ordre du surnaturel. Ces choses sont communément évoquées sous
Par souci de commodité, les journées seront tout de même décrites dans un ordre à peu près
fonctionnel. A vrai dire, si je devais les traduire réellement comme je m'en souviens, telle
expérience ne pourrait se raconter sans telle autre d'il y a quelques années et telle autre qui viendra
certainement un jour. Parler en cycle, c'est surement le langage du futur. P'tre même que les E.T ne
comprennent que dalle à nos bouquins à cause de ça. J'aime beaucoup cette idée du temps. Et quand
on aime, en profondeur, et dans le temps, on finit par ne faire qu'un avec l'objet d'amour. Je serai le
temps, ou plus encore, je serai peut-être homme devenu Dieu. Et la lumière fût.
Je sortais de chez moi avec comme seule envie de trouver le grand amour. Plaisanterie à part.
L'envie était aux nouvelles rencontres. J'habite une chouette ville comme on dit. Et au printemps,
les jambes se dévoilent, les sourires aussi, il y a comme un retour à quelque chose de bien animal
qui donne, ou me donne (avec agacement, je suis le monde à mes yeux et le monde devrait être à
mon image), envie d'aller bien plus vers les autres. Rencontrer des hommes géniaux, c'est déjà
comblé, j'en découvre encore, mais, me trouvant en plus de cela déjà génial, j'ai vraiment ma dose.
Je cherche quelque chose d'autre que moi. En triant rapidement, il me reste les animaux, la nature,
les esprits et les femmes. Ce qui est con quand j'y pense, c'est que je suis intimement persuadé
d'aimanter ce qui me ressemble. Alors qu'il me faudrait plutôt ce qui ne me ressemble pas. Je dois
Direction centre-ville. Les yeux plissés, j'observe discrètement l'ambiance. Et j'aime beaucoup.
Tant que je n'y suis pas de trop convié. J'étais dans un de ces moments où je prends plus de plaisir à
voir les gens rire qu'à rire moi-même. J'aime ça, vivre par procuration. Surtout quand je n'en sais
pas trop. Amour, amour, où es-tu. Les gens sont tous si beaux. Je savais que dans ces instants, je
m'abandonnai à un de mes vieux vices. J'avais depuis longtemps en moi cette tendance à vivre dans
des idéaux. Bien évidemment que ces gens étaient bien laids pour la plupart.
Il faut être réaliste, rares sont ceux qui ont encore assez de naïveté pour s'offrir au premier venu.
Et encore plus quand ce dernier fait tout pour les faire accoucher. Pas que je sois pressé de dévorer
la personne. Oula non, loin de là. J'ai parfois des airs de charognards de l'esprit. Qui trahit d'ailleurs
mon manque de stimulation. Mais, Dieu merci, ça, c'est travaillé, maintenant, je suis plus un adepte
de la volupté. Faire durer le plaisir de l'instant, prendre le temps, toujours le temps, tant que la chose
se développe et, m'imaginer, que cela durera une infinité, ah ça... On y vient on y vient. Je ne fais
pas l'amour avec n'importe qui. Ce principe s'applique aussi à la discussion. De la masturbation ou
de la baise. Voilà... ça... ça me frustre et ça m'épuise. Quoi de commun entre une baise et une
discussion du quotidien ? L'impression de partager quelque chose avec quelqu'un, de toucher des
zones sensibles sans être foutu d'être suffisamment télépathe pour deviner quoi. Et quand bien
même, parce que je le suis télépathe par moment, le partage ne se fait que dans un sens. De 1), on
rêve tous de tomber sur un télépathe. de 2), si on s'abandonne, on croit que l'autre s'abandonne
aussi. C'est faux. Quand une discute ou une baise ressemble à un accouchement, c'est au mieux une
Pourtant, pourtant, cet après-midi là, j'allais tomber sur quelqu'un qui allait changer ma vision
des choses en profondeur. Bon, les choses ne sont pas aussi belles en vrai. Il m'en aura fallu des
après-midi d'errance avant de la croiser. De les croiser. Ce n'est bien sûr pas l'affaire d'une femme.
Ni de plusieurs femmes. Ce sont des mondes qui m'ont pénétrés. Et le moins que l'on puisse dire,
c'est que le jeu en vaut bien la chandelle. Ou devrais-je dire que ce jeu est des plus sérieux. Il en est
de ma vie. Et pas un truc gnangnan romantique sublimé. De ma vie réelle. Je n'en suis toujours pas
sorti d'ailleurs. Je témoigne tant que je le peux. Et si ce roman ne voit pas la fin, et bien, ce sera
irrévocablement ma vie qui s'en sera chargé avant. Il n'y a pas plus intense légèreté que face à la
mort, on ne veut et ne peut tellement pas la voir qu'à sa proximité tout nous apparaît comme plus
léger.
Cet après-midi, l'idée était simple : prendre un bon bouquin et me poser en terrasse. S'il y a une
chose que j'aime plus que ça, c'est de me poser à côté de gens qui discutent de choses frivoles.
Quand c'est en fond sonore, ça s'écoute très bien. Et j'avais trouvé un groupe qui semblait
parfaitement répondre à ce critère. J'avais déjà entamé une bonne partie de la lecture la veille, je me
souviens encore du passage lourd de gravité qui m'a fait couper la lecture. Le seigneur m'était tombé
sur la tête et des cotons de nuage, il n'en restait que mes jambes. Ouais... Bof.
Je ne pleure pas en public pour information. Et là, l'envie y était. Ces derniers temps, je
développe une hyper empathie qui contraste de trop avec ce que je dégage. Pour anecdote, dans le
dernier épisode que j'ai vu d'une série [...] L'anecdote était bien plus drôle dans ma tête... Passons.
La configuration de la terrasse était de celles que je préférais le plus. Passer du temps sur un banc
à juger tout le monde sans complexe, j'adore ça. A ma gauche et à ma droite, des jeunes gens sur
leurs portables... Des gens peu bavards, qui s'échangent des passages de vidéos ou des photos, la
langue pauvre mais très portée sur l'anecdotique. Il en ressort souvent des échanges courts, peu
engagés, rarement risqués, en somme une indifférence de convenance qui semble plaire à tous. Les
hommes se distinguent par les tempos, les femmes sur leurs intonations. Ces subtils détails me
rendent ces gens très charmants. Pour moduler, un autre groupe, cette fois de 5-6 personnes, bien
plus actifs, mixtes, qui parlent à voix hautes et rient forts. Ceux-là sont pour moi un parfait
indicateur humain ; je me rends compte que la lecture me brasse trop de l'intérieur quand je focalise
mon attention sur ce groupe-là. Dès lors, je prends une pause, je regarde en moi et je me questionne
sur ce qui s'y passe. Les indicateurs humains, plus pertinents que les formules mathématiques.
Oula !!? Et voilà une montée de je ne sais quoi. Mayday mayday ici le ciel. Je perds le contrôle de
mon cerveau.
mes cils l'infini(e) plaisir de me trouver ici en cet instant. Le ciel rayonne, les couleurs se
peu les yeux et me concentrant sur le monde, je regarde avec un peu plus d'insistance les choses
présentent autour de moi. Je plane, sans aucune drogue autre que mon lâcher prise. Ah. Sentant
qu'un sourire trop large commencait à se tracer sur mon visage, je pris l'alerte très au sérieux et me
ravisa précipitamment. La vue se redonnait plus net, les choses moins scintillantes mais plus
tracées. Le choc du contraste suffit à me remettre les pieds sur terre. Je sens en moi que ça crispe, ça
sclérose, la langue s'assèche, la gorge se broie. Emporté, j'en viens à me dire : "A quoi bon venir
ici ?". Le poids derrière ce questionnement était des plus graves. Je sentais qu'une chose de
fondamental en moi venait d'être remise en question. Quelque chose de l'ordre : « La cathédrale qui
inaugure le passage de ma vie d'adulte à ma vie d'enfant ». Je cite les profondeurs. Où suis-je ? Que
Un événement se produit.
Connaissez-vous ces moments où, revenant dans le monde, vous vous demandez à quoi vous
étiez en train de penser ? Ces moments de vide où vos yeux regardent un point invisible, au loin, où
vous n'avez pas même conscience de ce que vous regardez ? Ces moments où vous revenez à la
conscience, sans pouvoir estimer le temps d'absence de votre micro amnésie ? Le « Noûs » à la
sauce Heidegger. Parmi mes nombreuses capacités improbables, non quantifiables, inutiles dans
notre monde actuel, j'avais débloqué celle ci : savoir où je suis dans cet instant.
/Voix off « off »
Le laps d'une seconde, je me retrouve happé dans un souvenir ancien, très ancien. Que se passe t-
il ? Des flash. De pleurs. Un désespoir, noir. Un cri inaudible, trop aigu, Ajna est épuisée, plus rien
Les yeux écarquillés, je me secouais la tête tout en me rappelant que je me trouvais dans une
terrasse de café. Un laps de temps passa, pas même celui d'un clignement d'yeux, les gens ne
m'apparaissaient plus de la même odeur. Tout me semblait plus intense. Cette pratique, qui ne
portait pas de nom chez moi, ressemblait énormément à ce qui est associé à la pleine Conscience.
Pour vivre plus intensément le présent, il fallait réactiver le réseau qui le soutien dans sa plus grande
étendue. Dans mon cas, ce fût à cet instant ma raison d'être-encore-au-monde-malgré-tout. Ce flash,
que je savais lié à une période précise de ma vie, ne pouvait encore être tout à fait digéré. Parce que
je n'y comprenais rien. Parce qu'à cet époque, je ne savais pas si je voulais Dieu ou le Diable. Si je
voulais la libération sur terre ou la libération céleste. D'une solitude à l'autre, je tenais en moi deux
mondes inconciliables.
Le canal perd de sa force jusqu'à s'éteindre. Semi étourdi, je repris contrôle de moi et, en ayant à
peine vraiment conscience de qui s'est produit, je réadapte ma conduite à ce qui était prévue :
Remarque utile : retranscrire certains passages, c'est les revivre dans le présent de l'écrit. Les
30 minutes venaient déjà de passer. Je me souviens vaguement des sujets de conversations autour
de moi. Il y avait une personne à ma gauche avec un rire très charmant, de ces rires qui sonnent purs
comme... J'aurais bien dit de l'eau de roche mais j'en ai jamais bu. Et ça fait pas mal cliché. On
Dans mes fétichismes, l'éclat du rire est très haut placé. J'y vois là la trace profonde qu'a laissé
l'angoisse chez l'enfant ; le rire comme solution magique pour réduire l'horreur de sa naissance au
monde. Il y a dans le rire l'emprunte singulière de tout à chacun. Et son rire, à elle là, il a ce pouvoir
apaisant qui me fascine. Je n'ai évidemment rien tenté. Pas même un regard. C'est mon petit côté
fragile.
Chapitre 3 :
Plus que le monde de la réalité physique, c'est le monde virtuel, ou internet pour les d'jeunz, qui
occupe la grande partie de mon temps. C'est l'occasion de rencontrer de nombreuses personnes à
une vitesse record, dans des modalités toutes autres que l'irl (la vie dehors). En faisant abstraction
des expressions de visage, de la posture, du bodylangage (anglicisme moderne, je suis une merde),
[...], tout en ayant le temps de penser et repenser ce qui est envoyé, il était clairement impossible
d'avoir une première impression du même ordre que dans la réalité. Je traînais sur de nombreux
sites de rencontres en tout genre. Que ce soit des forums d'actualité, politiques, de jeux vidéos, de
messagerie ou autres, j'allais partout où l'intérêt naissait en moi. Je commençais à me faire connaitre
sur de nombreuses plateformes par le caractère pamphlétaire et cynique que prenaient l'allure de
mes écrits.
Je suis une libellule sous substance. En consommant, j'ai cette impression de réactiver des choses
en moi qui étaient très actives à l'époque où je méditais. Et quand je vois ainsi, je vois tout à la fois.
Et le net, quel terrain. Quel terrain... Ce soir, c'était grande fête. Dehors j'entends.
Remarque utile :Si tu ne comprends pas l'articulation logique des propos, ce n'est pas ni la faute
des propos, ni la faute de la logique. Trouve la fréquence ou rigole nerveusement. Peux pas plus
Devant un ordinateur, je me sens de désirer... Une fois entouré de merveilleuses femmes, plus
belles les unes que les autres, je deviens dédaigneux. Quel aspect sombre de ma bite allait
convaincre mon cerveau de passer la soirée ici ou là-bas ? Il me fallait de la musique pour rythmer
ma pensée. Et le reste se fera tout seul. Comme par enchantement. Bam !
Chez moi je contrôle la musique. Et qui contrôle la musique contrôle le monde. Quel monde de
merde. Ca chie dans la colle. Et l'autre pute qui me parle. Mais nique ta chatte. Cette vie est
vraiment incroyable. Je ne sais plus ce que j'en pense d'elle. Buvons à notre époque. Buvons à nos
échecs. Il fallait que j'échoue quelque part ce soir... Et dehors me semblait plus adéquat. Vu que je
n'ai pas de couilles irl, malgré les apparences... Je gagne le concours incontesté du gars qui
provoque le moins d'opportunités possibles. Vieux tampon que je suis. Allez, j'y retourne. Viens là
[Je suis actuellement sur mon canapé. Même pas dit que j'ai enfilé mes pompes]
J'aimerai tellement écrire un roman linéaire. Donner l'impression que ce que je dis suis un sens.
Que je puisse retranscrire quelque chose d'audible pour vous, lecteurs. J'aimerais vraiment. Mais
comment faire. Ma vie s'intensifie quand je suis plongé dans le magma social puis semble
terriblement vide quand je me retrouve seul. Pas que ma vie soit vide. Plus que le surplus de social
disparait et, dans ce même mouvement, creuse en moi un insupportable. Je suis seul, terriblement
seul. Je pense à mes amours, si lointains, qui ne pourraient pas même consoler mon coeur par les
On ne vit que pour brûler par la passion ce qui doit se rejouer en nous. Sans passion, nous ne
sommes rien... C'est vrai. Mais si la passion ne déverse de braises pour fonder quelque chose en
nous, nous sommes pire que rien... Un ciel étoilé sans lumière. Une extinction de sourcils. Un
battement qui ne rebondit pas. Un plus que rien. Quelque chose qui s'annihile tellement dans la
négativité que le tissu qui nous habite se déforme pour devenir qu'un monstrueux creux dont le
fond... Et pourtant, j'en ai vu de la beauté ce soir-là dans les yeux de cette femme. Très simple, très
belle, très raffinée mais oh combien désespérée et désespérante. Que voulait-elle ? Je n'avais pas pu
mettre de notes sur son mystère. Je sentais seulement qu'une chose profondément macabre l'animait.
Et ça, même si ce n'est pas de l'amour, ça reste pour moi un vecteur de joie et d'intérêt. Je l'aimais,
peut-être à ma façon au fond. Comme un mirage incandescent. Un mirage dont je ne peux voir le
bout sans sourciller d'un air moqueur : "Eh coco, qu'est-ce qui t'as pris encore de tomber amoureuse
de n'importe qui n'importe comment". Oh oui. La passion j'en avais. Et plus qu'il ne m'en fallait.
Chapitre 4 :
Jeudi soir. C'est le soir où habituellement les bars sont bondés de monde. J'en connaissais un
discothèque (coup de vieux là) à partir de 1 heure. Et où les petits culs pullulent. Les gros aussi.
Mais surtout les bons petits culs. J'arrive dans les alentours de 19h, histoire de prendre mes
marques... Habituellement, il y a toujours quelques petits groupes furtifs à matter. Ce jour là. Que
dalle. Faut dire qu'il faisait très chaud. Les gens devraient venir plus tard. Bon.
Je ne pouvais pas non plus trop compter sur les discussions environnantes. Y'avait quand
même ce gars, un cinquantenaire, avec son téléphone qui avait l'air de bien galérer. Ce gars, je
l'avais déjà vu plusieurs fois. Toujours au même endroit. Dans son coin. Toujours la même conso'.
Des pintes. J'avais un livre de ce bon vieux Bukowski en poche. Comme d'habitude, ce mec avait le
don de me faire fraichement rire. Au-delà de la vulgarité, il y avait tout un univers qui rendait ce
personnage dégueulasse(ment) sympathique. Si j'étais une femme, j'aurais presque eu envie de lui
sucer la queue. Non pas par plaisir, ce gars sent la pisse. Juste pour le trophée. De la dégueulasserie
sublimée, encore une fois. Ce sont souvent les plus beaux souvenirs. Et on se demande pourquoi on
n'a pas plus apprécié ces moments-là à l'époque. Et on est presque tenté de retourner dans ce vieil
enfer pour se remémorer de l'intérieur ce qui a pu clocher. On connait tous ça. Enfin, presque tous.
Cet homme, dont j'ai su le prénom plus tard, dégageait une bonne sympathie naturelle. J'ai
reniflé fort. Comme un cleps. Dans l'air, je sens parfois des trucs. Ce gars-là, c'était le bon vieux
célibataire endurci. Une mélancolie tellement enfouie au fin fond de son cœur qu'on se demanderait
s'il a déjà connu deux fois l'amour. De la compassion et de la sympathie. Mais je ne savais
foutrement pas de quoi parler avec. A défaut, je lisais. Vie de merde hein. Tu sors pour rencontrer
des personnalités pour finir par te cacher derrière un livre. Je me suis toujours agacé de moi-même
— Arrête de lire. Tu veux devenir quoi ? Un penseur ? Laisse les autres penser pour toi, c'est
plus facile.
C'était un barman. Pas le moment de le décrire, c'est encore un sacré spécimen que celui-ci. En
temps normal, j'aurais souri et continué la lecture mais là j'ai vu ça comme un signe du destin. J'ai
donc posé mon bouquin. Et je me suis retrouvé comme un con, à regarder les murs. Ca avance bien
— « saoule », dans ce cas c'est le verbe qui est conjugué. Alors que « je suis saoul », c'est
La discussion se lance, c'est parti. Blablabla. Blabla. Taf. Copine. Projet de vie. Blabla. Bla.
— Et tu sais, si t'as une copine, le top du top, c'est de l'amener dans un club libertin dit le
gars.
Blabla. Sourire de porc. Regard sérieux. Sourire mi moqueur mais enjoué. Blablabla.
— Pour 25 balles le mercredi, t'as le buffet, la bouteille d'offerte et en plus t'as accès aux
jacuzzi et aux sona. Par contre, c'est soirée gangbang mais t'es pas obligé de participer hein.
Et au fait, je m'appelle Marty.
C'est à partir de ce moment que j'ai enfin pu mettre un nom sur ce bon vieux Marty. Je ne savais
pas si j'allais le revoir à l'avenir, certainement qui sait. Ce mec m'a tout appris sur les clubs libertins
et m'a fait pousser des couilles sans le savoir. Vers 1h, bien emmeché... Mais pas plus que d'habitude
à la sortie du bar eheh... Ce brave homme se tire. Même si l'idée de me retrouver à poil devant des
gens qui se touchent la bite en me fixant m'apparaissait vraiment perturbante, j'étais pris par la folle
envie de trouver une nana pour incruster cet univers. Sauf que bon... Ici, même à 1h, c'est toujours
sacrément vide.
— Vu le temps, les gens sont surtout sur les quais. Ce n'est pas étonnant. Me dit ce type qui
Sms envoyé. Une fille que je ne connaissais que de quelques échanges de sms. Vraiment un bon
karma à première vue. J'devais la voir deux jours avant. C'est la première qui a été réceptive à une
de mes approches virtuelles des plus désespérées. Que je dois à un des forums les plus délurés du
web.
« Raclette ou levrette ? »
Vu la chaleur, sa réponse était des plus attendues et, en conséquent, des plus surprenantes.
« J'aurais bien aimé raclette mais nous ne sommes pas en hiver donc... »
Il n'en fallait pas plus pour gagner ma sympathie. L'affaire était plutôt dans le sac mais j'étais
tout de même en train de me dire qu'il faudra la conquérir par deux fois. Le jeu de séduction est
ouvert, ok. Mais quoi de plus difficile à séduire qu'une femme qui se joue de la séduction. Plus tu
l'imagines conquise, plus tu t'exposes au risque de te prendre le pire stop de ta vie. Nourri aux p'tits
grains de ton orgueil et de ton espérance. Ca, c'est un truc, je le sais d'expérience. Ou peut-être
Bzzzz, j'ai une réponse. Serais-ce l'impossible qui est en train de se réaliser ?
Vous n'en saurez pas plus. Parce que ce que je décris dans cette soirée, c'est l'idéal d'une soirée de
« dingue » que je me faisais. Des rencontres improbables. Du sexe. Un peu spé'. Mais du sexe
quand même. Et au fond, cette trame narrative, qu'on se le dise, c'est pas ouf. Parce que ce genre de
vie, c'est quand même bien fade au fond. Je me rends compte qu'il manque un élément essentiel
dans ce chapitre.Un truc qu'il y a en sur-trop dans les chapitres précédents. Mais quoi ?
En toute honnêteté, j'en sais rien. Ou, j'en sais trop... La vraie histoire de cette soirée, qui s'est
Qu'est-ce que j'ai bien pu foutre pour en arriver là ? Ces deux évènements (Marty et la
Les excès de style pour me rendre mystérieux... J'me demande aux yeux de qui je veux
Il nous faut remonter dans le temps. Qu'est-ce que je fous, ou, plutôt, qu'est-ce que je fuis ?
Chapitre 5 :
Pour savoir ce que je fuis, il y a deux solutions possibles. La douce, qui consiste à fuir
désespérément et trouver dans la répétition des situations ce qui cloche en moi. La violente, que je
ne conseille définitivement pas sans risquer la folie, qui force à se mettre dans une situation où la
compagnies. Les discussions n'étaient pas personnelles, rien ne renvoyait personne à quoi que ce
soit, mais tout le monde souriait et la vie était belle. D'anecdotes aux traits d'humours, des
confidences en surface sur sa propre vie aux répondants intéressés sans être trop indiscrets, cette
soirée était de celles qui ramènent chacun chez soi avec un sourire au lèvre et la sensation d'avoir
Où est le problème me direz-vous ? Je n'arrivais pas, malgré moi, à me plonger entièrement dans
l'ambiance. Quelque chose me tiraillait. Certains facteurs présageaient déjà la suite de la soirée
mais, sur l'instant, j'étais alors incapable de me rendre compte du danger de la situation qui allait
suivre.
Encore une fois, comme à mon habitude à cette période, je me forçais à sortir jusqu'à tard le soir
et à voir ce qui allait suivre. Dans les bonnes périodes, je pouvais arracher des sourires, voire des
baisers. C'était de toute évidence sous le signe de l'échec puisque je sortais non pas pour plaire mais
« si tu veux échouer, c'est simple, fous toi dans la merde et laisse la chose agir »
C'est d'un pragmatisme con mais ça arrive de penser ainsi. Surtout quand on ne comprend pas de
l'intérieur de la situation. En vérité, il ne me fallait pas uniquement échouer mais échouer en ayant
épuiser toutes ses défenses. En ayant la sensation de ne plus avoir aucune solution pour obtenir gain
Place à l'histoire.
Après cette belle soirée, je sortais comme à mon habitude dans une boite de nuit où
l'ambiance est généralement bonne, la musique aussi, les gens moins mais certaines perles se
dégageaient du lot. Ce soir-ci, comme toujours entre 2 et 3h, il y avait de la musique électro', style
amené à me dire :
Ni une ni deux, je me déplace furtivement pour me foutre dans la place qui me provoque le plus
de honte et d'angoisse : le truc en hauteur où tout le monde te voit danser. Pas seul, heureusement,
mais seul quand même. La musique électro fait partie de ces musiques où tu ne danses pas vraiment
avec quelqu'un. Tu communiques avec l'autre au travers de la musique. Si quelqu'un est sur la même
fréquence que toi, une harmonie dans les mouvements se fait visible et, à distance, on croirait que
les deux corps ne font qu'un. Et un regard peut suffir, entre deux abandons dans le son, pour créer la
connexion. C'est ce que j'aime beaucoup : il y a télépathie, voire télékinésie, des corps dansants.
Blabla. Sans grand intérêt. C'est un classique. Les hommes chassent généralement mieux à deux.
Il s'est avéré que deux nanas sont venues à ce gars. Dont sa nana. Etonné, je lui demande s'il est
bien en couple.
— Aha.
Aha. Un bon enculé !! Comme je les aime. Mais qui suis-je pour lui en vouloir ? Chacun fait ses
comptes avec sa propre misère. Les siens semblent négatifs. Il finira par s'en rendre compte. Pour le
moment, honnêtement, je m'en bas les couilles. J'ai juste envie de danser. Je sens pourtant en moi un
début de quelque chose m'opresser. Je ne sais pas pourquoi, je n'arrive pas à m'abandonner
suffisamment dans le son. Serais-ce le manque de drogue qui commençait à faire effet ? Ou quelque
chose de plus deep deep dong ? Changement de musique, du tout au tout, du rock. Et qui dit rock dit
danse accompagnée. Dit que ma solitude m'éclate à la gueule. Dit que je ne suis pas d'humeur à
inviter quelqu'un à danser. Dit que je vais commencer à être dans un état désagréable. Très
désagréable. Beaucoup trop. Pour ne pas dire : beaucoup trop à comparer des autres situations
similaires. Cette fois, quelque chose clochait radicalement. Rien qu'à y repenser, mon cœur se
Une pression interne commence à me presser au niveau du thorax. Pour faire diversion, je
« fais le mec occupé, oublie toi dans quelque chose, il faut arrêter d'alimenter l'angoisse »
Je sors mon portable. Cette conne de batterie était à 0. Fallait que je pousse le vice jusqu'au
bout : faire semblant d'écrire des messages, lire les fausses réponses et y répondre en ayant, bien
sûr, un portable faussement allumé en main. Appuyer sur les mimiques, m'offrir des temps de pause,
regarder parfois les gens quand un cri ou quelque chose pousse au regard. Quand je joue le jeu, je le
joue à fond. Et sans cynisme. Il n'y a rien de plus sérieux que le jeu.
Cette technique suffit à me faire passer quelques musiques sur lesquelles je ne me vois
absolument pas danser. Cela me permet aussi de me recentrer. Et concentration signifie attraction.
Sauf que là, et c'est bien la première fois depuis des dizaines de nuit, je n'arrivais plus du tout à
revenir sur terre. L'angoisse me bouffait, me bouffait tellement, il fallait que je prenne l'air.
Je sors. Je suis dehors. Putain. Je n'arrive plus à tirer quelques bouffées d'air. Je respire
comme un putain de cas social. Entre l'asthmatique et la crise d'angoisse. Je regarde autour de moi.
« J'ai l'air sous taz sans taz. J'ai des yeux d'hallucinés sans hallucination.
J'évite l'avenue principale. Il fallait que je fuis toutes choses s'approchant des humains. Les rues
adjacentes sont plus sombres, je sais que je risque d'être encore plus dans la merde mais vu ma
gueule, ma chemise psychédélique et mon allure, je pense que peu de gens s'oseraient à me parler.
J'avance. L'air manque toujours. Qu'est-ce qui se passe bordel ? Et je ne suis PAS bourré.
Par un miracle de l'esprit, je commence à capter ce qui est en train de passer. Je vis un cauchemar
éveillé. Sans dormir. Le genre de merde que vivent les schizophrènes en crise. Cette concentration
d'angoisse qui bouillonnait en moi s'est soulagée en se déversant sur le monde environnant. Toutes
les choses que je regardais étaient immédiatement sujettes à devenir des menaces réelles. Pour je ne
sais quelle raison, ça ne s'appliquait qu'aux humains. Savoir cette information, ça n'aide pas en
grand chose. Mais ça rassure. Même si je suis en train de vivre ma dernière nuit avant la longue
psychose, je sais dans quoi je m'embarque.
marche. En pratique, je n'arrive absolument plus à lire les cartes de la ville. Je ne reconnais plus
aucune rue. Alors que ce chemin, je l'avais fait plusieurs fois hein!!! Si même ma vue me lâche.
J'avance AU PIF. Il fallait que je prenne une direction de toute façon. Une chance sur quatre.
Passage piéton mais feu vert. Un gars dans sa voiture, vitre teintée, gueule de terroriste. Pourquoi il
traverse. Après 10 secondes de marche, j'entends une voiture derrière moi qui démarre.
Je fuis par des petites rues, l'angoisse me presse encore plus le cœur. Je vois des clodos. RAS. On
continue. On avance. « Palais des tajines ».OK. Connais pas. On avance. On avance. Une meuf à
vélo. Elle est mignonne. Je suis la rue qu'elle prend. Je marche je marche. Je marche. Une carte. Je
suis parti radicalement dans la direction opposée où je devais me trouver... Bon. Droite puis droite.
Pendant 5-10mn droite. Puis 5-10mn de droite encore. Des lascards... Rue adjacente toute. Si je
revais à gauche, ça me reramène à la rue d'où je viens je crois. J'avance. Puis non.
pourquoi
je suis
autant
perdu.
Souffle. »
Vous n'allez pas me croire. J'ai soufflé. Ca n'a à peu près rien changé. On continue. On continue.
Je reconnais toujours absolument rien. A cet instant, j'ai fait le bilan sur ma vie. Qu'est-ce que
j'aimerais plus que tout au monde actuellement ? Si je devais crever maintenant... Ma dernière
volonté égoïste ? L'angoisse tombait. J'étais toujours perdu mais cette fois je sentais un nouveau
Un homme simple. Avec un désir simple. Toutes mes exigences existentielles n'avaient plus
aucun sens à ce moment. La gloire. La richesse. Le style. La famille. L'amour. Tout ça. A cet instant.
Ca n'existait plus. Je voulais seulement m'abandonner et me déconnecter. Que l'on boive mon sang,
je suis une fraicheur qui te détoxine. Cette pensée me faisait un bien fou.
A partir de cet instant, je savais où je devais aller. L'instinct de survie était de retour. Je
réfléchissais méthodiquement. Droite. Devant. Droite. Devant. Une rue principale ? Déviation. En
avant. Carte ! Ok. JE SUIS DANS LA RUE JUSTE PARALLELE DE MA RUE. Je n'étais jamais
venu ici. Mais j'étais qu'à 2 choix de la libération. Examination de la carte. Mémorisation des rues
des quatres directions possibles. Mémorisation des rues adjacentes. Je suis une machine. J'avance,
mes yeux sont grands ouverts. Je ne vois pas seulement le monde mais une carte en premier plan.
Visualition opérationnelle à 200%. Bonne rue. Bonne rue encore. Et encore bonne rue. La porte
Qu'est-ce que je fuyais alors ? Je n'en avais plus rien à foutre de savoir. Ni la raison de l'angoisse.
Ni quoi que ce soit. Quand on est libéré, le reste passe au second plan. Même si ça finit fatalement
par revenir. Je rentre. Il y a de l'ice tea. Au CONGELATEUR. Une erreur tactique. Pas la mienne.
Paradoxalement, l'ice tea glacé avait moins bon goût. Et, tragiquement, je n'avais rien à fumer.
Cependant, après tout ce chemin, je sentais enfin mon corps se relâcher pour de bon. La tension
« Quelle vie. Je ne sais pas ce qu'elle me réserve mais tout ça n'est pas anodin. Jamais. Je dois
m'alléger encore de quelques poids. Devenir un homme sans gravité. Enandiotromie se chargera du
Enandiotromie : Principe selon lequel la surabondance de force investie dans un sens engendre
« Quel ennui ! C'est toujours la même histoire ! Une fois achevée la maison qu'on s'est bâtie, on
constate qu'on a appris au cours du travail, sans en avoir conscience, quelque chose qu'on aurait dû
savoir avant même de commencer. Eternel et désespérant « trop tard », mélancolie des entreprises
achevées... » N.
Chapitre 6 :
Le réveil fut doux. Je n'avais plus aucune pensée en tête. A part l'envie de me vider les couilles,
rien ne me motivait particulièrement. J'étais dans un vide intérieur des plus reposants. Je n'avais
plus rien à boire, rien à fumer, à ingérer, aucune drogue artificielle pour me faire bouger. J'ai essayé
de me toucher, ça n'a rien donné. La musique, pareil. Les insultes sur le net, idem. Il y a des fois où
il faut se faire à la chose, allongé sur ce canapé, et dans mon état actuel, je ne pouvais qu'être
Bercé par un bruit électrique dans l'appart, je regardais autour de moi sans trop savoir ce que je
faisais.
Un son de gong intérieur résonnait en moi à la prononciation de cette phrase. C'était tout de
même le travail d'une heure de maturation. Une heure de vide, de clignements de yeux de plus en
La journée repris son rythme. Manger. Série. Musique. Puis nouvel état stationnaire. La
méditation reprenait. Il était déjà 21h. J'avais en tête l'envie de sortir écouter de la deep house. Ca ne
voulait pas bouger pour le moment. Mes yeux se faisaient de plus en plus lourds. Et l'envie de faire
une sieste de plus en plus forte. J'attendais la suite du message. Mais rien ne venait. Jusqu'à ce que.
Shit. Manquerait plus que je fasse de l'écriture automatique. Ca rendrait ma vie plus simple. Je
ne comprends toujours rien mais je me sens apaisé. Comme quoi... Parfois, faut pas chercher bien
loin. Personne en a rien à foutre du sens à part moi. Les autres instances de mon corps, de mon
esprit et de mon âme s'en pètent un rein. La vida loca. La vidaaaa looOooOoocaaAaAaaa.
https://www.youtube.com/watch?v=_DjE4gbIVZk
Allez une petite sieste. Juste une petite heure. Une heurinette.
Y'avait plus rien à tirer des esprits ce soir. Et il pleuvait. Et j'ai la dalle... Je vais au fast food du
coin, c'est parti ! Parce que la vie, c'est aussi des petites choses simples qui donnent le sourire. Et
qui engraisse. En me disant ça, j'ai l'impression d'être une petite pute attachiante subversive parce
que j'OSE manger gras. C'est pas du tout le cas, je vous rassure. J'ai juste faim. Et la bouffe grasse,
je m'y sens bien. J'aurais pu être gros si je n'étais pas aussi dégénéré et dévoré par le stress.
L'ascétisme. Et cette tendance naturelle à oublier les sensations de mon corps au profit du plaisir des
voluptés de l'âme. Ca m'a pris plus de 25 ans pour renouer avec le sensuel. Pour renouer bien
comme il faut. Et en vous disant ça, je n'avance pas tellement dans mon épopée cullinaire. Il serait
p'tre temps qu'on y aille.
En sortant, une bouffée d'air frais submerge mes poumons. Dingue comme il suffit de peu de
choses pour changer radicalement une humeur. J'avais dès à présent envie de sortir, découvrir le
monde, m'amuser. Direction cette petite boite électro qui m'a tapé à l'oeil sur google. Je m'arrete à
un kébab, première fois que je vois des « doubles roulés ». Allez, soyons fous. 8 euros. Je mange en
chemin, il pleut, rien ne m'atteint, je suis dans un bon mood. A la moitié du roulé, je me fais à l'idée
que ce truc est définitivement trop pateux et gras, même mon corps ne le supporte plus. Don't
woorr. En marche. La pluie m'arrose légèrement. Eheh ! Les rues d'hier m'apparaissent cette fois
J'arrive pas loin de là où je souhaitais aller. Il est environ 00h. La boite ouvre à 23h45. Je suis
plus qu'en avance, ce genre d'endroit commence à s'animer vers 1 ou 2 heures. Dans la description,
il y avait ce petit mot « intimiste ». Autant dire que ce sera en plus de ça petit. Mais ça me va, ça me
va ! Eheh. Seul gros problème : pourquoi il y a une 20 aine de gosses devant l'entrée ? Quand je dis
gosse, je pense entre 16 et 18 ans grand maximum. Stupéfait, je m'asseois à quelques mètres et fais
Ca n'arrive qu'à moi ces plans foireux ou quoi. En chemin, j'avais croisé un ado totalement
arraché soutenu des épaules par ses deux potes. Il venait d'ici c'est sûr. Putain. Bon. Je fais quoi ? Je
me décide de pousser la porte d'entrée. Pas de vigile ? C'était 4 euros l'entrée pour cette soirée
pourtant... Vu sur une 10 aines d'enfants, du jus d'orange posé sur des tables, des assiettes en
plastique.
JE NE REVE PAS.
JE SUIS A UNE FUCKING BOOM.
Je quitte derechef le lieu, décale de quelques mètres. Ressors mon téléphone. Bon bon bon... J'ai
quand même entendu du son électro au loin en ouvrant la porte. Il y a vraisemblablement un étage
Est-ce que VRAIMENT je vais incruster une boom en plein Lyon un jeudi soir ?
Sans aucun doute, oui. Il me manque juste les couilles. Et la carte monopoly qui me fera sortir de
Le reste de la soirée est très banal pour ne pas dire basique. Il y a bien eu soirée (la boom a fini
10 minutes après mon arrivée). J'ai dansé pendant 5 heures. Et je n'ai fait que ça. Aucune drogue.
J'ai dansé, encore et encore. Je n'ai pas trouvé l'envie ni le courage de regarder les autres. Surtout
l'envie. Il y avait quelque chose d'assez dégueulasse et de désespéré dans la solitude des gens ce
soir. Cette fois, les gens ne m'oppressaient pas. Bien au contraire, j'étais dans mon élément et rien ni
personne ne pouvait m'atteindre. Parce qu'ils étaient dégueulasses ? Mauvaise langue eheh.
En rentrant, je me sentais complètement vidé et épuré. Purifié. Le vide m'a frappé évidemment,
comme chaque soir. Mais cette fois-ci, c'était très léger. J'étais juste heureux d'être seul avec moi-
même.
« Les contradictions, les incartades, la méfiance joyeuse, la moquerie, sont toujours signes de
« Ce qu'est un homme commence à se trahir quand son talent faiblit, quand il cesse de montrer ce
qu'il peut. le talent est aussi une parure, une parure est aussi un refuge. » N.
Celui qui combat des monstres doit prendre garde de ne pas devenir monstre lui-même. Et si tu
Note astucieuse :
Leitmotiv : Idée qui revient de façon constante, par un effet de répétition, qui dévoile par
D'un jour à l'autre, mon état s'était définitivement modifié. Le premier soir, j'étais baigné dans
une superficialité apaisante qui n'a eu pour effet que de faire exploser avec une violence inouïe ce
qui se terre au fond de moi. Le deuxième, j'incarnais en tension la sensation imminente de mort et je
Dans le premier temps, j'ai été pris dans un jeu social qui absorbait mon attention, et remplissait
mon ventre d'alcool, jusqu'au moment où la discussion s'est essouflée et que mon cœur a réclamé
plus que du dialogue. Solution magique, cette femme, à qui je demandais en fantasme beaucoup
plus que ce que je pouvais espérer d'elle. Pourquoi ? Parce que l'échec réveille avec violence ce qui
est réellement en jeu. Il n'est plus possible de se mentir à soi-même. De prétendre être apte à
expliquer de façon logique et rationnelle ce que l'on recherche. Et ce qui s'exprime dès lors, ce sont
des mots vrais, des mots que l'on exprime avec nos trips, nos peurs, nos imperfections. Il faut du
bégayement dans le Verbe. Au moins après le choc. Sinon, que dire, si ce n'est que l'on a de sacrés
défenses. Et ce n'est pas un compliment.
Je vous ai dis précédemment que je ne cherchais pas à réussir mais à échouer. A première vue,
cette pensée pourrait paraître pessimiste ou négative. A bien y regarder, dans cette situation, pas du
tout. Je ne sais pas ce que je fuis. Je ne sais pas ce qui me fait peur en moi. Et je ne sais pas ce que
je recherche. Tout ceci est lié. Si l'intention n'est pas claire, rien n'éclair. On tourne quand même en
rond là. C'est pas comme ça qu'il faut voir les choses.
Revenons au début. Quand je me sens détendu, j'ai envie de péter. C'est un fondamental. De la
même façon, quand un homme religieux meurt, il est généralement bon signe que les putréfactions
de son corps ne soit pas insupportables à l'odeur. Le corps est détendu. Il n'est pas chargé de stress,
de toxines, de nœuds, de torsions. Et un corps détendu est un corps en paix, sain. ET UN ESPRIT
On continue sur la même voie. L'idée est proche là. Il faut voir ces soirées non pas comme des
Tiens. J'ai une idée intéressante là. On pourrait essayer de remonter dans le passé un peu plus.
Histoire de comprendre la vie du personnage. Expliquer un peu ses choix. Se dire que s'il fait ce
truc, c'parce que plus jeune il a vécu ça. Parce que la suite, je me vois déjà vous la décrire, ça sera
un sacré chantier d'incompréhension. Et sans repères, la lecture est toujours plus délicate.
« OOOOOOOOOOOOOMMMMMMMMMM
HREEEEEEEM
KLEEEEMM
NAMAHAAAAAAAA »
Chapitre 8 :
Mon corps me démangeait comme toutes les fois où je refuse d'affronter les pensées qui
s'éveillent en moi la méditation commencée. Des démangeaisons légères d'abord, un peu partout,
puis d'autres plus sévères. Je suis pourtant de ceux douées en patience et qui ont pour vertu
première de laisser couler les choses extérieures. Un bon stoïcien malgré moi. Tous ces tours de
Il est 3 heures du matin. A cette heure, les choses se corsent. C'est l'heure où les démons ouvrent
des portes vers notre monde J'tiens pas ça de moi, j'suis pas encore taré. Quoi que. En tout cas,
certains potes m'en ont parlé. Vrai ou non, j'ai remarqué aussi que c'est à cette période de la nuit que
ça devient compliqué. Les démangeaisons deviennent pas mal de trucs. Quand elles sont clémentes,
ça importe peu. Elles sont choses oubliées. Par contre, sévères, vin Dieu, elles ouvrent en toi des
choses pas terribles terribles. Des souvenirs lointains. Des hallucinations en tout genre. Des sacs de
nœuds huilés à la merde de tes émotions passées. C'est précisément ce qu'il nous fallait.
Plongeon.
A cet instant, l'environnement n'était plus celui où je me trouvais mais se transformait sans que je
puisse décider de l'orientation. Des lumières très vives, puis obscures, des voix incompréhensibles,
Note ésotérique :
C'était le protocole classique en entrant dans cet état, j'avais l'habitude de ça. Les premières fois,
c'est assez inquiétant. Plus les voix et les visages provoquent de la peur en soi, plus ils se
modéliseront en fonction de ces dites peurs. Je vous épargne les fois où ces choses font jusqu'à se
matérialiser physiquement (au moins dans le ressenti corporel) et qu'elles viennent s'aggripper à
votre corps pour vous aspirer toute l'énergie que vous leur cédez en les craignant. En apparence, la
description se rapproche d'un phénomène assez connue sous le nom de « paralysie du sommeil ».
Une grande différence toutefois. Dans ce cas, la méditation est guidée. Et sans initiation au
préalable avec un maître au courant des dérives, il est possible de tomber dans un état bien plus
terrible : une paralysie du sommeil qui continue à faire effet même une fois le réveil passé. J'ai
connu des gens souffrant de ces créatures éthérées, certains ont fini par se suicider, d'autres en
hopital psychiatrique et, Dieu merci, quelques uns, comme moi, qui ont une préparation assez solide
pour se défendre efficacement de ces choses là. Nous tergiversons.mais la précision me semblait
importante pour une suite bien tardive que nous aborderons peut-être pas. Rapidement, ne jamais
oublier que dans toute femme il y a des conglomérats d'égrégores qui peuvent prendre corps de
leurs pensées et leur sexualité. Tout comme chez les hommes d'ailleurs. Il reste tout de même une
perméabilité archaïque, propre à la jouissance féminine, qui s'éveille surtout durant l'acte sexuel,
que seuls les initiés peuvent sentir. C'est aussi là une voie qui peut nous amener à voir Dieu dans le
Diable si l'alchimie opère mal. Seul l'infini peut accueillir l'infini. Le reste n'est que destruction.
Fermeture de la note.
L'impression de voyager était réelle. De portail en portail, les visages et les voix devenaient de
plus en plus distinctes. Et un sentiment de familiarité prenait corps dans mon esprit.
Mh. Ca va pas bien nous aider ça. Encore un peu. Ca doit être plus loin. Une voix, qui était la
mienne, il y a de cela quelques années, se mit à réciter un vieux poème dont j'avais moi-même
presque oublié l'existence.
Qu'esperais-je de nous,
Suite à ce rendez-vous.
Les choses se calment. S'embellissent. L'atmosphère, qui était jusque là hors de ma conscience,
prit des couleurs brumeuses. Je me sens étendu comme un corps qui ne connait aucune limite.
Renversement, je me trouve projeté dans une salle d'un blanc infini, pourtant elle-même comprise
dans quelque chose d'encore plus grand. La sensation de cloisement fût perturbante mais, encore
une fois, une voix me sort de cette confusion. Une voix qui n'est cette fois pas la mienne. J'étais très
très serein. C'était une place où les émotions n'avaient l'air de ne pas avoir d'emprise. Une place où
Il ne nous restait pas beaucoup de temps. Mon attention flottante faiblissait à grande vitesse.
Nouveau plongeon.
« L'homme est une créature complexe dans un monde déjà plongé dans la complexité. »
« Tout est mental, pourtant, je suis pris dans ce jeu malgré-moi. Parce que le mental n'est pas
Tout. »
Mon esprit a été construit par un architecte complètement baisé. J'ai aucune idée d'où on se
« Où sommes-nous actuellement ? »
« Ici, dans le présent temporel mais, réellement, dans les profondeurs de l'âme à la recherche d'un
Le réveil fût doux. Et le sommeil suivi peu de temps après. Quoi en tirer de tout ça ? De
l'accumulation de ressentis, d'intuitions, de choses dans l'air qui n'attendent qu'à se matérialiser par
les mots. Des p'tites pistes. Des p'tites pistes. Toujours des p'tites pistes.
Changeons de méthode. On va cette fois plutôt se concentrer sur une période particulière de ma
vie.
Ce chapitre est une parenthèse qui traite, à la façon d'une facette de kaléidoscope, de mon
expérience de Dieu. Il ne sera pas question de Lui directement ici mais, d'une thématique qui, sans
C'est l'histoire d'un copain d'internet qui va réveiller aussi, certainement chez vous, le souvenir
douloureux que tout adolescent a traversé malgré lui en famille. Je vous demanderai d'être indulgent
avec ce pauvre garçon, le malheureux ne sait pas qu'il rate encore quelque chose d'important dans la
Waki est un p'tit gars de 17 ans que je connais déjà depuis quelques années. Tempérament
associal, drôle par intermitence, intelligent mais inconstant, les nombreux traits qui se dégagent de
sa personne le rendent vite attachant pour le plus grand nombre. Du moins, sur internet. Je ne sais
pas tellement ce que ça aurait valu si je l'avais rencontré autrement. Honnêtement, je pense que je
l'aurais ignoré. Trouvé fade. Banal. Un ado comme un autre. Sur le net, c'est très différent car sa
capacité à rationaliser et à intellectualiser son vécu sublime la qualité médiocre de ses expériences
sociales. En ce sens, même en ayant une vie des plus banales, la façon dont il vit sa vie et lui donne
Dans l'anecdote qui va suivre, Waki va nous raconter (nous nous sommes rencontrés dans un
groupe de discussions autour des nouvelles technologies) une expérience qui, encore une fois, en
apparence apparaît des plus basiques : regarder un match de la coupe du monde. En camping. Avec,
de ce que l'on en sait, pas mal de beaufs. Et surtout, c'est un détail de la plus haute importance, Waki
est dans une optique de dépassement de ses limites, de libération par tous les moyens (alcool,
drogue, braquages, putes). Rien ne nous ferait plus plaisir que de savoir qu'il ait réussi à soulever
une p'tite meuf. Même une fille grasse. Alcolisée. Peu confiante. Qu'il trempe son pinceau
QUELQUES SECONDES. Il nous rendrait tous fier. Parce que Waki, avant d'être un humain un peu
Ah. J'oublie de vous fournir une dernière information. Il y avait aussi, pas loin,
vraisemblablement pas à la même table, son papa qui est venu aussi regarder le match. Et la relation
entre un papa et son fils, c'est quelque chose de fort. Surtout quand les liens familiaux sont assez
désastreux. Je me mets à la place de ces pères qui n'ont jamais su être là émotionnellement dans la
vie de leurs enfants. Qui ont bien merdé. Qui ont laissé leur(s) fils se démerder pour devenir des
hommes. Et, malheureusement, pour notre génération, nous sommes des garçons élevés par des
femmes et des pères castrés en général. Il faut que l'on se démerde. Moi je me suis démerdé par
moi-même. Ca n'a pas été facile facile. Les copains aussi. Y'en a qui ne sont pas encore sortis de la
chatte de leur mère. Mais, en majorité, on était tous, je dis bien TOUS là pour notre bon Waki. On
voulait tous que quelque chose se passe. Peu importe les moyens.
Le match se passait sans grande surprise. J'étais de ceux curieux de savoir ce que foutait le p'tit
boy devant le match. Y'avait p'tre des p'tites meufs bien fraiches pas loin. Ou des paires de seins
avec des p'tites perles de sueurs vers lesquelles se plonger. Des occasions imaginaires de baiser. Que
sais-je.
« Il y a une petite fille de 8 ans qui m'a regardé pendant 3 secondes. Je fais quoi ? »
Ca n'allait pas être l'intervention sociale du siècle. Mais, même là, j'étais fier de lui. Il a réussi à
tenir plus de quelques secondes le regard à un être de sexe féminin. De plus de moitié de son âge,
certes. Mais il n'y a pas de petites victoires. Je l'aimais mon Waki, je l'aimais. Le match continuait.
Et là, miracle, quelque chose se produisit enfin :
A savoir qu'il n'avait encore JAMAIS bu la moindre bière. Mon cœur se broie. J'ai déjà la fin en
tête moi,,. Ce gachis... Ce gachis... Il faut arriver au bout de l'histoire. Tout notre groupe était en
effervescence.
« BOIS »
« BOIS »
« BOIS »
« BOIS »
« OISB »
« BAISE LES »
Et ainsi de suite. Sur dix minutes. Mais rien. Rien ne se produisit. La stupéfaction et la déception
se sentaient chez tous. Plus les minutes passaient, plus les émotions se distillaient. Celui-ci était
détruit mentalement. Cet autre exprimait avec dégoût combien il regrette d'avoir posé des espoirs
sur le p'tit. Tel autre ne comprend juste pas et n'arrive pas à exprimer ce qu'il ressent. Moi... J'étais
de ceux détruits. Je sentais que quelque chose de plus profond était en jeu. Une bière qui apparaît
comme ça ? Une relation familiale défectueuse ? Une serveuse qui ne revient pas après plus de 10
par l'angoisse.
— Oui oui, c'est bien mon père qui l'a payé. Il a bu un peu dedans.
Les derniers dans le déni n'avaient plus d'autres choix que d'accepter la vérité de la situation. Ce
n'était pas qu'une simple despe, ce n'était pas que l'appréciation d'une première bière, ni même la
transgression d'un interdit qui était en jeu là. Quelque chose de bien plus profond et douloureux... Je
le savais. Le rituel de passage qu'un père et fils partagent pour adouber l'enfant et faire de lui un
adulte. On se doutait tous bien que le père n'avait jamais vraiment réussi à être intime avec son
p'tiot. Et que le p'tiot était loin d'être à l'aise avec ce climat intimiste. Mais là, l'occasion était des
mouvement d'espoir. L'histoire n'allait peut-être pas finir sur une mauvaise note. Tous ensemble,
main dans la main, nous nous sommes mis à envoyer le peu d'amour que nous avions directement
« Waki, ce n'est qu'une BIERE. Même si cela te gêne, peu importe. BOIS BOIS
Le malaise était présent chez tous. J'avais de mon côté de fortes contractions au niveau du ventre
et du cœur. Mais, nous le savions tous, il fallait passer au dessus de notre mal-être et faire quelque
La beauté de l'existence tient peut-être à cette petite chose. Nous sommes des êtres d'empathie et
nous revivons à travers l'autre les ratés de notre propre histoire. Ce qui nous rend certaines
manifester.
Leçon de l'histoire : répétons nos échecs, à plusieurs, et espérons qu'un jour nous puissions en
sortir avec la teinture énergétique de la présence d'un autre. C'est p'tre bien la seule chose qui peut
nous faire croire en l'amour. Même si ça merde, on merde ensemble. Et ça, c'est beau.
Chapitre 10 :
Ne plus pouvoir écrire sans substance. Tu ne veux pas écrire en conscience. Parce que tu ne
veux pas te lire. Tu t'es insupportable. Alors que lorsque tu ne penses pas, ou que tu ne retrouves
plus en état pour comprendre tes pensées, tout a l'air plus joyeux. Plus rythmé. Plus beau. Et
actuellement, je n'ai plus de vie en moi. Je ne génère que des pensées négatives. Seul l'idée de Dieu
et Son incarnation me rende le sevrage supportable. C'est encore l'histoire de quelques jours. Et je
Ce n'est pas que dans le passé, je n'étais pas dépendant aux drogues. J'en avais. Des plus
acceptées socialement dirons-nous. Plus douces car plus hypocrites avec soi-même. Plus douces car
l'hygiène mentale sur le marché de l'esprit). J'étais donc crade mais anesthésié.
Sentir mauvais en étant très enrhumé, ce n'est pas un problème pour le nez. Au mieux, on sent
que quelque chose cloche à cause de notre propre acidité. A moins d'être une tortue. Ou déconnecté.
Ce que j'étais ? Ces drogues, douces, j'en avais pas mal à y repenser. Toujours plusieurs cercles
sociaux pour m'éviter la déception et me donner l'impression que je suis intégré. Des noyades dans
les livres ou les jeux-vidéos. Une activité masturbatoire qui me soustrayait à la tâche de développer
mes propres fantasmes, les vidéos me soulageant l'imaginaire. Ne jamais aimer une personne à la
fois. Mais peut-on aimer plusieurs personnes à la fois ? Comme une tortue ? Il y en a tellement à y
repenser.
Toujours ce même vide existentiel. Toujours cette sensation d'avoir les mains pleines du sang
d'un crime que l'on aurait oublié d'avoir commis. Je me demande même si l'on peut se sentir
réellement homme sans ça. Il doit y avoir un lien très intime entre la folie, la mort et la sensation
d'exister réellement.
J'avais depuis ma tendre enfance une sensibilité à la mystique. Comme tout enfant ok. A la
différence que cela ne s'est jamais vraiment éteint chez moi. Ma sensitivité et mon goût pour le
corps se sont par contre développés très tardivement. Je dirais même que ma sensibilité est
tellement sur-développée que je n'ai pas eu d'autres choix que de la réprimer le temps de pouvoir
vivre en toute indépendance. Pourquoi vous parler de ça ? Parce que la connaissance de Dieu passe
par le corps. Et celle du Diable aussi. Il n'y a de révélation véritable qu'à travers l'Actualisation des
corps.
Reprenons. J'avais eu mon lot d'expérience supra-sensorielles et il ne faisait aucun doute pour
moi qu'il existe d'autres plans de réalité. Beaucoup de gens s'imaginent qu'avoir une sensibilité à
l'éthéré et Dieu sont les deux choses d'un même délire. Autant le dire dès maintenant, c'est faux. La
foi en Dieu s'est développée chez moi très tardivement. Tout comme ma sexualité. Il est difficile
pour quelqu'un de savoir ce que c'est que de sentir Dieu en soi. Par contre, il est bien plus facile de
Nous sommes des êtres terrestres plongés dans un environnement qui nous échappe dès le
commencement. Pour survivre, il nous faut ingérer des choses comme des évidences, des vérités.
Les gens intelligents parlent d'inférences ontologiques. La façon dont nous éduquons les nouveaux
nés, au delà du contenu « culturel » et « social », est soumise à nos propres impensées. En simple,
on transmet quelque chose dont on n'a pas conscience à quelqu'un qui n'a pas encore de conscience.
C'est abstrait mais quoi de plus difficile que de parler d'un impensé à quelqu'un qui ne peut pas le
penser ? Ca n'avance pas à grand chose tout ça... Pour le moment, on se concerte sur cette idée : y'a
des trucs qui sont réels même si nous ne pouvons pas les voir comme tels. Et tant mieux. C'est ainsi
que notre fragile noyau identitaire se forme. En conséquent, nous nous fermons à de nombreuses
possibilités perceptives, tout comme nous nous fermons à de nombreuses connaissances intuitives.
Un exemple, cette fois concret : qui peut savoir ce que cela fait d'apprendre la mort d'un être très
proche sans avoir vécu une expérience similaire ? Ce qui importe, ce n'est pas de perdre le même
être (le contenu) mais ce qui est en jeu dans la relation et ce qui se perd en conséquent (le
processus). Il en est ainsi de l'amour et, en somme, de toutes les choses qui touchent profondément
notre existence. Qualitativement, les processus ne sont pas les mêmes selon les enjeux.. Cette
personne morte, elle portait en elle des choses de nous comme nous portons des choses d'elle en
nous. J'irai plus loin, cette personne morte portait quelque chose de notre identité qui se déchire en
même temps que sa mort, concrète. Et ceci nous rappelle à cette évidence : nous ne sommes pas des
êtres aussi distincts que nous l'imaginons. Nous savons à quel point notre identité est fragile, et c'est
aussi pour cela que nous redoutons de creuser trop en nous et d'ouvrir des portes perceptives qui
pourraient ébranler définitivement notre consistance et faire de nous, au mieux des fous illuminés,
Alors, Dieu dans tout ça ? Un soir, où je pensais que tout était perdu, que ma vie n'avait
absolument aucun sens et que je voyais avec une clarté rare à quel point elle (ma vie) reposait sur
une illusion, j'ai décidé de lâcher prise. Pour ça, plusieurs conditions fûrent présentes. Il faut déjà
s'être suffisamment construit, avoir une dominance et un goût pour la vérité, pousser ses limites au
maximum, au delà du supportable. Avoir épuisé tout fantasme de futur, tout fantasme de bien-être
possible, tout fantasme tout court. La machinerie pulsionnelle doit être tellement surchargée que
plus rien ne se produit à la conscience. Quelque chose doit se déchirer. Quelque chose doit exploser.
C'est dans ce déchirement existentiel que Dieu apparaît. Les alchimistes appellent cela
l'accomplissement de l'oeuvre au Noir. Qui permet d'entrer dans une nouvelle phase : l'oeuvre au
Blanc. Une fois l'illusion tombée, la phase de purification peut commencer. Il faut donc d'abord
mourir de l'intérieur. Certains vivent ça partiellement, à travers la mort d'un proche, un rêve brisé,
un amour qui pousse aux pires douleurs, ou d'autres expériences de vie intenses. Ca permet au
moins de se comprendre un peu. L'expérience de révélation de Dieu applique ce déchirement sur les
fondements de notre propre existence. Là, c'est un peu plus difficile à imaginer. Mais bon, entre
nous, vous avez bien compris que c'est chaud patate comme truc.
Chez moi, cette révélation a provoqué un malheureux épiphénomène (je vous fous la définition à
la fin du paragraphe, c'est du wikipédia c'est suffisant pour comprendre) : le Diable. Ok, il y a la
faim dans le monde. Il y a des malheurs partout. Mais je ne parle pas de ça là. J'suis même pas sur
que ce soit le Diable à ce niveau, c'est plus une histoire de dette karmique liée à d'anciennes vies si
vous voulez mon avis. On est trop terrestre pour supporter les dettes d'autres créatures que nous.
Déjà nos propres dettes c'est la merde donc... Mais on divague là.
Vague.
Epiphénomène : désigne ce qui se surajoute à un phénomène sans exercer sur lui aucune
influence. Autrement dit, c'est une manifestation pure, blabla, et non une manifestation possédant
une réalité indépendante capable d'exercer une rétroaction sur le phénomène qui lui a donné
naissance. Au pire, on s'en fout mais c'est un truc « logique » qui permet de saisir des nuances et
=> Un truc qui apparaît en même temps qu'un autre truc mais qui ne peut pas l'influencer dans
l'après coup. Genre, j'ai vu Dieu. Puis j'ai vu le Diable. Puis en fait j'me rendais pas compte que
depuis le début je voyais que le Diable et que la vision de Dieu était là pour me rendre la chose
supportable dans un premier temps. Woah. Il faut que je fume. Je me décompose les gars.
La sexualité a surtout été ma porte d'entrée vers le monde des femmes, vers le monde des
fantasmes métabolisées et vers la décadence dans sa forme la plus dangereuse pour l'âme. On
parlera de tout ça plus tard, surtout que ça concerne l'histoire actuelle. Mais voilà, faut bien passer
Un fantasme métabolisée, c'est quoi du coup ? C'est un truc qui n'est pas de l'ordre du désir. Ce
n'est pas « je te veux puis quand je t'ai je ne te veux plus ». Schopenhauer. Freud. Etc. J'ai encore un
peu de ce truc mais c'est vraiment secondaire. C'est quelque chose qui vient soutenir quelque chose
de l'ordre du destin. Si j'adore la sodomie, c'est parce qu'il y a quand même une histoire de merde
derrière tout ça. Même si je n'aime pas la merde. Elle est toujours sous-jacente. Les fantasmes
métabolisées, c'est la même chose. C'est cette merde que l'on ne veut pas voir mais qui doit se
réaliser pour que quelque chose de notre destin puisse se développer. Et parfois, tu ressors avec un
C'est de cette tension qu'il est question au jour d'aujourd'hui (MDR). Malaise.
C'est de cette tension dont il est question actuellement. Ces premiers chapitres sont à relire pour
la simple et bonne raison qu'ils ne sont pas là pour être compris en une fois. Des éléments
s'actualiseront dans l'esprit (même le mien), au fur et à mesure de la lecture, et rendront certains
éléments, à première vue secondaires, très saillants et inversement. Pour être tout à fait honnête, il y
a de fortes chances que ce soit le moi du futur qui ait dicté mon écriture jusqu'à présent. Mais bon,
Il nous faut maintenant introduire les personnages. Ces êtres sont pour certains morts, d'autres
encore vivants.
Conseil du soir :
« L'orgueil et le dégoût intellectuel de tout homme qui a souffert profondément -on peut presque
classer les hommes d'après la profondeur que peut atteindre leur souffrance-, sa certitude
frissonnante, qui imprègne et colore son âme, d'en savoir davantage par sa souffrance que les plus
avisés et les plus sages, de connaître grâce à elle bien des mondes lointains et affreux et d'y avoir
séjourné, « à demeure », alors que « vous n'en savez rien », ce taciturne orgueil intellectuel du
souffrant, cette fierté de l'élu de la connaissance, de l'initié, cette fierté ou peu s'en faut, l'obligent à
revêtir toutes sortes de déguisements pour se protéger du contact des mains indiscrètes ou
compatissantes, ou même de tous ceux qui ne sont pas ses égaux dans la souffrance.
La souffrance profond ennoblit ; elle isole. Un des déguisements les subtils est l'épicurisme et un
certain courage ostentatoire qui prend la souffrance avec légèreté et se défend contre tout ce qui est
triste et profond. Il est des « hommes joyeux » qui se servent de leur gaieté pour qu'on les
comprenne mal : ils veulent être mal compris. Il est des « esprits scientifiques » qui se servent de la
science parce qu'elle donne une apparence de sérénité et que l'esprit scientifique permet de conclure
que celui qui en fait profession est un homme superficiel : ces hommes veulent induire les autres à
une conclusion erronée. Il est des esprits libres et insolents qui voudraient cacher et nier qu'ils sont
des cœurs brisés, fiers et incurablement blessés ; la bouffonerie elle-même est quelques fois le
masque d'un savoir douloureux et trop lucide. D'où il suit qu'on fera preuve de délicatesse en
mauvais endroit » N.
Partie 2
Chapitre 1 :
Puceau à 90% (bises fréquentes par période scolaire, beaucoup moins hors). Sans talents
particuliers. Bégaye en situation de pression. Bégaye devant une porte. Corps de chips. Sans être
J'allais à cette époque à la fac. En psychologie. Ma vie était simple. J'allais enfin avoir la chance
de cotoyer de grands esprits qui m'apprendront des choses sur ce qui me passionne le plus au
monde : la connaissance. Un bon livre me comblait plus que tout. Un bon échange, je ne suis que
joie. Et là, nouveau départ, premier appart, nouvelle vie. Pas que je n'aimais pas ma famille. Mais
partir, enfin partir, respirer un autre air que cette ambiance là. Et vivre ma vie. Woah.
A la rentrée, trac de puceau. Ex STI. Nous étions entre couilles, au chaud. Maintenant : amphi
rempli à 80% de nanas, toutes plutôt canons. Et vu le phasme que je suis, avoir des exigences là-
dessus... J'cherchais cette belle nana intello. Celle qui tolèrerait ma laideur parce que j'ai quelque
chose en plus. Car il y a une beauté dans l'intelligence qui, je l'espère, compense certaines horreurs
du corps. Puis j'ai le goût pour les choses puissantes. Une femme laide, elle a intérêt d'être
sacrément femme pour réussir à nier à ce point la laideur qu'elle renvoie dans les yeux des gens. Je
suis né du bon côté. Sous une belle étoile. Sous une bonne étoile même. Balance ascendant Vierge.
Après toute la procédure, pénible, de la valise et, stressante, des papiers administratifs, il était
enfin temps pour moi de commencer à vivre. Il a suffi d'un petit rien : m'allonger dans ce lit. Dur.
Découverte de la solitude nocturne. Et de la 86. Toujours aussi puceau. A sympathisé avec des filles.
internet – sommeil. Faible bourse mais faible dépense aussi, je vivais de quasi rien. Je pouvais
compter dans les meilleurs mois 3 sorties en bar au maximum, c'qui est déjà énorme. Ah oui. Je ne
consommais aucune drogue. Avec 150 euros par mois pour la bouffe, les options sont très vites
limitées.
J'ai rencontré pas mal de gens sympathiques. Dans la vraie vie et sur internet. Mais personne
avec qui je me sentais suffisamment intime. Cette fois ça a pris. C'était une pote d'un pote très spé'.
Le genre de gars à délirer sur le nazisme au point de se prendre en photos dans une tenue pro
NDSAP (nom du parti nazi allemand). Mais un bon pote avant tout. Lui, c'est Carl. Passionné de
littérature, il avait eu cette éducation et ce goût de la lettre que je lui enviais tant. Il restait tout de
même sacrément fou. C'est par lui que j'ai pu acquérir tout un éventail de connaissances sur l'usage
des drogues, comment s'en procurer et comment s'en servir dans une optique qu'il me disait
shamanique. C'est aussi mon premier contact avec l'existence du dark net. Et, cyniquement, mon
— Tu verras vite.
Je n'avais pas d'attentes en particulier. Parler à une femme me mettait même plutôt mal à l'aise.
Je n'y comprenais pas grand chose. Un foyer d'incohérences, des réactions imprévisibles et
potentiellement dangereuses, hiérarchisation douteuse des choses, gros problème de limitation entre
le mensonge et la vérité toujours sous le lot de la bonne foi. Mais une chaleur particulière. Que je ne
J'ai donc ajouté Chloé. Qui ne s'appelait pas Chloé. Ni le deuxième prénom qu'elle m'a donné. Et
j'ai décidé d'abandonner de chercher. On va donc juste l'appeler Chloé. Quelques minutes après, la
demande fût acceptée. Et je commençais à me rendre compte que je n'avais rien de particulier à lui
dire. Ca restait une femme. Et cette information suffisait à me redonner confiance. Je me disais que
peu importe ce qui arrive, je serais face à quelque chose de fondamentalement instable. Et la
meilleure façon d'apaiser les tensions dans ce climat, je le savais d'expérience, c'est d'écouter.
Petite douleur abdominale. Pincement de joue. Oeil qui plisse aussi. Mais je suis sur mon terrain.
Tout va bien.
— J'allais y venir. J'étais en train de me dire que je ne vois pas de quoi parler avec
toi. Tu as idée de pourquoi il aurait pu voir quelque chose qui pourrait nous intéresser les deux ?
Je ne savais pas quoi dire sur le moment. En réalité, je ne savais pas ce qui me choquait le plus :
qu'elle soit aussi sereine face à l'angoisse d'une nouvelle rencontre, qu'elle soit aussi sereine sur le
rythme que doit prendre la discussion entre deux inconnus, qu'elle soit... C'était 3 secondes de yeux
ecarquillés. 2 secondes de yeux qui froncent avec crédulité. Et une réponse des plus médiocres.
— Faut bien commencer la conversation par quelque chose.
Chloé m'a envoyé quelques minutes après une photo. Vraisemblablement une mannequin. Une
fille magnifique. Traits de l'est. Des proportions incroyablement féminines. Et un visage angélique.
Comment pouvait-elle avoir une peau si fine au niveau du visage tout en ayant autant de graisses au
niveau de la poitrine ? Cette fille était déjà à mes yeux une anomalie génétique.
— tu me trouves comment ?
— C'est toi ?
— Oui.
C'est vrai. Objectivement. J'étais assez laid. Des boutons encore sur la gueule. 49kg. 1M80
Toutefois. Il faut entendre ma phrase avec une tonalité affective des plus neutres. La beauté était
un critère secondaire dans mes standards personnels. Je savais que sur cette échelle ci, ma marge
d'évolution et d'affluence serait assez faible. J'ai compris le message comme un troc. Des plus
basiques.
— Merci.
Pure convention sociale. Je ne savais pas quoi dire. Surement un dérèglement de la capacité à
discriminer les informations sur mon visage. Couplé à l'irrationalité propre à certaines femmes à
agir envers et contre tout sans qu'elles-mêmes ne sachent pourquoi. Appliquée cette fois sur moi, il
me fallait savoir ce que je suis aux yeux de la personne. C'est le seul moyen de rendre les relations
On ne me parlait jamais vraiment au fond, même à moi. Personne ne savait bien des choses sur
mon histoire. J'ai pendant longtemps été une personne présente sans jamais vraiment siégé quelque
Quoi. Le bout de mon prépuce s'est lui aussi surpris à regarder l'écran.
— Nous pouvons avoir une connaissance intuitive et immédiate de Dieu. Ce que j'ai
connu.
— Ca ne me semble pas incompatible. Il faut parfois reculer d'un pas pour mieux
rebondir
La discussion prit une allure des plus improbables. Nous avons discuté durant plusieurs heures,
sans interruption, de plusieurs sujets à un niveau de conversation des plus sauvages. J'étais face à
une machine. Tout le travail d'explicitation était maché par des allégories, des analogies. Tout était
passion pour cette personne, tout en sachant pertinemment que c'est surement la mauvaise blague
Sans trop de rapport avec la conversation qui précédait, la conversation reprenait une direction
—Tu comprendras bientôt que Dieu n'existe pas. Et tu pourras te libérer de tes
Cette pute s'imagine que les choses sont aussi ridicules. C'est dire combien le pêché d'orgueil les
anime. Elle restait quand même très bien sous tous les angles et toutes les coutûres.
— On se voit quand alors, je peux venir je suis à deux heures de chez toi en train :)
J'étais en alerte. Elle avait déjà prévu de potentiellement me voir. Elle a donc agis avec une
fausse naîveté et ignorance au début de la conversation. Son but n'est pas clairement identifiable
alors qu'elle a toutes les capacités pour me le transmettre. Cette femme est dangereusement instable.
— D'accord mais avant, tu veux bien te toucher sur moi s'il te plait ?
Elle lance la cam. Sans trop savoir pourquoi, je la regarde. Elle était en peignoir, les seins à
découvert, à regarder l'écran avec un visage des plus candides. Elle fout quoi cette conne.
Dégueulasse. Mais j'ai l'assurance que c'est la photo de l'image. Je ne comprends pas son innocence
alors qu'elle est nue devant moi. Mal à l'aise, j'éteins la cam.
— Ok.
— Tu le regretteras,
Nous avons conversé 6 mois avant de nous rencontrer. Et des coupures de plusieurs mois voire
années se sont entre-suivis. C'est celle qui m'a fait découvrir ce qu'il y a de plus sale en moi. A des
profondeurs insoupçonnées. Nous n'avons jamais été ensemble, officiellement j'entends. Je ne sais
Je la vois actuellement comme un ange démoniaque qui observe avec patience mon
développement. Et comme l'un des êtres les plus ravagés et fascinants que cette planète a laissé voir
le jour.
Chapitre 2 :
A mes 18 ans, j'ai découvert plus de profils atypiques que ce qu'une personne normale croise en
toute une vie. Internet, c'est l'instantané au profit de ce que l'on souhaite. En l'occurence dans mon
cas, c'était des contacts stimulants que je recherchais. Et j'ai été servi.
La liste est longue, et j'ai maintenant perdu contact avec la grande majorité de ces gens-là pour
mon plus grand bonheur. Il y a eu, entre autres, de gros trafiquants (d'armes et de drogues
principalement, ça n'avait jamais été mon truc les armes), des personnes affiliées à des réseaux néo-
nazi (l'élite intellectuelle de ces réseaux, celle qui m'a entre autres fait découvrir des penseurs
incroyables. D'une logique froide et implacable. Et d'une sensibilité esthétique, surtout musicale,
des plus touchantes), des schizophrènes qui baignent dans une psychopathie des plus inquiétantes
(Ceux-là m'ont toujours effrayé. Habituellement, ils ne survivent pas bien longtemps). Il y a aussi eu
quelques personnes pédophiles (des perdus et des humiliés plus que des dominants. Impossible de
vraiment garder contact avec eux, c'est une des limites de ma morale. Je ne pouvais parler qu'à ceux
qui n'avaient jamais récidivés et qui semblent encore avoir une conscience morale), des meurtriers
mineurs (peu pour qui j'ai pu vérifier quoi que ce soit, je soupçonne pour la plupart des problèmes
d'égo) et des gens tellement sombres que je préférais ne surtout pas m'en approcher (eux par contre,
le doute n'était pas permis). Je pourrais retracer l'histoire de chacun de ces acteurs mais cela n'aurait
Se demander pourquoi j'ai baigné avec ces gens-là, pendant des années, c'est autre chose. Parce
qu'au fond, c'est toujours la même chose qui se répète. Avec des acteurs différents. Nous sommes
déjà morts. Et nous tentons de nous libérer de notre dette karmique désespérement.
J'ai une particularité qui plait aux esprits, même les plus vils : une empathie naturelle très faible
couplée à une capacité d'analyse et d'écoute précise. Ca ne servait à rien de vouloir jouer un rôle
face à des gens venant de ces différents milieux. Tous méfiants, terriblement méfiants. Et moi plutôt
naïf. Au fond, je ne veux rien d'autre que comprendre les processus en jeu. Ca n'a pas toujours été
facile, j'ai frôlé plusieurs fois des situations très délicates... Mais bon, c'était une belle époque. Celle
plus possible d'idéaliser quoique ce soit. Les humains sont, avec leurs laideurs, de sublimes
témoignages de la diversité et de la richesse des possibilités de l'esprit. Et si on veut être tout à fait
honnête, on a tous en nous un peu d'Eichman en nous. Reste à savoir ce qu'on en fait. Enfin...
J'avais dans mon bestiaire tous ces personnages... uniques en leur genre. Pas tous n'avaient pu
développer une vision esthétique du monde. Il y en avait quelques uns. Mais, à l'époque, je n'étais
pas encore assez mature pour m'en rendre compte. J'avais vraiment de la sympathie pour les natures
des choses très subtiles en moi que je n'aurais pas pu vivre autrement à cette époque
A leur façon, tous ont pris plaisir à pouvoir converser avec quelqu'un qui semble être capable de
les entendre un minimum. Et de mon côté, au-delà du côté spectaculaire de toutes ces rencontres,
j'ai fini par prendre l'habitude de fréquenter ces démons. Derrière l'ignonimie de certains, il y avait
encore la possibilité de sentir l'humain blessé. Ou étrangement épanoui. Puis il y a les autres. Ceux
qui m'ont appris que certaines âmes peuvent se corrompre au point que rien ne semble pouvoir les
sauver.
Les plus faibles, de mon souvenir, ont tous fini en hopital psychiatrique, sans le sous à la rue ou
suicidés. Anecdote curieuse, la mort n'a jamais été un sujet abordé avec gravité. Quand on en
parlait, c'était toujours sous le ton de la plaisanterie. Et en privé, généralement, deux clans se
distinguaient : ceux qui ont renoncé à la sécurité et qui défendent une vision romantique de la mort.
Souvent les plus faibles. Et les autres. Qui la voient comme une chose répugnante ne devant et ne
pouvant leur arriver. Ce sont les plus puissants. Les plus dangereux. Et, conséquemment, les plus
stimulants.
En parallèle, j'avais une vie étudiante des plus classiques. J'ai longtemps été considéré comme
quelqu'un de calme, aimable, intelligent et plutôt réservé. J'avais quelques copains normaux,
d'autres un peu bizarres mais incomparablement plus rassurants que mes contacts du net. Et, à
souligner, j'avais une activité intellectuelle en parallèle des plus performantes. L'avantage de
cotoyer la mort sous différentes formes humaines se résume à une chose simple : pouvoir se rendre
compte de la chance que l'on a d'être encore en vie. Ce qui m'a amené à travailler personnellement
plus de 20h par semaine. Sans compter mes activités universitaires... l'entretien de mes relations sur
A cette époque, j'aurais aimé que l'on me surnomme Le Psy. Dans une série américaine, j'aurais
L'ambiance était folle donc chaleureuse. On se racontait tous des anecdotes de vie, des trucs que
l'on trouvaient sur le net et qui valaient le détour. Certaines personnes faisaient un peu peur. Mais
jamais je n'ai ressenti d'effroi. Je savais que ces gens n'étaient pas de ceux ayant une attirance
physiologique et viscérale pour la mort. Ils sont comme moi, à leur façon, des dégénérés souhaitant
s'amuser. Nous étions finalement qu'une grande bande d'enfants plus ou moins dangereux. J'avais
une position agréable à cette époque car je n'avais d'inquiétant que ma sympathie naturelle pour les
qu'elle provoque dans le corps. Cela paraît con. Mais on n'y pense pas assez. Parce que nous
sommes tellement insignifiants que l'on s'imagine que rien n'est vraiment important. Et lorsque
nous souffrons, il n'y a plus de temps accorder au recueillement, au silence, à la digestion. Il faut
l'exorciser et passer à autre chose. Ces choses seront bientôt plus que des vieilles valeurs d'un autre
temps.
Bien la preuve que le progrès nous forme avec ingéniosité à devenir de purs lâches. Nous
voulons nous sentir vivre, nous voulons jouir. Sans pour autant en payer le prix. Nous n'avons plus
de grandes souffrance. Nous n'en voulons plus. Cette pensée est la pensée des corps affaiblis. La
vérité, c'est que la puissance recherche la puissance. Et qu'un corps en grande santé ne vit pas la vie
Ils veulent se sentir pleinement vivre mais sont morts à l'intérieur. Ils ne se rendent pas compte
que la destruction est nécessaire à la vie. Et qu'en voulant chasser la cruauté de la vie, ils chassent
dans le même temps l'autre loup à qui elle a donné naissance : la puissance.
Ouais man.
Chapitre 3 :
Les 18 ans. C'était quelque chose. A cette époque, mes sensations étaient tellement bridées que
j'encaissais des expériences de vie sans pouvoir leurs donner le moindre sens. Quand j'écoutais les
histoires des copains, j'avais parfois des petits frissons mais globalement j'étais, disons le, mort de
l'intérieur. Ou pas tout à fait. Plutôt , il y avait tout une partie de moi qui n'attendait qu'à s'exprimer.
Quelque chose dans le pêché créait chez moi une vive attraction. Je ne l'éprouvais pas pour mes
actes en particulier mais je le sentais surtout à la fréquentation de gens mauvais. C'était déjà à mes
yeux une sacrée transgression. On est, qu'on le veuille ou non, teinté par notre entourage. Et à moins
de savoir s'isoler au bon moment, au bon endroit, on finit toujours par devenir un peu un autre que
soi. Et quand ces autres sont monstrueux, on finit aussi par devenir un monstre.
Chloé est la fille la plus rayonante que j'ai connu de ma vie. Nous nous sommes donc rencontrés,
enfin, autour d'un café. A sa manière d'écrire, on aurait pu s'imaginer une fille à l'allure froide et
austère. Ce fût tout l'inverse. Il y a avait une innocente candeur qui se dégageait en permanence de
son visage. Son rire était très doux, ses yeux en amande d'un vert profond hypnotisait sans effort
mon attention . Je me demandais si en la rencontrant, il y a allait avoir une barrière ou quoi que ce
soit qui la rendrait moins intéressante. Tout sans faux ! J'avais pourtant le ventre de plus en plus
broyait de l'intérieur. Comme une boule, très condensé, qui se condense quelque part au centre de
mon ventre. Et je voyais bien qu'elle savait qu'elle m'attirait. Pourtant, elle gardait toujours cette
grâce de faire comme si elle ne l'avait pas vu. Cela faisait maintenant plusieurs heures que nous
discutions et il restait qu'une petite heure avant l'heure de séparation convenue. Comme je
commençais à prendre l'habitude, Chloé avait cette curieuse tendance d'aborder un sujet étrange
avant notre séparation. Elle n'était plus la même qu'avant. Tout son être prenait une posture sérieuse.
Et se dégageait dans l'environnement comme une pression soudaine et intense. J'étais déjà perturbé
sur internet, je voyais le changement d'ambiance par sa ponctuation, moins de smileys, moins
Il n'y avait plus rien de mignon sur son visage. Juste une sévérité et une extrême concentration.
Dans le regard, quelque chose me disait que la moindre erreur me serait impardonnable. La chaleur
laissait place à une ambiance morbide. La nouvelle discussion se lançait définitivement bien :
question. Mes yeux l'ont trop vite exprimé j'étais grillé. Premier signe d'idiotie de ma part.
Et je sentais dans son regard non pas du mépris mais un questionnement suspicieux quant à
ma réaction.
— Et bien, j'ai l'impression de commettre une faute. Parce que je me sens et sais responsable
sais pas si j'avais merdé mais quelque chose venait de provoquer un petit sourire au niveau
de sa joue droite.
ta pure vitalité. Ne faut-il pas vivre le maximum d'expériences possibles pour se libérer de
extrêmement similaires sur internet et irl. Avec toujours cette enchainement logique et
efficace et qui ferait vite de faire perdre le pied à quiconque ne se concentre point assez.
— C'est vrai qu'il y a des fois où j'ai cru faire mal, parce que mon intention était mauvaise,
mais qu'au final le contraire finissait par se produire. Maintenant, asservir consciemment
l'autre ou lui faire du mal consciemment, ça ne me semble pas envisageable même si c'est
— Tu veux suivre le Bien mais tu te sais affaiblis niveau vitalité. A force de te dompter et te
brider, tu finis par avoir besoin de personne comme moi qui redonne de la vie à ton corps.
Au même moment, elle me prend la main. J'ai rougi comme un gros puceau. Ma gueule devait être
— Et quel est ton remède ? C'était pour moi une fuite vers l'intellectualisation.
— Si les deux personnes sont consententes pour que l'autre puisse se libérer totalement au
— Cela ne concernera que tous les deux. Puis ce sera toi qui en voudra d'autres ! J'étais
stupéfait. Et en même temps, je ne voyais absolument pas ce qu'elle voulait dire par là.
— De quoi tu parles ?
— Je ne sais pas.
Silence. De plusieurs secondes. Puis elle rigole. Et retrouve cette joie de vivre des débuts. Et ses
— Tu es plus maladroit et naîf que ce que j'imaginais. C'est mignon. Elle avait l'air
euphorique. Et me dévorait du regard. De mon côté, c'était bagdad dans mon ventre.
Et là, j'ai chié une immondice. AK 47 douloureux. Puis une sensation de libération intense. Je
redevenais plus aérien. Avec une douce sensation de planer. Mon corps était comme envouté.
Quelque chose revivait enfin. La chaleur se faisait chaude et diffuse dans tout mon corps. Toujours
raide mais attendri aussi, je me disais que je pourrais tenter le grand plangeon avec elle.
Des siècles de progrès fantastiques. Pour en arriver à devoir se masturber sur des scènes
pornographiques d'une étonnante complexité. Je veux bien que la perversion existe depuis toujours.
Mais quand même. La démocratisation de la perversion chez ceux qui n'auraient jamais pu imaginer
le centième de l'horreur des fantasmes qu'on leur présente... Il y a des signes de la fin des temps qui
ne trompent pas. Cette gueule d'ange se branle sur du fisting. Tu le dis coincé du cul, il a déjà baisé
ta grand mère défunte plusieurs fois en fantasme. Tout en lui léchant ce qu'il lui reste de pied.
Quelle époque.
Il y a une personne clef chez les rares personnages masculins qui oscillent autour de moi. L'un
d'eux à cette période, Nicholas alias le mec en or. C'est mon rabbin. Encore à ce jour. Je l'ai connu
dans cette période. Il ne faisait pas parti directement de la bande. Ce gars, c'était plus un errant qui
aimait bien se marrer. Je l'ai repéré sur le net au travers d'une discussion vocale groupée avec des
gens de bons alois. Des gars qui fumaient, beaucoup, et qui cherchaient des trucs drôles sur le net
histoire de se marrer. Chacun avait ses motivations bien sûr. Celles de Nicholas était des plus
simples : vivre l'aventure. Âgé de 21 ans à l'époque, il était pour moi un parrain spirituel. Je n'ai
jusqu'alors jamais croisé de gars aussi chill and relax. Tu pouvais lui raconter tout et n'importe quoi,
il avait toujours cette simplicité dans la réponse qui te laissait entendre quelque chose comme :
« T'es un mec cool, ton anecdote m'a fait rire. T'inquiètes pas, c'est l'aventure. »
C'est à lui que j'ai confié, d'abord avec réticence, puis sans limites, toutes les expériences qui
me mettaient en danger au niveau conscience éthique et conscience tout court. Tout a commencé
avec mes confidences au sujet de Chloé. Je ne connaissais encore rien aux relations sexuelles et aux
relations avec les femmes en général. Lui, pas bien plus que moi à vrai dire. Il avait soulevé
quelques gueuses de ce qu'il m'en disait. Pas bien belle, même laide, mais Nicholas est un homme
généreux. Il n'était pourtant pas laid, intellectuellement au-dessus de la grande majorité des gens
que j'ai pu croiser, mais dans une sorte de renoncement extatique qui est tel que tout lui paraissait
beau. A quelques exceptions près. Les héroïnomanes en fin de vie par exemple, même avec toute
l'alcool et la bonne weed du monde, c'était non. Fallait vraiment plonger loin, très loin, pour trouver
Selon lui, il avait une vie de merde. Cette vie que n'importe quel ado se croyant déviant
envié. Il foutait à peu près rien de ses journées, générait quelques revenus passifs grâce à d'heureux
coups du destin, fumait terriblement beaucoup et se motivait uniquement quand la cocaîne pouvait
générer quelques élans de sa chaise. Une vie faite de projets qui n'aboutiront jamais car uniquement
lancés en mots pour faire rire les potes. Il n'y avait pas plus plat, ennuyeux et désespérante vie pour
quelqu'un d'un minimum actif. Là était toute la magie. Ce gars était capable de tout, à condition que
Je ne l'ai vu irl qu'après 2 ans. Vers mes 20 ans. Avant ça, tout se passait uniquement par
internet. Pas qu'il ne m'aimait pas, au contraire, nous avions des affinités sur de nombreux sujets.
J'étais persuadé que c'était dû à de l'anxiété sociale. Ce gars était un déchet pour la société mais une
perle pour quelqu'un qui aspire à la liberté. Avec le recul, je me dis que son anxiété n'était qu'une
protection accordée à l'humanité pour éviter de sombrer dans le chaos. Car ce gars, au mauvais
endroit, avec les mauvaises personnes, ça pourrait être un vrai fiasco. Un vrai personnage.
Autre chose, d'essentielle. Certains vont prier Dieu pour s'absoudre de leur pêché. D'autres iront
plutôt racheter leurs fautes, à la hauteur de leurs moyens. Moi, j'avais Nicholas en rédempteur. J'ai
dit tout à l'heure qu'il était mon rabbin. Mais pas que. Avec lui, je n'avais même plus l'impression de
commettre de fautes. Il m'a par moment déconseillé de faire certaines choses, quand ça allait
beaucoup trop loin, mais toujours avec ce rire et cette légèreté qui faisaient à mes yeux sa signature.
L'anti gravité par excellence. Léger par accident. Sans même se soucier du pourquoi du comment. Il
Grand conteur, il arrivait à partir d'une anecdote des plus ridicules, comme la sortie pour acheter
son morceau de shit, à te rendre l'histoire des plus intéressantes. Il attendait tellement rien de la vie
que le moindre détail prenait dans sa tête des proportions incroyables. Par exemple, je me souviens
de la fois où il avait croisé une humaine dans la rue. Combien fût sa fougue quand il nous a
mentionné qu'elle lui avait simplement demandé le chemin. C'était tout un système paranoïaque mis
en place instantanément pour estimer toutes les possibilités que la meuf veuille potentiellement le
baiser ou, au contraire, le piéger. Sans exagérer. C'était une puissance imaginative d'une rare
créativité. Pourtant, il n'en faisait rien. Car il ne voyait absolument pas comment industrualiser ses
dons. Et je ne vois toujours pas, encore aujourd'hui, comment. On l'appelera par la suite le
Conseiller. Je n'en dis pas trop sur ce gars-là mais c'est un personnage clef. Toujours pas mort.
Toujours en contact. Evolution dans la folie aussi dangereuse que la mienne à la différence qu'il a
cultivé sa tolérance à la folie à son point d'acmé. C'est devenu une bombe nucléaire.
Un peu frustrant de ne pas pouvoir en dire plus sur ces personnages. Ca prendrait un livre pour
chacun. Sans rire. Il y a beaucoup trop d'aventures. Et pour le moment, on reste centré sur la quête
principale. C't'histoire de bar, avec mon copain libertin et ma copine tinder. Ces trucs là du début.
On y reviendra.
Vomi verbal de ma situation actuelle. Parenthèse non nécessaire à première vue. Mais qui fera
sens à un moment. Partie qui assure la transition entre mes 18 et 21 ans. Une suite à un moment
donné. A négocier avec le lecteur. Hypomanie évidente. Premier jet des plus destructurés. fidèle à
Y'a deux trucs que l'on dit pas aux gens qui cherchent la voie :
1) Pour se libérer, il faut douiller dans l'errance et la solitude. Sans date limite. Il faut laisser
crever toutes ses espérances. « Si j'étais comme si alors blabla ». T'es déjà pris dans l'illusion
là. Faut trouver des méthodes pour les éteindre. Et la plus dure de toute, c'est de croire qu'on
2) Alors ce truc là, c'est encore plus vicieux. Si t'imagines que tu peux t'élever sans te salir, t'as
déjà perdu. Et quand je dis salir, j'inclus aussi « parler aux gens qui sont animés par leur
saleté ». Parce que fuir la jouissance quand t'es super bien entouré, c'est facile. Mais quand
tu vois à travers les autres les effets que ça a l'air de provoquer, tu excites en toi quelque
chose qui veut s'exprimer. Et si ça veut s'exprimer ça s'exprimera. Et contre ça, y'a pas de
tuto les gars. Tu peux prier ok. Tu peux travailler sur toi ok. Mais crois-moi que tu vas
douiller.
Visualise des abysses mais méfie toi de les fixer trop insistement, tu risques de t'y perdre. Un truc
comme ça. C'était aussi ça la thérapie. J'ai Dieu en moi. MAIS SI PEU DE GENS LE SENTENT.
Le diable, lui, c'est beaucoup plus facile. Les horreurs du monde nous sont accessibles par les sens.
Et nos fantasmes aussi. Avec une bon refoulement, on peut faire « comme si » mais si tu joues le jeu
à fond c'est toute l'ignonimie qui existe en toi qui va s'exprimer sous des formes qui te sont
Qui fantasme d'un Dieu qui ne chute pas ? Personne. Car le fantasme échoue toujours. Il n'a
aucune vocation à l'éternité. Quand il existe pour lui-même, il ne devient que tyrannie au service de
la jouissance. Bah on fait quoi alors eh ? Eh. EUUH. BEH BEH. EUH LES GARS EUH.
[…]
En croquant dans la pomme, il ne peut rien arriver de bien bon. Et depuis l'épreuve de Dieu, j'ai
compris que j'allais passer au moins une bonne dizaine d'années à brûler sur terre. Parce que j'étais
foutrement incapable de Le porter en mon sein sans devenir fou. Finalement, ma voie est celle de
Morphée ; je n'avais d'autres choix que de traverser les enfers pour chercher l'absolution.
Par le passage à l'acte, le criminel cherche à revivre la chose non symbolisée pour lui donner
sens.
Loan, 21 ans.
Crise spirituelle intense. Expérience d'éveils de la kundalini. Un peu plus beau physiquement.
Toujours mince. Confiance en soi rassurante pour la suite. Expérience sexuelle destabilisante.
projets et à l'actualisation de mes connaissances. Phase des plus assexuelles, ma bite ne réagissait
plus beaucoup. Une fois par semaine au mieux. Mon seul appétît était d'ordre spirituel. Devenir pur.
J'ai fait connaissance de cette fille à une époque où j'allais au plus mal émotionnellement. Je l'ai
rencontré par le plus grand des hasards (quelle chance). Une bonne pote à moi, qui me savait très
replié sur moi-même, m'a proposé de rencontrer des amies à elles portées sur la spiritualité. L'idée
me semblait amusante. J'étais dans l'assurance d'avoir des discussions intéressantes. Cela fait
maintenant 3 ans que je méditais et les expériences supra sensorielles commençaient enfin à
m'ouvrir les yeux sur notre réalité. Seul problème, et de taille, j'étais au bord de l'alcoolisme, avec
des tendances hallucinatoires inquiétantes, et, surtout, j'avais de plus en plus de difficultés à
distinguer les hallucinations du réel. On aura beau dire ce que l'on veut, les hallu pathologiques ne
sont pas de même nature perceptives que les hallu réels. C'est acté. Ok. La main se lève. Le majeur
Je sortais d'une phase très délicate avec Chloé. J'aspirais maintenant à peu de choses : de la
rationalité, du respect des limites, gnagnagna. Un truc cadré où la passion se justifierait presque par
la liberté et l'affection plus que l'amour. EHEHEHHEHEHEHEH. Avec du recul, on pourrait même
dire que je voulais plus une mère que d'une femme. Au moins, pour la première, la jouissance se
tempère par le côté maternant et dexualisant (sexy par ailleurs si bien dosé). La deuxième est
dégoutante car naturelle. Et rien de plus nocifs que des comportements qui se justifient par un
naturel sale.
Loan est une détraquée. A sa façon. Elle était clairement à des mondes du mien. Aristocrate,
élevée dans la plus haute éducation, elle s'était prise de plaisir à rencontrer des personnes
« différentes » que celles croisées généralement dans son entourage. C'était une punk dans l'âme.
Une punk qui s'offense très violemment en disant « merde ». Mais une punk quand même. Sa
copine, je l'ai connu en festival. Une fille géniale aussi. Qui vient d'un bon milieu mais qui s'est
retrouvée propulsée dans le monde de la nuit et plus spécialement les milieux beatnik par caprice
des sens. Elle savait qu'elle ne finirait jamais avec les gens de ce milieu... Mais quand elle voyait
combien elle pouvait se sentir proche de totals inconnus juste par la musique... Son charme s'en
trouvait décuplé. C'était une très belle fille aussi. On l'appelera Maud.
J'ai fait connaissance avec Loan par internet. Je savais qu'elle ne consommait aucune drogue, ne
buvait pas d'alcool, a des principes très rigides et qu'elle était aussi incroyablement intelligente que
belle. Qu'est-ce que je fous avec une fille comme ça ? Je me le demande aussi man. Il s'est trouvé
qu'elle est passionnée intellectuellement. Ce n'est pas ça qui m'a plus tu sais. Intelligente ou pas,
c'est pas ça. C'est qu'elle ouvrir des milliers de portes dans nos conversations respectives tout en
étant toujours passionnée. Là, j'comprends, tu peux te dire que je l'idolatre un peu. Il s'est avéré que
non. C'était vraiment un joyau cette fille. Surtout les premiers mois. L'écrit nous était à nous deux
plus familiers. Ce fut une période incroyable. Je ne me suis jamais senti autant soutenu et aimé pour
mes capacités. Ce fut aussi une période désastreuse. Car la perfection est le pire des moteurs. Et
désirais pas sexuellement, elle non plus. Ca ne dérangeait personne, au contraire. Je ne voulais pas
en savoir plus de toutes façons. A côté, je passais la majorité de mon temps à m'élever
spirituellement.
J'avais plus que bien sympathisé avec Maud. Nous nous voyons régulièrement. C'était amical. Au
moins au début. C'était l'entre deux parfait cette nana. Elle ne rejoignait pas les positions extrêmes
de Loan sans pour autant excuser mes lâchetés. Pour exemple, nous nous étions disputés avec Loan
sur la couleur des toilettes de notre future maison. Qui péterait un cable pour déterminer la couleur
des chiotes ? Réponse. Une personne avec qui tu as pu débattre des journées sur l'objectivité du bon
goût et de la beauté et avec qui tu as conclu que les personnes qui ont réellement bon goût se
retrouvent et se reconnaissent spontanément par l'adéquation de leur jugement. Période folle. Pas
Pensée de man bien high : Notre entourage décrit le genre de personne que nous sommes. C'est
ainsi aussi que j'ai confirmé intuitivement que les grands hommes sont traversés vivement et
activement par des tensions qui « nous » dépassent. (le lien de cause à effet, je l'ai perdu mais il y a
un pont à retrouver). Parce que la survie n'appelle pas aux mêmes conditions au sommet. Il faut
être consistant intérieurement. Certains le sont plus par l'esprit. D'autres par le corps. Respect des
différences.
Chapitre 7 :
Il y a quelque chose de fondamentale dans la philosophie hindouiste : éjaculer, c'est sheitan. C'est
quand même quelque chose de dingue quand on y pense. Comment une des plus anciennes
traditions au monde a pu instaurer une restriction aussi sévère pour les hommes. Et aussi pour les
femmes. Combien sont celles qui ne se sentent pas ultimement désirées si l'homme n'arrive pas à se
finir en elle ? Pourtant, cette restriction existe. En fait, à bien y regarder, ce qui est dingue ce n'est
pas tellement ça. C'est de se dire que c'est élevé à un niveau de gravité aussi important que ce qui
pourrait être considéré comme un « pêché mortel » dans notre tradition. Une putain d'éjaculation.
Avec Loan, cette question de la sexualité ne se posait tout simplement pas. On aurait pu. Enfin....
Et c'était une bonne chose. Il y a tellement de choses plus passionnantes que ça. Les projets,
l'affection, l'émulation mutuelle, le partage, le dépassement de soi. On serait tous tenter de dire « oui
c'est vrai » sans vraiment y croire. A cette époque, j'y croyais au plus profond de moi. Je ne bandais
quasiment plus. Mon corps comprenait les choses. J'étais un pur esprit en ébullition.
Chasse le naturel. Blabla. Toute cette énergie qui ne se dépensait plus ici, se dépensait
évidemment là.
« Il faut percer par la plume. La fuite pèse lourd. Ce que tu n'as, tu ne l'auras jamais par des
Je suis fatigué de tout ça. Je suis fatigué. Et ce n'est pas vraiment l'ambition qui provoque ça
mais toute la machinerie mis en place pour ne pas affronter la Chose. Elle me gratte les papillotes.
Cette Chose. Rien à voir avec la Palestine. C'est plus une question de couleur. Je porte plusieurs
couleurs pour ça aussi. Ca évite de trop trancher. Ca a généralement bon goût. Pour ceux qui s'y
essaient aussi. Le camembert. On le divise. Et on ne sait jamais qui n'aura pas sa part du gâteau.
T'ignores tout de la lune. Ouais et alors ? Tant mieux. Bien dit. J'en pouvais de toute façon plus.
Je l'entends encore parfois. J'ai l'impression de le lire. Comme s'il était encore en vie.
Chapitre 8 : out of nowhere.
Ca, c'est un flash de ma vie actuelle. C'est minable. Gnangnan. Mais terriblement vrai. Je suis
faible man. Et tout son contraire. J'te montre un peu ma fragilité. Parce que ma bite n'est pas que
délire. Elle est aussi mitigée. C'est une demi molle que je te partage brother. Compatie avec moi. S'il
te plait.
je t'aime. Au fond, tu es vraiment le genre de fille qui pourrait tempérer en bien ma vie actuelle. Tu
es belle, tu as un rire apaisant, tu es surtout attachante et si cela ne tenait qu'à moi je ferai tout pour
t'épouser. Je sais que tu m'aimes aussi, mais je n'ose pas. Au fond, je me dis, tu te rouveras un mec
mieux que moi. Je sais, OUI, je suis un gars génial. Mais je suis aussi une dynamite. Si je viens à
toi, je te détruis. Pourtant, là, tout de suite, je t'aime terriblement. Même si je n'ose pas te le dire.
Mes yeux vacillent et mon sourire ne réclame que tes lèvres. Je t'aime. Je t'aime vraiment. Viens.
S'il te plait. Viens à moi sans que je ne te le réclame. Je t'ai envoyé des appels de phare. Je t'ai
questionné sur le pourquoi nous ne nous sommes jamais aimé. Ok. Pour toi. Ca ne suffit pas. Mais
pour moi, ça veut dire beaucoup de choses. J'aimerais que tes bras soient là pour moi. Pour me
rappeler qu'il y a quelque part où les choses sont calmes. Quelque part où je peux définitivement
m'oublier.
Je t'aime. Mais comment te le dire ? Comment m'assurer que ça ne s'évanouie pas d'ici demain.
Tu n'es pas proche de moi. Evidemment. Des kilometres nous séparent. Mais je t'aime. En secret. Et
Je suis faible tu sais. Malgré mes airs, je suis incapable d'assurer quoi que ce soit. Il me faut un
soutien. Un soutien indéfectible. Quelqu'un qui me rappelle que, même dans le pire, j'existe. Je reste
simple tu vois. Ne vas t'imaginer que derrière toutes mes qualités, j'attends un retour équitable. Loin
de là. Je n'attends qu'un amour qui m'absout des pêchés que je m'impose. Je n'attends qu'un cœur
qui puisse supporter ma lourdeur. Si tu m'aimes, tu as déjà toutes les qualités. Et plus encore. Mais
oublies tu que je ne suis qu'un enfant. Ok. Ca te fait peut-être mouiller dans une certaine mesure. Je
peux comprendre. Je suis un gars en or. Mais bon Dieu, pas même un baiser depuis tout ce temps ?
Viens à moi, je t'en supplie, viens à moi. Je t'aime. Je suis prêt à me ranger pour une vie simple.
Mais impose toi bon sang. Castre moi la bite. Et stimule la pour ton plaisir. Eheh. Je n'attends que
ça.
Ton souvenir me berce. Je suis triste là. Parce que je ne t'ai pas avec moi.Et parce que je te veux
avec moi. A quoi bon te dire tout ça... Tu te diras que c'est la confession d'un bourré. Et rien de plus.
Parce qu'un mec aussi intelligent que moi ne peut être aussi fleur bleue à tes yeux. Ca sort du
Un jour, je serai un roi. Et ce jour, je viendrai à toi, le cœur en pagaye, et tu me diras que tu as
trouvé un gars pas forcément mieux que moi mais avec qui tu te sens bien. Et ce jour là, je serai
brisé mais je te souhaiterai le meilleur. Sale pute. Parce que tu es belle. Et parce que tu mérites une
belle histoire.
Pourquoi ne pas partager ensemble une vie simple ? Sois ma femme, et je serai là pour te
combler au delà de tes espérances. Au fond, que recherchons nous de plus que la rédemption ? Que
des bras qui nous pardonnent tout sans condition. Que recherchons nous de plus que la libération ?
D'expérience, même Dieu n'a pas de bras. On rencontre Dieu au delà du corps. Et je le rencontre,
régulièrement. Mais mon corps pleure car mon corps est sensuel.
Rastafarai. Le cœur bat. Les yeux tombent. Mais l'amour persiste. Malgré tout.
L'amour est la voie royale contre la dégénérence. Car on ne peut aimer que totalement. Et qu'on
ne peut souhaiter du mal à celle que l'on aime. Même le pire dans l'amour, ça reste un pas si pire au
fond.
???
Chapitre 9 :
Une vie 2.0. C'es une vie où tout est plus intense au prix des souffrances de son propre corps. On
vit constamment au dessus de ses moyens, jusqu'au moment où tout ne tourne plus rond et que l'on
s'écroule.
Ce chien pleure. Je pleure aussi Pourquoi ça ne veut plus tenir. Ca ne veut jamais tenir. Les fils
ne sont pas de qualités. Le rythme se perd. Les clefs aussi. Il n'y a plus de musique. Et la vie
Le mal-être prend des formes... C'est bien. Il n'en prend aussi parfois pas. Il n'est qu'une pure
expression vouait à renforcer le « je suis perdu » quand tu essaies de le saisir. Il faut couper des
membres tu crois ? Larguer les bagages à la mer. Avec des corps d'humains dedans. Et des liens.
Encore une question de fils... Tout est... […]. Pourtant, on ne sait jamais ni comment ça se tisse, ni
la matière utilisée. Puis de toute façon, ça ne change pas grand chose au cours du monde. Les arbres
[...]
Dans la théorie de la relativité générale, il paraît qu'il y a quelque chose de l'ordre du : l'univers
est capable de rougir. L'hypothèse du rougissement gravitationnel. T'y crois toi ? Même l'univers
[...]
C'est quoi que ce chapitre. J'ai plus l'impression que c'est un aveux. L'écriture se fait lente. Plus
ça va, plus je perds la tête. A quoi bon ces préliminaires... On va laisser tomber je pense. J'ai peut-
être menti. Il y a des fois où je ne fais plus l'amour avec la vie. J'ai même l'impression qu'elle ne
Je me sens nauséeux. Elan de vomi en bouche. Timide, les pieds en équerre au fond de la gorge,
il n'ose pas sortir de ma bouche. Exprime-toi bébé. Décontracte-toi. Je ne te veux que du bien.
Exprime-toi, rien ne me choquera tu sais ? Toi et moi, on est dans la même galère. Même si je dois
Je ne lui dirai pas que je finirais par me brosser les dents avec la cyprine d'un autre mal-être. Et
[…]
Dans ces moments, je regarde la nature, le ciel, les choses dans l'air.. les présences autour de
moi...
Partie 3 : Année 2018
Chapitre 1 :
Encore une compression du temps à un niveau incommensurable. C'est donc pour ça que l'on dit
que l'enfer est plastique ? Qu'il ne répond d'aucune conception d'espace et de temps qui nous soit
intuitivement saisissables ? Si cette chose s'avère vraie, je ferais mieux de me les couper, les
attacher au sapin et demander au père noel de m'épargner au plus vite de mon karma que je puisse
enfin me barrer dignement d'ici. Car si, vraiment, ma vie finit par se répéter éternellement, à
quelques variables près, je suis certain que ce n'est pas le moi de cette vie là qui brisera le cycle.
Le faible en moi me dit que je suis une merde. Le fort par contre , lui, se marre bien.
Terrestrement parlant, si je me voyais dans une vitre, je suis à peu près sur que je ne me reconnaitrai
pas.
Quelques douces récompenses, héritages de nos sagesses les plus anciennes, m'accompagnent
dans ce périple. Si je veux devenir libre, je dois détruire tout ce qui aliène socialement ma folie.
Parce que je sais que je serai toujours obsédé par la présence d'un autre qui me rappelle que je ne
suis pas tout à fait rien, au moins temporairement, dans le cirque grandiose qu'est ma vie sociale. Et
d'angoisser. Enfin, si. Mais pas pour les bonnes raisons. Il est parfois préférable de prendre les
mauvaises décisions j'ai l'impression. Les gens coolos te diront qu'elles ne sont pas mauvaises si
elles finissent par t'apporter des choses. Oui ok. Mais quand on détruit quelque chose, il n'y a pas
toujours une carte réversibilité. Et actuellement, je vois surtout que je ne sais absolument pas
distinguer le bon du mauvais. Tout ça n'est donc que sémantique. Tout ça est vide de sens. J'écris sur
Qu'est-ce qu'on retiendra de moi ? J'ai vocation, comme tout être humain, à une certaine
prétention à l'immortalité. Tout du moins, dans ma vie de tous les jours, je me le permets au moins
par moment. Avec inconscience. Dieu merci, j'arrive encore parfois à l'être. Nous sommes encore
beaucoup à essayer de produire, en vain, une certaine consistance dans ce que nous exprimons de
notre identité. Des principes. Des trucs qui tiennent malgré tout. Ca peut tenir quand on est bien
construit. Pendant un long moment. Parfois tout une vie. La question qui se pose, c'est de savoir à
partir de quand cette chose qui était « naturellement » nous s'est transformée en « efforts » ? A partir
de quand nos pulsions, qui soutenaient un certain idéal, décident de prendre une autre direction et
Ma grande erreur, je le crains, c'est d'avoir été moraliste avant de devenir esthète. Kierkegaard
avait p'tre touché quelque chose de fondamental là-dedans. J'ai voulu commencer trop haut et,
comme le religieux dans Notre Dame, j'ai fini rattrapé par le pêché. Qui aurait pu n'être
qu'insouciance à bien y réfléchir. Mais l'insouciance de celui qui « sait » trouve dans le même temps
Peut-on redevenir des enfants libidinalement chargés ? Peut-on vraiment se soustraire de cette
lourdeur qui nous empêche d'être insouciant avec en fond une main divine qui nous guide vers ce
qui doit avoir lieu ? Envers et contre tout ? Envers-même ce qui fût, autrefois, idiomatique de ce
que l'on pensait être notre vertu d'âme et de cœur ? L'enfant ne fait pas le mal car il se trouve en
Notes psychologiques : Est-ce que le commun des gens est sensible au concept de coq à
l'âne ? L'extrême labilité des processus associatifs amène à une confusion de sens au niveau
grammatical. On n'y comprend plus rien à ce que la personne raconte. Pourquoi ? Elle exprime en
mots des morceaux de l'ensemble du discours exprimé. « Je suis Platon. Et je vais te tuer » peut
vouloir dire « je suis victime d'une injustice sociale, et vu que tu incarnes ce qui me provoque de la
souffrance je dois t'éliminer pour éliminer la source de ma souffrance. » Même si, dans l'après coup,
je sais bien que tu es un brave gars qui est aussi soumis à des institutions qui te sont supérieurs. Sur
le moment, tu es l'incarnation de cette Chose en moi qui m'oppresse et je veux te buter. C'est aussi
Pour le dire autrement... dans ces morceaux, il y a des identifications de sens que seule la
personne concernait comprend. Une référence nostalgique à une expérience vécue petit... Une
comparaison à un personnage de série qui nous a marqué... En dernière mesure, nous sommes tous
Fin de la note.
Concilier sa nature d'homme à cet élan de vitalité qui nous pousse à devenir des monstres aux
yeux des hommes... N'est-ce pas là un défi impossible ? Le monstre est celui qui révèle ce qu'il y a
de plus obscène en soi. Et aussi ce qu'il y a de plus merveilleux. Il ne fera jamais l'unanimité... Ni
chez les autres. Et encore moins en soi. En même temps, je le vois mal accepter dans son
vocabulaire un mot aussi ignoble phonétiquement. On dirait un chiard qui galère à décoller ses
Reprenons. La lâcheté du monstre, c'est d'espérer trouver des réponses à ces questionnements.
Mais dans ce cas... ce n'est pas sa lacheté mais bien la mienne. Ou est-ce la mienne ? Je ne sais plus.
Je me sens comme étranger de mon propre corps. Etranger de mes propres actes. Etranger de tout ce
Si le temps n'existe pas, les réponses sont déjà là. Je dois voir le temps en 4D. Dilater les bribes
qui répondent de ma situation actuelle, sans trop en savoir sur le futur, et démeler juste ce qui se dit
Et maintenant ?
Il fait froid. Démunisé dans mes défenses humanitaires... Je veux mourir sans avoir à sentir mon
cœur éternuer une dernière fois. Je n'ai jamais eu vraiment l'impression de savoir comment tenir
quelque chose sans me risquer de la relâcher sur un moment de trop forte inattention. Je ne veux
plus rien toucher de chalheureux. Plus jamais. Que mon feu me brûle pour de bon. Le chaud
devient-il froid à partir d'une certaine température ? Si ça se trouve, il faut se brûler, encore et
encore, jusqu'à ne plus sentir rien d'autres qu'une sensastion envahissante et glaciale qui coule tout
Sensation radicalement comparable à celle du vieux pet de chiasse qui coule le long de la cuisse.
Le froid rend la saleté superficielle. Elle ne paraît plus que comme un lointain souvenir. Un feu de
envelopperait n'importe qui dans une profonde sensation de nostalgie. Comme si la musique nous
racontait quelque chose de notre histoire, sans poser de mots, ni de situations. Elle nous éclaire sur
le ciel et nous rend visible, de ce geste, une constellation intérieure égarée. Des histoires se
mélangent, les personnes perdent leurs identités pour ne devenir que des fragments d'émotions et de
Certaines personnes sentent quand, dans un lieu, il s'est passé quelque chose de terrible. Nous ne
sommes que des algues. C'est vrai et beau aussi. Mais c'est autre chose...
La vie continue. Je ne sais plus où nous nous étions laissés. On va reprendre à aujourd'hui. Car ce
En tapant chaque mot sur le clavier, je me rends compte de l'éphémérité des choses. Chaque
mouvement vaut la peine d'être vécue. Si on le charge de ce que l'on est. Ca demande un
renoncement total. Accepter avec sourire une impuissane originelle. Et se laisser mourir. Notre
volonté, l'énergie que nous dépensons, ce n'est pas grand chose. Canaliser. Puis dépenser son
Des créatures s'extirpent de mes orifices. Les choses se purifient. L'harmonie générale débloque
un niveau de perception plus subtile. Des pétales de lotus se déploient de toute part. Il pleut de la
Le front qui brûle. Les mains électrocutés au toucher de l'ordinaire. La pensée ne veut plus venir.
Des doigts gigantesques se posent sur mon crane et le fait tournoyer. Ma tête physique ne bouge
pas. C'est brûlant. Les doigts se paralysent. Encore... Est-ce la fin ?
Avec l'appui de certains proches, je me suis fait volontairement interner en hopital psychiatrique.
Ca n'a pas été une épreuve facile. Et je n'en suis pas encore tout à fait sorti.
L'histoire commence le 17 novembre 2020. Je ne suis jamais allé en psychiatrie. Pas moi, ici. Un
En se replaçant au milieu, le fil rouge devrait bien tenir. 2018, Je suis à toi bébé.
Ca fait donc maintenant à peu près deux ans que je suis installé ici. Une année sabatique
consacrée uniquement à mon épanouissement personnel. J'ai finalement trouvé la réponse apaisante
à cet infernal mode de vie : la maitrise du Ki. Une autre année à l'intensifier et le maitriser.
Je ne suis pas encore tout à fait un maître mais il me suffit maintenant de malaxer le ki autour de
moi pour atténuer n'importe quel état émotionnel et retrouver un équilibre mental. Je ne peux
toujours pasdirectement sur les entités négatives avec la même dextérité qu'un masseur shamanique.
Mais ça viendra.
On écrit si peu quand on va bien. Je me demande si c'est par peur de se rendre compte que les
choses ne vont pas si bien. Mais un homme heureux dira qu'il n'en ressens pas le besoin. Et ça lui
suffira. A se demander s'il n'existerait pas au moins deux bonheurs : celui de l'ignorant et celui du
sage. Le premier n'en écrit rien. Le second nous paraît bien trop lointain. Et il n'y a que des femmes
tarées pour le choisir. Elles sentent déjà en lui l'ignonimie qui s'y cachent à partir de la seconde où
Je vais bien comme un ignorant qui aurait un pète au casque. Car j'écris et je ne devrais pas.
« MAIS QUI TE L'INTERDIT ?? » dit le gars qui ouvre des portes au hasard. Ok.
Toujours...
Professionnellement, mh.
Et de ma situation pro, j'en rigole bien. Je me suis trouvé au bon endroit au bon moment. C'est
toujours en cours d'ailleurs. Je fais parti de ceux qui réussissent sans avoir à trop retrousser les
manches. Un pur produit de l'émancipation capitaliste. Une honte sociétale. Le fléau de la crise
[...]
Un vrai enfer de situer l'histoire temporellement. Tout se mélange... C'est une intoxication le
Ca part. Tac.
J'ai enfin réussi à avoir un bon réseau de contact dans le coin pour monter un projet de grande
ampleur : devenir les nouveaux shamans de la côte lyonnaise. Yeah man. Tous les éléments sont là.
Des gens de divers milieux, classes sociales, aux compétences toutes aussi variées. De quoi avoir
Le man en or, que je connais depuis perpète, a décidé de revenir dans le marché des potions
magiques. Nicholas alias le cuistot. Prépare des potions de champignons qui se boivent en shot de
rhum. Il manipule tout un tas de trucs pour préparer ses propres cocktails d'herbes et de DMT. Son
Sirius, un excellent ami à moi, dont je ne vous ai pas parlé tout à l'heure mais qui aurait mérité
un bon gros chapitre. Spécialisé dans l'alchimie. Il prépare ses consommations en mélangeant son
sang et divers trucs bizarres. On ne sait pas vraiment les effets que ça provoque. Mais ça a son
cachet. Il est aussi notre laisser passer dans quelques petits cercles obscurs.
Le dernier associé, Bath', connait très bien la vie de quartiers. Un combattant chevroné. Yeux
déchirés mais très ou trop bien inséré dans la société. Rencontré par hasard dans un bar, il était aussi
louche que moi et ça a pris. Je ne sais pas tellement pourquoi il nous a suivi, il ne consomme rien.
De ce que j'ai compris, c'est un fétichiste des odeurs. Et celle de la DMT a été une révélation pour
lui.
Et moi, et bien. Je ne sais pas trop ce que je fous là. J'assure la stabilité et l'équilibre électro-
magnétique dans le groupe je crois. Puis je suis chargé de développer un programme politique
révolutionnaire de libérations des états mentaux. Enfin, on en a jamais vraiment parlé mais il
semblerait que ce soit plus sérieux que ce que j'imaginais. Ca fait parti des choses tacites que
personne ne dira jamais mais que tout le monde souhaite. Enfin... Je crois eheh.
C'est donc maintenant que j'allais élaborer le plan. All day long. Il a toujours été là, codé dans
mon adn, attendant que quelque chose de mon âme se révèle. Jouant à Candy Crush, l'état cérébral
était en chute libre. Tous les mouvements se faisaient à l'instinct. Qu'allait donc advenir du monde ?
Il nous fallait quelque chose qui permettrait d'absorber toute révolution, toutes réactions négatives,
en faisant de chacune de ces choses des instruments au service de notre Cause. Ce n'était ni les
politiques, ni les banques nos ennemis directs. Nous visons plus hauts, plus larges, c'est le socle
naturaliste de notre société qu'il fallait éclater. Reconnecter les âmes aux choses qui les entourent et
en terminer pour de bon avec cette coupure avec la nature et les esprits. Nous devons redevenir des
animistes portant une armure que personne jusque là n'avait pu porter : celle qui se forge au prix de
notre émancipation. Unique en son genre, c'est l'esprit de notre Temps. Debout aux milieux des
ruines, il nous fallait devenir ces ruines. Et leur offrir la libération. Leur offrir la légèreté. Ok. Mais
comment ? En faisant échouer constamment le sens, En ne trouvant du « sens » que dans ce qui
nous guide intuitivement. En sentant les crispations et les déploiement de l'âme au travers de nos
choix. Que celui qui se sclérose le sache. Que celui qui se libère le sente aussi. Nous créerons
sûrement des humanoïdes, mais nous deviendrons tout autre. Des sumériens ou des atlantes. Biggie.
Ca me semble une bonne base... Mais je ne sais pas tellement quoi en foutre. La ligne directrice,
intéressante... Ouais. Les choses sont toujours plus complexes quand on veut entrer dans le factuel...
Pour telle personne, cette expérience sera une atroce souffrance qui enfoncera dans les pires
situations émotionelles ce qui reste de son égo. Pour telle autre, ce sera l'expérience de libération
tant attendue qui permettra de renoncer et ouvrir de nouvelles portes perceptives. Convenons alors
que tout se jouera au charisme, à la situation et à la personne. La ligne est universelle. Chacun y met
sa destinée. Je n'aurais qu'à ouvrir ce qui doit s'ouvrir. Pour le reste, je n'ai aucune responsabilité.
Celui qui doit périr a intérêt à périr s'il ne pouvait déjà plus supporter le poids de sa souffrance.
Miséricordieux, c'est par charité que je refuserai d'aller trop loin avec certains. Il suffit de peu de
soldats pour créer une armée puissante. D'autant plus si cette armée se crée spontanément.
L'évolution est imprévisible. Les alliés innatendus. Cette guerre est la notre.
Chapitre 5
Pour désirer, il faut se sentir vivre intensément. Avoir quelque chose à déverser dans le corps de
l'autre. et lui faire vivre ce qui nous traverse par procuration. C'est ce qu'on pourrait appeler un désir
puissant. Très différent du désir passager qui a besoin de sublimation pour subsister. Qui s'éteint à la
fin de l'acte. Et qui redémarre généralement bien difficilement... Fadeur intellectuelle. Prout prout
Je n'arrive actuellement plus à construire quoi que ce soit avec n'importe qui de sexe féminin.
Triste.
Je suis un ange déchu qui anime ce qui doit être animé, révèle ce qui va par la suite détruire et je
ne peux qu'offrir un baiser d'adieu empoisonné à celles qui espèrent se reconstruire après. Dark.
On ne ressort jamais indifférent d'une blessure dans les hauteurs sentimentales. Mais encore ?
Et une fois la rencontre terminée, tout redevient comme avant. Avec la seule impression nouvelle
qu'il existe bel et bien un autre monde. Un au-delà du quotidien. Un hors temps et réalité. Antigone
pourrait nous en dire quelque chose. Corneille aussi. Pourquoi les choses se terminent ?
[...]
Quand on incarne le fantasme, avec élégance j'entends, la séduction opère instantanément. Nous
avons ce besoin irrépressible de trouver des personnes qui nous mentiraient avec audace. Qui
cacherait l'horrible dans le sublime et nous diraient avec un grand sourire que tout va mal se passer.
On sait bien que le discours est vrai, cette situation est déjà un échec dans le noyau, tout fout déjà le
camp depuis le début. Pourtant, quelque part en nous, nous n'entendons que l'impossible. Et c'est
cette situation d'impossible qui ouvre les portes magiques chez tout à chacun. Certains en crèvent...
Dans notre monde, la morale, l'universalisme... Ne pas faire aux autres ce que l'on ne veut pas
que l'on nous fasse... égalité des âmes et des esprits. Cette chose-là s'écroule quand la magie se
révèle en nous. Nous finissons par renoncer à ce devoir d'égalité entre les hommes. En somme, nous
devenons des monstres, ou, plus honnêtement, le monstre en nous décide enfin de s'imposer.
Symphonie d'un nouveau monde, l'humilité dans l'exercice du pouvoir laisse place à la puissance.
Le désir dompte la jouissance pour en faire son cheval de troie. Nous jouissons par faute, certes,
mais nous naviguons dans les terres inconnues qui s'offrent à nous avec délectation. Ignorant d'un
désir porteur de quelque chose de nous, ne sachant plus comment remettre de la réalité dans cette
folie, les instances de notre personnalité se scindent naturellement avec style. Socialement, nous
pouvons devenir ce que nous voulons être puisque nous savons que cette mascarade, bien que
réelle, ne porte pas l'essentiel de ce que nous sommes. Intérieurement, nous utilisons notre flair pour
repérer les situations qui pousseraient à l'inconnu, aux mystères, et dans une certaine mesure nous
comprenons quelque chose du message de Jésus. Aimer l'inconnu, plus que le semblable, c'est là la
forme la plus aboutie de l'amour. Parce qu'elle nous désagrège. Parce qu'elle rend compte de
l'éphémérité de notre existence. Parce qu'elle exprime combien nous ne sommes qu'une
constellation de morceaux d'égo qui tiennent, bon gré mal gré, par la pression paranoïaque de notre
Pourtant, c'est bien parce que nous vivons cette libération qu'il nous devient possible d'aimer
réellement notre prochain. Oui, il y a bien singularité des constellations de chacun, pas de doutes là-
dessus. Par contre, nous nous retrouvons dans les liens qui tissent ces constellations, qui font
actuellement que nous sommes ce que nous sommes. Et dans ces espaces, souvent cachées, nous
attendons que quelqu'un puisse sentir ce que nous sentons. Puisse avoir subi une douleur similaire à
la notre et nous guérir. Il y a certaines chaines qu'un être seul ne peut enlever sans une main tendue.
Est-ce que cette chose nous rend humaine ? Pas forcément. Elle nous informe par contre que nous
ne sommes pas seuls dans ce monde. Elle renforce l'idée qu'il existe des états de conscience
*************
Qu'en est-il de la solitude alors ? Un morceau de morbier et je me retrouve déjà reconnecté. Mais
à quoi ? L'esprit du fromage vient-il m'apporter des réponses sur l'énigme du monde ? Cela voudrait
dire que nous sommes des cannibales qui dévorons les âmes des choses pour avoir, le temps de
quelques mastications, des informations sur son savoir ? Je ne sais absolument pas en quoi ce
morceau de fromage touche à quelque chose de suffisamment profond en moi pour me sortir de ma
méditation. Peut-être que je fais fausse route. Ce n'est pas le fromage qui communique avec moi
mais les poussières d'énergies qu'ont laissé toutes les mains qui ont donné vie à ce fromage. Ca
rendrait la chose moins obscène. Mais dans ce cas, pourquoi je ne ressens pas ça quand je touche un
mur ? Je ne vois pas de volontés plus fortes que celle de celui qui a mis son amour pour donner
forme à ce fromage. Le créateur. Cet homme doit posséder une énergie rare. Le moi du futur dirait
Je fais peut-être encore fausse route. Je ne suis pas un détructeur, j'espère inconsciemment qu'en
supprimant des chaînes chez les autres, j'arriverai à trouver des personnes avec qui me sentir libre
car compris. Ce serait terriblement égoîste comme motivation. Mais après tout, qu'importe ?
L'énigme du from'ton... Le seul moyen d'avoir des éléments de réponses pertinents repose sur le
développement de ma sensibilité énergétique. Par tous les moyens... Le moi du futur sait déjà.
Tout de même, je me demande si c'est bien pour cela que nous nous attachons et trouvons une
profonde nostalgie pour ceux avec qui nous nous sommes vus grandir, construire, détruire et
renaïtre. Sans trop savoir pourquoi, si ces partages étaient réels et profonds, il y a certaines choses
qui ne s'oublieront jamais dans notre cœur. Sans même pouvoir poser de situations factuelles ou de
raisons, car toutes échoueraient. Et comment ne pas aimer pour toujours ces personnes là ? Est-ce là
l'un des mystères de l'amour ? Si nous sentons de l'amour passionné en nous, c'est parce que des
choses profondes de ce que nous sommes se réveillent en écho, en souvenir, de cette vieille
personne que nous rencontrons. Ou peut-être même de cette vieille âme. Vers quelle abysse ce
questionnement nous dirige t'il. Tout devient craquelant là-dedans. Combien d'âmes portons-nous ?
Combien de destinées sommes nous amenées à suivre ? Combien de situations finiront par être
déchirante pour celles qui ne peuvent pas s'épanouir en même temps dans une même incarnation ?
Quelque chose manque. Mais quoi ? Il est temps d'explorer plus en profondeur tout ça. Le
franchis, les différents trips à la changa ont amplifié certaines de mes capacités sensorielles. Je
En parallèle, j'avais lancé une activité plutôt lucrative qui m'assurait la création d'un réseau dont
je ne soupçonnais pas la portée sur le moment. Mon job était des plus amusant. J'avais monté un site
pour devenir l'alibi parfait en situation de crise. Je proposais de me faire passer pour un vieil ami, en
étudiant longuement l'histoire de la personne, son vécu partagé, des anecdotes, j'allais même jusqu'à
créer des scénarios de vie. En échange, la personne me payait et s'offrait généralement une voie de
rédemption. Je ne faisais que dans les affaires sentimentales. Et plus un mensonge devait tenir, plus
je me faisais payer pour l'entretenir. C'était tout ce qu'il y a de moins éthique, c'est vrai. Pourtant, je
Je vous avais parlé des personnes qui m'ont connu il y a des années sur internet. Dont une. Chloé.
La tarée avec qui j'ai eu une relation que je préférerais oublier. Cette même personne m'a retrouvé
par ce site et m'a donné rendez-vous. Par je ne sais quel moyen, elle était au courant de tout ce qui
se passait dans ma vie depuis ces trois derniers mois. Flatteur. Et un peu flippant. Je ne savais pas ce
qu'elle voulait de moi. Bon con que je suis, j'y suis allé hein. C'était pas l'appel de la chatte pourtant.
On s'est donc vu. Il a fallu que je me concentre pas même une seconde sur son aura pour
comprendre la raison de ma tension au ventre : elle n'était pas là avec de bonnes intentions. Bien au
contraire, j'étais à ses yeux un gibier qui avaient été laissés suffisamment de côté pour être enfin
mûr. Cette fille avait toujours cru en mon potentiel tout en pensant que je finirai plus vite que je ne
le crois par le gâcher. Elle n'attendait que le moment où je serai au sommet de ma folie pour me
cueillir. Les raisons ? Aucune idée. C'était une des rares psychopathes que je n'avais jamais pu
percer et pour cause : ses motivations étaient esthétiques. Et elle avait cette particularité d'adapter
Je n'en savais rien et la seule chose qui me semblait le plus adéquat et de me laisser porter par le
flot. Comme je l'imaginais, tout ceci n'était qu'une sérénade. L'amusement se termina à la seconde
Te sens tu prêt ? me demanda t-elle. Je ne savais absolument pas à quoi cela se référait. Et
c'est précisément pour cette raison que je compris que cela ne s'appliquait à rien de spécifique mais
à ma prédisposition à accepter l'inconnu. Comme un éclair, je n'eus que le temps de cligner des
yeux pour choisir les bons mots. Avec elle, une hésitation suffisait à trancher... La dangerosité de
Oui. suivi d'un sourire en coin. Mais je ne suis pas encore au sommet de mon art.
Cette réponse la laissa songeuse. C'était à la fois la réponse la plus efficace pour me protéger
mais aussi la plus efficace pour l'amadouer. Quand on ne sait rien des plans de la personne d'en face,
il faut réussir à déplacer la situation sans que rien ne change vraiment. Phénomène curieux mais
efficace.
— Je ne peux pas voyager pour le moment. Il me faut accomplir quelque chose d'important
Ses yeux devinrent noirs. Avec de furieuses envie de sang. Se sent-elle déjà si proche de la mort
pour que l'attente lui soit à ce point insupportable ? Ce n'était pas un caprice que l'on voyait là mais
les yeux d'une personne au seuil de la mort à qui on retirerait son remède à la dernière seconde. Ca
— J'espère ne pas attendre pour rien. Tu fais partie des rares élues. Ce serait un dommage de
C'était son unique passage dans ma vie cette année. La seule chose qui me restait de cet
échange... Une boule au ventre assez violente et puissante. Après quelques heures de méditations le
soir même, totalement défoncé, j'ai réussi à la dilluer sur l'entiereté de mon corps. La sensation
était... J'avais l'impression de lutter contre quelque chose qui ouvrait des choses qui auraient du
Pourquoi cette rencontre fût-elle si bonne ? Après réflexion, l'hypothèse la plus probable me
semblait être la suivante : elle a réveillé en moi ce qu'elle est au quotidien ; l'interdit. Déjà que mes
limites morales étaient très faibles, elle se trouvaient maintenant encore plus ridicules. Je n'arrivais
vous faire une description du truc bien carré mais en réalité on avançait dans le brouillard le plus
total. Des gens venaient nous voir, on sympathisait bien. Surtout des mâles. On voulait reproduire
un truc à la fight club. Sans le fight parce qu'on est quand même cool. Notre guerre est spirituelle.
On était maintenant une bonne vingtaine après maintenant 6 mois. Quand je dis 20, je parle de
Au niveau mental :
– avoir compris qu'on était tellement insignifiant dans ce monde qu'il fallait renoncer à tout,
Au niveau spirituel :
ne vaut la peine d'être vécue. Tout nous était alors possible. (Note : Cette succession de phrase est
agaçante. Mais ce fût l'état émotionnel général. Ca reste vraiment agaçant. Enervant.). Et c'est pour
cette raison précise que les choses devenaient d'autant plus incontrolables (Ah, voilà. Et donc ?) . Il
n'y avait pas de leader. (quel rapport ?). Mais en nous nouant mutuellement, quelque chose suffisait
********
L'essence de la France, du bon fromage et du bon vin. J'étais défoncé ce soir là.
Multiculturalisme des moyens d'accéder aux paradis terrestres. Une vraie question se posait à moi :
c'est quoi « se sentir français ? ». Je n'avais pas la naïveté de croire qu'un véritable projet politique
fasse l'impasse sur cette question. La langue française m'a forgé, je lui dois une grande partie de ma
langue conditionne dès notre plus tendre enfance ce qui nous est permis de penser. Respect de
On ne peut apprécier la différence qu'à condition d'avoir une identité forte. Paradoxalement, il
faut être hyper ancré pour autoriser la conscience à se sentir totalement perdu. C'est un mythe
romantique de croire que l'on peut se déconstruire de tout pour atteindre notre « état de nature ».
Ceux qui l'appliquent radicalement finissent pétrifiés par l'angoisse. Pas de mensonges. Tout
fonctionne comme une initiation. Il faut dans un premier temps avoir entrainé son corps et son
esprit pour s'éveiller sans devenir taré. Toute la nuance réside dans la capacité à distinguer les
Qu'a t-on à garder alors de notre histoire de la France ? Nous sommes des anarchistes,
globalement désinteressés par la politique, ouvert à une vision du monde ancien. Certains d'entres-
nous aimeraient voir revenir un Roi. Pas nécessairement de sang mais quelqu'un qui voudrait
développer un nouveau royaume qui s'inscrit dans l'histoire du notre. Mais toujours le même
problème identitaire, qu'est-ce que nous sommes ? Nos ancêtres ne sont pas gaulois, nous le savons
très bien. Pourtant, ça participe de notre mythe. On touche là au nerf du problème. Pour penser la
France, il faut penser à un nouvel Empire romain. Car la France n'est peut-être qu'un accident. Mh.
Il en reste que cet accident à donner naissance à un monde. Spengler expliquera mieux les choses
Nous autres, les errants, nous devons nous imprégner du climat pour donner vie à un nouvel
espoir, une nouvelle vision du monde. Nous sommes dans nos mœurs les plus assimilés, mais dans
nos idées nous avons renoncé à la France. L'avantage d'être errant, c'est d'entendre autant les
sentiments des post modernes que ceux des résistants de la vieille ère. Cela ne veut pas dire renier le
fromage ou le vin. Mais comprendre dans quelle mesure le kébab peut devenir notre nouvel Eve.
Un royaume appelle à un territoire. Nous n'en avons aucun à notre époque. La politique est
devenue sentimentale. La compatibilité est nulle car la contagion sentimentale nous est étrangère.
Nous sommes des êtres ante-sociaux. Nous ne nous reconnaissons que dans nos constellations
réciproques. Il n'y a donc pas de propagandes possibles non plus... Ce programme m'a l'air de plus
en plus impossible. Plus je réfléchis, plus je me rends compte de l'impuissance à inscrire une action
Je commençais à être de plus en plus saoul. Déjà 2h. Et je sentais surtout que mes sens
devenaient de plus en plus aiguisés. La présence de créature dans ma chambre ne pouvait plus
vraiment être ignorée. Surtout celle à ma droite, en hauteur, chargée d'une énergie sexuelle
vampirisante. Je ne savais pas tellement ce qu'elle essayait de me faire sur le moment. Dans le
doute, je gardais une alerte sur elle pour le moment. On pouvait en compter trois autres assez
volumineuses puis une bonne vingtaine qui èrent dans ma chambre sans trop de raisons. Il m'était
possible de sentir plus loin des présences bien plus habituelles, avec qui j'entretenais un climat de
paix et d'hospitalité mutuelle. Vu mon état, c'est certainement ma faute s'il y a autant d'invités... Je
suis ce soir furieusement magnétique et je ne me sens pas de purifier quoique ce soit en moi et
Ce programme me contraignait à faire quelque chose que je ne peux pas faire naturellement.
Mais il fallait que je continue pour donner un sens à mon incarnation sur terre. Je me trompais peut-
être à ce sujet... On s'en fout. Plonger dans l'erreur suffit la majorité du temps à avancer. Bon gré
mal gré.
La France alors, la France... Il y a toujours l'élite. Et toujours le peuple qui finit par dire « on
existe nous aussi ». Parce que nous sommes notre géographie. Et la géographie, c'est l'histoire. Nous
sommes tellement persuadés que c'est sur le plan des idées que nous pouvons changer les hommes
que nous en oublions combien nous sommes sans le savoir l'héritage d'un environnement qui nous
dépasse... Et nous alors !?? On est finalement des cosmopolites, n'est-ce pas ? Car un errant ne se
trouve plus assez dans son ancien monde et encore moins dans le nouveau. Ce n'est que dans un
interstice que notre vie prend sens. Il ne nous faut donc pas penser un monde à notre image mais un
monde à l'image de l'environnement qui offrirait aux errants la possibilité de retrouver un chez-soi.
Mais un errant qui a un chez-soi, c'est quoi ? C'est compliqué tout ça... C'est compliqué.
d’origine physiologique, doit nécessairement se rendre maître des masses profondes… Un tel
sentiment de dépression peut être d’origine extrêmement multiple ; il peut naître d’un croisement de
races trop hétérogènes (ou de classes, — les classes indiquant toujours des différences de naissance
d’un mélange de castes et de rangs, mélange qui s’est opéré avec une rapidité folle) ; il peut
provenir encore des suites d’une émigration malheureuse, une race s’étant fourvoyée dans un climat
pour laquelle son adaptabilité ne suffisait pas (le cas des Indiens aux Indes), ou bien il peut être dû,
à un sang vicié, malaria, syphilis, etc. (la dépression allemande après la guerre de Trente Ans qui
Mais il a aussi dit, ou c'est Goethe, j'en sais rien, que faire tenir deux races (ou plus?) en soi
pouvait amener aux génies par la capacité à faire tenir deux choses inconciliables. Ca se rapproche
de cette idée que nous sommes fragmentés. Et que nous portons des héritages mutiples.
Nous sommes des héritages multiples. Mais nous n'échappons jamais au réel de notre incarnation
terrestre. L'âme n'est peut-être que la forme rétractée du Politique. Il il y a des directions à prendre
qui seront nécessairement douloureuses car elles exclueront fatalement même des choses qui nous
sommes chères. Parce que nous ne pouvons pas tout avoir. A moins d'être poète. Ou névrosé. Parce
qu'il n'y a que lui qui voue une passion pour l'ignorance. Et que lui qui trouve insupportable la
présence de la mort.
A cette pensée, les présences dans ma chambre devinrent bien plus actives... J'ai l'impression
qu'elles viennent me grignoter au corps. Et me dévorer la bite et le cul. Pas étonnant vu mon état de
déséquilibre actuel. Il me fallait arrêter de pousser la réflexion pour le moment. Parce que ce qui
Les semaines passaient. Il y avait des jours comme celui-ci où absolument tout me réussissait.
Chacune de mes paroles, chacun de mes actes, tout semblait servir pour le plus grand bien de tous.
Il n'y avait que de belles lancées vers l'avenir. J'aimais m'illusionner à l'idée que tout puisse toujours
se passer ainsi. Que chacun trouverait en permanence la force d'agir en ayant la présence d'un soleil
à son côté.
Le soir venu, comme tous les soirs, j'avais cette interrogation : « Sacrifier... . Jusqu'où peut-on
sacrifier pour le plus grand Bien ? » La discussion à ce sujet avait amené à un silence de mort dans
le groupe... Un vrai régale. Nous étions tous d'accord avec l'idée mais quand il était question de
concrétiser les concepts en acte, personne n'osait affirmer avec assurance le chemin à prendre. Il y
avait quelque chose d'assez réconfortant tout de même. Nous nous évitions l'impasse d'un système
totalitaire qui reposerait uniquement sur des choix pouvant être regrettables. Pourtant, nous savions
bien qu'il n'y a pas d'évolutions possibles sans grande douleur. La différence, c'est qu'appliqué sur
nous, nous n'étions responsables que de nous-mêmes. Sur des inconnus, la chose prendrait une toute
autre dimension.
Un après-midi, nous avions fait le bilan des solutions possibles. Je n'ai gardé que des notes
papiers que je retranscris ici. L'écriture est hasardeuse. Nous étions certainement embrumés par les
« La solution la plus simple serait de se subordonner à un dictateur éclairé. » Nous étions plutôt
nous le même noyau en spiral pour ne jamais dériver vers des choix sentimentaux ». Sentimentaux,
c'est certainement entendu comme pathologique. Une sorte de préservation de survie des choses que
l'on doit pourtant dépasser/oublier. Je comprends pas grand chose au reste. Il y avait aussi des
chiffres et des dessins que je ne retranscrirai pas car ça ne mène pas bien loin...
Quand je les ai revu pour en parler, aucun des trois ne comprenaient le sens de mes notes. Nous
nous sentions juste plus au clair avec nous-mêmes sans trop savoir pourquoi. Cette sensation était
partagée par tous avec extase. Sauf moi. Il y avait quelque chose qui n'allait pas. J'étais un errant
Meurtre." Ce terme suffit à me rafraichir la mémoire Nous n'arrivions pas à déterminer à partir
de quel moment un meurtrier est un meurtrier. Et après une pirouette humoristique, le sujet a
Mmh.
Et les végans dans tout ça ? Et les enfants qui meurent de faim ? Et les chatons abandonnés ?
Mmh.
Quand « on » ne se sent pas concerné, je ne ressens pas de responsabilités dans ce qui arrive. Je
suis coupé de ces mondes là. Si « on » n'existait pas, la vie serait un enfer.
On se pose la mauvaise question quand on se dit : « Comment Dieu peut exister alors que des
innocents meurent chaque jour ? ». C'est faire « comme si » nous n'étions pas nous-mêmes les
meurtriers. La bonne question serait plutôt : « Pourquoi Dieu nous fait oublier la majorité du temps
Mmmmh.
Comment ne pas se sentir meurtrier quand on sent dans chacun de nos actes à quel point nous
participons malgré-nous à des choses ignobles ? Il faut être solide dans son individualité et se
rassurer rationnellement. Ok. Mais quand on ne peut ou ne souhaite plus être solide à ce niveau ? Si
nous sommes le monde, nous sommes aussi ce qu'il a de plus ignoble en lui parce que l'ignonimie
est l'expression négative d'un état émotionnel qui a son revers. Et sans le ying, le yang n'est pas.
Refusons nous le grand bonheur parce que nous craignons dans le même temps de ressentir le grand
malheur ?
Mmmmmmmmmmmmmmmmmmh.
Aaaaaaaaaah. C'est intouchable. Des paradoxes partout. Des vérités nulle part. La lune et le soleil
s'embrassent lors des éclipses solaires. Woah. Effet de perspective et alignement. Ok. Exception.
Oui aussi.
Il nous fallait une perspective, un alignement et être des exceptions. Nous avions enfin touché à
A être responsable de tout, on finit par devenir responsable de rien. Des nuances sont à apporter.
« […] est responsable à la hauteur de son royaume céleste [...]. » Ouais ok. Gang Bang.
Chapitre 9 :
Tout a dérapé à la fin de l'année. Ma famille proche est morte. Accident de voiture.
[…]
L'intérieur s'est refroidit. Il n'y avait plus grand chose qui me tenait debout. Plus grand chose à
quoi me tenir.
« Les degrés d'existence du bien dans les choses nous amènent à connaître l'Idée du Bien, comme
Le local avait pris de la gueule. Nous avions une télé. Trois chaises. Des poufs. Et un matelas.
Avec des draps propres. Et des draps de rechange. La fin de l'hiver, une belle période pour discuter.
Le vent se fait frais. Le réchauffement climatique nous offre un luxueux soleil. Si nous devions
vivre sur une génération, je serai le premier à polluer la planète. Vive l'Amérique.
Ah bon ? Oui, plusieurs mois depuis le dernier événement. Beaucoup de choses avaient changé
depuis. Beaucoup.
Je n'avais plus de boulots. Plus de plaisir à trouver dans ça. Le projet politique, l'envurgure était
démesurée par rapport aux motivations de chacun. Une des premières désillusions fût de voir que
beaucoup de motivations tombent chez le solitaire quand le bonheur s'ouvre à lui Et je ne leur en
veux pas. C'est humain. Qui suis-je pour demander à quelqu'un de refuser ça ? A petite échelle, une
communauté suffit à rendre la vie belle. Et quand les choses le sont, il n'y a plus besoin de chercher
d'autres réponses. Les souffi ont raison. Dieu est Beau. Et là où il y a de la beauté, Dieu nous
rappelle sa présence.
Leur présence me faisait du bien. Ils m'offraient leur soutien. Je les aidais à se libérer des chaînes
de ce monde. Nous étions une drôle de famille. Sans hiérarchie. Et c'était là le principal problème.
De base, je pensais qu'il était sain que chacun puisse suivre son destin et chercher à s'accomplir. Je
n'avais pas vu le poison à la racine de ce désir : nous nous pensions encore comme des individus
séparés. A la différence, une organisation hiérarchique ne connait pas cette impasse. Le désir de
chaque individu résonne avec la volonté de puissance de l'organisation. Les petits profitent de l'aura
de l'ensemble du groupe. En ésotérisme, la chose qui régule ce fonctionnement s'appelle un
égrégore. Ce phénomène se retrouve à peu près partout au quotidien. Nous avons tous déjà ressenti
cette sensation d'être portée par quelque chose de supérieur : une équipe de football, une
manifestation dans la rue, un élan de groupe. Ou autres. Je ne suis pas fachiste. Et bien, au niveau
énergétique, il faut imaginer que ce mouvement est animé par une entité qui se nourrit de l'énergie
des membres mais aussi de leur dépendance à ce groupe. Plus la personne est engagée, plus elle
devient dans le même temps un réservoir à énergie. Et l'une des plus lucratives que la planète ait
Si un égrégore se nourrit d'énergies, il me fallait en créer un qui soit suffisamment séduisant pour
ramener des exceptions à la Cause. Le contrat était des plus simples : renoncer à son destin
individuel pour servir une cause plus grande en terme de vitalités et de sensations. Un Communisme
religieux... Quoi de plus dangereux que de vendre son âme au Diable ? Nous le faisions pourtant
tous, à petite échelle et généralement inconsciemment, à chaque fois que nous cherchons à
bénéficier de plus que ce l'on mérite. Offrez nous votre âme et nous vous offrirons la puissance.
C'ést vraiment LE truc cool de la hiérarchie. Nous pouvons vivre des jouissances qui ne pourraient
nous être supportables si nous devions en assumer individuellement le prix. Mais qui paye alors ?
On en revient à l'égrégore. En agissant au nom d'une Cause, nous lui sacrifions progressivement
tout ce qui fait notre singularité pour ne finir, à terme, qu'à faire Un avec cette chose. Au début, rien
d'alarmant. Au contraire, nous vivons les moments les plus intenses de notre existence. Puis
progressivement, à force d'être vampirisée, notre vie individuelle devient de plus en plus fade.
Quelque chose nous alerte. L'homme du commun dira « ce métier de merde me bousille
l'existence ». L'homme d'une communauté de ce genre serait plus à se dire « cet engagement
vampirise toute mon âme ». Et vouloir couper court au contrat. Eheh. Il y aura toujours quelqu'un
pour récupérer son dû. Certaines âmes esthètes se délectent uniquement des derniers fragments de
vitalité d'une personne. C'est un peu comme se faire priver de manger le cœur de l'artichaud après
Les gars du groupes étaient tous des braves gens. Ils ne se disaient rien mériter particulièrement
et en conséquent avaient tout ce qu'ils espéraient en permanence C'est ce qui m'a écarté
progressivement d'eux. Cette vision du bonheur me brûlait en profondeur. J'avais l'impression que
quelque chose de brisé en moi ne me permettait pas d'évoluer plus sur ce chemin. Ou peut-être que
ce bonheur est juste factice... Et que quelque chose de brisé en eux les empêchent de voir plus loin ?
On absorbe les vices de ses parents pour leur permettre de continuer à vivre au travers nous. Ca
permet de donner corps à la douleur. Se détruire tout en conservant ce qui est plus précieux que
notre petite santé. Et si les vices ne sont pas en nous, ils se retrouveront dans les concessions que
l'on fera dans celui ou celle que l'on aime. Différemment. Mais concessions quand même. Car si
nous avons déjà pu les supporter une fois dans le rejet, nous pourrons en faire notre croix au
quotidien la seconde fois. Et briser un cycle, c'est quelque chose de bien compliqué... Une économie
Au début, on fait tout pour ne pas devenir. Conséquence, on finit par l'être. L'être contient la
multitude des devenirs. On en choisit un. Puis c'est toujours l'autre qui l'emporte. Et si on choisit
Et on finit par accepter. Jusqu'à la répétition des symptômes. Jusqu'à devenir ce que nous avions
toujours voulu espérer ne pas être. On finit presque même par les comprendre, dans leurs vices, et
interroge. Ca ne ramène aucune solution. Autant tirer les cartes du tarot. Au moins, il y a des
perspectives. Puis ça donne du sens même si on n'y croit pas vraiment. C'est bien pour cette raison
qu'on finit par se dire « ça n'a tellement pas de sens que j'ai envie de me dire que c'est réel ».
Intuition des petits gens humbles. Intuition des grands rois aussi.
Le brouillard persiste. Plus grand chose à faire de toutes façons. Là où ils sont, ils comprennent
les choses mieux que moi maintenant. Et mieux qu'eux-mêmes. Mais je suis trop égoïste. Leurs
âmes rodent dans les miroirs et les coins de pièces par moment. Ils ne peuvent malheureusement se
libérer parce qu'il y a encore des choses à comprendre. Mais quoi ? … Les esprits des défunts n'ont
d'effrayants que leurs douleurs. Ils n'attendent généralement que des pardons. Tournés non pas vers
Nous ne sommes ni des sauveurs, ni des victimes, ni des persécuteurs. Nous sommes ce que nous
permettons d'être.
Chapitre 2 :
« La contingence des étants nous mène à l'être nécessaire, en qui l'essence est identique à son
Depuis quelques temps, j'arrive à sentir les milliers de fils énergétiques qui me relient au
« monde ». Ce n'était pas des fils à proprement dit, il fallait imaginer la chose en 4 dimensions. La
cela, expliquer tout Kant à un enfant de 6 ans me paraît un jeu d'enfant. Un peu surfait ? Ca fait pas
de mal parfois.
Il en est que les choses avancaient et ça, c'était très bien. J'arrive toujours à voir combien la vie
est une chose merveilleuse. A condition de ne pas rester enfermé seul chez moi trop longtemps... Et
voir les gens évoluer, sourire, être heureux de vivre, ça me rend aussi heureux.
Waki avait finalement réussi à fourrer son bout de pain dans la bouche d'une fille consentante,
majeure et n'ayant aucune substance dans le sang. Il faisait presque parti du noyau, l'ancienneté du
lien avec deux d'entre nous aidant un peu. On l'avait bien formé le p'tiot. Quand il est arrivé, il y a
de cela un an, il n'était personne. Un Mr Nobody de l'aventure. Maintenant, il lui arrive de jouer du
tam tam en tapant sur la table. On arrive à reconnaître parfois les musiques. C'était un sacré progrès.
Il était prophète sur un point. Nous pensions qu'il avait déjà touché le fond depuis longtemps vu
l'échec de ses entreprises passées. C'est d'ailleurs ça qui le contenait dans sa léthargie , il avait peur
de tomber plus bas en agissant. Et bien, sur ce point, nous nous étions tous trompés.
Waki est tombé amoureux d'une p'tite nana rencontrée en festival il y a quelques semaines. Une
petite chienne. Son rire avait une parenté indirecte avec les culicidés, plus généralement connu sous
le nom de « moustiques ». Je la sentais pas cette pute. Beaucoup trop gentille pour être vraie. Mais
bon, on disait rien. On avait bien compris qu'elle baisait bien plus dans les silences qu'elles
entretenaient avec chacun de nous qu'avec lui au pieu. Ca ne se dit pas frontalement ces choses-là.
Ca en est devenu quelque chose d'assez malsain assez rapidement. Avec Nicholas, on s'était
amusé à parler de nos préférences sexuelles devant elle en évoquant des particularités bien
atypiques. Du style : se faire pincer les couilles avant l'éjaculation. Ni une ni deux, qui vient nous
raconter une anecdote sexuelle malaisante à base de pinçage de couilles ? Vous l'avez deviné. On a
poussé le jeu un peu plus loin. Pas par méchanceté. P'tre bien qu'on aimait bien la baiser
indirectement. Je ne sais pas trop. En tout cas, waki a fini par avoir la main verte. Et un rapport très
ambivalent à la courgette.
Ok.
Si ce n'était que ça. Le plus gros défaut que je trouvais à sa nana, c'est qu'elle aimait de façon
compulsive la couleur orange. Ca aurait du lui mettre la puce à l'oreille. Ces nanas ont un sérieux
problème. Il n'était pas de cet avis. Tant pis pour lui. La romance a duré quelques mois. Puis elle l'a
trompé. Avec, selon ses dires, une créature elfique. Elle avait du voir ça dans un bouquin non
binaire. Puis ça confirmait la thèse du orange. L'irlande. Les nains dans les prairies. Ces trucs là. On
a appris qu'en réalité, elle avait juste fini par baiser avec un gars qui venait parfois au local. Une
erreur de standing. Il avait été recommandé par un pote de pote. On s'était dit pourquoi pas. On l'a
regretté. Surtout qu'il forçait pour être initié mais ça aurait été criminel de le percher lui ... Le gars
aurait vu ses pieds envahir des planètes à coup sûr. Bref. Il avait finalement une utilité qui nous
— Gneugneugneu toutes des putes. dit Waki. On connaissait chez ce p'tiot des tendances
fantasmatiques à la strangulation sale et plus généralement à l'étouffement. Derrière ses airs de fuck
boy, il y avait tout un rapport à l'amour basé sur un rapport de force, de pouvoir et de domination.
C'était pas ouf en terme de maturité spirituelle. Pas ouf du tout. Mais bon, c'était son dream. Qui
— La prochaine que je trouve, elle va voir si j'vais la laisser me tromper avec un elfe. Le ton
— T'inquiètes man, t'as qu'à devenir non binaire. Tu seras un elfe en or. Nicholas trouvait
— Puis de toute façon man, cette girl faisait l'amour avec l'univers. Quand tu la baisais, ce
n'était qu'une suspension du temps guidée par l'orchestrale mouvement de ta bite dans sa bouche
Il en fallait peu pour que l'ambiance se détende. C'est ce genre de petits échanges, répétés le long
d'une journée, sur des sujets aussi variés qu'improbables... C'est comme ça que se cultive la magie
du quotidien.
— J'aimerais bien baiser l'univers aussi, je ne sais pas trop comment on fait. Vous avez des
idées les gars ? La mentalité d'un gagnant ce p'tiot. Au lieu de se lamenter sur son sort comme ce fût
le cas les 20 premieres années de sa vie, il avait maintenant cette envie de gagner en puissance par
l'acquisition d'un savoir-faire.
Bon. Personne ne savait vraiment comment réussir à baiser l'univers... Les regards se tournèrent
n'est même pas sur que tu finisses par réussir. T'es prêt à prendre le risque de te genrer vers quelque
chose de bizarre ? P'tre que tu vas te découvrir une passion pour les coins de tables et les formes
géométriques parfaites. Ou sur les chattes qui ressemblent à des krakens à force de s'être fait
défoncées par la génétique ou la bite. Tu te vois te branler sur des angles de meubles ? Tu es prêt à
prendre ce risque ? Il fallait l'aiguiller. La libération a toujours un prix. Qui inclut, entre autre, la
— Euh... Mouais.
L'argument avait fait mouche. Au fond, il ne voulait pas de réponses. Il s'en foutait royalement.
C'est l'idée d'une page de notes pour écrire un chapitre que je vous livre là. Je ne vais donc pas le
rédiger. Généralement, un chapitre prend plusieurs chapitres. Enfin... Y'a des trucs qui restent,
d'autres qui disparaissent. Parfois je me rends compte que j'ai bien retranscris la chose... D'autres
fois moins. Mais ça rebondit avec l'avant ou l'après. C'est peut-être les notes qui, dépliaient, auraient
pu donner tout autre chose à l'histoire. Ou une toute autre histoire ? Mais elles n'ont pas voulu
Je laisse de la place pour mettre des notes. Des notes avec un stylo.
« Ne pas trouver de fascination à entendre quelqu'un parler de son expérience spirituelle. C'est
« Paroxetine, medicament qui a pour effet secondaire de tenir plus longtemps quand tu te
« Quand quelque chose se brise en nous, une enrgie se libère. Sentiment de puissance.
« Mentir c'est facile en continuant la phrase dans sa tete on ment par telepathie. Quelque chose
« « Ce qui s'impose à notre époque, et même à toute époque s'éloignant de ses origines, c'est de
fournir à quelques-uns des clefs renouvelées -plus différenciées et plus réflexives que les anciennes-
pour les aider à redécouvrir des vérités qui sont inscrites, d'une écriture éternelle, dans la substance
« « Je n'appartiens pas à un monde qui disparaît. Je prolonge et je transmet une vérité qui ne meurt
pas. » Davila »
« « ce qui est réel ne peut être désiré car il est réel » Paul Valery »
« un instant s'étale dans le temps, dans le passé et le futur, et, dans cet instant, il se passe
intérieurement un temps bien plus large que celui qui dure dans le temps »
« on tue les insectes pour repeter la fin de vie ratée d'anciens insectes »
« En voyant les choses belles, elles le deviennent parfois. Et ça participe à l'élévation du monde. »
« J'y crois pas trop à c't'histoire d'escabeau. J'ai participé car y'a beau dedans. »
« Aimer et retweeter. C'est comme sucer et avaler non ? Ca veut dire qu'on aime beaucoup »
Chapitre 4 :
Tirer les cartes du Tao. Avec modéternité. J'sais même plus parler. J'bougonnerais presque.
Les mots deviennent trop lourds à porter... Mouais... Tout est lourd. Trop lourd. Il n'y a plus rien à
quoi se soutenir... Bon. Ca ne sert à rien de brayer. De geeeindre. Entendre ces gens, tout au long de
ma vie... qui n'ont trouvé de cœur qu'à se plaindre. Des bons à rien. Du poison pour l'âme. Et je
deviens comme eux... Gneugneu ils font comme ils peuvent. On devient facilement tolérant envers
sa merde avec de la bouteille. Et intolérant à tout le reste. C'est comme ça quand la vie commence à
s'extirper alors ?
C'est donc juste ça.... Avoir la sensation d'avoir assez vécu sans s'être pour autant accompli. Ne
jamais voir le bout. Gneugneu mais c'est le chemin qui compte. Sombre imbécile. Ca n'existe pas
cette histoire de chemin. On cherche à s'en convaincre à travers le regard de l'autre. La seule chose
qui reste, c'est ce qui est éternel. Point barre. Un chemin qui n'a amené à rien de significatifs, de
signifiants, de créateurs, c'est juste un chemin. A trop vouloir adoucir les âmes des ratés, on finit par
soi-même devenir trop tolérant envers soi-même. Quelle abomination... Nous sommes tous,
exceptions près, absolument tous des ratés. Qu'avons-nous réussi à accomplir d'assez significatifs
pour apaiser notre âme ? Pas grand chose, pour ne pas dire rien du tout. Pour ça qu'on s'efforce de se
voir à travers les yeux des autres... On se surprend parfois à avoir de l'importance pour quelqu'un. Et
on se demande si ça suffit à se dire que notre vie valait le coup d'être vécu. Et on se le demande à
juste titre. On a beau vivre dans le meilleur des mondes, les plans du Seigneur nous sont
impénétrables...
C'est pour ça que le Tao existe. Les ignorants tournent à la rigolade les cartes et la voyance.
Surtout en occident. On n'y comprend plus rien faut dire... On est déconnecté de ces trucs là. C'est
pourtant parce que les plans du Seigneur nous sont impénétrables que nous pouvons accorder une
valeur sacrée aux cartes. Ce n'est pas juste du hasard, de l'agencement de sens... Ce n'est pas ça du
tout.... C'est tout le contraire. Du « Sursens ». C'est parce que cette vie n'a aucun sens que nous
pouvons accorder une importance sacrée à quelque chose d'aussi irrationnelle qu'un agencement de
cartes. Les asiatiques le comprennent mieux que nous ça.... Et on s'étonne de finir comme des
ratés... Même ça, qui était d'une banalité infligeante à une autre période... Demande à passer sous le
tribunal de la Raison, du Progrès et de la Logique avant de se faire entendre. Et encore. Qui veut
encore entendre quelque chose de ça... Faudrait vouloir déjà s'écouter. Et arrêter de tout foutre sur la
Ca m'a vraiment épuisé d'être shaman. On ne s'étonne plus de grand chose à force. Puis c'est
toujours pareil. La personne te confie quelque chose d'incroyable pour elle, et elle s'attend à ce que
tu partages son émerveillement. C'est usant, ça. Cette énergie que tu as réussi à libérer, la personne
en éparpille la majorité en s'agitant n'importe comment. Et retombe généralement vite dans une
routine assez déprimante. Jusqu'à nouveau cycle. Et devoir supporter ça éternellement, c'est à se
tirer une balle. Toujours la même erreur. Toujours la même scission. Toujours ce débordement
positif qui nie le négatif... Je me demande si c'est pas moi qui foire quelque part aussi au fond. Je
Ca fait maintenant des semaines que je ne viens plus au local. Perdu contact avec tout le monde.
Et je ne veux plus rien en savoir. Ce monde de merde ne m'apportera jamais rien de bon. Je finirai
avec mes tics, mes tocs, mes râles, à me parler seul et me cracher dessus jusqu'à que ça m'atteigne
Alors.
« Arrêtez de vous éparpiller.
Steve Jobs était le roi de la concentration à outrance. Pour lui, le succède n'était
29 personnes en parlent. »
Ouais donc là, il est question de ma dispersion... ok. On peut cliquer sur l'article mais ça
Trump
13 personnes en parlent »
C'est la faute aux noirs et aux arabes si le projet politique n'aboutira jamais. Et aux juifs. Et à
l'argent. Et à Marx. Concentration sur les deux perspectives du projet... Elever spirituellement la
personne. Rendre le monde plus enchanté. Ca m'a l'air d'être ça. Voyons la dernière carte.
Véronique Nouven
blabla »
C'qui me flingue le morale, c'est p'tre simplement les géants contre qui je fais face. A force de
cacher ma tête dans le sable des choses célestes, j'en oublie que mes ennemis, eux, sont des
égrégores incarnés sur terre. Je manque peut-être un peu d'ancrage... Et si je me prenais un peu de
temps pour moi tiens. Ca fait longtemps.
L'envie était là mais l'énergie beaucoup moins... A bien y regarder, j'étais tellement lassé de vivre
Le lendemain :
C'est la premième fois que j'envisage réellement le suicide. Il ne m'est plus possible de continuer.
Tout ce qui m'apaisait autrefois m'apparait maintenant comme agressif. Je ne sais pas ce qu'il va
advenir de moi mais je ne peux pas laisser cette chose continuer à vivre et me vampiriser. Il faut que
je me meurs avant. Je sens la nuit tombée et rien de bon ne se présage. Rien de bon du tout.
J'étais totalement défoncé. Encore une insomnie. Et encore une nuit à supporter la présence de
ces entités. C'était bruyant ce soir-là. Du bruit éthéré. Y avait que moi qui pouvait l'entendre. Ca se
manifeste surtout quand je me retrouve dans un état lamentable. Plus moyen de censurer quoi que
ce soit. Et ça a tendance à me tétaniser au lit. Dans ces moments, je ne peux rien faire d'autres. A
part lutter contre la sensation d'imploser à tout moment. Et encore... Dans ces moments,
j'abandonne. Je me dis que c'est ma fin. Et je me laisse crever. Il y a quand même quelque chose qui
continue de lutter en moi. C'est ce qui me sauve. Ce petit oiseau en cage. Cette tension était devenue
une habitude.
Y'avait ce truc vraiment terrifiant... qui a posé ce qui ressemble à des doigts sur mon front... Je
ne pouvais absolument rien faire. Terrorisé, la seule chose qu'il me restait à faire était de fermer les
yeux très forts en espérant que tout cela finisse au plus vite.
Des souvenirs passés, de plusieurs hommes, qui étaient vraisemblablement moi, dans des
époques et des milieux totalement différents... Les enchainements de scènes ne me laissaient aucun
répit. J'étais pur spectateur. Jusqu'au moment où un des flash m'imergea dans une sorte de rêve
éveilé. J'étais dans un coin de la pièce, en hauteur, à scruter. C'était dans un laboratoire dans une
époque lointaine, l'ambiance était très obscure. L'homme, qui avait une allure à la Severus Rogue,
dégageait quelque chose de vraiment malfaisant. Il lui a fallu un regard pour que je disparaisse de la
scène. Un unique regard qui suffit à me faire oublier la majorité des souvenirs passés. Je ne sais pas
L'énorme créature s'écarta de moi jusqu'à se fondre dans un quelque chose qui la fit disparaître
de mon champ de vision. La scène était terminée. La mort ne se romance pas. Elle est réelle. Ceux
qui écrivent à son sujet sont des menteurs. Il n'y a que ses effets qui peuvent se dire à mi-mots.
Quand elle habite réellement l'esprit, la mémoire elle-même refuse de la cotoyer. Il n'y a rien qui
s'exprime. Une torpeur de l'âme. L'impression d'être une serviette broyée, tortionnée, qui lutte
désespérément pour ne pas laisser couler la moindre goutte de soi dans la bouche de cette affreuse
Chose.
La suite du lendemain :
Je sentais encore la présence de cette chose dans ma peau. Quelque chose n'allait absolument
pas... J'entendais au loin, entre deux silences grésillants, le rire des membres de ma famille défunte.
Leurs rires étaient glâcés. J'avais encore une fois les yeux fermés. Le sommeil ne venait pas et les
larmes coulaient à grosses gouttes. Je Le sentais. Ce cadavre de vie passé avait pris corps dans le
cercueil des seules personnes qui me nouaient encore à mon humanité : ma famille. Ce charognard
avait décidé de siéger dans leurs souvenirs, et tout ce qui les lient encore à leur incarnation sur terre.
En les convoquant dans mes pensées, je ne pouvais plus sentir leurs présences sans ressentir dans le
même temps un effroi sans pareil.
Je ne me souviens plus de rien à partir de ce moment. Je ne sais même plus d'où vient cette
dernière phrase... Au réveil, le lendemain, j'avais cette impression de porter un cadavre mort
quelque part dans mon corps. Certains membres ne me semblaient plus familiers, et je ne parle pas
particulièrement de mon sexe ici. C'était plus une sensation générale. Nous étions au moins deux à
séjourner dans le même véhicule. Cela faisait maintenant quelques temps que je n'étais pas sorti au
bar. J'avais besoin de voir du monde. Changer les idées comme on dit. Il me fallait de l'aide. Et le
seul qui pouvait m'aider à c'niveau, c'est mon vieux pote alchimiste.
Echange des plus banales. Nous n'étions pas très téléphone. Surtout avec lui. C'est un
obsessionnel des égrégores. Il en voit de partout. Tout outil intermédiaire dont il pouvait se passer, il
s'en passait. Un type bien. Y'a une esthétique dans sa paranoïa. Puis ça évite de trop s'étaler. Bon.
On s'est donc finalement retrouvé, posé dans un bar, partagé quelques banalités intéressantes le
Il avait vu bon d'entrée de jeu. Ca ne m'étonnait pas de lui. C'est ça que j'aimais beaucoup ici. Il
n'y avait pas besoin de faire de détours pour aller à l'essentiel. Il était de ceux qui étaient le plus
initié du groupe. Je pense même qu'il me dépassait hautement en maturité sur certains plans.
— Il y a une présence qui a pris corps en moi. Et que j'alimente à mon insu. Je ne sais pas quoi
faire. Je ne vois pas d'autres solutions que le suicide pour m'en débarasser.
— Cette chose existe parce que tu l'alimentes. Raconte moi en détails ce qui s'est passé.
Je n'ai pas lésiné sur les détails. Tout y est passé. Ma famille. Mon expérience. Tout. La gorge
plus que nouée. Je ne voyais pas de solutions possibles. Jusqu'à présent, je n'avais jamais pu parler
de tout ça à quelqu'un. Il y avait bien un coup à jouer. J'attendais cette fois que quelqu'un m'aide à
me libérer.
— Il est possible que ce soit une vie passée qui a pu remonter à la surface parce que tu te trouves
dans un état psychologique qui lui a permis de revenir. Maintenant, fais attention. Dans le livre des
morts tibétains, il est bien dit que les vies passées n'ont aucune indépendances, elles sont l'une des
Nouveau silence. Cette fois, je me rendais compte que c'était moi qui me suis fait piéger par cette
des âmes sur terre. Je t'avais d'ailleurs dit que je n'avais jamais pensé la chose sous cet angle. Et je
pense que ton angle est le bon. Je suis étonné que tu aies pu avoir une prestation aussi remarquable
— Je vois très bien ce que tu veux dire mais je n'avais à l'époque jamais eu la situation où une
des âmes décide de dominer ma vie actuelle d'une façon aussi intrusive tu sais....
— C'est là ton erreur et ta voie de sortie. Il se mit à rire, bu une gorgée et me regarda avec ses
yeux qui veulent dire qu'il a flairé cette chose qui le stimule. N'importe qui d'autres, j'aurais pu me
sentir offenser. Mais pas lui. Il y avait de l'innocence dans son rire. Il était de ses hommes au
physique effrayant de vécu. Je ne sais vraiment pas par quelle sorcellerie seul son rire a été épargné.
En tout cas, j'étais tout ouïe. Et je retrouvais aussi un peu le sourire faut dire.
— Ta famille, c'est une chose. Tu n'as pas fait le deuil. Je déteste cette expression, c'est ridicule.
Mais une chose est sûre, elle doit se servir de l'énergie que tu investis encore dans le souvenir de ta
famille pour te dominer. Et ce sont principalement ta souffrance et tes regrets qui doivent
l'alimenter. Ces créatures ne supportent ni l'amour, ni la joie, ni la lumière. C'est peut-être là ton
erreur de jugement à son sujet. Tu la confonds avec tes proches mais elle se sert de ce leurre pour
A cet instant, j'ai lâché la pinte que je tenais en main. Les gens autour se sont tournés vers nous.
Elle était mi pleine en plus. Ce gachis. Il m'a fallu plusieurs secondes pour m'en rendre compte.
Sirius s'est levé, en s'excusant, et est parti chercher de quoi nettoyer. En revenant à la réalité, il vit
— Les choses ne vont pas si mal aha. Tu es quelqu'un de grand. Je te l'ai toujours dit. Tu iras
loin, bien plus loin que moi. Tu peux vaincre ces choses avant qu'elles ne te dévorent de trop. Je les
Les toilettes, un lieu de méditation privilégié vraiment négligé par la plupart de mes congénères.
L'un des rares endroits où il nous faut agir de façon régressive sans que cela nous perturbe pour
autant. Se détendre, dilater et laisser les choses se faire. Le caractère dégradant de cet acte, non pas
à cause de sa tonalité sociale mais dû à une prédisposition de la nature qui nous échappe... Cette
configuration particulière, oui, nous amène naturellement à focaliser notre attention sur autre chose.
Etat d'attention flottante, nous ne pensons à « rien ». Cet espace permet aux contenus inconscients
de monter à la surface sans que le moindre effort rationnel soit demandé. Pour peu qu'il y ait un état
de synchronisation entre l'acte d'expulser l'excrément et l'acte de donner vie à une pensée, le
moment de libération sonne d'une même voix avec celui du premier cri du nouveau-né.
Durant ce laps de temps, j'avais enfin compris le problème à mon équation. Il y a fort à parier
que le décès de mes proches soient une répétition de scénarios de vie d'une des âmes reliées à ma
personne. Dans une certaine mesure, les hautes autorités du karma avaient décidé que la mort de ma
famille viendrait signer la fin de leur incarnation au profit de l'évolution karmique d'autres âmes.
Plus encore, il est bien possible que les âmes reliées à ma famille ne pouvaient pas connaître de
libérations dans cette incarnation-ci sans que l'élévation spirituelle général de leur environnement
atteigne un certain seuil. Pour le dire simplement, il me fallait libérer l'âme tourmentée qui m'habite
au même titre qu'il me fallait libérer le souvenir de ma famille de la teneur traumatique et négative
de l'expérience. C'était la seule voie de rédemption possible pour tous. Moi. Cette âme tourmentée.
Les prochaines incarnations des âmes de chaque membre de ma famille. Surtout qu'au fond de moi,
je sentais que, dans une certaine mesure, ils continuaient de m'accompagner. Comme si nous étions
reliés par delà nos liens affectifs sur terre. Comme si, dans une certaine mesure, l'égrégore familiale
n'était pas juste la rencontre accidentelle de plusieurs humains au sein d'une même famille mais
n'était pas au service de la clarté, je dois l'admettre. Mais c'était ce que j'avais saisi d'un éclair le
temps ces quelques minutes aux WC. La physiologie du corps est un détonateur à synchronicité
hautement mésestimée.
— Tu sais Sirius, tu as sûrement raison.
Si les 7 pêchés capitaux devaient prendre forme humaine, je suis à peu près certains qu'ils
seraient d'adorables compagnies. Il faut les fréquenter avec sympathie. Pas plus d'un verre. Ou plus.
Lettre au local,
Vivre dans la force de la vie. Sans honte. Sans reproche. Les conquérants se reconnaissent. La
vie les accompagne partout où ils sont. Leur simple présence procure une sensation de bien être et
de sécurité. Parce que nous les savons capables du pire. Et parce que nous nous savons à leur côté.
Le monde n'attend que vous. Nous ne devons pas créer de royaume terrestre. Nous devons créer
un royaume sur Terre. Nous unir était déjà à la racine un pêché d'orgueil. Nous étions trop faibles
pour nous en rendre compte très surement. Pour ça que la chaleur a suffit à panser nombreuses de
nos plaies. Pour cela que nous n'avions finalement pas besoin de plus pour nous sentir pleinement
vivre.
Il nous faut maintenant affronter la vie frontalement, au quotidien, dans chacun de nos actes. Et
en permanence, tenter, à la hauteur de nos ressources, d'élever le niveau général de ceux qui nous
entourent. Ce n'est que ça, notre mission. Des particules de vie qui germent dans chaque rencontre
que nous vivons réellement et qui finiront, par résonnances, par faire perdurer ce royaume éternel
nous lequel nous nous trouvons déjà. Face à la haine, nous devons nous armer d'amour. Face à
l'amour, nous devons nous armer de scepticisme. Car là est le plus grand fléau. Nous n'aimons
jamais ce que nous avons sans quitter la perspective de ce que nous n'aurons plus ensuite. Pour
aimer, véritablement, il nous faut devenir le pire. Porter en réceptacles toutes les infamies humaines
Seuls ceux qui ne se sont pas libérés finiront par vous voir tel que vous êtes. Des êtres vides.
Froids. Insupportablement en paix. Ils vous reprocheront leurs pires souffrances parce qu'ils ne
peuvent entendre que vous pouvez y vivre, vous y plaire et perdurer sans regrets. Vous serez,
comme vous l'avez toujours été, des rejetés. Ils vous reprocheront d'être ce qui les empêche d'être
véritablement, selon eux. Et c'est cette place où le héros siège. Là où l'insupportable, l'impossible
vérité tient en domination les âmes esseulées. C'est là où nous nous porterons.
Il n'y a que lorsque la peine aura éclaté dans leur coeur qu'ils pourront enfin porter leur croix.
Porter le poids de leur orgueil en talisman. Et, si par miracle, ces personnes venaient à trouver
encore suffisamment de force de vie pour changer véritablement. Accueillez les. Avec l'animosité
Il n'y aura jamais de libération sans pardon. Mais il n'y aura jamais d'ordre sans punition. Que
leur punition leur vienne d'eux-mêmes, qu'ils l'expient, des vies s'il le faut. Mais qu'ils l'expient.
Sans cela, jamais il ne sera possible que leurs yeux se ferment véritablement. Sans cela, l'éveil
n'arrivera jamais.
Il y a un monde qui continue. Vous le savez. Vous l'avez vu de vous-mêmes. Pourquoi rester à
notre petite échelle ? Pourquoi se replier entre nous ? Pourquoi accorder tant d'importances à notre
histoire personnelle ? Alors que l'infinités des mondes s'ouvrent à nous. Il n'y aura jamais de
révolution sans destruction. Un cycle nouveau doit commencer. Démarrez le avec moi. Nous allons
« La honte doit changer de camps. Quand on la porte trop en soi, pourquoi la porter en fait ?
Pourquoi payer ce prix alors que ça nuit à notre épanouissement ? Fuck la honte. Que ce soit eux
« Je n'ai pas besoin de sortir « hors de chez moi » parce que là où « moi » se trouve, je sais rendre
« En portant en soi d'intenses points de gravité... chargés au point de faire écarquiller les yeux de la
rationalité... En les portant... nous voulons nous étendre dans le plus intense des partages. Une
La musique rend la lourdeur de la lettre visible. Il n'y a que dans le flux des mots et dans leur
agencement que l'on peut se dépétrer un peu de tout cela. Et encore. Il n'existe pas de lettres pour
ponctuer le temps d'un silence entre deux phrases. Un silence entre deux roulements de syllabes. Si
On pourait croire que c'est l'oreille qui nous fait écouter les sons. Mais quand nous nous
retrouvons emporter dans une musique, [rupture de plusieurs jours dans la phrase] c'est le
mouvement qui nous vit et nous rythme. Le son ne s'entend plus qu'en périphérie. Nous devenons la
musique.
Ce n'est pas le langage qui a du Verbe. C'est l'ambiance générée qui en a. Nous sommes comme
toujours déjà pris dans quelque chose qui nous dépasse et ordonne notre rapport immédiat au sens
La vision des temps de rédaction pris pour l'écriture de chaque lettre en dit plus sur l'écriture que
l'écriture elle-même.
Mais quand même, tout de lutte est pour les goûts et les couleurs. Sourire.
Parler de l'hospital