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Chez les patients dépendants aux opioïdes, la utilisé le médicament dans le cadre d’une surdose,
naloxone expose à un syndrome aigu de sevrage, dont 16 personnes qui n’étaient pas la personne
surtout en cas d’administration d’une dose élevée. ayant obtenu le médicament, mais qui y ont eu
Le syndrome de sevrage se manifeste principalement accès via un patient inclus dans le cadre de l’ATU.
par une agitation, une anxiété, des nausées, des Dans tous les cas, l’évolution a été favorable (8).
myalgies et une transpiration (1à4). En situation
d’urgence vitale, le risque de syndrome de sevrage Deux essais voie nasale versus voie IM. Notre
est mineur par rapport au risque de mort. recherche documentaire a recensé deux essais
cliniques qui ont comparé l’administration unique
de 2 mg d’une solution injectable de naloxone soit
Quelle nouveauté ? pulvérisée dans le nez, soit injectée en IM. En l’ab-
sence d’amélioration clinique, une dose de secours
Souvent, les surdoses d’opioïdes surviennent en de 0,8 mg de naloxone était administrée par voie IM.
présence de témoins. Plusieurs pays ont développé Ces essais randomisés, non aveugles, ont inclus au
des programmes de mise à disposition de kits de total 327 patients apparemment en surdose d’opioïde
naloxone pour injection IM, auprès de personnes et pris en charge par des ambulanciers en Australie.
susceptibles d’être témoins d’une surdose d’opioïde, À l’inclusion, tous les patients avaient une fréquence
en particulier des proches de personnes dépendantes respiratoire inférieure à 10 cycles par minute et
aux opioïdes. L’objectif est de permettre à ces per- une conscience altérée. Environ 40 % avaient
sonnes d’administrer rapidement la naloxone, avant aussi consommé de l’alcool ou pris des médica-
l’arrivée des secours. Ces programmes ont montré ments (9,10).
que les kits de naloxone sont utiles pour réduire la Aucun patient n’est mort. Dans un des essais, les
mortalité, sans augmentation démontrée des prises proportions de patients ayant une fréquence respi-
de risques par les consommateurs d’opioïdes (lire ratoire supérieure à 10 cycles par minute ou un
aussi pages 488-489) (1,5). score de Glasgow* d’au moins 13 dans les 10 mi-
En France, en 2015, un flacon pulvérisateur (au- nutes suivant l’administration de naloxone ont été
trement dit spray) de naloxone pour administration du même ordre dans les deux groupes : environ
par voie nasale a fait l’objet d’une autorisation 75 %. Dans l’autre essai, le délai pour rétablir une
temporaire d’utilisation (ATU) de cohorte pour une fréquence respiratoire supérieure à 10 cycles par
utilisation à domicile ou en établissement de soins, minute a été plus long avec la voie nasale : en
en présence ou non d’un soignant, en cas de surdose moyenne 8 minutes versus 6 minutes avec la voie IM
suspectée ou avérée d’opioïde chez les adultes et (p = 0,006). Mais dans cet essai, le volume de solu-
les enfants (6). En 2017, ce spray a fait l’objet d’une tion de naloxone administré par voie nasale (2,5 ml
autorisation de mise sur le marché (AMM) dès l’âge dans chaque narine) était élevé, ce qui a peut-être
de 1 mois en cas de surdose avérée ou suspectée entraîné un écoulement d’une partie de la solution
d’opioïde, dans l’attente de l’arrivée des secours. en dehors du nez. Dans les deux essais, plus de
Dans cette situation, la naloxone par voie nasale, patients des groupes naloxone par voie nasale ont
administrée avant l’arrivée des secours, est-elle au reçu une dose de secours de naloxone par voie IM :
moins aussi efficace que sous forme injectable pour 18 % versus 5 %, et 26 % versus 13 % (1,9,10).
réduire la mortalité ? Avec quels effets indésirables ?
Le spray nasal autorisé en France est-il simple à Voie nasale efficace selon trois études en situation
utiliser dans une situation d’urgence par des per- réelle. Trois études réalisées aux États-Unis d’Amé-
sonnes peu expérimentées ? rique ont évalué l’impact d’un programme de dis-
tribution de kits de solution injectable de naloxone
Évaluation de la spécialité autorisée en France (2 mg/2 ml) pour administration par voie nasale à
dans le cadre d’une ATU de cohorte. L’évaluation l’aide d’un dispositif de vaporisation sur la seringue.
clinique ayant conduit à l’AMM du spray nasal de Ces études ont inclus au total 4 850 personnes. Il
naloxone repose surtout sur des données de phar- s’agissait de patients recevant de la méthadone
macocinétique, la firme n’ayant pas réalisé d’essai dans le cadre d’un traitement substitutif, d’usagers
clinique. Une étude chez 36 personnes en bonne d’opioïdes ou de personnes de leur entourage. Le
santé a montré que l’administration nasale de na- suivi a duré de 15 mois à 7 ans. Au total, 493 kits
loxone à la dose de 1,8 mg ou 3,6 mg aboutit à une ont été utilisés. Aucune personne n’est morte, et
quantité totale de naloxone circulant dans le sang une levée de la surdose a été obtenue dans tous
environ 1,5 à 2,5 fois plus élevée que l’administra- les cas. Dans une des études, chez 385 participants,
tion intramusculaire d’une dose de 0,4 mg, mais la les secours ont été appelés dans 28 % des cas. On
quantité de naloxone circulant pendant les 6 pre- ne dispose pas de cette donnée dans les deux autres
mières minutes qui suivent l’administration nasale études. Au total dans les trois études, deux syn-
est environ 1,5 à 2,5 fois plus faible qu’après injec- dromes de sevrage ont été rapportés, sans qu’une
tion (7). On ne sait pas si ces différences ont des dose d’opioïde n’ait été nécessaire pour soulager
conséquences cliniques. les symptômes (1,5,11).
Dans le cadre de l’ATU en France, entre juillet
2016 et janvier 2018, le spray nasal de naloxone a
été dispensé à 1 057 patients. 21 personnes ont
Peu de risques en situation de surdose. Hormis le Après l’administration, le patient est à placer en
risque de syndrome aigu de sevrage, la naloxone position latérale de sécurité (12). L’embout nasal
sous forme injectable expose à peu d’effets indési- n’est pas adapté aux très jeunes enfants (7).
rables. Des troubles cardiovasculaires (surtout hy- La distribution de Nalscue° est à accompagner
potensions et hypertensions artérielles, troubles du d’explications aux personnes susceptibles de l’uti-
rythme cardiaque), des troubles neuropsychiques liser, les consommateurs d’opioïdes et surtout leur
(céphalées, vertiges, agitations, hallucinations, convul- entourage, sur : l’utilisation correcte du dispositif,
sions), des œdèmes pulmonaires, des angiœdèmes, les signes qui permettent de reconnaître une surdose
des urticaires, et des chocs anaphylactiques ont été d’opioïde, les facteurs de surdose, et les gestes de
rapportés avec la naloxone, surtout dans un contexte premiers secours.
chirurgical. De tels troubles semblent rares dans un
contexte de surdose d’opioïde (2,3).
Dans les deux essais comparatifs australiens, les Qu’en disent les autres ?
événements indésirables rapportés avec la naloxone
par voie nasale ont été du même ordre qu’avec la Les données d’évaluation clinique de la naloxone
voie IM (1,9,10). Dans un des essais, les événements par voie nasale dans les surdoses d’opioïdes ont
indésirables ont été moins fréquents avec la voie été analysées par la Commission de la transparence
nasale : rapportés chez 12 % des patients versus de la Haute autorité de santé (HAS) française. Voici
21 % avec la voie IM, avec en particulier moins sa principale conclusion : « Prenant en compte les
d’agitations (2 % versus 13 %). Il n’y a pas eu de seules données rapportées sur la survie issues de
différence entre les groupes dans l’autre essai (9,10). l’ATU de cohorte, non comparatives et non exhaus-
Dans le cadre de l’ATU en France, 2 cas de mésu- tives (…), le profil connu d’efficacité et de tolérance
sage ont été rapportés avec la naloxone par voie de la naloxone sous sa forme injectable, l’absence
nasale. Un patient se l’est administrée en l’absence de donnée disponible sur la prise en charge ayant
de surdose, et il a eu un syndrome de sevrage. suivi l’administration de Nalscue [naloxone], la
L’autre patient se l’est administré en raison d’un Commission considère que Nalscue apporte une
« inconfort physique » alors qu’il ne prenait plus amélioration du service médical rendu mineure
d’opioïde. Il a eu un écoulement nasal et une hyper (ASMR IV) dans le traitement d’urgence des surdo-
sudation des mains. Aucun autre effet indésirable sages aux opioïdes » (13).
n’a été rapporté (8). La Commission ne semble pas avoir pris en compte
Outre les effets indésirables connus de la naloxone, l’apport notable en termes de praticité de ce spray
le résumé des caractéristiques (RCP) du spray nasal pour administration nasale dans un contexte d’ur-
mentionne aussi des troubles du goût, des troubles gence.
de l’odorat, des congestions et des hypersécrétions
nasales, des paresthésies (12).
La présence d’alcool benzylique comme excipient En pratique
contre-indique l’utilisation de Nalscue° chez les
enfants âgés de moins de 1 mois en raison du risque Lors d’une surdose d’opioïde, administrer le plus
de réactions toxiques (12). rapidement possible de la naloxone permet d’éviter
des morts en rétablissant une fréquence respiratoire
Un dispositif prêt à l’emploi, a priori facile à utili- suffisante.
ser. En cas de surdose, il est nécessaire d’appeler Le spray nasal de naloxone autorisé en France a
(ou de faire appeler) des secours d’urgence médi- été peu évalué, y compris en situation réelle de
calisés, car la naloxone a une faible durée d’action surdose. Mais des essais cliniques d’administrations
par rapport à la durée d’action de certains opioïdes. nasales de naloxone versus injections intramuscu-
En France, il faut composer le 15, le 18 ou le 112. laires, et des programmes de mise à disposition
La dose initiale à administrer est de une pulvérisa- auprès d’usagers de drogues et de leur entourage,
tion dans chaque narine, après avoir placé le patient sont en faveur d’une efficacité de la naloxone ad-
sur le dos. Chaque boîte de Nalscue° contient quatre ministrée par voie nasale pour éviter la mort par
sprays unidoses. Selon les informations fournies surdose d’opioïde. On ne dispose d’aucune donnée
dans la notice, l’embout du spray est à insérer chez des patients ayant des lésions nasales ni chez
complètement dans la narine, en tenant le spray les enfants. Le mode d’utilisation du spray nasal
entre l’index et le majeur et en l’orientant vers le autorisé en France semble a priori simple, y compris
côté opposé à la cloison nasale. Le déclenchement en situation d’urgence où l’émotion peut rendre les
de la dose est immédiat en appuyant sur le piston gestes confus. Il évite de recourir à des injections
avec le pouce, jusqu’à entendre un clic. La même (lire aussi pages 488-489). L’embout nasal n’est pas
opération est à répéter dans l’autre narine avec un adapté pour les enfants en bas âge.
autre sray. L’heure d’administration est à noter pour En somme, cette nouvelle forme de naloxone est
en informer les secours à leur arrivée. En l’absence à proposer aux patients consommateurs d’opioïdes
d’amélioration après 3 à 5 minutes ou en cas de à risque de surdose et à leur entourage, en leur
réapparition des symptômes de surdose, une pul- apprenant précisément comment s’en servir à bon
vérisation supplémentaire dans chaque narine (soit escient.
l’utilisation de deux autres sprays) est à effectuer. ©Prescrire
NOUVELLE PRÉSENTATION
ÉVENTUELLEMENT UTILE
PRENOXAD° - naloxone solution injectable
Pour administrer la naloxone injectable en intramusculaire
situation d’urgence vitale, un kit prêt à l’em- • 2 mg de chlorhydrate de naloxone par seringue prérem-
ploi et facile à transporter est plus pratique plie de 2 ml, correspondant à 5 doses de 0,4 mg (une seringue
que des ampoules. Mais le kit pour injection + 2 aiguilles par boîte)
intramusculaire annoncé en France expose à Ethypharm
un risque de piqûre accidentelle, et de syn- ■■antidote ; antagoniste des récepteurs opioïdes
drome de sevrage en cas d’injection de tout ■■Indication : dépression respiratoire induite par les opioïdes,
le contenu de la seringue en une seule fois. en situation d’urgence à domicile ou dans un autre envi-
Quand il est envisagé que la naloxone soit ronnement non médical, pour une utilisation par des per-
sonnes appropriées, ou dans un établissement de soins
administrée par l’entourage d’un patient,
(traduction de l’indication du résumé des caractéristiques
mieux vaut le spray nasal. britannique par nos soins). [AMM française par procédure
nationale en cours d’enregistrement]
GAMMES OMBRELLES
●● Début 2018, l’ANSM a enfin recommandé L’ANSM recommande l’arrêt des gammes
l’arrêt des gammes ombrelles, après des années ombrelles. Début 2018, l’ANSM a publié des recom-
de tolérance de cette pratique commerciale mandations sur les noms commerciaux des médi-
dangereuse. De façon prévisible, des firmes caments, à l’attention des firmes (lire en encadré
pharmaceutiques protestent. ci-dessous) (3). Selon ces recommandations, rédi-
gées suite à une consultation publique à laquelle
En pratique Au 29 mai 2018, de nombreuses ment prétexté « des coûts d’adaptation particuliè-
gammes ombrelles sont sur le marché français rement importants » pour mettre les boîtes des
malgré les risques identifiés. Cela doit inciter les médicaments en conformité avec les recomman-
soignants, particulièrement ceux de premier recours, dations. Fin mai 2018, l’annulation en urgence a été
pharmaciens, infirmiers et médecins, à rester vigi- rejetée par le Conseil d’État (6). À suivre.
lants et à sensibiliser les patients sur les dangers ©Prescrire
des gammes ombrelles. En se prononçant pour
l’arrêt des gammes ombrelles, l’ANSM lance un Extraits de la veille documentaire Prescrire
signal fort en faveur de la sécurité des patients et 1- ANSM - Commission d’évaluation initiale + Commission de suivi
du rapport entre les bénéfices et les risques des produits de santé
vers un peu plus de clarté quant à la composition “Compte-rendu de la séance commune du 16 novembre 2017. Approu-
des médicaments. vé par voie électronique le 22 février 2018” 22 février 2018 : 32 pages.
De façon prévisible, cette mesure rencontre l’op- 2- Prescrire Rédaction “Gamme ombrelle” Rev Prescrire 2018 ; 38
(412) : 112.
position de certaines firmes. Ainsi, en avril 2018, 3- ANSM “Noms des médicaments. Recommandations à l’attention
l’Association française de l’industrie pharmaceutique des demandeurs et titulaires d’autorisations de mise sur le marché et
pour une automédication responsable (Afipa) a d’enregistrements” janvier 2018 : 9 pages.
4- Prescrire Rédaction “Projet de l’ANSM de recommandations natio-
saisi le Conseil d’État dans le but de faire annuler, nales sur les noms commerciaux : un projet qui entretient les sources
en urgence, les recommandations de l’ANSM sur de dangers” 14 décembre 2016 : 4 pages.
le choix des noms commerciaux. L’Afipa a notam- 5- ANSM “Courriel à Prescrire” 16 mai 2018 : 1 page.
6- Conseil d’État “N° 419494 - Ordonnance du 24 mai 2018” : 5 pages.
VACCINATION
ARRÊTS DE COMMERCIALISATION
Copies démasquées Les arrêts de commercialisation déjà signalés sont acces-
sibles via l’Application Prescrire (et sur le site www.prescrire.
Composition des copies arrivées récemment sur le marché
org : contenus abonnés > médicaments retirés). Nous
français sous un nouveau nom commercial de fantaisie,
fondons nos enquêtes sur la convergence de diverses informations,
souvent peu informatif du contenu.
sans rechercher systématiquement la confirmation par les firmes.
L’absence de précision sur la disponibilité de la substance signifie
PANZYGA° solution pour perfusion : immuno qu’elle reste commercialisée en France.
globulines humaines polyvalentes 100 mg/ml
- collect. et rétrocédable - Copie de Octagam°. AMYCOR° solution pour application locale en
TALMANCO° comprimés : tadalafil 20 mg - collect. flacon pulvérisateur - bifonazole.
et rétrocédable - Copie de Adcirca° (lire p. 509-510). FANSIDAR° comprimés - sulfadoxine + pyrimétha-
VAXELIS° suspension injectable en seringue pré- mine. Il ne reste plus de spécialité commercia-
remplie : anatoxines diphtérique et tétanique lisée avec la sulfadoxine.
+ antigènes pertussiques + antigène de surface KETEK° comprimés - télithromycine. Il ne reste plus
de l’hépatite B recombinant + polyoside d’Hae- de spécialité commercialisée avec cette substance
mophilus influenzae de type b + virus polyomé- (lire dans ce numéro p. 484 et ci-dessus).
litiques inactivés de types 1, 2 et 3 - Séc. soc. LUCENTIS° solution injectable en flacon - ranibi-
65 % et collect. - Copie de InfanrixHexa°. zumab.
XYBILUN° films orodispersibles : sildénafil 50 mg, PEGASYS° solution injectable en stylo prérempli
75 mg et 100 mg - Non remb. Séc. soc. et non à 180 microg - peginterféron alfa-2a.
agréé collect. au 29 mai 2018 - Copie de Viagra°. PLIAGLIS° crème - lidocaïne + tétracaïne.
Les autres spécialités à base de sildénafil dans VAXIGRIP° suspension injectable en seringue
les troubles de l’érection sont disponibles en préremplie - vaccin trivalent à virus de la grippe
comprimés dosés à 25 mg, 50 mg et 100 mg. inactivé.
©Prescrire ©Prescrire
L
e gadolinium, un ion lanthanide, est utilisé par Les auteurs ont tenu compte du trouble motivant
voie intraveineuse pour modifier le contraste lors l’IRM, avec ou sans gadolinium, qui différenciait le
d’examens d’imagerie par résonance magnétique groupe de femmes exposées du groupe témoin.
(IRM)*. En fonction de leur structure, les substances D’autres facteurs de confusion ont été pris en
à base de gadolinium sont plus ou moins stables, et compte, dont l’âge, la parité*, l’année de l’accou-
libèrent une quantité plus ou moins importante de chement, le lieu de résidence, ainsi que divers
gadolinium dans le sang, qui s’accumule ensuite dans troubles (hypertension artérielle, diabète, tabagisme,
le cerveau, le foie, les reins, les muscles, la peau, les obésité, atteinte rénale, etc.) (8).
os. Les structures macrocycliques (acide gadotérique,
gadobutrol, gadotéridol) sont plus stables que les Gadolinium : données d’environ 300 grossesses
structures linéaires (gadobénate de méglumine, gado au 1er trimestre. Chez les 287 enfants nés vivants
diamide, gadopentétate de méglumine, gadoversé- exposés au gadolinium durant le premier trimestre
tamide) (1). Début 2018, l’autorisation de mise sur le de grossesse, il n’est pas apparu d’augmentation si-
marché (AMM) de certaines spécialités à base de gnificative du taux d’anomalies congénitales par
gadolinium à structure linéaire commercialisées en rapport aux enfants non exposés (8).
France ont été suspendues ou restreintes (1,2). On dispose par ailleurs de données issues de
Avec le gadolinium ont été rapportés des céphalées, seulement 27 grossesses exposées au gadopenté-
des nausées, des vomissements, des vertiges, des tate de méglumine au premier trimestre, ce qui est
sensations transitoires de chaleur ou de froid, des trop peu pour repérer un risque (7,10à12).
troubles du goût (3). Plus rarement, le gadolinium Les études chez l’Animal ont montré un effet té-
expose à des effets indésirables graves : convulsions, ratogène de certaines substances à base de gado-
hypotensions artérielles, réactions d’hypersensibilité. linium : microphtalmies et anomalies rétiniennes
On ne connaît pas les conséquences à long terme de avec le gadobénate de méglumine, anomalies du
l’accumulation de gadolinium dans certains organes. squelette avec le gadodiamide, malformations du
Des fibroses systémiques néphrogéniques* ont été système cardiovasculaire avec le gadoversétamide
Études animales difficilement interprétables. Les études Deuxième et troisième trimestres de grossesse : peu de
in vitro n’ont pas mis en évidence d’effet mutagène de l’IRM données. En fin de grossesse, quand une IRM abdominale
(1). Des études chez l’Animal ont eu des résultats divergents respecte les limites autorisées pour la mère, des auteurs ont
quant aux effets sur la croissance et à la survenue de malfor- mis en évidence que le fœtus est exposé à un champ électro-
mations. Leur interprétation est difficile car elles diffèrent magnétique supérieur à 7 fois la limite autorisée dans la popu-
notamment par l’intensité du champ magnétique utilisé et la lation générale. Les conséquences ne sont pas connues (1).
durée d’exposition. Des études isolées ont mis en évidence L’étude canadienne n’a pas évalué de façon probante les
des anomalies du squelette, des anomalies ophtalmiques expositions à des IRM sans gadolinium après le premier
chez les souris, et des pertes fœtales chez les rates exposées trimestre de la grossesse, car les résultats sont biaisés par
à des intensités proches de celles reçues par les femmes l’exposition pour des imageries fœtales dans le but de pré-
enceintes manipulatrices d’appareils d’IRM. Il n’a pas été ciser des malformations ou des tumeurs (3).
montré d’effets de l’IRM sur les fonctions cognitives, ni sur Aux deuxième et troisième trimestres de la grossesse, le
la mort cellulaire, ni sur la survenue de troubles neurologiques. fœtus est aussi exposé aux bruits générés par l’appareil d’IRM
(1,4). Le suivi d’une centaine d’enfants exposés in utero à
Premier trimestre de grossesse : atteintes vasculaires, 1 ou 2 examens d’IRM, n’a pas mis en évidence de perte audi-
digestives, musculosquelettiques et cécités ? Au premier tive (1). Une autre étude menée chez environ 800 enfants
trimestre de grossesse, on dispose surtout des données de exposés in utero à une IRM a eu des résultats similaires lors
l’étude canadienne publiée en 2016 et présentée dans ce des tests des enfants dans leurs 3 premiers mois de vie (5).
numéro pages 513-516 (1,3). Dans cette étude, environ ©Prescrire
1 500 enfants ont été exposés à une IRM sans gadolinium
au cours du premier trimestre de grossesse, la plupart du
1- “Reprotox”. Site reprotox.org consulté en avril 2018.
temps entre la 2e et la 5e semaine d’aménorrhée. Les IRM 2- “Champ magnétique”. In : “Dictionnaire médical de l’Académie de
pratiquées ont surtout concerné la tête et la colonne verté- Médecine-version 2016-1” ; site internet dictionnaire.academie-medecine.
brale de la mère. fr consulté le 10 avril 2018.
3- Ray JG et coll. “Association between MRI exposure during pregnancy
Après ajustement sur divers facteurs de confusion, des and fetal and childhood outcomes” JAMA 2016 ; 316 (9) : 952-961.
anomalies vasculaires, digestives et musculosquelettiques 4- Prescrire Rédaction “Grossesse et bruit en milieu professionnel : un
ont semblé plus fréquentes dans le groupe exposé (3). risque pour l’oreille du fœtus” Rev Prescrire 2017 ; 37 (408) : 780-781.
5- Strizek B et coll. “Safety of MR imaging at 1,5 T in fetuses : a retrospec-
Des cécités ont été observées 2 fois plus souvent dans tive case-control study of birth weights and the effects of acoustic noise”
le groupe des enfants exposés à une IRM entre la 5e et la Radiology 2015 ; 275 (2) : 530-537.
(tous trois de structure linéaire). Mais le gadopen- premier trimestre de grossesse, avec ou sans ga-
tétate de méglumine (linéaire), le gadobutrol, et le dolinium, versus 18 pour 1 000 dans le groupe
gadotéridol (macrocycliques) n’ont pas semblé exposé au gadolinium pendant la grossesse (8).
tératogènes chez l’Animal (7,9à11). Cette étude a aussi porté sur 104 enfants exposés
au gadolinium aux deuxième et troisième trimestres
Plus de morts fœtales ou dans les 28 jours suivant de grossesse et suivis jusqu’à l’âge maximum de
la naissance. Après ajustement, les résultats de 4 ans sans mettre en évidence de signal notable (8).
l’étude canadienne ont montré un risque de mort Chez l’Animal, des avortements spontanés, des
in utero ou dans les 28 jours suivant la naissance morts embryonnaires, des retards de croissance
environ 4 fois plus grand avec un risque relatif (RR) intra-utérins et des naissances prématurées ont été
de 3,7 (intervalle de confiance à 95 % (IC95) : 1,6 à observés avec le gadobutrol, le gadopentétate de
8,9) chez les 397 enfants exposés au gadolinium méglumine et le gadotéridol, à des doses supérieures
durant la grossesse par rapport aux enfants non à celles utilisées dans l’espèce humaine (7,10à12).
exposés. L’incidence des morts in utero ou dans les Notre recherche documentaire n’a pas recensé d’autre
28 jours suivant la naissance a été d’environ 7 pour étude épidémiologique évaluant uniquement les
1 000 dans le groupe non exposé à l’IRM, versus risques d’une exposition au gadolinium pendant les
11 pour 1 000 dans le groupe exposé à l’IRM au deuxième ou troisième trimestres de grossesse. On
dispose de données issues de 24 grossesses exposées flexion des articulations, parfois associée à une
au gadopentétate de méglumine aux deuxième ou fibrose d’autres organes, liée à l’utilisation de gado-
troisième trimestres, et de 104 grossesses à une période linium chez des patients insuffisants rénaux.
non définie. Ces données n’ont pas montré de signal,
imagerie par résonance magnétique (IRM) : technique
mais elles portent sur très peu de grossesses (7,10à12). d’imagerie qui consiste à soumettre le patient à un
champ magnétique pour construire par ordinateur
Fibroses ? Dans l’étude canadienne, 393 enfants ex- des images en coupe à partir du signal émis par les
posés in utero au gadolinium puis nés vivants ont été protons contenus dans l’eau de ses tissus (phéno
suivis jusqu’à l’âge de 4 ans maximum (8). La fréquence mène de résonance magnétique nucléaire).
des atteintes des tissus conjonctifs ou de la peau, entre parité : nombre d’enfants dont une femme a accouché :
1 an et 4 ans, a été de 33 enfants pour 10 000 exposés une femme nullipare n’a vécu aucun accouchement ;
au gadolinium in utero versus 18 enfants pour une femme primipare accouche pour la première
10 000 non exposés. La différence entre les deux fois ; une femme multipare a accouché plusieurs
groupes n’a pas été statistiquement significative (8). fois.
Les auteurs ont réalisé une évaluation plus large
en comparant, toujours à partir des codes d’affec-
tions dans les bases de données, la survenue de
Noms commerciaux des médicaments
symptômes de fibrose néphrogénique rhumato en France F, Belgique B et Suisse CH
logiques, inflammatoires et cutanés. Ils ont mis en
évidence un risque accru en cas d’exposition au acide gadotérique – F B CH DOTAREM° ou autre
gadolinium durant la grossesse (RR = 1,4 ; IC 95 : gadobénate de méglumine
1,1 à 1,7), y compris au cours du premier tri- – F B CH MULTIHANCE° (scanner hépatique)
mestre (RR = 1,4 ; IC 95 : 1,1 à 1,8) (8). gadobutrol – F B CH GADOVIST°
gadodiamide – F B ex-OMNISCAN° ; CH OMNISCAN°
Troubles de l’audition ? Par ailleurs, les données gadopentétate de méglumine – F B ex-MAGNEVIST° ;
CH MAGNEVIST°
d’exposition à l’IRM chez l’Animal et chez les femmes
gadotéridol – F B CH PROHANCE°
enceintes rendent prévisibles des troubles de l’au-
dition ou des atteintes oculaires chez les enfants gadoversétamide – F B CH (—)
(lire encadré p. 514). Les troubles de l’audition ou
oculaires n’ont pas été étudiés, ce qui ne permet
pas de déterminer si le gadolinium majore ce risque.
Recherche documentaire et méthode d’élaboration
Notre recherche documentaire a reposé sur le suivi mis en œuvre au
sein du centre de documentation Prescrire, sur la consultation systé-
En pratique Des signaux à prendre matique d’ouvrages de base (Briggs Drugs in Pregnancy and lactation
en compte 11th ed., Martindale The complete drug reference, UpToDate), sur
l’interrogation systématique des bases de données Reprotox, Shepards
catalog of teratogenic agents, et Teris, ainsi que sur la consultation
Mi-2018, les conséquences de l’exposition d’un des sites internet des organismes suivants : ANSM, CRAT, EMA, FDA,
enfant à naître au gadolinium utilisé pour les IRM pour la dernière fois le 13 avril 2018. Les données issues de ces diverses
sources ont été compilées pour chaque substance, permettant, entre
sont mal connues. Une vaste étude épidémiologique autres, d’estimer le nombre de femmes enceintes exposées et suivies
a montré une augmentation de la fréquence de par trimestre de grossesse dans les études recensées.
morts fœtales ou néonatales et d’affections du Les procédures d’élaboration de cette synthèse ont suivi les méthodes
habituelles de Prescrire, notamment : vérification des sources et de
tissu conjonctif en lien avec l’utilisation de gadoli- leur analyse, relecture externe, contrôles de qualité multiples.
nium durant la grossesse. Durant cette période, une 1- Prescrire Rédaction “Gadolinium : dépôts cérébraux” Rev
IRM, même sans gadolinium, expose peut-être à Prescrire 2017 ; 37 (408) : 748-749.
2- ANSM “Lettre aux professionels de santé. Produits de contraste à
des atteintes oculaires, voire à une cécité. base de gadolinium et rétention de gadolinium dans le cerveau et dans
Malgré la fragilité inhérente à ce type d’études, d’autres tissus” janvier 2018 : 3 pages.
ces résultats sont à prendre en compte et conduisent 3- “Gadopentetic acid”. In : “MartindaleThe complete drug reference”
The Pharmaceutical Press, London. Site www.medicinescomplete.
à soupeser soigneusement l’intérêt d’une IRM avec com consulté le 19 avril 2018 : 7 pages.
gadolinium chez une femme enceinte ou qui pour- 4- Prescrire Rédaction “Insuffisance rénale et gadolinium : gare” Rev
rait l’être. Quand une IRM avec gadolinium est Prescrire 2006 ; 26 (275) : 587.
5- Prescrire Rédaction “Insuffisance rénale et gadolinium (suite)” Rev
décidée, il est prudent d’utiliser une substance de Prescrire 2008 ; 28 (292) : 110.
structure macrocyclique. 6- Prescrire Rédaction “Contre-indications de l’IRM” Rev Prescrire 2010 ;
Synthèse élaborée collectivement 20 (210) : 695-696.
par la Rédaction 7- “Briggs Drugs in Pregnancy and Lactation. A reference guide to fetal
and neonatal risk” 11th ed. Lippincott Williams and Wilkins, Philadelphia
sans aucun conflit d’intérêts 2011.
©Prescrire 8- Ray JG et coll. “Association between MRI exposure during pregnan-
cy and fetal and childhood outcomes” JAMA 2016 ; 316 (9) : 952-961
+ “Annexes” : 18 pages.
9- Symons SP et coll. “Magnetic resonance imaging exposure during
GLOSSAIRE pregnancy” JAMA 2016 ; 316 (21) : 2275-2276.
10- “Reprotox”. Site reprotox.org consulté en avril 2018.
Les termes expliqués de façon concise dans ce glossaire
11- “Shepard’s catalog of teratogenic agents”. Site depts.washington.
sont signalés dans le texte par un astérisque (*) edu/terisdb consulté en avril 2018.
fibrose systémique néphrogénique : atteinte fibrotique 12- “TerisTeratogen Information System”. Site depts.washington.edu/
terisdb consulté en avril 2018.
de la peau, qui devient épaisse et rigide, altérant la
L
Recherche documentaire Prescrire actualisée le 9 avril 2018 a fièvre jaune est due au virus amaril, un virus
1-Newberry SJ et coll. “Diagnosis of gout. A systematic review in transmis par piqûre de moustiques de diverses
support of an American College of Physicians clinical practice guide-
line” Ann Intern Med 2017 ; 166 (1) : 27-36. espèces (Aedes ou Haemagogus) (1). La fièvre jaune
2- “Gout” (révision avril 2015). In : “NHS Clinical Knowledge Summa- est endémique dans des régions où prolifèrent ces
ries” National Institute for Health and Clinical Excellence. Site www. moustiques : les zones intertropicales d’Afrique sub-
cks.nice.org.uk consulté le 16 mars 2018 : 30 pages.
3- Prescrire Rédaction “Crise de goutte” Premiers Choix Prescrire, saharienne et d’Amérique centrale et du Sud (1à4).
actualisation janvier 2017 : 4 pages. Selon une estimation de l’Organisation mondiale de
4- Neogi T et coll. “2015 Gout classification criteria” Arthritis Rheuma- la santé (OMS), la fièvre jaune aurait causé entre
tol 2015 ; 67 (10) : 2557-2568.
5- Bardin T et coll. “Prevalence of Gout in the Adult Population of 29 000 et 60 000 morts en Afrique en 2013 (5). En
France” Arthritis Care Res 2016 ; 68 (2) : 261-266. 2016 et 2017, des épidémies en Angola et en République
6- Dalbeth N et coll. “Gout” Lancet 2016 ; 388 : 2039-2052. démocratique du Congo, puis en Amérique du Sud,
7- Goldenberg DL et coll. “Septic arthritis in adults” UpToDate. Site
www.uptodate.com consulté le 22 mars 2018 : 16 pages.
notamment au Brésil et au Pérou, ont fait plusieurs
8- Leiszler M et coll. “Are serum uric acid levels always elevated in centaines de morts. En 2017, une femme a été infectée
acute gout ?” J Fam Pract 2011 ; 60 (10) : 618-620. par le virus de la fièvre jaune en Guyane fran-
9- Janssens HJEM et coll. “Performance of the 2015 ACR-EULAR çaise (3,4et6).
classification criteria for gout in a primary care population presenting
with monoarthritis” Rheumatology 2017 ; 56 (8) : 1335-1341.
10- Louthrenoo W et coll. “Performance of the 2015 American College Infection parfois mortelle. La gravité de la fièvre
of Rheumatology/European League Against Rheumatism gout clas-
sification criteria in Thai patients” Rheumatol Int 2017 ; 37 (5) : 705-711.
jaune est très variable. Après une incubation de
11- Becker MA et coll. “Clinical manifestations and diagnosis of calcium 3 jours à 6 jours, la maladie débute brutalement
pyrophosphate crystal deposition (CPPD) disease” UpToDate. Site avec fièvre, malaise, maux de tête, douleurs mus-
www.uptodate.com consulté le 23 mars 2018 : 24 pages.
12- Prescrire Rédaction “Rapports de vraisemblance : utiles pour
culaires, vomissements, parfois rougeur des conjonc-
passer d’une grande incertitude à la “quasi-certitude”” Rev Prescrire tives et de la face. La plupart des patients guérissent
2011 ; 31 (333) : 543-547. sans séquelle et conservent une immunité durable
(2,4,7). Les données manquent quant aux consé-
quences d’une infection par le virus de la fièvre
jaune au cours d’une grossesse.
Chez environ 15 % des patients, après une amé-
lioration passagère, la maladie évolue vers une
forme grave avec ictère, hémorragies, insuffisance
rénale. Cette forme grave est mortelle chez environ
Fièvre jaune un patient sur deux. On ne connaît pas de traitement
curatif de la fièvre jaune (2,4,7).
Vacciner les voyageurs se rendant en zone
d’endémie Vaccination : immunité protectrice chez plus
de 95 % des personnes. Dans les zones d’endé-
mie, le risque de contamination par le virus de la
●● La fièvre jaune est une infection virale parfois fièvre jaune est diminué par des mesures de pro-
mortelle transmise par les moustiques en zone tection vis-à-vis des moustiques : suppression des
tropicale. Une seule injection de vaccin fièvre jaune, gîtes potentiels de reproduction des moustiques,
alias vaccin amaril, protège efficacement pendant protection par moustiquaires, port de vêtements
toute la vie au prix de très rares effets indésirables protecteurs et usage de répulsifs (2,5).
graves. La vaccination est la principale mesure de pro-
tection individuelle contre la fièvre jaune. En Afrique,
●● En France, le vaccin n’est disponible que dans des campagnes de vaccination de masse ont été
les centres habilités à effectuer la vaccination contre conduites depuis le milieu du 20e siècle, faisant
la fièvre jaune. disparaître la maladie dans les zones où la couver-
ture vaccinale a été maintenue (7).
Le vaccin fièvre jaune, alias vaccin amaril, est
produit à partir d’un virus vivant atténué (3,7).
Administré en dose unique, il confère une immu-
nité protectrice chez plus de 95 % des personnes,
la protection est effective à partir du dixième jour
suivant l’administration (2,3,7).
Selon des données de l’OMS, des effets indési- Vaccination une fois pour toute la vie, en
rables graves de la vaccination contre la fièvre jaune général. Sur la base d’études épidémiologiques,
sont rapportés dans environ un cas pour 100 000 vac- l’OMS a estimé que la protection conférée par une
cinations : troubles neurologiques (méningites, en- injection unique de vaccin amaril se prolonge pen-
céphalites, syndromes de Guillain-Barré) ; maladies dant la vie entière. La validité à vie des certificats
généralisées liées à la dissémination du virus vacci- internationaux de vaccination amarile a été inscrite
nal. Des effets indésirables graves sont plus fréquents en 2016 au Règlement sanitaire international (RSI).
chez les nourrissons âgés de moins de 6 mois et chez Le RSI, coordonné par l’OMS, est un accord signé
les personnes âgées de plus de 60 ans (7). par 196 États, dont les États membres de l’OMS. La
validité d’une vaccination par vaccin amaril était
Éviter la vaccination contre la fièvre jaune antérieurement de 10 ans.
chez les femmes enceintes et allaitantes. Aucun rappel n’est préconisé par l’OMS (3,7,9).
Comme tous les vaccins à virus vivants, le vaccin Cependant, le Haut conseil de la santé publique fran-
amaril expose à une transmission au fœtus en cas çais recommande d’effectuer une vaccination de
de vaccination pendant la grossesse. Trois études rappel 10 ans plus tard chez les femmes préalablement
portant sur de faibles effectifs ont examiné le risque vaccinées pendant une grossesse et chez les personnes
d’atteinte fœtale après vaccination de femmes en- vivant avec le HIV ayant un taux de lymphocytes T
ceintes. Les résultats n’ont pas montré d’augmenta- CD4+ supérieur à 200 par mm3, en raison de doutes
tion des malformations ou des morts fœtales, mais sur la persistance de l’immunité chez ces personnes.
peut-être une légère augmentation des avortements Il recommande un rappel à partir de l’âge de 6 ans en
spontanés (7). Le vaccin amaril semble moins efficace cas de nouveau voyage en zone à risque chez les
chez les femmes vaccinées pendant la grossesse (7). enfants vaccinés pour la première fois avant l’âge de
La vaccination d’une femme allaitante expose à une 2 ans. Un rappel est aussi recommandé pour les
transmission du virus vaccinal au nourrisson par le personnes vaccinées depuis plus de 10 ans lorsqu’une
lait maternel et à une infection généralisée (3,7,8). épidémie de fièvre jaune sévit dans le pays visité (3).
Une diminution d’efficacité des vaccins ayant été
À éviter aussi en cas d’immunodépression. observée en cas de vaccination simultanée du vac-
Comme tous les vaccins vivants, le vaccin amaril cin amaril avec le vaccin rougeole-oreillons-rubéole
est à éviter chez les personnes ayant une immuno (ROR), il est recommandé d’espacer d’au moins
dépression sévère congénitale ou acquise, notam- 4 semaines l’administration de chacun des vaccins,
ment chez les patients qui ont une infection par le sauf départ imminent en zone d'endémie (3,11).
virus de l’immunodéficience humaine (HIV) sym
ptomatique ou avec un taux de lymphocytes T CD4+ Uniquement en centres de vaccination contre
inférieur à 200 par mm3 et chez ceux qui reçoivent la fièvre jaune. En France, le vaccin fièvre jaune
un traitement qui diminue l’immunité (3,7). n’est disponible que dans les centres habilités à
effectuer la vaccination contre la fièvre jaune (3).
Vacciner en cas de séjour en zone d’endémie. La liste de ces centres et la liste des pays qui exigent
La vaccination contre la fièvre jaune est recommandée ou recommandent la vaccination contre la fièvre
et le plus souvent obligatoire pour toute personne jaune, sont accessibles sur le site internet du mi-
âgée de plus de 9 mois se rendant dans une zone nistère de la santé français (a).
d’endémie. Pour les personnes résidant en Guyane
française, la vaccination est obligatoire. Le vaccin est En pratique Pour les voyageurs qui se rendent dans
à éviter avant l’âge de 6 mois. Il n’est à administrer une zone d’endémie amarile, la vaccination est la
aux enfants âgés de 6 mois à 9 mois qu’en cas d’épi- principale mesure préventive. Les effets indésirables
démie de fièvre jaune dans le lieu visité (2,3,7,9,10). graves de cette vaccination sont très rares en regard
La décision de vacciner contre la fièvre jaune une de son efficacité contre cette infection souvent mortelle.
femme enceinte devant se rendre en zone d’endé- ©Prescrire
mie dépend de l’impossibilité de différer le voyage,
du niveau de risque de fièvre jaune dans les lieux
visités et des incertitudes sur les risques liés au a- Site solidarites-sante.gouv.fr
vaccin vivant (3,7). En cas de vaccination d’une
femme qui allaite, il est prudent de suspendre l’al-
laitement et de tirer le lait et le jeter pendant les Extraits de la veille documentaire Prescrire
deux semaines suivant la vaccination, et de pour- 1- Prescrire Rédaction “Fièvre jaune en Afrique” Rev Prescrire 2002 ;
22 (234) : 846.
suivre ensuite l’allaitement (3).
2- “Immunizations-travel” (révision octobre 2016). In : “Clinical
Le cas échéant, les médecins des centres de vac- knowledge summaries” National Institute for Health and Care Excel-
cination antiamarile ou le médecin traitant peuvent lence. Site www.nice.org.uk consulté le 18 septembre 2017 : 34 pages.
délivrer un certificat de contre-indication à la vac- 3- Haut conseil de la santé publique “Recommandations sanitaires
pour les voyageurs, 2018 (à l’attention des professionnels de santé)”
cination contre la fièvre jaune, sans lequel les BEH 25 mai 2018 : 67 pages.
personnes non vaccinées ne seraient pas autorisées 4- Franke F et coll. “Fièvre jaune : situation internationale et risque en
métropole” Bulletin Veille Sanitaire 2017 ; 3 : 11-12.
à entrer dans les pays concernés (3).
5- Organisation mondiale de la santé “Yellow fever” Fact sheet mai
2016. Site www.who.int consulté le 16 octobre 2017 : 6 pages.
6- Agence régionale de santé Guyane “Confirmation d’un cas de fièvre Selon l’Uspstf, balance bénéfices-risques
jaune en Guyane” Communiqué de presse. 22 août 2017 : 2 pages. défavorable. Fin 2017, l’US Preventive Services
7- Organisation mondiale de la santé “Note de synthèse : position de
l’OMS sur les vaccins et la vaccination contre la fièvre jaune, juin 2013” Task Force (Uspstf), un organisme public étatsunien
Wkly Epidemiol Rec 2013 ; 88 (27) : 269-283. d’évaluation, a mis à jour ses recommandations
8- Centers for Disease Control and Prevention “Transmission of yellow concernant le traitement hormonal substitutif de la
fever vaccine virus through breast-feeding - Brazil, 2009” Morb Mortal
Wkly Rep 2010 ; 59 (5) : 130-132. ménopause. En se basant sur une synthèse métho-
9- Organisation mondiale de la santé “Amendement à l’annexe 7 (fièvre dique des données, dont celles de l’essai dit WHI,
jaune) du Règlement sanitaire international (2005). Durée de la pro- le groupe a maintenu ses précédentes recomman-
tection conférée par la vaccination contre la fièvre jaune et validité du
certificat de vaccination correspondant étendues à la vie entière du dations. Il a conclu à une balance bénéfices-risques
sujet vacciné” 11 juillet 2016 : 4 pages. défavorable du traitement hormonal substitutif de
10- Ministère des solidarités et de la santé “Calendrier des vaccinations
et recommandations vaccinales 2018” janvier 2018 : 72 pages.
la ménopause en raison notamment : du risque
11- Public Health England “Revised recommendations for the admin- accru d’accidents thromboemboliques, d’accidents
istration of more than one live vaccine” avril 2015 : 4 pages. vasculaires cérébraux et de cancers du sein lors
d’un traitement estroprogestatif chez des femmes
non hystérectomisées ; et du risque accru d’accidents
vasculaires cérébraux et de thromboses veineuses
profondes lors d’un traitement par estrogènes non
associés chez des femmes hystérectomisées (4,5).
Une inspection de routine, menée en 2012 par l’Agence cours, empêchant la firme de « faire valoir son droit au
britannique du médicament (MHRA) pour le compte de silence » (4). Un procès que la firme a perdu : on ne peut
l’Agence européenne du médicament (EMA), a révélé apparemment pas gagner sur tous les tableaux !
que la firme Roche n’avait pas analysé ni transmis aux
agences du médicament, plus de 80 000 cas suspectés Pourquoi se gêner ? La mansuétude des autorités
d’effets indésirables concernant 19 médicaments (1à3). européennes semble très décalée avec le droit commun
Cinq ans plus tard, la Commission européenne a rendu des personnes. Mais les firmes pharmaceutiques sont
son verdict dans cette affaire : ce n’est pas grave ! très bien protégées par le Règlement européen sur les
peines en cas d’infraction : la Commission européenne
Il suffit de reconnaître sa faute. Après 5 ans d’en- ne peut leur appliquer de sanction financière que si
quête de l’EMA, la Commission européenne a absous l’infraction a « d’importantes conséquences pour la santé
la firme Roche au prétexte que la rétention d’information publique » et si les firmes ne coopèrent pas lors de la
ne modifiait pas la balance bénéfices-risques des 19 médi- procédure menée contre elles (5).
caments concernés (2,3). La Commission reprend à son Il s’agissait de la première application pratique de ce
compte les déclarations de la firme qui a « accepté toutes Règlement : on mesure ici toutes ses insuffisances et
les conclusions de l’inspection. Elle les prend très au l’impuissance délibérée des autorités de régulation.
sérieux et comprend pleinement les préoccupations de ©Prescrire
l’EMA et de la Commission. Elle a travaillé diligemment
à remédier aux carences le plus rapidement possible et Extraits de la veille documentaire Prescrire
à renforcer son respect de ses obligations médicales et
1- Prescrire Rédaction “Malfaisance à l’échelle industrielle” Rev Prescrire
de pharmacovigilance pour prévenir tout nouveau pro- 2012 ; 32 (349) : 853.
blème » (2). Les poursuites s’arrêtent donc, et la firme 2- European Commission - Health and Food Safety Directorate General
“Pharma investigation : Commission closes infringement procedure
Roche n’aura pas à payer les près de 700 millions de against Roche without penalty” 15 décembre 2017 : 2 pages.
dollars d’amende en jeu (3). 3- “Roche does not have to pay US$ 685 m fine” 20 décembre 2017.
Vu l’enjeu financier, on comprend que la firme Roche Site european-biotechnology.com consulté le 27 mars 2018 : 2 pages.
4- “Roche v SOS for Health - Case n° CO/393/2014” 9 juillet 2014. The
ait cherché, avec succès, à obtenir la clémence des High Court of Justice Queen’s bench division administrative court :
autorités européennes par une attitude humble et repen- 54 pages.
5- European Commission “Regulation (EC) n° 658/2007 of 14 June
tante. Ce qui ne l’a pas empêchée, par ailleurs, de porter 2007 concerning financial penalties for infringement of certain obligations
plainte contre l’Agence britannique du médicament pour in connection with marketing authorisations granted under Regulation
(EC) n° 726/2004 of the European Parliament and of the Council - conso-
ne pas l’avoir prévenue qu’une seconde inspection de lidated” Journal Officiel de l’Union européenne n° L 155 du 15 juin 2007 :
ses locaux s’inscrivait dans l’enquête européenne en 17 pages.
FORMATIONS PRESCRIRE
plusieurs médicaments à balance bénéfices-risques clinique ;
défavorable écartés, nombreuses notifications au –– être plus à l’aise avec la notification des effets
système public de pharmacovigilance. indésirables au système public de pharmaco
vigilance, et plus généralement mieux tirer parti
des échanges avec les spécialistes de la pharmaco
vigilance ;
L
es effets indésirables des médicaments font de –– mieux échanger avec les patients et les autres
nombreuses victimes tous les jours. En France, soignants au sujet des effets indésirables.
au début des années 2010, le nombre de morts
causées par les médicaments a été estimé à environ Décrire, analyser, comparer sa pratique.
20 000 par an (1). De très nombreux médicaments Dans le programme Médicaments en Questions,
sont impliqués. l’analyse de sa propre pratique constitue un support
Les soignants rencontrent parfois des difficultés de réflexion tout au long de la session.
à prendre pleinement en compte les effets indési- Sur le site internet du programme, chaque parti-
rables des médicaments dans leur pratique. Beau- cipant enregistre au moyen de grilles de questions :
coup de causes peuvent expliquer cela : formation –– des observations concernant des patients ayant
insuffisante en pharmacologie ; idée reçue selon un trouble de santé vraisemblablement lié à un
laquelle les effets indésirables seraient une fatalité médicament ;
inéluctable ; difficultés à analyser les faits pour –– des observations concernant des patients expo-
discerner chaque facteur de survenue ; etc. (2). sés à un médicament qu’il vaut mieux écarter du
Face à ce constat, depuis 2014, Prescrire propose fait de sa balance bénéfices-risques défavorable
aux abonnés le programme d’amélioration des dans toutes les situations de soins.
pratiques professionnelles Médicaments en En outre, chaque participant notifie au système
Questions. Ce programme en ligne vise à aider les public de pharmacovigilance au moins un effet
professionnels de santé à mieux prendre en compte indésirable observé.
les effets indésirables des médicaments et à mieux Chaque mois, les participants reçoivent un retour
y faire face, dans le but de contribuer à les réduire. d’information issu de l’analyse globale et anonyme
Il s’adresse principalement aux infirmiers, médecins des observations renseignées par l’ensemble du
et pharmaciens, en ville ou en établissements de groupe, mettant en lumière un point particulier.
soins. Ces retours d’information permettent à chacun de
Médicaments en Questions est organisé en ses- s’interroger sur sa propre pratique, et éventuelle-
sions annuelles successives (de novembre à octobre ment de la comparer à celle de l’ensemble du
de l’année suivante). Quels sont les modalités et groupe des participants.
l’intérêt de ce programme ? Quels sont les points
forts issus de la session 2016-2017 ? Actualiser et approfondir ses connaissances.
La lecture régulière de Prescrire permet d’actualiser
les connaissances à intégrer à sa pratique. Et le Test
de Lecture mensuel aide à mieux les mémoriser.
Échanger avec d’autres soignants. L’Atelier, un soins plus sûrs et à une meilleure connaissance
forum de discussion en ligne entre participants, leur collective des médicaments.
permet de partager des réflexions issues de l’analyse Au cours de la session, les participants ont décla-
de leur pratique, identifier des obstacles, proposer et ré avoir notifié environ 300 effets indésirables au
construire ensemble des pistes d’amélioration. système public de pharmacovigilance français.
Dans l’Atelier, des participants ont partagé les
retours qu’ils avaient reçus des centres régionaux
Session 2016-2017 : des améliorations de pharmacovigilance suite à leurs notifications,
concrètes des pratiques faisant ainsi profiter l’ensemble du groupe de ce
matériau souvent riche.
À la fin de chaque session, un bilan est adressé aux
participants. Voici quelques points forts de ce bilan Des participants satisfaits. Selon les résultats
et de l’enquête de fin de session 2016-2017 (a)(3). de l’enquête, le programme Médicaments en Questions
a répondu aux attentes de 92 % des répondants en
Meilleure prise en compte des effets indé- termes d’amélioration des pratiques professionnelles.
sirables, qui amène souvent à des change- Cette proportion est en progression depuis le début
ments bénéfiques pour le patient. Parmi les du programme (83 % en 2014-2015, 86 % en 2015-2016).
situations rapportées, la survenue d’un effet indé- Près de 86 % des répondants estiment avoir atteint
sirable chez un patient a souvent conduit à des l’objectif du programme “Réduire les effets nocifs
changements bénéfiques dans le traitement médi- des traitements médicamenteux”. Les aspects de la
camenteux de ce patient. pratique les plus améliorés par la participation au
Pour 137 patients, le traitement médicamenteux programme ont été : “Renforcer sa vigilance vis-à-vis
a été allégé : le médicament en cause a été arrêté, des médicaments à écarter des soins quelle que soit
sans nécessité de le remplacer par un autre médi- la situation” (68 % des répondants) ; “Évoquer de
cament. Les médicaments le plus souvent arrêtés manière plus systématique une cause médicamen-
sans remplacement ont été le tramadol (un antal- teuse en cas de trouble observé chez un patient”
gique opioïde) et des statines. (59 %) ; “S’enquérir de manière plus systématique
Pour 134 autres patients, le médicament en cause de la bonne tolérance du patient au traitement mé-
a été remplacé par le médicament de référence dans dicamenteux” (55 %).
cette situation. Les médicaments le plus souvent
remplacés ont été le tramadol, l’atorvastatine, la
venlafaxine (un antidépresseur) et le ramipril (un Une démarche d’amélioration
hypotenseur inhibiteur de l’enzyme de conversion). des pratiques confortée par les résultats
Moins de patients exposés aux effets nocifs Les informations issues de la session 2016-2017 de
de médicaments à balance bénéfices-risques Médicaments en Questions confortent celles des
défavorable. D’après les formulaires renseignés sessions précédentes et sont en faveur de l’efficacité
au cours de la session, près de 300 patients n’ont d’une démarche active pour mieux prendre en compte,
plus été exposés aux effets nocifs de médicaments en pratique, les effets indésirables des médicaments.
à balance bénéfices-risques défavorable dans toutes Cette démarche active s’inscrit sur le long terme
les situations pour lesquelles ils sont autorisés et s’intègre pleinement à la pratique quotidienne.
(médicaments regroupés dans le bilan annuel publié Les participants à Médicaments en Questions l’ont
par Prescrire depuis 2013) (4). Ce chiffre est en nette bien compris : environ 80 % des soignants inscrits
augmentation depuis le début du programme (en- à la session 2017-2018 participent au moins pour la
viron 200 en 2014-2015). deuxième fois à une session.
Les 10 médicaments le plus souvent écartés au ©Prescrire
cours de cette session ont été, par ordre décroissant :
l’escitalopram (un antidépresseur inhibiteur dit
sélectif de la recapture de la sérotonine (IRS)),
a- Les points-clés des résultats des enquêtes des différentes
l’olmésartan (un hypotenseur antagoniste de l’angio sessions de Médicaments en Questions sont à retrouver à
tensine II), la dompéridone (un neuroleptique utili- l’adresse http://formations.prescrire.org/Fr/21/555/0/5209/
sé comme anti-émétique), la sitagliptine (un About.aspx.
hypoglycémiant), le nicorandil (un vasodilatateur
utilisé comme antiangoreux), le fénofibrate (un
hypocholestérolémiant), l’ambroxol (un mucoly-
Extraits de la veille documentaire Prescrire
tique), le citalopram (un IRS), la pseudoéphédrine
(un vasoconstricteur nasal), l’association colchicine 1- Prescrire Rédaction “Effets indésirables mortels des soins hospita-
+ opium + tiémonium (utilisée dans la goutte). liers” Rev Prescrire 2011 ; 31 (330) : 269.
2- Prescrire Rédaction “D’abord ne pas nuire, puis comprendre et
agir” Rev Prescrire 2014 ; 34 (365) : 217-219.
Notifications au système public de pharma- 3- Médicaments en Questions “Résultats de l’enquête d’évaluation
covigilance encouragées. Notifier les effets - session 2016-2017” Site formations.prescrire.org consulté le 12 avril
2018 : 1 page.
indésirables des médicaments au système public 4- Prescrire Rédaction “Pour mieux soigner, des médicaments à
de pharmacovigilance permet de contribuer à des écarter : bilan 2018” Rev Prescrire 2018 ; 38 (412) : 135-144.
LA REVUE
Infos-Patients Prescrire
UNE INFO-SANTÉ FIABLE, SANS SUBVENTION NI PUBLICITÉ
LA REVUE
Infos-Patients Prescrire
UNE INFO-SANTÉ FIABLE, SANS SUBVENTION NI PUBLICITÉ
●● Pour lutter contre la constipation, commencer par Ne pas utiliser des laxatifs à risque
manger plus d’aliments contenant des fibres. Les fibres
ne sont pas digérées : elles se gonflent d’eau, augmentent ●● L’huile de ricin et le prucalopride exposent, entre
le volume des selles et facilitent le transit. autres, à un risque de fausse couche : ne pas les utiliser.
●● Les fibres végétales sont abondantes dans les céréales ●● Même en dehors de la grossesse, divers laxatifs font
complètes (pain complet, flocons d’avoine, etc.), dans les courir des risques (déshydratation, maladies de l’intestin,
légumineuses (haricots secs, pois chiches, etc.), dans les carence en certaines vitamines, etc.), surtout quand ils
légumes verts, et dans la plupart des fruits. sont utilisés longtemps. En cas de grossesse, les risques
pour l’enfant sont mal connus. Dans tous les cas, éviter
●● Les fibres végétales sont apportées en grande quan- notamment l’hydroxyde de magnésium, des lubrifiants
tité par le son de blé, qui peut être ajouté progressivement tels que la paraffine, certaines plantes (séné, bourdaine,
dans les aliments (pain ou biscuits au son par exemple). aloès par exemple), le bisacodyl.
Si ces fibres provoquent des maux de ventre ou trop de
gaz, diminuer la dose ou préférer les fibres de fruits : ●● Attention aussi aux mélanges de laxatifs, car les risques
pommes, fraises ou poires crues, par exemple. s’accumulent. De nombreux médicaments, compléments
alimentaires ou tisanes contiennent plusieurs laxatifs.
●● Il est conseillé de prendre ses repas et d’aller aux ©Prescrire – avril 2018
toilettes à horaire régulier, de boire suffisamment d’eau,
de maintenir une activité physique suffisante.
Sources • “Patientes enceintes constipées” Rev Prescrire 2013 ; 33 (358) : 629-
636. • “Constipation chez un adulte” Premiers Choix Prescrire, actualisation
●● De nombreux médicaments constipent. Ils peuvent mars 2018 : 5 pages.
parfois être arrêtés ou leur dose diminuée.
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●● Les mélanomes ont de graves conséquences s’ils ne ●● Le risque de mélanome augmente avec l’âge. Les
sont pas reconnus et traités quand ils sont encore super- altérations de la peau dues aux expositions au soleil ou
ficiels. Les traiter à ce stade permet presque toujours une aux UV s’additionnent au fil du temps, même si elles ne
guérison. D’où l’importance de les repérer tôt. Certains sont pas visibles.
signes aident à distinguer un mélanome d’un grain de
beauté. ●● Toutes ces personnes ont intérêt à porter une plus
grande attention à leur peau.
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Le bouton de fièvre
Le plus souvent, le bouton de fièvre guérit seul et Éviter la propagation du virus
quelques précautions d’hygiène suffisent.
●● En général, la gêne est limitée et le bouton de fièvre
guérit rapidement tout seul. Le plus important est alors
Contamination pendant l’enfance d’éviter la propagation du virus : ne pas toucher les lésions
(et sinon, se laver les mains ensuite) ; éviter les baisers
●● Le bouton de fièvre (alias herpès labial) est dû au virus (surtout avec les nourrissons). En complément du lavage
Herpes simplex. La contamination se produit le plus à l’eau et au savon, un antiseptique cutané tel que la
souvent avant l’âge de 5 ans, sans provoquer de maladie, chlorhexidine et un médicament antidouleur tel que le
et le virus demeure dans le corps, inactif. Pour des raisons paracétamol sont parfois utiles.
mal connues, le virus peut redevenir actif et provoquer
un herpès labial. De nombreuses circonstances semblent ●● Les médicaments antiviraux sont peu efficaces. L’uti
parfois favoriser l’apparition d’un bouton de fièvre : le lisation d’aciclovir en crème, 5 fois par jour pen
soleil, les rayons ultraviolets (UV), la fatigue, le rhume, dant 10 jours maximum, raccourcit la durée d’évolution
la fièvre, les émotions, les règles, etc. de l’herpès d’environ 2 jours, à condition de commencer
le traitement dans les 12 premières heures suivant le
début des sensations de picotement et de brûlure. Mais
Guérit sans traitement il ne diminue pas la douleur, et n’empêche pas les réci
dives. Il existe un risque de réaction allergique.
●● La plupart des adultes ont été en contact avec le virus,
mais les poussées d’herpès labial touchent moins d’un ●● Les autres traitements locaux commercialisés en
tiers de la population. Environ la moitié des personnes France sont moins efficaces ou moins bien évalués.
atteintes ont plus d’un épisode par an.
●● Un traitement préventif peut être discuté dans de rares
●● L’épisode débute par des sensations désagréables et cas : récidives pénibles et fréquentes (au moins six par
une impression de picotement et de brûlure locale. an) ; troubles immunitaires. Un médicament antiviral en
Quelques heures plus tard, une zone rouge, un peu sur comprimé (aciclovir ou valaciclovir), à prendre tous les
élevée, apparaît à cheval sur les lèvres et la peau. Rapi jours, espace parfois les poussées. Cette efficacité modeste
dement, cette zone se recouvre de “vésicules” : des petites ne dure que tant que le traitement est poursuivi. Il est
bulles de 2 à 4 mm de diamètre. Au bout de quelques utile de boire beaucoup pour limiter la toxicité du médi
jours, le liquide contenu dans les vésicules se trouble, cament sur les reins, notamment en cas de prise de
puis les vésicules éclatent et une croûte jaunâtre se forme. certains médicaments tels qu’un diurétique ou un anti
Elle tombe ensuite sans laisser de cicatrice. Le tout dure 8 inflammatoire, et chez les personnes ayant une insuffi
à 10 jours. sance rénale.
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●● Le bouton de fièvre est contagieux jusqu’à l’apparition
des croûtes : l’herpès peut être transmis aux personnes
Sources • “Herpès labial” Premiers Choix Prescrire, actualisation
non infectées, surtout les jeunes enfants. mars 2018 : 5 pages.
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Le zona
Le zona guérit en général spontanément sans compli- ●● Poser sur les lésions un pansement qui ne colle pas
cation. Un traitement n’est utile que chez certaines per- à la peau diminue parfois les douleurs provoquées par
sonnes. Le plus souvent, des soins d’hygiène suffisent. le contact avec les vêtements. Un gel ou une crème à
base de calamine ou l’application de froid (par exemple
●● La varicelle et le zona sont causés par le même virus. des glaçons dans un gant de toilette) aide parfois à sou-
Il est attrapé le plus souvent pendant l’enfance. Le réveil lager.
de ce virus provoque le zona, qui se manifeste sur la peau,
en général sur un seul côté du corps le long du trajet d’un ●● Quand le zona touche l’œil, mettre des larmes artifi-
nerf. Ce réveil semble favorisé quand les défenses de cielles et placer un pansement oculaire visent à soulager
l’organisme sont diminuées, par exemple en raison d’une et à protéger, en complément d’un traitement antiviral.
maladie, d’un traitement ou simplement d’un âge avancé.
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●● Une consommation d’alcool élevée ou de nombreux ●● Le diagnostic de maladie d’Alzheimer provoque parfois
médicaments (tranquillisants et autres) aggravent les de terribles angoisses. Au contraire, confirmer que les
troubles. troubles n’évoquent pas de maladie d’Alzheimer soulage
beaucoup d’anxiété. Selon la situation, préciser le dia-
●● On ne connaît pas de médicament qui empêche la gnostic peut donc faire du bien ou faire du mal à la
maladie d’évoluer. On observe parfois des améliorations personne concernée et à son entourage.
transitoires, mais la maladie s’aggrave peu à peu, parfois
très lentement. Progressivement, elle perturbe les acti- ●● Le diagnostic n’est pas urgent. Il est nécessaire surtout
vités quotidiennes et rend la personne dépendante de au moment où la mise en place des aides devient utile à
son entourage. la personne concernée ou à son entourage.
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La rubrique Premiers Choix Prescrire présente dans un format synthétique les éléments de choix essentiels pour faire face
à diverses situations cliniques fréquentes. Ces textes proposent une aide concise pour identifier la situation, comparer les
balances bénéfices-risques des différents soins, retenir les premiers choix adaptés et écarter les options plus dangereuses
qu’utiles. En complément, les renvois et références cités dans ces synthèses permettent aussi de se reporter à des données
plus détaillées en matière d’évaluation, d’effets indésirables et d’interactions médicamenteuses.
Parodontopathies :
prévention
L’essentiel sur les soins de premier choix Actualisation : février 2018
POINTS-CLÉS
●● Les parodontopathies regroupent les gingivites, ●● La prévention des parodontopathies repose sur
atteintes réversibles des gencives, et les parodon- l’élimination de la plaque dentaire par un brossage
tites, atteintes irréversibles du parodonte. quotidien des dents, deux fois par jour au moins,
complété par un nettoyage des espaces interden-
●● Les gingivites et les parodontites sont des infec- taires.
tions liées avant tout à la plaque dentaire et au
tartre. Elles surviennent d’autant plus souvent que ●● Un détartrage régulier par un chirurgien-
le brossage des dents est insuffisant. Elles sont dentiste semble avoir une efficacité préventive sur
fréquentes, notamment chez les patients diabé- les parodontopathies.
tiques ou qui consomment du tabac.
L
es parodontopathies (alias maladies parodontales) + Lire “Signes d’alerte lors d’une gingivite ou d’une
regroupent les gingivites, atteintes réversibles parodontite”
limitées aux gencives, et les parodontites, atteintes
globales et irréversibles du parodonte* qui font suite Parodontite : inflammation, saigne-
à une gingivite chez la plupart des patients (1). ment, mobilité dentaire, poche paro-
Les gingivites touchent environ un enfant sur deux, dontale. Chez la plupart des patients,
presque tous les adolescents et environ un adulte une parodontite est précédée d’une
sur deux. On estime qu’environ 15 à 20 % des adultes gingivite (4,5).
âgés de 35 à 44 ans ont une parodontite (2,3). Une parodontite se manifeste par : un saignement
En l’absence de traitement, une parodontite expose de la gencive au brossage des dents, avec ou sans
à la destruction du parodonte et à la chute des dents (1). douleur ; un abcès parodontal qui se présente
comme une petite tuméfaction gingivale parfois
douloureuse, bien limitée en regard de la racine
dentaire ; une mobilité des dents et parfois un dé-
Reconnaître placement voire une chute de certaines dents. La
destruction de l’os alvéolaire provoque la formation
Gingivite : inflammation, saignement, d’une poche parodontale autour de la dent atteinte,
mauvaise haleine. Une gingivite se non visible à l’œil nu, parfois remplie de pus. La
manifeste par un ou plusieurs des signes mesure de la profondeur des poches parodontales,
suivants : rougeur de la gencive ; sai- effectuée par un chirurgien-dentiste à l’aide d’une
gnement au brossage des dents, lors du nettoyage sonde parodontale millimétrée, est associée à un
de l’espace interdentaire par exemple avec du fil bilan radiographique de toutes les dents pour éva-
dentaire, ou en mangeant ; œdème localisé au ni- luer la destruction de l’os alvéolaire (1,2,4).
veau du rebord gingival ; décoloration des gencives ; + Lire “Signes d’alerte lors d’une gingivite ou d’une
mauvaise haleine (1,2,4). parodontite”
Premiers Choix Pres rire • Parodonto athies : révention • tualisation février 2018 • Page 1/5
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Tabagisme : des signes d’inflammation gingivale Avec le temps, la plaque dentaire se calcifie
masqués. Chez les fumeurs, les saignements au-dessus de la gencive (au niveau de l’émail) et
des gencives liés à une parodontopathie sont moins en-dessous (au niveau du cément*), formant ainsi
fréquents que chez les non-fumeurs, à niveau le tartre. Au-dessus de la gencive, le tartre est pré-
d’hygiène buccodentaire équivalent voire inférieur, sent en général sur les faces internes des incisives
alors qu’ils sont plus exposés à cette affection. La de la mâchoire inférieure (alias mandibulaires) et
nicotine, par son effet vasoconstricteur, semble sur les faces externes des molaires de la mâchoire
masquer les signes d’inflammation gingivale, et supérieure (alias maxillaires) (1,3).
les saignements qui précèdent l’apparition des Les autres facteurs de gingivites sont notamment :
parodontites (6). –– des chevauchements de dents (alias encombre-
ment dentaire) ;
–– des restaurations dentaires défectueuses ;
–– une respiration buccale ;
Facteurs de survenue –– des appareils orthodontiques ;
–– l’éruption de dents ;
Plaque dentaire en cause le plus sou- –– des changements hormonaux liés à la puberté, à
vent. La plaque dentaire (alias plaque la grossesse, aux règles ;
bactérienne) joue un rôle déterminant –– une immunodépression ;
dans l’apparition des gingivites et des –– un herpès buccal ;
parodontites (1). –– des candidoses ;
La plaque dentaire est une accumulation hétéro- –– un lichen plan ;
gène composée notamment de bactéries, qui –– des réactions allergiques ;
constitue un dépôt mou, de couleur blanc jaunâtre, –– une éventuelle prédisposition génétique (1,3,4).
adhérant à la surface des dents ou présent dans le Les autres facteurs de parodontites sont notam-
sillon gingivodentaire. La plaque dentaire se déve- ment :
loppe quand elle n’est pas contenue par des mesures –– des maladies hématologiques telles que les leu-
d’hygiène buccodentaire adaptées (1). cémies ;
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Acte technique
Dérivés terpéniques, salicylates et anesthésiques
Détartrage par un chirurgien-dentiste locaux. Les solutions pour bains de bouche proposées
pour éliminer la plaque dentaire pour prévenir l’apparition de parodontopathies et qui associent
calcifiée diverses substances dont des dérivés terpéniques, des salicy-
Quand la plaque dentaire est calcifiée, son élimina- lates ou des anesthésiques locaux sont sans efficacité clinique
tion mécanique, alias détartrage, par un chirurgien- démontrée. Elles exposent aux effets indésirables de ces sub
dentiste semble avoir une efficacité préventive sur stances : effets indésirables locaux, dont allergies, irritations
locales, sensations de brûlures, troubles du goût et, avec les
les parodontopathies. Le détartrage concerne la
anesthésiques locaux, fausses routes par anesthésie du car-
surface de la dent au-dessus et en dessous de la
refour oropharyngé et retards de cicatrisation des plaies ; effets
gencive (1,4). indésirables généraux dont convulsions chez les enfants ou
La motivation des patients et l’enseignement agitations et confusions chez les personnes âgées avec les
d’une hygiène buccodentaire rigoureuse complètent dérivés terpéniques, méthémoglobinémies avec les anesthé-
la consultation auprès du chirurgien-dentiste (1). siques locaux (17,22à27).
La fréquence optimale des soins d’entretien chez
le chirurgien-dentiste n’est pas établie. Une fré-
quence annuelle semble suffisante chez les patients
à faible risque. Des soins plus fréquents sont pro-
posés empiriquement aux patients à risque élevé Non médicamenteux
de parodontopathie (1,15). Substances “anti-plaque dentaire” : pas
Chez la majorité des patients qui ont une paro- d’efficacité établie
dontite avec des poches parodontales peu profondes, De nombreuses substances, présentes dans des bains
effectuer des détartrages réguliers limite la destruc- de bouche ou dans des dentifrices, proposées pour
tion du parodonte (1). limiter la formation de la plaque dentaire, en com-
plément d’un brossage régulier, n’ont pas d’efficaci-
Médicamenteux té établie dans la prévention des parodontopathies,
Chlorhexidine en bains de bouche : notamment : des ions métalliques (zinc, cuivre, étain),
un appoint sanguinarine, triclosan, thymol, chlorure de cétylpy-
En complément des méthodes mécaniques d’élimi- ridinium, héxétidine, bicarbonate de sodium (1).
nation de la plaque dentaire, de nombreuses sub
stances présentes dans des bains de bouche, à
utiliser purs ou dilués, sont proposées pour limiter
la formation de la plaque dentaire. Parmi elles, la Situations particulières
chlorhexidine est la mieux évaluée dans cette situ
ation, notamment quand le brossage des dents est Grossesse
difficile, inadéquat voire impossible. Toutefois, son Gingivite de la grossesse : mesures
efficacité en complément d’un brossage régulier d’hygiène buccodentaire et parfois
pour prévenir la survenue de parodontopathies n’est détartrage. Les changements hormo-
pas établie (1,4). naux liés à une grossesse provoquent parfois une
Les solutions pour bains de bouche qui contiennent gingivite dite gravidique qui se manifeste par une
de la chlorhexidine colorent en brun les dents, les inflammation, des saignements et un accroissement
prothèses dentaires, ainsi que la langue. Cette colo des gencives, indépendamment du développement
ration cède en général au brossage et à l’arrêt du de la plaque dentaire. L’accroissement des gencives
traitement. La chlorhexidine expose à des réactions provoque parfois des troubles de l’occlusion den-
d’hypersensibilité (17à19). taire, de la déglutition, de l’élocution et une masti-
Des troubles du goût ont été rapportés avec la cation douloureuse. La gingivite gravidique tend à
chlorhexidine (17,18). s’aggraver au cours de la grossesse, et régresse
L’utilisation prolongée de solutions antiseptiques après l’accouchement (4,14).
pour bains de bouche modifie la flore microbienne Chez les femmes enceintes, comme dans la popu
buccale, ce qui expose au développement d’infec- lation générale, le principal traitement préventif des
tions bactériennes ou de mycoses (17). parodontopathies repose sur l’hygiène buccoden-
taire. Un détartrage effectué par un chirurgien-
dentiste ne semble pas exposer à des risques par-
ticuliers chez les femmes enceintes (4).
+ Lire “Brossage dentaire et nettoyage des espaces
interdentaires pour éliminer la plaque dentaire”
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POINTS-CLÉS
●● Chez les femmes qui ont un cancer du sein, un ●● Après un curage ganglionnaire axillaire chez les
lymphœdème du membre supérieur du côté du femmes qui ont un cancer du sein, débuter tôt une
sein atteint est une complication fréquente, notam kinésithérapie adaptée semble réduire la fréquence
ment après curage ganglionnaire étendu et radio de survenue d’un lymphœdème du membre supé
thérapie. rieur du côté du sein atteint.
●● Protéger le membre supérieur des blessures, ●● Le traitement de premier choix d’un lymphœ
brûlures, traumatismes et infections réduit le risque dème d’un membre supérieur repose sur une com
de lymphœdème et de ses complications. pression continue par bandage multicouches puis
par manchon élastique.
U
n lymphœdème est une accumulation de Chez les femmes qui ont un cancer du sein, divers
lymphe dans le tissu sous-cutané. Il provoque signes sont évocateurs d’un lymphœdème débutant
un gonflement, parfois très volumineux. Chez au niveau du membre supérieur du côté du sein
les femmes qui ont un cancer du sein, un lymphœ- atteint : sensation de lourdeur et de compression
dème d’un membre supérieur est une complication du membre ; augmentation de son volume qui rend
fréquente liée à une interruption de la circulation difficile le port d’une bague, d’un bracelet ou d’une
lymphatique du côté du sein atteint. Chez ces femmes, montre ; changement d’aspect de la peau ; diminu-
un tel lymphœdème est causé soit par certains trai- tion de l’amplitude des mouvements (1à3).
tements contre le cancer tels que le curage ganglion- En général, un lymphœdème d’un membre su-
naire axillaire ou la radiothérapie, soit directement périeur est indolore (1).
par le cancer qui obstrue les vaisseaux lymphatiques, Au stade précoce d’un lymphœdème, une pression
soit par une infection locale (1,2). exercée par un doigt sur la peau gonflée laisse une
empreinte qui persiste quelques secondes, alias
signe du godet. À un stade plus évolué, on observe
un épaississement de la peau ; un œdème dur,
Reconnaître fibreux, sans signe du godet (1,3).
Chez certaines patientes qui ont un lymphœdème
Sensation de lourdeur et volume aug lié à un cancer du sein, le gonflement atteint uni-
menté. La survenue d’un lymphœdème quement la partie proximale* du bras et la région
d’un membre supérieur lié à un cancer du sein traité. Chez d’autres, seuls les doigts de la
du sein est en général progressive, main du côté du sein traité sont gonflés (2).
pendant les 3 premières années qui suivent la dé- Chez les femmes qui ont un cancer du sein, la
couverte du cancer (1à3). confirmation d’un lymphœdème d’un membre
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