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Chapitre II : GESTION BUDGETAIRE DES VENTES :

PREVISIONS

INTRODUCTION
L’Entreprise aujourd’hui vend sur des marchés de plus en plus concurrentiels : concurrence
nationale mais aussi souvent internationale. La demande y évolue rapidement tant en fonction
des innovations technologiques que des changements de goût des consommateurs.
Ce caractère évolutif et « turbulent » des marchés conforte le rôle premier du budget des
ventes dans le processus budgétaire, mais ne facilite pas sa gestion.

1. Les outils de prévision des ventes


Les ventes de l’entreprise résultent :
- Pour une part d’éléments indépendants de son action (comportement de la
concurrence, évolution de la conjoncture économique) ;
 Pour une autre part de son action en matière commerciale (politique de prix,
budget publicitaire, budget de la force de vente).
Une prévision précise peut dont rarement résulter d’une simple extrapolation du passé ; celle-
ci peut néanmoins constituer une première étape dans le processus de prévision.
1.1 Méthodes de prévision fondées sur une extrapolation des tendances passées

Considérons les deux tableaux d’évolution des ventes suivants :


Année 1 2 3 4 5 6
Ventes 1 : y1 100 130 150 175 210 240
Ventes 2 : y2 100 120 148 182 230 290

A. Tendance linéaire
En reportant les données Ventes 1 sur un graphique, on obtient la représentation suivante :

250-
200-
Ventes 1 150-
100-
50 -
0 -
I I I I I
1 2 3 4 5 6
Années

La disposition des points fait penser à une tendance linéaire.


L’équation de la droite d’ajustement peut être recherchée par la méthode des moindres
carrées.

a) Détermination des paramètres d’un ajustement linéaire

1
L’équation de la droite d’ajustement, de la forme y = ax + b a pour coefficient directeur
(formules de définition.
⅀ XiYi
a= avec X = x - x́ et Y = y - ý
i i i i

⅀ Xi2

Cette formule prend en compte les écarts aux moyennes. Dans la pratique, en disposant d’une
calculatrice on utilise plutôt :
⅀ XiYi
Coefficient directeur a =
⅀ x 2- n x́ 2
i

Ordonnée à l’origine b = ý - a x́
La validité de l’ajustement peut être testée par le calcul du coefficient de corrélation (ou son
carré) :
⅀ xiyi - n x́ ý ⅀ XiYi
r= formule de définition : r =
√⅀ x - n x́
i
2 2
√⅀ yi - n ý 2
2
√⅀ xi2 √⅀ yi2

Le tableau de calcul serait le suivant :


xi yi xiyi Xi2 Yi2
1 100 100 1 10 000
2 130 260 4 16 900
3 150 450 9 22 500
4 175 700 16 30 625
5 210 1 050 25 44 100
6 240 1 440 36 57 600
Somme 21 1 005 4 000 91 181 725
Moyenne 3,5 167,5

4 000 – 6 x 3,5 x 167,5


a= = 27,5714 ; b = 167,5 – 27,5714 x 3,5 = 71
91 – 6 x 3,52
L’équation de la droite d’ajustement s’écrit donc : y = 27,5714X + 71
4 000 – 6 x 3,5 x 167,5
r= = 0,9968
√91 – 6 x 3,5 √181725 – 6 x 167,5 x 167,5

Cette valeur proche de 1 atteste d’une bonne corrélation et confirme donc la validité de
l’ajustement linéaire.

b) Utilisation de l’ajustement linéaire pour la prévision

La tendance linéaire manifeste incite à utiliser la droite d’ajustement afin de prévoir les vente
de l’année 7, soit : y = 27,5714 x 7 + 71 = 264
Il faut toute fois rester attentif aux évolutions de la conjoncture qui pourraient perturber la
tendance.

2
B. Tendance exponentielle

La représentation graphique de la série Ventes 2 est la suivante :

250-
200-
Ventes 1 150-
100-
50 -
0 -
I I I
1 2 4 6
Années

a) Détermination des paramètres de l’ajustement

On voit qu’une droite, quelle qu’elle soit, rendrait mal compte du phénomène d’accélération
des ventes. L’allure de la courbe fait davantage penser à une tendance exponentielle.
Une telle courbe a une équation de la forme : y = B.Ax.
L’année figure en exposant, lorsque x augmente de 1, y est donc multiplié par un facteur
constant A. on peut vérifier que c’est bien sensiblement le cas sur la série y2 :
Année 1 2 3 4 5 6
Ventes 2 : y2 100 120 148 182 230 290
yi / yi-1 1,2 1,23 1,23 1,26 1,26

Afin de calculer les paramètres d’un tel ajustement, il suffit d’écrire l’équation :
Y = B.Ax sous la forme logarithmique : log y = x logA + logB
En posant log A = a et log B = b, on est donc ramené à un ajustement linéaire entre log y et x.
Pour calculer les valeurs de a et b, il suffit de remplacer dans les formules de l’ajustement
linéaire y par log y.

´
⅀ xi log yi – n x́ . log y
´
a= et b = log y - a x́
⅀ xi2 - n x́

Le tableau de calcul est le suivant :

xi yi log yi xilogyi xi2


1 100 2,0000 2,0000 1
2 120 2,0792 4,1584 4
3 148 2,1703 6,5108 9
4 182 2,2601 9,0403 16
5 230 2,3617 11,8086 25
6 290 2,4624 14,7744 36

3
Somme 21 1 070 13,3336 48,2925 91
Moyenne 3,5 178,3333 2,2223

On trouve a = 0,092841. Puisque a = log A, A = 10a = 1,2384.


b = 1,8973 soit B = 10b = 78,95.
L’équation de la courbe s’écrit : y = 78,95 x 1,2384x. Elle montre que sur chaque année, les
ventes sont multipliées par 1,2384 ce qui correspond à un taux d’accroissement annuel de
1,2384 – 1 = 23,84%

c) Utilisation de l’ajustement exponentiel pour la prévision

En appliquant les mêmes principes que précédemment, pour l’année 7, on aurait


y2 = 78,95 x 1,23847 = 353.
Il y a lieu d’envisager ce résultat avec les mêmes précautions que dans le cas précédent.

C. Prise en compte du cycle de vie du produit

Indépendamment des variations liées à la conjoncture, le choix d’un certain type de fonction
(linéaire, exponentielle ou autre) pour prévoir l’évolution de la tendance peut s’appuyer sur la
notion de cycle de vie du produit.
Le schéma suivant met en évidence les différentes phases de ce cycle :

Ventes Fonction Fonction Autre Constante


Exponentielle linéaire fonction

Démarrage Croissance Maturité Déclin Temps

Aux différentes phases du cycle de vie correspondront des fonctions d’ajustement différentes ;
il est donc important pour la prévision de bien identifier dans quelle phase se situe
actuellement le produit.

1.2 Prise en compte des phénomènes saisonniers


Observons l’évolution des ventes d’une entreprise sur douze trimestres consécutifs :
Trimestre 1 Trimestre 2 Trimestre 3 Trimestre 4
Année N – 2 66 96 145 144
Année N – 1 92 131 195 189
Année N 120 167 246 239

Le graphique ci-dessous montre clairement une tendance générale à la hausse représentée par
une droite de tendance (ou « trend ») avec des variations au-dessus ou en-dessous de cette
tendance en fonction des saisons. Ainsi les premiers et seconds trimestres se situent plutôt en-
dessous de la tendance alors que les troisième et quatrième se situent au-dessus.
4
250-

200-
Ventes 2
150-

100-

50 -

0 - I I I I I I I I I I I I
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Trimesters

A. Détermination d’une série corrigée des variations saisonnières

On définit des coefficients saisonniers par le rapport :


Données observées (ou données brutes)
Tendance (ou données ajustées)

Supposons ces coefficients connus a priori (1).


En divisant les données observées par le coefficient du trimestre, on obtient une série
corrigée des variations saisonnières.

• APPLICATION AUX DESAISONNALISATIONS.


Soit les coefficients saisonniers suivants :
Trimestre 1 Trimestre 2 Trimestre 3 Trimestre 4
0,7 0,9 1,25 1,15

L’établissement de la série corrigée des variations saisonnières se présenterait ainsi :


Trimestre x 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Données observées : yi 66 96 145 144 92 131 195 189 120 167 246 239
Coefficient saisonnier : Ct 0, 0,9 1,2 1,1 0,7 0,9 1,2 1,1 0,7 0,9 1,2 1,1
7 5 5 5 5 5 5
Série corrigée des 94 107 116 125 131 146 156 164 171 186 197 208
variations saisonnières :
y’i = yi/Ct

En reportant cette série corrigée des variations saisonnières sur un graphique, on voit qu’elle
présente une évolution beaucoup plus régulière que les données brutes.
En procédant à un ajustement sur cette série, on pourra avoir une prévision de la tendance des
ventes et passer de là aux prévisions par trimestre.

5
250-

200-
Ventes
150-

100-

50 -

0 - I I I I I I I I I I I I
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Trimesters

• APPLICATION AUX PREVISIONS.


La droite d’ajustement de y’ a pour équation y’ = 10,095 + 84,72.
Afin de prévoir les ventes de l’année N + 1, donc des trimestres 13, 14, 15, 16, on procédera
aux calculs suivants :

Trimestre x 13 14 15 16
Prévision de la tendance : 216 226 236 246
y’ = 10,095x + 84,72
Coefficient saisonnier : Ct 0,7 0,9 1,25 1,15
Prévision des ventes par 151 203 295 283
trimestre : y = y’ x Ct

B. Détermination de la tendance à partir des moyennes mobiles


Afin d’éliminer l’effet des variations saisonnières, on peut remplacer chaque valeur de la série
par une moyenne calculée sur des valeurs représentant un ensemble correspondant à une durée
d’une année centrée sur la date de chaque valeur.
Ainsi pour des données trimestrielles, on calculera :
1/2yi-2 + yi-1 +yi+1 1/2yi+2
y’i =
4
En coefficientant yi-2 et yi+2 par 1/2, chaque trimestre de l’année est représenté dans le calcul
avec la même pondération et la valeur calculée est centrée sur la période i.

• APPLICATION A L’EXEMPLE.
Trimestre 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Données observées : yi 66 96 145 144 92 131 195 189 120 167 246 239
Moyenne mobile : y’i 116 124 134 146 155 163 174 187

6
1/2 x 66 + 96 + 145 + 144 1/2 x 92
Par exemple : y’3 = = 116
4

Les moyennes mobiles ainsi calculées permettent de représenter la tendance.


En ajustant cette tendance, par exemple par la méthode des moindres carrées, on pourra
comme précédemment l’utiliser à des fin de prévisions.
250-

200-
Ventes
150-

100-

50 -

0 - I I I I I I I I I I I I
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Trimesters

• APPLICATION AUX COEFFICIENTS SAISONNIERS


Trimestre 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Données observées : yi 66 96 145 144 92 131 195 189 120 167
Moyenne mobile : y’i 116 124 134 146 155 163 174 187
Coefficients saisonniers : 1,2 1,1 0,6 0,9 1,2 1,1 0,6 0,8
yi/y’i 5 6 9 0 6 6 9 9

On peut rapprocher les coefficients saisonniers relatifs à un même trimestre sur plusieurs
années afin de déterminer les valeurs retenues définitivement.
On retiendra pour chaque trimestre la moyenne des valeurs trouvées en procédant à une
approximation éventuelle pour que la somme des valeurs soit bien égale à 4.
Trimestre 1 Trimestre 2 Trimestre 3 Trimestre 4
Année N – 2 1,25 1,16
Année N – 1 0,69 0,90 1,26 1,16
Année N 0,69 0,89
Valeur retenue 0,69 0,90 1,25 1,16

Nota : Ce n’est pas la seule méthode pour déterminer des coefficients saisonniers.
Ces coefficients peuvent également être établis par diverses méthodes telles que les rapports
à la tendance (ou au trend) (moyennes mensuelles des rapports valeurs réelles/valeurs
ajustées, les valeurs ajustées étant obtenues à l’aide de l’équation des moindres carrés) ; ou
des méthodes simples (moyennes de chaque mois/moyennes de l’ensemble des mois de la
période de référence).
B. L’impact de l’action commerciale

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Celle-ci revêt de multiples aspects : action publicitaire, politique de prix, importance de la
force de vente, politique de distribution, etc.
Prenons deux exemples :
a) La politique de prix
Son effet sur le volume des ventes peut être apprécié à partir de la notion d’élasticité.
∆q
Celle-ci définit comme le rapport entre la variation relative de la demande q
et la
∆p
Variation relative du prix : p
∆q
q
e= ∆p
p

Elle est normalement négative ; une valeur de -2 signifie qu’une hausse de prix de 10%
entraînera une baisse de la demande de 20%.
Des sondages auprès de clients potentiels pourront dans certains cas permettre d’approcher la
valeur de cette élasticité.
b) le budget publicitaire
a partir d’observations antérieures, on peut éventuellement évaluer l’effet des dépenses
publicitaires sur le volume des ventes.
La mesure de cet effet peut se fonder sur des études de corrélation.
C. Les évolutions du marché et de la clientèle
Celles-ci pourront être appréhendées :
- à partir d’informations fournies par les vendeurs d’après leur connaissance concrète du
marché ;
- par des études de marché qui analysent les comportements d’achat de la clientèle potentielle
sur un échantillon représentatif. De telles études, souvent coûteuses et sophistiquées, peuvent
être confiées à des organismes extérieurs spécialisés. La technique mathématique des
sondages permet d’extrapoler les résultats observés sur l’échantillon à l’ensemble du marché
de l’entreprise.
Exemple d’application : Une importante compagnie d’assurance a mis au point un nouveau
type de contrat d’assurance multirisques qu’elle envisage de proposer à l’ensemble de ses
300.000 clients.
Dans un sondage réalisé auprès de 400 clients, 80 se sont déclarés intéressés.
On cherche à déterminer le nombre prévisible de contrats qui seront signés.
Solution
La proportion f des clients de l’échantillon intéressés par le contrat est égale à 80/400 soit
20%. En extrapolant ce pourcentage à l’ensemble de la population, on trouve 0,20 x 300 000
= 60 000.
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Mais du fait de la taille de l’échantillon (400 observations seulement sur 300 000) cette
prévision présente un risque car la proportion p dans l’ensemble de la population peut être
différente de f.
On cherche donc à déterminer un intervalle, dit intervalle de confiance, contenant la vraie
valeur de p avec une probabilité α. Α est appelé seuil de confiance. Α doit être proche de 1
pour que la prévision soit fiable (on retient souvent α = 0,90 ou 0,95).
Cet intervalle de confiance admet les bornes suivantes :
f (1-f) f (1 – f)
[f – tα√ n – 1 ; f + tα √ n – 1 ]

N désigne la taille de l’échantillon.


La valeur de tα est d’autant plus élevée que α est élevé.
Les valeurs les plus couramment retenues sont les suivantes (1).
α 0,90 0,95 0,99
tα 1,65 1,96 2,57

Sur notre exemple, en retenant un seuil de confiance de 0,95, l’intervalle de confiance pour p
sera donc le suivant :

0,20 x 0,80 0,20 x 0,80


0,20 – 1,96 √ 399 ; f + tα √ 399 = [0,16 ; 0,24]

Pour 300 000 clients, l’intervalle correspondant est donc de [48 000 ; 72 000].
On peut penser avec une probabilité de 0,95, qu’il y aura entre 48 000 et 72 000 clients qui
seront intéressés.

2. La prévision des coûts de distribution

Elle découle logiquement de la prévision des ventes, même s’il peut y avoir interaction entre
les deux comme nous l’avons vu précédemment : la détermination d’un certain montant de
budget publicitaire pourra par exemple se répercuter sur le niveau de ventes.
La double classification des charges étudiées dans le tome 1 s’applique aux charges de
distribution. On peut la présenter dans le tableau suivant :

Charges variables Charges fixes


- commission sur ventes des - publicités spécifiques à un produit
Charges commerciaux - frais de lancement
directes - emballages - promotion sur les lieux de vente
- frais de transports sur ventes - étude de marché
- etc
- personnel de la direction commerciale
Charges - personnel du magasin de produit finis
indirectes - partie fixe de la rémunération des
commerciaux
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- amortissement des locaux

Les charges variables sont pour une large part, proportionnelles au chiffre d’affaires :
(commissions versées aux représentants en fonction des ventes réalisées).
Pour d’autres charges variables, une analyse plus fine peut s’avérer nécessaire prenant en
compte les prévisions en quantités et l’évolution probable du coût des facteurs.
EXEMPLE DE CALCUL
Pour l’année N, les charges de distribution d’une entreprise ont pu être analysées de la façon
suivante :

Charges variables de distribution


- Commissions 1 250 000
- Frais de transport 540 000
Charges fixes de distribution
- Rémunérations 400 000
- Autres charges 250 000
Total 2 440 000

Pour l’année N + 1, on prévoit une augmentation des ventes en quantités de 10%, avec une
majoration de 5% du prix de vente unitaire.
Le prix du transport sera augmenté de 1%, les rémunérations de 4% et les autres charges de
2%.
Le budget de l’année N + 1 pourra être établi de façon suivante :
Eléments du calcul Montant
Charges variables de distribution
- Commissions 1 250 000 x 1,10 x 1,05 1 443 750
- Frais de transport 540 000 x 1,10 x 1,01 599 940
Charges fixes de distribution
- Rémunérations 400 000 x 1,04 416 000
- Autres charges 250 000 x 1,02 255 000
Total 2 714 690

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