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e accepte sa démission » au lieu de le juger.

LES LUNDIS DE DELFEIL DE TON Tirer des lacrymos dans la gueule des gens,
les défigurer ou les rendre aveugles, comme
l'autre jour à Caen, l'autre jour à Rouen, ail-
leurs, partout, il y a une différence avec la tor-
ture? Un seul exemple : dans « le Nouvel
Observateur » numéro 744, page 25, la photo

Des poètes de ce « tortionnaire » en activité avec son fusil


lance-grenades, à Nantes, vous croyez qu'il
serait difficile de l'identifier et d'identifier ses
officiers ? La police est avec nous » ! Ils

plein les rues regardent trop la télé, les gens de la S.F.P.


On dit que les autonomes ne savent pas ce
qu'ils veulent. Ils auraient des excuseS I Patrick
Pennognon et ses copains, « jugés» selon la loi
anticasseurs et en flagrant délit pour le raid du
quartier Saint-Lazare, avaient ramassé des
quatre ans de prison ferme. Après appel et
application du sursis, ils en feront la moitié et
« L'Huma » du lundi 26, en gros caractères risquait pas d'être démantelé. J'ai eu peur que même, pour Pennognon, le quart. Une justice
bien visibles : « Georges Marchais est ce soir mon humour soit mal compris. qui passe en cinq semaines du simple au quart,
l'invité du journal d'Antenne 2, à 20 h ». On En cet an 1979, la confusion règne dans les on ne peut pas lui dire merci. Le livre de
se dit : « Tiens, lui, au moins, il est pas gêné esprits. C'est le moins qu'on puisse dire et il poèmes de Pennognon est paru le jour de sa
de se montrer à la télé dans les programmes n'y a pas lieu d'en rigoler. Des hommes et des condamnation. En le lisant, on avait en mémoire
minimums imposés aux grévistes par une loi femmes sont contraints de lutter pour garder un billet de M. Max Clos, directeur de la rédac-
antisociale. » des emplois qui les font vieillir et mourir avant tion du « Figaro ». Ce M. Clos voudrait passer
l'âge, pour défendre des usines qui leur font pour un pamphlétaire mais il écrit avec ses
« L'Huma » du mardi 27, deuxième page, en
fabriquer les armes qui tuerimt leurs semblables pataugas. Voici ce qu'il 'disait de Pennognon
encadré sous le titre : « Mise au point », un
d'au-delà des frontières. Ce n'est pas gai de et de ses copains, après leur condamnation à
communiqué du bureau de presse du Comité
voir ça. Ces pancartes des employés de la quatre ans : « Sur un point, Me Leclerc a rai-
central du Parti communiste français, parti
S.F.P. qui s'assimilent aux produits qu'on leur son, c'est vrai, notre société est injuste. Nous
dont, rappelons-le, e l'Humanité » est l'organe
fait fabriquer, qui s'identifient aux apologies trouvons injuste que les contribuables paient de
central. Voici le texte intégral de ce communi-
du flic qu'on donne au peuple pour le distraire, lourds impôts pour que des idiots incapables
qué : « Antenne 2 a annoncé la participation
c'est poignant de voir ça. « La police est avec de s'exprimer autrement que par des onomato-
de Georges Marchais à son journal de lundi
nous » ! Elle demande qu'à leur balancer des pées fassent à nos frais de longues études. Une
20 heures. Il s'agit là d'une information erro-
lacrymogènes à tir tendu dans la gueule, la société juste mettrait à la porte des lycées et
née. En effet, comme le bureau de presse du
police. Elle s'en gêne pas dès qu'elle en a des universités des gens incapables de pour-
Comité central l'avait indiqué à la direction
l'occasion. Quand un tortionnaire de l'armée suivre leurs études. On manque d'éboueurs. »
d'A. 2, le calendrier du secrétaire général du
est pris la main sur le stylo en train d'écrire le On ne manque pas d'éboueurs, mais c'est un
Parti communiste français ne permet pas sa
mot e torture » dans une directive (1), on détail, à moins que M. Clos n'ait voulu dire
participation dans l'immédiat à cette émission.
qu'on manquait d'éboueurs français. Après la
On ne peut donc que s'étonner de cette infor-
(1) Cf. le « Lundi » de la semaine dernière. prose de M. Clos, voici des onomatopées de
mation présentée par la chaîne. » Commen-
Patrick Pennognon (2) :
taire formulé dans le dessein de nuire au Parti
« [...] Je suis assailli de vertiges 1 car je n'en
communiste : 1) C'est quand même pas
peux plus de mourir
Antenne 2 qui décide de monter les nouvelles
Je ne peux m'y résoudre / et pourtant je
importantes concernant la vie et les œuvres de
meurs un peu plus / chaque jour
Georges Marchais en première page de « l'Hu-
Je meurs de notre impuissance à vivre
manité » ; 2) C'est pas un haut-le-coeur à l'idée
Chaque jour I il faut subir / les attentes
d'y jouer les briseurs da grève qui empêche
étourdissantes 1 la ponctualité féroce des gestes
Marchais- de venir à la télé pendant la grève,
anodins
c'est son calendrier chargé. Y a des jours où il
Chaque jour / je suis / (je ne mérite pas
est franc, celui-là.
d'être mais je n'ai pas demandé à naître)
La grève de la télé aura-t-elle pris fin quand fouillé de flics / qui de leurs griffes /
paraîtront ces lignes ? « L'Huma » du 27, tou- éprouvent l'héroïque résistance de mes nerfs
jours elle, donne à penser qu'elle sera terminée. bandés
Alors que toute la presse annonce comme dou- A se rouler dans le fumier de leur déca-
teux que le dernier épisode d'« Holocauste », dence 1 A se vautrer dans leur médiocrité coa-
déjà reporté, puisse être diffusé mardi, « l'Hu- gulée I A accepter la misère les humiliations
manité » titre : « Holocauste : dernier, épi- la brutalité
sode mardi prochain ». Camarades grévistes, A accepter / les engrenages horribles I le
vos camarades responsables ne vont pas tarder génocide quotidien
à 'vous expliquer qu'il faut savoir terminer une Nous sommes devenus / des salauds serviles
grève. Je me hais I [...] »
La grève de solidarité peut cesser à la télé- D.D.T.
vision sans que le travail reprenne à la Société Post -scriptum qui n'a rien à voir. Vous n'au-
française de Production (S.F.P.). Le gouver- riez peut-être pas l'idée tout seuls de lire « Pipes
nement ne donne pas l'impression de vouloir y de terre et Pipes de porcelaine, Souvenirs d'une
céder sur les licenciements. La S.F.P. est une femme de chambre en Suisse romande, 1920-
entreprise de spectacles, la plus importante de 1940 ». Voilà. Vous savez de quoi il s'agit. C'est
France. aux éditions Zoé, diffusé par Alternative, ça
Une grève dans une entreprise de spec- coûte 29 francs, c'est bien. Dans le « Charlie
tacles, ça doit être l'imagination au pouvoir, mensuel » de. mars, une interview de Charlie
pense-t-on. Dans une entreprise de cette impor- Schlingo par Théophraste Epistolier. Les
tance, l'imagination doit faire des étincelles. héroïnes de Charlie Schlingo s'appellent Josette
J'ai yu passer le cortège des grévistes, l'autre de Rechange, Kokott Dunouga, ses héros
jour, qui traversait Paris. Ils portaient des pan- Schlingdejnou et ils se rencontrent dans des
cartes : « "Maigret", c'est nous. » Une autre endroits comme Sarnifldanlancleino. C'est pas
pancarte : « "Un juge, un flic", c'est nous. » de la bande dessinée intellectuelle.
Une troisième pancarte : « La police est avec Patrick Pennognon
nous. » J'ai failli m'approcher pour dire que la « Je meurs un peu plus chaque jour (2) Extrait d' « Implosion à la dérive », sous
police recrutait et que ce service public, lui, ne le pseudonyme de Patrig Arfal, éditions Syros.

58 Lundi 5 mars 1979

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