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LES DEUX DERNIERS CHAPITRES 371

Dans le court épilogue qui forme le chapitre 24, l'hagiographe


s'adresse à ses << frères spirituels>>, sans doute les membres de sa
communauté. Il aurait bien voulu leur apporter lui-même sa Vie
de Constantin ; mais, sentant qu'il va mourir, il la leur envoie de
LES DEUX DERNIERS CHAPITRES Bérée de Macédoine par l'intermédiaire du frère Sabas.
II ne fournit malheureusement aucun renseignement sur son nom
DE LA NOUVELLE VIE DE CONSTANTIN ou sa patrie. Le pays qu'il appelle neoacptÂ~ç yfj et où résidaient
ses correspondants était assez éloigné de Thessalonique 1 comme de
Constantinople 2 • S'agirait-il d'une région située hors des fron-
tières de l'empire byzantin? On serait tenté de le conclure en
Le manuscrit 179 de Patmos, copié aux confins du xne et du
réfléchissant à la manière dont la première phrase du chapitre 23
xme siècle, contient une étrange Vie de Constantin qui a· été pu-
introduit le thème des Thracésiens. Mais cette déduction est
bliée ici même 1, à l'exception des deux derniers chapitres, dont
encore trop vague pour satisfaire notre curiosité.
le texte n'avait pu être obtenu en temps utile.
Grâce à l'obligeance du Rme Père Jérémie, higoumène du mo- François HALKIN.
nastère de Saint-Jean-le-Théologien, et à l'entremise tant de _M.
l'abbé Marcel Richard que du professeur Carsten H0eg 2 , une copie
et un microfilm des folios 24v-25, arrivés ensemble à Bruxelles, me
permettent de compléter sans retard l'édition inachevée. VITA CONSTANTIN!
Au chapitre 23, qui clôt le récit, l'auteur tient une promesse e codice Patmensi 179, saec. XII-xm.
faite précédemment 3 et explique l'origine du trésor apporté par
un moine à Justinien pour financer la restauration de Sainte- 23. 'Enel ôè neoÂa{Jàw 6 ÂÔyoç vnéaxero ànoôei~at r~v rov
Sophie. L'histoire, la géographie et la simple vraisemblance n'y r. v xefJp,aroç uarâ(Jeatv uai 1 n6(Jev yéyovev, fjô'Yj èeeï. 'Ev rfi rwv
24
sont pas plus respectées que dans le reste de la légende. Ce se- 'Pwp,a{wy èmueare{q. XW(!U èaÛY one(! avroi uarà r~v lôtav ôui-
raient les roitelets du thème des Thracésiens qui auraient, << dans ,
Âeurov (Jep,a ,
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neoaq.yOQBVOf-tBYOY. 'EY rovrq> '
les anciens temps >>, enterré tout leur or dans une cachette pour yovv ri[> (Jép,an uarà rovç àexatoréeovç xe6vovç {JaatÂûat nvuvai
le soustraire aux envahisseurs perses venus d'Italie ... ua-rà r6novç ijaav, ual n6Âewç éuaaroç e{Jaa{Âeve, uai Âaov exv-
Le narrateur ajoute que Justinien récompensa le moine qui eteve, uai t1r1JÂWv xal n6Âewv uai l11xvoç rfjç ôtà noÂép,wv ècpeôv-
l'avait tiré d'embarras en lui construisant un monastère admirable, ~1 'l: '1 3
nl;e. Tovrwv,
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<< qu'on appelle encore maintenant rà Kawoveyw 4 >>. Y a-t-il CJtuov ë(Jvoç, nât1av xweav uaraÂr(il;6pevov. Ivvâyovrat oiJv ol
lieu de chercher ce couvent dans la capitale ou en province? Rien neoayurovovv-reç rwv Beau'Y]CJ{wv {JaatÂeiç · Cf!'YJf-tL ô~ 6 rfjç 'E-
ne l'indique. Il faudrait trouver d'autres attestations, et moins '"''
cpéaov, 6 rfjç ~U(!Ô'YjÇ, 0• II B(!yap,ov,
' 0• M ayY'Yjt1taÇ,
' 0• T (!U'). 'YJÇ uat'
mprécises, pour localiser cette prétendue fondation du vie siècle 5• col. b UÂÂot rwéç · 1 uai {JovÂ~v {JovÂevovrat évw(Jfjvat uai rovç Ilée11aç
uaranoÂep,fjaat, TOY ôè -rfjç éYW(JSWÇ re6nov èv TOVTq> {Je{Jatw-
aat, èv rif> rà xefJf-taTa OCJa âv éuaaroç uéUT'YJTUl elç éva r6nov
1 Ci-dessus, p. 73-105. 11vvayayeiv uat cpvÂauaç è~ àp,cporéewv xa-r' lCJÔT'YJTa yevéa(Jat.
2 Je tiens à leur redire encore toute ma gratitude.
8 Au chap. 22, fin du § 1 : n60ev 6è yéyove, p,e-r' oi!.tyov iew.

• Dernière phrase du chap. 23. 1 Voir l'épilogue : n6eew vp,wv.


6 Aucun monastère de ce nom n'est mentionné dans le répertoire du P. Ja- • Cf. supra, p. 104, note 2.
nin, Églises et monastères (Paris, 1953). s Erreur de copiste pour 'ArraJ.elaç?
372 LES DEUX DERNIERS CHAPITRES

Tov-cwv ov-cwç e; ixa-céewv -cwv fJ,S(!WV (]VfJ,fJJWV'Yj()év-cwv etÇ 'l'tVa


{Jovvàv v:noyatovç Xaf-laeaç :not~aavuç, ià Xf!if!-la eyxaTaxÂetovat
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Uat f{JV/,auaç
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XOWWÇ S:TtWi'Yj(]afJ,SVOt,
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av-col ua-ca iWV IJSQ(]WV ex-
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(]"C(!aTSVOV(]t. Kat o[ lléeaat iOViWV xa•wxvaav-ceç avTovç fJ,èV


àvmeovat xai •~v xweav :nfiaav àq;avfCovat. Kat Twv q;vÂâxwv
•fi q;vyfi •~v Cw~v :noetaaaeat a:novoaCôvTwv, xaTaÂtfJ,:nâveTat LES LITANIES BAVAROISES
f. 25 ià Xf!if!-la e:nt àq;avetct fl,éXQl Twv fJ!!-leewv 'lovauvwvov. 'Ev
•fi oi5v àexfi -cijç emxeau{aç avTOV 0 :Ttf!Of!f!'Yj()eiç evÂa{JéaTaiOÇ
DU « LIBELL US PRECUM >> DIT DE FLEURY
fJ,O'Vaxàç Tàv iÔ:nov eeaaafJ,S'VOÇ WÇ i}avxâCew ()O.ovnl a'lmoç (ORLÉANS MS. 184)
rpav~ae-cat, ev -cov-ccp :naeay{vetat ' xat xaÂv{J'Yj'V :Tt'YJ;ÛfJ,S'VOÇ :neàç
Âaxâvwv eeyaalav •eé:netat. Kal 0~ •fi axa:navn2 xa-cw Xiv:nwv,
àxovet -ctvà {36f1,{JO'V ex -cijç yijç àvaÔtOÔfJ,SVO'V · iOVTOV 3 :neàç ià
SV'YJxéaueov e:naxoÂove~aaç evetaxet xexwafl,éV'Yj'V ·~v daoôov . Si les manuscrits pouvaient parler, ils protesteraient parfois
xal xô:ncp :noÂÂI{) TaVT'YJ'V àvecpyvvç 4 , à:nÔOWfJ,OP :not~aaç xat contre telles qualifications que, par manque de compétence ou
:naÂw e:nwxe:naaaç, :neàç •àv {JaatUa 'Iovauvwvàv àva-ceéxet. faute d'un examen personnel, certains érudits leur attribuent,
TovTo -cà xevalov 0 {JaatÂevç àveÂÔfJ,S'VOÇ emaxevaCet WÇ elf!'Yj"Cat touchant leur âge, leur origine première ou leur destination. Ajou-
col. b -càv -cov 8eov vaôv, àÂÂà xal •!{) 1 elf!'YJfJ,Évcp fJ,Ovaxl{) fJ,OV~v àv- tons-y quelques bévues dans la transcription des textes, et voilà
otxoOOfJ,eL eavfJ,aatav, fj-ctç xal f-léxet -cov VV'V ià Kawoveyta constitué un ensemble d'erreurs qui, fréquemment, font jouer à
ovo!-laCewt. ces témoins du passé un rôle déroutant dans l'argumentation
24 • "EWÇ Wue,
.. .i :TtVSVfJ,a"CtXOt' auSAf{JOt,
'.i 1 1
"C'Y- JÇ 'Yjfl,WV :TtS(!lÔOOV
Ta' historique ou littéraire. Il arrive, par bonheur, que des savants
avyyedfJ,fJ,a"Ca. Kal e{JoVÂÔfJ,eea fl,è'V f}fJ,eiÇ av-col -cavTa :neàç plus consciencieux ou mieux outillés redressent les torts ; encore
VfJ,fiÇ à:noXOfJ,Î(]at ua-cà -c~v v:nôaxeaw, VfJ,fiÇ ôè avTOVÇ xa-caa:na- faut-il qu'on les lise et qu'on leur fasse crédit.
aaaeat x al -cijç :neoarptÂovç yijç i:na:noJ.avaat. 'Ensi oè o -cà Dans les études qui traitent de l' euchologie extra-liturgique au
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:navra e.,ovatu.,wv Lr .a '
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cpxov 6fl,'Yjae rov' SfJ,OV
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:nôeew moyen âge, on cite depuis longtemps le <<livret de prières de Fleury>>
VfJ,WP yevéaeat, :néf-l:nw VfJ,iv -cav-ca à:nà Beeeoîaç -cijç :nÂ'Yjato- et les << litanies de Fleury>> qui s'y trouvent. Par ces appellations,
xweov eeaaaÂovÎX'YJÇ Otà iOV àoûq;ov Ea{J{Ja. Kat 0 8eàç -cijç on désigne la série d'oraisons variées par laquelle se termine le
eLf!~'V'YJÇ own xàfJ,Ol Ot' evxwv VfJ,WV fJ,Sf!ÎOa fJ,Sià iW'V f}ya:n'YJXÔ-cwv manuscrit n° 184 (ancien 161) de la Bibliothèque publique d'Or-
avrov.
, 1 A!)vrcp- 'Y~J uo"'a
s 't:.
xat' To' xea•oç
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xat, aet xat' elç rovç alw- léans, groupant pour le reste des œuvres de S. Isidore et qui pen-
vaç Twv alWvwv, àp~v. dant de longs siècles fut conservé au monastère de Saint-Benoît-
sur-Loire 1 • Dénominations assez équivoques, parce qu'elles don-
nent à entendre que cette collection de prières et, notamment, ces
1 2 Tij!; 3
8éAovTa cod. - u"œn:dv11' cod. - an TOvTlp? - ' sic. litanies seraient de provenance française et refléteraient l'usage
de Fleury 2 • Or, c'est là une opinion qu'il est aisé de réfuter de

1 Ch. CUISSARD, Inventaire des manuscrits de la Bibliothèque d'Orléans,


Fonds de Fleury (Orléans, 1885), p. 93-94; m., Catalogue général des manuscrits
des bibliothèques publiques de France, t. 12: Orléans (Paris, 1889), p. 85-86.
La mention d'appartenance du volume à Saint-Benoit-sur-Loire semble re-
monter au début du xr• siècle: Hic est liber sancti Benedicti Floriacensis (p. 355).
z Ainsi, récemment encore, M. F. X. HAIMERL, dans son ouvrage Mittelalter-
liche Frommigkeit im Spiegel der Gebetbuchliteratur Süddeutschlands (Munich,

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