Professional Documents
Culture Documents
PRIENEz
nus par le secrétaire général de l'O.N.U...
« Une reconnaissance, dit le sociologue Franco
Ferrarrotti, qui correspond exactement aux dé-
sirs du petit-bourgeois frustré dans ses ambi-
tions et ses "attentes sociales". » Mais les plus
nombreux ont vite compris que le « cinémâ
auquel on les conviait », que le « feuilleton de
télévision qu'on leur offrait », selon l'expression
lIZMURA
de l'écrivain Alberto Arbasino, les « dépossé-
dait » : rentrez chez vous, semblaient dire les
terroristes, fermez vos portes et regardez sur
vos écrans le récit de nos exploits.
« Je tournais à Milan une version des "Mains
sales", raconte le cinéaste Elio Petri (1), pen-
dant l'affaire Moro. Tous les matins, je me
levais, j'écoutais la radio et je me disais : "Ça
continue !" Puis je retrouvais l'équipe, qui se
mettait au travail en disant : "Ça continue !"
En réalité, tout le monde attendait la mort de
Moro. C'était comme un cancéreux dont la
famille pense : il vaudrait mieux qu'il s'en aille
vite. Quand Moro est mort, on est retourné au
travail avec une espèce de soulagement. C'était
l'homme qui devait mourir. » Un sentiment
très partagé, celui d'Elio Petri, et qui expli-
que peut-être qu'en dehors de toute motivation
politique les partisans de la négociation aient
été minoritaires : 30 % seulement, d'après un
sondage réalisé vers la fin de la séquestration
de Moro.
« On n'en pouvait plus, chaque jour qui pas-
sait compliquait les choses, raconte un profes-
fesseur de physique. On imaginait Moro inter-
rogé par des hommes en capuche qui avaient
une seule idée en tête : faire un procès "popu-
laire". Et Moro qui répondait dans son jargon
de notaire ou de sacristain et qui finissait par
convertir les terroristes au "morotisme". Quoi
de plus "morotien" que cette expression rele-