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LA R E V U E Juillet 2018

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Édition Découverte
Une sélection de textes
pour des soins de qualité

Illustration José David


RAYON DES NOUVEAUTÉS

NOUVELLE VOIE D’ADMINISTRATION

naloxone nasale (nalscue°) et surdoses


d’opioïdes
Un antidote en spray nasal utile et pratique dans un contexte
d’urgence
et structures disposant d’équipes mobiles de soins aux
INTÉRESSANT personnes en situation de précarité ou d’exclusion gérés
Les surdoses d’opioïdes sont parfois mor- par des organismes à but non lucratif ; et les unités sanitaires
en milieu pénitentiaire. Une dispensation en officine est
telles. La naloxone, un antidote des opioïdes,
prévue, avec ou sans prescription.
est efficace pour réduire la mortalité, à condi- Nalscue° n’est pas commercialisé en officine, ni remboursable
tion qu’elle soit administrée rapidement. Le par la Sécurité sociale, ni agréé aux collectivités.
délai d’action de la naloxone par voie nasale 4  flacons pulvérisateurs à 0,9  mg  :  100  € (prix ATU hors
semble allongé de quelques minutes par rap- taxe).
port à celui de la voie intramusculaire. Toute-
fois, selon plusieurs études en situation réelle,
quand de la naloxone est mise à disposition
des patients usagers d’opioïdes à risque de Comparer pour décider
surdose et de leur entourage, son adminis-
tration par voie nasale a une efficacité voisine Les surdoses d’opioïdes résultent de diverses si-
de celle par voie intramusculaire pour réduire tuations de prise. Ces surdoses sont parfois mor-
la mortalité. En situation de surdose d’opioïde, telles. L’afflux massif d’opioïdes dans le cerveau
la naloxone expose surtout à un syndrome inhibe le centre de la respiration, ce qui entraîne
aigu de sevrage, mais ce risque est mineur une baisse de la fréquence respiratoire avec perte
en situation d’urgence vitale. Malgré une de conscience. Quand la dépression respiratoire est
maigre évaluation, le spray nasal unidose de importante et durable, elle expose à un arrêt respi-
naloxone disponible en France semble simple ratoire, puis à un arrêt cardiaque. La quantité
à utiliser. Il est à proposer aux patients à d’opioïde provoquant des symptômes de surdose
risque de surdose et à leur entourage, en les est variable selon l’accoutumance* de la personne
aux opioïdes et la voie d’administration. Des sur-
informant précisément des modalités d’uti-
doses peuvent survenir avec tous les agonistes des
lisation.
récepteurs opioïdes, qu’ils soient illicites ou médi-
camenteux  : héroïne, morphine, oxycodone, mé-
thadone, codéine, tramadol, etc. (1).
La naloxone est un antagoniste des récepteurs aux
NALSCUE° - naloxone solution pour opioïdes. Une forme injectable est utilisée comme
pulvérisation nasale antidote depuis plusieurs décennies en France ou
• 0,9  mg de chlorhydrate de naloxone par pulvérisation ailleurs, dans le traitement d’urgence des surdoses
nasale (4  flacons pulvérisateurs unidoses de 0,1  ml par d’opioïdes (1,2). Cet antidote est efficace pour pré-
boîte) venir la mort par surdose d’opioïde. Il s’administre
Indivior par voie intraveineuse (IV), intramusculaire (IM), ou
■■antidote ; antagoniste des récepteurs opioïdes sous-cutanée (SC). Le délai d’action de la naloxone
■■Indication : « chez l’adulte et l’enfant d’un mois et plus est un peu plus rapide par voie IV (environ 0,5  à
dans le traitement d’urgence des surdosages aux opioïdes, 2 minutes) que par voie IM ou SC (environ 3 minutes).
caractérisés ou suspectés, se manifestant par une dépres- Les voies IM et SC sont utiles quand l’accès à la voie
sion respiratoire et dans l’attente d’une prise en charge par veineuse est difficile, notamment en raison de veines
une structure médicalisée ». [AMM française par procédure altérées, par exemple chez les usagers de drogues
nationale] par injection (3,4). La dose initiale chez les adultes
■■Posologie : 1 pulvérisation dans chaque narine, soit au varie de 0,4 mg à 2 mg. Elle est à répéter toutes les
total 1,8 mg. Si l’état du patient ne s’améliore pas, renou- 2  à 3  minutes jusqu’au rétablissement d’une fré-
veler l’opération une fois, 3 à 5 minutes plus tard.
quence respiratoire d’au moins 12 cycles par minute,
■■Conditions d’accès en France au 29 mai 2018 : sans dépasser 10  mg au total (1à4). La demi-vie
Selon l’ANSM, la dispensation concerne : les établissements d’élimination plasmatique de la naloxone étant plus
de santé ; les centres de soins, d’accompagnement et de courte que celle de certains opioïdes, la réapparition
prévention en addictologie (Csapa) hospitaliers et associatifs ; des symptômes de surdose justifie l’administration
les centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction
des risques pour usagers de drogues (Caarud) ; les centres
de doses supplémentaires de naloxone (2à4).

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RAYON DES NOUVEAUTÉS

Chez les patients dépendants aux opioïdes, la utilisé le médicament dans le cadre d’une surdose,
naloxone expose à un syndrome aigu de sevrage, dont 16  personnes qui n’étaient pas la personne
surtout en cas d’administration d’une dose élevée. ayant obtenu le médicament, mais qui y ont eu
Le syndrome de sevrage se manifeste principalement accès via un patient inclus dans le cadre de l’ATU.
par une agitation, une anxiété, des nausées, des Dans tous les cas, l’évolution a été favorable (8).
myalgies et une transpiration (1à4). En situation
d’urgence vitale, le risque de syndrome de sevrage Deux essais voie nasale versus voie IM. Notre
est mineur par rapport au risque de mort. recherche documentaire a recensé deux essais
cliniques qui ont comparé l’administration unique
de 2 mg d’une solution injectable de naloxone soit
Quelle nouveauté ? pulvérisée dans le nez, soit injectée en IM. En l’ab-
sence d’amélioration clinique, une dose de secours
Souvent, les surdoses d’opioïdes surviennent en de 0,8 mg de naloxone était administrée par voie IM.
présence de témoins. Plusieurs pays ont développé Ces essais randomisés, non aveugles, ont inclus au
des programmes de mise à disposition de kits de total 327 patients apparemment en surdose d’opioïde
naloxone pour injection IM, auprès de personnes et pris en charge par des ambulanciers en Australie.
susceptibles d’être témoins d’une surdose d’opioïde, À l’inclusion, tous les patients avaient une fréquence
en particulier des proches de personnes dépendantes respiratoire inférieure à 10  cycles par minute et
aux opioïdes. L’objectif est de permettre à ces per- une  conscience altérée. Environ 40  % avaient
sonnes d’administrer rapidement la naloxone, avant aussi  consommé de l’alcool ou pris des médica-
l’arrivée des secours. Ces programmes ont montré ments (9,10).
que les kits de naloxone sont utiles pour réduire la Aucun patient n’est mort. Dans un des essais, les
mortalité, sans augmentation démontrée des prises proportions de patients ayant une fréquence respi-
de risques par les consommateurs d’opioïdes (lire ratoire supérieure à 10  cycles par minute ou un
aussi pages 488-489) (1,5). score de Glasgow* d’au moins 13 dans les 10 mi-
En France, en 2015, un flacon pulvérisateur (au- nutes suivant l’administration de naloxone ont été
trement dit spray) de naloxone pour administration du même ordre dans les deux groupes  : environ
par voie nasale a fait l’objet d’une autorisation 75 %. Dans l’autre essai, le délai pour rétablir une
temporaire d’utilisation (ATU) de cohorte pour une fréquence respiratoire supérieure à 10  cycles par
utilisation à domicile ou en établissement de soins, minute a été plus long avec la voie nasale  : en
en présence ou non d’un soignant, en cas de surdose moyenne 8 minutes versus 6 minutes avec la voie IM
suspectée ou avérée d’opioïde chez les adultes et (p = 0,006). Mais dans cet essai, le volume de solu-
les enfants (6). En 2017, ce spray a fait l’objet d’une tion de naloxone administré par voie nasale (2,5 ml
autorisation de mise sur le marché (AMM) dès l’âge dans chaque narine) était élevé, ce qui a peut-être
de 1 mois en cas de surdose avérée ou suspectée entraîné un écoulement d’une partie de la solution
d’opioïde, dans l’attente de l’arrivée des secours. en dehors du nez. Dans les deux essais, plus de
Dans cette situation, la naloxone par voie nasale, patients des groupes naloxone par voie nasale ont
administrée avant l’arrivée des secours, est-elle au reçu une dose de secours de naloxone par voie IM :
moins aussi efficace que sous forme injectable pour 18 % versus 5 %, et 26 % versus 13 % (1,9,10).
réduire la mortalité ? Avec quels effets indésirables ?
Le spray nasal autorisé en France est-il simple à Voie nasale efficace selon trois études en situation
utiliser dans une situation d’urgence par des per- réelle. Trois études réalisées aux États-Unis d’Amé-
sonnes peu expérimentées ? rique ont évalué l’impact d’un programme de dis-
tribution de kits de solution injectable de naloxone
Évaluation de la spécialité autorisée en France (2 mg/2 ml) pour administration par voie nasale à
dans le cadre d’une ATU de cohorte. L’évaluation l’aide d’un dispositif de vaporisation sur la seringue.
clinique ayant conduit à l’AMM du spray nasal de Ces études ont inclus au total 4 850 personnes. Il
naloxone repose surtout sur des données de phar- s’agissait de patients recevant de la méthadone
macocinétique, la firme n’ayant pas réalisé d’essai dans le cadre d’un traitement substitutif, d’usagers
clinique. Une étude chez 36  personnes en bonne d’opioïdes ou de personnes de leur entourage. Le
santé a montré que l’administration nasale de na- suivi a duré de 15 mois à 7 ans. Au total, 493 kits
loxone à la dose de 1,8 mg ou 3,6 mg aboutit à une ont été utilisés. Aucune personne n’est morte, et
quantité totale de naloxone circulant dans le sang une levée de la surdose a été obtenue dans tous
environ 1,5 à 2,5 fois plus élevée que l’administra- les cas. Dans une des études, chez 385 participants,
tion intramusculaire d’une dose de 0,4 mg, mais la les secours ont été appelés dans 28 % des cas. On
quantité de naloxone circulant pendant les 6 pre- ne dispose pas de cette donnée dans les deux autres
mières minutes qui suivent l’administration nasale études. Au total dans les trois études, deux syn-
est environ 1,5 à 2,5 fois plus faible qu’après injec- dromes de sevrage ont été rapportés, sans qu’une
tion (7). On ne sait pas si ces différences ont des dose d’opioïde n’ait été nécessaire pour soulager
conséquences cliniques. les symptômes (1,5,11).
Dans le cadre de l’ATU en France, entre juillet
2016 et janvier 2018, le spray nasal de naloxone a
été dispensé à 1  057  patients. 21  personnes ont

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RAYON DES NOUVEAUTÉS

Peu de risques en situation de surdose. Hormis le Après l’administration, le patient est à placer en
risque de syndrome aigu de sevrage, la naloxone position latérale de sécurité  (12). L’embout nasal
sous forme injectable expose à peu d’effets indési- n’est pas adapté aux très jeunes enfants (7).
rables. Des troubles cardiovasculaires (surtout hy- La distribution de Nalscue° est à accompagner
potensions et hypertensions artérielles, troubles du d’explications aux personnes susceptibles de l’uti-
rythme cardiaque), des troubles neuropsychiques liser, les consommateurs d’opioïdes et surtout leur
(céphalées, vertiges, agitations, hallucinations, convul- entourage, sur : l’utilisation correcte du dispositif,
sions), des œdèmes pulmonaires, des angiœdèmes, les signes qui permettent de reconnaître une surdose
des urticaires, et des chocs anaphylactiques ont été d’opioïde, les facteurs de surdose, et les gestes de
rapportés avec la naloxone, surtout dans un contexte premiers secours.
chirurgical. De tels troubles semblent rares dans un
contexte de surdose d’opioïde (2,3).
Dans les deux essais comparatifs australiens, les Qu’en disent les autres ?
événements indésirables rapportés avec la naloxone
par voie nasale ont été du même ordre qu’avec la Les données d’évaluation clinique de la naloxone
voie IM (1,9,10). Dans un des essais, les événements par voie nasale dans les surdoses d’opioïdes ont
indésirables ont été moins fréquents avec la voie été analysées par la Commission de la transparence
nasale  : rapportés chez 12  % des patients versus de la Haute autorité de santé (HAS) française. Voici
21  % avec la voie IM, avec en particulier moins sa principale conclusion : « Prenant en compte les
d’agitations (2 % versus 13 %). Il n’y a pas eu de seules données rapportées sur la survie issues de
différence entre les groupes dans l’autre essai (9,10). l’ATU de cohorte, non comparatives et non exhaus-
Dans le cadre de l’ATU en France, 2 cas de mésu- tives (…), le profil connu d’efficacité et de tolérance
sage ont été rapportés avec la naloxone par voie de la naloxone sous sa forme injectable, l’absence
nasale. Un patient se l’est administrée en l’absence de donnée disponible sur la prise en charge ayant
de surdose, et il a eu un syndrome de sevrage. suivi l’administration de Nalscue [naloxone], la
L’autre patient se l’est administré en raison d’un Commission considère que Nalscue apporte une
« inconfort physique » alors qu’il ne prenait plus amélioration du service médical rendu mineure
d’opioïde. Il a eu un écoulement nasal et une hyper (ASMR IV) dans le traitement d’urgence des surdo-
sudation des mains. Aucun autre effet indésirable sages aux opioïdes » (13).
n’a été rapporté (8). La Commission ne semble pas avoir pris en compte
Outre les effets indésirables connus de la naloxone, l’apport notable en termes de praticité de ce spray
le résumé des caractéristiques (RCP) du spray nasal pour administration nasale dans un contexte d’ur-
mentionne aussi des troubles du goût, des troubles gence.
de l’odorat, des congestions et des hypersécrétions
nasales, des paresthésies (12).
La présence d’alcool benzylique comme excipient En pratique
contre-indique l’utilisation de Nalscue° chez les
enfants âgés de moins de 1 mois en raison du risque Lors d’une surdose d’opioïde, administrer le plus
de réactions toxiques (12). rapidement possible de la naloxone permet d’éviter
des morts en rétablissant une fréquence respiratoire
Un dispositif prêt à l’emploi, a priori facile à utili- suffisante.
ser. En cas de surdose, il est nécessaire d’appeler Le spray nasal de naloxone autorisé en France a
(ou de faire appeler) des secours d’urgence médi- été peu évalué, y compris en situation réelle de
calisés, car la naloxone a une faible durée d’action surdose. Mais des essais cliniques d’administrations
par rapport à la durée d’action de certains opioïdes. nasales de naloxone versus injections intramuscu-
En France, il faut composer le 15, le 18 ou le 112. laires, et des programmes de mise à disposition
La dose initiale à administrer est de une pulvérisa- auprès d’usagers de drogues et de leur entourage,
tion dans chaque narine, après avoir placé le patient sont en faveur d’une efficacité de la naloxone ad-
sur le dos. Chaque boîte de Nalscue° contient quatre ministrée par voie nasale pour éviter la mort par
sprays unidoses. Selon les informations fournies surdose d’opioïde. On ne dispose d’aucune donnée
dans la notice, l’embout du spray est à insérer chez des patients ayant des lésions nasales ni chez
complètement dans la narine, en tenant le spray les enfants. Le mode d’utilisation du spray nasal
entre l’index et le majeur et en l’orientant vers le autorisé en France semble a priori simple, y compris
côté opposé à la cloison nasale. Le déclenchement en situation d’urgence où l’émotion peut rendre les
de la dose est immédiat en appuyant sur le piston gestes confus. Il évite de recourir à des injections
avec le pouce, jusqu’à entendre un clic. La même (lire aussi pages 488-489). L’embout nasal n’est pas
opération est à répéter dans l’autre narine avec un adapté pour les enfants en bas âge.
autre sray. L’heure d’administration est à noter pour En somme, cette nouvelle forme de naloxone est
en informer les secours à leur arrivée. En l’absence à proposer aux patients consommateurs d’opioïdes
d’amélioration après 3  à 5  minutes ou en cas de à risque de surdose et à leur entourage, en leur
réapparition des symptômes de surdose, une pul- apprenant précisément comment s’en servir à bon
vérisation supplémentaire dans chaque narine (soit escient.
l’utilisation de deux autres sprays) est à effectuer. ©Prescrire

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RAYON DES NOUVEAUTÉS

GLOSSAIRE  Recherche documentaire Prescrire mise à jour au 15 mai 2018


La firme Indivior, que nous avons interrogée, n’a pas été en
Les termes expliqués de façon concise dans ce glossaire mesure de nous fournir de documentation.
sont signalés dans le texte par un astérisque (*)
accoutumance  : diminution progressive de l’effet 1- World Health Organisation “Community management of opioid
overdose” 2014 : 88 pages.
d’une substance administrée à dose fixe, ce qui
2- Prescrire Rédaction “Opioïdes et naloxone” Rev Prescrire 2010 ; 30
conduit à augmenter la dose pour obtenir le même (319) : 362.
effet. 3- “Naloxone hydrochloride”. In : “Martindale The complete drug ref-
erence” The Pharmaceutical Press, London. Site www.medicines
score de Glasgow : utilisé pour mesurer le niveau de complete.com consulté le 20 mars 2018 : 13 pages.
vigilance d’un patient, ce score compris entre 3 (coma 4- ANSM “RCP-Naloxone Mylan 0,4 mg/1 ml, solution injectable en
le plus profond) et 15 (vigilance normale) prend en ampoule” 19 octobre 2017 : 5 pages.
compte l’ouverture des yeux, la réponse verbale et 5- Lewis CR et coll. “Intranasal naloxone and related strategies for
la réponse motrice à des ordres ou à la douleur. opioid overdose intervention by nonmedical personnel : a review”
Subst Abuse Rehabil 2017 ; 8 : 79-95.
6- ANSM “Protocole d’utilisation thérapeutique et de recueil d’infor-
mations. Nalscue 0,9 mg/0,1ml solution pour pulvérisation nasale en
récipient unidose” 13 janvier 2017 : 68 pages.
7- ANSM “Rapport d’évaluation clinique-Nalscue” non daté : 10 pages.
Noms commerciaux des médicaments 8- ANSM “Autorisation temporaire d’utilisation de cohorte. Résumé
en France F, Belgique B et Suisse CH du rapport de synthèse périodique n° 12. Nalscue 0,9 mg/0,1 ml,
solution pour pulvérisation nasale en récipient unidose” octobre 2017
codéine antalgie – F B CH  (seulement en association) + “Autorisation temporaire d’utilisation de cohorte. Résumé du rapport
de synthèse périodique n° 13. Nalscue 0,9 mg/0,1 ml, solution pour
codéine toux – F  PADERYL° ou autre ; B BRONCHODINE° pulvérisation nasale en récipient unidose” février 2018 : 4 pages.
ou autre ; CH  CODEINE KNOLL° ou autre 9- Kerr D et coll. “Randomized controlled trial comparing the
méthadone – F  METHADONE AP-HP° ; B MEPHENON° ; effectiveness and safety of intranasal and intramuscular naloxone for
CH  KETALGINE° ou autre the treatment of suspected heroin overdose” Addiction 2009 ; 104
(12) : 2067-2074.
naloxone nasale – F NALSCUE° ; B CH (—) 10- Kelly AM et coll. “Randomised trial of intranasal versus intramus-
naloxone injectable – F  NARCAN° ou autre ; B NALOXON cular naloxone in prehospital treatment for suspected opioid overdose”
B. BRAUN° ; CH  NALOXON ORPHA° Med J Aust 2005 ; 182 (1) : 24-27.
11- European Monitoring Centre for Drugs and Drug Addiction “Pre-
oxycodone – F  OXYNORM°, OXYNORMORO°, venting fatal overdoses : a systematic review of the effectiveness of
OXYCONTIN LP° ou autre ; B CH OXYNORM°, take-home naloxone” 2015 : 37 pages.
OXYCONTIN° ou autre 12- ANSM “RCP + notice-Nalscue” 28 juillet 2017 : 15 pages.
tramadol – F TOPALGIC° ou autre ; B CONTRAMAL° 13- HAS - Commission de la transparence “Avis-Nalscue” 7 février
ou autre ; CH TRAMAL° ou autre 2018 : 16 pages.

NOUVELLE PRÉSENTATION

naloxone (prenoxad°) en kit pour injection IM dans les surdoses


d’opioïdes

ÉVENTUELLEMENT UTILE
PRENOXAD° - naloxone solution injectable
Pour administrer la naloxone injectable en intramusculaire
situation d’urgence vitale, un kit prêt à l’em- • 2 mg de chlorhydrate de naloxone par seringue prérem-
ploi et facile à transporter est plus pratique plie de 2 ml, correspondant à 5 doses de 0,4 mg (une seringue
que des ampoules. Mais le kit pour injection + 2 aiguilles par boîte)
intramusculaire annoncé en France expose à Ethypharm
un risque de piqûre accidentelle, et de syn- ■■antidote ; antagoniste des récepteurs opioïdes
drome de sevrage en cas d’injection de tout ■■Indication : dépression respiratoire induite par les opioïdes,
le contenu de la seringue en une seule fois. en situation d’urgence à domicile ou dans un autre envi-
Quand il est envisagé que la naloxone soit ronnement non médical, pour une utilisation par des per-
sonnes appropriées, ou dans un établissement de soins
administrée par l’entourage d’un patient,
(traduction de l’indication du résumé des caractéristiques
mieux vaut le spray nasal. britannique par nos soins). [AMM française par procédure
nationale en cours d’enregistrement]

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RAYON DES NOUVEAUTÉS

GAMMES OMBRELLES

Gammes ombrelles : vers leur arrêt sur initiative de l’ANSM

●● Début 2018, l’ANSM a enfin recommandé L’ANSM recommande l’arrêt des gammes
l’arrêt des gammes ombrelles, après des années ombrelles. Début 2018, l’ANSM a publié des recom-
de tolérance de cette pratique commerciale mandations sur les noms commerciaux des médi-
dangereuse. De façon prévisible, des firmes caments, à l’attention des firmes (lire en encadré
pharmaceutiques protestent. ci-dessous) (3). Selon ces recommandations, rédi-
gées suite à une consultation publique à laquelle

L ors d’une demande d’autorisation de mise sur


le marché (AMM) pour un médicament auprès
de l’Agence française du médicament (ANSM),
Prescrire a répondu, l’ANSM se prononce en faveur
de l’arrêt des gammes ombrelles « en raison des
risques pour la santé publique, résultant notamment
l’Agence doit s’assurer que le nom choisi par la d’une confusion entre médicaments qu’[une gamme
firme évite « toute confusion avec d’autres médi- ombrelle] est susceptible d’entraîner », conformé-
caments » (article R. 5121-3 du Code de la Santé ment à l’article R. 5121-3  du CSP (3,4). L’ANSM
publique (CSP)) (1). annonce qu’elle refusera toute proposition de nom
Or, depuis les années 2000, des firmes pharma- de médicament « reprenant tout ou partie du nom
ceutiques exploitent le concept marketing des d’un autre produit existant ou ayant existé ». Et face
gammes ombrelles qui consiste à mettre en avant à la situation inverse, de plus en plus fréquente, où
le nom commercial d’une gamme, au sein de laquelle des firmes utilisent le nom commercial d’un médi-
sont déclinés des produits qui diffèrent par leur cament pour dénommer un produit de statut diffé-
composition et parfois par leur statut (médicaments, rent, l’ANSM « pourra être amenée à prendre toute
dispositifs médicaux, etc.). Mi-2018, en France, ces mesure dans son champ de compétence ou à infor-
gammes ombrelles sont par exemple  : Actifed°, mer les autorités compétentes » (par exemple, la
Advil°, Clarix°, Doli°, Humex°, Vicks°. Des termes Direction générale de la concurrence, de la consom-
spécifiques sont ajoutés au nom de la gamme, tels mation et de la répression des fraudes (Dgccrf) dans
que “rhume” ou “allergie”, mais les chartes gra- le cas d’un complément alimentaire) (3).
phiques souvent similaires, et la mise en valeur du Selon l’ANSM, ces recommandations ne sont pas
nom de la gamme exposent à des confusions entre rétroactives (5). L’arrêt de gammes ombrelles déjà
les produits, en visant une mémorisation globale de sur le marché dépendra de la volonté des firmes
la gamme. Malgré les dangers pour les patients, concernées. [suite page 507]
l’ANSM a longtemps toléré les gammes ombrelles (2).

Limitation des messages promotionnels dans les noms commerciaux

D ans ses recommandations aux firmes sur les noms


commerciaux des médicaments, rendues publiques
début 2018, l’Agence française du médicament (ANSM)
début 2018, sur le site de l’ANSM, plus de 120 spécialités ont
un nom commercial contenant ce terme (1,2).
L’ANSM accepte aussi la mention de l’arôme dans le nom
demande aux firmes de remédier à certaines dérives commercial à condition que celui-ci ne banalise pas le médi-
promotionnelles au sein des noms commerciaux (a)(1,2). cament, et n’incite pas « à une consommation inappropriée
ou excessive » (par exemple, le nom d’anciennes spécialités
Progrès. L’ANSM encourage les firmes à proposer des Efferalgan°, à base de paracétamol, incluait des termes tels
noms commerciaux comportant la dénomination commune que “cappuccino”) (2). Ces mentions sont parfois accompa-
internationale (DCI), comme cela est déjà souvent pratiqué gnées par des visuels alimentaires attractifs sur les boîtes
avec des médicaments génériques (1,2). (fruits, miel, caramel), ce qui donne l’impression d’un produit
Si les firmes optent pour un nom de fantaisie, celui-ci naturel et inoffensif, à caractère alimentaire, alors qu’il s’agit
ne doit pas comporter de segment-clé de DCI, afin d’éviter d’un médicament, exposant à divers effets indésirables.
toute confusion avec le langage en DCI. Il ne doit pas com- ©Prescrire
porter non plus de message promotionnel, par le biais
notamment de termes tels que   “fort”, “faible”, “plus”, a- Selon la réglementation française (article R. 5121-2 du Code de la
“moins”, “ultra”, “vite”, “hyper”, “vital”, “flash”, ni de santé publique), le nom commercial proposé par la firme peut être
terme évoquant une forme ou une présentation pharma- soit un nom de fantaisie ; soit un nom composé de la DCI suivi d’une
marque ou du nom de la firme (réf. 1).
ceutique (“gel”, “stick” par exemple) (1,2).
 Sources   1- ANSM “Noms des médicaments. Recommandations à l’attention
Arômes toujours acceptés. L’ANSM accepte encore le terme des demandeurs et titulaires d’autorisations de mises sur le marché et
“conseil” dans le nom d’une spécialité à condition notamment d’enregistrements” janvier 2018 : 9 pages.  2- ANSM - Commission d’évaluation
initiale + Commission de suivi du rapport entre les bénéfices et les risques des
qu’il s’agisse de médicaments accessibles sans ordonnance. produits de santé “Compte-rendu de la séance commune du 16 novembre
Nous avons constaté que ce terme valorisant est banalisé : 2017. Approuvé par voie électronique le 22 février 2018” 22 février 2018 : 32 pages.

Page 506 • L a revue Prescrire • Jui et 2018 • ome 38 N° 417


RAYON DES NOUVEAUTÉS

 En pratique  Au  29  mai 2018, de nombreuses ment prétexté « des coûts d’adaptation particuliè-
gammes ombrelles sont sur le marché français rement importants  » pour mettre les boîtes des
malgré les risques identifiés. Cela doit inciter les médicaments en conformité avec les recomman-
soignants, particulièrement ceux de premier recours, dations. Fin mai 2018, l’annulation en urgence a été
pharmaciens, infirmiers et médecins, à rester vigi- rejetée par le Conseil d’État (6). À suivre.
lants et à sensibiliser les patients sur les dangers ©Prescrire
des gammes ombrelles. En se prononçant pour
l’arrêt des gammes ombrelles, l’ANSM lance un Extraits de la veille documentaire Prescrire
signal fort en faveur de la sécurité des patients et 1- ANSM - Commission d’évaluation initiale + Commission de suivi
du rapport entre les bénéfices et les risques des produits de santé
vers un peu plus de clarté quant à la composition “Compte-rendu de la séance commune du 16 novembre 2017. Approu-
des médicaments. vé par voie électronique le 22 février 2018” 22 février 2018 : 32 pages.
De façon prévisible, cette mesure rencontre l’op- 2- Prescrire Rédaction “Gamme ombrelle” Rev Prescrire 2018 ; 38
(412) : 112.
position de certaines firmes. Ainsi, en avril 2018, 3- ANSM “Noms des médicaments. Recommandations à l’attention
l’Association française de l’industrie pharmaceutique des demandeurs et titulaires d’autorisations de mise sur le marché et
pour une automédication responsable (Afipa) a d’enregistrements” janvier 2018 : 9 pages.
4- Prescrire Rédaction “Projet de l’ANSM de recommandations natio-
saisi le Conseil d’État dans le but de faire annuler, nales sur les noms commerciaux : un projet qui entretient les sources
en urgence, les recommandations de l’ANSM sur de dangers” 14 décembre 2016 : 4 pages.
le choix des noms commerciaux. L’Afipa a notam- 5- ANSM “Courriel à Prescrire” 16 mai 2018 : 1 page.
6- Conseil d’État “N° 419494 - Ordonnance du 24 mai 2018” : 5 pages.

VACCINATION

Vaccin grippal saisonnier 2018-2019

●● Changement de la souche H3N2 du virus A La liste des personnes à risque de complication


et de la souche B. Élargissement du dispositif grave de la grippe pour lesquelles la vaccination
de vaccination antigrippale par les infirmiers, antigrippale est prise en charge à 100 % par la Sé-
sans passage obligatoire chez le médecin, et curité sociale en France est inchangée depuis la
dispositif expérimental toujours en cours pour saison 2013-2014 (5,6).
les pharmaciens.
Élargissement du dispositif de vaccination contre

S elon les recommandations de l’Organisation


mondiale de la santé (OMS), la souche H3N2 du
virus A et la souche B entrant dans la composition
la grippe par les infirmiers. Depuis une dizaine
d’années, les infirmiers sont autorisés en France à
vacciner certains patients, sans prescription médicale,
du vaccin grippal saisonnier trivalent 2018-2019 dif- hors première vaccination antigrippale (7). Depuis
fèrent de celles du vaccin de la saison précédente (1,2). fin 2017, cette autorisation concerne toutes les per-
Les vaccins grippaux 2018-2019 pour l’hémisphère sonnes adultes pour lesquelles la vaccination contre
Nord comportent les analogues des trois souches la grippe est recommandée en France et prise en
suivantes  : A/Michigan/45/2015 (H1N1) pdm09  ; charge à 100 % par la Sécurité sociale, à l’exception
A/Singapore/INFIMH-16-0019/2016 (H3N2) ; B/Colo- des femmes enceintes (et toujours à condition qu’il
rado/06/2017 (lignée B/Victoria/2/87). L’OMS recom- ne s’agisse pas d’une première vaccination) (6,8).
mande que les vaccins quadrivalents comportent Pour la saison 2018-2019, la vaccination anti
en plus la souche B/Phuket/3073/2013 (lignée  B/ grippale par les pharmaciens reste au stade d’ex-
Yamagata/16/88) (1). périmentation dans les régions Nouvelle-Aquitaine
En France, au 29 mai 2018, un seul vaccin trivalent et Auvergne-Rhône-Alpes comme en 2017-2018, et
inactivé et sans adjuvant lipidique est annoncé en le devient dans les régions Hauts-de-France et
ville pour la campagne de vaccination 2018-2019 : Occitanie (2,9). La généralisation de ce dispositif
Influvac° vendu au prix de 5,18 € l’unité.Trois vaccins est annoncée pour la saison 2019-2020 (9).
quadrivalents sont aussi annoncés : FluarixTetra° et ©Prescrire
VaxigripTetra°, deux vaccins inactivés autorisés chez
les adultes et chez les enfants à partir de l’âge de
Extraits de la veille documentaire Prescrire
6 mois ; Influvac Tetra°, un vaccin inactivé autorisé
1- WHO “Recommended composition of influenza virus vaccines
uniquement chez les adultes (3). Ces vaccins quadri- for use in the 2018-2019 northern hemisphere influenza season”
valents sont vendus au prix de 10,11 € l’unité. L’avan- Weekly Epidemiological Record 2018 ; 12 : 133-141.
tage clinique des vaccins quadrivalents sur les 2- Prescrire Rédaction “Vaccin grippal saisonnier 2017-2018” Rev
Prescrire 2017 ; 37 (408) : 742-743.
vaccins trivalents n’est pas démontré. L’ajout de la 3- ANSM “RCP-FluarixTetra” 2 février 2018 + “RCP-Vaxigrip Tetra”
valence supplémentaire étend de façon marginale 31 janvier 2018 + “RCP-Influvac Tetra” 2 mars 2018 : 30 pages.
le spectre des virus de la grippe dont la circulation 4- Prescrire Rédaction “Commercialisation effective : Fluenz Tetra°”
Rev Prescrire 2016 ; 36 (398) : 901.
est connue début 2018, avec un impact incertain sur 5-  Prescrire Rédaction “Vaccin grippal saisonnier 2013-2014” Rev
les syndromes grippaux de l’hiver 2018-2019 (2,4). Prescrire 2013 ; 33 (360) : 738.

L a revue Prescrire • Jui et 2018 • ome 38 N° 417 • Page 507


RAYON DES NOUVEAUTÉS

exemple le sildénafil (Revatio° ou autre). Le ARRÊT DE COMMERCIALISATION


tadalafil n’apporte pas de progrès. Chez les pa-
tients peu symptomatiques (stade  II), l’intérêt Télithromycine : arrêt de
clinique des vasodilatateurs n’est pas prouvé (3à5).
Le tadalafil, comme les autres inhibiteurs de
commercialisation bienvenu
la phosphodiestérase de type 5, expose surtout
à des effets indésirables liés à la vasodilatation
(céphalées, bouffées de chaleur), des troubles
cardiovasculaires (morts subites, infarctus du
D ébut 2018, la firme Sanofi Aventis a arrêté la
commercialisation dans le monde de la téli-
thromycine (Ketek°), un antibiotique du groupe des
myocarde) et neurosensoriels (troubles visuels, macrolides, évoquant des raisons économiques (1).
pertes brutales de l’audition) (6,7). L’arrêt de commercialisation de cet antibiotique
Le tadalafil est principalement métabolisé par est une bonne chose pour les patients car sa balance
l’isoenzyme CYP 3A4 du cytochrome P450, ce qui bénéfices-risques est défavorable. Prescrire avertit
expose à de nombreuses interactions médica- depuis 2002  qu’il vaut mieux se passer de la téli-
menteuses pharmacocinétiques. Des interactions thromycine (2). En effet, la télithromycine n’a pas
pharmacodynamiques par addition d’effets indé- d’avantage en termes d’efficacité clinique par rapport
sirables sont aussi prévisibles, notamment en aux autres macrolides, alors qu’elle expose à un
cas d’association avec un autre médicament surcroît d’allongements de l’intervalle QT de l’élec-
hypotenseur. L’association du tadalafil avec les trocardiogramme, d’hépatites, de troubles visuels
dérivés nitrés est à éviter car elle expose à une et de pertes de connaissance (lire aussi p. 484) (3).
chute brutale de la pression artérielle (6,7). ©Prescrire
©Prescrire

 Sources   1- Vidal news “Ketek (télithromycine) : arrêt de commercia-


 Sources   1- Commission européenne “RCP-Adcirca” 19 février 2018 lisation international” 19 avril 2018 : 4 pages.  2- “télithromycine (Ketek°).
+ “RCP-Talmanco” 19 février 2018 + “RCP-Cialis” 30 janvier 2018 : S’ajoute inutilement à 8 macrolides déjà sur le marché” Rev Prescrire
76 pages.  2- ANSM “RCP-Tadalafil Krka 20 mg comprimés” 11 juillet 2002 ; 22 (233) : 731-734.  3- “Pour mieux soigner, des médicaments
2017 : 19 pages. 3- “macitentan (Opsumit°). “Me-too” du bosentan à écarter : bilan 2018” Rev Prescrire 2018 ; 38 (412) : 135-144.
dans l’hypertension artérielle pulmonaire” Rev Prescrire 2015 ; 35 (381) :
498-499.  4- “tadalafil (Adcirca°) et hypertension artérielle pulmonaire.
Sans avantage au stade III ; à écarter au stade II” Rev Prescrire 2010 ;
30 (321) : 491.  5- “Sildénafil et HTAP : une alternative au bosentan” Rev
Prescrire 2017 ; 37 (403) : 342-343.  6- “22-5-3. Patients sous vasodila-
tateur inhibiteur de la phosphodiestérase de type 5” Rev Prescrire 2018 ;
38 (416 suppl. Interactions médicamenteuses).  7- “Tadalafil : une alter-
native dans les troubles de l’érection” Rev Prescrire 2018 ; 38 (412) : 107.

ARRÊTS DE COMMERCIALISATION
Copies démasquées Les arrêts de commercialisation déjà signalés sont acces-
sibles via l’Application Prescrire (et sur le site www.prescrire.
Composition des copies arrivées récemment sur le marché
org : contenus abonnés > médicaments retirés). Nous
français sous un nouveau nom commercial de fantaisie,
fondons nos enquêtes sur la convergence de diverses informations,
souvent peu informatif du contenu.
sans rechercher systématiquement la confirmation par les firmes.
L’absence de précision sur la disponibilité de la substance signifie
PANZYGA° solution pour perfusion  : immuno qu’elle reste commercialisée en France.
globulines humaines polyvalentes 100  mg/ml
- collect. et rétrocédable - Copie de Octagam°. AMYCOR° solution pour application locale en
TALMANCO° comprimés : tadalafil 20 mg - collect. flacon pulvérisateur - bifonazole.
et rétrocédable - Copie de Adcirca° (lire p. 509-510). FANSIDAR° comprimés - sulfadoxine + pyrimétha-
VAXELIS° suspension injectable en seringue pré- mine. Il ne reste plus de spécialité commercia-
remplie  : anatoxines diphtérique et tétanique lisée avec la sulfadoxine.
+ antigènes pertussiques + antigène de surface KETEK° comprimés - télithromycine. Il ne reste plus
de l’hépatite B recombinant + polyoside d’Hae- de spécialité commercialisée avec cette substance
mophilus influenzae de type b + virus polyomé- (lire dans ce numéro p. 484 et ci-dessus).
litiques inactivés de types 1, 2 et 3 - Séc. soc. LUCENTIS° solution injectable en flacon - ranibi-
65 % et collect. - Copie de InfanrixHexa°. zumab.
XYBILUN° films orodispersibles : sildénafil 50 mg, PEGASYS° solution injectable en stylo prérempli
75 mg et 100 mg - Non remb. Séc. soc. et non à 180 microg - peginterféron alfa-2a.
agréé collect. au 29 mai 2018 - Copie de Viagra°. PLIAGLIS° crème - lidocaïne + tétracaïne.
Les autres spécialités à base de sildénafil dans VAXIGRIP° suspension injectable en seringue
les troubles de l’érection sont disponibles en préremplie - vaccin trivalent à virus de la grippe
comprimés dosés à 25 mg, 50 mg et 100 mg. inactivé.
©Prescrire ©Prescrire

Page 510 • L a revue Prescrire • Jui et 2018 • ome 38 N° 417


VIGILANCES
Vicks vaporub° : les risques des dérivés terpéniques
Début 2018, le Centre régional de pharmaco- nombreuses vertus dans diverses situations, telles que :
vigilance Nord-Pas-de-Calais a rapporté l’acné et les points noirs, la sécheresse vaginale, la répul-
une  série d’observations d’effets indési- sion des moustiques, des douleurs variées (1).
rables et d’usages à risque de la pommade Par voie cutanée, le passage des dérivés terpéniques
Vicks vaporub°, commercialisée en France comme dans la circulation générale augmente avec la quantité
décongestionnant dans les affections respiratoires appliquée, la durée de l’exposition et sous pansement
banales chez les adultes et les enfants âgés de 6 ans et occlusif, comme cela semble pratiqué sur le ventre, de
plus (1,2). Cette pommade est présentée pour être ap- façon prolongée, à visée amaigrissante (1).
pliquée sur la poitrine ou le cou, ou mélangée à de l’eau
en inhalation (2). Elle contient des dérivés terpéniques  En pratique Les médicaments qui contiennent un concen-
concentrés, qui exposent à une toxicité neurologique, tré de dérivé terpénique exposent à des effets indésirables
notamment à des convulsions : camphre, lévomenthol, graves, surtout en cas d’utilisation augmentant leur ab-
huile essentielle d’eucalyptus, thymol (1,2). sorption. Voilà de quoi ne surtout pas banaliser ces médi-
La base de données française de pharmacovigilance caments, même à visée locale.
contient 21 notifications d’effets indésirables avec cette ©Prescrire
pommade, dont 12 graves. Ce sont surtout des réactions
allergiques et des crises convulsives. Dans 5 cas, l’uti-
1- CRPV Nord-Pas-de-Calais “Éditorial : à propos de recettes miracles
lisation n’était pas conforme aux modalités d’utilisation trouvées sur internet” Brèves en pharmacovigilance 2018 ; 58 : 1.
figurant dans le résumé des caractéristiques (RCP)  : 2- ANSM “RCP-Vicks vaporub” 20 juin 2012 : 4 pages.
application nasale, ingestion ou application de la pom- 3- Sahay P et coll. “Topical ayurvedic ointment-induced chemical injury
made sur toute la face (1,2). presenting as bilateral acute keratitis” BMJ Case Rep 2017 ; 10.1136/
bcr-2017-220739.
Quelques observations détaillées d’effets indésirables 4- Kilaru H et coll. “Nasal application of petrolatum ointment - a silent
liés à l’application de pommade Vicks vaporub° ont été cause of exogenous lipoid pneumonia : successfully treated with pred-
publiées : une femme de 40 ans atteinte de kératite bila- nisolone” Respir Med Case Rep 2017 ; 22 : 98-100.
térale après application de Vicks vaporub° sur le front et 5- Cherrez Ojeda I et coll. “Exogenous lipid pneumonia related to long-
term use of Vicks Vaporub by an adult patient : a case-report” BMC Ear
les paupières pour une migraine  ; des pneumopathies Nose Throat Disord 2016 ; 16 : 11.
lipidiques après applications sur le nez, même sans appli- 6- Gattuso P et coll. “Exogenous lipoid pneumonitis due to Vicks Vaporub
cation intranasale, sur une longue durée ; des convulsions ; inhalation diagnosed by fine needle aspiration cytology” Cytopathology
des taches de dépigmentation sur le visage (3à8). 1991 ; 2 (6) : 315-316.
7- Ruha AM et coll. “Late seizure following ingestion of Vicks Vaporub”
Diverses “recettes” circulent sur internet, concernant Acad Emerg Med 2003 ; 10 (6) : 691.
l’application de cette pommade, en quantité parfois im- 8- Boyse KE et Zirwas MJ “Chemical leukoderma associated with Vicks
portante, comme un remède qui serait naturel et doté de vaporub” J Clin Aesthetic Derm 2008 ; 1 (4) : 34-35.

Clozapine ou autres neuroleptiques :


occlusions intestinales mortelles
En 2017, les centres de pharmacovigilance pine sont liés à ses effets atropiniques. D’autres neurolep-
néozélandais et australiens ont publié un bilan tiques exposent aussi, du fait de leurs effets atropiniques,
des observations de troubles de la motilité à des occlusions intestinales, des colites ischémiques et
digestive imputés à la clozapine, notifiés entre des nécroses intestinales parfois mortelles (3,4).
1992  et 2013. Ont été rapportées 160  notifications de
troubles graves, dont 70 constipations et 62 obstructions  En pratique Sous neuroleptique atropinique, une consti-
intestinales. Au moins 29 patients sont morts. Souvent pation est a priori un problème sérieux. Il est utile d’en-
la première consultation médicale a été tardive alors que courager les patients exposés à signaler les troubles du
le trouble était déjà avancé. Et de nombreux patients transit et de prendre en compte ces signaux : réduction
avaient une impaction fécale à l’autopsie alors qu’il de la dose ou arrêt du médicament, et prise de laxatif.
n’apparaissait pas de plaintes de constipation antérieures ©Prescrire
dans le dossier. Les patients avaient de 17 ans à 76 ans,
dont deux tiers d’hommes. Les doses de clozapine allaient 1- Every-Palmer S et Ellis PM “Clozapine-induced gastrointestinal hypo-
motility : a 22-year bi-national pharmacovigilance study of serious or fatal
de 25 mg par jour à 1 000 mg par jour, et la durée médiane ’slow gut’ reactions, and comparison with international drug safety
d’exposition était de 2,5 ans (1). advice” CNS Drugs 2017 ; 31 (8) : 699-709.
Entre 1993 et 2017, la pharmacovigilance britannique 2- MHRA “Clozapine : reminder of potentially fatal risk of intestinal
a fait état de 370 notifications d’obstruction intestinale obstruction, faecal impaction, and paralytic ileus” Drug Safety Update
2017 ; 11 (3) ; 6-7.
imputée à la clozapine, ainsi que 135 fécalomes et 86 iléus 3- Prescrire Rédaction “Neuroleptiques : occlusions intestinales” Rev
paralytiques, parfois mortels (2). Prescrire 2011 ; 31 (330) : 268.
Les effets ralentisseurs du transit intestinal de la cloza- 4- ANSM “RCP-Largactil” 22 janvier 2018 : 8 pages.

L a revue Prescrire • Jui et 2018 • ome 38 N° 417 • Page 511


VIGILANCES

Gadolinium, IRM et grossesse :


des risques pour l’enfant à naître

RÉSUMÉ parfois observées chez les patients insuffisants rénaux


parfois en lien avec le gadolinium (3à5). Ces effets
●● Les substances à base de gadolinium sont uti- s’additionnent à ceux des appareils d’IRM qui sou-
lisées comme produits de contraste en imagerie mettent les patients à des champs magnétiques
par résonance magnétique (IRM). Certaines sont puissants (lire l’encadré p. 514) (6).
tératogènes ou fœtotoxiques chez l’Animal. Les substances à base de gadolinium traversent
le placenta chez diverses espèces animales (7).
●● Mi-2018, la comparaison de 397 enfants expo- Chez une femme enceinte, quand une IRM avec
sés au gadolinium durant la grossesse aux enfants injection de gadolinium est effectuée, quels sont
nés durant la même période en Ontario au Cana- les risques encourus par l’enfant exposé in utero ?
da, a montré chez les enfants exposés une aug- Une étude de cohorte rétrospective canadienne
mentation du risque de mort in utero ou à la nais- publiée en 2016 a apporté des éléments de réponse,
sance, et des doutes quant au risque d’affections toujours pertinents en 2018 en cas d’exposition à
du tissu conjonctif. une IRM, avec ou sans gadolinium (8).

●● En cas d’exposition à une IRM sans gadolinium


au 1er trimestre, les anomalies vasculaires, diges- Une étude chez environ 400 enfants
tives, musculosquelettiques et les cécités ont sem- exposés
blé plus fréquentes qu’en absence d’IRM.
À partir d’une base de données de l’Ontario au
●● Au vu des données disponibles début 2018, avant Canada, cette étude a porté sur plus d’un million
de décider d’une IRM avec ou sans gadolinium chez d’enfants nés entre 2003 et 2015. Parmi eux, 397 en-
une femme enceinte, il importe d’étudier en quoi les fants, dont 393 nés vivants, avaient été exposés in
résultats de l’IRM changeraient quelque chose à utero au gadolinium pour une IRM. Le compte
l’évolution clinique qui puisse justifier la prise de rendu de l’étude ne précise pas quelles substances
risques chez l’enfant à naître, malgré les incertitudes. ont été utilisées, ni leur type. Toutefois, les structures
Rev Prescrire 2018 ; 38 (417) : 513-515 macrocycliques sont devenues d’usage courant en
Ontario en cours d’étude, et représentaient 90  %
des substances utilisées en fin d’étude (9).

L
e gadolinium, un ion lanthanide, est utilisé par Les auteurs ont tenu compte du trouble motivant
voie intraveineuse pour modifier le contraste lors l’IRM, avec ou sans gadolinium, qui différenciait le
d’examens d’imagerie par résonance magnétique groupe de femmes exposées du groupe témoin.
(IRM)*. En fonction de leur structure, les substances D’autres facteurs de confusion ont été pris en
à base de gadolinium sont plus ou moins stables, et compte, dont l’âge, la parité*, l’année de l’accou-
libèrent une quantité plus ou moins importante de chement, le lieu de résidence, ainsi que divers
gadolinium dans le sang, qui s’accumule ensuite dans troubles (hypertension artérielle, diabète, tabagisme,
le cerveau, le foie, les reins, les muscles, la peau, les obésité, atteinte rénale, etc.) (8).
os. Les structures macrocycliques (acide gadotérique,
gadobutrol, gadotéridol) sont plus stables que les Gadolinium  : données d’environ 300  grossesses
structures linéaires (gadobénate de méglumine, gado au 1er  trimestre. Chez les 287  enfants nés vivants
diamide, gadopentétate de méglumine, gadoversé- exposés au gadolinium durant le premier trimestre
tamide) (1). Début 2018, l’autorisation de mise sur le de grossesse, il n’est pas apparu d’augmentation si-
marché (AMM) de certaines spécialités à base de gnificative du taux d’anomalies congénitales par
gadolinium à structure linéaire commercialisées en rapport aux enfants non exposés (8).
France ont été suspendues ou restreintes (1,2). On dispose par ailleurs de données issues de
Avec le gadolinium ont été rapportés des céphalées, seulement 27 grossesses exposées au gadopenté-
des nausées, des vomissements, des vertiges, des tate de méglumine au premier trimestre, ce qui est
sensations transitoires de chaleur ou de froid, des trop peu pour repérer un risque (7,10à12).
troubles du goût (3). Plus rarement, le gadolinium Les études chez l’Animal ont montré un effet té-
expose à des effets indésirables graves : convulsions, ratogène de certaines substances à base de gado-
hypotensions artérielles, réactions d’hypersensibilité. linium : microphtalmies et anomalies rétiniennes
On ne connaît pas les conséquences à long terme de avec le gadobénate de méglumine, anomalies du
l’accumulation de gadolinium dans certains organes. squelette avec le gadodiamide, malformations du
Des fibroses systémiques néphrogéniques* ont été système cardiovasculaire avec le gadoversétamide

L a revue Prescrire • Jui et 2018 • ome 38 N° 417 • Page 513


VIGILANCES

IRM sans gadolinium chez une femme enceinte

L’ imagerie par résonance magnétique (IRM) utilise des


champs électromagnétiques puissants, qui échauffent les
tissus. L’intensité du champ magnétique des appareils d’IRM
10e semaine d’aménorrhée, avec un risque relatif (RR) de
1,3 (intervalle de confiance à 95 % (IC95) : 1,1 à 4,8) (3).
Les malformations (sans détail) et les troubles de l’audi-
est le plus souvent égale à 1 tesla, soit plus de 20 000 fois tion ont paru plus fréquents, sans que la différence soit
l’intensité du champ magnétique terrestre. Les appareils statistiquement significative. Il n’y a pas eu de différence
d’IRM en fonctionnement génèrent un bruit important (1,2) entre les deux groupes de femmes enceintes, exposées ou
Quels sont les principaux effets d’une IRM sur l’embryon non à une IRM, pour les morts fœtales ou néonatales, ni
ou le fœtus ? pour la survenue de cancer (3).

Études animales difficilement interprétables. Les études Deuxième et troisième trimestres de grossesse : peu de
in vitro n’ont pas mis en évidence d’effet mutagène de l’IRM données. En fin de grossesse, quand une IRM abdominale
(1). Des études chez l’Animal ont eu des résultats divergents respecte les limites autorisées pour la mère, des auteurs ont
quant aux effets sur la croissance et à la survenue de malfor- mis en évidence que le fœtus est exposé à un champ électro-
mations. Leur interprétation est difficile car elles diffèrent magnétique supérieur à 7 fois la limite autorisée dans la popu-
notamment par l’intensité du champ magnétique utilisé et la lation générale. Les conséquences ne sont pas connues (1).
durée d’exposition. Des études isolées ont mis en évidence L’étude canadienne n’a pas évalué de façon probante les
des anomalies du squelette, des anomalies ophtalmiques expositions à des IRM sans gadolinium après le premier
chez les souris, et des pertes fœtales chez les rates exposées trimestre de la grossesse, car les résultats sont biaisés par
à des intensités proches de celles reçues par les femmes l’exposition pour des imageries fœtales dans le but de pré-
enceintes manipulatrices d’appareils d’IRM. Il n’a pas été ciser des malformations ou des tumeurs (3).
montré d’effets de l’IRM sur les fonctions cognitives, ni sur Aux deuxième et troisième trimestres de la grossesse, le
la mort cellulaire, ni sur la survenue de troubles neurologiques. fœtus est aussi exposé aux bruits générés par l’appareil d’IRM
(1,4). Le suivi d’une centaine d’enfants exposés in utero à
Premier trimestre de grossesse : atteintes vasculaires, 1 ou 2 examens d’IRM, n’a pas mis en évidence de perte audi-
digestives, musculosquelettiques et cécités ? Au premier tive  (1). Une autre étude menée chez environ 800  enfants
trimestre de grossesse, on dispose surtout des données de exposés in utero à une IRM a eu des résultats similaires lors
l’étude canadienne publiée en 2016 et présentée dans ce des tests des enfants dans leurs 3 premiers mois de vie (5).
numéro pages  513-516 (1,3). Dans cette étude, environ ©Prescrire
1 500 enfants ont été exposés à une IRM sans gadolinium
au cours du premier trimestre de grossesse, la plupart du
1- “Reprotox”. Site reprotox.org consulté en avril 2018.
temps entre la 2e et la 5e semaine d’aménorrhée. Les IRM 2- “Champ magnétique”. In  : “Dictionnaire médical de l’Académie de
pratiquées ont surtout concerné la tête et la colonne verté- Médecine-version 2016-1” ; site internet dictionnaire.academie-medecine.
brale de la mère. fr consulté le 10 avril 2018.
3- Ray JG et coll. “Association between MRI exposure during pregnancy
Après ajustement sur divers facteurs de confusion, des and fetal and childhood outcomes” JAMA 2016 ; 316 (9) : 952-961.
anomalies vasculaires, digestives et musculosquelettiques 4- Prescrire Rédaction “Grossesse et bruit en milieu professionnel : un
ont semblé plus fréquentes dans le groupe exposé (3). risque pour l’oreille du fœtus” Rev Prescrire 2017 ; 37 (408) : 780-781.
5- Strizek B et coll. “Safety of MR imaging at 1,5 T in fetuses : a retrospec-
Des cécités ont été observées 2 fois plus souvent dans tive case-control study of birth weights and the effects of acoustic noise”
le groupe des enfants exposés à une IRM entre la 5e et la Radiology 2015 ; 275 (2) : 530-537.

(tous trois de structure linéaire). Mais le gadopen- premier trimestre de grossesse, avec ou sans ga-
tétate de méglumine (linéaire), le gadobutrol, et le dolinium, versus 18  pour 1  000  dans le groupe
gadotéridol (macrocycliques) n’ont pas semblé exposé au gadolinium pendant la grossesse (8).
tératogènes chez l’Animal (7,9à11). Cette étude a aussi porté sur 104 enfants exposés
au gadolinium aux deuxième et troisième trimestres
Plus de morts fœtales ou dans les 28 jours suivant de grossesse et suivis jusqu’à l’âge maximum de
la naissance. Après ajustement, les résultats de 4 ans sans mettre en évidence de signal notable (8).
l’étude canadienne ont montré un risque de mort Chez l’Animal, des avortements spontanés, des
in utero ou dans les 28 jours suivant la naissance morts embryonnaires, des retards de croissance
environ 4 fois plus grand avec un risque relatif (RR) intra-utérins et des naissances prématurées ont été
de 3,7 (intervalle de confiance à 95 % (IC95) : 1,6 à observés avec le gadobutrol, le gadopentétate de
8,9) chez les 397  enfants exposés au gadolinium méglumine et le gadotéridol, à des doses supérieures
durant la grossesse par rapport aux enfants non à celles utilisées dans l’espèce humaine (7,10à12).
exposés. L’incidence des morts in utero ou dans les Notre recherche documentaire n’a pas recensé d’autre
28 jours suivant la naissance a été d’environ 7 pour étude épidémiologique évaluant uniquement les
1 000 dans le groupe non exposé à l’IRM, versus risques d’une exposition au gadolinium pendant les
11  pour 1  000  dans le groupe exposé à l’IRM au deuxième ou troisième trimestres de grossesse. On

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VIGILANCES

dispose de données issues de 24 grossesses exposées flexion des articulations, parfois associée à une
au gadopentétate de méglumine aux deuxième ou fibrose d’autres organes, liée à l’utilisation de gado-
troisième trimestres, et de 104 grossesses à une période linium chez des patients insuffisants rénaux.
non définie. Ces données n’ont pas montré de signal,
imagerie par résonance magnétique (IRM) : technique
mais elles portent sur très peu de grossesses (7,10à12). d’imagerie qui consiste à soumettre le patient à un
champ magnétique pour construire par ordinateur
Fibroses ? Dans l’étude canadienne, 393 enfants ex- des images en coupe à partir du signal émis par les
posés in utero au gadolinium puis nés vivants ont été protons contenus dans l’eau de ses tissus (phéno
suivis jusqu’à l’âge de 4 ans maximum (8). La fréquence mène de résonance magnétique nucléaire).
des atteintes des tissus conjonctifs ou de la peau, entre parité : nombre d’enfants dont une femme a accouché :
1 an et 4 ans, a été de 33 enfants pour 10 000 exposés une femme nullipare n’a vécu aucun accouchement ;
au gadolinium in utero versus 18  enfants pour une femme primipare accouche pour la première
10  000  non exposés. La différence entre les deux fois ; une femme multipare a accouché plusieurs
groupes n’a pas été statistiquement significative (8). fois.
Les auteurs ont réalisé une évaluation plus large
en comparant, toujours à partir des codes d’affec-
tions dans les bases de données, la survenue de
Noms commerciaux des médicaments
symptômes de fibrose néphrogénique  rhumato en France F, Belgique B et Suisse CH
logiques, inflammatoires et cutanés. Ils ont mis en
évidence un risque accru en cas d’exposition au acide gadotérique – F B CH  DOTAREM° ou autre
gadolinium durant la grossesse (RR = 1,4 ; IC 95 : gadobénate de méglumine
1,1  à 1,7), y compris au cours du premier tri- – F B CH  MULTIHANCE° (scanner hépatique)
mestre (RR = 1,4 ; IC 95 : 1,1 à 1,8) (8). gadobutrol – F B CH GADOVIST°
gadodiamide – F B ex-OMNISCAN° ; CH OMNISCAN°
Troubles de l’audition ? Par ailleurs, les données gadopentétate de méglumine – F B ex-MAGNEVIST° ;
CH MAGNEVIST°
d’exposition à l’IRM chez l’Animal et chez les femmes
gadotéridol – F B CH PROHANCE°
enceintes rendent prévisibles des troubles de l’au-
dition ou des atteintes oculaires chez les enfants gadoversétamide – F B CH (—)
(lire encadré p. 514). Les troubles de l’audition ou
oculaires n’ont pas été étudiés, ce qui ne permet
pas de déterminer si le gadolinium majore ce risque.
Recherche documentaire et méthode d’élaboration
Notre recherche documentaire a reposé sur le suivi mis en œuvre au
sein du centre de documentation Prescrire, sur la consultation systé-
 En pratique  Des signaux à prendre matique d’ouvrages de base (Briggs Drugs in Pregnancy and lactation
en compte 11th ed., Martindale The complete drug reference, UpToDate), sur
l’interrogation systématique des bases de données Reprotox, Shepards
catalog of teratogenic agents, et Teris, ainsi que sur la consultation
Mi-2018, les conséquences de l’exposition d’un des sites internet des organismes suivants : ANSM, CRAT, EMA, FDA,
enfant à naître au gadolinium utilisé pour les IRM pour la dernière fois le 13 avril 2018. Les données issues de ces diverses
sources ont été compilées pour chaque substance, permettant, entre
sont mal connues. Une vaste étude épidémiologique autres, d’estimer le nombre de femmes enceintes exposées et suivies
a montré une augmentation de la fréquence de par trimestre de grossesse dans les études recensées.
morts fœtales ou néonatales et d’affections du Les procédures d’élaboration de cette synthèse ont suivi les méthodes
habituelles de Prescrire, notamment : vérification des sources et de
tissu conjonctif en lien avec l’utilisation de gadoli- leur analyse, relecture externe, contrôles de qualité multiples.
nium durant la grossesse. Durant cette période, une 1- Prescrire Rédaction “Gadolinium  : dépôts cérébraux” Rev
IRM, même sans gadolinium, expose peut-être à Prescrire 2017 ; 37 (408) : 748-749.
2- ANSM “Lettre aux professionels de santé. Produits de contraste à
des atteintes oculaires, voire à une cécité. base de gadolinium et rétention de gadolinium dans le cerveau et dans
Malgré la fragilité inhérente à ce type d’études, d’autres tissus” janvier 2018 : 3 pages.
ces résultats sont à prendre en compte et conduisent 3- “Gadopentetic acid”. In : “MartindaleThe complete drug reference”
The Pharmaceutical Press, London. Site www.medicinescomplete.
à soupeser soigneusement l’intérêt d’une IRM avec com consulté le 19 avril 2018 : 7 pages.
gadolinium chez une femme enceinte ou qui pour- 4- Prescrire Rédaction “Insuffisance rénale et gadolinium : gare” Rev
rait l’être. Quand une IRM avec gadolinium est Prescrire 2006 ; 26 (275) : 587.
5- Prescrire Rédaction “Insuffisance rénale et gadolinium (suite)” Rev
décidée, il est prudent d’utiliser une substance de Prescrire 2008 ; 28 (292) : 110.
structure macrocyclique. 6- Prescrire Rédaction “Contre-indications de l’IRM” Rev Prescrire 2010 ;
Synthèse élaborée collectivement 20 (210) : 695-696.
par la Rédaction 7- “Briggs Drugs in Pregnancy and Lactation. A reference guide to fetal
and neonatal risk” 11th ed. Lippincott Williams and Wilkins, Philadelphia
sans aucun conflit d’intérêts 2011.
©Prescrire 8- Ray JG et coll. “Association between MRI exposure during pregnan-
cy and fetal and childhood outcomes” JAMA 2016 ; 316 (9) : 952-961
+ “Annexes” : 18 pages.
9- Symons SP et coll. “Magnetic resonance imaging exposure during
GLOSSAIRE pregnancy” JAMA 2016 ; 316 (21) : 2275-2276.
10- “Reprotox”. Site reprotox.org consulté en avril 2018.
Les termes expliqués de façon concise dans ce glossaire
11- “Shepard’s catalog of teratogenic agents”. Site depts.washington.
sont signalés dans le texte par un astérisque (*) edu/terisdb consulté en avril 2018.
fibrose systémique néphrogénique : atteinte fibrotique 12- “TerisTeratogen Information System”. Site depts.washington.edu/
terisdb consulté en avril 2018.
de la peau, qui devient épaisse et rigide, altérant la

L a revue Prescrire • Jui et 2018 • ome 38 N° 417 • Page 515


Repères

L
Recherche documentaire Prescrire actualisée le 9 avril 2018 a fièvre jaune est due au virus amaril, un virus
1-Newberry SJ et coll. “Diagnosis of gout. A systematic review in transmis par piqûre de moustiques de diverses
support of an American College of Physicians clinical practice guide-
line” Ann Intern Med 2017 ; 166 (1) : 27-36. espèces (Aedes ou Haemagogus) (1). La fièvre jaune
2- “Gout” (révision avril 2015). In : “NHS Clinical Knowledge Summa- est endémique dans des régions où prolifèrent ces
ries” National Institute for Health and Clinical Excellence. Site www. moustiques : les zones intertropicales d’Afrique sub-
cks.nice.org.uk consulté le 16 mars 2018 : 30 pages.
3- Prescrire Rédaction “Crise de goutte” Premiers Choix Prescrire, saharienne et d’Amérique centrale et du Sud (1à4).
actualisation janvier 2017 : 4 pages. Selon une estimation de l’Organisation mondiale de
4- Neogi T et coll. “2015 Gout classification criteria” Arthritis Rheuma- la santé (OMS), la fièvre jaune aurait causé entre
tol 2015 ; 67 (10) : 2557-2568.
5- Bardin T et coll. “Prevalence of Gout in the Adult Population of 29  000  et 60  000  morts en Afrique en 2013 (5). En
France” Arthritis Care Res 2016 ; 68 (2) : 261-266. 2016 et 2017, des épidémies en Angola et en République
6- Dalbeth N et coll. “Gout” Lancet 2016 ; 388 : 2039-2052. démocratique du Congo, puis en Amérique du Sud,
7- Goldenberg DL et coll. “Septic arthritis in adults” UpToDate. Site
www.uptodate.com consulté le 22 mars 2018 : 16 pages.
notamment au Brésil et au Pérou, ont fait plusieurs
8- Leiszler M et coll. “Are serum uric acid levels always elevated in centaines de morts. En 2017, une femme a été infectée
acute gout ?” J Fam Pract 2011 ; 60 (10) : 618-620. par le virus de la fièvre jaune en Guyane fran-
9- Janssens HJEM et coll. “Performance of the 2015 ACR-EULAR çaise (3,4et6).
classification criteria for gout in a primary care population presenting
with monoarthritis” Rheumatology 2017 ; 56 (8) : 1335-1341.
10- Louthrenoo W et coll. “Performance of the 2015 American College Infection parfois mortelle. La gravité de la fièvre
of Rheumatology/European League Against Rheumatism gout clas-
sification criteria in Thai patients” Rheumatol Int 2017 ; 37 (5) : 705-711.
jaune est très variable. Après une incubation de
11- Becker MA et coll. “Clinical manifestations and diagnosis of calcium 3  jours à 6  jours, la maladie débute brutalement
pyrophosphate crystal deposition (CPPD) disease” UpToDate. Site avec fièvre, malaise, maux de tête, douleurs mus-
www.uptodate.com consulté le 23 mars 2018 : 24 pages.
12- Prescrire Rédaction “Rapports de vraisemblance  : utiles pour
culaires, vomissements, parfois rougeur des conjonc-
passer d’une grande incertitude à la “quasi-certitude”” Rev Prescrire tives et de la face. La plupart des patients guérissent
2011 ; 31 (333) : 543-547. sans séquelle et conservent une immunité durable
(2,4,7). Les données manquent quant aux consé-
quences d’une infection par le virus de la fièvre
jaune au cours d’une grossesse.
Chez environ 15 % des patients, après une amé-
lioration passagère, la maladie évolue vers une
forme grave avec ictère, hémorragies, insuffisance
rénale. Cette forme grave est mortelle chez environ
Fièvre jaune un patient sur deux. On ne connaît pas de traitement
curatif de la fièvre jaune (2,4,7).
Vacciner les voyageurs se rendant en zone
d’endémie Vaccination : immunité protectrice chez plus
de 95 % des personnes. Dans les zones d’endé-
mie, le risque de contamination par le virus de la
●● La fièvre jaune est une infection virale parfois fièvre jaune est diminué par des mesures de pro-
mortelle transmise par les moustiques en zone tection vis-à-vis des moustiques : suppression des
tropicale. Une seule injection de vaccin fièvre jaune, gîtes potentiels de reproduction des moustiques,
alias vaccin amaril, protège efficacement pendant protection par moustiquaires, port de vêtements
toute la vie au prix de très rares effets indésirables protecteurs et usage de répulsifs (2,5).
graves. La vaccination est la principale mesure de pro-
tection individuelle contre la fièvre jaune. En Afrique,
●● En France, le vaccin n’est disponible que dans des campagnes de vaccination de masse ont été
les centres habilités à effectuer la vaccination contre conduites depuis le milieu du 20e siècle, faisant
la fièvre jaune. disparaître la maladie dans les zones où la couver-
ture vaccinale a été maintenue (7).
Le vaccin fièvre jaune, alias vaccin amaril, est
produit à partir d’un virus vivant atténué (3,7).
Administré en dose unique, il confère une immu-
nité protectrice chez plus de 95 % des personnes,
la protection est effective à partir du dixième jour
suivant l’administration (2,3,7).

Rares effets indésirables graves. La vaccination


contre la fièvre jaune expose à des effets indésirables
le plus souvent bénins, à type de maux de tête,
douleurs musculaires, fièvres, douleurs au point
d’injection, éruptions. Elle est aussi à l’origine de
rares réactions anaphylactiques, notamment chez
les personnes allergiques à l’œuf ou à la gélatine
qui entrent dans la fabrication des vaccins (7).

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Repères

Selon des données de l’OMS, des effets indési- Vaccination une fois pour toute la vie, en
rables graves de la vaccination contre la fièvre jaune général. Sur la base d’études épidémiologiques,
sont rapportés dans environ un cas pour 100 000 vac- l’OMS a estimé que la protection conférée par une
cinations : troubles neurologiques (méningites, en- injection unique de vaccin amaril se prolonge pen-
céphalites, syndromes de Guillain-Barré) ; maladies dant la vie entière. La validité à vie des certificats
généralisées liées à la dissémination du virus vacci- internationaux de vaccination amarile a été inscrite
nal. Des effets indésirables graves sont plus fréquents en 2016 au Règlement sanitaire international (RSI).
chez les nourrissons âgés de moins de 6 mois et chez Le RSI, coordonné par l’OMS, est un accord signé
les personnes âgées de plus de 60 ans (7). par 196 États, dont les États membres de l’OMS. La
validité d’une vaccination par vaccin amaril était
Éviter la vaccination contre la fièvre jaune antérieurement de 10 ans.
chez les femmes enceintes et allaitantes. Aucun rappel n’est préconisé par l’OMS (3,7,9).
Comme tous les vaccins à virus vivants, le vaccin Cependant, le Haut conseil de la santé publique fran-
amaril expose à une transmission au fœtus en cas çais recommande d’effectuer une vaccination de
de vaccination pendant la grossesse. Trois études rappel 10 ans plus tard chez les femmes préalablement
portant sur de faibles effectifs ont examiné le risque vaccinées pendant une grossesse et chez les personnes
d’atteinte fœtale après vaccination de femmes en- vivant avec le HIV ayant un taux de lymphocytes T
ceintes. Les résultats n’ont pas montré d’augmenta- CD4+ supérieur à 200 par mm3, en raison de doutes
tion des malformations ou des morts fœtales, mais sur la persistance de l’immunité chez ces personnes.
peut-être une légère augmentation des avortements Il recommande un rappel à partir de l’âge de 6 ans en
spontanés (7). Le vaccin amaril semble moins efficace cas de nouveau voyage en zone à risque chez les
chez les femmes vaccinées pendant la grossesse (7). enfants vaccinés pour la première fois avant l’âge de
La vaccination d’une femme allaitante expose à une 2  ans. Un rappel est aussi recommandé pour les
transmission du virus vaccinal au nourrisson par le personnes vaccinées depuis plus de 10 ans lorsqu’une
lait maternel et à une infection généralisée (3,7,8). épidémie de fièvre jaune sévit dans le pays visité (3).
Une diminution d’efficacité des vaccins ayant été
À éviter aussi en cas d’immunodépression. observée en cas de vaccination simultanée du vac-
Comme tous les vaccins vivants, le vaccin amaril cin amaril avec le vaccin rougeole-oreillons-rubéole
est à éviter chez les personnes ayant une immuno (ROR), il est recommandé d’espacer d’au moins
dépression sévère congénitale ou acquise, notam- 4 semaines l’administration de chacun des vaccins,
ment chez les patients qui ont une infection par le sauf départ imminent en zone d'endémie (3,11).
virus de l’immunodéficience humaine (HIV) sym
ptomatique ou avec un taux de lymphocytes T CD4+ Uniquement en centres de vaccination contre
inférieur à 200 par mm3 et chez ceux qui reçoivent la fièvre jaune. En France, le vaccin fièvre jaune
un traitement qui diminue l’immunité (3,7). n’est disponible que dans les centres habilités à
effectuer la vaccination contre la fièvre jaune (3).
Vacciner en cas de séjour en zone d’endémie. La liste de ces centres et la liste des pays qui exigent
La vaccination contre la fièvre jaune est recommandée ou recommandent la vaccination contre la fièvre
et le plus souvent obligatoire pour toute personne jaune, sont accessibles sur le site internet du mi-
âgée de plus de 9  mois se rendant dans une zone nistère de la santé français (a).
d’endémie. Pour les personnes résidant en Guyane
française, la vaccination est obligatoire. Le vaccin est  En pratique Pour les voyageurs qui se rendent dans
à éviter avant l’âge de 6 mois. Il n’est à administrer une zone d’endémie amarile, la vaccination est la
aux enfants âgés de 6 mois à 9 mois qu’en cas d’épi- principale mesure préventive. Les effets indésirables
démie de fièvre jaune dans le lieu visité (2,3,7,9,10). graves de cette vaccination sont très rares en regard
La décision de vacciner contre la fièvre jaune une de son efficacité contre cette infection souvent mortelle.
femme enceinte devant se rendre en zone d’endé- ©Prescrire
mie dépend de l’impossibilité de différer le voyage,
du niveau de risque de fièvre jaune dans les lieux
visités et des incertitudes sur les risques liés au a- Site solidarites-sante.gouv.fr
vaccin vivant (3,7). En cas de vaccination d’une
femme qui allaite, il est prudent de suspendre l’al-
laitement et de tirer le lait et le jeter pendant les Extraits de la veille documentaire Prescrire
deux semaines suivant la vaccination, et de pour- 1- Prescrire Rédaction “Fièvre jaune en Afrique” Rev Prescrire 2002 ;
22 (234) : 846.
suivre ensuite l’allaitement (3).
2- “Immunizations-travel” (révision octobre 2016). In  : “Clinical
Le cas échéant, les médecins des centres de vac- knowledge summaries” National Institute for Health and Care Excel-
cination antiamarile ou le médecin traitant peuvent lence. Site www.nice.org.uk consulté le 18 septembre 2017 : 34 pages.
délivrer un certificat de contre-indication à la vac- 3- Haut conseil de la santé publique “Recommandations sanitaires
pour les voyageurs, 2018 (à l’attention des professionnels de santé)”
cination contre la fièvre jaune, sans lequel les BEH 25 mai 2018 : 67 pages.
personnes non vaccinées ne seraient pas autorisées 4- Franke F et coll. “Fièvre jaune : situation internationale et risque en
métropole” Bulletin Veille Sanitaire 2017 ; 3 : 11-12.
à entrer dans les pays concernés (3).
5- Organisation mondiale de la santé “Yellow fever” Fact sheet mai
2016. Site www.who.int consulté le 16 octobre 2017 : 6 pages.

L a revue Prescrire • Jui et 2018 • ome 38 N° 417 • Page 535


Repères

6- Agence régionale de santé Guyane “Confirmation d’un cas de fièvre Selon l’Uspstf, balance bénéfices-risques
jaune en Guyane” Communiqué de presse. 22 août 2017 : 2 pages. défavorable. Fin 2017, l’US Preventive Services
7- Organisation mondiale de la santé “Note de synthèse : position de
l’OMS sur les vaccins et la vaccination contre la fièvre jaune, juin 2013” Task Force (Uspstf), un organisme public étatsunien
Wkly Epidemiol Rec 2013 ; 88 (27) : 269-283. d’évaluation, a mis à jour ses recommandations
8- Centers for Disease Control and Prevention “Transmission of yellow concernant le traitement hormonal substitutif de la
fever vaccine virus through breast-feeding - Brazil, 2009” Morb Mortal
Wkly Rep 2010 ; 59 (5) : 130-132. ménopause. En se basant sur une synthèse métho-
9- Organisation mondiale de la santé “Amendement à l’annexe 7 (fièvre dique des données, dont celles de l’essai dit WHI,
jaune) du Règlement sanitaire international (2005). Durée de la pro- le groupe a maintenu ses précédentes recomman-
tection conférée par la vaccination contre la fièvre jaune et validité du
certificat de vaccination correspondant étendues à la vie entière du dations. Il a conclu à une balance bénéfices-risques
sujet vacciné” 11 juillet 2016 : 4 pages. défavorable du traitement hormonal substitutif de
10- Ministère des solidarités et de la santé “Calendrier des vaccinations
et recommandations vaccinales 2018” janvier 2018 : 72 pages.
la ménopause en raison notamment  : du risque
11- Public Health England “Revised recommendations for the admin- accru d’accidents thromboemboliques, d’accidents
istration of more than one live vaccine” avril 2015 : 4 pages. vasculaires cérébraux et de cancers du sein lors
d’un traitement estroprogestatif chez des femmes
non hystérectomisées ; et du risque accru d’accidents
vasculaires cérébraux et de thromboses veineuses
profondes lors d’un traitement par estrogènes non
associés chez des femmes hystérectomisées (4,5).

Suivi pendant une dizaine d’années après


Hormonothérapie substitutive arrêt d’un traitement hormonal de la méno-
pause. Fin 2017, des données du suivi des femmes
de la ménopause de l’essai dit WHI ont été publiées (6). Les femmes
Sans intérêt clinique à long terme des deux volets de l’essai dit WHI ont été suivies
sur une durée cumulée de 18 ans au total, soit 11 ans
à 13  ans après l’arrêt de l’essai et de l’hormono
●● En 2017, un organisme public étatsunien a actua- thérapie (6).
lisé ses recommandations, estimant que l’hormono- Durant ce suivi, environ 7  500  patientes sont
thérapie substitutive de la ménopause a une balance mortes. Il n’y a pas eu de différence statistiquement
bénéfices-risques globalement défavorable. Dans les significative en termes de mortalité toutes causes
années 2000, l’essai dit WHI a montré une augmen- confondues, de mortalité cardiovasculaire et de
tation des risques d’accident cardiovasculaire et de mortalité par cancer, entre les femmes ayant reçu
cancer du sein chez les femmes traitées par hormono une hormonothérapie lors de l’essai initial et celles
thérapie substitutive. Le suivi de ces femmes n’a des groupes placebo (6).
détecté ni avantage ni désavantage en termes de
mortalité 10 ans après l’arrêt de l’hormonothérapie.  En pratique  Les conclusions de l’Uspstf sont
cohérentes. La balance bénéfices-risques d’un traite-
ment hormonal par voie générale est le plus souvent
défavorable. Un traitement hormonal substitutif de la

L’ essai dit WHI (de l’anglais women’s health initia-


tive), un vaste essai étatsunien, randomisé, en
double aveugle a évalué l’effet d’un traitement hor-
ménopause n’est justifié qu’à titre symptomatique, et
seulement quand les symptômes de ménopause sont
particulièrement gênants, en se limitant à la dose
monal substitutif de la ménopause sur le risque minimale efficace et pendant une durée la plus courte
coronarien et le risque de cancer du sein invasif (1). possible. Plus de 10 ans après l’arrêt de l’hormono-
Il comportait deux volets  : dans le premier volet thérapie substitutive, les risques qui y sont liés semblent
environ 16 500 femmes ménopausées non hystérec- s’estomper, du moins en termes de mortalité.
tomisées ont reçu soit un traitement estroprogesta- ©Prescrire
tif soit un placebo. Ce volet a été arrêté prématuré-
ment, en 2002, après un suivi moyen de 5  ans Extraits de la veille documentaire Prescrire
environ, en raison d’un surcroît d’accidents cardio- 1- Prescrire Rédaction “Hormonothérapie substitutive de la ménopause :
des risques cardiovasculaires” Rev Prescrire 2003 ; 23 (235) : 27-33
vasculaires et de cancers du sein invasifs sous estro + (237) : II de couv.
progestatif  (1). La diminution de l’utilisation des 2- Prescrire Rédaction “Traitement hormonal de la ménopause et
estroprogestatifs chez les femmes ménopausées qui cancers du sein (suite)” Rev Prescrire 2008 ; 28 (302) : 908-909.
3- Prescrire Rédaction “Ménopause : arrêt de l’essai WHI estrogène
s’en est suivie, s’est accompagnée d’une diminution versus placebo” Rev Prescrire 2004 ; 24 (249) : 273.
notable de l’incidence annuelle des cancers du sein 4- Grossman DC et coll. “Hormone therapy for the primary prevention
en Amérique du Nord et en France notamment (2). of chronic conditions in postmenopausal women. US Preventive
Services Task Force recommendation statement” JAMA 2017 ; 318
Un autre volet de l’essai dit  WHI a comparé en (22) : 2224-2233.
double aveugle estrogènes non associés versus 5- Gartlehner G et coll. “Hormone therapy for the primary prevention
placebo chez environ 11 000 femmes hystérectomisées. of chronic conditions in postmenopausal women. Evidence report and
systematic review for the US Preventive Services Task Force” JAMA
Il a été arrêté en 2004, après un suivi moyen de 7 ans 2017 ; 318 (22) : 2234-2249.
environ, du fait d’un excès d’accidents vasculaires 6- Manson JE et coll. “Menopausal hormone therapy and long-term
all-cause and cause-specific mortality. The women’s health initiative
cérébraux (3). randomized trials” JAMA 2017 ; 318 (10) : 927-938 + supplementary
online content 9 pages.

Page 536 • L a revue Prescrire • Jui et 2018 • ome 38 N° 417


OUVERTURES

Impunité des firmes

Une inspection de routine, menée en 2012 par l’Agence cours, empêchant la firme de « faire valoir son droit au
britannique du médicament (MHRA) pour le compte de silence » (4). Un procès que la firme a perdu : on ne peut
l’Agence européenne du médicament (EMA), a révélé apparemment pas gagner sur tous les tableaux !
que la firme Roche n’avait pas analysé ni transmis aux
agences du médicament, plus de 80 000 cas suspectés Pourquoi se gêner  ? La mansuétude des autorités
d’effets indésirables concernant 19 médicaments (1à3). européennes semble très décalée avec le droit commun
Cinq ans plus tard, la Commission européenne a rendu des personnes. Mais les firmes pharmaceutiques sont
son verdict dans cette affaire : ce n’est pas grave ! très bien protégées par le Règlement européen sur les
peines en cas d’infraction : la Commission européenne
Il suffit de reconnaître sa faute. Après 5 ans d’en- ne peut leur appliquer de sanction financière que si
quête de l’EMA, la Commission européenne a absous l’infraction a « d’importantes conséquences pour la santé
la firme Roche au prétexte que la rétention d’information publique » et si les firmes ne coopèrent pas lors de la
ne modifiait pas la balance bénéfices-risques des 19 médi- procédure menée contre elles (5).
caments concernés (2,3). La Commission reprend à son Il s’agissait de la première application pratique de ce
compte les déclarations de la firme qui a « accepté toutes Règlement : on mesure ici toutes ses insuffisances et
les conclusions de l’inspection. Elle les prend très au l’impuissance délibérée des autorités de régulation.
sérieux et comprend pleinement les préoccupations de ©Prescrire
l’EMA et de la Commission. Elle a travaillé diligemment
à remédier aux carences le plus rapidement possible et Extraits de la veille documentaire Prescrire
à renforcer son respect de ses obligations médicales et
1- Prescrire Rédaction “Malfaisance à l’échelle industrielle” Rev Prescrire
de pharmacovigilance pour prévenir tout nouveau pro- 2012 ; 32 (349) : 853.
blème » (2). Les poursuites s’arrêtent donc, et la firme 2- European Commission - Health and Food Safety Directorate General
“Pharma investigation : Commission closes infringement procedure
Roche n’aura pas à payer les près de 700  millions de against Roche without penalty” 15 décembre 2017 : 2 pages.
dollars d’amende en jeu (3). 3- “Roche does not have to pay US$ 685 m fine” 20 décembre 2017.
Vu l’enjeu financier, on comprend que la firme Roche Site european-biotechnology.com consulté le 27 mars 2018 : 2 pages.
4- “Roche v SOS for Health - Case n° CO/393/2014” 9 juillet 2014. The
ait cherché, avec succès, à obtenir la clémence des High Court of Justice Queen’s bench division administrative court  :
autorités européennes par une attitude humble et repen- 54 pages.
5- European Commission “Regulation (EC) n° 658/2007  of 14 June
tante. Ce qui ne l’a pas empêchée, par ailleurs, de porter 2007 concerning financial penalties for infringement of certain obligations
plainte contre l’Agence britannique du médicament pour in connection with marketing authorisations granted under Regulation
(EC) n° 726/2004 of the European Parliament and of the Council - conso-
ne pas l’avoir prévenue qu’une seconde inspection de lidated” Journal Officiel de l’Union européenne n° L 155 du 15 juin 2007 :
ses locaux s’inscrivait dans l’enquête européenne en 17 pages.

Page 538 • L a revue Prescrire • Jui et 2018 • ome 38 N° 417


OUVERTURES

Médicaments en Questions : des


résultats toujours aussi encourageants

●● Depuis 2014, Prescrire propose Médicaments Améliorer sa pratique : une démarche


en Questions, un programme en ligne d’améliora- réflexive
tion des pratiques professionnelles. L’objectif est
d’aider les soignants à mieux prendre en compte Le programme Médicaments en Questions propose
dans leur pratique les effets indésirables des médi- notamment de :
caments et à mieux y faire face, pour les réduire. –– mieux prendre en compte les risques d’effets
indésirables, et plus généralement la balance
●● Ce programme est basé sur une démarche bénéfices-risques, dans le choix d’un médicament ;
réflexive : décrire, analyser, comparer sa pratique ; –– penser plus systématiquement au rôle éventuel
actualiser et approfondir ses connaissances ; échan- d’un médicament dans la survenue d’un trouble de
ger avec d’autres soignants. santé chez un patient ;
–– réfléchir aux diverses options en cas de survenue
●● Les résultats de la session 2016-2017 sont encou- d’un effet indésirable ;
rageants et confortent ceux des sessions précé- –– écarter les médicaments dont la balance bénéfices-
dentes : effets indésirables mieux pris en compte, risques est défavorable quelle que soit la situation

FORMATIONS PRESCRIRE
plusieurs médicaments à balance bénéfices-risques clinique ;
défavorable écartés, nombreuses notifications au –– être plus à l’aise avec la notification des effets
système public de pharmacovigilance. indésirables au système public de pharmaco
vigilance, et plus généralement mieux tirer parti
des échanges avec les spécialistes de la pharmaco
vigilance ;

L
es effets indésirables des médicaments font de –– mieux échanger avec les patients et les autres
nombreuses victimes tous les jours. En France, soignants au sujet des effets indésirables.
au début des années 2010, le nombre de morts
causées par les médicaments a été estimé à environ Décrire, analyser, comparer sa pratique.
20 000 par an (1). De très nombreux médicaments Dans le programme Médicaments en Questions,
sont impliqués. l’analyse de sa propre pratique constitue un support
Les soignants rencontrent parfois des difficultés de réflexion tout au long de la session.
à prendre pleinement en compte les effets indési- Sur le site internet du programme, chaque parti-
rables des médicaments dans leur pratique. Beau- cipant enregistre au moyen de grilles de questions :
coup de causes peuvent expliquer cela : formation –– des observations concernant des patients ayant
insuffisante en pharmacologie  ; idée reçue selon un trouble de santé vraisemblablement lié à un
laquelle les effets indésirables seraient une fatalité médicament ;
inéluctable  ; difficultés à analyser les faits pour –– des observations concernant des patients expo-
discerner chaque facteur de survenue ; etc. (2). sés à un médicament qu’il vaut mieux écarter du
Face à ce constat, depuis 2014, Prescrire propose fait de sa balance bénéfices-risques défavorable
aux abonnés le programme d’amélioration des dans toutes les situations de soins.
pratiques professionnelles Médicaments en En outre, chaque participant notifie au système
Questions. Ce programme en ligne vise à aider les public de pharmacovigilance au moins un effet
professionnels de santé à mieux prendre en compte indésirable observé.
les effets indésirables des médicaments et à mieux Chaque mois, les participants reçoivent un retour
y faire face, dans le but de contribuer à les réduire. d’information issu de l’analyse globale et anonyme
Il s’adresse principalement aux infirmiers, médecins des observations renseignées par l’ensemble du
et pharmaciens, en ville ou en établissements de groupe, mettant en lumière un point particulier.
soins. Ces retours d’information permettent à chacun de
Médicaments en Questions est organisé en ses- s’interroger sur sa propre pratique, et éventuelle-
sions annuelles successives (de novembre à octobre ment de la comparer à celle de l’ensemble du
de l’année suivante). Quels sont les modalités et groupe des participants.
l’intérêt de ce programme ? Quels sont les points
forts issus de la session 2016-2017 ? Actualiser et approfondir ses connaissances.
La lecture régulière de Prescrire permet d’actualiser
les connaissances à intégrer à sa pratique. Et le Test
de Lecture mensuel aide à mieux les mémoriser.

L a revue Prescrire • Jui et 2018 • ome 38 N° 417 • Page 543


OUVERTURES

Échanger avec d’autres soignants. L’Atelier, un soins plus sûrs et à une meilleure connaissance
forum de discussion en ligne entre participants, leur collective des médicaments.
permet de partager des réflexions issues de l’analyse Au cours de la session, les participants ont décla-
de leur pratique, identifier des obstacles, proposer et ré avoir notifié environ 300 effets indésirables au
construire ensemble des pistes d’amélioration. système public de pharmacovigilance français.
Dans l’Atelier, des participants ont partagé les
retours qu’ils avaient reçus des centres régionaux
Session 2016-2017 : des améliorations de pharmacovigilance suite à leurs notifications,
concrètes des pratiques faisant ainsi profiter l’ensemble du groupe de ce
matériau souvent riche.
À la fin de chaque session, un bilan est adressé aux
participants. Voici quelques points forts de ce bilan Des participants satisfaits. Selon les résultats
et de l’enquête de fin de session 2016-2017 (a)(3). de l’enquête, le programme Médicaments en Questions
a répondu aux attentes de 92 % des répondants en
Meilleure prise en compte des effets indé- termes d’amélioration des pratiques professionnelles.
sirables, qui amène souvent à des change- Cette proportion est en progression depuis le début
ments bénéfiques pour le patient. Parmi les du programme (83 % en 2014-2015, 86 % en 2015-2016).
situations rapportées, la survenue d’un effet indé- Près de 86 % des répondants estiment avoir atteint
sirable chez un patient a souvent conduit à des l’objectif du programme “Réduire les effets nocifs
changements bénéfiques dans le traitement médi- des traitements médicamenteux”. Les aspects de la
camenteux de ce patient. pratique les plus améliorés par la participation au
Pour 137 patients, le traitement médicamenteux programme ont été : “Renforcer sa vigilance vis-à-vis
a été allégé : le médicament en cause a été arrêté, des médicaments à écarter des soins quelle que soit
sans nécessité de le remplacer par un autre médi- la situation” (68 % des répondants) ; “Évoquer de
cament. Les médicaments le plus souvent arrêtés manière plus systématique une cause médicamen-
sans remplacement ont été le tramadol (un antal- teuse en cas de trouble observé chez un patient”
gique opioïde) et des statines. (59 %) ; “S’enquérir de manière plus systématique
Pour 134 autres patients, le médicament en cause de la bonne tolérance du patient au traitement mé-
a été remplacé par le médicament de référence dans dicamenteux” (55 %).
cette situation. Les médicaments le plus souvent
remplacés ont été le tramadol, l’atorvastatine, la
venlafaxine (un antidépresseur) et le ramipril (un Une démarche d’amélioration
hypotenseur inhibiteur de l’enzyme de conversion). des pratiques confortée par les résultats

Moins de patients exposés aux effets nocifs Les informations issues de la session 2016-2017 de
de médicaments à balance bénéfices-risques Médicaments en Questions confortent celles des
défavorable. D’après les formulaires renseignés sessions précédentes et sont en faveur de l’efficacité
au cours de la session, près de 300 patients n’ont d’une démarche active pour mieux prendre en compte,
plus été exposés aux effets nocifs de médicaments en pratique, les effets indésirables des médicaments.
à balance bénéfices-risques défavorable dans toutes Cette démarche active s’inscrit sur le long terme
les situations pour lesquelles ils sont autorisés et s’intègre pleinement à la pratique quotidienne.
(médicaments regroupés dans le bilan annuel publié Les participants à Médicaments en Questions l’ont
par Prescrire depuis 2013) (4). Ce chiffre est en nette bien compris : environ 80 % des soignants inscrits
augmentation depuis le début du programme (en- à la session 2017-2018 participent au moins pour la
viron 200 en 2014-2015). deuxième fois à une session.
Les 10 médicaments le plus souvent écartés au ©Prescrire
cours de cette session ont été, par ordre décroissant :
l’escitalopram (un antidépresseur inhibiteur dit
sélectif de la recapture de la sérotonine (IRS)),
a- Les points-clés des résultats des enquêtes des différentes
l’olmésartan (un hypotenseur antagoniste de l’angio sessions de Médicaments en Questions sont à retrouver à
tensine II), la dompéridone (un neuroleptique utili- l’adresse http://formations.prescrire.org/Fr/21/555/0/5209/
sé comme anti-émétique), la sitagliptine (un About.aspx.
hypoglycémiant), le nicorandil (un vasodilatateur
utilisé comme antiangoreux), le fénofibrate (un
hypocholestérolémiant), l’ambroxol (un mucoly-
Extraits de la veille documentaire Prescrire
tique), le citalopram (un IRS), la pseudoéphédrine
(un vasoconstricteur nasal), l’association colchicine 1- Prescrire Rédaction “Effets indésirables mortels des soins hospita-
+ opium + tiémonium (utilisée dans la goutte). liers” Rev Prescrire 2011 ; 31 (330) : 269.
2- Prescrire Rédaction “D’abord ne pas nuire, puis comprendre et
agir” Rev Prescrire 2014 ; 34 (365) : 217-219.
Notifications au système public de pharma- 3- Médicaments en Questions “Résultats de l’enquête d’évaluation
covigilance encouragées. Notifier les effets - session 2016-2017” Site formations.prescrire.org consulté le 12 avril
2018 : 1 page.
indésirables des médicaments au système public 4- Prescrire Rédaction “Pour mieux soigner, des médicaments à
de pharmacovigilance permet de contribuer à des écarter : bilan 2018” Rev Prescrire 2018 ; 38 (412) : 135-144.

Page 544 • L a revue Prescrire • Jui et 2018 • ome 38 N° 417


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Alzheimer : les médicaments moins utiles que l’aide


au quotidien
Ce ne sont pas les médicaments qui aident le plus Attention aux médicaments tranquillisants
les personnes atteintes de maladie d’Alzheimer.
●● Les médicaments neuroleptiques sont peu efficaces
pour diminuer les troubles du comportement, en parti-
Maintenir l’autonomie et la qualité de vie culier “l’agitation”. Ils aggravent les troubles cérébraux.
Ils provoquent des effets indésirables graves, en particu-
●● La maladie d’Alzheimer provoque de multiples troubles lier somnolences, confusions, troubles cardiaques, baisses
de la mémoire, du jugement et du comportement. Elle de la tension artérielle, convulsions, idées suicidaires,
s’aggrave peu à peu, perturbe la vie quotidienne et rend difficultés à avaler, déshydratations, attaques cérébrales.
la personne atteinte dépendante après un délai très va- Et ils augmentent la mortalité.
riable d’une personne à l’autre.
●● Les autres médicaments tranquillisants ou somnifères
●● Le but des interventions des soignants et des aidants ne sont pas adaptés. Ils aggravent les symptômes de la
est de maintenir l’autonomie des malades autant que maladie d’Alzheimer et peuvent causer des chutes avec
possible, de préserver leur sécurité, leur qualité de vie et fractures.
celle de leur entourage. Les plus utiles sont des mesures
d’accompagnement au quotidien (aides diverses à do- ●● De nombreux traitements sont incompatibles avec les
micile), d’aménagement ou de changement de l’habitat, médicaments “anti-Alzheimer”, car leur association peut
et de soutien psychologique. provoquer des effets indésirables nombreux et graves.

●● En pratique, les médicaments aident peu les personnes


L’utilité des médicaments anti-Alzheimer atteintes de la maladie d’Alzheimer. En revanche, le sou-
est très limitée tien matériel et psychologique aux malades et à leurs
proches a une grande importance.
●● Le donépézil, la galantamine, la mémantine et la ©Prescrire – avril 2018
rivastigmine sont des médicaments dits anti-Alzheimer.
Certains ont une efficacité démontrée au début de la
 Sources • “Reconnaître les personnes âgées atteintes de démence” Rev
maladie, mais elle est faible et de courte durée. Prescrire 2015 ; 36 (368) : 437-443.  • “12-5. Patients ayant une maladie
d’Alzheimer” Rev Prescrire 2017 ; 37 (401 suppl. Interactions médicamen-
●● Ces médicaments ne sont efficaces que chez une teuses).  • “Bilan  2018 des médicaments à écarter  : neurologie” Rev
Prescrire 2018 ; 38 (412) : 142-143.
minorité de malades. Sur 10 personnes traitées, on n’ob-
serve d’effet que chez une seule, avec une dégradation
mentale retardée d’environ 6 mois seulement. Ces mé-
dicaments ne semblent pas retarder la perte d’autonomie
ni le passage en institution, et n’améliorent pas notable-
ment la qualité de vie.

●● Ces médicaments ont des effets indésirables parfois


graves, voire mortels, alors que leur efficacité est minime :
troubles digestifs (vomissements, pertes d’appétit parfois
importante, etc.), neurologiques (maux de tête, tremble-
ments, convulsions, etc.), psychiques (confusions, hallu-
cinations, etc.), cardiaques (ralentissements du cœur,
syncopes, etc.). Ils diminuent parfois la qualité de vie. De
plus, les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer
ont des difficultés à signaler les effets indésirables des
médicaments.

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Bien choisir un matériel “anti-escarre”


Un matériel “anti-escarre” est parfois utile pour limiter Pour les talons : coussin de positionnement
l’apparition d’escarres. Mais tous ne se valent pas. Un ou oreiller
matelas “anti-escarre” en mousse et de simples oreil-
lers sont souvent les meilleurs choix. ●● Pour limiter l’apparition d’escarres au niveau des talons
chez les personnes allongées ou en position demi-assise,
●● Les personnes alitées pendant de longues périodes des coussins de positionnement en mousse ou de simples
ont un risque élevé d’escarres sur des points d’appui oreillers glissés sous les mollets semblent efficaces.
(aussi nommés ulcères cutanés dus à la pression). Une
bonne hygiène de la peau et des changements de position ●● D’autres matériels ou techniques sont inefficaces (voire
fréquents sont des mesures de base pour empêcher leur augmentent même parfois le risque d’escarre) ou exposent
apparition. En complément, des matelas ou des coussins à des effets indésirables. Attention aux bottes en vinyl,
“anti-escarre” sont parfois utiles, à condition d’être choi- aux coussins en forme de bouée qui causent des œdèmes,
sis et utilisés correctement. aux gants remplis d’eau, inefficaces, et aux bandages
gras qui gênent la surveillance de la peau et favorisent
la macération.
Préférer les matelas “anti-escarre” en mousse

●● Par comparaison avec un matelas hospitalier standard, En pratique


les matelas “anti-escarre” en mousse semblent diminuer
de moitié l’apparition de nouvelles escarres chez les ●● Mieux vaut choisir un matériel simple à mettre en
personnes alitées. Ces matelas “anti-escarre” en mousse place, facile à nettoyer et qui ne favorise pas la transpi-
ne semblent pas présenter d’inconvénient particulier. ration. Penser aussi à le renouveler régulièrement : les
matériels “anti-escarre” s’abîment avec le temps.
●● Les matelas à eau ne sont pas plus efficaces que les
matelas en mousse. Ils peuvent donner une sensation de ●● Pour éviter l’apparition d’escarres, les matelas et
froid et de “mal de mer”. coussins en mousse sont utiles. Mais aucun matériel
“anti-escarre” ne remplace les changements de position
●● Les matelas et les surmatelas “à mémoire de forme” fréquents, la surveillance attentive de l’état de la peau et
sont mal évalués. Il n’est pas sûr qu’ils soient plus efficaces les soins d’hygiène au quotidien.
que les matelas “anti-escarre” en mousse. ©Prescrire – avril 2018

●● Les matelas à air alterné ne semblent pas plus efficaces


 Sources   • “Choix d’un support “anti-escarre” matelas et coussins en
que les matelas “anti-escarre” en mousse, mais sont à mousse pour réduire le risque d’ulcère cutané dû à la pression” Rev
l’origine d’accidents : des personnes se sont retrouvées Prescrire 2012 ; 32 (343) : 369-371.  • “Lésions tissulaires liées à la pression :
coincées, voire étouffées entre le matelas et la barrière prévention” Premiers Choix Prescrire, actualisation février 2018 : 4 pages.

de lit. Ces matelas nécessitent un réglage précis. Ils sont


souvent bruyants.

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Constipation pendant la grossesse


La constipation est fréquente au cours de la grossesse. Parfois un laxatif sur une courte durée
Avant d’envisager un médicament, préférer des mesures
simples, surtout alimentaires. ●● Quand les modifications de l’alimentation ne suffisent
pas, il est parfois justifié de prendre un médicament
laxatif, si possible pendant une courte durée.
Fréquente et généralement sans gravité
●● Certains laxatifs agissent de la même manière que les
●● Le transit intestinal varie beaucoup d’une personne à fibres alimentaires : on parle de laxatif de lest (par exemple
une autre. On parle de constipation quand les selles sont l’ispaghul, le psyllium, le sterculia). Ils ont peu d’effets
espacées de plus de 2 ou 3 jours, difficiles à expulser et indésirables et sont à choisir en premier, quel que soit le
dures. La constipation cause surtout de l’inconfort, et moment de la grossesse.
parfois des douleurs.
●● Quand un laxatif de lest n’est pas efficace, un laxatif
●● La constipation est parfois liée à la grossesse car osmotique (par exemple lactulose, sorbitol ou un “macro-
diverses hormones ralentissent le transit intestinal. gol”), ou encore un suppositoire à la glycérine, sont des
options, en évitant leur utilisation prolongée ou à forte
dose.
D’abord modifier son alimentation

●● Pour lutter contre la constipation, commencer par Ne pas utiliser des laxatifs à risque
manger plus d’aliments contenant des fibres. Les fibres
ne sont pas digérées : elles se gonflent d’eau, augmentent ●● L’huile de ricin et le prucalopride exposent, entre
le volume des selles et facilitent le transit. autres, à un risque de fausse couche : ne pas les utiliser.

●● Les fibres végétales sont abondantes dans les céréales ●● Même en dehors de la grossesse, divers laxatifs font
complètes (pain complet, flocons d’avoine, etc.), dans les courir des risques (déshydratation, maladies de l’intestin,
légumineuses (haricots secs, pois chiches, etc.), dans les carence en certaines vitamines, etc.), surtout quand ils
légumes verts, et dans la plupart des fruits. sont utilisés longtemps. En cas de grossesse, les risques
pour l’enfant sont mal connus. Dans tous les cas, éviter
●● Les fibres végétales sont apportées en grande quan- notamment l’hydroxyde de magnésium, des lubrifiants
tité par le son de blé, qui peut être ajouté progressivement tels que la paraffine, certaines plantes (séné, bourdaine,
dans les aliments (pain ou biscuits au son par exemple). aloès par exemple), le bisacodyl.
Si ces fibres provoquent des maux de ventre ou trop de
gaz, diminuer la dose ou préférer les fibres de fruits  : ●● Attention aussi aux mélanges de laxatifs, car les risques
pommes, fraises ou poires crues, par exemple. s’accumulent. De nombreux médicaments, compléments
alimentaires ou tisanes contiennent plusieurs laxatifs.
●● Il est conseillé de prendre ses repas et d’aller aux ©Prescrire – avril 2018
toilettes à horaire régulier, de boire suffisamment d’eau,
de maintenir une activité physique suffisante.
 Sources • “Patientes enceintes constipées” Rev Prescrire 2013 ; 33 (358) : 629-
636.  • “Constipation chez un adulte” Premiers Choix Prescrire, actualisation
●● De nombreux médicaments constipent. Ils peuvent mars 2018 : 5 pages.
parfois être arrêtés ou leur dose diminuée.

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Éviter les “escarres”


Chez les personnes immobiles pendant de longues ●● Dans un fauteuil (à la bonne taille), il faut chercher
périodes au fauteuil ou au lit, surveiller régulièrement une assise équilibrée, qui permet de garder les pieds
la peau et changer souvent de position aide à éviter posés à plat et évite de glisser. Il est conseillé de modifier
l’apparition d’escarres. régulièrement l’inclinaison du fauteuil pour changer la
répartition des appuis.
●● Une escarre ou, mieux nommé, un ulcère cutané dû
à la pression, est une lésion due à la compression, puis
à la destruction de la peau et des chairs sur un point Garder la peau propre et sèche
d’appui. Elle survient en général chez les personnes
longtemps immobiles. ●● L’humidité fragilise la peau. Pour garder la peau propre,
faire la toilette avec précaution, à l’aide d’eau tiède et de
savon doux aussi souvent que nécessaire. Pour sécher,
Surveiller la peau tamponner avec une serviette évite d’irriter la peau. Il est
préférable de changer le linge et les draps dès qu’ils sont
●● Au début, les escarres se manifestent par une rougeur humides.
persistante (ou une modification de la couleur sur une
peau sombre), un épaississement ou un gonflement. Par ●● Certains soins sont à éviter, car ils gênent la surveil-
la suite, elles forment une plaie, parfois noirâtre, qui se lance de la peau ou la fragilisent. C’est le cas de l’utilisa-
creuse et cicatrise difficilement. Les escarres sont souvent tion d’éosine ou d’autres colorants, des produits à base
douloureuses et s’infectent parfois. d’alcool (comme l’eau de Cologne), des massages, de
l’utilisation d’un sèche-cheveux ou de l’application de
●● Pour détecter les escarres dès leur apparition, il est glaçons. Aucune crème ou lotion n’est réellement efficace
important d’inspecter la peau au moins deux fois par jour. pour éviter l’apparition d’escarres.
Les zones à surveiller plus particulièrement sont les fesses,
les jambes, les talons, les chevilles et aussi les coudes, ●● Une crème hydratante ou de la vaseline n’est justifiée
le haut du dos et l’arrière de la tête. Pour permettre la qu’en cas de dessèchement de la peau.
mise en œuvre de soins complets en cas d’apparition
d’escarre, il est utile de se servir d’un “cahier de liaison” ●● Il est possible qu’un apport diététique enrichi (notam-
partagé entre les soignants où l’on peut transmettre les ment en protéines) diminue le risque d’escarre ou favorise
informations. la cicatrisation.

●● Éviter l’apparition d’escarres est avant tout un en-


Changer souvent de position semble de petites attentions exigeantes, mais nécessaires
chaque jour.
●● Pour diminuer le risque d’escarres, il faut changer de ©Prescrire – avril 2018
position au moins toutes les  2 à  3 heures et éviter les
appuis prolongés sur les mêmes zones du corps. Lors
 Sources   • “Lésions tissulaires liées à la pression : prévention” Premiers
des changements de position, l’aide d’une ou plusieurs Choix Prescrire, actualisation février 2018 : 4 pages.
personnes est utile afin d’éviter la friction des draps contre
la peau. Quand cela est possible, il est souhaitable de se
lever et de faire quelques pas.

●● Au lit, les meilleures positions sont allongé sur le dos


ou légèrement incliné sur un côté à l’aide de coussins. Il
est aussi possible de redresser le buste légèrement en
évitant les positions qui font glisser vers le bas du lit. La
position couchée sur le côté est à déconseiller sur une
longue période.

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Grain de beauté ou mélanome ?


Cinq signes aident à repérer un mélanome (une forme Certaines personnes sont plus à risque
de cancer de la peau) parmi les nombreux grains de de mélanome
beauté présents chez presque tout le monde.
●● Les mélanomes sont plus fréquents chez les personnes
à peau claire, ou sujettes aux coups de soleil, ou qui
Détecter précocement bronzent mal, et chez celles qui ont des grains de beauté
nombreux (plus de 40) ou de grande taille.
●● Presque tout le monde a des grains de beauté sur la
peau. Certains cancers de la peau dénommés mélanomes ●● Le risque d’apparition d’un mélanome est aussi plus
ressemblent à un grain de beauté. Les mélanomes dé- élevé chez les personnes qui ont déjà eu un mélanome,
butent en général à la surface de la peau avant de pro- ou dont les membres de leur famille proche en ont eu
gresser en profondeur. un.

●● Les mélanomes ont de graves conséquences s’ils ne ●● Le risque de mélanome augmente avec l’âge. Les
sont pas reconnus et traités quand ils sont encore super- altérations de la peau dues aux expositions au soleil ou
ficiels. Les traiter à ce stade permet presque toujours une aux UV s’additionnent au fil du temps, même si elles ne
guérison. D’où l’importance de les repérer tôt. Certains sont pas visibles.
signes aident à distinguer un mélanome d’un grain de
beauté. ●● Toutes ces personnes ont intérêt à porter une plus
grande attention à leur peau.

Certains signes nécessitent un avis médical


Précautions vis-à-vis du soleil et des ultraviolets
●● Cinq signes ont prouvé leur utilité pour distinguer un
mélanome d’un grain de beauté : ●● Les expositions intenses au soleil, celles qui provoquent
–– Asymétrie : une forme asymétrique, ni ronde ni ovale. des coups de soleil, augmentent le risque de mélanome.
–– Bords : des bords irréguliers, bords flous, mal définis, Les parties du corps les plus souvent exposées au soleil
échancrés, dentelés, découpés, non linéaires. sont les plus à risque (tête, cou, mains, bras).
–– Couleurs  : des couleurs différentes, avec au
moins  2  couleurs ou plusieurs nuances d’une même ●● Des mesures simples permettent de se protéger, à tout
couleur. âge, contre les rayons intenses du soleil : limiter la durée
–– Diamètre : un diamètre égal ou supérieur à 6 mm. de l’exposition au soleil ; éviter de s’exposer en milieu de
–– Évolution : un aspect qui se modifie au cours du temps, journée quand le rayonnement est le plus intense ; porter
le “grain de beauté” douteux s’étend, ou sa forme ou sa des vêtements couvrants et un chapeau à larges bords ;
couleur se modifie, ou il devient plus épais. utiliser des crèmes solaires à indice de protection élevé
et renouveler fréquemment les applications.
●● Se souvenir de ces signes est facilité grâce au moyen
mnémotechnique suivant : A, B, C, D, E (Asymétrie, Bords, ●● Contrairement à des idées reçues, les rayons ultra-
Couleurs, Diamètre, Évolution). En présence d’au moins violets (UV) des appareils de bronzage ne préparent pas
un de ces signes, il faut consulter un médecin. Parfois, la peau au soleil. Pire, ils peuvent eux aussi provoquer
notamment en cas de doute, il est utile de photographier des cancers de la peau, dont des mélanomes.
le “grain de beauté” douteux, et de noter sa taille, pour ©Prescrire – avril 2018
pouvoir évaluer son évolution.

 Sources   • “Signes de mélanome ” Rev Prescrire 2017 ; 37 (409) : 840-843.

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La constipation chez les adultes


La constipation est en général un trouble sans gravité, Peu de risques
rarement lié à une maladie.
●● La constipation est un symptôme pénible, cause d’in-
●● Le rythme et l’aspect des selles varient selon les per- confort et de préoccupation, en particulier chez les per-
sonnes et selon le régime alimentaire. La fréquence sonnes âgées ou alitées, mais elle fait courir très peu de
normale des selles est très variable : de 3 fois par semaine risques. Elle peut augmenter le risque de saignement des
à 3 fois par jour. On parle généralement de constipation hémorroïdes, mais elle n’est pas la cause des hémorroïdes.
quand les selles sont espacées de plus de 2 ou 3 jours, Elle ne provoque pas non plus d’intoxication.
difficiles à expulser et dures.
●● Pour lutter contre une constipation récente, les pre-
mières mesures consistent surtout à modifier son ali-
Rarement due à une maladie mentation pour augmenter son contenu en fibres (en
mangeant plus de céréales complètes, de légumineuses,
●● Dans la plupart des cas, aucune maladie n’est à l’ori- de fruits et de légumes). D’autres mesures sont peut-être
gine de la constipation. Une cause fréquente est une utiles : boire suffisamment d’eau pour être correctement
quantité insuffisante de fibres dans l’alimentation. hydraté, augmenter son activité physique et se présenter
à heure fixe à la selle.
●● Une constipation transitoire peut être liée à un chan-
gement de rythme de vie ou d’alimentation, un alitement, ●● C’est seulement en cas d’échec de ces mesures qu’on
une déshydratation ou une grossesse. Des lésions anales envisage éventuellement un traitement médicamenteux,
douloureuses (hémorroïdes, fissure) peuvent aussi pro- si possible de courte durée.
voquer une constipation. Dans de rares cas, une consti- ©Prescrire – avril 2018
pation récente est liée à une obstruction du gros intestin.

 Sources   • “Constipation chez un adulte” Premiers Choix Prescrire, actua-


●● Une consultation médicale est recommandée si la lisation mars 2018 : 5 pages. 
constipation s’accompagne de nouveaux symptômes :
maux de ventre, perte de poids, présence de sang dans
les selles, épisodes de diarrhée, vomissements ou irrita-
tion anale.

Attention aux médicaments

●● De nombreux médicaments peuvent provoquer ou


aggraver une constipation  : certains “pansements”
gastriques, certains médicaments de l’hypertension ar-
térielle ou du cœur, les diurétiques (qui font uriner plus),
les opioïdes souvent utilisés dans les douleurs (tels que
tramadol, codéine, morphine), le fer et beaucoup d’autres.

●● La constipation de longue durée est plus fréquente


chez les personnes âgées. Elle est rarement liée à une
maladie. Chez certaines personnes, l’habitude de “se
retenir” entraîne une perte du réflexe normal d’évacuation
des selles. La constipation est presque constante chez
les malades en fin de vie.

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Le bouton de fièvre
Le plus souvent, le bouton de fièvre guérit seul et Éviter la propagation du virus
quelques précautions d’hygiène suffisent.
●● En général, la gêne est limitée et le bouton de fièvre
guérit rapidement tout seul. Le plus important est alors
Contamination pendant l’enfance d’éviter la propagation du virus : ne pas toucher les lésions
(et sinon, se laver les mains ensuite) ; éviter les baisers
●● Le bouton de fièvre (alias herpès labial) est dû au virus (surtout avec les nourrissons). En complément du lavage
Herpes simplex. La contamination se produit le plus à l’eau et au savon, un antiseptique cutané tel que la
souvent avant l’âge de 5 ans, sans provoquer de maladie, chlorhexidine et un médicament antidouleur tel que le
et le virus demeure dans le corps, inactif. Pour des raisons paracétamol sont parfois utiles.
mal connues, le virus peut redevenir actif et provoquer
un herpès labial. De nombreuses circonstances semblent ●● Les médicaments antiviraux sont peu efficaces. L’uti­
parfois favoriser l’apparition d’un bouton de fièvre : le lisation d’aciclovir en crème,  5 fois par jour pen­
soleil, les rayons ultraviolets (UV), la fatigue, le rhume, dant 10 jours maximum, raccourcit la durée d’évolution
la fièvre, les émotions, les règles, etc. de l’herpès d’environ 2 jours, à condition de commencer
le traitement dans les  12 premières heures suivant le
début des sensations de picotement et de brûlure. Mais
Guérit sans traitement il ne diminue pas la douleur, et n’empêche pas les réci­
dives. Il existe un risque de réaction allergique.
●● La plupart des adultes ont été en contact avec le virus,
mais les poussées d’herpès labial touchent moins d’un ●● Les autres traitements locaux commercialisés en
tiers de la population. Environ la moitié des personnes France sont moins efficaces ou moins bien évalués.
atteintes ont plus d’un épisode par an.
●● Un traitement préventif peut être discuté dans de rares
●● L’épisode débute par des sensations désagréables et cas : récidives pénibles et fréquentes (au moins six par
une impression de picotement et de brûlure locale. an) ; troubles immunitaires. Un médicament antiviral en
Quelques heures plus tard, une zone rouge, un peu sur­ comprimé (aciclovir ou valaciclovir), à prendre tous les
élevée, apparaît à cheval sur les lèvres et la peau. Rapi­ jours, espace parfois les poussées. Cette efficacité modeste
dement, cette zone se recouvre de “vésicules” : des petites ne dure que tant que le traitement est poursuivi. Il est
bulles de 2 à 4 mm de diamètre. Au bout de quelques utile de boire beaucoup pour limiter la toxicité du médi­
jours, le liquide contenu dans les vésicules se trouble, cament sur les reins, notamment en cas de prise de
puis les vésicules éclatent et une croûte jaunâtre se forme. certains médicaments tels qu’un diurétique ou un anti
Elle tombe ensuite sans laisser de cicatrice. Le tout dure 8 inflammatoire, et chez les personnes ayant une insuffi­
à 10 jours. sance rénale.
©Prescrire – avril 2018
●● Le bouton de fièvre est contagieux jusqu’à l’apparition
des croûtes : l’herpès peut être transmis aux personnes
 Sources   • “Herpès labial” Premiers Choix Prescrire, actualisation
non infectées, surtout les jeunes enfants. mars 2018 : 5 pages.

●● Les personnes font généralement le diagnostic elles


mêmes, surtout si elles ont déjà été atteintes. Il est utile
de consulter en cas de doute sur le diagnostic, en cas de
troubles immunitaires sérieux (traitement immuno­
dépresseur, par exemple), et si les lésions ne s’améliorent
pas au bout d’une semaine.

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Le zona
Le zona guérit en général spontanément sans compli- ●● Poser sur les lésions un pansement qui ne colle pas
cation. Un traitement n’est utile que chez certaines per- à la peau diminue parfois les douleurs provoquées par
sonnes. Le plus souvent, des soins d’hygiène suffisent. le contact avec les vêtements. Un gel ou une crème à
base de calamine ou l’application de froid (par exemple
●● La varicelle et le zona sont causés par le même virus. des glaçons dans un gant de toilette) aide parfois à sou-
Il est attrapé le plus souvent pendant l’enfance. Le réveil lager.
de ce virus provoque le zona, qui se manifeste sur la peau,
en général sur un seul côté du corps le long du trajet d’un ●● Quand le zona touche l’œil, mettre des larmes artifi-
nerf. Ce réveil semble favorisé quand les défenses de cielles et placer un pansement oculaire visent à soulager
l’organisme sont diminuées, par exemple en raison d’une et à protéger, en complément d’un traitement antiviral.
maladie, d’un traitement ou simplement d’un âge avancé.

Des médicaments parfois utiles


Des lésions localisées, des douleurs
●● En cas de douleurs, prendre du paracétamol suffit
●● Le zona se manifeste par de petites cloques sur fond parfois.
rouge, généralement sur la poitrine, le dos ou le visage,
sur un côté du corps. Des douleurs (comme une brûlure) ●● En cas de douleur intense, la morphine à faible dose
ou des sensations anormales sont ressenties sur la peau, et sur une courte durée est une alternative, au prix d’ef-
parfois deux ou trois jours avant l’apparition des lésions. fets indésirables semblables à ceux de la codéine, qui est
un autre opioïde, mais d’efficacité moins certaine.
●● En général, le zona guérit en moins d’un mois. Les
lésions s’infectent rarement, le plus souvent sans consé- ●● Chez les personnes âgées, un traitement antiviral aide
quence grave. Elles laissent parfois une cicatrice. à réduire la durée d’éventuelles douleurs, à condition de
le commencer dans les 3 jours qui suivent l’apparition
●● Chez certaines personnes (surtout des personnes des cloques.
âgées), les douleurs persistent après guérison des lésions.
●● Un traitement antiviral est justifié pour éviter une
●● Quand le zona atteint la zone autour de l’œil, les lésions aggravation du zona quand le zona touche l’œil ou chez
sont handicapantes et s’aggravent souvent. Un suivi les personnes dont les défenses immunitaires sont affai-
spécialisé est alors nécessaire. blies.

●● Les lésions sont contagieuses par contact pendant


une semaine à partir de l’apparition des cloques et risquent Certains médicaments à éviter
de transmettre la varicelle aux personnes qui ne l’ont pas
déjà eue. ●● Les anti-inflammatoires, comme l’aspirine ou l’ibu-
profène, sont à écarter en cas de zona (ou de varicelle)
●● En cas de zona pendant une grossesse, le risque de car ils provoquent parfois des complications infectieuses
contamination de l’enfant à naître est minime, mais né- graves des lésions.
cessite un suivi et des soins adaptés.
●● Attention aux médicaments à appliquer sur la peau.
Certains contiennent notamment des dérivés de la corti-
Surtout des soins d’hygiène sone et ne doivent pas être appliqués sur les lésions.
Mieux vaut aussi éviter le talc, qui semble augmenter le
●● Les soins du zona sont simples et visent à éviter l’in- risque d’infection.
fection des lésions : toilette à l’eau et au savon des lésions, ©Prescrire – mai 2018
et hygiène des mains. Il est en général inutile d’appliquer
un antiseptique.
 Sources   • “Zona” Premiers Choix Prescrire, actualisation
février 2018 : 6 pages.

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Les traitements de la constipation chez les adultes


La constipation est un trouble sans gravité. Quand un ●● Les laxatifs osmotiques sont peu absorbés par le gros
médicament paraît souhaitable, il est important de bien intestin. Ils attirent l’eau dans les selles et augmentent
le choisir car certains laxatifs provoquent des effets indé- leur volume, mais peuvent provoquer des gaz. Ils agissent
sirables graves. en 1 à 2 jours. Il s’agit de sucres (lactulose, lactitol, sor-
bitol, pentaérythritol) ou de macrogols.
●● Le traitement de la constipation chez les adultes vise
à rétablir des selles suffisamment fréquentes et molles, ●● Les laxatifs à la paraffine (liquide ou en gelée) lubrifient
et à diminuer l’inconfort intestinal, sans s’habituer à un les selles et les ramollissent. Ils agissent au bout de  6
traitement continu. à 8 heures. Ils provoquent parfois un suintement gras par
l’anus. Mieux vaut éviter de les utiliser de manière pro-
●● La prise de certains médicaments favorise la consti- longée, car ils réduisent l’absorption de certaines vitamines
pation. Si c’est le cas, vérifier s’il est possible d’arrêter (notamment A, D, E et K). La paraffine liquide expose à
ou modifier le traitement. des troubles pulmonaires en cas de fausse route.

●● Les lavements à base d’eau tiède et les suppositoires


Des fibres, de l’eau, et de bonnes habitudes laxatifs peuvent occasionnellement être utiles. Ils agissent
au bout de quelques minutes à 1 heure. Ils sont à éviter
●● La première mesure à prendre est de manger plus en cas de douleur de l’anus ou de maladie inflammatoire
d’aliments contenant des fibres végétales. Ces fibres, non du bas intestin.
digérées, se gonflent d’eau, augmentent le volume des
selles et accélèrent le transit. On peut aussi ajouter à ●● Certains laxatifs pris par la bouche sont stimulants ou
l’alimentation du son de blé, de manière progressive. “irritants”. C’est le cas notamment du bisacodyl et de
l’huile de ricin. Ils augmentent les mouvements du gros
●● Les fibres végétales sont abondantes dans les céréales intestin, provoquant une évacuation des selles en  5
complètes (pain complet, flocons d’avoine, etc.), dans les à 10 heures, et une diminution des selles les jours suivants.
légumineuses (haricots en grains, pois chiche, etc.), dans Leurs effets indésirables peuvent être graves, surtout en
certains légumes (carottes, pommes de terre, etc.) et fruits cas d’usage prolongé : maux de ventre et diarrhées, in-
(amandes, noix, bananes, etc.). Les fibres des pommes, flammation de l’intestin, désordres du potassium ou du
des poires crues, des fraises provoquent moins de gaz magnésium sources d’atteinte neuromusculaire, de
et de maux de ventre. troubles cardiaques ou cérébraux. Un usage occasionnel
est possible, après échec des laxatifs de lest ou osmo-
●● Pour diminuer la constipation, il est peut-être utile de tiques. Attention : certains laxatifs “naturels” font partie
boire plus d’eau, d’augmenter son activité physique et des laxatifs irritants  : par exemple la bourdaine ou le
de se présenter à heure fixe à la selle. séné.

●● Il n’est pas démontré qu’il soit plus efficace de prendre


Éviter les laxatifs en continu plusieurs types de laxatifs, alors que cela augmente les
risques d’effets indésirables. Attention : certains médica-
●● L’efficacité des massages abdominaux, de l’acupunc- ments, compléments alimentaires ou tisanes contiennent
ture et de l’homéopathie pour lutter contre la constipation plusieurs laxatifs associés. En cas de doute sur la com-
n’est pas démontrée, mais ces méthodes ont peu d’effets position, demander à un pharmacien.
indésirables. ©Prescrire – avril 2018

●● Quand la constipation persiste malgré une augmen-


 Sources   • “Constipation chez un adulte” Premiers Choix Prescrire, actua-
tation de la consommation de fibres alimentaires, un lisation mars 2018 : 5 pages.
laxatif de lest ou un laxatif osmotique est le meilleur
choix. Les laxatifs de lest à base d’ispaghul, de psyllium
ou de sterculia agissent de la même manière que les
fibres alimentaires. Leur effet se manifeste  1 à  3 jours
après la première prise.

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Maladie d’Alzheimer : un diagnostic en nuances


Le diagnostic de maladie d’Alzheimer repose sur l’en- ●● Diverses maladies donnent des troubles tels que des
tretien avec le patient, et si possible avec l’entourage. “confusions mentales”, qui ressemblent à la maladie
d’Alzheimer et qu’il est possible de limiter ou de guérir.
Par exemple un hématome cérébral, une dépression, une
Troubles de la mémoire et de la pensée infection. C’est surtout quand on soupçonne une de ces
maladies que des examens complémentaires sont utiles :
●● La maladie d’Alzheimer touche surtout des personnes analyses sanguines, scanner ou IRM du cerveau, etc.
âgées de plus de 60 ans. Elle provoque une diminution
progressive des capacités de mémoire, de langage, de
communication, de pensée et de jugement. Elle s’accom- Pas d’urgence au diagnostic
pagne parfois de troubles du comportement (tels qu’une
agitation, une agressivité) et de modifications de la per- ●● En théorie, une détection précoce de la maladie
sonnalité. d’Alzheimer pourrait servir à préparer l’avenir. Mais une
telle détection ne débouche sur aucun traitement, faute
●● Les causes de la maladie sont mal connues. Certaines de disposer de moyens qui arrêtent ou freinent vraiment
familles sont plus touchées que d’autres. la maladie.

●● Une consommation d’alcool élevée ou de nombreux ●● Le diagnostic de maladie d’Alzheimer provoque parfois
médicaments (tranquillisants et autres) aggravent les de terribles angoisses. Au contraire, confirmer que les
troubles. troubles n’évoquent pas de maladie d’Alzheimer soulage
beaucoup d’anxiété. Selon la situation, préciser le dia-
●● On ne connaît pas de médicament qui empêche la gnostic peut donc faire du bien ou faire du mal à la
maladie d’évoluer. On observe parfois des améliorations personne concernée et à son entourage.
transitoires, mais la maladie s’aggrave peu à peu, parfois
très lentement. Progressivement, elle perturbe les acti- ●● Le diagnostic n’est pas urgent. Il est nécessaire surtout
vités quotidiennes et rend la personne dépendante de au moment où la mise en place des aides devient utile à
son entourage. la personne concernée ou à son entourage.
©Prescrire – avril 2018

Peu d’examens diagnostiques utiles


 Sources • “Reconnaître les personnes âgées atteintes de démence” Rev
Prescrire 2014 ; 34 (368) : 437-443.
●● C’est souvent l’entourage qui s’inquiète et qui est à
l’origine de la recherche du diagnostic. Souvent la per-
sonne atteinte ne parle pas elle-même de ses troubles.
Elle oublie les événements récents, elle fait répéter, elle
ne sait plus préparer à manger, ranger ses affaires, re-
trouver son chemin ou s’habiller correctement, elle devient
irritable, soupçonneuse ou craintive, cesse de prendre
des initiatives, etc.

●● Le diagnostic est difficile et demande du temps, mais


il n’est pas urgent. Aucun examen ni aucun test ne donne
de certitude. Les plus utiles sont l’observation à domicile
et des questionnaires qui évaluent la mémoire et le rai-
sonnement. Leur but est aussi de faire le point des diffi-
cultés concrètes pour mettre en place les aides qui seraient
utiles.

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La rubrique Premiers Choix Prescrire présente dans un format synthétique les éléments de choix essentiels pour faire face
à diverses situations cliniques fréquentes. Ces textes proposent une aide concise pour identifier la situation, comparer les
balances bénéfices-risques des différents soins, retenir les premiers choix adaptés et écarter les options plus dangereuses
qu’utiles. En complément, les renvois et références cités dans ces synthèses permettent aussi de se reporter à des données
plus détaillées en matière d’évaluation, d’effets indésirables et d’interactions médicamenteuses.

Parodontopathies :
prévention
L’essentiel sur les soins de premier choix Actualisation : février 2018

POINTS-CLÉS

●● Les parodontopathies regroupent les gingivites, ●● La prévention des parodontopathies repose sur
atteintes réversibles des gencives, et les parodon- l’élimination de la plaque dentaire par un brossage
tites, atteintes irréversibles du parodonte. quotidien des dents, deux fois par jour au moins,
complété par un nettoyage des espaces interden-
●● Les gingivites et les parodontites sont des infec- taires.
tions liées avant tout à la plaque dentaire et au
tartre. Elles surviennent d’autant plus souvent que ●● Un détartrage régulier par un chirurgien-
le brossage des dents est insuffisant. Elles sont dentiste semble avoir une efficacité préventive sur
fréquentes, notamment chez les patients diabé- les parodontopathies.
tiques ou qui consomment du tabac.

L
es parodontopathies (alias maladies parodontales) + Lire “Signes d’alerte lors d’une gingivite ou d’une
regroupent les gingivites, atteintes réversibles parodontite”
limitées aux gencives, et les parodontites, atteintes
globales et irréversibles du parodonte* qui font suite Parodontite  : inflammation, saigne-
à une gingivite chez la plupart des patients (1). ment, mobilité dentaire, poche paro-
Les gingivites touchent environ un enfant sur deux, dontale. Chez la plupart des patients,
presque tous les adolescents et environ un adulte une parodontite est précédée d’une
sur deux. On estime qu’environ 15 à 20 % des adultes gingivite (4,5).
âgés de 35 à 44 ans ont une parodontite (2,3). Une parodontite se manifeste par : un saignement
En l’absence de traitement, une parodontite expose de la gencive au brossage des dents, avec ou sans
à la destruction du parodonte et à la chute des dents (1). douleur  ; un abcès parodontal qui se présente
comme une petite tuméfaction gingivale parfois
douloureuse, bien limitée en regard de la racine
dentaire ; une mobilité des dents et parfois un dé-
 Reconnaître  placement voire une chute de certaines dents. La
destruction de l’os alvéolaire provoque la formation
Gingivite : inflammation, saignement, d’une poche parodontale autour de la dent atteinte,
mauvaise haleine. Une gingivite se non visible à l’œil nu, parfois remplie de pus. La
manifeste par un ou plusieurs des signes mesure de la profondeur des poches parodontales,
suivants  : rougeur de la gencive  ; sai- effectuée par un chirurgien-dentiste à l’aide d’une
gnement au brossage des dents, lors du nettoyage sonde parodontale millimétrée, est associée à un
de l’espace interdentaire par exemple avec du fil bilan radiographique de toutes les dents pour éva-
dentaire, ou en mangeant ; œdème localisé au ni- luer la destruction de l’os alvéolaire (1,2,4).
veau du rebord gingival ; décoloration des gencives ; + Lire “Signes d’alerte lors d’une gingivite ou d’une
mauvaise haleine (1,2,4). parodontite”

Premiers Choix Pres rire • Parodonto athies : révention • tualisation février 2018 • Page 1/5
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Tabagisme  : des signes d’inflammation gingivale Avec le temps, la plaque dentaire se calcifie
masqués. Chez les fumeurs, les saignements au-dessus de la gencive (au niveau de l’émail) et
des gencives liés à une parodontopathie sont moins en-dessous (au niveau du cément*), formant ainsi
fréquents que chez les non-fumeurs, à niveau le tartre. Au-dessus de la gencive, le tartre est pré-
d’hygiène buccodentaire équivalent voire inférieur, sent en général sur les faces internes des incisives
alors qu’ils sont plus exposés à cette affection. La de la mâchoire inférieure (alias mandibulaires) et
nicotine, par son effet vasoconstricteur, semble sur les faces externes des molaires de la mâchoire
masquer les signes d’inflammation gingivale, et supérieure (alias maxillaires) (1,3).
les saignements qui précèdent l’apparition des Les autres facteurs de gingivites sont notamment :
parodontites (6). –– des chevauchements de dents (alias encombre-
ment dentaire) ;
–– des restaurations dentaires défectueuses ;
–– une respiration buccale ;
 Facteurs de survenue  –– des appareils orthodontiques ;
–– l’éruption de dents ;
Plaque dentaire en cause le plus sou- –– des changements hormonaux liés à la puberté, à
vent. La plaque dentaire (alias plaque la grossesse, aux règles ;
bactérienne) joue un rôle déterminant –– une immunodépression ;
dans l’apparition des gingivites et des –– un herpès buccal ;
parodontites (1). –– des candidoses ;
La plaque dentaire est une accumulation hétéro- –– un lichen plan ;
gène composée notamment de bactéries, qui –– des réactions allergiques ;
constitue un dépôt mou, de couleur blanc jaunâtre, –– une éventuelle prédisposition génétique (1,3,4).
adhérant à la surface des dents ou présent dans le Les autres facteurs de parodontites sont notam-
sillon gingivodentaire. La plaque dentaire se déve- ment :
loppe quand elle n’est pas contenue par des mesures –– des maladies hématologiques telles que les leu-
d’hygiène buccodentaire adaptées (1). cémies ;

Premiers Choix Pres rire • Parodonto athies : révention • tualisation février 2018 • Page 2/5
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–– un diabète, avec un risque accru de parodontite


quand le diabète n’est pas équilibré ; Signes d’alerte lors d’une gingivite
–– le tabagisme, avec un risque corrélé à l’importance
de l’exposition (1,4,6,7). ou d’une parodontite
+ “Consommation et arrêt du tabac” Premiers Choix
Prescrire, actualisation août 2016
Gingivite ulcéronécrotique aiguë. Une gingivite
+ Fiche Infos-Patients “Les bénéfices de l’arrêt du
tabac” dite ulcéronécrotique aiguë se manifeste notam-
ment par la survenue soudaine d’une douleur des
Penser aux saignements et aux modi- gencives et d’une nécrose des papilles interden-
fications des gencives liés à des mé- taires*, une mauvaise haleine, un saignement des gencives,
dicaments. Des médicaments sont à des troubles du goût et de la fièvre. Les facteurs de survenue
l’origine de saignements gingivaux, évoqués sont surtout la malnutrition, des infections virales,
notamment : des extraits de racine de Pelargonium ; des changements hormonaux, le tabagisme. Le traitement
l’eltrombopag, un agoniste des récepteurs de la effectué par un chirurgien-dentiste repose sur un curetage
thrombopoïétine  ; des extraits allergéniques de parodontal sous anesthésie locale (2à4).
pollens ; les inhibiteurs dits sélectifs de la recapture
de la sérotonine (IRS) ; les anticoagulants et anti Parodontite agressive. Une parodontite agressive localisée
agrégants plaquettaires (8à13). est caractérisée par une inflammation gingivale, une perte
Des médicaments exposent à des accroissements rapide de l’os alvéolaire, une mobilité et une perte des inci-
des gencives, parfois causes de saignements gin- sives et des premières molaires permanentes. Les parodon-
givaux, dont : des antiépileptiques (surtout la phé- tites agressives localisées aux incisives et premières molaires
nytoïne), les inhibiteurs calciques et des immuno permanentes touchent surtout des enfants avant la puberté,
dépresseurs tels que la ciclosporine (14). en bonne santé par ailleurs. Les rares parodontites agressives
généralisées touchent des patients âgés de 12 ans à 20 ans.
Le traitement repose sur un curetage parodontal effectué par
un chirurgien-dentiste et une antibiothérapie (1,3).
 Évolution 

Gingivite, réversible, qui évolue parfois


en parodontite, irréversible et destruc-
trice. Une fois installées, certaines gin-
givites restent stables pendant des mois
voire des années  ; d’autres régressent spontané-  Non médicamenteux 
ment ; d’autres évoluent en parodontites (1,5). Brossage dentaire et nettoyage
Les formes les plus fréquentes de parodontites des espaces interdentaires pour
sont les parodontites chroniques d’évolution lente, éliminer la plaque dentaire
qui touchent surtout les adultes. Elles sont associées Les mesures d’hygiène buccodentaire individuelles
à une accumulation importante de tartre sur les consistent à effectuer un brossage dentaire au mieux
dents, au-dessus et en dessous de la gencive. Les avec un dentifrice dont la dose de fluor est adaptée
parodontites dites agressives touchent surtout les à l’âge du patient, complété par le nettoyage des
adultes jeunes et sont rares. Elles sont d’évolution espaces interdentaires après chaque repas (15,16).
souvent rapide, localisées à un groupe de dents ou Le brossage des dents, au mieux après chaque
généralisées à toute la denture (1,2,4). repas et au moins deux fois par jour, pendant 2 mi-
+ Lire “Signes d’alerte lors d’une gingivite ou d’une nutes, est considéré comme le moyen le plus efficace
parodontite” pour éliminer la plaque dentaire. Les mesures
d’hygiène buccodentaire sont parfois à effectuer
sous la supervision et avec l’aide d’un adulte, no-
tamment chez les enfants âgés de moins
 Traitements  de 6 ans (1,16).
L’utilisation de fil dentaire, de brossettes ou de
La prévention des parodontopathies repose avant tout sur bâtonnets interdentaires complète l’action de la
des mesures d’hygiène buccodentaire individuelles et des brosse à dents en éliminant la plaque dentaire dans
détartrages réguliers par un chirurgien-dentiste (1,15). les espaces interdentaires (1,15).
Un brossage des dents avec une brosse à dents
électrique semble plus efficace à court terme qu’avec
une brosse à dents manuelle pour éliminer la plaque
dentaire, sans avantage démontré à long terme (1,4).
Le brossage des dents et les dentifrices ont parfois
un effet abrasif sur l’émail des dents. Un effet indé-

Premiers Choix Pres rire • Parodonto athies : révention • tualisation février 2018 • Page 3/5
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sirable du brossage sur la gencive, notamment le


risque de rétraction gingivale, a été évoqué, sans Traitements à écarter lors
être démontré. Ces risques ne contrebalancent pas
les bénéfices du brossage (1,4).
d’une gingivite ou d’une parodontite

 Acte technique 
Dérivés terpéniques, salicylates et anesthésiques
Détartrage par un chirurgien-dentiste locaux. Les solutions pour bains de bouche proposées
pour éliminer la plaque dentaire pour prévenir l’apparition de parodontopathies et qui associent
calcifiée diverses substances dont des dérivés terpéniques, des salicy-
Quand la plaque dentaire est calcifiée, son élimina- lates ou des anesthésiques locaux sont sans efficacité clinique
tion mécanique, alias détartrage, par un chirurgien- démontrée. Elles exposent aux effets indésirables de ces sub
dentiste semble avoir une efficacité préventive sur stances : effets indésirables locaux, dont allergies, irritations
locales, sensations de brûlures, troubles du goût et, avec les
les parodontopathies. Le détartrage concerne la
anesthésiques locaux, fausses routes par anesthésie du car-
surface de la dent au-dessus et en dessous de la
refour oropharyngé et retards de cicatrisation des plaies ; effets
gencive (1,4). indésirables généraux dont convulsions chez les enfants ou
La motivation des patients et l’enseignement agitations et confusions chez les personnes âgées avec les
d’une hygiène buccodentaire rigoureuse complètent dérivés terpéniques, méthémoglobinémies avec les anesthé-
la consultation auprès du chirurgien-dentiste (1). siques locaux (17,22à27).
La fréquence optimale des soins d’entretien chez
le chirurgien-dentiste n’est pas établie. Une fré-
quence annuelle semble suffisante chez les patients
à faible risque. Des soins plus fréquents sont pro-
posés empiriquement aux patients à risque élevé  Non médicamenteux 
de parodontopathie (1,15). Substances “anti-plaque dentaire” : pas
Chez la majorité des patients qui ont une paro- d’efficacité établie
dontite avec des poches parodontales peu profondes, De nombreuses substances, présentes dans des bains
effectuer des détartrages réguliers limite la destruc- de bouche ou dans des dentifrices, proposées pour
tion du parodonte (1). limiter la formation de la plaque dentaire, en com-
plément d’un brossage régulier, n’ont pas d’efficaci-
 Médicamenteux  té établie dans la prévention des parodontopathies,
Chlorhexidine en bains de bouche : notamment : des ions métalliques (zinc, cuivre, étain),
un appoint sanguinarine, triclosan, thymol, chlorure de cétylpy-
En complément des méthodes mécaniques d’élimi- ridinium, héxétidine, bicarbonate de sodium (1).
nation de la plaque dentaire, de nombreuses sub
stances présentes dans des bains de bouche, à
utiliser purs ou dilués, sont proposées pour limiter
la formation de la plaque dentaire. Parmi elles, la  Situations particulières 
chlorhexidine est la mieux évaluée dans cette situ
ation, notamment quand le brossage des dents est  Grossesse 
difficile, inadéquat voire impossible. Toutefois, son Gingivite de la grossesse  : mesures
efficacité en complément d’un brossage régulier d’hygiène buccodentaire et parfois
pour prévenir la survenue de parodontopathies n’est détartrage. Les changements hormo-
pas établie (1,4). naux liés à une grossesse provoquent parfois une
Les solutions pour bains de bouche qui contiennent gingivite dite gravidique qui se manifeste par une
de la chlorhexidine colorent en brun les dents, les inflammation, des saignements et un accroissement
prothèses dentaires, ainsi que la langue. Cette colo des gencives, indépendamment du développement
ration cède en général au brossage et à l’arrêt du de la plaque dentaire. L’accroissement des gencives
traitement. La chlorhexidine expose à des réactions provoque parfois des troubles de l’occlusion den-
d’hypersensibilité (17à19). taire, de la déglutition, de l’élocution et une masti-
Des troubles du goût ont été rapportés avec la cation douloureuse. La gingivite gravidique tend à
chlorhexidine (17,18). s’aggraver au cours de la grossesse, et régresse
L’utilisation prolongée de solutions antiseptiques après l’accouchement (4,14).
pour bains de bouche modifie la flore microbienne Chez les femmes enceintes, comme dans la popu
buccale, ce qui expose au développement d’infec- lation générale, le principal traitement préventif des
tions bactériennes ou de mycoses (17). parodontopathies repose sur l’hygiène buccoden-
taire. Un détartrage effectué par un chirurgien-
dentiste ne semble pas exposer à des risques par-
ticuliers chez les femmes enceintes (4).
+ Lire “Brossage dentaire et nettoyage des espaces
interdentaires pour éliminer la plaque dentaire”

Premiers Choix Pres rire • Parodonto athies : révention • tualisation février 2018 • Page 4/5
Premiers Choix Prescrire

Recherche documentaire et méthode d’élaboration


 À risque d’endocardite infectieuse 
Cette synthèse a été élaborée à partir des données publiées dans
Détartrage : antibiotique en prévention Prescrire jusqu’au n° 413 (mars 2018) et dans son supplément Inter
quand risque élevé d’endocardite. En actions médicamenteuses 2017, confrontées aux données publiées
dans deux sources documentaires complémentaires : l’ouvrage de
cas de détartrage chez les patients à pharmacologie clinique Martindale The complete drug reference
risque élevé d’endocardite, notamment ceux porteurs (site www.medicinescomplete.com) et l’ouvrage de médecine
interne UpToDate (site www.uptodate.com), consultés pour la
d’une prothèse valvulaire, ceux qui ont un antécédent dernière fois le 15 février 2018. La validité des données citées dans
d’endocardite ou une cardiopathie cyanogène* non cette synthèse est vérifiée grâce à la veille documentaire permanente
opérée, un traitement antibiotique préventif semble mise en place par Prescrire. Les procédures d’élaboration de cette
synthèse ont suivi les méthodes habituelles de Prescrire : notamment
justifié, en premier choix par l’amoxicilline (20,21). vérification de la sélection des données et de leur analyse, contrôles
©Prescrire de qualité multiples.
1- Prescrire Rédaction “Les maladies parodontales. Une cause fréquente
d’extraction dentaire” Rev Prescrire 2003 ; 23 (245) : 841-845.
2- Chow AW et coll. “Epidemiology, pathogenesis, and clinical mani-
festations of odontogenic infections” UpToDate 2018.
GLOSSAIRE 3- Griffen A et coll. “Gingivitis and periodontitis in children and adoles-
cents” UpToDate 2018.
Les termes expliqués de façon concise dans ce glossaire 4- Wilder RS et coll. “Gingivitis and periodontitis in adults. Classification
sont signalés dans le texte par une astérisque (*) and dental treatment” UpToDate 2018.
5- “Mouth infections” Martindale, The Pharmaceutical Press 2018.
cardiopathie cyanogène : maladie cardiaque congé-
6- Prescrire Rédaction “Bouche et tabac. Cancers et pertes des dents”
nitale ou acquise qui provoque une oxygénation Rev Prescrire 2007 ; 27 (289) : 836-839.
insuffisante du sang circulant. 7- Prescrire Rédaction “Patients diabétiques et accès aux soins den-
taires” Rev Prescrire 2015 ; 35 (375) : 69-70.
cément : tissu minéralisé, constituant le revêtement 8- Prescrire Rédaction “Extraits de racine de Pelargonium et rhume”
extérieur de la racine des dents. Rev Prescrire 2017 ; 37 (399) : 8.
9- Prescrire Rédaction “eltrombopag (Revolade°) et thrombopénie chez
papille interdentaire : partie en relief de la muqueuse les patients atteints d’hépatite C. Un médicament hépatotoxique plus
gingivale située dans l’espace entre deux dents dangereux qu’utile” Rev Prescrire 2015 ; 35 (378) : 250-251.
voisines. 10- Prescrire Rédaction “Extrait allergénique de pollens : trop d’effets
indésirables” Rev Prescrire 2015 ; 35 (378) : 268.
parodonte : organe de soutien de la dent, composé 11- Prescrire Rédaction “19-3-5-2. Profil d’effets indésirables des IRS”
de 4 éléments intimement liés : l’os alvéolaire, le suppl. Interactions médicamenteuses 2017.
desmodonte (alias ligament parodontal ou ligament 12- Prescrire Rédaction “2-5. Patients à risque de thromboses artérielles
alvéolodentaire), le cément et la gencive. ou veineuses élevé” suppl. Interactions médicamenteuses 2017.
13- Prescrire Rédaction “5-1-3. Profil d’effets indésirables des AINS”
suppl. Interactions médicamenteuses 2017.
14- Prescrire Rédaction “E14a. Accroissements des gencives d’origine
médicamenteuse” suppl. Interactions médicamenteuses 2017.
15- Chow AW et coll. “Complications, diagnosis, and treatment of
Noms commerciaux des médicaments odontogenic infections” UpToDate 2018.
en France F, Belgique B et Suisse CH 16- Prescrire Rédaction “Fluor en prévention de la carie dentaire des
enfants” Rev Prescrire 2017 ; 37 (406) : 583-588.
amoxicilline – F B CH  CLAMOXYL° ou autre 17- Prescrire Rédaction “Petites plaies de la bouche (chez les adultes)”
Rev Prescrire 2008 ; 28 (301) : 846-847.
chlorhexidine bains de bouche – F ELUDRILPERIO°
18- Prescrire Rédaction “Colorations dentaires d’origine médicamen-
ou autre ; B  CORSODYL° ou autre ; teuse” Rev Prescrire 2007 ; 27 (287) : 673-674.
CH  CHLORHEXAMED° ou autre 19- Prescrire Rédaction “Chlorhexidine à 0,2 % sans chlorbutanol ni
ciclosporine – F  NEORAL°, SANDIMMUN° ; B NEORAL alcool : un bain de bouche de plus” Rev Prescrire 2013 ; 33 (359) : 664
SANDIMMUN° ou autre ; CH  SANDIMMUN NEORAL° 20- Sexton DJ et coll. “Antimicrobial prophylaxis for the prevention of
ou autre bacterial endocarditis” UpToDate 2018.
21- Prescrire Rédaction “Endocardite infectieuse et gestes buccoden-
eltrombopag – F B CH REVOLADE° taires. Amoxicilline en prévention dans quelques cas” Rev
hexétidine bains de bouche – F CH  HEXTRIL° ou autre ; Prescrire 2006 ; 26 (273) : 434-440.
B HEXTRIL°
22- Prescrire Rédaction “chlorhexidine associée (Eludril° solution)”
Pélargonium extrait de racine – F  ACTIVOX RHUME Rev Prescrire 1996 ; 16 (161) : 266.
PELARGONIUM °, BELIVAIR RHUME PELARGONIUM° 23- Prescrire Rédaction “Mucites orales dues aux traitements anti
ou autre ; B KALOBAN° ; CH (—) cancéreux” Rev Prescrire 2007 ; 27 (282) : 286-289.
phénytoïne – F  DI-HYDAN°, DIPHANTOÏNE° ; 24- Prescrire Rédaction “Lidocaïne buccale 1 % : gare aux surdoses
B DIPHANTOINE° ; CH  PHENYTOINE GEROT° ou autre avec d’autres anesthésiques locaux en automédication” Rev
Prescrire 2011 ; 31 (333) : 505.
25-  Prescrire Rédaction “Les méthémoglobinémies, en bref” Rev
Prescrire 2012 ; 32 (341) : 188.
26-  Prescrire Rédaction “Retards de cicatrisation causés par des
médicaments” Rev Prescrire 2012 ; 32 (350) : 911-916.
27- Prescrire Rédaction “Pérubore inhalation° : exit le baume du Pérou,
mais toujours à base de terpènes” Rev Prescrire 2011 ; 31 (335) : 667.

Premiers Choix Pres rire • Parodonto athies : révention • tualisation février 2018 • Page 5/5
Premiers Choix Prescrire
La rubrique Premiers Choix Prescrire présente dans un format synthétique les éléments de choix essentiels pour faire face
à diverses situations cliniques fréquentes. Ces textes proposent une aide concise pour identifier la situation, comparer les
balances bénéfices-risques des différents soins, retenir les premiers choix adaptés et écarter les options plus dangereuses
qu’utiles. En complément, les renvois et références cités dans ces synthèses permettent aussi de se reporter à des données
plus détaillées en matière d’évaluation, d’effets indésirables et d’interactions médicamenteuses.

Lymphœdème d’un membre


supérieur lié à un cancer
du sein
L’essentiel sur les soins de premier choix Actualisation : février 2018

POINTS-CLÉS

●● Chez les femmes qui ont un cancer du sein, un ●● Après un curage ganglionnaire axillaire chez les
lymphœdème du membre supérieur du côté du femmes qui ont un cancer du sein, débuter tôt une
sein atteint est une complication fréquente, notam­ kinésithérapie adaptée semble réduire la fréquence
ment après curage ganglionnaire étendu et radio­ de survenue d’un lymphœdème du membre supé­
thérapie. rieur du côté du sein atteint.

●● Protéger le membre supérieur des blessures, ●● Le traitement de premier choix d’un lymphœ­
brûlures, traumatismes et infections réduit le risque dème d’un membre supérieur repose sur une com­
de lymphœdème et de ses complications. pression continue par bandage multicouches puis
par manchon élastique.

U
n lymphœdème est une accumulation de Chez les femmes qui ont un cancer du sein, divers
lymphe dans le tissu sous-cutané. Il provoque signes sont évocateurs d’un lymphœdème débutant
un gonflement, parfois très volumineux. Chez au niveau du membre supérieur du côté du sein
les femmes qui ont un cancer du sein, un lymphœ- atteint : sensation de lourdeur et de compression
dème d’un membre supérieur est une complication du membre ; augmentation de son volume qui rend
fréquente liée à une interruption de la circulation difficile le port d’une bague, d’un bracelet ou d’une
lymphatique du côté du sein atteint. Chez ces femmes, montre ; changement d’aspect de la peau ; diminu-
un tel lymphœdème est causé soit par certains trai- tion de l’amplitude des mouvements (1à3).
tements contre le cancer tels que le curage ganglion- En général, un lymphœdème d’un membre su-
naire axillaire ou la radiothérapie, soit directement périeur est indolore (1).
par le cancer qui obstrue les vaisseaux lymphatiques, Au stade précoce d’un lymphœdème, une pression
soit par une infection locale (1,2). exercée par un doigt sur la peau gonflée laisse une
empreinte qui persiste quelques secondes, alias
signe du godet. À un stade plus évolué, on observe
un épaississement de la peau  ; un œdème dur,
 Reconnaître  fibreux, sans signe du godet (1,3).
Chez certaines patientes qui ont un lymphœdème
Sensation de lourdeur et volume aug­ lié à un cancer du sein, le gonflement atteint uni-
menté. La survenue d’un lymphœdème quement la partie proximale* du bras et la région
d’un membre supérieur lié à un cancer du sein traité. Chez d’autres, seuls les doigts de la
du sein est en général progressive, main du côté du sein traité sont gonflés (2).
pendant les 3 premières années qui suivent la dé- Chez les femmes qui ont un cancer du sein, la
couverte du cancer (1à3). confirmation d’un lymphœdème d’un membre

Premiers Choix Pres rire • Lym hœdème d’un membre su érieur ié à un an er du sein • tua isation février 2018 • Page 1/3
Premiers Choix Prescrire

supérieur repose sur la comparaison de diverses  Évolution 


circonférences de ce membre avec, au mieux, les
circonférences du même membre mesurées peu Conséquences esthétiques, psychiques
après la découverte du cancer et avant un éventuel et fonctionnelles. Un lymphœdème d’un
traitement, ou à défaut, avec les circonférences de membre supérieur expose à des consé-
l’autre membre supérieur. Les circonférences sont quences esthétiques, psychiques, et
mesurées en général à 4 niveaux : 15 cm au-dessus fonctionnelles liées à la diminution de l’amplitude
du pli du coude, 10 cm en-dessous du pli du coude, des mouvements. Le risque d’infection potentielle-
au niveau du poignet et au niveau des articulations ment grave du membre atteint est accru, parfois
métacarpophalangiennes*. Une différence de plus suite à une blessure superficielle (1,2).
de 2 cm constatée sur au moins un des quatre ni- Le lymphangiosarcome* est une complication
veaux de mesure est suffisante pour confirmer un rare d’un lymphœdème d’un membre supérieur (2,5).
lymphœdème (1,3).

Ne pas confondre avec d’autres atteintes


du membre supérieur. Chez une femme  Traitements 
qui a un cancer du sein, la survenue
brusque d’un œdème du membre supé- Chez les femmes qui ont un cancer du sein, protéger le
rieur du côté atteint, parfois associé à des douleurs, membre supérieur du côté du sein atteint réduit le risque
évoque notamment  : une atteinte d’un nerf du de lymphœdème et de ses complications. Après un curage
membre supérieur, secondaire à l’irradiation  ; la ganglionnaire axillaire d’un cancer du sein, une kinésithéra­
reprise évolutive du cancer voire un envahissement pie précoce semble réduire la fréquence de survenue d’un
tumoral ; une thrombose veineuse profonde ; une lymphœdème. Quand un lymphœdème du membre supérieur
infection (1). est constitué, une compression continue 24 h sur 24 pendant
plusieurs semaines vise à en limiter les conséquen­
ces (1,2,6,7).
Les médicaments n’ont pas de place dans le traitement
 Facteurs de survenue  d’un lymphœdème d’un membre supérieur (1,5).

Surtout suite à un curage ganglionnaire


axillaire complet et radiothérapie axil­
laire. Chez les femmes qui ont un cancer
du sein, l’association d’un curage Prévenir l’apparition
ganglionnaire axillaire complet avec une radiothéra d’un lymphœdème
pie est la principale cause de lymphœdème du
membre supérieur du côté du sein atteint (1).  Non médicamenteux 
Le risque de lymphœdème augmente avec l’éten- Protéger le membre supérieur du côté
due de l’éventuel curage ganglionnaire et avec atteint
l’intensité de l’irradiation au niveau axillaire (1à3). Chez une femme qui a un cancer du sein, prévenir
Chez les femmes qui ont un cancer du sein, la la survenue d’un lymphœdème du membre supérieur
technique du ganglion sentinelle* réduit la fréquence du côté du sein atteint repose sur le port de gants
des lymphœdèmes du membre supérieur du côté de protection lors des activités à risque de blessure,
du sein atteint en diminuant le recours au curage de brûlure ou de traumatisme telles que le jardinage
ganglionnaire axillaire étendu (2,4). ou le bricolage. En cas de plaie ou de blessure du
Chez les femmes qui ont un cancer du sein, une membre supérieur du côté du sein atteint, un net-
infection, une blessure ou une constriction (par un toyage précoce, voire un traitement antibiotique
vêtement par exemple) provoquant un effet garrot dès qu’apparaissent des signes d’infection, visent
sur le membre supérieur du côté du sein atteint à prévenir la survenue d’un lymphœdème et des
exposent à un lymphœdème de ce membre. Un complications infectieuses telles que des lymphan-
surpoids ou une obésité préexistants ou une prise gites* ou des dermohypodermites aiguës bacté-
de poids après traitement chirurgical d’un cancer riennes* (1à3,8).
du sein sont aussi des facteurs de risque accru de La survenue d’un lymphœdème d’un membre
lymphœdème (1à3). supérieur ne justifie pas l’arrêt des activités phy-
siques du quotidien mobilisant ce membre (5,7).

Premiers Choix Pres rire • Lym hœdème d’un membre su érieur ié à un an er du sein • tua isation février 2018 • Page 2/3
Premiers Choix Prescrire

seule, en particulier lors d’un lymphœdème débutant.


 Acte technique  Ce drainage lymphatique semble présenter peu
Kinésithérapie précoce adaptée après d’inconvénients (2,6).
curage ganglionnaire axillaire ©Prescrire
Chez une patiente récemment opérée d’un cancer du
sein avec curage ganglionnaire axillaire, débuter sans
attendre une kinésithérapie associant un drainage
lymphatique manuel au niveau du membre supérieur GLOSSAIRE
du côté du sein atteint, un massage de la cicatrice, Les termes expliqués de façon concise dans ce glossaire
des exercices actifs progressifs et des étirements de sont signalés dans le texte par une astérisque (*)
l’épaule, semble réduire la fréquence de survenue articulation métacarpophalangienne : articulation qui
d’un lymphœdème, sans effet indésirable particulier (6). unit un des 5 os de la main (les métacarpes) à la
première phalange du doigt correspondant.
dermohypodermite aiguë bactérienne : alias cellulite
infectieuse, infection aiguë de la peau et du tissu
sous-cutané (alias hypoderme), soit sous forme
Limiter les conséquences non nécrosante telle que l’érysipèle, soit sous forme
d’un lymphœdème nécrosante telle que la fasciite nécrosante.
lymphangiosarcome : tumeur maligne qui se déve-
 Non médicamenteux 
loppe à partir de la paroi de vaisseaux lymphatiques,
Compression continue en premier en général sur un lymphœdème préexistant.
choix
lymphangite : inflammation, le plus souvent infec-
En traitement d’un lymphœdème d’un membre
tieuse, aiguë ou chronique, d’un ou de plusieurs
supérieur, une compression continue pendant plu- vaisseaux lymphatiques.
sieurs semaines par des bandages multicouches
peu extensibles est à proposer en premier choix. proximal : situé vers l’extrémité du membre proche du
tronc (par opposition à distal, c’est-à-dire situé vers
La compression continue diminue en moyenne le
l’extrémité du membre la plus éloignée du tronc).
volume du lymphœdème d’environ 40 % après 2 mois
d’utilisation (1,2). technique du ganglion sentinelle : technique chirur-
En relais de la compression continue du membre gicale qui consiste à repérer par un traceur radioactif
ou un colorant le ou les ganglions situés en première
supérieur par bandages multicouches, une com-
ligne du drainage d’une tumeur, pour les retirer et
pression par un manchon élastique à fabriquer sur rechercher quand ils sont atteints par cette tumeur.
mesure maintient la réduction du volume du lym-
phœdème, en visant une pression entre 20 et
50 mm Hg selon la tolérance de chaque patiente.
Le manchon élastique de compression est éventuel- Recherche documentaire et méthode d’élaboration
lement complété par un gant ou une mitaine pour Cette synthèse a été élaborée à partir des données publiées dans
Prescrire jusqu’au n° 413 (mars 2018) et dans son supplément Inter­
éviter un gonflement de la main (1,5). actions médicamenteuses 2017, confrontées aux données publiées
Excepté pendant le sommeil, le manchon élastique dans deux sources documentaires complémentaires : l’ouvrage de
pharmacologie clinique Martindale The complete drug reference
de compression est à porter en continu, y compris (site www.medicinescomplete.com) et l’ouvrage de médecine
pendant les exercices physiques. En raison de l’al- interne UpToDate (site www.uptodate.com), consultés pour la
tération de leur force de compression avec le temps, dernière fois le 13 février 2018. La validité des données citées dans
cette synthèse est vérifiée grâce à la veille documentaire permanente
les manchons élastiques de compression sont à mise en place par Prescrire. Les procédures d’élaboration de cette
remplacer tous les 6 mois, voire plus tôt si le volume synthèse ont suivi les méthodes habituelles de Prescrire : notamment
du membre supérieur du côté atteint a diminué (1,5). vérification de la sélection des données et de leur analyse, contrôles
de qualité multiples.
Les bandages et les manchons élastiques de 1  Prescrire Rédaction “Lymphœdème après cancer du sein. La com-
compression protègent en outre le membre supérieur pression continue reste le seul traitement d’efficacité démontrée” Rev
du côté atteint des blessures, ce qui contribue à Prescrire 2004 ; 24 (255) : 768-771.
2   Mehrara B and coll. “Breast cancer-associated lymphedema”
prévenir les complications infectieuses (1). UpToDate 2018.
La compression continue expose les patientes à 3  Mehrara B and coll. “Clinical features and diagnosis of peripheral
des problèmes de confort ou d’esthétique (1). lymphedema” UpToDate 2018.
4  Prescrire Rédaction “Cancers du sein et technique du ganglion
sentinelle : un intérêt confirmé” Rev Prescrire 2015 ; 35 (382) : 614.
 Acte technique  5  Mehrara B and coll. “Clinical staging and conservative management
Lymphœdème débutant : ajout of peripheral lymphedema” UpToDate 2018.
d’un drainage lymphatique manuel 6  Prescrire Rédaction “Kinésithérapie précoce après cancer du sein :
moins de lymphœdèmes après une année” Rev Prescrire 2010 ; 30
En traitement d’un lymphœdème d’un membre (325) : 849-849.
supérieur, l’ajout d’un drainage lymphatique manuel 7   Prescrire Rédaction “Exercice du membre supérieur atteint de
lymphœdème” Rev Prescrire 2010 ; 30 (323) : 692-693.
effectué par un kinésithérapeute à une compression
8  Prescrire Rédaction “Prévenir les infections liées aux morsures de
continue semble contribuer à la réduction du volume chien et de chat. Évaluer la profondeur de la plaie, le risque infectieux,
du membre par rapport à une compression continue sans oublier rage et tétanos” Rev Prescrire 2011 ; 31 (329) : 194-199.

Premiers Choix Pres rire • Lym hœdème d’un membre su érieur ié à un an er du sein • tua isation février 2018 • Page 3/3

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