You are on page 1of 6

Le Paradoxe de la démocratie dans la

Tunisie et le monde arabo-musulman


écrit par un esprit libre

Introduction au sujet :

La problèmatique de cet article, est la question de la démocratie dans l’es-


prit quotidien. Une question trés importante mais peu discutée, surtout lorsqu’on
remarque les sociétés orientales. Cette question est, selon la logique simple, très in-
fluente sur la culture politique dans le monde arabe, car elle influence directement le
point de vue populaire. il faut aussi remarquer que si la culture de la démocratie ne
fait pas de succèes dans l’opinion sociale, l’état ne peut promouvoir une démocratie
acceptable. Dans les meilleurs cas, elle créera une démocratie par la médiatisation.
(Le cas de la Tunisie, la Lybie, l’Egypte. . .)

Structure de la famille : le mythe du père


La structure de la famille est axée sur le père mythique, ce qui est déjà
un constat très utile. Pour de plus amples détails sur ce concept, se référer
à Sigmund Freud1 . Le concept est simplement l’équivalent de la fonction
d’un dictateur2 dans n’importe quel état. Il y a déjà quelque chose d’étrange :
en arabe, il y a un autre sens au mot ”Rabb” (qui signifie ”un dieu”) : on
dit ça pour désigner le père ou la mère. Le pouvoir du père dans l’Islam
est supposé être le plus grand possible. D’une part parce que le masculin
est favori (quelque soit la situation, exemple : l’héritage, la polygamie. . .)
et d’autre part pour avoir l’âge (on favorise toujours le plus vieux des gens,
on leur regarde comme supérieurs et plus proches de la réalité divine). on
peut résumer que le père, qui est aussi l’homme le plus fort dans une fa-
mille élémentaire, dépasse la force physique à un pouvoir religieusement et
idéologiquement bien appuyé.
Ce constat nous conduit à la certitude suivante : lorsque le père pratique la
violence contre un membre de sa famille limitée, ce sera considéré normal.
1
Je ne connais pas dans quel ouvrage ça existe, mais je crois qu’il est assez célèbre pour
le trouver facilement.
2
Ce n’est pas une qualification péjorative, mais c’est la réalité. Si vous êtes déjà un
arabe et musulman, vous connaissez de quoi je parle : tous les pouvoirs sont réservés au
père, sans modération.

1
Il faut aussi souligner l’importance de la dictature familiale dans le contexte
culturel et politique. En admettant l’impact de tout ce que nous vivons sur
notre personnalité, l’enfance et l’adolescence sont les périodes durant les-
quelles on subit plus d’influence : à l’enfance c’est l’impact de la famille, et
à l’adolescence c’est l’impact des autres ados.
Lorsqu’on lit le travail parfaitement objectif et structuré de Toby E. Huff
intitulé The Rise of Early Modern Science : Islam, China and the West 3
on remarque qu’implicitement, l’auteur nous injecte une idée probablement
juste, mais parfaitement choquante : les gens ne raisonnent pas, en général,
avec le même raisonnement : il y a une différence géographique entre les
esprits. L’image d’une personne qui ”pratique” la science n’est pas la même
entre l’occident, l’extrême orient et l’orient. reste à remarquer qu’il ne s’agit
pas du raisonnement purement ”académique” que lon utilise dans l’ensei-
gnement. Ce raisonnement concerne les ”vérités” de la vie quotidienne, les
postulats de la personnalité, ou, plus précisément, les lois empiriques4 de la
vie. En Chine, l’image d’un homme de science est avant tout insistante sur le
respect formel de la morale courante et des traditions. Et même après l’ap-
port occidental durant les XIXième et Le XXième siècles, la culture chinoise
n’a pas fait le saut vers l’abstraction occidentale. Le raisonnement scienti-
fique n’influe pas toujours la culture. Le cas du monde arabo-musulman est
plus obscur : il existe encore des personnes qui incitent à considérer la science
comme seconde réalité, et qu’il faut croire la religion avant autre chose. Je me
demande parfois si la science apporte un jour une démonstration qui prouve
l’impossibilité de l’existence des dieux, que se passera-t-il ? Une guerre, et
apparemment, les croyants seront les plus forts, et écraseront les athées.
Mais, on verra aussi une guerre entre les religions, car les religions les plus
grandes n’acceperont pas de revisiter les risques laı̈ques, et ce sera un monde
sauvage.
Le modèle de la famille gouvernée par un dictateur est très important dans
le fondamentalisme (surtout musulman) parce que durant l’enfance, on su-
bit une structuration de l’esprit : entre le droit à la violence et le pouvoir
religieux illimité, le père devient un ”dieu miniature”. Les enfants, dans le
meilleurs des cas, seront eux aussi un projet de ce ”dieu miniature”.
3
Je l’ai entièrement lu en arabe, publié par Aalam Al-Maarifa, Août 2000. L’original
était publié par Cambridge University Press, 1993.
4
Les lois empiriques se divisent selon ma version personnelle en deux types : le pre-
mier s’agit de l’établissement d’une loi sans conscience de la procédure scientifique ou en
généralisant suivant un cas limité (c’est le cas le plus dangereux). Le deuxième type est
le plus positif : c’est l’établissement d’une loi après une étude approfondie et objective
des cas disponibles, et surtout l’utilisation attentive. Les gens ont tendance à créer leurs
propres lois empiriques inconsciemment, sans beaucoup d’objectivité et risquent de les
utiliser sans attention et partout.

2
L’homme est-il un animal ?5
Ce qui est sûr pour le moment, c’est que l’homme est plus organisé (les
communautés, les états, les tribus. . .) alors que l’animal ne connait pas une
vie aussi organisée.
Mais pourquoi alors la questions ci-dessus ? tout simplement parce que même
le concept d’autorité n’existe pas chez l’animal. Pierre Clastres cite dans
son livre d’anthropologie politique La société contre l’état cet extrait de
Essai sur le fondement du pouvoir politique de J. W. Lapierre : ”L’exa-
men critique des connaissances acquises sur les phénomènes sociaux chez
les animaux et notamment sur leur processus d’autorégulation sociale nous
a montré l’absence de toute forme, même embryonnaire, de pouvoir poli-
tique. . .”.
Alors le besoin de la politique n’est pas naturel. c’est l’œuvre de la culture.
Mais pas toutes les cultures. Les exemples dans l’œuvre de P. Clastres sont
vraiment étonnants : Les gens ne considèrent pas le même sens de l’autorité,
du pouvoir. Certaines tribus de l’Amérique du sud on un exemple incon-
tournable de chef : des privilèges mais surtout une responsabilité lourde et
difficile à supporter : Il est responsable de tout, même de nourrir le peuple
lors des famines ! Bref, un chef qui est toujours sous critique et moquerie,
un esclave de la tribu.
L’obéissance est-elle alors innée chez l’homme ? Il y a beaucoup de varia-
tions sur le sujet. Nietzsche par exemple, le confirme, mais le dénonce.
Le philosophe, peu soucieux pour ses affirmations, considère l’état comme
un parasite, une forme malsaine de se regrouper, un mensonge éternel. tout
simplement, Nietzsche ne veut plus de politique.
Malgré tout ça, la politique est le moteur du changement aujourd’hui. Elle
gouverne tout autre champs d’activité. L’économie, la sureté, la culture. . .
tout est sous contrôle. Mais comment la politique est si puissante dans le
monde arabo-musulman ? C’est indiscutablement le résultat de plusieurs fac-
teurs : l’obéissance innée, le phénomène des ”dieux miniatures”, Le passée
qui pèse lourd sur le peuple, la médiatisation, mais aussi le discours reli-
gieux.
Le discours religieux est la base du pouvoir politique depuis l’antiquité. Le
pharaon en Egypte se déclare comme un dieu. La guerre de Troie a divisé la
société des dieux en pro-athéniens et pro-Troyens. Constantin choisit le chris-
tianisme comme religion officielle de l’empire romain pour éviter la guerre
civile et la sécession. Le sens du mot calife (ou Khalife)6 est ”l’héritier de
5
Ne pensez pas à Darwin, je sais bien que les adeptes de la théorie créationniste ne le
croient pas. Pensez à l’homme comme la créature la plus complète (ça m’arrange pour le
moment ! !)
6
Le sens le plus proche de ça est que le calife est un responsable et représentant de
Dieu. Malgré cette définition déjà propagandiste et sacrée, les interêts politiques on pu
renverser et assassiner le calife de plusieurs façons !

3
Dieu sur la Terre” ce qui est déjà tout un discours religieux.
Le discours religieux était aussi un outil de propagande. Ce qui est évident,
c’est que la guerre est souvent justifiée par la religion : les croisades et
les guerres saintes des musulmans pour le devoir sacré d’élargir la terre de
l’islam. Et même maintenant, les discours politico-religieux sont un succès.
Pourquoi ? Parce que l’opinion générale est souvent régie par les émotions,
et la politique de l’état doit trouver une justification de niveau populaire
avant d’être exécutée.
L’homme alors est-il un animal ? Peut-être. Mais il faut le souligner : un
animal politisé. La religion est aussi et depuis toujours politisée. J’aime
beaucoup cette citation : ”All religions are founded on the fear of the many
and the cleverness of the few.” celui qui me l’a citée m’a dit qu’elle est á
Stendhal. Mais ma version, plus tolérante et plus justifiée est : ”All religions
still stronger by the fear of the many and the cleverness of the few.” 7 C’est
évident, car aujourd’hui, il y a de plus en plus d’institutions et d’organi-
sations qui font la pub d’une religion ou d’une autre, des gens qui le font
comme métier, et l’argent ? Rien de plus simple. Les riches sont toujours des
croyants, car ils ont peur de redevenir pauvres. ( !)
Un repas de religion mixée avec soin avec de la politique peut convaincre
n’importe quel croyant. ce qui gène vraiment, car on est supposés être plus
ouverts et plus tolérants, c’est l’enseignement de M. Gandhi, L’homme qui
représente en soi-même la paix. La guerre n’est pas une conséquence à la dic-
tature, mais au contraire, la dictature est une des conséquences possibles de
la guerre !
Alors là, l’homme est un animal, une minorité de costauds et une majo-
rité d’esclaves. Ce qui est sûr, c’est une autre forme d’être costaud, avoir
l’immunité religieuse. La peur des hommes est la plus grande prison.

Pas seulement la religion


Il faut aussi avouer une autre chose : La religion est le meilleur placebo.
Mais pas la seule : il y a une propagande nationale sur le patriotisme, lors-
qu’il y a un état. Dans plusieurs cas, le sens du patriotisme est détourné par
la politique : les opposants deviennent des hors-la-loi, des criminels. C’est
une méthode trés utilisée dansle monde arabe, là où un mythe de conspi-
ration américo-israèlienne fait l’affaire pour qualifier tout opposant de mal-
honnête. Il y a une haine historique (et sûrement pas génétique) des juifs :
Par exemple ici en Tunisie, on qualifie parfois tout homme cruel ou avare de
juif ! Pire : la presse et l’opinion sociale sont une unique chose en Tunisie,
comme si le peuple peut avoir la réalité ! S’il y a une conspiration, ce sera
7
Première version : toutes les religions sont fondées par la peur de la majorité et le
génie de la minorité. Deuxième : Toutes les religions restent plus fortes par la peur de la
majorité et le génie de la minorité.

4
une conspiration sur la liberté et la démocratie, depuis l’enfance, jusqu’à la
mort. Toute l’idéologie et les processus internes de la socièté préservent une
marche la plus lente possible vers la démocratie, qui paraı̂t aujourd’hui un
luxe occidental, qui ne peut jamais être adapté aux orientaux.

”Je vous donne ce signe : chaque peuple a son langage du bien et du mal :
son voisin ne le comprend pas. Il s’est inventé ce langage pour ses coutumes
et ses lois.
Mais l’État ment dans toutes ses langues du bien et du mal ; et, dans tout
ce qu’il dit, il ment - et tout ce qu’il a, il l’a volé.
(. . .)
”Il n’y a rien de plus grand que moi sur terre : je suis le doigt ordonnateur
de Dieu” - ainsi hurle le monstre. Et ce ne sont pas seulement ceux qui ont
de longues oreilles et la vue basse qui tombent à genoux !”

F. Nietzsche : Ainsi parlait zarathoustra

Le contrat social ?
La question du contrat social est superflue ici. On peut pas nier l’exis-
tence d’un contrat social quelque soit l’état concerné, mais il faut aussi
étudier le type de ce contrat. Ce que l’état fait pour son peuple dans la plu-
part des pays arabes ne dépasse pas le nécessaire : seules les pressions des
pays industrialisés et les conditions de crise que risque de poser la révolution
de la communication dans le monde les oblige à bouger. Et malgré tout ça
il manque encore beaucoup à réaliser pour le peuple. La réalité est que le
contrat social est minimal en faveur de l’état, et en particulier, ceux qui
détiennent le pouvoir.
Ce contrat implicite et automatique vise alors à considérer une minorité qui
contrôle le pouvoir comme des superhumains. Une immunité permanente
leur donne la liberté d’agir et de faire ce qu’ils veul etent, sans aucun risque
juridique. Je suis un citoyen, dans un de ces pays, et je sens que je suis tou-
jours présumé coupable, à moins de prouver le contraire. Un article comme
celui-ci sera considér é comme offense á la sécurité nationale, alors que le
monde développé jouit d’une marge plus grande de liberté d’expression.
Le droit constitutionnel de s’exprimer est garanti sur le papier seulement.
Il ne faut jamais croire qu’il est possible de publier tout ça dans un journal
national. Il est peut-être possible de le faire sur Internet, mais le système
de filtrage et d’identification tunisien est puissant. Le changement reste tou-
jours loin de la portée d’un peuple qui cherche encore à manger, et les soucis
de démocratie restent une réflexion bourgeoise.

5
Et aussi...
Il faut aussi que je mentionne un autre facteur très important : La situa-
tion économique. lorsque l’économie va bien, les gens vont bien. Un exemple :
le Koweit et Les Emirats Arabes Unies. Ces deux pays ont pu developper
une démocratie transparente, l’U.A.E. adopte déjà un système fédéral. Dans
ces deux pays, le revenu annuel par personne dépasse les 20.000 dollars US.
Si les facteurs économiques, idéologiques et culturels souffrent, la démocratie
souffre aussi. Il ne faut jamais imaginer que les terroristes et les extrêmistes
sont le ”bad side” de la terre. Il ne faut jamais les juger en tant que des
hommes malsains qui adorent terroriser le monde. Ce sont victimes de leur
prison : l’islam. La propagande islamique et islamiste est très puissante. La
folie du pouvoir nous a enseigné comment créer des théories de conspiration
lorsqu’on en a besoin. La politique n’a jamais été une affaire de sentiments.
Lorsqu’on commence à haı̈r ou à aimer, il faut cesser de parler de la poli-
tique.
Et la solution ? Il y a des pas élémentaires pour remédier à tout ça : par
exemple : la laı̈cité. Je vois qu’un pays non laı̈c est un pays raciste, sans
discussion, car il faut que chaque citoyen puisse être satisfait de son choix
religieux ou intellectuel. Quelle importance accordons-nous à une personne
qui est née dans une famille musulmane pour devenir musulmane (idem pour
le christianisme, le judaı̈sme et n’importe quelle religion), et pourquoi du-
rant le troisième millénaire, une personne sera poursuivie, torturée ou même
tuée pour pratiquer son droit de changer sa religion (ou de l’oublier tout
simplement) ce qui est déjà déclaré comme droit dans l’annonce internatio-
nale des droits de l’homme ?
Les religions, depuis toujours, prétendent en mentant qu’elles ont la vérité.
Par contre, la politique seule détermine même l’avenir de la religion. Etant
athée, je m’attend au nouvel terrorisme : le terrorisme des religions contre
l’esprit, et ce sera plus violent, car lorsque la religion pousse un homme,
même la mort ne l’arrête pas, quelque soit sa religion : le monde extérieur à
une religion est plein d’hérétiques qui blasphèment. La religion est l’inven-
tion la plus dangereuse.

Fin

PS : J’ai écrit ce texte sans avoir mis au point un plan et sans même avoir des idées cohérentes.
Ce qui m’est important c’est le raisonnement inclus sur certains points politico-religieux. Il faut
tout simplement se rappeler de la mort que les musulmans veulent pour ceux qui quittent l’Islam
pour choisir la religion qui leur est adéquate, ou de quitter le monde obscur de la croyance aux
divinités. C’est une religion faible, cette religion qui se défend par la force.

You might also like