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in 2011 with funding from
University of Ottawa
http://www.archive.org/details/charlesbaudelaiOOreyn
CHARLES BAUDELAIRE
DU MEME AUTEUR
—2 e
série. Valais, Berne, Soleure, Argovie, 3 e éd.,
1919.
—3 e
et dernière série. Suisse centrale, orientale et
rhénane, 1920.
Les bannières flammées. Poèmes, 1915.
Charles Baudelaire
PAR
GONZAGUE DE REYNOLD
PROFESSEUR DE LITTÉRATURE FRANÇAISE A L'UNIVERSITE DE BERNE
.»• d .
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*/Vyof"O
PARIS GENEVE
LES ÉDlTIOiNS G. CRÈS & C ie ÉDITIONS GEORG & G ie
BIBLIOTriECA
tiaviensis yJ
AVANT-PROPOS
G. K.
INTRODUCTION
transmettait de génération en
génération
élite se
l'intelligence et la lumière de son
œuvre ;
cette
s'étendre et
œuvre, on en voyait l'influence
non point là où l'on croit d'ordinaire
s'exercer,
la retrouver, c'est-à-dire
sur une bohème de ca-
barets et de mauvais lieux, mais sur les plus
hauts esprits, dans les œuvres les plus spintua-
listes, les plus classiques
de ce temps.
grand artiste, d'un grand
Car l'influence d'un
sentir là où l'on
poète, ne se fait pas toujours
croit la surprendre et la
dénoncer. L'influence
poète, est pareille
d'un grand artiste, d'un grand
souterrain de Francesco Chiesa on ne :
au fleuve
à la surface, que des
étangs ou des maré-
voit,
la mer son
cages mais on peut suivre jusqu'à
;
eaux.
PREMIÈRE PARTIE
L'HOMME ET LA PENSÉE
CHAPITRE PREMIER
RÉSUMÉ DE LA VIE
d argent.
Pourtant, il réagit, se met au travail. Il ne pu-
blie pas encore ses poèmes, ou du moins c'est très
rarement qu'il consent à en livrer quelques-uns au
public, mais il fait de la critique d'art son salon
:
1. bettes, p. 538-9.
l'homme et la pensée 23
aux
sère; aller ainsi jusqu'à la mort, se roidissant
veux des autres, leur dérobant son visage sous un
masque être le spectateur de sa déchéance et de
;
die de Baudelaire.
Tragédie intérieure. L'existence de Baudelaire
fut banale sans grandeur dans ses déchéances
;
BAUDELAIRE ET L'AMOUR
1. Crépet, p. 52.
amoureuse de Baudelaire, Mercure de France, jan-
2. La. vie
vier 1903, p.46. Cl. ég., du même auteur, la préface au recueil
Ch. Baudelaire, De l'Amour, Pari.-, 1919.
^~\
K
28 CHARLES BAUDELAIRE
, et l'oubli.
\ Mais, quand on traite ainsi l'amour, on voit
'se succéder inévitablement et tour à tour la satiété,
l'ennui, la lassitude, le spleen, enfin le désespoir^]
Alors, sipossède un reste de force morale,
l'on
de caractère si l'on porte en soi, malgré tout,
;
30 CHARLES BAUDELAIRE
d'analyse.
L'égo ïsme, —
_celui_ dji_dandy, de l'artiste, a —
commencé par dmger-Ja_yie amoureuse cle_ Bau-
I
delaire, r>:ms ses pires excès, surtout dans ceux-là,
on sent que le cerveau le mène. Si du moins il
n 'avait cherché que la satisfaction simple, immé-
diate et naturelle des sens, le mal n'aurait pas été
\ aussi considérable il y aurait gagné le mépris de
:
tement —
on avait perdu toute illusion sur la
société, sur l'homme lui-même d'autre part, un ;
1. Gh. II.
34 CHARLES BAUDELAIRE
1. Hèaulontimorouménos, LXXXIIT.
2. Les attachements les plus tendres et les plus salutaires lui
<•
du xix e siècle.
Cependant, il devait y avoir une rédemption
pour Baudelaire dans son culte même de Fart
et de la poésie. Car il était assez grand artiste,
assez grand poète pour s'élever constamment au-
dessus de soi-même, pour joindre ses souffrances
à la souffrance éternelle de l'humanité. Son-génie
l'asauvé de l'individualisme, sa souffrance l'a sauvé
de l'égoïsme, inconsciemment Les deux amou rs de
.
1. L. III, ch. 5.
40 CHARLES BAUDELAIRE
II
1. Crépet, p. 54 s.
l'homme et la pensée 41
3
cette note extraite de ses journaux intimes nous
révèlel qu'il considérait cette créature comme un ç
des grands devoirs de sa vie. Quand il lui écrit, ce
sont des lettres paternelles, comme à une enfant
gâtée 4 Ce dévouement est un des beaux traits de
.
saviez Et que d'argent elle lui a dévoré Dans ses lettres, j'en
! !
1. XXIV et XXV.
2. Le vampire, XXXI.
3. Ibid.
44 CHARLES BAUDELAIRE
1. La chevelure, XXIII.
2. Parfum exotique, XXII.
.'!. Le beau navire, LU.
l'homme et la pensée 45
contré Mm
Marie X., un modèle, chez un artiste de
"
pourrez pas mais soyez tranquille, vous êtes pour moi un objet
;
M m°
Sabatier était une de ces femmes auxquelles
une situation sociale un peu inférieure, un peu
suspecte, — elle était entretenue par un riche
banquier au nom très israélite, ne permet de —
réunir dans leur salon que des écrivains et des ar-
tistes. Mais le sien, fort coté, était certainement,
le plus intellectuel du second Empire; on y rencon-
trait Dumas père, Feydau, Théophile Gautier, Meis-
sonnier, Musset, Flaubert, Bouilhet, Maxime du
Camp et le sculpteur Clésinger à qui m * Saba- M
tier avait servi de modèle pour son marbre la :
1. Lettres, p. 45.
2. CXXIX.
3. Résersihilité, XL1V.
4. Lettres, 48.
5. Confession, XLV,
l'homme et la pensée 51
et son effort lui est doux, par l'espoir de lui plaire ce sont les
;
bas, que —
sans la toucher on contemple— :
Et le 8 mai 1854 :
en esprit '...
Et ce cri de détresse :
penser Mais, avec une personne telle que vous, dont les yeux
!
BAUDELAIRE ET LA SOCIÉTÉ
1. Œuvres posthumes, p.
2. Jbid., p. Iu4.
3. Ibid., 103.
4. Ibid., 107.
5. Ibid., U'6.
6. Ibid., 125.
7. Ibid., 126-127.
8. Ibid., 107.
9. Ibid., 117.
l'homme et la pensée 59
1. Ibid., 90.
2. A. Cassagne, La théorie de Tari pour l'art en France, Paris,
1906, II e p., ch. II le sentiment aristocratique, p. 147 s.
:
60 CHARLES BAUDELAIRE
le suffrage universel, —
honte de l'esprit hu-
« la
main », ainsi le qualifie Flaubert , L
l'instruction —
primaire obligatoire. Ils ne croient ni à l'égalité,
car ils sont des aristocrates, ni au progrès, car
ils sont des pessimistes. Un gouvernement fort,
ayant à sa tête des artistes, des savants, des pen-
seurs une société hiérarchisée, basée sur la va-
;
3
décrépitude ».
La société moderne est donc, aux yeux de Bau-
delaire, condamnée, et il prophétise la fin du monde :
ces consciences » i !
1. Ibid., 97-98.
l'homme et la pensée 63
II
11 y déformation professionnelle de
a d'abord la
l'artiste, sa hainela laideur, de la médiocrité
de
qui est pire que la laideur. Ne vivant que pour,
par et dans son art, l'artiste éprouve trop sou-
vent de l'indifférence à l'égard de la vie publi-
que, de la lutte économique, de leurs exigences
et de leurs lois. Il manque de sens historique et
social. Il ne juge les institutions et les hommes
que du point de vue esthétique et, comme le passé
;
III
En
1846, à propos du. Salon, Baudelaire écrit
sur les républicains et les socialistes cette page
terrible :
moi, vous avez dit dans votre cœur « Crosse, crosse un peu
:
2. Crépet, 78-79.
l'homme et la pensée 71
le tempérament de Baude-
Or, nous le savons,
laire était celui d'un individualiste bien trop aris-
tocrate pour se complaire longtemps dans ce milieu
démocratique et socialiste où il s'était fourvoyé. Il
était aussi bien trop conservateur pour jouer au révo-
Baudelaire, —
mais dont l'exclusivisme et la vio-
lence paradoxale iront en augmentant au cours des
années de déception et de misère. Le poète et
l'homme sont, chez Baudelaire, essentiellement ca-
tholiques le catholicisme de Baudelaire, pour ne
:
1. Crépet, 84-S6.
2. Lettres, p. 211.
76 CHARLES BAUDELAIRE
ment qu'il en ait écrit est une chanson populaire, celle du Scieur
de long (Œuvres posth., p. 153 s.)
.'
CHAPITRE IV
LE DANDYSME DE BAUDELAIRE
1. Ibld., 9.
l'homme et la pensée 81
Pas un pli de son habit qui ne fût raisonné. Aussi quelle mer-
veilleque ce costume noir, toujours le même, à toute heure, en
toute saison, ce froc d'une ampleur si gracieuse, dont une main
cultivée taquinait les revers ; cette cravate si joliment nouée, ce
gilet long, fermant premier de ses douze boutons et
très haut le
négligemment entr'ouvert sur une chemise si fine, aux manchet-
II
1. Crépet, 241-242.
2. Crépet, 252-253.
90 CHARLES BAUDELAIRE
1. Ibid., 93.
2. Ihid., 93. « Le Dandysme introduit le calme antique au sein
des agitations modernes. » Barbey d'A., op. cit., p. 27-8.
3. Ihid., 94.
4. « Le Dandysme est le produit d'une société qui s'ennuie, et
s'ennuyer ne rend pas bon. » Barbey d'A., op. cit., 51.
5. Taine. Histoire de la littérature anglaise, t. IV, p. 387.
6. « S'il île dandy, commettait un crime, il ne serait pas
déchu peut-être ; mais si ce crime naissait d'une source triviale,
le déshonneur serait irréparable. » Œuvres complètes, III, 93.
92 CHARLES BAUDELAIRE
socier avec la Beauté, mais je dis que la joie est un des orne-
ments les plus vulgaires, tandis que la Mélancolie en est pour
ainsi dire l'illustre compagne, à ce point que je ne conçois guère...
un type de Beauté où il n'y ait du Malheur. »
94 CHARLES BAUDELAIRE
LA DÉTRESSE.
Crèpet, 68-69.
1.
Lettres inédites, 14-15.
2.
3. « A chaque lettre de créancier, écrivez cinquante lignes
sur un sujet exlra-lerrestre et vous serez sauvés. » /. int.,
Œuvres posth., 84.
4. Ibid.
V
ter trois jours au lit, tantôt faute de linge, tantôt faute de bois.
Franchement, le laudanum et le vin sont de mauvaises res-
sources contre le chagrin. Ils font passer le temps, mais ne refont
pas la vie. Encore pour s'abrutir faut-il de l'argent. La dernière
fois que vous avez eu l'obligeance de me donner quinze francs,
je n'avais pas mangé depuis deux jours — quarante-huit heures.
— Je ne me tenais éveillé et debout que grâce à l'eau-de-vie
qu*on m'avait donnée, moi qui exècre les liqueurs et à qui elles
tordent l'estomac. Puissent de pareils aveux —
ou pour vous ou
pour moi —
n'être jamais connus des hommes vivants et de la
postérité! Car je crois encore que la postérité me concerne. On
rie voudrait pas croire qu'un être raisonnable, et issu d'une
mère bonne et sensible, soit tombé dans de pareils états... Ja-
1. /nid., 28-36.
2. Jii'd.,40.
104 CHARLES BAUDELAIRE
enchanté qu'il n'y ait aucune arme chez moi je pense aux cas
;
1. Ibid., 50-59.
l'homme et la pensée 105
II
ceci? A
quoi bon cela? C'est là le véritable esprit de spleen
Ajoutez à cela le désespoir permanent de ma pauvreté, des ti-
raillements et les interruptions de travail causées par les
vieilles dettes, le contraste offensant, répugnant, de mon
honorabilité spirituelle avec cette vie précaire et misérable, et
enfin, pour tout dire, de singuliers étouffements et des troubles
d'intestins et d'estomac qui durent depuis un mois. Tout ce que
je mange m'étouffe et me donne la colique. Si le moral peut
guérir le physique, un violent travail continu me guérira, mais
il faut vouloir avec une volonté affaiblie, — cercle vicieux
2
.
Et le 19 février 1858 :
il récrit à
me
M
Aupick pour qu'elle lui envoie deux
cents francs avec cent francs, il achètera du linge,
:
Et le 26 mars 1860 :
1. Ibid., 157.
2. 189-90.
3. 189.
l'homme et la pensée 107
pour toi écoute et lis sans peur. Je ne t'en ai jamais tant dit.
;
1. Ibid., 195.
2. Ibid., 6 mai 1861, p. 226.
.
sans dire que je croyais réparer le mal tout de suite. Une per-
sonne, à Londres, me refuse quatre cents francs qu'elle me doit.
Une autre, qui devait me remettre trois cents francs, est en
voyage. Toujours l'imprévu. J'ai eu aujourd'hui le terrible
courage d'écrire à la personne intéressée l'aveu de ma faute.
Quelle scène va avoir lieu ? Je n'en sais rien. Mais j'ai voulu
décharger ma conscience. J'espère que, par égard pour mon
nom et mon talent, on ne fera pas de scandale, et qu'on vou-
dra bien attendre.
III
1. Lettres, 402-407.
2. Ibid.,tô9.
112 CHARLES BAUDELAIRE
i. 478.
2. 496-500.
3. 508-509.
l'homme et la pensée 113
reur l
. » Enfin, le vendredi 30 mars 1866, écrivant
à Ancelle une brève lettre d'affaires, il termine
ainsi : « Excusez mon style écourté, j'emprunte la
plume d'un autre \ » Que s'était-il passé ?
Nous le savons déjà Au commencement de :
LA RELIGION DE BAUDELAIRE
i. Crépet, p. 77-78.
2. Lettres inédites. Lettre du 6 mai lSôl.p. 224 loule la lettre ;
écrit à Toussenel :
du péché originel.
Votre livre réveille en moi bien des idées dormantes. — et,
à propos du péché originel, et de forme moulée sur l'idée, j'ai
pensé bien souvent que les bétes malfaisantes et dégoûtantes
n'étaient peut-être que la vivification, corporification, éclosion
à la vie matérielle, des mauvaises pensées de l'homme. Ainsi —
la nature entière participe du péché originel \.
Elle n'est pas dans le gaz, ni dans la vapeur, ni dans les tables
tournantes. Elle est dans la diminution des traces du péché
3
originel .
Jésuites, il sympathie
se plaît à bien affirmer sa
pour eux. Le 14 juillet 1864, par exemple, il écrit à
M. Ancelle « Tout m'a nui, surtout ma sympathie
:
274, 281. Ajoutons d'ailleurs qu'il n'est guère plus tendre pour
le catholicisme des Belges.
l'homme et la pensée 119
II
1. Ibid., 127.
2. H.Dérieux. Baudelaire, B;ïle, 1917, p. 14.
l'homme et la pensée 121
résolu.
Et ailleurs :
5
duisantes du diable ? » Le salut n'est donc pas
dans l'amour au contraire. Il faut par conséquent
:
chercher ailleurs.
Comme Pascal, Baudelaire est en présence d'un
dilemme, l'éternel dilemme de l'homme, ce mys-
tère, cette contradiction vivante, sollicité à la
fois par sa nature qui l'entraîne au mal, par son âme
qui aspire à la perfection. « Il y a dans tout homme,
à toute heure, deux postulations simultanées, l'une
vers Dieu, l'autre vers Satan 6 » Alors, il faut se
.
sainte et divine » l
. Comme Pascal, Baudelaire fait
son « calcul en faveur de Dieu » : « Rien n'existe
sans but. Donc mon existence a un but. Quel but?
Je l'ignore. Ce n'est donc pas moi qui l'ai marqué.
C'est donc quelqu'un plus savant que moi. Il faut
donc prier ce quelqu'un de m'éclairer. C'est le parti
le plus sage â
. même de
» C'est l'argumentation
Pascal, et voilà problème religieux posé,
le non —
point par le raisonnement, mais par le sentiment
intime qu'éveille la souffrance, — et résolu.
A
peine le poète a-t-il la foi que, déjà, il se met en prière.
N'est-ce pas que, tout comme Pascal, il songe à cette « dyna-
mique » de Dieu, qui est peut-être l'une des bases de la reli-
gion catholique. D'après l'enseignement de l'Eglise, nul ne
s'élève jusqu'à Dieu sans un effort constant et d'abord gratuit,
et nul ne conserve sa liaison avec lui, s'il ne persévère dans cet
'\
effort
1. Ibid.,15.
2. Ibid., 101.
3. Dérieux. Op. cit., 15.
4. OEuvres posth., 127-128, 87.
126 CHARLES BAUDELAIRE
1. Ihid., 113,80-81.
2. Ihid.. 115.
3. Ihid., 130-132.
4. Saint Paul, première Epitre aux Corinthien-, v. 13.
l'homme et la pensée 127
tion est prodigue Et qu'on juge de l'immensité de l'effort final
!
— une pour la vie courante, une pour mes créanciers, une pour
mes amis, et une pour ma mère —
obéir au principe de la plus
;
1. Ibid., 133-134.
128 CHARLES BAUDELAIRE
L'ART ET L'ŒUVRE
CHAPITRE PREMIER
DE L'HOMME A L'OEUVRE
siques ;
quant au haschisch, s'il en fit l'expérience,
ce fut passagèrement, par curiosité d'intellectuel ;
comme en mal.
Placez-le maintenant au centre de son œuvre. La
lumière, parfois trouble et blafarde, qui s'en dégage
le transfigure, le grandit. Les accidents les plus
banals, les plus vulgaires de sa vie, deviennent,
quand il s'en inspire, des thèmes où nous retrou-
vons l'éternelle souffrance, —
désirs, tentations,
remords —de l'éternelle nature humaine. Le poète
peut n'habiter qu'une mansarde les fenêtres de
:
II
1. Crépet, p. 32.
2.1bid., 41.
13. lbid., 41-42.
4. Ibid , 98-99 avec la liste des 18 poèmes).
5. Lettres, p. 94 s. (à partir du 9 déc. 1856 .v
138 CHARLES BAUDELAIRE
coudoie l'ignoble ;
—
le repoussant s'y allie à l'in-
textes, soit dans les Œuvres posthumes, 21 s., soit dans l'éd.
van Bever, p. 247 s.
4. Crépet, 231-234; voir ég., 227-30, les « petits moyens de dé-
fense » que le prudent Sainte-Beuve suggère à B. sans se com-
promettre, ibid., p. 229 s.
l'art et l'œuvre 139
III
LA VISION DE PARIS
10
146 CHARLES BAUDELAIRE
2
Les persiennes, abris des secrètes luxures .
1. Le Soleil, LXXXV1I.
2. Ibid.
3. Paysage, LXXXVI.
4. XCIX.
5. Brumes et iduies,CA. ,
l'art et l'œuvre 149
5 6
Le vieux saltimbanque et surtout Les Veuves :
1. Le cygne, LXXXIX.
2. Les foules, Spleen de Paris, p. 45-46.
3. 78, s.
4. 113, s.
5. 55, s.
6. 48 s.
l'art et l'œuvre 151
Ainsi,
Peu
à peu, la réalité se perd toujours plus dans
le cauchemar. Voici que le poète rencontre des
aveugles ' ils vont, la tête levée au ciel,
:
Il vient comme un
complice, à pas de loup le ciel ;
commencement de la damnation.
II
1. Le Jeu, XCVI.
l'art et l'œuvre 157
lui
Le vin lui est plus doux que l'amour. Il
ouvre le ciel :
la tristesse. Il se lève en
Mais peu à peu revient
chancelant vaeterrer, comme le matin, dans la
lui-même, de lui-même il ne se
avec satisfaction
lassait jamais. est las de soi, il se
Mais Baudelaire
fait voudrait
horreur. oublier,
Il aimer, vouloir il :
savons, de
On y découvre enfin, surtout, nous le
descendre chaque jour d'un pas,
l'éo-oïsme à force de :
vices :
1. Ibid.
104 CHARLES BAUDELAIRE
Il gémit :
1. Spleen, LXXVI.
2. Spleen. LXXVII.
3. La cloche fêlée, LXX1V.
4. L'Ennemi. X.
l'art et l'œuvre 165
1. De Profundis, XXX.
2. Un fantôme, XXXVIII, 1.
3. Spleen, LXXVIIL
4. Le Voyage, CXXVI.
166 CHARLES BAUDELAIRE
II
nelle chaleur
1
. comme l'opium:
Mon amour est fort
il comme lui. Pour te
t'apportera l'oubli et le rêve
distraire, je danserai devant toi comme un serpent
au bout d'un bâton, balançant ma tête avec la
mollesse d'un jeune éléphant. Mes baisers seront
à tes lèvres comme un ciel liquide qui parsèmera
d'étoiles ton cœur \ Auprès de toi je viendrai
m'étendre avec la grâce d'un beau chat dont les
yeux sont mêlés de métal et d'agate, et ta main
s'enivrera du plaisir de palper mon corps électri-
que \ Viens je t'enseignerai les beaux péchés
:
1. La chevelure, XXIII.
2. Le serpent qui danse, XXVIII.
3. Le chat, XXXIV.
168 CHARLES BAUDELAIRE
coupable.
1. Le Vampire, XXXI.
2. La vie antérieure, XII.
170 CHARLES BAUDELAIRE
1. Ibid.
2. Idéal, XVIII.
3. La Géante, XIX.
4. A une Malabaraise, Supplément des Fleurs du Mal, II.
O métamorphose mystique
De tous mes sens fondus en un !
1. Ciel brouillé, L.
2. Le beau navire, LU.
3. Lesbos (pièces condamnées, CXXX).
l'art et l'œuvre 173
s'écrie :
III
1. LIV.
L'irréparable,
2. La Musique, LXIX.
3. Sépulture, LXX.
4. Le mort joyeux, LXXII.
176 CHARLES BAUDELAIRE
12
178 CHARLES BAUDELAIRE
LA DIVINE COMÉDIE :
LE PURGATOIRE ET LE PARADIS
2
écœurement qui suivent la débauche Le poète .
1. CX VI.
2. cette noie des journaux intimes
H appelons « Après une dé-
:
« Les sages n'en ont pas d'aussi beaux que les fous ! »
s
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher .
1. Elévation, III.
2. Les phares, VI.
180 CHARLES BAUDELAIRE
i. Bénédiction, I.
l'art et l'œuvre 187
II
un idéal d'amour.
L'idéal d'art n'est pas autre chose que le classi-
cisme victorieux du bas romantisme, comme l'idéal
d'amour est la victoire de l'esprit sur la chair,
de la charité sur l'égoïsme. Dans l'un et dans
l'autre, nous retrouvons cet effort du poète vers
l'ordre et la haute moralité, —
effort avorté dans
-sa vie, mais réalisé dans son œuvre.
teaubriand et le romantisme, —
et à cet art sub-
jectif et personnel il oppose l'art impersonnel,
objectif, qui sera celui du Parnasse dont il est ici le
précurseur ensuite contre sa propre misère et
;
1. VII.
2. L Invitation au voyage, LUI.
190 CHARLES BAUDELAIRE
1. V.
2. Cf. Les phares, VI, sir. 4.
l'art et l'œuvre 191
1. Réversibilité, XLIV.
2. XLII.
13
194 CHARLES BAUDELAIRE
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !...
1. Recueillement, Suppl.XII.
2. Une charogne. XXIX (Même thème dans le Portrait
XXXVIII, 4).
196 CHARLES BAUDELAIRE
i. Nuil de mai.
CHAPITRE V
LA CATHÉDRALE
La un art, une
poésie, l'art de Baudelaire sont
poésie de décadence, nous entendons par déca-
si
e
religieux du xv siècle et le romantisme, surtout
le romantisme de Baudelaire, il y a des affinités et
des ressemblances qui tiennent à des causes géné-
rales et profondes.
Quelles ressemblances, quelles affinités ? Le ca-
au xvii e siècle.
Mais voici une double dissociation dans l'indi-
:
II
1. Ibid., 77.
2. Ibid.. 81.
3. Le Reniement de saint Pierre, GXVIII.
l'art et l'œuvre 207
où l'on voit
Des vêtements souillés, des blessures ouvertes,
6
Et l'appareil sanglant de la Destruction ?
6. La Destruction, GIX.
.
i. LXXI.
l'art et l'œuvre 209
1. Mâle, p. 375-376.
2. Spleen, LXXYIII, 3 e strophe.
Il
210 CHARLES BAUDELAIRE
1. Mâle, 193.
2. L'Horloge, LXXXV L'avertisseur, n°
: X du Supplément.
3. Spleen, LXXVI, vers 8-10.
4. Une charogne, XXIX.
5. XCVII.
l'art et l'œuvre 211
III
correspondances, de parenté.
1. Le Voyage, CXXVI.
2. Bénédiction, I.
3. CXXV1.
216 CHARLES l'.AUDELAIRE
et errabunda, LXI1.
3. Cf. éd. van Bever, p. .'i7Û.
1. T. [, p. 304.
2. Ihi'iem, 305.
3. Suppl., XVIII.
l'art et l'œuvre 219
Va.pora.ntur infelices
intus et extrinsecus,
Crepitantœs stridunt flammée
Velut ardens clibanus,
Ore, naribus et ipsis
profluunt luminibus...
Redivivaseptem plagse
rénovant supplicia,
Fumus, foetor, algor, ardor,
famés, sitis ignea,
Vernies nunquam satiantnr,
qui corrodunt viscera, 1 .
1. Ibid., 166-167.
2. 413.
220 CHARLES BAUDELAIRE
IV
BAUDELAIRE ET LE ROMANTISME
3
Cette pièce, dédiée à Sainte-Beuve est le do- ,
4
et de révolte, ces « cris d'aigle blessé » en un :
Gh.VI.p. 142s.
3. Musset, Confession d'an enfant du siècle, ch. II.
4. Sainte-Beuve. Chateaubriand et son groupe littéraire, 1861,
t. I, p. 254.
l'art et l'œuvre 227
II
4
la misère , il voudrait être heureux il a besoin de ;
8
blir les nerfs, le vin qui lui égare le cerveau .
1. Adolphe : chap. I.
2. Chap. II.
236 CHARLES BAUDELAIRE
l'obsède :
1. Chap. I.
2. Chap. III.
3. Lettre à l'éditeur.
l'art et l'œuvre 237
1. Cliap. III.
2. Réponse à l'éditeur.
238 CHARLES BAUDELAIRE
III
i. Lettre à l'éditeur.
l'art et l'œuvre 239
l
laireavec Sainte-Beuve sont personnelles Vis-à-vis -.
Le 15 janvier 1866 :
1. /jbi'd.. 4:>3-494 s.
16
242 CHARLES BAUDELAIRE
ou le début de Dévouement 3
:
i
ou cette description d'un noyé qu'on repêche :
5. 68 s.
I
244 CHARLES BAUDELAIRE
— —
Livre voluptueux, si jamais il en fut.
1. Volupté, p. 306-307.
2. P. 248.
250 CHARLES BAUDELAIRE
1. P. 44-45.
2. P. 4-5.
3. P. 61.
4. P. 126.
l'art et l'œuvre 251
IV
3
parfait magicien es lettres françaises ». Plus tard,
en mai 1853, dans V Artiste, il consacre à son maître
et ami une étude, importante pour la définition de
son esthétique, où la louange n'est certes pas mé-
page 22-23.
l'art et l'œuvre 255
i. Lettres, p. 382.
CHAPITRE VII
L'INFLUENCE ANGLO-SAXONNE ;
BAUDELAIRE ET POE
i. Crépet, page 7.
l'art et l'œuvre 261
? il lui
doit, dans ses mœurs, une bonne part de son anglo-
manie et de son dandysme. Par son attitude pro-
vocante et méprisante à l'égard de la foule, le plai-
sir de passer et de se faire passer pour un criminel,
1. CX1X, GXX.
2. La Traduction de Laroche, en 4 vol., date de 1836-1837.
208 CHARLES BAUDELAIRE
ment et de nouveauté :
1. Chant I, Str. 4.
2. Str. 9.
3. Ch. I, sir. 6.
270 CHARLES BAUDELAIRE
ne croit
;
d'autrui, non par pitié ni par devoir, mais par quelque étrange
perversité de pensée qui le poussait avec un secret orgueil à
exécuter ce que peu d'hommes eussent voulu tenter, et cette
même impulsion, dans un moment de tentation, égarait aussi
l'art et l'œuvre 271
l'abhorrait, car elle avait fixé son trône loin du monde, dans
les régions de son choix. De là, regardant froidement passer à
ses pieds le reste des humains, son sang coulait plus calme
dans ses veines l .
1. 11,1.
2. II, 1.
3. m, i.
4. 111,4.
5. III. 4.
l'art et l'œuvre 273
II
Morgue, —
puis la Revue française et la Revue des
Deux Mondes Baudelaire eut connaissance de ces
l
.
1. Crépet, 92.
2. Ibid., 95.
3. Crépet, 93. Cf. le projet de dédicace à Maria Clemm, Œuvres
posthumes, p. 242 s.
L ART ET L ŒUVRE Z/D
1. Lettres, 362.
278 CHARLES BAUDELAIRE
l
il évoquait Poe tous les matins dans sa prière «
L'ART ET L'EXPRESSION
DANS LA POÉSIE DE BAUDELAIRE
LE CARACTÈRE CLASSIQUE
A
l'époque de la grande lutte des deux écoles, la classique
et la romantique, les esprits simples s'ébahissaient d'entendre
Eugène Delacroix vanter sans cesse Racine, La Fontaine et
Boileau. Je connais un poète, d'une nature toujours orageuse et
vibrante, qu'un vers de Malherbe, symétrique et carré de mé-
lodie, jette dans de longues extases 2 .
2. Op. cit., p. 5.
286 CHARLES BAUDELAIRE
1
ser les Métamorphoses du vampire sur le plan
même du Songe a" Athaiie. Cet artiste à la vision
II
19
290 CHARLES BAUDELAIRE
III
1. LXXVII.
2. P. 26.
l'art et l'œuvre 29o
1. Suppl., XXIII.
2. VI, sir. 6.
l'art et l'œuvre 297
4. Spleen, LXXVI.
298 CHARLES BAUDELAIRE
IV
L'n mot tare, le seul, est calenture, sorte de fièvre chaude qui
se déclare parfois abord d'un vaisseau lorsqu'on traverse la zone
lorride :
2
nées . Nous avons choisi ces poèmes, parce
que
dans le premier Baudelaire atteint au plus haut
lyrisme et dans le second évoque une scène parti-
culièrement scabreuse le paradis, ou plutôt l'en-
:
fer, de Lesbos.
Quelle forme donne-t-il à son inspiration ? la
plus simple la stance de quatre alexandrins à
:
Le sujet admis, —
on ne saurait nier qu'il ne
rentrât dans le plan des Fleurs du Mal, il faut —
reconnaître que le poète, évitant le double écueil
du réalisme et de la polissonnerie, lui a donné le
style le plus convenable le style tragique.
:
Ou dans Phèdre :
Ou encore :
1. ... Trébuchant sur les mois comme sur les pavés. Le soleil,
LXXXVII.
l'art et l'œuvre 305
ses sujets.
20
306 CHARLES BAUDELAIRE
de la poésie grecque :
3
autre chose que de petites pièces lyriques .
2. IV et XVII.
3. Le chat, XXXIV (vers de 10 ef de 8 syll.) la Musique,LXlX, :
iuppl. X.
,
LE CARACTÈRE PLASTIQUE
a
Vers un gouffre obscurci de miasmes humains .
Ainsi,
2
L'esprit de Baudelaire « nage sur les parfums ».
II
1. LXXI.
2. XLI1.
3. Ciel brouillé, L.
4. Allégorie, CXIV.
318 CHARLES BAUDELAIRE
Ou encore :
2
Si le Jet d'eau est un Watteau, les Bohémiens
en voyage et surtout Don Juan aux enfers 3
sont
de grandes compositions dans le style d'Eugène
4
Delacroix :
1. Sisina, LIX. ,
2. Suppl. XXIII.
3. XIII et XV.
de Delacroix: La Barque de don Juan-
4. Ci. le célèbre tableau
M. Mauclair (C/i. Baudelaire, p. 79) fait observer finement que ce
poème esl plutôt conçu comme un Rembrandt « point de taches :
composition plastique, —
en un dessin rehaussé de
couleur.
Le poème est en deux parties, deux « mouve-
ments » d'abord, la vision, le « dessin du maître
:
psychologique.
1. CX.
320 CHARLES BAUDELAIRE
pre, cette teinte rose et verte, sont les deux touches, les deux
rehauts de cette largS esquisse bistrée, diffuse comme une toile
de Carrière, embrumée par les fumées naissantes des maisons
et la« mer des brouillards qui baignent les édifices ». Mais, dans
ce décor, sous ces quelques indications d'ordre plastique, s'en
situent d'autres: on voit et on sent tout ensemble « le sommeil
stupide des femmes de plaisir, paupière livide, bouche ouverte »,
la douleur accrue des accouchées « parmi le froid et la lésine »,
les râles des agonisants dans les hospices, à l'aube, les pauvres-
ses maigres rallumant en claquant des dents un feu misérable
— et on voit passer, se croisant, « les débauchés rentrant, brisés
par leurs travaux », et les ouvriers qui, se frottant les yeux,
empoignent leurs outils. Tout y est, avec une simplicité et une
plénitude du trait qui sont admirables. Emotion et aspect, tout
est prêt pour un peintre, avec un minimum de mots.
21
A
1. VI.
2. Curiosités esthétiques, t. II des Œuvres complètes, p. 82.
*KJ!
'
7?
trjL0**i
l'art et l'œuvre 323
anges : surnaturalisme ;
—
bois toujours vert un :
tableaux ;
—
les fanfares et Weber idées de mu- :
1. Jhid., 241-242.
2. La statue de Baudelaire, Revue des Deux Mondes, 1
1892.
l'art et l'œuvre 325
III
2
Mais lisez le Beau Navire :
1. Le voyage, CXXVI.
2. LU.
l'art et l'œuvre 327
On V
« ex-voto dans le goût espa-
doit le croire :
l
gnol » est, en
d'un gongorisme tout à fait
effet,
exaspérant, —
exaspérant par son habileté même.
C'est un autre chef-d'œuvre, en effet, d'habileté,
mais surtout d'insincérité tour de force, jonglerie,
;
4. CXVI.
5. II.
328 CHARLES BAUDELAIRE
2. LXXVII.
l'art et l'œuvre 329
1. xxiv.
2. E. Schérer : Baudelaire, KtudVs sur la lill. contemporaine,
t. IV, 1886, p. 289 et Brunetière, art. cilé.
;
IV
»
2
rel, donc il est infâme » et celle-ci encore « La
; :
tres 4
. » D'autre part, sa doctrine esthétique, déduite
logiquement de la première, à moins que cela —
ne soit l'inverse, —
l'éloigné du réalisme comme
du culte panthéiste de la nature. Le surnaturalisme
est pour lui, avec l'ironie, la qualité littéraire fon-
5
damentale La beauté d'une œuvre réside à ses yeux
.
l'opium ou l'alcool...
« Le beau est toujours bizarre. » Baudelaire aus-
sitôt s'explique et se rectifie « Je ne veux pas dire :
22
338 CHARLES BAUDELAIRE
blait aussi vaste et aussi pure que la coupole du ciel dont j'étais
enveloppé le souvenir des choses terrestres n'arrivait à mon
;
6
chats-pards et des onces » nous mettons le pied;
1. Lettres, p. 85.
2. Au lecteur.
3. L'irrémédiable, LXXXIV.
4. Spleen, LXXVI.
5. Coucher du soleil romantique, Suppl. XIV.
6. Duellum, XXXV.
7. Sépulture, LXX.
8. Spleen, LXXVIII.
9. Le mort joyeux, LXXI1 ; Un voyage à Cythère, CXVI.
l'art et l'œuvre 341
souvent vampire 6 .
Ou encore :
1. Bénédiction, I.
2. XXV.
3. XXIV.
4. Les Bijoux, et le Léthë pièces condamnées, CXXVII et
CXXVIll).
5. Œuvres posthumes, p. 60-61 : sonnet.
6. Le vampire, XXXI ;
les Métamorphoses du vampire pièces
condamnées, GXXXII).
7. Un fantôme, XXXVIII 3 8 sonnet, Le cadre. :
Ou enfin :
L'ART ET L'EXPRESSION
DANS LA POÉSIE DE BAUDELAIRE
6
Voici le soir charmant, ami du criminel .
1. XLII.
'J. Lesbos (pièces condamnées, GXXX).
3. Bénédiction, I .
mort :
X
J'écoute en frémissant chaque bûche qui tombe ;
La gerbe épanouie
En
mille fleurs,
Où Phœbé réjouie
Met ses couleurs,
Tombe comme une pluie
De larges pleurs *•...
II
•
Le Jet d'eau nous permet d'indiquer un autre
moyen auquel les poèmes de Baudelaire doivent
souvent leur harmonie les répétitions et les re-
:
frains.
Les répétitions et les refrains sont à l'ensemble
d'un poème ce que les assonances et les allité-
rations sont à l'intérieur du vers. Faut-il, avec
M. Cassagne ', voir dans ce procédé une influence
des poètes dont Baudelaire était le contemporain
et l'ami ? On sait que Banville, par exemple, est
revenu aux formes fixes dans lesquelles la répéti-
tion est de règle le rondeau, le triolet, la ballade.
:
1. Op. IX, 99 s.
cit., ch.
cependant, nous le savons, un admirateur de P. Du-
2. Il a été,
pont et, pour un drame intitulé l'Ivrogne, dont il n'a d'ailleurs
;
III
23
354 CHARLES BAUDELAIRE
1. La Beauté, XVII.
2. Le Balcon, XXXVI.
3. Sed non satiata. XXVI.
4. Le flambeau vivant, XLII1.
5. XXVII.
6. Parfum exotique, XXII.
7. Elévation, 111.
8. L'homme et la mer, XIV.
9. Don Juan aux Enfers, XV.
•
10. Le possédé, XXXVII.
CHARLES BAUDELAIRE
1. CXXVI.
l'art et i/œuvre 359
Dites, qu'avez-vous vu ?
« Nous avons vu des astres
2
Le Poison :
1. XXVIII. £7 o/fe
et non étoile, comme l'impriment faussement
l'éd. posthume de 1868 et les autres, même
soi-disant « défini-
tives », à la suite. (Sur les défigurations du texte authentique,
cf. Revue d'hist. litt. de la France, juillet-septembre 1917,
p. 518 s.).
2. XLIX.
362 CHARLES BAUDELAIRE
L'amour et le crâne :
La musique :
IV
LA PROSE DE BAUDELAIRE
POÈMES EN PROSE, ESSAIS
1. Ibid.
>. Cl', à la lin van Bever les textes en vers correspon-
de l'é.d.
Chevelure, XXIII. —
Un hémisphère dans une chevelure, 69 s. ;
délirer les chats qui se pâment sur les pianos, et qui gémis-
;
II
« et fleur ou un sachet ».
Moralement surtout « Avec ce diable d'homme,
:
1.67, 70.
2. 60.
3. 73.
4. 51.
5. 73.
l'art et l'œuvre 371
1. 75
g. 21-22.
372 CHARLES BAUDELAIRE
III
1. 91.
2. 70 s.
l'art et l'œuvre 375
IV
Tantôt ce sont des haltes et, pour ainsi dire, des campements
de voitures nombreuses, d'où, hissés sur les coussins, sur les
sièges, sur les impériales, des jeunes gens sveltes et des femmes
accoutrées des costumes excentriques autorisés par la saison
assistent à quelque solennité du turf qui tile dans le lointain ;
LA PROSE DE BAUDELAIRE
LA CRITIQUE ET L'ESTHÉTIQUE
II
l
hâuser à Paris .
1. P. 215.
2. 211.
3.215.
4. 221.
l'art et l'œuvre 383
i. 230.
2. 238-239.
3. 220.
oSÏ CHARLES BAUDELAIRE
III
1. VI.
2. Curiosités esth., 89.
3. Ibid., 91-92
4. 92.
5. 94.
6. 150.
7. 191.
S. 191.
9. 192.
1\ 193.
25
38G CHARLES BAUDELAIRE
sais quoi que personne n'a nommé ni défini ', que l'homme n'ex-
prime que par des adverbes mystérieux, tels que peut-être, :
croix est plus fort que jamais, et dans une voie de progrès sans
cesse renaissante, c'est-à-dire qu'il est plus que jamais harmo-
niste.
1. P. 7.
392 CHARLES BAUDELAIRE
l
l'homme universel » Car il était « passionnément
.
1.6.
2. 8.
3. Curiosités eslh.. t. II de? OEuvre* complètes, p. 105 fSalon
de 1846 .
4. Art. rom., 17.
l'art et l'œuvre 393
IV
1. Ibid., 249.
2. Ibid., 167-168.
l'art et l'œuvre 397
1. Ibid., 163.
2. 14.
3. 164.
l'art et l'œuvre 399
décrire 3 .
recueil.
400 CHARLES BAUDELAIRE
1. Ibid.
2. 333-34.
3. 129 (L'art philosophique).
l'art et l'œuvre 401
des beaux portraits qui nous restent des temps antérieurs sont
revêtus des costumes de leur époque. Ils sont parfaitement
harmonieux, parce que le costume, la coilTure et même le geste,
le regard et le sourire (chaque époque a son port, son regard
et son sourire) forment un tout d'une complète vitalité. Cet
élément transitoire, fugitif, dont les métamorphoses sont si fré-
quentes, vous n'avez pas le droit de le mépriser ou de vous en
passer. En le supprimant, vous tombez forcément dans le vide
d'une beauté abstraite et indéfinissable, comme celle de l'unique
femme avant le premier péché 3
.
1. 54-55.
2. 69.
3. Curiosités esthétiques, 85 s.
16
402 CHARLES BAUDELAIRE
Une figure bien dessinée vous pénètre d'un plaisir tout à fait
étranger au sujet. Voluptueuse ou terrible, cette figure ne doit
son charme qu'à l'arabesque qu'elle découpe dans l'espace. Les
membres d'un martyr qu'on écorche, le corps d'une nymphe
pâmée, s'ils sont savamment dessinés, comportent un genre de
plaisir dans les éléments duquel le sujet n'entre pour rien >>i ;
1. 19. v
2. 18t.
3. 251, 52.
4. Préface des Histoires extraordinaires de Poe, OEuvres, V, 11,
404 CHARLES BAUDELAIRE
âme du
pure. Mais n'est-ce point aux intellectuels
xix e siècle quemanquent trop souvent ces deux
conditions de vie normale la santé du corps, et la
:
Avant-Propos
Introduction. — La légende de Baudelaire, ses
causes, sa formation
PREMIÈRE PARTIE
L'HOMME ET LA PENSÉE
Chapitre PrUiier. —Résumé de la vie. La
famille. Les trois périodes enfance et ado-
:
noire, Marie, M
me Sabatier 26
Chapitre III. — Baudelaire et la société.
I. Baudelaire et la société moderne indi- :
politique et le peuple 56
412 TABLE DES MATIÈRES
premières manifestations
tion à l'anglaise ;
Philippe ;
le dandysme comme protestation'
contre la médiocrité bourgeoise le culte de ;
des confidences. —
III. B. commence à s'af-
faiblir, la fuite en Belgique, déceptions et
colère ;la maladie, la catastrophe, la mort. 97
SECONDE PARTIE
L'ART ET L'ŒUVRE
Chapitre II. —
La vision de Paris, comme an-
tichambre de l'Enfer baudelairien. I. B.
est un poète essentiellement parisien. Le
réveil à l'aube, la rue et la banlieue nos- ;
réalisme à la vision. —
IL Le commencement
de la damnation la débauche et la mort
:
;
cifer 161
Chapitre VI. —
Baudelaire et le romantisme:
ies ascendances et les influences romantiques
de B., l'évolution du type romantique, I. B.
est un « enfant du siècle » ses lectures de :
Chapitre VIL —
L'influence anglo-saxonne :
Chapitre VIII. —
L'art et l'expression dans
la poésie de Baudelaire le caractère clas- :
la mer la montagne.
; V. Les animaux — :
'Ciiapitriî X. — L'art
et l'expression le carac- :
. Jet d'eau. —
IL Répétitions eTnrfrains. —
III. Le « foyer » de l'art baudelairien: coor-
dination de l'asymétrie et de la symétrie, du
régulier et de l'irrégulier l e symbole du ;
sculpture ;
valeur des jugements de B .
;
sa^concepJiorLjJpi l'hnrrinip ;
qualités domi- x>
nantes chez le véritable artiste volonté, in- :
y,
ERRATA
Baudelaire.
— 98, 10 e ligne, au lieu de Non. Hélas! Il
fut, lire : Non, Hélas ! il ne fut.
— 107, 18 e ligne, au lieu de qu'il débarrasse.
lire : se débarrasse.
Baudelaire.
— 173, 20 e ligne, au lieu de m_yrth.es, lire :
myrtes.
— e
291, 2o ligne, au lieu de aux nuits, lire :
au nuits.
— e
298, 21 ligne, au lieu de aux nuits, lire :
au nuits.
attitudes.
— e
412, 2o ligne, au lieu de chrétienne, lire :
chrétiennes
MAYENNE, IMPRIMERIE CHARLES COLIN
La BZbLLoth&que. The. LihKoJiy
Université d'Ottawa Uni vers ity of Ottawa
Echéance Date Due
FEE
K^MAR'85
APR07B»
MAR 2 7 1988
7 19$
MAR
oh m'i 1996
39003 0025628 16b