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L’Encéphale (2011) Supplément 2, S110–S116

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Prise de décision et schizophrénie


Decision-making and schizophrenia
M. Adida*(a), M. Maurel(a), A. Kaladjian(b), E. Fakra(a), P. Lazerges(a),
D. Da Fonseca(a), R. Belzeaux(a), M. Cermolacce(a), J.-M. Azorin(a)
(a) Pôle universitaire de psychiatrie, hôpital Sainte-Marguerite, 13274 Marseille cedex 09, France
(b) CHRU, hôpital Robert Debré, avenue du Général Koenig, 51092 Reims, France

MOTS CLÉS Résumé Les chercheurs ont longtemps supposé que la physiopathologie de la schizophrénie était sous-
Schizophrénie ; tendue par des anomalies impliquant le cortex préfrontal (CPF). Ils ont évalué l’intégrité du CPF en se
focalisant principalement sur le CPF dorsolatéral (CPFDL), et la littérature scientifique a rapporté un
Prise de décision ;
dysfonctionnement de cette région dans de nombreuses publications. Cependant, les anomalies présentes
Iowa Gambling Task ; dans la schizophrénie s’étendraient à d’autres régions du CPF, en particulier le CPF ventromédian (CPFVM) :
Cortex préfrontal le dysfonctionnement du CPFVM dans la schizophrénie a été mis en évidence dans des études
ventromédian ; anatomopathologiques, d’imagerie structurale et d’imagerie fonctionnelle. Les patients cérébrolésés au
Revue de la niveau du CPFVM ont développé des troubles du comportement d’un point de vue social et des troubles du
littérature jugement dans leur vie personnelle. L’Iowa Gambling Task (IGT) ou test du jeu de poker a été créé pour
évaluer les capacités de prise de décision de ces patients neurologiquement atteints : ce test présente au
sujet une série de 100 pioches de cartes parmi quatre piles de cartes qui diffèrent dans leur distribution
des gains et des pertes. Tandis que les sujets volontaires sains piochent préférentiellement dans les deux
piles de cartes « avantageuses », les patients cérébrolésés persistent à piocher des cartes dans les deux
piles « désavantageuses », piles associées à court terme à des renforcements positifs, mais entraînant à
long terme une importante dette d’argent. Il est intéressant de noter que des lésions au niveau du CPFVM
ont pour conséquence un déficit d’insight, c’est-à-dire une non-conscience des modifications
comportementales présentées par ces patients, associée à un déficit de performance à l’IGT. Récemment,
notre groupe de recherche a rapporté des anomalies des capacités de prise de décision dans les trois
phases du trouble bipolaire. De plus, dans une étude d’imagerie fonctionnelle par tomographie d’émission
de positons, une dysfonction du CPFVM a été associée, chez un groupe de patients bipolaires en phase
maniaque, à des anomalies de prise de décision, et une association entre déficit de prise de décision et
défaut d’insight a été rapportée dans la manie. Récemment, une corrélation entre une diminution du
volume de la substance grise du CPFVM et une atteinte des capacités de mémoire a été rapportée dans la
schizophrénie. La littérature scientifique suggère que les déficits d’insight soient un trait clinique
caractéristique de la maladie, comme le sont les hallucinations acoustico-verbales, le délire paranoïde, la
bizarrerie, ou les troubles du cours de la pensée et du discours. Parce que la schizophrénie est associée à
des dysfonctionnements sociaux et dans la vie au quotidien, différents groupes de recherche ont évalué
les capacités de prise de décision de patients schizophrènes, cependant, les résultats sont contradictoires.
Treize études ont rapporté des déficits de prise de décision évalués avec l’IGT, et dans sept publications,
aucune différence significative n’a été mise en évidence entre les groupes de patients et de sujets
contrôles. Ces discordances seraient dues à de multiples facteurs. Premièrement, la plupart des études
ont inclus des groupes d’effectif peu élevé entraînant une variance des scores à l’IGT élevée, et des

* Auteur correspondant.
E-mail : marc.adida@mail.ap-hm.fr

© L’Encéphale, Paris, 2011. Tous droits réservés.


Prise de décision et schizophrénie S111

résultats non significatifs. Deuxièmement, comme l’ont suggéré Rodríguez-Sánchez et al., il existe une
grande variabilité de performance des sujets sains d’une étude à l’autre. Troisièmement, le quotient
intellectuel (QI) et le niveau d’éducation des sujets seraient corrélés à la performance à l’IGT, ce qui
expliquerait les différences de performance entre les groupes de patients et de sujets contrôle, dans les
études qui n’ont pas contrôlé ces variables. Quatrièmement, seulement deux groupes ont systématiquement
contrôlé les variables confondantes que sont l’abus de substances et la consommation de tabac.
Cinquièmement, seulement deux études ont mesuré l’impact de la classe d’antipsychotique utilisée sur la
performance à l’IGT. Sixièmement, à notre connaissance, aucune étude n’a testé l’existence d’une
association entre la dose d’antipsychotique et des capacités de prise de décision déficitaires. Finalement,
les discordances de résultats pourraient être liées à l’hétérogénéité du diagnostic entre les différentes
études. Deux études, qui ne rapportent pas de différence significative, ont évalué des patients
schizophrènes, mais aussi des patients schizo-affectifs, tandis que la majorité des études rapportant des
différences de performance entre les deux groupes, ont exclusivement inclus des patients schizophrènes.
Néanmoins, il faut préciser que certains travaux ayant uniquement évalué des patients schizophrènes,
n’ont pas montré de différence significative entre patients et sujets contrôle. Ainsi, les recherches futures
devraient évaluer les capacités de prise de décision dans la schizophrénie en comparant un groupe de
patients schizophrènes, de diagnostic homogène, d’effectif élevé, à un groupe de sujets contrôles,
d’effectif élevé. Les variables confondantes que sont le QI ou le niveau d’éducation, l’abus de substances
et la consommation de tabac, devraient être contrôlées systématiquement. Parce que la communauté
scientifique reconnaît maintenant que les anomalies du CPFDL dans la schizophrénie s’étendent à d’autres
régions du CPF, incluant le CPFVM, les travaux de recherche à venir devraient tester la possible association
entre capacités de mémoire, d’insight et de prise de décision, et évaluer l’impact de la dose
d’antipsychotique sur la performance des patients à l’IGT.
© L’Encéphale, Paris, 2011.

Summary Abnormalities involving the prefrontal cortex (PFC) have long been postulated to underpin the
KEYWORDS pathophysiology of schizophrenia. Investigations of PFC integrity have focused mainly on the dorsolateral
Schizophrenia; PFC (DLPFC) and abnormalities in this region have been extensively documented. However, defects in
Decision-making; schizophrenia may extend to other prefrontal regions, including the ventromedial PFC (VMPFC), and evidence
Iowa Gambling Task; of VMPFC abnormalities comes from neuropathological, structural and functional studies. Patients with
acquired brain injury to the VMPFC display profound disruption of social behaviour and poor judgment in
Ventromédian
their personal lives. The Iowa Gambling Task (IGT) was developed to assess decision-making in these
prefrontal cortex; neurological cases : it presents a series of 100 choices from four card decks that differ in the distribution of
Non-systematic rewarding and punishing outcomes. Whilst healthy volunteers gradually develop a preference for the two
review “safe” decks over the course of the task, patients with VMPFC lesions maintain a preference for the two
“risky” decks which are associated with high reinforcement in the short term, but significant long-term
debt. Interestingly, damage to VMPFC may cause both poor performance on the IGT and lack of insight
concerning the acquired personality modification. Recently, our group reported a trait-related decision-
making impairment in the three phases of bipolar disorder. In a PET study, VMPFC dysfunction was shown in
bipolar manic patients impaired on a decision-making task and an association between decision-making
cognition and lack of insight was described in mania. A quantitative association between grey matter volume
of VMPFC and memory impairment was previously reported in schizophrenia. Research suggests that lack of
insight is a prevalent feature in schizophrenia patients, like auditory hallucinations, paranoid or bizarre
delusions, and disorganized speech and thinking. Because schizophrenia is associated with significant social
or occupational dysfunction, previous research assessed decision-making function but indicates conflicting
results. Thirteen studies have reported impaired IGT performance in patients with schizophrenia and, in
seven reports, no significant differences in IGT performance between patient and healthy control groups
were found. Those discrepancies may relate to multiple factors. First, most of the studies included small
sample size and negative findings may be due to the large variance of net scores. Second, as suggested by
Rodríguez-Sánchez et al., there is a wide disparity in performance by control subjects across studies. Third,
intelligence quotient (IQ) score and level of education may be correlated with IGT performance, which may
explain IGT performance differences in studies that did not control for educational or IQ score. Fourth, only
two studies have systematically controlled for substance use disorder, a potential confounder. Fifth, only
two studies assessed the impact of antipsychotic (AP) class on performance. Sixth, to our knowledge, no
study assessed the impact of AP dosage on decision-making ability, while AP dose-reduction and dopamine
increase, might lead to improvements, in cognitive functions in schizophrenia and in IGT performance in
bipolar disorder, respectively. Finally, discrepancies between studies may be related to the heterogeneity of
diagnostic groups. Two of the negative studies included schizophrenia and schizoaffective disorder while
positive studies have generally included only patients with schizophrenia. Nevertheless, some studies that
included only patients with schizophrenia failed to find differences between groups. Thus, further research
should assess decision-making in schizophrenia by testing a large group of patients with homogeneity of
diagnostic, in comparison with a large group of control subjects. Authors should control for IQ or level of
education, substance use disorder and smoking status. While it is now accepted that DLPFC defects in
schizophrenia may extend to VMPFC, future investigations should test for an association between memory,
insight ability and IGT performance and assess the impact of antipsychotic dosage upon performance.
© L’Encéphale, Paris, 2011.
S112 M. Adida et al.

Introduction Le sujet évalué connaît de manière explicite les condi-


tions de cette situation de prise de décision. Il sait que le
Les symptômes positifs de la schizophrénie comprennent choix d’une carte peut avoir pour conséquence soit une
des distorsions ou exagérations du contrôle comportemen- récompense, soit une récompense immédiatement suivie
tal (critère A4 de schizophrénie), dont certaines manifesta- d’une perte. Le sujet sait qu’il y a des paquets de cartes
tions peuvent être un comportement impulsif [26], une avantageux et désavantageux. L’expérimentateur ne les lui
agitation imprévisible ou des problèmes dans tout compor- désigne pas.
tement dirigé vers un but [21]. Il existe une part d’incertitude. Aucun paquet ne peut
Différents groupes de recherche ont appréhendé ces être clairement et rapidement identifié comme avanta-
troubles du comportement dans la schizophrénie avec une geux ou désavantageux. Une pioche dans chacun des
mesure en laboratoire des stratégies de prises de décision. paquets peut entraîner des récompenses et des punitions.
Les montants des sommes gagnées ou perdues sont irrégu-
Déficits de prise de décision liers. La survenue des punitions est imprévisible. Pour iden-
tifier les paquets avantageux, un sujet doit explorer tous
chez des patients cérébrolésés les paquets et piocher un certain nombre de cartes. À la fin
au niveau du CPFVM du jeu, un sujet a décidé de manière avantageuse s’il a
pioché plus de cartes dans les paquets avantageux que dans
Les patients cérébrolésés au niveau du cortex préfrontal
les paquets désavantageux.
ventromédian (CPFVM) présentent un changement de com-
Trois groupes de sujets ont été évalués avec l’IGT [8].
portement nommé sociopathie acquise [43]. Leurs réac-
Six sujets présentaient des lésions bilatérales du CPFVM.
tions émotionnelles sont non contrôlées. Ils sont irritables,
Six sujets contrôles cérébrolésés présentaient des lésions
intolérants à la frustration, désinhibés. Ils présentent des
cérébrales en dehors du CPFVM. Quarante-quatre sujets
troubles de la prise de décision dans le domaine social avec
contrôles sains n’avaient aucune pathologie neurologique
des troubles du jugement, un manque d’empathie et des
ou psychiatrique. La division des 100 pioches de cartes en
comportements sociaux inappropriés. Ces patients mon-
5 blocs de 20 pioches chacun permet l’analyse des change-
trent des troubles du comportement orientés vers un but
ments de stratégie au cours du jeu. À partir du deuxième
avec une incapacité à planifier leurs activités. Ils expriment
bloc de 20 pioches, les sujets contrôles, sains et cérébrolé-
un déni marqué des modifications de leur comportement
sés, choisissaient plus de cartes dans les piles avantageu-
c’est-à-dire un manque d’insight.
ses. Dans les deux derniers blocs de 20 pioches, tous les
une des caractéristiques comportementales de ce syn-
sujets contrôles choisissaient la majorité des cartes dans
drome de sociopathie acquise est que ces patients décident
les piles avantageuses. Les pioches des sujets cérébrolésés
à l’encontre de leur intérêt dans la vie quotidienne. Leurs
au niveau du CPFVM variaient peu : tout au long du jeu — et
fonctions cognitives et exécutives ont été testées. Les
dans les deux derniers blocs — ils choisissaient plus de car-
résultats étaient comparables à ceux de sujets volontaires
tes dans les piles désavantageuses.
sains [8, 9, 32].
D’autres groupes de patients avec des lésions bilatéra-
L’objectif du travail de doctorat de sciences d’Anton
les du CPFVM, d’effectif plus élevé, ont été évalués avec
Bechara était de développer un test neuropsychologique
l’IGT. Les performances mesurées sont comparables [9].
sensible aux anomalies comportementales de prise de déci-
Ces résultats suggèrent que les patients cérébrolésés au
sion de ces patients cérébrolésés. Le test Iowa gambling
niveau du CPFVM présentent une myopie pour le futur,
task (IGT) simule en laboratoire les paramètres définissant
c’est-à-dire une insensibilité aux conséquences futures de
une situation de choix. L’IGT permet à l’expérimentateur
leurs choix, qu’elles soient positives ou négatives. Leur
de mesurer les choix du sujet évalué. Ce test est écologi-
comportement serait uniquement guidé par des objectifs
que. L’IGT évalue la capacité d’un sujet à prendre une
immédiats [4].
décision avantageuse.
Les réseaux neuronaux qui sous-tendent les processus
Le critère représentant l’intérêt de l’individu est l’ar-
de prise de décision sont suggérés par des études lésionnel-
gent. L’objectif est d’avoir gagné le plus d’argent possible.
les : le CPFVM droit et non gauche [15], l’amygdale [15] en
Les sommes gagnées ou perdues ne sont ni versées ni
particulier dans sa partie droite et les cortex insulaires
demandées. L’argent est factice. Dans ce test, les récom-
droits [4]. Le cortex préfrontal dorsolatéral (CPFDL) appar-
penses et les pertes d’argent factice conditionneraient un
tient à ce réseau selon certaines études [20, 29], en est
sujet dans une mesure équivalente à celle de récompenses
exclu selon d’autres [10]. L’apparition d’un déficit de la
ou de pertes d’argent réel : une étude a montré que les
capacité d’insight est constante à la suite de lésions du
performances à l’IGT d’un groupe de sujets sains condition-
CPFVM mais ne l’est pas à la suite de lésions d’autres
nés avec des récompenses et des pertes d’argent factice
régions du lobe frontal comme le CPFDL [7]. Au sein du
n’étaient significativement pas différentes de celles d’un
cortex préfrontal, la perte de la capacité d’insight semble-
groupe de sujets sains conditionnés avec des récompenses
rait être spécifique aux lésions de CPFVM.
et des pertes d’argent réel [19].
Prise de décision et schizophrénie S113

Évaluation des capacités de prise Le but du jeu est de gagner le plus d’argent possible. Si
vous n’arrivez pas à gagner, essayez d’en perdre un mini-
de décision : l’Iowa Gambling Task ou test
mum. Vous ne saurez pas quand le jeu s’arrêtera. Continuez
du jeu de poker à jouer jusqu’à ce que l’ordinateur arrête le jeu. Je vais
vous donner un crédit de 2000 $ pour commencer le jeu. Ce
Description
montant correspond à la taille de la barre verte en début
Ces deux schémas représentent ce qu’un sujet voit à l’écran de jeu. La barre rouge est là pour vous rappeler la somme
de l’ordinateur. Quatre piles de cartes A, B, C et D sont d’argent que vous avez empruntée. Une fois que vous avez
représentées en face de lui. La barre verte en haut de commencé à jouer, l’ordre des cartes est fixé. Les gains et
l’écran représente la somme d’argent que possède le sujet. les pertes sont déjà fixés pour chaque pile de cartes. Vous
Sa longueur varie au cours du jeu. La barre rouge située en ne perdrez donc pas au hasard. Il est cependant impossible
dessous rappelle au sujet la somme d’argent prêtée de deviner quand l’ordinateur vous fera perdre. Le seul
(2 000 $). Sa longueur est fixe au cours du jeu. Un message conseil que je peux vous donner est le suivant. Vous pouvez
écrit en anglais indique au sujet qu’il peut piocher une carte perdre de l’argent en piochant dans chacune des quatre
(pick a card). Un message écrit en anglais indique au sujet, piles de cartes, mais vous perdrez plus d’argent en pio-
soit qu’il a gagné une somme d’argent (you win $ X), soit chant dans certaines piles plutôt que dans d’autres. Pour
qu’il a gagné une somme d’argent puis en a perdu immédia- gagner, vous devrez éviter de piocher des cartes dans ces
tement une (you win $ X but you lose $ Y). Le sujet com- piles-là. Peu importe les sommes d’argent que vous pouvez
mence à perdre de l’argent à partir de la quinzième carte perdre, l’essentiel est d’avoir gagné de l’argent à la fin du
approximativement. Les messages sont accompagnés d’une jeu. Gardez bien à l’esprit que vous devez éviter de pio-
mélodie musicale dont la tonalité est adaptée au gain ou à cher des cartes dans les piles où vous pouvez perdre le plus
la perte d’argent. Un logo (Fig. 1) est associé au gain ou à la d’argent. »
perte d’argent. La longueur de la barre verte varie propor- Le sujet ne sait pas qu’il va piocher 100 cartes. Il doit
tionnellement en fonction des gains et des pertes. découvrir les piles avantageuses et celles désavantageuses.
Les instructions suivantes sont données à chaque sujet Dans les piles A et B, les gains sont élevés (100 $ en
avant la passation de la tâche : « Le but de ce jeu est de moyenne), mais les pertes aussi (elles s’élèvent jusqu’à
gagner de l’argent en jouant à un jeu de cartes à l’ordina- 2 500 $). Si le sujet pioche préférentiellement dans ces
teur. Cela reste un jeu, donc l’argent gagné ou perdu ne piles de cartes, il perd de l’argent. Les piles A et B sont les
sera ni versé ni demandé. En face de vous sur l’écran vous piles désavantageuses. Dans les piles C et D, les gains sont
pouvez voir quatre piles de cartes A, B, C et D. Pour com- peu élevés (50 $ en moyenne) mais les pertes sont très peu
mencer à jouer, vous devez piocher une carte dans la pile élevées. Si le sujet pioche préférentiellement dans ces
de votre choix. Pour piocher, vous devez pointer la pile piles de cartes, il gagne de l’argent. Les piles C et D sont
choisie puis cliquer sur le bouton de gauche de la souris. les piles avantageuses.
Chaque fois que vous piocherez une carte, vous gagnerez Dans les piles B et D, les pertes sont rares mais d’un
de l’argent. Je ne sais pas combien vous allez gagner, vous montant élevé alors qu’elles sont fréquentes dans les piles
le découvrirez par vous-même au cours du jeu. Chaque fois A et C, mais d’un montant peu élevé.
que vous gagnerez, la barre verte deviendra plus grande. La pile A est une pile désavantageuse avec des punitions
De temps à autre, après avoir pioché une carte, vous fréquentes, mais d’un montant peu élevé. La pile B est une
gagnerez de l’argent, mais vous en perdrez immédiate- pile désavantageuse avec des punitions rares, mais d’un
ment après. Je ne sais pas quand vous perdrez, ni la somme montant élevé. La pile C est une pile avantageuse avec des
que vous perdrez, vous aurez à le découvrir par vous-même punitions fréquentes, mais d’un montant peu élevé. La pile
au cours du jeu. Chaque fois que vous perdrez, la barre D est une pile avantageuse avec des punitions rares, mais
verte deviendra plus petite. Vous êtes totalement libre de d’un montant élevé.
vos choix. Vous pouvez changer de piles de cartes à n’im- une préférence pour les piles où les punitions son rares
porte quel moment et aussi souvent que vous le voudrez. mais d’un montant élevé ([(B + D) > (A + C)]) ou pour les

A B C D A B C D

Figure 1 Iowa Gambling Task.


S114 M. Adida et al.

piles où les punitions sont fréquentes mais d’un montant Lien entre prise de décision
peu élevé ([(B + D) < (A + C)]) ne modifie pas la perfor- et symptomatologie clinique
mance à l’IGT c’est-à-dire le score net total.
Dans une étude de Shurman et al. [42], le gain net d’argent
Variables mesurées sur 100 pioches à l’IGT est négativement corrélé à la sévé-
rité des symptômes négatifs du groupe de patients souf-
La performance à la tâche est évaluée par la différence frant de schizophrénie. Les études de neuro-imagerie [47]
entre le nombre de pioches dans les piles avantageuses et ainsi que les travaux en neuropsychologie [13] suggèrent
le nombre de pioches dans les piles désavantageuses. Cette l’existence d’une association entre anomalies du CPFVM et
différence est le score net [(C + D) — (A + B)]. Le score net intensité des symptômes négatifs. Hutton et al. [23] ont
sur cent pioches de cartes est appelé le score net total. un rapporté une différence significative entre les capacités de
score positif indique une bonne stratégie de prise de déci- prise de décision, évalués avec la tâche de prise de déci-
sion et un score négatif une mauvaise. Plus le score est sion de Robert Rogers [39], d’un groupe de patients schi-
haut, plus la stratégie de prise de décision est bonne. zophrènes lors leur premier épisode clinique, et d’un
Cinq scores nets, sur cinq blocs de vingt cartes, sont groupe de patients souffrant d’une forme chronique de
calculés pour évaluer les changements dans la stratégie au schizophrénie. De plus, les auteurs n’ont pas rapporté de
cours du jeu. Ce sont les scores nets intermédiaires. différence significative de performance entre les patients
La sensibilité des sujets à la fréquence de punitions est souffrant d’une forme chronique de schizophrénie et un
analysée en calculant le score [(B + D) — (A + C)]. un score groupe de patients cérébrolésés au niveau du CPFVM. Il
positif indique une préférence pour les piles où les puni- faut préciser que dans cette étude il existe une différence
tions sont rares, mais d’un montant élevé. Un score négatif significative de performance entre le groupe de sujets
indique une préférence pour les piles où les punitions sont contrôles et le groupe de patients schizophrènes lors de
fréquentes mais d’un montant peu élevé. Plus le score est leur premier épisode clinique. Les auteurs émettent l’hy-
haut, plus la sensibilité à la fréquence des punitions est pothèse d’une probable étiologie neurodégénérative de la
élevée. La sensibilité à la fréquence des punitions n’est pas dysfonction du CPFVM dans la schizophrénie.
liée au score net total. Certains auteurs retrouvent des différences de perfor-
mances à l’IGT selon le type de schizophrénie : les sujets
Revue de la littérature : schizophrénie souffrant d’une forme paranoïde de schizophrénie parvien-
et prise de décision évaluée avec l’IGT draient à améliorer leurs résultats au fur et à mesure du jeu
[1, 6, 14, 46] tandis que les sujets souffrant d’une schizoph-
Ritter et al. [37], dans une étude menée chez des sujets rénie de type catatonique n’y parviendraient pas [6]. Les
souffrant de schizophrénie ou de trouble schizo-affectif, études d’imagerie montrent l’existence d’un lien entre cata-
montrent que les patients, à l’inverse des sujets témoins, tonie et dysfonction du CPFVM [34]. Ces anomalies seraient
perdent de l’argent parce qu’ils piochent préférentielle- latéralisées et prédomineraient au niveau du CPFVM droit.
ment dans les deux piles désavantageuses, avec une préfé- Ces résultats sont en accord avec le fait que les patients
rence pour la pile B. Les résultats des patients s’améliorent cérébrolésés au niveau du CPFVM droit (ou avec des lésions
au fil du jeu, traduisant un apprentissage, cependant moins bilatérales) présentent un déficit à l’IGT alors que les
rapide que celui des témoins. Dans l’étude de Shurman patients cérébrolésés exclusivement au niveau du CPFVM
et al. [42], à la différence des sujets contrôle, qui, dès la gauche ne présentent pas ce déficit [11]. Dans les formes
fin du deuxième bloc de 20 cartes, piochent préférentielle- paranoïdes de schizophrénie, certaines études d’imagerie ne
ment dans les deux piles avantageuses C et D, les sujets retrouveraient pas d’anomalies du CPFVM [5].
souffrant de schizophrénie n’évoluent pas vers une straté-
gie de sélection des cartes avantageuses. Ils ne parvien- Schizophrénie et CPFVM, insight,
draient pas à faire cet apprentissage particulier basé sur capacités de mémoire et de prise de décision
les émotions implicitement ressenties, les marqueurs soma- Il est intéressant de souligner que des lésions au niveau du
tiques [17]. Une différence significative existe entre les CPFVM ont pour conséquence un déficit d’insight, c’est-à-
deux groupes sur les 40 dernières pioches de cartes. Dans dire une non-conscience des modifications comportemen-
cette étude, les patients schizophrènes et les sujets contrô- tales présentées par ces patients, associée à un déficit de
les piochent préférentiellement dans les paquets B et D, performance à l’IGT [4]. Récemment, notre groupe de
sans différence significative : ils sont donc plus sensibles à recherche a rapporté des anomalies des capacités de prise
la fréquence des punitions qu’à la magnitude de celles-ci. de décision dans les trois phases du trouble bipolaire [3].
Dans une étude menée par Wilder et al. [46], les patients De plus, dans une étude d’imagerie fonctionnelle par tomo-
souffrant de schizophrénie ont un profil de résultats qui graphie d’émission de positons, une dysfonction du CPFVM
diffère de celui des témoins, mais aussi de celui des sujets a été associée, chez un groupe de patients bipolaires en
cérébrolésés au niveau du CPFVM. Les trois groupes de phase maniaque, à des anomalies de prise de décision [40],
sujets sont plus sensibles à la fréquence des punitions qu’à et une association entre déficit de prise de décision et
la magnitude de celles-ci. défaut d’insight a été rapportée dans la manie [2].
Prise de décision et schizophrénie S115

une corrélation entre une diminution du volume de la être expliquées par le non-respect de cet appariement dans
substance grise du CPFVM et une atteinte des capacités de la méthodologie de l’une des deux études [42].
mémoire a été rapportée dans la schizophrénie [16, 22]. La Quatrièmement, il existe une hétérogénéité de diagnostic
littérature scientifique suggère que les déficits d’insight entre les groupes de patients des différentes études. Deux
soient un trait clinique caractéristique de la maladie, études, qui ne rapportent pas de différence significative
comme le sont les hallucinations acoustico-verbales, le [38, 46], ont évalué des patients schizophrènes, mais aussi
délire paranoïde, la bizarrerie, ou les troubles du cours de des patients schizo-affectifs, tandis que la majorité des
la pensée et du discours. études rapportant des différences de performance enter
les deux groupes, ont exclusivement inclus des patients
Lien entre prise de décision et traitement schizophrènes [12, 24, 42]. Néanmoins, il faut préciser que
médicamenteux certains travaux [14, 44, 45] ayant uniquement évalué des
patients schizophrènes n’ont pas montré de différence
Une étude de Beninger [12] distingue les sujets souffrant
significative entre patients et sujets contrôle.
de schizophrénie sous traitement antipsychotique atypi-
Ainsi, les recherches futures devraient évaluer les
que, qui ont un profil similaire aux sujets cérébrolésés au
capacités de prise de décision dans la schizophrénie, en
niveau du CPFVM, des sujets souffrant de schizophrénie
comparant un groupe des patients schizophrènes, de dia-
sous traitement antipsychotique typique, dont les résultats
gnostic homogène, d’effectif élevé, à un groupe de sujets
ne diffèrent pas significativement de ceux des témoins. Yip
contrôles, d’effectif élevé. Les variables confondantes que
et al. [48] sont les seuls à retrouver ce résultat.
sont le QI ou le niveau d’éducation, l’abus de substances
Lien entre prise de décision et conduites addictives et la consommation de tabac, devraient être contrôlées
systématiquement. Parce que la communauté scientifique
une étude réalisée chez des adolescents souffrant de schi- reconnaît maintenant que les anomalies du CPFDL dans la
zophrénie [24], en comparaison à des témoins sains de schizophrénie s’étendent à d’autres régions du CPF,
même âge, montre que les adolescents souffrant de schi- incluant le CPFVM, les travaux de recherche à venir
zophrénie ont des performances à l’IGT significativement devraient tester la possible association entre capacités de
inférieures à celles des sujets sains, lors des 40 dernières mémoire, d’insight et de prise de décision, et évaluer
pioches de cartes. Les adolescents souffrant de schizophré- l’impact de la dose d’antipsychotique sur la performance
nie accorderaient plus d’importance aux gains qu’aux per- des patients à l’IGT.
tes d’argent, ce qui pourrait évoquer une hypersensibilité
aux récompenses et une certaine insensibilité aux consé-
quences ultérieures. Ce profil est proche de celui retrouvé,
Déclarations d’intérêts
lors du même test, chez les adultes présentant un abus de Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts.
substances. Ces résultats permettent d’appréhender la vul-
nérabilité au développement des conduites addictives chez
les adolescents souffrant de schizophrénie. Références
[1] Abbruzzese M, Ferri S, Scarone S. The selective breakdown of
frontal functions in patients with obsessive-compulsive disor-
Conclusion der and in patients with schizophrenia : a double dissociation
experimental finding. Neuropsychologia 1997;35:907-12.
Différents groupes de recherche ont appréhendé ces trou- [2] Adida M, Clark L, Pomietto P, Kaladjian A et al. Lack of insight
bles du comportement dans la schizophrénie avec une may predict impaired decision making in manic patients.
mesure en laboratoire des stratégies de prises de décision. Bipolar Disord 2008;10:829-37.
Les résultats obtenus avec l’IGT sont contradictoires. Treize [3] Adida M, Jollant F, Clark L et al. Trait-related impaired deci-
études [6, 12, 24, 25, 27, 28, 33, 35-37, 41, 42, 48] ont sion making in the three phases of bipolar disorder. Biol Psy-
chiatry 2010 ; submitted.
rapporté des déficits de prise de décision chez des patients [4] Bar-On R, Tranel D, Denburg NL et al. Exploring the neuro-
schizophrènes. Dans sept études [14, 18, 30, 31, 38, 45, logical substrate of emotional and social intelligence. Brain
46], aucune différence significative entre patients et volon- 2003;126:1790-800.
taires sains n’a été mise en évidence. [5] Barch DM, Carter CS, Braver TS et al. Selective deficits in
Sept paramètres pourraient expliquer ces différences prefrontal cortex function in medication-naive patients with
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de résultats entre les différentes études. Premièrement, la
[6] Bark R, Dieckmann S, Bogerts B et al. Deficit in decision mak-
plupart des études ont évalué des groupes d’effectifs fai- ing in catatonic schizophrenia : an exploratory study. Psychia-
bles et les résultats négatifs pourraient être la conséquence try Res 2005;134:131-41.
d’une importante dispersion des scores nets à l’IGT. [7] Barrash J, Tranel D, Anderson SW. Acquired personality distur-
Deuxièmement, comme l’ont suggéré Rodríguez-Sánchez bances associated with bilateral damage to the ventromedial
et al. [38], il existe une grande variabilité de la perfor- prefrontal region. Dev Neuropsychol 2000;18:355-81.
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d’éducation seraient corrélés à la performance à l’IGT [38]. [9] Bechara A, Damasio H, Damasio AR. Emotion, decision making
Les différences de résultats entre deux études pourraient and the orbitofrontal cortex. Cereb Cortex 2000;10:295-307.
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