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Mélanges de la Casa de

Velázquez

L'art de cour dans l'Espagne de Philippe V 1700-1746 mise au point


1962-1982
M. Yves Bottineau

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Bottineau Yves. L'art de cour dans l'Espagne de Philippe V 1700-1746 mise au point 1962-1982. In: Mélanges de la Casa de
Velázquez, tome 18-1, 1982. pp. 477-493;

doi : https://doi.org/10.3406/casa.1982.2379

https://www.persee.fr/doc/casa_0076-230x_1982_num_18_1_2379

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L'ART DE COUR DANS L'ESPAGNE DE PHILIPPE V 1700-1746*
MISE AU POINT 1962-1982

Par Yves BOTTINEAU

Lorsque, en 1976, la "Fundaciôn universitaria espanola" eut décidé


d'entreprendre la version en castillan de "L'art de cour dans l'Espagne de
Philippe V 1700-1746", la mise à jour du texte fut opérée pour 1962-1977. Elle
a été poursuivie, mais de manière inévitablement limitée pendant les quatre
années suivantes (automne 1 977-automne 1 98 1 ), nécessitées par la traduction,
confiée à Concha Martin Montero. Son impression exigera, naturellement,
un certain délai. Aussi a-t-il paru utile de dresser, dès maintenant, le bilan des
nouveautés les plus importantes apportées au sujet depuis 1962, non pas en les
énumérant, mais en les ordonnant de la manière la plus cohérente possible. La
structure et les conclusions de l'édition française, le cadre historique de
l'activité culturelle ont-ils dû être révisés? Que sait-on de plus maintenant sur
les monuments, les artistes, les institutions et les manufactures?

L'instauration d'une monarchie bourbonienne en Espagne avait compris,


pour plusieurs raisons, la fondation d'un nouvel art de cour. Celui-ci faisait

Composé essentiellement du début de 1957 à l'automne 1960, sous l'autorité de Victor-L.


Tapie, et publié en 1962 à Bordeaux comme le fascicule XXIX de la "Bibliothèquede l'Ecole
des Hautes Etudes Hispaniques", ce livre fut présenté en tant que thèse principale de doctorat
d'état à la Sorbonnc le 16 février 1963.
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partie de la restauration nationale, que s'était fixée la dynastie. Philippe V, sa


première épouse, Marie-Louise de Savoie, et la "camarera mayor", Madame
des Ursins, la seconde reine, Elisabeth Farnèse, connaissaient peu l'art
espagnol ou le trouvaient provincial par rapport à celui de France et d'Italie.
En fait, si lâ:-peinture, après la succession de plusieurs générations prodigues
en talents, manquait de grands maîtres, ceux-ci abondaient dans l'architecture
et la sculpture baroques, de sentiment "castizo"; qu'on songe aux frères
Churriguera ou à Pedro de Ribera... Mais ce sentiment correspondait mal à la
formation esthétique de la cour, sauf quelques exceptions. La composition du
nouvel art palatin, d'abord très marquée, jusqu'en 1715, par le recours à
Versailles et à Paris au temps de Madame des Ursins, s'est ensuite largement
■ouverte à l'italianisme sous l'influence d'Elisabeth Farnèse et un équilibre s'est
établi entre les diverses sources, y compris les nationales. Cet italianisme est
devenu le plus fort lorsque Filippo Juvara et Giovanni Battista Sacchetti (en
Espagne Juan Bautista Saqueti) vinrent successivement à Madrid construire
l'actuel palais .royal, à la suite de la destruction, pendant la "Nochebuena"
1 734, du vénérable Alcâzar. Les fluctuations qui confèrent à ces trois périodes
leur physionomie propre ont, cependant, coexisté avec des constantes. Il faut
mettre à part, au temps de Madame des Ursins, la demande, à Robert de
Cotte, de dessins de boiseries pour l' Alcâzar ou de projets de bâtiments et de
jardins pour le Buen Retiro; il convient d'excepter aussi le noyau primitif du
château de La Granja, dû à Teodoro Ardemans et typiquement espagnol. Les
cas précédents se trouvant réservés, l'architecture royale a été intimement liée
à l'Italie. Les sculptures des allées, des parterres et des fontaines, à San
Ildefonso, furent confiées à des Français, essentiellement à René Frémin, Jean
Thierry et Jacques Bousseau. Le portrait de cour demeura, presque toujours,
le domaine d'artistes, eux aussi français : Michel-Ange Houasse et, surtout,
deux protégés de Hacinthe Rigaud, qui avait peint Philippe V avant son
départ de Versailles, Jean Ranc, époux d'une nièce du maître, et Louis-Michel
van Loo, membre d'une famille à l'activité internationale.
Ce schéma, imposé par les documents et les œuvres analysés dans l'édition
française, n'a demandé aucune correction de perspective. On note, cependant,
que s'est améliorée la compréhension de son cadre historique, grâce aux
travaux de Don Antonio Domïnguez Ortiz et M. Pierre Vilar;1 Madame
Cermakian a examiné la personnalité de Madame des Ursins,2 Mademoiselle

Antonio Domingue/ Ortiz, Sociedad y Es i ado en el siglo XVIII espanol, 1976. M. Pierre
Vilar nous a tait pénétrer au cœur de la révolte catalane: La Catalogne dans l'Espagne
moderne, t. 1. Paris, p. 670.
Mariano Cerniakian, la Princesse des Ursins. Sa vie et ses lettres, Paris, 1969.
i.'ARi m: cour dans i/hspacjnf. of; phii ippp v 479

J. Fayard le Conseil de Castille.3 Dans la mesure où Fart de cour était imposé


par la nouvelle dynastie, il participe de la question fondamentale qui se pose à
son sujet, celle de son acceptation par le pays. La guerre de succession ne fut
pas seulement un conflit international, mais une guerre civile, dans lesquels
Philippe V, pourtant bénéficiaire, au départ, d'une incontestable légitimité et
proclamé dans tous les états de feu Charles II, faillit de peu perdre le trône4.
Comment expliquer que ce roi de bonne volonté, mais falot se soit attiré des
dévouements presque fanatiques et des hostilités non moins acharnées? De ce
point de vue, en vingt ans, nos connaissances ont quelque peu progressé.
Ardemans, architecte de l'Alcâzar de Madrid, est un exemple de la fidélité des
habitants de la capitale à Philippe V pendant son occupation par l'archiduc
Charles5; mais quelques années plus tard, René Carlier, travaillant aux
alentours du Buen Retiro, fut assailli à coups de pierre et dut s'enfuir; à travers
lui. Madame des Ursins, assurément, était visée; l'alliance avec Versailles
paraissait lourde et certains Français, exploitant sans pudeur leur situation
avantageuse, s'étaient fait détester6. Pourtant la volonté des Espagnols eux-
mêmes, à commencer par les Castillans, celle du jeune roi, de Marie- Louise de

Janine Fayard, "La tentative de réforme du conseil de Castille sous le règne de Philippe V
(1713-1715)". dans Melanges tie la Casa tie lelûzquez, t. 11, 1966. p. 259-281 et Les membres
tin Conseil de Casiille à l'époque moderne (1621-1746), Paris. 1979.
La légitimité de Philippe V est parfois perdue de vue par les historiens; Tun des plus récents
exemples est Geoffrey .1. Walker. Polilu a espanola v co merci o colonial I700-I7H9, trad. esp.
1979; les pages 39 et suivantes manquent singulièrement d'information impartiale et
d'objectivité.
Teodoro Ardemans avait succédé à José del Olmo comme "Maestro mayor de las obras de la
villa de Madrid" et aussi, le 19 mai 1702, des "Obras reaies"; il paraît avoir bénéficié de la
protection décisive du cardinal Portocarrero cl se montra reconnaissant envers le nouveau
roi (J. del Corral, "Teodoro Ardemans Maestro Mayorde las obras de la villa de Madrid y su
fontanero mayor", dans Anales del Instituto tie lisliidios mat/ri/enos, t. X. 1974. p. 178-1 Kl).
Dans le résumé des nouvelles envoyées de Madrid, le 14 mai 1714, par Partyet. au secrétaire
de la Marine, à la Cour de Versailles, on lit ce passage "Le sr. Carlier architecte françois
étant occupé par ordre du Roy à niveler l'espace qui est entre le Retiro et l'ancien Palais de-
:

Madrid pour sçavoir de combien le terrain sur lequel est Bâty le premier est plus haut que
l'autre, il fut insulté par la populace à coup de Pierres et s'il ne s'étoit sauvé avec ceux qui
estoient avec luy, il en auroit esté accablé. Ce fut un Page de Mad<v/;/e des Ursins qui donna
lieu à l'émotion parce qu'étant venu dire quelque chose au sr Le Carlier de la part de cette
Dame, il fut reconnu pour estre à Elle, ce qui fait connoître que les sentiments du peuple ne
sont point conformes au présent Gouvernement." (Paris, Arch. nat.. B7 22, 178 v°). Nous
devons la connaissance des rapports adressés de Madrid au secrétaire de la Marine, à la Cour
de Versailles, à notre ami M. Didier Ozanam, que nous remercions bien vivement.
L'incident dont lut victime René Carlier annonce, avec beaucoup moins de gravité, une autre
attaque contre un artiste étranger, celle de hi populace contre la maison de Sabatini lors du
"motin de Fsquilache" sous Charles 111. A ce sujet, vos' notamment Teôi'anes hgido
"Madrid, 1766: "Motines de Corie" y oposiciôn al gobierm ', dans Cuadcrnos de
investigation historien, Madrid. nc 3. 1979. p. 1 4o- 147.
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Savoie, de Madame des Ursins, d'Amelot et d'Orry sauvèrent les Bourbons. Il


se manifestait un embryon d'opinion publique7; la nouvelle dynastie, sauf en
Catalogne et au Levant, incarnait l'espoir d'un meilleur gouvernement. Le
rôle des riches Basques à la cour, "ilustrados" et capitalistes dès le début du
siècle, a été mis en valeur; il suffira d'évoquer le cas de la famille Goyeneche,
notamment de Juan, trésorier d'Elisabeth Farnèse et fondateur de Nuevo
Baztân, la manufacture de verres qui rendit possible celle des souverains à La
Granja...s Dans l'implantation de la dynastie, si l'on oublie un instant les
données militaires et diplomatiques, on constate que la psychologie,
l'économie, le sens national, le particularisme régional se mêlèrent et nous
concevons mieux comment l'art de cour pouvait constituer un élément, facile
à remarquer, de nouveauté, même réduit à l'enceinte des palais.

La caractère français d'abord, puis surtout italien de l'architecture royale


prend d'autant plus de relief quand on la compare aux monuments des villes
ou des provinces où les souverains séjournaient ou dont ils étaient proches. La
construction de type national à Madrid pendant la seconde moitié du XVIIe s.
et le XVI Ile nous paraît bien plus nettement. On peut en dire autant pour
l'Andalousie et pour Salamanque9. L'Alcâzar de la capitale, pour le XVle et le
XVIIe s., a fait l'objet d'études publiées ou en préparation10. Le Buen Retiro

7 Maria Teresa Pérc/ Piea/o, I a publicista espanola de la Guerre de Sueesiôn, 2\o\., Madrid,
1966.
L'ouvrage de Paul-.). Guinaid, La presse espagnole de 1737 à 1791 Paris, 1971, envisage une
,

période postérieure, mais doit être eité en raison de son ampleur.


8 Julio Ç'aro Baroja. La luira navarra del siglo Will, Pampclune. 1969. Beatri/ Blaseo et
lranciseo .). de Benito, "Nuevo Ba/.tân y el prereformismo borbônico", dans Anales del
Insiiiulo de L'sludios madrilenos. t. XV1I1, 19X1, p. 287-298.
9 Antonio Bonet Correa, Iglesias niadri/enas del siglo Mil, Madrid. 1961 el Aiululueia
barroea. Arquiieeiura y urbanisiuo, Barcelone, 1977, trad, franc. Art baroque en
Andalousie, Paris, 1978. Parmi les nombreuses études d'Allonso Rodrigue/ Ci. de Ceballos,
citons: "las ordenan/as de Madrid de don Teodoro Ardemans, y sus ideas sobre la
arqiiileclura". dans Rev. tie Ideas esiélieas, t. XXIX, 1971, p. 91-110; Los Churriguera,
Madrid, 1971 et la plaza mayor de Sa/amanea, Salamanque, 1977. Il faut aussi consulter les
travaux de Virginia Tovar Martin: Arquileelos madrilenos de la segunda inilad del siglo
.Y 17/, Madrid. 1975 et la arquiieeiura o/vidada madri/ena de la primera mi nul del siglo
Will, Madrid. 1979.
10 Juan José Martin Cion/âle/. "FI Alcâzar de Madrid en el siglo XVI", dans Arefi. l'.sp. Ane,
1962, p. 1-19. Par Véronique Gérard: "Les problèmes artistiques de l'Alcâ/ar de Madrid
(1537-1700)", dans Mélanges de la Casa de Velazquez, t. XII, 1976, p. 307-322; "La fachada
del Alcâzar de Madrid ( 1 60S- 1630)", dans Cuadernos de invesligaeion hislôriea, n° 2, 1978,
p. 237-257 et "L'Alcâ/ar de Madrid et son quartier au XVle siècle", dans Co/oquio/ Arles,
n" 39, décembre 1978, p. 36-45. Enfin, Luis Cervera Vera, "Carlos V mejora el Alcâzar
madiileno". dans Rev. de la liibl.. Arch, v Museo del A runiainienio de Madrid, 1979, if 5,
p. 59-150.
I 'ART 1)1 COUR DANS 1/FSPACiNi: DC PHH.IPPI- V 481

du temps de Philippe IV a été restitué dans un livre minutieux et séduisant".


En ce qui concerne l'Alcâzar sous Philippe V, l'inventaire des peintures
placées en 1703 dans l'appartement de la reine et dans celui de la "camarera
mayor" a été retrouvé à T'Archivo general de Palacio" et publié12. Surtout du
nouveau est intervenu à propos du plan, des coupes et de F"Explication" qui
donnent l'état de la plus grande partie du palais au premier étage et que
conserve, à Paris, parmi les papiers de Robert de Cotte, le Cabinet des
estampes de la Bibliothèque nationale. A l'automne 1711, Madame des Ursins
fit procéder à des aménagements intérieurs et, en 1 7 1 2, le Premier Architecte
de Louis XIV présenta des projets de boiseries pour les appartements royaux
de l'Alcâzar. 11 était logique de penser que son élève René Carlier, envoyé par
lui en Espagne et arrivé à Madrid peu avant le 14 février 1712, avait, dès son
installation, dressé ces divers documents et les avait expédiés à son maître
pour lui servir d'état des lieux et de support à la conception des boiseries. Or le
résumé des rapports adressés de Madrid par ses agents au secrétaire de la
Marine, à la Cour de Versailles, impose une vérité différente. Cet état des lieux
fut envoyé à Torcy, pour Louis XIV, par son ambassadeur, le marquis de
Bonnac, dès le 29 décembre 171 1 ; il était dû à un diplomate français, architecte
et peintre amateur, Antoine du Verger. Déjà, en 1705, celui-ci avait fait les
portraits de Philippe V et de Marie-Louise de Savoie. Il fut mêlé, tardivement
et selon une importance qui nous échappe, aux travaux de l'Alcâzar à la fin de
1711. Après ces épisodes espagnols, il sera consul de France à Lisbonne. Ces
rectifications n'altèrent en rien la physionomie de René Carlier en tant que
créateur: on le croyait le simple dessinateur et commentateur de lieux qu'il
n'avait pas encore contribué à aménager. Mais elles suggèrent la profondeur
d'ignorance ou d'incompréhension de la cour à l'égard de la plupart des
architectes madrilènes11.
Le rôle de René Carlier dans l'élaboration des jardins de La Granja a,
parfois, suscité des doutes, car il reposait sur une tradition plus que sur des
preuves formelles et l'artiste mourut dès 1722. La découverte d'un document

11 Jonathan Brown et John H. Elliott, A Palace l'or a king. The linen Retira and the Court of
Philip II ". New Haven et Londres, 19X0. Signalons aussi José M. Pita And rade, Los palacios
del linen Relira en la epoca de los Austrias, Madrid. 1970.
12 Juan .1. l.una, "Las pinturas del cuarto de la reina Maria I.uisa Gabriela de Saboya en cl
Alcâ/ar de Madrid. 1703". dans Anales del Insiiinlo de i'.sindios madrilenos, t. XV, 1978,
p. 1X7-206.
13 Y. Bottineau, "Antoine du Verger et PAIcà/arde Madrid", dans iiaz. Beaux- Ans, mai-juin
1976, p. 177-1X0. José Miguel I urina est railleur de "El palacio eomo laberinto y las
transformaciones de Felipe V en cl Alcâ/.ar de Madrid", dans Anales del Insiiiulo de
/.'studios madrilenos". t. XVI 11, 19X1, p. 251-264; en dépit de son titre prometteur, cette étude
n'apporte rien de neuf et elle n'est pas à jour en ce qui concerne Antoine du Verger.

31. Mélanges.
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de l'"Archivo general de Palacio" prouve qu'il exerça bien une activité


importante dans cette élaboration14. Il faut, du reste, à propos de San
lldefonso, rappeler que les sources de ce parc tant admiré sont à chercher non
seulement à Versailles, mais à Marly15. Dans le château primitif, dû, on le sait,
à Ardemans, il semblait difficile de localiser le salon dont les boiseries auraient
été dessinées par Oppenord 16. En fait, ces boiseries de l'artiste étaient destinées
à un autre château, de nom similaire, aux environs de Paris, près de Grosbois,
celui de la Grange-du-Milieu, appartenant à M. Gaudion, garde du trésor
royal17. L'auteur du "patio de la herradura" demeurait inconnu : un texte des
archives de Ségovie a levé les incertitudes; il s'agit de l'italien Sempronio
Subisatilx. Le rôle d'un autre italien, Santiago Bonavia, et les fresques de la fin
du règne ont été étudiés avec beaucoup de soin19. Le tableau de Solimena
représentant "la Trinité adorée par la Vierge et les saints protecteurs de la
famille royale", datant de 1740-1741 et placé sur le maître-autel de la
collégiale, fut, à la suite de l'incendie du 2 janvier 1918, considéré comme
perdu par les historiens espagnols eux-mêmes; en outre, son emplacement se
trouvait dans une partie du palais longtemps interdite non seulement aux
visiteurs, mais aux chercheurs. Aussi ne faut-il pas s'étonner qu'on ait répété
qu'il était détruit; en fait, il orne toujours le maître-autel20.
La brève "direction artistique" de Filippo Juvara a eu, notamment, pour
conséquence, à La Granja, la commande de tableaux pour deux salles, la

14 Marquesa de Casa Valdés. Jardines de Espana. Madrid, 1973, p. 155.


Le duc del Arco acquit, en 1717, à Fuencarral, près du Pardo, une "quinta", qu'il fit
aménager à la française et qui a pris son nom. Ses jardins se placent donc entre les projets du
Bucn Retira et les réalisations de La Granja. La "quinta" fut donnée par la veuve du duc à
Philippe V, qui entra en possession en 1745. Voir Marquesa de Casa Valdés, ouv. cit..
p. 134-137.
15 Y. Botlineau, "Les origines versaillaises de La Granja", dans Versailles. Revue de la Société
des Amis de Versailles. Nyon (Suisse), n° 13, 1962, p. 43-50.
16 I/hypothèse avait été avancée par le grand historien américain Fiske Kimball, Le stvle
Louis XV, Paris, p. 134 et fig. I38-140.
17 Michel Gallct, "Oppenord auchâteaude La Grange-du-Milieu", dans Revue de l'An. n° 1-2,
1968, p. 99-100.
18 Le "maestro de canteria" José del Rio, le 14 décembre 1 737, se chargeait d'exécuter "la obra
de canteria de el Patio de Palacio que Ile va a Balsain scgûn la planta y modelo hechos pordn.
Sempronio Subisati a quien se le encargô y por el que esta firmado. "Document découvert et
cité par. Jésus Urrea Fernande/.. La piniura italiana del siglo XVIII en Espana, Valladolid,
1977, p. 232.
19 V. Tovar Martin, "Pintura de arquitecturas fingidas en los palacios espanoles de Aranjuez y
La Granja de San lldefonso", dans Aciasdo Congresso A Arieeni Portugal no sée. XVIII, 2è
tome, dans Braeara Augusta, t. XXVII. 1973, n° 64(76), p. 571-584. J. Urrea Fernande/,
ouv. cit., p. 96-100.
20 Marqués de l.o/oya. Palacios reaies de La Granja de San lldefonso, Riofrio y museo de
Caza. Madrid, 1972, p. 60.
l'AR 1)1 (OUR DANS 1/1 SI'ACiNl HI I'HII 1PPI V 483

I
"chambre du lit" des souverains et, surtout, le "salon de las empresas del rey".
La première est toujours ornée des quatre peintures de Giovanni Paolo
Pannini et des deux d'Andréa Lucatelli. A propos de deux des ouvrages de
Pannini, "Jésus et les docteurs" et "Jésus chassant les vendeurs du Temple",
les esquisses de même sujet acquises par Charles IV et conservées au Prado
sont cataloguées comme des préparations non plus pour les toiles de La
Granja, mais pour des ouvrages antérieurs (vers 1725) et mal connus de
l'artiste21. En outre, le recours à l'inventaire d'Elisabeth Farnèse à San
Ildefonso en 1746 oblige à rectifier le titre de l'une des œuvres de Lucatelli; il
s'agit non pas de "Jésus au jardin des oliviers", mais de "Jésus servi par les
anges dans le désert"22.
Beaucoup plus importante fut la commande de la seconde pièce. Il était
prévu de la décorer de grandes compositions demandées aux plus renommés
des peintres italiens vivants et, en France, à François Lemoyne, qui, après sa
mort, fut remplacé par Carle van Loo. Cette commande fut entièrement livrée,
mais connut un sort malheureux. A défaut de pouvoir examiner l'ensemble
des peintures définitives, encore conservées dans les collections du
"Patrimonio nacional", mais non exposées (seule celle de Sebastiano Conca
est visible à Riofrio), les historiens d'art se consolent avec quelques
reproductions23 et surtout ils ont repéré des préparations dispersées çà et là.
"La Défaite de Darius" ou "la Valeur royale", confiée à Solimena, a ainsi
retenu l'attention24. De "la Famille de Darius aux pieds d'Alexandre" ou "la
Modestie d'Alexandre" par Francesco Trevisani, deux esquisses ont été
retrouvées25. François Lemoyne ne termina pas le tableau qui lui avait été
demandé : "Alexandre et Porus" ou "la Clémence du héros", mais il subsiste

21 .1. Urrea Fernande/, ouv. cit., p. 291-292.


22 .1.. Urrea Fernande/, ouv. cit., p. 275-276.
23 Pedro de Madra/o, Via je urlisiico de lies siglospor las eoleceiones deenadros de los rêves de
Espana. Barcelona, 1884, p. 201 , "La défaite de Darius" par Solimena et p. 209, "Alexandre
et Porus" par Carie van l.oo. Ce dernier tableau a été publié aussi par J. J. Luna,"Una obra
de Carie van l.oo reencontrada". dans Bol. del Seminario de Esitidios de A île y Arqueologia,
Valladolid, t. XI. Il, 1976, p. 510-514.
24 Un article de Walter Vit/hum étudie quatre travaux préparatoires de Solimena : deux dessins
au musée San Martinode Naples, une esquisse dans une collection privée de Barcelone (huile
sur toile) et une réplique d'atelier avec des ébauches de l'artiste lui-même au reversa la Rhode
Island School of Design ("Une esquisse inédite de Solimena : la bataille d'Alexandre", dans
L'(X'il, avril 1969, p. 30-33 et 36).
25 l'une, la plus ancienne, appartient au musée d'Art et d'Histoire de Genève, l'autre à celui du
Louvre. Voir le cat. de l'exp. El arte europeo en la eorle de Espana durante el siglo XVIII,
Madrid, 1980, p. 216, n° 140; il s'agit du tableau du Louvre, qui avait figuré, hors catalogue,
lorsque cette exposition eut lieu à Paris en 1979.
484 yvi s non iM ai

des témoignages de l'élaboration de son œuvre26. Carle van Loo exposa au


Salon de 1 738, à Paris, une première version de sa peinture définitive (ou qu'il
croyait telle); cette version fut détruite, mais est connue par deux esquisses,
celle de la collection Molesworth et celle du musée Cantini à Marseille; elles
prouvent que l'artiste a tenu compte des pensées de Lemoyne pour le sujet. La
seconde version de la peinture définitive de Carle van Loo fut exposée au
Salon de 1 739 et envoyée seulement en 1 74 1 . Le 22 mars de cette année-là, était
ordonné le paiement d'un solde de 3.000 livres pour permettre l'expédition27.
Le "Patrimonio nacional" a consacré un livre luxueux au palais royal de
Madrid. L'ouvrage est utile en raison de la publication des plans anciens et des
illustrations, où l'on trouve en abondance les extérieurs, les salles et les
collections28. Une tentative a été faite pour ôter à Juan Bautista Saqueti la
paternité de l'édifice et la transférer au padouan Giambattista Novelli (ou
Novello); celui-ci est, en fait, l'auteur de fort beaux dessins du palais de la
capitale et des résidences royales d'Espagne, où il travailla. La beauté de leur
recueil, que conserve la bibliothèque marciana de Venise, ne suffit pas, contre
toute la documentation connue, à hisser Novelli au rang de créateur. 11 ne fut
qu'un dessinateur sur le chantier du palais de Madrid, dont Saqueti, adaptant
le projet de Juvara conçu pour Leganitos, doit toujours être considéré comme
le père29. L'édifice a été l'objet d'une monographie remarquable, qui embrasse
les divers aspects de l'architecture et du décor monumental sculpté; l'ampleur

26 II a été retrouve une esquisse (coll. Molesworth; voir P. Rosenberg dans Revue de l'Ait, n° 3,
1969, p. 98) et deux dessins, l'un au Metropolitan Museum de New York, l'autre au musée
national de Stocklom. Voir l'état de la question aux références fournies, dans la note qui suit,
à propos de Carie van l.oo et des deux catalogues d'exposition L'art européen à la cour
d'Espagne au X Ville siècle, Bordeaux-Paris-Madrid, 1979-1980.
27 De la bibliographie, détachons P. Rosenberg, dans Revue de l'Art, n° 3, 1969, p. 99;
Antonio Matilla Tascôn, "Documentos del Archivo del Ministeriode Hacienda, relativos
a pintores de câmara, y de las fàbricas de tapices y porcelana, siglo XVIII" dans Revista de
Archivos, liih/iotecas y Museos, t. LXVIII-I, I960, p. 263 et les catalogues des expositions:
Carie van l.oo premier peintre du Roi, Nice- Clermont-Ferrand Nancy, 1977, par
P. Rosenberg et Marie-Catherine Sahut, p. 48 et L'an européen à la cour d'Espagne au
.VI Ille siècle, Paris-Bordeaux, 1979, p. 145-146, n° 82 (éd. esp., Madrid. 1980, p. 152-153,
n° 85). -
.

28 Marqués de I.o/oya et collaborateurs, El Palacio real de Madrid, Madrid, 1975.


29 Cette tentative a été présentée par Loredana Olivato, "Giambattista Novello, un arquitecto
paduano del XVI 1 1 en la Corte de Espana", dans Arch. Es/). Ane, t. XLVII, n° 188, octobre-
décembre 1974, p. 351-359 et 410-41 1; lire à ce sujet F..I. de la Plaza Santiago, ouv. cit., à la
n. 30, p. 334-335. Novello arriva en Espagne en 1735 et retourna en Italie en 1753. Il est
l'architecte du palais Papafava à Padoue : A. Rowan, The Architect of the Palazzo Papafava
in Padua, dans Burlington Magazine, 1966, p. 184-190. Dans les articles de L. Olivato et de
A. Rowan, manquent malheureusement des bibliographies satisfaisantes du point de vue de
l'art espagnol. Sur le séjour espagnol de Juvara, voir Filippo Juvara a Madrid, Istituto
italiano di cultura, Madrid, 1978 (documents réunis par Cesare Greppi).
IAKI 1)1 (OUR DANS ! SI'ACiM 1)1 I'HII II'IM V 485

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des sources inédites, la rigueur de la réflexion et la sérénité courtoise du ton
rendent l'ouvrage non seulement indispensable, mais attachant30. Son auteur,
se rendant en Piémont perfectionner son enquête, a découvert que Sachetti
était né à Turin le 17 mars 1690 et appartenait à une famille d'artistes,
honorable, mais pauvre31 et il a étudié les rapports entre la sculpture du palais
de Madrid et celle de Turin32.
A Aranjuez, le cabinet de la reine, où travaillèrent Giovanni Battista Galluci
et Giacomo Bonavia, semble avoir été commencé dès 173O33. Six documents
de 1728, conservés au Service géographique de l'Armée, à Madrid, et
comprenant deux coupes, des plans des divers étages et une élévation du grand
escalier, sont particulièrement précieux pour la connaissance du château dont
Philippe V avait décidé l'agrandissement34. Au Pardo, la chapelle, de 1738-
1739, eut pour architecte François Carlier, fils de René35, et leur cas nous
amène à passer des nouveautés qui concernent les monuments à celles qui
enrichissent la monographie des artistes36.

On ne possédait sur René Carlier et son fils François que des renseignements
limités.
En ce qui concerne René, Madame des Ursins, le 14février 1712, annonçait
son arrivée à Madrid; en dépit de débuts médiocres, il devint "arquitecto
mayor" du Retiro; on sait qu'il était mort à l'Escurial le 15 août 172237.

30 Francisco Javier de la Pla/a Santiago, Invesligaciones sohre el Palacio Real Nucvo de


Madrid, Valladolid. 1975.
31 F..1. de la Plaza Santiago. "Para la biografia de Giovanni Battista Sacchetti", dans Bol. del
Sem. de Est. de Ane y Arc/.. Valladolid. t. XXXVI, 1970, p. 525-528 et "El testamento de
Sacchetti". dans la même revue, t. XXXV1I1. 1972. p. 439-447.
32 F.J. de la PI a /.a Santiago, "La escultura del siglo XVI 1 1 en Turin y sus contactas con
Espaiïa". dans (ioya, n" MO. 1972, p. 67-77.
33 Thomas Ford Reese, The Architecture oj' lenlura Rodriguez, New York, t. I, 1976, p. 18 et
t. 2. p. 13-14. n. 32.
34 Nous devons la connaissance de ces documents à notre ami M. Thomas F. Reese, que nous
remercions vivement. Notre gratitude va aussi au Service Géographique de l'Armée pour la
bonne grâce avec laquelle il nous a communiqué des reproductions de ces documents. On en
trouvera deux ici.
A propos <T Aranjuez. il convient de rappeler l'article de V. Tovar Martin cité plus haut n. 19.
35 V. Tovar Martin, "l.a capilla del palacio real de El Pardo", dans Reaies Sitios. t. XVI, n° 59,
1er trim. 1979, p. 29-36.
36 En ce qui concerne les peintres, l'état de la question jusqu'en 1979 est généralement donné
dans les versions française et espagnole du catalogue de l'exposition L'art européen à la cour
d'Espagne au XI II le siècle. Paris-Bordeaux. 1979, El arte europeo en la eorle de Espaiïa
durante el siglo Xi III, Madrid, 1980.
37 Madame des Ursins à Torcy. 14 février 1712, dans Recueil l.a Trémoïlle, t. VI. p. 5; voir
Bottineau. L'art de cour..., p. 260-261. L.a date de la mort à l'Escurial dans Eugenio l.laguno
Y Amirola. Noticias de los arquilectos v arquitectura de Espaiïa..., t. VI, p. 234 (rééd. Turner,
Madrid, 1977).
486 YVI-'S HOI TIM AC

Diverses découvertes, en particulier celle de son testament (du 9 avril 1718),


complètent, de manière opportune, ces données fragmentaires. 11 était né à
Umbille, en Picardie, au diocèse d'Amiens, fils de Sébastien Carlier et de
Madeleine Bazin. 11 est bien mort à l'Escurial le 15 août 1722. 11 fut enterré à
San Bernabé, non loin du monastère-palais, mais avait vécu à Madrid calle del
Tesoro et était paroissien de San Juan. De son mariage avec Antonia de
Marissart, il eut six enfants, prénommés en espagnol: Magdalena, Olimpia,
Genoveva, Maria Teresa, Antonio Francisco et Maria38.
Ces documents apportent aussi des renseignements précieux sur Antonio
Francisco Carlier, généralement appelé François. Ses commencements
restaient mystérieux, jusqu'à son apparition comme architecte de la chapelle
du palais du Pardo en 1 738-1739 et sa carrière flatteuse sous Ferdinand VI et
Barbara de Bragance, pour laquelle il donna les plans des Salesas Reaies. Le 3
juin 1 723, se trouvant à Madrid, il déclara être né à Paris et avoir seize ans (ce
qui place sa naissance en 1707) et il reçut une pension de quinze réauxparjour

Projet d'Aranjuez. 1728. Plan général. (Dessin simplifié).


Madrid, Service géographique de l'Armée.

38 Les documents ont été découverts et utilisés par V. Tovar Martin dans Y art. cité plus haut
n. 35.
l'ARI 1)1 COliR DANS TSPAGNT 1)1 I'HII IIMM V 487

I
pour aller étudier l'architecture en France. Il était de retour en Espagne en
1734, puisqu'en décembre de cette année-là il était nommé architecte du roi™.
François Carlier sort en grande partie de notre cadre chronologique.
Pourtant, il est peut-être utile de rassembler ici des éléments d'information qui
précisent plusieurs points de sa carrière et de sa vie. Il a reçu le premier prix
d'architecture à l'Académie de Paris, le 1 9 août 1 726, le sujet proposé étant le
plan, l'élévation et le profil d'un portail d'église40. On le trouve à Parme en
1750 lors des débuts de Don Philippe dans son duché41 et il épousa une sœur
du sculpteur français de cette cour, Catherine-Marguerite Boudard. Ils eurent
une fille, Françoise-Catherine-Guillaume, baptisée à Parme le 1er septembre
1751. François Carlier n'avait d'autre descendance que cette enfant mineure
lorsqu'il mourut à Bayonne le 29 décembre 176042.
Parmi les peintres français de la cour, Michel-Ange Houasse est peut-être
celui qui a séduit davantage les historiens depuis vingt ans. Dès 1968, son cas
était à nouveau examiné43. Il a été établi que Orry se trouvait à l'origine de sa
venue en Espagne et que l'artiste y arriva alors que, le 9 février 1 7 1 5, le ministre
disgracié devait regagner la France. Il a été montré aussi que le portrait de
Don Louis, prince des Asturies, du Prado, ne peut être de Rigaud, pour une
quasi-impossibilité matérielle, et correspond bien, en revanche, à la définition
de son talent44. Houasse, marié à Olimpia Carlier, fille de René, eut d'elle
quatre enfants. Il a laissé d'abondantes scènes de genre en plus de quelques
portraits et des tableaux, remis en valeur, de la vie de saint François Régis.
Jean Ranc et Louis-Michel van Loo ont été aussi l'objet d'études scrupuleuses.
Particulièrement intéressante est la restitution au second du portrait de
l'infante Marie-Thérèse, du musée de Versailles, à la mélancolique élégance45.
Dans la publication monumentale élaborée en l'honneur des sculpteurs du

39 V. Martin, an. cité, spécialement p. 32.


40 Henry I.emonnier, Procès-verbaux de l' Académie royale d'architecture 1661-1793, t. IV,
p. 326-327 et 330-331.
41 Voir notamment Umberto Benassi, Gnglielmo du Tillot. L'n ministro rij'ormatore del secolo
AT'///, dans Archivio siorico per le provineie parmensi, t. 16, 1916, p. 339-341.
42 E. L.laguno y Amirola. ouv. cit., t. IV, p. 236; selon cet auteur, François Carlier mourut à
Bayonne en allant se soigner en France. -Marquis de Granges de Surgères, Artistes français
des M /le et X Ville siècles (16X1-17X7). Paris, 1893, p. 41-42.
43 .lutta Held, "Michel-Ange Houasse in Spanien", dans Miïnchen .lahrhuch der hildenden
Kunst. t. XIX, 1968, p. 183-206.
44 Y. Bottineau, "Un problème d'attribution: le portrait de Don Luis, prince des Asturies, au
Prado", dans Bull, de la Soc. de l'Hist. de l'Art français, 1976, p. 111-114.
45 L'effort de recherche et de mise à jour sur la peinture française en Espagne au XVI Ile siècle a
été mené par Juan .1. Luna dans sa thèse de doctorat soutenue à Madrid en 1979. En
attendant sa publication, on peut se reporter à la bibliographie parue dans les versions du
catalogue d'exposition citées plus haut n. 36. Il faut signaler tout de même ici : "Hyacinthe
488 YVI-.S HOITIMAU

règne de Louis XIV, l'œuvre de René Frémin occupe une place importante et
son œuvre en Espagne y est cataloguée46.
Parmi les travaux consacrés aux maîtres italiens qui séjournèrent en
Espagne, les principales nouveautés apportées sur Juvara, Saqueti ou
Bonavia ont déjà été évoquées. Juan Domingo Olivieri développera
pleinement son talent de sculpteur sous Ferdinand VI47. La famille des Sani a
été étudiée; elle offre un exemple typique de rétablissement d'artistes
étrangers, que l'on suit, dans des emplois palatins, pendant plusieurs
générations48.
Entre tant d'architectes et de décorateurs d'appellation italienne qui

Rigaud et l'Espagne", dans Gaz. des Beaux-Arts, mai-juin 1978, p. 185-193; "M. -A.
Houasse" dans Reaies Silios, n° 42 à 48, 1974 à 1976; "Un cenlenario olvidado: Jean Ranc".
dans Goya, n° 127, 1975, p. 22-26 et "Louis-Michel van Loo en Espafia", dans Goya, n° 144
mai-juin 1978, p. 330-337. Depuis les catalogues cités n. 36, .Juan J. Luna a publié ; "Houasse
en la corte de Madrid. Notas y documentos" dans Anales ciel Institmo de Fstiulios
inadrilehos", t. XVI 11, 1981, p. 265-286; des textes et les notices dans le cat. Miguel Ange/
Houasse 1680-1730. Pintor de la Corte de Felipe V, Madrid museo municipal, 1981 et "Jean
Ranc. Ideas artisticas y métodos de trabajo, a t raves de pinturas y documentos", dans Arch.
Fsp. Ane, t. LUI, 1980, p. 449-465.
Après diverses variations sur ce problème, il semble bien que le titre de "Primer Pintor de
Câmara" fut créé en l'honneur de Louis-Michel van Loo le 12 juin 1744 (Francisco Javier
Sanchez Canton, Fscullura y pintura ciel siglo XVIII..., coll. "Ars Hispaniae". t. XVII,
Madrid, 1958; p. 103).
46 François Souchal, French Sculptors of the I7lh and 18th centuries . The reign of Louis XIV.
Illustrated Catalogue A-F, Londres, 1977, p. 310-353 n° 30-198. F. Souchal attribue à
Frémin un buste en marbre de Marie-Louise de Savoie, qui serait une oeuvre posthume
(p. 353 n° 199). Les quatre statues des Vertus actuellement placées dans la salle du trône, au
palais royal de Madrid, ne sont pas mentionnées, sans que soit fournie la raison de cette
abstention. Leur étude dans L'art de cour..., p. 434-435 montre, pourtant, que, jusqu'à la
découverte d'un document prouvant le contraire, leur attribution à Frémin est tout à fait
raisonnable.
Ajoutons un élément d'information à propos de l'œuvre respectif des sculpteurs français de
Philippe V. Dans Les jardins de La Granjaet leurs sculptures décoratives, Paris, 1934, p. 243,
Jeanne Digard mentionne quatre groupes envoyés au palais royal de Madrid et perdus
depuis; elle les attribue à Bousseau. Mais F. Souchal, dans Les Slodtz sculpteurs et
décorateurs du roi ( 1685-1 764), Paris, 1967, p. 191 et n. 4 fait remarquer que celui de Diane et
Fndymion a été gravé par Thomassin, sans doute en 1734. comme œuvre de 'Thierry; il faut
donc le lui rendre et le placer dans sa période espagnole. Enrique Pardo Canalis a apporté
d'utiles compléments à l'étude des maîtres des jardins de San Ildefonso: "Anotaciones
marginales sobre algunos escultores de La Granja", dans Rev. de Ideas estéticas, t. XXIV,
1966, p. 135-144.
47 Maria Luisa Târraga Baldô prépare, à Madrid, une thèse sur Olivieri.
48 Maria Teresa Ruiz Alcôn, "Pintura del Patrimonio nacional. Los Sani. Una familia de
artistas en la Corte", dans Reaies Silios, n° 44, 1975, p. 61-68. J. Urrea Fernandez estime que
les deux peintures du Prado à sujets campagnards ("La Réunion de mendiants" et
"le Charlatan de village", cat. n° 330 et 331) se sont pas de Domingo Maria Sani, mais du
génois Francesco Sasso. mentionné en Espagne dès 1753 (ouv. cit., p. 214 et 218 et cat. de
l'exp. A'/ une europeo..., p. 206 n° 130). De même "le Chasseur endormi" du palais royal de
\l< 111 ( Ol K I) ANS II SI1 \(,\l |)| Pllllll'l'l V 489

I
I
travaillèrent à la cour d'Espagne, il est possible d'apporter des précisions sur
quelques-uns qui ne venaient pas de l'Italie au sens strict, mais du Tessin. Les
artistes et ouvriers de cette région qui souhaitaient échapper aux droits de
passage du Gothard vers le Nord descendaient dans la péninsule voisine49. Or,
dans les territoires de Plaisance et de Parme, ils se trouvaient facilement en
rapport avec les correspondants du marquis Scotti; dans les états du duc de
Savoie, ils pouvaient avoir approché Juvara et Sacchetti ou entrer en contact
avec leurs amis. Dans les listes d'emplois de la "fâbrica" du palais de Madrid,
deux constatations s'imposent. Plusieurs des noms de famille qu'on y relève
sont fréquemment cités dans la grande étude qui est de consultation
obligatoire sur les artistes du Tessin50; ou ils constituent des variantes
évidentes de noms de cette région, déformés en Espagne: Bordone (ou
Bordoni), Frasquino(ou Fraschina), Baréta (ou Baretta), Ruscaet Rabaglio.
En outre, le prénom "Virgilio", utilisé dans les documents des "sitios reaies",
est la transformation de "Vigilio", usuel au Tessin : le petit port de Gandria, à
cinq kilomètres à l'Est de Lugano, possède encore son église paroissiale sous le
vocable de San Vigilio, saint Vigile, l'évêque de Trente, martyrisé en 403. La
présence de ce prénom constitue une présomption, que renforcera un nom de
famille habituellement tessinois. Des parents se sont, en divers cas, appelés ou,
du moins, retrouvés en Espagne, ainsi Bartolomé et Andrés Rusca, Vigilio
(Virgilio) et Pietro Rabaglio. Il y eut aussi les liens créés par la communauté
du métier51. Le résultat était, pour certains, l'établissement familial à la cour,
selon un processus déjà observé : Carlos Antonio Bernasconi, maître marbrier
à La Granja à la fin du règne de Philippe V, originaire de Lugano, porte un
nom qui se retrouve pendant le siècle dans les travaux royaux et se remarque
même dans l'aménagement de la nouvelle capitale du Guatemala5-.

Madrid est l'œuvre non de Sani, mais du madrilène Francisco Peralta. qui l'a signé(J. Urrea
Fernande/, ouv. cit., p. 214).
49 Telle est la remarque qu'a bien voulu nous faire la Dottorcssa Ana Cotti, archiviste de
I.ugano.
50 I.uigi Brenlani, Aniichi maestri d'aile e di scuola délie /erre liciiwsi. Noiizie e document!,
7 vol.. Côme-I.ugano. 1937-1963.
51 Fa présence de deux stucateurs. Vigilio (Virgilio) Bordone (Bordoni) et Raimondo Marqui
(Marchi), le premier de Gandria. le second de Fuganoest signalée par Giuseppe Bianchi dans
les chantiers royaux : 67/ ariisti licinesi. Dizionario hiografico, Fugano, 1900, p. 30; ces noms
se retrouvent dans L'art de cour..., p. 548, n. 138 (comptes du palais royal de Madrid, pour
1737-1740).
52 L'art de cour.... p. 568. n. 77. Le nom de Bernasconi est courant au Tessin et. du vivant même
du maître marbrier dont nous évoquons le cas, un autre Carlos Antonio Bernasconi lut au
service de la cour d'Espagne. En effet, Gian-Alfonso Oldelli, Dizionario storico-ragionaio
degli uomini iliustri del Caillou Ticino..., I.ugano, 1807, p. 31 (repris par G. Bianchi,
ouv. cit., p. 20-21) ne mentionne pas le marbrier, mais consacre une assez longue notice à un
490 YVI S HOI IM;Ai:

I
De tous les artistes tessinois de la cour, le plus connu peut-être est Vigilio
(Virgilio) Rabaglio, dont la carrière commence sous Philippe V53. Né à
Gandria le 23 septembre 1 7 1 1 , il était le fils légitime de Jacques Rabaglio et de
Lucia Rastellona de Rampognio. Envoyé jeune par son père à Milan, il s'y
forma sous la direction de l'architecte Pagani. Il passa neuf ans dans la
capitale de la Lombardie, puis trois à Vicence. Il se maria, le 20 février 1 735, à
Gandria, avec Laura Bordona. Il travaillait, en 1736, à Turin, sur le chantier
de la Consolata54. On le trouve, comme maître d'œuvre à la "fâbrica" du palais
de Madrid, dès 1737-1740". Protégé du marquis Scotti, qui l'avait fait venir
d'Italie, c'est lui qui, sous l'appellation de "Virgineo", fut, en 1737-1738,
l'architecte du théâtre de los Canosdel Peral; le 27 juin 1742, il était qualifié de
"maestro arquitecto" du palais royal56. On sait qu'il a été mêlé à la
construction de l'église des Saints Just et Pastor (San Miguel), conçue par
Bonavia pour le cardinal infant Don Louis, et à celle du palais de Riofrio pour
Elisabeth Farnèse57. Le plan et la façade de la maison de Don Lorenzo Tarsis,
calle de Plateria, sont signés non pas "Virgilio", mais "Vigilio Rabaglio"58.
Parmi les artistes espagnols, le grand architecte Ventura Rodriguez a été

homonyme né en 1714 à Massagno, localité qui continue aujourd'hui sans rupture la ville de
Lugano. Il fut architecte, géomètre et inventeur de machines. Il servit la cour de Savoie, fut
commissaire de guérie à l'armée espagnole d'Italie de 1742 au retour de la paix et passa en
Espagne, où il fut très estimé, et mourut en 1 767. I.a Dottoressa Cotti nous a indiqué que le
marbrier et l'ingénieur étaient cousins.
Sur Antonio Bernasconi à Guatemala Ciudad, voir notamment Sidney D. Markman,
"The Pla/a Mayor of Guatemala City", dans Journal of the Society of Architectural
Historians, t. XXV, n° 3, octobre 1966. p. 181-196.
53 Les renseignements sur la vie tessinoise et italienne de Vi(r)gilio Rabaglio (et de son frère
Pietro) sont extraits de I... Brentani, ouv. cit. t. IV, p. 18-22; voir aussi G. Bianchi, ouv. cit.,
p. 161-162.
54 Juvara a agrandi la Consolala, dont Guarini avait, antérieurement, donné le projet (Rudolf
Wittkower, An ami Architecture in Italy 1600 to 1750, 1958. p. 375, n. 15).
55 L'art de cour..., p. 547 n. 1 38.-1.. Brentani. ihiil., fournit la date de 1737.
56 On doit la connaissance du théâtre de los Canos del Peral et l'appellation de son architecte
"Virgineo" à Luis Père/ de Guzmân, "Algunas notieias desconocidas sobre el teatro de los
Canos del Peral". dans Rev. de Archivas. Bihliolecas y Museos, t. XLVIII, 1926, p. 87-92.
L'identification a été faite par Carlos Sambricio, "Virgilio Rabaglio, arquitecto de los Canos
del Peral". dans Arch. lisp. Ane, t. XLV. 1971, p. 321-322.
57 Mercedes Agullô y Cobo, I.a basilica pontifica de San Miguel, Madrid. 1970. -M. T. Ruiz
Alcôn, "El palacio de Riofrio", dans Arch. lisp. Arte, 1963. p. 281-296.
58 Les dessins du plan et de la façade sont exposés au musée municipal de Madrid : Madrid
hasia 1875. Testinionios de su historia, Madrid, 1979-1980, p. 232 n° 644 (avec la
bibliographie des études dues à V. Tovar Martin).
Vi(r)gilio Rabaglio devait retournera Gandria et mourir le 26 mai 1800. H avait fait venir en
Espagne, pour travailler dans les palais des souverains, son frère cadet, Pietro, en 1743.
Celui-ci né à Gandria. le 16 septembre 1721. s'y retira aussi après dix-huit ans en Espagne et
mourut dans son pays natal le 12 novembre 1799.
I .'AIM 1)1 COUR DANS I.TSI'ACiNF 1)1- PHII ll'I'i: V 491

Projet d'Aranjuez. 1728. Grand escalier. (Dessin simplifié).


Madrid, Service géographique de l'Armée.

étudié dans une monographie soignée, qui constitue non seulement une
synthèse, mais la mise en place d'éclairages nouveaux59. Celle du sculpteur
Felipe de Castro, bien plus courte et beaucoup moins pénétrante, aurait sans
doute besoin d'être reprise60. Mais l'un et l'autre appartiennent surtout, par
leur activité la plus importante, à la période qui suivit la mort de Philippe V.
Les peintres ne cessent d'attirer les historiens, qui se posent, à leur sujet, bien
des questions. Par exemple, est-ce que l'éclat des artistes étrangers n'a pas,
injustement, rejeté à l'arrière-plan des talents qui méritent, en fait, plus de
considération? L'un des textes de présentation, dans le catalogue de

59 Voir l'ouvrage de T. F. Reese cité plus haut n. 33.


60 Claude Bédat, l'A escultor l'clipc de Castro. Santiago de Compostela, 1971.
492 vvis hoi uni au

rcxposition "L'art européen à la cour d'Espagne au XVIIle siècle", en 1979-


1980, a réussi, à ce propos, une synthèse aussi informée que sereine et rappelé
que plusieurs provinciaux avaient refusé de s'établir à Madrid61. La voie ainsi
ouverte a été de nouveau empruntée, mais avec plus de vivacité62. Le portrait à
la cour de Philippe V a été présenté dans une perspective peut-être un peu trop
rhétorique6'. Il faut mentionner les monographies inspirées par Antonio
Gon/âlez Rui/64, Pablo Pernicharo et Juan Bautista Pena65. Miguel Jacinto
Melénde/ possédait un talent estimable66; le portrait du marquis del Vadillo,
qu'expose le musée municipal de Madrid, en apporte une preuve
supplémentaire67. Francisco Ruiz de la Iglesia a mené une carrière palatine
sous Charles 1 1 comme sous Philippe V; il reste à prouver qu'il possédait une
forte personnalité et que le changement de dynastie l'a désavantagé alors qu'il
fut "pintordecâmara" sous Philippe V6*. Les Garcia de Miranda ont constitué
une famille de peintres madrilènes69; "l'Education d'une sainte", qui est
l'œuvre de Juan (1677-1749), appartient au Prado, mais est exposée au musée
municipal de la capitale. C'est un tableau de qualité par la science de
l'architecture et de la répartition des personnages, par l'intimité familiale et
spirituelle, par les variations de la lumière70. Mais cet ouvrage, dont on ignore

61 .Icanninc Baliclc, "la peinture espagnole au XVIIle siècle", dans le cat. de l'exp. L'an
européen à la cour d'Espagne au \\ Ille siècle, p. 43-47.
62 .). IJrrca Fernande/, Inlroducciôn a la pinmra rococo en lispanu, dans la época de
l'emando 17, Oviedo. p. 315-336.
63 José Miguel Moràn Turina. "FI retrato cortesano y la tradiciôn espafïola en cl reinado de
Felipe V", dans Goya. n° 159, nov.-dée. 1980. p. 152-161.
64 José Luis de Arrese, Antonio Gonzalez Ruiz. Madrid, 1973. Contrairement à ce que nous
avions écrit dans l'art de cour.... p. 450. Gonzalez Rui/, lorsqu'il séjourna en Italie, n'étudia
pas aux frais de Philippe V. 11 devait faire plus tard, à Madrid, une belle carrière
d'académicien.
65 .1. Urrca Fernande/. "Juan Baulista Pena y Pablo Pernicharo pintores espanoles del
siglo XVIII. dans Revisia l'nivcrsidad compluiense, t. XXII. 1973. p. 233-261.
66 On trouve une tentative de rehaussement de sa personality, assurément attachante, dans
l'article d'Flena Maria Santiago Puez. "FI pintor Miguel Jacinto Melénde/. A propôsito de
unos retratos en la Biblioteca nacional", dans Revista de Archivos, Bihlioiecas y Museos,
t. 73. 1966, p. 205-224.
67 Cat. cité plus haut n. 58. p. 224 n" 606 et p. 291.
68 Diego Angulo Iniguez, "Francisco Ignacio Ruiz de la Iglesia", dans Arch. ilsp. Ane, t. 1.11,
n° 208. oct.-déc. 1979. p. 367-404.
69 Teresa Jimenez Priego. "Juan (lama de Miranda, pintor de càmara del rev Felipe V. en
(îuadalupe". dans Revista de ilstiulios exlrenienos, 1975. p. 575-593 et "Los Miranda,
pintores madrilènes del siglo XVIII". dans Anales del Instiiuto de /{studios nuidrilenos,
t. XV. 1978, p. 255-278. Carlos I rujillo Garcia. "Juan Garcia de Miranda. Dos series de sus
lien/os en el Museo del Prado", dans liol. del Museo del Prado, t. II. n° 4. janvier-avril 1981.
p. 11-26.
70 Ce tableau est reproduit sur la couverture du Bol. del Museo del Prado cité à la n. précédente
I AR 1)1 ((MR DANS I 'I SI'AGNl 1)1 I'llll ll'l'l V 493

I
la date, apportc-t-il du nouveau dans l'évolution et la sensibilité des formes?
La résurrection d'une production oubliée n'entraîne pas obligatoirement
qu'elle était d'un immense mérite; il ne faut pas identifier construction et
architecture, taille ou fonte et sculpture, peinture et poésie. La qualité
artistique suppose, à la fois, le savoir technique, la sincérité du cœur et la
nouveauté dans le style. La reprise des études sur la peinture et, en général, sur
Part d'essence "castiza" pendant la première moitié du XVIIle s. doit s'inscrire
dans le respect d'une exigence: ne pas confondre l'intérêt local, régional,
national et international, le témoignage historique et la création de haut
niveau.

Parmi les grandes institutions culturelles, l'Académie des Beaux-Arts de


Saint-Ferdinand a été fondée seulement en 1752, mais la junte préparatoire
qui la précéda date de 1742; la bibliographie à leur sujet s'est enrichie;
naturellement, elle ne concerne que pour quelques années le règne de Philippe
V71. De même, la manufacture de tapisseries à Santa Barbara72 et de verres à
La Granja7-1, qui existaient dès avant la mort du premier Bourbon, n'ont
connu que postérieurement leur plus belle époque. Une réflexion analogue
peut être faite à propos de la fabrique de céramique des comtes d'Aranda à
Alcora74.
Ainsi l'art de cour dans l'Espagne de Philippe V a-t-il, durant ces vingt
dernières années, affirmé à la fois sa physionomie originale et l'importance des
voies qu'il ouvrait. C'est là, assurément, un encouragement à mener à bien une
autre étude, qui en sera la suite, consacrée elle aussi à l'art de cour, mais dans
l'Espagne des Lumières, de 1746 à 18O875.

et p. 25 (avec étude); voir aussi le eat. du musée municipal de Madrid cité plus haut n. 58 à la
p. 219 n° 563 et p. 290. Il s'agit peut-être d'une scène de "l'Education de sainte Thérèse".
71 C. Bédat, L'Académie des Beaux-Ans de Madrid 1 744-I MM, Toulouse, 1974; Maria Luisa
Tàrraga, "Complcto y formai inventario de cuanto D. Juan Domingo Olivieri compté para
el servicio de la Academia de Bellas Artes de San Fernando", dans Academia, n° 43, 1976,
p. 5-22; Maria Angeles Alonso Sanchez. Francisco Preciado de la Vega y la Academia de
Relias Arles. Anisias espanoles que Itan pasado par Roma, Madrid. 1961. On annonce la
parution de l'ouvrage d'Alicia Quintana Martin, La arqiiiieciura en la Academia de Bellas
Arles de San Fernando de Madrid (1744-1774).
72 .1. Held, Die Cienrehilder der Madrider Tcppichmanufaklur inul die Anjage Goya, Berlin.
1971; E. Iparaguirre y C. Dâvila, Real LYihrica de lapices, Madrid, 1971.
73 M. T. Ruiz Alcôn, Vidrio y cristal de La tirait ja, Madrid, 1969.
74 José Sânche/ Adcll.fV/'/wmv aiïos de la fcihrica de ceriimica de Alcora, Valence. 1973.
75 Cette étude est en cours de rédaction.

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