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Illustration de couverture : gravure de Bonaventure-Louis Prévost – Frontispice de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert représentant la Raison et la Philosophie arrachant
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ISBN : 978-2-311-40197-4
France Farago
ISBN 978-2-311-40197-4
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L’ÊTRE ET LE LOGOS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
LA VÉRITÉ ET L’ERREUR. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
SCIENCE ET VÉRITÉ. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
LA DISSERTATION. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
DISSERTATIONS 1 À 9. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179
SUJETS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 215
CITATIONS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219
BIBLIOGRAPHIE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 221
La vérité
Introduction au thème
« Nous souhaitons la vérité, disait Pascal, et ne trouvons en nous qu’in-
certitude… Nous sommes incapables de ne pas souhaiter la vérité et le bon-
heur, et sommes incapables ni de certitude, ni de bonheur… » (fr. 437 1).
D’emblée, Pascal lie le bonheur à la recherche de la vérité comme l’avaient
fait avant lui Platon, Aristote et toux ceux qui les ont suivis. Bien loin de
devoir les imaginer « avec de grandes robes de pédants », il faut, dit-il,
comprendre que leur démarche avait pour but de venir en aide à la folie
des hommes. Ils ont eu le génie de comprendre que la recherche de l’un (la
vérité) conditionnait l’avènement de l’autre (le bonheur). Mais comment
trouver ce qu’on ne connaît pas ? Où le trouver et comment le recon-
naître ? C’est en voyant les hommes errer, en proie aux fureurs de ce que
la tragédie appelait le Destin que la philosophie est partie à la recherche
de ce qui pourrait rendre l’homme heureux « en tant qu’il a une âme » pré-
cisait Platon. Si les hommes sont la proie du Destin, n’est-ce pas parce
qu’ils sont aveugles à la Vérité ? S’ils s’égarent, n’est-ce pas parce qu’ils en
ignorent la Voie ? Partant de l’ignorance originelle, les philosophes sont
donc partis à la recherche de ce qui viendrait y remédier en traçant de
multiples sentiers, en esquissant des pistes diverses, à partir de points de
vue parfois totalement opposés. On s’est ainsi demandé, écrit Roger-Pol
Droit, si la vérité « réside au ciel ou sur terre. Est-elle révélée par un message
divin transmis aux hommes ? Ou bien n’est-elle au contraire qu’une réalité
humaine, construite pas à pas par notre esprit ? Est-elle objective, indépen-
dante de nous ou relative à nos outils intellectuels et à nos capacités men-
tales ?
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La vérité
Ce qui est sûr, c’est que la philosophie a voulu être un discours de vérité
capable de dissoudre les préjugés de l’opinion, les superstitions, les illu-
sions. Avant même que Platon n’affirme contre les sophistes le caractère
essentiel du lien qui unit le discours philosophique à la recherche de la
vérité, Parménide le proclame dans son poème didactique sous une forme
qui emprunte encore beaucoup à la représentation religieuse. Les scep-
tiques grecs eux-mêmes déclarent la chercher, mais en vain. De là le nom
de « zététique » qui fut donné à leur école : l’école « chercheuse ». Seul
Protagoras, le grand sophiste auquel Platon donne généreusement la
parole dans le Théétète, prétend abolir tout rapport du discours au vrai,
affirmant la relativité absolue des points de vue sur le monde. Platon
le récuse et, avec lui, tous les sophistes, traçant ainsi avec une netteté
particulière la ligne de partage entre la philosophie et ce qu’il juge être
sa contrefaçon. Toute l’histoire de la philosophie, des présocratiques à
Heidegger, peut se résumer à cette recherche de la vérité, titre que Male-
branche au XVIIe siècle donna à son œuvre majeure. Les Modernes ont
certes eu tendance à ne voir dans le vrai et le faux que des attributs du
discours ou du langage et non pas des choses, insistant sur la nécessité
absolue de déjouer les pièges du langage qui peut travestir la pensée. Ainsi,
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Introduction au thème
Hobbes peut-il dire que « Vrai et faux sont des attributs de la parole, et non
des choses. Là où il n’est point de parole, il n’y a ni vérité ni fausseté […] La
vérité consiste à ordonner correctement les dénominations employées dans
nos affirmations » mais jamais il ne conteste la légitimité de la raison.
Nietzsche à la fin du XIXe siècle franchira ce pas et jettera le doute sur
la légitimité de l’idée même de vérité. Il n’empêche que le problème de
la vérité demeure authentiquement philosophique, ne serait-ce que par
la question de savoir si la « vérité » est à chercher dans la position de
problèmes scientifiques et la réflexion épistémologique ou plutôt dans le
choix d’engagements sociaux et politiques, éthiques et religieux, esthé-
tiques et existentiels, etc. Peut-être faut-il la chercher dans la conversion
ontologique, qu’elle prenne l’allure des religions, ces grandes fresques
symboliques qui s’offrent à notre interprétation grâce à l’herméneutique
savante, ou leur version démythologisée par laquelle Heidegger tente de
nous faire retrouver les voies d’un accès prétendument perdu au mystère
même de l’existence dans la manifestation omniprésente de la « vérité
de l’Être » ? Peut-être faut-il, plus que jamais, la chercher au milieu des
décombres d’une civilisation qui, ayant séparé la science et la sagesse,
souffre de l’hypertrophie de l’une en s’étant rendue orpheline de l’autre ?
Ce qu’on peut dire d’emblée, c’est que les termes dans lesquels s’est
posée la question de la vérité en Occident sont tout à fait particuliers.
La problématique originelle de la vérité dans la métaphysique occidentale
ne se fonde pas, en effet, sur une évidence naturelle qui serait commune
à toutes les cultures : la distinction de l’« Être » et du « paraître ». C’est
dans cette distinction que prend son origine le projet de la philosophie
et de la science. Dès lors que la métaphysique a conçu l’« Être » comme
« Physis » ou « Nature », la vérité ne pouvait plus être pensée que dans le
champ de la Physique ou de la « Méta-physique ». Qu’entendaient exacte-
ment les Anciens quand ils parlaient de la Physis ? Non pas quelque chose
qui tombait immédiatement sous les sens, mais quelque chose d’intelli-
gible qui permettait de rendre raison du sensible car « La Physis, disait déjà
Héraclite, aime à se dérober à nos yeux ». Elle aime à se cacher, d’où l’idée
que l’on retrouve encore chez Galilée des « secrets de la nature ». La Physis
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La vérité
est ce qui « est » au-delà du visible qui « paraît ». La vérité a donc, dès l’ori-
gine, été liée au refus de s’en tenir au visible et au sensible pour accéder
à l’intelligible accessible au seul discours rationnel, le « logos ». La vérité,
dès lors, est discours sur l’« Être » au-delà des apparences : elle est d’abord
ontologique avant même d’être logique. Double, relevant du discours et de
l’Être, elle est à la fois soumise à des critères intérieurs à l’élément même
du discours (évidence, clarté, correction logique, non contradiction) et à
des critères extérieurs à cet élément (exactitude, conformité à l’Être, adé-
quation à la « réalité véritable »).
Condition nécessaire (mais non suffisante) de la vérité ainsi comprise,
la cohérence logique suppose que corrélativement l’Être ne se contredise
pas lui-même. Ce qui détermine en dernière instance la vérité du discours
cohérent, c’est sa conformité à la cohérence ordonnée de l’Être conçu
comme « Nature » et « Cosmos », c’est-à-dire comme « ordre ».
Cette conception se retrouve au XVIIe siècle chez Descartes et Spinoza
notamment. Toute la philosophie classique se réfère à cette double
conception de la vérité comme adaequatio rei et intellectus, adéquation
de la chose et de l’esprit, et comme évidence dans laquelle le « vrai » se
donne comme « indice de lui-même » : verum index sui dit Spinoza, le
philosophe qui, pourtant, s’exprime à la façon des géomètres et de leurs
démonstrations. Ainsi, Spinoza appelle-t-il vraie « l’idée adéquate », évi-
dente de par sa non-contradiction intrinsèque et correspondant à l’ob-
jet extérieur dont elle est l’idée. La représentation est dite vraie parce
qu’elle est garantie par une réalité conçue elle-même comme vraie. De
même pour Descartes qui fonde la légitimité de l’adhésion à nos représen-
tations claires et distinctes sur la garantie de l’existence divine. La vérité
n’est pas seulement être, elle est évidence. Et il n’y a de vérité que pour
un esprit.
C’est cette façon de poser le problème qui change avec Kant. Alors que
la pensée classique posait que le sujet trouvait la vérité immanente aux
choses mêmes, Kant affirme que la « chose en soi » est par définition incon-
naissable car connaître c’est, pour un sujet, être en relation avec un objet.
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Introduction au thème
2. « Faux est plus large que vrai, en ce qu’il s’emploie dans un certain nombre d’ex-
pressions toutes faites, telles que fausse-note, faux-jour, faux-pas, porte-à-faux,
etc. L’idée dominante y est toujours celle d’une déviation par rapport à la norme »
(Dictionnaire philosophique Lalande, PUF).
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La vérité
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Introduction au thème
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Dissertation 1
Qu’est-ce que la vérité ?
C O M M E N TA I R E
Introduction
La vérité, écrivait Descartes, « est une notion si transcendentale-
ment claire qu’il est impossible de l’ignorer » (Lettre au Père Mersenne du
16 octobre 1639). Pourtant, l’idée ne nous en vient qu’après l’expérience
de l’erreur. La conscience naïve, non réflexive, spontanément tournée vers
le monde, ne connaît que l’évidence des choses. Absorbée par le monde,
sous le joug de la perception, de la conscience sensible, elle est pure récep-
tivité à l’égard de la réalité. La pensée, dans son intentionnalité ouverte
à l’extériorité s’oublie, s’efface devant les choses qu’elle constate et qui
s’imposent à elle. Pourtant, il nous arrive de nous tromper, de croire per-
cevoir ou avoir perçu ce qui ne s’avère qu’un mirage, une illusion des sens.
Lorsque celle-ci se dissipe par exploration plus précise du réel, nous pre-
nons acte de notre erreur. La tour que je voyais ronde, au loin, s’avère être
carrée lorsque je m’approche d’elle. S’opère alors un retour critique sur
mon adhésion première : il n’était pas vrai, pas conforme à la réalité que
la tour était ronde. La genèse de l’idée de vérité n’est-elle pas liée à l’ex-
périence première de l’erreur ? Mais peut-on affirmer que la conformité
de mon discours à la réalité soit une définition suffisante de la vérité ?
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Sujets et corrigés
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Dissertation 1
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Sujets et corrigés
Conclusion
Si le vrai ne doit pas être confondu avec le réel, il ne saurait cepen-
dant en être totalement dissocié. Le tort de la conception dogmatique
et réaliste a été, non pas d’affirmer leur correspondance, mais surtout de
méconnaître le rôle du sujet dans l’œuvre de la connaissance. L’avantage
du kantisme est de nous rappeler ce rôle. La vérité apparaît ainsi comme
le résultat de cet effort du sujet connaissant pour se libérer des attaches
du moi empirique, d’un effort vers l’objectivité et l’universalité. Une telle
vérité est évidemment une vérité construite, non une vérité intuitivement
saisie. Cette vérité est d‘ordre scientifique, elle est reconstruction intelli-
gible du réel, lequel comportera toujours une marge d’irrationnel résistant
à la pensée. Ne peut-on cependant admettre, au-delà de cette vérité rela-
tive, une vérité métaphysique qui serait de l‘ordre de l‘ expérience intime,
au cœur de notre condition, de l‘ inconditionné, de l’Être absolu ? N’est-ce
pas cela que Descartes expérimente au cœur de l’intuition du cogito où le
sujet pensant se saisit lui-même indivisément comme existant et comme
finitude habitée par l’infini ? Ne suffit-il pas que nous participions à l’être
par la pensée pour que la vérité se situe désormais sur le plan ontologique
et non sur le seul plan phénoménal ?
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LA VÉRITÉ
Illustration de couverture : gravure de Bonaventure-Louis Prévost – Frontispice de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert représentant la Raison et la Philosophie arrachant
DANS CET OUVRAGE :
son voile à la Vérité rayonnante de lumière, gravé en 1772 d’après le dessin de Cochin datant de 1764.
➔ De très nombreux sujets de dissertation pour vous entraîner.
L’auteur :
France Farago est professeur agrégée de philosophie. Elle a enseigné de
nombreuses années en prépas commerciales et en prépas littéraires au lycée
Henri IV et au lycée Chaptal. Elle est correctrice du concours Ecricome.
ISBN : 978-2-311-40197-4