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En tant que système philosophique, le matérialisme appartient à la classe des ontologies monistes, et
trouve ses premiers développements dans la pensée présocratique − bien qu'il n'ait jamais été
énoncé comme tel avant le XVIIe siècle. Il admet de multiples interprétations, tant naturalistes
qu'historiques. Tantôt associé au réductionnisme, tantôt au réalisme ou au mécanisme, il est utilisé
comme une arme argumentative par les philosophes qui se sont opposés à l'idéalisme, encore
dominant en philosophie jusqu'à la fin du XIXe siècle.
Une branche du matérialisme est étroitement liée au physicalisme, qui postule que tout ce qui existe
est une manifestation physique. Le physicalisme philosophique est une évolution du matérialisme
qui se base sur les découvertes en sciences physiques, afin d'inclure des notions plus sophistiquées
que celle de « matière », telles que : l'espace-temps, l'énergie, les champs de forces, etc. Aussi, en
philosophie analytique, le terme « physicalisme » est souvent préféré à celui de « matérialisme »,
tandis que certains auteurs les utilisent comme synonymes.
Le sens philosophique du mot « matérialisme » est historiquement premier. Si l'on excepte un sens
ancien tombé en désuétude, bien que conservé dans son usage anglophone (« matérialiste », au
XVIe siècle, désignait l'apothicaire ou le chimiste : celui qui s'occupait des « matières »), l'adjectif «
matérialiste » n’apparaît en français qu'à la fin du XIXe siècle, et désigne les philosophes qui
affirment l'existence exclusive des entités matérielles. Ce n'est donc que rétrospectivement que nous
qualifions de matérialistes certaines doctrines antérieures à l'usage du mot, doctrines dont les plus
anciennes semblent remonter à l'Antiquité grecque, voire à l'Inde ancienne.
Le matérialisme et son monisme
Christian Wolff, à qui l'on doit probablement la première définition du matérialisme philosophique.
« On appelle matérialistes les philosophes qui affirment qu'il n'existe que des êtres matériels ou
corps […] Le matérialisme n'admet qu'une seule sorte de substance1. »
Le matérialisme est donc d'abord défini comme un monisme de la matière, ou monisme physique,
qui affirme l'unité du monde aussi bien que son caractère matériel. Le monisme matérialiste
s'oppose ainsi ouvertement au dualisme de l'esprit et du corps, mais non au pluralisme, puisque la
matière est constituée d'une multiplicité de corps.
Le matérialisme est une doctrine ontologique, sur la nature de l'être ; il ne doit pas être confondu
avec le réalisme scientifique ou l'empirisme, qui sont des doctrines gnoséologiques, sur le
fondement de la connaissance. D'une façon générale, le matérialisme rejette l'existence de l'âme, de
l'Au-delà et de Dieu. Quant à l'esprit (ou psychisme), il en fait une propriété de la matière, ou
considère qu'il n'a pas de réalité propre, qu'il renvoie à une conception erronée de l'être humain et
du vivant (voir le matérialisme éliminativiste).
Au cours des siècles, le matérialisme est apparu sous diverses formes. Il existe notamment une
forme naïve et spontanée de matérialisme et une forme mécaniste plus conforme au réalisme
scientifique. Il existe également des formes réductionnistes de matérialisme, qui ne reconnaissent
pas de spécificité aux sciences humaines (ex. : le physicalisme, le biologisme), et des formes non
réductionnistes, qui reconnaissent cette spécificité (ex. : le matérialisme historique, le
fonctionnalisme).
La position ontologique commune aux diverses formes de matérialisme peut avoir des
conséquences sur le plan éthique : si tout est matière, c'est le corps et non pas quelque substance
spirituelle telle que l'âme ou Dieu qui doit être privilégié3. De là cette constance du matérialisme
philosophique à déboucher sur une éthique associée au corps - une éthique du plaisir et du bonheur -
à moins que ce ne soit justement cette éthique qui justifie l'adhésion à une ontologie matérialiste.
[réf. nécessaire]
La définition matérialiste de la matière
En tant qu'option philosophique, le matérialisme repose sur une définition philosophique minimale
de la matière qui ne dépend pas directement de celle qu'en donnent les sciences physiques,
définition qui, elle, s'est modifiée en profondeur au cours de l'histoire.
une réalité universelle qui ne dépend pas de la pensée, et notamment de la représentation que l'on
en a ;
un principe fondamental qui est la cause ou la raison de l'émergence de l'esprit.
Quant aux caractéristiques positives de la matière, c'est aux sciences physiques qu'il revient la tâche
de les définir.
Historiographie des philosophies matérialistes
Inde ancienne
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Antiquité grecque et époque moderne : apparition et résurgence du mécanisme
Mécanisme de la vision d'après un dessin de René Descartes.
Les philosophes ioniens de l'école de Milet – Thalès, Anaximène, Anaximandre – semblent être les
premiers philosophes matérialistes de l'Antiquité grecque. Ils cherchaient à rendre compte de
l'ensemble des phénomènes par un principe unique, de nature matérielle : l'eau avec Thalès, l'air
avec Anaximène, la matière, c'est-à-dire ce qui est indéfini, avec Anaximandre. À la suite de ces
conceptions matérialistes, un matérialisme mécaniste, ou du moins atomiste, s'est constitué avec
Leucippe, Démocrite, Épicure, Lucrèce. Pour ces philosophes, tous les phénomènes naturels et les
différents corps eux-mêmes sont dus aux mouvements et aux combinaisons d'atomes matériels se
déplaçant dans le vide. L'âme est alors également une chose matérielle périssable qui ne se
distingue du corps que par les propriétés particulières de ses atomes (plus légers).
Bien plus tard, au XVIIe siècle, ce matérialisme mécaniste sera épuré en langage mathématique,
plus spécialement géométrique, par Galilée, Gassendi, Hobbes. Mais le premier, tout occupé de
physique, ne s'occupera pas de métaphysique, sinon pour ridiculiser le dogmatisme ; tandis que
Gassendi, phénoméniste, cherchera plutôt à comprendre comment les atomes et le vide pourraient
rendre compte de l'imagination4 ; le dernier, Hobbes, contribuera à l'avancement des idées
matérialistes tant par sa philosophie morale que par son opposition à René Descartes. La conception
de l'animal machine qu'il proposera relève indéniablement du matérialisme.
René Descartes adoptera une position originale, utilisant une forme d'atomisme méthodologique dès
ses premiers écrits5, atomisme qu'il se gardera de confondre avec des conceptions matérialistes. Il
éliminera la notion de matière de façon à concevoir une physique compatible avec le mécanisme,
sans risquer d'être soupçonné de faire référence aux théories matérialistes. Le mécanisme de
Descartes ne vaut toutefois que pour sa physique, c'est-à-dire pour ce qui concerne le monde
matériel, et non pour ce qui concerne le monde spirituel, dont les constituants — les « pensées » —
sont immatériels. L'ontologie de Descartes étant dualiste (il considère l'être comme fait de deux
substances, la matière ou, plus exactement l'étendue, et l'esprit), elle ne saurait être qualifiée de «
matérialiste ». Gassendi, pour qui la matière, définie par l'impénétrabilité, est active, proposera une
conception qu'on a pu appeler un matérialisme dynamique ou dynamiste6.
Le XVIIe siècle voit ainsi se mettre en place les concepts qui conduiront au matérialisme, bien que
plusieurs de ses protagonistes ne puissent qu'à grand peine être qualifiés de matérialistes. Le
matérialisme, en germe, se dessine d'une part comme un prolongement possible de la
mathématisation de la physique, ramenée plus spécialement à l'atomisme et au mécanisme, d'autre
part, et conjointement, comme la conception portant en son sein le vitalisme.
Siècle des Lumières : développement des doctrines matérialistes
Au XVIIIe siècle, qualifié de siècle des Lumières, le matérialisme mécaniste, nourri des résultats
des sciences, s'est répandu parmi les savants et les philosophes du temps et il est utilisé comme une
arme dans la lutte idéologique contre le dogmatisme religieux et l'emprise de l'Église sur tous les
aspects de la vie en société. Les auteurs philosophiques qui se sont engagés dans ce sens sont
notamment : La Mettrie (le premier philosophe à avoir généralisé à l'homme la thèse cartésienne de
l'animal-machine, dans son ouvrage L'Homme Machine, 1747), Diderot, d'Holbach, Helvétius,
Cabanis.
Du point de vue métaphysique et cosmologique, ces auteurs insistent sur l'unité du monde, qui est
une unité matérielle, et sur la constance de la quantité de mouvement à l'échelle de l'univers (cf.
Maupertuis ou Lavoisier), constance qui est au principe de l'explication mécaniste du monde.
Du point de vue psychologique, la thèse majeure du matérialisme du XVIIIe siècle est que la
matière elle-même est susceptible de penser, lorsque du moins elle est organisée et structurée à cet
effet. Cette thèse se réfère notamment à Locke, tel que l'avait popularisé Voltaire, à partir de
passages où Locke mettait en cause le dualisme cartésien au nom de la toute-puissance de Dieu, qui
aurait très bien pu doter la matière de la propriété de penser. De cette hypothèse théologique,
ouvrant une simple possibilité théorique, on est passé au cours du XVIIIe siècle à une conception
empiriste de la pensée, destinée à justifier le fait que nos prétendus « états d'âme » ne sont rien
d'autre que des états de notre cerveau. En effet, les observations médicales tendent à établir la
corrélation rigoureuse des phénomènes mentaux et des processus organiques, ceux du cerveau en
particulier.
XIXe siècle : matérialisme naturaliste et matérialisme historique
Charles Darwin en 1868, dont la théorie de l'évolution par sélection naturelle a marqué un pas
décisif dans l'histoire du matérialisme.
Au cours du XVIIIe siècle, le mécanisme de type cartésien – le vivant modélisé par une machine – a
rencontré de nombreuses objections qui ont montré les limites de ce modèle. L'âge du mécanisme
était en effet celui des horloges et des automates, machines caractérisées essentiellement par leur
capacité à effectuer des mouvements de façon autonome. Or, les organismes vivants et les êtres
humains possèdent bien d'autres caractéristiques dont il a fallu rendre compte.
D'une part, le matérialisme du XIXe siècle a poursuivi l’œuvre des matérialistes du XVIIIe siècle à
la lumière des progrès de la science de l'époque, avec pour figure de proue Charles Darwin et
Claude Bernard. D'autre part, il s'est exprimé sous une forme inédite qui prenait appui sur une
théorie de l'histoire et de la société. Le marxisme en a été l'aboutissement.
C'est ainsi que l'on peut parler d'un double mouvement ou de deux courants du matérialisme du
XIXe siècle : l'un naturaliste et mécaniste, l'autre historique et dialectique. Ces deux courants de
pensée ont en commun de fonder l'unité de la matière et de l'esprit sur la question de l'origine
(matérielle) de ce que nous désignons comme l'esprit ou la pensée.
Matérialisme naturaliste
Article connexe : Naturalisme (philosophie).
L'ensemble des avancées des sciences de la nature concourt à justifier une conviction primordiale
du matérialisme naturaliste : le passage gradué et nécessaire de l'inerte au vivant. Alors qu'elle n'est
qu'un principe indéterminé chez Diderot ou La Mettrie, elle devient pour ces matérialistes une
évidence empirique.
L'évolutionnisme
L'unité du vivant n'est plus un mystère qui nécessiterait de présupposer quelque intelligence
supérieure afin d'en penser l'ordre. Il suffit de comprendre que les êtres vivants ont tous des ancêtres
communs ;
L'adaptation physique des organismes vivants apparaît comme le résultat non intentionnel d'une
causalité purement physique ;
L'être humain n'est qu'un des produits de l'évolution et non une création divine. Il doit être intégré
au règne animal et non pas identifié à l'image de Dieu.
Le concept d'évolution devient pour le matérialisme naturaliste un concept essentiel qui donne sa
validité au monisme (l'une des thèses principales du matérialisme) en montrant l'unité de l'être
humain et du vivant ainsi que celle du vivant et de l'inorganique. Cette unité est un continuum qui
doit être pensé sur une longue échelle de temps. Ludwig Büchner (1869) résume cela ainsi : « […]
Tout le grand mystère de l'être, et surtout de l'être organisé, consiste dans un développement lent et
graduel »7.
La physiologie matérialiste de Claude Bernard
C'est au médecin et physiologiste Claude Bernard que l'on doit la première conception matérialiste
du vivant reposant sur des données expérimentales, qu'il présente dans son Introduction à l'étude de
la médecine expérimentale. Claude Bernard a tenté de penser scientifiquement la spécificité du
vivant en récusant le recours à un principe vital, comme cela était en vogue à son époque. Pour lui,
la distinction entre les corps vivants et les corps « inertes » est un processus physique qui aboutit à
la séparation entre un « milieu intérieur » et le « milieu extérieur », ou environnement8.
Ce processus implique une forme de continuité entre l'inorganique et l'organique, mais le milieu
organique se spécialise et s'isole de plus en plus pour finir par s'affranchir apparemment de
l'influence directe de l'environnement. Le vivant semble ainsi s'autonomiser par rapport à la matière
dont il est issu :
« Le corps inerte subordonné à toutes les conditions cosmiques se trouve enchaîné à toutes leurs
variations tandis que le corps vivant reste au contraire indépendant et libre dans ses manifestations9.
»
La leçon de Claude Bernard par Léon Lhermitte, toile de 1889.
Les organismes vivants semblent ainsi acquérir une certaine spontanéité et échapper en partie au
déterminisme qui régit la matière. Mais cette spécificité du vivant par rapport à matière n'est
qu'apparente, comme le précise plus loin Claude Bernard :
« Mais si on y réfléchit bien, on verra bientôt que cette spontanéité des corps vivants n'est qu'une
simple apparence et la conséquence de certains mécanismes de milieux parfaitement déterminés10.
»
Claude Bernard inaugure ainsi une forme réductionniste de matérialisme qui s'inscrit dans le
prolongement du mécanisme cartésien mais qui tente, contrairement à lui, de se justifier sur le plan
expérimental en observant les mécanismes sous-jacents à l'activité du vivant. Le « secret » de la vie
résiderait ainsi dans les propriétés constitutives des organismes, là où se produisent les causes qui
expliquent l'apparition et l'activité de cette machine complexe qu'est l'organisme. Ainsi, l'être
vivant, être humain inclus, n'est-il pas autre chose qu'« une machine qui fonctionne nécessairement
en vertu des propriétés physico-chimiques de ses éléments constituants »10.
Matérialisme historique
Articles détaillés : matérialisme historique et matérialisme dialectique.
XXe siècle
Le tournant scientifique du matérialisme
Article détaillé : matérialisme scientifique.
Selon le physicien Arthur Eddington (1929), la nouvelle conception scientifique du monde, fondée
sur la physique atomique, remet en cause notre conception ordinaire du monde11.
Nous devons donc opter pour une nouvelle forme de matérialisme, plus conforme aux données
scientifiques actuelles. Pour Eddington, notre concept ordinaire de « table », par exemple – selon
lequel la table est un objet stable et plein – est incompatible avec son équivalent scientifique, qui
décrit un ensemble de particules mobiles dans un espace essentiellement vide. Aussi les concepts
ordinaires et les concepts scientifiques ne peuvent-ils être conjointement vrais du même objet. Il
faut choisir : Eddington choisit les concepts scientifiques et renonce aux concepts ordinaires.
C'est ce choix ontologique qui va être fait dans les pays « anglo-saxons » (on parlera alors après
Quine d' « engagement ontologique ») et qui va distinguer le matérialisme de ces pays des formes
plus traditionnelles de matérialisme présentes sur le continent européen.
En France, le philosophe marxiste Yvon Quiniou systématise de son côté la relation entre
matérialisme et science, distinguant deux types de justification, l'un d'ordre méthodologique et
l'autre proprement philosophique12 :
justification méthodologique : le matérialisme est une condition de la science, dans tous les
domaines.
justification philosophique : la science impose une conception matérialiste du monde basée sur la
science « en train de se faire ».
le matérialisme est une théorie réaliste de la connaissance de portée ontologique et pas seulement
épistémologique.
le matérialisme est une philosophie qui recourt à des catégories pour s'exprimer et qui se livre à
un travail spécifique (réflexif) d'interprétation des résultats de la science.
Toujours d'après Quiniou, le matérialisme, bien que relevant d'une position ontologique, ne saurait
se prononcer sur la totalité absolue du réel, car la totalité est, par définition, hors de portée de la
science. En outre, la réalité matérielle doit être considérée dans toute la diversité de ses formes
comme en évolution permanente (productive et progressive).
La renaissance du matérialisme réductionniste
Articles détaillés : réductionnisme et physicalisme.
Classification réductionniste à six niveaux selon Paul Oppenheim et Hilary Putnam, où les
particules physiques élémentaires apparaissent comme les ultimes constituants du monde.
Le matérialisme a connu aux États-Unis et dans les pays anglophones un développement particulier
depuis les années 1950. La thèse réductionniste de l'« esprit-cerveau », qui affirme l'identité de
nature entre les états psychologiques (« subjectifs ») et les états ou processus cérébraux (identité
psychophysique), est au centre des débats en philosophie de l'esprit, et a fait resurgir le lien entre
matérialisme et scientisme.
Durant la première moitié du XXe siècle l'empirisme logique, très critique à l'égard des thèses
métaphysiques du matérialisme, avait réussi à s'imposer dans les pays de tradition empiriste pour
devenir une sorte de paradigme à l'intérieur duquel s'inscrivaient la plupart des réflexions sur la
relation entre le corps et l'esprit. C'est dans ce contexte que le béhaviorisme s'est développé.
Aux yeux des Churchland notamment, ce sont les neurosciences qui peuvent fournir le cadre
théorique approprié à l'explication du comportement.
Le matérialisme et le modèle de l'ordinateur
Article détaillé : computationnalisme.
Pour le computationnalisme, le cerveau humain et l'esprit sont dans le même rapport que
l'ordinateur et le programme informatique qu'il exécute.
C'est aussi pour éviter les difficultés de la théorie de l'identité esprit-cerveau que Hilary Putnam et
Jerry Fodor ont proposé la théorie fonctionnaliste de l'esprit (ou « computationnalisme »). Mais,
contrairement à l'approche éliminativiste de l'esprit, cette nouvelle théorie des états mentaux
reconnaît leur réalité, et, à la différence du matérialisme réductionniste, il reconnaît également leur
spécificité. Cette théorie s'inspire du modèle informatique : l'esprit peut être envisagé par analogie
avec le logiciel ou programme d'un ordinateur. Autrement dit, l'esprit serait au cerveau ce que le
software (logiciel) est au hardware (matériel informatique).
Un programme informatique n'est pas composé d'atomes, mais il a pourtant bien une existence
physique. Il correspond à un niveau de description particulier du fonctionnement de l'ordinateur qui
doit être décrit formellement en termes de symboles et de fonctions plutôt qu'en termes de câblage
ou de circuits électriques. De même, il y a deux types de descriptions possibles associés au
comportement humain : la description physique des états internes du cerveau (ce qui se passe du
point de vue neurologique lorsque nous faisons telle ou telle chose) et la description des processus
mentaux en termes de symboles et de fonctions.
Le fonctionnaliste est donc un matérialiste : pour lui, une pensée humaine n'est au fond rien d'autre
que l'activation électro-chimique d'un réseau de neurones. Mais, de même que l'on peut concevoir
un programme informatique sans mentionner la circuiterie électronique qui l'exécute, on peut
décrire la psychologie humaine sans mentionner ce qui se passe dans le cerveau, en ayant recours
seulement au vocabulaire et aux concepts courants de la psychologie. Celle-ci peut être traduite et
développée dans un langage formel : le « langage de la pensée ».
La différence entre l'esprit et le cerveau correspondrait ainsi à une différence dans la façon de
décrire un même phénomène physique, et non à une différence entre deux types de choses.
Le matérialisme hédoniste
Le philosophe français Michel Onfray adhère à un matérialisme hédoniste, « associant autant une
sagesse du plaisir et la désillusion et le sens de la mort » dans son livre L'art de jouir : Pour un
matérialisme hédoniste, 199114.
XXIe siècle
Depuis les travaux du philosophe et historien des idées argentin Mario Bunge, le matérialisme – qui
s'affirme chez lui comme évolutionniste, organiciste, émergentiste, biologique et systémiste – s'est
diversifié. Mais c'est bien la conception du matérialisme de Mario Bunge qui est aujourd'hui
soutenue par Marc Silberstein, qui déclare que « le matérialisme est effectif s'il possède les attributs
suivants : s'il est moniste, réaliste, scientifique, émergentiste et systémiste, réductionniste quant aux
objets, aux entités et aux processus du monde mais non éliminativiste quant aux propriétés. »15.
Notes et références
Annexes
Bibliographie
Généraliste
Spécialisée à un matérialisme
Articles connexes
Glossaire de philosophie
Liste des concepts de la philosophie
Immatérialisme
Matérialisme scientifique
Réductionnisme
Physicalisme
Monisme
Naturalisme
Identité psychophysique
Julien Offray de La Mettrie ; L'Homme Machine
Lien externe
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