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Velázquez
Bottineau Yves. L'art de cour dans l'Espagne de Philippe V 1700-1746 mise au point 1962-1982. In: Mélanges de la Casa de
Velázquez, tome 18-1, 1982. pp. 477-493;
doi : https://doi.org/10.3406/casa.1982.2379
https://www.persee.fr/doc/casa_0076-230x_1982_num_18_1_2379
Antonio Domingue/ Ortiz, Sociedad y Es i ado en el siglo XVIII espanol, 1976. M. Pierre
Vilar nous a tait pénétrer au cœur de la révolte catalane: La Catalogne dans l'Espagne
moderne, t. 1. Paris, p. 670.
Mariano Cerniakian, la Princesse des Ursins. Sa vie et ses lettres, Paris, 1969.
i.'ARi m: cour dans i/hspacjnf. of; phii ippp v 479
Janine Fayard, "La tentative de réforme du conseil de Castille sous le règne de Philippe V
(1713-1715)". dans Melanges tie la Casa tie lelûzquez, t. 11, 1966. p. 259-281 et Les membres
tin Conseil de Casiille à l'époque moderne (1621-1746), Paris. 1979.
La légitimité de Philippe V est parfois perdue de vue par les historiens; Tun des plus récents
exemples est Geoffrey .1. Walker. Polilu a espanola v co merci o colonial I700-I7H9, trad. esp.
1979; les pages 39 et suivantes manquent singulièrement d'information impartiale et
d'objectivité.
Teodoro Ardemans avait succédé à José del Olmo comme "Maestro mayor de las obras de la
villa de Madrid" et aussi, le 19 mai 1702, des "Obras reaies"; il paraît avoir bénéficié de la
protection décisive du cardinal Portocarrero cl se montra reconnaissant envers le nouveau
roi (J. del Corral, "Teodoro Ardemans Maestro Mayorde las obras de la villa de Madrid y su
fontanero mayor", dans Anales del Instituto tie lisliidios mat/ri/enos, t. X. 1974. p. 178-1 Kl).
Dans le résumé des nouvelles envoyées de Madrid, le 14 mai 1714, par Partyet. au secrétaire
de la Marine, à la Cour de Versailles, on lit ce passage "Le sr. Carlier architecte françois
étant occupé par ordre du Roy à niveler l'espace qui est entre le Retiro et l'ancien Palais de-
:
Madrid pour sçavoir de combien le terrain sur lequel est Bâty le premier est plus haut que
l'autre, il fut insulté par la populace à coup de Pierres et s'il ne s'étoit sauvé avec ceux qui
estoient avec luy, il en auroit esté accablé. Ce fut un Page de Mad<v/;/e des Ursins qui donna
lieu à l'émotion parce qu'étant venu dire quelque chose au sr Le Carlier de la part de cette
Dame, il fut reconnu pour estre à Elle, ce qui fait connoître que les sentiments du peuple ne
sont point conformes au présent Gouvernement." (Paris, Arch. nat.. B7 22, 178 v°). Nous
devons la connaissance des rapports adressés de Madrid au secrétaire de la Marine, à la Cour
de Versailles, à notre ami M. Didier Ozanam, que nous remercions bien vivement.
L'incident dont lut victime René Carlier annonce, avec beaucoup moins de gravité, une autre
attaque contre un artiste étranger, celle de hi populace contre la maison de Sabatini lors du
"motin de Fsquilache" sous Charles 111. A ce sujet, vos' notamment Teôi'anes hgido
"Madrid, 1766: "Motines de Corie" y oposiciôn al gobierm ', dans Cuadcrnos de
investigation historien, Madrid. nc 3. 1979. p. 1 4o- 147.
480 YVr-S BOTHNI Ali
7 Maria Teresa Pérc/ Piea/o, I a publicista espanola de la Guerre de Sueesiôn, 2\o\., Madrid,
1966.
L'ouvrage de Paul-.). Guinaid, La presse espagnole de 1737 à 1791 Paris, 1971, envisage une
,
11 Jonathan Brown et John H. Elliott, A Palace l'or a king. The linen Retira and the Court of
Philip II ". New Haven et Londres, 19X0. Signalons aussi José M. Pita And rade, Los palacios
del linen Relira en la epoca de los Austrias, Madrid. 1970.
12 Juan .1. l.una, "Las pinturas del cuarto de la reina Maria I.uisa Gabriela de Saboya en cl
Alcâ/ar de Madrid. 1703". dans Anales del Insiiinlo de i'.sindios madrilenos, t. XV, 1978,
p. 1X7-206.
13 Y. Bottineau, "Antoine du Verger et PAIcà/arde Madrid", dans iiaz. Beaux- Ans, mai-juin
1976, p. 177-1X0. José Miguel I urina est railleur de "El palacio eomo laberinto y las
transformaciones de Felipe V en cl Alcâ/.ar de Madrid", dans Anales del Insiiiulo de
/.'studios madrilenos". t. XVI 11, 19X1, p. 251-264; en dépit de son titre prometteur, cette étude
n'apporte rien de neuf et elle n'est pas à jour en ce qui concerne Antoine du Verger.
31. Mélanges.
482 YVl S HOTTI NI- AU
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"chambre du lit" des souverains et, surtout, le "salon de las empresas del rey".
La première est toujours ornée des quatre peintures de Giovanni Paolo
Pannini et des deux d'Andréa Lucatelli. A propos de deux des ouvrages de
Pannini, "Jésus et les docteurs" et "Jésus chassant les vendeurs du Temple",
les esquisses de même sujet acquises par Charles IV et conservées au Prado
sont cataloguées comme des préparations non plus pour les toiles de La
Granja, mais pour des ouvrages antérieurs (vers 1725) et mal connus de
l'artiste21. En outre, le recours à l'inventaire d'Elisabeth Farnèse à San
Ildefonso en 1746 oblige à rectifier le titre de l'une des œuvres de Lucatelli; il
s'agit non pas de "Jésus au jardin des oliviers", mais de "Jésus servi par les
anges dans le désert"22.
Beaucoup plus importante fut la commande de la seconde pièce. Il était
prévu de la décorer de grandes compositions demandées aux plus renommés
des peintres italiens vivants et, en France, à François Lemoyne, qui, après sa
mort, fut remplacé par Carle van Loo. Cette commande fut entièrement livrée,
mais connut un sort malheureux. A défaut de pouvoir examiner l'ensemble
des peintures définitives, encore conservées dans les collections du
"Patrimonio nacional", mais non exposées (seule celle de Sebastiano Conca
est visible à Riofrio), les historiens d'art se consolent avec quelques
reproductions23 et surtout ils ont repéré des préparations dispersées çà et là.
"La Défaite de Darius" ou "la Valeur royale", confiée à Solimena, a ainsi
retenu l'attention24. De "la Famille de Darius aux pieds d'Alexandre" ou "la
Modestie d'Alexandre" par Francesco Trevisani, deux esquisses ont été
retrouvées25. François Lemoyne ne termina pas le tableau qui lui avait été
demandé : "Alexandre et Porus" ou "la Clémence du héros", mais il subsiste
26 II a été retrouve une esquisse (coll. Molesworth; voir P. Rosenberg dans Revue de l'Ait, n° 3,
1969, p. 98) et deux dessins, l'un au Metropolitan Museum de New York, l'autre au musée
national de Stocklom. Voir l'état de la question aux références fournies, dans la note qui suit,
à propos de Carie van l.oo et des deux catalogues d'exposition L'art européen à la cour
d'Espagne au X Ville siècle, Bordeaux-Paris-Madrid, 1979-1980.
27 De la bibliographie, détachons P. Rosenberg, dans Revue de l'Art, n° 3, 1969, p. 99;
Antonio Matilla Tascôn, "Documentos del Archivo del Ministeriode Hacienda, relativos
a pintores de câmara, y de las fàbricas de tapices y porcelana, siglo XVIII" dans Revista de
Archivos, liih/iotecas y Museos, t. LXVIII-I, I960, p. 263 et les catalogues des expositions:
Carie van l.oo premier peintre du Roi, Nice- Clermont-Ferrand Nancy, 1977, par
P. Rosenberg et Marie-Catherine Sahut, p. 48 et L'an européen à la cour d'Espagne au
.VI Ille siècle, Paris-Bordeaux, 1979, p. 145-146, n° 82 (éd. esp., Madrid. 1980, p. 152-153,
n° 85). -
.
I
des sources inédites, la rigueur de la réflexion et la sérénité courtoise du ton
rendent l'ouvrage non seulement indispensable, mais attachant30. Son auteur,
se rendant en Piémont perfectionner son enquête, a découvert que Sachetti
était né à Turin le 17 mars 1690 et appartenait à une famille d'artistes,
honorable, mais pauvre31 et il a étudié les rapports entre la sculpture du palais
de Madrid et celle de Turin32.
A Aranjuez, le cabinet de la reine, où travaillèrent Giovanni Battista Galluci
et Giacomo Bonavia, semble avoir été commencé dès 173O33. Six documents
de 1728, conservés au Service géographique de l'Armée, à Madrid, et
comprenant deux coupes, des plans des divers étages et une élévation du grand
escalier, sont particulièrement précieux pour la connaissance du château dont
Philippe V avait décidé l'agrandissement34. Au Pardo, la chapelle, de 1738-
1739, eut pour architecte François Carlier, fils de René35, et leur cas nous
amène à passer des nouveautés qui concernent les monuments à celles qui
enrichissent la monographie des artistes36.
On ne possédait sur René Carlier et son fils François que des renseignements
limités.
En ce qui concerne René, Madame des Ursins, le 14février 1712, annonçait
son arrivée à Madrid; en dépit de débuts médiocres, il devint "arquitecto
mayor" du Retiro; on sait qu'il était mort à l'Escurial le 15 août 172237.
38 Les documents ont été découverts et utilisés par V. Tovar Martin dans Y art. cité plus haut
n. 35.
l'ARI 1)1 COliR DANS TSPAGNT 1)1 I'HII IIMM V 487
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pour aller étudier l'architecture en France. Il était de retour en Espagne en
1734, puisqu'en décembre de cette année-là il était nommé architecte du roi™.
François Carlier sort en grande partie de notre cadre chronologique.
Pourtant, il est peut-être utile de rassembler ici des éléments d'information qui
précisent plusieurs points de sa carrière et de sa vie. Il a reçu le premier prix
d'architecture à l'Académie de Paris, le 1 9 août 1 726, le sujet proposé étant le
plan, l'élévation et le profil d'un portail d'église40. On le trouve à Parme en
1750 lors des débuts de Don Philippe dans son duché41 et il épousa une sœur
du sculpteur français de cette cour, Catherine-Marguerite Boudard. Ils eurent
une fille, Françoise-Catherine-Guillaume, baptisée à Parme le 1er septembre
1751. François Carlier n'avait d'autre descendance que cette enfant mineure
lorsqu'il mourut à Bayonne le 29 décembre 176042.
Parmi les peintres français de la cour, Michel-Ange Houasse est peut-être
celui qui a séduit davantage les historiens depuis vingt ans. Dès 1968, son cas
était à nouveau examiné43. Il a été établi que Orry se trouvait à l'origine de sa
venue en Espagne et que l'artiste y arriva alors que, le 9 février 1 7 1 5, le ministre
disgracié devait regagner la France. Il a été montré aussi que le portrait de
Don Louis, prince des Asturies, du Prado, ne peut être de Rigaud, pour une
quasi-impossibilité matérielle, et correspond bien, en revanche, à la définition
de son talent44. Houasse, marié à Olimpia Carlier, fille de René, eut d'elle
quatre enfants. Il a laissé d'abondantes scènes de genre en plus de quelques
portraits et des tableaux, remis en valeur, de la vie de saint François Régis.
Jean Ranc et Louis-Michel van Loo ont été aussi l'objet d'études scrupuleuses.
Particulièrement intéressante est la restitution au second du portrait de
l'infante Marie-Thérèse, du musée de Versailles, à la mélancolique élégance45.
Dans la publication monumentale élaborée en l'honneur des sculpteurs du
règne de Louis XIV, l'œuvre de René Frémin occupe une place importante et
son œuvre en Espagne y est cataloguée46.
Parmi les travaux consacrés aux maîtres italiens qui séjournèrent en
Espagne, les principales nouveautés apportées sur Juvara, Saqueti ou
Bonavia ont déjà été évoquées. Juan Domingo Olivieri développera
pleinement son talent de sculpteur sous Ferdinand VI47. La famille des Sani a
été étudiée; elle offre un exemple typique de rétablissement d'artistes
étrangers, que l'on suit, dans des emplois palatins, pendant plusieurs
générations48.
Entre tant d'architectes et de décorateurs d'appellation italienne qui
Rigaud et l'Espagne", dans Gaz. des Beaux-Arts, mai-juin 1978, p. 185-193; "M. -A.
Houasse" dans Reaies Silios, n° 42 à 48, 1974 à 1976; "Un cenlenario olvidado: Jean Ranc".
dans Goya, n° 127, 1975, p. 22-26 et "Louis-Michel van Loo en Espafia", dans Goya, n° 144
mai-juin 1978, p. 330-337. Depuis les catalogues cités n. 36, .Juan J. Luna a publié ; "Houasse
en la corte de Madrid. Notas y documentos" dans Anales ciel Institmo de Fstiulios
inadrilehos", t. XVI 11, 1981, p. 265-286; des textes et les notices dans le cat. Miguel Ange/
Houasse 1680-1730. Pintor de la Corte de Felipe V, Madrid museo municipal, 1981 et "Jean
Ranc. Ideas artisticas y métodos de trabajo, a t raves de pinturas y documentos", dans Arch.
Fsp. Ane, t. LUI, 1980, p. 449-465.
Après diverses variations sur ce problème, il semble bien que le titre de "Primer Pintor de
Câmara" fut créé en l'honneur de Louis-Michel van Loo le 12 juin 1744 (Francisco Javier
Sanchez Canton, Fscullura y pintura ciel siglo XVIII..., coll. "Ars Hispaniae". t. XVII,
Madrid, 1958; p. 103).
46 François Souchal, French Sculptors of the I7lh and 18th centuries . The reign of Louis XIV.
Illustrated Catalogue A-F, Londres, 1977, p. 310-353 n° 30-198. F. Souchal attribue à
Frémin un buste en marbre de Marie-Louise de Savoie, qui serait une oeuvre posthume
(p. 353 n° 199). Les quatre statues des Vertus actuellement placées dans la salle du trône, au
palais royal de Madrid, ne sont pas mentionnées, sans que soit fournie la raison de cette
abstention. Leur étude dans L'art de cour..., p. 434-435 montre, pourtant, que, jusqu'à la
découverte d'un document prouvant le contraire, leur attribution à Frémin est tout à fait
raisonnable.
Ajoutons un élément d'information à propos de l'œuvre respectif des sculpteurs français de
Philippe V. Dans Les jardins de La Granjaet leurs sculptures décoratives, Paris, 1934, p. 243,
Jeanne Digard mentionne quatre groupes envoyés au palais royal de Madrid et perdus
depuis; elle les attribue à Bousseau. Mais F. Souchal, dans Les Slodtz sculpteurs et
décorateurs du roi ( 1685-1 764), Paris, 1967, p. 191 et n. 4 fait remarquer que celui de Diane et
Fndymion a été gravé par Thomassin, sans doute en 1734. comme œuvre de 'Thierry; il faut
donc le lui rendre et le placer dans sa période espagnole. Enrique Pardo Canalis a apporté
d'utiles compléments à l'étude des maîtres des jardins de San Ildefonso: "Anotaciones
marginales sobre algunos escultores de La Granja", dans Rev. de Ideas estéticas, t. XXIV,
1966, p. 135-144.
47 Maria Luisa Târraga Baldô prépare, à Madrid, une thèse sur Olivieri.
48 Maria Teresa Ruiz Alcôn, "Pintura del Patrimonio nacional. Los Sani. Una familia de
artistas en la Corte", dans Reaies Silios, n° 44, 1975, p. 61-68. J. Urrea Fernandez estime que
les deux peintures du Prado à sujets campagnards ("La Réunion de mendiants" et
"le Charlatan de village", cat. n° 330 et 331) se sont pas de Domingo Maria Sani, mais du
génois Francesco Sasso. mentionné en Espagne dès 1753 (ouv. cit., p. 214 et 218 et cat. de
l'exp. A'/ une europeo..., p. 206 n° 130). De même "le Chasseur endormi" du palais royal de
\l< 111 ( Ol K I) ANS II SI1 \(,\l |)| Pllllll'l'l V 489
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I
travaillèrent à la cour d'Espagne, il est possible d'apporter des précisions sur
quelques-uns qui ne venaient pas de l'Italie au sens strict, mais du Tessin. Les
artistes et ouvriers de cette région qui souhaitaient échapper aux droits de
passage du Gothard vers le Nord descendaient dans la péninsule voisine49. Or,
dans les territoires de Plaisance et de Parme, ils se trouvaient facilement en
rapport avec les correspondants du marquis Scotti; dans les états du duc de
Savoie, ils pouvaient avoir approché Juvara et Sacchetti ou entrer en contact
avec leurs amis. Dans les listes d'emplois de la "fâbrica" du palais de Madrid,
deux constatations s'imposent. Plusieurs des noms de famille qu'on y relève
sont fréquemment cités dans la grande étude qui est de consultation
obligatoire sur les artistes du Tessin50; ou ils constituent des variantes
évidentes de noms de cette région, déformés en Espagne: Bordone (ou
Bordoni), Frasquino(ou Fraschina), Baréta (ou Baretta), Ruscaet Rabaglio.
En outre, le prénom "Virgilio", utilisé dans les documents des "sitios reaies",
est la transformation de "Vigilio", usuel au Tessin : le petit port de Gandria, à
cinq kilomètres à l'Est de Lugano, possède encore son église paroissiale sous le
vocable de San Vigilio, saint Vigile, l'évêque de Trente, martyrisé en 403. La
présence de ce prénom constitue une présomption, que renforcera un nom de
famille habituellement tessinois. Des parents se sont, en divers cas, appelés ou,
du moins, retrouvés en Espagne, ainsi Bartolomé et Andrés Rusca, Vigilio
(Virgilio) et Pietro Rabaglio. Il y eut aussi les liens créés par la communauté
du métier51. Le résultat était, pour certains, l'établissement familial à la cour,
selon un processus déjà observé : Carlos Antonio Bernasconi, maître marbrier
à La Granja à la fin du règne de Philippe V, originaire de Lugano, porte un
nom qui se retrouve pendant le siècle dans les travaux royaux et se remarque
même dans l'aménagement de la nouvelle capitale du Guatemala5-.
Madrid est l'œuvre non de Sani, mais du madrilène Francisco Peralta. qui l'a signé(J. Urrea
Fernande/, ouv. cit., p. 214).
49 Telle est la remarque qu'a bien voulu nous faire la Dottorcssa Ana Cotti, archiviste de
I.ugano.
50 I.uigi Brenlani, Aniichi maestri d'aile e di scuola délie /erre liciiwsi. Noiizie e document!,
7 vol.. Côme-I.ugano. 1937-1963.
51 Fa présence de deux stucateurs. Vigilio (Virgilio) Bordone (Bordoni) et Raimondo Marqui
(Marchi), le premier de Gandria. le second de Fuganoest signalée par Giuseppe Bianchi dans
les chantiers royaux : 67/ ariisti licinesi. Dizionario hiografico, Fugano, 1900, p. 30; ces noms
se retrouvent dans L'art de cour..., p. 548, n. 138 (comptes du palais royal de Madrid, pour
1737-1740).
52 L'art de cour.... p. 568. n. 77. Le nom de Bernasconi est courant au Tessin et. du vivant même
du maître marbrier dont nous évoquons le cas, un autre Carlos Antonio Bernasconi lut au
service de la cour d'Espagne. En effet, Gian-Alfonso Oldelli, Dizionario storico-ragionaio
degli uomini iliustri del Caillou Ticino..., I.ugano, 1807, p. 31 (repris par G. Bianchi,
ouv. cit., p. 20-21) ne mentionne pas le marbrier, mais consacre une assez longue notice à un
490 YVI S HOI IM;Ai:
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De tous les artistes tessinois de la cour, le plus connu peut-être est Vigilio
(Virgilio) Rabaglio, dont la carrière commence sous Philippe V53. Né à
Gandria le 23 septembre 1 7 1 1 , il était le fils légitime de Jacques Rabaglio et de
Lucia Rastellona de Rampognio. Envoyé jeune par son père à Milan, il s'y
forma sous la direction de l'architecte Pagani. Il passa neuf ans dans la
capitale de la Lombardie, puis trois à Vicence. Il se maria, le 20 février 1 735, à
Gandria, avec Laura Bordona. Il travaillait, en 1736, à Turin, sur le chantier
de la Consolata54. On le trouve, comme maître d'œuvre à la "fâbrica" du palais
de Madrid, dès 1737-1740". Protégé du marquis Scotti, qui l'avait fait venir
d'Italie, c'est lui qui, sous l'appellation de "Virgineo", fut, en 1737-1738,
l'architecte du théâtre de los Canosdel Peral; le 27 juin 1742, il était qualifié de
"maestro arquitecto" du palais royal56. On sait qu'il a été mêlé à la
construction de l'église des Saints Just et Pastor (San Miguel), conçue par
Bonavia pour le cardinal infant Don Louis, et à celle du palais de Riofrio pour
Elisabeth Farnèse57. Le plan et la façade de la maison de Don Lorenzo Tarsis,
calle de Plateria, sont signés non pas "Virgilio", mais "Vigilio Rabaglio"58.
Parmi les artistes espagnols, le grand architecte Ventura Rodriguez a été
homonyme né en 1714 à Massagno, localité qui continue aujourd'hui sans rupture la ville de
Lugano. Il fut architecte, géomètre et inventeur de machines. Il servit la cour de Savoie, fut
commissaire de guérie à l'armée espagnole d'Italie de 1742 au retour de la paix et passa en
Espagne, où il fut très estimé, et mourut en 1 767. I.a Dottoressa Cotti nous a indiqué que le
marbrier et l'ingénieur étaient cousins.
Sur Antonio Bernasconi à Guatemala Ciudad, voir notamment Sidney D. Markman,
"The Pla/a Mayor of Guatemala City", dans Journal of the Society of Architectural
Historians, t. XXV, n° 3, octobre 1966. p. 181-196.
53 Les renseignements sur la vie tessinoise et italienne de Vi(r)gilio Rabaglio (et de son frère
Pietro) sont extraits de I... Brentani, ouv. cit. t. IV, p. 18-22; voir aussi G. Bianchi, ouv. cit.,
p. 161-162.
54 Juvara a agrandi la Consolala, dont Guarini avait, antérieurement, donné le projet (Rudolf
Wittkower, An ami Architecture in Italy 1600 to 1750, 1958. p. 375, n. 15).
55 L'art de cour..., p. 547 n. 1 38.-1.. Brentani. ihiil., fournit la date de 1737.
56 On doit la connaissance du théâtre de los Canos del Peral et l'appellation de son architecte
"Virgineo" à Luis Père/ de Guzmân, "Algunas notieias desconocidas sobre el teatro de los
Canos del Peral". dans Rev. de Archivas. Bihliolecas y Museos, t. XLVIII, 1926, p. 87-92.
L'identification a été faite par Carlos Sambricio, "Virgilio Rabaglio, arquitecto de los Canos
del Peral". dans Arch. lisp. Ane, t. XLV. 1971, p. 321-322.
57 Mercedes Agullô y Cobo, I.a basilica pontifica de San Miguel, Madrid. 1970. -M. T. Ruiz
Alcôn, "El palacio de Riofrio", dans Arch. lisp. Arte, 1963. p. 281-296.
58 Les dessins du plan et de la façade sont exposés au musée municipal de Madrid : Madrid
hasia 1875. Testinionios de su historia, Madrid, 1979-1980, p. 232 n° 644 (avec la
bibliographie des études dues à V. Tovar Martin).
Vi(r)gilio Rabaglio devait retournera Gandria et mourir le 26 mai 1800. H avait fait venir en
Espagne, pour travailler dans les palais des souverains, son frère cadet, Pietro, en 1743.
Celui-ci né à Gandria. le 16 septembre 1721. s'y retira aussi après dix-huit ans en Espagne et
mourut dans son pays natal le 12 novembre 1799.
I .'AIM 1)1 COUR DANS I.TSI'ACiNF 1)1- PHII ll'I'i: V 491
étudié dans une monographie soignée, qui constitue non seulement une
synthèse, mais la mise en place d'éclairages nouveaux59. Celle du sculpteur
Felipe de Castro, bien plus courte et beaucoup moins pénétrante, aurait sans
doute besoin d'être reprise60. Mais l'un et l'autre appartiennent surtout, par
leur activité la plus importante, à la période qui suivit la mort de Philippe V.
Les peintres ne cessent d'attirer les historiens, qui se posent, à leur sujet, bien
des questions. Par exemple, est-ce que l'éclat des artistes étrangers n'a pas,
injustement, rejeté à l'arrière-plan des talents qui méritent, en fait, plus de
considération? L'un des textes de présentation, dans le catalogue de
61 .Icanninc Baliclc, "la peinture espagnole au XVIIle siècle", dans le cat. de l'exp. L'an
européen à la cour d'Espagne au \\ Ille siècle, p. 43-47.
62 .). IJrrca Fernande/, Inlroducciôn a la pinmra rococo en lispanu, dans la época de
l'emando 17, Oviedo. p. 315-336.
63 José Miguel Moràn Turina. "FI retrato cortesano y la tradiciôn espafïola en cl reinado de
Felipe V", dans Goya. n° 159, nov.-dée. 1980. p. 152-161.
64 José Luis de Arrese, Antonio Gonzalez Ruiz. Madrid, 1973. Contrairement à ce que nous
avions écrit dans l'art de cour.... p. 450. Gonzalez Rui/, lorsqu'il séjourna en Italie, n'étudia
pas aux frais de Philippe V. 11 devait faire plus tard, à Madrid, une belle carrière
d'académicien.
65 .1. Urrca Fernande/. "Juan Baulista Pena y Pablo Pernicharo pintores espanoles del
siglo XVIII. dans Revisia l'nivcrsidad compluiense, t. XXII. 1973. p. 233-261.
66 On trouve une tentative de rehaussement de sa personality, assurément attachante, dans
l'article d'Flena Maria Santiago Puez. "FI pintor Miguel Jacinto Melénde/. A propôsito de
unos retratos en la Biblioteca nacional", dans Revista de Archivos, Bihlioiecas y Museos,
t. 73. 1966, p. 205-224.
67 Cat. cité plus haut n. 58. p. 224 n" 606 et p. 291.
68 Diego Angulo Iniguez, "Francisco Ignacio Ruiz de la Iglesia", dans Arch. ilsp. Ane, t. 1.11,
n° 208. oct.-déc. 1979. p. 367-404.
69 Teresa Jimenez Priego. "Juan (lama de Miranda, pintor de càmara del rev Felipe V. en
(îuadalupe". dans Revista de ilstiulios exlrenienos, 1975. p. 575-593 et "Los Miranda,
pintores madrilènes del siglo XVIII". dans Anales del Instiiuto de /{studios nuidrilenos,
t. XV. 1978, p. 255-278. Carlos I rujillo Garcia. "Juan Garcia de Miranda. Dos series de sus
lien/os en el Museo del Prado", dans liol. del Museo del Prado, t. II. n° 4. janvier-avril 1981.
p. 11-26.
70 Ce tableau est reproduit sur la couverture du Bol. del Museo del Prado cité à la n. précédente
I AR 1)1 ((MR DANS I 'I SI'AGNl 1)1 I'llll ll'l'l V 493
I
la date, apportc-t-il du nouveau dans l'évolution et la sensibilité des formes?
La résurrection d'une production oubliée n'entraîne pas obligatoirement
qu'elle était d'un immense mérite; il ne faut pas identifier construction et
architecture, taille ou fonte et sculpture, peinture et poésie. La qualité
artistique suppose, à la fois, le savoir technique, la sincérité du cœur et la
nouveauté dans le style. La reprise des études sur la peinture et, en général, sur
Part d'essence "castiza" pendant la première moitié du XVIIle s. doit s'inscrire
dans le respect d'une exigence: ne pas confondre l'intérêt local, régional,
national et international, le témoignage historique et la création de haut
niveau.
et p. 25 (avec étude); voir aussi le eat. du musée municipal de Madrid cité plus haut n. 58 à la
p. 219 n° 563 et p. 290. Il s'agit peut-être d'une scène de "l'Education de sainte Thérèse".
71 C. Bédat, L'Académie des Beaux-Ans de Madrid 1 744-I MM, Toulouse, 1974; Maria Luisa
Tàrraga, "Complcto y formai inventario de cuanto D. Juan Domingo Olivieri compté para
el servicio de la Academia de Bellas Artes de San Fernando", dans Academia, n° 43, 1976,
p. 5-22; Maria Angeles Alonso Sanchez. Francisco Preciado de la Vega y la Academia de
Relias Arles. Anisias espanoles que Itan pasado par Roma, Madrid. 1961. On annonce la
parution de l'ouvrage d'Alicia Quintana Martin, La arqiiiieciura en la Academia de Bellas
Arles de San Fernando de Madrid (1744-1774).
72 .1. Held, Die Cienrehilder der Madrider Tcppichmanufaklur inul die Anjage Goya, Berlin.
1971; E. Iparaguirre y C. Dâvila, Real LYihrica de lapices, Madrid, 1971.
73 M. T. Ruiz Alcôn, Vidrio y cristal de La tirait ja, Madrid, 1969.
74 José Sânche/ Adcll.fV/'/wmv aiïos de la fcihrica de ceriimica de Alcora, Valence. 1973.
75 Cette étude est en cours de rédaction.