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:
ce
texte
fut
écrit
dans
un
moment
de
l’ECF
où
les
travaux
des
AE
n’avaient
pas
la
forme
«
témoignage
»
qu’ils
prendront
plus
tard.
Dans
ce
travail,
l’AE
transmet
à
partir
de
la
manière
qu’il
a
d’occuper
la
place
de
l’analyste
et
fait
enseignement
de
son
acte.
Guy
Briole
L’acte
:
du
bon
usage
de
la
répétition
François Leguil
Les
cures
sont
longues
et
les
tentatives
pour
éviter
cet
inconvénient
ont
toutes
échoué,
depuis
les
premières
que
Freud
évoque.
Il
n’y
a
pas
de
quoi
s’en
louer
et
l’on
nous
adresse
souvent
la
critique
que
l’acte
analytique
est
sous
la
condition
d’une
technique
qui
l’étire
sur
trop
de
temps.
Les
effets
de
l’analyse
ne
dépendent
pas
des
vertus
de
l’analyste.
Une
pourtant
lui
est
nécessaire
;
la
patience,
qui
fait
dire
à
Lacan
:
«
Mon
fort
est
de
savoir
ce
qu’attendre
signifie.
»1
L’inertie
de
la
jouissance
dans
une
clinique
sous
transfert
est
l’une
des
dernières
formules
pour
dire,
en
partie,
la
retenue
du
temps
qui
handicape
et
distille,
les
trouvailles
qui
désupposent
le
savoir.
On
le
disait
autrement
avant,
et
Freud
avec
Lacan
ont
bien
montré
que
les
mots
dont
nous
disposons
ne
parviennent
pas
à
conjurer
ce
qui
résiste.
Hors
la
cure,
le
dégât
que
l’oubli
fait
subir
à
la
vérité
peut
altérer
les
rapports
du
sujet
à
ce
qui
le
motive.
Le
danger
n’est
pas
mince
chez
les
analystes
moins
taraudés
par
un
symptôme
dont
la
souffrance
est
amortie,
de
sorte
que
l’acte
analytique
questionne
bien
moins
sur
ce
que
l’on
fait
des
signifiants
de
Lacan
que
sur
ce
qu’ils
ont
fait
de
celui
qui
s’est
soumis
à
l’expérience
dont
ils
procèdent.
Dans
sa
lettre
du
23
octobre
1980,
Lacan
annonce
que
«
la
passe
produira
l’A.E.
nouveau
»
et
ajoute,
que
la
nouveauté
réside
dans
la
limite
accordée
à
la
période
de
son
témoignage
comme
à
celle
de
son
titre.2
Sans
doute
ne
faut-‐il
pas
accepter
l’adjectif
«
nouveau
»
de
la
manière
dont
une
épître
de
Saint-‐Paul
invite
«
l’homme
nouveau
»
à
«
dépouiller
le
vieil
homme
».
«
L’A.E.
nouveau
»
n’est-‐il
pas,
sans
irrévérence,
à
concevoir
comme
on
entend
:
«
Le
beaujolais
nouveau
est
arrivé
»
afin
d’inciter
sans
délai
à
le
consommer
avant
que
le
vieillissement
1
Lacan
J.,
Deuxième
lettre
au
Forum,
11
mars
1981,
in
:
Courrier
de
l’École
de
la
Cause
Freudienne,
1981
et
http://www.wapol.org/fr/las_escuelas/
2
Lacan
J.,
Lettre
pour
la
Cause
freudienne
du
23
octobre
1980,
publiée
par
l’École
de
la
Cause
freudienne
1
ne
gâte
avec
son
goût
la
raison
qui
le
répand
dans
les
bistrots.
Il
s’agit
de
soutirer
davantage
quelque
chose
que
de
produire
quelqu’un.
La
passe
nouvelle
aura
son
histoire,
celle
d’une
série,
mais
de
millésime
point.
Le
Champ
freudien
n’est
pas
un
terroir
qui
se
prête
à
la
conservation
de
ce
qu’il
produit.
Il
«
est
un
champ
qui,
de
sa
nature
se
perd
»,
enseigne
Lacan
en
avril
1964.3
J’arrête
donc
là
ma
métaphore
œnologique.
De
l’éternité,
l’analyste
n’a-‐t-‐il
plus
qu’un
reste
de
silence,
non
pour
l’effroi
des
espaces
infinis,
mais
–
Lacan
le
lui
apprend
–
pour
qu’une
éthique
du
désir
s’y
convertisse
?
Certes,
l’éternité
n’est
pas
entre
nous
une
question
subalterne.
Aux
billevesées
de
l’éternel
retour,
nous
préférons
la
clinique
de
la
répétition,
mais
l’éternité
demeure
l’un
des
noms
possibles
de
ce
qui
apparaît
énigmatique
dans
le
temps,
sitôt
que
l’on
aborde
la
question
de
l’être
par
le
biais
de
l’acte,
et
non
plus
par
celui
du
devenir.
3
Lacan
J.,
Le
Séminaire,
Livre
XI,
Les
quatre
concepts
fondamentaux
de
la
psychanalyse.
Paris,
Seuil,
1975,
p.
116.
4
Blaise
Pascal,
Les
provinciales.
«
Douzième
lettre
aux
révérends
pères
jésuites
»,
9
septembre
1656.
https://www.ebooksgratuits.com/ebooksfrance/pascal_les_provinciales.pdf
5
Lacan
J.,
Le
Séminaire,
Livre
I,
Les
écrits
techniques
de
Freud.
Paris,
Seuil,
1975,
p.
178
6
Ibid.,
p.
267.
2
tour
de
force
effectué
par
Lacan
est
de
montrer,
déjà,
que
cette
forme
temporelle
paradoxale
fait
équivaloir,
dans
une
suspension
des
considérations
sur
la
durée,
«
la
parole
de
l’analysant
avec
la
parole
ancienne
du
sujet
»,
et
produit
pour
cela
un
trajet
dont
la
tenue
est
une
réalisation,
lorsque
«
le
dernier
sens
de
la
parole
du
sujet
devant
l’analyste,
c’est
son
rapport
existentiel
devant
l’objet
de
son
désir.
»7
En
d’autres
termes,
Lacan
révèle
comment
mettre
en
acte
une
synchronie
engendrant
une
diachronie.
Deux
pages
parmi
d’autres
[135
&
136]
du
Séminaire,
Les
psychoses
sont
encore
plus
décisives.
Elles
expliquent
comment
l’utilisation
ajustée
des
deux
axes
du
langage
offre
la
seule
chance
de
recouvrer
une
théorie
du
«
déterminisme
psychanalytique
».8
Ce
qui
se
joue
dans
la
diachronie,
ce
qui
se
répète,
et
«
l’instabilité
»
(c’est
le
terme
qu’emploie
André
Martinet
dans
sa
thèse
Économie
des
changements
phonétiques)
qui
spécifie
toute
synchronie,
font
que
l’étude
de
l’évolution
se
déduit
de
la
prise
en
compte
de
plusieurs
états
simultanés.
C’est
la
condition
pour
qu’une
explication
causale
tienne
le
coup.
Nous
partons
de
là
quand
nous
exigeons,
pour
la
lecture
de
l’acte,
que
le
parcours
d’une
cure
apparaisse
dans
le
relevé
des
franchissements
successifs.
Mais
n’est-‐ce
pas
une
bonne
façon
de
saisir
en
quoi
toute
pensée
est
en
impasse,
puisque
harmoniser
la
considération
d’une
diachronie
avec
l’exigence
du
repérage
synchronique
est
strictement
impossible
:
à
l’entrecroisement
de
l’instant
et
de
la
durée,
l’enjeu
d’un
acte
situe
sa
cause
dans
le
calcul
même
d’une
conséquence
impensable.
La
prescience
qu’en
a
Lacan
avant
les
années
soixante
est
étonnante
:
«
On
sent,
écrit-‐il,
que
c’est
la
nature
d’une
transmutation
dans
le
sujet,
qui
ici
se
dérobe,
et
d’autant
plus
douloureusement
pour
la
pensée
qu’elle
lui
échappe
du
moment
même
qu’elle
passe
au
fait
».
Cette
citation
est
extraite
d’une
page
des
Écrits
souvent
fréquentée
:
l’interprétation
déchiffre
«
la
diachronie
des
répétitions
inconscientes
»
en
introduisant
«
dans
la
synchronie
des
signifiants
qui
s’y
composent,
quelque
chose
qui
soudain
(rend)
la
traduction
possible
».
Ceci,
poursuit
Lacan,
est
permis
par
la
«
fonction
de
l’Autre
dans
le
recul
du
code
»,
en
tant
que
c’est
«
à
propos
de
lui
qu’en
apparaît
l’élément
manquant.
»9
Le
signifiant
manquant
précipite
dans
l’issue
de
l’acte.
Il
résulte
d’une
discontinuité
qui
ne
peut
penser
la
continuité,
et
d’une
continuité
qui
ne
peut
que
rater
la
vérité
d’une
discontinuité.
7
Ibid.,
p.
268.
8
Lacan
J.,
Le
Séminaire,
Livre
III,
Les
psychoses.
Paris,
Seuil,
1981,
p.
136
9
Lacan
J.,
«
La
direction
de
la
cure
et
les
principes
de
son
pouvoir
»,
Écrits,
Paris,
Seuil,
1966,
p.
593.
3
À
ce
point
de
coupement
entre
l’axe
du
paradigme
et
celui
du
syntagme,
le
graphe
inscrit
la
pulsion
qui
est
ainsi
le
réel
de
la
traversée
du
fantasme.
Au
moment
d’une
séparation
d’avec
l’Autre,
ce
qu’il
advient
du
sujet
interroge
la
structure
grâce
à
ce
qui
se
maintient
avec
la
diachronie.
La
passe,
en
elle-‐même,
est
une
«
durée
»
qu’on
peut
saisir
entre
un
instant
de
voir
et
un
moment
conclure.
Dans
le
jeu
constant
entre
l’énoncé
d’une
séance
et
l’enchaînement
de
toutes
les
autres,
nous
cherchons
les
repères
propres
à
nous
permettre
de
diriger
une
cure.
Cela
ne
peut
se
concevoir
à
partir
du
seul
signifiant,
puisqu’il
manque
à
ce
point,
c’est-‐à-‐dire
que
nous
ne
pouvons
nous
contenter
d’une
question
concrète
de
la
demande.
Cette
aporie
technique
nous
oblige
à
la
considération
de
l’éthique,
soit
à
celle
du
désir
et
de
l’objet
qui
le
cause.
Ce
que
Lacan
nomme
«
la
plénitude
de
l’étoffe
temporelle
»10
se
déploie
là
où
elle
ne
se
réduit
plus
seulement
au
signifiant,
puisqu’elle
dépend
de
ce
que
le
signifiant
produit.
L’objet
a,
celui
de
l’acte,
est
pris
dans
la
question
du
temps,
du
temps
perdu
de
la
recherche
nécessaire
à
la
construction
du
fantasme.
Ce
temps
peut
devenir
hostile
et
forger
une
revendication,
lorsqu’une
femme
imagine
sans
vraisemblance
qu’il
touche
à
l’image
qui
la
rendait
désirable,
pour
son
embarras.
J’évoque
une
cure
à
partir
de
ce
qui
s’y
passe
actuellement,
qui
est
délicat
et
rompt
avec
son
cours
antérieur.
L’expérience
a
débuté,
il
y
a
bientôt
sept
années
après
une
période
de
tristesse
et
de
vie
sociale
pénible.
Séparée
de
sa
mère,
dès
la
fin
de
l’agonie
de
son
père
et
de
la
disparition
accidentelle
d’un
jeune
parent
qu’elle
aimait
tendrement,
cette
jeune
femme
se
trouvait
handicapée
par
des
douleurs
physiques
polymorphes,
souvent
taraudantes
et
par
des
phobies
du
contact
fréquentes
et
nombreuses.
Sa
vie
affective,
enfin,
la
laissait
vivement
insatisfaite.
10
Lacan
J.,
Le
Séminaire,
Livre
VI,
Le
désir
et
son
interprétation.
Paris,
Éditions
de
la
Martinière,
2013,
p.
21.
4
instants
réduit
à
une
série
de
catégorie
binaire).
Notons
qu’elle
cerne
correctement
les
symptômes
qui
guérissent,
flanqués
d’un
qui
s’aggrave,
qu’elle
se
révèle
généreuse
en
rêves
et
en
rêveries,
déclinant
une
longue
sémantique
où
se
déploie
une
disposition
d’elle-‐même
rigoureusement
mise
en
place
par
ce
dont
elle
s’entoure,
hommes,
bêtes
ou
choses,
allant
de
la
séduction
à
l’équivoque,
de
la
faveur
au
conflit,
de
l’accord
à
la
méprise
et
du
profane
à
l’étrange,
du
délectable
au
dégoût.
On
imagine
la
somme
recueillie
en
sept
années
par
qui
s’efforce
de
suivre
l’affaire
pas
à
pas.
Franchissement,
répétition,
symptômes,
vie
imaginative
s’offrent
telles
des
distinctions
utiles
au
profit
d’une
sémiologie
dont
le
bien-‐fondé
est
pourtant
contesté
par
la
réalité
du
transfert.
Notre
étude
réclame
donc
d’autres
jalons.
Elle
consacre
les
premiers
mois
à
prendre
ses
marques
par
l’évocation
de
sa
vie
de
relation
avec
ses
semblables
et
nomme
cela
«
une
identification
aux
femmes
de
la
famille
».
Par
une
recherche
des
ressemblances,
elle
semble
tenter
d’éclairer
le
sens
de
ses
symptômes.
Son
activité
est
en
vérité
plus
complexe
:
détail
après
détail,
elle
met
en
exergue
ce
qui
distingue
ses
itinéraires
spécifiques.
Son
jeu
témoigne
déjà
que
l’agite
ce
«
fantôme
de
la
cause
»
dont
Lacan
dit
qu’une
«
symbolisation
de
l’imaginaire
»
le
poursuit
«
par
l’alternance
du
semblable
au
dissemblable
»11.
Le
déclenchement
du
transfert
modifie
la
symptomatologie
par
l’installation
d’une
hiérarchie
tacite
:
une
théorie
de
troubles
disparaît
progressivement.
Presque
à
tous
coups,
elle
dissout
chaque
symptôme
sur
le
mode
séquentiel
suggérant
un
rythme
ternaire
:
une
fois
que
ses
associations
la
conduisent
à
une
possible
signification
de
désir,
devant
laquelle
elle
ne
recule
pas,
apparaissent
un
ou
plusieurs
souvenirs
mettant
en
évidence
les
relations
qu’elle
et
sa
famille
entretenaient
avec
son
père.
Après
avoir
isolé
une
parole
de
celui-‐ci,
et,
éventuellement,
constaté
que
tel
trouble
a
disparu,
elle
se
montre
déçue
(je
la
cite)
de
ce
qu’une
«
autorisation,
que
l’on
déduit
d’une
interdiction,
ne
produise
aucun
effet
qui
éclaire
sur
ce
qui
s’est
passé
».
5
fantasmes,
le
symptôme
se
met
en
forme
dans
la
cure
au
détriment
de
ce
qu’elle
développe
parfois
dans
sa
profession
:
elle
ignore
qu’elle
demande
à
l’autorité
une
place
à
part,
ne
l’obtient
donc
pas
et
change
d’emploi.
Elle
le
déplore
et,
n’étant
pas
dotée
d’une
nature
mesquine,
elle
souffre
de
ses
propres
menées
qu’elle
mésestime.
La
demande
faite
à
l’Autre
s’inverse
:
sa
compétence
et
son
savoir
lui
permettent
de
se
faire
réclamer
dans
des
missions
de
suppléance.
Son
souhait,
qu’elle
subit,
d’être
choisie
d’entre
les
femmes,
se
mue
en
un
sentiment
croissant
de
ne
pouvoir
vivre
parmi
les
autres,
d’être
l’objet
d’une
malveillance.
La
cure
est
concernée
par
la
précarité
transitoire
de
son
état,
par
les
représentations
qu’elle
me
fait
sur
sa
fidélité,
par
les
cadeaux
qu’elle
m’adresse
aux
dates
qui
lui
rappellent
combien
elle
se
trouvait
esseulée
dans
son
enfance.
Elle
se
souvient
avoir
abandonné,
avant
la
soutenance,
une
thèse
universitaire
dont
le
titre
était
:
«
Le
thème
de
l’isolement
dans
l’œuvre
de…
».
J’apprends,
en
fait,
qu’elle
a
arrêté
de
parler
à
son
professeur
au
début
où
elle
venait
chez
moi.
Elle
a
donc
poursuivi
sa
thèse
par
d’autres
moyens.
6
temps
nécessaire
pour
aller
jusqu’au
bout
de
la
séance.
Elle
me
fait
part
de
sa
surprise
en
s’apercevant
qu’un
symptôme
dont
elle
n’a
jamais
parlé
a
disparu
:
sa
manie
de
vérifier
sans
cesse
son
travail
dans
sa
vie
professionnelle.
Surviennent
des
cauchemars
annonciateurs
de
tombes
violées,
d’ossements
épars,
d’horizons
éloignés.
Son
inclination
à
mon
égard
change
de
signe
en
même
temps
qu’elle
est
stupéfaite
de
la
haine
nouvelle
qu’elle
éprouve
pour
sa
mère.
«
Je
ne
dispose
de
plus
rien
qui
règle
ma
distance
avec
elle.
Vous
êtes
dans
le
même
sac.
Il
n’y
a
plus
ni
messages
ni
réponses.
Vous
et
elle
ne
savez
que
demander.
L’analyse
me
voue
à
la
pénurie.
Si
je
continue
que
vais-‐je
avoir
?
»
Son
roc
est-‐il
nommé,
est-‐ce
une
«
pénurie's-‐neid
?
»
—
«
C’est
aberrant,
poursuit-‐elle,
je
suis
seule
et
ne
peux
me
penser
indépendante.
Plus
aucun
récit
ne
soutient
mes
rêves
».
Séance
après
séance,
je
m’emploie
à
la
faire
revenir,
avec
tact
comme
on
devine,
mais
l’entêtement
est
nécessaire
sur
une
durée
sensible.
Les
choses
sont
maintenant
un
peu
plus
calmes
mais
toujours
aiguës.
Elle
me
donne,
il
y
a
peu,
la
clef
d’un
thème
crucial,
et
continue
son
analyse.
L’enjeu de la fin d’une cure est dans une élaboration de savoir qui déborde
7
l’épreuve.
Lacan
précise
que
la
nécessité
de
l’acte
résulte
de
cela,
que
la
vérité
se
décide
et
déferle
à
partir
d’une
combinatoire
signifiante
avant
que
ne
s’en
établisse
le
savoir.
Laisser
quelqu’un
rompre
les
liens
en
ce
lieu
inabouti
n’est
pas
lui
donner
les
moyens
de
s’expérimenter
peu
à
peu
dans
son
statut
d’objet
qui
commence
à
lui
être
révélé.
Et
puisque
à
la
minute
je
pastichais
l’amant
de
Bérénice,
citons
une
phrase
de
Lacan,
rare
par
son
accent
de
prophétie
:
«
Faire
interdiction
de
ce
qui
s’impose
de
notre
être,
c’est
nous
offrir
à
un
retour
de
destinée
qui
est
malédiction
»13.
Dira-‐t-‐on
que
cela
n’a
pas
regardé
quelques-‐uns
d’entre
nous,
lorsque
le
ressac
de
la
dissolution
gagnant
nos
cures,
nous
découvrait
dans
une
nasse,
comme
privés
d’issue
?
Entre
le
moment
de
«
la
fin
des
moyens
»
de
l’analyse
et
celui
où
il
faut
se
mesurer
aux
«
moyens
de
sa
fin
»14,
le
sujet
connaît
une
solitude
sans
ressemblance
avec
celle
que
son
fantasme
savait
lui
ménager.
Elle
procède
désormais
de
l’expérience
faite
qu’il
n’y
a
pas
d’Autre
de
l’Autre,
que
Dieu
ne
se
perçoit
plus
qu’en
l’exécrant
sans
le
secours
du
blasphème.
L’accompagnement
par
l’analyste
est
utile
car,
dans
la
conjuration
des
lâchetés
antérieures,
le
patient
peut
être
tenté
d’en
remettre
et
de
se
mettre
en
péril.
13
Lacan
J.,
«
Proposition
du
9
octobre
1967
sur
le
psychanalyste
de
l’École
»,
Autres
écrits,
Paris,
Seuil,
8
modificatrice
»
est
la
Durcharbeitung,
soit
«
l’élaboration
des
résistances
»15.
Freud
la
compare
à
l’abréaction,
le
premier
concept
qu’il
utilisait
pour
dire
ce
qui
faisait
acte
dans
l’expérience.
La
Durcharbeitung,
«
tâche
ardue
»
pour
l’analysant,
«
épreuve
de
patience
»,
pour
l’analyste,
est
le
temps
qu’il
faut
à
l’acte
pour
être
lu.
Au
«
terme
vrai
»,
cette
lecture
suppose
que
le
sujet
poste
une
marque
et
«
ses
congénères
»
doivent
savoir
la
trouver
:
celle
d’un
désir
nouveau,
non
celle
d’une
vocation
dont
Renan
prétendait
qu’elle
réside
«
dans
l’impossibilité
d’y
forfaire
».
La
vocation
est
une
duperie
qui
veut
répondre
aux
questions
de
l’être
en
annonçant
à
un
sujet
pourquoi
il
est
fait.
L’enthousiasme
requis
pour
passer
à
l’analyste
n’en
semble
que
plus
singulier,
pourtant
nécessaire,
si
l’on
songe
que,
même
mise
à
nu,
la
cause
freudienne
n’a
pas
plus
à
faire
de
ses
militants
qu’une
mariée
de
ses
célibataires.
Militer
est
s’engager
et
l’engagement
suppose
l’appel,
réclame
le
don
de
soi,
à
la
différence
de
l’acte
qui
ne
mise
pas
sur
le
don
parce
qu’il
implique
la
perte.
Le
sujet
du
don,
le
militant
qui
s’engage,
s’il
n’est
pas
un
damné
de
la
terre,
démontre
habituellement
qu’il
a
à
perdre
ce
qu’il
ne
lâche
pas,
grâce
à
son
don.
Ni
le
cœur,
ni
les
grands
jours
ne
font
l’analyste,
lorsque
c’est
un
acte
qui
demeure
prosaïque
et
demande
à
être
vérifié
par
une
procédure
qui
examine
de
quelle
façon
le
sujet
s’est
«
mis
dans
la
conséquence
d’une
perte
pour
savoir
ce
qui
lui
manque
».
Sertissage
de
l’équivoque,
la
passe
est
une
promesse
de
rationalité.
Après
elle,
le
travail
n’est
soutenu
par
aucune
régénération
du
sens
de
l’effort
mai,
quelquefois,
par
le
goût
d’être
éclairé.
Tout
comme
Freud
à
la
fin
du
premier
chapitre
de
son
Malaise…,
nous
voici
presque
frères
du
plongeur
de
Schiller.
Davantage
que
la
férule,
c’est
la
nuit
que
nous
abhorrions
dans
le
discours
du
maître.
Afin
d’illustrer
ce
avec
quoi
l’on
peut
inviter
quelqu’un
à
ne
pas
s’arrêter
en
chemin,
j’ai
voulu
clore
aujourd’hui
sur
cette
confirmation
éprouvée.
15
Freud
S.,
La
technique
psychanalytique,
Paris,
PUF,
1972,
p.
115
9