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Maintenabilité.

Maintenance

par Pierre CHAPOUILLE


Ingénieur de l’Institut Électrotechnique de Grenoble
Ancien Chef de la Division Fiabilité et Qualification des Procédés de Bull SA
Ancien Chargé d’Enseignement de la Fiabilité au Conservatoire National
des Arts et Métiers

1. Concepts de base..................................................................................... T 4 305 - 2


1.1 Notion de maintenabilité ............................................................................ — 2
1.2 Définition ...................................................................................................... — 2
1.3 Décomposition des durées de maintenance active .................................. — 2
1.4 Différence entre maintenabilité et maintenance....................................... — 2
1.5 Notions sur la maintenance........................................................................ — 2
1.6 Fiabilité ......................................................................................................... — 3
1.7 Disponibilité ................................................................................................. — 3
2. Éléments théoriques ............................................................................... — 3
2.1 Généralités sur les durées de maintenance .............................................. — 3
2.2 Fréquence des actions de maintenance .................................................... — 5
3. Prévisions de maintenabilité ................................................................ — 8
3.1 Solution théorique....................................................................................... — 8
3.2 Méthode de simulation ............................................................................... — 8
3.3 Cas particuliers ............................................................................................ — 9
3.4 Durée totale d’immobilisation d’un système ............................................ — 9
4. Vérification expérimentale.................................................................... — 10
4.1 Vérification qualitative ................................................................................ — 10
4.2 Vérification quantitative .............................................................................. — 10
5. Tests de démonstration statistique .................................................... — 11
5.1 Méthode 1 de la norme MIL-STD 471 ........................................................ — 11
5.2 Méthode 2 de la norme MIL-STD 471 ........................................................ — 12
5.3 Test non paramétrique de la norme MIL-STD 473 .................................... — 12
Références bibliographiques ......................................................................... — 13

et article est spécialement consacré à la maintenabilité et à la maintenance.


C Cependant, la maintenabilité est si intimement liée à la fiabilité et à la
disponibilité que l’on devra parler sommairement de ces deux caractéristiques.
En effet, si la maintenabilité permet de réduire la durée des pannes et leur
coût, la fiabilité permet de réduire la fréquence de ces pannes. Toutes deux, grâce
au choix d’une politique de maintenance appropriée, ont pour but d’augmenter
12 - 1987

la disponibilité des systèmes ou des équipements et de diminuer les coûts


d’entretien et les stocks de pièces de rechange.
T 4 305

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1. Concepts de base 1.4 Différence entre maintenabilité


et maintenance
1.1 Notion de maintenabilité
La maintenabilité est une caractéristique du système et est définie
La maintenabilité est une caractéristique précisant la facilité et la en terme de probabilité. En revanche, la maintenance est une action
rapidité avec lesquelles un système peut être remis en un état de réalisée par les techniciens de maintenance sur le système pour le
fonctionnement total avec une fiabilité correspondant à son âge. remettre en état.
La rapidité de remise en état d’un système peut être mesurée par
la durée active du dépannage. Par active, on entend qu’on ne
comptera pas les temps morts non imputables à la conception du 1.5 Notions sur la maintenance
système, tels que les délais de réponse des dépanneurs, les durées
d’attente des pièces de rechange ou les temps passés à la rédaction
1.5.1 Types d’actions de maintenance
des pièces administratives, car ces temps dépendent de l’organisa-
tion et de l’efficacité du service de maintenance et non de la
On distingue généralement trois types d’actions :
conception du système.
— l’entretien de routine, tel que le graissage ou les réglages
Pour rendre le dépannage plus facile et plus rapide, on devra simples souvent confiés à l’utilisateur ;
prévoir, dès la conception, les moyens pour faciliter : — la maintenance corrective ou non programmée, qui a pour
— le diagnostic des pannes existantes et de celles risquant de but de réparer une panne déclarée ;
survenir rapidement (défaillances par dégradation) ; — la maintenance préventive ou programmée, qui a pour but de
— l’accès aux pièces à remplacer, leur démontage et leur prévenir des pannes prévisibles par des remplacements de pièces
remplacement ; non encore défaillantes ou des révisions périodiques.
— le contrôle de la validité de l’action de maintenance.

1.5.2 Politiques de maintenance préventive


1.2 Définition La maintenance préventive permet de remplacer des pièces qui
se dégradent par suite d’usure, de fatigue, etc., avant qu’elles ne
La durée de maintenance active, qui concerne la maintenabilité provoquent une défaillance. Ces pièces présentent un taux de
comme la durée de maintenance totale incluant les temps morts, défaillance croissant avec l’âge. La détermination de la durée entre
est très variable en fonction de la panne, de l’aptitude du dépanneur remplacements nécessite la connaissance de la distribution des
et des moyens d’aide dont il dispose. Ce sont des variables aléatoires durées de vie. Elle fait appel à la théorie du renouvellement.
caractérisées par une densité de probabilité et une fonction de On a le choix entre plusieurs politiques de maintenance préven-
répartition appelée fonction maintenabilité. Il en résulte que la tive. Les plus fréquentes sont les suivantes.
maintenabilité peut être mesurée par une probabilité, d’où une
définition possible : ■ Dans la maintenance préventive systématique, on fixe les règles
strictes pour déterminer les dates de maintenance.
« La maintenabilité est une caractéristique d’un système mesurée
par la probabilité d’être remis, par une action de maintenance, dans Suivant l’importance d’un équipement dans un système, celle-ci
des conditions opérationnelles définies, dans une durée fixée, les peut s’effectuer :
ressources et les conditions d’environnement étant préalablement — pour un âge fixé de l’équipement ; il faut alors disposer d’un
spécifiées ». moyen pour connaître l’âge de l’équipement durant la vie du
système ;
Les conditions opérationnelles comprennent l’aptitude à remplir
— pour un âge fixé du système ; c’est le cas des révisions des
les fonctions spécifiées avec un niveau de fiabilité et de sécurité
automobiles préconisées par les constructeurs ;
conforme au cahier des charges. Les ressources et les conditions
— à des dates fixes.
d’environnement doivent être conformes au plan de maintenance
du système. Les deux premières sont plus efficaces, mais difficiles à gérer. La
troisième se gère bien, mais elle est plus coûteuse en temps et en
pièces de rechange.

1.3 Décomposition des durées ■ La maintenance préventive conditionnelle consiste à vérifier


périodiquement l’état des pièces qui se dégradent et à n’intervenir
de maintenance active que si l’état de dégradation est suffisamment avancé pour
compromettre la fiabilité du système. Elle nécessite des moyens de
mesure ou de test permettant d’apprécier l’état de dégradation.
Une action de maintenance comporte plusieurs tâches L’évolution des capteurs de mesure (par exemple, les capteurs de
successives. On peut considérer les tâches suivantes comme vibrations) et des dispositifs d’analyse automatique (par exemple,
typiques : l’analyse des huiles de graissage) associés aux télémesures et aux
— vérifier la réalité de la panne ; ordinateurs rendent cette politique plus accessible. Elle est très
— identifier la pièce défaillante ; efficace, mais la gestion des ressources de maintenance est plus
— démonter le système pour accéder à la pièce ; difficile et nécessite souvent le recours à l’ordinateur.
— retirer la pièce ;
Dans la pratique, on est amené, pour réduire les coûts de
— la remplacer par une pièce en bon état ;
maintenance et assurer la disponibilité des systèmes, à combiner
— remonter le système ;
ces différentes politiques dans le plan de maintenance, par exemple
— contrôler le bon résultat de la réparation.
à prévoir une partie des actions de maintenance à dates fixes et à
en profiter pour effectuer les vérifications sur les pièces soumises
à la maintenance conditionnelle.

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1.5.3 Échelons de maintenance Dans le cas le plus simple du régime permanent, en désignant par τ
la moyenne des durées de maintenance et par θ la MTBF, on a :
Lorsque la maintenance s’applique à un parc important de A = θ / (θ + τ)
systèmes complexes ou techniquement difficiles à réparer sur place,
on prévoit des échelons de maintenance. En général, trois échelons Pour augmenter la disponibilité, il faut donc augmenter la durée
sont prévus : de bon fonctionnement et réduire la durée de maintenance.
— le premier correspond à des opérations simples, ne nécessitant
pas d’outillage spécial ni de compétences étendues, et habituelle-
ment effectuées par l’utilisateur ;
— le deuxième concerne des opérations effectuées sur le site par 2. Éléments théoriques
des techniciens spécialisés, disposant de moyens de test mobiles
et d’un outillage adéquat, mais relativement réduit ;
— le troisième est réservé aux réparations difficiles, aux révisions Ces éléments ne comprendront pas les éléments de probabilité
générales ou aux reconstructions ; elles s’effectuent soit en usine, et de distribution statistiques communes à la fiabilité et à la main-
soit dans des centres de maintenance très équipés. tenabilité qu’on trouvera dans l’article spécialisé du présent traité,
La définition des opérations à effectuer aux différents échelons mais un exposé général sur les durées de réparation (§ 2.1) et sur
est liée aux choix réalisés concernant les niveaux d’échange des la fréquence des actions de maintenance et la théorie du renouvel-
éléments réparables (composant, sous-ensemble, équipement). lement (§ 2.2).

1.5.4 Problème des rebuts 2.1 Généralités sur les durées


Lors de l’étude de la maintenabilité et de l’établissement du plan
de maintenance
de maintenance, on doit faire le choix entre réparer ou rebuter un
élément défaillant. Si la maintenance se fait au niveau du composant,
On utilise souvent le terme de temps de réparation, alors qu’en
le choix du rebut est fréquent. En revanche, si la maintenance se
réalité, on s’intéresse à un intervalle de temps, donc à une durée.
fait à un degré d’intégration plus élevé, le choix doit être dicté par
De même, le terme de réparation ne concerne que la maintenance
des considérations économiques, en fonction des coûts de
corrective, alors qu’il faut également considérer la maintenance
réparation, du prix de revient de l’élément neuf, des stocks de main-
préventive dans les études de maintenabilité. Enfin, rappelons qu’on
tenance, des délais et de la disponibilité à assurer au système.
ne s’intéresse qu’à la durée de la maintenance active (§ 1.1).

1.6 Fiabilité 2.1.1 Caractéristiques statistiques

La durée de maintenance est une variable aléatoire constituée par


La fiabilité est une caractéristique d’un système mesurée par la la somme des durées des opérations élémentaires décrites au
probabilité qu’il accomplisse les fonctions requises dans des paragraphe 1.3. Elle est caractérisée par une distribution de proba-
conditions données pendant une durée spécifiée. bilité g (t ) dont la fonction de répartition :


Elle est donc concernée par un fonctionnement sans défaillance t
du système pendant une durée donnée et est caractérisée par la M (t ) = g ( u ) du
fonction de répartition R (t ) des durées jusqu’à défaillance (fonction 0
fiabilité).
est la fonction maintenabilité. Cette fonction représente la probabi-
La durée moyenne jusqu’à défaillance θ (moyenne des temps de lité de terminer la maintenance dans une durée au plus égale à t.
bon fonctionnement : MTBF) est une caractéristique fondamentale :
À partir de cette fonction maintenabilité, on peut calculer des


∞ durées caractéristiques de la maintenance.
θ = R ( t ) dt
0
2.1.1.1 Durée moyenne de maintenance
Le taux instantané de défaillance z (t ) caractérisant la probabilité C’est l’espérance mathématique de la durée :
de défaillance à l’âge t est donné par :



1 dR ( t ) τ = t ⋅ g ( t ) dt
z ( t ) = – --------------- ⋅ ------------------- 0
R (t ) dt
aussi égale à :
Dans de nombreux cas, le taux de défaillance est constant avec


l’âge. On le représente par λ. Dans ce cas, la MTBF est :
τ = [ 1 – M ( t ) ] dt
θ = 1/ λ 0

et la fiabilité : Elle est représentée par le sigle MTTR (en anglais : Mean Time To
R (t ) = exp (– λt ) Repair, en français : moyenne des temps techniques de réparation).

2.1.1.2 Durée maximale de réparation


1.7 Disponibilité Elle est généralement définie comme une durée telle que 95 % des
durées de maintenance lui seront inférieures ou égales. À noter que,
La disponibilité A est une mesure de la fraction du temps pendant quelquefois, cette limite est ramenée à 90 %. Cette valeur Tmax est
laquelle un système est disponible, c’est-à-dire en fonction ou apte donnée par M (Tmax ) = 0,95 (ou 0,90).
à fonctionner. C’est une probabilité fonction du temps.

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2.1.1.3 Taux de maintenance Fonction maintenabilité :


M (t ) = Φ (u )
Cette notion est semblable à la notion de taux de défaillance en
fiabilité. Le taux de maintenance est donné par : fonction de répartition de la loi normale.
g (t ) Durée moyenne de maintenance :
µ ( t ) = --------------------------
1 – M (t ) τ=µ
C’est généralement une fonction croissante du temps, ce qui Estimation de la durée moyenne :
signifie que plus une action de maintenance progresse dans le n
temps, plus il est probable qu’elle se termine rapidement. ^ 1
Cependant, on suppose souvent le taux constant pour faciliter les
µ = m = -----
n ∑ ti
i=1
calculs.
Estimation de l’écart-type :

2.1.2 Distribution des durées de maintenance ^ 1


σ = s ≈ -------------- ∑ ( t i – m ) 2
n–1
Dans de nombreux cas, il est difficile de choisir sans ambiguïté
la distribution représentant le mieux les données expérimentales.
Une analyse du processus et des causes de génération des Remarque
événements permet de mieux guider le choix de la distribution la En posant ϕ ( u ) = ( 1/ 2π ) exp ( – u 2 /2 ) et x = 1/ ( 1 + pu ) on
plus appropriée. Si cette analyse ne peut être faite, et en l’absence a approximativement (d’après [7]) :
de très nombreuses données expérimentales, on choisit souvent une
distribution qui facilite la résolution mathématique des problèmes. Φ (u ) = 1 – [ϕ (u ) · (a 1 x + a 2 x 2 + a 3 x 3 )]
avec p = 0,332 67 ,
2.1.2.1 Distribution exponentielle
a 1 = 0,436 183 6 ,
C’est la plus facile à utiliser. Le taux de maintenance est constant, a 2 = – 0,120 167 6 ,
généralement représenté par la lettre µ.
a 3 = 0,937 298 0.
Distribution de probabilité :
De même, la fonction inverse donnant u en fonction de Φ est
g (t ) = µ exp (– µt ) approximativement (d’après [7]) :
Fonction maintenabilité : a0 + a1 x
M (t ) = 1 – exp (– µt ) 
u = x – ------------------------------------------
1 + b1 x + b2 x 2 
Durée moyenne de maintenance : avec x = 2 ln p ,
τ = 1/µ p = (1 – Φ) < 0,5 ,
Durée maximale de réparation pour une probabilité α : a0 = 2,307 53 ,
a 1 = 0,270 61 ,
Tmax = – τ ln (1 – α)
b 1 = 0,992 29 ,
soit, pour α = 0,95 :
b 2 = 0,044 81.
Tmax = 3 τ
et, pour α = 0,90 : Durée maximale de maintenance :
Tmax = 2,3 τ
— pour une maintenabilité de 0,95 :
Estimation de τ à partir de n durées mesurées t i : Tmax = µ + 1,65 σ
n
^ — et pour une valeur de 0,90 :
τ = ∑ ti /n
i=1 Tmax = µ + 1,28 σ

2.1.2.2 Distribution normale 2.1.2.3 Distribution log-normale


Si les durées de maintenance sont concentrées symétriquement La distribution log-normale représente assez bien les durées de
autour d’une valeur centrale, on peut utiliser la loi normale, dans maintenance, avec un taux de maintenance croissant au départ, puis
la mesure où le coefficient de variation σ/µ est plus petit que 1/3. passant par un maximum. Elle est caractérisée par le fait que le loga-
Le taux de maintenance est toujours croissant. rithme des durées suit une loi normale. Malgré ses avantages de
Distribution de probabilité : représentativité, elle est d’une utilisation difficile, en particulier pour
les systèmes redondants.
1 t–µ

g ( t ) = ------------------ exp -------------
σ 2π σ  Si l’on désigne par ϕ (u ) la distribution normale réduite et par Φ (u )
la fonction de répartition correspondante, et que l’on fait la trans-
formation u = (ln t – m )/s, où m et s sont les deux paramètres de
avec σ écart-type.
la loi log-normale, on a :
En posant u = (t – µ)/σ on obtient la variable réduite de
Distribution des durées de maintenance :
distribution :
g (t ) = ϕ (u )/ts
 
1 u2
ϕ ( u ) = -------------- exp – --------- = σ g ( t )
2π 2 Fonction maintenabilité :
M (t ) = Φ (u )
qui est tabulée (article Statistiques [A 166] dans le traité Sciences
fondamentales).

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Taux de maintenance : Le tableau ci-après donne les valeurs de λTmax en fonction de k


pour des maintenabilités de 90 % et 95 %. (0)
ϕ (u ) z (u)
µ ( t ) = ------------------------------------- = --------------
ts [ 1 – Φ ( u ) ] ts
avec z (u ) taux de maintenance de la loi normale réduite. Valeurs de T max
Durée moyenne de maintenance : Maintenabilité
k 90 % 95 %
s2
τ = exp m + --------
2   2 3,89 4,74
3 5,32 6,30
Durée maximale de maintenance : 4 6,68 7,75
Tmax = exp (m + 1,65s ) pour 95 % 5 7,99 9,15
6 9,27 10,51
Tmax = exp (m + 1,28s ) pour 90 %

Estimation de m : Pour des valeurs de k > 6 on a approximativement :


— pour 90 % : Tmax = k + (1,28 /k ) à mieux de 2 % ;
n — pour 95 % : Tmax = k + (1,65 /k ) à mieux de 5 %.
^
m = ∑ ln ti /n
i=1 Remarque : la distribution d’Erlang est duale de la loi de
Poisson.
Estimation de s :
n
^ ( ln t i – m ) 2 M (t ) est donné par la probabilité cumulée de la loi de Poisson
s ≈ ∑ ------------------------------
- de paramètre m = λt pour c = k – 1 événements.
n–1
i=1

Dans le cas de la loi log-normale, on utilise fréquemment la durée


médiane de maintenance Tmed = exp (m ) correspondant à une 2.2 Fréquence des actions
probabilité (maintenabilité) de 0,5. Les spécifications sont souvent de maintenance
exprimées par une durée médiane et une durée maximale à ne pas
dépasser. On doit alors avoir :
2.2.1 Notion de taux de renouvellement
m < ln Tmed
Si un composant est remplacé lors d’une défaillance, on peut
et si la durée maximale est donnée : déterminer le nombre moyen de pièces remplacées pendant une
durée t.
ln ( T max /T med )
s = -------------------------------------------- pour une maintenabilité de 0,95 Soit H (t ) ce nombre moyen de remplacement, le taux de
1,65 renouvellement est alors : h (t ) = dH (t )/dt et peut être calculé par
l’équation du renouvellement (§ 2.2.3).
ln ( T max /T med )
s = -------------------------------------------- pour une maintenabilité de 0,90 Il ne faut pas confondre le taux de renouvellement avec le taux
1,28 de défaillance. Ce n’est que dans le cas où le taux de défaillance
est constant, et qu’alors une maintenance préventive est inutile, que
2.1.2.4 Distribution Gamma entière ou d’Erlang les deux sont égaux à λ = 1/θ, θ étant la MTBF.
Lorsque la durée de maintenance peut être considérée comme la Le taux de renouvellement est donc en général une fonction du
somme de k durées élémentaires distribuées exponentiellement temps. Cependant, dans le cas d’une maintenance uniquement
avec une même moyenne 1/ λ, elle peut être représentée par une corrective, il tend vers une valeur limite λ c = lim h (t ) = 1/θ.
distribution Gamma entière d’ordre k.
Distribution des durées de maintenance : 2.2.2 Renouvellement préventif à âge fixé
λ
g ( t ) = --------------------- ( λt ) k – 1 exp ( – λt )
( k – 1 )! Si un composant a un taux de défaillance croissant, il peut être
remplacé préventivement lorsque son âge atteint une valeur T.
Fonction maintenabilité :
La moyenne des temps entre défaillances observées devient :
(λt ) i

k–1 T
M ( t ) = 1 – exp ( – λ t ) ∑ ---------------
i!
-
θ0 = R ( t ) dt / [ 1 – R ( T ) ]
i=0 0

Taux de maintenance : plus élevée que la MTBF du composant. Le taux de renouvellement


correctif limite est :
( λt ) k – 1 λc = 1/θ0
µ ( t ) = --------------------------------------------------
k – 1 ( λt ) i
( k – 1 ) ! ∑ --------------- et il apparaît un taux de renouvellement préventif limite :
i!
i=0
R (T ) R (T )
- = -------------------------- ⋅ λ c
λ p = -------------------------------
 1 – R (T )
Durée moyenne de maintenance : T
R ( T ) dt
τ = k/λ 0

Durée maximale de maintenance : Tmax . Un exemple est donné figure 1.

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La moyenne du nombre de renouvellements au cours d’une


période t est solution de :


t
H (t ) = [1 – R (t )] + H ( t – x ) ⋅ f ( x ) dx
0

ou de la forme équivalente :


t
H (t ) = [ 1 + H ( t – x ) ] ⋅ f ( x ) dx
0

2.2.3.2 Renouvellement préventif à période fixe


Si un renouvellement préventif a lieu avec une période fixe T, sans
tenir compte des défaillances qui se sont produites pendant cette
période, la moyenne des temps entre maintenance (préventive et
corrective) est :

 
T T
m (T ) = [ 1 – H ( t ) ] dt = T – H ( t ) dt
0 0

correspondant à un taux limite de renouvellement :


λG = 1/ m (T )
le taux moyen de renouvellement préventif étant évidemment :
λp = 1/ T
et le taux moyen de renouvellement correctif valant :
λc = λG – λ p = 1/ m (T ) – (1/ T )
correspondant à une durée moyenne entre défaillances observées :
θ0 = 1/ λc

2.2.3.3 Cas de la distribution exponentielle


Le processus de renouvellement est un processus de Poisson,
d’où :
h (t ) = λ
et H (t ) = λ t

2.2.3.4 Cas de la loi normale


Figure 1 – Renouvellement à âge fixé. Cas d’une distribution
de Weibull Si ϕ (u ) est la fonction de distribution de la loi normale réduite
t–iµ
et Φ (u ) sa fonction de répartition, on a, en posant u i = ---------------- :
σ i
2.2.3 Éléments de la théorie du renouvellement

2.2.3.1 Processus de renouvellement simple h (t ) = ∑ ϕ ( ui )/ ( σ/ i)
1
Dans ce processus, on suppose qu’un composant défaillant est
immédiatement remplacé par un neuf. On ignore les durées de tendant vers 1/ µ (figure 2) ;
maintenance, en ne tenant compte que des durées de fonctionne- ∞
ment et du nombre de défaillances. et H (t ) = ∑ Φ ( ui )
Dans ce cas, si f (t ) est la densité de probabilité des temps 1
jusqu’à défaillance, le taux de renouvellement est donné par :


t
h (t ) = f (t ) + h ( t – x ) ⋅ f ( x ) dx
0

(intégrale de convolution).

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Figure 2 – Renouvellement gaussien (  = 10 h)

2.2.3.5 Loi de Weibull



β iβ–1
  i∑= 1 ( –1 ) i + 1 ⋅ iki  ----η- 
t
h ( t ) = -----
η

qui tend vers Γ [1 + (1/ β)]/η.


∞ iβ
∑ ( –1 ) i + 1 ⋅ ki  ----η- 
t
H (t ) =
i=1
n–1
avec A n = C n – ∑ Ci An – i
i=1

Ci = Γ (1 + i β)/i !
ki = Ai /[Γ (1 + i β)]
Cette série converge assez rapidement pour t /η < 1. La figure 3
donne les valeurs de k i pour quelques valeurs de β (d’après [8]).

Figure 3 – Loi de Weibull. Coefficient de développement de H (t )

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3. Prévisions Cette résolution se fait assez facilement sur un ordinateur de


bureau.
de maintenabilité Exemple : soit un système ayant deux composants de taux de
défaillance λ 1 = λ 2 dont les durées de réparation suivent une distribu-
tion exponentielle de moyennes τ 1 = 1 h et τ 2 = 2 h. On a
Les prévisions de maintenabilité doivent être entreprises au cours p 1 = p 2 = 0,5. La durée moyenne de réparation du système sera
de l’étude du produit, dès que les informations sur les moyennes τ = 1,5 h et les durées maximales calculées par ordinateur de
des durées entre maintenances correctives et préventives des Tmax = 3,54 h pour 90 % et de Tmax = 4,78 h pour 95 %. La figure 4
composants, issues des études de fiabilité, deviennent disponibles, donne la fonction maintenabilité M (t ) et le taux de maintenance µ (t )
et que des estimations vraisemblables des durées de maintenance du système. On remarquera que le taux de maintenance du système
et de leurs distributions statistiques pour les différents types ou n’est pas constant et que, donc, la maintenabilité du système ne suit
modes de défaillances des composants sont faites. pas une distribution exponentielle.
C’est à ce moment du développement du projet que les prévisions
seront les plus utiles, puisqu’il sera alors possible de révéler les
insuffisances éventuelles et de modifier le projet avant la
construction des prototypes. 3.2 Méthode de simulation
Dans ce qui suit, on supposera que la maintenance du système
est en régime stabilisé et que les taux de renouvellement La méthode de simulation permet également de déterminer la
correctifs λ c et préventifs λ p peuvent être supposés constants. Les fonction maintenabilité d’un système, particulièrement dans le cas
systèmes seront supposés sans redondance. où l’on ne connaît pas les distributions théoriques des durées de
maintenance des composants, mais où l’on dispose de résultats
expérimentaux sur ces durées, bien qu’en nombre insuffisant pour
3.1 Solution théorique ajuster une distribution théorique avec suffisamment de certitude.
Les progrès des ordinateurs de bureau permettent d’appliquer cette
méthode pour des systèmes relativement complexes, sans avoir
3.1.1 Distribution des durées de maintenance recours à des systèmes informatiques de grandes dimensions.
d’un système
La distribution des durées de maintenance est une distribution 3.2.1 Principe
mélangée. Dans le cas de la maintenance corrective, en désignant
par λ ci le taux de renouvellement correctif du composant i, par λ c
On effectuera un nombre N de simulations fonction de la

 
n
précision e demandée pour M (t ) et de la probabilité p de ne pas
le taux de renouvellement correctif du système λ c = ∑ λ ci = 1/θ 0 ,
dépasser cette erreur. Le nombre N sera donné par N = (k /e )2,
i=1
k étant fonction de p et des hypothèses faites sur la distribution de
par gi (t ) la distribution des durées de maintenance du composant i,
M (t ).
par Mi (t ) sa fonction maintenabilité, et en posant pi = λ ci /λ c , la
Dans le cas où aucune connaissance n’est possible sur M (t ), la
distribution des durées de maintenance du système sera :
valeur la plus pessimiste de k est donnée par le tableau ci-après :
n (0)
g (t ) = ∑ pi ⋅ gi ( t )
i=1 p 0,90 0,95 0,99
et sa fonction maintenabilité : k 1,22 1,36 1,63
n n
M (t ) = ∑ pi ⋅ Mi ( t ) = 1– ∑ pi [ 1 – Mi ( t ) ]
i=1 i=1 Exemple : pour déterminer M (t ) avec une probabilité de 90 % de
ne pas dépasser une erreur de 1 %, il faudra faire :

3.1.2 Durée moyenne N = (1,22/0,01)2 ≈ 15 000 simulations

Quelles que soient les distributions gi (t ), on a :

 
∞ n ∞ n
τ =
0
t ⋅ g ( t ) dt = ∑ pi
0
t ⋅ g i ( t ) dt = ∑ pi τi
i=1 i=1

3.1.3 Durée maximale

Si la probabilité fixée est 1 – α, il faut résoudre :


n n
∑ pi ⋅ Mi ( t ) > 1 – α ou ∑ pi [ 1 – Mi ( t ) ] < α
i=1 i=1

Figure 4 – Maintenabilité M (t ) et taux de maintenance  (t )

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On calculera ensuite pour chaque composant la proportion 3.3 Cas particuliers


pi = λ ci / λ c et les proportions cumulées :
j
Si les durées de maintenance des composants suivent toutes des
Pj = ∑ pi ( P 1 = p 1 , P 2 = p 1 + p 2 ,... )
distributions exponentielles et que les durées moyennes τ i ne sont
i=1
pas trop différentes (par exemple si les valeurs extrêmes ne diffèrent
avec P 0 = 0 et Pn = 1. pas de plus de 20 % de la moyenne des valeurs), on peut admettre
On effectuera ensuite N fois les opérations suivantes : que la fonction maintenabilité du système suit approximativement
une distribution exponentielle de durée moyenne τ = pi τ i .
— tirer un nombre aléatoire x (nombre ayant une distribution
uniforme entre 0 et 1). Si P k – 1 < x  P k , choisir la distribution des Les durées maximales de maintenance étant alors d’environ :
durées de maintenance du composant k ; Tmax = 2,3 τ pour 90 %
— tirer un autre nombre aléatoire x ′ ; calculer la durée simulée
–1 –1 et Tmax = 3 τ pour 95 %
de maintenance t i = M k ( x ′ ) ( M k représentant la fonction inverse
de la fonction maintenabilité Mk (t ) du composant k ).
Après les N simulations, on classera les durées simulées de
maintenance ti en ordre croissant. Cette suite t j ( t 1  t 2  ...  t N )
3.4 Durée totale d’immobilisation
donnera la fonction maintenabilité M (tj ) du système par : d’un système
M (t j ) = j/N
Exemple : une simulation portant sur l’exemple du paragraphe 3.1.2 La durée totale d’immobilisation d’un système se compose de la
avec N = 50 valeurs simulées a donné une durée moyenne τ = 1,93 h durée de maintenance corrective et de la durée de maintenance
et des durées maximales de 3,99 h pour 90 % et de 5,75 h pour 95 % préventive. Si λci est le taux de renouvellement correctif moyen d’un
(figure 5). Elle a été effectuée en 12 s sur APPLE IIe. composant et λpi son taux de renouvellement préventif moyen, et
si la durée de maintenance corrective du composant suit une
distribution gi (t ) de moyenne τ i , tandis que la durée de maintenance
préventive suit une distribution fi (t ) de moyenne δi , la distribution
3.2.2 Durées de maintenance mesurées
de la durée totale d’immobilisation du système sera :
Si la distribution des durées de maintenance d’un composant est n
définie par une série de N mesures que l’on a ordonnées en ordre g (t ) = ∑ pi ⋅ gi ( t ) + qi ⋅ fi ( t )
croissant t i – 1  t i  t i + 1 , on peut procéder de deux façons i=1
différentes :
en posant :
— sans interpolation : soit toujours x ′ la variable aléatoire tirée,

 ∑ (λ
n
si i – 1 < Nx ′  i , prendre ti comme valeur simulée ;
— avec interpolation : on fera, par exemple, une interpolation p i = λ ci ci + λ pi )
i=1
linéaire entre deux valeurs successives des durées mesurées ; si
i – 1 < Nx ′  i , on calculera comme valeur simulée :
 ∑ (λ
n
t = ti – 1 + (ti – ti – 1) (Nx ′ – i + 1) q i = λ pi ci + λ pi )
i=1
en posant t 0 = 0.
La durée moyenne d’immobilisation est alors :
Ces procédures conduisent à des simulations un peu plus longues,
mais permettent d’utiliser des données d’expérience. Il faut n
remarquer que, dans un même programme de simulation, on peut τ = ∑ pi ⋅ τi + qi ⋅ δi
sans inconvénient utiliser les distributions de maintenabilité pour i=1
certains composants et des durées mesurées pour d’autres. Si Mi (t ) est la fonction de répartition des durées de maintenance


t

corrective M i ( t ) =
0
g i ( u ) ⋅ du  et Fi (t ) la fonction de répartition

 Fi ( t ) = 0 fi ( u ) ⋅ du 
t
des durées de maintenance préventives du
composant i, la fonction de répartition de la durée totale d’immo-
bilisation, c’est-à-dire la fonction maintenabilité du système en
tenant compte des deux types de maintenance, sera :
n
M (t ) = ∑ pi ( t ) ⋅ Mi ( t ) + qi ( t ) ⋅ Fi ( t )
i=1

permettant de calculer les durées maximales d’immobilisation pour


une probabilité fixée.

Figure 5 – Méthode de simulation (résultats pour 50 simulations)

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4. Vérification expérimentale budgets disponibles, généralement compris entre 20 et 50). On


affectera le composant i du poids λ pi / λ p et le nombre de rempla-
cements de ce composant sera : npi = N (λ pi / λ p ). Pour garantir que
Dès qu’un système est disponible au stade prototype, il est
nécessaire de procéder à des vérifications expérimentales pour le composant remplacé le moins fréquemment le sera au moins
s’assurer que les prévisions de maintenabilité faites au cours du une fois, en désignant par λ p min son taux de remplacement, on
développement sont correctes et que le cahier des charges a toutes devra avoir :
chances d’être satisfait. Ces vérifications sont qualitatives ou N > λp / λp min
quantitatives, ces dernières portant à la fois sur les durées de
L’ordre dans lequel les essais de remplacement seront effectués
maintenance corrective et les durées de maintenance préventive.
est obtenu en affectant un numéro d’ordre à chaque essai et en tirant
Ces vérifications doivent être faites avant de pouvoir procéder à des
une permutation au hasard de ces nombres qui donnera l’ordre des
tests de démonstration statistiques, s’ils sont prévus dans le contrat.
essais.
Exemple : soit un système dont trois composants doivent être
4.1 Vérification qualitative remplacés préventivement. Les taux de remplacement sont de 4 par an
pour le premier, de 2 pour le second et de 1 pour le troisième (λp1 = 4,
Elle constitue une revue du projet, et se fera par des examens λp2 = 2, λp3 = 1, λp = 7). Prenons N = 7, le tableau suivant donne les
critiques portant sur des points importants pour la maintenabilité numéros d’ordre initiaux :
tels que : Composant C1 C1 C1 C1 C2 C2 C3
— vérification de la clarté et des informations des plans et des Numéro 1 2 3 4 5 6 7
notices destinées aux agents de maintenance et éventuellement aux Tirons une permutation des sept premiers nombres, soit : 5, 1, 3, 6,
utilisateurs, si ceux-ci doivent effectuer des opérations de 7, 4, 2, l’ordre des essais sera :
maintenance préventive simples (graissages, nettoyages, etc.) ou Essai 1 2 3 4 5 6 7
corrective (changement de fusibles, changement de roues sur une
voiture, etc.) ; Composant C2 C1 C1 C2 C3 C1 C1
— vérification de l’existence et de la visibilité de moyens de repé- Cette méthode peut être simplifiée si le nombre d’essais est supé-
rage cohérents avec les plans et les notices ; rieur à 20. Désignons par U un nombre au hasard réparti uniformé-
— vérification du découpage fonctionnel du système pour ment sur l’intervalle [0, 1[ tel que ceux donnés dans des tables ou
permettre des contrôles indépendants des sous-ensembles ; générés par ordinateur et par E (x ) la partie entière d’un nombre.
— vérification de l’existence et de la fiabilité de dispositifs de Le numéro d’ordre de l’essai sera donné par E (1 + NU ). Si un
contrôle automatique, de contrôle d’usure, de systèmes numéro est déjà sorti, il suffit d’en tirer un autre. Il est également
d’autodétection des défaillances ; nécessaire, pour obtenir une bonne estimation des durées, de faire
— contrôle des possibilités d’accès rapide aux composants à effectuer les remplacements par différents agents, qui seront égale-
remplacer ; ment affectés au hasard à chaque essai.
— vérification de l’existence et de la clarté du plan de mainte-
nance et de la définition des niveaux d’échanges ;
— vérification de l’existence, si nécessaire, d’outillages spéciaux 4.2.2 Durées de maintenance corrective
et d’équipements de maintenance adaptés.
Cette liste n’est pas limitative et devra être adaptée à chaque cas On procèdera d’une manière similaire pour la maintenance
particulier de système. corrective, mais le nombre de types de défaillances possibles étant
forcément très grand, il faudra effectuer une sélection parmi elles
afin de ne pas devoir faire un nombre trop important d’essais.
4.2 Vérification quantitative Si des prévisions de fiabilité et de maintenabilité ont été faites,
cette sélection peut se faire en affectant chaque type de composant
inventorié dans le système d’un poids :
Elle a pour but de mesurer les durées de maintenance tant
préventive que corrective. Elle consiste à faire effectuer, sur des n i λ ci τ i
p i = --------------------
-
équipements prototypes, des opérations de maintenance par des λc τ
agents qualifiés disposant des moyens prévus, de mesurer les
durées des opérations et d’en déterminer la statistique (types de dis- Pratiquement, on procèdera comme suit :
tribution et paramètres estimés) afin de comparer les résultats aux — pour chaque type de composant i, calculer pi avec :
prévisions, et éventuellement de réagir sur le projet si la mainte-
nabilité mesurée est pas trop inférieure à l’objectif. λc = ∑ ni λci
n i λ ci
4.2.1 Durées de maintenance préventive
et τ = ∑ ---------------
λc
- τi

— classer les types de composants par ordre de poids décrois-


Le nombre de composants devant être remplacés préventivement
sant qj :
est toujours relativement restreint, et il sera préférable que tous ces
q 1 = Max (pi )
composants soient au moins remplacés une fois pour obtenir une
mesure valable des durées de maintenance préventive. Le nombre et qj – 1 < qj  qj + 1
de remplacements de chaque composant au cours de l’expérience
devra être modulé en fonction de son taux de remplacement permettant d’établir un tableau de correspondance i (j ), et pour
préventif déterminé dans le plan de maintenance. Pour déterminer j
ce nombre, on pourra appliquer la procédure suivante. chaque j calculer Q j = ∑ pk ;
Soit λpi le taux de remplacement du composant i et λp la somme k=1
des taux de remplacement des composants du système, N étant le — ayant choisi un nombre N de mesures à effectuer, on tirera
nombre de mesures à effectuer (N est à choisir assez grand pour N nombres aléatoires xk (k = 1 à N ) de distribution uniforme
obtenir une précision acceptable sur les résultats, en fonction des entre 0 et 1 ;

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— pour chaque nombre xk , déterminer le type de composant qui sont toutes deux satisfaites. Désignons, comme dans la norme, par
sera mis en panne et dont on mesurera la durée de maintenance M ct la durée moyenne spécifiée et par Mmax ct la durée maximale.
corrective, en recherchant la valeur j telle que : Un premier plan A1 (figure 6) détermine la conformité à la
moyenne, et deux plans B1 et B2 la conformité à la durée maxi-
Q j – 1 < x k  Q j avec Q 0 = 0. male, suivant que la durée maximale se rapporte à une probabilité
de 90 % (B1) ou de 95 % (B2).
Le composant à dépanner sera de type i ( j ) ;
Les risques du fournisseur α et du client β sont de l’ordre de 6 %
— mesurer les N durées tk correspondantes qui donneront la
pour le plan A1 et de l’ordre de 10 % pour les plans B. La figure 6
distribution expérimentale de la durée de maintenance corrective.
représente les conditions d’acceptation et de rejet pour ces trois
Exemple : soit un système comportant trois types de composants plans.
dont le tableau ci-après donne les éléments de prévision : La procédure est la suivante :
Type i 1 2 3 — le produit est refusé dès qu’un des deux plans conduit à une
Nombre ni........................................... 100 7 1 décision de rejet ;
Taux de défaillance λ ci................. (h–1) 0,000 2 0,000 7 0,000 1 — si un plan conduit à une décision d’acceptation, on ne
Durée de maintenance τ i ............... (h) 0,1 1 31 s’intéressera plus à lui, mais on continuera l’autre jusqu’à une
décision ;
On a : — si aucune décision n’a été atteinte après 100 observations, on
prendra la règle suivante :
λc = (0,000 2 × 100) + (0,000 7 × 7) + (0,000 1 × 1) = 0,025 0 h–1
• plan A1 : n’accepter que si moins de 30 observations
1 dépassent Mct ,
τ = ---------------------  ( 0,000 2 × 100 × 0,1 ) + ( 0,000 7 × 7 × 1 ) • plan B1 : n’accepter que si moins de 6 observations dépassent
0,025 0
Mmax ct ,
+ ( 0,000 1 × 1 × 31 )  = 0,4 h • plan B2 : n’accepter que si moins de 3 observations dépassent
Mmax ct .
λc τ = 0,025 0 × 0,4 = 0,010 0
d’où :
p1 = 0,20 p 2 = 0,49 p 3 = 0,31
q 1 = 0,49 Q 1 = 0,49 d’où i (1) = 2
q 2 = 0,31 Q 2 = 0,80 d’où i (2) = 3
q 3 = 0,20 Q3 = 1 d’où i (3) = 1
Choisissons N = 5 et tirons cinq nombres aléatoires : x 1 = 0,407 21 ;
x 2 = 0,970 29 ; x 3 = 0,285 81 : x 4 = 0,683 29 ; x 5 = 0,800 24.
On aura alors :

Q0 < x 1  Q1 j = 1 i (1) = 2 composant de type 2

Q2 < x 2  Q3 j = 3 i (3) = 1 composant de type 1

Q0 < x 3  Q1 j = 1 i (1) = 2 composant de type 2

Q1 < x 4  Q2 j = 2 i (2) = 3 composant de type 3

Q2 < x 5  Q3 j = 3 i (3) = 1 composant de type 1

5. Tests de démonstration
statistique
Comme pour les essais de démonstration de la fiabilité, on peut
utiliser, pour vérifier la conformité de la maintenabilité d’un système
aux exigences du cahier des charges, des tests statistiques d’après
des résultats d’essais de réparation ou d’entretien portant sur des
pannes simulées. De nombreux types de tests ont été proposés à
cet effet, parmi lesquels nous en décrirons trois issus des normes
américaines MIL-STD 471 et MIL-STD 473 qui ont servi de modèle.

5.1 Méthode 1 de la norme MIL-STD 471


C’est un test séquentiel portant à la fois sur la durée moyenne
et sur la durée maximale de maintenance corrective. Il suppose
que les durées de maintenance suivent une distribution log-nor-
male. Le rapport entre la durée maximale spécifiée et la durée
moyenne spécifiée ne doit pas dépasser 3 et le test est prévu pour
n’accepter le système que si les conditions sur les deux durées Figure 6 – Plan séquentiel selon la norme MIL-STD 471

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5.2 Méthode 2 de la norme MIL-STD 471 Le plan détermine le nombre n d’essais à effectuer et le nombre
maximal c d’essais pour lesquels la durée mesurée t i pourra
dépasser une durée critique T afin d’accepter le produit.
C’est un ensemble de quatre tests portant sur un nombre fixé En désignant par X la variable aléatoire testée (ici la durée de
d’observations, 50 au minimum pour les maintenances correctives maintenance), l’hypothèse nulle est :
et 50 pour les maintenances préventives. Ces tests sont destinés à
vérifier : H 0 : P (X > T ) = p 0
— la durée moyenne spécifiée de maintenance corrective M ct ; contre l’hypothèse alternative :
— la durée moyenne spécifiée de maintenance préventive M pt ; H 1 : P (X > T ) = p 1 > p 0
— la durée moyenne spécifiée d’immobilisation M ;
— la duréé maximale spécifiée de maintenance corrective Sous une autre forme, on peut dire que l’hypothèse nulle
Mmax ct . correspond à tester si T est la durée dont la fonction de répartition
(fonction maintenabilité) est M (T ) = 1 – p 0 et l’hypothèse alternative
Les trois premiers tests sont basés sur le théorème de la limite si M (T ) = 1 – p 1 < 1 – p 0 .
centrale et donc peu sensibles à la distribution des durées de
maintenance, le quatrième suppose une distribution log-normale Exemple : si p 0 = 0,10 et p 1 = 0,50, on testera l’hypothèse que T
des durées de maintenance corrective. Pour ces quatre tests, seul est la durée maximale (1 – p 0 = 0,90) contre l’hypothèse que T est la
le risque α du fournisseur est fixé. durée médiane (1 – p 1 = 0,50).
Les deux premiers tests s’effectuent ainsi : Pour déterminer n et c, on utilisera les formules suivantes :
— calculer la moyenne m et l’écart type estimé s des n mesures a) si 0,20  p 0  0,80 , en désignant par u α et u β les variables
de durées ti : normales réduites correspondant aux risques fournisseurs et
n
clients, on a :
∑ ti /n ≈ ∑ t i – n m 2  /(n – 1)
2
m = et s
 
i=1
uβ p1 ( 1 – p1 ) + uα p0 ( 1 – p0 ) 2
n = -------------------------------------------------------------------------------------------
p1 – p0
— prendre la valeur de la variable normale réduite u α
correspondant au risque fournisseur α choisi ; (prendre l’entier immédiatement supérieur),
— calculer T = m + (u α · s / n ) ; si T est plus petit ou égal à la
valeur spécifiée, on acceptera le produit pour cette spécification. uβ p0 p1 ( 1 – p1 ) + uα p1 p0 ( 1 – p0 )
Pour le test sur la durée totale d’immobilisation, on fera intervenir
deux paramètres prévisionnels : la fréquence fc des actions de
c = n
 -----------------------------------------------------------------------------------------------------------
uβ p1 ( 1 – p1 ) + uα p0 ( 1 – p0 ) 
maintenance corrective et la fréquence fp des actions de mainte-
(prendre l’entier immédiatement inférieur).
nance préventive. En désignant respectivement par mc , mp , sc et sp
les moyennes et les écarts types des durées mesurées pour ces deux b) si p 0 < 0,20, il faut résoudre le système suivant en n et c par
types d’actions, et déjà calculés pour les tests précédents, on approximations successives :
calculera la moyenne de la durée d’immobilisation par :

c exp ( – n p 0 ) ( n p 0 ) j
m = (fc mc + fp mp )/(fc + fp )
 ∑ ------------------------------------------------------
j!
-1–α
et l’écart type par :  j=0
 c exp ( – n p 1 ) ( n p 1 ) j

s ≈ [ np ( fc sc )2 + nc ( fp sp )2 ] / [ nc np ( fc + fp )2 ]  ∑ ------------------------------------------------------
j!
-β
 j=0

puis la statistique T = m + u α s qui sera comparée à la valeur


spécifiée M .
Remarque : ces deux formulations correspondent à prendre
Pour le test sur la durée maximale de maintenance corrective, on les approximations normales de la loi binomiale pour le cas a et
prendra les logarithmes des durées de maintenance mesurés : de la loi de Poisson pour le cas b.
t i : xi = ln (ti )
et l’on calculera la moyenne m ^ et l’écart type estimés ^
s de ces Le tableau ci-après donne les valeurs de c et de D = n p 0 en fonc-
valeurs. La statistique T devient : tion de α, β et k = p 1 /p 0 pour quelques valeurs fréquentes dans le
cas b. (0)
T = exp ( ^
m + uα s )
 = 0,05  = 0,10
qui sera comparée à la valeur spécifiée Mmax ct . On notera que dans
k = p 1/p 0  = 0,05  = 0,10  = 0,05  = 0,10
ce test la valeur de u α correspond à la probabilité attachée à la durée
maximale, soit 1,28 pour une probabilité de 90 % et 1,65 pour une c D c D c D c D
probabilité de 95 %.
1,5 66 54,1 54 43,4 51 43,0 40 33,0
2 22 15,7 18 12,4 17 12,8 14 10,3
5.3 Test non paramétrique 2,5 13 8,46 10 6,17 10 7,02 8 5,43
de la norme MIL-STD 473 3 9 5,43 7 3,98 7 4,66 5 3,15
4 6 3,29 5 2,61 4 2,43 3 1,75
Lorsque la distribution des durées de maintenance est totalement
inconnue, on peut utiliser une méthode de test non paramétrique. 5 4 1,97 3 1,37 3 1,75 2 1,10
Le test proposé par la norme MIL-STD 473 est basé sur la loi bino-
miale. Il consiste en un plan d’essai en échantillonnage simple par
attribut pour lequel on fixe les risques du fournisseur α et du client β.

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Exemple : soit à déterminer un plan d’essai avec p 0 = 0,10 et


p 1 = 0,50 pour des risques égaux α = β = 0,05. On a D = 1,97 d’où le
nombre d’essais n = D /p 0 (entier inférieur) = 19. Le nombre d’essais
dont la durée dépasse la valeur spécifiée ne doit pas dépasser c = 4 pour
accepter l’hypothèse.

Références bibliographiques

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fiabilité, maintenabilité, disponibilité et theory and its applications. Vol. I et II, John vie des équipements : investissements, renou-
recherche opérationnelle associée. Wiley and Sons (1971). vellement, maintenance. Dunod (1968).
Conférences ADERA-AFCIQ-AFNOR, Paris [4] GABRIEL (M.) et PIMOR (Y.). – Maintenance [7] HASTINGS (C. Jr). – Approximations for digi-
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août 1963.

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